Les Actes JIPAD 2020

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Les Petites Cantines  : lutter contre la précarité relationnelle en mangeant durable ELYNE ETIENNE

L

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Vidéo de présentation

MOTS-CLÉS : LIENS SOCIAUX, ALIMENTATION DURABLE, GENRE, MIXITÉ SOCIALE, HABITUDES ALIMENTAIRES

es Petites Cantines ont été fondées en 2015, partant du potentiel de solidarité présent dans les relations entre voisins, mais qui tend à disparaître dans les grandes villes où l’anonymat règne souvent. Pour l’association, le repas est un prétexte de rencontres permettant, in fine, l’entraide entre habitants d’un même quartier. Le repas est également une occasion pour parler d’alimentation durable et pour s’interroger sur ses habitudes alimentaires, autre objectif de l’association. La première Petite Cantine a été lancée en 2016 dans le quartier de Vaise, à Lyon. Puis d’autres ont rapidement vu le jour : à Perrache, à Paul Santy et bientôt à Félix Faure. Mais aussi à Lille et à Strasbourg. D’autres sont en projet : à Annecy, Oullins, Metz et Paris. Le principe est le suivant : créer un lieu où les habitants du quartier peuvent venir cuisiner chaque matin et manger ensemble le midi et le soir, à prix libres. Le menu (unique) est décidé soit une semaine à l’avance, soit chaque matin, selon les produits disponibles à la cantine, en coordination avec les personnes venues cuisiner et la maîtresse ou le maître de maison. Il ou elle est un personnage central dans l’association puisqu’il ou elle veille au bon fonctionnement du lieu, du point de vue de l’approvisionnement, de la cuisine et, surtout, de la convivialité. À Vaise et à Perrache, deux maîtresses de maison se relaient pour assurer le service du midi et du soir, et elles sont assistées de deux personnes employées en service civique. Le projet des Petites Cantines est innovant pour deux raisons. Premièrement, ces cantines proposent des repas à prix libres, afin que tout type de public puisse venir. Elles sont autofinancées à 80 % et les maîtresses et maîtres de maison sont salariés. Il n’y a pas de bénévolat à proprement parler, ce qui valorise les convives

comme acteurs du repas. Tout le monde cuisine et tout le monde mange de la même manière, sans aucune distinction. On est donc dans une forme hybride entre association et restaurant privé. Deuxièmement, elles combinent une forte exigence sociale et environnementale. Même s’il apparaît que c’est au prix d’une grande charge mentale pour les maîtresses et maîtres de maison (en l’occurrence, quatre maîtresses de maison dans les deux études de cas présentées) qui doivent concilier un approvisionnement durable mais peu cher (activité très chronophage, voire stressante), à un grand sens du relationnel pour accompagner et rejoindre chaque convive là où il en est dans son rapport à l’alimentation et dans sa sociabilité.

LE PROJET SOCIAL ET SES DIFFICULTÉS SOCIOÉCONOMIQUES Lutter contre la précarité relationnelle et créer de la mixité sociale

Le premier objectif des Petites Cantines est de faire du repas un prétexte pour nouer des liens sociaux. Elles représentent un véritable lieu de convivialité et permettent à beaucoup de personnes isolées ou repliées sur elles-mêmes de s’ouvrir. Elles permettent aussi à des personnes ne travaillant pas, ou plus, de garder un rythme de vie, des contacts sociaux, de continuer à prendre du plaisir dans des activités simples comme la cuisine ou le repas et d’être reconnues dans ce qu’elles ont fait puisque chaque personne est mise à l’honneur au fur et à mesure que les plats arrivent à table. La dimension collective du projet est importante, tout le monde cuisine et mange ensemble sur une grande table. Dans une enquête menée en 2018 par Les Petites Cantines, 78 %

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