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Editorial
LA FACE CACHÉE DE LA COVID-19 AU CANADA
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Lawrence Kitoko-Lubula
Très tôt en février lorsque j’avais pu constater la virulence de la COVID-19 en chine, j’avais rédigé un document : Comprendre la COVID-19. S’en ai suivi plusieurs interviews dans la presse congolaise et même une lettre ouverte au président Felix Tshisekedi. Tout cela parce qu’étant originaire de la RDC, j’avais des énormes préoccupations de savoir comment mon pays allait gérer cette pandémie. Plongé dans le questionnement à ce sujet, je suis tombé sur une vidéo d’un médecin urgentiste noire se plaignant de la surreprésentation de membres de communautés ethnoculturels aux États-Unis.
Aux États-Unis : L’épidémie de la Covid-19 a fait plus et continue à faire plus de victimes et ce, plus dans les communautés des minorités les plus pauvres. Toutefois, ce qui interpelle vraiment, c’est le nombre impressionnant d’Afro-Américains contaminés par le virus. Dans un de ces numéros, le Washington Post rapportait ainsi que dans l’État du Michigan, 40 % des décès dus au Covid-19 proviennent de la communauté noire, alors qu’elle ne représente que 14 % de la population. Dans l’Illinois, les Noirs représenteraient 14 % de la population, mais 42 % des décès de l’épidémie. À Chicago, c’est 72 % des morts, alors qu’ils représenteraient moins d’un tiers des habitants. En Caroline du Nord, 31 % des morts seraient de Noirs, contre 22 % de la population. En Louisiane, où se trouve La Nouvelle-Orléans… Et au Canada? Au Canada, impossible de savoir hors de tout doute si ces mêmes communautés culturelles sont touchées de la même façon, parce que la collecte de ce genre de données est inégale d’une région à l’autre, voire inexistante, dans certaines provinces.
Et pourtant, très tôt, les membres des communautés ethnoculturels ont fait la demande de colliger les informations car les populations ethnoculturelles américaines ont plus ou moins le même profil socioéconomique qu’au Canada. Le député néo-démocrate Matthew Green est même allé plus loin en demandant de forcer les provinces à collecter les données sur l’ethnicité des individus atteints de la COVID-19. Lorsque nous regardons de plus près les régions les plus touchées au Canada, c’est clair qu’on voit le Montréal-Nord ou les banlieues défavorisées de Toronto. Cependant, ce qui manque, ce sont les données scientifiques pour prouver hors de tout doute que les communautés ethniques sont plus fortement touchées que les autres. De nombreuses voix s’élèvent, de plus en plus, pour demander à Ottawa de forcer les provinces à récolter ce genre de données ethnographiques. D’après moi, les autorités devraient obliger à collecter les données ethnographiques qui permettraient l’efficacité dans l’agir efficiente au point de vu de la protection de ces populations vulnérables. En effet, avoir un portrait plus précis est un outil pouvant orienter efficacement le soutien aux organismes communautaires venant en aide à ces populations. Au-delà de cette pandémie, la COVID-19 a pu mettre à la lumière du jour les inégalités par rapport aux déterminants de la santé que subissent les communautés ethnoculturelles car certaines maladies chroniques comme les maladies cardiopulmonaires et le diabète sont très présentes parmi les communautés ethnoculturelles et rendent ces derniers plus vulnérables à la COVID-19. Il faudra vraiment donner le temps au temps pour en savoir plus sur ce que la Covid-19 a révélé de nos sociétés, du vivre ensemble.
Lawrence Kitoko-Lubula
Paul Muamba Spécialiste en Droit du Travail
Parlez-nous briè-
vement de vous, qui êtes-vous, que faites-vous ? Mon nom est Paul MUAMBA, je suis juriste de formation avec une spécialisation en droit du travail. Au Canada depuis 1999, je me suis spécialisé dans le domaine de l’employabilité domaine dans lequel j’ai acquis plus de huit ans d’expérience. Aujourd’hui j’occupe le poste de Chargé de projets en immigration économique et employabilité au RDÉE Canada (Réseau de développement écono- mique et employabilité du Canada).
Dans le cadre du couloir économique de la francophonie, les entreprises francophones canadiennes représentent 19,5% du PIB du Canada. Quel rôle joue le RDÉE auprès de ces entreprises ?
RDÉE Canada (Réseau de développement économique et d’employabilité) travaille de concert avec des organismes provinciaux et territoriaux (12 RDÉE) pour appuyer l’épa- nouissement et le développement des com- munautés francophones en situation mi- noritaire et ce, depuis plus de 20 ans. Notre Réseau intervient dans quatre axes priori- taires : Tourisme, Immigration économique, Développement durable et jeunesse écono- mique. Les RDÉE provinciaux et territoriaux qui offrent des services directs aux entrepre- neurs sont des acteurs de développement économique importants. Ils accompagnent les entrepreneurs dans toutes les phases de la création de leurs entreprises ainsi que dans le développement de leurs affaires. Le bureau national du RDÉE Canada offre à ses membres provinciaux et territoriaux une gamme importante de services d’appui et d’intervention afin de les soutenir dans leurs actions.
Vous travaillez dans l’employabilité, com- ment évaluez-vous le pourcentage de place-
Tshiala Lubula
Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs du magazine Integr’Action?
Je m’appelle Tshiala, je suis âgée de 32 ans, je suis née à Soignies, une ville de la province du Hainaut au royaume de Belgique. Je suis une enfant d’immigrés, mes parents sont originaires du Congo. Je suis maman de quatre enfants, deux nés en Belgique et deux nés au Canada.
Pourquoi avez-vous décidé d’immigrer au Canada?
Mon mari et moi avions décidé d’immigrer au Canada dans l’espoir de permettre à nos enfants de grandir dans un environnement stimulant pour leur avenir par rapport à la Belgique qui leur ferme beaucoup de portes considérant les identités et les origines que nous avons.
Quels sont les problèmes que vous avez rencontrés pendant votre processus d’immigration?
Durant le processus d’immigration, nous avions à être très patients car il y a beaucoup de conditions et de règlementations pour vivre au Canada et pouvoir y obtenir la résidence permanence. À l’heure où je vous parle, je ne l’ai toujours pas obtenue et cela fait déjà trois ans que nous l’attendons. C’est long et parfois cela épuise moralement.
Une fois au Canada, avez-vous eu envie de faire demi-tour ?
Voyez-vous immigrer c’est quitter un certain confort, un milieu familier, les amis, la famille, certaines habitudes pour venir s’intégrer dans un milieu inconnu, tout recommencer à zéro. Alors oui, il est très difficile de tout quitter, même si c’est par choix, et d’atterrir dans un pays et, si malheureusement, tu connais une succession d’échecs, faire demi-tour est une alternative mais difficile vu l’effort qu’il faudra encore fournir pour se réintégrer dans un milieu que l’on avait quitté.