DU CLUSTER ARTISANAL TRADITIONNEL AU CLUSTER DE L’INNOVATION ARTISANALE Make Khojwan, un collectif pour développer l’activité des artisans tourneurs sur bois à Varanasi, Inde
Marion Chapon Magdalena-Laëtitia Ndiki-Mayi
Projet de Fin d’étude - Projet urbain et villes d’ailleurs Sous la direction de Claudio Secci et Carole Lanoix Ecole Nationale Supérieur d’Architecture de Paris La Villette - Juillet 2018
Remerciements Nous aimerions tout d’abord remercier Claudio Secci, Carole Lanoix, Celia Lebarbey, Luis Lopez et les autres intervenants qui nous ont permis de rendre possible le cheminement de nos réflexions sur ce travail de PFE. Nous souhaitons également remercier chaleureusement l’ensemble de nos acolytes de projet avec qui nous avons partagé ce semestre. Enfin, nous voudrions mentionner les artisans et habitants de Khojwan sans qui nous n’aurions pas pu effectuer un travail de terrain aussi fertile.
«Khojwan next to Shival/on the road of Durga. In this place you will find the ancient stone age/wooden age. Then you go to the right side of the road - it’s a place as one small Banares village» - indication écrite sur notre carnet de relevés par Yagieshwar Tiwari à Kedar Ghat le 3 février 2018.
Sommaire Remerciements Glossaire
1.Contexte 2.Enjeux 3.Projet Essais Références Bibliographie Annexes
11 25 61 79 85 93 95
Glossaire >lakri : bois en hindi >laksha : laque en hindi >sindhur ou sindoor dhan : boîte servant à mettre la poudre de vermillon offerte à une jeune mariée lors de son mariage >cluster (selon la définition du Ministry of Textile) : désigne une concentration géographique d’unité produisant des produits similaires et faisant face à des opportunités et menaces communes >otla, otta , chottra (appellation selon la région) : seuil surélevé, lieu de transition entre l’intérieur de la maison et la rue >bungalow ou villa : en Inde le mot bungalow réfère à la maison d’une famille unique, en opposition aux apartment building. (le mot provient du gujarati – bangalo ou de l’hindi – bangla) >apartment building : terme utilisé pour parler d’un immeuble de logement >site & service : parcelle vendue avec les infrastuctures rudimentaires nécessaires (accès à l’eau, à l’électricité, toilettes) >paanwala : vendeur de paan, une préparation associant des feuilles de betel avec de la noix d’are et parfois du tabac >dhobi : caste qui traditionnellement lave le linge >dada : grand-père en hindi >meenakari : art de colorer et d’orner la surface des métaux en y fondant des couleurs brillantes qui sont décorées avec un design complexe >zardozi : type de broderie mécanique. Le travail de broderie Zardozi consiste à faire des dessins élaborés, en utilisant des fils d’or et d’argent avec des perles cloutées et des pierres précieuses >kolam : motif d’inspiration géométrique tracé à même le sol, avec de la poudre de riz et des poudres de couleur, à l’entrée des maisons et commerces en guise de bienvenue et pour porter chance (notamment en Inde du Sud) >ghat : à Varanasi, un ghat est un ensemble de marches permet de descendre au contact du Gange >kund : c’est un plan d’eau à ciel ouvert, situé à proximité immédiate d’un lieu de culte et étant destiné aux bains pour les rituels
1.Contexte L’artisanat en Inde Varanasi/Bénarès, ville productive Le travail de terrain, des ghats à Khojwan
11
Vishvakarma qui tient des outils d’artisans dans sa main gauche
12
L’ARTISANAT ET L’ARTISAN EN INDE
Avec ses 29 états, l’Inde possède une multitude d’artisanats dépeignant des cultures diverses et des savoir-faire pour beaucoup ancestraux.
D’une part parce qu’il emploie une grande partie des populations rurales et semiurbaines et d’autres part pour l’exportation qu’il génère.
Conformément à la définition de l’UNESCO, les produits artisanaux sont « ceux produits par des artisans, soit totalement à la main, ou avec l’aide d’outils à main ou même de moyens mécaniques, pour autant que la contribution manuelle directe de l’artisan reste l’élément le plus important du produit fini. Ceux-ci sont produits sans restriction en termes de quantité et en utilisant des matières premières issues de ressources durables. La nature particulière des produits artisanaux découle de leurs caractéristiques distinctives, qui peuvent être utilitaires, esthétiques, artistiques, créatives, culturels, décoratives, fonctionnelles, traditionnelles, religieuses et socialement symbolique et significatives»1.
Néanmoins, la structure de l’artisanat en Inde est surtout inorganisée, ce qui explique la difficulté à comptabiliser le nombre de personnes qui y sont rattachées. Le manque d’éducation, la faible exposition aux nouvelles technologies, l’encadrement institutionnel faible et le capital réduit destiné à ce secteur le fragilise d’autant plus. Les productions artisanales sont également menacées par les produits industriels en provenance en grande partie de la Chine.
L’artisan de l’Inde fait remonter son origine à Vishvakarma, seigneur des multiples arts, maître des mille métiers, architecte et dessinateur divin. Cette origine mythologique donne à chaque artisan la fierté de son métier et le désir de se surpasser sans cesse2.
En 2013, le nombre d’artisans était de 11,65 millions (soit environ 1% de la population) selon des sources officielles et de 200 millions (soit 20% de la population) selon des sources apocryphes. Par ailleurs, la vulnérabilité des artisans est reflétée par leur nombre en diminution, l’Inde aurait en 30 ans perdu 30% de ses artisans4.
Selon le rapport annuel du Ministère du Textile3, l’artisanat, qui s’implante surtout dans les milieux ruraux et semi-urbains, joue un rôle important dans l’économie du pays. 1
Définition adoptée par Trade Center (ITC) Symposium «Crafts and the international market : trade and customs codification » - Manila, 6-8 Octobre 1997. 2
BRUNEL, Fancis. Malgré l’industrialisation l’artisanat reste une des caractéristiques de l’économie indienne. Le Monde diplomatique, Octobre 1962, p14. 3
tiles.
Rapport annuel 2014-2015, Ministère du Tex-
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4
KAPOOR, Rana. Crafts Aren’t Just Our Heritage, They Are India’s Global Comparative Advantage. HuffingstonPost India, 23 Mai 2016.
VARANASI/BÉNARÈS, VILLE PRODUCTIVE Varanasi également appelée Bénarès est une ville très importante de l’Hindouisme située dans l’état de l’Uttar Pradesh. Elle s’étend sur la rive gauche du Gange qui lui confère son statut de ville sacrée. Celui-ci change d’orientation au niveau de Varanasi et remonte vers l’Himalaya, considéré comme la maison des dieux par les hindous. Beaucoup de pèlerins viennent à Varanasi pour les innombrables temples de la ville, pour se baigner dans le fleuve sacré, et surtout pour le rite crématoire permettant la libération définitive du cycle des réincarnations. C’est sur les ghats*, front bâti de la ville ancienne tourné vers le Gange que nombreuses de ces activités sont visibles.
modes de production pré-industriels sont fragiles et souvent en déclin. D’autres se développent et leur modernisation peut entraîner une perte de savoir-faire et une délocalisation hors de la ville ou en périphérie. La vieille ville de Varanasi regorge également d’un patrimoine ancien de valeur en danger : palais de maharajas le long des ghâts*, anciennes maisons de maître, habitat plus populaire dans les mohallas… En effet, le tourisme qui est en forte croissance à Varanasi (6,8 millions de touristes y passent par an et ce chiffre est en perpétuelle hausse avec 80% de tourisme local religieux et 20% de tourisme international) entraine une demande et une croissance forte des activités de service : hotellerie, restauration, transport, vente de souvenirs… qui s’implantent parfois dans l’architecture en présence. Malgré tout, nombre de bâtiments vétustes sont plus faciles à démolir qu’à rénover, ce qui mène à une transformation souvent désastreuse de la ville ancienne. En 2012, face à ce phénomène, un loi d’inconstructibilité dans une bande de 200m depuis les ghats* a été votée après 7 longues
La ville située à l’arrière de ces ghats* est réputée productive depuis toujours dans différents domaines d’artisanats : le textile avec les saris, brodés au fils de soie ou de métal (Zardozi*), le travail du métal, en joaillerie notamment, avec l’art du Meenakari* ou la fabrication d’instruments de musique. Certaines de ces activités persistent encore aujourd’hui dans la ville mais ces savoir-faire accompagnés de leurs 14
entre industrie et artisanat
La filière du bois années de négociation entre Kauthilya Society qui mène le combat et les autorités. Varanasi est donc une ville historique productive qui doit s’adapter à une croissance démographique et à un flux touristique important. Cela entraine des transformations rapides de son architecture et de son urbanisme qui repoussent toujours plus les limites de la ville.
L’Inde est un des plus important consommateur de bois au monde, et bien que possédant de nombreuses forêts avec des bois tropicaux très prisés, une grande partie du bois est importée. Cela s’explique par le poids de ce secteur dans l’économie indienne (37,5% du PIB national, avec une estimation à 85 millions de personnes mobilisées dans la filière bois). Cette industrie, aujourd’hui en croissance rapide, et particulièrement dans la fabrication de meubles, est supposée augmenter de 20% par an dans les prochaines années pour la part du secteur organisé1. En effet, 85% de l’industrie du bois est encore inorganisée2.
NewDehli Varanasi
Cependant, l’artisanat fin (meubles traditionnels sculptés à la main notamment), qui fit de l’Inde un important exportateur de mobilier par le passé est en déclin aujourd’hui, tout comme un certain nombre de savoir-faire, supplantés par le travail des machines, plus rapide et moins couteux.
Mumbai
1 http://www.indiawood.com/indiawood-2018-market-scenario.php
2 India wood sector market study, American Hardwood Export Council, 2016
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À Varanasi, le travail du bois remonte au travail ancestral de l’ivoire à l’époque des Moghols. Lorsque le travail de l’ivoire a été interdit, certains artisans se sont reconvertis vers celui du bois. Outre la fabrication de meubles, les différentes activités de la filière du bois sont le tournage sur bois laqué, la sculpture ou encore la peinture sur bois. Les objets produits sont principalement de nature traditionnelle et religieuse. Les objets tournés, sont aussi conçus dans d’autres villes en Inde. Néanmoins, la confection de sindoor dhan* et les couleurs vives appliquées sur les objets font la particularité de la production de Varanasi.
Autres centres de tournage du bois en Inde 16
vieille ville de Varanasi CHOWK THANA
BRAHMA GHAT SANKATA GHAT
Gan ge
des ghats à Khojwan
LE TRAVAIL DE TERRAIN
Varun a
KHOJWAN ASSI GHAT
ssi
A
BHU
Le travail de PFE s’inscrit à la suite d’un atelier indo-français de deux semaines, et d’une semaine de préparation au PFE menés du 20 janvier au 10 février 2018 à Varanasi, en Inde. Lors du semestre précédent nous nous étions familiarisées avec la ville de Varanasi depuis Paris par le dessin des ghats* ; sur lesquels activités marchandes et religieuses semblaient majoritaires. Une fois sur le terrain, ces mêmes ghats furent notre entrée dans la ville arrière, productive à bien des égards. Cette entrée fut double. Marion découvrait Sankatha ghat, important point de pèlerinage hindou, non loin du principal ghat de crémation Manikarnika. Sankatha s’est trouvé être un ghat presque entièrement tourné vers la religion et ses rues étaient très calmes la plupart du temps, hormis pendant les processions religieuses à certaines heures de la journée où l’on pouvait y croiser habitants du quartiers, brahmanes et fidèles autour des très nombreux temples. Nous nous sommes vite rendu compte que 17
rien n’était directement produit dans ce quartier et nous sommes donc intéressés à la production d’offrandes, produits les plus vendus aux alentours. Notre recherche nous a amenée vers le marché central de la ville, Chowk Thana, près duquel se trouve un quartier concentrant production et lieu de vente, celui de Thathéri Bazaar, signifiant « marché aux métaux » en Hindi. En effet, de nombreux ateliers travaillant les métaux précieux, notamment de joaillerie, se trouvent à proximité du bazar. Ces savoirfaire et matières premières étant précieux, ces activités ne sont pas visibles depuis la rue et la fonte des métaux qui dégage pourtant beaucoup de fumée à souvent lieu sur des petites cours repliées. La production de bijoux demande de nombreuses étapes correspondant à différents métiers et la chaine de production peut être horizontale (allant d’atelier en atelier à travers le quartier) ou verticale dans des sortes d’ « usines urbaines » où chaque étage est une étape de la production d’un bijoux. Parrallèllement, Magdalena-Laëtitia depuis Brahma ghat découvrait un quartier à dominance hindoue au sein duquel les
Faรงade de Sankata Ghat
Faรงade de Brahma Ghat 18
Coupe de Sankata Ghat vers la ville arrière
MARION CHAPON 22.12.17
19
activités quotidiennes, quoique dominantes étaient révélatrices de variations dans l’espace urbain. Un paanwala* qui déplie sont espace de vente sur la rue en contruisant une nouvelle devanture en quelques jours, un menuisier qui vient réparer le cadre d’un temple, un vendeur ambulant effectuant ses transactions depuis la rue avec les habitants postés à leur fenêtre, un dhobi* qui s’installe à une intersection de ruelles afin de récupérer les linges sales puis les repasser, une femme qui fait des colliers de fleurs dans une alcove adjacente à un temple, un meunier, dont le bruit du moulin résonne jusque dans la rue, un peintre qui performe depuis l’espace public de la rue pour aposer sur la façde d’une maison abritant une future mariée la marque d’un passage important dans une vie. Certaines autres activités bien que repliées dans les maisons indiquaient l’inclusion du quartier à un espace plus large, celui de la ville. La présence d’un artiste isolé de meenakari*, ou encore de l’homme fabriquant des boîtes en carton pour le transport de saree furent des signes révélateurs. Puis, pour la deuxième partie de l’atelier à Benarès, nous nous sommes réunies et éloignées des berges du Gange, afin de rejoindre le quartier de Khojwan, situé beaucoup plus au sud de la ville. Ce quartier est caractérisé par une activité prépondérante, celle du tournage sur bois. Nous trouvant hors de toutes cartes produites du temps de la colonisation anglaise, nous avons dans un premier temps relevé deux rues parallèles qui semblaient représentatives du quartier. En dessinant le plan des rues et des rez-de-chaussée de 20
certaines maisons (une attention particulière aux différentes typologies présentes sur le site nous a amené à relever les plus récurrentes), ainsi que les élévations de ces mêmes rues, nous avons matérialisé une base visuelle afin de pouvoir annoter nos observations spatiales. Ainsi, les reflexes d’observation acquis durant les premières semaines de l’atelier ont favorisé la lecture d’un nouveau territoire, que nous avons pris soin de déchiffrer au travers d’éventuels indices de changement, de discussions avec les habitants et de l’étude des activités qui animaient leur quotidien et par là même, la vie urbaine. Ces observations ont permis de mettre en lumière des enjeux architecturaux et urbains, appuis de nos futures intentions de projet.
RelevĂŠs in situ 21
22
2.Enjeux À l’échelle de la ville À l’échelle du cluster artisanal À l’échelle de la maison-atelier
25
À L’ÉCHELLE DE LA VILLE
zone relevée/étudiée zone relevée / étudiée
zone de concentration
zone de concentration d’activités liéesliées au bois d’activités au bois voie férrée voies ferrée emprise de la vieille ville cluster historique bois emprise de laduvieille ville à Varanasi
CHAUKA GHAT
GANGE KABIR ROAD
RAJ GHAT
CHOWK GODOWLIA
LUXA
MAHMOOR GANJ
GANGE
REORI TALAB
RAJ GHAT
SONAPURA GAURI GANJ
KHOJWAN KHIRIYA
SUNDARPUR
KASHMIRI GANJ
CHOWK GODOWLIA
REORI TALAB
ASSI GHAT
SARAI NANDAN
SONAPURA GAURI GANJ
KHOJWAN KHIRIYA
KASHMIRI GANJ
ASSI GHAT
BHU
N
zone relevée / étudiée
Les activités du bois concentrées au sud de la vieille ville (1880 - 1986) CHAUKA GHAT
Historiquement, on observait une concentration des métiers du bois au sud de Varanasi, en dehors de la vieille ville. Plusieurs activités autour de la transformation du bois y étaient représentées comme la sculpture, le tournage, la peinture, la création de meuble, etc…1. L’emplacement de ces MAHMOOR GANJ
KHOJWAN
1
ateliers pourrait s’expliquer par la proximité avec une route pouvant mener à une zone GANGE d’approvisionnement en bois ou bien RAJ GHAT encore par l’existence d’une ancienne forêt. CHOWK Khojwan, notre site d’étude et d’intervention GODOWLIA est situé au coeur de cette zone. KABIR ROAD
LUXA
REORI TALAB SONAPURA GAURI GANJ KASHMIRI GANJ
KUMAR Nita, The Artisans of Banaras. Popular Culture and Identity 1880— 1986, Princeton: Princeton SUNDARPUR KHIRIYA
zone de concentration d’activités liées au bois voie férrée emprise de la vieille ville cluster historique du bois à Varanasi
SARAI NANDAN
26
ASSI GHAT
University Press, 1988.
zone relevée/étudiée zone relevée / étudiée
zone de concentration
zone de concentration d’activités liéesliées au bois d’activités au bois voie férrée voies ferrée emprise de la vieille ville cluster historique bois emprise de laduvieille ville à Varanasi
CHAUKA GHAT
zone relevée / étudiée
CHAUKA GHAT
KABIR ROAD
RAJ GHAT
zone de concentration d’activités liées au bois GANGE voie férrée emprise de la vieille ville cluster historique du bois à Varanasi
CHOWK GODOWLIA
LUXA
MAHMOOR GANJ
REORI TALAB
GANGE KABIR ROAD
SONAPURA
KHIRIYA MAHMOOR GANJ SUNDARPUR
GODOWLIA
LUXA KASHMIRI GANJ
REORI TALAB SONAPURA ASSI
SARAI NANDAN
GHAT
GAURI GANJ
KHOJWAN KHIRIYA
SUNDARPUR
CHOWK
GAURI GANJ
KHOJWAN
RAJ GHAT
KASHMIRI GANJ
ASSI GHAT
SARAI NANDAN
BHU
BHU
N
zone relevée / étudiée
Les activités du bois ségréguées et diffuses dans la ville (2018) CHAUKA GHAT
Aujourd’hui, les savoir-faire ancestraux liés à l’artisanat fin du bois sont des activités fragiles et en déclin. Néanmoins, certains groupements d’activité ont subsisté, c’est le cas de Khojwan, quartier de l’artisanat du bois tourné. On remarque que les autres activités de la filière bois se répartissent de manière diffuse dans la ville de Varanasi et se retrouvent le long des voies de circulation KHOJWAN principales (à la fois routières et ferrées) et LUXA
MAHMOOR GANJ
zone de concentration d’activités liées au bois voie férrée emprise de la vieille ville cluster historique du bois à Varanasi
en périphérie de la ville.1 GANGE KABIR ROAD
RAJ GHAT
CHOWK GODOWLIA
REORI TALAB
SONAPURA GAURI GANJ
KHIRIYA
SUNDARPUR
KASHMIRI GANJ
SARAI NANDAN
27
ASSI GHAT
1
Council of Handicraft Corporation
À L’ÉCHELLE DU CLUSTER ARTISANAL
Ram Mandir Gudurham
Kashmiri Kund
<-VARANASI <--vers vers KASHI
Water Tank 1892 Sankuldhara Pokhra
Un village en extension autour de l’activité du bois à la lisière de Varanasi (avant 1914) Situé au sud de Varanasi, Khojwan accueille une concentration importante d’artisans travaillant le bois. Le village formé autour de deux routes parallèles est entouré de champs. khojwan est situé dans une cuvette, ce qui explique la présence de nombreux points d’eau (kund*, pokra*) ainsi que celle du
premier réservoir d’eau de Varanasi construit en 1892. 1
1
Axonométrie d’après les cartes de Mr P. Cowloy,
1867; Princep, 1822, Wagner & Debes, 1914
29
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Un urbanisme de voirie aux portes d’un tissu populaire dense (2018) L’ancien village de Khojwan s’est densifié mais sa structure urbaine avec un tissu populaire dense de parcelles étroites et ses deux rues parallèles principales est toujours reconnaissable. Son activité dominante subsiste encore aujourd’hui mais est fragilisée. Les rues de Khojwan sont à la fois fourmillantes mais au ralenti, surtout pratiquées par les piétons, les scooters ou les vélos, les marchandises sont acheminées en charrettes et on y lit une mixité d’usages. La ville de Varanasi s’est développée sur sa périphérie jusqu’au village de Khojwan et au delà. Les parcelles agricoles entourant le village ont laissé place à un urbanisme de voirie en grille, habité de blocs résidentiels non mitoyens : des apartment buildings* et bungalows*, longés de murets aveugles qui délimitent les parcelles. Les routes sont a doubles sens et très larges, tout comme les trottoirs, peu fréquentés. La population émanant de la nouvelle classe moyenne indienne diverge de celle du tissu populaire ; ses modes de vie et de transport sont 30
également différents. Il est aussi possible de trouver quelques logements pour étudiants dans ce tissu moins dense. L’échelle de ces deux modèles qui se bordent est, on l’aura compris, différente ; en résulte une équivoque des franges de quartier.
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Une résidentialisation du quartier et une disparition de l’activité du bois (2040) Et si l’on ne fait rien ? En essayant d’imaginer le développement de ce quartier dans 20 ans, on suppose que la ville va tendre vers une plus grande accessibilité et que des voies de circulation importantes vont être mises en place, créant des ruptures dans le tissu populaire qui fonctionnait comme un ensemble. On imagine que ce modèle d’apartment building* construit par des investisseurs va peu a peu coloniser le tissu de petites parcelles familiales par des forces d’influence. Ce phénomène entrainera petit à petit une gentrification du quartier ainsi qu’une résidentialisation et l’abandon de l’activité en place.
31
Khojwan, un village urbain productif en mutation
Vidéo
Lien vers la vidéo:
https://youtu.be/YD9fGYJq3dY
32
une articulation entre processus social et processus spatial
Des successions redéfinissent le tissu urbain
La famille indienne est traditionnellement élargie (« hindu joint family »), c’est à dire que plusieurs générations vivent sous le même toit, mangent de la préparation du même foyer, ont une religion commune et servent souvent une même activité dans une organisation commune (chaque individu peut avoir une tâche différente dans la chaîne). Les revenus sont mis en commun et la famille fusionnelle et solidaire est comme une réelle « sécurité sociale » pour elle même. Les droits et les obligations sont les mêmes pour tous les membres de la famille, les tâches sont différentiées par genre et on observe une rotation de celles-ci. Même si l’on tend vers la famille nucléaire (se limitant aux parents et leurs enfants dans un même foyer), quelques une des familles d’artisans de Khojwan sont élargies aux grands parents et les frères et soeurs restent voisins. Les familles sont composées en moyenne de 5 à 8 personnes par foyer. Quelques belles demeures datant du XIXème siècle subsistent à Khojwan. Ces maisons à patio de dimensions importantes avec jardin (en moyenne 15m x 20m) accueillaient des familles élargies d’une vingtaine de personnes depuis des générations. Aujourd’hui, avec l’individualisation progressante de la famille nucléaire influencée par l’Occident, on est face à un processus de partage de ce patrimoine lors des successions. Ce partage a lieu de différentes manières qui entrainent la dégradation voire la disparition du patrimoine bâti : soit la maison est littéralement découpée, ce qui entraine une division sauvage du bâti (éventrement de la façade pour créer de nouveaux accès, création de murs de division intérieurs et extérieurs…), soit aucun accord de partage 33
n’est trouvé et on assiste à un délaissement du bâti non occupé et en attente du jugement. La décision peut aussi être celle de la destruction du bâtiment en place et le découpage parcellaire en autant de parcelles qu’il n’y a d’héritiers. Aujourd’hui, la majorité des parcelles font 4 à 5m sur une profondeur de 20m et sont traversantes. Les jugements d’héritages qui tendent à diviser les terrains entrainent l’apparition de parcelles extrêmement étroites (jusqu’à moins de 2m de largeur !). Ces dimensions rendent la vie domestique peu confortable et l’activité des tourneurs sur bois très difficile. Face à cette tendance, une autre dynamique se met en place : la vente de parcelles (peu vivables car trop petites) qui permet leur regroupement et leur achat par des investisseurs extérieurs qui y construisent des apartment building*. Ces bâtiments résidentiels où les familles se superposent horizontalement diffèrent du modèle des maisons-atelier du quartier. En effet, ils accueillent une population de classe sociale plus élevée qui utilise la voiture pour se déplacer hors du quartier pour travailler. La forme urbaine est également différente, de taille beaucoup plus importante et non mitoyenne avec un rez-de-chaussée réservé au garage des voitures. Un muret entoure la parcelle et empêche toute interaction entre le rez-de-chaussée et la rue.
APPARTMENT BUILDING - densification horizontale - changement de rapport à la rue (asceptisation) - nouvelle population
succession
division sauvage du bâti existant -> densification MAISONS-ATELIER entreprise familliale
MAISON A PATIO (XIXeme siècle) sous habitée
regroupement parcellaire (investisseurs extérieur)
20 30
20
20 15
5 5 5
délaissement du bâti -> parcelle en attente -> utilisation pour stockage
division parcellaire
20 2,5
division parcellaire
MAISON ETROITE - densification verticale - perte de qualité d’espace de l’activité -> frein à la persistance de l’activité
VERS UNE RESIDENTIALISATION
Schéma illustrant le processus de succession
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Parcelles traversantes en lanière (profondes de 20 mètres en moyenne)
35
Un quartier mobilisé autour de la production d’objets en bois
Commerces de proximité, services, institutions et ateliers prennent place au sein d’un quartier d 36
Bien que concentrant une activité de production prédominante, usages et activités se superposent à Khojwan. On remarque une forte cohésion dans la communauté des tourneurs de bois, très attachés à leur quartier, bien qu’ils n’appartiennent pas tous à la même caste. En effet, en Inde, les personnes pratiquant une profession similaire appartiennent souvent à la même caste, comme les artisans du métal par exemple qui sont de la caste des thathéras. Le métier n’étant pas lié à une caste en particulier, n’importe quel individu peut s’y greffer et en apprendre le savoir-faire. Cela le rend accessible au plus grand nombre. Quand le savoir n’est pas transmis de père en fils, le savoir se transmet de maître à apprenti. Les artisans travaillent en moyenne 6 à 8h par jour et passent surtout beaucoup de temps à la préparation du bois pour le lendemain. Leur revenu mensuel est situé entre 5 000 et 10 000 roupies, alors que selon l’Organisation Internationale du travail, le salaire moyen indien en 2012 était d’environ 20 000 roupies.
de production artisanale 37
ateliers d’objets en bois tournés laqués
magasins de bois
peinture par les femmes
atelier de laque
> 39 ateliers d’objets en bois laqués répertoriés (soit environ 150 artisans)
> 3 magasins de bois
la peinture et la décoration des objets s’effectuent dans les maisons.
> 1 atelier de laque rép
La chaîne des objets en bois tournés morcellée dans le quartier
La chaîne de production des objets en bois laqués s’appuie sur plusieurs types d’artisanats et d’activ espace. Mais tous se concentrent à Khojwan ce qui fait de ce quartier un véritable cluster artisanal*
38
atelier laque
atelier bois tourné
CO
MM
revendeu
DE
revendeurs
maisons
OLTE
REC
OLTE
REC
autres ateliers de la filière bois (menuisiers..)
maisons
revendeurs
VENTE
OLTE
REC
- Varanasi (Raja Darwaza Main Ghat Assi Ghat)
vités possédant chacun leur *.
DE
- Varanasi (Raja Darwaza Main Ghat - Monde (Etats-Unis Assi Ghat) Canada Angleterre) - Inde - Inde
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- Monde (Etats-Unis Canada Angleterre)
VENTE
> 3 revendeurs répertoriés
AN
AN
maisons
tisserands ferroniers
MM
DE
atelier bois tourné
revendeurs
CO
atelier bois COM MA tourné N
VENTE
pertorié
atelier laque
Les objets fabriqués sont de nature traditionnelle, religieuse ou culturelle. La production de poupées russes, toupies, et sindoor box (boîte que l’on offre aux jeunes mariées contenant de la poudre vermillon) sont les plus répandues. On trouve aussi des bracelets, atelier des bagues, des boucles d’oreilles, laque des colliers….
- Varanasi (Raja Darwaza Main Ghat Assi Ghat) - Inde - Monde (Etats-Unis Canada Angleterre)
magasin de bois > bois de Keria : 200 Rs/tonne (interdit) > bois d’Eucalyptus : 1000 Rs/ tonne
taille du bois pour insert
forêt d’élevage
fixation sur la machine
bihar uttar pradesh
débitage
west bengal
sculp
+ sécrétion de résine par les conifères
sécrétion de l’insecte Keria Lacca
flocon de lac
> lac : 100/150 Rs par kg > resine: 700 Rs par kg
Différents savoir-faire mobilisés dans la chaîne de production
40
chauffe e résine, lac
objets finis
> entre 15 et 300 Rs
lacquage
finitions/ peinture par les femmes ponçage avec feuille de kweda
pture du bois
stick de couleur > 27 Rs par stick
mélange de la pâte
et mélange, c et colorant
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Des femmes qui peignent chez elles
42
Le bois utilisé est en majeure partie de l’eucalyptus et provient des forêts de l’Uttar Pradesh. Les artisans peuvent se fournir directement auprès des autorités des fôrets ou auprès des magasins de bois présents dans le quartier.
les ghâts (notamment à Assi Ghât qui est le plus touristique). Le reste de la production est destinée à l’export, et se dirige vers les Etats-Unis, le Canada, l’ Angleterre, où la diaspora indienne est très présente.
Concernant la fabrication des bâtonnets de laque, ils s’élaborent en mélangeant les matières premières provenant du Nord-Est de l’Inde (sécrétions de l’insecte Keria Lacca et résine des connifères) et des colorants chimiques. Le travail du bois s’effectue en prmeier lieu sur le seuil des maison ou le bois est débité, écorcé et parfois stocké, puis au sein de l’atelier où la sculpture au tour vanovembre donner à l’objet sa forme finale. Vient ensuite l’application de la laque préalablement DIWALI x préparée dans d’autres ateliers.
Toutefois, il n’y a pas de lieu de vente au sein du quartier (même s’il est tout de même possible d’acheter directement aux artisans si on leur en fait la demande..). Le quartier est mobilisé de manière différente au fil de l’année notamment en raison du calendrier des nombreux festivals décembre janvier qui ponctuent l’année et de la mousson. De ce fait, la production d’objets est différente KITE FESTIVAL x février selon les périodes. SHIVRATIRI x
octobre
Une grande quantité de rebuts sous forme de copeaux est engendrée par la sculpture novembre DUSSEHRA sur bois. Cette matière est en partie x utilisée pour allumer le feu nécessaire à la DIWALI x cuisine, mais la majorité du temps elle est octobre empaquetée puis vendue.septembre GANESH CHATHURTI x
décembre
janvier
mars
KITE FESTIVAL x
février
SHIVRATIRI HANUMAN x
JAYANTI x
mars
avril
DUSSEHRA x
D’autres finitions telles que la peinture ou l’application de strass sur les objets sont accomplies par les femmes qui travaillent dans leur espace domestique. Les finitions août peuvent avoir lieu dans le même foyer que l’atelier, ou dans d’autres ; ce ne sont pas uniquement les femmes des artisans qui effectuent les finitions.
septembre
GANESH CHATHURTI x
août juillet
Le déroulement de la vente est finalement géré par les revendeurs, qui sont aussi les personnes à l’origine de la commande. Les objets sont vendus dans les rues commerçantes de la vielle ville et parfois sur 43
HANUMAN JAYANTI x
avril
GANGA DUSSEHRA
juin juillet
mai GANGA DUSSEHRA
mai
juin x
principaux festivals x
principaux festivals
saisonsaison des des mariages mariages
saisonsaison des des moussons moussons
Un artisanant menacé ? Ce n’est pas la pratique même de l’artisanat qui pousse les artisans à quitter le métier, mais plutôt la condition économique qui en découle. Cette économie est très dépendante des entités présentes aux extrémités de la chaine de production : les matières premières et la vente. Les artisans accusent en premier lieu le manque de bois et d’ONG1. D’une part, la matière première nécessaire à la fabrication des objets. Les artisans font face à la fluctuation des prix du bois et de sa disponibilité. Jusqu’en 1980 et à son interdiction par le gouvernement, le bois de Keria au prix plus attractif et à la densité proprice à la sculpture du bois était utilisé par les artisans. Aujourd’hui ils ont recours la plupart du temps au bois d’Eucalyptus beaucoup plus coûteux. Un autre problème économique est l’impossibilité pour les artisans de se fournir suffisamment auprès des agences gouvernementales (ils n’y ont accès qu’une seule fois par an et ne détiennenent pas de lieux de stockage). Les magasins de bois du quartier profitent donc de ce fait pour spéculer sur le bois en le rendant rare et beaucoup plus cher. Ce même bois, une fois acheté fait l’objet d’un stockage et doit être séché afin de pouvoir être travaillé et d’assurer une bonne résistance dans le temps. La période de mousson qui s’étale de juin à septembre affecte beaucoup l’activité des tourneurs car à défaut d’espaces de stockage étanches, le bois mouillé ou humide devient moins facile à travailler. En effet, les artisans 1 Hasnain, Saiyed Faiz, « Wooden toy manufacturing industry on the verge of dying », publié sur dnaindia, 26 juin 2014. 44
ne disposent pas de suffisemment d’espace à l’intérieur pour protéger le bois. De même les magasins de bois à ciel ouvert ou partiellement couverts de tôles et de bâches perdent beaucoup de bois durant la mousson. Les coupures d’électricité sont aussi un problème, car c’est la source d’alimentation du dispositif nécessaire au tournage. Aussi, les dépenses en électricité vouées à l’activité du bois représentent 32% des revenus des ménages pratiquant l’activité. De plus, la concurrence liée au phénomène de mondialisation est un autre facteur menaçant pour la production de Khojwan, ces objets industriels et en plastique proviennent notamment de Chine. D’autre part, la vente des objets produits. La communauté des artisans ne possède aucune autonomie en matière de vente des objets qu’ils fabriquent. Ce sont des tierces personnes, les revendeurs, qui s’occupent de passer les commandes et de réceptionner les objets finis. Ils réalisent alors une bien plus grande part de profit que les artisans. Enfin, les instances sensées assurer la stabilité des artisans ne semblent pas fonctionner correctement. Pour exemple, Khilauna Udyog Sahkari Samiti Limited que l’on pourrait traduire par « société coopérative de l’industrie du jouet » est sur le papier l’organisation ciment des artisans de Khojwan, mais après plusieurs entretiens et questionnements à leur sujets, aucun artisan ne fut en mesure de nous expliquer lers actions.
Vers une valorisation de l’artisanat de tournage ? Cependant, malgré les diffultés rencontrées, l’artisanat et les artisans liés au tournage du bois sont en partie estimés. En 2014, les objets en bois de Khojwan ont été enregistrés en tant qu’Indication Géographique (GI). C’est une désignation, reconnue par la World Trade Organization, concernant un produit qui correspond à un lieu géographique ou une origine spécifique. L’ Inde compte à ce jour un peu plus de 300 GI. En revanche, l’appelation GI n’engage à aucun contrôle de qualités ni normes, c’est pourquoi, bien qu’ayant redonné un léger élan dans la vente des objets fabriqués à Khojwan, le bénéfice d’une telle indication n’est pas forcément prouvée. Néanmoins, cela pourrait permettre de réfléchir à ouvrir d’autres labellisations pour ces jouets.
45
activités domestiques activités humides activités du bois
46
La maison-atelier et la rue
À L’ÉCHELLE DE LA MAISON
Les typologies les plus récurrentes dans le quartier sont des maisons-atelier étroites et profondes avec une façade unique sur rue (tissu mitoyen).
journée. On effectue les tâches domestique dans un espace la journée qui sert au couchage le soir. Cette flexibilité est permise par l’absence d’une profusion de mobilier dans les maisons du quartier. Toute activité ou presque à lieu à même le sol : cuisiner, manger, se reposer, travailler... pas besoin de chaises pour s’asseoir, de table pour manger ou travailler. Les couchages sont souvent pliables et se rangent la journée pour être réinstallés le soir. L’espace de la toiture est pratiqué par les femmes : invisibles depuis la rue, on peut les voir s’affairer aux taches ménagères ou à des activités artisanales comme la fabrication de papads (galette indienne à base de farine de haricots).
L’atelier s’installe sur rue et fonctionne comme une petite entreprise familiale de 1 à 5 personnes, le propriétaire faisant de temps à autre appel à de la main d’oeuvre supplémentaire. L’activité du bois tourné prend place grâce à un dispositif d’une grande ingéniosité. En effet, jusqu’à six postes peuvent tourner avec un unique moteur grâce à la mise en place d’un axe qui redistribue la rotation à l’aide de poulies sur lesquelles des sangles entrainent la force jusqu’aux tours à bois. La scie circulaire située sur le seuil profite également de ce dispositif. On remarque que l’architecture domestique a été modifiée pour accueillir le métier et son évolution et les façades ont parfois été éventrées pour accueillir l’axe rotatif bricolé. Ces ateliers adaptés sont très encombrés et les nombreuses sangles tournant à grande vitesse sont dangereuses. Les maisons-atelier plus récentes prennent le dispositif en compte dans leur architecture et les rez-de-chaussée ont une plus grande hauteur sous plafond pour pouvoir accueillir confortablement le mécanisme. Atelier et espace d’habitation entretiennent une relation particulière et on observe que les usages se superposent. L’accès à la maison se fait au travers de l’atelier et l’espace domestique se déploie dans les étages. Les pièces de vie ne sont pas mono-fonctionnelles : elles peuvent servir à plusieurs activités qui se côtoient ou se répartissent dans les différents temps de la
La plupart des maisons disposent d’une pompe à eau mais n’a pas accès à l’eau courante. L’emplacement des pièces d’eau s’explique par l’évolution d’un modèle typologique commun au tissu : une pièceatelier sur « rue active » et une pièce de vie sur « rue arrière » avec une cour au centre où se concentrent les pratiques liées à l’eau : l’hygiène du corps et la préparation des repas pour des raisons de salubrité (le soleil évite à l’humidité de s’accumuler, l’air et le vent évacue les odeurs et la fumée). On peut voir l’évolution par la densification de ce modèle : la cour devient l’espace de circulation verticale (l’escalier) et est de ce fait couverte. De ce fait, mis à part les pièces sur rue, toutes les autres sont aveugles et les coeurs d’ilot sont souvent insalubres et inutilisés. Les toilettes restent au même endroit mais la cuisine déménage dans un autre espace extérieur de la maison (pour les raisons énoncées ci-dessus) : le balcon. L’espace public est une des choses qui a attiré notre attention dès la première visite.
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TYPOLOGIES
PRINCIPE DE DENSIFICATION
POLOGIES
Contrairement à la vieille ville de Varanasi, TYlarges, POLO GIlaisse ES passer les rues sont plus ce qui la lumière et permet à l’air de circuler. Néanmoins, la dimension de la rue reste à échelle humaine : bien qu’elle ne permette pas un trafic fluide de voiture, piétons, PRINCI PEla DE DENSIFICATION : MODELE COU RANT cyclistes, scooters et charrettes transportant tissu en lanière avec double accès marchandises et matières(rue premières principale, se ruelle secondaire) partagent les rues pavées. Ces modes de déplacement doux et lents permettent un certain encombrement actif et fluctuant de la rue et renforcent les échanges et interactions au sein de la l’espace public.
: MODELE COURANT tissu en lanière avec double accès (rue principale, ruelle secondaire)
atelier-cour-habitation les pièces sont dans la cour atelid’eau er - cour - habi tatio n les pièces d’eau sont dans la cour cons
ervation de
La rue se dilate et se rétracte pour laisser AUTRES TYPOLOGIES DENSIFI EES d’une terrasse création ici et là place au déploiement de l’activité conservation de la cour et ajour de IPE DE DENSIFICATION atelier - cour - habitation et :de vieEquotidienne. MOlaDEL COURANT Les nombreux création circulation verticale d’une terra sse les pièc la cour devien es d’ea tissu en lanière avec débordements sont dans la cour et renfoncements créent uune double accès conservation de la cour et ajout de la circu lation (rue principale, ruelldiversité e secondaire) de situations qui laissent place verticale la cuisine est à l’appropriation de l’espace de la rue et de l’espace de seuil qui diffère selon les ménages. Les enfants jouent dans les rues lorsque celles-ci s’élargissent, les dadas* AUTRES OLOGIEsur lisent leur journal ouTYP discutent le SIFI seuil S DEN EES NOUVELLES TYPOLOGIES de leur maison. bâtiment divisé verticalement
atelier - cour - habitation les pièces d’eau sont dans la cour
TYPOLOGIES DENSIFIEES
ent divisé verticalement
n d’une terrasse
création d’une terrasse conservation de la cour et ajout de la circulation verticale
bâtiment divisé verticalement
maison à cour avec jardin la cour devient espace de atelier sur rue verticale et est couverte la cour devicirculation ent l’espace de circulation vertiaccè calesetloge estment par la cuisine est déplacée sur le balcon couverte l’atelier (espace extérieur). la cuisine est relocalisée sur le balcon (espace extérieur)
maison à cour avec NOUVELLES TYPOLOGIES bâtiment avec plusie jardin division verticale et h atelier sur rue atel accès logement par circulation l’atelier Principe de densification de l’habitat observé pièce d
maison à cour avec 48 jardin atelier sur rue accè la cour devient l’espace s logemede circulation verticale et est
bâtiment avec plusieurs familles division verticale et horizontale ateliers sur rue
Lâ&#x20AC;&#x2122;atelier et la rue
49
Un artisan Êcorçant son bois devant son atelier
50
La chottra, figure architecturale nécessaire à l’activité
Si la rue entretient un lien fort avec la maison-atelier c’est au travers d’un élément d’intervalle, d’un seuil qui se matérialise par un élément architectural surrelévé ; la « chottra ». Cet élément-socle, évite également aux maisons d’être inondées pendant la mousson. La notion de seuil en Inde est très importante, que ce soit dans les habitations ou dans les temples. Et cet espaces revêt des noms différents selon les endroits : « otla », « otta », « thinnai », « delly » ...
Un artisan écorçant son bois devant son atelier
Ces espaces de transition, qui sont porteurs de significations spirituelles et symboliques, sont le support de rituels (verser de l’eau sur son seuil ou dessiner des kolam* en Inde du Sud, ou celui de), de décorations (figure d’une déité), de rencontres, de pauses. À Khojwan nous avons surtout vu trois situations auxquelles ce seuil servait : Le déploiement de l’espace domestique, de l’espace commercial et celui de l’activité productive. Ce dernier déploiement implique l’installation des activités bruyantes ou encombrantes (sciage, écorçage), le stockage journalier de matières premières, de sacs de copeaux de bois, ou de produits finis.
La chottra sert au stockage
Un autel installé sur le seuil à l’entrée de l’atelier 51
Déploiement de l’activité commerciale
Déploiement de l’espace domestique
banc érigé sur la chottra 52
feu de bois sur le seuil
Construction du seuil, vers une annihilation de la chottra ?
auvent au dessus de la chottra
53
escalier construit sur lâ&#x20AC;&#x2122;espace du seuil
Un homme installé sur des tables, extension d’un intérieur ?
54
Résistance ? Adaptation ? Besoin ?
Une tablette montée sur quelques briques semble avoir été ajoutée pour répondre aux besoins de l’activité
55
56
Emprunter du réel
22 m
activités domestiques activités humides activités du bois
22 m
activités domestiques activités humides activités du bois
4m
La cour domestique 4m
La vie domestique, se développe ponctuellement dans des cours arrières. En effet, les femmes qui sont quasiment absentes de l’espace de la rue, sortent dans ces espaces collectifs facilement appropriables qui laissent place à une certaine intimité malgré leur accessibilité permise à tous. Les femmes pratiquent également d’autres activités artisanales dans ces cours comme la confection d’éponge en fibre de métal ou des papads.
57
11m
5m
11m
activités domestiques activités domestiques activités humides activités humides activités du bois activités du bois
5m
La cour d’activité Dans le quartier de Khojwan, un phénomène de regroupement des artisans travaillant le bois au tour en petites grappes prend place. Cette activité se concentre le plus souvent autour de placettes, de rues calmes ou en impasse (non passantes, que l’on nommera rues arrières) où l’encombrement est possible à la fois par les artisans eux mêmes (lorsque certaines actions ont besoin d’avoir lieu à l’extérieur : sciage, écorçage…) et par le stockage des matériaux. Ces cours d’activité sont utilisées comme une extension flexible de l’atelier.
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ajouts techniques ajouts liés à l’eau
Maison carrée Un autre mécanisme récurrent est l’ajout d’éléments « techniques » par l’extérieur des bâtiments, notamment en construisant l’espace vertical projeté au dessus de la chottra*. On observe la construction d’escaliers pour atteindre les étages densifiés sans prendre de place à l’intérieur ainsi que de pièces d’eau (toilette, cuisine) pour pouvoir gérer l’évacuation et protéger les pièces de vie intérieur de leurs nuisances. Les modèles de cour domestique et de cour d’activité peuvent aussi superposer leurs usages puisqu’ils nécessitent la même forme urbaine et ne sont pas incompatibles. On cherchera donc dans le projet à s’inspirer du réel pour recréer ces situations propices à l’installation et au bon déroulement de l’activité et de la vie domestique.
59
60
3.Projet Introduction Processus Lieux Acteurs
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interdiction de l’ivoire par le Gouvernement Indien changement dans l’artisanat et la matière première
1970’s: ouverture à l’export international (mené par les silk & beads emporiums de Varanasi)
1870’s: apparition du tournage sur bois à Varanasi
1946: introduction de l’électricité dans la ville de Benares
2014: Indication Géographique (GI)
1989: 2017: interdiction de la vente atelier de documentation du bois keria collaboration USTTAD/NIFT Nov. 16 - Jan. 17 Integrated project for development & promotion of handicraft
1870
1880
1890
1900
1910
1920
1930
1940
1950
1960
1970
1980
1990
2000
2010
2030
2040
2050
2060
2018
production (relative aux moussons) nombre d’artisans évènement majeurs
Frise montrant les tendances historiques d’évolution de la production et du nombre d’artisans (d’après KUMAR Nita, The Artisans of Banaras. Popular Culture and Identity 1880— 1986, Princeton: Princeton University Press, 1988)
62
DES MAISONS-ATELIERS AU CENTRE DE L’INNOVATION DU BOIS
L’activité de Khojwan a par le passé déjà subit des changements et des transformations, des moments de rupture, mais persiste toujours. Aujourd’hui si l’on ne peut affirmer avec certitude que l’activité est en déclin, les observations et les enjeux que nous avons dégagés témoignent néanmoins d’une fragilité. Quelles positions adopter alors ? Faut-il tendre vers une folklorisation du savoir-faire et ainsi de l’habitat qui l’abrite ? Muséifier tout un quartier, et le rendre attractif pour la figure du touriste ? La muséification n’est pas le processus pour lequel nous avons opté. C’est plutôt en s’appuyant sur l’innovation à la fois des ateliers, de la chaîne de production et des intéractions avec d’autres artisanats ainsi que la force et l’impulsion des artisans que nous envisageons notre stratégie urbaine.
et être bénéfiques pour l’activité ? Quelle évolution alors imaginer pour ces nouveaux ateliers et ces nouvelles maisons-ateliers? Le projet propose de développer des situations observées sur le terrain qui encourage à la mutualisation et au partage. La mise en place de site & service* guidera le renouvellement du quartier en ce sens en anticipant la création de cours partagées en centre d’îlot sur les friches du sites; espaces en attente ou en ruines. Ce système prévoit l’amélioration de l’assainissement et des élements techniques afin de conforter habitation et atelier. Ces nouvelles typologies aideront également à maîtriser les effets du processus de succession à travers la mise en commun d’outils et de certaines parties des ateliers mais aussi en prévenant la division parcellaire par leur adaptabilité. La communauté des artisans déjà soudée doit au travers de la reprise de la coopérative qui les rassemble, renforcer son autonomie et ouvrir de nouveaux horizons qui permettront à la suite du projet de s’installer et aux autres échelles de s’interpénétrer.
Le projet propose de tirer avantage de la complémentarité et l’interdépendance de différentes échelles allant du bâtiment à la ville en prenant comme point de départ la maison-atelier qui est la plus à même de devoir évoluer dans les années à venir, si l’on ne fait rien. La relation entre l’habitation et l’atelier nous semble importante à entretenir en ce qu’elle engendre la mobilisation des membres de la famille autour de l’activité artisanale. La maison-atelier des habitants-artisans doit être réfléchie et avoir de nouvelles perspectives afin de pouvoir s’intégrer à dans un tissu en mutation. De même, l’arrivée de la production dans le tissu de la nouvelle ville sera proposée. Ainsi, de quelle manière les deux tissus peuvent cohabiter 63
Aussi la nouvelle ville qui se développe et s’étend, n’est pas vue nuisible, mais nourrie le projet par ses grands axes et permet par son accessibilité une accroche aux programmes comme le marché, le lieu d’assemblage ou les magasins de bois. De même, pourquoi ne pas réinventer des ateliers qui s’intégreraient à ce tissu, et permettraient la désaceptisation de ce modèle ? Loger la main-d’oeuvre artisane et des étudiants ne serait-il pas une façon de pouvoir apporter de la mixité sociale ? La création d’un lieu de vente et d’un
marché, gérés par les femmes des artisans permettra au modèle traditionnel de la famille entrepreunariale indienne de persister tout en permettant aux femmes une fenêtre vers l’émancipation. La question de l’émancipation des femmes en inde, est un sujet sociétal aussi important qu’il est délicat. Du cluster traditionel au cluster d’innovation ? Ces lieux d’innovations permettent à l’activité de se diversifier, de la rendre durable et de créer des nouveaux liens avec les différentes poches d’artisans du bois ou d’autres domaines (menuisiers, sculpteurs sur bois, tissirands, ferroniers...) de Varanasi. Ces nouvelles intéractions aux sein de la filière bois pourraient aussi amener la production à changer l’échelle du produit, dans le domaine du mobilier ou de l’architecture par exemple. Néanmoins, viser des produits fini à plus grande échelle n’influence pas nécessairement l’échelle des objets tournés si ceux-ci ne sont qu’une pièce d’un tout : un objet tourné à Khojwan devient le pied d’un cadre de lit ou d’une chaise, un élément de rambarde ou de brise soleil.
64
La maison-atelier Le dispositif du socle
désagréments de la rue (saletés, eaux de pluie durant la mousson…), et crée une distance par un espace de seuil.
Pour aller vers cette forme urbaine, nous proposons la mise en place du modèle de site and service avec un bloc technique regroupant les infrastructures de base. Cet élément est en fait le socle de la maison qui contient les réseaux : l’eau avec les éléments indispensables à la cuisine et l’hygiène (bac de douche/vaisselle et wc) ainsi qu’une connexion verticale qui permet l’empilement du modèle et l’électricité. Ce socle reprend l’élément architectural récurrent de la « chottra » observé lors du terrain qui surélève la maison et l’atelier de la rue, protège l’espace intérieur des 65
Ce bloc technique est modulable dans sa longueur et peut s’adapter à la parcelle qu’il occupe, néanmoins, une largeur de 5m ainsi qu’un bloc sanitaire de 2m de large le caractérise pour des raisons de fonctionalité. Un système de calepinage en bois modulable permet de gérer le lien entre le dispositif et l’atelier. Ce principe est également évolutif et on peut imaginer que ce socle creux accueille du rangement avec un système de trappes ou même le dispositif d’axe rotatif dans sa partie creuse afin de libérer l’espace de l’atelier de ses sangles.
On imagine les différentes phases de la construction au rythme de l‘agrandissement ou des entrées d’argent de la famille. (couverture et fermeture des wc, création d’une pièce, puis d’une autre, mise en place du toit qui devient une terrasse…).
L’évolution des site & service Reprenant les principes du projet de l’architecte Indien Balkrishna Vithaldas Doshi pour le quartier Aranya à Indore (cf fiche en annexe), le modèle du site and service permet de rester dans un développement du quartier évolutif et en auto-construction.
La mise en place d’une remontée d’eau et d’escaliers extérieurs partagés permet aux éléments nécessaires à chaque foyer de monter dans les étages en donnant ainsi une réponse au processus de succession : les héritiers d’une même famille peuvent donc s’empiler en densifiant l’habitat plutôt que de devoir diviser la parcelle.
Les éléments liés aux pratiques humides (toilette et arrivée d’eau pour la cuisine) se situent du côté de la cour en rez-dechaussée pour des questions de salubrité (évacuation de l’humidité, des odeurs). En Inde, la préparation des repas se fait le plus souvent à même le sol et nous pensons qu’une cour commune est un espace adapté pour la préparation des repas. 66
La cour intérieure L’espace de la cour commune, est un espace extérieur à l’abris des regards que les femmes peuvent s’approprier comme une extension de leur propre intérieur souvent trop réduit pour y pratiquer leurs activités domestiques (travaux domestiques ou de petit artisanat) et où les enfants peuvent jouer en sécurité. Ainsi, le regroupement de quelques familles autour d’un espace semiprivé peut entrainer la mise en commun de biens (électroménager ou outils de travail par exemple) ou de taches (garde des enfants, lessives etc…). Dans le cas de regroupements de familles d’artisans du bois tourné, un débordement ou un retournement de cette activité coté cour est également envisageable. 67
La cour intérieure Ce système de « site and service » est flexible et est bénéfique à tout type d’habitat. Le rez-de-chaussée peut ainsi accueillir un commerce ou un logement aussi bien qu’un atelier. Le partitionnement intérieur est libre (les murs latéraux sont porteurs avec une portée de 5m facilitant la construction autonome) et on peut imaginer la création d’espaces de stockage de matériaux, des espaces mixtes d’activité et d’habitation etc… Ce modele permet aussi de mettre en place des ateliers partagés en rez-de-chaussée (réunion de deux blocs techniques) pour des activités demandant des espaces de 68
dimensions plus importantes (évolution du travail par des machines encombrantes) qui pourront ensuite se diviser dans les étages lors des successions.
Acteurs
architectes médiateurs
collectif
universités nift, bhu
Khojwan
habitants du quartier, bienfaiteurs
architectes confrères indiens
gouvernements
ong sulahb, sewa
Le projet urbain émane du croisement de plusieurs types acteurs et de leurs connaissances et savoirs-faire.
artisans et femmes des artisans
khilauna udyog shakari samiti limited
SEWA, la coopérative Khilona pour l’instant inactive et que l’on veut renforcée, ainsi que des confrère architectes indiens. Ce projet sera porté aux instances gouvernementale pour leur demander leur soutien, notamment pour des fonds financier.
La création du collectif Make Khojwan, qui porte ce projet né principalement de l’association des artisans et leur famille et des université tournées vers le design de produit et la recherche. D’autres protagoniste accompagnent et soutiennent ce cœur fort tels que les habitants du quartier et des bienfaiteurs, des ONG comme Sulahb qui promeut l’assainissement de l’environement et la gestion des déchets (notamment par le biais de construction de toilettes publiques), ou 69
Ce collectif pluridisciplinaire et orchestré par des architectes médiateurs utilise comme outils des évènements comme des workshops et la fête du bois afin de fédérer et informer les acteurs du projet. Le collectif investit des catalyseurs qui sont initiateurs des processus d’action et réfléchi à la mise en place de nouvelles infrastucture pour l’activité.
Les artisans et les femmes de Khojwan : Directement concernés, ils seront aussi les initiateurs de la création du cluster de l’innovation artisanale de Khojwan, qui a un impact à l’échelle de la ville.
Rae Bareli situé à environ 230 kilomètres de Varanasi, également en Uttar Pradesh. Sous le programme USTTAD , deux workshops, d’une semaine chacun, ont eu lieu à Khojwan pendant l’année 2017 durant lesquels le partenariat du NIFT servait à la documentation de l’artisanat du bois tourné laqué. Ils seront main dans la main avec les artisans et le collectif, moteur de la réflexion sur l’innovation des produits, mais aussi des espaces architecturaux nécessaires.
Khilauna Udyog Shahkari Samiti Limited : Pouvant être traduit par le «Comité de l’industrie du jouet» opère à Khojwan mais ses actions sont difficilement traçables et les artisans eux-mêmes ne connaissent pas le rôle que joue cette organisation. Elle semble innactive d’après les artisans. Make Khojwan : Collectif formé par des architectes à la suite d’un atelier international à Varanasi en Janvier 2018 et d’une analyse des besoins des habitants, des artisans et du quartier de Khojwan. Il est composé en premier lieu des artisans, d’habitants du quartier, de jeunes architectes indiens intéressés par le sujet et rencontrés lors de précédents voyages en Inde, et d’éventuels bienfaiteurs qui entendraient parler du projet. Le collectif s’organise pour les négociations, le débloquage de fonds auprès des autorités gouvernementales, la recherche de sponsors... Il se porte également garant et accompagne les artisans pour les demande de prêts auprès des banques. Le collectif assure la reprise de Khilauna en tant qu’appui, et le pilotage du projet urbain. L’ambition étant qu’une fois le projet urbain à terme, la coopérative Khilauna soit renforcée et active de nouveau.
BHU : Benares Hindu University, fondée en 1916, notamment la faculté d’arts visuels qui regroupe les arts appliqués, la peinture, le design textile, les arts plastiques, la potterie et la céramique. L’université est située à 2 kilomètres de Khojwan et nombre d’étudiants habitent le quartier ou ses alentours. Organisations non gouvernementales: Sulabh International : Fondée en 1970 par le Docteur Bindeshwar Pathak elle est dédiée à l’idéologie gandhienne de l’émancipation des scavengers. Sulabh a travaillé à l’élimination de l’intouchabilité et de la discrimination sociale contre ces scavengers, une section de la société indienne condamnée à nettoyer et transporter les excréments humains manuellement. Une des actions majeures de l’organisation est la construction et l’entretien de toilettes publiques (avec une technologie conçue par l’ONG) dans les lieux publics et dans les bidonvilles sur la bas du pay & use. On en resence plus de 8 000 dans tout le pays.
Intitutions universitaires : NIFT : Le National Institute of Fashion Technology de 70
L’installation d’infrastructure urbaine, et notamment le marché nécéssite une prise en charge de ces questions. Make Khojwan
envisage de solliciter Sulabh en ce sens. SEWA (Self-Employed Women’s Association): Cette association, créée en 1972 à Ahmedabad (Gijarat) aide les femmes en Inde en leur proposant des outils pour s’organiser, et devenir auto-suffisantes dans un objectif de plein-emploi. Les actions sont déclinées à travers trois axes : offre de services leur étant destinés, accès au marché et lutte pour l’égalité de traitement. Ce travail de facilitation passe par la mise en place de petits groupes d’auto-assistance. Le public auquel s’adresse l’association est celui des femmes exerçant une activité indépendante ou pilotant une petite entreprise, et qui ne parviennent pas à intégrer en tant que salariées le secteur organisé du travail, ce qui leur donnerait accès à une couverture sociale. Le projet mis en place visant à une autonomisation des artisans en partie grâce à l’émancipation des femmes, le collectif oeuvrant pour Khojwan collaborera avec SEWA au moins dans le but de comprendre les mécanismes nécessaire à sa réalisation. Agences gouvernementales : Ministère du Textile (Development Commissioner Handicraft), gouvernement central & Department of Handicraft Uttar Pradesh, gouvernement régional : Plusieurs actions comme la mise en place de site de e-commerce pour les artisans, des programmes de formations pour d’autres ou de foire de l’artisanat sont menées par ces deux agences gouvernementales. Néanmoins elles nécéssitent des agences locales d’action pour assurer la médiation des actions en place. Le ministère du Textile et le département de l’artisanat débloquent des fonds pour les projets relatifs à l’artisanat.
71
Ministère des Minorités : De la même manière, la mise en place de programmes comme l’USTTAD permettent au ministère des minorités de débloquer des fonds pour certains projets. Forest & Wildlife department, Uttar Pradesh: Cet organisme délivre les autorisations d’achats et de reventes de bois, ainsi que la protections des forêts.
Lieux
Maison Bleue
Magasins de bois
Les ateliers : Les maisons-atelier, de typologies et de dimensions différentes tendent à s’organiser avec des cours arrières qui peuvent être domestiques ou d’activité. Pour soutenir ces formes urbaines et leur expansion en confortant habitation et travail artisanal, le modèle du « site & service*» aidera les artisans à reconstruire leur habitat-atelier sur les espaces en attente ou en ruines ou lors du remaniement parcellaire dû aux successions. L’adaptation des maisons-ateliers existantes peut également se faire au travers du partage de rez-de-chaussée qui les rendrait aptes à accueillir les ateliers évolués. De nouveaux ateliers de typologies différentes s’intègrent à la nouvelle ville, profitant de ses parcelles spatieuses et accessibles et désaceptisent le rapport que celle-ci entretient avec la rue.
Maison des 5 frères
Site & service
maison et d’avoir une autre source de revenus. C’est le premier point de contact du collectif et le lieu d’expérimentation créé oeuvrant pour les artisans du bois. L’expérimentation sur les produits (création de prototypes liant plusieurs techniques liées au bois ou à d’autres domaines de l’artisanat) mais aussi sur la mise en œuvre artisanale et architecturale seront effectués par le biais de workshops organisés en collaboration avec des universitaires du NIFT et de BHU. C’est en quelque sorte le modèle pour une mise en commun des savoirs et des outils. Ce lieu rayonne au sein du quartier et entraîne d’autres lieux à se développer de la même manière. L’apprentissage et la transmission des savoirs y a également sa place : designers, artisans, apprentis mais aussi habitants peuvent y échanger. La maison des 5 frères : Intervention en milieu habité
Les catalyseurs : Les catalyseurs sont des espaces initiateurs des processus d’action sur le site à petite échelle qui laisseront place à des infrastructures plus importantes en temps venu.
Aujourd’hui cette propriété est composée d’une maison à patio sous-habitée et d’un terrain vague dans lequel des ateliers de tournage se sont construits isolément, chaque frère désirant son propre atelier pour pouvoir travailler. Cette forme résulte de la non résolution d’une succession.
La maison bleue : Intervention en milieu habité Vieille de 200 ans, la maison abrite une famille musulmane depuis des générations. La maison est sous-occupée puisque certains des héritiers ne vivent plus à Khojwan. La maison tombe en grande partie en ruine, ce qui diminue d’autant plus les parties utilisées. Les femmes et les enfants pratiquent la couture et coupent les fils de saree. La location de ces pièces inocupées permettrait à la famille de restaurer la 72
Un ancien atelier de tournage au rez-dechaussée de la maison à patio hébergera l’activité du bois pendant la contruction des nouvelles maisons-ateliers. Une fois la famille relogée, l’ancien atelier se convertira en atelier de peinture et de décoration regroupant les femmes peintres en attendant la construction du lieu d’assemblage.
Marché
Lieu d’assemblage
Centre de recherche er de traitement des déchets
Les magasins de bois : Ils sont déplacés et réunis à une des entrées du quartier pour faciliter un sens de production (de la matière première vers la vente) qui générera une livraison du bois en flux tendu afin de palier au manque d’espace de stockage du bois des ateliers. Protégé des intempéries, le séchage du bois sera contrôlé et l’installation d’un magasin gouvernemental est prévu afin de permettre aux artisans de se fournir en bois à des prix décents (selon une quantité limitée peutêtre). Le centre de recherche : Espace de recherche à l’echelle de la ville qui rassemble professionnels du design et universitaires (dépendant de BHU ou du NIFT) oeuvrant pour innover autour de l’artisanat du bois et de son croisement avec d’autres domaines. Ce centre instaure et développe le label Khojwan et défini les normes nécessaires à son application. Le marché : Non loin de la maison des cinq frères, la place devant le temple Ram Mandir Gudurham - que le collectif d’artisan se sera appropriée lors des fêtes de fin de workshop avec les étudiants du NIFT - accueille les premières ventes des productions familiales organisées par les femmes. Sa situation à la jonction entre le cluster artisanal de Khojwan et la nouvelle ville accessible par de larges voies de circulation venant du centre de Varanasi ou d’Assi ghat lui offre une visibilité et la possibilité de toucher à différents publics. Son développement en même temps que l’avancée du projet entrainera la construction d’élements d’accroche (assises 73
Nouveaux types d’ateliers, fab lab...
basses, arbres, petit kiosque) et de toilettes publiques. D’autres marchandises pourront également être vendues sur ce marché. Une fois toutes les infrastructures mises en place, un marché de gros (combiné à des entrepôts dans le lieu d’assemblage) sera géré par le collectif. Le lieu d’assemblage : Les produits designés et réalisés au sein de Khojwan et ceux d’autres clusters y sont acheminés afin d’y être assemblés et finalisés. Les produits peuvent être peints et décorés par les femmes du quartier, réunies et oeuvrant le contrôle et le parachèvement des objets en bout de chaîne afin d’y aposer le label Khojwan garantissant la non toxicité et le commerce équitable des produits selon les normes mises en place par le centre de recherche. Le centre de traitement des déchets générés par l’activité : Les copeaux de bois et la sciure y sont transformés en bâtons d’encens, utilisés dans les foyers et les temples indiens. D’autres transformations pourraient être envisagées pour que ces déchets servent à l’utilisation de toilettes sèches, à la composition de mortier ou de briquettes combustibles.
Processus et temporalité
2018
2019
2020
RÉ-UNIR CONNAISSANCES ET SAVOIR-FAIRE
INVENTER/INNOVER
2022
lien avec d’autres artisanats (design) nouveaux objets
OBJET
VALORISER ARTISANS ET FEMMES DES ARTISANS KHOJWAN
PRODUIRE HABITER
COLLECTIF
réflexion sur les nouveaux types d’ateliers
ARCHITECTURE
MAKE KHOJWAN
SITE & (dans les
ARCHITECTES MÉDIATEURS
ÉVOLUT
DES MA (confort et améli
UNIVERSITÉS NIFT BHU
WORKSHOP À VARANASI DÉCOUVRIR
QUARTIER - VILLE
ÉVÈNEMENTS
APPRENDRE
point de contact aavec le collectif
LA MAISON BLEUE
WORKSHOPS
INTERROGER
RELEVER
FÊTES DU BOIS
RÉPÉRER LES ENJEUX
HABITANTS DU QUARTIER, BIENFAITEURS
RÉNOVATIONS (en milieu habité)
SENS DE PRODUCTION
EXPÉRIMENTATIONS
FLUX TENDU
FORMATIONS
LIBÉRATION DES RUINES
WORKSHOPS
RÉCEPTION DU BOIS
EXPOSITIONS DES TRAVAUX LIENS AVEC D’AUTRES ARTISANATS (filière bois et autres)
GOUVERNEMENT
ARCHITECTES CONFRÈRES
ONG SULAHB SEWA
INDIENS
KHILAUNA UDYOG SHAKARI SAMITI LIMITED
Les artisans, forts de leur savoir-faire, et leur collaboration avec des institutions universitaires créent de l’innovation, à la fois pour de nouveaux objets produits artisanalement, pour l’architecture qui accueille l’activité et pour la ville; avec l’appui du collectif Make Khojwan dont ils sont les moteurs principaux. Une suite d’évènements ponctuels tels que des workshops, sont les premiers vecteurs de ce développement. L’espace de travail et de vie des artisans et des habitants, va se renouveller petit à petit et les infrastuctures viennent par la suite renforcer les actions et idées mises en place. Le projet urbain s’inscrit dans une temporalité longue.
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DÉPLACEMENT MAGASINS DE B
perfectionnement des finitions
visibilité
site & service
lien avec d’autres artisanats (assemblage) emballage
label Khojwan
bâtons d’encens briquette combustible
nouveau type d’atelier RENOUVELLEMENT DU TISSU ET
& SERVICE
DES MAISONS-ATELIER
espaces en ruine relevés)
TIONS ANTICIPÉES
AISONS-ATELIER tation de l’habitation ioration de l’atelier)
DES BOIS
S
attractivité
LA MAISON DES 5 FRÈRES RASSEMBLEMENT DES FEMMES (en vue de la vente des objets sur le marché) ATELIER DE PEINTURE ET D’ASSEMBLAGE FORMATIONS
LE MARCHÉ
convergence de l’artisanat des clusters de Varanasi nouveaux emplois
LE LIEU D’ASSEMBLAGE
recyclage
bénéficie à d’autres artisanats
LE CENTRE DE RECHERCHE
LE CENTRE DE TRAITEMENT DES DÉCHETS
VENTE PAR LES FAMILLES
ASSEMBLAGE ET FINITIONS
RECHERCHE ET INNOVATION
TRAITEMENT DES DÉCHETS
(AUTONOMISATION)
D’ÉLÉMENTS PROVENANT
AUTOUR DE L’ARTISANAT
DE L’ACTIVITÉ (copeaux)
D’AUTRES CLUSTERS DE LA VILLE
DÉVELOPEMENT D’UN LABEL
ATELIERS PARTAGÉS ATELIERS DANS LA “NOUVELLE VILLE” FAB LAB ?
DE QUALITÉ
CALCUTTA
2040 GANGE
route des anglais
ASSI GHAT
GAUDOLIA
BHU
KHOJWAN
KANPUR ALLAHABAD
C’est dans un premier catalyseur, La maison bleue que le collectif s’installe. Cette maison tombe actuellement en ruine et une famille l’occupe partiellement. Le collectif propose avec ses habitants de rénover cette maison puis d’occuper les espaces non utilisé par la famille par un atelier d’expérimentation dans lequel plusieurs techniques liées au bois et à d’autre domaine de l’artisanant sont croisé notamment par le biais de workshop avec les université et les artisans. C’est un modèle pour une mise en commun des savoirs et outils. Ce lieu rayonne au sein du quartier et entraine d’autres lieux à se développer de la même manière. L’apprentissage et la transmission des savoirs y a également sa place : designers, artisans, apprentis mais aussi habitants peuvent y 75
échanger. Le déplacement des magasins de bois à une des entrée du quartier prends place afin de fluidifé le sens de production et d’anticiper la mise en place de livraison de bois en flux tendu qui limitera le stockage dans les maisons et libérera l’espace domestique. Cela permettra également aux ruines sur lesquelles du bois est stockée d’être libérées. Puis un second catalyseurs est mis en place (maison à patio sous habitée, avec un ancien atelier de tournage vide, et une cour en friche avec des cabanon ateliers). Une fois les habitationes de la familles réalisé, le collectif investit l’ancien atelier afin de le convertir en atelier de peinture et de finition pour les femmes. Parrall èllement, celle-ci à travers la vente
LES MAISONS-ATELIER TRANSFORMER
LE CENTRE DE RECHERCHE ET DE TRAITEMENT DES DÉCHETS
LA MAISON DES 5 FRÈRES
RECHERCHER / RECYCLER
EXPÉRIMENTER LES FINITIONS
LE MARCHÉ VENDRE
des objets devant le temple participe à l’autonomisation de s artisans et permettent au modèle traditionnel de la famille entrepreunariale indienne de persister. Cela en permettant aux femmes une fenetre vers l’émancipation. Le marché qui prend de l’ampleur, se dote d’accroche pour les vendeurs. Les produits designés et réalisés à Khojwan et dans d’autres endroit de varanasi sont acheminé 76
dans le lieu d’assemblage, afin d’y être assemblés. C’est ensuite le centre de recherche qui lui aussi œuvre à l’innovation autour de l’artisansant du bois. Il développe et instaure le label Khojwan gage de qualité, qui vient en appui à l’indication géographique déjà en place. Le centre de traitement des déchets transforme les copeuax de bois et la sciure issu de l’activité en bâton d’encens utilisés
LE MAGASIN DE BOIS RÉCEPTIONNER ET DISTRIBUER
LA MAISON BLEUE EXPÉRIMENTER
dans les foyers et les temples. Parrallèlement le tissu se renouvellement et des ateliers s’intègre à la nouvelle ville qui pourrait déaseptiser le rapport à la rue. Ces nouvelles typologies pourraient abriter la main-d’œuvre artisane du quartier et des étudiants, ce qui apporterait de la mixité.
77
78
Essais
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Les femmes, instigatrices d’un renouveau de l’activité
La maison des femmes, une centralité pour l’organisation de l’activité du bois
Une de nos premières intuitions concernait la réorganisation du circuit de l’activité, rendant le quartier à la fois producteur et vendeur par l’autonomisation des femmes.
la fois travailler et accomplir les tâches domestiques ainsi que s’occuper des enfants nous paraissait peu approprié. Finalement, cette intuition est revenue s’introduire dans le projet final de manière plus subtile et nous portons ce sujet délicat mais nécessaire de l’émancipation des femmes en Inde avec conviction.
Celles-ci effectuent les dernières actions de finition avant la vente (décoration et peinture) et mais travaillent chez elles, sans espace approprié et de manière isolée. La création d’un lieu de travail pour ces femmes (la création d’une Maisons des Femmes) leur permettrait de se regrouper et d’organiser la mise en commun de la production et les négociations avec plus d’équité pour leurs familles. Néanmoins, à cette phase de notre réfléxion, faire porter l’autonomisation de la communauté des artisans tourneurs de bois uniquement par les femmes en les faisant sortir de leur maisons où elles peuvent à 80
Multiplication des ateliers, multiplication des rues ?
parcelles traversantes
division du tissu par succession
début de formation de la rue
rue créée
Processus d’ouverture de nouvelles rues
La rue, intimement liée à l’atelier, lui permet accessibilité et visibilité mais aussi comme nous l’avons précedemment énoncé, le stockage, l’utilisation de machines encombrantes et bruyantes, l’arrivée de lumière etc… Dans le scénario où le quartier se développerait pour devenir le « quartier du bois à Varanasi », et attirerait ainsi un grand nombre de nouveaux artisans, l’espace de la rue pourrait venir à manquer. Dans cette vision, et après l’observation de l’insalubrité des coeur de parcelles aveugles, nous envisagions la multiplication des rues pour permettre la démultiplication de l’activité artisanale. Cette idée, plutôt conceptuelle, a finalement mûri et le projet conçoit des cours.
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L’interconnexion des maisons du quartier
installation de nouveaux réseaux
mise en commun des réseaux
Maquette d’étdude: l’interconnexion des maisons
Dans la volonté d’avoir un impact à l’échelle du quartier, une interconnexion entre toutes les maisons de Khojwan par un élément individuel mais commun, le « bloc technique », a été imaginée. Cette liaison physique aurait été le support de transmission inter-ateliers d’éléments de la chaîne de production par exemple et du passage des réseaux urbains (eau, électricité, fibre internet…) dans le but d’une modernisation de l’assainissement et de la connexion du quartier de manière «bottom up» au rythme du renouvellement du tissu. 82
L’artisan à son poste de travail
Variation sur thème bois
ALTERNATIVE DE CONFIGURATION DES ATELIERS DE BOIS TOURNE
ATELIERS EXISTANTS À KHOJWAN socle surrélevant de l’eau lors de la mousson (utilisation de la partie extérieure «chottra» pour les activités nécessitant de la lumière ou crént de la poussière, des débris) accès : l’accès domestique se fait pas l’esapve de l’atelier stockage : sur la chottra ou dans l’atelier (espaces réservés ou libre) lumière : ouvertures mono-orientée, hauteur encombrée sécurité : outils au sol, sangles tournantes dans plusieurs directions
ATELIER RÉTRACTABLE : OPTIMISER LES PETITS ESPACES nomadisme journalier heures pleines / heures creuses activité / vente / repos
MULTIPLICATION D’USAGE DE L’INSTALLATION AU PLAFOND lien avec les étages supérieurs autre atelier / vie domestique
TRAVAIL SUR TABLE (CHANNAPATNA) moins dangereux (?) sangles, circulation, outils par terre nouvelle position (debout ou assis ?) moins de modularité de l’espace
OPTIMISER LE STOCKAGE
OPTIMISER LA CHOTTRA
espace au plafond (+ lier structure et installation éléctrique suspendue aux poutres, plafond tramé)
installation éléctrique : sécurité espace haut libéré (lumière haute) dimensions chottra maximisée (accès à l’installation)
chottra creuse pour stocker le bois
espaces de stockage en creux : bois, objets finis, copeaux de bois
Lors de nos recherches au niveau architectural, nous avons dégagé de nombreuses idées afin d’exploiter le dispositif mécanique utilisé pour l’activité. Il nous a semblé intéressant de les faire figurer dans ce rapport. De plus, ces refléxions nous ont permis de nous questionner sur le rapport au corps et aux postures lors de la pratique de l’activité par les artisans. 83
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Références Aranya Township, Indore Channapatna
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Aranya Township à Indore, B. Doshi, 1983 En 1983, Doshi a été missionné par l’Indore Development Authority (IDA) de plannifier un quartier à 6km du centre ville d’Indore dans l’état de Madhya Pradesh au centre de l’Inde.
« sociales » . Ce nouveau quartier de 100 hectare prévu pour une population de 40 000 habitants pouvant augmenter jusqu’à 65 000 personnes, en compte aujourd’hui 80 000.
À cette époque, et c’est toujours le cas aujourd’hui, la population de l’Inde croît rapidement et ses villes souffrent d’un manque de logements important. Afin de décongestionner les bidonvilles d’Indore, Doshi et la Vastu-Shilpa Foundation mettent en place des systèmes permettant aux plus pauvres d’avoir accès à un logement décent avec toutes les commodités à proximité et un plan d’ensemble favorisant les échanges sociaux. Le programme est mixte et subventionné par la Banque Mondiale : les classes moyennes peuvent acquérir des parcelles jusqu’à 457m2 et les groupes à faible revenu peuvent choisir entre plusieurs options, sur une parcelle de 35m2 sur le modèle « site and services ». La vente des parcelles à profit permet de subventionner celles plus 86
Les voies sont hiérarchisées en fonction du volume du trafic : des voies larges et passantes accueillant commerces et équipements quadrillent le quartier, les regroupement de logements sont traversés par des rues à une échelle humaine avec des espaces de dilatation permettant des activités de groupe dans l’espace public et un trafic lent, enfin des ruelles plus étroites mènent aux zones résidentielles et appartiennent aux piétons. Des revêtements de sol différents marquent également ces différentes voies. Le modèle mis en place est celui du « site and service » développé à grande échelle par Christopher Charles Benninger à Madras (Inde du Sud-Est) en 1972. Il consiste à vendre avec la parcelle les infrastructures
Hiérarchisation des voies
Variation des typologies
Les site & service avant construction par les habitants
rudimentaires nécessaires (accès à l’eau, à l’électricité, toilettes).
les parcelles équipées afin de permettre une communauté stable et active avec la capacité et les moyens de grandir.
Doshi met en avant le fait que l’approvisionnement en eau et l’assainissement sont les éléments les plus délicats et les plus couteux à mettre en oeuvre et sont souvent les points aussi critiques qu’essentiels dans l’autoconstruction.
Quatre-vingt maisons de démonstration ont été conçues par Doshi proposant une grande variété de possibilité en terme de typologies.
À Aranya, les groupes à faible revenu ont reçu plusieurs options avec la parcelle : un noyau de services, un socle, une pièce, selon leur capacité financière. En effet, ce modèle à bas cout permet aux occupants de faire évoluer leur habitat selon leurs besoins et leurs ressources, à leur rythme et de manière flexible et attentive aux ressources humaines et à la spontanéité. Ce modèle s’appuie sur des « banques à matériaux » qui permettent la proximité des ressources et font crédit aux habitants, et l’organisation de cours de construction sont aussi mis au service des familles achetant 87
Les parcelles « site and service » forment aujourd’hui un quartier populaire diversifié avec un large appropriation comme on peut en trouver partout en Inde.
Channapatna, Karnataka Tout comme à Khojwan, l’activité principale de Channapatna (dans le Karnataka) est celle du tournage sur bois.
à destination des artisans. Divers centres de formation et d’apprentissage ont également été ouverts.
Très tôt, l’état du Karnataka a pris en charge les artisans de Channapatna en menant plusieurs actions visant à les assiter dans leur activité. C’est essentiellement suite à la création du KSHDC (Karnataka State Handicraft Development Corporation) par le gouvernement de l’état du Karnataka (et spécialement pour la prise en charge de Channapatna) en 1964 que les premières opérations ont pu prendre forme.
Plus récemment, à la fin des années 2010, l’état du Karnataka a mis en place le Channapatna Craft Park. Le parc abrite une douzaines d’entreprises privées (comme Maya Organic), ainsi qu’un centre commun des machines qui malheureusement ne atelier familial semblent pas appropriées aux besoins des industrie de petite taille artisan.
À commencer avec l’enquête auprès des 922 unités de production soit près de 1600 artisans (1247 hommes et 350 femmes) meneé par le KSHDC aidé du gouvernement néerlandais. Cet enquête menera à l’ouverture d’un premier centre de production gouvernemental la même année. Vingt ans plus tard, le KSHDC ouvre un second centre de production, le Lacqueware Craft Complex, qui comprend habitations et ateliers. Dans le même temps, il établit un centre rural de service et de marketing 88
En 50 ans, Channapatna a perdu près de la moitié de ses artisans (appelés Chitragars) et en compte 868 aujourd’hui.
1700
1750
1800
Invitation par le Sultan Tipu d’artisans Perses à Mysore afin de faire connaître la fabrication de jouets en bois aux artisans locaux
Frise historique de l’activité de tournage à Channapatna.
1860
Introduc lacquage Appren sei de Chann
atelier familial
Répartition des unités de production à Channapatna.
industrie de petite taille
Maya Organic
ction de la technique du auprès des “Chitragars” ntissage de l’artisanat au in de l’école industrielle napatna par Bavas Miyan
1900
1910
1920
1930
1940
1950
1910
Le Lacquerwa Complex com aujourd’hui 25
1984/85
1960
89
1930
1940
1950
30 machines & 126 habitations
Indication géographique enregistrée pour “Channapatna Toys & Dolls”
1984/85
2005
1970
Développement de divers centre de formation
1920
1980
1990
1960
1970
Développement de divers centre de formation
Le Lacquerware Craft Complex compte aujourd’hui 254 unités
1964
1890
1900
Centre de production
Création du KHDC Premier centre de production Enquête sur près de 900 familles liées à l’artisanat avec l’aide du gouvernement néerlandais
1880
30 machines & 12
1964
Le centre de production de Maya Organic 1700 1750 1800 1860 1870 1880 1890 accueille jusqu’à 20 artisans et comporte un centre d’emballage que des bureaux Introduction de la technique du Invitation par le Sultan ainsi Tipu lacquage auprès des “Chitragars” d’artisans Perses à Mysore pour les designers. Apprentissage de l’artisanat au afin de faire connaître la fabrication de en bois aux artisans locaux Lajouets vente s’effectue via leur site internet et sein de l’école industrielle de Channapatna par Bavas Miyan un magasin de vente situé à Bangalore, capitale du Karnataka. L’ONG Maya Organic promeut le travail des femmes et assure un salaire fixe indépendamment des ventes du mois.
1870
Centre de pro
Création du KHDC Premier centre de production Enquête sur près de 900 familles liées à l’artisanat avec l’aide du gouvernement néerlandais
2000
2010
Channapatna Craft Park par le Karnataka State Small Industries Development Corporation Limited & Export Promotion Concil for Handicraft
2020
2018
3 000 artisans tourneurs 70 000 habitants
1980
Chan par le Kar Indus Corporation Promotion Co
90
91
92
Bibliographie Ouvrages: > KUMAR Nita, The Artisans of Banaras. Popular Culture and Identity 1880— 1986, Princeton: Princeton University Press, 1988.
Publications dans des revues : > BRUNEL, Fancis. «Malgré l’industrialisation l’artisanat reste une des caractéristiques de l’économie indienne». Le Monde diplomatique, Octobre 1962, p14. > CAMPBELL, Jeffrey. «Women’s Role in Dynamic Forest-Based Small Scale Enterprises. Case Studies on Uppage and Lacquerware from India», 1991, http://www.fao.org/docrep/x5859e/ x5859e04.htm (consulté le 20 mars 2018). > DAUMAS, Jean-Claude. « Districts industriels : du concept à l’histoire. Les termes du débat », Revue économique, 2007/1 (Vol 58), https://www.cairn.info/revue-economique-2007-1page-131.htm (consulté le 15 juin 2018). > GIRAUD, Pierre-Noël. MARIA, Augustin. «L’habitat informel à Delhi : Panorama historique et implications politiques». Les Annales de la Recherche Urbaine, n°106 (2010), pp. 26-37. > KAPOOR, Rana. «Crafts Aren’t Just Our Heritage, They Are India’s Global Comparative Advantage». HuffingstonPost India, 23 Mai 2016, https://www.huffingtonpost.in/rana-kapoor/ collaborate-to-contempori_b_10043634.html (consulté le 20 mars 2018). > KUMAR Nita. «Friends, Brothers and Informants: Fieldwork Memoirs of Banaras». Berkeley: University of California Press, 1992. http://ark.cdlib.org/ark:/13030/ft6x0nb4g3/ (Consulté le 14 mars 2018). > NIFT Rae Bareli. «The Magicmakers». Craft Cluster Documentation on Lacquer Toys, Varanasi, 18 décembre 2017 sur issu.com, https://issuu.com/shradhaverma/docs/banaras_document (consulté le 28 mars 2018). > TAMBS-LYCHE, Harald. « L’Entrepreneuriat au sein de la famille. Marchands et entrepreneurs en Inde », Moussons, n°21, 2013, https://journals.openedition.org/moussons/2168 (consulté le 12 avril). > PATEL, Vibhuti. «Les organisations féminines en Inde», Tiers-Monde, tome 26, n°102, 1985, https://www.persee.fr/doc/tiers_0040-7356_1985_num_26_102_3490, (consulté le 8 mai 2018). > Press Information Bureau Government of India Ministry of Minority Affairs, «‘’USTTAD’’ Scheme Launched in Varanasi», 15 mai 2015, http://pib.nic.in/newsite/PrintRelease. aspx?relid=121767 > SAIYED FAIZ, Hasnain. « Wooden toy manufacturing industry on the verge of dying », dnaindia, 26 juin 2014 (consulté le 20 mars 2018).
Site internet : > Crafts Council Of India : https://www.craftscouncilofindia.org > Aranya Township, Indore : https://archnet.org 93
Lâ&#x20AC;&#x2122;ETAT ACTUEL
02.02.18
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Annexes LE LAISSER-FAIRE
LE PROJET 95
Une forme urbain saturée autour de laquelle se développe une activité
Vers une résidentialisation qui aceptise le rapport à la rue
Pérennisation de l’activité par l’adoption d’une nouvelle forme urbaine 96
15.03.18
Il y a 60 ans,
différentes typologies se créent ou s’adaptent au développement d’une nouvelle activité (objets en bois laqués) qui s’insère dans l’habitat
Aujourd’hui,
L’activité du bois laqué forcé de s’adapter au redistribution parcellaires rapides
habitat (une famille) habitat (une autre famille) atelier de tournage stockage espaces partagés
Demain, le laisser-faire
Résidentialisation et perte d’activité : un quartier qui risque de perdre toute son identité
Demain, projet
Consolidation de l’activité par un renouvellement guidé au rythme des successions
97
Certificat d’Indication Géographique 98