HAUT-COMMISSARIAT DE LA REPUBLIQUE EN NOUVELLE-CALEDONIE
SYNTHESE TERRITORIALE THEMATIQUE : JEUNESSE
MARS 2018
Sommaire I.
INTRODUCTION....................................................................................................................... 3 1.1 Présentation générale ..................................................................................................................................3 1.2 Les assises des outre-mer en Nouvelle-Calédonie consacrées au thème de la jeunesse ............................3 1.3 L’articulation de cet évènement avec les contrats de développement 2017-2021 .....................................3 1.4 La mise en œuvre au niveau local ................................................................................................................4 1.5 Une expertise nationale sur les jeunes en difficulté en Nouvelle-Calédonie ...............................................4
II.
LA JEUNESSE EN NOUVELLE-CALEDONIE : CONTEXTE ET ENJEUX ................... 5
2.1 Une situation contrastée ..............................................................................................................................5 2.1. 1 Le contexte global en matière de jeunesse ..........................................................................................5 2.1.2 La jeunesse : une thématique transversale éclatée en termes de compétences et diluée au sein des politiques publiques .......................................................................................................................................6 2.2 Une mobilisation réelle des acteurs malgré l’absence de données consolidées .........................................7 2.2.1 L’Etat, un partenaire important .............................................................................................................7 2.2.2 Un tissu associatif dynamique ...............................................................................................................7 2.2.3 De multiples études mais une absence de données consolidées. ........................................................8
III.
LES TRAVAUX DES ATELIERS DES AOM ........................................................................ 9
3.1 Atelier réussite scolaire ................................................................................................................................9 3.1.1 Eléments de diagnostic ..........................................................................................................................9 3.1.2 Objectifs .............................................................................................................................................. 11 3.1.3 Projets prioritaires .............................................................................................................................. 12 3.2 Atelier insertion professionnelle et emploi............................................................................................... 14 3.2.1 Eléments de diagnostic ...................................................................................................................... 14 3.2.2 Objectifs .............................................................................................................................................. 16 3.3.3 Projets prioritaires .............................................................................................................................. 19 3.3 Atelier vivre ensemble .............................................................................................................................. 21 3.3.1 Eléments de diagnostic ...................................................................................................................... 21 3.3.2 Objectifs............................................................................................................................................. 23 3.3.3 Projets prioritaires ............................................................................................................................. 24 3.4 Atelier prévention de la délinquance ........................................................................................................ 26 3.4.1 Eléments de diagnostic ....................................................................................................................... 26 3.4.2 Objectifs .............................................................................................................................................. 29 3.4.3 Projets prioritaires ............................................................................................................................. 32
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IV.
ANNEXES ................................................................................................................................. 37
Annexe 1 : Bibliographie .................................................................................................................................. 37 Annexe 2 : Tableau des projets prioritaires..................................................................................................... 40 Annexe 3 : Fiches projets ................................................................................................................................. 41
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I.
INTRODUCTION
1.1 Présentation générale Comme s’y est engagé le Président de la République, des assises des outre-mer sont organisées jusqu'à mi-2018 afin de mener une large réflexion sur les besoins des collectivités d’outre-mer en matière de développement. La nouveauté et la spécificité de cette démarche réside dans sa nature participative, l’objectif étant aussi de consulter la population sur ses aspirations et ses besoins par un échange direct avec la société civile. Cette démarche s’est également voulue pragmatique. En effet, pour ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie, elle a tenu compte du statut particulier qui la caractérise et des compétences spécifiques des collectivités locales qui en découlent. Dans ce cadre, elle s’est appuyée sur les travaux, études et schémas mis en œuvre par ces collectivités dans les domaines concernés et s’est attachée à la définition de projets concrets.
1.2 Les assises des outre-mer en Nouvelle-Calédonie consacrées au thème de la jeunesse Le thème de la jeunesse, dans le large éventail de politiques publiques qu’il recouvre, recueille le consensus des politiques locaux. Il constitue une priorité qui avait déjà été réaffirmée lors du XIVème comité des signataires de l’Accord de Nouméa du 4 février 2016. Ce thème offre l’opportunité de traiter de manière consensuelle un enjeu crucial, qui est aussi une préoccupation partagée par la population calédonienne, et ainsi de faire vivre concrètement le « destin commun » qui forme le socle de l’Accord de Nouméa. C’est pourquoi, le comité des signataires réuni à Paris le 2 novembre 2017 a décidé de dédier les assises des outre-mer en Nouvelle-Calédonie au thème de la jeunesse.
1.3 L’articulation de cet évènement avec les contrats de développement 20172021 Même si les assises des outre-mer n’ont pas pour objet de générer des crédits budgétaires supplémentaires, le « livre bleu des outre-mer » qui constituera le produit final de ces consultations, a vocation à servir de guide quant aux priorités partagées par l’Etat et les collectivités d’outre-mer. Pour la Nouvelle-Calédonie plus particulièrement, le calendrier retenu pour ce processus, qui doit aboutir à la mi-2018, peut s’ajuster au rythme d’exécution des contrats de développement. En effet, la génération en cours de ces contrats, conclus en 2016, stipule que des avenants à ceux-ci pourront être envisagés à partir de 2019. Début 2019, il sera donc possible aux collectivités et à l’Etat de mettre à profit les conclusions des assises des outre-mer concernant la Nouvelle-Calédonie afin de redéployer les moyens vers les priorités identifiées.
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1.4 La mise en œuvre au niveau local La mise en place du Comité local d’orientation (CLO) Conformément à l’organisation déclinée dans l’ensemble des outre-mer, un comité local d’orientation est consulté régulièrement sur la démarche entreprise. Mis en place lors de la réunion du 17 novembre 2017, il est présidé par le Haut-Commissaire, assisté du chef de projet et de l’équipe projet locale. Il comprend le Président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et les Présidents des assemblées des trois provinces, le Président du congrès, le Président du Conseil économique, social et environnemental, le Président du sénat coutumier. Y ont également été associés les représentants des deux associations de maires de Nouvelle-Calédonie et M. Gaël Lagadec, Président de l’université de la Nouvelle-Calédonie et membre de l’équipe projet nationale. L’équipe projet Placée sous la responsabilité du Secrétaire général adjoint du Haut-Commissariat, chef de projet, l’équipe projet se compose de la chargée de mission cohésion sociale, référente AOM pour le Haut-Commissariat, des responsables d’ateliers, choisis au sein des services des collectivités pour leur expertise à l’échelle territoriale, et des rapporteurs qui appartiennent quant à eux aux services de l’Etat. Les ateliers Les thématiques retenues par le Comité local d’orientation correspondent aux enjeux définis par les partenaires institutionnels en matière de jeunesse. Ces thématiques sont les suivantes :
La réussite éducative L’insertion professionnelle et l’emploi Le « vivre ensemble » La prévention de la délinquance
Des représentants des institutions et de la société civile ont été associés aux travaux des ateliers ainsi que des jeunes. De nombreuses réunions ont été organisées de décembre 2017 à mars 2018 par les différents responsables d’ateliers, certaines décentralisées dans le Nord et aux Iles Loyauté.
1.5 Une expertise nationale sur les jeunes en difficulté en Nouvelle-Calédonie Parallèlement aux ateliers, la ministre des outre-mer a mandaté la mission Rabineau1 pour réaliser un diagnostic de la situation et appuyer les autorités publiques locales afin de définir les dispositifs les plus adaptés aux jeunes en voie d’exclusion sociale et professionnelle.
M. Yves Rabineau, inspecteur général des affaires sociales, rapporteur national du volet social des assises des outre-mer, était responsable de cette mission à laquelle participaient également Mme Valentine Fournier, directrice territoriale de la protection judiciaire de la jeunesse, M. Gérard Bessière, inspecteur général de la jeunesse et des sports, Mme Nathalie Hanet, directrice de l’Etablissement pour l’insertion dans l’emploi (EPIDE), M. Jacques Wadrawane, sous-préfet, référent territorial des assises des outre-mer pour le Pacifique. 1
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II.
LA JEUNESSE EN NOUVELLE-CALEDONIE : CONTEXTE ET ENJEUX
2.1 Une situation contrastée 2.1. 1 Le contexte global en matière de jeunesse Au 1er janvier 2017, la population de la Nouvelle-Calédonie est estimée à 278 500 habitant2. Cette population a vieilli au cours des vingt-cinq dernières années. Depuis 1989, la proportion de jeunes ne cesse de décliner au profit des classes d’âge plus élevé. Ainsi, la part des moins de 20 ans a diminué de 11 points et représente désormais 32 % de la population. Celle des 60 ans ou plus a quasiment doublé, atteignant aujourd’hui 12 %. Pour autant, les moins de 30 ans représentent 47 % de la population (soit 126 287 h). Selon les communautés d’appartenance, les jeunes kanak et wallisiens-futuniens de moins de 30 ans représentent respectivement plus de 50 % et 52 % de leur communauté. Parmi ces jeunes, on recense 70 916 jeunes scolarisés3 dont 66 120 élèves et 4 796 étudiants soit 56 % de la population des moins de 30 ans. Les deux tiers des étudiants sont inscrits dans les formations universitaires (DAEU, DEUST, DUT, Licence, Licence professionnelle, Master, Doctorat). L’Université de la Nouvelle-Calédonie accueille quant à elle 3 137 étudiants (dont 60% d’étudiantes). Le plus grand nombre d’étudiants est inscrit en licence (1 906)4 L’UNC répond également aux besoins socio-économiques du pays en proposant chaque année de nouvelles actions dans le cadre de la formation continue. Plus de 200 diplômes sont ainsi délivrés en 2016 par l’UNC au titre de la formation continue, dont plus de 70% sont des Diplôme d’Accès aux Études supérieures (DAEU). Selon les résultats d’une enquête réalisée en 20175, tous diplômes confondus, la part des étudiants diplômés en situation d’emploi au moment de l’enquête était de 46%, et 47% des répondants étaient en poursuite d’études. 81% des répondants en emploi indiquaient que leur emploi est tout à fait (43%) ou partiellement (38%) en lien avec le diplôme obtenu à l’UNC, ce qui montre à la fois une bonne adéquation de l’offre de formation avec les besoins du mode socio-professionnel, et un bon positionnement de ces formations auprès des employeurs publics et privés. Dans cette enquête, 77% des diplômés 2015 se disent très satisfaits ou satisfaits de la formation suivie à l’UNC. L’ouverture en 2018 d’une antenne pilote en Province Nord, à Koné, est conçue comme un outil de rééquilibrage à destination des populations de l’intérieur en ce qu’elle constitue la démocratisation et la massification de l’accès à l’enseignement supérieur. Par ailleurs, selon l’Institut de la statistique et des études économiques de la NouvelleCalédonie (ISEE), les 15-29 ans (éligibles aux différents dispositifs d’insertion) représentent 22 % de la population (62 589 personnes). Source ISEE Source : vice rectorat (rentrée 2017) 4 Source : UNC inscriptions 2017 2 3
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Enquête 2017 sur le devenir des diplômés 2014 de l’UNC. Situation au 1 er juillet 2017 - Source : UNC-OVE
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Selon l’Institut de développement des compétences de Nouvelle-Calédonie (IDCNC), 40% des demandeurs d’emploi ont moins de 30 ans. De plus, il existe une population de demandeurs d’emploi jeunes qui ne font pas de démarche active auprès des services de placement provinciaux. Les mineurs constituent par ailleurs 25% de la délinquance générale et 50% de la délinquance de proximité 6. La situation des jeunes reste très contrastée en fonction des communautés d’appartenance et des zones géographiques de résidence (provinces-communes). Si 75% des jeunes résident dans le Grand Nouméa, soit en zone urbanisée, les jeunes kanak résident en grande majorité en province Nord et Iles Loyauté. Par ailleurs, l’on peut constater que la population carcérale notamment celle du quartier des mineurs du Camp Est (établissement pénitentiaire) est composée quasi exclusivement de jeunes kanak. De même, les jeunes suivis par les services de la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse restent en grande majorité d’origine kanak ou océanienne. Certes, le colloque sur le rééquilibrage7 a démontré que le critère communautaire s’est atténué depuis ces 5 dernière années s’agissant de l’échec scolaire ou du chômage. Les déterminants de la réussite scolaire et de l’accès à l’emploi résident de plus en plus sur des critères géographiques (éloignement des centres de formation ou du bassin d’emploi…) du statut social des parents et de l’importance des modèles de référence (quelqu’un à qui on s’identifie). S’agissant de la situation particulière des jeunes de 16-17 ans, chaque année, on estime à près de 600 le nombre de jeunes qui quittent le dispositif de formation initiale sans qualification, diplôme ou certification. Le taux d’illettrisme, évalué lors des Journées Défense Citoyenneté, est de 15 %. L’accompagnement des jeunes mineurs sortis du système scolaire constitue un véritable défi pour les collectivités. En effet, cette catégorie de jeune n’est pas toujours éligibles aux dispositifs mis en place par les organismes de formation ou d’insertion. C’est ainsi que le RSMA, l’Ecole de la Réussite ou les établissements de formation professionnelle de la Nouvelle Calédonie (EFPA…) recrutent prioritairement des jeunes majeurs. En outre, les entreprises ou les associations demeurent très réticentes à l’accueil en insertion de mineurs, notamment pour des questions liées à la responsabilité. De même, l’expérience des cadets du RSMA destinée aux jeunes âgés de 17 ans et deux mois en décrochage scolaire n’a pas pu se poursuivre compte tenu des difficultés à accueillir des mineurs dans des unités militaires (taux d’encadrement lourd, questions de responsabilité). Seules quelques structures d’insertion ou de formation comme la MIJ ou le dispositif apprentissage mis en œuvre par la CCI accueillent cette tranche d’âge.
2.1.2 La jeunesse : une thématique transversale éclatée en termes de compétences et diluée au sein des politiques publiques Aux terme de la loi organique8 relative à la Nouvelle –Calédonie, les actions en direction des jeunes sont portées par différents échelons administratifs : Chiffres 2017 du haut-commissariat de la république en Nouvelle-Calédonie Colloque organisé par l’université de Nouvelle-Calédonie du 19 aout 2016 sur le rééquilibrage 8 Loi organique n° 99-209 du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle-Calédonie 6 7
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Les services de Etat, notamment au titre des contrats de développement ou du service civique, les interventions du ministère jeunesse et sport, les actions du CNDS9… Les services du gouvernement de la Nouvelle Calédonie, notamment au titre de ses compétences en matière d’enseignement, de formation professionnelle, de protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse… Les services des provinces et des communes au titre des actions d’insertion sociale, des activités socioéducatives, du développement social des quartiers ou des animations de proximité... Si la multiplicité des acteurs et l’empilement des mesures permet de tenir compte des typologies de public et de la spécificité des territoires, ils nuisent incontestablement à leur lisibilité et à leur efficacité.
2.2 Une mobilisation réelle des acteurs malgré l’absence de données consolidées 2.2.1 L’Etat, un partenaire important Dans la continuité du plan jeunesse outre-mer de 2015 initié par le ministère des outre mer, ce secteur reste une priorité pour l’Etat qui a ainsi consacré sur la génération du contrat de développement 2017-2023 des moyens conséquents. Ainsi, 30% des financements que les collectivités et l’Etat ont choisi de mobiliser sur la période, soit un montant total de 223 M€ dont 103 M€ de l’Etat sont consacrés aux opérations jeunesse. L’action des collectivités publiques est, comme en Métropole relayée directement par le secteur associatif. 2.2.2 Un tissu associatif dynamique L’étude10 diligentée par la FOL (Fédération des Œuvres Laïques) en 2013 conclut que le nombre d’associations créées chaque année en Nouvelle-Calédonie, ramené à la population du pays, est très largement supérieur aux moyennes nationales. La Nouvelle-Calédonie apparaît tout simplement comme la région du territoire français qui connaît le plus fort taux de créations d’associations, après la région parisienne et ce malgré un tassement qui semble s’amorcer depuis le début des années 2010. Près de 64 % des associations11 actives ( environ 6.000 répertoriées au RNA12) mènent des actions qui impactent plus ou moins directement les politiques jeunesse. Il s’agit notamment des associations qui œuvrent dans le champ de l’insertion, du sport, de la culture, dans le domaine socio-éducatif (centre de vacances et de loisirs…). D’autres structures associatives comme le CIJ (Centre d’Information Jeunesse) ou la MIJ (Mission d’Insertion des Jeunes de la province Sud) jouent un rôle déterminant. Ainsi, pour exemple, la MIJ reçoit chaque année près de 17 000 jeunes de 16 à 26 ans, dont 6 900 font l’objet d’une mesure effective d’accompagnement.
Centre national de développement du sport (établissement public de l’Etat) Etude du poids socio-économique du monde associatif en Nouvelle –Calédonie Bureau d’étude KANI-CONSEIL, novembre 2014 11 6000 associations répertoriées au RNA dont la moitié considérée comme active 12.répertoire national des associations 9
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2.2.3 De multiples études mais une absence de données consolidées. Appréhender les politiques publiques jeunesse est un exercice complexe en raison de sa nature multidimensionnelle (éducation, insertion …) et de l’empilement des compétences issues de la loi organique. En outre, malgré la mise en place d’un observatoire au sein de la direction de la jeunesse et des sports et la production régulière de statistiques par l’ISEE, l’IDCNC, le vice rectorat ou les collectivités locales, peu de données globales et consolidées sur la jeunesse sont disponibles. Afin d’y pallier, plusieurs études sectorielles ont été diligentées pour mieux appréhender des problématiques spécifiques. Les plus importantes ont été réalisées par l’INSERM en 2008 sur la situation sociale et les comportements de santé de jeunes en Nouvelle-Calédonie13. Il en est ainsi également de l’enquête sociologique des cahiers de l’observatoire jeunesse14 de mai 2012, ou du rapport du CESE local de 2013 relatif aux attentes de la jeunesse calédonienne. Certaines collectivités, province et communes mènent des études centrées sur leur territoire respectif. C’est notamment le cas des provinces Nord et Sud ou de la ville de Nouméa qui ont mené des études sur les attentes des jeunes en matière d’activités culturelles, sportives et socio-éducatives. Concernant le numérique, l’observatoire du numérique de la Nouvelle–Calédonie a mené une analyse des « Usages, attitudes et attentes numériques des 15-29 ans en Nouvelle-Calédonie ». Enfin, le projet éducatif de la NouvelleCalédonie ou le schéma NC 2025 restent des documents de référence dans leurs domaines respectifs. La multiplicité des études et la mise en place par chacune des collectivités locales d’une kyrielle de mesures destinées aux jeunes démontrent que la jeunesse reste au cœur des préoccupations des autorités locales.
Etude menée par l’unité 687 de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale qui vise à décrire les comportements de santé des jeunes, garçons et filles de 16 à 25 ans, 14 Enquête des cahiers de l’observatoire jeunesse : « les destins comme un » une société raconte-éléments de compréhension 13
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III.
LES TRAVAUX DES ATELIERS DES AOM
3.1 Atelier réussite scolaire 3.1.1 Eléments de diagnostic
Les institutions calédoniennes disposent d’une très large autonomie en matière d’enseignement Les transferts de compétences sont prévus par la loi organique du 19 mars 1999 et notamment par ses articles 21, 22 et 23. Il convient de noter également que les transferts de compétences de l’Etat à la Nouvelle-Calédonie comportent toujours une dimension normative et vont donc bien au-delà de ce qui se fait en métropole, c’est ce qui explique l’adoption par le congrès de la Nouvelle-Calédonie du projet éducatif, acte politique fort qui va au-delà d’une simple gestion administrative de la compétence. Le premier transfert en matière d’enseignement de l’année 2000 a attribué la compétence pédagogique à la Nouvelle-Calédonie dans le premier degré public. Pour le transfert de 2012, c’est la loi du pays 2009-09 du 28 décembre 2009 qui a fixé le contenu de la compétence transférée en matière d’enseignement. Ce transfert a été beaucoup plus large puisque l’ensemble de la compétence détenue par l’Etat a été attribué à la Nouvelle-Calédonie à l’exception du contrôle pédagogique, de la délivrance des diplômes et de la rémunération des personnels. La vie scolaire, l’orientation, l’organisation administrative de l’enseignement ont ainsi été entièrement transférées. Il en va de même de la santé scolaire ou encore de la carte des formations et de la carte scolaire.
La Nouvelle-Calédonie s’est dotée d’un projet éducatif en 2016 L'année 2016 a été une année exceptionnelle de l'évolution institutionnelle de l'école calédonienne. En effet, elle a été marquée par des votes du congrès qui constituent des repères politiques majeurs : - Le 15 janvier 2016, vote du premier projet éducatif de la Nouvelle-Calédonie ; - Le 1er décembre 2016, vote de la charte d’application de ce projet, constituant une véritable feuille de route des actions à conduire pour les 3 années à venir ; - Le 29 décembre 2016, délibération concernant la mise en réforme du collège et résolution relative à la correction locale du baccalauréat. Elle est aussi marquée par la visite de la Ministre de l’Éducation nationale de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, concrétisée notamment par la signature d’un protocole d’accord d’accompagnement par l’État du projet éducatif calédonien et par la ratification d’un avenant aux conventions du 18 octobre 2011, relatif au statut du vice-rectorat et aux conditions de recrutement et de nomination du vice-recteur, directeur général des enseignements de la Nouvelle-Calédonie. L’année 2016 est également révélatrice non seulement de la manière dont l’État entend reconnaître et accompagner la Nouvelle-Calédonie mais aussi de la mise en œuvre des premières mesures qui, tout à la fois, confortent le rattachement à la République à travers la mise en réforme du collège, et identifient « l’autonomie » de ce territoire par une contextualisation affirmée dans la mise en place des priorités éducatives et pédagogiques calédoniennes. 9
En 2017, on retiendra principalement : - le taux d’orientation 3e/2e pour la première fois inversé dans l’histoire de ce système entre l’enseignement général et technologique et l’enseignement professionnel (au bénéfice de l’EGT) ; - l’augmentation significative des poursuites d’études en enseignement supérieur particulièrement en BTS ; - la mise en œuvre obligatoire des projets d’établissement pour tous les collèges et les lycées ; - le lancement d’un plan spécifique des langues et culture kanak ; - l’ouverture de deux nouveaux lycées financés intégralement par l’État (le lycée du Mont-Dore et l’établissement de Pouembout). L’année scolaire 2018 s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Charte d’Application du projet éducatif de Nouvelle-Calédonie et de la poursuite des engagements du Protocole d’Accord entre l’Etat et la Nouvelle-Calédonie. Cette année scolaire 2018 est aussi marquée par deux changements éducatifs : - la mise en œuvre d’un nouveau calendrier scolaire 2018-2020 pris par arrêté du gouvernement le 28 mars 2017, qui reste à caractéristique australe mais qui a le mérite d’équilibrer toutes les périodes d’activités entre 30,5 jours à 32 jours et de faciliter la reconquête du troisième trimestre. - La mise en réforme effective du collège (nouveaux programmes, nouveau socle commun, nouveau diplôme national du brevet, nouvelle organisation pédagogique, et articulation renforcée école/collège). Elle voit aussi l’ouverture d’un nouveau collège décidé par la province sud pour tenir compte de l’évolution démographique dans la commune de Dumbéa : le collège d’Apogoti (600 élèves).
Le système éducatif calédonien est globalement performant mais traversé par de fortes inégalités 66 120 élèves étaient scolarisés en 2017 dans les 1er et second degrés des enseignements publics et privés ainsi que 4796 étudiants. Par ailleurs, hormis les CAP dont le taux de réussite n’a cessé de chuter depuis dix ans, le taux de réussite aux diplômes de l’enseignement secondaire a progressé entre 2006 et 2015 notamment pour les BTS. Néanmoins, on estime que 600 nouveaux décrocheurs viennent s’ajouter chaque année au volume déjà constitué. Sont définis comme décrocheurs, les jeunes de 16 à 25 ans, sans diplôme et sans qualification, non pris en charge par une structure d’insertion ou de formation et sans emploi. Or, il n’existe pas actuellement de structures identifiées pour la prise en charge de ces jeunes. Par ailleurs, 32,8% des jeunes sont détectés en difficulté de lecture lors des journées défense et citoyenneté (JDC). Cependant, contrairement à la démarche engagée au niveau national, il n’existe pas en Nouvelle-Calédonie de politique d’éducation prioritaire en CP susceptible de réduire l’illettrisme. 10
Ainsi, Un nombre significatif d’élèves se trouve en grande difficulté scolaire et sociale en Nouvelle-Calédonie. En effet, à la rentrée scolaire 2018, la part des élèves issus de familles socialement défavorisées s’élève à plus de 47% soit un taux comparable en métropole aux Académie de Lille, Reims ou Amiens et en Outre-Mer à la Guadeloupe ou la Polynésie Française. C’est 12 points de plus que la moyenne métropolitaine. Par ailleurs, un déficit de structure d’accueil et notamment d’internat éducatif est constaté. Sur une population de près de 17 842 élèves du second degré collège, il existe 15 SEGPA (13 publics et 2 privés) qui accueillent seulement 750 élèves. Sur le territoire, des internats, rattachés aux provinces n’accueillent qu’environ 1 900 élèves. La géographie du territoire et les difficultés de communication, notamment routière, justifieraient cependant le développement de structures d’hébergement. En outre, on observe ces dernières années une montée des faits de cambriolage et de violences physiques dont les auteurs sont à 25 % des jeunes de moins de 18 ans. Il convient également de noter que de nombreux mineurs ancrés dans la délinquance présentent déjà une addiction à l’alcool et au cannabis. Enfin, les internats provinciaux (collèges) sont tous situés en milieu rural et ne permettent pas une mixité à l’échelle du pays ni aux internes de bénéficier des autres ressources offertes par le Grand Nouméa.
3.1.2 Objectifs Le projet éducatif calédonien vise à conduire tous les jeunes vers la réussite scolaire et à favoriser le vivre ensemble. Ainsi, il convient de :
Consolider la qualification des jeunes à besoins éducatifs particuliers
Un établissement spécialisé, qui proposera une approche plus individualisée des apprentissages et développera une fonction formatrice et éducatrice, sera de nature à proposer des solutions positives à quelques jeunes en grande difficulté sociale et/ou scolaire ou rencontrant des difficultés liées à une situation de handicap. Cet établissement pourra jouer un rôle essentiel dans la lutte contre l’échec scolaire et dans l’accès à la qualification.
Renforcer le vivre ensemble à travers des exemples de réussite scolaire
De ce point de vue, des parcours d’excellence et des dispositifs d’accompagnement des élèves existent à partir de la classe de seconde. Construits pour accompagner des élèves volontaires afin d’assurer l'égalité des opportunités de réussite, ils visent à conduire des jeunes de milieux défavorisés, concernés notamment par la différence culturelle, vers une poursuite d'études ou une insertion professionnelle ambitieuse et réussie. Une détection des potentialités et un accompagnement éducatif organisé plus précocement permettra de multiplier les exemples de réussite.
Lutter contre le décrochage scolaire
Il s’agit tout d’abord de réduire le nombre de nouveaux décrocheurs chaque année grâce au travail dans les établissements scolaires. 11
Cependant, si ces derniers ont développé des mesures en matière de prévention, aucune proposition organisée n’a pour l’instant été mise en œuvre pour les jeunes qui sont effectivement en situation de décrochage. Il convient donc d’apporter une réponse concrète et construite pour mettre en œuvre les dispositions de l’article 5 de la délibération n°106 du 15 janvier 2016 qui stipule : « Une obligation d’engagement dans un dispositif d’acquisition de compétences est instituée pour toutes les personnes de 16 à 18 ans qui sont sorties du système scolaire sans formation ou sans qualification, sans diplôme ou sans certification. Elle se traduit par une obligation d’accompagnement à la charge de la Nouvelle-Calédonie, afin de soutenir une démarche d’acquisition de compétences et de formation des jeunes concernés conformément à l’article 17-2 de la présente délibération. »
3.1.3 Projets prioritaires Création d’un établissement territorial adapté pour les élèves à besoins éducatifs particuliers Un établissement de type EREA (établissement régional d’enseignement adapté) dispensera un enseignement général et professionnel adapté conduisant à des diplômes de niveau V (CAP) voire IV (Bac professionnel). Il développera une pédagogie fondée sur l’individualisation du parcours de formation (avec des effectifs de classe réduit à 16 élèves maximum) et sur l’existence d’un internat éducatif contribuant à créer les conditions d’un accompagnement privilégié de chaque jeune.
Mise en place d’un internat territorial de la réussite pour tous
Ce projet consiste à créer à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie une filière de réussite dès le collège pour alimenter les parcours d’excellence en lycée. Dans ce cadre, la mise en place d’un internat sur le grand Nouméa permettrait, sur la base d’un recrutement des élèves à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie, d’accueillir des jeunes des différents niveaux de classes de collège.
Lancement d’un appel à projets pour la prise en charge des élèves décrocheurs
A l’instar de celui lancé pour les parcours d’excellence, un appel à projet sera lancé pour l’encadrement et l’accompagnement des jeunes de 16 à 25 ans, sortis du système scolaire sans diplôme et sans qualification. L’appel à projet débutera par un nombre limité de jeunes puis augmentera progressivement en fonction des capacités avérées des organismes à répondre à l’appel à projet.
En supplément de ces actions, l’ensemble des participants à l’atelier s’accorde à reconnaitre que : la question de l’orientation scolaire reste problématique et devra être traitée. En effet, les difficultés liées à l’orientation scolaire ont été soulignées au sein de l’atelier, en particulier par les jeunes, mais ce débat n’a pas pu aboutir à la formulation d’un projet précis. Néanmoins, un projet est à l’étude par la Nouvelle-Calédonie pour l’amélioration de l’orientation scolaire et professionnelle. 12
la mise en place d’un dispositif de consolidation des apprentissages dans l’enseignement primaire, pour lutter contre l’illettrisme, devra être étudié. A cet effet, une politique d’éducation prioritaire partagée entre les provinces et la Nouvelle-Calédonie pourrait être définie avec le soutien de l’Etat. En outre, les représentants des personnels appuient les actions proposées mais considèrent qu’il conviendrait, avant de lancer de nouveaux projets, de s’assurer que ce qui est fait aujourd’hui est fait correctement et continuera à être financé. A cet sujet, ont été donnés les exemples des internats en lycée ou le projet du vivre ensemble qui pourrait être relancé.
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3.2
Atelier insertion professionnelle et emploi
3.2.1
Eléments de diagnostic
Il existe en Nouvelle-Calédonie un nombre important de mesures et d’outils pertinents pour faciliter l’insertion et l’emploi des jeunes Chaque institution ou collectivité souhaitant apporter une solution aux jeunes en parcours de formation ou d’emploi, de nombreuses structures ont vu le jour. Elles remplissent parfois la même mission ou sont complémentaires. Orientés de structure en structure, ce manque de coordination a conduit à une démotivation des jeunes et plus particulièrement de ceux éloignés du marché de l’emploi (déscolarisés, désocialisés, rencontrant des problèmes d’addictions, de santé, d’illettrisme…). Les entreprises sont davantage sensibles à l’employabilité, au savoir être qu’aux diplômes Les entrepreneurs sont confrontés au manque de fiabilité d’une partie de leurs employés (problèmes de comportement, retard, non-respect des règles de sécurité, vol, alcool), alors qu’ils sont qualifiés. Aussi, préfèrent-ils souvent embaucher des jeunes possédant un savoir-être qui améliorera la productivité de l’entreprise, même s’ils sont sous-qualifiés, quitte à les former. C’est pourquoi les organismes de formation du type RSMA conviennent davantage aux entrepreneurs.
Les entreprises et les jeunes en recherche d’insertion ne se connaissent pas
Dans ce domaine, un constat majeur s’impose : les jeunes, qu’ils soient diplômés ou pas, connaissent mal le monde de l’entreprise, ses codes, ses besoins et ses contraintes. Le jeune peut parfois se sentir très éloigné, peu ou pas en accord avec le monde du marché de l’emploi. Les TPE et PME en particulier ne sont pas assez visibles auprès des jeunes. Réciproquement, les entreprises ont du mal à cerner les aspirations de la jeunesse et ses attentes vis-à-vis de l’emploi. Elles ne sont pas formées pour bien accueillir les jeunes dans l’emploi.
L’orientation scolaire et l’orientation professionnelle sont perfectibles
On constate en Nouvelle-Calédonie que de nombreux jeunes en recherche d’insertion sont sortis du système scolaire sans diplôme ni qualification. S’agissant des jeunes diplômés, ces derniers n’ont pas toujours les diplômes en adéquation avec les besoins des entreprises et, pour bon nombre d’entre eux, ne savent pas comment chercher un emploi. On observe également des limites à l’orientation scolaire. En effet, de nombreux jeunes ont un diplôme qui n’est pas en adéquation avec ce qu’ils veulent faire. Dans ce cadre, les enquêtes et retour d’expérience mettent en avant l’impression des jeunes d’être mal orientés à l’école, en termes de choix de filière ou de voie professionnelle. Cette situation provoque chez eux le sentiment d’être bloqués dans un choix de cursus ou de filière sans possibilité d’en sortir ou d’en changer car il leur semble alors trop tard pour le faire sans être obligés de tout recommencer. 14
Les intéressés mettent également en évidence le rôle crucial de la famille et de l’entourage proche qui fait que seuls les jeunes autonomes ou bénéficiant du soutien de leurs familles réussissent. Les jeunes soulignent parfois le manque d’implication des conseillers qui les reçoivent (pertinence des conseils, mauvais accueil, manque d’intérêt pour les jeunes).
Il existe de nombreux freins à l’insertion et à l’emploi
Les freins relatifs à l’emploi sont multiples. Ils concernent tout d’abord l’hébergement, et posent en creux la question de la délocalisation des actions d’insertion et des structures qui pour la plupart se trouvent à Nouméa. Cela constitue une réelle difficulté pour les jeunes de l’intérieur et des îles qui souhaitent rester sur leur lieu de vie. Dans les lieux d’hébergement collectifs, la proximité (géographique, culturelle…) entre le personnel d’encadrement et les jeunes et l’animation de ces lieux sont un facteur de réussite. La question du transport est également cruciale. Ce dernier n’existe pas toujours et son coût est un obstacle dans la mesure où il n’existe pas de tarif préférentiel pour les jeunes, mais c’est aussi le cas dans d’autres domaines. Pour les jeunes des îles notamment, malgré le travail de construction des parcours réalisé avec les professionnels du secteur, l’éloignement de l’agglomération de Nouméa, où se concentre la majeure partie de l’activité économique, engendre des difficultés liées au transport et à l’hébergement qui sont difficiles à surmonter et empêchent souvent la mise en œuvre du parcours. En outre, les freins en matière de santé et d’environnement social, peuvent également se révéler difficiles à surmonter. L’existence de pratiques addictives (alcool, cannabis) et le manque de moyens financiers constituent un critère sélectif d’accès à l’emploi. De même, les difficultés d’accès à internet et le faible taux d’équipement informatique de certains jeunes ne leur permet d’obtenir les informations nécessaires à leur recherche d’emploi. Par ailleurs, la complexité des démarches administratives qu’ils doivent effectuer pour bénéficier des dispositifs existants, constitue un obstacle de taille pour les jeunes. La multiplicité des acteurs et des dispositifs d’insertion et d’emploi nuit à l’efficacité de ces derniers Beaucoup de mesures et d’outils existent déjà tels que l’école de la réussite, l’association Active, les chantiers école de l’EPEFIP, le RSMA, Spot, le service civique, les contrats SAFIR de la Mission d’insertion des jeunes, et beaucoup sont performants. Néanmoins, la multiplicité des interlocuteurs en fonction de la répartition des compétences entre les collectivités de Nouvelle-Calédonie, est une source de confusion qui est déplorée par les jeunes. Elle génère un travail en silo, sans vision globale, des critères d’éligibilité différents selon les interlocuteurs, notamment concernant la tranche d’âge concernée par les dispositifs existants. En outre, le maillage des structures d’insertion et d’emploi se révèle trop lâche sur l’ensemble du territoire. 15
3.2.2 Objectifs
Favoriser l’adaptation des jeunes au marché de l’emploi
Permettre aux jeunes de mieux connaître le monde du travail Il est en effet nécessaire de permettre aux jeunes de mieux connaître la culture d’entreprise, les caractéristiques du marché de l’emploi, les entreprises où il y a des perspectives d’embauche, les métiers porteurs, les conditions de travail dans chaque secteur d’activité. Parallèlement, les jeunes doivent être encouragés à créer leur propre entreprise en les faisant bénéficier des formations nécessaires (gestion, RH, technique). C’est pourquoi, la mise en place d’espaces de dialogue entre les professionnels et les jeunes permettrait à ces derniers de démythifier la vie active. Elle contribuerait également au renforcement de la connaissance des organismes de formation et d’insertion concernant les entreprises. Développer l’employabilité des jeunes Pour certains jeunes éloignés du marché de l’emploi, il convient de faire appel à des dispositifs de remobilisation et de renforcement des compétences. Ces dispositifs existent, comme le SPOT à l’établissement de formation des adultes (EFPA) de la Nouvelle-Calédonie, l’école de la réussite en province Sud ou bien entendu le RSMA. Il s’agit de s’assurer de leur complémentarité, voire de développer d’autres solutions qui permettent en un temps très court d’acquérir une compétence technique recherchée par les employeurs (type Boot Camp dans le domaine du développement informatique) Par ailleurs, un travail de fond visant à retenir une approche des métiers par les compétences et non plus seulement par les diplômes doit être engagé. A ce titre, un travail expérimental est mené par la direction du travail et de l’emploi de la Nouvelle-Calédonie avec différentes branches professionnelles pour cartographier les compétences associées à leurs emplois. De même, le découpage des certifications calédoniennes en modules de compétences validés et capitalisables devra faciliter l’accès à l’emploi même en cas de non-validation du diplôme. Accompagner les entreprises pour l’accueil des jeunes Pour que chacun se comprenne mieux, l’entreprise doit aussi s’adapter au jeune et être un partenaire de son parcours d’insertion. Son discours doit être adapté pour motiver le jeune. La formation des chefs d’entreprise aux spécificités de la jeunesse calédonienne peut y contribuer. Dans ce cadre, par exemple, les Centres de formation des apprentis (CFA) sont tenus de former les maîtres d’apprentissage. De même, la mise en place de parrainages au sein de l’entreprise pour les nouveaux arrivants, assuré par le salarié le plus récent ou le plus jeune est susceptible de favoriser une meilleure compréhension mutuelle. Le renforcement du lien entre le jeune, la structure d’insertion et l’entreprise passe aussi par des rencontres plus fréquentes entre les entreprises et les jeunes au sein des établissements scolaires. En outre, des mesures incitant les entreprises à insérer les jeunes, telles qu’une clause sociale dans les marchés publics ou encore une obligation légale adossée à une incitation fiscale, doivent être étudiées.
16
Favoriser la réadaptation des jeunes en grande difficulté au marché de l’emploi Dans certains cas, il s’avère nécessaire de motiver les jeunes à revenir vers le marché de l’emploi, car une démarche volontaire de leur part favorise la réussite des mesures proposées. Ces dernières doivent être adaptées à l’âge du public concerné en différenciant les mesures destinées aux adultes de celles concernant les adolescents.
Mieux accompagner les jeunes en recherche d’emploi
Faciliter l’accès des jeunes aux informations Au vu du constat effectué concernant la multiplicité des dispositifs et des acteurs, il convient de faciliter l’accès des jeunes aux informations relatives à la formation, à l’insertion et à l’emploi en regroupant et en mutualisant les services concernés, à la fois au sein d’un lieu de rencontre précédemment évoqué et d’un espace virtuel. Ce dernier permettrait par ailleurs de mettre en place pour chaque jeune concerné un dossier individuel comprenant l’ensemble de ses documents administratifs. Parallèlement, les services devront être incités à aller à la rencontre des jeunes. Dans le cadre de ce développement des actions de proximité, des missions de relais pourraient être confiées à des jeunes volontaires. De même, la communication en matière d’insertion et d’emploi doit être adaptée au jeunes en privilégiant les vecteurs les plus utilisés (Facebook, Messenger). Structurer et développer l’orientation professionnelle La professionnalisation des conseillers constitue un point d’attention particulier. Son renforcement doit permettre à ces derniers de proposer des solutions innovantes et individualisées et d’améliorer leur proximité avec les publics cible. La question de leur polyvalence ou de leur spécialisation reste posée. En outre, leurs effectifs devront être mis en phase avec les besoins et les perspectives des territoires. Adapter les parcours aux situations individuelles Afin de mieux identifier les freins à l’emploi, la réalisation d’un diagnostic individualisé s’avère indispensable. Ce dernier constitue une sorte de « sas » avant même la mise en œuvre d’un parcours. Par ailleurs, l’intérêt d’un accompagnement à la recherche d’un emploi doit être rappelé. Cet accompagnement, dont même les diplômés peuvent avoir besoin, concernent notamment la réalisation d’un CV, les conseils relatifs à la présentation (tenue, attitude) ou encore la préparation à l’entretien d’embauche. Dans ce cadre, un référent unique chargé de superviser l’accompagnement devra être défini pour chaque parcours. Cependant, cette mesure, destinée à créer les conditions de la confiance entre le référent et le jeune, ne peut s’envisager que dans le cadre de l’harmonisation des politiques publiques d’insertion et de formation. La création de liens entre les différents acteurs permettra en particulier d’intégrer les opérateurs de grande proximité, tels les éducateurs de rue, dont la professionnalisation devra également être renforcée.
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Améliorer la connaissance du public jeune A cet effet, une enquête d’envergure devra être lancée auprès de la jeunesse en NouvelleCalédonie afin de recueillir ses attentes, ses préoccupations, ses difficultés. La prise en compte de la parole des jeunes permettra la mise en place de solutions adaptées à leurs réalités. Simplifier et faciliter les démarches administratives des jeunes Cette simplification passe par la dématérialisation systématique des démarches administratives et la création d’un guide technique unique concernant les démarches administratives à effectuer dans le cadre des projets d’insertion, de formation ou d’emploi. Parallèlement, la mise en place d’aides spécifiques au transport destinées aux jeunes permettront de faciliter leurs démarches.
Mettre en synergie les acteurs pour lever les freins à l’emploi
Réaliser un état des lieux des moyens existants et une évaluation de leur efficacité Il est nécessaire de réaliser une cartographie des dispositifs susceptibles d’être mobilisés dans le cadre des parcours vers l’insertion des publics les plus éloignés de l’emploi. Sur cette base et en tant que de besoin, il faudra mettre en place les passerelles permettant de déclencher ces dispositifs tout au long du parcours. Une contractualisation inter-collectivités pourrait en être le vecteur juridique. Définir un « statut » de jeune à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie La définition par les différents acteurs d’une tranche d’âge commune pour les publics cible permettra l’harmonisation des aides et prises en charge sur l’ensemble du territoire. Par ailleurs, un cadre des devoirs et droits des jeunes par tranche d’âge sera décliné. Soutenir les organismes d’insertion et de formation dans la mise en œuvre d’une préparation à l’emploi. Ces organismes devront voir renforcer les moyens financiers nécessaires à la contractualisation du parcours. Les programmes qui fonctionnent bien (Pilot, Spot, RSMA, Ecole de la réussite, permis pour l’emploi) devront être étendus. Il conviendra également de développer l’encouragement et la valorisation des jeunes dans leur parcours. Valoriser l’initiative associative pour l’insertion et l’emploi Dans les domaines de l’insertion et de la formation, l’initiative associative est développée et peut donc être un facteur de démultiplication de l’action publique, particulièrement en ce qui concerne l’accompagnement des publics cibles. Une refonte du certificat de compétences essentielles (CCE), permettant de le délivrer de manière plus souple, pourrait contribuer à une implication plus féconde de l’initiative associative dans les processus de formation et d’insertion. Proposer des structures d’hébergement aux jeunes en formation ou en première embauche On observe par exemple que l’hébergement est une des caractéristiques majeures du SMA qui devrait pouvoir être poursuivie au moment de l’insertion professionnelle. Il convient donc de rechercher des solutions d’hébergement adaptées à chaque étape d’un parcours vers l’insertion professionnelle. 18
3.3.3 Projets prioritaires
Création d’un portail web des entreprises
Dans le cadre de ce projet, il s’agit de rapprocher jeunes et entreprises par un portail Web permettant à tout public à la fois de connaître le tissu économique calédonien, les besoins des entreprises en métiers et en compétences et les sites et structures dédiés à l’orientation, l’insertion, la formation et l’emploi. Il doit permettre d’accéder, en fonction de critères de recherche choisis par l’utilisateur, à de l’information sur : - Les entreprises calédoniennes (nom de l’entreprise, identité, secteur d’activité, métiers couverts, taille, photos, localisation, valeurs véhiculées par l’entreprise, compétences existantes et compétences recherchées) et leurs besoins (l’entreprise prend-elle des alternants ou des stagiaires, à quelles conditions, tutorat et données diverses) - Les structures et sites d’orientation, d’insertion, de formation et d’emploi (contacts, publics visés, dispositifs disponibles). Par ailleurs, cet outil offrirait aux demandeurs d’emploi la possibilité de déposer des CV, permettant aux entreprises de mieux cerner le vivier existant. Cet outil vise la simplicité d’utilisation avec un minimum de pages et de clics. L’information doit être présentée de manière abordable pour un public éloigné de l’emploi.
Mise en place d’une Mission jeunesse
Cette dernière s’organiserait par la mutualisation des moyens existants avec un maillage territorial. Ce projet vise à rassembler dans un seul lieu les possibilités qui sont offertes aux jeunes en termes d’information, d’accompagnement, d’actions d’insertion et de formation. Les conditions d’une forte attractivité doivent être créées par une offre de services étendue : accès internet, médiathèque, rencontres entre jeunes, avec des institutions, avec des acteurs de terrain, des professionnels (entreprises et administrations par exemple), animations culturelles... La structure devra fonctionner sur la base de l’adhésion à la fois des structures partenaires et des jeunes, y compris dans la gouvernance de l’organisation (qui peut être assurée par des jeunes). Ce projet garantirait l’unicité du service rendu sur tout le territoire, indépendamment du lieu de résidence et de l’âge. La même approche peut être retenue pour le projet d’espace virtuel proposé ci-dessus.
Adaptation de l’offre de logement aux publics éloignés du marché de l’emploi, en parcours d’insertion, partout sur le territoire Pour les personnes très éloignées de l’emploi en cours de formation ou positionnées sur des modules préparatoires à l’accès en formation (type SPOT), un hébergement sur place doté d’un accompagnement fort en péri-formation doit être mis en place. Les carences dans ce domaine se situent essentiellement à Nouméa et sur le Grand Nouméa. De plus, les actions de formation pourraient intégrer un module sur la recherche de logement post-formation et les responsabilités afférentes. Au moment de l’insertion professionnelle, un dispositif intermédiaire avec un encadrement allégé, de type foyer des jeunes travailleurs, devrait être recherché, avec une durée limitée d’accès. Enfin, la facilitation de l’accès au logement pour les jeunes totalement autonomes et insérés professionnellement passerait par la mobilisation 19
des bailleurs sociaux (FSH, SIC) et/ou par des plates-formes de type AirBnB. L’offre de logement ainsi constituée pourrait être mise à disposition de la « mission jeunes ». Pour inciter les bailleurs à accueillir ces publics, un fonds de garantie pourrait être mis en place (prise en charge de la caution avec un remboursement lissé par exemple). En ce qui concerne les stagiaires de la formation professionnelle continue, la possibilité de verser directement au logeur la part hébergement de l’indemnité de formation pourrait être ouverte.
Création d’un jardin d’insertion professionnelle Le projet consiste à développer une structure d’insertion ayant comme support une exploitation agricole de maraîchage bio, accueillant un public d’une quinzaine de personnes très éloignées de l’emploi, travaillant comme jardiniers et bénéficiant d’un contrat d’insertion par le travail. Le passage au sein de l’exploitation agricole doit permettre de « remettre des structures » dans la vie des personnes en insertion, en tirant bénéfice des effets positifs reconnus en la matière au travail de la terre. Il doit en outre permettre de mobiliser un réseau d’acteurs susceptibles de favoriser une prise en charge médico-psycho-sociale de qualité dans un premier temps, puis d’accompagner dans un second temps les « projets de sortie » de manière efficiente, notamment lorsque ceux-ci sont orientés vers le développement d’une activité agricole ou artisanale supposant la constitution auprès des provinces d’un dossier de demande d’aide à l’investissement. Le projet s’adresse à un public issu de l’ensemble du territoire calédonien et suppose donc le développement, en parallèle de l’exploitation agricole, d’une structure d’accueil d’une quinzaine de lits. Il cible en priorité les publics les plus éloignés de l’emploi, notamment les personnes sous main de justice, les anciens détenus éprouvant des difficultés d’insertion, les jeunes engagés dans des parcours de délinquance ou en rupture avec leur milieu familial… L’existence d’une volonté ferme d’engagement dans un parcours d’insertion professionnelle ainsi que de travail sur d’éventuelles problématiques médicales (addictions notamment) apparaît comme un préalable indispensable à l’entrée dans la structure.
20
3.3
Atelier vivre ensemble
3.3.1
Eléments de diagnostic
Des éléments qui conduisent au rejet de l’autre
Les débats de l’atelier se sont appuyés sur la définition du « vivre ensemble » donnée par le Conseil de l’Europe dans une publication de 2009 sur ce thème. Cette dernière comprend les trois volets suivants : - la liberté́ d’expression et le pluralisme des opinions, - le respect de la dignité́ humaine, de la diversité́ culturelle et des « droits des autres », afin de garantir la tolérance et la compréhension, - la participation de tous les citoyens aux affaires publiques, leur accès à l’information et aux médias. Ce sont ces trois conditions réunies qui déterminent selon le Conseil de l’Europe la capacité́ des membres d’une société́ à « vivre ensemble ». En Nouvelle-Calédonie, des obstacles importants à la connaissance et à la reconnaissance de « l’autre » ont été relevés. Fondés sur des différences culturelles, géographiques ou sociales ils sont parfois difficilement surmontés. Au sein d’une société calédonienne construite sur un modèle occidental et dans un contexte mondialisé, l’accès inégal aux services publics selon la zone géographique concernée, le difficile rapport à la ville des populations rurales et notamment celles des tribus, celui du rapport à la coutume et aux autorités coutumières de la population kanak, constituent des exemples de freins au vivre ensemble. En outre, les fortes inégalités sociales, touchant plus particulièrement la population kanak et océanienne, ne favorisent pas non plus la cohésion sociale.
Une désaffection importante vis-à-vis de la politique et de la citoyenneté
On observe une méconnaissance de nombreux jeunes de l’histoire de leur pays, de ses enjeux politiques, de son organisation institutionnelle. Par ailleurs, dans l’organisation traditionnelle de la société kanak, la gestion des affaires publiques et la prise de parole revenant aux anciens et aux responsables coutumiers, les jeunes n’y sont pas souvent associés. De ce fait, un engagement ou simplement un sentiment de citoyenneté, trouve difficilement à s’exprimer chez les jeunes.
Des exemples de réussite insuffisamment valorisés
Les jeunes déplorent que les médias jouent un rôle négatif en focalisant souvent sur ce qui ne va pas (incivilités, vols de voiture, cambriolages, addictions diverses) et très rarement sur le positif. Ils considèrent que cette attitude contribue à développer de la méfiance envers la jeunesse en général. De fait, « la jeunesse calédonienne ne semble pas être reconnue comme une ressource, une force vive du pays, un auteur et un acteur créatif du projet de société […] La stigmatisation de la jeunesse[…] permet peut-être de masquer le manque de projets et de valeurs communes de la société dans son ensemble. »15
15
Cf. « La place de la jeunesse dans la société calédonienne » , NC 2025, nov 2013, 3.1, p.12
21
La demande exprimée par les jeunes de redonner un cadre à la cellule familiale
Les jeunes accordent une grande importance au fait de redonner un cadre à la cellule familiale. Ils se sont accordé à dire que l'enjeu de la parentalité était fondamental dans la prise en compte d'une politique publique pour la jeunesse. Le rôle des parents, et plus largement de la famille, a été évoqué. Dans ce cadre, et notamment en milieu urbain, il est considéré que beaucoup de parents ont démissionné. De ce fait, les jeunes sont livrés à eux-mêmes et n’ont guère de perspectives. Dans le même ordre d’idées, et au regard des différences culturelles, il a été estimé que la période actuelle ne se caractérisait pas par une crise des valeurs, mais par la surabondance de valeurs et qu’il n’y avait guère de débats permettant aux jeunes de faire un choix. De même, le sujet de « l’astiquage »16 et de son interdiction, mal vécue par certains parents qui considèrent qu’elle leur fait perdre leur autorité, pose la question de leur capacité à transmettre des principes éducatifs sans recourir à la violence physique. Les difficultés pour les institutions de s’adresser à la jeunesse à l’heure du numérique Il est souligné que les jeunes ne sont pas souvent écoutés ni partie prenante dans la construction des dispositifs institutionnels mis en œuvre pour eux. Par ailleurs, ils considèrent que les actions pensées et conduites par des jeunes ont beaucoup plus de chances d’être accueillies positivement par la jeunesse. Enfin, force est de constater que la communication institutionnelle en direction des jeunes est souvent inadaptée et devrait mieux prendre en compte les vecteurs les plus utilisés et notamment les réseaux sociaux.
Une approche segmentée de la jeunesse sans vision pays
Tout d’abord le constat général concerne le manque flagrant de données sur la jeunesse calédonienne sur lesquelles pourraient s’appuyer les politiques publiques mises en œuvre. Par ailleurs, il existe dans chaque collectivité des services s'occupant de la jeunesse qui mettent en place des dispositifs, souvent pertinents, mais qui ont du mal à travailler ensemble. Il en résulte des actions juxtaposées et une approche segmentée sans vision pays, alors qu'il serait important de rechercher une cohérence globale, tout en appliquant des principes de « coresponsabilité » et de subsidiarité.17 De même, au sein de chaque collectivité, les logiques de filières et une organisation en silo ne permettent pas l’émergence d’actions communes. Cette complexité administrative (qui fait quoi et quelle articulation?) constitue un frein à la lisibilité des dispositifs et à l’adhésion des jeunes. En outre, une évaluation qualitative concernant l’efficacité des dispositifs mis en œuvre se révèle la plupart du temps inexistante.
Terme utilisé en Nouvelle-Calédonie pour désigner une correction donnée en portant des coups de bâton principe selon lequel une responsabilité doit être prise par le plus petit niveau d'autorité publique compétent pour résoudre le problème. C'est donc, pour l'action publique, la recherche du niveau le plus pertinent et le plus proche des citoyens. 16 17
22
3.3.2
Objectifs
Mettre en place un pilotage unique ou concerté des politiques publiques en matière de jeunesse Afin de pallier les difficultés liées à la multiplicité des dispositifs et au manque d’évaluation, un pilotage unique ou concerté s’avère nécessaire. Il favorisera la collecte de données agrégées en rapport avec la jeunesse et les signes du « non-vivre ensemble ». Il permettra également de mieux coordonner les politiques publiques et articuler les dispositifs proposés par les différentes collectivités territoriales tout en respectant leurs compétences respectives.
Multiplier les possibilités de brassage interculturel
Dans ce cadre, il convient de favoriser l’apprentissage des "codes des autres", de promouvoir les espaces de mixité et de soutenir les initiatives de dialogue interculturel. Les questions de « l’empathie culturelle » et de la « mutuelle compréhension » doivent être creusées afin de pouvoir donner corps à une articulation entre « enracinement » et « ouverture ». Dans cette perspective, il sera nécessaire de s’appuyer sur les réseaux d'éducation populaire.
Renforcer le sentiment de citoyenneté
Il est indispensable de redonner toute sa place à l'enseignement de l'histoire de la NouvelleCalédonie car les programmes existent mais ne sont pas réellement suivis. Un plan de formation des enseignants devra être mis en place à cet effet. Par ailleurs, le développement de programmes adaptés d’instruction civique, permettra de donner aux jeunes calédoniens les outils de compréhension de l’organisation institutionnelle de leur pays. Il s’agira également de promouvoir leur engagement et leur participation à la vie publique. Le rapprochement les réseaux de jeunes de la conception des politiques publiques pourra y contribuer. En outre, et afin de « valoriser la place de la jeunesse dans le projet de société »18, la valorisation de parcours de jeunes, la création d’espaces de parole et d’expression qui leur soient propres sont des outils à mobiliser.
Développer une politique de la parentalité
Pour ce faire, il sera nécessaire de prendre en compte les différents registres de la notion de famille suivant les communautés. Les services sociaux seront mobilisés afin de concevoir des dispositifs de détection et de suivi des familles à risque et de mettre en place une école des parents.
Cf. l’orientation fondamentale « valoriser la place de la jeunesse dans le projet de société » - NC 2025 nov 2013- 5.1, p.7 18
23
Mettre en place des outils de modération de la vie sociale et de résolution des conflits A cet effet, il serait notamment nécessaire de sanctionner les manquements verbaux susceptibles d’attiser les tensions. Dans ce cadre, il conviendrait de renforcer le rôle du Conseil territorial de l’audiovisuel en lui permettant de sanctionner fortement les dérapages verbaux dans les émissions de radio ou de télévision avec la mise en place d'un dispositif de signalement citoyen. De même, les réseaux sociaux étant particulièrement utilisés en Nouvelle-Calédonie, il serait approprié de développer des outils de modération et de surveillance. Dans le même ordre d'idées, le renforcement du règlement des hémicycles devrait permettre aux élus d’adopter un comportement plus exemplaire. Par ailleurs, la structuration d’un outil de médiation, modulable selon les situations, permettrait de surmonter certains blocages susceptibles de porter atteinte au vivre ensemble. A titre d’exemple, les conflits politiques et/ou fonciers ayant fait l’objet de déplacements de populations pourraient faire l’objet d’une prise en charge dans ce cadre.
3.3.3
Projets prioritaires Renforcement de l’Observatoire de la jeunesse de Nouvelle-Calédonie
Un observatoire de la jeunesse existe au sein de la direction de la jeunesse et des sports de la Nouvelle Calédonie. Cet observatoire mène des études qualitatives malheureusement peu connues des collectivités publiques et peu valorisées en terme de politique jeunesse. Par conséquent, ce projet consiste à redimensionner l’observatoire actuel en lui confiant les missions suivantes : - observation : production de données et statistiques, conduite d’activités d’études, de recherche, d’évaluation sur les attentes, les pratiques et les comportements, la situation socio-économique des jeunes et l’efficacité des politiques qui leur sont dédiées, à tous les échelons territoriaux ; - prospective, analyse stratégique, expertise : production d’études prospectives et d’analyses stratégiques, appui aux collectivités locales en matière d’expertise et de définition de politiques publiques ; - diffusion et valorisation : veille documentaire et gestion, en lien avec le Centre d’information jeunesse de Nouvelle-Calédonie, du centre de ressources destiné aux acteurs de la jeunesse et aux chercheurs. Par ailleurs, le repositionnement stratégique de l’observatoire au sein du secrétariat général du gouvernement ou son rattachement au membre du gouvernement en charge du secteur jeunesse permettrait d’en faire un véritable outil de politique publique.
24
Définition d’un plan jeunesse à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie
Cette mesure indispensable devrait permettre de développer, sur le modèle du plan Do Kamo19 pour la santé, des objectifs transversaux concernant l’ensemble des politiques publiques, en portant une attention particulière aux jeunes en difficulté sociale ou familiale. La mise en œuvre de ce plan prendra en compte le principe de subsidiarité, pour une action de proximité au sein des territoires. Dans ce cadre, il apparaît indispensable d'associer les associations et les jeunes et d’impliquer ces derniers dans la construction des politiques publiques les concernant, y compris en les incluant dans les instances décisionnelles. Par ailleurs, la création d’espaces de discussion dans chaque commune permettra aux jeunes d’être des forces de propositions pour nourrir, voire faire évoluer, les dispositifs existants. Ces espaces contribueront également à valoriser les initiatives des jeunes.
Mise en place de dispositifs interculturels
Différentes mesures peuvent être mises en place : - développement des échanges intercommunautaires et intergénérationnels (accueil dans les familles – résidences de classes croisées – pratique des correspondants…) - développement de l’accès des jeunes à la culture et au sport, organisation de rencontres culturelles et sportives entre l’intérieur, les îles, le Grand Nouméa, - création d’un service citoyen, complémentaire du service civique, obligatoire et de courte durée (2 à 3 mois),
Création d’un comité de médiation citoyenne
Il existe dans le monde différentes initiatives similaires qui portent ou ont portés leurs fruits, que ce soit au Maroc, au Rwanda ou en Afrique du Sud. Cet outil vise à dépasser les antagonismes, panser les blessures et redonner du sens au « vivre ensemble ». Il aura un rôle de médiation intra et interculturelle. Composé de personnes ressources, dont le nombre et la qualité dépendra de la situation traitée (historien, ethnologue, sociologue, coutumier, religieux etc.), les travaux de ce comité seront coordonnés par des personnes formées à la médiation et à la résolution des conflits afin de garantir un suivi structuré et rigoureux des procédures engagées.
19
Plan de santé développé par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
25
3.4 Atelier prévention de la délinquance 3.4.1 Eléments de diagnostic
Une coordination des partenaires au sein des CLSPD
Face à l’augmentation des faits de délinquance constatés par les forces de l’ordre et sous l’impulsion de l’État20 les villes de l’agglomération, Nouméa, Mont-Dore, Dumbéa et Païta, ont créé leur Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) en août 2006. Elles ont également signé, dans le même temps, leur premier Contrat local de sécurité (CLS), formalisant ainsi un partenariat entre l’État, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, la province Sud et la ville. La faible densification urbaine en Nouvelle-Calédonie aurait pu conduire à une couverture limitée du territoire en conseils locaux. Or, plusieurs CLSPD sont aujourd’hui en place également dans l’Intérieur et les Îles. C’est le cas à Lifou, Canala, Bourail, Koné, Poya, et en intercommunalité à La Foa, Farino, Moindou et Sarraméa. Dès lors, la politique de prévention de la délinquance en Nouvelle-Calédonie s’est structurée autour des contrats locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), consacrant les maires comme des acteurs incontournables dans la production de sécurité aux côtés de l’État en raison de leurs moyens techniques, humains et financiers, mais aussi par leurs capacités de médiation avec la société locale. Leur rôle est capital et déterminant dans l'impulsion et le suivi au quotidien de la délinquance de proximité, caractéristique de notre pays. Aussi, la création des CLSPD doit être encouragée, y compris dans les communes rurales en vue d'assurer une plus grande couverture du territoire et répondre à tous les besoins identifiés notamment dans le domaine de la prévention de la délinquance. L'urbanisation croissante du Grand Nouméa pourrait conduire à envisager la constitution d’un Conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance regroupant les représentants des quatre CLSPD actuels, Nouméa, Mont-Dore, Dumbéa et Païta. Cela permettrait une mutualisation des projets et des moyens, et une meilleure coordination des acteurs. La Loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance a également créé un fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD), destiné à « financer la réalisation d'actions dans le cadre des plans de prévention de la délinquance et dans le cadre de la contractualisation mise en œuvre entre l'État et les collectivités territoriales en matière de politique de la ville ». Le FIPD comprend deux volets distincts : le financement de la vidéo-protection et celui des autres actions de prévention. Depuis 2012, la Nouvelle-Calédonie est éligible au FIPD. Cependant, le produit des amendes forfaitaires de la Nouvelle-Calédonie n’étant pas reversé à l’État, ce fonds est modeste en raison du poids démographique. Cette marge de manœuvre restant faible, l’État a fait appel pour les communes du Grand Nouméa aux contrats d’agglomération pour le financement d’actions inscrites dans les contrats locaux de sécurité des quatre communes concernées. La Loi n° 2007-297 du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance consacre la responsabilité centrale du maire en matière de prévention de la délinquance et a mis à sa disposition un certain nombre de nouveaux moyens d’action. 20
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Enfin, les provinces se sont particulièrement mobilisées depuis 2014. Les conseils provinciaux de prévention de la délinquance des trois provinces ont été réactivés, des coordonnateurs ont été nommés. La province Sud s’est quant à elle dotée d’un plan provincial de prévention de la délinquance 2017-2018. Le rôle des CPPD est essentiel dans la coordination de premier niveau des acteurs et politiques à l'échelle provinciale. L'association en leur sein des chefs coutumiers est de nature à répondre de manière adaptée aux problématiques particulières rencontrées. Le 12 mars 2018, les élus du congrès ont adopté le premier plan territorial de sécurité et de prévention de la délinquance 2018/2022 pour conduire une politique globale et transversale dans la lutte contre la délinquance. Les institutions sont toutes concernées : État, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, provinces et communes. Les compétences sont partagées, ce qui implique une coordination, un travail en partenariat, une transversalité et une approche par territoire. Dès lors, la priorité consiste à mettre en cohérence les actions de l’État, de la justice et des institutions calédoniennes pour une plus grande efficacité. Cela passe par une politique globale, lisible, coordonnée et par une action ciblée sur les véritables enjeux. Un renforcement de l'implication de l’État et du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie au niveau local dans le domaine de la sécurité et de la prévention de la délinquance, est attendu afin de ne pas laisser les maires isolés et démunis. Le partenariat entre le Parquet, les services de la justice et les communes doit être développé en améliorant la circulation de l'information. Enfin, le concours des forces de sécurité peut être davantage développé dans le champ de la prévention situationnelle et de la prévention de la délinquance des jeunes, afin de renforcer les relations entre les forces de sécurité et ces derniers. Une mobilisation des acteurs et la volonté d’adapter le dispositif qui n’ont pas encore été suivies d’effets Malgré une forte mobilisation des acteurs et une volonté commune de réinterroger les pratiques, force est de constater que la situation se dégrade et que de nombreux jeunes ne trouvent plus leur place dans la société. Ainsi, la prise de conscience des acteurs de la sécurité et de la population ainsi que la mobilisation du monde associatif n’ont cependant pas permis à ce jour d’enrayer le phénomène de progression de la délinquance des jeunes.
Une augmentation préoccupante des violences intra familiales
La Nouvelle-Calédonie a connu au cours des dernières années une augmentation préoccupante des violences contre les personnes, soit + 58 % entre 2012 et 2017. En 2017, les atteintes à l’intégrité physique ont encore progressé de 10,15% avec 239 faits supplémentaires. Les violences physiques non crapuleuses sont en hausse (+11,28%, + 200 faits), notamment les coups et blessures volontaires (+7,21%, + 104 faits). Dans ce domaine, la Nouvelle-Calédonie est au-dessus de la moyenne métropolitaine (7,36 faits/ 1000 habitants contre 3,64/1000). Dans la grande majorité des cas, il s’agit de violences intrafamiliales ou de rixes entre les personnes. 27
Par ailleurs, selon la circulaire du ministre de la Justice du 16 janvier 2017, les violences au sein du couple, réputées avoir été longtemps un non-dit de la vie en tribu, suivent une évolution conforme aux violences physiques non crapuleuses avec une augmentation significative ces 5 dernières années (+97,55%) alimentée au moins partiellement par une meilleure médiatisation et l’encouragement des victimes à les dénoncer. En Nouvelle-Calédonie, une femme sur quatre vit une forme de ces violences et une femme sur huit a subi une ou plusieurs agressions sexuelles avant l’âge de 15 ans. 68% des femmes qui ont subi une agression physique au cours de l’année précédant l’enquête ont aussi subi des injures ou des menaces. Le taux de violence physique et sexuelle est 7 fois plus élevé qu’en Métropole21. Enfin, les conclusions d’une étude du CESE publiée fin 2017, montrent qu’une femme sur cinq vivant en Nouvelle-Calédonie a subi des violences de la part de son conjoint ces douze derniers mois. C’est quasiment 10 fois plus que dans l’hexagone (2,3%). 7,2% des habitantes de Calédonie ont été victimes d’agression sexuelle par leur conjoint au cours des 12 derniers mois, c’est 8 fois plus qu’en France métropolitaine. L’écart entre les territoires ultramarins et le territoire métropolitain s’expliquerait notamment par l’« insuffisance des structures d’accueil » qui participe à la difficulté de la prise en charge des victimes. Il faudrait, toujours selon ce rapport, « développer des unités médico-judiciaires » et « renforcer les moyens consacrés à la justice pour éviter la correctionnalisation des viols. »
Une prise en charge des jeunes délinquants à améliorer
La délinquance des mineurs se caractérise principalement par des atteintes aux biens, souvent associés à une consommation excessive d’alcool et de produits stupéfiants (essentiellement du cannabis). L’implication des mineurs s’élève notamment à 55% dans les vols commis avec effraction, à 50% dans les vols de véhicules et à 50% de la délinquance de proximité en zone Gendarmerie Nationale. En 2015, les mineurs représentaient un quart du total des mis en cause (MEC). Cette évolution à la hausse s’accompagne d’une tendance au rajeunissement des mineurs MEC (13/15 ans) souvent réitérants. La socialisation des jeunes en perte de repères se structure dans la rue et l’on constate également, de plus en plus souvent, une démobilisation, voire une déresponsabilisation totale des parents, qui concourent au basculement dans la délinquance. Par ailleurs, la dispersion des moyens et des compétences ne permet pas d’apporter à ces jeunes une réponse adaptée.
Une consommation d’alcool et de cannabis par les jeunes qui reste problématique
En Nouvelle-Calédonie, la consommation excessive d'alcool, bien souvent associée au cannabis, est constatée dans la plupart des phénomènes de délinquance22 (rapport IGGN/IGPN). L’alcool est directement responsable de 51% des accidents mortels de la route, contre 1/3 en Métropole. Associé à la vitesse, il représente 9 accidents mortels sur 10. Il est également présent dans 80 % des affaires de violences intrafamiliales. 80% des personnes adultes
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Enquête INSERM de 2003
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Source rapport IGGN/IGPN, juillet 2016 (cf. bibliographie)
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incarcérées le sont pour des faits commis sous l’empire de l’alcool. Un mineur sur deux mis en cause (MEC) est alcoolisé et/ou sous l’empire d’un état alcoolique au moment des faits. En 2017, 6 437 personnes ont été interpellées à Nouméa par les fonctionnaires de police en état d'ivresse publique manifeste (IPM), soit 37 % de plus qu’en 2016 qui représentait déjà une proportion d’IPM 50 fois supérieure à celle de la métropole. Une accidentologie routière dans laquelle les jeunes sont fortement représentés En matière de sécurité routière, on peut constater une baisse tendancielle du nombre d’accidents et de blessés ainsi qu’une offre d’auto-écoles en développement en Province Nord et en Province des Iles et l’ouverture d’une fourrière à Koné. Par ailleurs, cette compétence est exercée par la Nouvelle-Calédonie, ce qui favorise la prise de décision en circuit court. Le dispositif « permis pour l’emploi » a été mis en place à destination des jeunes en formation et des apprentis, Cependant, avec 55 tués sur les routes en 2017, la Nouvelle-Calédonie continue d’afficher de tristes records en matière d’insécurité routière (20 tués pour 100 000 habitants contre 5,5 en métropole). Les jeunes sont particulièrement exposés (33 % des responsables des accidents mortels sont âgés de 18 à 25 ans et 60 % des victimes ont entre 18-34 ans). Le défaut de permis de conduire est présent dans 35,7% des accidents mortels en 2017, bien souvent associé à d’autres facteurs (alcool, vitesse, non-port de la ceinture). Des marges de manœuvre importantes existent dans ce domaine pour permettre une baisse sensible et durable de la mortalité routière.
3.4.2 Objectifs
Renforcer la lutte contre les violences intrafamiliales
Renforcer les dispositifs de sensibilisation, d’accueil et d’écoute visant à libérer la parole, Un numéro gratuit existe déjà pour écouter les personnes en détresse quel que soit leur lieu de résidence sur le territoire. Dix personnes formées (addictologues, sexologues, psychologues) répondent 7 jours sur 7 aux appels des particuliers (suicide, MST, addictions…). De nombreuses associations sensibilisent la population aux conduites à risques et invitent les femmes à sortir du silence. Cependant, la ligne « SOS écoute » est encore peu connue malgré la publicité réalisée et ne dispose pas de personnel juriste ni de relais pour répondre aux situations d’urgence. Les jeunes n’osent pas téléphoner et préfèreraient échanger anonymement sur un « Chat ». Lorsqu’elles décident de parler, les femmes victimes de violences sont invitées à déposer plainte mais aucune réponse concrète et immédiate ne leur est apportée. Il n’existe pas ou peu de structure d’accueil et d’hébergement sur certaines îles et zones de la province Nord. Mieux protéger et accompagner les conjoints victimes de violences et leurs enfants. Il existe des lieux d’accueil et d’hébergement structurées, principalement en province Sud (foyers Béthanie, les manguiers, le relais, association SOS violences Sexuelles …) Par ailleurs, un lieu d’accueil d’urgence a été mis en place à Lifou depuis novembre 2017 et 2 lits d’accueil d’urgence en Province Nord avec le CAFED23. Cependant, la fermeture de certaines structures (Maison Antoinette Kabar dans le Nord) le manque de structure d’accueil de proximité, l’absence de réseau organisé de référents « violences », de moyen de transport
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Centre d’accueil des femmes en difficulté de la province Nord
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pour les femmes victimes de violences et leur(s) enfant(s), ne permettent pas une prise en charge des victimes sur l’ensemble du territoire. En outre, on constate un manque de familles d’accueil et de personnes formées pour l’accueil d’urgence et l’orientation.
Structurer et développer les mesures de prévention de la délinquance et de réinsertion des jeunes Mieux prévenir les ruptures et le basculement dans la délinquance Les différentes postures qu’adoptent les adultes (parents, professionnels) participent directement ou indirectement à l’éducation et/ou la prise en charge des mineurs. Ces postures peuvent également nuire à la relation de coéducation entre les professionnels et la famille. L’éducation d’un enfant relève en effet d’une responsabilité partagée. Ainsi, il convient de mener des actions, au bénéfice des adultes, en charge de l’éducation des enfants, et, plus largement, à destination de l’ensemble de la société, afin de bâtir un socle commun de valeurs éducatives. Parallèlement, et plus spécifiquement, il convient d’apporter un soutien aux parents, premiers adultes référents dans la construction d’un enfant, dans l’exercice de leur mission éducative. L’enjeu consiste à parvenir à une prise de conscience des responsabilités de chacun, tout en proposant un étayage de tous les acteurs qui participent à l’éducation de l’enfant. Raccourcir et adapter les réponses judiciaires/institutionnelles visant les primo-délinquants et auteurs d’infractions légères Tout passage à l’acte d’un mineur en termes d’incivilité, de petite délinquance ou d’actes relevant d’un rappel à l’ordre, mérite une réponse éducative immédiate. Certains signaux (absentéisme, divagations nocturnes, alcoolisation sur la voie publique, errance, …) sont une mise en alerte de l’environnement social et/ou familial du jeune. La réactivité face au passage à l’acte, permet de lutter contre le sentiment d’impunité et d’éviter le basculement dans la primo-délinquance. Favoriser la réinsertion des jeunes multirécidivistes et condamnés pour des infractions graves. L’Administration pénitentiaire accomplit ses missions en complémentarité avec de nombreux partenaires dont le travail contribue à élargir le nombre d’opportunités dans le cadre de la prévention de la récidive et de l’inclusion sociale. Au centre pénitentiaire de Nouméa, la mise en œuvre de la politique d’insertion en faveur des majeurs est assurée par le service pénitentiaire d’insertion et de Probation (SPIP) de la Nouvelle-Calédonie, en étroite collaboration avec la direction de l’établissement pénitentiaire. S’agissant des mineurs détenus, la prise en charge de ces derniers est assurée par la direction de la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse (DPJEJ). L’enjeu est de consolider l’existant voire de le faire évoluer, en s’appuyant sur toutes les compétences des partenaires œuvrant auprès des personnes en difficulté dont font partie les personnes incarcérées. Par ailleurs, l’évolution de la délinquance de mineurs a mis en exergue plusieurs caractéristiques nécessitant l’adaptation des dispositifs existants, au regard du changement de profils des mineurs, qui se caractérisent par : - Un abaissement de l’âge des mineurs concernant les primo-délinquants ; 30
- Un public repéré en voie de désinsertion sociale, un manque de repères éducatifs et culturels, en rupture familiale précoce, entrainant une perte d’identité sociale ; - Des passages à l’acte réitérés, même dans le cadre de placements judiciaires, avec une violence exacerbée envers tout représentant de l’autorité ; - Des conduites addictives de plus en plus prégnantes ; - Une immaturité caractérisée souvent par des troubles du comportement, des fragilités psychologiques pouvant nécessiter une prise en charge thérapeutique, voire des problèmes psychiatriques qui entravent le travail éducatif ; - Des parcours de vie faits de ruptures et d’échecs répétés. L’objectif de tout placement judiciaire se situe dans la perspective d’une insertion sociale et professionnelle du mineur, voire d’une réinsertion. Le besoin identifié en Nouvelle-Calédonie se situe dans la nécessité de consolider ou de faire évoluer le dispositif de placement judiciaire existant aux fins de lui permettre de jouer pleinement son rôle en terme de contenance physique des mineurs et d’insertion.
Mieux accompagner les jeunes dans le cadre de la lutte contre les addictions
Renforcer et rendre plus accessibles les dispositifs de prévention secondaire (sensibilisation, repérage) et tertiaire (prise en charge). Le dispositif DECLIC, mis en place par l’Agence sanitaire et sociale (ASS) de NouvelleCalédonie, est un dispositif ambulant de consultation gratuit et anonyme, qui permet à la fois d’accueillir et d’informer les jeunes de 12 à 25 ans sur les dangers d’une consommation abusive d’alcool et de les orienter, si besoin, vers une prise en charge en addictologie. Il comporte aujourd’hui 2 principales limites : · Il est bien utilisé par les établissements scolaires et le RSMA, mais reste largement méconnu des autres partenaires institutionnels, notamment au sein des CLSPD ; · Son maillage territorial est aujourd’hui insuffisant (présent uniquement dans le Grand Nouméa sauf Dumbéa, à La Foa, Bourail, Houaïlou et Koumac) De façon complémentaire, l’Agence sanitaire et sociale a également mis en place un dispositif de réinsertion et d’accompagnement en addictologie (DRAA). Toutefois, ce modèle n’a, à ce stade, été développé qu’en Province Nord. Adapter « l’expérience islandaise » sur le territoire. En 1992, le professeur américain Harvey MILKMAN a mené une étude approfondie de type « état zéro » dans tous les établissements scolaires de la principale agglomération islandaise, pour établir une corrélation entre les consommations addictives et le bien-être des participants (activités sportives ou culturelles, temps passé en famille). Sur la base de ses conclusions, un programme a été mis en place en agissant sur 2 axes : · Le rôle des parents : ils ont été fortement sensibilisés au besoin de passer du temps avec leurs enfants et une loi a rendu obligatoire leur participation aux activités des associations de parents d’élèves dans les établissements scolaires. Des mesures de couvre-feux ont été mises en place ; · La production d’endorphine : l’environnement sportif et culturel des jeunes a été rendu attrayant. Le financement public a été considérablement augmenté pour faciliter et encadrer les pratiques sportives de jeunes de 10 à 20 ans. Entre 1998 et 2005, la consommation de substances psychoactives est tombée de 50% chez les 15-16 ans. L’âge des premières consommations a reculé de plusieurs années. Le nombre 31
de jeunes déclarant passer du temps tous les jours en famille a doublé, tout comme le nombre de jeunes pratiquant une activité sportive plusieurs fois par semaine. Renforcer les mesures de prévention et répression de l’insécurité routière en direction des jeunes Lever les freins à la réussite du permis de conduire En effet, la pratique de la conduite sans permis de conduire ou malgré une mesure de suspension/annulation, renvoie à une forme de tolérance du corps social qui implique d’agir sur les mentalités. Toutefois, cette pratique fait également écho à des freins financiers, géographiques ou psychologiques, qui limitent l’accessibilité au permis de conduire. De fait, de nombreuses personnes, notamment dans les îles, éprouvent de véritables difficultés pour réussir l’examen théorique du code de la route. Renforcer le caractère dissuasif des sanctions contre certaines conduites à risque. Ces dernières ne présentent pas toujours un caractère dissuasif. La suspension de permis de conduire n’est pas très opérante, notamment à l’encontre des personnes qui n’en étaient pas titulaire au moment du contrôle et le recouvrement des amendes pose une véritable difficulté, pour des questions d’insolvabilité ou d’identification du titulaire de la carte grise. De même, les peines de prison sont le plus souvent inadaptées, peu prononcées et peu exécutées. Enfin, les possibilités d’immobilisation des véhicules sont aujourd’hui trop limitées.
3.4.3
Projets prioritaires
Structuration du réseau de sensibilisation et d’accueil d’urgence des victimes de violences intra familiales C’est pourquoi, ce projet prévoit, dans le cadre du dispositif « SOS Ecoute », une plus grande amplitude d’écoute en soirée et en fin de semaine à un public vulnérable, notamment des femmes victimes de violences conjugales ou intra familiales ainsi qu’à leurs enfants. Il permettra à un grand nombre de victimes de violences de pouvoir être prises en charge et écoutées même la nuit et à toute personne sur le territoire calédonien de signaler à la fois la détresse et de dialoguer de façon non visible Ce service doit permettre d’apaiser des tensions, des craintes, des angoisses, des moments d’agressivité, ou des idées suicidaires. Il sera concentré sur la prise en charge de situations qui nécessitent une écoute et un traitement à caractère d’urgence.
Diversification des lieux d’accueil et d’hébergement des victimes de violences
Le projet consiste à créer des lieux d’accueil d’urgence et des structures d’hébergement dans les 8 aires coutumières afin de recevoir dignement les personnes victimes de violences ou en détresse psychologique (femmes et enfants). Cette action sera réalisée en collaboration avec les services de la condition féminine provinciale et les coutumiers. Elle permettra de recourir à des transporteurs routiers identifiés et de structurer un réseau d’intervenants.
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Création de deux postes d’intervenants sociaux en gendarmerie (ISG)
Réparties sur l’ensemble du territoire, les unités de gendarmerie constituent bien souvent les premiers lieux où se rendent les victimes de violences. C’est pourquoi, la mise en place d’un ou plusieurs intervenants sociaux en gendarmerie a pour vocation de faciliter les échanges entre les différents partenaires pour s’assurer de la bonne prise en charge des situations délicates par les services idoines. Placés pour emploi au niveau du COMGEND ou des compagnies, les ISG assurent l'interface entre les unités et les services sociaux en signalant les situations sociales délicates. La présence d'un ISG au sein d’une unité de gendarmerie présente trois intérêts majeurs : - permettre le signalement des difficultés de nature sociale, par des professionnels dont c'est le métier, en facilitant la coordination entre les différents services de l'Etat et des collectivités territoriales chargés de ces questions ; - prévenir le renouvellement d'actes de délinquance par le traitement social des individus à risque ; - permettre aux gendarmes de se consacrer à leurs missions prioritaires. Dans ce cadre, le projet consiste à proposer le recrutement d’un intervenant social dans chacune des deux provinces de la grande terre.
Création d’une brigade de protection des familles en gendarmerie
Afin de mieux lutter contre les violences intrafamiliales (VIF) qui sont ici sept fois plus nombreuses qu’en France métropolitaine, il est indispensable de créer une brigade de protection des familles, à l’instar de ce qui existe dans tous les départements et territoires d’Outre-mer. Cette unité fonctionnelle, constituée par les référents violences intrafamiliales sous l’autorité d’un officier : - renforcera l’action des brigades territoriales dans la lutte contre les VIF ; - apportera aux brigades territoriales, une expertise dans la gestion des interventions au sein des familles ; - permettra le développement d’un réseau opérationnel avec les partenaires et acteurs sociaux pour trouver des solutions concrètes aux victimes en fonction des singularités de notre territoire ; - accompagnera les victimes et leurs proches dans leurs démarches.
Développement des alternatives citoyennes aux poursuites judiciaires
La mise en œuvre de solutions en amont (voire en aval) de l’activation de l’action publique concernant certaines infractions, s’avère être une orientation à définir par convention avec le Parquet. Cette « alternative citoyenne » envisagée, pourrait également s’étendre au public des primodélinquants faisant l’objet d’une mesure judiciaire (ex: réparation pénale) pour lesquels une autre forme d’accompagnement prendrait le relais post mesure judiciaire, en inscrivant le mineur dans un suivi éducatif sur du long terme. L’action vise à : améliorer la chaine de réponse institutionnelle et partenariale au sens large (réactivité et remobilisation), s’inscrire dans la mise en œuvre d’une logique de parcours citoyen, impliquer les jeunes dans une projection et une ambition civique. Elle permettrait de développer un dispositif regroupant l’ensemble des alternatives citoyennes à proposer aux jeunes et/ou à leur famille : en parallèle d’un rappel à l’ordre, 33
-
en amont de l’activation de l’action publique, dans la continuité de l’exécution d’une mesure judiciaire.
Développement des modules de réinsertion pendant le temps de la détention Ce projet consiste à offrir aux personnes détenues les outils et moyens mobilisés par l’administration pénitentiaire afin de prévenir la récidive et de favoriser l’inclusion sociale. Sont concernés les personnes détenues âgées de 18 ans et plus suivies par le SPIP ainsi que les mineurs suivis par la DPJEJ. Aucune distinction n’est faite en fonction des délits. Les modules proposés concernent l’accès aux droits, aux activités socio-culturelles et sportives, aux savoirs fondamentaux de base, à la formation professionnelle, à la santé, à des programmes de prévention de la récidive et de préparation à la sortie.
Création d’une structure éducative contenante
La structure éducative contenante a été réfléchie à partir des constats faits concernant l’évolution de la délinquance des mineurs. La notion de contenance fait appel à double dimension : la contrainte judiciaire et la contenance physique du mineur, laquelle restreint sa liberté d’action. Le public cible est celui des mineurs placés judiciairement pour des faits graves. Ce projet consiste à : renforcer la sécurisation de l’établissements concerné pour enrayer le phénomène de fugue, prévenir les intrusions de l’extérieur et renforcer la protection du lieu de travail des professionnels, créer des unités de vie familiale in situ, à l’instar de ce qui existe au sein de l’administration pénitentiaire, pour maintenir ou rétablir le lien familial dans toute sa dimension éducative, inclure les Coutumiers dans l’élaboration d’une stratégie qui fasse sens dans la prise en charge des mineurs, construire des plateaux techniques de formation aux fins de prendre en compte et de développer des savoirs être, l’acquisition de gestes techniques de base, voire d’acquérir des éléments de certification professionnelle, insérer la structure dans son environnement pour permettre au jeune, au regard de l’évolution de son comportement, d’intégrer un dispositif de formation sur l’extérieur dans la continuité des apprentissages préalablement dispensés. Mise en place d’actions en faveur de la responsabilité parentale et de la coéducation En matière de prévention primaire il s’agira de lancer une campagne médiatique portant des messages de prévention accessible à tous. Concernant la prévention secondaire il conviendra d’engager une action ciblée auprès de publics repérés et présentant un risque, en associant les parents aux réponses éducatives proposées, en mettant en place des dispositifs de lutte contre la divagation nocturne des mineurs, en développant des ateliers de travail autour des méthodes de communication bienveillante au sein des équipes éducatives, en proposer des réseaux de parrainage pour apporter une autre forme de soutien aux parents et de figure référente pour l’enfant. Dans le cadre de la prévention tertiaire, qui concerne un public identifié et pris en charge institutionnellement, le projet consiste à renforcer et développer la mise en œuvre des stages de responsabilité parentale dans le cadre de l’alternative aux poursuites, renforcer et développer les stages de citoyenneté et associer les parents à leur exécution, mobiliser les 34
réseaux de veille éducative lorsqu’ils existent et/ou proposer un accompagnement parental ou encore activer systématiquement la responsabilité civile des parents du fait de leur enfant.
Extension et développement des dispositifs DECLIC et DRAA
L’objectif poursuivi consiste à étendre et mieux faire connaître ces dispositifs. Le dispositif DECLIC serait prioritairement étendu à Lifou et Dumbéa. Le DRAA serait mis en place en Province des îles et en Province Sud. L’extension de ces dispositifs serait dans un premier temps menées à titre expérimental, à travers la recherche de co-financements (gouvernement, ASS, Provinces, Etat). Des campagnes d’information seraient menées et le lien avec les acteurs de la prévention de la délinquance (CLSPD) renforcé, afin de favoriser l’accessibilité de ces dispositifs. Mutualisation et complément des études destinées à mieux cerner les attentes des jeunes. Un certain nombre d’études éparses et pour certaines anciennes, ont déjà été menées sur le territoire. D’autres viennent d’être annoncées ou sont en cours de déploiement (Université de Nouvelle-Calédonie, direction de la jeunesse et des sports de la Province Sud). Ces études méritent d’être croisées, exploitées, complétées, le cas échéant en ayant recours aux services de M. Milkman, afin de parvenir à un meilleur taux d’adhésion aux activités proposées.
Développement des activités sportives et culturelles pour occuper le temps libre des
jeunes Sur la base de l’exploitation des résultats des enquêtes, l’objectif consiste à favoriser l’accès à des activités adaptées aux attentes des jeunes. Le développement de ces activités implique non seulement de stopper l’érosion des budgets dédiés, mais de consentir un effort significatif et rapide. Cet effort devra prioritairement être consacré au développement des équipements (Province Nord et des îles) et au recrutement d’éducateurs pour encadrer ces activités. L’orientation des jeunes en situation de rupture vers ces activités sera systématiquement recherché, dans le cadre des groupes thématiques de suivi individualisé des CLSPD. Expérimentation de l’apprentissage et du passage du code de la route dans le cadre du temps scolaire L’éducation à la sécurité routière fait déjà partie intégrante de l’enseignement obligatoire au collège, à travers la préparation de 2 attestations scolaires de sécurité routière (ASSR) : · Le niveau 1 se passe en classe de 5ème et présente un caractère obligatoire pour l’obtention du brevet de sécurité routière (BSR). · Le niveau 2 est organisé en classe de 3ème et constitue un préalable à l’obtention du permis de conduire. La proposition qui est faite consiste à aller plus loin, en donnant la possibilité aux lycéens d’apprendre et de passer l’examen théorique général (ETG) en classe de première. Ne présentant pas de caractère obligatoire, ce dispositif passerait par la mise à disposition d’un plateau technique au sein de l’établissement scolaire. En dehors des plages de travail libres, l’encadrement serait réalisé par des professionnels de la conduite, à travers des rendez-vous pédagogiques mensuels. Une modification préalable du code de la route s’avèrerait nécessaire pour abaisser l’âge légal du passage de l’ETG et augmenter sa durée de validité. 35
Mise en place d’un dispositif adapté d’immobilisation des véhicules pour les jeunes auteurs d’infractions routières L’immobilisation immédiate et systématique du véhicule constituerait la réponse la plus adaptée pour réprimer certaines infractions récurrentes (non-port de la ceinture, non-respect d’un feu rouge ou d’un stop, dépassement de la vitesse autorisée supérieure à 20 km/h, défaut de permis de conduire et/ou d’assurance). Cette possibilité se heurte aujourd’hui à plusieurs obstacles : · Les décisions administratives d’immobilisation sont des mesures conservatoires, le véhicule ne peut être mis en fourrière et doit être laissé sur place. De fait, il est immédiatement récupéré ; · La mise en fourrière peut être décidée par le juge judiciaire, mais cette peine de confiscation intervient tardivement. La proposition consiste à mettre en place un dispositif d’immobilisation administrative des véhicules, inspiré de la LOPPSI 2, non applicable en Nouvelle-Calédonie. La mesure prononcée par la DITT serait assortie d’une mise en fourrière immédiate d’une durée de 7 jours. Une modification préalable du code de la route s’avère nécessaire pour introduire le principe de la responsabilité pénale du conducteur (cas fréquent où le conducteur n’est pas le propriétaire du véhicule).
Expérimentation de la « capacité à conduire » aux îles Loyauté
Ce système en vigueur dans certaines îles de Polynésie Française, vise à prendre acte des caractéristiques particulières du réseau routier des îles Loyauté. Cette proposition, qui a fait débat au sein du groupe, s’articule autour de la notion d’attestation de conduire, qui serait délivrée par les examinateurs de la DITTT à l’issue d’une épreuve théorique générale allégée et adaptée à la situation des îles. Cette attestation permettrait conduire uniquement sur l’archipel des îles Loyauté et serait assortie d’une obligation d’assurance. Une modification préalable du code de la route s’avérerait nécessaire, pour définir le contenu des épreuves, les modalités de délivrance de l’attestation ainsi que les sanctions et modalités de retrait
36
IV.
ANNEXES
Annexe 1 : Bibliographie
BIBLIOGRAPHIE
Atelier Réussite scolaire Délibération n°88-2018/APS du 16/12/2016 politique éducative de la province Sud et l'accompagnement du projet éducatif de la Nouvelle-Calédonie pour la période 2017 – 2019 Délibération n° 186 du 1/12/2016 charte d'application des orientations de politique éducative de la Nouvelle-Calédonie Document : l'école calédonienne est en marche - Charte d'application (gouvernement NC) Délibération n° 106 du 15 janvier 2016 relative à l'avenir de l'école calédonienne (congrès) Document : l'école calédonienne est en marche : délibération n° 106 du congrès PowerPoint : Expérimentation inscrite dans le cadre de la politique éducative provinciale en cohérence avec le projet éducatif (Innov’ école – province Sud) PowerPoint : Règlement intérieur des écoles en province Sud
Atelier Insertion - emploi Revue annuelle d’exécution 2016 de la stratégie emploi et insertion professionnelle de la NouvelleCalédonie (2016-2020) - XIème Fonds européen de développement L’apprentissage en Nouvelle-Calédonie en 2016-2017 - Quelques chiffres clés Bilan annuel 2016 SPOT - EFPA Effectifs 2016-2017 de la formation professionnelle continue Indicateurs formation/insertion - budget 2018 NC Stratégie emploi - insertion professionnelle de la Nouvelle-Calédonie – 2016/2020 Rapport d’activité Mission d’insertion des jeunes 2016
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Atelier Vivre ensemble Schéma d’aménagement et de développement de la Nouvelle-Calédonie – NC 2025, 2014 Autosaisine relative aux attentes de la jeunesse calédonienne - CESE NC - 2013 Synthèse étude sur les attentes des jeunes en matière d’activités culturelles, sportives et socioéducatives – Ville de Nouméa – 2012
Analyse des besoins sociaux – partie sur le public jeune – centre communal d’action sociale de la Ville de Nouméa – 2016 Etude sur l’identité de la jeunesse kanak urbanisée (18-26 ans)- Natacha Carbonel- Mémoire de 1ere année de Master en science politique – 2012/2013 Benoît Carteron – Identités culturelles et sentiments d’appartenance en Nouvelle-Calédonie - 2008
Atelier Prévention de la délinquance Les recommandations du rapport conclusif du COPILPRO du plan Marshall de l'identité kanak (Sénat coutumier) LOI n° 2007-297 du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance (JONC) Nouvelle circulaire des politiques pénale territoriale pour la Nouvelle-Calédonie - Janvier 2017 (Ministère de la Justice) Plan provincial de la prévention de la délinquance 2017 (province Sud) Rapport de mission concernant l’opportunité de la création d’un centre éducatif fermé en NouvelleCalédonie, établi par Valentine Fournier, directrice de service à la Protection judiciaire de la jeunesse, octobre 2016. Rapport du préfet Pierre N’Gahane, secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation : « La prévention de la délinquance, un enjeu de la NouvelleCalédonie pour la jeunesse », juin 2016. Rapport final de la mission conjointe IGGN/IGPN sur l’évaluation du dispositif de sécurité intérieure de Nouvelle-Calédonie, juillet 2016 Plan quinquennal de sécurité routière de la Nouvelle-Calédonie (PQSR) – Délibération n° 325 du 13 décembre 2013 Comité de Pilotage provisoire (COPILPRO) du Plan Marshall de l'identité kanak du 4/08/2016 (Sénat coutumier) Rapport de mission concernant l'opportunité de la création d'un centre éducatif fermé en NouvelleCalédonie - octobre 2016 (Ministère de la Justice) 38
La prévention de la délinquance un enjeu de la Nouvelle-Calédonie pour la jeunesse - juin 2016 (Ministère de l’Intérieur) Stratégie nationale de prévention de la délinquance 2013 – 2017 (Comité interministériel de prévention de la délinquance)
Autres schémas et plans sectoriels de la Nouvelle-Calédonie Schéma d’aménagement et de développement de la Nouvelle-Calédonie « NC 2025 » : orientationsmoyens : propositions, 2013 - Délibération du congrès de la Nouvelle-Calédonie n° 146 du 11 août 2016. Plan stratégique de l’économie numérique (PSEN) – Délibération du congrès de la NouvelleCalédonie n° 321 du 28 octobre 2013. Plan de santé calédonien « Do Kamo, Être épanoui ! » – Délibération du congrès de la NouvelleCalédonie n° 114 du 24 mars 2016.
Etudes, colloques … Colloque sur le thème du rééquilibrage organisé par l’Université de la Nouvelle-Calédonie, 19 août 2016 Etude du poids socio-économique du monde associatif en Nouvelle-Calédonie, Bureau d’étude KaniConseil, novembre 2014 Situation sociale et comportements de santé des jeunes en Nouvelle-Calédonie, Institut National de la Santé et de la recherche Médicale, unité 687, 2008 Enquête des cahiers de l’observatoire jeunesse de Nouvelle-Calédonie : « les destins comme un » une société raconte – éléments de compréhension Usages, attitudes et attentes numériques des 15-29 ans en Nouvelle-Calédonie, Observatoire du numérique, 2014
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Annexe 2 : Tableau des projets prioritaires
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Annexe 3 : Fiches projets
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