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CGSP WALLONNE – Journée internationale des services publics 2014 Argumentaire : stop à la privatisation !

Service public vs. Service privé Dans le climat d’austérité actuel, les services publics sont attaqués de toutes parts et la spirale de démantèlement dans laquelle les néolibéraux les ont entrainés relève de la schizophrénie. D’une part, nous l’avons détaillé dans le texte sur la crise financière et ses conséquences, ils sont soumis à des coupes budgétaires sans limites, et d’autre part, une fois les moyens amoindris, ils sont accusés d’être inefficaces et mal gérés. Cette stratégie, qui demande au service public de faire toujours mieux avec toujours moins est un véritable piège dicté par ceux qui rêvent d’une privatisation généralisée où la « libre concurrence » serait le maitre mot, tel un gage de qualité. Il est aujourd’hui certain que la qualité des services publics a diminué, les agents de la fonction publique sont les premiers à dénoncer les impossibles conditions de travail auxquelles ils sont soumis. Mais cette baisse de qualité est-elle inhérente à la gestion publique ou est-elle le reflet des bouleversements internes imposés par les diktats de l’efficacité et de la rentabilité ?

Un service public libéralisé ? Les mots sont importants : qu’entendons-nous par services publics ? Pas ces organes qui ont muté suite à l’introduction des critères de gestion du privé (tableaux de bord, évaluation, gestion par le stress,… ) ; pas ces partenariats public –privé, qui aboutissent à la marchandisation des services ; pas les SIG chers à l’Union européenne et toutes ces formes de Canada dry (cela ressemble à un service public mais cela n’en est plus un) ; pas non plus ces «obligations de service public » ou « service universel » qui ne peuvent en fin de compte que répartir les miettes du festin après le passage du privé. Des services publics mus par les principes suivants : égalité (accès pour tous aux mêmes conditions), universalité et neutralité, continuité, mutabilité (adaptation), accessibilité, statutarisation des agents (ce qui les protège de l’arbitraire du pouvoir politique). Dans une stratégie de contournement et d’apaisement de la méfiance des partisans d’un service public accessible et de qualité, l’illusion a été donnée que celui-ci continue d’exister alors qu’il a été vidé de son contenu. « Loin d’être une désétatisation, la libéralisation du secteur public est au contraire une transformation de la gestion étatique qui se modèle sur celui d’une entreprise.»1 A côté de la libéralisation, de la privatisation et de la filialisation, d’autres outils ont servi à cette démolition, comme par exemple les notions de service universel et de managérialisation des services publics. Ces modes de fonctionnement ont réduit les services publics à une sorte de service minimum : les sousinvestissements ont provoqué la dégradation de ces services, parfois pour en préparer la privatisation. Les directives adoptées au niveau européen et les décisions de la Cour de justice ont également provoqué la libéralisation de plus d’un secteur. Or, «plus la logique de rentabilité devient 1

Denis Collin, La longueur de la chaîne, essai sur la liberté au XXIème siècle, Paris, Max Milo, 2011, p.69

1 23 juin 2014


CGSP WALLONNE – Journée internationale des services publics 2014 Argumentaire : stop à la privatisation ! prédominante, moins les services publics sont des vecteurs de réduction des inégalités et d’amélioration des conditions de vie du plus grand nombre ; plus les usagers sont appréhendés comme des consommateurs, plus le critère de la solvabilité devient prédominant pour accéder au service»2. Cela a fatalement conduit à une dégradation du service et des conditions de travail de leur personnel. En outre, ce mimétisme du marché induit un brouillage de la distinction entre public et privé.

Le privé nécessairement mieux que le public ? Un service public doit-il être rentable ? Pour la CGSP WALLONNE la réponse est non. Maximiser les profits est une considération du secteur du privé, c’est même sa considération principale. Un service public, nous l’avons vu, répond à d’autres considérations et celles-ci doivent s’opposer à la rentabilité. Face à la tentative d’hégémonie culturelle à laquelle participe cette managérialisation des services publics, il s’agit tout d’abord de savoir si le marché est « réellement en mesure de satisfaire ces besoins en intégrant les exigences d’égalité, de continuité, d’adaptabilité, de lisibilité et de durabilité »3 et de réfléchir comment mettre en place d’autres modèles de vie en dehors du fétichisme de la marchandise. Ainsi, rien n’est plus alternatif au marché que le service public puisqu’il instaure dans les faits une vieille utopie communiste et libertaire : à chacun selon ses besoins. En outre, il propose une issue plausible, bénéfique, féconde et efficace au règne des rapports marchands et il inscrit dans la réalité une utopie indépassable. Dans le secteur bancaire, les limites de cette course au profit ont été clairement illustrées par la crise de 2008. C’est pourquoi nous réclamons la création d’une banque publique, qui n’aurait pas pour unique intérêt l’enrichissement des actionnaires. Nous revendiquons une société où les services publics répondent à leur mission de service public, loin des pratiques et considérations du secteur privé qui le gangrènent. Les exemples belges ne manquent pas, et même si ces « entreprises » génèrent aujourd’hui un bénéfice, rendent-elles un « meilleur » service au citoyen ? Combien de bureaux de poste sont aujourd’hui fermés ? Combien de trains tôt le matin ne circulent plus ? Notre facture d’électricité et de gaz a-t-elle réellement diminué ? Répondre à ces questions est à la portée de tous et reste la meilleure démonstration que le profit est un objectif opposé à la solidarité et à l’égalité prônée par les services publics. Alors, n’ayons pas peur de demander plus de services publics, car ils participent au bien-être de tous et pas seulement de quelques nantis qui attendent leurs dividendes. Des services publics qui créent de la richesse égalitairement répartie, peut-être moins sonnante et trébuchante, mais néanmoins beaucoup plus réelle, et de loin plus durable. N’attendons pas de la perdre pour nous mobiliser !

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Louise Gaxie, Alain Obadia, Nous avons le choix, penser le souhaitable pour ouvrir d’autres possibles, Paris, Fondation Gabriel Péri, 2013, p.391 3 Idem, p.394

2 23 juin 2014


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