Article People Studio Magazine 2012

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PEOPLE ART photo © Pascal Habousha

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LANCEL Abstract compositions Les œuvres de Charline Lancel viennent comme une idée lumineuse, un goût certain pour une atmosphère classieuse. Interview exculsive par Jean de Franvil 152 PEOPLE STUDIO

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ans un format isolé ou multiplié à volonté. Une surface réduite ou la grandeur d’un mur entier.

L’artiste crée à la commande, il suffit d’être inspiré par une nouvelle envie. Un besoin de bonne humeur. Un catalogue de couleurs à l’infini. Ses oeuvres vendues en solo, diptyque, triptyque, en diasec (plexiglass), carrelage, ou en impression sur aluminium pour une sensation de jamais vu. La réflexion d’une lumière métallique. Un effet cosmique. L’artiste travaille à l’intégration de son art dans la pensée d’un design utilitaire, par la création de portes de placards, de portes coulissantes, portes de meubles, tirants de portes... les possibilités sont vastes et ouvertes à l’esprit de nouveauté. Amuser, surprendre, distraire et intriguer...

nous pourrons nous inventer. Susciter l’imaginaire est tout un art. Intriguer, surprendre, distraire par la création de composition abstraites et la recherche de formes parfaites dans les proportions, les couleurs, la subtilité et la simplicité. Un oeil à la découverte d’une ligne pure et élégante, d’une courbe distinguée, d’un minimalisme majestueux comme un lys blanc qui se tient fier et altier. Des envies solaires, d’étendues blanches comme la neige, de lumières qui éclairent la vie, parce qu’on a tous besoin d’images lumineuses. Une attraction positive. Comme une planète qui vous fait tourner la tête. Universelle, intemporelle, intergénérationnelle, aucun parti pris, la liberté à tout prix. Les images qui nous entourent sont l’inspiration de nos jours heureux. Une palette de couleur à qui mieux mieux. Une oeuvre d’art qui fait sensation tous les matins, une nouvelle histoire à prendre en chemin, une route à faire main dans la main. Un voyage galactical, un repos cérébral, un objet tribal, une plénitude sacrée, un Dieu se cache derrière chacune de ces compositions abstraites. Celui du vent, de l’océan, de l’amour, du ciel, de la terre, de la mer et de tous les pouvoirs naturels consacrés.

Les plus belles histoires que nous pourrons vivres seront les plus belles histoires que

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Il faut savoir recevoir sans rien prendre...

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... et donner sans rien perdre. Š Ch. Lancel

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PEOPLE ART Avant de devenir une artiste passionnée d’art abstrait vous avez beaucoup œuvré dans la photographie, le cinéma et la décoration… Racontez-nous !

Bonjour Charline ! Vous avez fait l’école normale dans le but de devenir institutrice primaire et pourtant après vos études vous avez choisi de suivre une filière artistique, pourquoi ? CHARLINE LANCEL : Etre institutrice, c’est apprendre aux enfants, être artiste c’est continuer d’apprendre la vie aux adultes qui sont de grands enfants, c’est exactement le même métier. Ce que j’ai appris à l’école normale me sert dans mon métier d’artiste. J’ai appris que pour capter et garder l’attention, il fallait être ludique, coloré, bref et concis, minimal, simple, continuellement varier et continuellement inover. Comme l’école, L’Art doit intriguer, surprendre, distraire, amuser, divertir, apprendre, éveiller. Pour créer, j’ai besoin d’être heureuse.

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Ce que j’aime, c’est faire des images et raconter des histoires simples et courtes. Créer des ambiances, des décors, choisir des personnages, un stylisme, une lumière pour créer une esthétique narrative minimale et non verbale afin d’être universelle. J’ai réalisé « La désinvolture » puis j’ai abandonné mes projets de courts-métrages pour passer à la photo, car cela m’a permis de créer sans être dépendante d’une équipe et d’un budget. J’ai inventé mon concept « histoires courtes pour longs couloirs », puis j’ai inventé mon concept de « Photofilms », des succession de plans fixes montés en rythme avec de la musique « Three strawberries forever », « Loving wandering ». Ensuite, j’ai débuté ma série « Abstraction des lieux », qui représente la transition entre mes mises en scènes figuratives et mes premières Compositions Abstraites.

En 2007 vous avez commencé à créer vos premières œuvres abstraites et êtes une des pionnières de l’art numérique en Belgique, pourriez-vous nous raconter la genèse de votre passion pour l’art abstrait et l’art optique ? Je suis simplement née au bon moment, pour avoir au bon moment, l’âge de saisir l’outil photoshop à son commencement. La version de Photoshop avec calque existe depuis 1993.

d’or et le nombre de Fibonaci, me fascinent. La sphère symbolise l’univers, c’est donc une notion « universelle ».

J’ai commencé à travailler avec le logiciel à peine 10 ans plus tard. J’ai appris à l’utiliser en 2 heures, mais je n’aurai pas assez d’une vie pour expérimenter l’infinité de ses potentialités. Un jour, j’irai faire un pèlerinage à Palo Alto. L’art abstrait et l’art minimal, c’est pour moi, l’art d’aller à l’essentiel, c’est l’art de me débarrasser de tout ce qui est encombrant.

que l’application concrète des nouvelles technologies de création et d’impression d’un visuel numérique. Personne d’autre n’a fait ce que je fais, avant moi, tout simplement parce qu’il n’avait pas la technologie pour le faire. Mes formes abstraites ne sont plus vectorielles et seulement constituées d’applats, elles sont matricielles avec des nuances et des dégradés pixelisés.

L’art d’entrainer ma perte de mémoire et de retourner aux origines. Dans mon art abstrait, je fais l’apologie de la sphère, c’est pour cette raison que l’on me compare à Vasarely, mais Vasarely n’a pas le monopol de la sphère, car la sphère existe dans l’art depuis la nuit des temps. Je résume la vie à un rond. Pour moi, l’origine du monde est sphérique. Le cosmos, les planètes, les cycles, le nombre

Je me reconnais dans l’art abstrait de Mondrian et comme lui, je fais l’apologie de la verticale et de l’horizontale. C’est comme une musique avec un rythme tribal qui m’encre au sol et une mélodie qui me connecte au ciel. Ce qu’il y a de nouveau dans mon art n’est rien d’autre

C’est de l’Art mathématique, mais ce n’est pas moi qui fais les calculs, c’est l’ordinateur. Je me niche dans l’art numérique abstrait matriciel et je ne connais pas encore d’autre artistes auxquels je pourrais m’assimiler. Pour le moment, très peu de collectionneurs s’intéressent à l’Art numérique, mais dans 20 ans, ils s’arracheront les œuvres pionnières.

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La vie c’est comme un rond. La vie est un cycle et un éternel recommencement. La vie est écrite dès le commencement. Je suis déjà passé par ici, je suis en train de remarcher sur mes propres traces. Celles que j’ai laissées de mon passage dans le passé. Je connais déjà la fin de l’histoire parce qu’elle est gravée dans ma mémoire. Je repasse exactement là où j’étais passée et je m’en souviens très bien. La fin de l’histoire je la connais déjà. Je sais déjà où la route me mène parce que je me suis pas à pas, et de derrière moi, je vois très bien où mes traces m’emmènent. Toutes mes traces me ramènent toujours au même endroit. Mes traces de pas sur la neige dessinent un cercle de vie qui tourne en rond. Le rond se rétrécit et devient aussi petit qu’un point qui s’étend à l’infini. ©Ch. Lancel

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PEOPLE ART Que répondez-vous à ceux qui disent que l’art numérique n’est pas de l’art ? Je réponds que mon écran d’ordi est comme la toile du peintre, que mon stylet graphique est comme son pinceau et que ma palette de couleurs photoshop est comme sa palette de couleurs à l’huile. C’est identiquement le même métier d’artiste, sauf que l’outil est différent et nouveau. Et quand on me dit que c’est trop simple, je réponds que la simplicité est la chose la plus compliquée à obtenir. Et quand on me dit que c’est trop facile, je réponds qu’il n’est écrit nulle part qu’il faille absolument suer et peiner pour faire de l’art. Expliquez-nous les différentes techniques que vous utilisez pour créer une œuvre. Pour créer mes Compositions Abstraites, j’ai besoin d’un appareil photo numérique, d’un ordinateur et du logiciel photoshop. Quand un peintre à fini de créer, il a une peinture, quand un sculpteur a fini de créer il a une sculpture, quand j’ai fini de créer, j’ai un fichier numérique inscrit dans le disque dur de mon ordinateur. Pour faire vivre mon œuvre, j’ai la possibilité de l’exposer sur la vitrine universelle d’internet ou bien de choisir une technique d’impression. J’ai expérimenté les nombreuses nouvelles technologies d’impressions numériques et

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j’ai fait ma sélection de supports. L’aluminium, la faïence, le diasec et le textile. Maintenant, j’ai envie d’expérimenter la technologie des impressions lenticulaires. Vous vous définissez comme une narratrice picturale, une artiste visuelle, qu’entendezvous par là ? J’entends communiquer avec les images, un discours non-verbal et universel sur les thèmes de l’amour, de l’amitié, de la simplicité au quotidien, de la féminité, et plus précisément de la liberté d’expression de la féminité en symbiose avec la nature et les éléments naturels. Je partage mon intimité parce que je pense que plus on est intime, plus on est universel. Je raconte ma vie, mes rêves, mon imagination. Je partage tout ce que j’aime, en musique, en images, en histoires et en symboliques. Vous êtes passionnée d’architecture et de décoration, vos désirs et vos passions vous emmènent aujourd’hui à faire de l’art fonctionnel. Pourriez-vous nous expliquer ce que pour vous est l’art fonctionnel ? Je souhaite que ma vie soit une œuvre d’art totale, c’est un courant d’art romantique et idéaliste. Je me porte en exemple et je vis ma vie en tant qu’oeuvre d’art totale. L’Art de manger, l’Art de décorer, l’Art de s’habiller, l’Art de s’éclairer, l’Art de danser, l’Art de chanter, l’Art d’écouter de la bonne musique, l’Art de fleurir, l’Art de parler, l’Art d’écrire, l’Art d’écouter, l’Art de trouver sa place et l’Art de bien s’entourer. Je propose quelques idées d’art fonctionnel. Par exemple la réalisation de portes de meubles, portes de placards, portes coulissantes en plaques d’alu ou de diasec (Plexiglas), intégrées dans la menuiserie. Je pense être la première artiste à avoir fait un meuble en diasec. Qu’on me le dise si je me trompe. J’aimerais réaliser de A à Z la

décoration de chambres d’hotel par exemple, réaliser des fresques murales en faïnce dans des halls d’entrées et assortir avec mes tirants de porte… Faites-vous attention à qui fait l’acquisition d’une de vos œuvres ? Je remarque que les amateurs de mon art ont une philosophie de vie qui se rapproche de la mienne. Je suis parfois devenue amie au cours du processus de vente, par recoupement d’affinités. Il y a déjà un respect qui s’installe dans le partage du goût et du rafinement communs. Il y a des acquisiteurs que je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer, et d’autres à qui j’ai refusé de vendre. On a l’impression que vous voulez tout explorer et que vous ne vous mettez aucune limite, est-ce la vérité ? Il y a une curiosité qui n’est jamais rassasiée, un enthousiasme au quotidien pour les merveilles qui se succèdent sans fin. Je procède par expérimentation jusqu’à être entièrement satisfaite du résultat. Je décide de tout toute seule et je fais mille choses à la fois. Je me contente de faire ce que je sais bien faire, c’est à dire imaginer, créer et concrétiser, j’y passe des milliers d’heures et je n’ai aucun

témoin. Ma limite est l’aspect commercial. Je ne suis pas vendeuse d’art. Je ne suis pas une commerciale dans l’âme, c’est à dire que je suis très forte pour parler de mon travail et pour partager ma passion (ce qui donne l’impression que je sais me vendre), mais je ne suis pas du genre à prendre la carte de visite et à contacter la personne susceptible d’être intéressée. Et comment entrevoyez-vous votre avenir dans les prochaines années ? Pour penser à mon avenir, je dois être honnête et lucide envers moi-même. Concrètement, ma vie d’artiste repose sur quatre pilliers fondateurs. Les deuxième et troisième pilliers sont le lieu où, et l’époque à laquelle, je suis née. A une autre époque où à un autre endroit, je n’aurais pas pu exister en tant que femme artiste, sans fortune, sans privilège, sans contact et sans communauté protectrice. Ma plus grande chance a été de naître à Namur en 1976 et donc de pouvoir bénéficier 30 ans plus tard, du statut d’artiste. Cela m’a donné la chance de pouvoir pratiquer mon art de manière professionnelle en y consacrant 100% de mon temps, de manière légale et déclarée.

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Fonctionnel Meuble en diasec

Tirants de porte en faïence et aluminium

« Tasses de café surprise »

Carrés de soie

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PEOPLE ART Depuis 2011, je me sens menacée, car les artistes créateurs sont devenus injustement exclus de ce statut qui s’édifie pourtant en leur nom. C’est une aberration politico/ économique qui risque d’avoir de graves conséquences sur mon futur artistique et sur tout le secteur artistique en général. Il faut que je me dépêche de concrétiser mon projet professionnel de manière à ce qu’il soit rentable, je dois donc me faire violence et me pousser contre nature car la rentabilité financière n’a jamais été ma priorité. Je ferai tout mon possible pour ne pas pervertir et dénaturer ma créativité et l’essence de mes intentions artistiques. Charline, pour terminer cette interview, j’aimerais si vous me le permettez, vous poser une question d’ordre plus philosophique… Vous avez dit, je vous cite : « Je ne crois pas en des dieux, mais je veux bien donner des noms de dieux à ce en quoi je crois… » Pourriez-vous développer votre pensée s’il vous plaît ? Depuis que je ne crois plus en Dieu, je me demande comment j’ai pu y croire ? Et quand j’essaye de me souvenir si j’y ai cru un jour, je ne me souviens plus. Par contre, j’ai toujours cru en moi, de ça, je me souviens très bien ! Un autre jour, j’ai appris l’existence de la “Philosophie”. C’est Benoît, le premier qui m’a parlé de philosophie, il y a quinze ans. Il m’a cité une phrase de Friedrich Nietzche qui a percuté mon esprit et qui aura une incidense sur le reste de ma vie. Il a dit : “On ne remercie jamais assez son maître en restant toujours son élève”. A l’aube de mes vingt ans, sur le lit de ma confiance en moi, il est venu déposer “La Philosophie”, le quatrième pillier fondateur de ma vie d’artiste. Il a fallu jumeler l’éveil de mon esprit à l’élévation de la puissance créatrice de mon être, pour que mon âme et conscience soient en paix.

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La rencontre de Benoît est une rencontre décisive, parce que c’est l’instant où le premier homme à posé un regard admiratif sur ma créativité. C’est l’instant où je suis née pour la deuxième fois. Comme j’avais beaucoup de respect pour ses choix esthétiques, j’ai accordé beaucoup de crédit à son jugement. Devenus, dans la réciprocité, l’admiration, le respect et la confiance, tous les deux convaincus de nous-mêmes, nous savions que nous ne nous trompions pas. Donc pour moi, l’utilité de la philosophie, c’est d’aider chacun à s’affranchir, à devenir son propre juge, son propre guide et son propre maître. J’étais sans Dieu, mais je me devais d’être reconnaissante à quelque chose. Alors j’ai décidé d’être reconnaissante à tout ce qui me faisait du bien. Au ciel, aux nuages, au vent, à l’eau, à l’horizon, au soleil, à la lumière, aux fleurs, aux papillons. Pour signifier cette reconnaissance immense qui s’élève au rang de culte et de vénération, j’ai choisi de donner à mes compositions abstraites quelques noms de dieux et déesses de la mythologie : Odin, Ouranos, Gaea, Tethyse, Océan… Le premier pillier fondateur de ma vie d’artiste est l’amour que j’ai reçu de ma famille. Je remercie mon père, ma mère et mes grands-parents pour m’avoir toujours encouragée dans ma voie artistique.

« Les plus belles histoires que nous pourrons vivre seront les plus belles histoires que nous pourrons nous inventer »

www.abstractcompositions.com PEOPLE STUDIO 165


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