Introversion urbaine (PFE)

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INTROVERSION URBAINE un centre de retraite au cœur de la carrière Miséry

Caroline Moureau Rapport de Projet de Fin d’Études // 2014



Je tiens à remercier François Defrain et Jean Robein pour la pertinence de leurs conseils concernant la production de ce projet. Ma famille pour son soutien tout au long de mes études. Alban pour les moments de doute partagés. Axelle et Marie-Camille pour leur présence et la patience dont elles ont fait preuve. Julie pour sa présence et les longs échanges partagés, nourrissant le parcours ici dessiné. Clémence pour sa relecture approfondie et sa sérénité. Ainsi que toutes les personnes ayant participé, de près ou de loin à l’élaboration de ce PFE.



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avant-propos

09

introduction

11

PARCOURS

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«de l’urbain à l’architectural»

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«architecture 100»

PROJET 27

SITE

34

ENCLAVEMENT INTERSTICE

43

PROGRAMME

30

51

RECHERCHES DONNÉES

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CONCEPT

44

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IMPLANTATION ARCHITECTURE

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conclusion

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médiagraphie

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avant-propos Cinq années se sont écoulées, cinq années au cours desquelles mon parcours s’est dessiné, non linéaire ou prévisible, parsemé d’expériences personnelles et professionnelles forgeant l’identité à laquelle je tends aujourd’hui. Le Projet de Fin d’Études dont il est question ici se place comme la concrétisation de ma formation, non aboutie (peut-elle seulement l’être), mais me permettant de me projeter dans le monde professionnel et d’aspirer à de nouvelles expériences. Au regard de l’ensemble du travail de PFE entrepris, ce rapport tient lieu d’introduction à la soutenance, il a pour dessein d’exprimer et d’expliquer les prises de positions majeures qui orienteront le projet. C’est un parcours, des lectures et des échanges qui ont mené à ces choix, qui deviennent les axes majeurs de travail, les fondements de la recherche ici menée. Il ne s’agit donc pas de faire part en détail du projet par des pièces graphiques définitives (celles-ci prendront place lors de la soutenance) mais bien de faire état d’un ressenti personnel du site comme du programme qui y prendra place.

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introduction Lors du lancement de l’option Conception architecturale et culture

constructive le programme ainsi que le site nous ont été communiqués, données intangibles auxquelles notre réflexion personnelle allait devoir s’atteler. Un centre de retraite culturelle et spirituelle donc, et la carrière Miséry accompagnée du square Schwob comme donnée(s) contextuelle(s). Ce site est un lieu d’une puissance rare, bénéficiant d’un emplacement face à la Loire mais enclavé en même temps; cerné de falaises créant un dénivelé d’une trentaine de mètres, roche et végétation s’y mêlant. Le programme est quant à lui singulier, rarement proposé et faisant plus que tout autre appel à un avis personnel, à une position individuelle face à des problématiques chargées de sens. Au regard du programme détaillé qui nous a été communiqué, l’impression peut être que la tâche est simplifiée par ces choix déjà faits. Puis la force du site ainsi que du programme nous rattrape, quels choix faire dans un contexte aussi puissant et pour un programme aussi sensible? Quelle posture adopter au sujet d’un ensemble spirituel? Comme précisé précédemment, ce rapport intervient comme une introduction à la soutenance, c’est l’occasion de présenter une personnalité et des questionnements personnels. La première partie Parcours mettra en avant des enjeux qui m’intéressent, une identité et une sensibilité architecturale. Les deux parties suivantes présenteront les enjeux (urbains et architecturaux) soulevés et questionnés au sein du projet, au regard d’un ressenti personnel. Enfin, la quatrième et dernière partie donnera un premier aperçu des intentions architecturales mises en place, des choix établis. L’ensemble de ce rapport qui accompagne la soutenance et rend compte de mon PFE est la concrétisation d’un parcours mené, entre autre, au sein de l’école d’architecture de Nantes.

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PARCOURS Il s’agit ici d’une présentation de mon parcours, prenant place en partie à l’ENSA Nantes, à Cracovie pour un échange universitaire d’un an et en agence d’architecture. En parallèle de ce parcours scolaire, voyages et lectures sont venus nourrir l’individualité ici présentée. Cette partie consacrée aux différents éléments de ma formation sera exposée en deux parties, comme un zoom du 1000è au 100è. La première intitulée “de l’urbain à l’architectural” fera état de projets menés à des échelles plus vastes et développera des analyses de sites de grande envergure spatiale pour aboutir à des propositions à plusieurs échelles temporelles et spatiales. La seconde partie, “architecture 100” se portera sur des projets qui de par leur site et leur programme se sont avérés propices à la recherche architecturale jusqu’à un niveau de détail autre, une confrontation des enseignements théoriques techniques suivis et d’intentions personnelles. À ces projets s’ajoute une expérience en agence, permettant plus que tout une confrontation des connaissances et de l’enseignement avec la pratique architecturale professionnelle.

< Pavillon de L’Allemagne, Barcelone // Photo personnelle. - 11 -


BOULEVARD

ÉQUIPEMENTS PUBLICS

«COULÉE VERTE»

- 12 -

PAVILLONS


«de l’urbain à l’architectural» master 1 // PK Krakowska

ECO-REHAB Nowa Huta est un quartier situé à l’Est de Cracovie. Ancienne ville à part entière, elle a été conçue comme une ville nouvelle soviétique, poursuivant alors les idéologies socialistes. Aujourd’hui, même rattachée à Cracovie, Nowa Huta reste “sous-développée”, cité dortoir ne disposant que de peu de services, elle est séparée en deux parties par une ancienne piste

< propositions pour le boulevard, les potagers et les pavillons

d’atterrissage, aujourd’hui “no man’s land”. Le projet Eco-Rehab se déroule en deux temps. Une première partie du travail fut réalisée lors d’un workshop européen à Cracovie. Durant cette phase de travail, un projet à l’échelle du quartier a été proposé : lui-même décomposé en quatre phases : un travail sur le boulevard, sur des équipements publics, sur un espace vert élargit et enfin sur des pavillons prenant place à proximité des bâtiments d’habitations. Ces pavillons sont l’une des particularité de la Pologne, services de proximité très utilisés par la population, ils prennent place au plus près des logements et en grand nombre.

< plans de la «music house»

La seconde partie du projet concerne plus particulièrement un zoom réalisé à l’est du boulevard. Il comprend le développement d’un centre de musique, de logements, l’ébauche de cellules commerciales et de bureaux ainsi que tout l’espace public attenant.

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DOCKS INTERVENTION PROCESS

(Re)Invest Physical permeability

Industrial era

ÈRE INDUSTRIELLE

DÉLAISSEMENT

MOTORWAYS INTERVENTION PROCESS

RÉINVESTISSEMENT

PROGRAMMATION

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DOCK'S INTERVENTION PROCESS

Physical permeability

INTERVENTIONS FEATURES

Programs underneath

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NAVAL SCHOOL DOCKS

(Re)Invest

SERVICES

PERMÉABILITÉ PHYSIQUE

Physical permeability

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INFRASTRUCTURE EXISTANTE

(Re)Invest

Industrial era

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ÉTALEMENT

BELFAST BOAT FESTIVAL

Left over

Physical permeability

NAVAL SCHOOL WORKSHOP

Programs underneath

LIBRARY STUDENT COMMON SPACE

THEMES

Overflow

(Re)Invest

Programs underneath

Overflow

Overflow

TITANIC STUDIO

NEW LODGE CYCLING&FOOTBRIDGE

SPORT ASSO

MOTORWAY'S INTERVENTION PROCESS

Existing motorway/railway

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Lift up motorway/railway

KAYAK RIVER BASSIN

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Programs underneath

OUTDOOR DANCING

MARKET

FOOTBALL PITCHS

PEDESTRAIN BICYCLE PATH BUS RAIL BUS ORCHARDS

TRAIN

MOUNTAIN BIKE PARK

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«de l’urbain à l’architectural» master 2 // ENSA Nantes En collaboration avec Félix Rattez

OPEN THE SHIPYARD Le projet prend place sur les Docks de Belfast, héritage industriel et maritime de la ville. Une première partie du travail consiste à relever à l’échelle de la totalité des Docks les enjeux urbains et sociaux sur lesquels intervenir. Une proposition est donc réalisée en réutilisant l’ensemble des bâtiments laissés à l’abandon lors de la crise économique. De nouvelles activités y sont insérées, créant de nouvelles dynamiques sociales, spatiales et temporelles. Ensuite, dans le but de désenclaver le quartier résidentiel situé au sud-est des

< projet à l’échelle des docks

Docks, l’infrastructure routière et ferroviaire aujourd’hui au niveau bas est soulevée, laissant de nouvelles activités s’installer en-dessous et permettant aux habitants de se réapproprier la zone portuaire aujourd’hui complètement délaissée. Deux propositions sont développées à l’échelle architecturale, une station multimodale au niveau des infrastructures soulevées et une

< axonométrie programmatique du projet d’infrastructure

«light house» à l’extrémité des Docks Tout comme l’église est un point de repère

< représentation schématique des différents flux

pour un quartier, la station peut en devenir un. Et comme les grues sont un point de repère à l’échelle de la ville, le phare peut en devenir un.

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100m

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40m 30m

EAST BELFAST HOUSINGS

EAST BELFAST CHURCH

DOCKS STATION

SAMSON & GOLIATH

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BEKFAST LIGHT HOUSE

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«de l’urbain à l’architectural» < coupe urbaine nord/sud

master 1 // PK Krakowska

KOSSAKA SQ. Localisé à proximité de la rivière traversant Cracovie ( le Wisła ), le projet est celui de la réhabilitation de toute une rue, également axe principal d’une place (la place Kossaka), faisant elle aussi l’objet du projet. Aujourd’hui totalement envahie par le trafic et le stationnement automobile, la place est rendue piétonne (exception faite pour la circulation dite «d’urgence»). L’axe de la rue réhabilitée (au nord) est conservé dans tout le réaménagement, et aboutit sur un passage souterrain donnant accès aux berges de la rivière. Le projet consiste également en la conception d’éléments de mobilier urbain (tels que des bancs, des espaces d’affichage d’expositions temporaires...) et d’éléments d’eau. La présence de cette eau rappelant l’ancien passage de la rivière à cet endroit.

< élévation sud du pavillon

< coupe sur le pavillon - 17 -


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«architecture 100»

< coupe urbaine Nord Sud

licence 3 // ENSA Nantes

SCÈNE URBAINE La mobilité, élément du registre de l’éphémère, pose la question de la traversée de l’architecture, de l’expérimentation et la pratique des espaces pour leur appréciation. Projet d’une architecture d’échange, d’accueil et de services, scène urbaine est avant tout un projet d’articulation d’aires d’influence. La programmation de celui-ci s’est donc faite en accord avec les besoins du territoire et des flux présents. L’arrivée du tram-train donne un nouvel élan à ce quartier et donne toute son importance au boulevard comme élément d’entrée de ville. L’espace public est géré comme une scène, un “ballet” de flux variés : busway, tram-train, automobile, cycliste, piéton. La circulation, primordiale dans le projet, est visible/lisible en tout point, quelle soit piétonne (rampe et déambulation dans l’espace public) ou automobile

< axonométrie schématique du parking et de ses différents accès < plan de rez de chaussée

(parking et rampes d’accès visibles depuis l’extérieur). La cohabitation de ces modes de déplacement se fait selon un aménagement laissant libre la pratique de l’espace.

< maquette échelle 1:500 - 19 -


- 20 -


«architecture 100» < coupe de la bibliothèque

licence 3 // ENSA Nantes

OMBRES La question du livre, de l’écriture, de la lecture. La réflexion autour de ces questions constituent la première partie du travail, il s’agit par la suite de projeter en intégrant sa propre interprétation de ces notions dans le projet. Prenant place sur l’île de Nantes, Ombres est un projet de médiathèque accompagné de logements d’écrivains et d’un centre socio culturel. Constitué d’un bâtiment unique, la bibliothèque ainsi que les logements se situent à l’est alors que le centre socioculturel leur fait face, de l’autre côté de l’atrium. La bibliothèque se trouve partagée par les puits de lumières eux-mêmes. Aucune paroi n’est présente mais des éléments d’ameublement caractéristiques et surtout des zones d’ombre et de lumière donnent aux utilisateurs la sensation de partitionnement de l’espace sans limite physique. Les logements au dernier niveau bénéficient du même système lumineux.

< coupe du système lumineux

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accès terrasse depuis niveau piscine

accès cave depuis niveau piscine entrée studio pièce de vie

cave

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accès cave

surface avec une hauteur sous plafond > 1,80m (Loi Carrez) cuisine

chambre 4

sdb 2

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chambre 5

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chambre 6


«architecture 100» master 2 // TICA architecture

STAGE Cette mise en situation professionnelle de six mois m’a permis de confronter les cinq ans d’apprentissage dans l’enceinte scolaire avec l’exercice de la profession d’architecte (en agence).

< faisabilité pour une maison de particuliers // TICA

La diversité des tâches qui m’ont été confiées a contribué à me faire à la fois découvrir et prendre conscience de la «réalité» du métier, réalité à laquelle il est fait référence pendant le cursus mais sans toutefois en être totalement alerte. J’ai eu l’occasion de travailler à différentes phases de projet, de l’esquisse à l’APD mais également, et cela a consisté en la majeure partie de ma mission, d’assister un architecte dans un suivi de chantier. Et cela restera une expérience des plus formatrice car elle m’a permise de mettre en pratique des connaissances tant administratives que techniques, l’un n’allant pas sans l’autre à cette phase de projet. Plusieurs points sont ressortis de cette expérience: l’aspect juridique non négligeable lors de l’exercice, l’importance de la communication, les questions économiques, l’importance du travail d’équipe etc. Une occasion de remettre en question sa façon de travailler, son efficacité et de reprendre confiance en ses choix.

< esquisse d’une billetterie // TICA - 23 -


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« un parcours forgeant une identité » Ce retour sur mon parcours effectué durant ces cinq années met en avant certaines particularités, dont je n’avais certainement pas pris conscience auparavant. La première est le rapport aux infrastructures que j’ai pu entretenir. À différents moments de mon parcours et à différentes échelles, le travail de ces ouvrages m’intéresse profondément. Ensuite, qu’il s’agisse de l’un des projets que j’ai pu suivre en Pologne ou sur la ville de Belfast, l’étude complète de la très grande échelle, au détail en passant par l’échelle architecturale m’a beaucoup apporté. Passer du temps sur une étude urbaine, tout autant que sur le bâtiment qui lui sera intégré me paraît tant primordial que passionnant. Ensuite, le travail d’architecture à une échelle plus restreinte, m’a permit de confronter des connaissances plus techniques avec un programme et un site donné, rappelant le Projet de Fin d’Études aujourd’hui présenté. Enfin, l’expérience en agence constitue une première rencontre entre formation et pratique, mêlant différentes problématiques que peuvent être celles de l’administratif, du juridique, mais aussi et surtout de l’architecture, d’intentions et d’enjeux. Ces différentes étapes de mon parcours ainsi que les enjeux soulevés ont été les éléments formateurs de la sensibilité architecturale aujourd’hui développée. Ce sont donc des intentions, des questionnements personnels qui en émanent. Constituant mon identité et mes intérêts architecturaux, ils sont probablement intrinsèques aux axes de projets développés.

< Palais des congrès, quartier Mussolini, Rome // Photo personnelle. - 25 -


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SITE

La parcelle du projet se situe à l’Ouest de Nantes, en entrée de ville, séparée de la Loire par le boulevard du Marquis d’Aiguillon. Le terrain se compose de deux parcelles, celle de la carrière (niveau bas et falaise) de 31 813m2 et celle du square Schwob, de 7 150m2. Ces terrains sont respectivement classées en zones UA et NL au regard du PLU établi. Des éléments de patrimoine sont remarquables en bordure de ces parcelles, certains classés au «petit patrimoine nantais», tel que l’escalier permettant d’atteindre le niveau bas à l’ouest de la parcelle. Actuellement, le site est à l’état de friche, il est parfois investi par des collectifs tels que Fertile, ou par les habitants du quartier comme un jardin collectif.

< vue depuis le square Schwob // Photo personnelle. - 27 -


LOCALISATION «mise à distance»

2000

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Le quartier étudié se situe à l’ouest de l’agglomération, au nord de la Loire. À l’écart du centre-ville, la zone bénéficie de plusieurs dessertes en transport en commun, mais le réseau reste peu développé dans cette partie de la ville, ne rendant le site que peu accessible.

1000

La zone possède un accès direct aux berges de la Loire, même si, nous le verrons plus tard, les aménagements en lien avec le fleuve dans cette partie de la ville ne sont que peu développés.

500

100 - 29 -


ÉCHELLE URBAINE «isolement urbain»

TRAMWAY GARE MARITIME ARRET BICLOO ARRET BUS

LIEU DE CULTE

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NANTES OUEST La partie ouest de la ville est, comme précisé auparavant, desservie par les transports en commun de façon modeste. Le tramway passe au nord de Chantenay, à environ 500m du site de projet, des arrêts de bus sont cependant présents en face de celui-ci, donnant la possibilité de rejoindre le centre ville historique en 20min. La gare maritime accueille la navette fluviale qui permet d’accéder à Trentemoult, village faisant face à Chantenay. Le service de vélos empruntables (Bicloo) est quant à lui absent de cette partie de la ville, encore peu développé, il est en voie d’expansion.

Le projet ici présenté ne se compose pas uniquement d’un lieu de culte, cependant cette partie du programme constitue l’un des points forts en terme de symbolique. Le recensement des ces édifices dans la ville de Nantes montre que peu d’entre eux ne sont présents à proximité du site, exception faite de l’église Sainte Anne située au nord du site de projet, et accueillant les pratiquants de Chantenay.

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+ 36.00 NGF

+ 9.00 NGF

100m

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CHANTENAY / BELLEVUE / ST ANNE Superficie: 7.3km2 (65.5km2) Population: 24 881 (270 343)

Le quartier de Chantenay s’insère à l’ouest du centre ville, à l’extrémité du Sillon de Bretagne, également point de resserrement de la Loire. Il voit s’ alterner différents paysages : industriel, pavillonnaire, végétal... De par son passé, la carrière Miséry constitue, tout comme le Parc de Oblates par exemple, un élément majeur du paysage urbain de cette partie de Nantes. Nantes Métropole a mis en place un projet de rénovation urbaine pour ces quartiers, l’un d’eux s’intéresse au tronçon «Gare de Chantenay-Gare maritime» et s’applique à identifier certains sites structurants de la zone. La transition entre Haut et Bas Chantenay fait partie des problématiques soulevées, tout comme une «promenade de la biodiversité» passant par le Parc des Oblates ou encore le square Schwob. La topographie remarquable du site, avec une

< une topographie remarquable // Document personnel.

vingtaine de mètres de dénivelé, participe au sentiment d’enclavement que suscite la carrière par rapport à son environnement direct. Le boulevard du Quai du Marquis d’Aiguillon longeant la carrière au sud ainsi que le front bâti qu’il accueille constituent une barrière physique massive, participent eux-aussi de la mise à distance de la carrière.

< un sentiment d’enclavement // Photo personnelle. - 33 -


ÉCHELLE DU SITE «entre interstice et enclavement»

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INTRODUCTION HISTORIQUE C’est au 16è siècle que l’exploitation de la carrière débute, le granit de cet affleurement du sillon de Bretagne est alors utilisé pour reconstruire le pont de Pirmil et consolider les fortifications (au cours des guerres de religion). Par la suite, c’est la localisation «idéale» de la carrière qui va mener à son exploitation par les bâtisseurs de l’ensemble de la ville, la pierre ainsi excavée servira principalement au pavage des rues d’un quartier historique (Bouffay). L’arrêt de l’exploitation au 20è siècle laissera place aux Brasseriers Burgelins puis aux Brasseries de la Meuse (qui donnera à la carrière < Brasseries de la Meuse, vers 1950 // Solar Decathlon

le nom de «carrière Meuse-Miséry»). La brasserie sera fermée en 1985, après des années d’activité prospère. La démolition de l’usine se terminera en 1995, et dix ans après, un camp de Roms s’installera sur le terrain (racheté par la ville) pour trois ans. Faisant face à la carrière, le bâtiment du CAP 44 prend place, signal dans le paysage urbain de l’ouest de Nantes. Il est également, à l’échelle du projet, le masque visuel principal entre le site et la Loire. L’édifice est protégé car constitué d’une structure remarquable (procédé Hennebique), témoin de la révolution technique qui prit place fin des années 1890. Abritant une minoterie («Minoterie de la Loire», puis «Grands moulins de Nantes»), la construction est un élément majeur du patrimoine industriel Nantais.

< Les Grands Moulins de Nantes, début des années 70 // Solar Decathlon - 35 -


10m

10m - 36 -


GABARITS La Butte Sainte Anne et son dénivelé majeur sépare Chantenay en deux parties, le haut et le bas Chantenay. Cela se lit également à l’échelle du site de projet qui nous intéresse. Le tissu urbain dans lequel il s’insère est en partie (au nord) de nature pavillonnaire alors qu’au sud, des bâtiments industriels constituent le front bâti séparant de la Loire. Le haut Chantenay accueille de l’habitat et des commerces de proximité, fonctionnant comme une entité, avec des routes et accès à échelle humaine. La partie sud quant à elle, est traversée par un boulevard majeur (boulevard du Marquis d’Aiguillon); c’est une entrée de ville depuis l’ouest. Des bâtiments à grande échelle, mettent à distance des berges de la Loire et créent une barrière visuelle majeure depuis le niveau bas. La différence de niveau d’une vingtaine de mètres entre le haut et le bas Chantenay met en < bâti et tracés, des gabarits opposables // document personnel.

exergue la pratique du lieu par ses habitants. Les accès directs étant restreints, peu d’entreeux ne passent de l’un à l’autre. Le rapport à la Loire reste donc, pour la plupart des riverains, visuel. Le site se place donc comme une interstice entre deux échelles : celle du pavillonnaire, située à plus de vingt mètres au-dessus d’espaces plus lâches, avec des bâtiments plus imposants.

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500m

100m

20m

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VISIBILITÉ La carrière Miséry peut également être étudiée selon la visibilité qu’elle offre d’une part, et dont elle est l’objet d’autre part. Lorsque l’on se situe au niveau haut (+36.00 NGF), en surplombant Bas Chantenay, on bénéficie de l’un des meilleurs points de vue sur la Loire, et sur les quartiers au sud de celle-ci. A contrario, le front bâti au sud de la parcelle ne donne que très peu de points de fuite depuis le < un champ visuel large depuis le square Schwob // document personnel.

point bas de la carrière, participant à la sensation d’enclavement de la parcelle. Grâce à ce dénivelé majeur au sein même du terrain, la parcelle du projet est extrêmement visible, notamment pour les usagers du square Schwob, qui donne une visibilité au projet et à ses aménagements extérieurs.

< des percées visuelles depuis le niveau bas de la carrière // document personnel.

< depuis la Loire (Navibus), front bâti au sud de la parcelle // document personnel. - 39 -


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PAYSAGE Le paysage est au centre de l’approche sensible et de l’affectif de l’Homme, se donnant à voir, à sentir et à toucher. Le site de la carrière en est un exemple de par son aspect naturel et saisissant, riche de diversité et de qualités esthétiques. La végétation aujourd’hui présente s’est développée au fil des années, rappelant l’évolution historique du site, investissant tout autant la falaise que le niveau bas. La partie ouest de la parcelle est majoritaire< une végétation dominante // document personnel.

ment végétalisée, avec différentes strates et le minéral s’empare du site en partie est (aujourd’hui toujours pratiquée). Le paysage existant va générer les axes majeurs du projet architectural mené, en accord avec la volonté de conserver au maximum ce contexte paysager.

< végétaux en présence sur le site // photos personelles. - 41 -


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PROGRAMME

Le projet consiste en la conception d’un centre de retraite culturelle et spirituelle. Il comporte des espaces dédiés à la prière, à la réflexion personnelle, aux rencontres et au partage. Cet équipement public (d’intérêt général) sera géré en interne par un prieur et des frères accompagnants et sera ouvert à tous. Le projet propose différents espaces majeurs, certains plus privatifs, destinés aux retraitants et d’autres plus publics, accueillant d’avantage d’usagers. Les retraitants sont accueillis pour des stages d’une semaine ayant pour dessein de réfléchir à leur avenir, leur foi et leur vie. Ils sont reçus dans un climat de calme et de sérénité nécessaire à leurs recherches personnelles et peuvent ainsi prendre part à des moments de prière, d’échange avec les frères accompagnants ou encore de création grâce aux ateliers mis en place. Un espace de conférence ainsi qu’une esplanade permettront quant à eux de recevoir des manifestations à plus grande échelle. L’analyse personnelle de ce programme ainsi que des lectures ont permis de mettre en avant des axes de recherche qui seront développés dans la suite du propos, et au sein du projet : l’architecture d’un espace isolé, d’un espace religieux. Ensuite, les notions de lumière, vues et parcours ainsi que les questions ayant trait à la forme ou à la couleur seront abordées.

< «black and white waterfalls» // Massimo Margagnoni - 43 -


« espace retiré » L’architecture d’un lieu destiné à accueillir des âmes en quête d’épanouissement doit être adaptée à la recherche intrinsèque et intimement personnelle qui y sera menée. Lieu calme, spacieux, donnant sa place à l’esprit communautaire comme au recueillement individuel, un espace pour mener sa vie à l’écart. L’environnement, retiré d’un urbain pourtant proche, sera propice à la réflexion et à la méditation. Friedrich Nietzsche parle dans Gaya Scienza de cette «architecture pour ceux qui cherchent la connaissance» : «lieux de silence, spa-

cieux et forts étendus, destinés à la méditation, pourvus de hautes et de longues galeries pour les intempéries ou le trop ardent soleil, où ne pénètre nulle rumeur de voitures ni de crieurs»1 Le travail d’exercice que l’être humain pratique sur son corps devrait également être appliqué à l’esprit. Il s’agit alors de proposer des lieux (de retraite) qui se consacrent à l’éducation et à l’épanouissement à travers des exercices personnels ou d’échanges, ayant pour dessein de cultiver son «moi physique et psychique». Au sens de la tradition, l’architecture d’un tel environnement se doit d’être dépourvue de distraction(s) les retraitants faisant foi d’ascétisme. Aussi, il est intéressant de se demander dans quelle mesure ceci s’applique au centre de retraite ici proposé.

un lieu retiré pourtant au contact de l’urbain. Slavin memorial, Bratislava // photo personnelle

1

NIETZSCHE Friedrich, Gaya Scienza (Le gai savoir), 1882 - 44 -


« espace religieux » L’espace religieux en lui-même, que sera celui de la chapelle fait également l’objet d’une recherche tant formelle que symbolique. L’histoire de ces édifices riche de diversité donne lieu à des choix, personnels, mais induits par des pratiques antérieures. Tout d’abord d’un point de vue formel, les théories esthétiques établies au cours de l’histoire mettent en avant des éléments majeurs auxquels porter attention que sont la verticalité, la proportion et la lumière. Saint Thomas d’Aquin, cité dans Le Plaisir au

Moyen Age

1

en fait état : «Trois conditions sont nécessaires à

la beauté. D’abord assurément l’intégrité ou la perfection, car les choses incomplètes sont laides. Puis la juste proportion ou harmonie. Enfin la clarté, parce que les choses qui ont une couleur brillante sont dites belles.» La beauté étant alors rapportée aux notions de «perfection, de proportion et de lumière». La verticalité dont il est question plus haut a deux valeurs : d’une part celle de faire monter l’attention et le regard vers le ciel, symbole de puissances supérieures à l’homme, ou encore symbole de l’être divin céleste créateur de l’univers. Aussi, la taille (monumentale ou non) de l’édifice lui donne une visibilité auprès de la communauté, non obligatoirement vu comme une façon d’attirer de nouveaux fidèles, le bâtiment devient un repère pour l’environnement urbain dans lequel il prend place. Le silence ou encore la puissance d’un rayon lumineux ramène l’humain à sa condition, «insignifiante» face à la religion. Le sentiment de n’être qu’infime face à la puissance célébrée. Ceci n’est un rien dramatique, mais permet de se questionner plus profondément sur l’importance donnée aux éléments, et à quels éléments; la religion étant avant tout «symbole de ce qui nous

dépasse et une initiation aux avantages de reconnaître notre insignifiance»2. La localisation du lieu de culte au sein du projet devient, au même titre que sa forme, un enjeu à l’échelle de la quête menée par les retraitants. 1 2

VERDON Jean, Le plaisir au moyen-âge, Ed Perrin, 2010 DE BOTTON Alain, Petit guide des religions à l’usage des mécréants, Ed Flammarion, 2012, p.201 - 45 -


Sa place spatiale se dessine donc en parallèle et continuité de celle des autres éléments du programme, comme l’aboutissement d’un parcours du «profane au sacré». La question de sa visibilité pour la communauté du centre tout comme pour les habitants de la zone pavillonnaire proche fait partie de la recherche formelle menée. Aussi, le chemin pour accéder à cet espace devient un parcours principal au sein de l’ensemble projeté, une progression spatiale tant horizontale que verticale. La chapelle s’effacera donc volontairement de l’ensemble, au profit d’un travail paysager. L’accès à celle-ci deviendra une procession3, un véritable passage du niveau de référence, de l’urbain, vers le sacré, le plus confiné et intime.

église monolithique taillée dans la roche, St George church, Lalibela (Ethiopie) // Eidolonfilms. 3 Procession : Cortège solennel, à caractère religieux, accompagné de manifestations rituelles (chants, prières, etc.) (Larousse) - 46 -


« lumière , vues, parcours » Pouvant être diverse de par sa puissance, sa source ou sa direction, la lumière reste chargée de symboles et tient donc un rôle primordial dans un édifice de cet acabit. Pour la théologie et les sciences médiévales, la lumière est «la seule partie du monde sen-

sible qui soit à la fois visible et immatérielle. Elle est visibilité de l’ineffable et, comme telle, émanation de Dieu»1 Selon certains courants, dont la pensée néoplatonicienne, «la lumière est un symbole de l’Absolu» donc de Dieu pour les Chrétiens. Elle constitue alors une allégorie de la puissance qui est célébrée, et venant du ciel, elle résonne comme une manifestation de cette même puissance. L’éclairage peut avoir différentes sources, naturelles et artificielles. Nous nous concentrerons ici sur la première catégorie, que l’on peut considérer comme la plus symbolique des deux. La lumière naturelle possède une multiplicité de valeurs, de couleurs et de puissances, au regard des temporalités(saisonnières ou horaires) qui lui sont associées. Elle peut être transmise de façon directe ou non, ce choix entraînant des questions de vues, et de visibilité. Donner la lumière sans donner la vue permet, d’un point de vue tout à fait personnel, d’accentuer la symbolique dont nous faisions état, celle de la puissance de sa source. L’éclairage zénithal est un procédé architectural qui participe à cette perte de repères physiques, de localisation, pour n’être plus guidé que par la course zénithale mise en scène. Le parcours devient alors induit par l’éclairage qui joue un rôle directeur dans le cheminement au sein d’un édifice.

la lumière comme parcours. Musée juif de Berlin // photo personnelle 1 PASTOUREAU Michel, L’Eglise et la couleur, des origines à la Réforme. Bibliothèque de l’école des chartes. 1989, tome 147. pp. 203-230. - 47 -


« formes, couleurs, nature » La question formelle déjà évoquée précédemment donne lieu à des interrogations liées à l’intégration à un environnement et à sa mise en valeur par des choix architecturaux. L’analyse de site a mis en avant la richesse et la puissance du lieu dans lequel s’insère le projet. Il s’agit donc d’établir l’ensemble bâti en respect et en accord avec son environnement direct. Mies Van Der Rohe fait une remarque à ce sujet lors d’un entretien avec C. Norberg-Schultz:

«quand la nature vous apparaît à travers les murs de la maison Farnsworth, elle prend une signification beaucoup plus profonde que lorsque vous êtes dehors»1. Il s’agit alors de ne pas la détruire avec des couleurs ou des formes qui dénatureraient sa puissance. La couleur donc devient un axe de recherche non négligeable, car contribuant à l’aspect esthétique de l’ensemble mais apportant également une symbolique forte. Selon certains théologistes, dont Michel Pastoureau, “la couleur n’est pas de la lumière mais de la

matière. La couleur est une enveloppe qui habille les corps et les objets, une substance trompeuse, un artifice inutile et immoral qui gêne le contact entre l’homme et Dieu. Il faut la combattre, l’exclure du culte, la chasser du temple”.2 Ce point de vue très affirmé porte à la réflexion, et à la comparaison avec d’autres théories. La couleur blanche comme symbole de pureté, en adéquation à l’image de Dieu, va dans le sens de cette idéologie. D’après les Luthériens, elle «réfléchit mieux la lumière divine et

évite les distractions»3, L’ornementation serait alors inutile, voire à bannir selon certains4. L’utilisation de la couleur blanche dans un lieu tel que celui projeter ici me semble, au regard de choix et goûts personnels, justifiée et appropriée. Ces regards croisés ont nourrit la recherche, et m’ont permis d’appuyer une pensée en constante évolution. 1 SCHULTZ-NORBEEG, Ch. “Entretien avec Mies van der Rohe”. Architecture d’aujourd’hui. N°79. Sept 1958. P 41 2 PASTOUREAU Michel, L’Eglise et la couleur, des origines à la Réforme. Bibliothèque de l’école des chartes. 1989, tome 147. pp. 203-230. 3 PÉNEAU Dominique, Architecture, protestantisme et modernité : Du sacré et de l’ascèse en particulier, L’Harmattan, 2008. 4 Dont Le Corbusier, voir L’Esprit Nouveau - 48 -


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PARTAGE foyer, réfectoire HOSPITALITÉ

RENCONTRE conférences, réunions, liturgie, catéchèse

BIBLIOTHÈQUE

ACCUEIL

hangar et bloc sanitaire accueil tentes

CHAPELLE oratoire, sacristie ESPLANADE 2000 personnes

MAISON DIOCESAINE (permanent : prêtre et soeurs)

GESTION (frères accompagnants)

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DONNÉES Le programme détaillé communiqué permet de mettre en avant les principaux espaces réservés à l’hospitalité et aux espaces de rencontre. Ces ensembles feront l’objet d’un travail particulier quand à leur emplacement privilégié et à leur traitement, au regard du temps que les retraitants pourront y passer.

< analyse programmatique spatiale // document personnel

Espace accueil

185 m2

La maison diocésaine

165 m2

Espace de spiritualité et de prière

610 m2

Hangar + Toilettes Esplanade

260 m2

Espace de rencontre

1480 m2

Espace de partage

420 m2

Espace cuisine service repas

138 m2

Espaces extérieurs

40 m2

Espace d’hospitalité

1390 m2

Espace ateliers artisanaux

365 m2

Espace gestion

165 m2

Locaux techniques

75 m2

Espaces servants

74 m2

TOTAL - 51 -

5367 m2


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CONCEPT

Le projet dans son évolution a donc fait appel aux différentes notions abordées plus tôt. Le parcours et la lumière deviennent des éléments de projet à part entière, questionnant les seuils entre espaces intérieurs et extérieurs, le rapport à l’environnement de la carrière, la forme et l’orientation de l’édifice, les vues offertes ou au contraire l’enfermement mis en place...

< évolution des maquettes d’étude

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été 8:00

hiver 8:00

été 12:00

hiver 12:00

été 17:00

hiver 17:00

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IMPLANTATION L’implantation du projet s’est dessinée à la suite de plusieurs études et relevés. Le relevé de la végétation existante d’une part et la volonté déjà évoquée de la conserver au maximum a influencé la disposition en rez de chaussée visible ci-contre. Les nuisances sonores ainsi que les zones d’ombre créées par les bâtiments avoisinants ont induit le recul par rapport au boulevard du Marquis d’Aiguillon de l’ensemble du projet . Les lignes directrices fortes émanent de l’environnement bâti présent aux abords de la < étude de l’ensoleillement de la parcelle // document personnel.

parcelle. L’orientation du projet dans sa totalité s’aligne sur la rue des Garennes située au niveau haut de la carrière. C’est principalement de ce point de vue que l’on aura une perspective globale de la volumétrie du projet. Au niveau bas, on retrouve une ligne directrice (menant à l’entrée), elle-même parallèle aux principaux bâtiments faisant face à la parcelle (le parking Silo et le bâtiment du Cap 44).

< implantation du projet // document personnel en cours d’élaboration. - 55 -


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chambres

dortoirs

espaces communs maison diocésaine salle de conférence

accueil

salles de réunion

ateliers artisanaux espaces servants

bibliothèque espaces de stockage gestion chapelle

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ARCHITECTURE Les deux bandes majeures visibles ci-contre (n° 1) permettent de mettre à distance tous les programmes par rapport à la rue et à l’environnement urbain dans lequel le projet s’implante. Elles émergent de la roche, et dessinent les lignes principales du projet. Un cloître vient prendre sa place au centre de tous ces programmes, la falaise constituant sa quatrième façade à l’ouest. La barre traversant la parcelle au nord est quant à elle surélevée et devient le niveau haut du projet, qui accueillera l’ensemble des chambres proposées aux retraitants. Au rez-de-chaussée, l’ensemble bâti est morcelé < évolution volumétrique // document personnel en cours d’élaboration.

et laisse ainsi des rues intérieures, couvertes ou non se dessiner.

< répartition programmatique // document personnel en cours d’élaboration. - 57 -


« parcours » L’un des concepts évoqués plus tôt dans ce rapport faisait référence à la notion de parcours. Au sein du projet, de nombreuses déambulations sont proposées. De façon plus ou moins évidente elles mènent les retraitants «du profane au sacré». Pour cela, divers procédés sont mis en place: «blocs» volontairement décalés les uns des autres, murs ou ensembles de piliers, débords de toiture ou ouvertures zénithales. L’ensemble de ces dits procédés permet à l’usager de parcourir de façon individuelle et personnelle le lieu dans lequel il évolue. Il peut ainsi de pratiquer de manière libre, dirigée ou tel un «voyage de découvertes».

«architecture involves movement; it’s a spatial art»1

un parcours induit de différentes façons // document personnel 1 «l’architecture induit le mouvement, c’est un art spatial» // ZUMTHOR Peter, Atmosphere, Birkhauser, 2008. p. 40 - 58 -


« vues, lumière » La question des vues, en lien étroit avec les problématiques de lumière, a été elle aussi déjà été soulevée. Le parti est prit dans le projet de ne donner aucune vue sur l’environnement urbain extérieur à la parcelle depuis le niveau bas. L’entrée dans l’édifice donne sur des espaces tournés vers le cloître, ne dégageant comme vues que celles de la falaise, puissante par sa hauteur, sa matérialité et tournée vers le ciel, représentation de l’Absolu.

«bringing the space of sky down too the place of the ceiling»1 Le niveau haut du projet (accueillant les espaces de nuit) est l’unique point depuis lequel la vue est dégagée. C’est seulement depuis cet espace que le retraitant a vue sur le cloître, le centre de retraite dans son ensemble et en arrière-plan, la Loire, la ville, le «dehors». Sans autre distraction que la vue offerte et isolés, les usagers des chambrent trouvent ici un lieu propice au questionnement personnel. Enfin, la vue depuis le square Schwob n’est en rien altérée par le projet, laissant aux habitants de Chantenay l’un des points de vue les plus importants du quartier.

des vues différentes à plusieurs niveaux // document personnel 1 «Ramener l’espace du ciel à la place du plafond» // NOEVER Peter, James Turrell : the other horizon, Hatje Cantz Verlag, Vienne, 1998/1999, 246p. - 59 -


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conclusion Le programme singulier qui a nourri ce Projet de Fin d’Études a généré de nombreux questionnements tant personnels qu’architecturaux. Il a fait appel à des conceptions qui me sont propres sur des sujets aussi riches que sont la culture et la spiritualité. La puissance du site et de ce programme a induit, des interrogations évoquées dans l’introduction de ce rapport : quelle posture adopter dans un tel contexte spatial et au sujet d’un espace spirituel ? L’analyse de ce site ainsi et de ce programme a permis de générer de premières envies, postures et intentions. C’est ensuite les lectures qui sont venues nourrir le propos et la conception personnelle que je pouvais avoir. L’ensemble de ces étapes de projet ont donné lieu à des choix, discutables mais qui m’apparaissent comme judicieux au regard du contexte et du programme qui forment ce projet. La posture adoptée est donc celle de l’introversion, ne laissant au retraitant en quête spirituelle que peu d’occasions de voir l’extérieur du centre dans lequel il est entré. Ces occurrences sont réservées aux moments les plus intimes, de solitude que sont ceux que les chambres vont abriter. Ce parti prit entraîne d’autres choix et questionnements, ceux du parcours, de la déambulation, de la recherche personnelle. Le chemin du profane au sacré est induit par différents procédés et mène à une chapelle, située sous le reste du projet en terme spatial. Ceci mettant encore davantage l’être humain face à sa condition, non pas de façon dramatique mais pragmatique, ne faisant qu’accentuer la force de la quête spirituelle menée, au moyen de l’architecture et de l’insertion dans un contexte.

< croquis volumétrique // extrait du carnet de recherches personnel. - 61 -


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médiagraphie LIVRES AFE (Association Française de l’Eclairage) _ La lumière du jour dans les espaces intérieurs : guide pour le projet

d’éclairage naturel Paris, Lux, 1983 _ 79p. DE BOTTON Alain (traduction de l’anglais par Jean-Pierre AOUSTIN), Petit guide des religions à l’usage des mécréants Paris, Flammarion, 2012 _ 327p. NOEVER Peter _ James Turrell : the other horizon Vienne, Hatje Cantz Verlag, 1998/1999 _ 246p. PACQUEMENT Alfred _ Richard Serra Paris, Centre Georges Pompidou, 1993 _ 69p. ZUMTHOR Peter, (traduction de l’allemand par Yves Rosset) _ Atmosphere Berin, Birkhauser, 2008 _ 75p.

LITTÉRATURE GRISE Fertile _ “meuse misery, friche publique évolutive” Nantes, Collectif Fertile, 2011 _ 80p.

SITES WEB http://data.nantes.fr http://www.vernon-visite.org/colleg/info/gothique1.htm

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Caroline Moureau // Rapport de Projet de Fin d’Études // ENSA Nantes // 2014


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