Rencontre I
Il y a 70 000 ans commence la dernière glaciation du ʺ Würmʺ. Pendant son maximum voici 25 000 ans, toutes les vallées alpines sont occupées par les glaces issues des hauts massifs.
Aujourd’hui : deux vallÊes glaciaires comme deux entailles alpines avec un point de raccordement principal : le col du Petit SaintBernard.
La vallĂŠe intramontaine
La forteresse Cervin ou Ma1erhorn Mont Blanc (4809 m)
(4478 m)
Nordend (Mont Rose) (4609 m)
Grande Sassière (3747 m)
Ruitor / Rutor (3486 m) Grand-Paradis (4061 m)
Le val des Doires
Doire BaltĂŠe
Une vallée principale : la colonne
vertébrale
d’orientation
ouest-est
avec une inflexion finale vers le sud = la Doire Baltée La première parenté :
Avec des affluents qui
Le terme « Tarentaise » a une déjà longue histoire depuis dessinent les vallées sele terme originel de « Darantasia ». Ce mot a dʹabord dési- condaires
(nord-sud ou
gné non une vallée mais une cité, celle qui, vers le Xe ou le sud-nord) : XIe siècle, deviendra « monasterium » et donc « Moûtiers ». La transformation du d initial de « Darantasia » en t dans « Tarentaise » est, somme toute, assez classique. Cʹest ce que les linguistes appellent un assourdissement, cʹest-àdire la mutation dʹune consonne sonore en consonne
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Doire de Veny
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Doire de Ferret
Rive droite
sourde Il faut encore prendre en compte un autre élément
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Doire de la Thuile
important fourni par les linguistes : dans les langues an-
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Doire de Valgrisanche
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Doire de Rhêmes
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Torrent Savara
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Grand Eyvia
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Ayasse
ciennes - on peut penser aux langues sémitiques où cela est bien visible -, les consonnes ont relativement plus dʹimportance que les voyelles. Ce sont les consonnes qui, souvent, donnent la racine du mot, les voyelles ne faisant que décliner des variations sur une même racine. On peut alors remarquer que sur le territoire de notre T/
Darentaise, il y a des ruisseaux importants qui se nom- Rive gauche ment des « Dorons ». En allant plus loin, on trouvera les
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Buthier
auxquelles on peut sans doute ra2acher la Durance, la
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Torrent d’Ollomont
Duire (affluent du Chéran), etc. Sans oublier, beaucoup
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Marmore
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Evançon
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Lys
Dranses du Chablais et du Valais, les Doires valdôtaines
plus loin, lʹhispano-portugais Duero/Douro. Dans tous les cas on remarque que lʹon retrouve les consonnes d et r, et quʹil sʹagit de ruisseaux, rivières ou fleuves, donc dʹhydronymes.
Le verrou : Bard - Pont Saint-Martin
Lys
La vallée complexe
La Tarentaise couvre la haute vallée de lʹIsère, positionnée au cœur des Alpes entre le Beaufortain et le massif du Mont Blanc au nord, le massif de la Vanoise et de la Lauzière au sud, et la crête faîtière des Alpes à lʹest qui bascule sur le Val dʹAoste en Italie.
Vanoise
La Tarentaise du géographe : le bassin supérieur de l’Isère et ses affluents jusqu’au confluent avec l’Arly, d’orientation nord-ouest, puis sud-ouest et enfin nord-ouest.
La « Tarentaise » des Romains : la province des Alpes Graies (Grées) réunie au 3ème siècle aux Alpes Poenines. Alpes Graies = premier diocèse de Darantasia
Le diocèse de Tarentaise, un héritage des provinces romaines, remodelé au cours de l’histoire, qui ne colle pas avec les divisions administratives nées de la Révolution et de l’Empire.
La Tarentaise administrative. Une création du 19ème siècle pour donner un territoire à Albertville (19 décembre 1835) et entraine la partition de l’ancienne province de Tarentaise en Province de Haute-Savoie (Albertville) et de Tarentaise (Moûtiers). Les provinces
donneront
naissance à 2 arrondissements en 1860. L’ancien arrondissement de Moûtiers (supprimé le
La Tarentaise-Vanoise d’aujourd’hui : Superficie : 1 705 km² Altitude minimum : 400 m à Feissons sur Isère Altitude maximum : 3 852 m à la Grande Casse Climat : montagnard 53 500 habitants en 2013 (31ha/km²) 36 communes en 2016 5 communautés de communes 2 cantons
10 septembre 1926) perdure avec le territoire du
Pays
Vanoise.
Tarentaise-
Pour comparaison : Val d’Aoste = 3 262 km² - 126 935 habitants (39 ha/km²) qui résident dans 74 communes.
Le trait d’union L’évolution d’un haut-lieu de culte
Des ligures + Des celtes
Ligures : origine Méditerranée, traces alpines au néolithique (?) Celtes : origine Europe centrale, traces alpines à l’âge du fer avec en particulier les Allobroges. Aujourd’hui la thèse d’une répartition stricte du territoire est contestée > celto-ligures, en particulier, dans les vallées qui sont des lieux de passage.
= des celto-ligures Ceutrons en Tarentaise et Salasses en VallÊe d’Aoste
Le cromlech Les cromlechs sont des lieux de culte celtiques. Il est difficile de définir avec précision la date de construction, puisque, au fil des siècles, de nombreuses pierres ont été sans doute enlevées, replacées, voire remplacées. On ne peut exclure la possibilité qu’il y ait eu un dolmen au centre.
Les pierres qui nous sont parvenues sont au nombre de 46, allongées et pointues, disposées à une distance de 2 à 4 mètres les unes des autres. Elles forment ainsi une circonférence de 80 mètres de diamètre. Un petit temple gaulois a été retrouvé dans les alentours, il date d’une époque plus tardive.
Une hypothèse astronomique ? Ce cromlech occupe une position très significative : le 21 juin (jour du solstice dʹété) à 19h30, le soleil se couche derrière le sommet du Lancebranle1e, un sommet au nord-ouest du col, et proje1e deux zones d’ombre qui entourent progressivement le cercle de pierres jusqu’à laisser seulement le centre illuminé. Des rites remontant préhistoriques étaient liés aux équinoxes et aux solstices, des jours magiques, très significatifs et célébrés autour des monuments sacrés.
La colonne Joux
Prudence chez les linguistes ! Le latin Jupiter se décline en jovem, jovis, jovi, jove. La francisation du terme a donné des forme en jou, joux, jeu. Par exemple la plante désignée en latin jovis barba est devenue la joubarbe. Et le jour de Jupiter Jovis dies est notre jeudi. Donc les deux passages d’altitude de Mont-Joux et de Colonne-Joux (Grand et Petit Saint-Bernard aujourd’hui) témoigneraient du culte qui était rendu à Jupiter. Les Mont-Jovet, Plan-Jovet, Mont-Joly, etc. pourraient témoigner du même culte. Mais il y a aussi une autre série linguistique : jeur, jore, joure, jure, etc.., du latin médiéval : juria, jurim, joria(...) gaulois : jor, juris : « hauteur boisée ». Donc il ne faut pas forcément me1re Jupiter partout, même si on le place généralement sur une hauteur mais qui n’est pas forcément boisée ! Quoiqu’il en soit, le Mont-Joux et ColonneJoux renvoient bien à un culte rendu à Jupiter. Donc un culte tardif qui s’est substitué sans doute à celui du dieu Pan (= Penn) • Protecteur des bergers et des troupeaux • Étymologie : pan = tout (donc celui qui domine toute la nature) ou paein = faire paître.
Buste de Jupiter Dolichenus II° / III° siècle. Musée archéologique d’Aoste.
Plaque1e en argent représentant Hercule Musée archéologique d’Aoste.
Colonne Joux La morale de l’histoire : il est plus facile de changer de religion que de déménager.
Prochaine Rencontre :