Le cahier Le Figaro/CEVIPOF sur les analyses du scrutin du 1er tour

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LE FIGARO

mardi 24 avril 2012

CEVIPOF

PrĂŠsidentielle 2012 SECOND TOUR

TACTIQUES

PARTICIPATION

PAGES 12 & 13

PAGES 14 & 15

PAGE 16

Les perdants du premier tour et le poids de leur capital ĂŠlectoral sur le rĂŠsultat final

Les motivations des ĂŠlecteurs et les ressorts de leur mobilisation du 22 avril

THIERRY ZOCCOLAN/AFP

PHILIPPE WOJAZER/REUTERS

Forces et faiblesses de Nicolas Sarkozy et de François Hollande avant le rendez-vous du 6 mai

PASCAL PERRINEAU

Directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF)

A

LORS que nombre d’enquĂŞtes prĂŠĂŠlectorales et un sentiment dominant semblaient tĂŠmoigner d’une chute d’intĂŠrĂŞt des Français vis-Ă -vis de l’Êlection prĂŠsidentielle, le taux de participation lĂŠgèrement supĂŠrieur Ă 80 % des ĂŠlecteurs inscrits a montrĂŠ que le rendezvous prĂŠsidentiel restait aux yeux d’une immense majoritĂŠ d’Êlecteurs le moment essentiel de la vie politique française. Certes, nous sommes en deçà des hauts niveaux de mobilisation enregistrĂŠs en 1965 (84,7 %), en 1974 (84,2 %) ou encore en 2007 (83,8 %), mais nos concitoyens semblent sortis de la profonde ÂŤ fatigue civique Âť qui semblait les avoir saisis depuis quatre ans. Ce retour vers les urnes marque la volontĂŠ des ĂŠlecteurs de dire leur mot Ă l’heure oĂš la crise ĂŠconomique, sociale et financière les interpelle au quotidien. Le peuple de gauche (88 % sont allĂŠs voter) et le peuple de droite (90 % se sont dĂŠplacĂŠs dans l’isoloir) se sont rendus massivement aux urnes et seuls les ĂŠlecteurs du centre (78 % seulement ont votĂŠ) et du ÂŤ ni gauche ni droite Âť (63 %) ont ĂŠtĂŠ plus timides et peuvent constituer un ĂŠventuel rĂŠservoir de votes dans la perspective du second tour.

Le vote utile Ă gauche comme Ă droite a permis aux deux candidats de rassembler 55,7 % des suffrages au premier tour. D’une courte tĂŞte, François Hollande, avec 28,6 % des suffrages, s’est imposĂŠ en première position, le prĂŠsident sortant rassemblant 27,1 %. La sĂŠlection des deux candidats en lice pour le second tour a ĂŠtĂŠ nette puisqu’ils rassemblent Ă eux deux 55,7 % des suffrages et que la troisième candidate est relĂŠguĂŠe Ă neuf points derrière le second. Ainsi, le rĂŠflexe du ÂŤ vote utile Âť Ă gauche et Ă droite n’a pas ĂŠtĂŠ nĂŠgligeable et a ĂŠvitĂŠ le spectre d’un ÂŤ 22 avril 2002 Âť Ă l’envers. La première place occupĂŠe par le candidat socialiste marque une dynamique sensible par rapport au niveau atteint par SĂŠgolène Royal en 2007 (25,8 %) et le rapproche du niveau que François Mitterrand (25,8 %) et son associĂŠ radical de gauche, Michel CrĂŠpeau (2,2 %), atteignaient Ă eux deux lors du premier tour de la prĂŠsidentielle de 1981, soit 28 % des suffrages exprimĂŠs. Avec 27,1 %, Nicolas Sarkozy a connu une ĂŠrosion d’environ 4 points depuis 2007

mais se situe largement au-dessus des niveaux de Jacques Chirac en 2002 (19,9 %) ou en 1995 (20,8 %). Au fond, les deux candidats qui vont s’affronter au second tour sont relativement proches sur la ligne de dĂŠpart puisqu’un point et demi les sĂŠpare. La performance ĂŠlectorale de Marine Le Pen qui a rĂŠussi, avec 18,1 % des suffrages, Ă se propulser dans une troisième place incontestĂŠe, montre que cette ĂŠlection prĂŠsidentielle de 2012 est bien une ĂŠlection de crise. L’ampleur de la crise ĂŠconomique que traverse le pays depuis 2008 a ramenĂŠ au premier plan cette force politique qui est le porte-voix de nombre des difficultĂŠs et des inquiĂŠtudes vĂŠhiculĂŠes par ceux qui se vivent comme ĂŠtant les ÂŤ perdants de la mondialisation Âť. Ce malaise a ĂŠtĂŠ beaucoup mieux captĂŠ par Marine Le Pen que par Jean-Luc MĂŠlenchon. En milieu ouvrier, la candidate du Front national rassemble 30 % des votes alors que Jean-Luc MĂŠlenchon n’en attire que 12 %. Chez ceux qui ne disposent que d’un niveau de revenu du foyer infĂŠrieur Ă 1 200 euros par mois, Marine Le Pen atteint 21 % des suffrages contre seulement 13 % pour le candidat du Font de gauche. Ainsi, si au niveau des candidats des ÂŤ partis de gouvernement Âť, le candidat socialiste surclasse lĂŠgèrement le candidat de l’UMP, il n’en est pas de mĂŞme du cĂ´tĂŠ des candidats de la protestation oĂš la candidate de la ÂŤ droite de la droite Âť (18,1 %) l’emporte nettement sur le candidat de la ÂŤ gauche de la gauche Âť (11,1 %). Cet ĂŠlĂŠment du rapport de forces contribue Ă rĂŠĂŠquilibrer l’impression d’un premier tour gagnĂŠ par la gauche.

Les cinq candidats de gauche rassemblent au total 43,8 % des suffrages, ce qui est nettement mieux que le niveau des gauches en 2007 (36,2 %) mais nettement moins que le niveau de la gauche et de l’Êcologie en 1981 (50,7 %), en 1988 (49 %) et mĂŞme en 1974 (47,3 %). Si elle veut l’emporter le 6 mai prochain, la gauche va ĂŞtre obligĂŠe de trouver plus de 6 % d’Êlecteurs qui auront fait au premier L’avantage tour un choix de que les droites droite ou du centre. Les droites ont sur (Sarkozy, Le Pen, les gauches Duponten termes Aignan), au soir du premier tour, de strict reprĂŠsentent un rapport des capital de 47 % forces Ă l’issue des voix. du premier Restent pour le candidat de droitour est plus te appelĂŠ Ă rasdifficile sembler ces ĂŠlecĂ transformer teurs deux dĂŠfis : celui d’agrĂŠger en essai au mĂ´le des ĂŠlecvictorieux teurs sarkozysPASCAL PERRINEAU tes, une très large majoritĂŠ des ĂŠlecteurs lepĂŠnistes et celui d’attirer une majoritĂŠ sensible d’Êlecteurs du centre dont le candidat n’a pu compter comme il le dĂŠsirait au premier tour mais qui sont aujourd’hui au cĹ“ur du dĂŠbat de l’entre-deux-tours. Avec 9,1 % des suffrages, François Bayrou est en profonde ĂŠrosion par rapport Ă son niveau de 2007

ÂŤ

Âť

PAGES COORDONNÉES AU FIGARO PAR JOSSELINE ABONNEAU (ÉTUDES POLITIQUES), AVEC LE SERVICE INFOGRAPHIE

(18,6 %) et se retrouve rabattu sur le noyau dur de l’Êlectorat de tradition dĂŠmocrate-chrĂŠtienne. Il a dĂŠcouvert, une fois de plus, la difficultĂŠ Ă sortir du système bipolaire de la Ve RĂŠpublique et Ă vouloir vivre sa vie politique de manière autonome et sans système d’alliance. Les ĂŠlecteurs du François Bayrou de 2007 sont tout Ă fait symptomatiques de cette difficultĂŠ et de ce dĂŠchirement puisque 37 % seulement sont restĂŠs fidèles au candidat du MoDem en 2012, 39 % sont partis vers la gauche et 24 % vers la droite. Reste Ă savoir quel sera le tropisme des ĂŠlecteurs restĂŠs fidèles Ă François Bayrou. Cet ĂŠlectorat plutĂ´t bourgeois, de haut niveau de diplĂ´me, très prĂŠoccupĂŠ par la crise ĂŠconomique et financière et la question des dĂŠficits publics, se sent proche du centre et son centre de gravitĂŠ, dĂŠlestĂŠ des ĂŠlecteurs socialistes dÊçus qui l’avaient ralliĂŠ en masse en 2007, est plus Ă droite qu’à gauche. Mais les rapports qu’il a avec la personnalitĂŠ de Nicolas Sarkozy ne sont pas simples. La diversitĂŠ des droites et du centre est aujourd’hui plus profonde que la diversitĂŠ des gauches qui se sont ralliĂŠes dans leur immense majoritĂŠ dès le soir du premier tour au candidat socialiste. C’est pour cela que l’avantage que les droites ont sur les gauches, en termes de strict rapport des forces Ă l’issue du premier tour, est plus difficile Ă transformer en essai victorieux. La campagne de l’entre-deux-tours est lĂ pour montrer si l’alchimie de la fusion des droites et du centre est capable de surmonter ou non les atavismes centrifuges de ces courants de pensĂŠe. â–

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mardi 24 avril 2012 LE FIGARO

PrĂŠsidentielle

Les travailleurs indĂŠpendants et les seniors constituent toujours son socle ĂŠlectoral.

dĂŠfendre son bilan, après avoir mĂŠcontentĂŠ non seulement Ă gauche et au centre mais aussi dans son propre camp. Au soir du premier tour, Nicolas Professeur Ă Sciences Po Sarkozy n’arrive qu’en seconde position Grenoble avec 27,2 % des suffrages contre 28,6 % Ă François Hollande. Le prĂŠsident sortant est donc devancĂŠ de 1,4 point par le LORS DE LA PRÉCÉDENTE ĂŠlection prĂŠprincipal candidat de la gauche et il rĂŠsidentielle, Nicolas Sarkozy ĂŠtait perçu gresse de 4 points par rapport Ă 2007. comme un candidat nouveau. Il avait Il n’a pas rĂŠussi Ă vĂŠritablement reconstruit son image de prĂŠsidentiable au mobiliser tout son ĂŠlectorat d’alors. Seministère de l’IntĂŠrieur, puis en prenant lon le sondage TNS Sofres avec Sciences le contrĂ´le de l’UMP et en se dĂŠmarpo Bordeaux, Grenoble et Paris pour TF1 quant fortement du prĂŠsident Jacques et MĂŠtro, 72 % de ses ĂŠlecteurs de 2007 Chirac et du Premier ministre Dominiauraient Ă nouveau votĂŠ pour lui, 15 % que de Villepin. PrĂŠsident sortant, il a dĂť d’entre eux lui prĂŠfĂŠrant Marine Le Pen. Seine21,9 Nicolas Sarkozy avait adoptĂŠ une St-Denis Nord Pas-de-Calais stratĂŠgie pour rejouer le siphonnage 19,5 24,7 PParis aariris du FN. Gagnante en 2007, celle-ci a HautsSomme cette fois ĂŠchouĂŠ : il ne rĂŠcupère de-Seine 35 32,2 23,9 26,6 26 Seineque 7 % de l’Êlectorat de Jean-Marie Aisne Ardennes Val-deMaritime Le Pen. Le haut niveau du Front natio24,2 24,4 Marne 25 Oise 26,6 nal s’explique par un contexte de vote Moselle Meuse Val-d’Oise sanction Ă l’Êgard du prĂŠsident sorManche Calvados Eure 25,9 26,6 Marne 26,3 26 tant dont 58 % des ĂŠlecteurs dĂŠsap28,8 27,3 27,8 24,2 Bas-Rhin as hi 29,9 34,3 Seine-etprouvent le bilan. Les rĂŠsultats par MeurtheMarne elin ines Yvelines 33,6 Orne 29,6 Finistère dĂŠpartements montrent bien que les et-Moselle CĂ´tes-d’Armor 25,5 27,3 29,4 Essonne 24,5 Aube terres de fortes pertes sarkozystes Ille-etHaute23,9 Vosges Eure-et-Loir Vilaine Mayenne Marne 30,3 sont celles oĂš Marine le Pen rĂŠalise 25,3 Haut- ses meilleures progressions. Le prĂŠsiLoiret 30,7 Sarthe 28 26 Morbihan 31,9 Yonne Rhin dent Nicolas Sarkozy perd par exem26,4 29,3 28,2 Haute-SaĂ´ne Loir-et-Cher 27,6 LoireMaineple 6,7 points dans les Bouches-du25,2 CĂ´te-d’Or Atlantique et-Loire Indre- 28,4 RhĂ´ne, dĂŠpartement oĂš la candidate Territoire 28,6 26,1 29,9 et-Loire Doubs Cher Nièvre 28,2 de Belfort du Front National progresse de 28,5 25 13,6 points. 22,5 Jura 23,9

PIERRE BRÉCHON

Nicolas Sarkozy 2012

Indre

VendÊe Deux32,9 Sèvres Vienne

25

CharenteMaritime

1 TOUR DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Moyenne 27,18 % ER

28,1

24,2

24,5

Charente

21,6

24,6

25,1

Gers

PyrĂŠnĂŠesAtlantiques

24,1

HauteGaronne

Hautes- 22,8 23,7 PyrÊnÊes Ariège 20,4 18,7

Guadeloupe

23,4

28,6

Lot

21,4

Lot-etGaronne

25,3 Tarn-etGaronne

Landes

Cantal

22,9

Gironde

Martinique

26,3

Ain RhĂ´ne 30,4

25,1

21,4

Corrèze

Dordogne

26

Puy-de-DĂ´me Loire 30,8

19,8

Haute-Loire

24,4

25,5

23,8

25

RAPPEL 2007

Savoie

1ER TOUR DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Moyenne 31,18 %

28,6

24,9 HĂŠrault

26,1

27,4

27,5

25,3

Bouchesdu-RhĂ´ne

Aude

21,6

Var

31

27,2

18

Mayotte

48,8

EN % DES SUFFRAGES EXPRIMÉS

De 27,2 Ă 31 HauteCorse rse

25,3

RĂŠunion

Nicolas Sarkozy

Plus de 31

34,8

PyrĂŠnĂŠes-Orientales

Guyane

L’image de Nicolas Sarkozy est moins bonne en 2012 qu’il y a cinq ans. S’il reste logiquement celui qui est crĂŠditĂŠ de la plus forte aptitude Ă la fonction prĂŠsidentielle, il est aujourd’hui beaucoup moins porteur d’une dynamique de changement et est davantage jugĂŠ comme ĂŠloignĂŠ des problèmes des gens. Nicolas Sarkozy garde des soutiens très forts parmi les travailleurs indĂŠpendants (36 % contre 39 % en 2007) et chez les personnes de 65 ans et plus : 43 % d’entre elles disent avoir votĂŠ pour lui, soit un score très voisin de celui de 2007. C’est au fond le seul ĂŠlectorat qui ne sanctionne pas le prĂŠsident sortant. Selon son habitude, cet ĂŠlectorat est nettement plus conformiste que les autres et continue Ă faire largement confiance Ă Nicolas Sarkozy pour diriger le pays. â–

Meilleur score Score le plus faible

AlpesAlpes-deMaritimes Haute-Provence Gard Vaucluse 25,5 37,2

27,8

Tarn

23,3

Isère

Haute-

34,1 Savoie

Hautes-Alpes Ardèche Drôme 26,1

Lozère Aveyron

Gagnante en 2007, la stratÊgie de siphonnage du vote FN n’a pas aussi bien fonctionnÊ au premier tour

SaĂ´ne-et-Loire 25,8

24

Haute- Creuse Vienne 22,2

23,1

24,8

Allier

Ce vote sanction est particulièrement fort en milieu populaire. Toujours d’après TNS Sofres, Nicolas Sarkozy ne recueille que 15 % du vote ouvrier et 21 % du vote employĂŠ. En 2007, il faisait de meilleurs scores en milieu populaire (21 % chez les ouvriers et 29 % chez les employĂŠs d’après Ipsos le jour du vote). Il perd donc 6 points chez les premiers et 8 chez les seconds. Alors que Marine Le Pen monte Ă un niveau record de 35 % chez les ouvriers et 23 % chez les employĂŠs, soit des gains de 12 et de 9 points.

Corsedu-Sud 31,8

43,6

De 23 Ă 27,2 Moins de 23

21,9

Infographie LE FIGARO Source : Ministère de l’IntĂŠrieur

GIANCARLO GORASSINI/ABACAPRESS.COM

La lutte contre l’immigration clandestine singularise fortement les Êlecteurs de Marine Le Pen. JÉRÔME FOURQUET

ÂŤ

Ă€ droite et au centre, l’enjeu prioritaire, et de loin, a ĂŠtĂŠ la rĂŠduction de la dette publique (76 % de citations dans l’Êlectorat de Nicolas Sarkozy et 69 % dans celui de François Bayrou

Âť

A

JÉRÔME FOURQUET

Directeur du dÊpartement opinion et stratÊgies d’entreprise de l’Ifop

LES RÉSULTATS des sondages rĂŠalisĂŠs le jour du vote permettent de mieux cerner le climat dans lequel s’est dĂŠroulĂŠ ce premier tour de l’Êlection prĂŠsidentielle. Les ĂŠvĂŠnements de Toulouse et Montauban n’ont pas modifiĂŠ la hiĂŠrarchie des prĂŠoccupations des Français qui ĂŠtait dominĂŠe depuis de longs mois par les thĂŠmatiques ĂŠconomiques et sociales. Ces questions constituent en effet les enjeux qui ont le plus comptĂŠ pour les Français au moment de voter. Si la lutte contre le chĂ´mage (38 % de citations) et la hausse des salaires et du pouvoir d’achat (35 %) ont, comme en 2007, occupĂŠ une place centrale dans les prĂŠoccupations des Français, le thème de la rĂŠduction de la dette publique (42 %), assez faiblement citĂŠ Ă l’Êpoque, se situe aujourd’hui au cĹ“ur des prĂŠoccupations, crise de l’euro oblige. On retrouve ensuite Ă un niveau

moindre mais nĂŠanmoins non nĂŠgligeable la lutte contre l’immigration clandestine (28 %), l’Êducation (25 %), la lutte contre la dĂŠlinquance (20 %) et la lutte contre la prĂŠcaritĂŠ (18 %). En bas de tableau des motivations de vote, la protection de l’environnement n’a constituĂŠ un enjeu prioritaire que pour 6 % des ĂŠlecteurs. Ce reflux de la prĂŠoccupation environnementale en pĂŠriode de crise ĂŠconomique n’est pas pour rien dans les difficultĂŠs rencontrĂŠes par la campagne d’Eva Joly. Cette hiĂŠrarchie des prĂŠoccupations varie très fortement selon les ĂŠlectorats. La question de l’emploi apparaĂŽt ainsi comme la principale motivation des ĂŠlecteurs de François Hollande (48 % de citations) suivie par l’Êducation et le pouvoir d’achat (43 % pour ces deux sujets). Avec 67 % de citations, ce thème du pouvoir d’achat a constituĂŠ la prioritĂŠ des ĂŠlecteurs de Jean-Luc MĂŠlenchon (dont l’une des principales propositions ĂŠtait l’augmentation du smic Ă 1 700 euros par mois) devant la lutte contre le chĂ´mage (47 %). Ă€ droite et au centre, l’enjeu prioritaire, et de loin, a ĂŠtĂŠ la rĂŠduction

de la dette publique (76 % de citations dans l’Êlectorat de Nicolas Sarkozy et 69 % dans celui de François Bayrou, contre seulement 31 % dans celui du candidat socialiste). Ces deux ĂŠlectorats apparaissent donc proches sur ce thème central pour eux, ils divergent en revanche concernant leur seconde prioritĂŠ : le chĂ´mage (41 % de citations) pour les soutiens de François Bayrou contre la lutte contre l’immigration clandestine (45 %) dans l’Êlectorat sarkozyste, qui ne place la question du chĂ´mage qu’en troisième position (34 %). Les ĂŠlecteurs de Marine Le Pen, quant Ă eux, se distinguent de tous les autres ĂŠlectorats par une très forte sensibilitĂŠ Ă la question de la lutte contre l’immigration clandestine, qui est citĂŠe par 77 % d’entre eux (soit un ĂŠcart de près de 50 points par rapport la moyenne des Français) et Ă la lutte contre la dĂŠlinquance (54 % de citations, soit 34 points de plus que la moyenne). Signe du poids important des catĂŠgories populaires dans cet ĂŠlectorat frontiste, le sujet du pouvoir d’achat se place en troisième position des prioritĂŠs des sympathisants frontistes (31 % de citations). â–


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PrĂŠsidentielle

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Le candidat socialiste maintient les positions de SÊgolène Royal dans les classes moyennes.

Directeur du dÊpartement opinion et stratÊgies d’entreprise de l’Ifop

AVEC 28,1 % DES VOIX, François Hollande amĂŠliore de 2,5 points le score obtenu par SĂŠgolène Royal (25,9 %) en 2007. Cette progression est assez significative et cela d’autant plus qu’elle est enregistrĂŠe, d’une part, alors que le candidat socialiste affronte cette annĂŠe un Nicolas Sarkozy bĂŠnĂŠficiant du statut de prĂŠsident sortant et que, d’autre part, le niveau atteint par SĂŠgolène Royal avait dĂŠjĂ ĂŠtĂŠ supĂŠrieur aux rĂŠsultats de Lionel Jospin en 2002 (16,2 %) et en 1995 (23,2 %). Si l’on compare catĂŠgorie par catĂŠgorie le score de François Hollande avec celui de son ex-compagne, on constate somme toute assez peu de diffĂŠrences. Tout se passe comme si en cinq ans, la structure du vote socialiste n’avait guère ĂŠvoluĂŠ, bien que le style des deux campagnes et des deux candidats ait ĂŠtĂŠ assez diffĂŠrent. François Hollande a obtenu 27 % des voix dans l’Êlectorat masculin (SĂŠgolène Royal en recueillait 25 %) et 30 % parmi les femmes, soit une progression de 4 points. Rappelons Ă cette occasion qu’il s’agit d’une progression relative puisque le nombre total d’Êlecteurs s’Êtant rendus aux urnes dimanche est infĂŠrieur Ă celui de 2007. En termes de tranches d’âge, les va-

riations sont assez faibles au milieu de la pyramide des âges : 25 % (– 1 point) auprès des 35-49 ans, 28 % parmi les 25-34 ans (+ 2 points) et 29 % (+ 2 points) chez les 50-64 ans. Les mouvements sont plus marquĂŠs aux deux extrĂŠmitĂŠs. Avec 28 % des voix auprès des 18-24 ans, François Hollande est en recul de 3 points par rapport Ă SĂŠgolène Royal sur ce segment. Cependant, il amĂŠliore très sensiblement la perfor-

Le style personnel de François Hollande lui a sans doute permis de progresser auprès des 65 ans et plus et parmi les retraitÊs

rĂŠalisĂŠes au cours de la campagne ont montrĂŠ que les seniors (souvent grandsparents) ĂŠtaient sensibles Ă la thĂŠmatique de l’avenir des jeunes et Ă leur bonne insertion dans la sociĂŠtĂŠ. Le style personnel de François Hollande plus ÂŤ classique Âť que celui de la prĂŠsidente de la rĂŠgion Poitou-Charentes lui a sans doute ĂŠgalement permis de progresser dans cet ĂŠlectorat. On retrouve logiquement ce mouvement parmi la catĂŠgorie des retraitĂŠs : 32 %, soit une hausse de 9 points. L’Êvolution des suffrages en faveur de François Hollande est beaucoup plus contrastĂŠe dans les milieux populaires : 28 % (+ 3 points) dans le milieu employĂŠ

38,7 SeineHautsSt-Denis de-Seine Paris 30,2

mais 21 % (– 3 points) dans celui des ouvriers. Ce mouvement de baisse apparaĂŽt plus nettement encore chez les artisans, commerçants et chefs d’entreprise : 9 % (– 9 points), population sans doute ĂŠchaudĂŠe par les annonces en matière de fiscalitĂŠ. Enfin, avec 31 %, François Hollande amĂŠliore de 4 points le score parmi les cadres supĂŠrieurs. Il maintient les positions auprès des classes moyennes oĂš les salariĂŠs du public (enseignants, professions hospitalières) qui pèsent lourd dans la balance d’un scrutin. â–

Pas-de-Calais

Val-deMarne

28

Somme

SeineMaritime

28,4

Aisne Ardennes

mance de la candidate de 2007 auprès 27,1 28,9 29,4 Oise 24,9 des 65 ans et plus, avec 30 % des suffraMeuse Moselle Manche Calvados Val-d’Oise ges, soit une hausse de 7 points dans une Eure 23,4 Marne 24,5 27 32,4 29,4 catĂŠgorie oĂš Nicolas 24,7 27,9 19,6 24,1 Seine-et27,3 Sarkozy avait très forMeurtheBasMarne Yvelines Orne 24,3 tement creusĂŠ l’Êcart en et-Moselle Rhin Finistère CĂ´tes-d’Armor 30,4 25,7 Essonne 27,7 2007. Ces ĂŠvolutions 33 Aube Ille-etHauteVosges 33,7 Eure-et-Loir peuvent apparaĂŽtre de Vilaine Mayenne Sarthe Marne 22,8 24,7 18,9 Loiret prime abord comme 23,8 31,8 25,9 28,1 Morbihan HautYonne 25,5 paradoxales quand la 28,3 Haute-SaĂ´ne Rhin Loir-et-Cher 24 question de la jeunesse a ĂŠtĂŠ prĂŠsentĂŠe LoireMaine26,4 Indre25 CĂ´te-d’Or Atlantique et-Loire par le candidat socialiste comme une Territoire 27,8 31,8 27,1 et-Loire Doubs des clĂŠs de voĂťte de son programme et Cher Nièvre 28,1 de Belfort 26,3 de son discours. Toutefois, les enquĂŞtes 26,8 32,6 Jura

33,4

SÊgolène Royal 2007 RAPPEL ER

1 TOUR DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Moyenne 25,87 % 17,1

CharenteMaritime

28,5

Gironde

EN % DES SUFFRAGES EXPRIMÉS

31,8 Landes

32,8 Plus de 33 De 28,6 Ă 33 De 26 Ă 28,6

PyrĂŠnĂŠesAtlantiques

SaĂ´ne-et-Loire 24,6

29,9

Allier

32

29,7

Infographie LE FIGARO

30,8

32,1 Lot

34,5

Lot-etGaronne

Aveyron

26,9 Tarn-et-

Gers

31,9

27,6 HauteGaronne

Hautes- 32,8 29,9 PyrÊnÊes Ariège 33,2 34,4

Hautes-Alpes Ardèche Drôme 24,5

26

25,2

29,4

Garonne

25,1

Gard Vaucluse

24,1

Tarn

30,7

HĂŠrault

26,7 Aude

Professeur des universitĂŠs Ă Sciences Po Paris. Directeur gĂŠnĂŠral de la Fondapol *

EN TERMES D’IMAGE, Nicolas Sarkozy souffre d’un lourd handicap depuis le dĂŠbut de son entrĂŠe en campagne. PrĂŠsident d’un pays confrontĂŠ Ă une crise ĂŠconomique et financière majeure, il ne peut ĂŠchapper Ă une impopularitĂŠ que renforcent les contentieux liĂŠs Ă des choix politiques et Ă un style de comportement. L’Êtude comparĂŠe des images de Nicolas Sarkozy et de François Hollande peut ĂŞtre faite Ă partir du panel Ipsos mis en place par le Cevipof, Le Monde, la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation pour l’innovation politique. De cette masse d’informations, on peut tirer un enseignement très paradoxal : les ĂŠlecteurs estiment que Nicolas Sarkozy est le meilleur candidat pour conduire la France, mais que François Hollande est le meilleur candidat pour amĂŠliorer la vie des Français. S’il s’agit de conduire la France, les enseignements de la dernière vague d’enquĂŞte menĂŠe Ă la veille du premier

Alpes-deHaute-Provence

22,3

24,4

24,5

Var

Bouchesdu-RhĂ´ne

19,7

30,4

19,2 AlpesMaritimes

Haute-Corse

26

PyrĂŠnĂŠes-Orientales

26 Guadeloupe

Martinique

Guyane

RĂŠunion

Mayotte

57

52

42,6

53,3

36,5

Si l’on suit cette dichotomie, on voit que le rĂŠsultat du premier tour a favorisĂŠ les enjeux domestiques et personnels, au dĂŠtriment de la dimension nationale et historique. Les ĂŠlecteurs ont dissociĂŠ la place de la France dans le monde et la question de leur niveau de vie ; ils ont sĂŠparĂŠ l’intĂŠrieur de l’extĂŠrieur, l’histoire globale et leur histoire personnelle ; on pensera qu’ils ont tort, que l’un et l’autre sont liĂŠs, mais la campagne du premier tour, qui aurait pu montrer pourquoi le sort des Français dĂŠpend du sort de la France, c’est-Ă -dire de l’Êtat du monde, s’est au contraire concentrĂŠe sur les thèmes domestiques, tournant le dos non seulement au monde mais aussi Ă l’Europe, quand elle n’Êtait pas dĂŠnoncĂŠe. Nicolas Sarkozy aurait ĂŠtĂŠ avantagĂŠ par une campagne menĂŠe sur le thème de la France dans le monde quand les enjeux domestiques favorisent son principal concurrent. â– * NĂŠe en 2004, la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) a pour objectif de contribuer au pluralisme de la pensĂŠe et au renouvellement du dĂŠbat public. Elle s’inscrit dans une perspective libĂŠrale, progressiste et europĂŠenne.

Corse-du-Sud

22,3

LIONEL PRÉAU/RESERVOIRPHOTO

Les enjeux domestiques ont favorisĂŠ François Hollande au dĂŠtriment de la dimension nationale incarnĂŠe par Nicolas Sarkozy. tour sont sans appel : 58 % des Français interrogĂŠs pensent que Nicolas Sarkozy est capable de ÂŤ faire face Ă la crise ĂŠconomique Âť, contre 38 % qui dĂŠsignent François Hollande ; de mĂŞme en matière de ÂŤ lutte contre l’immigration clandestine Âť, oĂš Nicolas Sarkozy (68 %) est jugĂŠ plus capable que François Hollande (29 %) ; le prĂŠsident sortant est jugĂŠ plus capable de ÂŤ faire face Ă une crise diplomatique internationale Âť (63 %), plus capable de ÂŤ lutter contre l’insĂŠcuritĂŠ Âť (61 %), plus capable de ÂŤ prendre des dĂŠcisions difficiles Âť (60 %) ou encore de ÂŤ faire face Ă la crise ĂŠconomique Âť (53 %). Cependant, la crĂŠdibilitĂŠ s’inverse lorsqu’il s’agit de ÂŤ rĂŠduire le chĂ´mage Âť, François Hollande ĂŠtant alors jugĂŠ plus capable d’y parvenir (58 %) que Nicolas Sarkozy (39 %) ; de mĂŞme pour ce qui concerne la mise en place d’une ÂŤ politique fiscale juste et efficace Âť, le candidat du PS (60 %) devance largement le prĂŠsident sortant (37 %) ; la capacitĂŠ Ă ÂŤ augmenter le pouvoir d’achat Âť est plus favorable au socialiste (62 %), comme ÂŤ l’amĂŠlioration du fonctionnement du système de santĂŠ Âť (64 %) ou ÂŤ la rĂŠduction des inĂŠgalitĂŠs sociales Âť (70 %).

1ER TOUR DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Moyenne 28,63 %

26,4

Lozère

DOMINIQUE REYNIÉ

François Hollande 2012

Ain Haute-Savoie 20,5 Rhône 22,8 Loire 26,9 Puy-de-Dôme 35,9 26,5 Savoie 33,1 32,8 Isère Corrèze 23,6 27,9 Cantal Haute-Loire 43 Dordogne

Moins de 26 Source : Ministère de l’IntĂŠrieur

28,7

Haute- Creuse Vienne 34

Charente

Meilleur score Score le plus faible

26

Indre

VendÊe Deux24,8 Sèvres Vienne

48,5

Nord

29,4

34,8 32,9

ÂŤ

Les Êlecteurs ont dissociÊ la place de la France dans le monde et la question de leur niveau de vie ; ils ont sÊparÊ l’intÊrieur de l’extÊrieur, l’histoire globale et leur histoire personnelle

DOMINIQUE REYNIÉ

Âť

A

JÉRÔME FOURQUET


14 le figaro l cevipof

mardi 24 avril 2012 LE FIGARO

PrĂŠsidentielle

Le candidat du Front de BRUNO CAUTRĂˆS Chercheur CNRS au Cevipof, enseignant Ă Sciences Po

SeineSt-Denis

Pas-de-Calais Nord

18,9

Manche Calvados

16,6

16,2

Eure

22,8

Paris 13,6 Hautsde-Seine 8,5 6,2

21,9

Somme SeineMaritime

23,8

Aisne

Oise 25,1 Val-d’Oise

26,3

11,9

Ardennes

24,5

Moselle

15,6 Seine-et12,4

Marne

25,8

Val-de-Marne

24,7

21,2 Meuse 21,2 MeurtheBasFinistère et-Moselle Rhin 15,2 19,7 12 CĂ´tes-d’Armor 20,7 Aube Ille-etHaute13,6 Vosges Essonne Mayenne Eure-et-Loir Vilaine Marne 25,1 24,2 23,4 Loiret 25,3 12,4 14,8 Sarthe Morbihan HautYonne 20,6 19,2 15,6 Rhin Haute-SaĂ´ne Loir-et-Cher 23,7 LoireMaine25,1 IndreCĂ´te-d’Or 20,9 Atlantique et-Loire 18,8 Doubs 12,2 13,9 et-Loire Cher Nièvre 16 Territoire 19,2 19,7 19,6 de Belfort Jura Indre VendĂŠe Deux23,7 SaĂ´ne-et-Loire 20,4 19,6 15,2 Sèvres Vienne Allier 20 13,6 16,4 18,3 Ain Haute-Savoie Haute- Creuse 16,6 CharenteRhĂ´ne 20,7 Maritime Charente Vienne 16,3 Puy-de-DĂ´me Loire 15,1 16,4 17,5 21,6 Savoie 15,6 17,7 Isère Corrèze 18,9 19 13,3 Cantal Haute-Loire Dordogne 15,1 20,4 17 Hautes-Alpes EN % Gironde Ardèche DrĂ´me Lot 17,7 Lozère DES SUFFRAGES 21 15,6 Lot-et20 13,5 Alpes-deAveyron 17,3 EXPRIMÉS Garonne Haute-Provence 14,1 21,4 Tarn-etGard Vaucluse 20,7 23,5 Landes Garonne 27 25,5 Alpes22,1 Tarn 14,1 Gers Plus de 23 Maritimes 18,9 HĂŠrault 15,9 HauteVar 23,4 PyrĂŠnĂŠes22,3 24,8 Garonne De 17,9 Ă 23 BouchesAtlantiques Aude Hautes- 15,3 du-RhĂ´ne 12,1 PyrĂŠnĂŠes 23,2 Ariège De 13 Ă 17,9 Haute-Corse 14,9 16,8 23,2 24,2 PyrĂŠnĂŠes-Orientales Orne 20

Yvelines

22,4

Marne

Moins de 13

Guadeloupe Infographie LE FIGARO Source : Ministère de l’IntĂŠrieur

5,2

Marine Le Pen 2012

1ER TOUR DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Moyenne 17,9 % RAPPEL

Guyane

10,5

RĂŠunion

10,3

Mayotte

2,8

25,7

19,2% 14,4%

17,9%

A

1

Directeur du centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof)

MARINE LE PEN a crĂŠĂŠ la surprise de ce premier tour de l’Êlection prĂŠsidentielle en rassemblant 18,1 % des suffrages exprimĂŠs, soit 7,7 % de plus que son père en 2007 et 1,2 % de plus que le ÂŤ score historique Âť que celui-ci avait atteint en 2002 (16,9 %). Ce niveau ĂŠlevĂŠ ne lui permet cependant pas d’accĂŠder au second tour, puisque 9 % la sĂŠparent de Nicolas Sarkozy. NĂŠanmoins, depuis 2007, c’est le courant politique du Front national qui a connu la dynamique la plus forte. Cette dynamique est sensible dans l’ensemble du territoire, mais elle est particulièrement accentuĂŠe dans des dĂŠpartements de la France orientale oĂš, en 2007, Nicolas Sarkozy avait rĂŠussi Ă entamer fortement l’Êlectorat frontiste. Aujourd’hui, Marine Le Pen a repris pied fortement dans des dĂŠpartements tels que le Pas-de-Calais (25,5 %), l’Aisne (26,1 %), les

* Ainsi que P. Juquin, communiste rĂŠnovateur

15% 10,4%

8,9%

11,1%

8,6% 3,4%

1988 1995 2002* 2007 2012

Ce retour en force dĂŠpasse les bastions traditionnels du FN pour s’Êtendre dans les dĂŠpartements du centre et de l’ouest de la France. Ardennes (24,5 %), l’Oise (25,1 %), l’Aube (25,1 %), la Haute-Marne (25,3 %), la Moselle (24,7 %), la Meuse (25,8 %), les Vosges (24,2 %), la Haute-SaĂ´ne (25,1 %), tout un ensemble de dĂŠpartements qui rejoignent des bastions plus traditionnels comme le Gard (25,5 %), les PyrĂŠnĂŠes-Orientales (24,2 %), le Var (24,8 %) ou encore les AlpesMaritimes (23,5 %). Ă€ la protestation frontiste qui secoue les terres de la bordure mĂŠditerranĂŠenne depuis bientĂ´t trente ans, s’ajoute maintenant tout un ensemble de dĂŠpartements oĂš la souffrance des laissĂŠs-pour-compte de la sociĂŠtĂŠ industrielle se mĂŞle au malaise rural et aux inquiĂŠtudes pĂŠriurbaines pour amener Marine Le Pen Ă de très hauts niveaux. Mais ce malaise s’Êtend et touche maintenant des dĂŠpartements du centre et de l’ouest de la France : 22,7 % dans l’Eure, 20 % dans l’Orne, 20,6 % dans le Loiret, 20,9 % dans le Loiret-Cher, 19,7 % dans le Cher ou encore 19,2 % dans la Sarthe. Aucun dĂŠpartement n’Êchappe aujourd’hui Ă une influence significative de Marine Le Pen.

RÉSULTATS DU CANDIDAT DU PARTI COMMUNISTE AU 1ER TOUR

* Ainsi que B. MĂŠgret, MNR

PASCAL PERRINEAU

RAPPEL

RÉSULTATS DU CANDIDAT DU FRONT NATIONAL AU 1ER TOUR

Corse-du-Sud

Martinique

4,8

CHARLES PLATIAU/REUTERS

25,5

AVEC 11,1 % des voix, Jean-Luc MĂŠlenchon ne rĂŠussit pas son pari de dĂŠtrĂ´ner Marine Le Pen. Par rapport Ă 2007, le score de Jean-Luc MĂŠlenchon est plus ĂŠlevĂŠ que le total des votes communistes (1,9 %) et d’extrĂŞme gauche (7,2 %) d’alors ; mais il est moins ĂŠlevĂŠ que cette mĂŞme addition des voix en 2002 ou en 1995 : le candidat du PC et ceux de l’extrĂŞme gauche totalisant 14 et 14,1 % des suffrages exprimĂŠs. Pourtant, la dynamique crĂŠĂŠe pendant la campagne restera comme l’un des marqueurs de la prĂŠsidentielle 2012. Celle-ci a tenu tout autant au rĂŠveil d’une culture de contestation radicale de la sociĂŠtĂŠ capitaliste et du capitalisme financier sur fond de crise ĂŠconomique internationale qu’à l’Êquation personnelle du candidat. Jean-Luc MĂŠlenchon a gagnĂŠ la bataille de la visibilitĂŠ. Et cela constitue sa première rĂŠussite. Parallèlement, sa popularitĂŠ s’est polarisĂŠe et renforcĂŠe au cours la campagne. Perçu comme un homme politique ayant des convictions, les ĂŠlecteurs ne le voyaient pas comme ayant la ÂŤ stature prĂŠsidentielle Âť. Son programme ĂŠtait ressenti comme souhaitable, mais comme non rĂŠalisable. La seconde rĂŠussite de Jean-Luc MĂŠlenchon a ĂŠtĂŠ de s’imposer comme le

Ce ÂŤ retour en force Âť du Front national, qui vient prolonger et amplifier les succès locaux qu’il avait glanĂŠs aux rĂŠgionales de 2010 et aux cantonales de 2011, s’est fait grâce Ă une rĂŠcupĂŠration de ces bastions traditionnels qu’Êtaient le monde du commerce et de l’artisanat et les couches populaires.

Les dĂŠpartements oĂš la souffrance des laissĂŠspour-compte de la sociĂŠtĂŠ industrielle se mĂŞle au malaise rural et aux inquiĂŠtudes pĂŠriurbaines Dans l’Êtude rĂŠalisĂŠe par Ipsos du 19 au 21 avril, auprès d’un ĂŠchantillon de 3 152 personnes inscrites sur les listes ĂŠlectorales, on constate que Marine Le Pen attire 28 % des votes des artisans, commerçants et chefs d’entreprise, 30 % de ceux des ouvriers et 24 % de ceux des employĂŠs. Elle arrive en tĂŞte en milieu ouvrier devant François Hollande

(27 %) et Nicolas Sarkozy (18 %). Elle atteint des niveaux tout Ă fait significatifs chez les jeunes ĂŠlecteurs (21 % chez les 18-24 ans, 22 % chez les 2534 ans) et retrouve ainsi un dynamisme dĂŠmographique et sociologique que le Front national avait perdu. Seules les professions libĂŠrales et les cadres (10 %), et les citoyens dotĂŠs d’un haut niveau d’Êtudes (11 %) rĂŠsistent Ă la tentation lepĂŠniste. D’un point de vue politique, la dynamique qui l’a nourrie est plurielle : 16 % de l’Êlectorat sarkozyste de 2007 s’est tournĂŠ vers Marine Le Pen, mais c’est le cas ĂŠgalement de 11 % de l’Êlectorat de Bayrou et de 6 % de l’Êlectorat de Royal. De par sa masse, cet ĂŠlectorat lepĂŠniste va ĂŞtre au cĹ“ur de la campagne du second tour. Au soir du premier tour, 60 % disent leur intention de voter en faveur de Nicolas Sarkozy le 6 mai prochain, 22 % se rĂŠfugient dans l’abstention et 18 % choisissent François Hollande. Le tropisme de ces ĂŠlecteurs est Ă droite, mais Nicolas Sarkozy aura besoin de le renforcer s’il veut ĂŠlaborer les conditions d’une victoire ĂŠlectorale lors du second tour. â–

1,93%

1988* 1995 2002* 2007 2012


l

LE FIGARO

mardi 24 avril 2012

15

le figaro cevipof

PrĂŠsidentielle

gauche s’affirme Ă gauche en force incontournable. second candidat de gauche, dans un fort contexte de vote utile pour François Hollande. Le choix fait par le PC de ne pas avoir de candidat estampillĂŠ PC s’est rĂŠvĂŠlĂŠ payant. En 2002, le candidat communiste n’avait obtenu que 3,4 % et 1,2 en 2007. Lors de ce 1er tour de 2012, les autres candidats de l’extrĂŞme gauche ont ĂŠtĂŠ laminĂŠs par la capa-

de son candidat, Philippe Poutou, qui est apparu perdu au milieu d’un jeu qui n’Êtait pas le sien de son propre aveu, et ĂŠchec de la stratĂŠgie isolationniste visĂ -vis du Front de gauche. Les espoirs fondĂŠs par les crĂŠateurs du NPA de capitaliser sur le vote ÂŤ non Âť du 29 mai 2005 (rĂŠfĂŠrendum sur la Constitution europĂŠenne) ont ĂŠtĂŠ ruinĂŠs par la campagne de 2012. Il faut dire que la rupture de Jean-Luc MĂŠlenchon avec le PS s’Êtait justement opĂŠrĂŠe après le 29 mai 2005. Pour LO, l’Êchec est tout aussi important. La rhĂŠtorique anticapitaliste mĂŠlenchoniste et la campagne tonitruante ont sĂŠduit des composantes sociologiquement et idĂŠologiquement diversifiĂŠes de l’extrĂŞme gauche. Un vote symptĂ´me supplĂŠmentaire sur les craintes d’une ĂŠconomie libĂŠrale ouverte et globalisĂŠe. Une ĂŠpine dans le pied d’un ĂŠventuel vainqueur socialiste le 6 mai ? â–

Jean-Luc MĂŠlenchon 2012

9,9 11,5

10,6

10,3

9,1

8,9

11,7 8,5

EN % DES SUFFRAGES EXPRIMÉS

De 11,1 Ă 13

Moins de 9 Infographie LE FIGARO Source : Ministère de l’IntĂŠrieur

12

11,2

14 10,6

11,7 11,2 12,1 13,4 15,2

10,6

13

9

14,4

11,9

8,9

16,9

9,6

9,5

13,6

13,7

9,7

10,1

11,3

11,3

12,5

De 9 Ă 11,1

7,9

12,3 12,2

10,7

12,4

12,1

13,3

11,1 13,4

11,5

5,9

RÉSULTATS DU CANDIDAT DU CENTRE AU 1ER TOUR 18,6% 16,5%

8,5

9,1

13,2 10

12,8

10,6 10,9

6,8%

12,4 13,8

12,1

9,1%

EN % DES SUFFRAGES EXPRIMÉS

11

De 9,1 Ă 11

10,4 15,7

De 7 Ă 9,1

RĂŠunion

Mayotte

7,9

6,7

2,6

9,7

1988 2002 2007 2012

10 10,6

4,7

11,2

10,3 9,8

8,3

6,7 5,9

11

12,6 9,2

7,6 8,8

10,2

9,2 8,9 6,9

6,9

11,4 8,9

9,6

9,1

11,2

9,3

9,3

8

8,8

8,7

6,9

8,1

9,4

9,4

7,5

11,9

8,7

8,4

10

9,3

9,2

9,5

8,3

7,9

8,8

8,8

9

7,5

8,5

9,8

9,6

8,9

Plus de 11

9,3

10,3

9,7

Moins de 7

Guyane

9,1

12,8

11,3

6,1 9,3 8,9

10,7

6,7

8,4

10,6

9,1

RAPPEL

14 15,2

11,3

1ER TOUR DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Moyenne 9,13 %

9,2

9,6

Guadeloupe Martinique 5,4

François Bayrou 2012

7,6 8,4 11,2 8,6 9,3 9,2

10,1

11,2

12,6

14,1

13,3

7,4

7,5

7,3

7,8

11,4

11

12,4

11,2

6,4

7,2

12,1

13,8

14,4

17 14

9,5

8,9

8,5

9,5

11

11,7

9,3

11

9,9

10,9

10,2

10,4

Plus de 13

10,8

9,4

10,4 11,1

10,2

10,1 12 12,3

9

8,3

10,4

12,6

11

13,2

12,2 10,2

11,5

6,7 6,4

11,3 9,9 9,9 7,4

6,7

6,7

6 6,3 6,2

6,8

4,2

Infographie LE FIGARO

4,6 5,5

Source : Ministère de l’IntĂŠrieur

De grandes incertitudes planent sur la pÊrennitÊ de l’Êlectorat centriste.

SYLVIE STRUDEL Professeur des UniversitÊs François Rabelais (Tours)

NICOLAS MARQUES/KR IMAGES PRESSE

1ER TOUR DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Moyenne 11,11 %

FRANÇOIS BOUCHON/LE FIGARO

citÊ de Jean-Luc MÊlenchon de fÊdÊrer plusieurs composantes de la gauche de la gauche et de rÊcupÊrer les Êlecteurs de l’extrême gauche orphelins d’Olivier Besancenot et d’Arlette Laguiller. Le vote MÊlenchon parmi ces Êlecteurs signe un double Êchec du NPA : Êchec

POUR sa troisième candidature, François Bayrou va jusqu’au bout de sa stratĂŠgie de ÂŤ l’hypercentre Âť : affirmation rĂŠsolue de l’originalitĂŠ du centre, ostentation d’une aventure personnelle au prix de la marginalisation des forces partisanes, revendication d’une autonomie critique tant vis-Ă -vis de la droite que de la gauche. Comme en 2002 et en 2007, il a fait de l’Êlection prĂŠsidentielle une affaire très personnelle. Contrairement Ă 2002 et surtout 2007, son score est ÂŤ en dessous des attentes Âť. En 2007, il avait recueilli 6 820 119 voix (soit 18,57 % des suffrages exprimĂŠs ou 15,34 % des inscrits), ce qui ĂŠtait beaucoup plus qu’en 2002 : 1 949 170 voix (6,84 % des suffrages exprimĂŠs - 4,73 % des inscrits, voix auxquelles il convient d’ajouter les scores de la droite non gaulliste atomisĂŠe : 1 113 484 voix, soit 3,9 % pour Alain Madelin, et 339 112 voix, soit 1,2 % pour Christine Boutin).

Unique candidat centriste en 2012, il ne renoue pas avec la dynamique d’attraction prĂŠcĂŠdente : 3 275 349 de voix, soit 9,1 % des suffrages exprimĂŠs et 7,1 % des inscrits. De 2007 Ă 2012, on retrouve deux caractĂŠristiques de cet ĂŠlectorat qui perdurent et tĂŠmoignent de sa plasticitĂŠ et de sa fragilitĂŠ : indĂŠtermination et hĂŠsitation. Une semaine avant le scrutin, parmi les ĂŠlecteurs dĂŠclarant une intention de vote pour François Bayrou, 46 % d’entre eux disaient pouvoir en-

Deux caractĂŠristiques perdurent: hĂŠsitation et indĂŠtermination core changer d’avis au profit de JeanLuc MĂŠlenchon (4 %), François Hollande (15 %), Nicolas Sarkozy (12 %), Marine Le Pen (4 %) ou d’autres choix (Ifop, baromètre vague 8) ; le jour du scrutin, un ĂŠlecteur bayrouiste sur trois (32 %) a hĂŠsitĂŠ jusqu’au dernier moment (Ifop). En 2012, en revanche, François Bayrou capitalise ni les bĂŠnĂŠfices d’un vote antisystème, ni ceux d’un vote par dĂŠfaut liĂŠ Ă l’insatisfac-

tion de l’offre (rempart anti-Sarkozy/ dĂŠfiance anti-Royal). Il ne retrouve pas sa capacitĂŠ Ă capter un ĂŠlectorat ÂŤ hybride Âť, clĂŠ de son succès. L’Êlectorat de 2012 tend Ă se rĂŠtracter et Ă restaurer des caractĂŠristiques de la sociologie centriste : diplĂ´mĂŠ de l’enseignement supĂŠrieur, attirant les professions libĂŠrales et les cadres supĂŠrieurs, bien implantĂŠ chez les travailleurs indĂŠpendants et prĂŠsent chez les catholiques. Ă€ l’horizon du second tour, les ĂŠlecteurs bayrouistes se divisent en trois tiers : 33 % pour F. Hollande, 32 % pour N. Sarkozy et 35 % n’exprimant pas d’intention de vote (Ipsos). Ce partage illustre la fluiditĂŠ des choix au centre de l’Êchiquier politique et interroge la pĂŠrennitĂŠ de cet ĂŠlectorat. Quelle est la viabilitĂŠ du projet politique qui a contribuĂŠ Ă lui donner ses contours ? François Bayrou est-il prĂŞt, pour la 3e fois, Ă faire payer aux forces centristes le prix de rĂŠsultats asymĂŠtriques entre scrutin prĂŠsidentiel et scrutin lĂŠgislatif ou bien saura-t-il transformer son ĂŠchec en levier de recompositions, mais au profit de quel système d’alliances ? Le centrisme d’opposition peut-il retrouver une place dans la vie politique française ? â–

A

Le choix fait par le PC de ne pas avoir de candidat estampillÊ PC s’est rÊvÊlÊ payant


16 le figaro l cevipof

mardi 24 avril 2012 LE FIGARO

PrĂŠsidentielle

La participation n’a pas ĂŠtĂŠ affectĂŠe par la dĂŠfiance caractĂŠrisant le rapport des Français envers la classe politique. registrĂŠ un record d’abstentions pour une ĂŠlection prĂŠsidentielle. Toutefois, cette participation ĂŠlevĂŠe n’atteint pas les niveaux du dĂŠbut de la Ve RĂŠpublique, 84,7 % en 1965 ou encore 84,2 % en 1974. Elle se cale sur la moyenne de la participation enregistrĂŠe aux premiers tours des ĂŠlections prĂŠsidentielles qui se sont tenues jusqu’à prĂŠsent, soit 80,3 %. MalgrĂŠ les prĂŠvisions des dernières semaines de la campagne, et les incertitudes sur leur motivation Ă voter, le rendez-vous des Français avec le choix ĂŠlectoral a bien eu lieu. Ceux-ci ont voulu dire leur mot dans une pĂŠriode de crise ĂŠconomique et sociale majeure pour le pays.

ANNE MUXEL Directrice de recherches au Cevipof (CNRS/Sciences Po)

LA FORTE MOBILISATION des Français rompt le cycle marquĂŠ par des records d’abstentions Ă toutes les ĂŠlections intermĂŠdiaires du quinquennat depuis 2008. L’Êlection prĂŠsidentielle reste bien le scrutin prĂŠfĂŠrĂŠ des Français. Huit Français sur dix (81,5 %) ont exprimĂŠ un vote, c’est certes un peu moins qu’en 2007 (- 2,2 points), mais nettement plus qu’au premier tour de 2002 qui n’avait mobilisĂŠ que 71,6 % des ĂŠlecteurs et en-

Pas-de-Calais

Abstention 2012

SeineMaritime Calvados

16,9

Finistère CĂ´tes-d’Armor

15,8

14,3

Morbihan

15,5

18,2

19,1

Manche

18,5

21,1

23

19

15,7

Maineet-Loire

15,5

Loir-et-Cher Indre- 17,1 et-Loire

17,3

Indre

VendÊe Deux14,7 Sèvres Vienne

16,1

CharenteMaritime

18,1

Haute-SaĂ´ne

19,2

Allier

20,2

Haut-Rhin

20,6

16,8

Côte-d’Or

17

Nièvre

Les ĂŠlecteurs des forces centristes ainsi que ceux qui ne se reconnaissent plus dans la bipartition entre la gauche et la droite se sont moins mobilisĂŠs. 23 % des ĂŠlecteurs qui avaient votĂŠ pour François Bayrou en 2007 (-4,5 points), 22 % des ĂŠlecteurs se situant au centre (-3,5 points) et surtout 37 % de ceux qui ne se classent ni Ă

Bas-Rhin

Doubs Jura

17,2

Territoire de Belfort

18,9

17,7

16,8

15,2

Lot

13,9

Lot-etGaronne

RAPPEL 2007

16,7 Tarn-et-

Landes

Garonne

16,2

15

Gers

14,2

HauteGaronne

Hautes- 16,5 PyrĂŠnĂŠes

16,8

Ariège

15,7

14,7

15,9

16,8

Gard Vaucluse

17,1

Tarn

14,7

Abstention la plus forte Abstention la plus faible

Hautes-Alpes Ardèche Drôme 17,1

14,8

HĂŠrault

19,6

17,8

Alpes-deHaute-Provence

18

Bouchesdu-RhĂ´ne

Aude

16,5

PyrĂŠnĂŠes-Orientales

18,2

17

Var

EN % DES INSCRITS

20,6

AlpesMaritimes

Plus de 20,5

19,4

De 18 Ă 20,5 Haute-Corse

25,6

Corse-du-Sud Guadeloupe

47,4

Martinique

47,6

Guyane

54,9

RĂŠunion

34,4

Mayotte

51,1

Abstention

1ER TOUR DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Moyenne 16,23 %

15,5

Lozère Aveyron

gauche ni Ă droite (-18,5 points) sont restĂŠs en dehors de ce premier tour de scrutin (Sondage Jour du vote, Ipsos 1921 avril). Les rĂŠserves de voix pour le second tour sont sans doute Ă chercher au sein de ces segments de l’Êlectorat aux affiliations politiques plus brouillĂŠes. Pourtant largement diffusĂŠe dans les dernières annĂŠes, l’abstention critique, de nature politique, n’a pas affectĂŠ ce premier tour de scrutin. D’autres exutoires pour exprimer de la colère ou du mĂŠcontentement ont ĂŠtĂŠ trouvĂŠs. En revanche, l’abstention de nature sociologique est plus prĂŠsente. Le retrait de l’Êlection reste toujours plus marquĂŠ parmi les jeunes (26 % d’abstentions parmi les 18-24 ans et 25 % parmi les 25-34 ans). Les catĂŠgories populaires et les personnes connaissant des difficultĂŠs d’insertion socioĂŠconomique et professionnelle ont ĂŠgalement moins votĂŠ : on compte 28 % d’abstentionnistes parmi les ouvriers, 26 % parmi les chĂ´meurs, 33 % parmi les personnes gagnant moins de 1 200 euros par mois (Sondage Jour du vote, Ipsos 19-21 avril). La dĂŠfiance qui caractĂŠrise le rapport des Français envers la classe politique n’a donc pas affectĂŠ leur participation, mais elle s’est indĂŠniablement rappelĂŠe dans l’importance prise par les votes protestataires. L’issue du second tour qui s’avère serrĂŠ dĂŠpend de la façon dont ceux-ci vont se reporter sur les deux candidats restĂŠs en lice, mais aussi et surtout de leur remobilisation. â–

19,4

SaĂ´ne-et-Loire 16,4

Ain Haute-Savoie 18,9 Rhône 16,7 18,4 Loire Puy-de-Dôme Charente 15,5 17,5 Savoie 15,9 17,9 Isère Corrèze 16,9 17,4 14,6 Cantal Haute-Loire Dordogne

17,4

17,8

Cher

21,8

19,7

Yonne

19,6

Haute- Creuse Vienne 17,8

Gironde

PyrĂŠnĂŠesAtlantiques

Aube

19,3

20,1

Meurtheet-Moselle HauteVosges Marne 18

18,6

18,1

18

17,3

21

20,8 22,1

17,8

Moselle

18,1

Marne

Seine-etMarne

Yvelines

Val-deMarne

20,6

Meuse

Ille-etEssonne Vilaine Mayenne Sarthe Eure-et-Loir Loiret 15,4 15,6

LoireAtlantique

20,6 19,9 22,5

Aisne Ardennes

19,4

Oise 19 Val-d’Oise

Eure

16,9

Orne 16,7

Hauts26,5 de-Seine Paris

22,1

Somme

Les Êlecteurs de gauche comme de droite ont donc rÊpondu à l’appel des urnes. Les premiers espÊrant le changement et le rendant possible. Les seconds cherchant au contraire à l’empêcher et misant sur la reconduite, avec le prÊsident sortant, d’une politique jugÊe positive pour la France. On ne note pas d’abstention diffÊrentielle entre la gauche et la droite. Toutefois, ce premier tour de scrutin a aussi mobilisÊ des Êlecteurs porteurs d’un mÊcontentement et d’une contestation et optant pour des choix plus radicaux en votant soit pour le candidat du Front de gauche, soit, et ce sont les plus nombreux, pour la candidate du Front national.

Les ĂŠlecteurs des forces centristes ainsi que ceux qui ne se reconnaissent plus dans la bipartition entre la gauche et la droite se sont moins mobilisĂŠs

SeineSt-Denis

Nord

20,1

1ER TOUR DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Moyenne 20,53 %

Dès l’automne, la primaire socialiste avait suscitĂŠ une mobilisation significative des ĂŠlecteurs de gauche, et plus largement la curiositĂŠ d’un nombre important de Français. Cet intĂŠrĂŞt pour la bataille ĂŠlectorale qui s’engageait alors s’est maintenu tout au long d’une campagne pourtant longue et ne se fixant sur aucun thème organisateur ou fĂŠdĂŠrateur. De façon constante, plus des deux tiers des Français (71 % en janvier et encore 67 % en avril, Ifop) ont dĂŠclarĂŠ leur intĂŠrĂŞt pour la campagne prĂŠsidentielle. Ă€ l’approche du scrutin, parmi les raisons d’aller voter, un Français sur deux mettait en avant l’importance de l’enjeu de l’Êlection prĂŠsidentielle pour la France. (Sondage Jour du vote, Ipsos 19-21 avril)

25,8

11

De 16 Ă 18 Moins de 16 Infographie LE FIGARO Source : Ministère de l’IntĂŠrieur

53,7

Les soutiens de Bayrou sont dans la position avantageuse de ÂŤ faiseurs de prĂŠsident de la RĂŠpublique Âť le 6 mai. PASCAL PERRINEAU

A

Directeur du centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof)

POUR CONSTRUIRE une victoire de second tour, il est utile de rĂŠunir plusieurs ingrĂŠdients. Le premier est de virer en tĂŞte au premier tour. Avec 28,6 % des suffrages, c’est le cas pour François Hollande qui, cependant, ne parvient pas Ă ÂŤ dĂŠcoller Âť vĂŠritablement Nicolas Sarkozy (27,1 %). Le diffĂŠrentiel qui les sĂŠpare est un des plus tĂŠnus que l’on ait pu observer sous la Ve RĂŠpublique. Remporter la première place n’est pas Ă coup sĂťr une assurance de victoire au second : ValĂŠry Giscard d’Estaing l’a dĂŠcouvert en 1981, Lionel Jospin en 1995. Mais la lĂŠgère avance de François Hollande est importante dans la mesure oĂš elle accentue l’impossibilitĂŠ de Nicolas Sarkozy, en tant que prĂŠsident sortant, Ă s’imposer au premier rang, ce que Giscard, Mitterrand et Chirac avaient rĂŠussi Ă faire en 1981, 1988 et 2002. Le deuxième ingrĂŠdient rĂŠside dans le niveau des ÂŤ rĂŠserves ĂŠlectorales Âť dont dispose chacun des deux candidats. Les cinq candidats de gauche ont attirĂŠ 43,8 % des ĂŠlecteurs. Les reports

des ĂŠlecteurs de Jean-Luc MĂŠlenchon, d’Eva Joly, de Philippe Poutou et de Nathalie Arthaud sur le candidat socialiste devraient ĂŞtre ĂŠlevĂŠs comme ils l’ont ĂŠtĂŠ, la plupart du temps, sous la Ve RĂŠpublique. La ÂŤ gauche de la gauche Âť est très soluble dans l’alcool de la gauche : 86 % des ĂŠlecteurs de MĂŠlenchon interrogĂŠs par Ipsos au soir du premier tour dĂŠclarent leur intention de voter en faveur de François Hollande. Mais bien sĂťr, le rassemblement des ĂŠlecteurs de gauche ne suffira pas Ă assurer une victoire car, avec moins de 44 % des suffrages, la gauche ĂŠlargie Ă l’Êcologie est loin des niveaux atteints en 1981 (50,7 %) et 1988 (49 %), Ă l’aube des deux victoires de François Mitterrand. Les trois candidats des droites (Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan) rassemblent 47,1 % des suffrages, soit un total supĂŠrieur de plus de trois points Ă celui des gauches. Cependant, depuis de longues annĂŠes, le report des voix de l’Êlectorat lepĂŠniste sur le candidat de droite arrivĂŠ en tĂŞte au premier tour connaĂŽt des ratĂŠs : il oscille entre 51 % en 1995 et 69 % en 2007. Ă€ l’issue du premier tour, les intentions de vote des ĂŠlecteurs de Marine Le Pen en faveur de Nicolas Sarkozy se montent Ă 60 %. MĂŞme si elles s’amĂŠliorent tout

au long de la campagne de l’entredeux-tours, elles ne rĂŠussissent pas Ă elles seules Ă faire passer la barre des 50 % Ă Nicolas Sarkozy. Reste donc la question dĂŠcisive de l’Êlectorat centriste qui, entre des gauches Ă 43,7 % et des droites Ă 47,1 %, retrouve un rĂ´le clef dans la perspective du second tour. Avec 9,1 % des voix, François Bayrou enregistre un ĂŠchec mais place ses soutiens dans la position avantageuse de ÂŤ faiseurs de prĂŠsident de la RĂŠpublique Âť.

Une campagne nouvelle s’ouvre et le rĂŠsultat du 6 mai n’est pas encore inscrit dans le marbre puisque 19 % des ĂŠlecteurs n’ont pas encore fait un choix dĂŠfinitif En effet, selon les tropismes que ces ĂŠlecteurs mettront en Ĺ“uvre dans les deux semaines qui viennent, Hollande sera ĂŠlu ou Sarkozy l’emportera. Pour l’instant, la situation est favorable au candidat socialiste puisque les ĂŠlecteurs de François Bayrou, interrogĂŠs par Ip-

sos, sont très touchĂŠs par la tentation abstentionniste (35 %) et rĂŠpartissent ĂŠgalement leurs prĂŠfĂŠrences entre François Hollande (33 %) et Nicolas Sarkozy (32 %). Si la campagne de l’entre-deuxtours ne parvient pas Ă ÂŤ dĂŠplacer les lignes de partage Âť de l’Êlectorat centriste, le candidat socialiste l’emportera. C’est ce que mesuraient, au soir du premier tour, les sondages d’intentions de vote annonçant François Hollande Ă 54 % au second tour. Toutefois, une campagne nouvelle s’ouvre et le rĂŠsultat du 6 mai n’est pas encore inscrit dans le marbre puisque 19 % des ĂŠlecteurs n’ont pas encore fait un choix dĂŠfinitif. Dans l’histoire des reports centristes sur le candidat de droite, les comportements ont beaucoup variĂŠ : 92 % des ĂŠlecteurs de Bayrou ont choisi Jacques Chirac en 2002, ils n’Êtaient que 45 % Ă choisir le gĂŠnĂŠral de Gaulle en 1965 et encore moins (36 %) Ă faire de mĂŞme pour Nicolas Sarkozy en 2007. Si les reports restent mĂŠdiocres pour Nicolas Sarkozy, la perspective d’une victoire de second tour pour le prĂŠsident sortant se referme. En revanche, si les reports s’amĂŠliorent et montent vers le haut de la fourchette, une victoire courte du type de celle que ValĂŠry Giscard d’Estaing avait emportĂŠe en 1974

redevient possible. Le candidat de droite avait alors franchi la barre des 50 % (50,8 %) en faisant la dĂŠcision par moins de 500 000 voix contre François Mitterrand qui avait rassemblĂŠ pourtant au premier tour plus de 47 % des voix. Le dernier ingrĂŠdient d’une victoire de second tour peut venir de la mobilisation des abstentionnistes du premier tour. Un ajout d’abstentionnistes du premier tour peut venir au secours du prĂŠsident sortant. En gĂŠnĂŠral, sous la Ve RĂŠpublique, la participation augmente d’une moyenne de 3 points d’un tour Ă l’autre. Souvent, la mobilisation est neutre et les deux candidats en profitent ĂŠgalement comme ce fut le cas, en 2007, pour SĂŠgolène Royal et Nicolas Sarkozy. Parfois, la mobilisation donne un coup de pouce Ă l’un des deux compĂŠtiteurs, et François Mitterrand en bĂŠnĂŠficia en 1981. Le profil des abstentionnistes du premier tour tel qu’il a ĂŠtĂŠ saisi par Ipsos montre que ces derniers sont particulièrement nombreux chez les ĂŠlecteurs proches du centre et chez ceux qui ne se sentent ÂŤ ni de gauche, ni de droite Âť. Il y a lĂ , peut-ĂŞtre, pour le prĂŠsident sortant une rĂŠserve qui ne sortira de sa rĂŠserve que pour de bonnes et fortes raisons avancĂŠes dans les douze jours qui viennent. â–


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