HYBRIDITÉ
LE RÉGIONALISME CRITIQUE : UNE PERSPECTIVE POUR UNE HYBRIDITÉ ARCHITECTURALE AU MAROC
MÉMOIRE DE MASTER D’ARCHITECTURE ENSAP BORDEAUX Architecture(s) Ville(s) et Territoire(s) Année universitaire : 2021 - 2022
KRIOUILE CHAYMAE
Le régionalisme critique : une perspective pour une hybridité architecturale au Maroc ? 1
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Le régionalisme critique : une perspective pour une hybridité architecturale au Maroc ?
LE RÉGIONALISME CRITIQUE : UNE PERSPECTIVE POUR UNE HYBRIDITÉ ARCHITECTURALE AU MAROC
KRIOUILE CHAYMAE Sous la direction de JACQUES ROBERT
Mémoire de Master d’architecture École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux Séminaire Architecture(s) Ville(s) et Territoire(s) / Année Académique 2021-202
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REMERCIMENTS
Si je suis arrivée à cette étape, c’est parce que de nombreuses personnes m’ont soutenu le long de mon parcours. Voici enfin venue l’occasion de les remercier. Mes remerciements s’adressent tout d’abord à mon directeur de mémoire, Jacques Robert , pour m’avoir encadré et accompagner tout le long du processus de réflexion que demande la réalisation du mémoire. Je remercie également l’ensemble des membres du jury , pour leur présence et pour l’honneur qu’ils m’accordent en examinant mon travail. Je tiens aussi à remercier tout mes professeurs , de lUniversité Internationale de Rabat ainsi que mes professeurs de l’ENSAP BX , qui m’ont soutenu et encouragé tout le long de mon parcours à l’école architecture. Je ne manquerai pas cette occasion pour rendre hommage à mes parents, ma famille et mes amis , merci de m’avoir soutenu et encouragé, et merci d’avoir cru en moi. Finalement, un grand merci à l’association Rabat-Salé mémoire qui m’a offert l’opportunité de découvrir et partager des connaissances sur l’histoire de ma ville et a fait de moi une personne sensible envers notre héritage et notre identité.
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SOMMAIRE
APPROCHE THÉORIQUE
SOMMAIRE
REMERCIMENTS AVANT - PROPOS INTRODUCTION MÉTHODOLOGIE
PARTIE 1 : PRINCIPES DU RÉGIONALISME CRITIQUE 1- DÉFINITION DU RÉGIONALISME CRITIQUE A - ORIGINE DE LA NOTION DU RÉGIONALISME CRITIQUE B - DÉFINITION TECHNIQUE - TZONIS ET LEFAIVRE C - LE RÉGIONALISME CRITIQUE PAR KENNETH FRAMPTON
2- STRATÉGIE ET PRINCIPES DU RÉGIONALISME CRITIQUE 3- DES APPLICATIONS DU RÉGIONALISME CRITIQUE : ÁLVARO SIZA
PARTIE 2 : LE RÉGIONALISME CRITIQUE AU MAROC 1- TRANSFERT DES MODÈLES ARCHITECTURAUX AU MAROC A - INSTALLATION DE LA MODERNITÉ AU MAROC B - LA MODERNITÉ ET LE GROUPE GAMMA
2- LA QUESTION DU RÉGIONALISME CRITIQUE AU MAROC A - L’APPROCHE DU RÉGIONALISME AU MAROC B - LE BRUTALISME AU MAROC : UN LANGAGE ARCHITECTURAL C - UN RÉGIONALISME CRITIQUE AVANT SES TEMPS AU MAROC ?
3- APPLICATION DU RÉGIONALISME CRITIQUE AU MAROC - GROUPE GAMMA A - LA RECONSTRUCTION DE AGADIR B - JEAN-FRANÇOIS ZEVACO
PARTIE 3 : LE RÉGIONALISME CRITIQUE DÉVELOPPEMNT GLOBALISÉ AU MAROC
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APPROCHE POUR UN
1- VERS UNE ARCHITECTURE AGONISTIQUE 2- UNE APPROCHE CRITIQUE DE L’ARCHITECTURE MAROCAINE AUJOURDHUI 3- CHAMPS D’APPLICATION A - UNE ARCHITECTURE D’UN ÉTRANGER AU MAROC : RICARDO BOFILL B - UNE ARCHITECTURE MAROCAINE À L’ÉTRANGER : KILO ARCHITECTURE C - UNE ARCHITECTURE LOCALE AU MAROC : SALIMA NAJI
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ETUDE DE CAS
SOMMAIRE
COMMENT PEUT ON INCORPORER DES BASES THÉORIQUES DE RÉGIONALISME CRITIQUE DANS LA PRODUCTION D’UNE ARCHITECTURE CONTEMPORAINE AU MAROC ?
PARTIE 1 : UNE APPROCHE DE RÉGIONALISME CRITIQUE DANS UN PAYSAGE SÉDIMENTÉ - LA VILLE DE RABAT 1- LE PAYSAGE HISTORIQUE DE RABAT , UNE LEÇON DE FABRIQUE TERRITORIALE A - LA VILLE PRÉCOLONIALE : ARCHITECTURE TRADITIONELLE B - LA VILLE MODERNE : ARCHITECTURE MÉTISSE ET PATRIMOINE C - LA VILLE DES GRANDS PROJETS URBAINS : ARCHITECTURE GLOBALISÉE
2- LE PROJET DE RÉAMÉNAGEMENT DE LA VALLÉE DE BOUREGREG A - GENÈSE DU PROJET D’AMÉNAGEMENT DE LA VALLÉE DU BOUREGREG B - CARACTÉRISTIQUES DU PROJET C - L’APPROCHE CRITIQUE DU PROJET DE RÉAMÉNAGEMENT DE LA VALLÉE
PARTIE 2 : PERSPECTIVE : HYBRIDITÉ ARCHITECTURALE DANS UN MAROC CONTEMPORAIN 1 - DES RÉFLEXIONS EXTERNES DANS LE CADRE DU PROJET DE BOUREGREG 2- UNE REDÉFINITION DU RÉGIONALISME CRITIQUE POUR UNE HYBRIDITÉ ARCHITECTURALE MAROCAINE 3 - LA NOTION DE L’ « ACCLIMATATION » COMME ALTERNATIVE
CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE
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AVANT PROPOS
Le monde de l’architecture est en perpétuel développement ,l’architecture est une composante qui fait partie d’un complexe qui fonctionne dans sa totalité en alliant paysage, urbanisme et société, chaque architecte , avec sa propre personnalité et ses propres expériences, arrive à produire une évocation des sensations et de l’émotion qui rappelle sa sensibilité envers le monde. Je considère que mon expérience dans le domaine de l’architecture est un parcours hybride et complexe qui fait la richesse de mes connaissances aujourd’hui. J’ai suivi un parcours dans l’école d’architecture partagé entre le Maroc et la France et ceci m’a permis de faire des lectures comparatives autour des questions de la fabrique du territoire urbain dans deux pays différents , mais qui a mon sens, ont partagé un jour une histoire commune. Durant mes 3 ans de licence d’architecture réalisés au Maroc, j’ai acquis une première appréhension des moteurs de production d’architecture au Maroc , j’ai pu observer autour de moi un développement ascendant et fascinant de la ville de Rabat où l’on observe d’une manière continue le lancement de nouveaux projets. D’autre part, j’avais une attention et une fascination particulière envers le patrimoine authentique de la ville de Rabat , de sa médina jusqu’à sa ville coloniale , cet intérêt envers le patrimoine architectural de Rabat a été amplifié dans ma carrière par ma participation en tant que guide médiateur bénévole dans les journées de Patrimoine avec l’association Rabat-Salé mémoire. Cette expérience m’a fait voyager en profondeur dans l’ingéniosité de la fabrique patrimoniale de Rabat. La deuxième phase de mon cursus d’architecte , à l’Ensap de Bordeaux m’a permis d’appréhender de nouvelles manières de la fabrique urbaine différente de ce que je pouvais observer au Maroc, j’ai mené des approches de projet qui m’ont appris à d’entrer en contact avec les communautés concernées d’un projet, d’être à l’écoute de leurs besoins et d’orienter la genèse du projet, en fonction de modes de vie, mœurs, ou ressources existantes, tout en valorisant l’innovation dans ces pratiques . Ainsi , avec un œil un peu plus analytique et théorique , je souhaitais questionner les modèles la la production urbaine au Maroc et notamment dans ma ville Rabat, tout en explorant les potentiels du territoire patrimonial et architectural de la modernité qui est considéré comme un tournant innovant dans l’histoire du Maroc. En tant que futur architecte marocaine , ce travail pour moi n’est pas simplement une recherche académique pédagogique , mais c’est un engagement personnel envers mon pays et ma ville Par le biais ce travail , j’aimerais d’une part , rendre hommage à notre patrimoine marocain autant authentique , hybride et innovant , et surtout au patrimoine moderne , notamment celui de l’époque post coloniale qui aujourd’hui tombe dans l’oubli à cause d’une manque de conscience de sa richesse et son ingéniosité . Et d’autre part , explorer , en tant que futur architecte marocaine , les possibilités que nous offre notre territoire riche et pluriel en termes d’innovation architecturale. Et comment , en tant que partisan de la futur génération d’architectes , on pourrait construire un Maroc reconnu à l’échelle mondiale pour son développement et progrès tout en étant conscient des caractéristiques de son territoire et sa véritable vérité patrimoniale.
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INTRODUCTION
L’environnement urbain est une unité qui subit des transformations à différentes échelles et à différentes époques historiques. Les villes sont en constante mutation, leur identité est changeante en fonction des époques et des rapports de force qui les ont façonnés. Au cours du dernier siècle, ce processus s’est accéléré avec la mondialisation et l’apparition d’une culture globale, qui tend à uniformiser le paysage urbain aux quatre coins du monde. Aujourd’hui plus que jamais, la lutte entre culture locale et culture mondialisée génère des tensions au sein des villes, cherchant à puiser dans ses ressources afin de se démarquer. Concrètement, cela se traduit par l’architecture, à la fois à l’extérieur et à l’intérieur de ses murs, qui compose une ville, qui témoigne de son histoire, et qui peut être réemployée comme vecteur de sens en fonction des époques. La crise identitaire est perçue comme étant la conséquence d’une longue et brutale rupture de ces sociétés avec leurs mémoires collectives et leur système normatif . En effet, la question identitaire des villes entre le modèle de la ville standard comme résultat de la mondialisation, et le modèle de la ville mémoire comme étant une ville qui puise de ses ressources pour une affirmation identitaire est un sujet qui tente à pousser les villes à retisser avec leurs culture locale et à réfléchir à une stratégie territoriale qui fait que la ville se développera de point de vue technologique sans pour autant mettre de côté la culture locale . Ainsi, pour explorer les limites de cette question de rapport entre culture locale et contemporanéité, on va effectuer une analogie avec le passé à l’époque de la modernisation pour explorer comment et à quel point les principes de la modernité et notamment la théorie du régionalisme critique étaient appliqués dans des contextes hybrides qui ont une forte identité locale. Le champ d’application de cette recherche théorique sera le pays du Maroc comme exemple d’un pays en cours de développement et ou a lieu plusieurs grand nouveaux projets urbain qui servent d’expression et de démarcation à l’échelle internationale; et plus précisément dans la ville de Rabat, la capitale du Maroc qui est doté d’une vision urbaine très ambitieuse avec le projet de la revalorisation du front de la vallée du Bouregreg. Le choix de la ville de Rabat a été favorisée à cause de la mutation qu’a subit le modèle de la ville de Rabat qui passe de la ville traditionnelle au modèle de la ville coloniale et puis la ville contemporaine , cette mutation a toujours été accompagnée d’une recherche culturelle, à côté de la recherche urbanistique, la volonté étant de créer une identité locale . Ce mémoire a comme objectif de pousser la définition du régionalisme critique pour explorer une possibilité de son utilisation pour promouvoir l’identité d’une région, tout en adhérant aux développements internationaux. L’objectif est d’explorer l’idée des applications du régionalisme critique, et de savoir si elle pourrait se rapporter à la fois au design international et à l’identité régionale.
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MÉTHODOLOGIE
Ce présent travail s’articule sur deux grandes parties , une étude théorique autour de notion du régionalisme critique et comment cette théorie représente une approche pertinente dans la production architecture dans le monde de globalisation , suivi d’un étude de Cas dans le Maroc et plus précisément dans la ville de Rabat comme modèle d’une capitale en développement dans un contexte historique de son paysage urbain. En premier lieu, on procédera à un essai de définition de l’approche du régionalisme critique sera présenté tout en proposant quelques principes qui pourraient orienter la conception architecturale vers cette approche , ensuite on procédera à des études de cas dans le champ d’application mondial et aussi dans le contexte du Maroc. Cette analyse est complétée ensuite par une étude approfondie autour de la genèse historique d’une forme de régionalisme critique et Maroc et comment cette production propice à ce temps est considérée comme une véritable réalité d’une architecture Marocaine. Pour passer enfin à des applications critiques dans le cadre de l’architecture contemporaine au Maroc. L’étude de cas proposé à l’issu de cette étude théorique est celui de la ville de Rabat, pour laquelle dans ce travail , on va dresser un profil en long qui explique la formation du paysage urbain sédimenté de Rabat. Cette lecture historique nous servira de base pour appréhender la présence d’une architecture critique préalablement existante dans la ville de Rabat et qui pourrait être explorée dans le cadre de la planification des grands projets urbains et notamment le projet de la revalorisation de la vallée de Bouregreg. L’objectif de cette étude est d’explorer les champs de la possibilité d’application de l’approche critique comme réponse à une demande d’hybridité architecturale au Maroc , la considérant comme un moyen permettant de penser un territoire en mutation conscient des richesses et de l’authenticité qu’il possède.
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Musée juif de Berlin , Tadao Ando
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PARTIE 1 : PRINCIPES DU RÉGIONALISME CRITIQUE
P
ourquoi les architectures récentes montrent-elles si peu de confiance dans les choses essentielles propres à l’architecture : le matériau, a construction, les charges et les appuis, la terre et le ciel ; et aussi dans des espaces qui puissent être de véritables espaces où tout soit objet de soins : l’enveloppe qui les délimite et la matérialité qui les constituent en tant qu’espaces, leur forme en creux, le vide, la lumière, l’air, l’odeur, l’aptitude à l’accueil et à la résonance ? PETER ZUMTHOR
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PARTIE 1 : LES GRANDS PRINCIPES DU RÉGIONALISME CRITIQUE 1- DÉFINITION DU RÉGIONALISME CRITIQUE
1.1 - ORIGINE DE LA NOTION DU RÉGIONALISME CRITIQUE
DU «RÉGIONALISME» VERS LE «RÉGIONALISME CRITIQUE» Le régionalisme critique est le résultat d’une réaction sur des faits historiques liés à la notion du régionalisme. Dans son introduction au livre « Critical Regionalism : Architecture and identity in a Globalized World » (2003), Alexander Tzonis et Liane Lefaivre traitent la notion du régionalisme comme une approche existante tout le long de l’histoire de l’architecture sous des formes critique, romantique et économique. Les traits caractérisant le régionalisme ont commencé avec Vitruve qui a déclaré que la région dans laquelle quelqu’un réside est élémentaire pour la réussite. L’un des exemples les plus répandus dans l’architecture est celui de l’architecture des romains qui vivaient dans une région ‘tempérée’ avec un climat tempéré et qui donc, ont réussi à produire une architecture propice au climat ambiant, ainsi, il en est résulté une architecture universelle qui a été utilisée pendant des années comme la seule façon de faire. Même si ce style universel a été créé dans une région, il a été copié et utilisé dans des régions qui n’avaient aucune similitude dans le climat et le contexte avec celui pour lequel il était initialement destiné. Dans le même sens, plusieurs productions architecturales dans le monde ont subi le même processus qui repose sur une production particulière d’une région, qui, avec le temps, devient généralisée pour former un style ou une standardisation. L’origine de la notion du régionalisme critique trouve son origine dans les réflexions avancées par Paul Ricœur dans son essai « Civilisation universelle et cultures nationales » publié pour la première fois en 1955 dans Histoire et Vérité. La question fondamentale soulevée par ces réflexions découle du problème que pose, selon lui, la « pression et l’action d’érosion de la civilisation »1, ceci consiste à considérer que l’humanité change de telle façon à connaitre une unique civilisation planétaire, ce constat est considéré à la fois comme un progrès considérable des efforts de l’humanité, et à la fois comme un écrasement des héritages culturels dans ce cadre universel. Ainsi, ces réflexions soulèvent plusieurs question : • Comment peut-on se moderniser et, simultanément, retourner aux sources ? • Comment réveiller une vieille culture endormie et entrer dans la civilisation universelle ? Sur la base des questionnements de Paul Ricœur, les théoriciens Alexandre Tzonis et Liane Lefaivre ont introduit le terme du régionalisme critique2, puis, avec un sens légèrement différent, il a été utilisé par l’historien-théoricienne Kenneth Frampton par la suite.
1. « Civilisation universelle et cultures nationales » , Paul Ricœur ,1961, revue Esprit ( 29/10) 2. « Régionalisme critique critique », un néologisme introduit par TZONIS ET LEFAIVRE en 1981
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Le bâtiment Walden 7 , Ricardo Bofill -Barcelone
Cité du grand parc - Bordeaux
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1.2 - DÉFINITION TECHNIQUE - TZONIS ET LEFAIVRE
« La tâche du régionalisme critique est de repenser l’architecture à travers le concept de région. » (Tzonis et Lefaivre, 2003) Le régionalisme critique est défini dans son sens large comme l’influence du lieu sur l’architecture. Le régionalisme critique, une notion composée de deux termes : régionalisme et critique. D’après A. Tzonis, le terme « régionalisme » n’est pas un terme auquel les architectes se réfèrent pour parler de la production architecturale. En réalité, c’est un concept choisi et utilisé comme un outil d’analyse. Dans le régionalisme, il s’agit de puiser son inspiration dans des formes vernaculaires régionales de l’architecture et de les interpréter d’une façon stéréotypée dans les nouvelles productions architecturales. Le second terme « critique » est emprunté des travaux d’Emmanuel Kant «The Critique of Pure Reason » (1791) où il souligne le concept de l’autocritique, d’autoréflexion, et donc dans le cas du régionalisme critique, il s’agirait de souligner la présence de l’esprit critique de l’architecte vis-à-vis des lieux et de leurs productions. Dans ce sens, les deux théoriciens Tzonis et Lefaivre, ont introduit ce néologisme « critique » dans le mouvement du régionalisme. Car pour eux, il n’y avait pas d’autoréflexion sur l’architecture qui était mise en place auparavent puisque les différents mouvements régionalistes précédents utilisaient beaucoup de symboles familiers de l’ordre du visuel et de l’ésthétique pour s’opposer à l’uniformité de la standardisation moderne et ainsi conserver leur identité. L’approche du régionalisme critique n’a pas comme ambition de se plonger dans un mimétisme ou dans un vernacularisme ou d’aller vers un pastiche le plus superficiel et caricatural de l’architecture traditionnelle, elle n’a pas l’intention de revisiter l’histoire, mais de trouver un terrain d’entente entre les deux extrêmes de la tradition et de l’internationalisation. Le régionalisme critique soulève, dans son sens, plusieurs arguments du domaine architectural. C’est une approche qui se détache de l’idée utopique d’une conception architecturale internationale qui considère qu’un bâtiment peut être placé dans n’importe quel contexte. Le régionalisme critique ainsi , ouvre le champ de la réflexion sur le fait que chaque région pourrait avoir une caractéristique spécifique et propre a elle qui pourrait engendrer une forme, une fonctionnalité ou une efficacité spécifique. Par conséquent, chaque production architecturale d’une région sera différente de l’autre en fonction des matériaux locaux, des techniques de constructions utilisées, et de l’agencement spatial adéquat aux exigences de la région. Au travers de leurs différents ouvrages et analyses sur le Régionalisme Critique, Lefaivre et Tzonis n’avaient pas comme objectif de produire une architecture ou un style spécifique a cette pensée car la notion est d’ordre théorique plus qu’elle est matérielle ou visuelle. Ils expliquent que le régionalisme critique ne se définit pas suivant un ensemble de règles, de lois ou de motifs. Plus concrètement, le régionalisme critique ne tire pas “ses règles » du régional. La poétique de l’espace et son fonctionnement s’inspirent du lieu et de ses contraintes locales plus spécifiques. Pour Tzonis et Lefaivre, ce sont les caractéristiques régionales, plus naturelles que culturelles, qui entrent en compte pour composer l’architecture. Ainsi, le lien intime créé avec la nature et ses composantes permettent une meilleure intégration et optimisation de l’architecture par rapport aux contraintes environnementales et ambiantes d’une région. Dans le régionalisme critique, les tendances internationales ne peuvent être appliquées, car ces dernières susciteraient une relecture et une adaptation aux contextes régionaux.
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1.3 - LE RÉGIONALISME CRITIQUE PAR KENNETH FRAMPTON
« Le régionalisme critique cherche consciemment à déconstruire le modernisme universel en termes de valeurs et d’images qui sont cultivées localement, tout en altérant ces éléments autochtones avec des paradigmes tirés de sources étrangères. » (Frampton, 1983) Kenneth Frampton (1983), dans sa tentative de définir le Régionalisme Critique, a cependant été plus concret que Tzonis et Lefaivre dans l'expression des valeurs de ce mouvement. Le principe de tirer ses origines du lieu reste le fil conducteur dans les essais de définition du régionalisme critique, sauf que Kenneth Frampton s’est lancé dans une recherche de bases ou de points fondamentaux considérés comme des lignes de repères pour produire une architecture qui insère de l'identité dans le projet architectural qu’il cite dans son œuvre : « Vers un régionalisme critique : six points pour une architecture de résistance» , il exprime ainsi sa vision où il voit le Régionalisme Critique comme un concept prônant des caractéristiques particulières. Pour lui, le Régionalisme Critique est une « pratique marginale »1, qui sort des canons classiques de l'époque dans laquelle elle évolue. Frampton insiste sur le fait que l’attention portée au local ne doit pas faire oublier une approche critique, qui consiste à requestionner l’emploi de matériaux, typologies, signes ou autres traits caractéristiques. Il s’agit d’éviter de glisser vers une architecture qualifiée de « régionaliste sentimentale ». Les principes avancés par le théoricien forment une base solide pour engager une approche régionaliste critique sans se plonger dans un mimétisme nostalgique. Les six points avancés par Frampton dans son livre sont :
1- Culture et civilisation 2- La montée et la chute de l’avant-garde 3- Le régionalisme critique et la culture mondiale
4- La résistance de la forme de place 5- Culture contre nature 6- Visuel contre tactile
1. «Vers un régionalisme critique : six points pour une architecture de résistance », Kenneth Frampton1983
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2- STRATÉGIE ET PRINCIPES DU RÉGIONALISME CRITIQUE La stratégie fondamentale du régionalisme critique est de médiatiser l’impact de la civilisation universelle avec des éléments dérivés indirectement des particularités d’un lieu spécifique. Il est clair de ce qui précède que le régionalisme critique dépend du maintien d’un niveau élevé de conscience de soi critique. Il peut trouver son inspiration dans des choses comme la portée et la qualité de la lumière locale, ou dans une tectonique dérivée d’un mode structurel particulier, ou dans la topographie d’un site donné. Le régionalisme critique implique nécessairement une relation dialectique plus directe avec la nature que ne le permettent les traditions formelles plus abstraites de l’architecture moderne d’avant-garde. Il est évident que la tendance à la modernisation de la tabula rasa favorise l’utilisation optimale de l’équipement de terrassement dans la mesure où une donnée totalement plate est considérée comme la matrice la plus économique sur laquelle fonder la rationalisation de la construction. Ici encore, on touche en termes concrets cette opposition fondamentale entre la civilisation universelle et la culture autochtone. La présence d’une topographie irrégulière dans un site plat est clairement un geste technocratique qui aspire à une condition d’absence de place absolue, tandis que le terrassement du même site pour recevoir la forme étagée d’un bâtiment est un engagementdans l’acte de «cultiver» le site. La particularité du régionalisme critique réside dans sa non-définition volontaire, à travers leurs ouvrages sur le regionalisme critique , Lefaivre et Tzonis n’ont pas voulu définir de critères de style particulier pour ce mouvement, car pour eux ; le Régionalisme Critique ne se définit pas suivant un ensemble de règles, de lois ou de motifs comme pouvait l’être le Classicisme, le Pittoresque ou le Stijl. (1996). Cette théorie critique tire ses règles du régional et donc il existe autant de régionalismes que de régions dans le monde. Dans une volonté de déterminer une base théorique des principes, ou de la stratégie du régionalisme critique, on effectuera un exercice de synthèse des points avancés par Kenneth Frampton pour une architecture de résistance, combinés à d’autres concepts et bases utilisés par des architectes qui travaillent dans le même sens du régionalisme critique, pour pouvoir formuler une stratégie plus spécifique, qui ne définit pas forcément un style architectural, mais plutôt des lignes directives qui pourraient permettre à une architecture de s’insérer au maximum dans une approche de régionalisme critique. Pour mieux appliquer les fondements de cette théorie dans une région spécifique, il est nécessaire de souligner l’importance de la notion de la limite dans la définition d’une région précise. En effet, afin d’éviter une sorte de délocalisation universelle dans l’approche architecturale, il faut se rendre compte des ‘limites’ d’une région qui sont déterminées par les particularités culturelles, sociales, communautaires, naturelles et géographiques.
« Une limite n’est pas l’endroit où quelque chose s’arrête, mais plutôt, comme les Grecs l’avaient perçue, celui à partir duquel une chose commence à manifester sa présence » (Heidegger, Martin, 1958) Dans ce qui suit, on listera une multiplicité de concepts qui s’inscrivent dans la recherche de l’application d’une forme de régionalisme critique dans la production architecturale, ceci étant une approche pareil reste relative à la perception de l’architecte de la région et donc il est difficile de déterminer un mode d’emploi spécifique à cette approche de régionalisme critique. Les concepts cités seront illustrés par des exemples d’architectures contemporaines et ceci dans un objectif d’explorer la limite de la théorie du régionalisme critique dans l’ère actuelle.
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La chapelle champêtre , Peter Zumthor
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2.1- S’INSPIRER DU VERNACULAIRE L’inspiration du vernaculaire dans le cadre du régionalisme critique est en effet un rejet de l'usage nostalgique et sentimental de l'architecture traditionnelle, plus que mimétiser et répéter un archétype existant, il s'agit de l'analyse en profondeur. Kenneth Frampton (1980) dans son ouvrage Modern Architecture : A Critical History rejoint l’idée de Tzonis et Lefaivre sur le rôle non « sentimentaliste », non « nostalgique » que le Régionalisme Critique doit porter. Il se différencie des constructions purement vernaculaires qui ont été faites d'une manière spontanée par les usagers de la région, mais il défend en même temps le fait d'acquérir une autonomie culturelle, opposée au formalisme du modernisme qui se fie plus aux données de la région.
Ceci nous explique donc pourquoi le régionalisme critique « (...) tend donc à la création paradoxale d'une culture mondiale attachée à diverses régions. » (Frampton, Kenneth, 2006 : 347) Dans ce sens, il faudrait se questionner en premier lieu sur la valeur culturelle de l'archétype, cette valeur est imprégnée non seulement de son histoire architecturale, mais également de la reconnaissance des caractéristiques spécifiques du site et du climat pour lesquelles il apporte une réponse adéquate, analyser un archétype suscite de creuser au-delà d'un élément ou d'une forme en particulier et essayer d'extraire la règle générale, ou le principe d’origine. L’inspiration du vernaculaire dans le cadre du régionalisme critique est ainsi le fait de lire, interpréter et redéfinir le style vernaculaire d'une région afin que les environnements construits contemporains conservent leurs racines en utilisant des références vernaculaires pour créer un reflet moderne et régional et l'identité culturelle locale. Il s'agit de dégager des concepts et d'interpréter des formes sans se plonger dans un mimétisme ou une copie des formes existantes de la région. Dans ce sens, on citera la forme du patio qu’on trouve aujourd'hui dans plusieurs projets qui ont la volonté d'intégrer des touches d’identité dans l’architecture traditionnelle orientale. Pour comprendre l’essence du patio, il est nécessaire de revenir sur le concept de la médina qui est une forme urbaine traditionnelle de l'urbanisme arabo islamique. Cette forme urbaine, dans son sens plus profond, dégage le concept de la compacité, de l’introversion et aussi de l’intimité. Elle s’articule selon un système de hiérarchie de rues allant du public au privé et permet une imbrication de parcelles qui peut être infinie. Et ainsi, cette forme urbaine assez compacte nécessite une ouverture vers le ciel et par la suite elle produit un extérieur intériorisé, l’objectif de cette forme étant de garder l’intimité, mais de profiter de l’espace extérieur. Donc en analysant la forme et en revenant à sa vraie raison d'être, on peut s’inspirer des concepts qu’elle relève, les combiner aux technologies actuelles en termes de structure et de matériaux, et arriver à une production contemporaine qui dans le fond, s’inspire du traditionnel et ne le copie pas. Dans ce sens, on citera une des œuvres de l’architecte ZEVACO qui est sa maison personnelle et où il expérimente une relecture de la notion du patio. La villa ZEVACO introvertie et ouverte en même temps, elle exprime son ouverture envers les fidèles à son style, mais tout d'un besoin de protection contre la cruauté des militants du postmodernisme. Un grand oculus au plafond le connectant au ciel et à la nature reprise par l’élément de l’eau et la fontaine dans le centre du salon qui inscrit la maison dans une dimension de prospérité accentuée avec les couleurs, la lumière et les textures.
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FORME ARCHITECTURALE Le patio centrale L’etrée en chicane
COMPREHENSION Un extérieur intériorisé Un rapport au ciel Introversion et intimité
ABSTRACTION Recherche d’un jeu entre l’intérieur et l’extérieur
ACLIMATATION Une définition de parcours vers un élément central ouvert sur le ciel
ÉMERGENCE D’UNE NOUVELLE FORME Une forme nouvelle acclimatée à la villa marocaine s’inspirant des concepts de la maison traditionnelle
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VILLA ZEVACO , ZEVACO
VILLA ZEVACO , ZEVACO
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2.2- RÉCONCILIER LE MODERNISME, LE CONTEMPORAIN ET LE LIEU Le modernisme, apparu à l'aube de la première guerre mondiale, vient avec ses progrès technologiques, ses nouveaux matériaux et son industrialisation comme un libérateur pour le peuple. Mais cette libération promise par le Modernisme a échoué. Comme le mentionne Kenneth Frampton dans son article Six Points for an Architecture of Resistance. La modernisation, avec sa tendance à standardiser et déshumaniser, a apporté une instabilité économique et sociale, et ainsi, plusieurs, réactions du peuple envers cette civilisation universelle sont apparues la jugeant comme une industrialisation dégradante. Le mouvement moderne ne prend plus en compte les particularités d'un lieu pour construire. On construit partout de la même façon dans un seul but pragmatique et économique sans tenir compte des changements de la structure sociale et son évolution, un paramètre primordial à prendre en compte dans l'approche critique du régionalisme. En effet, comme la mondialisation et la globalisation évoluent, la société change et évolue de la même manière. Par conséquent, le principe de la réconciliation consiste à articuler et trouver un dynamisme entre ce qui est contemporain ou moderne et ce qui est classique et traditionnel, c’est un jeu de médiation entre civilisation universelle et culture régionale qui doit être fait par le biais de la production architecturale. En effet, il est nécessaire, pour la conception d'un lieu, de prendre en compte de manière adéquate la culture, les paysages et les conditions climatiques d'une région afin d'établir une identité architecturale. Et pour ce fait, il faut aussi utiliser d’une manière adéquate des concepts et des technologies modernes pour tenir compte des réalités mondiales, de l'attractivité universelle actuelle et du respect des besoins contemporains. En combinant ces deux approches, les valeurs traditionnelles de l'architecture vernaculaire combinées aux concepts abstraits et poétiques de la modernité et/ou de la contemporanéité peuvent fournir un nouveau type d'architecture, évoquant un sens culturel profond, mettant en valeur une langue universelle.
« Les conditions climatiques, la culture, les mythes et l’artisanat d’une région ne doivent pas être réduits à des formes autochtones. Les deux cultures anciennes et modernes ne sont pas le produit d’un seul héritage, mais plutôt des hybrides de plusieurs cultures trouvées dans le passé de la région. Une modernisation mondiale continue de réduire la pertinence de la culture agraire et notre connexion aux modes de vie passés est brisée, alors que la présence de la culture mondiale universelle domine les tendances régionalistes. Par conséquent, la culture régionale ne doit pas être tenue pour acquise comme imposée automatiquement par le lieu, mais plutôt cultivée et présentée à travers l’environnement bâti. » Frampton Pour illustrer ces propos, on va citer les travaux de l’architecte contemporain Francis Kere qui, avec des techniques et matériaux vernaculaires combinés à des technologies contemporaines, arrive à produire une architecture contextualisée adaptée qui se base sur matériaux et techniques locales tout en les inscrivant dans des langages universels humaniste et ouvert.
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Un exemple de sa production hybride se présente dans l’école de Gando au Burkina Faso. La conception de l’école primaire a évolué à partir d’une longue liste de paramètres, y compris le coût, le climat, la disponibilité des ressources et la faisabilité de la construction. Le succès du projet reposait sur l’acceptation et la négation de ces contraintes. Afin de maximiser les résultats avec les ressources minimales disponibles, une construction hybride argile/boue a été principalement utilisée. L’argile est abondamment disponible dans la région et est traditionnellement utilisé dans la construction de logements. Ces techniques traditionnelles de construction en argile ont été modifiées et modernisées pour créer une construction plus robuste sous forme de briques. Les briques se combinent avec un toit en tôle ondulée qui réinterprète les toits métalliques traditionnels utilisés dans les maisons du Burkina Faso.
Schéma conceptuel de la stratégie bioclimatique
Schéma conceptuel du principe de la double toiture
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Ecole de Gando , francis Kere
Ecole de Gando , francis Kere
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3.3- LE MYTHE RÉGIONAL : UTILISER, RENFORCER Le mythe peut être un élément à utiliser et renforcer dans le cadre de la conception architecturale critique. La région n’est pas définie juste en termes de géographie et de climat, mais c'est aussi une institution et une école de pensée. La région en tant qu'institution, tant formelle qu'informelle, influe l'image et l'expérience régionales du lieu, ainsi que la fonction et la forme de l'architecture locale. Par conséquent, il convient de prendre en compte des caractéristiques non physiques principales de la région et dont le discours. Le mot mythe pour Frampton ne doit pas être associé négativementaux faux, incorrects ou improbables, mais plutôt à l'importance des précédents glorifiés et à l'association avec la grandeur d'une région. Dans ce sens, on peut citer l’architecture de la bibliothèque d’Alexandrie, en Égypte, conçue par Snøhetta et qui consiste à remettre en actualité une légende en héritage. Dans cette production architecturale, on propose à la fois une manière de célébrer un mythe et de s'en affranchir. Le concept principal du projet est un disque s'élevant de l'eau, représentant le passé, s'inclinant vers l'avenir, le niveau du sol représentant le présent. Son apparence est plutôt modeste, au vu du prestigieux ancêtre qu’il entend faire renaître de ses cendres Sa vaste forme circulaire le long du port alexandrin circulaire rappelle la nature cyclique de la connaissance, fluide à travers le temps. Son toit scintillant et incliné rappelle l'ancien phare alexandrin et fournit à la ville un nouveau symbole pour l'apprentissage et la culture.
Schéma conceptuel de l’idée de l’éternité , la temporalité et la mémoire
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Coupe : rapport entre le bâtiment et l’élément de l’eau
La bibliothèque d’Alexandrie, Snøhetta
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2.4 - QUALITÉ DU LIEU
Une œuvre d'architecture ne doit pas être perçue comme un objet autonome, mais plutôt comme reliée et définie par les caractéristiques du lieu, telles que les moyens de subsistance locaux, la structure sociale distinctive et le caractère de ses habitants, il existe une différence entre l'espace physique d'une région et l'endroit où l'interaction entre la vie et la communauté se produit, il s'agit de promouvoir la valeur régionale par le biais d'un flux dynamique entre espace et lieu permettant l'intégration de l'architecture au contexte urbain environnant. Pour qu'une architecture soit immergée dans le lieu, il faut éviter le bâtiment objet, pour Frampton (1983), le Régionalisme Critique est guidé par la tectonique et non par la succession de scénographies dans le cadre bâti. L’architecture ne se limite pas à son objet seul, à son identité. La forme architecturale recevra alors une « valeur expressive», en lien avec la topographie, à partir de laquelle va découler la structure, le squelette. On arrive à une nécessité d'examiner l'aménagement spatial du bâtiment et d'en analyser la manière dont il entoure, relie plusieurs zones, distribue la circulation, permet l'accès, crée des sorties et gère sa composition structurelle pour s'ouvrir aux valeurs extérieures du lieu. Selon Frampton, la définition de Tadao Ando de l’espace, qui est définie par des formes géométriques de base, est en harmonie avec l’environnement et les qualités culturelles du lieu. Il préfère utiliser sa surface en béton plutôt que sa masse pour mettre en valeur ses espaces spécifiques qui comprennent des ombres et des surfaces lumineuses rebondissantes fournies par ces formes géométriques de base. Son travail dans l’île de Naoshima est l’un des meilleurs témoins de cette approche guidée par la nature et par les atouts du site. Dans ce parcours, je n’ai jamais perdu de vue le thème du lieu offrant la possibilité à l’art, à la nature et à l’être humain de se confronter directement pour se stimuler mutuellement. La nature environnante a ressuscité à mesure de l’avancement des travaux de construction. Les bâtiments se sont progressivement intégrés dans la végétation régénérée et ont fini par s’y fondre totalement.
« L’architecture et la nature ne forment plus qu’un corps pour créer un paysage unique et propre à Naoshima. »
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L’île de Naoshima, Tadao Ando
L’île de Naoshima, Tadao Ando
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2.5- ARCHITECTURE DES SENS
Une des approche relative à la théorie du régionalisme critique est l’utilisation de l'ensemble des sens , pour une architecture multisensorielle Pour exploiter pleinement les qualités régionales, tous les sens doivent être intégrés à l'expérience d'un bâtiment appartenant à un lieu spécifique. Le régionalisme critique reconnaît et adopte ce concept ,il favorise l'utilisation de matériaux ayant certaines affinités locales, des structures offrant certaines réactions corporelles et les changements saisonniers régionaux permettant des réactions émotionnelles diverses Pour Frampton, une expérience corporelle multisensorielle crée une relation plus profonde avec l'environnement bâti. Ces opportunités expérientielles non seulement établissent le caractère unique d'un lieu, mais contribuent également au rejet d'un état d'esprit technocratique global. Pour Frampton (1983) une architecture ne doit pas se limiter au seul sens de la vue. L'Homme possède cinq sens. Il semble donc important de les solliciter tous afin d'appréhender l'environnement avec le plus de justesse et de poésie possibles. Le sens tactile a la capacité de titiller le spectateur, de lui donner envie d'expérimenter par le toucher, et alors d'accorder plus d'importance à la poétique dans l'architecture qu'à la construction formelle. L’un des architectes qui a établi des travaux marqués par le sensoriel et qui est considéré comme l'architecte des sens est Peter Zumthor qui a produit une architecture d’expérience puisqu’elle fait appelle à l’ensemble des sens. Les jeux de lumières viennent titiller l’œil, les senteurs des matériaux et des espaces notre odorat et le travail des matières notre toucher.
« Entre le crépuscule et l’aube, nous nous arrangeons pour être éclairés par des sources de lumière que nous fabriquons et allumons nous-mêmes. Mais elles sont d’une puissance et d’un souffle trop faible, avec leur intensité vacillante et leurs ombres étendues, pour pouvoir être comparées à la lumière du jour. Pourtant, si plutôt que de concevoir les lumières que nous faisons nous-mêmes comme un effort visant l’abolition de la nuit, j’essaie de les penser comme des lumières dans la nuit, comme une accentuation de la nuit, comme des lieux de clarté créés par l’homme, elles deviennent belles et peuvent déployer tout leur charme propre. Quelle lumières voulons-nous allumer entre le crépuscule et l’aube ? Que voulons-nous éclairer dans nos maisons, dans nos villes et dans nos paysages ? Comment et combien de temps ? »1 Peter Zumthor
1.Penser l’architecture, Peter Zumthor
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Les thermes de Vals , Peter Zumthor
Les thermes de Vals , Peter Zumthor
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SYNTHÈSE DES PRINCIPES DU RÉGIONALISME CRTIQUE Le régionalisme critique est une approche qui remet en question une véritable complexité dans le domaine de l’architecture, c’est un processus qui invite à pousser la question de l’architecture au-delà de la forme ou le visuel, mais qui questionne un environnement, une identité, une culture. L’approche valide pour le processus du régionalisme critique serait de tirer les leçons et les principes en analysant les environnements et en utilisant des méthodes basées sur des visions de systémisme environnemental et les appliquer ensuite dans des situations de conception, donc il s’agit d’apprendre pas à travers le mimétisme mais plutôt à travers l'analyse , pour ce fait, on peut se référer à plusieurs concepts et ce qu’on vient de citer font objet d’une démonstration de quelques démarches dans ce cadre. On peut retenir qu'aujourd'hui, il est important de ne pas se renfermer uniquement sur soi-même, mais il faut s'ouvrir sur l’extérieur sans tomber dans un rejet total de la différence. La particularité du régionalisme critique c’est qu’il évite d'être restrictif , cette démarche n’est pas une contrainte mais plutôt une approche libératrice.
Organnigramme de synthèse des principes du régionalisme critique
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3- APPLICATION DU RÉGIONALISME CRITIQUE 3.1- ÁLVARO SIZA (QUINTA DA MALAGUEIRA) Le régionalisme critique est une approche qui a été menée par plusieurs architectes tels que Tadao ando , Peter zumthor , Jørn Oberg Utzon, Alvar Aalto et Alvaro Siza. Ainsi , pour illustrer les propos du régionalisme critique , on va développer un exemple d’un projet de l’architecte Alvaro siza qui est le projet de Quinta da Malagueira le considérant comme référence d’une forme urbaine qui réconcilie le modernisme et le lieu, qui prend l’essence du lieu et qui produit une architecture destinée au peuple avec une abstraction de la figure de l’architecte. Alvaro siza comme référence d’une architecture du lieu. Alvaro siza est un architecte portugais connu pour son travail de la historicisation de la poétique méditerranéenne , dans ses productions architecturales , il ne se contente pas uniquement sur la reproduction des traditions vernaculaires , mais il cherche leurs continuité dans un contexte contemporain , il essaie de formuler un modernisme qui trouve ses racines dans les sources locales qui sont la topographie, le lieu et les dispositions spatiales. Le lieu pour siza est la base de la réflexion architecturale , il analyse toutes les donnés de ce dernier, a travers l’observation de la population et de l’articulation de l’espace , pour lui , la phase d’analyse du contexte du projet architecturale est la réponse pour tous les questionnements architecturaux.
Croquis de siza qui montre son approche de compréhension du territoire et ses dynamique ainsi que les relations entres les habitants .
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LA CONSCIENCE DU LIEU
ANALYSE DU CONTEXTE
La lecture de l’architecture de Siza révèle l’essence du lieu. Il met en évidence les éléments fondateurs du lieu et son approche prend essence dans l’observation de la réalité , il observe le paysage , les matériaux, les utilisations et les interactions entre les gens. Son architecture capture le temps présent, emprisonne la réalité et propose une continence temporelle. Ses architectures sont des personnages autonomes reliés par l’intrigue d’une histoire qu’il interprète. Pour lui , les architectes n’inventent rien , ils transforment juste la réalité.
Siza a utilisé le tissu existant du Bairro de Santa Maria comme matrice pour le nouveau plan pour assurer la consolidation des relations sociales entre les nouveaux quartiers et la colonie illégale située le long de ses bords. La difficulté du projet était de garder une continuité typologique par rapport à l’existant car il s’agissait de prendre un terrain ou il y a eu lieu un processus spontané de construction par les habitants. Siza , pour s’inscrire dans cette continuité , a essayé de comprendre la logique et la rationalité de la construction spontanée effectuée, et il a estimé que son rôle était de continuer, voir consolider et renforcer ce processus par l’architecture, la structure et l’expérience .
QUINTA DA MALAGUEIRA, PROJET POUR LE PEUPLE
UN
Pour mieux expliquer la conception de Alvaro siza et comment il mène une approche de régionalisme critique , on présentera le projet de Quinta da Malagueira, un projet de logement social qui tire ses principes du lieu et de son histoire et qui propose un projet urbain de logements fait pour les habitants et leurs échelle humaine.
LE CADRE DE LA COMMANDE Les logements sociaux Quinta da Malagueira construits à Évora en 1977, sont une réponse à des commandes liées à la politique du logement du régime progressiste portugais. L’élaboration du plan pour le quartier de Malagueira est une stratégie politique pour éradiquer la prolifération de la périphérie de la ville historique fortifiée d’Evora. Alvaro Siza a été chargée de concevoir un plan pour un quartier qui devait accueillir 1 200 ménages sur un ancien domaine agricole appelé Quinta da Malagueira, qui était entouré par le complexe de logements sociaux Cruz da Picada et le Bairro de Santa Maria qui sont des habitations clandestines.
STRATÉGIE URBAINE La stratégie urbanistique de Siza est l’occupation totale du sol. Une telle stratégie permet une continuité entre la construction spontanée et son projet. Ainsi , dans son projet, il établit des mesures très précises pour que l’espace public soit réduit à l’espace de la circulation. En mettant en place une mesure de rue pareille , il démontre son sens de la réalité , car ceci va lui permettre d’avoir un stationnement organisé dans un quartier destiné à une population qui a pris l’habitude de vivre un quotidien très spontanée. De plus , le quartier est construit en rapport à la topographie du site ce qui donne à chaque logement une identité propre, et de plus, le système d’aqueduc mis en place, reposant sur des piliers en béton, créé une galerie pour les équipements collectifs, comme les magasins, et structure l’organisation du quartier tout entier.
«La conscience de la réalité commence par la conscience du lieu ». Alvaro Siza
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Croquis de Siza montrant son approche d’une analyse urbaine du territoire et comment le site est organisé dans une dynamique d’ensemble
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STRATÉGIE ARCHITECTURALE La forme urbaine existante était une rue avec une série d’impasses perpendiculaires à elles , et lui , il vient sur cette base , placer des maisons avec des cours , alignées et organisées par rues. Ayant bien analysé la psychologie des usagers , il avait prévu que cette population aurait certainement besoin d’agrandir les maisons et donc il propose un certain système évolutif marqué par la cour .
«Le mécanisme employé par Siza est très simple: s’ajuster à la topographie. Les constructions de Siza se présentent à nous comme un manteau architectonique qui complète le territoire. Un territoire dont la particularité, visible dans les ondulations de sa topographie, se manifeste dans une architecture essentiellement multiple et variée, qui bénéficie de la même qualité et du même caractère pittoresque que nous avons tant de fois admirés dans les architectures vernaculaires». Rafael moneo 1 Siza est un architecte qui n’impose pas sa personnalité dans ses réalisations. Il est possible de le constater notamment dans le cas des logements d’Évora. En effet, ces bâtiments donnent l’impression d’avoir été réalisés sans la contribution d’un architecte.
« La figure de Siza disparaît, virtuellement et réellement. Ces fragiles maisons se transforment, se détruisent, se reconstruisent. Il ne reste que la structure que Siza a empruntée à la ville elle-même ». Rafael Moneo2
Proposition d’une dynamique entre un extérieur intériorise et un extérieur publique.
1. «Intranquillité théorique et stratégie du projet dans l’oeuvre de huit architectes contemporains», Rafael Moneo,2013 2. «Intranquillité théorique et stratégie du projet dans l’oeuvre de huit architectes contemporains», Rafael Moneo,2013
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Quinta da Malagueira, Alvaro siza
Quinta da Malagueira, Alvaro siza
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Immeuble assurance axa - ZEVACO
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PARTIE 2 : RÉGIONALISME CRITIQUE AU MAROC
C
ETTE ÉQUIPE D’ARCHITECTES, PÉNÉTRÉE PAR L’ESPRIT ET LA FINESSE DE L’ARCHITECTURE MUSULMANE, PAR L’INTELLIGENCE DE SES PLANS, SUT Y PUISER UNE JOIE DE L’ESPRIT, UNE LEÇON PERMANENTE D’HARMONIE, D’ADAPTATION AU CLIMAT ET AU PAYSAGE QUI ATTEIGNAIT À LA VRAIE NOBLESSE DU VRAI CONFORT SANS OSTENTATIONS NI TOURS DE FORCE ET ILS Y ADAPTAIENT LES TENDANCES ACTUELLE. L’Architecture d’aujourd’hui
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PARTIE 2 : LE RÉGIONALISME CRITIQUE AU MAROC 1- TRANSFERT DES MODÈLES ARCHITECTURAUX AU MAROC 1.1- INSTALLATION DE LA MODERNITÉ AU MAROC
Définir une architecture marocaine aujourd’hui constitue une interrogation assez complexe. Les différentes strates d’influences étrangères accumulées à travers les siècles posent la question de la légitimité de l’héritage local. Cette quête d’une singularité diverse entre des influences internationales multiples et une instrumentalisation nationaliste fait émerger l’entre-deux que le Maroc connaît aujourd’hui. Un compromis critique et hybride se rapprochant de la notion du régionalisme critique peut être un moyen de réflexion autour d’une architecture marocaine future qui engage à la fois une conscience du patrimoine architectural et s’insère dans la scène de développement mondial.
LA MODERNITÉ AU MAROC : UN PROCESSUS PROGRESSIF Le début des influences extérieures au Maroc a eu lieu bien avant le protectorat français en 1912 , la période avant l’intervention française a été caractérisée par un mélange d’influence de différentes cultures et tribus antécédentes , le Maroc avant le protectorat, a connu des influences des peuples Berbères, Carthaginois, les Romains et les Arabes. Essentiellement en raison de la position stratégique du pays comme porte vers l’Afrique, il a fait une zone intéressante pour ces différentes tribus et cultures. Le monde, au début du XXᵉ siècle, a été bouleversé et révolutionné par l’ère moderne, initiée en Europe et développée rapidement à l’échelle mondiale. Sa répercussion sur l’architecture se traduisait par l’aboutissement à un style international effectuant un glissement profond dans les conceptions, rationalisant l’architecture et la libérant des pastiches du passé. La position du Maroc dans la recherche d’une architecture équilibrée entre modernisme et tradition trouve son début dans l’établissement du protectorat français au Maroc en 1912. Ce fut le début du premier mouvement moderniste au Maroc principalement dirigé par le protectorat français notamment par le général Hubert Lyautey. Le deuxième vague du mouvement moderniste au Maroc a eu lieu après la fin du protectorat en 1956, influencée par les avancées technologiques dans le monde et prôné par des architectes franco-marocains sous le nom du groupe GAMMA. Le mouvement moderne prend place au Maroc, surtout avec l’avènement du protectorat dont les autorités rêvaient d’inscrire cette nouvelle colonie dans un rêve à la californienne. Plus tard, sur la base de cette ambition du protectorat, l’approche moderniste au Maroc fut régionalisée, transférant la modernité tout en lui permettant une adaptation contextuelle.
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1.2 - PREMIÈRE VAGUE DE LA MODERNITÉ AU MAROC : LE COLONIALISME L’installation de la première vague de la modernité dans le Maroc est un processus qui a émergé avec l’avènement du Protectorat Français, entre 1912 et 1930, une institutionnalisation de la couleur locale, ou le régionalisme maghrébin a eu lieu, il s’agissait de « donner un cachet artistique s’inspirant du style néo-mauresque1 » aux édifices publics (écoles, administrations), c’est aussi une période très importante pour le Maroc puisque le protectorat Français a suivi une politique de création des nouvelles villes marocaines qui sont considérés comme les premières formes d’un urbanisme formalisé effectué au Maroc2 Les constructions architecturales se faisaient dans un style néo mauresque, et une logique de production architecturale culturaliste était présente grâce à l’architecte Henri Prost qui suivait une stratégie d’amélioration pour l’antienne forme traditionnelle de la médina et procédait à la production dune nouvelle ville en dehors des remparts notamment dans son projet de la construction de la grande capitale moderne de Rabat. Ainsi, la première vague du modernisme était fortement liée aux pensées nationalistes d’avant-guerre, nous pouvions voir que des aspects comme la langue vernaculaire étaient étudiés, mais restaient superficiels, car les architectures modernes coloniales laissent entrevoir des tentatives de refléter la culture et le langage architectural locaux en réinterprétant l’architecture vernaculaire sur le plan des éléments typologiques et de l’artisanat.
La wilaya de Casablanca , marius bauer
Rue ben dahen , Casablanca
1. Recommendation des circulaires de 1904/1912 officialisant les emprunts à l’architecture locale 2.Politiques de construction des villes nouvelles , tel Rabat, Casablanca,Fes...
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1.3 - DEUXIÈME VAGUE DU MODERNISME AU MAROC : L’HABITAT SOCIAL La deuxième vague du modernisme au Maroc, qu’on peut lier à l'époque entre 1930 et 1960, a été principalement menée par GAMMA (Groupe d’Architectes Modernes Marocains), également actif avant l’indépendance et peut être considéré comme moins nationaliste. Ce groupe a tenté de prendre plus en considération le contexte et d’améliorer les conditions des Marocains indigènes négligés. Une première période du groupe de GAMMA, avec la figure d’écochard et l’équipe ATBAT-AFRIQUE a été marquée par une recherche de compréhension du territoire Marocain pour offrir des réponses architecturales le mieux adapté, il fallait trouver un moyen d’hybridation architecturale avec le mouvement moderne dans un objectif de retrouver une architecture moderne et méditerranéenne, dans ce sens, on peut citer le travail de ce groupe qui a expérimenté des concepts de logement collectif pour la population Musulmane des milieux populaires au Maroc dans les années 50 et notamment à Casablanca. Candilis, membre de GAMMA, constate que:
« Les kasbahs du Sahara, les ksour(s) villages fortifiés de l'Atlas, les greniers citadelles collectifs reflètent cette aptitude des gens à vivre l'un à côté de l'autre en respectant l'intimité familiale, tout en gérant d'un commun accord les affaires d'intérêt commun »1 Les concepts expérimentés sont la reprise des éléments comme la cour intégrée dans le bâtiment du logement collectif au Maroc, il ne s'agissait pas pour eux de collecter des éléments de façade comme les arcs ou les ornementations, plutôt de chercher des éléments caractéristiques de la pratique de l’espace. Le succès de ces expérimentations est mitigé et on arrive à voir aujourd'hui que ces cours ont été mutés, mais la recherche et la quête de l'identité reste considérable.
Plans et schémas explicatifs du projet « Nid d’abeilles» représentant la recherche expérimentale pour le logement social à Casablanca.
1. Cité par Cohen et Eleb, légende d’un panneau de l’exposition «La Cité verticale» au CIAM d’Aix-en-Provence de 1953).
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Nid d'Abeille de Carrières Centrales in Casablanca dans le cover de Decembre 1954 de L'Architecture d'Aujourd'hui.
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CONTEXTE SOCIO-ÉCONOMIQUE Carte d’expansion de la ville de Casablanca
En effet, dans les années 50, la ville de Casablanca est devenue un grand hub économique attirant les populations rurales, ce qui a causé un grand problème de la création de bidonvilles tel que les carrières centrales, Ben Msik, Hay hassani… Ecochard dans la même période a pris la responsabilité de réfléchir à un plan d’urbanisme pour lutter contre cet exode rural et donc dans le même sens, il présenta une grille d’habitation qu’il présenta aussi aux CIAM d’Aix-en-Provence en 1953 comme solution de l’habitat pour le grand nombre, dans cette proposition, il fait référence à la médina par la trame urbaine et il propose des logements à patios. Ces expérimentations ont fait grand écho dans le monde moderne et l’on se retournait aussi vers le Maroc pour observer les progressions faites dans le domaine de l’architecture et l’urbanisme.
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En observant la transformation de ces projets sociaux et en examinant la réaction de la population par rapport à ce concept de patio imbriqué dans le logement social, la question de l’hybridation de la culture locale et la modernité devient plus délicate. On comprend de ce constat que l’addition d’un élément traditionnel dans une forme architecturale complètement importée n’est pas forcément la meilleure solution pour intégrer l’identité du lieu dans l’architecture. Cette expérimentation moderne reste un exploit, car les bâtiments sociaux conçus ont été aptes à muter et il ont subi une acclimatation avec le temps où la figure de l’architecte se dissout pour laisser place à la présence et la volonté de l’usager. Et ceci est l’une des raisons d’être de l’architecture.
Immeuble nid d’abeilles , George Candilis , Casablanca
Transformation de l’Immeuble nid d’abeilles , George Candilis , Casablanca
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1.4- 3 ÈME VAGUE DU MODERNISME AU MAROC : LE GROUPE GAMMA Plus tard aux alentours de l’indépendance après 1956 , une autre approche est apparu à travers les réflexions architecturales menées par le groupe GAMMA avec des architectes considérés comme les figures relais d’Ecochard et de l’équipe ATBAT-AFRIQUE tel que Jean François Zévaco, Jean Chemineau, Élie Azagury ou Gaston Jaubert. 1 Cette période après l’indépendance était un tournant important dans l’histoire de l’architecture moderne au Maroc , les architectes marocains prennent la responsabilité de démontrer leur ingéniosité et leur capacité à produire une architecture authentique et innovante pour marquer la dominance du Maroc. Dans ce sens, l’architecte Mourad Ben Embarek avait commencé à publier le magazine A+U (Architecture + Urbanisme) pour offrir aux architectes une opportunité pour exprimer leurs idées et leur approche.
A+U Version spécial à la reconstruction d’Agadir
ARCHIVES / première de couverture de la magazine d’architecture A+U
Leur approche mettait l’action sur de nouvelles préoccupations d’adaptation de l’architecture moderne relatives au contexte, climat, lieu et pratiques locales. Leur démarche s’éloignait de l’approche culturaliste coloniale et aussi des réponses standardisées et universelles de l’architecture moderne ce qui a bouleversé les canon de l’architecture au Maroc et a présenté une manifestation des premières préoccupations bioclimatiques dans un contexte spécifique du Maroc . Ces concepts ont étés expérimentés sur l’échelle architecturale , mais aussi à l’échelle urbaine et notamment par le projet de la reconstruction de la ville d’Agadir dans le sud du Maroc après le séisme, à partir du Plan directeur de la ville et des plans d’aménagement du bureau de l’Urbanisme, une production urbaine qui va constituer la grande œuvre commune dans laquelle se sont retrouvés les membres du GAMMA et ont expérimentés leurs idées. 2. ATBAT-Afrique était la branche africaine d’ATBAT, Atelier des bâtisseurs, fondé en 1947 par Le Corbusier, Vladimir Bodiansky, André Wogenscky et Marcel Py, avec Jacques Lefèbvre comme directeur commercial.
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Faculté des sciences , Marrakech Eliane Castelnau
Le Centre d’observation et de rééducation de Tit Mellil, Jean François ZEVACO
Un bâtiment de la BMCE à Agadir Elie Azagury
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2- LA QUESTION DU RÉGIONALISME CRITIQUE AU MAROC 2.1- L’APPROCHE DU RÉGIONALISME AU MAROC
Le terme régionalisme , évoqué en France dans les années 1930 , référait directement aux essais d’architecture ou il y a une « imitations évidentes de styles locaux ou des pastiches de
formes indigènes provenant des colonies » Curtis 1.
La forme architecturale correspondante à ce régionalisme pour le Maroc était le style néo-mauresque qu’on peut trouver sur les œuvres majeures emblématiques dans les villes de Rabat et Casablanca.
Ce style « régionaliste » reprend des éléments décoratifs marocains : les arcades, les zelliges ou l’emploi de tuiles vertes pour les toitures, font notamment partie de ce répertoire ornemental. 2 L’architecture produite de cette première époque de l’installation du protectorat Marocain était le résultat direct de la forme politique du protectorat appliquée au Maroc , l’architecture du style néo mauresque est une architecture hybride dans son sens le plus formel , avec un objectif d’arabisation du cadre bâti, on trouve dans un même bâtiment , on trouve des éléments de langage architectural importés par le protectorat mais aussi d’autre éléments du patrimoine architectural traditionnel. Cette manière de fabrique architecturale hybride est une des manifestations d’une approche de protectorat et non de colonialisme .
Dans l’exemple de la poste de Rabat , un bâtiment construit par l’équipe de Prost vers la fin des années 1910 , on trouve, d’une part , on peut observer éléments du langage architectural dit officiel, inspiré du style des beaux- arts , parfaitement symétrique, avec une façade ordonnée et son avant corps centrale est revêtu de pierre de salé et rappelle l’arc de triomphe ,et d’autre part, on observe des éléments de l’architecture traditionnelle pour une touche marocaine tel que les arcades, la tuile verte , et l’ornementation traditionnelle. 1.Curtis, 2006, p. 376 2. Transferts de modèles architecturaux au Maroc, L’exemple de Jean-François Zévaco, architecte (1916-2003), Lucy HofbaueR
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Barid al maghrib , La grande poste de Rabat
Hôtel avec le style architectural colonial , Casablanca
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2.2- LE BRUTALISME AU MAROC : UN LANGAGE ARCHITECTURAL ESSAI DE DÉFINITION DU BRUTALISME Le Brutalisme au Maroc n’a pas été pratiqué purement comme un ‘‘style architectural’’ avec ses bases formels , mais c’était plutôt un ‘‘langage architectural’’ auquel référait un groupe d’architectes de l’ère moderne au Maroc formant le groupe GAMMA.1
« Se réclamant du Groupe des Architectes Modernes Marocains (le GAMMA), la nouvelle génération d’après-guerre dont Élie Azagury, Jean Chemineaux, Henri Tastemain ou Jean-François Zévaco sont les représentants, est reconnue internationalement sur la scène des CIAM » Cohen et Eleb2 Le brutalisme comme style a été théorisé par Reyner Banham dans son ouvrage «The New Brutalism : Ethic or Aesthetic ? » en 1966 comme un « Un essai de création d’architecture par l’assemblage des matériaux brut » . Pour ce fait , il a déterminé quelques notions qui peuvent définir , ou caractériser la notion d’un Brutalisme anglais , ce sont des valeurs éthiques qui pour lui sont :
• • • • •
La responsabilité par l’engagement vis à vis de la société La vérité architecturale à travers le procédé de la construction L’objectivité d’après l’expression selon l’usage de la construction La rigueur avec l’utilisation et la mise en œuvre des matériaux brut La transparence en rendant visible l’objet architectural à l’extérieur de la construction
LE CORBUSIER : MOUVEMENT MODERNE ET BRUTALISME Dans cet essai de définition du mouvement brutaliste , on constate que les valeurs sont plus d’ordre éthique que formel ,un aspect qui a été développé plus tard notamment avec une figure éminente du Brutalisme qui est le Corbusier , et qui a pu propager le Brutalisme au niveau mondial notamment à travers le chantier d’habitations de Marseille qui est un vrai manifeste des points de l’architecture moderne qui présente une nouvelle esthétique du bâtiment avec le matériaux brut.
« L’architecture,c’est avec des matériaux brut,établir des rapports émouvants» Le Corbusier3 Avec les travaux du Corbusier et leurs propagation à l’échelle internationale, il y a eu une naissance de principes forts qui marquent le modernisme, des expressions architecturales accentuées et de la recherche de la monumentalité . CRITIQUE DU MOUVEMENT MODERNE D’autre part , une aparté de ce mouvement moderne standard a été formulée de la part Team X - ou Team 10 qui sont un groupe d’architecte qui a apparu dans la fin des années 50 et qui était un groupe porté par la critique du mouvement moderne , il considèrent que l’architecture ne devrais pas être universelle mais il s’agissait aussi de prendre en compte les bases locales et sociales. Le mouvement moderne à l’époque traitait plus la spatialité et la forme architecturale et ne se reposait pas sur les questions régionales , culturelles ou sociales. 1. GAMMA (Groupement des architectes modernes marocains) , acceptés comme Groupe CIAM du Maroc 2. (Cohen et Eleb, 1998, 307). 3.Vers une architecture, le Corbusier
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Unité d’habitations de Marseille , le Corbusier
Le groupe Team X
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ÉMERGENCE DU BRUTALISME AU MAROC : Dans cette scène mondiale d’influence des principes du modernisme , la charte d’Athènes et les CIAM , la naissance du Brutalisme au Maroc a eu lieu. Ce mouvement au Maroc n’a pas fait office d’une importation naïve des modèles standards du modernisme , mais son émergence a été ancrée dans un contexte fort qui correspondait à l’aube de l’indépendance du Maroc. Et dans ce sens , on peut considérer que les architectes du groupe GAMMA étaient des architectes du second âge du Maroc , qui est celui de la reconstruction après l’indépendance , ces architectes avaient à la fois une grande responsabilité de reconstruction et à la fois une liberté totale d’expression puisque les règles d’architecture et d’urbanisme étaient bouleversés aussi avec l’indépendance. Ceci nous explique la richesse et la qualité architecturale de cette période au Maroc. UN BRUTALISME PROPICE AU CONTEXTE MAROCAIN ? Les architectes de GAMMA on eu une véritable chance d’œuvrer librement de façon contemporaine « moderne », sans les contraintes d’aucun conformisme régional archéologique, puisqu’il y avait une scission nette entre l’époque du l’ère du protectorat et le rétablissement d’un régime politique stable au Maroc . Les architectes de GAMMA ne voulaient pas revenir au pastiche et aux formes les plus évidentes de l’architecture traditionnelle et décorative , il voulaient trouver une manière , ou un langage architectural qui pourrait les intégrer à la fois dans un style moderne mais conscient du lieu et du contexte où il s’impose. Les architectes édifiaient toutes les formes d’architectures, il portaient un regard sur l’extérieur qui se passait dans l’outre atlantique notamment dans l’Amérique et le brésil et fabriquaient des formes qui rappelaient le vernaculaire ou qui s’imprègnent de ce dernier.
« Ce courant d’expression architecturale prône une écriture sans fioriture ni ornementation, sans formalisme ni verbiage, en apportant une réponse au programme demandé tout en le laissant lisible, et en mettant en avant la structure ainsi que les parties techniques des édifices. Les bétons bruts de la structure ont donné leur nom à ce courant mais il ne suffit pas qu’un bâtiment contienne du béton brut pour qu’il soit considéré Brutaliste »1 « L’ÉCOLE DE RABAT » , UN ÉCOLE DE PENSÉE ? On pouvait parler dans ce cas , d’un début de la formation d’une école de pensée ; «l’école de Rabat» , une école de pensée moderne, comme l’école du Bauhaus ou l’école de Chicago, et ceci pour marquer une révolution dans l’architecture avec le langage qu’ils ont combiné.
“L’expression de «l’école de Rabat», utilisée par Thierry Nadau renvoie au fait que ce groupe d’architectes, à Rabat mais aussi à Casablanca, produit des œuvres portant un langage moderne unifié et l’exporte à Agadir afin d’adopter pour la reconstruction, malgré leur personnalité et leurs origines diverses, une unité de ton et un langage moderne national.” THIERRY NADAU
1. Abderrahim Kassou, architecte et ancien président de l’association Casamémoire
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«C’est eux qui ont fondé les bases du Maroc moderne. A l’époque, ils ont incorporé cette architecture moderne qu’était le brutalisme au répertoire local. Ça n’était pas du brutalisme formel ; plutôt un métissage entre une culture architecturale internationale et les traditions locales, aussi bien sur l’usage des matériaux – le zellige et le bois sculpté – que sur la structure elle-même, c’est-àdire la sobriété des volumes, la lumière, la simplicité des espaces » Abderrahim Kassou
Le groupe des architectes de GAMMA
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2.3- UN RÉGIONALISME CRITIQUE AVANT SES TEMPS AU MAROC ? La modernité au Maroc est considérée comme une histoire qui n’a pas été écrite , plusieurs expérimentations et innovations dans le domaine de l’architecture ont vu les jours à l’aube de l’indépendance, sauf que cela n’a pas pu persister pendant l’ère contemporaine , après les années 50 , le groupe GAMMA , avec les travaux établis dans le territoire Marocain, on pu déterminer un langage moderne propice au contexte Marocain à travers leur recherche d’acclimatation et d’adaptation des modèles standards d’architecture moderne, on peut considérer cette recherche théorique d’adaptation comme une forme précurseur de la théorie du « régionalisme critique1» . Le groupe GAMMA , après les années 50 , apportait un intérêt particulier à l’architecture vernaculaire et sa réinterprétation , dans leurs œuvres , il veillaient a mettre en place des systèmes de contrôle des paramètres environnementaux tels que l’ensoleillement et la ventilation, tout en expérimentant des langages architecturaux modernes aussi bien que locaux. Parmi les éléments de l’architecture vernaculaire qu’ils ont réadaptés , on trouve l’utilisation du patios ou des claustras, ils ont reproduit cette réflexion aussi bien a l’échelle architecturale que urbaine , et qui consiste à prendre conscience des réalités du climat, de la topographie et des pratiques locales dans un objectif d’expérimenter une nouvelle approche vers un urbanisme moderne durable contextualisé au Maroc. Le modernisme au Maroc était une voie précurseur qui souligne les contributions de l’architecture du groupe GAMMA dans les premières réflexions autour de l’architecture bioclimatique et durable écrite dans un langage moderne intégré dans son contexte.
«(...) Ils élaborent une sorte de langage commun , combinant les pilotis , les brises soleil et les pans de mur jouant avec le contraste des briques de verre,des claustras , des pierres apparentes et du béton brut ou enduit. Une rencontre entre les souhaits des clients éclairs et un néo-brutalisme nourri de référence méditerranéennes semble ainsi s’opérer » - Jean louis cohen
Village de vacances , Cabo Negro , Elie Azagury
1. « Régionalisme critique critique », un néologisme introduit par TZONIS ET LEFAIVRE en 1981
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HYBRIDATION : VERNACULAIRE MODERNE On peut observer dans les œuvres de ces architectes ce travail de métissage entre les deux influences locales et modernes , pour illustrer cette idée,on cite l’exemple de l’hôtel de ville réalisé par l’architecte Emile Duhon 1961 à Agadir , un bâtiment qui ressemble a un vrai grenier collectif des régions du sud du Maroc avec son jeu de patio et la présence des claustra sans oublier la thématique de l’eau qui est un élément vitale dans la conception architecturale traditionnelle dans les régions du Sud du Maroc . Ces éléments de l’ordre local sont adaptés à une architecture écrite avec un langage Brutaliste, moderne avec l’utilisation du béton brut de décoffrage et qui rappelle aussi une inspiration du travail d’ Oscar Niemeyer à Brasilia par son projet du palais d’Alvorada. On ne voit pas l’émergence d’un style brutaliste standard , mais on comprend qu’il y a une recherche au-delà de la forme qui incite à formuler un esprit local et reprendre des concepts inspirés du vernaculaire sans tomber dans un mimétisme concret.
Anciens greniers du Sud du Maroc
Palais d’Alvorada, Oscar Niemeyer , Brasilia
Hôtel de Ville, Emile Duhon, Agadir
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3 - APPLICATION DU RÉGIONALISME CRITIQUE AU MAROC 3.1- LA RECONSTRUCTION D’AGADIR
Le travail du groupe d’architectes de GAMMA a été le plus marqué par le projet de la reconstruction d’Agadir. Une ville du sud du Maroc frappée par un tremblement de terre désastreux en 1960 ce qui a créé un accroissement du besoin de logement et d'équipements. Les architectes qui bâtirent la nouvelle ville d’Agadir vont exprimer un Brutalisme affirmé dans ce projet urbain.
La destruction de Agadir
“La Reconstruction d’Agadir sera l’œuvre de notre volonté et de notre foi” ROI MOHAMMED V
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PRINCIPES URBAINS
La ville d'Agadir venait se poser sur un sol moins stable après ces circonstances et donc le plan d’urbanisme conçu pour cette ville vient adhérer aux principes modernes de l’époque inspirées de la chartes d'Athènes notamment le principe de Zonage , la séparation des espaces piétons et les voitures ,et les différentes zones d’habitation . Dans ce projet , la base commune des architectes était le plan d’urbanisme et les principes ou langage architectural lié au Brutalisme qu’ils avaient développé , néanmoins , chaque architecte avait exprimé son propre style et sa propre perception au niveau des projets individuels à l'échelle de l'architecture. Lorsque les architectes de GAMMA se sont réunis pour produire le Masterplan de la ville d'Agadir , ils ont exprimé fortement des ambitions d'intégration de la durabilité de la ville future post-séisme. La topographie de la ville était parmi les éléments qu'ils ont pris en considération pour offrir la possibilité de la marche dans les zones de logements denses , en plus de la conception des espaces communautaires avec l'adaptation au climat local et la minimisation des coûts d'entretien et de réalisation pour une ville qui se reconstruit en urgence . Si Agadir ne doit pas être considérée comme une ville durable par les critères contemporains, les principes qui ont guidé ses réflexions pourraient révéler les premiers prémisses de la durabilité dans l’urbanisme moderne au Maroc.
« Il n'est plus temps de refuser ce passé marocain, mais au contraire de l’intégrer dans une tradition, de comprendre ses qualités car il est une pédagogie de qualité. Cette architecture moderne est déjà traditionnelle car définitivement perdue. Elle offre une leçon ; L’architecture de la reconstruction nous laisse un patrimoine mais aussi une mémoire. Les deux doivent être cultivées et c'est pourquoi il faut non seulement préserver ces constructions d'altérations ou de démolitions mais aussi rappeler dans quel contexte elle on pu s'élever, l'aventure humaine , administrative, nationale quelles résument et incarnent » NADAU 1
1. NADAU , la reconstruction d’agadir ou le destin de l’architecture moderne au maroc
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Principes urbains de Zonage , plan d’aménagement de la nouvelle Agadir
Vue d’ensemble sur le projet urbain de la construction de la ville d’Agadir
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PRINCIPES ARCHITECTURAUX - EXEMPLES DES LOGEMENTS À PATIO DE ZEVACO L’un des projets qui illustrent cet intérêt pour l’architecture qui s’adapte à la région sur les plans environnemental et socioculturel est le projet de logement à Agadir de ZEVACO. Cette opération, manifeste de tradition allié à la modernité, l’interprétation de la tradition est apparente dans la relecture de l’élément du patio qui avec une composition de formes pures des maisons recrée une sorte de médina correspondant au système de vie de la population de la classe moyenne visée. ZEVACO a fourni 3 à 4 logements pour les habitants de la classe moyenne musulmane. Les éléments comme la lumière et l’orientation étaient importants pour créer un climat agréable dans les habitations. L’utilisation de patios avec suffisamment d’intimité répond aux besoins des locaux. Depuis que la ville a été touchée par un tremblement de terre en 1960, les bâtiments ont été conçus de telle manière que lorsqu’un tremblement de terre se produit, les dommages restent minimes. La relation entre la tradition et le climat dans ce projet est presque imperceptible, des éléments comme les arbres qui créent l’ombre et dans le temps fonctionnent comme un moyen de créer la vie privée, sont des moyens subtils de Zevaco pour fusionner le projet dans son contexte. Un autre architecte et urbaniste qui a conçu des logements pour les Marocains autochtones était Michel Écochard, il a essayé de plonger dans la culture locale au moyen de l’enquête, non seulement pour examiner l’environnement bâti existant, mais aussi la façon dont les gens se sont appropriés des habitations au fil du temps. Cela lui a permis de comprendre comment le sentiment anticolonial s’est développé au cours du temps et comment les modes de croissance traditionnels se sont déroulés par des interventions privées.
Les logement à Patios , Jean François Zevaco, Agadir
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Les logement à Patios , Jean François Zevaco, Agadir
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Plans des logement à Patios , Jean François Zevaco, Agadir
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3.2 - UN ARCHITECTE HORS SON TEMPS - ZEVACO
Jean François ZEVACO est un architecte qui dépasse son temps et se dépasse lui-même, Ses œuvres montrent que l’aboutissement à sa manière de production architecturale est un processus de maturation à travers plusieurs périodes du début jusqu’à la fin de sa carrière. La première période porte sur le début de sa carrière d’architecture, c’est une phase d’imprégnation et l’inspiration de l’esthétique moderne promettant une manifestation de cette architecture dans le Maroc, notamment à Casablanca. Cette ville qui connaissait à l’époque, la période de l’après-indépendance, son deuxième souffle de modernisme, elle fut et du coup un deuxième enseignement pour ZEVACO lui permettant un grand champ d’expérimentation qui lui permit d’affirmer son style et le développer. INFLUENCES MODERNISTES Dans une approche d’immersion dans le bain du modernisme, on trouve que ZEVACO est très proche dans ses conceptions de l’esprit de Frank Lloyd WRIGHT, ce grand esprit créateur doté d’une sensibilité affirmant une esthétique nouvelle organique jouant avec les éléments du paysage, bien affirmé dans ses œuvre notamment la maison de la cascade. Cette maison, complexe avec une superposition de formes simples, inscrit le projet dans une scénographie lyrique accentuée par le paysage et l’utilisation du béton armé brut. ZEVACO, dans une lecture comparative à FLW est très similaire avec plus de poétique et de romantisme. La villa suissa, un manifeste moderne et un monument en elle-même. Cette villa, avec la manière urbanistique dont elle a été conçue nous laisse déduire que ZEVACO tirait sa force du contexte et de la nature pour aboutir à une théâtralité plastique dans ce projet. Il joue sur les terrasses en porte à faux rappelant celles de la maison de la cascade, et profite de l’élément central de l’escalier pour magistraliser l’intérieur à l’image de la cheminée centrale dans Ward W. Willits house de FLW.
Villa suissa , Zevaco , Casablanca
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UN ARCHITECTE HORS SON TEMPS Au-delà de l’inspiration des œuvres de FLW, il avait toujours ce regard vers l’architecture moderne qui se manifestait dans l’Amérique du sud et la Californie et ceci dû à l’analogie de cette dernière par rapport au Maroc au niveau du climat et du contexte géographique. Schindler et Neutra, auteurs de la vague de l’architecture moderne californienne1, un style propre à eux influencé par le territoire visant l’esprit libre, les repères visuels, l’attachement à la nature et donc une satisfaction des besoins biologiques. Ces principes sont également présents dans les œuvres de ZEVACO notamment la villa suissa qui a cet aspect tropical avec l’élément de l’eau et l’interpénétration de ses espaces et les relations entre l’intérieur et l’extérieur. ZEVACO recherche toujours à aboutir à une architecture d’émotion détachée du pure fonctionnalisme, plus humaine et lyrique accentuée par le rapport à l’extérieur et la manifestation des matériaux surtout le béton armé véritable révolution de l’époque.
Aérogare de Tit mellil , Zevaco
Aérogare de Tit mellil , Zevaco
L’aérogare de Tit Mellil nous importe dans une expression curvligne à la brésilienne mettant en scène un contraste des formes dans une plasticité organique et naturelle inspirée des formes lyriques du brésil dans les œuvres Oscar Niemeyer, qui profitait des caractéristiques du béton pour aboutir à une souplesse et une flexibilité de construction mis en place dans le projet du congrès national du brésil.
1. Un style d’architecture moderne californienne design avant-gardiste des années 1950 d’aprèsguerre
Aérogare de Tit mellil , Zevaco
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UNE RECHERCHE DE LOCALITÉ La deuxième phase dans la production architecturale de ZEVACO coïncide avec la remontée en puissance du régionalisme, ce contexte de recherche d’une couleur locale dans un pays à l’aube de l’indépendance la poussé ZEVACO à explorer le potentiel de l’architecture traditionnelle et à participer dans cette approche de recherche et d’innovation. La poste centrale d’Agadir, une œuvre expressive à l’image du Maroc empruntant la sobriété, les murs massifs et l’utilisation du béton brute au courant moderne, mais tout de même exprimant l’esprit plastique de ZEVACO qui traite le bâtiment comme une sculpture, il établit une communication divine entre le béton et la nature, entre dynamique, modernité et tradition. ZEVACO est contre le fonctionnalisme systématique, le fonctionnalisme qui détermine la forme . Mais ceci étant, ZEVACO inscrit ses projets dans une démarche de clarté et de pureté qui laisse définir la fonction. Il analyse les besoins et essai de trouver des solutions innovantes sans pour autant perdre la poétique et le lyrisme . Ceci est le c as de l’école de Bizet qui présente une succession de formes pures séquences et formant un rythme créant cette touche de saveur et de finesse.
Ecole Georges Bizet , Zevaco
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UN LANGUAGE BRUTALISTE AFFIRMÉ ZEVACO arrive à s’approprier un style personnalisé et à aboutir à une originalité propice au territoire marocain en manifestant une architecture qui dépasse son temps et son espace. Avec un recul par rapport aux mouvements déclenchés en occident, notamment le néo moderne qui dénonçait et rejetait le style moderne, il est arrivé à dévoiler une face caché de lui-même, il s’est dépassé en présentant des œuvres autant complexes, originales, complexes et marocanisant l’architecture. Il se donnait plus à l’expérimentation et il a essayé de nouveaux effets cinématographiques notamment dans le projet de la compagnie africaine de l’assurance à Casablanca, où il sort du commun des murs rideaux et traite la façade en 3 dimensions révolutionnant la construction en hauteur. UNE MAROCANISATION DE L’ARCHITECTURE MODERNE En traitant plus des commandes privées d’habitat individuelle, et en répondant aux demandes spécifiques des clients locaux. Il est arrivé à créer une marocanisation de l’architecture moderne et plus spécifiquement la typologie de la ville moderne en procédant à une relecture profonde des concepts traditionnels notamment la notion du patio et du salon marocain . La villa ZEVACO qu’on a pu voir auparavant , un véritable manifeste de la fabrique architecturale propre à ZEVACO , introvertie et ouverte en même temps, elle exprime son ouverture envers les fidèles à son style mais en gardant un besoin de protection contre la cruauté des militants du post modernisme. Elle reflète sa plasticité et transcrit le sommet de son lyrisme et son romantisme. Un grand oculus au plafond le connectant au ciel et à la nature reprise par l’élément de l’eau et la fontaine dons le centre du salon qui inscrit la maison dans une dimension de prospérité accentuée avec les couleurs, la lumière et les textures.
« Le travail de Zevaco est plastique et artistique avant d’être architectural » Rachid andalousi L’architecture de zevaco est une architecture hors norme et éternelle avec une une capacité adoptive au contexte temporel. C’est une production architecturale cherchant l’essence et la profondeur qui a initié un nouvel esprit de conception au Maroc exprimant que la volonté structurelle peut aboutir à une poétique, à un lyrisme accentué par les matériaux et que la tradition sociétale peut être adapté au style architecturale. Une architecture de qualité à la hauteur de l’esprit marocain et incitant l’architecte local à découvrir les secrets de sa culture et les approprier à sa production. Une révolution qui dépasse son époque et très en avance par rapport à son temps, un processus de conception propice au territoire marocain prouvant les degrés d’intelligence adaptive que pourrait avoir l’architecture marocaine.
« Il était trop en avance sur son temps. Il était incompris. A la lecture de cette oeuvre par exemple, on comprend que c’était une révolution à l’époque. Il était un vrai laboratoire d’expérimentation à lui seul » Rachid Andaloussi
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Immeuble axa assurance , ZEVACO
Mosquée Assuna , Casablanca , Zevaco
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La station thermale de Sidi harazem , ZEVACO
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PAVILLON EXPOSITION UNIVERSELLE - KILO ARCHITECTURE
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PARTIE 3 : RÉGIONALISME CRITIQUE : SOLUTION POUR UN DÉVELOPPEMENT GLOBALISÉ DU MAROC ?
L
E MAROC , UN DES GRANDS THÉÂTRES DE CETTE RÉINVENTION DE NOTRE MÉTIER. À L’INTERSECTION ENTRE L’OPULENCE DU NORD ET LA CULTURE DE LA RARETÉ DU SUD, LE MAROC PEUT REDEVENIR UN TERRITOIRE D’EXPÉRIMENTATION RADICAL Tarik Oualalou
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INTRODUCTION Aujourd'hui , l'une des recherches les plus présentes dans la conception architecturale ou urbaine reste autour de la question de comment combiner une architecture contemporaine et qui suit les avancées technologiques mondiales mais tout en gardant une identité , une spécificité locale. Cette question de dualité de pose de plus en plus dans un monde de globalisation et de standardisation ou l'on a l'impression que l'originalité et la spécificité de la région commence à se dissiper. Dans le domaine de l'architecture encadré aujourd'hui par la globalisation, le capitalisme, la création de grandes villes cosmopolites et la société de consommation, les théories formelles, techniques et pratiques deviennent, peu importe le climat, universelles et applicables partout. Avec la starification de certains architectes, l'architecture est facilement identifiable mais le contexte demeure ignoré. Leur philosophie architecturale repose en grande partie sur le formalisme sans un souci apparent du lieu. Leur architecture est alors communément appelée ‘architecture objet’ · Oeuvre déposée dans un espace quasiment neutre. L'époque contemporaine , contrairement à l'époque moderne , ne dispose pas de règles ou de lois dictées par une entité ou un style architecturale , mais ceci étant , on se retrouve dans des formes de mimétisme et de fabrication des mêmes formes architecturales qui se reproduisent dans le monde et cette fois ci dans une ambition de se faire remarquer dans la scène mondiale et globale . Donc on se retrouve dans une nouvelle forme de standardisation différente du modernisme dans la forme et la pratique , mais qui reste non spécifique aux régions et reproductible. Ceci nous invite à se reposer la question autour d'une refabrication de l'architecture et du territoire plus engagée et plus adaptée , une réflexion qui fait écho à la théorie du régionalisme critique. Aujourd'hui , la théorie du régionalisme critique peut être prise comme une référence de réflexion autour de l'architecture situe et l'architecture qui au lieu de se plonger sur du mimétisme , invite plutôt à analyser les éléments du territoire et composer avec ses outils , cette démarche de réflexion , projetée à notre ère contemporaine , pourrait nous mener à Aboutir à des planifications rationnelles et intelligentes qui allient contemporanéité et identité. En effet ,il s'agit de se plonger dans une tentative de créer un nouveau système symbolique qui compose l'architecture et les composantes de l’environnement se posent plusieurs questions.
Entre mémoire et projet, entre conservation et création, se pose la question de la dialectique entre ancien et moderne.
• Comment continuer le passé sous des formes nouvelles ? • Comment penser le futur au présent, en lien avec le passé ? • Comment sauvegarder l'héritage architectural et urbain sans figer la créativité ni le
développement des villes et des territoires ? • De quelle manière des modèles circulent d’un pays à l’autre, d’une culture à une autre et comment sont-ils reçus, modifiés, acclimatés, détournés, manipulés, refusés ? • Mais peut-il devenir identitaire malgré qu'il ne soit pas raccordé au lieu ou à la culture de celui-ci? • L'architecture peut-elle devenir identitaire si elle est transvasée vers un autre contexte? • Ces architectes-stars, font-ils nimporte quoi ou anticipent-ils l'avènement d'une nouvelle culture dont nous ignorons encore l'existence, ou encore une culture dans laquelle, déjà, nous sommes immergés?
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ME dubai Hotel , Zaha hadid , Dubai
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1- VERS UNE ARCHITECTURE AGONISTIQUE AUJOURD’HUI
Avec le développement mondial et la montée en puissance du capitalisme et des formes de l’architecture starifiée et la perte de l’authenticité des projets architecturaux , la nécessité de repenser l’utilisation du terme du régionalisme critique a été soulevée par Kenneth Frampton, Il pense que l’approche du régionalisme critique , soulevée il y a plus de 30 ans et développé notamment par lui suscite une réactualisation compte tenu du développement de l’humanité et suite aux constats récent de la crise systémique liée a la mondialisation. Ainsi , Kenneth Frampton utilise le terme «agoniste»1 à la place de «critique» , et ceci pour mettre en évidence l’idée d’une architecture qui met l’accent sur la nature spécifique des éléments du territoire et de la région dans laquelle elle est située, ceci doit être fait tout en valorisant aussi les attributs physiques du matériau à partir duquel l’œuvre est réalisée. Le terme agoniste a été pris par Kenneth de la théorie politique de Chantal Mouffe, récemment publiée sous le titre « Agoniste. Penser le monde politiquement » (2013).
« Alors que l’architecture, évidemment, ne peut pas agir politiquement, en m’appropriant le terme, je souhaite évoquer une architecture pluraliste qui s’oppose catégoriquement à la spectaculaire stylistique et hégémonique de la vision du monde néolibérale, c’est-à-dire l’esthétisme faussement sensationnel et superficiel de notre époque. » Kenneth Frampton Dans son article , il essai de restituer le rôle des architectes, qui selon lui doivent être conscient des réalités des lieu , ils doivent produire des architectures qui ne suivent pas aveuglement les influences formelles de l’architecture starifiée.
« Par le terme agoniste, je tiens a évoquer l’idée dune architecture qui continue a mettre l’accent sur la nature spécifique de la topographie et du climat au milieu desquels elle se situe, tout en donnant priorité a l’expressivité et aux attributs physiques du matériaux dont l’œuvre est faite» 2 Kenneth Frampton
1. Un terme soulevé dans son article : vers une architecture agonistique , apparu dans la revue DOMUS en 2013
2 «Toward an agonistic architecture» , Kenneth Frampton Domus, n 972 , septembre 2013 72 Le régionalisme critique : une perspective pour une hybridité architecturale au Maroc ?
2 - UNE APPROCHE AUJOURDHUI
1- VERS UNE ARCHITECTURE AGONISTIQUE 2- UNE APPROCHE CRITIQUE DE L’ARCHITECTURE MAROCAINE AUJOURDHUI 3- CHAMPS D’APPLICATION A - UNE ARCHITECTURE D’UN ÉTRANGER AU MAROC : RICARDO BOFILL CRITIQUE DE L’ARCHITECTURE MAROCAINE B - UNE ARCHITECTURE MAROCAINE À L’ÉTRANGER : KILO ARCHITECTURE C - UNE ARCHITECTURE LOCALE AU MAROC : SALIMA NAJI
QU’EST CE QU’UNE VÉRITABLE ARCHITECTURE MAROCAINE ? Aujourd'hui, le Maroc se révèle comme un territoire avec un grand potentiel d'urbanisation et de fabrication des nouvelles formes de l'architecture, c'est un pays aux influences diverses avec des caractéristiques assez particulières et diversifiés au niveau du climat , des altitudes, des paysages et des modes de vie, il s'avère comme un pays qui contient des dynamiques assez complexes et ainsi , il semble difficile de définir ou déterminer une règle générale pouvant s'appliquer sur l'ensemble du territoire et notamment dans le domaine de l'architecture. Comprendre le contexte marocain passe tout d'abord par l'acceptation de ses contradictions qui forment à la fois ses atouts et sa diversité. Aujourd'hui , le Maroc est confronté a une crise identité architecturale entre pastiche et modernisme, et donc les architectes marocains sont préoccupés par la question d’une architecture marocain, ils sont à la recherche d'une approche générale qui pourrait guider une architecture propre au Maroc dans un monde en développement. L’objectif étant de proposer une manière de faire l'architecture qui ne prend pas un partie extrême entre la dichotomie du local et du global , mais plutôt qui arrive a un juste équilibre entre les deux dynamiques. Le Maroc d'aujourd'hui veut montrer sa force et son évolution mais veut aussi faire preuve d’une singularité marocaine tirée de son environnement et ses particularités maghrébines, africaines et voir même orientales. Ceci vient aussi d'une volonté de sa part de se démarquer et montrer son développement et son évo lution et se justifier par rapport au reste du monde tenant compte de son passé de protectorat , mais aussi de sa réputation de pays sous développé. Ainsi, l'image de l’architecture produite au pays tend automatiquement vers l'un des extrêmes, on remarque une production soit des formes architecturales donnant des images instrumentalisées d'une architecture orientale , islamique et traditionnelle , ou sinon dans l'autre extrême avec des architecture d'imitation de la contemporaine internationale. Comme on a pu voir à travers l’analyse de l’émergence de la modernité au Maroc , on a pu comprendre que le Maroc dispose d'une réflexion prémisse propre à son contexte autour de cette dualité entre le local et le global, une réflexion autour de cette hybridité a été développée à l'époque du Maroc moderne avec les différentes recherches d'acclimatation et de réadaptation de l'architecture moderne au contexte singulier du Maroc. Aujourd'hui , face aux nouvelles manières de la fabrique architecturale qui tend vers l'un des extrêmes , les architectes Marocains se donnent la responsabilité de s'engager dans une quête d'authenticité architecturale . Ce processus de quête d'authenticité est une forme d'expérimentation qui aboutit à des réflexions hybrides ingénieuses et critiques. Dans ce sens , l'approche du régionalisme critique semble assez proche comme réponse à cette quête d'entre-deux , le régionalisme critique , comme on a pu citer n’est pas un style architectural mais plutôt une démarche théorique qui peut être explorée dans le contexte actuel de la Mondialisation.
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3 - CHAMPS D’APPLICATION
3.1- UNE EXEMPLE D'ARCHITECTURE D’INFLUENCE ÉTRANGERE AU MAROC
ARCHITECTE RICARDO BOFILL Dans un premier lieu , on va explorer une forme de régionalisme critique appliquée au Maroc dans le cadre de la construction de la nouvelle ville de Benguerir1 par un architecte étranger, Ricardo Bofill. L'objectif de cet exemple est d’explorer comment un architecte , non marocain , a pu retranscrire une architecture située et consciente du lieu , sans pour autant produire une architecture de formes mimétique tirée de l'architecture traditionnelle orientale. Ricardo Bofill est un architecte espagnol qui a été chargé pour la conception de l’Université Mohammed VI Polytechnique dans la nouvelle ville verte de Benguerir. C’est un architecte qui crois en l'architecture contextuelle , son travail est considéré comme un développement autour de la question de comment une architecture doit appartenir à son territoire, sa réflexion est le fruit d'une recherche d'identité et d'appartenance non pas par les formes émotionnelles ou une folklorisation des formes de l'architecture , mais plutôt par un sens de la couleurs, de la texture , de l'échelle humaine et du confort climatique. Il considère que l'architecture doit être imminente d'un genius loci.
« Reconnaître la force d'une tradition ne signifie pas seulement regarder en arrière ; aborder l'avenir avec une mentalité archaïque serait fatal.» Ricardo Bofill Pour ce qui est du projet de l'université UM6, il s'agissait pour lui de réfléchir un campus universitaire à l'échelle d'une ville intelligente , il a réfléchi le bâtiment comme une continuité de réflexion globale en lui donnant un rôle de catalyseur urbain de la nouvelle ville de Benguerir. Ricardo bofill réfléchit ainsi à l'architecture et à l'urbain d'une manière simultanée, dans Benguerir , il voulait créer une ville autour du thème du savoir et la connaissance et donc la valeur sociale du projet passait pas la génération d'une vie autour de l'université et du campus. La recherche qu'il établit dans le cadre de ce projet est axée sur la question de comment construire à l'échelle monumentale une université d'envergure internationale tout en gardant l’ échelle humaine et générer des interactions entre les usagers de ce lieu. L'architecture de l'université et son campus est un ainsi le fruit d'une réflexion éminemment urbaine, une vision social et un goût à la recherche. Avec ce projet , Ricardo Bofill renoue avec l'histoire du Maroc , une histoire de modernité où le lieu génère l'inspiration pour le site et la forme est est une manifestation d'une réflexion profonde autour du contexte. Le travail de Bofill n'est pas considéré comme une approche solutionniste ou uniformiste, il considère qu’il n y a pas une seule solution pour faire l'architecture mais c'est plutôt une évolution de concepts et une sensibilité à ces derniers. Ainsi , l'architecture de Bofill est une fusion et une hybridité des éléments et formes d'une architecture agoniste mais retravaillée pour faire un projet dans un contexte précis.
1.La première ville verte en Afrique au Sud du Maroc non loin de Marrakech , inauguré en 2009 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI
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Vue aérienne du projet de l’université de mohammed VI , Ricardo Bofill , Benguerir
L’université de mohammed VI , Ricardo Bofill , Benguerir
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« Ici plus qu'ailleurs, j'avais besoin de prendre en compte un contexte, un art de vivre, une civilisation. Rétablir un lien avec ce qui était autrefois une fierté nationale: l’art de construire une ville. Des villes que le monde continue d'admirer, du cœur battant du vieux Marrakech, Jemaa el-Fna, à la mosquée de Cordoue, en Espagne.» Ricardo Bofill
Croquis conceptuels
Recherche innovation climat Recherche de matérialité et échelle humaine
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Université polythechnique Mohammed VI , Ricardo Bofill
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3.2 UNE EXEMPLE D'ARCHITECTURE MAROCAINE AU DELÀ DES FRONTIÈRES
ARCHITECTE OUALALOU TARIK - KILO ARCHITECTURES Dans sa réflexion autour de la relation entre l'architecture et l'identité , Oualalou Tarik considère que l'identité n'est pas l'affaire de l'architecture, il considère que la volonté de projeter une identité sur un territoire de manière volontariste n'est pas nécessaire. Il fait référence aux conceptions architecturales où l’on plaque des objets ou des formes architecturales captivantes qui codifient une architecture dite culturelle ou traditionnelle, des essais architecturaux qui essaient de donner une touche culturelle mais qui se trouvent ainsi dans le piège du mimétisme systématique. Il se trouve que dans certains cas , cette volonté de donner une touche précise est stigmatisante et ne trouve pas son objectif de donner hommage à une culture spécifique. L'idée d'exposer des éléments du pastiche sans trouver leurs essence implique la réduction de la culture liée à une forme matérielle. Dans le cas du Maroc, la tradition de l'architecture marocaine n'est pas réduite à la forme de la médina , ou aux motifs décoratifs et les moucharabiehs ni aux patios , son histoire et culture architecturale va au delà du pastiche traditionnel islamique , le Maroc c'est aussi un laboratoire de la modernité , son aventure moderne est le plus grand témoin de la recherche architecturale située qui peut être faite dans une réflexion liée au territoire sans tomber dans des pastiches formels. Tarik Oualalou considère que l'identité est d'ordre intime et pas générique , le fait d'essayer de figer une identité dans une forme architecturale rend le bâtiment obsolète avant même qu'il existe. L’architecture ne peut pas être responsable d'inculquer une identité car ceci se forme dans les interactions du bâtiment avec le territoire et les usagers , mais elle peut agir sur la notion de «l'acclimatation»1. Aujourd’hui , le Maroc est considéré comme un territoire dans l'opulence avec la culture et la rareté, les gens de ce territoire n'arrivent pas à accepter toute importation, ils remodèlent ce qu'ils reçoivent et le font muter , ils veulent que ça leur ressemble et donc on est face à un territoire de détournement où les gens ne font jamais des choses attendues. Ceci implique à l'architecte de fabriquer des bâtiments qui ne sont pas parfait et bornés, mais il faut laisser un espace de mutation et de transformation, ceci peut être illustré dans l'exemple cité de la La Quinta da Malagueira qui est un projet conçu par une figure d’architecte non imposée tout en laissant une marge de liberté aux habitants qui ont pu agir dedans et se mieux le réapproprier , même si l'on peut considérer que les résultats visuels de cette opération aujourd’hui sont pas plaisants à cause de cette transformation. Le même processus a été observé dans les mutations des bâtiments de logements sociaux modernes au Maroc fait par ATBAT AFRIQUE. Tarik Oualalou considéré que ces exemples de mutation des bâtiments est un double exploit pour l’architecte car d’une part , ces architectures ont été conçues pour l’usager et d’autre part cet usager en a tiré plein profit et s’est approprié l’espace conçu pour lui, ce mécanisme est considéré par Tarik Oualalou comme le sens et le but de l’architecture.
1. «Acclimatation» : Un terme utilisé par Tarik Oualalou pour qualifier le processus de mutation des bâtiments dans les contextes ou ils sont edifiés.
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Installation du projet FLIJ sur la place publique de l’Institut du Monde Arabe, KILO ARCHITECTURE
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« Les projets architecturaux aujourd'hui doivent être construits en négociation et détournement , pas forcément en faisant des réunions préalables , mais il faut plutôt laisser l'habitant continuer son histoire et lui donner la marge d'expression sur son espace.» Tarik Oualalou
“Nous fabriquons le cadre de vie des êtres humains. Aujourd’hui, la responsabilité de l’architecte vis-à-vis d’un tiers a disparu au profit de la relation contractuelle” Tarik Oualalou L’enjeu de l'architecture dans ce cas se transforme d'une logique de stabilité dans une grande durée à une logique de changement dans le temps. L'architecture au Maroc n'est pas cadrée avec des règles standard déterminant les canon formels, un constat ironique car ce non contrôle de la fabrique architecturale devrait impliquer le chaos , mais la Maroc se trouve ainsi avec une diversité et une originalité ce qui permet une liberté de nouveauté sans être limité par un processus général ou une méthode pédagogique simplifiée.
“On construit aujourd’hui des bâtiments qui empêchent le lien, et dans lesquels il n’y a plus de contact humain”, regrette Tarik Oualalou Pour illustrer les propos de l’agence Kilo architecture , on va citer l’exemple du projet d’un musée réalisé dans l’un des sites archéologiques les plus extraordinaires au Maroc , la ruines romaines de la ville de Volubilis. Dans son approche architecturale envers ce site ,Tarik Oualalou considère qu’il était essentiel de réfléchir ce projet comme si c’était les romains qui allaient le voir et construire. Il fallait penser aux profondeurs des vues , la plaine , le blé et les cyprés. Dans le paysage naturel qu’ils s’offrait à eux , il ont introduit un bâtiment qui se fond avec la logique qui est que le point le plus haut du bâtiment est plus bas que le point de l’entrée vers le site , et ceci donne l’effet d’un bâtiment enterré dans le site , qui vient continuer un paysage existant et propose une certaine familiarité.
« Nous avons toujours été fascinés par la question de la ruine mais, plutôt que de faire une mimique stylistique, nous avons retenu l’idée de disparition progressive de l’architecture » Tarik Oualalou
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Musée de Volubilis , KILO ARCHITECTURE
Plan du Musée de Volubilis , KILO ARCHITECTURE
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3.3 - UNE EXEMPLE D’ARCHITECTURE MAROCAINE AU MAROC
ARCHITECTE SALIMA NAJI En dernier lieu , on va évoquer l'exemple d'une architecte marocaine qui a travaillé sur plusieurs projets au Maroc et notamment sur des zones plus fragiles du Sud du maroc , c'est l'une des architectes marocains qui a théorisé ses principes de conception qui sont intrinsèquement liés à l'habitant et au contexte. Avec les travaux de l’architecte Salima Naji , on peut explorer le regard porté par une architecte marocaine sur un territoire marocain tout en expérimentant les limites de l'innovation avec les matériaux et ressources locales. La modernité ostentatoire s’est traduite par un coureau prestige aux dépend du vrai confort. Avec Salima Naji, il s’agit d’une modernité plus complexe et qui renouvelle la tradition. L’architecture est bien créée au profit de ceux qui l’habitent et non de ceux qui la regardent. Éco constructive, c’est saisir une société dans toute sa complexité et tenir compte de tous les paramètre: • Environnemental (géologique, climat, couverture végétale…), • Économique (activité productive, revenue des ménages...), • Social ( structure démographique , vieillissement , structure familiale...), • Culturel ( pratique quotidienne , pratique festive , imaginaire …).
« Dans une perspective contemporaine il faut arrêter d’opposer la tradition et le futur, comme s’il n’y avait que deux formes d’architectures : celle du passé et celle du futur. » Salima Naji Cette phrase de Salima Naji résume, à la fois, la passion et le combat inlassable de cette architecte et anthropologue qui a gagné ses galons en se dévouant, corps et âme, à redonner vie à un pan du patrimoine marocain en péril. Depuis presque 20 ans, elle défend une architecture ancrée dans son territoire, une architecture résiliente et durable inspirée du patrimoine certes, mais qui peut être tout aussi efficiente pour les constructions neuves. Ainsi elle réinvestit des procédés constructifs abandonnés qui ont fait leurs preuves sur la durée. Pisé, pierre, bois, stipes de palmier ou autres fibres, toutes les techniques en matériaux premiers, notamment biosourcés, issues des traditions vernaculaires du Maroc sont réinvesties par l’architecte dans une construction écologique sublimant le geste de l’artisan. Plutôt que « le ciment de béton et les formes qu’il véhicule, venues d’ailleurs », elle œuvre pour changer les mentalités, et ce, à partir d’exemples véritablement construits : Bâtir sain, bâtir durablement, avec une consommation énergétique réduite, en s’adaptant aux conditions climatiques extrêmes, est possible à condition de « se servir de son cerveau et de convaincre au lieu
d’appliquer des recettes ».
Installée depuis 2008 dans le Sud marocain, Salima Naji défend en effet une architecture ancrée dans son territoire, et qui en affirme la matérialité. Ses constructions en recours aux matériaux biosourcés et les technologies de la terre ou la pierre dans une démarche d'innovation respectueuse de l'environnement. Elle réinvestit ou perfectionne ainsi toutes les techniques vernaculaires pour une architecture contemporaine en mesure de proposer un développement soutenable appuyé sur les Hommes et une fine connaissance des territoires, en direction notamment de projets d’utilité sociale. Elle espère ainsi réduire l’impact destructeur de l’architecture standardisée en béton armé actuellement généralisée.
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Salima Naji : l’architecture du bien commun - une éthique de la preservation interroger l’objet architectural en privilégiant les conditions sociales de son édification, l’usage, l’attachement aux lieux ou encore les pratiques spatiales qui lui sont spécifiques.
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CAS D’ÉTUDE : RABAT
UNE APPROCHE DE RÉGIONALISME CRITIQUE POUR LE DÉVELOPPEMENT D’UN PAYSAGE SÉDIMENTÉ Le patrimoine est l’expression d’un peuple, c’est la synthèse d’un processus de développement à une époque précise. La notion du patrimoine aujourd’hui pourrait être une source d’inspiration et d’innovation. C’est un accès vers l’authenticité, la diversité culturelle, et l’union entre les individus qui ont ce sentiment d’appartenance collectif. Le patrimoine gagne plus sa valeur avec sa sauvegarde et sa transmission en tant qu’un concept et un sentiment. Notre responsabilité envers le patrimoine est de produire une architecture contemporaine consciente des enjeux et des qualités de ce dernier.
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CARTE URBAINE - VILLE DE RABAT
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INTRODUCTION Pour ce travail de mémoire, un cas d’étude sera pris comme la base de cette réflexion est c’est celui de la ville de Rabat comme étant une ville en mutation aujourd’hui et qui a subi à une époque un protectorat français qui a fait qu’elle a été un témoin d’une importation moderniste dans un contexte culturel. En effet, l’histoire de la ville de Rabat est marquée par un ensemble de vicissitudes qui ont très lourdement pesé sur son destin. D’abord, au substrat de la médina arabo-islamique, la ville européenne, développée avec la période de la colonisation. Par la suite, la ville maghrébine va voir déferler des ruraux à la recherche de refuge et d’emploi. Depuis l’indépendance, les effets liés à l’accélération de l’urbanisation et aux changements de la société ont porté des coups décisifs dans le modelage de l’état actuel du paysage de la ville de Rabat. De ce fait, la ville de Rabat est considérée comme un témoin et l’expression des changements profonds de la société maghrébine et l’espace-miroir de son histoire ancienne et moderne. A travers le cas d’étude de Rabat et la fabrique de son paysage urbain selon le temps, on va essayer d’analyser à quel point un modernisme importé peut respecter ou affecter un paysage culturel, et ceci , en associant chaque période temporelle dans l’histoire moderne de l’urbanisme de Rabat , a des phénomènes universels qui lui sont plus ou moins similaire pour mieux comprendre la manière dont le modernisme pénètre une ville et à quel point ce modernisme importé s’approprie dans une société traditionnelle. Il s’agit de comprendre, à travers le modèle du protectorat au Maroc, la manière de réinterpréter la modernité dans un contexte chargé de culture et ceci revient à mener une réflexion autour des traits à prendre en compte pour produire des espaces liées à la culture et au territoire et non pas juste importés de la globalisation dans un cadre plus global. L’analyse de la sédimentation du paysage urbain de Rabat se fera sous trois parties:
Il s’agit de comprendre en premier lieu la physionomie des villes marocaines , Rabat pour notre cas, avant et pendant le protectorat, le regard se penchera vers les travaux d’aménagement de la ville de Rabat sous la démarche culturaliste de Prost . En deuxième lieu , on va explorer les répercussions sur le territoire à l’aube l’indépendance causé par un afflux vers les grandes viles à travers le processus de l’exode rurale . Et finalement, une troisième partie qui consiste à faire le rapport entre culture et modernité et projeter cette dualité sur le cas actuel de la ville de Rabat avec le projet de la revalorisation de la vallée du Bouregreg pour finalement tirer des conclusions sur les pratiques intéressantes à ré-explorer dans le cadre d’une production urbaine et architecturale d’hybridité dans le cas du Maroc à l’ère de la mondialisation.
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Dessin personnel traduisant la sédimentation du paysage urbain de Rabat
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PARTIE 1 : UNE APPROCHE DE RÉGIONALISME CRITIQUE DANS UN PAYSAGE SÉDIMENTÉ - LA VILLE DE RABAT
1- LE PAYSAGE HISTORIQUE DE RABAT : UNE LEÇON DE FABRIQUE TERRITORIALE LA VILLE DE RABAT Rabat est un exemple très éminent de la cohérence urbaine entre les traces architecturales des différentes occupations des différentes périodes de l’histoire. Elle représente une stratification de tissus urbains qui retracent une histoire en partage. C’est une ville inscrite dans le patrimoine mondial de l’Unesco et ceci pour son ensemble qui constitue un mariage entre tradition et modernité et pas pour un tissu urbain spécifique. Cet ensemble présente d’une part l’héritage culturel traditionnel tel que les anciens remparts, les minarets, la forme urbaine de l’ancienne médina... Et d’autre part la ville nouvelle du XXème siècle qui est une commande officiel et qui transcrit un véritable exemple de réflexion autour d’un urbanisme moderne achevé. L’histoire de la ville Rabat commence surtout avec l’avènement des Almohades et notamment avec la figure de Yaacoub al Mansour ,Rabat sous son règne prit la dimension d’une ville grâce au grand projet (Ribat 1 Al Fath). Il a construit ainsi , comme départ , la muraille Almohades allant des Oudayas passant de la médina jusqu’au Chellah et Hassan pour délimiter le territoire du grand nouveau projet qui n’a pas été achevé à l’époque. Vient par la suite s’additionner une muraille andalouse perpendiculaire à la muraille almohade et qui sera une muraille de délimitation et pas de fortification. Pendant , l’époque Alaouite, quelques constructions ont eu lieu en dehors de la muraille andalouse mais toujours à l’intérieur de la muraille Almohade tel la mosquée Assunah la mosquée Moulina et aussi le palais Royal. Rabat ne profitera d’une véritable planification urbaine jusqu’au protectorat avec le général Lyautey. Une ville nouvelle en continuité avec le tissu existant Rabat a subi une planification urbaine basée sur des principes de respect du tissu urbain et de la localité déjà établie sur le territoire. • La ville nouvelle construite en respect de la ville indigène • Le paysage et les espaces verts mis en valeur dans une politique de «ville jardin» • Le tracé des jardins et des espaces verts effectué avant le tracé du bâti • Les nouveaux boulevards tracés en continuité avec les tracés existants : -- Rue La gza et Boulevard Mohammed 5 -- Rue Sidi Fateh et Avenue Allal Ben Abdellah -- Rue Moulay Ismail et Rue des consuls
Ces grandes rues ont équipés de bâtiments de fonctions différentes mais surtout de styles architecturaux différents. On considère que rabat est un laboratoire de styles on y trouve l’Art déco, le style moderne, le style officiel, le style néo mauresque et le style classique… 1. Ribat: « lieu de rassemblement » où tous les fidèles, civiles et militaires, se rassemblent pour accomplir leurs rituels religieux.
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TISSU EXISTANT
VILLE NOUVELLE
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1.1- LA VILLE PRÉ-COLONIALE - ARCHITECTURE TRADITIONELLE : La forme pré-coloniale qui existait au Maroc avant le protectorat et celle de la médina, un tissu traditionnel qui se réplique partout dans le monde arabe et principalement au Maroc. Il s’appuie sur des fondements islamiques qui cadrent les hiérarchisations ainsi que les orientations au sein du tissu. Cet urbanisme traditionnel est fondé sur des principes de bases qui sont des valeurs arabo-musulmanes tes que la vie communautaire, l’éthique, la raison et la capacité collective. La gestion urbaine traditionnelle et toutes les composantes de la médina sont basées sur une structure organisationnelle à deux fonctions ; la première étant d’orienter la structure urbaine dans le sens des objectifs généraux de la loi divine : « Des principes implicites et collectivement adhérés et acceptés (conviction collective, organicité)» . Et la deuxième repose sur l’importance de nouveaux préceptes; Horma1, le bon voisinage, l’intimité et la non nuisance. Tout cela en assurant l’entraide sociale afin de maintenir le cadre communautaire. En projetant ces principes sur l’espace urbain, on obtient une structure introvertie organisée autour d’un centre unique, c’est un seul repère matérialisé par la mosquée considéré comme un équipement polyfonctionnel. Aussi, la ville est construite d’une manière hiérarchique qui la divise en quartiers distincts. La disposition des rues et des bâtiments se fait sur la base d’une organisation à partir du couple pur/impur. La pureté est au centre du Dispositif, le plus près de la mosquée ; les zones impures sont le plus éloignées
« Cette enveloppe (les remparts) symbolise la cellule familiale par rapport à la société, l’entité sociale par rapport à la nation. Elle symbolise en outre l’unité spatiale par rapport au tissu urbain, la territorialité du groupe social par rapport au pays. Cette enveloppe s’insérant dans le paysage elle en devient un des éléments… Protection extérieur et intimité intérieure sont les deux axes du principe de l’enveloppe externe.» Noureddine Komiha Le patrimoine architectural des médinas au Maroc a la particularité d’être vivant, il est vécu de nos jours presque comme il l’a été lors de sa création. Il reflète l’identité d’une civilisation puisqu’il constitue une formalisation et une matérialisation de principes, de valeurs, de pratiques émanant d’une tradition et d’une croyance ayant marqué une époque. En dépit de leur reclassement fonctionnel dans un espace urbain de plus en plus étalé où apparaissent de nombreux pôles concurrentiels, les Médinas, fortes de leur pesanteur historique et de leur centralité ne cessent de faire preuve d’une vitalité remarquable. L’enjeu d’étudier les principes fondateurs de la forme urbaine de la médina qui est considérée comme la forme classique et traditionnelle marocaine est de pouvoir comprendre et analyser à quel point la forme urbaine créée par le protectorat par la suite, respecte ces principes sans pour autant faire une duplication systématique de la forme. C’est une analyse qui va montrer comment une relecture des principes vues de extérieurs peut donner une nouvelle forme urbaine qui peut être considérée comme respectueuse envers la culture locale.
1 .Mot de l’arabe , hurmah « aspect sacré, honneur, dignité »
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Fontaine traditionnelle , rue des consuls , Rabat
Organisation de la forme urbaine de la médina
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1.2- LA VILLE MODERNE : ARCHITECTURE MÉTISSE ET PATRIMOINE 1.2.1 - LA VILLE COLONIALE
LE PROJET DU PROTECTORAT AU MAROC : L’établissement du Protectorat français au Maroc (1912-1956) a engendré de profonds bouleversements urbains. Dans le cadre de la mise en valeur du territoire, une dizaine de villes nouvelles ont été fondées sous le patronage du premier résident général Louis-Hubert Gonzalve Lyautey (1854-1934) créées non pas ex nihilo mais à côté de cités anciennes, les médinas. Au Maroc, la ville européenne s’est développée avec la colonisation surtout durant la première moitié du XXème siècle. Elle est qualifiée de ville nouvelle (médina Jdida1) et son organisation, sa technologie et les principes qu’elle concrétise sont inspirés de l’expérience européenne. Dans le cas de Rabat , une ville nouvelle est réalisée à proximité des remparts historiques. Cernant la médina, la ville nouvelle est subdivisée en zones distinctes. DÉMARCHES DE L’URBANISME DE LA COLONISATION FRANÇAISE AU MAROC Dans le cas du Rabat, l’idéologie urbaine coloniale ; conçue par le premier résident général Lyautey depuis 1912, a posé deux principes généraux guidant l’urbanisme : - premièrement, le respect de l'intégrité artistique et sociale des villes anciennes - deuxièmement, l’application aux villes nouvelles des règles de l’urbanisme le plus moderne En adoptant les principes de l’urbanisme moderne, le Maroc est utilisé, de ce fait, comme un terrain de nouvelles pratiques de l’expérimentation de la planification urbaine qui seront au service de la domination coloniale. UNE DÉMARCHE CULTURALISTE Une démarche culturaliste fût expérimentée , par le Maréchal Lyautey, et de son équipe de jeunes d’architectes urbanistes issue de l’école des beaux-arts dont Prost fut le plus célèbre.
« L’élite d’architectes constituée par Prost, Marrast, Laforgue, Laprade, Tranchant de Lunel, Pauty, Marchisio, a su créer à Rabat un style franco-marocain répondant à la nécessité des multiples organismes de la vie européenne d’aujourd’hui, style simple, original, logique, harmonieux, véritable miracle d’adaptation au climat et aux mœurs.» MAUCLAIR (Camille) STRATÉGIE DE LYAUTEY Conscients des méfaits de la pratique de destruction, testée en Algérie, et voulant préserver les fondations urbaines traditionnelles, Lyautey et son équipe d’architectes adoptent au Maroc au début du XXe siècle, une politique mieux élaborée en construisant des villes juxtaposées aux médinas avec une architecture propre au contexte maghrébin. Ainsi la première stratégie du Maréchal Lyautey fut celle de marquer la nette séparation entre les médinas et les villes européennes.
1. De l’arabe «jdida» , nouvelle
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Avenue Mohammed V, l’artère principale de la ville nouvelle
« La médina je ne l’a touche pas, je l’évacue des eaux usées, je l’alimente en eau potable, mais dans le bled je construis » Le maréchal lyautey 1931, Congrès de l’Urbanisme aux colonies et dans les pays tropcaux / extraits Rapport général, Henri Prost : «Que tout pastiche d’architecture des temps passés soit évité» (vœu 9) «Qu’il soit fait appel aux arts indigènes dans la plus large mesure pour la décoration des villes » (vœu 10)
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Ancienne medina
Carte urbaine de la ville de Rabat exprimant : Les principaux axes de prolongement de la ville nouvelle La stratégie paysagère et les jardins de Nicolas Forestier
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Production d’une forme de modernité dans la société Marocaine à l’époque du protectorat
Avenue Mohammed V
Les architectes du protectorat avaient pour mission de proposer des modèles urbains et architecturaux différents à la fois de ceux de la métropole et de ceux des médinas. Ils décident de s’inspirer de la tradition locale, de la mettre en valeur, et de la perpétuer. Les emprunts à deux cultures radicalement différentes ont donné naissance à une architecture originale appelée : “ style néo-mauresque “.
Le marché central , Rabat
Passage Au derby , Avenue Mohammed V
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ARCHITECTURE MÉTISSE ET PATRIMOINE CHOIX OU OBLIGATION ?
Les formes de configurations urbaines dans un contexte particulier du colonialisme ou de l’importation ont abouti à un système métisse dans la manière de fabriquer la ville et l’architecture. En revenant au cas d’étude de RABAT, les rapports entre la ville musulmane, ville coloniale et patrimoine on permis l’obtention d’une architecture métissée, nourrie par deux systèmes de référence. UN URBANISME POUR LES MAROCAINS ? La cité habous est une entité urbaine propre très nettement délimitée dans l’espace dont le style unitaire tranche avec les constructions du protectorat. Le plan du quartier est fortement inspiré de l’image organique des Médinas associés aux « bienfaits techniques de la ville moderne » (voirie automobile, adduction d’eau, électricité, égouts…) Oeuvre intellectuelle pure des architectes de l’autorité coloniale, ce quartier a été le fruit d’exercices de style divers, tous recherchant à atteindre la pureté du style des habitations de la médina de Rabat. Les cités Habous à Rabat et à Casablanca sont des formes urbaines très similaires de la médina, elles ont étés conçus par le protectorat dans une recherche de rétablissement de la culture locale dans un objectif de montrer que la culture européenne et la culture traditionnelle marocaine pourraient vivre ensemble. Sauf que cette forme de duplicata de la forme urbaine de la Médina , n’a jamais eu le même succès ni le même âme de la forme organique de la Médina. La médina est une forme unique et son hiérarchie fait son authenticité , vouloir redessiner une médina fait perdre tout le sens de cette forme urbaine et c’est peut être pour cette raison que le modèle des Habous n’a pas abouti a son objectif .Cet expérimentation des Habous coïncide aussi avec le développement du mouvement moderne dans le monde et aussi au Maroc, et le rejet des marocain de cette forme nostalgique de fabrique urbaine nous laisse penser que le début d’un nouveau tournant moderne avec des ouvertures sur de nouvelles formes d’architecture et de conception se mettait en place. Ainsi , l’écart entre la fabrique architecturale local et moderne se multipliait de plus en plus et ceci engendrait plus de questionnements d’ordre identitaire sur cette architecture métisse qui prenait place.
- Comment, dans des contextes urbains où coexistent des fragments urbains aux références hétérogènes et liés par le destin dans une histoire commune, formuler, après plusieurs décennies d’indépendance nationale, la question du patrimoine? - Peut-on encore dissocier, dans la plupart des cas de figure, deux entités urbaines distinctes et autonomes, qui seraient d’une part héritage séculaire et culturel et d’autre part, héritage colonial ?
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IMPACT SUR LE CHANGEMENT DU MODE DE VIE Les processus urbains interagissent avec les dynamiques sociales et s’accompagnent de bouleversements dans les habitudes, les valeurs et les structures de la société. Au Maroc et à Rabat plus précisément, les nouvelles structures spatiales, liées à la fabrication de la ville, ont généré de nouvelles structures sociales et identitaires. Trois critères permettent de distinguer la société de la métropole moderne d’aujourd’hui de la société de la médina traditionnelle d’autrefois : la diversité ethnique des habitants, leur mobilité et leur dispersion professionnelle. L’immigration massive vers les grandes villes maghrébines et la croissance urbaine incontrôlée ont provoqué un paysage urbain anarchique créé par des nouveaux venus qui s’installent dans les bidonvilles. Une crise socio-urbaine voit le jour à cause des problèmes de logement et la prolifération de ces bidonvilles : les problèmes d’emploi, la prolétarisation de la communauté urbaine à cause du nombre d’individus mal intégrés et l’inadaptation des villes. Ces nouveaux venus ne sont pas admis à une véritable « citoyenneté » dans la ville qu’au bout de plusieurs générations. Les contradictions économiques et sociales sont accentuées à cause de ces déséquilibres démographiques. Par conséquent, le système de valeur a connu de grands bouleversements. 1.2.2 - L’ÉXPANSION DE LA VILLE COLONIALE - LES VILLES SATELLITAIRES Rabat a continué son développement de manière accrue. Les transformations dans la structure sociale de la ville, ont engendré plusieurs changements profonds qui ont changé la physionomie du territoire. Les conséquences de l’expansion de la ville sont l’apparition des formes d’habitats précaires et sous-intégrés au modèle de développement urbain, traditionnel ou moderne, la forme la plus répandue de ce modèle est «les bidonvilles»1. L’explosion démographique causée par le phénomène de l’exode rural a engendré des Bouleversement sur le tissu urbain existant, une population entassée dans les périphéries des grandes villes, privée de tous les moyens de premières nécessités dépourvue d’une vie saine et humaine,le phénomène de « la rurbanisation », où plutôt la « ruralisation » des villes a crée des tensions extrêmes sur les population ce qui a engendré des conséquences urbaines et politiques notamment les émeutes principalement dans la ville de Casablanca. SYNTHÈSE DU PAYSAGE DE RABAT APRÈS LE PROTECTORAT Une lecture du paysage urbain de Rabat après le protectorat permet de distinguer trois grands ensembles urbains : médina, ville neuve et bidonvilles. - Une « médina » traditionnelle - Une « ville nouvelle » construite par et pour les européens - Une « nouvelle médina » où se mêlent plus ou moins harmonieusement l’attachement aux traditions et l’appétit de la modernité (habous) - Des « bidonvilles » où s'entassent les bataillons serrés de l’exode rural, - Des quartiers industriels ou, autour des usines prolifèrent HLM, - Cités ouvrières et quartiers populaires de tous types » 1. Des logements très insalubres et construits par les habitants avec des matériaux de récupérations, , la première attestation de Bidonville en tant que toponyme remonte à un article paru dans la revue L’Exportateur français dans la qualification d’une vie d’ensemble de la ville de CASABLANCA
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Développement de la ville de Rabat pendant le protectorat
Source : Ministère de l’Intérieur, Pinseau Michel, novembre 1991, Schéma directeur d’aménagement urbain de Rabat-Salé, Rapport justificatif, p. 94 L’éxpansion de la ville de Rabat après le Protectorat
Source : Ministère de l’Intérieur, Pinseau Michel, novembre 1991, Schéma directeur d’aménagement urbain de Rabat-Salé, Rapport justificatif, p. 94
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1.2.3 - LA VILLE DES GRANDS PROJETS URBAINS : ARCHITECTURE GLOBALISÉE Après la prolifération des Bidonville et l’explosion démographique engendrée par l’exode rural , une politique de construction de nouvelles villes a été menée dans le cadre du contrôle de l’expansion urbaine. De nouvelles ville ex-nihilo ont vu le jour tel que Tamesna, Tamensourt, Zenata,Charafat qui sont des villes complètes avec tous les services. Malgré les services offerts par ces nouvelles villes , la dynamique urbaine et les opportunité de travail se trouvaient toujours dans les grandes villes , Rabat dans notre cas , et dans ce cas , ces nouvelles villes se sont transformés en des cités dortoirs le soir et villes fantômes le jour.
Le programme des villes nouvelles au Maroc : Rupture ou prolongement d’un urbanisme de rattrapage ? «On ne peut pas programmer la naissance d’une ville : ça entraîne un déficit d’urbanité très fort, parce qu’il y a un déficit de strates temporelles» «C’est une erreur de croire qu’on peut créer une ville d’un seul coup, à partir de rien. Plus une ville est nouvelle, moins elle est une ville.» Jacques Lévy L'ÉMERGENCE DES GRANDS PROJETS AU MAROC Comme on a pu comprendre à travers le profil historique dressé de la ville de Rabat , le processus de l'urbanisation n'est pas venu comme réponse à l'accroît de l'industrialisation mais il s'avère plutôt comme une volonté du protectorat français , et donc le contexte du développement de cette urbanisation est différent de celui des pays occidentaux. Le contexte politique et social marocain à l'aube de la colonisation a subi plusieurs bouleversement qui ont mené à une mauvaise gestion du développement des villes et de leurs explosions démographique suite au phénomène de l'exode rural , ce qui a mené à des réactions sociales contre cette gestion non contrôlée des villes traduites par des émeutes et notamment les émeutes urbaine de 1981 à casablanca.
« Plus de 130 000 Casablancais campaient aux portes de la cité dans 37 000 baraques, le total des logements sommaires dépassant les 50 000. Les bidonvilles sont d’énormes “douars” 1qui multiplient, par leur gigantisme, tous les inconvénients des campements bédouins, en y ajoutant celui de la fixité. Peut-on parler dans ces conditions d’urbanisation ! »2 Entre les années 1980 et 1990, les grandes villes marocaines ont subi de grandes tensions sociales et ceci dû à la forte pression démographique. Ainsi , une nécessité de contrôle et de marquage symbolique de la ville surgit , et ceci a été formalisé par le biais de grands projets volontaristes qui témoignent d'une volonté de contrôle et d'affirmation d'un sujet politique, on peut considérer que cette phase de projets est qualifiée comme une première vague des grands projets urbains . 1.Douar : [En pays arabe, au Maghreb] Groupement d’habitations, fixe ou mobile, temporaire ou permanent, réunissant des individus liés par une parenté fondée sur une ascendance commune en ligne paternelle (définition du centre national des ressources textuelles et lexicales http://www.cnrtl.fr/) 2. A. Adam, Casablanca : essai sur la transformation de la société marocaine au contact de l’Occident. Paris : Centre national de la recherche scientifique, 1968
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Ces projets n'ont donné lieu à aucune tentative d'ouverture du processus de planification ni sur le local ni sur la participation citoyenne essentielle dans une vraie démarche de « projet urbain»3 mais au contraire , cette période a connu une généralisation des instruments législatifs et réglementaires de «la mise en ordre urbanistique»4. Ainsi , on peut qualifier les projets des années 1990 dans les grandes villes du Maroc comme une 1 ère génération des grands projets dotés d'une nouvelle modalité de la conception de l'espace. Cette approche est volontariste et implique des interventions complexes avec des programmes variés dans un tissu existant qui rencontre plusieurs difficultés. Plus tard , dans les années 2000, les grands projets urbains au Maroc se sont affirmés tout en véhiculant des élément clé dans le discours sur la ville , une généralisation des grands projets urbains a eu lieu comme un geste politique accompagnant le nouveau règne du Roi Mohammed VI. L'objectif étant de rechercher une efficacité résorbant l'image du chaos général pour dépasser les blocages de la rigidité des procédures urbaines mises en place par les instruments législatifs et enfin pour véhiculer une image d'un Maroc en mouvement à travers des projets vitrine qui théâtralise la modernité.
La grande mosquée Hassan II, grand projet à portée symbolique Casablanca
3.Un projet de ville ou de partie de ville , un projet de contrôle de la forme urbaine , selon Albert Lévy 4. Mise en ordre urbanistique : Le fait de maîtriser l’urbanisation spontané, notion soulinée par Sanae Aljem dans son article ‘Limites du « plan », comme instrument de l’action publique dans la « fabrique urbaine » des grandes villes marocaines, Cas de Casablanca et de Rabat’
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LE PROJET URBAIN COMME UN NOUVEL OUTIL DE LA FABRIQUE DU TERRITOIRE Le début du 21e siècle a été un tournant crucial pour le Maroc, c'est une époque où l'urbanisme du projet dans les villes du Maroc s'est transformé pour abriter des innovations majeures dans le champ de l'aménagement. Ce changement a été introduit notamment par la notion de l'internationalisation et la circulation au niveau global.
La notion de « circulation » est inhérente à celle d’internationalisation :circulation d’individus, de savoirs, de normes, d’images... ( Tarrius, 1992) La dimension internationale pour une ville consiste à prendre une position dans « le réseau
archipel de grands pôles » attirant les flux internationaux d’investissements (Veltz, 1996)
« Une ville internationale est un lieu privilégié pour mener à bonne fin desopérations intellectuelles, commerciales, technologiques, culturelles, politiques entre des partenaires de nations différentes à condition que ces opérations soient à ce point répétitives et nombreuses, qu’elles créent des échangent permanents d’hommes, d’idées de produits, de recherche, devenant constitutifs d’une mission, d’une animation et presque d’une raison d’être » Soldatos ,1991 La particularité du contexte Marocain réside dans la dualité des enjeux que son territoire posait , le Maroc se trouvait d'une part , face à un défi urbain engendré par l'augmentation de la population citadine et la grande attractivité des grandes agglomérations ce qui engendre des répercussions socio-spatiales , et d'autre part , un pari d'insertion à l'échelle mondiale dans un objectif de branchement direct sur l'économie internationale et donc se posait un besoin de création de milieu urbain compact, polyfonctionnel , fluide et structuré. Ainsi, le Maroc devait à la fois lutter contre la précarité et contre le développement des ceintures de pauvreté , et à la fois doter les villes d'éléments d'attractivité à l'échelle mondiale. Par conséquent , il établit une stratégie de mise à niveau généralisée des infrastructures et des services urbains de ses grandes villes a ceci à travers des grands projets structurants à fort impact économique et social et donc une politique des grands projets. Les espaces créés dans le cadre de cette politique de grands projets urbains sont :
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Les espaces récréativo-touristiques et l’urbanisme des fronts d’eau : il s’agit de projets de reconversion de secteurs péricentraux ou périphériques en zones à vocation récréative et de loisirs. Ce sont les projets qui ont le plus la charge de véhiculer une nouvelle image des grandes villes, Les nouvelles centralités commerciales, tertiaires et résidentielles : il s’agit de projets qui visent à créer de nouvelles centralités: Hay Riad à Rabat, Les technopôles et autres pôles économiques : technopolis à Rabat, La reconversion de friches et la revitalisation de zones dégradées Les grands équipements et les infrastructures de transport : la création des grands équipements et d’infrastructures de transport Les projets à caractère symbolique et de prestige : projets visant le prestige et ayant une forme symbolique, ils sont souvent initiés par les Chefs de l’État Les villes nouvelles ou villes satellites ;
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Le projet du pont Mohammed VI : Le plus grand pont d’Afrique et du monde arabe
Le projet du tramway
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CARACTÉRISTIQUES DES GRANDS PROJETS URBAINS AU MAROC : Les projets réalisés dans le cadre de cette politique de grands projets urbains sont caractérisés par la production d'objets architecturaux et formes urbaines génériques modernes et des espaces d'exception , se prêtant souvent à des montages juridiques et financiers qui recourent à des mécanismes dérogatoires qui font que ces projets profitent d’une liberté de décision.
« Quelles que soient cependant les difficultés à fixer les choses, démesure et gigantisme constituent des traits communs de ces grands projets que l’on appelle aussi, parfois, « mégaprojets », « super-projets », « projet royal » ou encore « projet présidentiel ». Une autre caractéristique commune tient à ce que leur mise en œuvre et leur inscription dans l’espace « naviguent » souvent dans les méandres flous de la dérogation — par rapport aux documents et règlements d’urbanisme — et s’inscrivent donc dans le registre de l’exception.» Raffaele Cattedra1 Des recours à l'expertise internationale sont sollicités pour ce fait et donc des appels d'offres internationaux se lancent dans un objectif d'attirer des starchitectes ou architectes de renommée internationale. LES GRANDS PROJETS URBAINS À RABAT : La ville de Rabat , a bénéficié également de cette politique des grands projets de mise à niveau et de développement urbain avec un objectif de la transformation de la capitale marocaine en un vrai chantier d'innovation avec des projets de théâtralité qui montrent le progrès économique du Maroc. La ville connaît un programme intégré de développement urbain sous le thème de « Rabat Ville Lumière, Capitale culturelle du Royaume ». Dans ce sens , les projets envisagés couvrent plusieurs domaines couvrent:
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Le thème des mobilités : le projet du tramway , de nouvelles gares ferroviaires et axes routiers , des infrastructures en tunnel et ponts … Le thème du paysage : réaménagement de la vallée du bouregreg , la corniche de Rabat , les fronts de mer et les jardins Le thème des commerces et loisirs : marinas , malls , port de plaisance … Des projets emblématique signés par les starchitectes avec des fonctions diverses majoritairement culturelles
Les ambitions de Rabat avec cette politique de restructuration est de se hisser au niveaux des grandes villes et métropoles mondiales.
« Dans un contexte de forte concurrence entre les villes dans l’attractivité des capitaux, les grands projets urbains sont des moyens de rayonner à l’échelle nationale voire internationale » (Sylvain Crampe, 2019, p.121)
1. Faire la ville en périphérie(s) ? Territoires et territorialités dans les grandes villes du Maghreb Raffaele Cattedra
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Carte urbaine qui met en évidence les grands projets urbains de Rabat
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2- LE PROJET DE RÉAMÉNAGEMENT DE LA VALLÉE DE BOUREGREG RABAT , CAPITALE MODERNE ET VILLE HISTORIQUE La ville de Rabat soumis au milieu des années 1990 une première fois une liste indicatives ou plusieurs monuments historiques ont été identifies , ce sont des monument qui appartiennent a la ville pré romaine et romaine de Sala, la nécropole de Chellah qui appartient a l’époque merinide , ainsi que la mosquée Hassan édifiée par les Almohades en XIIe-XIIIe siècle, cette première réflexion autour des biens qui pourraient représenter Rabat s’est faite sur la base de monument et objets urbains indépendants faisant l’objet d’inscriptions distinctes. Plus tard , lors de la préparation du dossier d’inscription de l’ensemble urbain des Oudayas, la réflexion s’est achemine vers ne volonté de présenter la ville de Rabat comme un grand ensemble urbain pour sa classification. Rabat est une ville qui trouve sa logique dans la complexité des strates urbaines qu'elle contient , c'est une ville qui s'inscrit dans un long continuum historique qui forment l'aspect singulier de la ville de Rabat. Et ainsi, la médina de Rabat ainsi que la ville nouvelle du Protectorat s’ajoutent à cet ensemble pour la classification pour faire preuve d'une ville fidèle à son héritage traditionnel et moderne et qui propose une synergie et continuité urbaine entre l’ensemble des formes urbaines qu'elle contient. L'inscription comme patrimoine mondial UNESCO engage la ville à prendre des mesures et un engagement envers la classification , dans le cas de la ville de Rabat , ces engagements agissent sur la protection des biens classés , la valorisation des éléments classés en leurs permettant d'abriter des projets à caractère culturels et artistiques. De plus , cette classification recommande a l'état de réaliser des études d’impact sur le patrimoine dans le cadre des grands projets urbains de la ville et de la vallée du Bouregreg, et ceci dans l'objectif de garder l'intégrité visuelle du paysage horizontal de Rabat et ses environs.
« A l’instar d’autres projets phares ayant marqué le développement urbain au Maroc en ce début du XXIème, le projet d’aménagement de la vallée du Bouregreg, fait partie de cet urbanisme du prince marqué par le recentrage sur l’Etat et la figure du chef de l’Etat » (Barthel-2008) Les ambitions de la capitale ne se limitent pas uniquement à la véhiculation d'une image culturelle patrimoniale , mais plus que ça , la ville veut s'insérer dans un processus métropolitain. La ville s' est lancée, pendant ces deux dernières décennies , sur de grands projets de réaménagement et le projet du réaménagement de la vallée de Bouregreg en fait partie. Ce projet empiète sur une zone tampon de la classification patrimoine mondiale de l’UNESCO et s'étale ainsi sur 6000 hectares divisés en 5 séquences .
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Périmetre d’inscription
Zone Tampon
Carte urbaine du territoire classé UNESCO
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2.1 - GENÈSE DU PROJET D’AMÉNAGEMENT DE LA VALLÉE DU BOUREGREG La vallée de Bouregreg est un site exceptionnel qui comporte un panorama de qualités paysagères, naturelles , écologiques et patrimoniales. Le site est aussi une rotule opérant entre deux villes Ceci étant , la vallée de Bouregreg a été délaissé au fil de l'histoire et son potentiel n'a pas été valorisée mais bien au contraire , la vallée a subi plusieurs agressions dont la pollution du fleuve et la présence des dépotoirs. En effet, l'évolution de la conurbation de Rabat-Salé après le protectorat a surtout été concentrée sur la rive gauche et donc la ville de Rabat au détriment de la ville de Salé qui est devenue une ville dortoire avec un tissu urbain fragile , un processus amplifié par le début des extensions de la ville de Rabat et salé à partir des années 1950 vers le sud et le sud-ouest pour la ville de Rabat et vers l’est et le nord-est de la ville de salé. Cette extension ne prenait pas en compte la vallée du bouregreg et son environnement immédiat ce qui a fait que la séparation entre les deux ville s’est dilatée de plus en plus. Au fil du temps , la conscience autour de l'importance de la vallée du Bouregreg a augmenté ce qui a fait que cette zone commence à devenir dans le centre des réflexions autours de l'aménagement du territoire de Rabat et Salé , mais les problèmes liés aux conditions hydrauliques mauvaises ont ralenti un éventuel processus de réaménagement de la vallée. Dans une continuité de réflexion autour de l’urbanisation du périmètre de la vallée de Bouregreg et avec un recours de plus en plus vers un urbanisme de projet plutôt qu’un urbanisme de plan , les pouvoirs publics ont menée des réflexions , a partir de 2001 plus profondes autour de l’avenir de la valee et son territoire , plus tard en 2005 , aura lieu la création de l'Agence pour l'Aménagement de la Vallée du Bouregreg (AAVB) comme établissement public chargé de la supervision du projet de mise en valeur de la vallée du Bouregreg. Cette agence est chargée du projet du réaménagement de la Valée du Bouregreg qui fut initiée par le Roi Mohammed VI en tant qu'un des grands chantiers du nouveau règne et
« S’inscrit dans la dynamique impulsée par le Roi Mohammed VI à travers le lancement de multiples chantiers (projets urbains, tramways, TGV, autoroutes, complexe portuaire Tanger-Med), visant à conforter l’image d’un souverain bâtisseur contribuant par son action au développement néo-libéral de son pays » (Mouloudi 2015)
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Plan d’aménagement spécial du développement de la vallée de Bouregreg Le régionalisme critique : une perspective pour une hybridité architecturale au Maroc ? 109
2.2- - CARACTÉRISTIQUES DU PROJET UNE STRATÉGIE URBAINE THÉMATIQUE L’objectif fixé par l'Agence pour l'Aménagement de la Vallée du Bouregreg (AAVB) est de fabriquer un outil d'aménagement urbain qui permet de maîtriser l'urbanisation de la zone et de la vallée du Bouregreg.
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Le plan d'aménagement propose 5 thématiques qui traitent différents aspects, ces intentions sont formulés selon 5 plan différent : Le plan bleu : problématiques liées a l’eau et à la gestion hydraulique , la zone de la vallée du Bouregreg se trouve en contrebas du barrage Mohammed ben Abdallah et donc contient beaucoup de zones inondables et implique plusieurs difficultés de navigabilité Le plan ocre : un plan qui traite de la problématique du patrimoine historique , les monuments voisins du périmètre de la vallée et les cônes de vue qu'on aperçoit sur le paysage historique depuis la vallée. Plan gris : problématique du transport et armature viaire Plan vert : contraintes environnementales et les objectifs de préservation des secteurs paysagers. Plan blanc : plan de synthèse qui développe les objectifs de l’environnement urbain et qui lie toutes les problématiques
Cette approche de projet qui a été menée pour la vallée du Bouregreg est particulièrement intéressante car on peut considérer qu'elle s'insère dans une continuité de réflexion authentique à la ville de Rabat . On peut considérer que le modèle de réflexion qui mène l’AAVB trouve son antécédents dans l'époque coloniale. Comme on a pu le voir dans la stratégie urbaine qui mène Henri prost pendant le protectorat , il a fait appel à Jean-Claude Nicolas Forestier pour dessiner un plan vert et paysager avant de réfléchir au plan urbain de la ville de Rabat . Ainsi , la ville nouvelle de Rabat a été réfléchie en strates thématiques et en tenant compte des persée visuels. Le territoire est divisé en 6 séquences1
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Séquence 1: Bab Bahar (l’estuaire de oued Bouregreg - entre les médinas ) Séquence 2 : SAHAT Al Kabira dont Amwaj (entre deux ponts) Séquence 3 : Kasbat abi raqraq (entre le pont de l’ONCF et le pont Mohammed V) Séquence 4 : Sahrij el oued (plaine au bas des pentes du plateau d’akreuch) Séquence 5 : Al menzeh al kebir (Le plateau de shoul) Séquence 6 : Les belvédères de H’ssain (Les belvédères du plateau de H’ssain)
LE PLAN OCRE : Le plan ocre est un outil particulièrement intéressant car il prends en compte le paysage historique autour de la vallée , il a été conçu sur la base d'une analyse du plan patrimoine existant avec un recensement des biens valorisée , et depuis cette analyse a été formulé un plan d’intentions urbaines qui tiennent en considération les cônes visuels sur le patrimoine historique.
1. Plan d’aménagement spécial de la vallée du Bouregreg, AAVB
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Carte urbaine des séquences du projet
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2.2.1- LES SÉQUENCES DU PROJET
SÉQUENCE 1 : BAB BAHAR Le discours de l’AAVB autour de l'aménagement des séquences de la vallée prend en considération cette dimension de respect du patrimoine , pour la première séquence BAB BAHAR,un axe qui lie les portes historiques Bab bouhaja et Bab bahar a été crée, une traverse piétonne entre les deux villes Rabat et Salé a été prévue et cet allée piétonne correspond au chemin créé à partir de l'activité ancestrale des barcassiers. L'aménagement de cette partie est soigné et provoque une continuité de l'espace , elle a une vocation de loisirs et d'animation culturelles et économiques. Les hauteurs dans cette zone sont limitées et ceci dans l'objectif de conserver la lisibilité du paysage environ et des plateaux urbanisées des deux villes autour.
Carte urbaine des principaux axes visuels et historique des tracés de la séquence de Bab Bahar
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Vue générale de la séquence Bab Bahar
Vue depuis le projet vers le paysage historique de la ville de Rabat
Vue depuis le projet vers le paysage historique de la ville de Rabat
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SÉQUENCE 2 : AL SAHA AL KABIRA La deuxième séquence , Al Saha al kabira , est la partie centrale du plan d'aménagement de la vallée, cette zone offre un paysage remarquable , à la fois dégagée sur le paysage haut de Rabat et celui de salé. La position de cette zone est considérée comme centrale entre la rive droite et la rive gauche , et une zone de transition entre l'estuaire et la plaine de l'oulja, et c’est pour cette raison que cette séquence est considérée comme l'armature principale du projet , et dans le discours de l’AAVB , on a mentionné que cette zone abritera des fonctions et des projets de grande ampleur qui vont lui donner une image internationale , innovante et attractive. Le projet du théâtre de Zaha hadid est un projet conçu dans cette optique. Le projet du grand théâtre est certes un projet de grande ampleur conçu par un starchitecte et il reflète l'image de l'internationalisation voulue par l'État , mais ce dernier reste un projet qui ne concurrence pas forcément avec le paysage horizontal de la ville de Rabat. En somme,les grands projets de cette séquence, se veulent souciant de la préservation du capital naturel, du patrimoine culturel, des paysages naturel et urbain ainsi que des perspectives paysagères ; se veulent insérer dans leur contexte sans porter préjudice au paysage historique (la hauteur ne peut pas dépasser 17 m)14 ; ils se veulent préoccuper de la mémoire des lieux et motivé par la restitution aux espaces publics de leur usage piétonne.
Carte urbaine de la position de la séquence 2 dans l’ensemble urbain de la ville de Rabat
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Cette approche ne semble pas être reprise lors de la conception de la tour Mohammed 6 qui fait 250 m de hauteur. La tour Mohammed 6 sera l’édifice le plus haut en Afrique, “reflète la puissance du Maroc et symbolise le rayonnement des villes jumelles Rabat et Salé de par ses composantes économique et architecturale, ainsi que sa taille à dimension continentale”, a indiqué l’architecte Rafael de la hoz. Le discours fondé autour la tour Mohamed 6, reste un discours orienté dans le sens des avances technologiques , de la puissance et de la grandeur, ce qui souligne bien évidemment cette volonté d'inscription et de confirmation mondiale en attirant le regard vers les capacités du pays. Le discours autour du contexte ou du patrimoine n’est pas forcément évoqué, ainsi, l’image et la forme du projet triomphe sur le fond , le sens ou l’origine. L’UNESCO , de son côté , a jugé la tour comme un projet d’impact visuel négatif sur le paysage patrimonial classé de Rabat, elle considère le projet comme une folie de grandeur et que l'emplacement choisi ne rentre pas en communication avec le paysage horizontal de la ville de Rabat. La dénonciation de ces « projets mégalomanes » ne cesse de se manifester et de se multiplier ces dernières années, soit de la part des populations des deux rives (Rabat et Salé), soit de la part des ONG nationales ou des organisations internationales. D’ailleurs, l’UNESCO pointe du doigt quelques projets qui pèsent sur l’intégrité du bien inscrit, à la suite des modifications de l’affectation de certaines parties de l’ensemble conventuel impactant son intégrité visuelle. Des projets particuliers sont dans le viseur. L’inquiétude de l’UNESCO se porte aussi sur le projet de l’extension de la gare Rabat ville qui est un bien classé patrimoine mondial du protectorat et qui présente une forme blanche simple de quelques centaines de mètres carrés. Aujourd’hui , un projet est prévu pour l’extension de la gare et il vient envelopper cette petite structure avec une grande enveloppe en structure métallique à forme monumentale et cachet contemporain.
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SÉQUENCE 3 À 6 : KASBAT ABI RAQRAQ
Tenant compte des engagements envers la classification UNESCO , une stratégie de préservation des vues a été établie par l’AAVB et il s'agit de repousser l'urbanisation pour qu'elle ne vienne pas concurrencer le paysage historique ou l'encombrer. Dans la 3eme séquence , la nouvelle urbanisation la plus proche de Chellah est à 2.5 km, le concept est de créer un paysage ascensionnel depuis la nécropole de Chellah vers la nouvelle urbanisation le point de vue de Chellah développer une succession de lignes d'horizon de manière à ce que cette nouvelle urbanisation ne vient former qu'une ligne supplémentaire sur le paysage. Le paysage urbain du projets est réfléchi selon une stratification graduelle
des lignes d’horizons basées sur le paysage historique et naturel du site. Les lignes d’horizons se présentent sous cet ordre1 : 1. Les zones humides du Chellah; 2. Le fleuve, 3. La zone humide et les terrains agricoles, 4. La deuxième rocade projetée, 5. Le nouveau lac artificiel, 6. La pièce urbaine projetée, 7. Les talus 8. Les quartiers existants de H’ssain.
Vue aérienne du projet réalisée par le cabinet Reichen et Robert & Associés
1. PLAN D’AMÉNAGEMENT SPÉCIAL DE LA VALLÉE DU BOUREGREG
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Plan du principe de la gradation des hauteurs
Coupes du principe de la gradation des hauteurs Source PLAN D’AMÉNAGEMENT SPÉCIAL DE LA VALLÉE DU BOUREGREG
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REGARD CRITIQUE SUR LE PROJET
Le projet du réaménagement de la vallée de Bouregreg agit sur un entre deux villes , Rabat et salé , et empiète aussi sur la zone tampon de la classifications de l’unesco , le grand site autour du fleuve interagit visuellement avec le paysage de Rabat et salé, et c’est dans cet entre deux que se posent les questions du traitement de la dualité entre le mondial et le local , entre un enjeux de démarcation sur l'échelle mondiale et un enjeux de classification patrimoniale. Les projets qui se construisent actuellement et d'autres qui sont prévu dans le cadre du projet du réaménagement du bouregreg sont des projets démesurés importés de globalisation qui agressent le paysage horizontale et patrimoniale de la ville et qui peuvent être considérés comme des outils de marketing et de communication dans la scène mondiale. Le nord-ouest de l’agglomération de Rabat-Salé est marqué par la présence du fleuve Bouregreg et de son embouchure. Cet axe fluvial a longtemps opposé son statut de barrière naturelle séparant les deux espaces urbains. Aujourd’hui objet de convoitises, les rives du fleuve retrouvent une nouvelle centralité dans le cadre des projets d’aménagements « Rabat, ville lumière ». Il s’agit de la construction de grand projet urbain qui suit le délire de grandeur qui est répandu mondialement aujourd’hui. L’approche de la mondialisation est primordiale de nos jours , elle sert d'intégration dans le champ mondial et pousse le développement des villes, c’est un processus indispensable et c’est pour cette raison qu’il faut réfléchir à une manière appropriée pour pouvoir s'inscrire dans cette perspective mais sans pour autant agresser la culture locale et l'existant. Il s'agit de trouver un lien et une pratique stratégique et sensible. Ainsi , Rabat se trouve tiraillée entre la décision d'établir un vaste programme de développement urbain à l'embouchure du fleuve du Bouregreg s’inscrivant dans un processus de métropolisation , et entre les obligation d'honoration des engagement liées à son inscription dans le patrimoine mondiale de l’UNESCO, la complexité de ces deux enjeux est amplifiée par l'étendue du périmètre de la politique de la protection délimité par l’UNESCO, qui se dilate entre une zone inscrite immédiate , une zone tampon plus large qui est aussi élargie en une troisième zone d'influence paysagère. Il s'agit ainsi de trouver un juste milieu pour intégrer la question patrimoniale et paysagère au cœur des stratégies du développement territorial .
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2.3- L’APPROCHE CRITIQUE DU PROJET DE RÉAMÉNAGEMENT DE LA VALLÉE Un chevauchement d’ambitions et une divergence d’intérêts qui nécessite souvent un arbitrage auprès des instances de gouvernance afin de trouver « un juste milieu » qui permettrait de croiser les regards et de trouver une réponse consensuelle afin de garantir le respect des engagements de l’Etat Marocain face aux organismes Onusiens. Pour ainsi dire que, si la labellisation UNESCO constitue un leitmotiv de développement à différents niveaux, générant par la même occasion une plus-value symbolique pour la collectivité dépositaire du bien, elle induit en contrepartie des engagements à honorer et des mesures spécifiques à entreprendre. Ainsi, la pérennité du classement est tributaire, en l’occurrence, du respect de l’authenticité et de l’intégrité des biens inscrits. Comment peut-on incorporer des principes du régionalisme critique dans le cadre de la démarche du réaménagement de la vallée ; et plus généralement , dans le cas de la production architecturale contemporaine a Rabat , au Maroc ? Le maroc aujourd'hui est un paysage de mutation et métamorphose , la vallée du Bouregreg , comme on a pu voir est un très grand potentiel pour créer la liaison entre les villes de Rabat et salé et pour donner à cette ensemble urbain une nouvelle dynamique, les deux villes ont subi des développements urbains différents et se présentent comme le résultat de la stratification des réalités historiques qu'elles ont vécu , le projet de la vallée , se portant comme un nouvel ensemble urbain , est en mesure de respecter cette dynamique existante , le plan d'aménagement de la vallée du Bouregreg présente pas l’AAVB se présente comme un véritable outil innovant et engagé qui prend en considération plusieurs composantes du territoire et qui compose avec le paysage existant tout en prenant considération des problématiques techniques existantes. Ce projet est en développement perpétuel et aujourd'hui il se trouve dans une phase d'urbanisation progressive ou l'on observe une production architecturale qui se projette de plus en plus dans le territoire , ainsi, dans une continuité de cette réflexion urbaine engagée , une architecture sensible à ces questions devrait voir le jour , ceci évoque la question d'une nouvelle manière de fabrique d'une architecture propice à ce territoire qui lui promet aussi une véritable renommée mondiale et lui donne l'image d'innovation tant voulue, comment penser le paysage architectural de la vallée du Bouregreg en tenant compte de la richesse de son contexte environnant ?
Vue aérienne du projet réalisée par le cabinet Reichen et Robert & Associés
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PARTIE 2 : PERSPECTIVE : HYBRIDITÉ ARCHITECTURALE DANS UN MAROC CONTEMPORAIN 1- DES RÉFLEXIONS EXTERNES DANS LE CADRE DU PROJET DE BOUREGREG Les aménageurs des fronts d’eau de Rabat ont intégré les stars de l’architecture et de l’urbanisme contemporains occidentaux dans le projet de réaménagement de la vallée de Bouregreg ,ces architectes bien références sont appréciés pour leur approche méthodique en matière de projet urbain , il ont été favorisés pour leurs expérience, leur savoir faire et leur capacité à donner une image de la modernité. Parmi ces architectes, on trouve l’architecte-urbaniste français Bernard Reichen qui a établît le Plan d’aménagement spécial du Bouregreg qui considère le développement durable comme élément fondamental autour de sa réflexion sur ce territoire. Pour cet architecte, concevoir de nouvelles formes urbaines doit se faire sans oublier l’histoire du pays, ses traditions, sa modernité et répondre à la question : qu’est-ce qu’une ville marocaine à l’heure de la mondialisation. Il considère qu’il faut créer dans ce site de la vallée une troisième génération écologique au Maroc . Il considère que la deuxième écologie se réfère à la création du protectorat qui se définit dans le localisme , ou le régionalisme culturaliste approché par Prost au Maroc .
«(...) Ces gens, c'est la plus belle invention urbaine de cette époque. Ils ont inventé quelque chose qui s'appelait le localisme et le localisme, c'était le lien établi entre une culture (au sens de culture locale), un climat, et un style. Au début je me suis demandé, qu'est-ce que ça voulait dire, un style, mais c'est tout simple c'est le style Art déco. À l'époque, le style Art déco, à Bruxelles, à Montevideo, est devenu un style universel. » Bernard Reichen Le cabinet Foster and Partners a été selectionnés pour la conception architecturale de la séquence n° 1 (Bab Al Bahr),dans une échelle moins vaste que celle de toute la vallée , il s'intéresse plus à l'architecture en construisant un ensemble immobilier, un complexe artisanal, commercial et touristique situé au nord de la marina.
« Pour moi la conception est avant tout une question de valeurs. Je suis convaincu que bien concevoir- et concevoir de manière responsable- relève de l'éthique. La conception n'est ni ornement, ni fantaisie, ni vernis, ni mise en scène. C'est une activité fondamentale. Elle compte parmi nos matières premières les plus précieuses. Concevoir, c'est savoir questionner. C'est à la fois explorer l'avenir et s'inspirer du passé. C'est offrir de nouveaux modèles de santé, de vie et de travail. Quel que soit le lieu que l'on entend habiter, il faut avant tout le concevoir. Cela est vrai, que l'on construise une ville, son infrastructure, ses bâtiments, ses espaces publics, ses services, son mobilier ou encore son équipement jusqu'au domaine invisible de la communication électronique. Avant tout, la conception est un acte humain - une réponse aux besoins des gens, qu'ils soient matériels ou spirituels.» Norman Foster 1 1.Norman Foste, Préambule Rapport d’avant projet, Bab Al Bahr Bouregreg, 2009
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Proposition d’aménagement de la séquence 2 par le cabinet de Jean nouvel
Proposition d’aménagement de la séquence 2 par le cabinet Reichen et Robert & Associés
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Ces deux réflexions présentent un simple exemple d’une démarche méthodologique de repenser une architecture et un urbanisme dans un environnement particulier, on peut comprendre dans ces réflexions que les architectes ont appréhendé l’historique expérimentale et moderne de la ville et ont considéré que le pastiche et les formes visuels stigmatisantes de l’architecture traditionnelle ne trouvaient pas leurs place dans un projet avec une vocation de renouveau urbain,il s’agissait de comprendre plus la ville et ses usagers que de se plonger dans des représentation mimétique d’une sois disant « architecture marocaine» . Néanmoins, les commandes passées dans le cadre des projets d’aménagement des fronts d’eau de Rabat ont été adressées à des cabinets d’architectes et à des bureaux d’études étrangers sans implication directe des professionnels marocains. Ce constat est une manifestation alarmante pour l'architecte marocain qui aujourd'hui doit appréhender l'espace qui l'entoure et comprendre ses nouveaux enjeux , l'architecte marocain est amené à faire preuve d'une recherche expérimentale, engagée et critique qui n’est pas une simple nostalgie d'une architecture traditionnelle mimétique, ni une importation impersonnelle d'une architecture globale.
2- UNE REDÉFINITION DU RÉGIONALISME CRITIQUE POUR UNE HYBRIDITÉ ARCHITECTURALE MAROCAINE
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Quels seraient les traits à prendre en considération pour reproduire des espaces pas juste importés de la globalisation mais plutôt avec un lien ? Comment peut on aboutir à un compromis pour réconcilier les extrêmes ? Doit on toujours considérer que la fabrique architecturale au Maroc se positionnera toujours dans un discours de dualité entre traditionnel et global ? Ou doit on admettre qu’une nouvelle fabrique architecturale pourrait triompher sur cette notion des deux polarités temporelles ?
D’après l’étude théorique qu’on a pu élaborer autour de l’approche du régionalisme critique et ses principes, on s’aperçoit que le régionalisme critique pourrait être une réponse adapté à un contexte en mutation. Une nouvelle définition du régionalisme critique pourrait surgir au Maroc d’une volonté de redonner à un territoire muté son identité , son authenticité et son progrès. Ceci devrait se faire non pas par le retour à la tradition (ce qui paraît rétroactif dans un contexte mondial de contemporaneité et de révolution industrielle ), mais plutôt de puiser dans la tradition , trouver son essence et analyser la fabrique du territoire et la manière de vivre traditionnelle marocaine, et proposer une manière moderne mais contextualisée de pratiquer l’espace marocain dans un objectif de trouver la balance entre le contexte environnant et la pratique existante. L’enjeu ici pour la nouvelle génération d’architectes marocains est de révolutionner l’image d’une «architecture marocaine» et d’être conscient que le territoire marocain pluriel nous offre déjà les atout et les outils pour produire une architecture hors normes.
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UNE « ARCHITECTURE MAROCAINE « ? L’identité marocaine est un concept hybride et hétérogène , ce qui nous pose une difficulté de la définition de ce que pourrait être une «marocanité». L’idée d’avoir une «marocanité» a été surtout présente dans les discours du Roi Hassan II après l’indépendance dans un objectif de redonner une identité forte a un Maroc fragile après le protectorat. Un définition d’une marocaine est elle nécessaire de nos jours , et si oui , qu’est ce que pourrait être une «marocainité» architecturale ? Au Maroc, la seule véritable tradition est la modernité. L’héritage de la scène architecturale marocaine est celui de la recherche, de l’invention et de la radicalité. Véritable laboratoire de l’architecture et de l’urbanisme du XXe siècle, le territoire marocain a toujours été également une grande terre d’accueil et d’expérimentation comme on pu le voir à travers les profils historiques dressés de la ville de Rabat comme cas d’étude. Les diverses influences ont permis de croiser , hybrider et métisser plusieurs composantes dans l’objectif de métaboliser une entité urbaine complexe qui constitue la réalité marocaine. Le maroc , dans son parcours moderne a relevé des questions et des manières de faire l’architecture hors normes et qui dépassent leur temps , des questions qui de nos jours sont toujours d’actualité. La vraie recherche d’une éventuelle marocanité dans l’architecture pourrait simplement trouver sa réponse dans ces avancées extraordinaires de la fabrique moderne du Maroc. Malheureusement , le patrimoine moderne du Maroc est le moins valorisé et le moins médiatisé car comme on a pu le voir , l’architecture moderne marocaine n’a jamais été une architecture d’apparence. C’était une architecture ponctuée d’expérimentations uniques, savantes et radicales. La transformation des projets de la modernité marocaine est un phénomène très intéressant dans la compréhension de la dynamique de la société marocaine, clairement , la société marocaine est une société de détournement , le caractère fort de ses individus se reflète directement dans l’espace à travers l’appropriation et l’acclimatation. Le génie marocain est autant d’avoir permis la fabrication de ces projets que de les avoir habités, digérés et métabolisés. Ce constat nous laisse réfléchir qu’une architecture “marocaine” ne serais jamais une architecture formalisé, structurée , ou dessiné à la lettre , il faut imaginer l’architecture de l’avenir du maroc comme un support que l’architecte conçoit , mais qui le transmet à l’usager pour qu’il fasse preuve de sa marocanité qu’il va explorer en acclimatant le support suite à ses besoins et son rythme de vie. C’est une invitation à penser l’architecture marocaine dans sa flexibilité , sa capacité à muter et à se transformer, l’architecture marocaine de demain devrait être une architecture adaptable à plusieurs vies. Aujourd’hui, cette approche critique dans la conception architecturale pourrait faciliter le processus de l’hybridité et l’acclimatation architecturale au Maroc, le processus à mettre en place serait tout d’abord , une bonne compréhension et conscience de la vérité du lieu , par la suite vient une suggestion de production architecturale qui porte la responsabilité de laisser une marge pour la transformation et la mutation , cette production ne s’insère pas uniquement dans le contexte , mais elle devient le contexte en question.
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« Le Maroc a toujours participé aux expositions universelles. Nous nous sommes demandés ce qu’on pouvait apporter à celle-ci. Nous voulions considérer que le Maroc a toujours eu au coeur de sa culture, une tradition d’innovation. On a voulu montrer que le Royaume continue d’être un grand théâtre d’inventions. D’un point de vue architectural, on a travaillé sur un terrain expérimental en travaillant la matérialité de la terre. Celle-ci est historique au Maroc. [...]. Nous voulions que les visiteurs comprennent que le Maroc est un lieu où l’humanité peut se réinventer dans ce XXIème siècle dans un nouveau rapport à la nature, au climat et à l’intériorité. Comme pour la COP22, le Royaume peut proposer une manière d’être et de voir différemment. » Tarik Oualalou
Pavillon du Maroc pour l’Expo Dubaï 2020
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3 - LA NOTION D’ACCLIMATATION COMME ALTERNATIVE AU DISCOURS DE DUALITÉ ENTRE MODERNE ET TRADITIONNEL
L’acclimatation est un concept soulevé par Tarik Oulalou dans le cadre des réflexions autour de l’avenir de l’architecture contemporaine au Maroc. Pour lui , cette notion d’acclimatation de l’architecture est un concept qui a été créé et développé au Maroc, et ceci trouve ses origines dans la planification urbaine historique de l’époque du protectorat qui , en créant une ville nouvelle , a eu l’opportunité d’expérimenter des modèles et les laisser muter dans le temps. L’acclimatation , dans son sens littéral, est définie comme l’action d’habituer un animal ou une plante à un nouveau milieu. L’acclimatement est le fait pour un être vivant, de s’habituer à un nouveau milieu. Ainsi, Une acclimatation est un processus d’adaptation progressive qui consiste en un ajustement à de nouvelles conditions environnementales pour un organisme. C’est un processus réalisé par l’Homme ayant pour but de faire vivre des organismes hors de leurs stations naturelles.1 Pour mieux expliquer la notion de l’acclimatation dans un contexte Marocain , on peut se référer à au projet du jardin d’essai Botanique , réalisé par nicolas forestier dans le cadre de la planification paysagère de la ville de Rabat, ce projet est un jardin d’expérimentation ou a eu lieu une importation de différentes espèces végétales provenant du Monde entier, et l’objectif de cette importation consistait à observer la mutations des arbres qui, avec le temps prenaient une couleur du Maroc et deviennent indigènes grâce aux différentes contraintes du climat, et ainsi avec cette mutation et l’acclimatation, les espèces se sont transformés pour mieux s’adapter. On peut considérer que ces plantes aujourd’hui sont des espèces marocaines, car leur capacité de muter dans le temps et se transformer vers ce que l’environnement leur exige leur a donné naturellement cette couleur marocaine. L’acclimatation dans le domaine de l’architecture dans le contexte Marocain contemporain serait le fait de donner au bâtiment la chance de muter , de se dilater et de se transformer avec la pratique des usagers , le bâtiment doit être réfléchi dans le temps.
Aujourd’hui , les architectes marocains doivent être conscient de la réalité d’une architecture marocaine qui n’est pas forcément une architecture arbe ou islamique ou traditionnelle, l’une des véritables réalités architecturales au Maroc c’est avant tout la modernité , la production d’une réflexion purement marocaine a eu lieu dans cette architecture moderne d’hybridité et ne serait ce qu’un début d’une approche pertinente définissant une véritable architecture marocaine. Tarik Oualalou , dans son discours autour de l’avenir de l’architecture marocaine , propose une approche qui se libère complètement des notions de base de l’architecture et bouleverse et propose un changement de paradigme. Il considère que :
« La seule manière de rendre l’humanité pérenne c’est qu’elle accepte qu’elle n’est plus au centre du monde , c’est une espèce parmi les autres espèces »
1. Définition dans le dictionnaire ‘LAROUSSE’
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Pour lui , l’architecture de demain au Maroc ne devrait pas être orientée par des processus pédagogiques standards et pour ce fait , il avance quelques principes qui pour lui sont les fondamentaux d’une architecture de «désobéissance»1. • • • • • •
Pas de contexte mais une familiarité et acclimatation Pas de programme mais une «Cannibalisation» Pas une approche de choix de matériaux mais penser réveiller le corps avec les sensations Pas de développement durable mais construire des climats à l’intérieur , l’objectif n’est pas d’aboutir au confort mais plutôt de faire vivre la variété des climats à l’intérieur des bâtiments Pas d’espace publique mais des transgressions Pas de planification mais une colonisation et soulèvement
« Le projet ne peut être uniquement une réponse a un programme, un site ou un budget. Au delà de sa valeur d’usage, de sa puissance esthétique et de la nécessité de construire avec responsabilité, le projet architectural est pour l’agence une exploration de l’intangible et de l’immatériel 2» Le projet architectural s’inspire d’ambiances, de symboles, de parfums qui dépassent le simple cadre physique de l’architecture. Le concept de cette nouvelle « architecture marocaine » s’appuie ainsi sur un ensemble de principes architecturaux et urbains mis en résonance à travers un tracé d’ensemble où les échelles se démultiplient et se croisent, où l’usager fait corps avec l’architecture, en est véritablement partie prenante.
« Une expérience dans le désert du Sahara », Biennale d’architecture , Venise Tarik Oualalou
1. Désobéissance approche avancée par Kilo architecture dans le livre : «Territoires de Désobéissance» , Tarik Oualalou et Lina Choi, Barcelone, Actar,2007 2. «Territoires de Désobéissance» , Tarik Oualalou et Lina Choi, Barcelone, Actar,2007
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«[...], je voudrais faire une proposition : cesser de parler de tradition et de modernité. Ces deux mots, mal pensés et mal digérés sont les seuls alibis sur lesquels les maitres d’oeuvres s’appuient pour décrire tout et n’importe quoi n’arrivant à rien formuler qui ne soit dans cette relation entre le traditionnel et le moderne. Je n’ai pas besoin de montrer ma marocanité de manière tautologique et la porter comme un drapeau. Je la porte en moi, dans ma culture, mon vécu, mes sensations, mes expériences. Elle percole dans mon travail. Je n’ai aucune nécessité à projeter la modernité car je suis un homme de mon temps et je dialogue avec les cultures du monde. La tradition doit devenir patrimoine, et la modernité contemporaine.»1 Tarik Oualalou
«Il me semble qu’aujourd’hui ce qui manque le plus à l’architecture et au monde, ce n’est pas de l’identité mais du cœur et du sens. Dans mon travail il y a des voyages, des lectures, des rencontres, des questionnements, des obsessions. Mais à aucun moment je ne me demande à quel point mon architecture est marocaine. Elle l’est probablement, mais je ne saurais dire si elle l’est dans un patio planté, dans le parfum du bois ou ailleurs.» Mehdi Berrada
1. Tarik Oualalou
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CONCLUSION
Le Maroc est doté d’une complexité extraordinaire , cette dynamique est une perpétuelle tension entre la volonté de création de l’architecte, les attentes des usagers et les conditions physiques et culturelles,cette complexité est le facteur qui sculpte une authenticité que l’architecte marocain devrait comprendre et traduire dans un essai de définition de la nouvelle architecture marocaine. Cette géographie singulière qui conjugue ses effets avec une profondeur historique d’une rare richesse, a généré une identité plurielle. Celle-ci s’est abreuvée, durant des millénaires, des sources de plusieurs civilisations en favorisant une sédimentation harmonieuse qui n’était pas exempte de mutations et de ruptures. Ce métissage singulier n’aurait pas été rendu possible sans les gouvernances dynastiques qui ont rythmé l’histoire du Maroc, permis l’accumulation patrimoniale et préservé le creuset où s’est épanouie la diversité identitaire. Le Maroc aujourd’hui se lance dans des défis pour montrer sa capacité à conjuguer l’universel avec l’authentique, sa propension à avoir sa vision propre et à afficher sereinement ses ambitions, ainsi dans une vision d’une architecture futur , ces capacités et ces efforts de l’architecture marocaine devraient s’orienter plus vers le vécu des usagers et voir même développer des processus de leur participation dans la fabrique urbaine et architecturale. Il faut donc cesser les nostalgies infondées , l’architecture n’est pas un acte de démonstration mais c’est la production des lieux de vie. Aujourd’hui et demain , on doit crée l’image d’un Maroc qui rompt avec les clichés et les stéréotypes folkloriques pour présenter, avec fierté, son patrimoine pluriel et l’effervescence d’une renaissance authentique. il faut non pas faire des modification incrémentales mais changer radicalement les choses, un boulversement du paradigme architecturale est proposé. C’est un Maroc de l’être et non du paraître qui se présente. C’est un Maroc qui rompt avec les clichés et les stéréotypes folkloriques pour présenter, avec fierté, son patrimoine pluriel et l’effervescence d’une renaissance authentique. Dans ce travail , on a pu explorer , par le biais de l’approche du régionalisme critique , des manières de la fabrique architecturale et urbaine qui proposent des approches vers des architectures d’hybridité et d’acclimatation. L’idée explorée dans une approche prospective vers une architecture d’un Maroc développée , est une production d’une architecture de la mutation , qui laisse faire l’usager et qui l’invite à proposer sa propre transformation dans l’architecture. Ce bouleversement de paradigme espéré nous laisse penser qu’il y a une certaine forme de participation des habitants qui doit être proposée. Au Maroc , les approches participatives des citoyens ne sont pas pleinement explorées. Et ceci nous pousse à se questionner autour de l’implication des usagers dans la fabrication architecturale au Maroc , et comment ceci pourrait favoriser , ou pas , une architecture d’hybridation dans un Maroc contemporain ?
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BIBLIOGRAPHIE
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