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Cecilia Juliano

Introduire la mixité en densifiant des équipements publics Une stratégie pour développer la ville

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EPFL | ENAC | SAR | janvier 2014 Énoncé théorique de Master Cecilia Juliano Directeur pédagogique : Bruno Marchand Deuxième professeur : Emmanuel Rey Maître EPFL : Sonia Curnier


Cecilia Juliano

Introduire la mixité en densifiant des équipements publics Une stratégie pour développer la ville


Table des matières

Introduction

p.9

1

Vers une densification des centres urbains p.15

1.1

Une tendance générale à l’urbanisation

p.15

1.2

Le phénomène d’étalement urbain

p.17

1.3

Les conséquences de l’étalement urbain : des arguments pour densifier

p.20

1.4

Genève, une ville sans cesse réécrite

p.24

1.5

Projets actuels d’aménagement du territoire

p.27

1.6

Loi L10088 sur les surélévations

p.30

1.7

La densification des équipements publics comme stratégie complémentaire

2.

La mixité au service de la densité

p.37

2.1

Une mixité sociale pour éviter l’isolement

p.37

2.2

Une mixité programmatique pour animer la ville

2.3 2.4

Une mixité morphologique pour une ville plus humaine p.45

p.32

p.40

Analyse de bâtiments mixtes

p.46

2.4.1 Fahle House p.47 2.4.2 30 Mixed use developpment p.51 2.4.3 École et appartements de Dreirosen p.55 2.4.4 Îlot 11 p.59

2.5

4

Densité et mixité appliquées à un équipement scolaire : les exigences posées par ce programme

p.63


3.

Genève comme cas d’étude

p.71

3.1 Repérage des équipements publics p.71 3.2 Les besoins actuels en fonction du type de bâtiment scolaire p.74 3.3 3.4

Les cycles d’orientation, une spécificité genevoise

p.79

Cycle d’orientation de Budé

3.5

p.85

Le quartier de Servette-Petit-Saconnex

p.92

3.6

Scénario programmatiques

p.100

3.7

Intervention architecturale

p.105

Conclusion

Bibliographie

p.111

p.115

5


6


7


8


Introduction

Construire la ville en ville

La population mondiale est de plus en plus citadine. Les villes grandissent et gagnent en habitants. Elles ne peuvent cependant pas s’étaler indéfiniment pour des raisons économiques et environnementales. Il semble plus avantageux de construire la ville sur elle-même. Il existe plusieurs manières de répondre à ce besoin de densification comme la réhabilitation de zones industrielles, le fait de bâtir haut et compact, de construire les interstices de la ville ou encore par dessus l’existant. Cette dernière stratégie semble intéressante à étudier car elle n’est pas liée à une zone en particulier mais pourrait s’appliquer partout dans la ville selon les opportunités. Construire avec l’existant amène une autre question, celle de la mixité programmatique. Le besoin de proximité et de diversité est de plus en plus important à mesure que la ville grandit. Apporter une nouvelle couche à la ville pour la densifier pourrait répondre à un besoin de mixité programmatique sur une même parcelle. La mixité, notion liée à la densité, est encouragée de manière générale afin de rendre les quartiers plus vivants, de réduire les trajets entre les lieux de vie et de travail, et d’optimiser l’utilisation des bâtiments. En effet si l’espace est un facteur recherché pour densifier la ville, le temps aussi en est un. Certain bâtiments ou quartiers sont mono-programmatiques et ne fonctionnent qu’une partie de la journée ou de la nuit. En mêlant les fonctions, on peut occuper des espaces sans heures creuses et ainsi éviter par exemple les quartiers de bureaux déserts la nuit. La mixité apparaît donc comme un outil à la densification.

La surélévation : une problématique actuelle à Genève

Genève est une ville contenue entre différents éléments géographiques. Pour grandir sans envahir sa région, elle doit densifier son centre. Afin d’y répondre, différentes opérations voient le jour. La réhabilitation de la zone Praille-Acacias-Vernets, les Grands Projets d’aménagements ainsi que la construction du CEVA vont participer au développement de la ville. La population grandissante, Genève se retrouve entre autres devant un manque évident de logements. Pour y répondre, la ville développe en plus des projets précités, une loi sur les surélévations permettant de rehausser des immeubles de logement pour y ajouter 1 à 2 étages. Cette loi concerne en général des bâtiments de plusieurs étages situés dans des zones déjà denses. Il y a cependant partout dans la ville, des bâtiments bas occupant de larges surfaces : les équi-

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pements publics. Ceux-ci ne sont pas pris en compte dans la réglementation sur les surélévations qui reste mono-programmatique, or ce sont souvent les parcelles les moins denses. Il est question ici de proposer une stratégie de densification de la ville qui consisterait à densifier les parcelles publiques peux exploitées en offrant une mixité programmatique aux bâtiments existants par l’ajout d’un programme de logements et d’autres selon les besoins. Suivant cette théorie, on pourrait imaginer établir un plan du potentiel de densification des équipements publics, afin de proposer une stratégie complémentaire à celle proposée par le plan des potentiels de surélévations. Parmi ces équipements, tous ne se prêtent pas à la cohabitation avec un programme de logement. Leur analyse fera ressortir que les petites structures telles que les établissements scolaires représentent une échelle plus domestique et adaptée au programme d’habitation, et se trouvent plus souvent dans des conditions contextuelles favorables. Les deux fonctions semblent pouvoir cohabiter et mutualiser certains espaces. De plus, présentes en grand nombre sur le territoire genevois, elles pourraient représenter un véritable gisement de potentiel de densification pour la ville. Par ailleurs, le logement n’est pas le seul domaine connaissant la crise. Le domaine de l’éducation est lui aussi sans cesse surpeuplé, et a aussi besoin de s’agrandir. L’intervention pourrait donc permettre de densifier et d’apporter de la mixité à ces parcelles tout en répondant au manque de place par l’agrandissement du programme de base.

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Les cycles d’orientation : des bâtiments de l’histoire genevoise

L’analyse des bâtiments scolaires de la ville permet de se concentrer sur les écoles secondaires. De manière générale, les écoles primaires sont dans la plus part des cas plus petites et dans des bâtiments anciens, ou neufs et donc mises aux normes. Les écoles du post-obligatoire sont des constructions plutôt denses. Les écoles secondaires par contre sont des bâtiments construits en urgence pour répondre à la mise en place du système scolaire de l’enseignement secondaire obligatoire à Genève dans les années 1960 à 1970. Ils témoignent de la pratique de préfabrication en béton normalisée utilisée pendant cette période pour l’édification des grands ensembles de logements. Ils ne sont actuellement pas aux normes et plusieurs opérations de rénovation sont en cour. L’intervention sur ces bâtiments permettrait de valoriser leur patrimoine bâti et de les remettre à jour.


L’analyse des différents sites selon les critères cités précédemment ont porté le choix du bâtiment à étudier sur le Cycle d’Orientation de Budé, situé en bordure de la ville dense, dans le quartier du Petit-Saconnex. Celui-ci se trouvant entre la gare et l’aéroport et à proximité du secteur des organisations internationales est promis à une densification future. Le bâtiment est actuellement en cours de rénovation afin de répondre aux normes actuelles. Dans le but d’illustrer une stratégie consistant à densifier des équipements publics, par l’exemple du cycle d’orientation de Budé, nous ne tiendrons pas compte des récents travaux pour des raisons de clarté de la proposition. Illustrer la théorie par l’exemple La construction de logements sur une parcelle publique sous entend un programme de logements social, de logement protégé pour personnes âgées ou à mobilité réduite par exemple. L’insertion de ce type de programme - souvent situé en périphérie - dans la ville peut contribuer au mélange des populations. Des logements pour étudiants seraient aussi envisageables. De part la situation du quartier, on pourrait aussi imaginer un programme hôtelier ou d’appartements en locations temporaire. D’autres programmes peuvent venir compléter le bâtiment afin de créer une mixité vivante sur le site. Trois choix d’interventions sont possibles : la démolition-reconstruction du bâtiment sur la parcelle afin de l’occuper de manière plus rentable, la démolition partielle du bâtiment afin de réorganiser le site en valorisant une partie du patrimoine bâti, ou la surélévation du volume existant, sa remise aux normes et la réorganisation interne des éléments programmatiques. Dans tous les cas, pour rentabiliser au maximum cette surface bâtie, les espaces nouvellement occupés au sol pourront être rendu en toiture.

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page précédente Fig a : relief Magnin, maquette de Genève, maison Tavel

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Vers une densification des centres urbains

« La densité est à l’origine de tout établissement humain. Fermes, villages et localités sont fondés dans le but de se protéger et de faciliter ainsi le travail et les échanges. Avant tout, ils sont fondés pour que les hommes puissent, grâce à la proximité spatiale, interagir et communiquer mieux. Depuis toujours, la densité est la conséquence immédiate d’un besoin culturel de se rapprocher. Elle est l’essence du fait urbain, qui atteint son apothéose dans la ville. Et elle est toujours d’actualité. »1

1.1

1. Vittorio MAGNAGO LAMPUGANI, «Pour une nouvelle ville qui rapproche», dans Xavier COMPTESSE (éd.), Élever la ville, contribution et débats sur la densification urbaine en Suisse Romande, Zurich, Avenir Suisse, 2008, p.3

Une tendance générale à l’urbanisation

La population mondiale connaît une forte hausse depuis les deux derniers siècles. En parallèle, la population urbaine augmente elle aussi nettement après 1800, conséquence de l’industrialisation et de l’exode rural. On parle d’urbanisation pour définir l’augmentation du nombre d’individus habitant en ville par rapport à l’ensemble de la population. Les villes sont donc toujours plus habitées et deviennent plus grandes et plus denses. Les statistiques établies par l’Organisation des Nations Unies témoignent d’«une augmentation rapide de l’urbanisation au détriment des zones rurales ». À titre de comparaison, le pourcentage de la population mondiale habitant en ville était de 3 % en 1800, 15 % en 1900, 30 % en 1950, 50 % en 2000 et aurait dépassé la population rurale en 2007 pour être actuellement à un peu plus de 50 %.2 On tient compte ici du nombre d’individu vivant dans les villes, mais celles-ci ne sont pas toutes de même densité. Le Département des Affaires Économiques et Sociales (DESA) de l’ONU, souligne dans son rapport intitulé « Révision des perspectives de l’urbanisation mondiale » (2009), la répartition inégale de la population urbanisée. La moitié de cette dernière vivrait dans des centres urbains peuplés de moins d’un demi-million d’habitants. « Le reste vit dans 961 villes, d’un peu plus d’un demi-million d’habitants (...)»3 dont seulement 54% ont une population dépassant les 5 millions d’habitants, c’est-à-dire que la moitié de la population urbanisée vit dans quelques très grandes villes et l’autre est répartie dans un grand nombre de petites villes. On ne peut donc pas résumer ce mouvement mondial d’urbanisation à la croissance des grandes villes : il y a en fait de plus en plus de zones urbanisées au détriment des zones rurales.

2. Rapport DESA 2009, dans Témoignages, «Forte urbanisation de la population mondiale, selon l’ONU», URL: http:// www.temoignages. re/forte-urbanisation-de-la-population-mondiale-selon-l-onu,42475. html (consulté le 15 novembre 2013)

3. ibid.

15


Fig 1 : photo aérienne historique Genève 1932 (SITG)

Fig 2 : photo aérienne Genève 2011 (SITG)

4. Wikipédia, «urbanisation», URL : http://fr.wikipedia. org/wiki/Urbanisation (consulté le 15 novembre 2013)

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La croissance des villes ne signifie pas non plus qu’elles deviennent plus denses. Si certaines, pour des raisons foncières ou de contraintes territoriales se densifient en construisant vers le haut, d’autres grandissent horizontalement et s’étalent progressivement sur leur région. Le premier cas semble plus caractéristique des « villes nouvelles » construites par exemple à l’arrivée des européens sur le continent Américain, ou de villes ayant connu une croissance de population très forte et nécessitant une densification rapide, dont on trouve des exemples en Asie, tandis que les villes plus anciennes connaissent généralement un développement plus horizontal. Actuellement, on remarque une baisse de la croissance démographique et urbaine. En effet, si dans les années 1960-1970, le taux d’accroissement de nombreuses villes atteignait 7-8% annuellement, il n’est aujourd’hui plus que de 1-3% pour les mêmes agglomérations4 L’augmentation de la population urbaine par contre reste largement positive. Il convient maintenant d’établir des stratégies réfléchies de densification des villes, afin d’éviter des problèmes comme la proximité exagérée, la diminution du confort et de l’intimité.


1.2

Le phénomène d’étalement urbain

Après la fin de la deuxième Guerre Mondiale, la grande majorité des pays développés connaissent une période de forte croissance économique. Les trente ans qui vont suivre seront une révolution porteuse de changements économiques et sociaux qui vont marquer le passage de l’Europe à la société de consommation, basée sur le style de vie américain des années 1920. On appellera ces années entre la fin de la Guerre en 1945 et le choc pétrolier de 1973, les Trente Glorieuses car elles représentent la reconstruction économique des pays dévastés par la guerre, le retour vers une situation de plein emploi, une forte croissance de la production industrielle et une expansion démographique importante.

Fig 3 : photo aérienne historique, Onex 1932 (SITG) Fig 4 : photo aérienne Onex 2011 (SITG)

Les ménages accèdent à un revenu fixe dans une période de plein emploi et peuvent donc épargner et s’équiper. L’apparition de la société de consommation de masse provoque des bouleversements sociaux majeurs. La période des Trente Glorieuses permet l’émancipation progressive de la femme qui accède à l’emploi, ce qui engendrera l’augmentation du revenu des ménages. Aussi, les secteurs secondaire et tertiaire de l’économie se développent tandis que le secteur primaire s’amaigrit d’où l’exode rural. Le temps des loisirs entre également dans la logique de la société de consommation. Les ménages acquièrent des biens comme la télévision ou les appareils électroménagers, alors synonyme de gain de temps. Le secteur de la construction est lui aussi en plein essor. Il y a premièrement nécessité de reconstruire les villes dévastées après la Guerre, et deuxièmement d’accroître le nombre de logements suite à l’expansion démographique et à l’immigration. On a besoin de main d’œuvre pour construire : le marché du travail est florissant.5

5. Patrimoine Suisse, L’envol, l’architecture des années 50, 60, URL : http://aufschwung.heimatschutz.ch/ (consulté le 15 novembre 2013)

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Fig 5 : vue aérienne de la zone villa de Chêne-Bougeries en 2012 (archives Tribune de Genève, 06.05.2012)

Le développement de l’automobile va favoriser l’étalement urbain ou périurbanisation. Les distances s’allongent et on s’affranchi de la dépendance des transports en communs. On peut donc habiter plus loin de son lieu de travail et vivre au calme, loin du stress et de la pollution du centre. Les banlieues résidentielles apparaissent autour de ces centres, créant une zone intermédiaire, entre ville et campagne, se traduisant par une dilution de leurs limites respectives. Cet étalement urbain sera finalement un développement à court terme car le gaspillage de terrain qu’il représente ne permet pas une évolution raisonnable de la ville en termes économiques et environnementaux. « Les quartiers suburbains sont le produit d’une prospérité unique dans l’histoire de l’humanité, une prospérité qui s’avère fragile à long terme. »6

6. Vittorio MAGNAGO LAMPUGNANI, op. cit., p.4

En ce début de 21e siècle, on observe un mouvement général de retour aux centres. De nombreux projets urbains témoignent de cette volonté de requalifier et de reconquérir les centres-villes. L’attrait culturel et politique des villes, en particulier des capitales, encourage l’arrivée de nouveaux habitants. Historiquement la ville représente la réussite et la liberté car elle offre de meilleures chances de vie. On la rejoint en quête d’émancipation, avec l’espoir d’y trouver un travail et d’atteindre une certaine sécurité économique et sociale. Elle offre protection et confort à ceux que la société moderne tend à écarter et favorise le contact. Le nouveau luxe n’est plus de posséder une villa à la campagne, aujourd’hui il est d’avoir un appartement en ville, au centre de l’activité et des loisirs. La ville regagne son image de lieu de la culture, du savoir et de la civilité. « Depuis l’apparition de la ville antique, le mot « urbain » désigne non seulement tout ce qui se rapporte à la ville, mais fait référence à une certaine politesse ou civilité. La ville est considérée comme le lieu où l’homme développe et affine son sens des relations sociales. »7

7. ibid., p.4

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Fig 6 : vue aérienne de la zone villa de Chêne-Bougeries 2011 (SITG)

Fig 7 : vue aérienne de la zone villa d’Aïre le Lignon 2011 (SITG)

La séparation spatiale entre travail et vie privée tend à disparaître. Les gens ne veulent plus perdre de temps dans de longs trajets et recherchent la proximité et l’abondance de l’offre de services existants dans les centres. Selon Vittorio Magnago Lampugnani, directeur de l’école polytechnique fédérale de Zurich, on peut noter que cette proximité recherchée entre habitat et travail était caractéristique de l’époque médiévale.8 Les logements en ville sont alors de plus en plus difficiles à obtenir. Cette migration vers le centre aura pour conséquences une hausse du prix du terrain et des loyers, ce qui va encourager la densification des constructions afin de rentabiliser l’utilisation du sol.

8. ibid., p.3

19


Fig 8 : Mitage du paysage en Suisse, 2010 (L’état du paysage en Suisse, rapport intermédiaire de l’OPS)

1.3

Les conséquences de l’étalement urbain : des arguments pour densifier

Les centres urbains croissent et s’étalent sur leur région et leurs anciennes banlieues résidentielles en les densifiant, les repoussant toujours plus à l’extérieur, ce qui augmente la distance au centre et rend les villes de plus en plus énergivores. Les distances plus longues donnent lieu à plus de déplacements et donc plus de trafic, des coûts d’infrastructure importants et un impact négatif sur l’environnement. Les arguments en faveur de la densification des zones bâties sont nombreux :

Fonctionnalité

Les raisons premières de la densification sont fonctionnelles. On peut observer dans la morphologie des vieux villages ou des centres historiques, l’expression de la densité notamment par la proximité des constructions. Plus celles-ci étaient proches, plus cela créait d’interactions et de synergies fertiles et plus il était facile d’accéder aux différents lieux à pied.

Il peut paraître moins cher de vivre en périphérie car les loyers ainsi que les prix des terrains sont plus bas, mais les nombreux déplacements quotidiens finissent par coûter plus, et cela autant en argent qu’en temps. « Un pendulaire européen consacre en moyenne entre 12 et 14 heures par mois de plus à ses déplacements qu’un habitant du centre ville (...) »9 La population est effectivement très dépendante des transports et préfère souvent la voiture - en Suisse, nombreux sont les ménages qui possèdent un à deux véhicules - ce qui se traduit par un encombrement des routes, trop longues, et une augmentation de la pollution due aux gaz d’échappement. A ces raisons vient s’ajouter la prise de conscience de la raréfaction des énergies fossiles, qui fait penser

9. ibid., p.3

20

Économie


Fig 9 : Les lignes électriques dénaturent le paysage, Suisse, 2012

qu’il est préférable d’encourager les réseaux de transport en commun. Le développement des lignes de bus par exemple, couplé à une réduction des distances à parcourir permettrait donc à la ville de fluidifier le trafic et de réduire la pollution, et apporterait au particulier, un gain de temps et des économies en carburant. L’alimentation et le raccord aux réseaux techniques de la ville est lui aussi plus fastidieux. Les infrastructures ainsi que l’alimentation en eau et en électricité par exemple, coûtent cher. Une ville qui grandit sur elle-même plutôt qu’en s’étalant aura l’avantage de pouvoir mieux exploiter ses réseaux existants sans avoir besoin de créer de nouvelles infrastructures. « Les coûts annuels pour la construction, l’exploitation et l’entretien des routes, l’alimentation en eau et en électricité s’élèvent à moins de mille francs suisses par habitant dans un quartier dense, contre plus du double pour une personne résidant dans une zone de villas. Grâce à la densification, on pourrait économiser en Suisse jusqu’à deux milliards de francs par année en infrastructures. »10

10. ibid., p.4

Écologie

Ces réseaux routier et techniques, alors non condensés, créent un maillage dans le paysage et contribuent à son mitage. S’il peut, pour nous, représenter une dégradation de certains paysages que l’on aurait aimé préserver des constructions humaine - une rangée de poteaux électriques dans un champs, un réseaux de routes dénaturant une campagne - représente pour la faune et la flore une barrière physique qui réduit leur territoire et tend à les isoler, les empêchant de rejoindre des sites auxquels ils avaient accès auparavant comme un point d’eau ou un abri, ce qui peut avoir des conséquences importantes sur leur survie. Les modifications du paysage qu’apportent les infrastructures le dénaturent par le bruit et la lumière qu’ils génèrent, et participe à la disparition du paysage nocturne. « Le paysage change, le monde rural reste sous pression. La progression de l’urbanisation, l’extension

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Fig 10 : Disparition du paysage nocturne en Suisse, 2010 (L’état du paysage en Suisse, rapport intermédiaire de l’OPS)

11. OFEV, L’état du paysage en Suisse, Rapport intermédiaire du programme Observation du Paysage Suisse, Office Fédérale de l’Environnement, Berne, 2010, p.40

12. ibid., p.37

des infrastructures, les mutations de l’agriculture et de la sylviculture influencent le territoire, provoquant des atteintes aux paysages naturels, voire leur disparition, et entraînant la raréfaction du paysage nocturne.(...) »11 L’extension de la ville au dépends de la campagne doit être contrôlé, car si celles-ci continuent de s’étaler, elles pourraient finir par se rejoindre, créant un tissus homogène sur tout le territoire, une « ville continue » qui effacerait les différents paysages naturels. La Suisse étant un pays très montagneux, sa proportion de sol utilisable est réduite et doit être gérée avec attention. Celuici doit être en mesure de garder une partie de sols cultivables et de sols naturels. Or, l’extension des surfaces bâties se fait souvent au détriment des deux autres. Afin de préserver une diversité de paysage, qu’il soit urbain, campagnard ou sauvage, il est important de privilégier la juste utilisation du sol déjà bâti et de ne pas continuer empiéter sur la campagne, alors que des sols peuvent être densifiés, même si cela demande plus de temps de réévaluer un sol utilisé, que de construire sur un sol « neuf ». Selon le rapport du programme d’Observation du Paysage Suisse établit en 2010, on construit environ un mètre carré de sol par seconde en Suisse.12

On aurait pu imaginer qu’à l’ère d’Internet, les distances ne seraient plus un problème. Les télécommunications aidant, le travail à domicile serait entré dans les mœurs. Le centre ville n’aurait plus eu lieu d’être et les lieux de rencontre physique seraient devenus obsolètes. La réalité est tout à l’opposé. Les personnes travaillant toute la journée devant un ordinateur ne veulent pas rester isolées et sont à la recherche de rencontres personnelles. Or plus une ville est dense plus ces rencontres deviennent probables. Ce sont ces contacts et ces événements créés par la ville qui font naître les idées et les inventions qui participent à l’améliorer. L’être humain se rassemble pour vivre en communauté depuis des siècles et cela par instinct de survie mais aussi pour l’enrichissement que cela représente. « Les villes sont des instruments publics de production d’événements et de vécus individuels. Plus la ville

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Social


est dense, plus son potentiel d’événements est grand, et ceux-ci vont agir non seulement en faveur de l’édification de l’individu, mais aussi d’une culture et d’un divertissement constructifs. »13

13. Vittorio MAGNAGO LAMPUGNANI, op. cit., p.4

Afin de préserver la diversité des paysages, celle de la faune et de la flore, de rendre la ville plus accessible, plus économique et plus écologique, il semble intéressant de densifier les centres bâtis. En plus, la Suisse ne bénéficie que d’un faible pourcentage de sol constructible et sur ce sol, de nombreux sites agricoles et naturels sont protégés. Ces caractéristiques territoriales contribuent à retenir les villes helvétiques. Mais la densification comporte aussi des inconvénients, il ne faut pas non plus tomber dans l’extrême inverse. L’enjeux est donc de savoir gérer au mieux la proportion de bâti contre la proportion de paysage pour permettre le développement tout en assurant une certaine qualité de vie et de confort aux habitants.

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Fig 11 : surélévations historiques dans le quartier de SaintGervais, 2008 (Elever la ville)

1.4 14. Alain LEVEILLE, Mathieu ROUILLON et Bruno VAYSSIERE, « Histoire et développement du territoire » dans Philippe BONHÔTE, Genève, 2020 cohabitations : concours international d’architecture et d’urbanisme : densification du secteur Praille-Vernets_Acacias à Genève, Gollion, Infolio, 2007, p.70-91

15. « Édit de Nantes : Édit de pacification signé par Henri IV à Nantes le 13 avril 1598, qui définit les droits des protestants en France et mis fin aux guerres de Religion.», Larousse Encyclopédie, «Édit de Nantes», URL : http://www. larousse.fr/encyclopedie/divers/édit_ de_Nantes/134720 (consulté le 18 décembre 2013)

16. Markus MOOSER, Marc FORESTIER, Mélanie PITTET-BASCHUNG, Surélévations en bois : densifier, assainir, isoler, Lausanne, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, 2010, p.15

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Genève, une ville sans cesse réécrite.

Le territoire genevois est soumis à deux types d’éléments naturels présents sur le site : les montagnes et l’eau. Les Alpes, le Jura, le Salève, le lac Léman, le Rhône et l’Arve sont les principaux éléments influençant le territoire. Entourées de ses montagnes et ouverte sur le lac, la ville a la particularité de trouver naturellement ses limites dans ses éléments géographiques. Cette caractéristique topologique, agissant comme une fortification, a participé à contenir la ville, comme l’ont fait autrefois les remparts qui en ont déterminé différentes phases de densification.14

16e siècle, première surélévation de la ville

La ville a déjà connu des périodes de crises que l’on pourrait comparer à la pénurie de logement actuelle pendant lesquels il fallu trouver au plus vite des solutions pour la densifier alors qu’elle était contenue dans ses remparts. Sous l’ère calviniste, Genève adopte la Réforme protestante et devient le premier refuge pour les protestants chassés de France. L’arrivée de cette vague de nouvelle population entraîne une première densification par la surélévation spontanée de la ville.

17e siècle, deuxième surélévation de la ville

La ville va revivre une phase de densification importante lorsque le roi de France Louis XVI révoque l’Édit de Nantes en 168515, mettant fin à la tolérance religieuse. Genève doit faire face à l’arrivée de 22’000 réfugiés condamnés à l’exil.16 La construction d’urgence de nombreux logements est nécessaire et va changer la structure bâtie de la ville. On surélève les constructions de plusieurs étages, on construit dans les cours et les interstices. « La nécessité de mieux exploiter l’espace urbain a donc amené les propriétaires d’une part à multiplier les constructions dans les jardins et les cours, à remplacer les dépendances par des habitations et


d’autre part à surélever leurs maisons. Aux deux étages initiaux se sont ajoutés trois voire quatre étages supplémentaires, changement dont quelques maisons conservent encore aujourd’hui la trace. »17 La population passe de 16’000 habitants en 1690 à 19’000 en 1710.

19e siècle, expansion de la ville

La révolution fazyste va elle aussi amener de profonds changements urbanistiques. James Fazy, politique genevois, applique en 1849 une restauration de la ville en démantelant les fortifications. Libérée de ses limites physiques, Genève peut enfin grandir. De nouveaux quartiers résidentiels tels que les Pâquis ou les Tranchées ainsi que des commerces sont construits sur les fondations des anciennes fortifications. La ville se dote de grands boulevards, d’édifices publics, comme le Grand Théâtre et le Musée d’art et d’histoire, d’édifices religieux et de nombreux bâtiments scolaires. L’intérieur de l’ancienne agglomération se transforme aussi, traversé par les nouvelles rues et boulevards de la ceinture.

Fig 12 et 13 : les fortifications (plan de Genève, 1841) et la ceinture fazyste actuelle (plan de Genève 2013) 17. Corinne Walker, « Un pont, des maisons et des hommes. Saint-Gervais des origines au XVIIe siècle », dans André BÉDA, L’autre Genève: Faubourg Saint-Gervais, Genève, Zoé, 1992, p. 36

20e siècle, étalement de la ville

À la sortie de la Deuxième Guerre mondiale, la Suisse restée neutre se retrouve avec des infrastructures intactes. Le boom de la reconstruction profite pleinement à l’industrie. Le besoin de main d’œuvre est accru et le taux de chômage descend même jusqu’à 0%. Dans les années 1950, une importante vague d’immigration étrangère est rendue nécessaire de par la pénurie de main d’œuvre suisse et pour la réalisation de grands chantiers (tunnels, barrages et autoroutes, ainsi que de construction en général). En conséquence, les besoins en nouveaux logements augmentent. De nouveaux quartiers sont construits dans la périphérie de la ville, inspirés de la reconstruction française. Ils recourent largement aux toits plats et squelettes de béton ainsi qu’aux éléments préfabriqués des bâtiments de 1930. Les grands ensembles et les

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18. Patrimoine Suisse, L’envol, l’architecture des années 50, 60, URL : http://aufschwung.heimatschutz.ch/ (consulté le 15 novembre 2013)

villes satellites ont constitué, en Suisse romande particulièrement, le champ d’activité principal des architectes. Quelques exemples comme Le Lignon (1962-1971), la cité de Meyrin (dès 1960) en périphérie de Genève ou les quartiers de Berne-ouest (1958-1968) sont particulièrement remarquables. Cette époque sera cependant perçue comme étant caractérisée par la spéculation foncière et une absence d’exigences esthétiques.18 Elle correspond à l’étalement de la ville. C’est aussi à ce moment que la cité acquière une certaine renommée, avec l’installation des premières organisations internationales.

19. Bruno MARCHAND, «Densification par le haut: de quelques leçons du passé», dans Xavier COMPTESSE, Élever la ville, contribution et débats sur la densification urbaine en Suisse Romande, Zurich, Avenir Suisse, 2008, p.16

Parmi les phases de densification qu’a connue la ville de Genève, certaines ont eu un impact plus contraignant que d’autres. Les leçons du passé nous prouvent qu’il est possible de mener à bien une opération de densification de grande envergure qui peut même apporter une certaine identité à la ville. « Le besoin actuel de limiter l’étalement de nos villes peut, malgré les différences évoquées, se rapporter à la nécessité stratégique de nos ancêtres de contenir la ville traditionnelle dans ses enceintes. » 19

Fig 14 et 15 : cité satellite du Lignon, plan masse et photo 2011

Dans le cas des surélévations du centre, les nouvelles couches ont été bâties sur une longue période, ce qui a facilité leur intégration. A Genève, on doit maintenant faire face à une pénurie de logement qui demande une solution rapide. Or les changements trop brusques font peur et sont beaucoup plus difficiles à assimiler pour la population qui s’y oppose souvent. Une telle opération de densification se heurte actuellement à certaines lois notamment concernant le patrimoine. Paradoxalement, la zone du centre-ville sur laquelle a eu lieu cette densification à grande échelle est aujourd’hui celle qui est gardée par le patrimoine.

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1.5

Projets actuels d’aménagement du territoire

Aujourd’hui une nouvelle crise, due à la distorsion entre l’abondance du marché du travail et l’incapacité de la ville à accueillir de nouveaux habitants du a l’exiguïté du territoire, mène les urbanistes à réfléchir à une nouvelle phase de densification de la ville. Le nouveau plan directeur adopté en 2013 fait preuve d’une volonté de développement ambitieux de Genève mais aussi de l’agglomération franco-valdo-genevoise. Les raisons de la crise du logement actuelle sont multiples. Premièrement le plan directeur cantonal suivi jusque maintenant a été établit dans les années 1990, la ville étant alors en période de stagnation économique. L’offre d’emplois diminuant, les prévisions en nouveaux logements furent insuffisantes lors de la reprise économique et démographique dans les années 2000. De plus, l’introduction de nouvelles exigences (environnementales, de mobilité) dans les procédés d’urbanisation ces dix dernières années, ainsi que les nombreux recours contre les projets, ont freiné la construction de nouveaux logements. Le nombre d’appartements diminue aussi pour chaque nouvelle construction car les normes de surfaces par logement augmentent. L’écart entre cette augmentation qui est respectée et le nombre de nouveaux immeubles qui ne l’est pas, crée une carence.20 Il faut donc non seulement répondre à la hausse démographique des prochaines années, mais aussi combler le manque de constructions des années passées. L’objectif est d’offrir d’ici 2030, 50’000 nouveaux logements à la ville. Pour se faire, il est prévu de développer trois domaines à savoir l’urbanisation, la mobilité et les espaces ruraux et milieux naturels.21

20. Christian BERNET «La crise du logement, ce mal qui ronge Genève», Tribune de Genève, 02.06.2010 21. Plan directeur cantonal Genève 2030, «Concept de l’aménagement cantonal adopté par le Grand Conseil le 20 septembre 2013», Etat de Genève, 2013

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Fig 16 et 17: secteur Praille-AcaciasVernets, plan et maquette

Urbanisation 22. Plan directeur cantonal Genève 2030 , op. cit., et Etat de Genève, «Aménagement du territoire et urbanisme : les grands projets», URL: http://etat.geneve. ch/dt/amenagement/ grands_projets-723. html, (consulté le 5 décembre 2013)

23. Marianne HUGUENIN, «Tokyo, New York, Bienne, Renens» dans Xavier COMPTESSE, Élever la ville, contribution et débats sur la densification urbaine en Suisse Romande, Zurich, Avenir Suisse, 2008, p.24

Le projet consiste à densifier la couronne urbaine (les communes de Vernier, Meyrin, Lancy ou Onex par exemple) et l’utilisation diversifiée de la zone villa. Ces transformations nommées «grands projets», ont été lancées il y a dix ans et sont en cours de planification.22 Il prévoit le renouvellement urbain de secteurs industriels et ferroviaires qui, à Genève contrairement à d’autres grandes villes, ne sont pas des friches industrielles (à l’exception de la gare des Eaux-Vives) mais des secteurs occupés par des activités dynamiques qu’il va falloir relocaliser. Le plus grand projet de ce type est sans doute le réaménagement de la zone industrielle Praille-Acacias-Vernets. La transformation de 230 hectares de la plus grande et ancienne zone industrielle et artisanale genevoise située au centre de la ville constitue une opportunité de développement unique. Celle-ci devrait accueillir de nouveaux logements, des bureaux et des bâtiments d’activités afin de former un nouveau quartier mixte. Les friches industrielles sont souvent une conséquence économique du déclin de l’activité industrielle ou de la délocalisation des usines hors des villes pour bénéficier de terrain moins cher.23 Dans le cas du PAV, la zone industrielle est encore en partie active, ce qui peut faire réfléchir quand à la volonté de reconstruire pour relocaliser ensuite. On pourrait envisager de conserver les bâtiments en fonction et de les densifier.

Ces différentes démarches d’urbanisation peuvent permettre de construire 35’000 logements sur les 50’000 prévus. Les 15’000 restants seront répartis dans la nouvelle proposition d’extension issue des démarches du projet d’agglomération franco-valdo-genevoise appelée maintenant le Grand Genève.

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Fig 18 : Projet, ligne du CEVA, Genève (document des CFF)

Mobilité Le projet du CEVA (Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse), développement d’un réseau RER reliant Genève à la France (Pays de Gex, Saint-Julien) va permettre de mettre en place le projet d’agglomération. Le réseau de tramway existant va aussi être prolongé et complété avec des lignes transfrontalières. Un projet de traversée du lac devrait permettre de désengorger le centre-ville du trafic routier afin de promouvoir la mobilité douce et les transports publics.

Espace rural et milieu naturel

Ceux-ci ne sont pas considérés comme des réserves pour le développement urbain mais sont par contre soumis à des projets ruraux. La mise en réseaux des milieux naturels, la re-naturalisation de cours d’eaux, et la valorisation de la production agricole en sont les principaux objectifs.

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1.6

Loi L10088 sur les surélévations

Une autre stratégie, en liens avec l’histoire de la ville, voit le jour à travers la proposition de loi L10088 en 2008 sur les surélévations. Le Canton a récemment légiféré pour faire de la surélévation un principe de densification. Cette décision s’inspire du développement passé de la ville. En effet la situation actuelle représente un déficit comparable au manque de logement qui donna lieu aux densifications sous la réforme. Plus ponctuelle, ou dite « par opportunité », celle-ci établit une carte du potentiel de surélévation des immeubles de Genève. En 2005 un premier projet visant à faciliter les surélévations d’immeubles est proposé. Il devait permettre de systématiser la possibilité de surélever de deux étages tout immeuble de plus de cinq ans, afin d’inciter les promoteurs en créant des conditions de rentabilité suffisantes. Auparavant les autorisations étaient délivrées au cas par cas et sur dérogation pour l’augmentation de seulement un étage, ce qui ne représente pas une rentabilité suffisante par rapport au coût des travaux et n’incite donc pas les propriétaires à surélever.

24. Département des constructions et des technologies de l’information 25. Markus MOOSER, Marc FORESTIER, Mélanie PITTETBASCHUNG, op. cit., p.16-18

30

Une première carte des surélévations potentielles de la ville est donc établie. Le texte est adopté en 2006 mais très vite contesté par les associations de locataires (ASLOCA Genève) et le patrimoine qui lancent un référendum obligeant le canton à rediscuter cette loi. Ceux-ci craignent que la surélévation, coûteuse, crée des logements de luxe non accessibles à une grande partie de la population dans le besoin face à la crise. La suppression des greniers, la perte de lumière dans les étages inférieurs et dans les rues, et de la vue depuis les appartements situés dans les derniers étages des immeubles voisins sont autant d’arguments supplémentaires à la contestation de la proposition par les locataires, tout comme les désagréments du chantier dans un bâtiment habité, la hausse du trafic qu’implique l’ajout de nouveaux logements et des difficultés de stationnements qui en résultent. Malgré le fait que les 200 édifices classés ne soient pas pris en compte par le plan de surélévation, le patrimoine conteste lui aussi. Grâce à des photomontages réalisés par le DCTI24 démontrant le peu d’impact visuel du rehaussement de certains immeuble par un ou deux étages, les partis tombent finalement d’accord et la nouvelle loi L10088 est acceptée en 2008.25


Fig 19 : Carte du potentiel de surélévation selon la loi L10088 (SITG)

Cette loi définit la possibilité de rehausser les bâtiments selon leur localisation. Les gabarits figurants sur la carte comme pouvant être surélevés peuvent voir leur hauteur augmentée, après autorisation de la ville26 de 24m à 30m en zone 2, et de 21m à 27m en zone 3 avec les conditions suivantes : dans la zone 2 (ceinture fazyste), l’immeuble peut être surélevé d’un étage si la rue présente une largeur inférieure ou égale à 21m. Dans la zone 3 (quartiers des années 1920-1950), la rue doit au moins faire 24m de large pour l’augmentation d’un étage. Dans les deux zones, si la largeur de la voie est supérieure à 24m l’immeuble peut être surélevé de deux étages.27

26. Les cartes du potentielle de surélévation sont indicatives et les décisions doivent faire l’objet d’une discussion avec le canton

27. Markus MOOSER, Marc FORESTIER, Mélanie PITTETBASCHUNG, op. cit., p.16-18

31


1.7

La densification des équipements publics comme stratégie complémentaire

La loi 10088 et la carte du potentiel de surélévation prennent en compte des immeubles de logements qui entrent dans les règles définies de gabarits et qui ne sont pas protégés ou susceptibles de l’être, par le patrimoine. Ceux-ci sont situés pour la plus part dans des quartiers où on a déjà un coefficient de densification élevé (coefficient de 3 à 4). Il existe cependant des constructions peu denses, souvent de grande surface et de faible hauteur dont cette loi ne tient pas compte : les équipements publics. Or ce sont souvent les parcelles les moins denses. Les surélévations existantes résultent souvent d’initiatives privées et restent monofonctionnelles. Il est cependant aussi possible d’intégrer du logement à un autre programme. Nombreux sont les exemples de bâtiments mixtes qui mêlent activités au rez-de-chaussée avec des bureaux et du logement dans les étages. Dispersés sur tout le territoire, les équipements publics pourraient représenter un véritable gisement de potentiel de densification de la ville. Tous ne sont pas considérables, cependant si on arrive à repérer les types d’équipements ayant un programme qui se prête à la cohabitation avec du logement, en tenant compte comme pour la loi L10088, de la valeur architecturale et urbanistique du bâtiment et de son contexte, on pourrait créer une carte du potentiel de densification des équipements publics.

28. Art.23, al.3 de la nouvelle loi L10088

« Afin de permettre la construction de logements supplémentaires, le département peut autoriser une augmentation de la hauteur du gabarit, à condition que celle-ci ne compromette pas l’harmonie urbanistique de la rue; il est notamment tenu compte du gabarit des immeubles voisins.»28

29. Art.23, al.4 de la nouvelle loi L10088

«Après consultation de la commune et de la Commission des monuments, de la nature et des sites, le département établit des cartes indicatives, par quartier, des immeubles susceptibles d’être surélevés. La délivrance d’une autorisation en application de l’alinéa 3 est subordonnée à l’adoption par le Conseil d’État de la carte applicable à l’immeuble concerné.»29 Cette dernière stratégie semble intéressante à étudier car comme la surélévation d’immeubles de logements, elle n’est pas liée à une zone en particulier mais à un élément qui se répète et pourrait donc s’appliquer partout sur le territoire selon les opportunités. En densifiant ces parcelles du domaine public, la ville

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pourrait agir plus vite et amener par la même occasion une certaine mixité à ces équipements, en faisant cohabiter du logement avec le programme existant et pourquoi pas d’autres encore. Elle pourrait permettre enfin de doter la ville de plus de logements abordables en développant son offre de logements sociaux. L’analyse des équipements de la ville30 a permis d’orienter la présente étude sur les équipements du domaine de l’enseignement. Le programme semble pouvoir cohabiter avec du logement et les bâtiments sont souvent situés dans des lieux adaptés au programme d’habitation. Les écoles sont des établissements très présents et répartis sur le territoire genevois. La stratégie de densification énoncée ici aura donc plus précisément pour but de densifier des équipements scolaires avec un programme de logement afin de répondre à la crise et d’apporter par la même occasion de la mixité au quartier.

30. décrite plus précisément au chapitre 3

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34


35


page précédente Fig b : photomontage, illustration mixité programmatique

36


2.

La mixité au service de la densité

La mixité est une notion étroitement liée à celle de la densité. Elle existe déjà dans les premières villes, encouragée par la proximité des constructions, qui mêlaient programmes et populations. La ville regroupe diverses communautés, qu’elles soient religieuses, ethniques ou sociales, et ce à plusieurs échelles jusqu’à la plus petite, la cellule familiale. Hétérogène par définition, elle est une addition de personnes et de programmes et cela se traduit visuellement par une certaine mixité morphologique.

2.1

Une mixité sociale pour éviter l’isolement Lutter contre la ségrégation urbaine

Le phénomène de ségrégation urbaine, cas illustré en Europe notamment par les cités françaises construites durant le 20ème siècle, peut être défini comme l’isolement social et spatial d’une partie de la population. Que ce soit une ethnie, une religion ou une classe sociale, cette ségrégation est souvent subie. En France, pendant la période d’expansion de la ville des 30 glorieuses que nous avons déjà évoquée, la construction de grands ensembles était censée permettre d’abriter la population souvent défavorisée. Alors que les quartiers résidentiels, peuplés de villas abritaient généralement la classe moyenne, les grands ensembles devaient améliorer les conditions de vie de leurs résidents, en se développant en périphérie des villes pour pouvoir répondre aux principes de l’architecture moderne. Ils promettaient un cadre de vie « à la campagne » à la classe ouvrière, et à ceux qui n’avait plus les moyen de vivre en ville, et leur permettait un accès au confort moderne (chauffage central, équipement sanitaire, ascenseur etc.) Ces ensembles de logements collectifs se présentent souvent sous forme de barres ou de tours très denses - on parle dans certains cas d’unités d’habitations - situées en périphérie des villes et comportant généralement les quelques commerces et services nécessaires à leur autonomie. Partis d’une bonne intention, ces ensembles se retrouvent malheureusement en crise sociale à partir des années 1980. La population défavorisée est concentrée dans les banlieues et confrontée à elle-même, se sentant isolée et mise à l’écart de la ville. Le thème de la mixité autant sociale que programmatique est devenu très important dans la problématique d’intégration des cités françaises et est de plus en plus développé dans les projets d’urba

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nisme de manière plus générale. De nombreux projets de Zone d’Aménagement Concerté, comme la ZAC de Bottière-Chénaie à Nantes par exemple. Le problème est beaucoup moins prononcé en Suisse, le pays étant plus petit et économiquement plus stable. Le coût de la vie y est cependant élevé et de nombreux ménages peinent à trouver un logement à un prix abordable. Afin de ne pas créer des quartiers riches et des quartiers plus défavorisés, la ville à tout intérêt à encourager le brassage sociale, tant dans la périphérie que dans le centre, et à développer une offre suffisante de logements abordables pour chaque classe de la société. De plus, plutôt que de construire des bâtiments spécialisés, il apparaît plus intéressant de répartir différents types d’habitations dans un même bâtiment afin qu’ils bénéficient d’une meilleure intégration sociale.

Intégrer les personnes isolées

La Suisse est actuellement confrontée à un autre problème d’isolement social, qui ne concerne non pas une classe sociale mais une génération. Le fait de se retrouver seules après la mort du conjoint, l’éloignement des enfants, la perte d’autonomie ou encore la retraite sont différents facteurs qui mènent certaines personnes âgées à souffrir d’isolement. Celles-ci n’ont plus les contacts quotidiens avec les autres couches de la société qu’elles avaient auparavant. Avec le vieillissement de la population, diverses formes d’habitat pour les personnes âgées se sont développées durant le 20ème siècle. Mais ceux-ci ne font que regrouper une même génération dans un même bâtiment, raison pour laquelle de nombreux ainés préfèrent rester chez eux le plus longtemps possible.

La mixité sociale à l’échelle du bâtiment

Les immeubles de type haussmannien du 19e siècle abritaient plusieurs classes sociales, des nobles aux domestiques. Ceux-ci avaient cependant des accès et escaliers séparés et vivaient sur des étages différents : les étages bas, appelés étages nobles leur étant destinés, et les combles pour les domestiques. L’invention de l’ascenseur et l’évolution des modes de vie ont inversé cette tendance. Les étages hauts, situés plus loin de la pollution et du bruit de la rue sont maintenant les plus privilégiés, bénéficiant en plus de la vue. Les constructions en attique sont souvent plus chères et plus spacieuses et se dotent de prolongements extérieurs plus généreux que les autres logements urbains. Les étages du bas sont moins souvent préférés car exposés aux nuisances de la ville. 38


Fig 20 et 21 : coupe schématique et façade d’un immeuble haussmannien

Après la guerre, les modes de vie ont évolués de manière plus individualiste. On ne veut plus partager son lieu de vie ou ses biens avec ses voisins. Le départ des villes pour la périphérie à créé l’éloignement nécessaire à ce besoin d’indépendance. Les contacts deviennent aujourd’hui de plus en plus difficiles du fait de la spécialisation de nos lieux de vie ou de travail et du développement des moyens de communication comme Internet. De ce fait, on cherche à retrouver un peu de cette vie en communauté. Mais on ne veut pas non plus vivre 24h sur 24h avec ses voisins. Il faut pouvoir rencontrer son entourage mais aussi pouvoir se retirer dans son espace personnel. Toute la difficulté est de répondre à cet entre-deux en planifiant minutieusement les éléments de transition de la vie publique, à la sphère privée. Les éléments comme la place publique, la cour, les passages, les entrées, les cages d’escaliers, les couloirs, les paliers ainsi que les balcons ou coursives demandent une attention particulière car ce sont justement les outils de l’architecture qui vont permettre une gradation entre ces deux milieux. La diversification des types de ménages laisse penser qu’il faut prévoir de plus en plus de configurations de logement différentes. Si auparavant, plusieurs générations vivaient sous le même toit, les familles actuelles sont plus éparpillées et les ménages souvent plus petit, voir nucléaires (ménage composé d’une seule personne). L’offre de logements s’est diversifiée en conséquence. On mélange plusieurs typologies dans un même immeuble - avec souvent une proportion généreuse de 3.5 et 4.5 pièces31 - afin de répondre aux diverses situations : familles, couples, familles mono parentales, célibataires, familles recomposées ou collocations. Certains immeubles y mélangent aussi du logement social ou du logement pour personnes âgées, sachant que celui-ci nécessite une architecture particulière.

31. à Genève le comptage des pièces comprend la cuisine

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2.2

Une mixité programmatique pour animer la ville

Le zoning

Au départ spontanée, la mixité programmatique a été étalée à une échelle plus grande dans les villes qui ont commencé à répartir ces programmes par secteurs. Le plan genevois est lui aussi divisé en zones d’affectations. Ce concept vise à limiter les nuisances occasionnées (bruit, pollution)par la cohabitation entre les différentes affectations et à être plus efficace et plus adapté à la spécialité de chaque secteur. On peut les référer aux zones théorisées dans la charte d’Athènes des CIAM : travailler, habiter, se récréer, circuler. Le cas des zones industrielles est assez représentatif de cette spécialisation. Même si elles sont proches du centre, la mono-fonctionnalité du site et l’absence d’espaces urbains font que leur population est constituée uniquement des travailleurs de la zone et seulement pendant les heures de travail. Aujourd’hui, elles se voient rattrapées par le développement de l’urbanisation et sont d’ailleurs souvent au cœur de projets de densification. Ce phénomène de spécialisation des sols est encore accentué par la délocalisation des industries. Cherchant des terrains moins cher et de plus grandes surfaces, elles ont tendance à se déplacer en périphérie, tout comme certaines grandes surfaces commerciales. La construction de zones villa à l’extérieur de la ville, et la création de secteurs de bureaux participent aussi à en appauvrissent la mixité. La ville a besoin de se développer et le foncier se fait de plus ne plus rare. La gestion de l’espace divisé en zones devient contraignante dans l’aménagement du territoire car certaines zones manques de vie et de diversité. Les objectifs de diminution des distances de déplacement tendent à remettre en cause le principe de séparation des fonctions au profit d’une recherche de mixité fonctionnelle permettant notamment le développement d’une ville de proximité. Les conséquences de cette division où l’on dort dans un endroit pour aller travailler dans un autre, sont que ces lieux sont actifs une partie du temps, puis se désertifient. Si on revenait à un système réunissant lieu de vie et lieu de travail en un site, celui-ci serait utilisé justement 24h sur 24, en évitant les déplacements entre deux.

40

On prend conscience au 21e siècle de l’importance de réintroduire la mixité sur ces zones monofonctionnelles. Elle concerne aujourd’hui surtout le logement et le secteur tertiaire mais elle pourrait englober toutes les zones d’affectation de la ville, en inté-


grant le secteur primaire et secondaire. On devrait envisager pouvoir superposer ou intégrer le secteur agricole comme le secteur industriel en ville. D’autre part les intentions actuelles de densification privilégient les grandes opérations de logements et de bureaux ainsi que de grandes surfaces commerciales. Les petits commerces ou les artisans sont de moins en moins maintenus. Il faudrait prévoir même dans les grands projets de densification, de recréer une certaine échelle et hétérogénéité propre à la ville qui pourrait accueillir ces plus petites structures.

Les arguments en faveur de la mixité

Pour les mêmes raisons qui motivent à densifier les villes, on veut les rendre mixtes pour raccourcir la distance de parcours d’une fonction à une autre. Cela va dans le sens du développement durable de pouvoir habiter, travailler, consommer et se détendre au même endroit et nécessite d’encourager le développement d’une bonne infrastructure de desserte par les transports publics et d’apporter des services aux périphéries pour qu’elles ne soient plus dépendantes du centre et utilisent moins les transports individuels. L’intérêt majeur de la mixité est de créer une animation et une intensité urbaine. Elle peut permettre d’animer et de revaloriser certains quartiers. En introduisant du logement dans un quartier d’affaires composé uniquement de bureaux par exemple, peut rendre le lieu plus agréable à vivre car on ne se trouve plus dans un quartier écarté et dédié au travail mais au cœur de la vie urbaine. On évite ainsi les rues désertes le soir et le weekend, tout en rendant ces zones plus hétérogènes socialement. À l’inverse, dans les quartiers résidentiels écartés de la ville, il peut être intéressant d’introduire des bureaux et commerces afin d’offrir un caractère plus attractif au quartier. Cela permet entre autre de faire vivre ces quartiers à toute heure du jour ou de la nuit, ce qui participe à augmenter le sentiment de sécurité. Faire cohabiter différents programmes permet de mutualiser certaines fonctions utilisées partiellement. En effet, certains ont des besoins complémentaires. Dans le cas d’une mutualisation entre un lieu d’activité et un lieu d’habitation, le premier étant plutôt utilisé le jour et le deuxième la nuit, il est possible de partager un parking commun. Cela permet par les variations d’horaires d’utilisation selon les activités, de partager les places de stationnement et donc d’en construire moins. Selon les associations programmatiques, d’autres services comme les services de gardiennage peuvent ainsi être partagés de la même manière.

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La mixité programmatique à l’échelle du bâtiment

La mixité programmatique peut se retrouver aussi bien dans des quartiers entiers que dans un même bâtiment. On peut alors parler de mixité verticale car les couches programmatiques sont empilées ses unes par dessus les autres. Il est courant d’associer des commerces ou un équipement au rez-de-chaussée d’un bâtiment de logement. Celui-ci peut contenir par exemple un programme de crèche, de résidence pour personnes âgées, ou une bibliothèque. Une garderie ou une salle de sport au rez-de-chaussée peut aussi profiter aux utilisateurs d’un bâtiment de bureaux. Le schéma le plus courant est d’avoir un commerce au rez-de-chaussée, surmonté par des étages de bureaux, et du logement dans les derniers étages. Cet ordre permet de sortir le logement du bruit et de la pollution en le faisant profiter de la vue, et de laisser le niveau urbain aux programmes d’activités. La réunion de plusieurs programmes sous le même toit permet non seulement d’optimiser l’espace, mais aussi la consommation énergétique du bâtiment. Elle rend possible la centralisation de la production de chaleur, d’électricité et d’eau chaude. Le chauffage est plus rentabilisé que dans une construction monofonctionnelle qui n’aurait pas besoin d’être chauffée lorsque ses utilisateurs ne sont pas présents. Dans le cas d’un bâtiment mélangeant bureaux et logements, les horaires d’utilisation des différentes fonctions étant décalés, cette énergie n’est pas perdue car l’une ou l’autre en bénéficie. De plus, la répartition des différents programmes peut, par leur orientation dans le bâtiment, participer à réduire certaines consommations énergétiques. Les locaux de bureaux cherchent la fraîcheur en été afin de ne pas recourir à la climatisation, alors que les logements recherchent plutôt la chaleur en général. L’orientation des logements au sud leur procurerait l’ensoleillement recherché dans les espaces de vie et peut créer par la même occasion un espace tampon pour les bureaux qui, orientés au nord, seraient moins exposés à la chaleur des journées d’été.

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La mixité au sein du bâtiment doit aussi permettre de laisser la possibilité aux programmes d’évoluer en permettant à l’un de s’étendre sur l’autre selon les besoins et inversement. On peut par exemple prévoir que les bureaux puissent muter facilement et de façon réversible en studio d’habitations. Les bureaux peuvent ainsi adapter leur surface à leurs besoins et le logement s’adapter aux évolutions de la famille en bénéficiant d’une certaine flexibilité. Cela peut permettre de répondre au besoin d’indépendance de l’adolescent ou aux grands parents de revenir vivre auprès de la famille sans pour autant les gêner.


Technique et construction

La réalisation de bâtiments mixtes est complexe. On peut énoncer plusieurs points qu’il faut considérer lors de la construction :

• La cohabitation entre plusieurs fonctions nécessite que cha-

cune ait des accès séparés et des cages d’escalier dissociées pour des raisons de sécurité. De plus les normes incendies n’étant pas les mêmes selon les utilisations, leur taille peut varier (accès pompier et évacuation des utilisateurs).

• La nécessité de séparer les entrées a pour conséquence de diminuer la surface des rez-de-chaussée et donc des emprises commerciales ou des autres activités prévues.

• L’effet « vitrine » recherché par les commerces est plus présent dans les angles du bâtiment. Donnant sur deux rues ils sont plus susceptibles d’être vus. Il faut accorder une attention particulière à leur attribution du rez-de-chaussée.32

• Certains programmes demandent des compositions structu-

32. Frédéric MIALET, Mixité fonctionnelle et flexibilité programmatique, bâtiments exemplaires (Batex), Paris, Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA), octobre 2011, p.37

relles très différentes qu’il va falloir réussir à superposer.

• La superposition de programmes peut provoquer des nuisances

de bruit généré par les livraisons des commerces, les cris des enfants, l’activité sur une terrasse de restaurant ou la présence d’un bar par exemple.

• Selon les normes appliquées aux différentes fonctions elles demande l’installation de gaines plus grandes et quelque fois leur différenciation.

• Les réglementations concernant les hauteurs diffèrent aussi d’un programme à l’autre ce qui peut compliquer la conception du bâtiment.

• Enfin il faut tenir compte que l’imbrication de fonctions dans

un projet demande une étude plus importante, allonge les délais de réalisation du bâtiment et en augmente les coûts.

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Fig 22 et 23 : photo et coupe du Downtown Athletic Club, New York

Expression architecturale

Enfin se pose la question de l’expression architecturale d’un bâtiment fonctionnant finalement comme la somme de plusieurs bâtiments. Doit-il être unitaire ou au contraire laisser voir la fonction de chaque partie et lui donner une identité propre ? On peut finalement se poser la même question à propos de la ville. Elle a à la fois son identité, tout en étant constituée d’une multitude de constructions différentes. 33. Rem KOOLHAAS, New York délire, Marseille, Parenthèses, 2002, (ed.1978), p.152

Rem Koolhaas parle de ville verticale en évoquant le Downtown Athletic Club de New York.33 Divers programmes (fitness, piscine, restaurants, hôtel) sont réunis au sein du bâtiment qui apparaît comme une grande construction unitaire. La différenciation entre les fonctions qu’il contient apparaît dans les étages par la variation de la hauteur ou le retrait de la façade. Les éléments programmatiques sont différents mais s’expriment dans un langage commun. L’expression d’un bâtiment ou d’un îlot mixte variera aussi selon la position des éléments programmatiques. Ils sont plus souvent unitaires lorsqu’ils présentent une mixité verticale (superposition des fonctions) et plus hétérogènes lorsqu’il s’agit d’une agrégation de différents programmes.

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2.3

Une mixité morphologique pour une ville plus humaine

Ce qui est appelé ici mixité morphologique fait référence à la mixité visuelle des différents éléments qui composent la ville. À l’origine, la ville est une addition de constructions produite par sa population, étant elle-même une addition de personnes. Il en résulte une mixité de formes, de couleurs et de matériaux, les bâtiments étant construits par des acteurs différents, à des époques différentes et dédiés à divers types de programmes. L’unité d’une ville doit résider dans le fait que ce soit une même population qui ait réalisé ces constructions selon une même méthode ou avec les mêmes matériaux à disposition. On est habitué à cette diversité qui donne une identité aux lieux et qui permet de se repérer dans la ville. Avec le développement des moyens de production, la construction à grande échelle est développée et tend souvent à une certaine unité. Ces opérations étant réalisées d’un coup et par les mêmes acteurs, il est logique que celles-ci soient unitaires. Dans les grands bâtiments de logement, il semble cependant important de ne pas perdre l’échelle humaine et il est nécessaire de traiter certains détails, dans le but de garder le côté humain de la ville. Beaucoup de grands îlots mixtes sont développés actuellement. Ces bâtiments étant eux-mêmes comme des petites villes, certains jeux sur les échelles ou de découpes sont parfois utilisés pour casser l’aspect trop uni de grands volumes et diversifier les espaces. Dans la partie des logements, introduire des variations dans les typologies peut permettre de donner un caractère individuel à chaque habitation. On peut retrouver un indice visuel du changement de fonction au sein d’un même bâtiment à travers la hauteur des étages ou dans le traitement de façade par exemple. « La recherche architecturale et urbaine aborde aujourd’hui la question de la mixité morphologique, en quelques sortes comme complément de la mixité programmatique : comment associer des programmes qui requièrent des dispositifs particuliers, donc comment s’approprier positivement le problème de l’hétérogénéité des constructions ? »34 Lorsque ces opérations sont gérées par divers intervenants, il semble selon ce point de vue normal d’avoir à faire à un résultat à morphologie mixte. Le « Monolithe » à Lyon, dont le plan directeur a été conçu par MVRDV et dont ils ont partagé la construction avec quatre autres architectes illustre cette mixité.

34. Jacques LUCAN, Où va la ville aujourd’hui? Formes urbaines et mixités, Paris, Editions de la Vilette, 2012, p.151

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2.4

Analyse de bâtiments mixtes

Face à la difficulté de trouver un exemple faisant référence à l’ajout d’un programme à une école, les bâtiments analysés ici seront des réalisations ayant des caractéristiques communes avec ce projet, à savoir la cohabitation de différents programmes, l’ajout d’un volume à un bâtiment existant et son adaptation programmatique à ce nouvel élément. Les premiers exemples illustrent une densification par l’ajout de programme à un bâtiment existant, afin d’observer les liens qu’ils peuvent développer et comment le bâtiment s’adapte à cette nouvelle cohabitation. Ces exemples illustrent trois possibilités de densification de l’existant que sont l’ajout d’un volume et la réorganisation du bâtiment existant (surélévation), l’ajout d’une couche programmatique (surélévation, mixité verticale) et l’ajout en sous-sol (« sous-élévation »). Enfin nous analyserons un exemple de mixité créée non pas par une succession de couches programmatiques, mais par une agrégation de programmes regroupés en îlot. Cet exemple est peut-être celui qui se rapproche le plus de la volonté de densifier une école. Dans cet exemple l’école n’existe pas avant le projet, elle est conçue à la base pour fonctionner avec l’ensemble. On peut y étudier la cohabitation de l’école avec du logement de différents types ainsi que d’autres éléments programmatiques.

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2.4.1

Fahle House : ajout d’un volume et réhabilitation d’un bâtiment industriel

Fig 24 : photo aérienne de la zone industrielle de Tallinn

Bâtiment : Fahle House Architecte(s) : KOKO arhitektid Situation : Zone industrielle à Tallinn, Estonie Année de réalisation : 2007 Programmes : Logement, bureau, service, commerce. Situation Le bâtiment est situé sur l’ancienne zone industrielle de Tallinn et est une reconversion de l’usine de papier et de cellulose de la ville. Le bâtiment existant avait lui-même succédé à la première usine de papier qui avait été construite 350 ans plus tôt, conçue par E. Jacoby près de la rivière qui coulait du lac Ülemiste jusqu’à la mer. Elle produisait un tiers du papier utilisé en Russie pendant la période tsariste35. Après l’effondrement de l’Union soviétique, elle fit faillite et fut abandonné. Cette ruine qui bordait la route menant au centre ville de Tallinn est restée inutilisée pendant 10ans, malgré de multiples tentatives de reconversion en hôtel, casino, salle de concert ou école d’art, sans succès.

35. Koko arhitektid, «Fahle house, celluloze and paper factory reconstruction, Tallinn», URL : http://www.koko.ee/ new21/index.php/

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Fig 25 : surélévation d’un bâtiment industriel, Fahle house

Volumétrie et aménagements extérieurs

Les architectes développent un projet qui ajoute une extension à l’historique bâtiment de Jacoby et transforment l’intérieur de l’existant. La surélévation se présente comme un volume de verre posé sur l’ancienne usine reconvertie. Celle-ci repose sur un étage en retrait par rapport à la façade, marquant la transition de l’ancien au nouveau comme un joint négatif, puis le volume reprend les mêmes dimensions que le bâtiment existant. Celui-ci a une légère forme de U, composé de trois parties volumétriques : deux ailes plus fines et le bâtiment de liaison entre deux, plus large et plus bas. La surélévation porte sur le volume le plus haut et crée un signal qui marque la présence du bâtiment dans la ville. Il est situé au nord d’une parcelle triangulaire qui borde les voies de chemin de fer proche desquelles le terrain est dégagé, aménagé sous-forme d’un petit espace vert. Le retrait en plan du volume de liaison crée un parvis devant le bâtiment.

Programme

Le rez-de-chaussée contient les secteurs d’activités et de services, dont un restaurant. Le premier étage est dédié aux bureaux qui viennent s’installer entre les éléments de structure existante. Les étages suivants comportent une grande diversité de logement, dont 42 dans la partie ancienne et 24 nouveaux dans la surélévation. Le financement de la rénovation de la partie existante a été rendue possible grâce à la plus-value apportée par les appartements situés dans la surélévation bénéficiant d’une vue imprenable sur la ville qui ont pu être vendus plus cher.

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Fig 26 : restaurant et accès, plan du rezde-chaussÊe,

Fig 27 : coupe programmatique,

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Fig 28 et 29 : bureaux et logements, plans du 1er et 2e étage

Structure Le bâtiment existant possède une structure intérieure de poteaux et de poutres en béton, et des murs extérieurs composés de briques de roche calcaire. La surélévation prolonge la structure existante. Des dalles de béton armé viennent porter les nouvelles façades vitrées qui, trop lourdes, ne peuvent pas être posées sur les murs en briques. Matérialité

36. Aurora FERNANDEZ PER, Javier MOZAS, Javier ARPA, HoCo : density housing construction & costs : comparative analysis of 32 collective housing projects, Madrid, a+t ediciones, 2009, p.268

Les architectes créent un contraste entre les murs lourds et massifs de l’existant, et le verre, léger et coloré, reflétant le ciel, du volume ajouté. Les nouvelles façades sont couvertes de trois types de verres de teinte verte différente s’alternant comme des pixels, qui réinterprètent le calepinage des briques à leur manière. La couleur de l’extension change en fonction du ciel qui lorsqu’il est nuageux la fait ressortir plutôt verte, alors qu’elle semble bleue quand le temps est ensoleillé.36

Accès

Les distributions verticales sont situées sur un axe traversant le bâtiment de liaison. Dans les deux ailes du bâtiment elles sont accessibles depuis l’extérieur et mènent aux logements. Les cages d’escalier qui se trouvent dans le bâtiment central sont partagées par les bureaux et les logements, ce qui est plutôt particulier et fait participer chacun des programmes à la vie de l’autre.

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Typologie Les typologies d’appartements sont très diverses, selon leur emplacement et la forme du bâtiment existant. De manière générale elles sont composées d’une salle d’eau, d’une chambre et d’un espace dont la taille varie de la pièce au loft, comprenant le séjour et la cuisine. On trouve quelques fois un dressing a l’entrée. Elles se diversifient dans les étages. On y trouve des duplex de plusieurs types et les appartements se déclinent dans de nombreuses typologies différentes et ainsi que dans des superficies et des nombres de pièces variables.


2.4.2 30 Mixed use developpment : ajout d’une couche programmatique et rénovation Bâtiment : 30 Mixed use developpment Architecte(s) : Sergison Bates Situation : Garatt Lane à Londres, Angleterre Année de réalisation : 1999-2004 Programmes : Logements, ateliers.

Fig 30 : photo aérienne du site industriel longeant Garatt Lane

Situation Le projet comprenait la démolition partielle, la rénovation et l’extension de bâtiments existants construits dans les années 30 et connus sous le nom d’ateliers Wandsworth, situés dans le sudouest de Londres. Etant à l’origine une usine de peinture située le long du fleuve Wandle et de la rue Garatt, le groupe de bâtiments avait ensuite servi d’ateliers et de petits espaces industriels pour les entreprises locales d’imprimerie ou d’horlogerie, avant d’être abandonnés. Les bâtiments industriels sont rénovés entre 1999 et 2004 par le bureau d’architecture Sergison Bates et surélevés d’un étage. L’ajout d’un volume en tête du bâtiment vient terminer le nouvel ensemble.

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Fig 31 : nouveau volume et surélévation des ateliers Wandsworth

Volumétrie et aménagements extérieurs

Les bâtiments existant sont composés de deux volumes de même hauteur. Un grand volume au nord marquant l’angle de la rue et un volume plus étroit au sud qui longe la rue Garatt. L’ajout d’un étage au dessus des bâtiments existants permet de les réunir en une seule unité et d’assurer la liaison avec le nouveau volume de six étages ajouté au sud du site. Le nouvel étage s’intègre à l’existant en épousant ses formes sinueuses comme s’il avait été extrudé. Les toitures des volumes sont traitées de la même manière afin de marquer leur appartenance au même bâtiment. Le nouveau volume suit la forme de la parcelle et s’intègre harmonieusement au groupe existant. Les annexes ont été supprimées afin d’accentuer l’unité du bâtiment et de dégager l’espace au sol. L’ajout de logements en toiture permet de créer des patios d’entrée aux logements. Programme Les halls de fabrication existants ont été modifiés afin de créer des espaces de bureaux, des cabinets médicaux, des studios et des appartements. L’étage supplémentaire contient 13 appartements dont 11 sont des 3 pièces. Le bâtiment ajouté au sud de la parcelle accueille 20 appartements sur 5 étages et deux unités de travail au rez-de-chaussée.

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Fig 32 : logement, plan de l’étage ajouté

Fig

Fig 33 : ateliers et activités, plan d’étage

Fig 34 : ateliers et activités, plan du rezde-chaussée

Fig 35 : coupe programmatique

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Structure

Dans les constructions existantes en maçonnerie, une partie des murs intérieurs sont démolis et reconstruits de manière à pouvoir accueillir les nouveaux locaux et à former des noyaux de services contenant les sanitaires et les distributions verticales. L’étage supplémentaire possède une ossature en bois qui repose sur une structure métallique, reprenant les charges pour les transmettre vers la maçonnerie existante. Le nouveau bâtiment est lui composé d’une structure béton avec un noyau de distribution vertical. Matérialité Deux matérialités « assorties » cohabitent sur les façades du bâtiment, laissant entrevoir quelle sont les parties anciennes et quelles sont les parties ajoutées tout en lui conférant une certaine unité. Les parties existantes sont repeintes d’une même teinte gris terre. Cette teinte est la même que celle des panneaux de bois agglomérés au ciment qui recouvre les parties ajoutées et permet de lier visuellement le bâtiment existant au nouveaux volume au sud de la parcelle. Unies par leur couleur, elles se distinguent par leur matérialité. Les nouvelles façades sont rythmées par des rubans de métal galvanisé qui apparaissent comme une variation des frises du bâtiment existant Accès L’entrée des appartements dans la partie ajoutée à l’existant se fait par un passage couvert au dernier étage qui s’étend sur toute la longueur du bâtiment. Celui-ci donne sur des patios qui permettent d’accéder aux logements. Ce chemin sinueux suivant les décrochements du plan existant, apparaît comme une rue sur le toit du bâtiment, donnant une dimension domestique aux nouveaux logements. Trois escaliers situés côté rue dans les extrémités du bâtiment permettent de le rejoindre. Les escaliers des locaux de services et ateliers sont situés au centre du bâtiment, accessibles depuis l’espace du rez-de-chaussée.

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Typologie

Les cuisines et salles de bains donnent sur les patios ce qui leur assure privacité, apport de lumière et ventilation. Les chambres prolongent un hall central relié à ces patios. Les pièces de vie et les chambres sont orientées de manière générale à l’ouest sur une loggia.


2.4.3

Ecole et appartements de Dreirosen : ajout d’un volume sous-terrain

Fig 36 : vue aérienne du quartier de Dreirosen

Bâtiment : Ecole et appartements de Dreirosen Architecte(s) : Morger et Degelo Situation : Quartier de Dreiroser Klybeck à Bâle, Suisse Année de réalisation : 1993-1996 Programmes : Ecole, salle de gym, logement.

Situation

Le bâtiment se trouve au bord du quartier de Klybeck à Bâle, et vient compléter un îlot occupé par un bâtiment scolaire datant du 19e siècle. Situé dans le Kleinbasel proche du Rhein, l’école se trouve à l’origine dans un demi-îlot ouvert au nord du côté du pont de Dreirosen qui marque aussi la fin du quartier. Elle apparaît alors comme un volume solitaire en retrait de la parcelle. L’intervention vient former un L dans l’angle nord-est et précise la délimitation de l’îlot, en mêlant plusieurs types de programmes.

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Fig 37 : la cour de l’école illuminée par les pavés de verre

Volumétrie et aménagements extérieurs

De l’extérieur, le bâtiment vient compléter le bloc au nord et donc la limite du quartier du 19e siècle. Il met en scène l’école au centre de l’îlot et définit un nouvel espace de cour pour l’école, à présent protégée par le bâtiment. L’école n’est plus en périphérie du quartier, elle est intégrée à un îlot urbain, au centre du nouveau complexe. Le bâtiment scolaire ayant une identité forte, son extension se fera en partie de manière souterraine afin de ne pas toucher au volume existant, en lui apportant de nouvelles salles de gymnastique et des classes supplémentaires. La densification par le sous-sol permet de dégager la cour pour l’école au dessus de la salle de gym, et de crée un espace extérieur protégé par la nouvelle construction. Un volume principal de 5 étages est ajouté formant la limite est de l’îlot. Un autre plus fin et légèrement plus bas vient fermer l’angle au nord. Il est prolongé par un mur percé dont la hauteur correspond au rez-de-chaussée du nouveau bâtiment, qui vient fermer l’enceinte de l’école. Le plus grand volume est sousterrain et est accessible par le nouveau bâtiment. Programme Le bâtiment longeant la rue ajoute au site 5 étages contenant 29 logements et des salles de classes supplémentaires pour l’école au rez-de-chaussée, tandis qu’au sous-sol, il permet l’accès aux salles de sport et comprend les locaux de services nécessaires. Le grand volume sous-terrain contient une grande salle de gymnastique qui contient trois terrains de sport. Le volume au nord permet l’accès à la salle depuis l’extérieur.

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Fig 38 : les salles de classes, plan du rezde-chaussée

Fig 39 : coupe programmatique

Structure La structure du bâtiment de logements reste assez traditionnelle en maçonnerie avec murs de refend. La salle de gym comporte une forte structure en béton armé dont les composantes verticales sont les murs périphériques de soutènement et deux grands piliers du côté ouvert, et les composantes horizontales sont des grandes poutres reprenant les portées importantes de la salle de 27 par 45m et soutenant le sol de la cour. Matérialité Matérialité Les façades donnent une impression de solidité et de stabilité par leur côté minéral et uniforme. Elles apparaissent comme de gros murs percés de régulières bandes horizontales qui ne laissent pas percevoir clairement l’affectation du bâtiment. « Le projet tait délibérément toute déclaration sur le fait qu’il se décompose en trois doubles sections accessibles à partir de la Klybeckstrasse, ou sur le fait que l’école utilise le rez-de-chaussée. »37 Le bâtiment reste assez neutre sur la rue afin de créer une unité malgré les différents programmes qu’il contient et s’efforce de rester compact. Les vitrages sont affleurés à l’extérieur de la façade, augmentant l’impression de compacité du bâtiment, comme s’il était une boîte. Le revêtement extérieur est un crépi de couleur sable qui la recouvre de manière uniforme. Seul élément particulier, un concept de rideaux colorés a été développé avec l’artiste Renée Levis, créant une sorte de « peau » mobile qui change lorsque les utilisateurs les bougent. Comportant un motif de fleurs décliné en trois couleurs différentes, il donne une touche de particulière derrière l’apparente neutralité des façades et tente une analogie au bouquet impressionnant d’arbres qui se trouvent sur la parcelle en termes de couleur.

37. Markus BREITSCHMID, Three Architects in Switzerland: Beat Consoni, Morger & Degelo, Valerio Olgiati, Luzern, Quart, 2008, p.37

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Fig 40 et 41 : logements et salle de gym, plan d’étage et de sous-sol

Accès

L’accès à la salle de gym est possible depuis les espaces dédiés à l’école au rez-de-chaussée du bâtiment de logements ainsi que depuis la cour par l’entrée couverte au rez-de-chaussée du volume nord. L’accès aux logements se fait côté rue par trois cages d’escaliers réparties dans le bâtiment, tandis que les salles de classes du rez-de-chaussée sont accessibles côté cour, face à l’école. Typologies

38. Markus BREITSCHMID, op. cit., p.37

Les cuisines sont orientées côté rue, tandis que tous les autres espaces donnent sur des balcons côté cour. Les loggias ont des dimensions égales aux salles de classe, ce qui permet de donner son uniformité à la façade. Les espaces sont différenciés à l’intérieur par l’utilisation de la couleur et apparaissent comme des mises en scène. « Le projet transfigure l’entrée du monde souterrain caché par une série d’étapes, baignées de lumière jaune, menant à la salle des spectateur offrant une vue impressionnante de la salle de gym de 27 par 45 mètres. »38 Le sol bleu et la lumière filtrant à travers les briques de verre créent une atmosphère presque surréaliste, comme si la salle flottait à l’intérieur de la terre.

Toiture

La toiture de la salle de gymnastique permet de fournir un espace de jeu extérieur à l’école. Le bâtiment est enterré mais la situation pourrait être similaire dans un projet hors sol. L’existence de la salle souterraine est suggérée à la surface par la présence de briques de verre intégrées dans la dalle de béton, qui laissent passer la lumière filtrée dans la salle du bas, et la nuit, la lumière artificielle de la salle de gymnastique pour illuminer la cour.

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2.4.4

Îlot 11 : mixité programmatique par agrégation

Bâtiment : Îlot 11 Architecte(s) : Block architectes Situation : ZAC de Bottière-Chénaie à Nantes, France Année de réalisation : 2009-2010 Programmes : Logement, logement pour personnes âgées, crèche, école primaire, commerces, restaurant scolaire, serres, aire de jeux, terrain de sport.

Fig 42 : vue aérienne de la ZAC de Bottière-Chénaie

Situation

Le bâtiment se situe dans une ancienne zone maraichère industrielle, dans la ZAC39 de Bottière-Chénaie à Nantes, qui constitue l’un des grands secteurs d’urbanisation en cours de l’est de la ville. Celle-ci avait pour but de construire des logements abordables pour la classe moyenne devant vivre à 20 ou 30km des nouvelles installations et espaces publics. Le plan d’urbanisme du site vise à encourager la construction d’îlots mixtes afin de développer un quartier situé sur une ancienne zone industrielle, en évitant les erreurs du passé des grands ensembles manquant de diversité. C’est par la qualité de la réponse des architectes pour le groupe scolaire demandé par la ville, que celle-ci a proposé au bailleur des logements attenants de se regrouper dans un ilot unitaire.

39. La ZAC, « zone d’aménagement concerté », en France est une opération publique d’aménagement d’une zone se substituant au ZUP, « zone à urbaniser en priorité », qui visaient à répondre au manque de logement entre 1959 et 1967 et qui sont maintenant les zones des grands ensembles, faisant souvent l’objet d’opération de renouvellement urbain.

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Fig 43 : entrée des écoles

Volumétrie et aménagements extérieurs

Le bâtiment est un îlot autonome et introverti, qui se développe sur un plan rectangulaire, et vient se tordre à l’intérieur de manière à créer quatre cours aux usages différents : un terrain de jeux pour enfants, un préau, une cour comportant des structures réalisées par une artiste, et un terrain de sport qui une fois l’école terminée, peut être utilisé par les habitants du quartier. Le volume opaque d’une des ailes de l’école vient même quitter le sol, afin de créer le lien visuel entre une cour et le terrain de sport et de bénéficier d’un espace couvert vitré. Ce dégagement de l’espace au sol ainsi que les cours participent à alléger l’impression de masse que pourrait créer un block de cette dimension. Situé en retrait sur la parcelle côté logements, il permet de créer une place destinée à devenir le cœur de l’éco quartier. Programme Cet îlot mixte, véritable pièce urbaine, fonctionne comme une agrégation de différents programmes apparaissant comme une composition de plusieurs volumes. Un volume haut sous forme de petite barre de logement de cinq étages comprend 27 logements ainsi que 16 logements protégés pour personnes âgées et des locaux d’activités et de commerces au rez-de-chaussée. Un volume articulé de deux étages vient se raccorder derrière les logement et comprend le programme scolaire, composé d’une école enfantine et d’une école primaire réunissant en tout 14 salles de classes plus une salle d’institut d’enseignement moteur pour les enfants souffrants de handicap. Un petit volume au rez-de-chaussée vient compléter l’ensemble avec le restaurant scolaire, surmonté de serres pédagogiques.

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Fig 44 : plan du rezde-chaussée

Fig 45 : coupe programmatique

Structure

Le bâtiment comporte une structure ponctuelle en béton avec une structure de toiture métallique sur les salles de classes ainsi que des menuiseries métalliques afin de garder un caractère industriel propre à la zone réaménagée. Selon l’Ecologik40, le chauffage a pu être arrête en février 2010 pendant sa première année d’exploitation. Cette double peau garantis aussi une intimité des habitants. Translucide sur les logements, elle devient colorée sur l’école. Le motif des façades se retourne en cœur d’îlot, dans les patios de récréation protégés des regards. Les rez-de-chaussées sont généreusement vitrés afin d’offrir une porosité totale du regard vers l’extérieur.

40. Rafaël MAGROU, «Atlantique palissade, logements et écoles, Nantes» dans, Ecologik 15 spécial bambou écoquartiers, Ecologik n°15, Paris, A vivre, juin/juillet 2010

Accès

Les accès sont différenciés pour chaque partie du programme. L’entrée des écoles se fait par la façade nord-est dans le décrochement du plan au rez-de-chaussée. Les logements sont accessibles par un passage à travers la façade nord-est séparant le bâtiment du volume de l’école. Les commerces et activités du rez-de-chaussée sont accessibles du côté de la place au sud-est et le restaurant scolaire, ouvert côté cour face à l’école, est accessible directement depuis l’école ou par la cour pour les élèves et par un passage couvert le séparant du bâtiment de logement, pour les livraisons. La couverture au dessus de l’espace de livraison participe certainement à réduire les nuisances que cela peut apporter aux logements situés au dessus.

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Fig 46 : logements, plan d’étage

Typologies

Les différentes parties du programme s’imbrique de manière à articuler les espaces complexes du projet. La forme du plan des écoles se tord dans l’ilot et s’entrelacent de manière à créer les cours extérieures, combinées avec des galeries vitrées liées aux espaces du bâtiments de manière réfléchie pour faciliter les communications visuelles multiples et croisées et faciliter la surveillance pour les maitres d’école et le repérage pour les enfants. Les salles de classes s’étendent sur deux niveaux et font chacune 60m2. Elles sont organisée en peigne et orientées au sud avec les circulations au nord. Tournées en cœur d’îlot, les façades des écoles sont tempérées par des stores à lames métalliques gérés manuellement, surlignés d’avancées de toiture. Chaque école dispose de son accès indépendant. Toutefois, elles se partagent le réfectoire, déployé de plein pied au sud de la parcelle et mono-orienté vers les cours. En rez-de-chaussée, un institut d’enseignement moteur permet d’accueillir des enfants handicapés. L’attention à l’usager est reprise dans les logements attenants, cette fois pour des personnes âgées isolées, avec seize domiciles, qui bénéficient d’une assistance médicale et de repas servis. L’espace se dilate sur les paliers et coursives communs aux habitants, avec vue plongeante sur les écoles. Ils suggèrent l’installation de plantes ou de mobilier, favorise les rencontres. Les 16 mètres d’épaisseur des logements, permettent de créer un écran acoustique. Toiture La toiture végétales et les serres pédagogiques permettent de redonner des espaces vert au site en faisant un rappel aux serres présentes avant sa réhabilitation. Celles-ci sont même accessibles aux personnes à mobilité réduite. Outre l’agrément visuel qu’elle offre depuis les logements et leurs coursives, les eaux de ruissellement sont orientées vers les bassins du parc paysager attenant. 62


Fig 47 : équipement scolaire secondaire de Budé

2.5

Densité et mixité appliquées à un équipement scolaire : les exigences posées par ce programme

La multiplication des fonctions est générée dans cette proposition par la nécessité de lotir. Si la proportion de logement dont a besoin la ville est plus importante que celle d’autres programmes et qu’elle veut se densifier sur elle-même, alors il faut commencer à envisager de densifier aussi, des parcelles qui ne sont pas du logement. Certains équipements introduits pour servir les logements ou les bureaux devraient donc pouvoir cohabiter avec ces programmes. Les équipements scolaires doivent répondre à certaines exigences regardant la sécurité des élèves, leur confort et celui du voisinage. L’établissement doit offrir un cadre confortable et accueillant afin de créer un environnement propice à la concentration et au travail, mais aussi aux rapports sociaux et à la vie en communauté. Dans l’intention de faire cohabiter un nouveau programme avec l’école, il est nécessaire d’étudier ces normes et exigences de l’architecture scolaire afin d’en anticiper les contraintes relationnelles entre les différents programmes et d’en trouver les solutions. D’après les directives et recommandations concernant les constructions scolaires du canton de Vaud41, nous pouvons relever les points suivants :

41. Canton de Vaud, «directives et recommandations concernant les constructions scolaires», 2002

Sécurité

Différentes normes de sécurité doivent être prises en compte lors de la conception d’un bâtiment scolaire. La sécurité des élèves doit être garantie dans l’enceinte du bâtiment ainsi que sur le parcours menant à celui-ci, comprenant ses abords, depuis les arrêts des transports publics jusqu’à l’entrée. Le bâtiment doit être assez loin des routes afin de ne pas exposer les élèves au danger de la circulation et l’accès aux véhicules sur le site doit être différencié des accès piétons. L’évacuation du bâtiment doit pouvoir se faire facilement en cas d’incendie ou autre danger. Il ne doit pas comporter d’éléments susceptible de causer des accidents, autant en terme de forme (angles vifs, différences de niveaux) que de matériaux (sol glissants). 63


Fig 48 et 49 : écoles primaires du Seujet et de Budé

Fig 50 et 51 : écoles primaires des Cropettes et des Grottes

Dans le cas d’une mixité de programmes, il faudra veiller à respecter ces exigences, notamment en ce qui concerne les accès aux véhicules et parking qu’il faudra prévoir pour les nouvelles fonctions. Une différenciation doit aussi être faite entre les accès des utilisateurs de l’école et ceux réservés aux nouveaux utilisateurs (habitants, salariés etc.), ceci autant pour des raisons de sécurité physique, que de contrôle sur les entrées de l’école, fermée au public pendant les heures scolaires. Bruit Le bruit est un facteur important à prendre en compte pour l’établissement lui-même comme pour son entourage. En effet afin de préserver une atmosphère propice aux études, les élèves ne doivent pas souffrir du bruit extérieur ni de celui des autres activités de l’établissement. Constructivement, le bâtiment doit être correctement insonorisé, autant dans son enveloppe, pour s’affranchir du bruit extérieur de la rue et de la circulation, que dans son organisation intérieure (isolation phonique), pour prévenir les problèmes de transmission sonore d’un étage ou d’une salle à l’autre. Dans l’organisation interne, les activités bruyantes comme les salles de gymnastique, de travaux manuels ou de musique doivent être situées de manière à ne pas gêner les salles de cours et d’études.

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Par rapport à son entourage, un bâtiment scolaire est souvent mis à l’écart car générateur de bruit. Les heures de pause, de fin et de début des cours, à savoir lorsque les élèves sont hors du bâtiment, sont les plus bruyantes. Les cours d’écoles, l’entrée principale et les terrains de sport sont les éléments les plus gênants pour un voisinage direct. Certaines écoles situées en centre-ville recourent à des solutions permettant d’une part de mettre à l’abri les cours d’écoles, et de les rendre moins bruyantes pour le quartier. Lorsque l’école est située près d’un espace vert, sa cour est en


Fig 52 et 53 : écoles primaires des Ouches et des Pâquis

Fig 54 et 55 : école primaire du Mail et restaurant scolaire de l’Europe

général tournée vers celui-ci de manière à l’orienter là où il n’y a pas de voisinage ni de rue, et à profiter de l’espace à disposition. (Ecole des Cropettes). Certains bâtiments ont un caractère introverti et placent leur cour à l’intérieur ou entourées de plusieurs bâtiments de l’école (école des Ouches, école du Mail). D’autres répondent à cette problématique par une différence de niveau entre la rue et la cour souvent en plaçant celle-ci un niveau en dessous pour créer une barrière physique et sonore (école des Grottes, école de Budé, école des Ouches) ou encore en plaçant la cour en toiture lorsque la densité construite ne permet pas le dégagement nécessaire au sol (restaurant scolaire de l’Europe, école du Seujet). Certains éléments de construction sont aussi employés pour protéger les cours et le voisinage, comme des passerelles permettant de se déplacer au dessus du trafic, ou encore des murs et des couverts pour les séparer de l’espace public (école des Pâquis). Si la fonction première de ces derniers est de protéger du soleil et de permettre de sortir par tous les temps, ils jouent certainement un rôle dans la contention du son dans la cour. Dans l’hypothèse de la densification d’une école avec du logement, le problème du bruit sera certainement celui auquel il faudra être le plus attentif. L’analyse de ces établissements scolaires situés au centre-ville donne des indices intéressants sur les possibilités d’y répondre. On peut noter un autre détail qui est que les écoles suisses se doivent de posséder une horloge, une sonnerie indiquant le début et la fin des cours, ainsi qu’une alarme incendie. Si la première et la dernière n’ont pas de grand impact sur les alentours, la sonnerie répétée plusieurs fois par jours peut être gênante pour les habitants. Dans l’hypothèse ou ceux-ci se trouvent dans le même bâtiment, cela n’est pas envisageable. Il faudra doter les classes d’un dispositif de haut parleur directement dans les salles pour que les locataires du dessus ne l’entendent pas.

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Lumière et ventilation

Des questions de confort des utilisateurs vont aussi se poser. L’une des préoccupations qu’on peut lier au mouvement hygiéniste est l’apport suffisant de lumière naturelle ainsi qu’une bonne ventilation des locaux. Les salles de classes doivent disposer de surfaces vitrées assez grandes pour apporter une lumière adéquate afin de ne pas fatiguer l’œil et permettre la lecture, et suffisamment d’ouvrants pour garantir une bonne ventilation naturelle de l’air. Ces deux facteurs (lumière et ventilation) sont complétés par des installations artificielles pour prendre le relais lorsqu’elles ne suffisent plus. Les écoles doivent donc procurer un environnement lumineux, stimulant et attrayant. On peut imaginer que les ouvertures ne devraient par contre pas donner sur des éléments qui déconcentrent les élèves (salles de gym, terrain de sport) et avoir des dimensions adaptées. Un pan vitré ou une ouverture sur toute la hauteur d’un mur risque plus de mener le regard vers l’extérieur qu’une ouverture avec un contrecœur assez haut, cadrant la vue vers le lointain. Cela est d’autant plus valable si le bâtiment est proche d’autres constructions provoquant des vis-à-vis. La densification de la parcelle aura certainement un impact sur l’ensoleillement du site comme sur l’apport solaire au bâtiment lui-même. Il créera aussi de nouveaux vis-à-vis auxquels il faudra prêter attention.

Fonctionnalité et polyvalence

42. Bruno MARCHAND, «L’architecture scolaire aujourd’hui», L’architecture scolaire, Neuchâtel, Bulletins de la CIP n°15, décembre 2004

Selon les observations sur l’évolution des écoles en Suisse, on encourage actuellement la polyvalence des locaux. L’évolution des méthodes d’enseignement se présentant de moins en moins sous forme de cours ex-cathedra et de plus en plus sous forme de travaux de groupe et de recherches personnelles, demande des salles de classes modifiables dans leur structure et dans leur taille. On voit disparaître les portes aux profits de panneaux pouvant s’ouvrir sur les couloirs agissants comme des prolongations des classes si celles-ci doivent êtres agrandies, ou encore pour permettre aux classes de communiquer entre elles, de former des espaces plus petits ou plus grands capables de s’adapter aux différentes utilisations mais aussi au nombre d’étudiants.42

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Apporter de la mixité à un programme scolaire doit permettre entre autres de rentabiliser l’utilisation du bâtiment après ses heures de fonction habituelles. Les locaux n’étant plus utilisés par l’école le soir, pourraient par exemple devenir des salles de réunion pour des bureaux ou des salles communes pour des logements. La polyvalence de ces salles d’école n’en est que plus


pratique. Les écoles louent déjà des locaux à certaines activités de quartier. Il s’agirait d’amplifier cette pratique pour réellement ouvrir le bâtiment au public après les heures de cours et le faire activement participer à la vie du quartier comme un lieu vivant accueillant des cours du soir, mettant à disposition des salle de sport, une salle multimédia et une bibliothèque ouverte le samedi, des salles de répétitions musicales, ou encore devenir un théâtre, une salle de concert, un café, un lieu de conférences ou de cocktails.

Chantier

Dans le cas d’un chantier sur un bâtiment en fonctions, il faut prévoir de pouvoir garder au moins une partie du bâtiment qui soit fonctionnelle, ce qui rallonge la durée du chantier. Il est nécessaire de procéder par étapes afin de pouvoir reloger une partie des élèves dans des pavillons temporaires en traitant le bâtiment partie par partie.

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page précédente Fig c : carte des équipements scolaires de Genève

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3

Genève comme cas d’études

De manière générale, on appelle équipements publics, les structures ou bâtiments utiles à la collectivité, qui répondent aux besoins des habitants.

3.1

Repérage des équipements publics

Types d’équipements publics

Les différents types d’équipements publics sont classés par l’Étvat de Genève 43 en neuf catégories. • L’enseignement, qui comprend les écoles primaires (EP), secondaire obligatoires (CO) et secondaire post-obligatoire (PO), les Universités et Hautes écoles spécialisées (HES). • Sous le terme « santé-social » sont regroupés les équipements médicaux (les hôpitaux, les cliniques privées et les soins à domicile), les équipements pour personnes âgées (EMS, foyers, immeubles avec encadrement et unités d’accueil temporaires de répit) et les équipements sociaux (terrains pour les gens du voyage) • Les équipements de sports et loisirs, à savoir les centres sportifs, terrains de sport, piscines, patinoires, infrastructures pour le sport de haut niveau, parcours mesurés, manèges, golfs, ports, plages, jardins familiaux et plantages, stands de tir. • Les équipements liés aux transports, comme les dépôts TPG, les parkings P+R, l’aéroport et l’aéroclub, la gare routière et les aires autoroutières. • L’administration regroupe tous les bâtiments administratifs de la ville et les offices cantonales (Office cantonale des automobiles et de la navigation) • Les équipements de justice et police comprennent les infrastructures pénitentiaires, celles de l’armée et de la police. • Les équipements de technique regroupent le traitement des eaux (stations d’épuration), des énergies (SIG) et des déchets. • On regroupe sous le terme « culturel », les équipements culturels (centres de congrès, d’exposition, musées) et les équipements cultuels (bâtiments religieux et cimetières). • Les équipements de sécurité, qui comprennent par exemple les équipements de sécurité-incendie (SIS, services d’incendie et de secours)

43. Plan directeur cantonal de Genève, «Planifier les équipements publics d’importance cantonale et régionale», fiche A12, Etat de Genève, 2013, p.118

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Fig 56 : carte des équipements publics de Genève (foncé), données SITG Fig 57 : carte des hauteurs (en foncé les volumes bas), données SITG

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Analyse des surfaces et des hauteurs de la ville

L’analyse du volume de la vile par les surfaces et les hauteurs de ses bâtiments permet de repérer quels sont les équipements occupant beaucoup d’espace et présentant une faible hauteur. Afin de s’en faire une première idée, une carte indiquant les bâtiments aux hauteurs les plus faibles (en foncé) et une autre indiquant les plus grandes surfaces (en foncé) ont été établies. En superposant ces cartes à celle des bâtiments publics, on repère les équipements les plus importants.


Il ressort de cette analyse, que les équipements publics dont les surfaces sont les plus grandes et les volumes les plus bas, sont de très grandes infrastructures liées surtout aux transports et au domaine industriel et technique. On remarque notamment :

• Le dépôt de bus et transports publics genevois à la jonction • Le dépôt des trams au Bachet-de-pesay • La station de traitement des eaux • • • • •

Fig 58 : carte des surfaces surfaces (en foncé les surfaces les plus grandes) données SITG Fig 59 : superposition des trois cartes (équipements publics de bas volumes et de surfaces larges)

des Services Industriels Genevois La poste de Monbrillant La gare Cornavin L’hôpital cantonal Le centre commercial de la Praille Le centre sportif de la Queue d’Arve.

Or ces bâtiments sont en général situés dans des lieux qui ne sont pas adaptés à l’implantation de logement car trop proches des voies de chemins de fer ou dans des milieux industriels actifs par exemple, et ces programmes ne sont pas non plus tous compatibles (odeurs de la station d’épuration, bruit des dépôts de transports publics, difficultés à garantir le repos et l’intimité des patient dans le cas de l’hôpital), sans compter que ces équipements sont de très grandes dimensions, le logement préférant une échelle plus domestique. Si on se concentre sur les surfaces un peu moins grandes, on trouve les établissements scolaires. Ceux-ci sont présents partout sur le territoire. D’une échelle plus domestique ils pourraient êtres compatibles avec du logement, d’autant plus qu’ils se trouvent plus souvent dans des contextes adaptés. Ces bâtiments doivent répondre à divers besoins de vie que l’on peut retrouver dans le logement, avec lequel ils pourraient partager certains équipements. 73


Fig 60 : carte des équipements scolaires genevois

3.2

Les besoins actuels en fonction du type de bâtiment scolaire

Le territoire genevois est parsemé de 150 écoles primaires, 20 cycles d’orientation, 26 centres de formation professionnelle, 4 écoles de culture générale, 11 collèges, 2 établissements d’accueil et insertion et 6 universités pour un total d’environ 220 bâtiments. Les établissements scolaires ont de manière générale besoin de s’agrandir. Les classes dans presque tous les degrés d’enseignement deviennent insuffisantes comparé au nombre d’élève qui augmente chaque année. Cette croissance est due à l’évolution démographique de la population et à l’allongement du temps d’études. Densifier les parcelles d’équipements scolaires pourrait permettre par la même occasion de créer les extensions nécessaires aux bâtiments afin de répondre au manque de place dans les écoles.

74

Le domaine de l’enseignement est divisé en différents degrés d’apprentissage, obligatoire ou post-obligatoires, correspondant à des types de bâtiments différents.


Enseignement primaire

L’enseignement primaire est celui qui compte le plus grand nombre de bâtiments, mais aussi beaucoup des plus anciens. On peut lier les vagues de construction d’écoles primaires et enfantines, souvent contenues dans le même bâtiment, aux mouvements démographiques de la ville. Pendant l’entre-deux-guerres, de nombreuses transformations et adaptations ont été réalisées sur les constructions existantes mais presque aucun nouveau bâtiment n’a été édifié. Après la Deuxième Guerre mondiale, on recommence à construire des équipements scolaires qui sont modernisés pour répondre aux nouveaux objectifs pédagogiques mais aussi urbanistiques. Entre 1945 et le milieu des années 1950, la croissance de la population donne lieu à de nombreuses constructions scolaires importantes réparties en fonction des besoins. À partir de la fin des années 1950, on note une accélération de la construction d’équipement d’enseignement pour répondre au boom démographique des années 1960. Elles quittent alors le centre-ville pour suivre les grandes opérations de logement qui s’établissent à la périphérie. Nombre de ces ensembles intègrent déjà dans leur projet, une école (école du Lignon, écoles des Boudines à Meyrin) Il y a actuellement une augmentation des effectifs dans les écoles primaires qui est d’après ce qu’énonce le plan directeur cantonal de Genève44, due au développement des grands projets et à la densification des quartiers existants. La stratégie actuelle consiste à localiser les nouvelles constructions de manière centrale par rapport aux logements et à compléter les demi-groupes ou les quarts de groupes isolés existants.

44. ibid., p.4

Les écoles primaires sont présentes sur le canton depuis très longtemps. Les types de bâtiment varient selon l’époque de leur construction. Les plus vieux, les écoles campagnardes et les écoles urbaines du début du siècle, sont souvent des édifices monumentaux, des bâtiments anciens qui contenaient des salles de classes mais aussi l’appartement du concierge et des locaux d’administration communale. Il semble difficile de densifier ces types de bâtiments généralement classés, et ayant une image forte, à moins de trouver une stratégie compatible comme pour le cas étudié plus tôt de l’école de Dreirosen. Les écoles pavillonnaires qui apparaissent après perdent cette image unitaire et il peut être plus envisageable d’agir sur le bâtiment, si celui-ci n’est pas classé et qu’il nécessite une rénovation par exemple.

75


Enseignement secondaire obligatoire L’enseignement secondaire est composé de bâtiments qui ont été construits dans l’urgence un peu partout dans la ville, pour pouvoir accueillir le nouveau programme d’orientation pédagogique qu’est le cycle d’orientation, instauré en 1962. Ils furent d’abord construits sous forme de pavillons en bois temporaires (la Gradelle, Rigot, Cayla et l’Aubépine), puis avec des éléments préfabriqués en béton.

45. Département de l’instruction publique, «Les chantiers de l’école genevoise», Etat de Genève, 2006

46. ibid.

Ces pavillons vont finalement rester beaucoup plus longtemps que prévu : le remplacement de ces bâtiments provisoires s’effectue progressivement depuis 20 ans.45 Le CO de la Gradelle est reconstruit en dur entre 1987 et 1995. L’Aubépine est démolie puis reconstruite entre 1995 et 1999. Et enfin le CO de Cayla, après 45ans est lui aussi reconstruit entre 2006 et 2008. Un programme de rénovation et de mise aux normes des CO construits dans les années 1960-1970 est aussi en cours. Dans les années 1990, l’augmentation soudaine de la population entraine une hausse de l’effectif d’étudiants,46 et entre 2000 et 2003, on installera de nouveau des pavillons aux cycles du Foron, des Grandes-Communes, de Pinchat, de Budé, de BoisCaran, des Voirets et de la Golette. Les effectifs grandissants, la création de nouveaux CO est devenue indispensable. En 2003 est construit le CO de Montbrillant, premier établissement neuf depuis la construction du dernier bâtiment à Vuillonnex en 1977. Sa construction sera suivie de celles du cycle de la Seymaz en 2007 à Chêne-Bougeries et du CO de la Drize en 2010 à Carouge. Les bâtiments de l’enseignement secondaire semblent intéressants à prendre en compte dans l’intention de densifier des bâtiments scolaires. Plusieurs ne sont pas aux normes et pourraient donc être adaptés par la même occasion. Conçu eux-mêmes comme une stratégie pour répondre rapidement et de manière répartie sur le territoire au besoin de locaux pour ce nouveau type d’enseignement, ils se répètent en comportant des typologies similaires et pourraient donc être une bonne base pour illustrer la stratégie complémentaire de densification de la ville par les équipements publics.

76


Enseignement secondaire post-obligatoire

Le domaine est aussi confronté à la hausse de ses effectifs. Les besoins en locaux scolaires pour l’enseignement secondaire post obligatoire ne sont pas en lien uniquement avec la croissance démographique, mais également avec l’évolution des formations et la situation économique cantonale.47 Le collège et école de commerce André-Chavanne, l’établissement Aimée-Stitelmann, le collège Rousseau, le collège et école de commerce Emilie-Gourd et l’école de culture générale de Jean-Piaget se sont vu dotés de pavillons afin de fournir les locaux manquant qui doivent maintenant être remplacés par la réunion des bâtiments de l’établissement Aimée Stitlemann finie en 2009 et la reconstruction du collège Sismondi en 2012. L’école de culture générale Henry-Dunant a été surélevée afin de gagner une dizaine de classes en 2006.48

47. ibid.

48. ibid.

On retrouve des types de constructions très différents dans l’enseignement post-obligatoire. Des bâtiments situés en ville comme le collège Calvin ou le collège Voltaire sont très anciens et ramènent aux mêmes problèmes que dans le cas des écoles du début du siècle de l’enseignement primaire. D’autres, par contre, subissent déjà des opérations de densification mono-programmatiques.

Universités et hautes écoles

Les universités au nombre de six sont des bâtiments de grande taille et généralement de haute densité. La densité des hautes écoles, quant à elle varie beaucoup de l’une à l’autre. Le plan directeur oriente l’évolution de ce domaine vers la réunion des établissements en pôles de compétences afin de créer des «campus urbains intégrés»49 Le développement de l’enseignement supérieur induit de nouveaux besoins en logements universitaires, à localiser dans des sites bien reliés par les transports collectifs aux pôles universitaires. Ce pourrait être l’occasion de densifier ces établissements en y apportant des logements étudiants.

49. Plan directeur cantonal de Genève, «Planifier les équipements publics d’importance cantonale et régionale» op. cit., p.119

Les universités sont généralement des bâtiments denses et dans le cas de Genève, des constructions remarquables qu’il parait difficile de toucher. Les hautes écoles par contre, très diverses dans leur forme et leur densité, peuvent être soit des bâtiments ayants une identité propre, soit dispersées dans les bâtiments de la ville. La aussi il faudra traiter au cas par cas. 77


La répétition des équipements scolaires sur tout le territoire devrait permettre d’établir une stratégie de densification générale non ponctuelle et non exceptionnelle. Cependant ici aussi on ne peut pas prendre en compte tous les bâtiments et les densifications doivent être traitées au cas par cas. Il s’agit maintenant de faire un choix parmi les bâtiments relevés afin de démontrer comment il est possible de densifier un équipement scolaire. On peut déjà écarter tous les équipements qui se trouvent dans des zones protégées par le patrimoine ou dans des bâtiments anciens comme le sont certaines écoles primaires, collèges et universités. Ceux qui sont déjà hauts et denses comme certains bâtiments du post-obligatoire et universités sont aussi moins concernés. Les cycles d’orientation par contre sont en général des bâtiments de 3 niveaux construits dans les années 1960-1970 et souvent pavillonnaires. Ils ne sont généralement pas très denses sur leur parcelle et sont situés dans des lieux qui se prêtent aussi à un programme de logement.

78


3.3

Les cycles d’orientation, une spécificité genevoise

Les cycles d’orientation sont des équipements scolaires qui ont une histoire particulière au canton de Genève. Leur introduction par la ville a participé à la mise en place d’une stratégie de construction qui a permis de tester une méthode de planification ainsi que des procédés constructifs industriels.50 Les bâtiments datent principalement des années 1960-1970. Le système mis en place au début des années 1960, est destiné à offrir une structure supplémentaire entre l’école primaire et l’enseignement post-obligatoire, offrant un encadrement spécifique aux écoliers de 12 à 15 ans afin de les orienter vers une formation universitaire ou pratique. Il faut dès lors impérativement fournir des locaux à cette nouvelle orientation.

Fig 61 : carte des cycles d’orientation genevois

50. Isabelle CHAROLLAIS, Jean-Marc LAMUNIERE, Michel NEMEC, L’architecture à Genève 1919-1975, tome 2, Lausanne, Payot, 1999, pp.618621

79


51. Isabelle CHAROLLAIS, Jean-Marc LAMUNIERE, Michel NEMEC, op. cit., p.619

La nécessité de loger d’urgence les programmes de l’enseignement secondaire va alors influencer la construction et la planification de ces bâtiments. « Il s’agit en effet de pourvoir l’ensemble du canton en équipements destinés à recevoir ces écoliers. »51 La ville y répondra dans un premier temps par l’installation de pavillons temporaires en bois préfabriqués. Les CO de Cayla, la Gradelle, l’Aubépine ont été bâtis sur ce principe. En même temps une planification des constructions sur tout le canton est mise en place. En l’espace de dix ans, une dizaine de CO voient le jour, répartis dans les différentes communes. Il faut alors prévoir un système d’exécution rapide permettant de rationaliser la construction. C’est l’architecte Claude Grosgurin, membre de l’association genevoise d’architectes (AGA) qui va, avec les ingénieurs civils Bourquin et Stencek, et l’entreprise Induni, mettre au point un procédé de construction standardisé en béton préfabriqué, basé sur les systèmes utilisés pour les opérations de logement, qui sera appelé système Barets. Ce système de construction va conditionner la forme des bâtiments, ce qui explique pourquoi les CO de Claude Grosgurin se ressemblent beaucoup, voir ont pratiquement le même plan comme par exemple le CO de Budé et celui de la Golette.

52. Isabelle CHAROLLAIS, Jean-Marc LAMUNIERE, Michel NEMEC, op. cit., p.620

53. En général ces écoles comptent entre quarante et soixante classes.

80

Les éléments du gros œuvre des bâtiments sont entièrement préfabriqués, ce qui oblige à concevoir le bâtiment avec le moins de pièces différentes possible et de relativement grandes dimensions afin de faciliter la mise en œuvre. « (...)les panneaux de façades sont donc assemblés aux dalles nervurées et aux murs porteurs séparant les classes, selon une progression linéaire liée au cheminement de la grue le long du bâtiment. Ce système constructif permet une réalisation rapide et économique, mais impose des contraintes importantes à la disposition du plan. »52 Il faut donc définir un plan type standard comportant des éléments linéaires. Les premiers CO seront tous composés de deux bâtiments abritant les salles de classes, réparties de part et d’autre d’un couloir central.53 Leur toiture à pans forment des décrochés au dessus du couloir afin d’amener la lumière dans les classes. Ils sont reliés par un bâtiment de liaison de volume plus bas, aux salles de gymnastiques, en général au nombre de trois. Ces éléments regroupent chaque partie du programme et peuvent être combinés de différentes manières selon l’orientation du bâtiment ou les disponibilités du site. On retrouve donc cette typologie déclinée sous forme de H, de T ou de peigne dans les CO de Claude Grosgurin.


CO Aubépines

CO Bois-Caran

CO Budé

CO Cayla

CO Colombières

CO Coudriers

CO Drize

CO Florence

CO Foron

CO Golette

CO Gradelle

CO GrandesCommunes

CO Marais

CO Montbrillant

CO Pinchat

CO Renard

CO Sécheron

CO Seymaz

CO Voirets

CO Vuillonnex

Fig 62 : plans des cycles d’orientation genevois

81


Il en réalisa cinq en l’espace de 7ans dont plusieurs chantiers simultanés : le CO de la Florence (1960-1963), le CO de Pinchat (1964-1966), le CO de Budé (1964-1966), le CO du Marais (1966-1967) et le CO de la Golette (1966-1967). On remarque la récurrence de ces éléments programmatiques dans chacun de ces bâtiments, le cycle de la Florence présentant un caractère légèrement différent car il en fut le prototype. Les constructions des CO qui suivirent ne furent plus réalisées par le même architecte. Les principes constructifs et typologiques établit par Claude Grosgurin furent conservés mais n’auront pas le même aspect, et seront généralement construit avec des panneaux de façade préfabriqués en béton lavé. Parmi les bâtiments relevés, le cycle d’orientation de Budé paraît particulièrement intéressant de par sa situation proche du centre-ville, dans un secteur promis au développement urbain situé entre la gare et l’aéroport. Sa proximité avec le quartier des organisations internationales et sa situation proche du village historique de Budé en font un cas particulier. Le bâtiment n’est pas aux normes actuelles et pourrait par la même occasion être rénové. Une opération de rénovation menée par le bureau d’architecte Guenin-Hüni est actuellement en cours. Dans le but de démontrer la stratégie de densification sur un équipement public par l’exemple du CO de Budé, il ne sera pas tenu compte dans le projet des modifications en cours pour des raisons de clarté de la proposition.

82


Fig 63 :CO de la Florence

Fig 64 : CO de Pinchat

Fig 65 : CO de BudĂŠ

Fig 66 : CO du Marais

Fig 67 : CO de la Golette

83


84


Fig 67 : Porche d’entrée aile ouest

3.4

Cycle d’orientation de Budé

Chemin Briquet 4 Genève, Petit-Saconnex, parcelles 3853, 3871 Architecte Claude Grosgurin Maître de l’ouvrage : Etat de Genève, Département des travaux publics Date de construction : 1964-1966

Situation

Construit entre 1964 et 1966 dans la série des cycles d’orientation genevois par Claude Grosgurin, le bâtiment est implanté en bordure du parc de Budé. Il est bordé à l’ouest par le chemin Briquet et au sud par le chemin Moïse Duboule. A l’est du bâtiment se trouve l’école primaire de Budé, construite quelques années plus tôt par les architectes Georges Addor et Jacques Bolliger (cité-satellite de Meyrin et du Ligon) à côté de la vieille ferme de Budé, et au nord une grande barre de logement faisant partie de l’ensemble de Budé, construit notamment par les Frères Honegger vient s’inscrire à l’extrémité de la parcelle, sur le haut du terrain surplombant le CO.

Volumétrie et aménagements extérieurs

Le bâtiment scolaire présente un plan masse très clair et représentatif de la méthode de plan standardisé utilisé par l’architecte. Trois types de volumes combinés permettent d’articuler les espaces du cycle d’orientation. Les deux ailes principales contiennent les salles de classes et les services généraux. Situées au sud-ouest de l’élément de liaison, elles sont orientées sud-est nord-ouest autour d’une cour formée par la morphologie en U du bâtiment. Les salles de classes sont disposées de part et d’autre d’un couloir central. Un retrait en plan au rez-de-chaussée permet de dégager des porches d’entrées. Cet élément volumétrique est certainement celui qui a le caractère le plus fort et qui permet d’identifier le bâtiment comme étant l’un des CO de l’architecte. Il se distingue par ses toitures à pans qui se soulèvent au dessus du couloir, formant un décrochement pour permettre d’amener la lumière naturelle par le haut dans les classes. Le couloir de liaison est un volume plus long et bas qui relie les différents corps de bâtiment. Au nord-est, trois volumes contiennent les salles de gymnastique et l’aula. 85


Fig 68 : aile ouest

Fig 69 : liaison

Fig 70 : entrée du couloir de liaison

Fig 71 : salle de gymnastique

On remarque dans la cour la présence d’un pavillon qui ne figure pas sur les plans d’origine. Ce qui est étonnant c’est que celui-ci apparaisse aussi dans la cour du CO de la Golette comportant un plan similaire à celui de Budé. Ces bâtiments normalisés selon un type de plan permettent de reporter une modification sur les autres plans similaires comme ici dans le cas d’un ajout. Programme Le bâtiment comporte plusieurs entrées au rez-de-chaussée pour pouvoir y accéder depuis chaque côté. On trouve dans l’une des ailes principales, une cafétéria ainsi que les bureaux, des salles de réunion, le secrétariat et d’autres locaux de services. Dans l’autre aile prend place un grand préau couvert ainsi que la bibliothèque, des salles de musique et de laboratoires de langues. Le bâtiment de liaison contient les couloirs principaux et des ateliers ainsi que les locaux de travaux manuels et d’activités créatrices. Les trois volumes au nord possèdent des rez-de-chaussée semi-enterrés contenant pour deux d’entre eux des abris et une aula dans le bâtiment central. Dans les étages, on trouve les salles de classes, dont quelques salles d’enseignement spécialisé. Les salles de gymnastique sont accessibles depuis l’étage du bâtiment de liaison, contenant les vestiaires. 86


N

Fig 72 : plan 1:1000 rez-de-chaussĂŠe N

N

Fig 73 : plan 1:1000 1er ĂŠtage

87

PL


Fig 74 : photo aile sud-ouest, côté cour, 2013

54. Isabelle CHAROLLAIS, Jean-Marc LAMUNIERE, Michel NEMEC, op. cit., p.663

Structure

La structure ponctuelle en béton armé suit les principes déterminés de construction normalisée. Les éléments de façade en béton préfabriqués divisent la largeur des classes en trois modules. « S’agissant encore ici de préfabrication légère, contrairement aux établissements de la seconde génération qui auront recours à la préfabrication lourde, l’image architecturale des bâtiments reste sobre et aérée. »54

Matérialité

Les façades du bâtiment sont composées d’éléments en béton, aéré par de grands vitrages aux cadres métalliques qui témoignent de la production industrielle des éléments de constructions. Le métal est aussi utilisé dans toutes les menuiseries intérieures. Les sols sont recouverts de carrelage reproduisant un damier qui accentue la perspective des volumes oblongs. Lorsque cela est possible, les éléments de séparation internes sont transparents ou translucides comme en témoignent les cages d’escaliers vitrées et les murs composés de carreaux de verre opaque.

88


A

Fig 75 : coupe transversale 1:1000, b창timent de liaison

A 15'000 Fig 76 : coupe transversale 1:1000, salles de classes

A 15'000

A1 450.73 m

COUPE CC 450.73 m

COUPE CC'

450.73 m

Fig 77 : coupe longitudinale 1:1000, salle de gymnastique et aula

COUP

COUPE AA

Fig 78 : coupe longitudinale 1:1000 salles de classes

89 COUPE AA'


A F'

E'

D'

G

A'

B'

A

A'

F'

E'

D'

G

F'

E'

D'

Fig 79 : faรงade sud-est 1:1000

G

B

FACADE SUD-EST

FACADE SUD-ES

FACADE SUD-EST

453.37 m

Fig 80 : faรงade nord-ouest 1:1000 453.37 m

453.37 m

453.37 m

Fig 81 : faรงade nord-est 1:1000

Fig 82 : faรงade sud-ouest 1:1000

90

FACADE SUD-EST


Fig 83 : rénovation en cour, couloir de liaison, 2013

Fig 85 : porche d’entrée, 2013

Fig 87 et 88 : photos intérieures, couloir entre les classes et bâtiment de liaison, avant rénovation (source : site Internet du CO Budé)

Fig 84 : ensemble de la Tourelle, 2013

Fig 86 : ensemble de Budé, 2013

Fig 89 : photo intérieure, escaliers vitrés, avant rénovation (source : site Internet du CO Budé)

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Fig 90 : photo historique, ferme de Budé, 1931

55. Catherine COURTIAU, dictionnaire historique de la Suisse, «Le Petit-Saconnex», URL: http:// www.hls-dhs-dss. ch/textes/f/F3311. php (consulté le 20 décembre 2013)

56. Ville de Genève, «Histoire et développement du quartier Servette Petit-Saconnex», URL : http:// www.ville-geneve. ch/vie-quartier/servette-petit-saconnex/ decouvrir-quartier/ histoire-developpement/ (consulté le 20 décembre 2013)

92

3.5

Le quartier de Servette-Petit-Saconnex

Historique Dans son passé historique, la rive droite était partagée entre la ville de Genève - réduite au centre-ville et au faubourg de Saint-Gervais - et la commune du Petit-Saconnex alors sous domination française. Celle-ci couvrait un territoire campagnard allant de Saint-Jean à Sécheron, où se sont constitués de grands domaines bourgeois qui sont aujourd’hui les quartiers de Vieusseux, Villars, Budé, Beaulieu et Vermont. Elle comprenait autrefois l’ancien hameau du Petit-Saconnex, les Pâquis, le Prieuré, Sécheron, les Grottes, Grand-Pré, Varembé, Morillo, Beaulieu, Moillebeau, la Servette, les Charmilles et Saint-Jean.55 Le quartier de Servette-Petit-Saconnex a vu son paysage fortement transformé en l’espace d’un siècle. Forestier et campagnard au 19e siècle, il est devenu un quartier dense qui abrite aujourd’hui plus de 15% de la population de la Ville.56 Ce sont à l’époque, des chemins forestiers qui permettent de rejoindre la ville depuis le hameau en longeant un petit ruisseau, la forêt et les prés. La Servette était alors une propriété privée dont l’allée principale menant à la maison de maître (maison du Liotard) est devenue l’actuelle rue de la Servette. Historiquement, l’urbanisation du quartier est récente. L’étymologie même du nom du quartier fait référence à son passé sylvestre. En effet, «Servette» viendrait de «silva», qui signifie «forêt» en latin. Quant au Petit-Saconnex, il tire son nom de la famille des Saconay qui y avait une maison forte avant 1728 et qui, depuis le 12e siècle, avait été seigneur sur les terres du Petit et du Grand-Saconnex.


Au 19e siècle, après la démolition des fortifications, le quartier se développe ainsi que son réseau routier qui va le lier à la ville. Un faubourg industriel naît à Montbrillant, à Fort-Barreau et aux Grottes. La première gare de la ville datant de 1858 est reconstruite à Cornavin en 1927-1932. Le réseau de circulation se développe à la fin du 19e siècle avec la création de deux nouveaux axes : la route Grand-Pré-Grand-Saconnex (1878) et la route de Pregny. En 1894, le tramway relie le Petit-Saconnex à la ville. La commune se développe et s’urbanise durant le 20e siècle en commençant par le quartier actuel de la Servette, puis petit à petit toute la commune. On construit d’abord des villas, puis des immeubles locatifs en hauteur. L’installation de l’ONU à Genève et la construction du Palais des Nations va amener le développement de la zone internationale après la fusion de la commune avec la ville de Genève en 1931. L’ouverture de l’aéroport de Cointrin entraine la construction de nouveaux axes de circulation (Servette 1924-25). La population passe de 2’600 habitants en 1843 à 18’800 dans les années 1930.

Fig 91 : photo aérienne historique, Petit-Saconnex, 1932 Fig 92 : photo aérienne Petit-Saconnex, 2011

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Fig 93 : le Secteur Servette-Petit-Saconnex et ses quartiers

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Secteurs

Le Canton est découpé en différents secteurs dits sociauxsanitaires organisés autour d’un « centre d’action sociale et de santé » (CASS). La ville de Genève en compte huit, dont celui de la Servette-Petit-Saconnex, où se trouve le quartier de Budé. Ce secteur est assez hétérogène, tant dans les formes urbaines et architecturales qui le composent que dans leur composition sociale. La délimitation ou la définition d’un secteur et de ses sous-secteurs que nous appelons aussi quartiers, n’est pas précise, ce sont des limites « vécues » qui désignent des quartiers correspondant à une image ou à une culture sociale qui n’est pas définissable par des limites physique. C’est un espace auquel ses habitants s’identifient. Certains quartiers du secteur de la Servette-Petit-Saconnex comportent des bâtiments qui ont été importants dans l’histoire de la construction genevoise. Il est intéressant de les relever pour mieux connaître le site concerné.


• De Budé Le quartier tire son nom de la famille De Budé, noble famille française qui a vécu sur l’ancienne commune du Petit-Saconnex et possédait un grand domaine agricole, dont la ferme de Budé existe toujours. La famille remet son domaine à la ville de Genève dans les années 1950. Le quartier va rapidement s’urbaniser sur des terres jusqu’alors agricoles. L’ensemble de Budé est construit entre 1958 et 1962 et est contemporain de ceux de Meyrin et d’Onex. Sous forme de barres posées dans un grand espace vert, il ne présente cependant pas le même caractère que ceux-ci, car ses appartements sont d’un standing plus élevé et ses toitures terrasses sont aménagées en jardins et piscines, du a sa proximité avec le secteur international. La densification du quartier se poursuit avec la construction de la Tourelle, entre 1965 et 1970. Cet ensemble reconstitue un très grand un îlot autour d’un espace vert privés pour les habitants.

Fig 94 : quartier du Petit-Saconnex et de la Tourelle

• Le Petit-Saconnex Le quartier est situé en bordure de la ville dense. Au centre, se trouve l’ancien village du Petit-Saconnex, constitué de bâtiments bas dont certains datent du 19e siècle comme la mairie, la ferme de Budé et l’école enfantine et primaire de Budé. Autour du village, les ensembles résidentiels contrastent fortement par leur taille. De plus faible emprise au sol, ceux-ci sont par contre beaucoup plus haut (R+9 à R+11 contre R+1 à R+3 pour les bâtiments du village). Les zones de villas venant ensuite, composent un tissu urbain à nouveau plus bas et très aéré, laissant elles aussi une large place aux espaces verts. De manière globale, la population du quartier présente une mixité moins importante que celle des quartiers proches du centre. 95


Fig 95 : les cité de Vieusseux, Villars et des Franchises

L’influence du secteur des organisations internationales se ressent. Certains immeubles étaient à la base destinés à une classe sociale travaillant dans les organisations internationales et font preuve d’un standing plus élevé. On remarque par exemple la présence de grandes piscines accompagnées de terrasses sur les toits des grands ensembles. La densité verticale par rapport au terrain permet ici de garder de larges espaces verts. Or étant situé entre l’aéroport et la gare, proche de la ville et des Organisations Internationales, ce quartier risque d’être amené à se densifier. Afin de préserver ces espaces verts et cette diversité du paysage, il est intéressant de densifier une construction existante pour rester dans le principe du quartier, d’opposer des terrains construits denses à des espaces verts de qualité.

• Les cités de Vieusseux, Villars et des Franchises

96

La Cité-Vieusseux est composée par des grands ensembles de logements économiques aux préoccupations hygiénistes, construits au 19e siècle. La création de la Société Coopérative d’Habitation en 1919 va marquer le début des opérations à grande échelle de logement ouvrier sur la rive droite de Genève. La construction de la première Cité-Vieusseux en 1929 dont le plan d’ensemble à été confié à Maurice Braillard répond à tous les critères des grands ensembles modernistes : appartements économiques et minimums, cuisines laboratoires, disposés de façon à favoriser l’ensoleillement et la ventilation, et à proximité de voies de transports publics et d’équipements collectifs. Ce sont à l’époque, les anciens habitants du quartier du Seujet, rasé à la fin des années 20 qui viennent s’installer dans les appartement de la cité. La première phase de construction est vite suivie par la construction de quatre groupes de logements pour personnes âgées et isolées,


et sera complété après la guerre par la Cité-Villars située le long de la route de Meyrin, et de la Cité-Franchises au nord. Ces deux dernières respectent moins strictement ces principes modernistes: elles ont des toitures à pans et des espaces intérieurs plus généreux - et ont été conservées. La première cité-Vieusseux et les immeubles pour personnes âgées par contre, ont été détruits durant la deuxième moitié du 20e siècle, car trop endommagés pendant la guerre et ne répondant plus aux normes de confort. Elle est reconstruite entre les années 1960 et 1980 sous forme de tours cette fois, par les Frères Honegger. Elles offrent de meilleures conditions de logement et dégagent une importante surface au sol. L’ensemble n’est plus aussi particulier que son prédécesseur. Aujourd’hui les cités de Vieusseux, Villars et Franchises sont gérées par la Société Coopérative d’Habitation et leurs habitants sont en grande partie sociétaires. Les logements pour personnes âgées et isolées ont été transformés en EMS.

Fig 96 : quartier des organisations internationales et de Varambé

• Les organisations internationales Le secteur a une influence particulière sur la rive droite de la ville depuis l’installation des premières organisations dans les années 1920-1930, qui va entrainer une forte demande dans le secteur hôtelier et immobilier. La perspective d’acquérir un statut international encourage la création d’infrastructures et d’équipements publics, et l’embellissement du cadre urbain.

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Fig 97 : quartier de Beaulieu, Vermont et Chandieu

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• Beaulieu, Vermont et Chandieu Entre la Servette et la place des Nations, on trouve le secteur de Chandieu, compris entre la rue du Grand-Pré, la rue de Vermont et l’avenue Giuseppe-Motta. Puis, celui de Vermont qui forme un triangle entre les rues de Vermont, de Montbrillant et du Vidollet. Les ensembles d’habitation de Beaulieu et Vermont présentent une typologie particulière qui n’a pas connu de transformations majeures depuis leur construction dans les années 1950-1960. Elles ont été le modèle des premières cité-satellites construites par la suite. On observe actuellement une forte proportion de personnes âgées. Les appartements familiaux ayant été quittés par la génération plus jeune sont occupés par les retraités qui apprécient le calme du quartier. Le plan d’aménagement de Beaulieu situé de l’autre côté de la rue du Vermont, entre la rue du Vidollet et la rue du Grand-Pré, a été conçu par Jean-Jacques Honegger en 1939 et planifie les principes d’urbanisation du secteur homogène de barres et de grands espaces de squares. On a recours à la répétition dans le plan afin de rationnaliser les techniques de production et baisser le coût de construction. Cependant la typologie des immeubles conçu par les Frères Honegger comporte des espaces plus spacieux que les constructions des années 1930, dont notamment l’ajout d’une salle à manger à la cuisine laboratoire. L’ensemble de Beaulieu présente une grande homogénéité bien qu’érigé en deux phases dont l’une en 1949 pour les familles modestes et l’autre destinée à la base aux fonctionnaires des organisations internationales. L’ensemble de Vermont présente une structure un peu différente dans l’implantation des immeubles et de leur gabarit. Les barres sont articulées autour d’un parc qui acquière un caractère plus privatif.


• La Servette

Fig 98 : quartier de la Servette

Le quartier de la Servette présente une forme d’urbanisation ancienne, composée d’îlots alignés sur rue, entre les rues de la Servette, du Grand-Pré, la rue Chouet et la rue Hoffman. Ces bâtiments forment un centre urbain périphérique à la population mixte. Le quartier est très lié au centre ville dans son fonctionnement.

Evolution actuelle

Le secteur Servette-Petit-Saconnex est composé de nombreuses zones villas parfois anciennes. La ville devant s’agrandir, certains projets ont été réalisés sur ces zones depuis les années 1970. Le développement du quartier se heurte à l’exigüité du territoire et la pression exercée sur les zones villas est forte. Les projets actuels prévoient une certaine mixité de logements dont une part de logements social est imposée, ainsi que le développement d’équipements publics, la création d’espaces verts et l’amélioration des cheminements. L’attention doit être portée au respect de l’échelle du quartier et à la création de nouvelles centralités. Les associations d’habitants de ces quartiers ont tendance à se mobiliser rapidement face aux projets les modifiant et revendiquent la préservation des espaces verts et du patrimoine. La cohabitation du secteur international et des quartiers d’habitations est particulière et pas toujours facile. Ceux-ci prennent beaucoup de place sur la rive droite et on les imagine difficilement densifiés. On peut noter que le secteur Servette-Petit-Saconnex est relativement sous-équipé en maison de quartier et en centres de loisirs, ce qui en fait une préoccupation actuelle pour les habitants.

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3.6

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Scénarios programmatiques

La recherche d’une stratégie de densification doit en premier lieu servir à répondre au premier manque de la ville, à savoir le logement. De plus bâtiment étant occupé durant les heures de travail, il est intéressant d’y intégrer une fonction qui l’utiliserait pendant ses heures creuses. On se concentrera donc principalement sur le logement avec des possibilités d’intégrer d’autres programmes secondaires. Les gens partant en général travailler durant la journée ne seraient pas dérangés par la présence des élèves de l’école, qu’ils relaieraient sur le site le soir venu, lorsque ceux-ci rentrent chez eux. Etant situé sur une parcelle de la ville, le type de logement développé pourra être géré par cette dernière. On peut donc imaginer plusieurs scénarios mettant en scène les types de logement suivant : logement social, logement protégé, logement étudiant, logement hôtelier. Ces différents types d’habitations demandent souvent d’autres éléments programmatiques qu’il pourrait être possible de partager avec l’école. Le bâtiment devra former une unité entre fonction existante et ajout, pensés pour fonctionner ensemble. Logements sociaux Face au manque de logements à Genève et à l’augmentation des loyers, de nombreux ménages ont des difficultés à trouver un appartement. La mise à disposition de logements sociaux par la ville permet d’offrir une habitation aux personnes en situation économique ou familiale difficile et de lutter contre la sous-occupation en encourageant les échanges d’appartement entre les locataires afin qu’ils soient adaptés au nombre de personnes y vivant (le loyer est calculé en fonction du revenu et du nombre d’occupants). La ville de Genève possède plus de 5’400 appartements donc les 95% sont destinés au logement social. Ceux-ci sont le plus souvent situés dans des zones denses de la ville. Selon la liste de logements à caractère social établie par la ville de Genève (mise à jour en 2009), les quartiers les mieux équipés sont les Grottes (820 app.), Plainpalais (819 app.), la Jonction (723 app.) et les Pâquis (620 app.). Le Petit-Saconnex est un quartier proche de la ville qui n’en possède que 4. Il peut donc être intéressant d’en introduire sur la parcelle. Les besoins programmatiques du logement social sont similaires à ceux du logement ordinaire. On peut imaginer que des salles de classes ou l’aula puissent servir de salles polyvalentes pour les locataires, que les salles de gymnastiques, d’informatiques ou bibliothèques puissent leur être ouvertes le weekend,


ou que des activité comme des séances de projection de film ou des spectacles puissent prendre place le soir dans l’école et soient ouvertes au public et aux locataire.

Logements protégés

Le vieillissement de la population que l’on ressent fortement à Genève fait penser que les logements adaptés aux différents types d’autonomie des personnes âgées soient entrain de devenir un enjeu central pour la société. Non seulement les places en institutions sont limitées, mais souvent, les personnes âgées préfèrent rester chez elles le plus longtemps possible et sont soucieuses de garder leur indépendance. Seulement il arrive qu’elles souffrent d’isolement social. Le logement protégé ou adapté, permet à des personnes âgées ou à mobilité réduite de bénéficier d’un intermédiaire entre leur maison et un établissement médico-social (EMS) qui permette de leur offrir une sécurité tout en conservant un « chez-soi ». Leur but est de maintenir l’autonomie de ces personnes et de répondre à l’isolement social qu’elles peuvent vivre. Ce sont des appartements personnels dont les locataires ont la clé, qui sont fonctionnels et adaptés aux normes handicapés, bénéficiant d’un encadrement sécurisé (référant de maison, infirmières). L’intégration est la préoccupation centrale de ce programme. Des espaces communautaires permettant les échanges, des animations et diverses manifestations doivent être pensés dans l’architecture du bâtiment. Les buanderies, les espaces entre les logements ou des boites aux lettres par exemple, doivent favoriser les relations sociales. Les escaliers n’étant pas beaucoup utilisés, ce sont les paliers de portes qui peuvent devenir des espaces de rencontres, ou encore des terrasses ou une cour commune. Il est bénéfique que les logements protégés soient situés en zone urbaine ou villageoise, possédant des infrastructures qui s’y rattachent (magasins, transport en commun etc.) à proximité. Ils peuvent même faire partie d’une structure mixte de logement afin de favoriser l’intégration sociale. L’existence d’une unité d’accueil temporaire ainsi que la proximité avec un EMS est encouragée en raison des synergies possibles. La proximité du site avec divers établissements médico-sociaux peut donc être favorable à ce type de programme. Le quartier héberge l’EMS du Petit-Saconnex, l’EMS des franchises à Vieusseux, la résidence des Tilleuls à Moillebeau (pour personnes âgées présentant des troubles psychiques) et est aussi proche de l’EMS des Pins du Grand-Saconnex. 101


La cohabitation entre une école et un établissement pour personnes âgées favoriserait la mixité intergénérationnelle. Et bien que le bruit et l’agitation émanant d’un établissement scolaire puissent irriter certains habitants, ceux-ci recherchent peut être plus que d’autres l’ambiance joyeuse et vivante qu’elle peut amener. Les seniors rejoignant ces appartements le font certainement pour rester au centre de la vie citadine et pour éviter la solitude ou peut-être de n’avoir de contact qu’avec des personnes du même âge. Comme énoncé plus haut, les salles de l’école pourraient servir aux activités ouvertes aux locataires. Ceci permettrait ici non seulement de bénéficier d’espaces communautaires pour les activités des logements protégés, mais aussi d’intégrer ces personnes à la vie de quartier en proposant des évènements (spectacles etc.) publiques. Elles se trouveraient au cœur de l’activité du quartier. Certains programmes scolaires pourraient en plus créer des rencontre entre jeunes et personnes âgées (animation, aide, communication). Bien sûr ce genre de programme demande un respect des normes méticuleux. Les pentes, les ascenseurs, les accès doivent être réglementaires. Les écoles devant aussi répondre aux normes handicapés, il faudra vérifier si celle-ci les respecte. Les places de parking nécessaires ne sont pas nombreuses si ce n’est un dépôt taxi et quelques places visiteurs.

57. Fabrice BREITHAUPT, Tribune de Genève, «La Cité universitaire de Genève a lancé son agrandissement», 1 mai 2012

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Logement étudiant

Les étudiants subissent fortement la crise du logement car sans revenu, il est d’autant plus difficile de se voir octroyer un appartement. Les listes d’attente s’étalent sur plusieurs années. Selon un article paru dans la Tribune de Genève en mai 201257, la ville à plus de 500 dossiers en suspend. Les solutions actuelles sont la location d’une chambre chez l’habitant, la colocation ou la sous-location temporaire car à moins d’être pistonné, il est difficile pour un étudiant de se voir attribuer un appartement abordable dans la ville et les sites proposant du logement aux étudiants sont très peu nombreux à Genève. Ceux-ci ont besoin de petits appartements bon marché, favorisant le brassage social, permettant aux étudiants étrangers de rencontrer de nouvelles personnes dans cette ville et garantissant une ambiance agréable et rassurante pour ceux qui quittent l’univers familial, tout en offrant un environnement propice aux études.


Là aussi les espaces communs doivent être mis en avant. Les cuisines, les buanderies et les cages d’escaliers doivent être assez grandes pour favoriser les rencontres, tout comme l’accès aux logements (parcours ou atrium central) et aux espaces extérieurs pour attacher les vélos. Selon la taille des chambres il peut paraître nécessaire de donner accès aux locataires à des salles d’études et des espaces de lecture agréables, ainsi que des salles d’activités communes comme pour les autres propositions énoncées (vidéo, salle de fêtes, réunions, musique etc.). Ceux-ci pourraient donc bénéficier de ces locaux existants dans l’école ainsi que des terrains de sports. L’attention sera portée sur la possibilité d’évoluer des logements. Les pièces doivent pouvoir être redistribuées facilement ou individualisées selon le nombre de couple qu’accueille l’établissement par exemple, ou pour pouvoir créer diverses colocations ou chambres individuelles. Le sentiment que peuvent donner ces établissements aux chambres répétitives et petites, ne permet pas toujours de se sentir chez soi. Donner aux chambres un caractère propre (forme, orientation, vue), la possibilité de se l’approprier et l’intimité nécessaire semblent être des critères à prendre en compte dans la conception du bâtiment. La cohabitation avec l’école permet d’un côté d’associer deux programmes ayant de nombreux besoins en communs, mais aussi d’ouvrir les étudiants au contexte de la ville, ce qui existe moins dans les grands campus universitaires fonctionnant beaucoup plus en communautés fermées.

Logement hôtelier

La ville de Genève attire de nombreuses personne de l’étranger, autant pour le loisir que pour les affaires. Elle est une ville internationale pour son brassage ethnique mais aussi pour la présence sur son territoire de plusieurs organisations internationales, situées au nord du site de Budé. Celles-ci mettent déjà à dispositions de leurs membres certains appartements pour des missions temporaires ou permanentes. Situé proche du centreville, du quartier international et à mi-chemin entre l’aéroport et la gare, le site semble aussi bénéficier d’un potentiel intéressant pour la construction de logements hôteliers. Ceux-ci pourraient être des appartements meublés en location de quelques jours pour des voyages d’affaires ou même des durées plus longues en cas de mission. Cela signifierait que les appartements seraient plus luxueux que les autres types évoqués plus haut, meublés et disposant d’un service de nettoyage. La disponibilité de salles de réunions et de sport serait nécessaire et les

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Fig 99 : superposition du plan de Îlot 11 au plan du CO de Budé

appartements devront être équipés de services comme Internet, le téléphone et la télévision. Ce type de programme combiné à une école semble être plus compliqué à envisager. On peut cependant imaginer que quelques appartements parmi des les logements en location par exemple soient disponibles à la location temporaire mais n’aient pas forcément un caractère d’hôtel.

Autres programmes

On peut envisager l’ajout d’autres programmes secondaires pouvant bénéficier à l’ensemble, ainsi qu’une utilisation du toit afin de rendre les espaces occupés au sol en toiture. Différents programmes comme une bibliothèque, une crèche, un café ou une maison de quartier sont envisageables. Il s’agira de définir plus précisément les besoins du quartiers et le type de logement qui sera ajouté à l’école. A l’image des immeubles alentour possédant une piscine sur le toit, la toiture pourrait ici offrir un espace public comme un parc, ou encore des serres cultivables que ceux qui n’ont pas de jardin pourraient louer. La densité apportée à la parcelle ne peut pas être excessive. Le bâtiment, bas, est implanté au pied de plusieurs immeubles de logement de grande envergure. Il crée un vide, une respiration entre ces bâtiments de plus de 10 étages. La proximité de l’immeuble au nord du CO ne doit pas être négligée. Celui-ci étant cependant situé sur un terrain plus haut, une augmentation d’un ou deux étages paraît envisageable. A titre indicatif, la superposition du plan du CO de Budé et de celui de l’Îlot 11 de Nantes montre que la totalité du programme de l’îlot tient dans le plan du cycle d’orientation. Il semble tout à fait possible de densifier la parcelle sans l’étouffer.

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3.7

Intervention architecturale

La densification de la parcelle peut s’opérer de différentes manières. Elle pourrait consister en une destruction du bâtiment au profit d’une construction plus dense, en la destruction partielle du bâtiment, ne gardant que ce qui semble intéressant d’un point de vue architectural, ou encore en la conservation de l’existant qui sera surélevé, et dont l’organisation intérieure pourra être repensée. Démolition-reconstruction La première solution permettrait de mieux utiliser la surface au sol de la parcelle. De plus le bâtiment actuel est très découpé. Or actuellement la construction respectant les critères du développement durable est encouragée. On sait qu’un volume plein est moins énergivore qu’un volume découpé possédant plus de façades et donc plus de déperditions d’énergie. Refaire un bâtiment plus économe en énergie serait donc une option. De plus, il faudrait évaluer les coûts et le temps passé sur le chantier et sur le projet et voir si ceux-ci ne sont pas plus avantageux que dans le cas d’une conservation de l’existant. Cependant, cela revient à ne pas tenir compte du patrimoine construit. Le patrimoine des bâtiments genevois datant des années 1960-1970, typique d’une période de construction de masse, est actuellement reconnu car intéressant du point de vue de leur conception avec des éléments préfabriqués et répétés. Plusieurs cités satellites de la ville datant de la même époque ont déjà été reconnues et classées comme les cité-satellites du Lignon ou de Meyrin par exemple. Les bâtiments des CO de Genève, du moins ceux construit d’après les principes énoncés par Claude Grosgurin, méritent la même attention. En plus, dans la mesure où il s’agit d’une stratégie à répéter sur le territoire, l’exemple à donner n’est pas de remplacer le bâti mais de le repenser et de le densifier.

Démolition partielle et valorisation d’une partie existante

Le bâtiment existant est constitué de plusieurs volumes, une grande partie des constructions de l’enseignement secondaire étant pavillonnaire. Il pourrait être l’occasion de les compléter afin de former un volume moins découpé tout en les remettant aux normes. Les éléments du bâtiment les plus remarquables sont sans doutes les deux barres principales contenants les classes, qui comme il a été vu plus tôt, sont les éléments les plus représentatifs de l’appartenance du bâtiment à la série de CO de Claude

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Fig 100 : volume des classes, porche ouest

Grosgurin construits selon des critères de production rationnalisée d’éléments préfabriqués. On peut imaginer que si l’un des autres volumes était démoli, le bâtiment serait toujours reconnaissable alors qu’il ne le serait plus dans le cas de la disparition de ces éléments qui se distinguent par leurs particularités formelles. Ils mériteraient donc d’être conservés dans la nouvelle proposition. L’intervention consisterait en une sorte d’agrégation de nouveaux programmes autour de cette construction existante, fonctionnant comme un ensemble, à la manière du bâtiment « Îlot 11 » à Nantes. La nouvelle construction ayant certainement un plus grand impact au sol, les terrains occupés pourraient êtres rendus en toiture (terrain de sport, jardin cultivables, parc) Conservation et extension Enfin la dernière proposition consisterait à garder la totalité de l’existant en le remettant aux normes, en remaniant la disposition du programme à l’intérieur, et en y ajoutant une partie supérieure d’un ou deux étages, formant un volume final plus unitaire ou en le revalorisant comme l’exemple de la Fahle House à Tallinn peut l’illustrer. La question des accès différenciés serait un problème dans une surélévation de ce type, mais le bâtiment n’occupant pas toute la surface au sol de manière uniforme, il laisse la possibilité de venir s’implanter dans certaines zones afin de créer d’autres points d’ancrage. Ayant quand même une forme particulière il peut être difficile de surélever le volume par une couche supplémentaire. Celle-ci consistera certainement en un ou plusieurs volumes situés sur une ou certaines parties du bâtiment. La difficulté apparaîtra dans le cas ou il faut les lier entre elles. De plus, les bâtiments du CO se ressemblant beaucoup (le CO de Budé et le CO de la Golette ont le même plan masse orienté différemment), cela pourrait permettre de diversifier ces constructions en leur donnant une identité propre à chacune. 106


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Conclusion

La volonté de densifier les centres urbains s’inscrit dans une problématique actuelle. Les récentes réalisations mêlant mixité programmatique et sociale, témoignent de cette volonté de retrouver des espaces urbains plus vivants et de lutter contre la division des villes en zones. La présente étude a permis de définir une stratégie de densification s’inspirant de la loi L10088 sur les surélévations de bâtiments de logement à Genève, mais destinée aux équipements publics. La loi actuelle est en effet monofonctionnelle et ne va pas dans le sens d’introduire la mixité en ville. De plus, le logement n’est pas le seul domaine à connaître un manque. D’autres secteurs comme celui de l’enseignement qui est actuellement confronté à la hausse de ses effectifs, se voient sous-dimensionnés. Il s’agit donc d’apporter de la mixité en construisant du logement sur un autre programme, en lui offrant par la même occasion l’opportunité de s’agrandir ou d’être remis aux normes. Une stratégie basée sur la densification d’équipements publics pourrait permettre au canton d’agir plus vite et d’ouvrir la voie aux propriétaires encore trop intimidés pour surélever leur immeuble. L’analyse des équipements de Genève qui s’est progressivement resserrée sur les équipements scolaires pour finalement se concentrer sur les bâtiments de l’enseignement secondaire, à permis de découvrir des édifices particuliers ayant une valeur patrimoniale intéressante et une histoire liée à la construction genevoise : les cycles d’orientations. Afin de traiter un cas particulier pour la démonstration de cette stratégie par un projet d’architecture, le bâtiment du C.O. de Budé, situé dans un quartier promis à être densifié proche du centre-ville, a été retenu comme site d’intervention. L’analyse de bâtiments mixtes ainsi que celle des exigences nécessaires à la réalisation d’une construction scolaire ont permis de faire ressortir les points particuliers à traiter dans le projet. Parmis les plus importants, on trouve les contraintes de superposition de structures dans le cas d’une construction sur l’existant, de gestion de l’acoustique d’une cour d’école à proximité directe de logements et de partage de locaux commun aux deux programmes.

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Bibliographie

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Remerciements Mon groupe de suivi pour leur aide Ma famille pour son soutien Mario Iuliano

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Énoncé théorique Master 2013-2014

EPFL


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