Comité directeur UC. Discours d'ouverture Goa

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COMITE DIRECTEUR DU MOUVEMENT D’UNION CALEDONIENNE Le 23 mars 2019. Salle Paul Nedja COMMUNE DE WAA WI LUU REGION AJIE-ARHO DISCOURS D’OUVERTURE DU PRESIDENT Militantes, Militants, Je salue humblement et respectueusement les vieux de l’endroit et les autorités coutumières de la grande vallée de WA WII LUU et de toute la région ADJE. Je salue les chefs de clans, les familles et les militants et les remercie pour leur implication dans la tenue de ce Comité Directeur extraordinaire. Merci à notre comité local qui s’est chargé de l’organisation, ainsi que les mamans et les jeunes pour leur travail et la logistique pour que continue de circuler notre parole et qu’elle résonne dans cette grande vallée. Aujourd’hui nous devons aborder un ordre du jour très important et des positionnements sont à prendre sur l’ouverture de nos listes, les exportations de nickel, et sur le foncier domanial. C’est sur cet ordre du jour que nous allons statuer : 1. Conclusion du Bureau élargi du FLNKS ; 2. Confirmation des listes des Provinces Nord, Iles et retour du groupe de négociation Province Sud ; 3. Présentation du groupe de travail nickel et foncier ; 4. Groupe de travail provincial : 1. Organisation de la campagne 2. Mise en place du rétro planning (12 mai 2019), 3. Documents administratifs, 4.Mise en place de l’équipe de coordination Avenir. 5. Conclusion et synthèse. L’histoire politique de l’Union Calédonienne nous montre qu’à des tournants historiques, l’Union Calédonienne a su prendre les grandes décisions, même si elles ne furent pas toujours comprises à leur juste valeur par rapport à un contexte, elles ont toujours montré la justesse de vue quand il s’est agi d'engager notre pays dans un futur apporteur du progrès social.


En 1956, lors de notre premier congrès, nos vieux appelaient de leurs voeux la création d’un peuple calédonien, «ciment du destin commun entre les fils de colons et les fils de Kanak colonisés», cette notion rénovée dans l’accord de Nouméa a uni nos deux peuples et nous l’avons réalisé 60 ans après, en ayant pris soin dans la négociation politique, de retenir toutes les autres communautés arrivées pour élargir notre communauté de destin. En 1977, devant l’immobilisme politique et l’incompréhension de notre démarche, mais aussi la crainte du renforcement de la politique de peuplement de l’Etat Français, le renoncement aux engagements de la FRANCE tels l’accord cadre, les lois Billote et Jacquinot, nous avons décidé que la voix de l’indépendance et l’accession à une pleine et entière souveraineté seraient le seul salut pour nous peuple de la terre mais aussi pour le peuple du pays, tant appelé dans notre discours politique d’alors. Notre choix d’alors fût douloureux, parce incompris par nos frères calédoniens qui nous accompagnaient avec ferveur. Où ils virent une trahison, nous vîmes une mesure de sauvegarde essentielle pour nous, pour tous, pour notre futur. Aujourd’hui les citoyens calédoniens comprennent mieux le sens de notre combat et voient les conséquences d’une politique aberrante d’immigration non contrôlée. Nos jeunes sont ainsi mis de côté, 28 milliards quittent le territoire, et notre pays au lieu de s’enrichir de cet apport, se paupérise, et les plus exposés sont les Kanak et les Océaniens. Pour cela, ceux qui prétendent que nous ouvrirons le corps électoral à 41000 personnes récemment arrivées, se trompent et nous répétons qu’il n’y aura aucun consensus, aucune discussion, aucune négociation sur cette question. La priorité est au peuple calédonien. La Nouvelle Calédonie n’est plus une terre de peuplement au sens de monsieur MESSMER. C’est désormais une terre d’unification, de souveraineté future et nous sommes entrés dans une période d’assimilation sociologique et la priorité demeure la citoyenneté en prélude à notre nationalité. Le temps est venu de nous reconnaître, de faire valoir la valeur de nos jeunes générations et de leur transmettre le flambeau qu’ils porteront haut et fort et plus loin que nous, car elle aspire à participer à la vie publique et à l’exercice de la souveraineté. Des virages sociétaux sont à négocier et à porter pour s’adapter aux nouvelles formes de vie sociale et notamment l’arrivée massive et incontournable du numérique dans notre société de tous les jours. Qui mieux que nos jeunes peuvent réussir ce défi, comprendre et assimiler ces changements, les transformer en atouts. L’enjeu de cette élection provinciale, celle de la première mandature de transition d’après consultation référendaire, sera d’asseoir la notion de citoyenneté, qu’il faut prendre en compte pour bâtir nos listes de candidats avec deux axes politiques :


•Assumer et assimiler le changement de génération qui s’annonce et répondre à cette jeunesse qui s’est fortement exprimée lors de la consultation référendaire. •Bâtir l’unité de notre peuple et nous ouvrir car de plus en plus de citoyens nous rejoignent et adhèrent à cette quête de construction de leur pays ; Nous avons une jeunesse ambitieuse, capable, instruite qui nous interpelle. Avons nous répondu à leurs attentes, à celles exprimées par ces jeunes qui se sont exprimés massivement lors de la première consultation référendaire ? Je ne le crois pas et souvenez vous que la nature a horreur du vide et que ces jeunes ont l’envergure et la capacité d’aller combler ce vide. Soit nous le faisons avec eux, soit ils le feront sans nous. Les enjeux de société qui arrivent sont colossaux et doivent traduire le nécessaire changement, je les cite de façon non exhaustive : 1. La citoyenneté et le peuple calédonien, et la préparation à la nationalité, la place de l’être humain et du citoyen dans notre société de demain, son éducation, la solidarité et le lien entre générations, l’égalité de chances. 2. La gouvernance du pays, enjeu de la réussite de la souveraineté et de solvabilité gouvernementale. 3. La calédonisation des emplois, du pays, et des compétences régaliennes. 4. La répartition des richesses, enjeu du mieux vivre grâce à l’indépendance alimentaire et la diversification et la simplification administrative de notre économie. 5. L’accès à la ressource minière et aux autres ressources naturelles au profit de tous les calédoniens imprégné d’une très forte notion de distributivité au profit de la solidarité, de la réhabilitation écologique et des nouvelles générations. 6. L’aménagement du territoire (l’accès à la propriété rurale par des baux, la maitrise de l’eau, la ruralité et la fin de l’exode rural, l’énergie solaire. 7. La réhabilitation et la protection de notre environnement et notre biodiversité, support de notre politique d’insertion et de redistribution de richesses. Tels sont nos grands projets, ceux que les calédoniens attendent pour cette jeunesse du pays qui attend un signal fort de notre part. Nous avons besoin d’eux pour mettre en oeuvre ces grands dossiers et pour nous apporter leur vision.


Concernant le deuxième point de notre ordre du jour, l’exploitation de notre ressource naturelle est pour nous un enjeu de société car nous avons bâti depuis un siècle notre modèle de société autour de cette activité minière et industrielle. L’actualité nous interpelle et concerne la demande d’exportation de 4.000.000 de tonnes déposée auprès du gouvernement par la SLN. Ce volume de minerais représentera une fois transformé dans les fours chinois, environ 50.000 tonnes de métal. Ne nous étonnons pas si les centres miniers restent bloqués et que les grèves persistent, car si ce n’est pas un chantage à l’emploi, ça y ressemble beaucoup. Faire peser sur les salariés toute la pression pour que le Gouvernement accède favorablement à cette demande, est devenue malheureusement une méthode naturelle pour cet opérateur. Nous ne sommes plus dans des relations normales avec cet industriel qui par ses méthodes d’un autre temps, impose au calédonien un diktat indécent et colonialiste sur notre première ressource naturelle. La Nouvelle Calédonie s’émancipe politiquement et s’émancipera sur son nickel car elle doit en tirer des rentes pour ses populations, et au pire elle s’émancipera sans état d’âme de ces opérateurs non citoyens si nécessaire. Plus précisément, elle nous demande d’exporter une production de 50.000 tonnes métal qui représente en valorisation finale environ 50 milliards de nos francs pour lesquels nous ne recevrons aucune contrepartie. Nous produisons 189.000 tonnes de métal actuellement, c’est 189 milliards de valorisation finale dont une très faible partie profite au Pays, et ne rapportent que 459 millions d’impôts au Pays. C’est une masse fiscale totale de 240 milliards que nous laissons échapper du pays sans aucune contrepartie ni obligation. A ce rythme là qu’allons nous laisser à nos jeunes ? Que restera t’il pour nos futures générations ? L’Union Calédonienne doit s’opposer fermement à ces pratiques de pillage et y mettre un terme. L’autorisation des exportations de minerais ne doit s’entendre que dans le cadre de traitements de minerais dans les usines pays. Nos opérateurs miniers doivent rechercher la valorisation de nos productions et ramener des rentes aux pays en s’ouvrant sur des partenariats verticaux. Nous ne pouvons plus nous contenter de laisser échapper notre patrimoine non durable que nous cédons gracieusement. La valorisation de nos productions de minerais, l’optimisation de nos rentes nickel mais aussi de cobalt, fer, métaux rares et autres, doivent devenir le pivot de notre politique concernant nos matières premières.


Enfin le troisième point sur lequel nous devons également nous prononcer concerne la question du domaine foncier domanial de nos collectivités que nos adversaires cherchent à diluer et à remettre dans le domaine privé. L’essence fondamentale de la réforme foncière est remise en cause alors qu’elle fait partie intégrante de l’accord de Nouméa, et qu’elle est constitutionnalisée.

Ce texte remet en cause les équilibres fondamentaux du pays, tant fragiles qui ont été sources de problèmes par le passé. Nous nous opposerons totalement à ce texte et nous mettons en garde contre toute tentative de déstabilisation des équilibres fonciers. Nous ne reculerons pas sur cette question. Plutôt que de changer les équilibres, il existe des surfaces libres dans le domaine privé et dans le domaine coutumier. Apprenons à travailler ensemble plutôt que de dilapider notre patrimoine commun que nous devons protéger et conserver pour nos générations futures. Voici les principaux sujets à traiter et sur lesquels nos délégués doivent se prononcer. Je déclare ouvert ce comité directeur extraordinaire avec beaucoup d’espoirs et de sérénité. Merci à tous pour le chemin parcouru et pour le travail, soyez à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui et dépassez nos clivages habituels pour faire progresser notre pays. Daniel Goa


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