Feel The Beat Of Paris !

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feel the Beat Of Paris !

Photos de Gérald Chabaud

Gérald Chabaud est un furtif. Discret, sans s’encombrer de matériel ostentatoire, il rôde, "sent", s’approche au plus près de la scène. Il capture l’instant décisif, l’émotion brute. Puis disparaît. Quelques heures plus tard, sur les réseaux, on découvre ses photos. D’un noir brut et d’un blanc claquant, elles rappellent que Paris n’est pas tout à fait une ville morte. Il existe encore des lieux de vie, des "caractères forts", des personnalités qui s’assument pleinement.

Gérald n’est pas musicien. Il aurait dû. Ses photos captent l’âme d’un groupe. Celle qui se révèle par un regard entre batteur et bassiste. Une Rickenbacker qui s’élève vers le plafond, toujours trop bas, de la scène. Le déhanché de la chanteuse, qui, yeux fermés et tambourin haut brandi, encaisse avec délice le larsen tonitruant de ladite Rick… Cette faculté de capter l’instant décisif montre que Gérald comprend la musique. Ses portraits ne sont jamais figés : ils montrent l’arrogance, la joie, la fierté et l’engagement. L’urgence.

Le noir et blanc est un choix justifié. Il rappelle, bien sûr, les plus grandes heures du photoreportage. On pense surtout à la force des clichés de reporters de guerre. Don McCullin pour les Etats-Unis, Patrick Chauvel pour la France. Mais en choisissant le noir et blanc, Gérald fait d’abord le choix d’éliminer les couleurs, souvent outrancières, pour conserver l’essentiel : l’émotion instantanée.

Certaines peuplades dites "primitives" redoutent, dit-on, le photographe qui vole l’âme. Remercions Gérald de savoir au contraire la révéler et en faire un manifeste de vie et d’engagement.

Jean-Marc Joannès
Bassiste de French Boutik
Sheraf à la Mécanique Ondulatoire 2016 Sheraf à la Mécanique Ondulatoire 2016 Sheraf à la Mécanique Ondulatoire 2016
The Missing Souls à la Mécanique Ondulatoire 2015
Vince Morgan, bassiste de The Necessary Separations 2021
Claudie et Marie-Laure 2021
Paul Collins’ Beat à la Mécanique Ondulatoire 2016 Paul Collins’ Beat à la Mécanique Ondulatoire 2016
The Arrogants à la Mécanique Ondulatoire 2016
Dérapage au Black Star 2018
Martin Kubasik, guitariste de The Glendas 2021 Kat habillée par The Rebelettes Vintage Shop, chaussée par Mr Painterman 2021 Daniel Jeanrenaud et ses Cats à l’Armony 2016 French Boutik à la Mécanique Ondulatoire 2017
Waiting For The Royalties au Black Star 2018
Lorena habillée par The Rebelettes Vintage Shop 2020 Martin Kubasik as Lord Swingin’ 2021

The Punkin’Bros à la Mécanique Ondulatoire 2016

The Punkin’Bros à la Mécanique Ondulatoire 2016
Powersolo au Supersonic 2018

TOUS LES CHEMINS MÈNENT À BASTILLE OU LES TRIBULATIONS D’UN PROVINCIAL DU ROCK À PARIS

Mon histoire partagée avec notre chère capitale et ses aficionados du rock débute en fait dans le sud-est de la France et plus précisément sur Avignon.

Originaire de la cité papale, j’ai eu la chance de partager mon adolescence avec un bon nombre de musiciens qui m’ont permis de découvrir à mon tour les joies de jouer d’un instrument dans un groupe qui s’appelait alors Les Boolings. Nous parlons là du début des années lycée et de la réelle découverte de la force du rock et de la musique live. À l’époque, les groupes que nous suivions en tant que jeunes “mods” avignonnais étaient les Strawberry Smell, les Cryptones, les Hawai Men/Pickpockets, les Moon Patrol, et bien entendu les inaltérables Playboys. La capitale est alors pour nous le lieu des groupes qui peuvent réellement apparaître dans les magazines de rock et autres revues et ouvrages. C’est aux alentours des années 2000 que j’ai pu faire réellement la connaissance de la “vraie ” scène rock parisienne.

CÉCILIA.

La rencontre de Cécilia qui était venue habiter à proximité d’Avignon fut donc cruciale dans mon aventure du rock sur la capitale. Déjà organisateur de divers événements et soirées, c’est à l’occasion de l’une d’elles dans une des rares salles de la ville d’Avignon qui s’appelait alors Les passagers du zinc que j’ai pu discuter avec Cécilia. Merveilleuse danseuse sur les disques que je jouais et surtout une des rares personnes dans cette salle avec un vrai look. De plus, elle semblait connaître tous les morceaux qu’en tant que pousseurs de disques nous jouions. Après quelques mots échangés et des passions communes révélées, nous nous sommes liés d’une forte amitié qui perdure toujours malgré les kilomètres qui nous séparent aujourd’hui.

Cette rencontre sera cruciale et elle me permettra de connaître un grand nombre de personnages très importants dans ma découverte de la scène rock de la capitale.

J’avais déjà pu fréquenter des personnes de qualité comme Alexandre aka Astro, à l’occasion de festivals sur Perpignan ou Lyon durant mes jeunes

années mais sans jamais vraiment monter sur Paris pour jouer ou pousser le vinyle sur les tables tournantes comme diraient nos cousins québécois. L’amitié avec Cécilia et Nicolas arriva à un moment durant lequel j’ai eu l’opportunité de réaliser un certain nombre de choses dans la scène musicale, une compilation, un festival, des dj sets en Europe, bref une sorte “d’envol” avec pour point d’orgue notre belle capitale.

QUEL ORGAN / MYSPACE

à cette époque, JB de Born Bad venait de sortir la compilation Wizzz. Je découvrais alors que les disques que j’aimais depuis longtemps sans jamais vraiment les jouer pouvaient être compilés. Diable, c’était donc possible ! C’est sur cette lancée et avec le soutien sans faille de cette chère Cécilia que je décidais à mon tour de mettre en œuvre une compilation de morceaux groove, jerk français, qui s’appellera “Quel Organ !”. C’est à peu près à la même période que sort aussi le premier disque de mon groupe d’alors, Penelope. Myspace, l’ancêtre de Facebook et l’arrière grand-père de Tiktok et Snapchat, sera donc le moyen pour le provincial que j’étais de partager ces productions. C’est par ce réseau social alors balbutiant que j’ai pu rencontrer celui qui allait devenir mon ami, mon frère d’arme, Topper Harley. Cette amitié allait devenir le lien avec toute la scène rock parisienne d’alors autour de Born Bad et de ces chers Iwan ze terrible, JB, Mark et Cedrico, tous amis de Cécilia. La boucle était bouclée.

LES ANNÉES BASTILLE.

C’est ainsi que mes montées parisiennes devenaient plus fréquentes pour venir jouer avec mes groupes, Penelope, The Gentlemen’s Agreements, Le Chiffre Organ-ization, ou bien en officiant derrière les platines d’événements divers et variés comme Le Loud Mufflers de Vernouillet, quelques soirées Bastille Bastille, etc. Bastille, la rue Keller, le passage Thiéré, allaient alors devenir mon nouveau “village” lorsque je souhaitais quitter mon sud natal. Le 11ème lieu de tous les possibles grâce à des lieux devenus mythiques, Planète Mars, Mécanique Ondulatoire, Tiki Lounge, Born Bad, etc.

Les différents aller retour parisien devenaient

alors l’occasion de rencontrer des gens de la scène nationale qui allaient devenir des amis. Je me souviens par exemple d’un concert mémorable au Glazart de Lili Z, Operation S et Frustration (pour leur premier concert), ou bien des Mummies et de l’unique concert de Cecilia und die Sauerkraut organisé par Cedrico. Puis ce fut le tour des Gentlemen’s Agreements et du Chiffre Organ-ization, mes groupes avec lesquels nous avons partagé certaines scènes parisiennes toujours grâce à ce cher Topper aujourd’hui brillant animateur de radio avec son émission “Coquillettes et crustacés”, et Cédrico toujours merveilleux gérant du Tiki Lounge et organisateur de soirées mémorables.

GÉRALD.

C’est dans ces soirées moites et brumeuses qu’un visage rayonnant pouvait apparaître furtivement quand il baissait la garde de son appareil photographique reflex. Ce personnage de l’ombre

glorifié à juste titre dans ce merveilleux ouvrage tant son témoignage est précieux. Il est le gardien visuel de nos nuits. Celui qui permet de magnifier nos prestations musicales parfois approximatives, mais qui dans l’instantanéité de la prise de vue et de l’œil du photographe sublime nos présences scéniques. Saluons donc ce personnage qui n’a d’égal à son talent que sa gentillesse et son abnégation. Au nom de toute la scène musicale, non seulement parisienne, mais aussi nationale.

Merci Gerald

Tu mérites amplement l’ouvrage que les lecteurs vont s’apprêter à déguster avec les yeux et qui va leur permettre de vivre ou revivre certaines des plus belles années de musique live dont nous aurons éternellement besoin.

Alain Number 9

Os Noctàmbulos à la Mécanique Ondulatoire 2017
Os Noctàmbulos à la Mécanique Ondulatoire 2017
Os Noctàmbulos à la Mécanique Ondulatoire 2017
Os Noctàmbulos à la Mécanique Ondulatoire 2017
2018
Brain Eaters au Black Star
Cathia 2021 Martin Kubasik de The Glendas 2021 Escobar à la Mécanique Ondulatoire 2016 Escobar à la Mécanique Ondulatoire 2016
The Most
à la Mécanique Ondulatoire 2015
The Most à la Mécanique Ondulatoire 2015
Cellophane Suckers au Black Star 2018 Olivier Popincourt 2021 Lorena habillée par The Rebelettes Vintage Shop 2021
Novella
Mécanique Ondulatoire 2015
à la
Gavagaii à la Mécanique Ondulatoire 2016 Plymouth Fury à la Mécanique Ondulatoire 2016 Cheap Riot à la Mécanique Ondulatoire 2016
Kat 2021
Martin Kubasik as Lord Swingin’ 2021
The Necessary Separations au Black Star 2018
Sex Crime à la Mécanique Ondulatoire 2016
The Magnetix à la Mécanique Ondulatoire 2016
Walter’s Carabine au Black Star 2018 Kat habillée par The Rebelettes Vintage Shop 2021 Lorena habillée par Phantaüm Industries et The Rebelettes Vintage Shop 2021 Downtown Boys à la Mécanique Ondulatoire 2016 Downtown Boys à la Mécanique Ondulatoire 2016 The Mamooth à la Mécanique Ondulatoire 2016 Novella à la Mécanique Ondulatoire 2016
La Méca 2016
Lorena habillée par The Rebelettes Vintage Shop 2021 Chris Waldo Guttercats, Les Braqueurs Mojofuckers, Jimmy Flash Baby, Gentlemen’s Agreements. 2020 Garage Lopez au Black Star 2018 Cheap Riot à la Mécanique Ondulatoire 2016
Mécanique Ondulatoire 2016
Thee Maximators à la
Daniel Jeanrenaud à l’Armony 2016 Samy TheKay bassiste de The Glendas, The Wave Chargers et Mala Daga 2020 Kat habillée par The Rebelettes Vintage Shop 2020 Holy Grey à la Mécanique Ondulatoire 2016
The Gentlemen’s Agreements à la Mécanique Ondulatoire 2015
The Gentlemen’s Agreements à la Mécanique Ondulatoire 2015
Deaf Parade à la Mécanique Ondulatoire 2016
Paul Jacobs à la Mécanique Ondulatoire 2016 Martin Kubasik guitariste de The Glendas 2020 Kat habillée par The Rebelettes Vintage Shop 2020 The Jackets à la Mécanique Ondulatoire 2015 The Jackets à la Mécanique Ondulatoire 2015
The Jackets à la Mécanique Ondulatoire 2015
Movie Star
Mécanique Ondulatoire 2015
Junkies à la
Nathalie Petit bassiste et Marc Huxley chanteur de Nath & The Lads 2021
French Boutik 2021
Wesley Fuller au Supersonic 2018 The Embrooks à la Mécanique Ondulatoire 2017
Os Noctàmbulos à la Péniche Antipode 2017
Rhyece O’Neill and The Narodniks au Black Star 2018 Kat habillée par The Rebelettes Vintage Shop 2021 Chris Waldo Guttercats, Les Braqueurs Mojofuckers, Jimmy Flash Baby, Gentlemen’s Agreements. 2020
The Wave Chargers à la Mécanique Ondulatoire 2017
French Boutik à la Mécanique Ondulatoire 2015

The Missing Souls à la Mécanique Ondulatoire 2015

Terence Christiansen à la Mécanique Ondulatoire 2015
Santiago à la Mécanique Ondulatoire 2015
Santiago à la Mécanique Ondulatoire 2015
Lorena habillée par Phantaüm Industries et The Rebelettes Vintage Shop 2021 Kat habillée par The Rebelettes Vintage Shop 2021
Little
Générale 2015
Clara & Les Chacals à l’Alimentation
Wooden Shields au Black Star 2018
Little Clara & Les Chacals à l’Alimentation Générale 2015

The Arrogants à la Mécanique Ondulatoire 2016

The Gentlemen Of Leisure au Black Star 2018
Thomas Baignères 2021 Lady Miniskirt, 2022
La Méca 2016
Chrome Reverse à la Mécanique Ondulatoire 2017
The Dustaphonics à l’Alimentation Générale 2015
French Boutik à la Mécanique Ondulatoire 2017
Jon & The Vons à la Mécanique Ondulatoire 2015
Kat 2021
Kat chaussée par Mr Painterman 2021
Movie
Ondulatoire 2015
Star Junkies à la Mécanique
Garage Lopez au Black Star 2018
Brain Eaters au Black Star 2018
Cellophane Suckers au Black Star 2018
Kat 2021
Olivier
2021
Popincourt
Los VV’s à la Mécanique Ondulatoire 2015
Coman’Shee à la Mécanique Ondulatoire 2015
D/Troit au Supersonic 2018
The Wave Chargers au Bus Palladium 2019
Kat habillée par The Rebelettes Vintage Shop 2021 Nick Wheeldon (Os Noctàmbulos, The Necessary Separations and many others) 2020 Paul Jacobs à la Mécanique Ondulatoire 2016
The Wave Chargers à la Mécanique Ondulatoire 2017
The
Ondulatoire 2017
Wave Chargers à la Mécanique
The
Ondulatoire
Wave Chargers à la Mécanique
2017
Chris Waldo Guttercats, Les Braqueurs Mojofuckers, Jimmy Flash Baby, Gentlemen’s Agreements. 2020
Kat 2021
39th And The Nortons à l’Espace B 2017
Kagoule à la Mécanique Ondulatoire 2017

Quand je suis arrivé à Paris, fin septembre 2012, je n’avais ni pote ni travail, je ne parlais pas français et j’avais beaucoup de temps libre.

J’ai suivi Coline Presley en France après la dissolution de notre groupe de Sheffield, en Angleterre, The Jesus Loves Heroin Band. 2 ans auparavant, on avait notre premier concert à Paris avec ce même groupe au Rigoletto, Porte de Lilas. Organisé par un belle bande de provinciaux immigrés à Paris du nom d’Inch’Allah Records où y avait Mathieu d’Orléans qui a arraché ma chemise sur scène, le bâtard. On a tous rigolé, je me suis senti inclus. Y avait Henri (White Ass, T.I.T.S, Délicieux Enfant), Jeremy (White Ass, Viscous Brothers) et Baptiste R.I.P. (Pierre et Bastien, Viscous Brothers, White Ass, T.I.T.S). Tout le monde était jeune et beau. Je n’ai rien compris de la soirée mais je me suis senti chez moi. Quelques jours avant, on est passé par Bordeaux et la St Ex où j’ai rencontré Stéphane Gillet, Ruth Geronimo et Loïk Maille (Jaromil Sabor, Arthur Pym & The Gordons). On est potes depuis. On se voit plusieurs fois par an, parfois on enregistre des disques, souvent on passe des moments beaux et forts et ridicules.

Y avait et y a toujours Ben Bornéo à Bourges. Cette fois-ci il nous a programmé au Café Rouge, le bar café du père d’Arsène (Thee Maximators / super peinture). Il avait 16 ans et faisait des conneries avec un gamin tout maigre avec des cheveux longs. Pierre va plus tard devenir ingé son à la Mécanique Ondulatoire, produire et jouer sur plein de super disques.

Ensuite à Nantes, pour notre premier concert en France y avait Julien, Pierre et Jan à Back To Garage.

C’était la fête de la musique au Chien Stupide et c’était blindé. On était trop content. Au Mans, la punk avec un cœur, y a Bruno Cortex qui ramène de la culture à cette ville non stop depuis 20 ans ou plus et nous soutient depuis toujours...

...Septembre 2012 j’avais pas vécu la même sensation. Paris à vivre est vachement plus différent qu’en y passant en tournée. J’ habite à Mairie des Lilas et je suis bouleversé par la violence de la ville. Tôt, j’apprends que Les Lilas sont en fait plutôt gentils et relax pour Paris, et si

je veux rester ici j’ai besoin de m’acclimater. Je commence à regarder les événements. à ce moment-là je préférais les petits concerts avec des inconnus et pas un grand public. Je tombe sur L’Espace B et la programmation incroyable de Nicolas et Cécilia. Je pense que la musique que j’ai vue dans cette salle a sauvé ma vie et m’a inspiré infiniment. Entre 2012 et 2015 je suis là-bas au moins un fois par semaine, souvent seul, je regarde, j’écoute, je vois l’interaction entre musiciens et des membres du public qui vont plus tard devenir mes potes. Il y a une ambiance de famille et de la chaleur humaine. À la même époque, Coline a formé Os Noctàmbulos. On rencontre Tom qui commence Howlin Banana Records la même année et programme les concerts à La Mécanique Ondulatoire avec Topper Harley. C’est Tom qui nous programme là-bas et que je remercie encore presque à chaque disque que nous sortons. Tom fait toujours une programmation incroyable, maintenant à L’International. L’ambiance à la Meca était autre chose, plus punk, plus destroy, plus fort en volume et intensity. Ces deux salles nous manquent.

Chaque fois qu’on va voir un concert il y a tellement de choses, possibilités illimitées, qui peuvent se passer dans une soirée. Peut-être que vous allez rencontrer votre meilleur ami (Coucou Anna et Maë), votre amoureux (Coucou Maë et Danny), votre nouveau bandmate, ta soirée va finir tôt parce que tu n’aimes pas le groupe, ta soirée va finir le lendemain parce que le concert était incroyable et l’after aussi. De la beauté, de l’amour, de le colère, de la poésie, de le destruction et la reconstruction, de l’expérimental et de la mélodie, de la danse et du pogo. Tout cela grâce au mot ‘Oui’. ‘Est-ce que vous voulez jouer avec moi?’, ‘Est-ce que la salle est libre à cette date?’...oui, Oui, OUI!

Il y a beaucoup de gens qui ont changé nos vies pour de bon à Paris depuis des années en disant ‘oui’, Dennis à Le Pop In, Nicolas et Pauline puis Raph et Vincent à l’Espace B, Nico et Sonja à Chair de Poule, Mains D’œuvres, Farid à L’Armony, Michèle de Doxa Esta à Le Zorba, La Pointe Lafayette et maintenant partout, Francois, Romain

et Johannes de Pieg à Le Zorba et La Café de Paris, éric et Karim à En veux-tu?

En v’ là, Victoria et Julie à Salut Les Zikettes, La Flèche D’or, Topper Harley et Tom Howlin à La Méca, Eva et sa famille à Le Condor C...et plus encore, il y a au moins un centaine de personnes qui échappent à ma mémoire. Mais tous ces endroits et personnes sont les raisons pour lesquelles je suis toujours en France, à Paris, 10 ans plus tard.

Je sais que ce livre ne montre que des photos de la scène parisienne mais si j’ai parlé d’autres villes c’est pour dire que sans tous ces gens dans des

grandes et petites villes de France et au-delà, la scène parisienne serait vachement moins riche. On est en vrai, mondialement, une toute petite communauté.

Ça va être bientôt le moment de passer le bâton aux nouvelles générations, si ce n’est pas déjà le cas. J’ai hâte de voir ce qu’ils et elles vont faire. Merci à Gérald pour son honnêteté, son innocence de découverte et son soutien pour tout ce qui est créatif.

Nick Wheeldon
Deaf Parade à la Mécanique Ondulatoire 2016
The
Mécanique Ondulatoire 2017
Wave Chargers à la
Manuela habillée par The Rebelettes Vintage Shop 2021 Manuela habillée par The Rebelettes Vintage Shop 2021 Daniel Jeanrenaud et ses Cats à l’Armony 2016 Jim Jones and the Righteous Mind au Supersonic 2019
Mighty Tsar au Black Star 2018
Daddy Long Legs au Black Star 2019 The Cayman Kings au Black Star 2019
Kat 2021
Frédéric Plaszowski de King Phantom 2021
The Shakes à l’Estive 2019
Popincourt à la Dame de Canton 2019 Black Bird Hill au Supersonic 2019 Youna habillée par The Rebelettes Vintage Shop 2021 Chris Waldo Guttercats, Les Braqueurs Mojofuckers, Jimmy Flash Baby, Gentlemen’s Agreements. 2020 Go!Zilla au Supersonic 2019 Walter’s Carabine au Black Star 2018
The Glendas au Black Star 2019
Nestter Donuts au Black Star 2019
The Cayman Kings au Black Star 2019
Popincourt à l’International 2019
Youna habillée par The Rebelettes Vintage Shop 2021
Thomas Baignères 2021
Powersolo au Supersonic 2018
Wesley Fuller au Supersonic 2018
Popincourt à l’International 2019
Frédéric Plaszowski de King Phantom 2021 Youna habillée par The Rebelettes Vintage Shop 2021
French Boutik à l’International 2019

The Arrogants à la Mécanique Ondulatoire 2016

The Courettes au Supersonic 2020
Clanks à l’Estive 2019
Weird Omen au Petit Bain 2019
Popincourt à la Dame de Canton 2019 Le Chiffre Organ-ization à l’Armony 2019 Le Chiffre Organ-ization à l’Armony, sans oublier les congas de Mac Von Simca 2020
Guttercats à la Pointe Lafayette 2019

Un chaud dimanche après-midi, au milieu du mois d’août 2021. Sur les banquettes usées à souhait du café La Plage, au bord du canal de la Villette. Peu de monde, mais quelques clients …très bruyants.

Etes-vous un amateur de musique qui fait de la photographie ou plutôt un photographe qui s’intéresse à la musique ?

Gérald Chabaud – C’est clairement la rencontre de deux passions. Je veux capter la scène parisienne sixties, garage. Depuis l’âge de 16 ans, je fais de la photo. Elle fait partie de moi. La musique, elle, fait partie de la vie. Photographier les groupes sur scène, j’ai l’impression de l’avoir toujours fait. J’ai commencé en argentique, pendant une vingtaine d’années. Je me suis mis au numérique en 2003, non sans quelques réticences : cela n’a pas la même magie. Je développais mes photos dans mon couloir, avec ma lampe rouge, mes bacs à produits… Tout un cérémonial !

Mon but était, et reste, d’être publié dans des magazines. En 2005, j’ai travaillé pour le magazineTrax, sur la scène techno. Pour Radikal, sur les battles Hip-hop ainsi que ses pages mode. Pour Tyler, j’ai pu photographier Maceo Parker, le Professeur Choron, Djibril Cissé… Ce qui me plaisait, c’était d’avoir une large visibilité.

Votre objectif, c’est d’abord d’être publié ?

La photo doit être partagée ! Je ne suis pas du genre à faire des photos pour moi et les regarder seul le soir. Je reprends volontiers une formule qui n’est pas de moi : "une bonne photo, c’est une photo publiée". Cela veut dire qu’elle apporte quelque chose. Publier ce recueil s’inscrit donc dans le sens naturel de la photographie.

Comment utilisez-vous les réseaux sociaux ?

C’est un outil, une fenêtre sur le monde. Ça permet de sélectionner, de se créer un univers à soi. Il est possible de filtrer pour n’avoir que du bon, de la bienveillance et de réaliser ses envies. Facebook me permet surtout de me tenir informé de la scène. Je suis assez sélectif et ne cherche pas l’éclectisme à tout prix. Au-delà, ce qui m’intéresse, c’est de faire un pont entre la mode et la musique. Sur la scène musicale, c’est un défi, car les contraintes techniques sont élevées.

Y-a-t-il une "mode musique" ou les musiciens suivent-ils la mode ?

Les musiciens suivent leur mode, qui correspond à ce qui les fait vibrer. Je suis attentif au style. Je ne juge pas, mais je vais vers ce que j’aime. C’est pour cela que je me suis lancé dans des photos de mode dans mon studio. Je défends notamment une marque italienne. Attention, je ne suis pas "endorsé", je suis libre et veille à mon indépendance !

Musicalement, votre truc, c’est le sixties garage… Pourquoi ?

C’est la magie de ces trois accords qui me font vibrer depuis mes 16 ans ! Les compilations Pebbles, Back to the Grave, The Sonics, etc Je n’ai pas de groupe fétiche, ou plutôt, il y en a beaucoup. Cela dit, j’ai une fibre plus anglaise qu’américaine. J’ai d’ailleurs souvent des discussions animées avec mes amis, qui ne sont pas du tout d’accord avec l’existence même du garage anglais. Un vrai bonheur pour moi, ce serait de pouvoir photographier Paul Weller sur scène. Un rêve. Et puisqu’on est dans le rêve, avec une publication dans ou Rock & Folk ou Rolling Stone, dont j’apprécie la patte.

Avec une telle passion, pourquoi ne pas avoir fait de la musique ?

Je me suis acheté une guitare sèche, il y a 20 ans. J’ai gratté, gratté, gratté… Une seule chanson m’a satisfait. Et puis, je suis trop timide pour jouer dans un groupe. Je le suis moins derrière un appareil photo ! Dans ma jeunesse, j’étais un timide maladif...

La photo est aussi le médium qui me parle le plus. Certes, elle a ses propres exigences, qui s’imposent en quelques secondes, pas en deux minutes trente. C’est une captation sur le vif et sur le fil. La musique, c’est trop exigeant pour moi.

Comment procédez-vous lorsque vous décidez de photographier un groupe sur scène ?

Cela part d’une démarche complètement personnelle. Je ne me fais jamais offrir l’entrée, toujours par souci d’indépendance. J’ai du très bon matériel, mais je tiens à rester discret. Je travaille donc avec un objectif de 20 mm ou 50 mm. C’est de la photo portrait. C’est important pour la musique, cela permet de capter l’essentiel : les expressions. Sur un concert d’une heure, je peux faire jusqu’à 100 photos, mais pour ne retenir que l’instant décisif. Ce qui m’intéresse, c’est l’intention du musicien. Je les publie sur les réseaux, je les laisse à la disposition des groupes, je suis un amateur. Si je photographie les musiciens, c’est bien sûr pour moi, mais je tiens à partager. Depuis un an, j’ai installé un petit studio pour faire des portraits de mes amis musiciens. Avec le confinement, cela me manquait tellement de ne pas voir mes héros que je leur ai proposé de venir chez moi.

Vous parlez de "héros" musiciens ?

Ils nous offrent tellement de bonheur ! C’est un privilège dont il faut se réjouir tous les jours. Depuis l’âge de 16 ans, je les sacralise. Je devais avoir 18 ans, et pendant mes vacances, j’ai rencontré un groupe de mods lillois qui faisaient des reprises des Jam, des Stones et des Beatles, The Obdurates. Ils me faisaient rêver… mon déclencheur !

Vous photographiez aussi des modèles…

Cela fait partie d’un tout. C’est "la scène". Mais on retrouve le même mécanisme. Je cherche à capter l’intention, l’énergie. Le défi, c’est de révéler ce que l’on a à l’intérieur. Soit on me le donne, soit on ne me le donne pas ; soit j’y arrive, soit j’y arrive pas. Il n’y a pas de séance photo identique. Il m’est déjà arrivé de faire face à des échecs : pas d’émotion, pas d’énergie, pas de vivacité. Il faut que je parvienne à faire sortir une part d’arrogance, de fierté, au bon sens du terme.

Le noir et blanc… Pourquoi ?

Le noir et blanc, c’est le rock. C’est l’archive. Surtout, cela transmet l’énergie pure de l’instant. La couleur peut détourner l’attention. Je vois le rock en noir et blanc. Cela traduit l’état d’urgence.

Qu’est-ce qui fait une bonne photo selon vous ? Une bonne photo, c’est de l’énergie, de la

bienveillance et une certaine beauté du geste. C’est nécessaire, surtout en ce moment. En musique, la bienveillance se traduit par la générosité. Elle doit transpirer de la photo, elle doit montrer que le groupe donne sans attente de contrepartie… C’est aussi ce que je recherche avec mes modèles. On doit pouvoir y lire une amitié sous-jacente, réelle ou potentielle.

Comment va évoluer selon vous « la scène » ?

La Covid a fait beaucoup de mal. Des groupes ne jouent plus. Cela dit, la scène reste inventive, avec une forte ouverture. Elle n’est pas morte, loin s’en faut !

J’aimerais que "Feel the beat of Paris" porte un message : faisons la fête tous ensemble. Profitons de l’instant et soyons vivants !

Propos recueillis par Jean-Marc Joannès
« Je veux retenir l’instant décisif : ce qui m’intéresse, c’est l’intention du musicien »
Emi patronne de l’agence de booking garage Dead Foot Agency 2021
Kat supporting Dead Foot Agency 2021
The Courettes au Supersonic, pour moi dernier concert avant le lockdown 2020

Quelle belle idée que ce livre ! Quelle belle idée que de regrouper dans ces pages une poignée de groupes parisiens et d’autres de passage par Paname, tous réunis sous l’œil avisé de Gérald Chabaud. Gérald qu’on pourrait surnommer “le trait d’union de l’underground parisien”. Même les groupes qui ne le connaissent pas personnellement ont au moins tous une photo d’eux prise par lui. Cet homme est de tous les concerts, discret avec son appareil photo, plaqué contre le rebord de la scène, à documenter les gigs qui passent sous les radars des grandes maisons de disque, des grands médias, et du grand public. à documenter une scène vivace depuis des années. Une scène que nous sommes fiers de faire vivre chacun à notre petit niveau (groupes, organisateurs, ingés son, barmen.maids, ou simplement public sans qui faire un concert ne sert à rien). Les photos de Gérald documentent cette activité, ces concerts dans des petits clubs qui sentent la bière et la sueur, et peut-être que dans quelques années des kids regarderont ces photos avec la même émotion que lorsque qu’on regarde aujourd’hui de vieilles photos du CBGB, du Golf Drouot ou de la Cavern en se disant “putain, j’aurais bien aimé y être”.

Francis Viel

Camille habillée par The Rebelettes Vintage Shop 2022

Un concert de rock à Paris ? Se retrouver au milieu de snobs, avec Les Inrocks sous le bras… no way !

Ah mais attendez, attendez, ce n’est pas du tout ça ! entendez ce joyeux raffut dans cette petite rue, une cave de bar pleine d’un public bigarré sautant et hurlant, tiens tiens… en plus ils ont tous l’air de se connaître, serait-ce une secte ? une confrérie peut-être… mais heureusement ouverte à tous pourvu que ça les passionne. C’est la scène mâtinée garage de Paris, pas que de Paris, puisque cette scène n’a pas de frontière et il y a les Parisiens de Nice, de La Rochelle, de Strasbourg, de Bordeaux, de Pau, de Limoges, de Lille, de banlieue et d’ailleurs. Internet, les tournées ou les échanges de 45 tours ont lié des connivences, des amitiés, le public est plein de musiciens d’autres groupes, de photographes, d’affichistes, de sérigraphes, de fanzineurs, de pousseurs de vinyles, de membres d’assos d’organisation de concerts, de dessinateurs, de petits labels, d’aficionados… Beaucoup de bénévolat et de services rendus permettent à cette scène d’exister malgré les aléas des lieux qui ferment et du peu de moyens, il n’y a pas d’argent et c’est le règne du do it yourself comme à la belle époque de Paris Bar Rock, la lutte continue et les photos de Gérald Chabaud en sont une belle illustration.

Baldo

Merci

Les groupes

Sheraf, The Missing Souls, Paul Collins’ Beat, The Arrogants, Dérapage, Daniel Jeanrenaud et ses Cats, French Boutik, Waiting For The Royalties, The Punkin’Bros, Powersolo, Os Noctàmbulos, Brain Eaters, Escobar, The Most, Cellophane Suckers, Novella, Gavagaii, Plymouth Fury, Cheap Riot, The Necessary Separations, Sex Crime, The Magnetix, Downtown Boys, The Mamooth, Garage Lopez, Thee Maximators, Holy Grey, The Gentlemen’s Agreements, Deaf Parade, Paul Jacobs, The Jackets, Movie Star Junkies, Wesley Fuller, The Embrooks, Rhyece O’Neill and The Narodniks, Popincourt, The Wave Chargers, Terence Christiansen, Santiago, Little Clara & Les Chacals, Wooden Shields, The Gentlemen Of Leisure, Chrome Reverse, The Dustaphonics, Jon & The Vons, Los VV’s, Coman’shee, D/Troit, 39th And The Nortons, Kagoule, Jim Jones and the Rightous Mind, Mighty Tsar, Daddy Long Legs, The Cayman Kings, The Shakes, Black Bird Hill, Go!Zilla, Walter’s Carabine, The Glendas, Nestter Donuts, The Courettes, Clanks, Weird Omen, Le Chiffre Organ-ization, Guttercats

Lieux où ces photos ont été prises

La Mécanique Ondulatoire (Topper Harley et Pedro), Le Black Star (Sarah et Jean-Christophe), L’Armony, L’Alimentation Générale, Le Supersonic, Le Petit Bain, L’International, L’Espace B, La Pointe Lafayette, La Dame de Canton et La Péniche Antipode

Les portraits

Samy TheKay, Nick Wheeldon, Chris Waldo, Vince Morgan, Nathalie Petit et Mark Huxley, Kat, Cathia, Lorena, Manuela Dinckel, Martin Kubasik, Youna, Camille, Marine, Emi Gourgand, Claudie, Marie-Laure, Popincourt, French Boutik, Frédo, Thomas Baignères

Dédicace

Fred & Claudie Vermont

Francis Campiglia, Christophe Guernier

Merci

Aux contributeurs

Arnaud Salmon

Stéfane André Sukup

Alexis Bastin

Claude Enée

Stéphane Péron

Jean-Marc Joannès

Bertrand Ploquin

David Hawkes

Gabriela Giacoman

Aux E-Shops

Mr Painterman (Francis et Sophie)

The Rebelettes Vintage Shop (Sabrina)

Et merci à Nathalie Petit et son œil avisé.

Photos et maquette Gérald Chabaud

chabaud.gerald@gmail.com

Achevé d’imprimé Janvier 2023

Dépôt légal Janvier 2023

ISBN 979-10-699-8676-3

La scène locale a toujours fait écho en moi. Les petits concerts, les non connus, les en devenir, mais qui sont si grands à mes yeux... J’aime cette scène vivace et généreuse. Les Puces de Cligancourt et son Rythm & Blues des années fin 80, les caves de la Méca et de l’International, le café L’Armony, les petites salles comme l’Espace B et le Supersonic avec sa programmation plus mondiale, tout est partage et résistance face aux obscurantismes de tous bords.

Garage sixties, punk rock et pop moderniste sont les fondements de ce livre. Cette scène, j’ai voulu en témoigner à travers ce recueil de photos allant de 2015 à 2020, quand tout s’est arrêté. Les troubadours réduits au silence, le lockdown est là.... Puis on s’est organisés. Les groupes réalisent des LP dans leur cave, il ya des dj sets clandestins sur le net, vinyls only, pour ne pas mourir et faire vivre ce son tant aimé.

Les musiciens me manquaient, alors je les ai invités à venir chez moi pour les prendre en photo et boire une bière, et ils ont répondu présent, je les en remercie de tout cœur.

En 2022, Paris se réveille de ses cendres et nous offre une belle libération... Atomization, comme dirait Franky, à tous les étages ! C’est les voisins qui vont être contents...

Gérald

feel the Beat Of Paris !

25 euros

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