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mardi 24 avril 2012 LE FIGARO
Présidentielle
!"#$%&' (&)*$+, -&)./ ./ 0$)1' '$21"/3' Les travailleurs indépendants et les seniors constituent toujours son socle électoral.
défendre son bilan, après avoir mécontenté non seulement à gauche et au centre mais aussi dans son propre camp. Au soir du premier tour, Nicolas Professeur à Sciences Po Sarkozy n’arrive qu’en seconde position Grenoble avec 27,2 % des suffrages contre 28,6 % à François Hollande. Le président sortant est donc devancé de 1,4 point par le LORS DE LA PRÉCÉDENTE élection préprincipal candidat de la gauche et il résidentielle, Nicolas Sarkozy était perçu gresse de 4 points par rapport à 2007. comme un candidat nouveau. Il avait Il n’a pas réussi à véritablement reconstruit son image de présidentiable au mobiliser tout son électorat d’alors. Seministère de l’Intérieur, puis en prenant lon le sondage TNS Sofres avec Sciences le contrôle de l’UMP et en se démarpo Bordeaux, Grenoble et Paris pour TF1 quant fortement du président Jacques et Métro, 72 % de ses électeurs de 2007 Chirac et du Premier ministre Dominiauraient à nouveau voté pour lui, 15 % que de Villepin. Président sortant, il a dû d’entre eux lui préférant Marine Le Pen. Seine21,9 Nicolas Sarkozy avait adopté une St-Denis Nord Pas-de-Calais stratégie pour rejouer le siphonnage 19,5 24,7 PParis aariris du FN. Gagnante en 2007, celle-ci a HautsSomme cette fois échoué : il ne récupère de-Seine 35 32,2 23,9 26,6 26 Seineque 7 % de l’électorat de Jean-Marie Aisne Ardennes Val-deMaritime Le Pen. Le haut niveau du Front natio24,2 24,4 Marne 25 Oise 26,6 nal s’explique par un contexte de vote Moselle Meuse Val-d’Oise sanction à l’égard du président sorManche Calvados Eure 25,9 26,6 Marne 26,3 26 tant dont 58 % des électeurs désap28,8 27,3 27,8 24,2 Bas-Rhin as hi 29,9 34,3 Seine-etprouvent le bilan. Les résultats par MeurtheMarne elin ines Yvelines 33,6 Orne 29,6 Finistère départements montrent bien que les et-Moselle Côtes-d’Armor 25,5 27,3 29,4 Essonne 24,5 Aube terres de fortes pertes sarkozystes Ille-etHaute23,9 Vosges Eure-et-Loir Vilaine Mayenne Marne 30,3 sont celles où Marine le Pen réalise 25,3 Haut- ses meilleures progressions. Le présiLoiret 30,7 Sarthe 28 26 Morbihan 31,9 Yonne Rhin dent Nicolas Sarkozy perd par exem26,4 29,3 28,2 Haute-Saône Loir-et-Cher 27,6 LoireMaineple 6,7 points dans les Bouches-du25,2 Côte-d’Or Atlantique et-Loire Indre- 28,4 Rhône, département où la candidate Territoire 28,6 26,1 29,9 et-Loire Doubs Cher Nièvre 28,2 de Belfort du Front National progresse de 28,5 25 13,6 points. 22,5 Jura 23,9
PIERRE BRÉCHON
Nicolas Sarkozy 2012
Indre
Vendée Deux32,9 Sèvres Vienne
25
CharenteMaritime
1 TOUR DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Moyenne 27,18 % ER
28,1
24,2
Charente
22,9
Gironde
21,6
25,3 Tarn-etGaronne
Landes
24,6
25,1
Gers
PyrénéesAtlantiques
24,1
HauteGaronne
Hautes- 22,8 23,7 Pyrénées Ariège 20,4 18,7
Guadeloupe
23,4
Cantal
28,6
Lot
21,4
Lot-etGaronne
Martinique
26,3
Ain Rhône 30,4
25,1
21,4
Corrèze
Dordogne
26
Puy-de-Dôme Loire 30,8
19,8
Aveyron
25,5
Haute-Loire
24,4
Isère
25
Haute-
34,1 Savoie
RAPPEL 2007
Savoie
1ER TOUR DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Moyenne 31,18 %
28,6
23,8
26,1
AlpesAlpes-deMaritimes Haute-Provence Gard Vaucluse 25,5 37,2
27,8
24,9 Hérault
27,4
27,5
25,3
Bouchesdu-Rhône
Aude
21,6
Var
31
27,2
18
Mayotte
48,8
EN % DES SUFFRAGES EXPRIMÉS
De 27,2 à 31 HauteCorse rse
25,3
Réunion
Nicolas Sarkozy
Plus de 31
34,8
Pyrénées-Orientales
Guyane
L’image de Nicolas Sarkozy est moins bonne en 2012 qu’il y a cinq ans. S’il reste logiquement celui qui est crédité de la plus forte aptitude à la fonction présidentielle, il est aujourd’hui beaucoup moins porteur d’une dynamique de changement et est davantage jugé comme éloigné des problèmes des gens. Nicolas Sarkozy garde des soutiens très forts parmi les travailleurs indépendants (36 % contre 39 % en 2007) et chez les personnes de 65 ans et plus : 43 % d’entre elles disent avoir voté pour lui, soit un score très voisin de celui de 2007. C’est au fond le seul électorat qui ne sanctionne pas le président sortant. Selon son habitude, cet électorat est nettement plus conformiste que les autres et continue à faire largement confiance à Nicolas Sarkozy pour diriger le pays. ■
Meilleur score Score le plus faible
Hautes-Alpes Ardèche Drôme 26,1
Lozère
Tarn
23,3
Gagnante en 2007, la stratégie de siphonnage du vote FN n’a pas aussi bien fonctionné au premier tour
Saône-et-Loire 25,8
24
Haute- Creuse Vienne 22,2
23,1
24,8
Allier
24,5
Ce vote sanction est particulièrement fort en milieu populaire. Toujours d’après TNS Sofres, Nicolas Sarkozy ne recueille que 15 % du vote ouvrier et 21 % du vote employé. En 2007, il faisait de meilleurs scores en milieu populaire (21 % chez les ouvriers et 29 % chez les employés d’après Ipsos le jour du vote). Il perd donc 6 points chez les premiers et 8 chez les seconds. Alors que Marine Le Pen monte à un niveau record de 35 % chez les ouvriers et 23 % chez les employés, soit des gains de 12 et de 9 points.
Corsedu-Sud 31,8
43,6
De 23 à 27,2 Moins de 23
21,9
Infographie LE FIGARO Source : Ministère de l’Intérieur
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GIANCARLO GORASSINI/ABACAPRESS.COM
La lutte contre l’immigration clandestine singularise fortement les électeurs de Marine Le Pen. JÉRÔME FOURQUET
«
À droite et au centre, l’enjeu prioritaire, et de loin, a été la réduction de la dette publique (76 % de citations dans l’électorat de Nicolas Sarkozy et 69 % dans celui de François Bayrou
»
A
JÉRÔME FOURQUET
Directeur du département opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop
LES RÉSULTATS des sondages réalisés le jour du vote permettent de mieux cerner le climat dans lequel s’est déroulé ce premier tour de l’élection présidentielle. Les événements de Toulouse et Montauban n’ont pas modifié la hiérarchie des préoccupations des Français qui était dominée depuis de longs mois par les thématiques économiques et sociales. Ces questions constituent en effet les enjeux qui ont le plus compté pour les Français au moment de voter. Si la lutte contre le chômage (38 % de citations) et la hausse des salaires et du pouvoir d’achat (35 %) ont, comme en 2007, occupé une place centrale dans les préoccupations des Français, le thème de la réduction de la dette publique (42 %), assez faiblement cité à l’époque, se situe aujourd’hui au cœur des préoccupations, crise de l’euro oblige. On retrouve ensuite à un niveau
moindre mais néanmoins non négligeable la lutte contre l’immigration clandestine (28 %), l’éducation (25 %), la lutte contre la délinquance (20 %) et la lutte contre la précarité (18 %). En bas de tableau des motivations de vote, la protection de l’environnement n’a constitué un enjeu prioritaire que pour 6 % des électeurs. Ce reflux de la préoccupation environnementale en période de crise économique n’est pas pour rien dans les difficultés rencontrées par la campagne d’Eva Joly. Cette hiérarchie des préoccupations varie très fortement selon les électorats. La question de l’emploi apparaît ainsi comme la principale motivation des électeurs de François Hollande (48 % de citations) suivie par l’éducation et le pouvoir d’achat (43 % pour ces deux sujets). Avec 67 % de citations, ce thème du pouvoir d’achat a constitué la priorité des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (dont l’une des principales propositions était l’augmentation du smic à 1 700 euros par mois) devant la lutte contre le chômage (47 %). À droite et au centre, l’enjeu prioritaire, et de loin, a été la réduction
de la dette publique (76 % de citations dans l’électorat de Nicolas Sarkozy et 69 % dans celui de François Bayrou, contre seulement 31 % dans celui du candidat socialiste). Ces deux électorats apparaissent donc proches sur ce thème central pour eux, ils divergent en revanche concernant leur seconde priorité : le chômage (41 % de citations) pour les soutiens de François Bayrou contre la lutte contre l’immigration clandestine (45 %) dans l’électorat sarkozyste, qui ne place la question du chômage qu’en troisième position (34 %). Les électeurs de Marine Le Pen, quant à eux, se distinguent de tous les autres électorats par une très forte sensibilité à la question de la lutte contre l’immigration clandestine, qui est citée par 77 % d’entre eux (soit un écart de près de 50 points par rapport la moyenne des Français) et à la lutte contre la délinquance (54 % de citations, soit 34 points de plus que la moyenne). Signe du poids important des catégories populaires dans cet électorat frontiste, le sujet du pouvoir d’achat se place en troisième position des priorités des sympathisants frontistes (31 % de citations). ■