Espace public : appropriation citoyenne et occupation temporaire.

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Faculté d'Architecture et d'Urbanisme UMONS

TRAVAIL DE FIN D'ÉTUDE EN VUE DE L'OBTENTION DU MASTER EN ARCHITECTURE Sous la direction de Kristel Mazy

ESPACE PUBLIC : APPROPRIATION CITOYENNE ET OCCUPATION TEMPORAIRE Continuité ou rupture par rapport à l'héritage moderne ?

COLOMBO CHLOÉ Juin 2018


Illustration page de garde : Jeux pour enfant sur la place Marie Janson, Saint-Gilles Photo personnelle de COLOMBO ChloĂŠ, Saint-Gilles, 5 mai 2018




Université de Mons Faculté d'Architecture et d'Urbanisme

TRAVAIL DE FIN D'ÉTUDE EN VUE DE L'OBTENTION DU MASTER EN ARCHITECTURE Sous la direction de Kristel Mazy

ESPACE PUBLIC : APPROPRIATION CITOYENNE ET OCCUPATION TEMPORAIRE Continuité ou rupture par rapport à l'héritage moderne ?

COLOMBO CHLOÉ Juin 2018



FICHE ÉVALUATION Titre de l’ouvrage :

ESPACE PUBLIC : APPROPRIATION CITOYENNE ET OCCUPATION TEMPORAIRE

Continuité ou rupture par rapport à l'héritage moderne ?

Nom et prénom de l’auteur : COLOMBO Chloé Date : 18 mai 2018 Notation du texte écrit : Remarques :



RÉSUMÉ

Le mémoire porte sur l’occupation temporaire de l'espace public, un type

de production architecturale et urbaine qui se déploie actuellement en Amérique et en Europe, comme l'émergence d'une conception alternative. Les espaces publics ont profondément été transformés par des principes modernes qui seront vivement critiqués à partir des années 1960 avec l'arrivée des sciences sociales. Cette recherche montre que la crise de l'espace public permet une remise en cause des planifications top-down qui peuvent aboutir à des espaces inadaptés aux habitants. L'émergence d'initiatives citoyennes de réappropriation de l'espace public depuis le début du XXème illustre la capacité des habitants à agir afin de rendre la ville à échelle humaine. Même si la participation citoyenne est évoquée par les pouvoirs publics, elle reste aujourd'hui encore minoritaire. Dans un contexte de compétition internationale, les villes souhaitent devenir attrayantes auprès des investisseurs ou touristes grâce à des espaces publics qualitatifs mais non compatibles avec les personnes « indésirables ». Certains architectes se regroupent dans des collectifs pluridisciplinaires qui prônent une fabrique bottom-up par l'intégration de la maîtrise d’usage comme acteur légitime. Ils utilisent l'éphémère comme l'expérimentation de nouveaux aménagements qui révèlent le potentiel de lieux sous-exploités. Depuis les années 2000, ces pratiques s’institutionnalisent et certains perdent en dynamisme et autonomie. C'est pourquoi ces nouveaux modes de fabrique devraient rester alternatifs : il s'agit d'un véritable laboratoire détournant les règles mais aboutissant avec les habitants à un aménagement qui répond à leurs attentes.



REMERCIEMENTS

Je tiens tout d'abord à remercier ma promotrice Madame Kristel Mazy pour la

pertinence de son suivi ainsi que pour l'aide qu'elle m'a apportée lors de l'élaboration de ce travail. Je remercie aussi Monsieur Damien Darcis pour avoir apporté un nouveau regard et des conseils intéressants sur ce mémoire.

Je souhaite remercier également toutes les personnes que j'ai rencontrées au

cours de mes recherches pour le temps qu'elles m'ont accordé et l'intérêt qu'elles ont porté pour mon sujet. Leurs regards honnêtes et leurs expériences m'ont permis de mieux comprendre les enjeux de l'occupation temporaire. Dans l'ordre de rencontre, je remercie Cécile Caffier de Toestand, Anne de Cannière du service espace public de la commune de Saint-Gilles, Sébastien Dechamps de la cellule contrat de quartier durable et Delphine Neveux attachée spécifique des marchés publics à la commune de Gerpinnes ainsi que les habitants de Saint-Gilles qui ont acceptés de répondre à mes questions.

Je remercie particulièrement Quentin Roussel pour son soutien et son

encouragement tout au long de cette dernière année ainsi que pour avoir été un excellent relecteur et m'avoir donné des conseils d'écriture et de méthodologie.

Je souhaite aussi remercier mes parents qui m'ont donné l'opportunité de faire

mes études et qui m'ont soutenue pendant ces 5 dernières années.

2


Fig. 1 : Participation à la 3ème édition du SPOT au printemps 2017 à Québec. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Québec, 20 mai 2017

Fig. 2 : Créés par le collectif La Pépinière à la demande de la ville de Montréal, les jardins Gamelins proposent un aménagement éphémère pour la place Emilie Gamelin pendant cinq mois. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Montréal, 20 mai 2017

3


AVANT PROPOS Lors de ma première année de master, j’ai eu l’occasion de partir en échange international à l’école d’architecture de l’Université Laval de Québec au Canada. Dans ce cadre, j’ai pu m’impliquer personnellement dans la création d'une place publique éphémère : le SPOT (Sympathique place ouverte à tous). C'est une initiative étudiante qui vise à créer un espace éphémère le temps d’un été. Le projet associe des architectes et des étudiants, afin de concevoir une série d’équipements qui vont permettre au lieu de fonctionner pendant plusieurs mois. Fin mai, pendant trois semaines, le SPOT commence à prendre vie. Chaque équipe et des bénévoles construisent les installations pour finalement créer cette place publique éphémère. Pendant les deux mois d’utilisation, de nombreuses activités gratuites sont organisées pour faire vivre le lieu : cours de yoga, concerts, marché de fruits et légumes, jeux de société, expositions, théâtre d’improvisation… Tout cela est possible grâce à l’implication des étudiants bénévoles qui entretiennent le lieu, tiennent le bar à tour de rôle, et assurent la gestion générale de la place. C'est la première fois que j'ai eu la possibilité de concevoir, réaliser et vivre un projet du début à la fin. Lors d’une visite à Montréal, j’ai aussi pu découvrir d‘autres interventions éphémères comme les Jardins Gamelin réalisés par les architectes de La Pépinière. Située en plein centre-ville, la dalle de béton de ce grand square est réaménagée afin d’accueillir pendant cinq mois un bar, un potager urbain, une scène et un espace de jeux. C'est un lieu accessible à tous, fabriqué à partir de matériaux recyclés : palettes, tasseaux en bois, panneaux polycarbonate, mobiliers légers... Durant une saison, beaucoup d'activités y sont proposées : concerts, piques-niques, jeux, ateliers jardinage... Après de rapides recherches, je me suis rendu compte qu'il existait une multitude d’opérations similaires à plus ou moins grande échelle au Canada, aux États-Unis et quelques unes en Europe. Cela peut aller de la simple table de pique-nique déposée dans une friche par deux personnes, à la création d’une place temporaire réalisée par un collectif constitué de dizaines de personnes avec des subventions publiques.

J'ai découvert une nouvelle facette du métier d'architecte que l'on n'apprend pas à

l'Université. Après avoir réalisé un stage en agence lié à cette problématique, je m'interroge sur ma future pratique professionnelle. J'ai donc choisi l'occupation temporaire des espaces publics comme sujet de recherche pour ce mémoire. Il s'agit dans un premier temps de mieux comprendre le processus de conception ainsi que l'avenir de ces espaces, puis dans un second temps d’interroger l’éventuelle mise en branle du processus de planification. 4


TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION

8

CHAPITRE 1 : LA CONCEPTION DE L'ESPACE PUBLIC TRANSFORMÉE PAR LE TOURNANT DE L'IDÉOLOGIE MODERNE 1.1_ La notion d‘espace(s) public(s)

13 14

1.2_ La Charte d’Athènes de 1933 : un texte décisif

15

1.3_ Les premières critiques de l‘espace public moderne

17

CHAPITRE 2 : LA CONCEPTION CONTEMPORAINE DE L'ESPACE PUBLIC : CONTINUITÉ OU RUPTURE AVEC L'HÉRITAGE MODERNE

21

2.1_ Des espaces publics au cœur de l'actualité : des mutations en

écho ou en rupture des idées modernes

22

2.1.1_ Mons : le déclin d'un centre-ville au profit des périphéries

22

2.1.2_ Euralille : une conception moderne des espaces publics 2.1.3_ Copenhague : une ville à « échelle humaine »

26 28

30

2.2_ Des espaces publics toujours plus attractifs : un enjeu commun

2.2.1_ Une compétition territoriale des villes

2.2.2_ Une politique d'exclusion des « indésirables »

30 34

2.3_ Des « procédés traditionnels » toujours d‘actualité ? 2.3.1_ Une procédure administrative top-down 2.3.2_ La participation citoyenne au cœur des nouvelles

38 39

41

5

démarches de conception 2.3.3_ Un avenir incertain pour les grands projets urbains

42


CHAPITRE 3 : L’OCCUPATION TEMPORAIRE : UNE ALTERNATIVE À LA PRATIQUE URBAINE ?

47

3.1_ Une appropriation citoyenne des espaces publics 3.1.1_ Redonner à l‘espace public une échelle humaine et de nouveaux usages 3.1.2_ Réappropriation des espaces publics « stériles »

48

57 57 57 58

3.2_ L’émergence d‘une fabrique de la ville alternative 3.2.1_ Des planifications top-down vers une conception bottom-up 3.2.2_ L’éphémère dans l'espace public. 3.2.3_ Philosophie des nouveaux acteurs

48 54

3.3_Variation des processus d'occupation temporaire par les nouveaux acteurs 62 3.3.1_ Une occupation spontanée et locale 62 3.3.2_ Une occupation auto-portée 64 3.3.3_ Une occupation en association avec des habitants 66 3.3.4_ Une occupation sous mandat du pouvoir public ou privé 69

3.4_ ÉTUDE DE CAS : l'occupation temporaire de la place Marie Janson en complément des démarches de planification traditionnelles 3.4.1_ Une occupation au cœur de Saint-Gilles 3.4.2_ Dans un processus de conception top-down 3.4.3_ Philosophie et valeurs de Toestand 3.4.4_ Une planification de l’intervention en quatre étapes 3.4.5_ Changement de perception de la place Marie Janson 3.4.6_ Des interventions festives et variées pour Marie Moskou 3.4.7_ Des acteurs divergents 3.4.8_ Un impact incertain dans la conception de l’aménagement définitif 3.4.9_ Une expérience mitigée

76 78 80 81 82 86 88 100 102 104

CONCLUSION

110

BIBLIOGRAPHIE

113

TABLES DES ILLUSTRATIONS

119

ANNEXES

123 6


Participation Usager Fabrique de la ville Collectifs Architectes

Éphémère Espace public Festive

Appropriation

Transitoire

Expérimenter

Citoyens

Ludique Nouvelle méthode de conception

Fig. 3 : Mot clés autour de la notion de l'occupation temporaire. Source : COLOMBO (Chloé), Mons, 10 janvier 2018

7


INTRODUCTION

0.1_ Origines et déclinaison du questionnement.

Le point de départ de cette étude est la fréquentation de nombreuses places

publiques éphémères lors de mon échange international au Québec, et surtout mon implication dans la conception puis la construction de l'une d'elles. Jusqu'à cette découverte, j’associais uniquement l’occupation temporaire de l'espace public à une activité événementielle (marché, festival de musiques, foires...). Je ne pensais pas que ce type d'installation pouvait être une véritable pratique architecturale et urbaine pour les professionnels. C'est ce qui m'a d'abord conduit au choix de cette thématique comme sujet de recherche afin de comprendre les raisons de l'émergence de ce type d'espaces.

Les deux urbanistes américains Mike Lydon et Anthony Garcia proposent dans

Tactical Urbanism, short term action for long-term change une définition de l’urbanisme tactique comme « étant la construction ou l'activation d’un quartier par des moyens à court terme, économiques et à une échelle locale.»1 Ils présentent également des projets américains correspondant à ces critères et établissent des liens historiques. Parmi ces actions, certaines ne sont pas menées par des professionnels mais sont des initiatives citoyennes spontanées qui aboutissent à de réelles transformations de la ville.

Dans l'ouvrage collectif Urban Catalyst : The power of tempory use les auteurs

nous informent sur les différentes typologies et « les potentiels de l'occupation temporaire comme moteurs de transformation urbaine »2 à travers des exemples européens autant architecturaux qu'urbanistique qui remettent en cause les « méthodes traditionnelles de développement »3.

Ces deux ouvrages de référence ne sont pourtant pas disponibles en français. De

cette manière, il est intéressant de souligner que de nombreuses sources abordent la question de l'occupation temporaire dans les bâtiments vacants et les friches privées, mais j’ai constaté qu’il existe peu d'écrits francophones traitant spécifiquement de l’occupation temporaire de l’espace public. Ces pratiques émergentes et au cœur de l'actualité ne semblent pas encore avoir fait l'objet de recherches scientifiques.

1 2 3

Lydon (Mike), Garcia (Anthony), Tactical Urbanism, Short-term Action for Long-term Change, Washington, Island Presse, 2015, p 2 Oswalt (Philipp), Overmeyer (Klaus), Misselwilz (Philipp), Urban Catalyst : The power of temporary use, Berlin, Dom Publishers, 2013, p. 5, Ibidem

8


Mes expériences de mise en œuvre du SPOT et d’utilisation de places éphémères

amènent à me questionner sur une conception alternative de la ville. Ces nouveaux lieux portés par la notion d’éphémère sembleraient, à première vue, reconnecter les habitants entre eux et à leur environnement quotidien en révélant le potentiel de sites urbains délaissés ou sous-utilisés (la venelle, le square, l’intersection, le trottoir, la rue, le parvis, la place, le quartier…). Ces espaces qui se multiplient dans les grandes villes depuis quelques années, réel besoin citadins de lieux conviviaux et insolites pour profiter du beau temps ou effet de mode, sont conçus par des collectifs d'architectes ou de paysagistes. Cependant, les ouvrages présentés précédemment semblent montrer que les occupations temporaires peuvent aussi émaner directement des citoyens. Surtout cette pratique alternative aux démarches de planifications traditionnelles ne serait pas récente mais s'inscrirait en continuité d'anciennes initiatives alors avantgardistes. Celles-ci émergeraient en réaction aux espaces publics modernes qui ne seraient pensés que selon des principes fonctionnalistes pas adaptés aux besoins des habitants. A travers ce mémoire de recherche il s'agit donc de questionner les origines d'une pratique urbaine contemporaine.

Ces expériences et ces observations amènent à interroger certains présupposés

constituant les hypothèses de recherche de ce mémoire. - Les idéologies modernes sembleraient avoir profondément modifié la physionomie des espaces publics, ce qui aurait encore des conséquences aujourd'hui. Les espaces publics contemporains sembleraient être pensés en continuité de cet héritage moderne, c'est-à-dire que leur conception serait encore réservée aux politiques et aux professionnels, limitant ainsi toute participation citoyenne. - Au contraire, l’éphémère serait une nouvelle manière de penser l'espace public en phase avec les usages réels, tout en impliquant les citoyens dans la conception voire la construction. Cela offrirait la possibilité d’expérimenter différents aménagements grâce à des installations légères et économiques. - L'occupation temporaire des espaces publics remettrait donc en cause les planifications traditionnelles en étant moins soumise aux contraintes administratives. Ce serait ainsi l'émergence d'une conception alternative portée par des nouveaux acteurs qui redéfiniraient les métiers de l'architecte, de l'urbaniste et du paysagiste qui ont longtemps été perçus comme élitistes et réservés à une certaine classe sociale. 9


Ce mémoire de recherche tend donc à répondre à une série de questions

inhérentes au sujet : quelles sont les conséquences des idées modernes sur la conception contemporaine des espaces publics ? Quel a été le contexte d'émergence des espaces publics éphémères ? L'occupation temporaire des espaces publics est-elle une pratique alternative ou complémentaire aux « démarches traditionnelles » de planification ? Ces nouvelles pratiques urbaines sont-elles un moyen de repenser la ville en impliquant les citoyens dans la conception afin de répondre au mieux aux usages qu'ils attendent ? Quels sont les nouveaux processus et métiers liés à l'occupation temporaire ? 0.2_ Méthodologie

L'étude de sources variées permet de répondre à ces problématiques. Grâce à

la consultation de la base de données Archirès, il est possible de croiser les fonds des bibliothèques universitaires de Mons et de l'école d'architecture et de paysage de Lille afin de cibler des revues architecturales et des ouvrages théoriques abordant le thème de l'espace public. Cela permet d‘étudier son évolution en particulier avec l'influence des principes modernes fonctionnalistes repris dans la Charte d‘Athènes ainsi que les grandes critiques faites par le sociologue français Henri Lefebvre, la philosophe américaine en architecture Jane Jacobs, le paysagiste français Denis Delbaere ou encore l'architecte et urbaniste danois Jan Gehl.

Vient ensuite l'examen de thèses et articles universitaires via les portails des

sciences humaines et sociales Cairn.info, Openedition.org, ou métropolitiques.eu pour approfondir les recherches sur la conception de ces occupations traitant de thème spécifique ou des études de cas.

Afin d'illustrer le cadre théorique de cette recherche, la constitution d'un corpus

de réalisations le plus large possible est pertinent pour aborder de manière pratique l'ensemble de ces questions. Face à la longue liste de projets d'occupation temporaire, une sélection est faite4 dans un premier temps suivant des expériences personnelles à Québec et Montréal puis suivant le type de processus de conception (initiatives citoyennes, projets auto-portés par des collectifs...) ainsi que selon des critères géographiques. Une telle étude exige donc la mise en place d'une revue de presse en ligne à travers des médias généralistes belges (RTBF, L'Avenir), français (Le Monde, La Voix du Nord), québécois (La Presse, Le Soleil) mais aussi l'exploitation de sources plus directes avec 4

Voir annexe 8 :Analyses de cas d'occupations temporaires

10


la consultation des sites internet des collectivités publiques (régions, villes, quartiers), acteurs privés, agences et collectifs d'architectes, associations d'habitants, événements (expositions, interventions artistiques, workshops, colloques) du corpus.

Une prise de contact avec les services d‘urbanisme de différentes villes wallonnes

permet de mieux appréhender les démarches et règlements liés à la conception de l‘espace public ainsi que la place des citoyens dans ces processus.

Enfin, le mémoire s’appuie aussi sur l’étude d’un cas pratique à Saint Gilles, c’est

l’occasion de comprendre le processus de mise en place d’une occupation temporaire au sein de la conception d’un espace public. Il s’agirait de constater et d’analyser ce qui a déjà été mis en place. En parallèle de la consultation de rapport d’activité, cette démarche active sur le terrain consiste à arpenter la place en question, s’entretenir avec les usagers ainsi que de réaliser des interviews guidées avec les différents acteurs de la ville pour connaître leurs points de vue variés.

0.3_ Structure du mémoire

La première partie de ce mémoire est consacrée à la définition de la notion

d‘espace public ainsi que son évolution au sein du courant moderne. A partir des années 1960, les premières critiques de l’espace public moderne apparaissent pour en arriver à une « crise » de ce dernier.

Ensuite, l’analyse de diverses conceptions de l’espace public permet de constater

les conséquences des idéologies modernes ainsi que la continuité de la conception contemporaine des villes avec l'héritage moderne. Les enjeux économiques et spatiaux qui animent ces espaces permettent de comprendre la problématique liée au droit à la ville. Puis l‘analyse des démarches de planifications urbaines évoque la place du citoyen dans le processus de création.

Enfin, la dernière partie traite de l'occupation temporaire comme une alternative

à la fabrique de la ville. De nouveaux acteurs utilisent l’éphémère comme une nouvelle pratique de conception des espaces publics en association avec des habitants ou à la demande des pouvoirs publics. Cette étude est illustrée par une étude de cas dans la commune de Saint-Gilles à Bruxelles.

11


12


CHAPITRE 1 LA CONCEPTION DE L'ESPACE PUBLIC TRANSFORMÉE PAR LE TOURNANT DE L'IDÉOLOGIE MODERNE

Ce premier chapitre constitue le cadre

théorique de cette étude. Nous allons aborder l'évolution de l'espace public avec l’émergence des idées du courant moderne au début du XXème siècle à travers la Charte d'Athènes.

Nous mettrons ensuite en avant quelques

critiques de ces idées pour comprendre les différentes actions de réappropriation de l'espace public par des habitants.

13


1.1_ LA NOTION D‘ESPACE(S) PUBLIC(S)

Le terme espace public a été introduit par le philosophe Habermas dans les

années 1960. Avant, les architectes ou urbanistes, particulièrement ceux du courant moderne, utilisaient les termes « espaces libres » pour évoquer les sites de la ville non bâtis et appartenant au domaine public. Le terme espace public au singulier et les espaces publics au pluriel ne renvoient pas à la même notion.

Dans son ouvrage L’espace public5 écrit en 2005, le philosophe français Thierry

Paquot explique que l’espace public au singulier correspond à un lieu abstrait et symbolique. Il évoque un espace d’échange, de débat politique, de communication et de circulation. C’est le lieu « de la confrontation des opinions privées que la publicité s’efforce de rendre publique »6.

Alors que les espaces publics sont des lieux physiques, où tout le monde peut

se rendre, par exemple un parc, une place, une rue, un jardin, un parvis, etc. La notion est ici prise au sens large et dépasse même les aspects de domanialité. Ce sont des endroits accessibles aux publics et gratuits. Thierry Paquot évoque aussi de nouveaux lieux qualifiés d’espaces publics comme les centre-commerciaux alors que le libre accès n’est pas respecté : ils excluent certains groupes sociaux, ils ne possèdent pas le même statut qu’une rue alors qu’ils semblent avoir une fonction similaire. « Ces espaces publics [...] mettent en relation, du moins potentiellement, des gens qui s’y croisent, s’évitent, se frottent, se saluent, conversent, font connaissance, se quittent, s’ignorent, se heurtent, s’agressent, etc. Ils remplissent une fonction essentielle de la vie collective : la communication. »7

Cet ouvrage affirme que la dimension physique et symbolique de l’espace

public est à prendre en compte. Les architectes ne devraient pas seulement penser à sa matérialité ou à son esthétique mais aussi prendre en compte sa la capacité de rapprocher les gens, à les mettre en relation.

5 6 7

Paquot (THierry), L’espace public, Paris, La découverte, 2005, Coll. «Repères», 125 p Ibidem, p.3 Ibidem, p.7

14


1.2_ LA CHARTE D’ATHÈNES DE 1933 : UN TEXTE DÉCISIF

Au début du XXème siècle, l’arrivée de la voiture et la forte pression démographique

furent à l’origine de nombreux problèmes dans les villes particulièrement du point de vue de l’hygiène, de la gestion des flux et de la congestion. La ville ne pouvait donc plus se concevoir de façon aléatoire et progressive.

En réaction à cette situation, le Congrès International d’Architecture Moderne

de 1933 sur le thème de la « ville fonctionnelle » aboutit à la rédaction de la Charte d’Athènes. Ce texte décisif dans l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme, dont les concepts seront largement adoptés dans l’Europe d’après-guerre en reconstruction, apporte un regard global et fonctionnaliste. Les principes fonctionnels de cet ouvrage influenceront longtemps l’urbanisme et donc la conception des espaces publics. Celui-ci met l‘accent sur une planification des villes de manière cohérente, réfléchie et contrôlée, réalisée par des architectes ou urbanistes, seules personnes ayant les connaissances et les compétences. Ce sont des planifications strictement top-down.

Contrairement à la mixité programmatique de la ville historique, la ville moderne

repose sur le zonage des espaces qui consiste à « attribuer à chaque fonction et à chaque individu sa juste place » 8 en divisant le plan d’un quartier ou d’une aire urbaine selon quatre fonctions essentielles. Alors qu’auparavant elles pouvaient se croiser et s’ajouter dans l’espace public pour créer des hasards de rencontre, le zonage supprime ce mélange et crée des espaces spécifiques pour chaque besoin : « Le zonage, en tenant compte des fonctions-clés : habiter, travailler, se récréer, mettra de l’ordre dans le territoire urbain. La circulation, cette quatrième fonction, ne doit avoir qu’un but : mettre les trois autres utilement en communication. »9

Selon les participants du IVème CIAM, les noyaux historiques des villes, dont « la

population est trop dense »10, sont synonymes de conditions d’habitation néfastes. Afin d’assainir ces quartiers anciens, les « îlots insalubres doivent être démolis et remplacés par des surfaces vertes »11 pouvant accueillir des espaces de loisirs, de sport, des crèches... Les constructions des nouveaux quartiers d’habitations doivent se développer

8 9

Le Corbusier, La Charte d’Athènes, Paris, les éditions de minuit, 1957, collection forces vives, p. 39 Ibidem, p. 81

10

Ibidem, p. 33

11

Ibidem, p. 60

15


en hauteur pour libérer le sol, aérer la ville, apporter air et soleil, lutter contre l’étalement des villes : « Il doit être tenu compte des ressources des techniques modernes pour élever des constructions hautes [qui seront] implantées à grande distance l’une de l’autre [pour] libérer le sol en faveur de larges surfaces vertes. » 12 «Tout quartier d’habitation doit comporter désormais la surface verte nécessaire à l’aménagement rationnel des jeux et sports des enfants, des adolescents, des adultes »13

Cependant, une certaine densité doit être imposée pour justifier l’aménagement

de services collectifs dans les constructions en hauteur et parler alors de villes verticales. Le modèle des banlieues pavillonnaires est en effet rejeté par le courant moderne car leur faible densité est à l’origine de l’étalement urbain qui augmente le facteur temps-distance. Malgré la notion de zonage, le lieu de travail doit être à proximité du lieu d’habitation pour réduire les trajets. Le secteur industriel, quant à lui, ne peut pas se trouver à proximité directe des habitations, une bande verte doit les séparer. Enfin, le loisir, qui est une fonction importante du courant moderne, doit permettre à chaque habitant d’accéder à des espaces pour se récréer et se détendre lors d’heures libres dans la journée. Les équipements sportifs et de loisirs devront donc être installés à proximité des zones d’habitations.

Par conséquent, les voies de circulation doivent être hiérarchisées en fonction de

leur affectation et de la vitesse de leurs usagers : « rues d’habitation, rues de promenade, rues de transit, voies maîtresses »14. Les piétons et les habitations sont ainsi séparés des flux majeurs de transports afin de garantir leur sécurité et leur tranquillité : « La maison, dès lors, ne sera plus soudée à la rue par son trottoir. L’habitation se dressera dans son milieu propre où elle jouira de soleil, d’air pur et de silence. » 15

La charte d’Athènes fut un texte de référence pour la nouvelle génération

d’architectes, cependant, le critique d’architecture Michel Ragon16 explique qu’elle ne contient pas d’idées neuves. C’est en réalité un résumé des pensées utopiques élaborées au XIXème par Howard, Garnier, Mata et d‘autres établies quarante ans plus tôt. Certains

12 13 14

Le Corbusier, La charte d’Athènes, Paris, les édition de minuit, 1957, collection forces vives, p. 52-53 Ibidem, p. 59 Ibidem, p. 85

15 16

Ibidem, p. 40 Ragon (Michel), Histoire mondiale de l'architecture et de l'urbanisme moderne, Tome 2 : pratiques et méthodes 1911 1976, Tournai, Casterman, 1972, 470 p

16


principes du modernisme décrits dans la charte ont abouti à des idées pertinentes comme la sécurisation des piétons, la réduction des distances entre les habitations et le lieu de travail, etc.

Mais d’autres principes ont été appliqués de façon trop radicale : la circulation

ne doit pas être une fonction au même titre qu’habiter, la rue est un axe de vie et de rencontre nécessaire, la transformation des villes en parc a amené à une stérilisation des espaces, les lieux ayant une fonction spécifique ne laissent pas la place à d’autres usages. Les principes moderne repris dans la Charte d’Athènes ne prennent pas en compte la notion d’échange et de communication possible dans l’espace public mais évoque une planification fonctionnelle des usages. Ces solutions en inadéquation avec les besoins des habitants vont faire naître une contestation des idéologies des modernistes.

1.3_ LES PREMIÈRES CRITIQUES DE L‘ESPACE PUBLIC MODERNE

Tout d’abord, du côté des intellectuels et philosophes, émane une critique de

l’espace public, en particulier celui créé par les modernistes. L’auteure américaine et philosophe en architecture Jane Jacobs sera l’une des premières en 1961 à dénoncer une crise de l’espace public causée principalement par le courant moderne. Dans son ouvrage Déclin et survie des grandes villes américaines 17, elle souligne que la conception fonctionnelle des espaces publics ou leur négligence ne peut mener qu’à des villes mortes et vides. Les espaces modernes sont froids et inhumains en comparaison aux quartiers populaires permettant des rencontres grâce à la multifonctionnalité des espaces : les commerces et les habitations le long des voies de circulation. Cependant elle estime que ce n’est pas en réglant le problème de l’automobile en ville que celle-ci sera plus agréable à vivre pour les hommes. Il faudrait en effet chercher à comprendre les besoins complexes des hommes pour leur apporter une réponse pérenne et adéquate.

Elle sera suivie par le philosophe Henri Lefebvre en 1968 avec son ouvrage Le

droit à la ville

18

où il expose sa volonté de rendre la ville aux habitants car suite aux

guerres, le droit au logement a primé sur le droit à la ville. L’auteur prône le droit à un environnement urbain qui donne envie d’y vivre et où chacun a la possibilité de s’exprimer et d’agir : il s’agit donc de prendre en compte les attentes des habitants dans la création 17

Jacobs (Jane), Déclin et survie des grandes villes américaines, Traduction et préface Parin (Claire), Marseille, Éditions Parenthèses, 2012, 411 p

18

Lefebvre (Henri), Le droit à la ville, Paris, édition anthropos, 1968, 164 p

17


des espaces publics. Toujours selon lui, la planification régie par des « savants » et sa mise en œuvre à son époque est une manière de contrôler la population et d’éviter le chaos aux sein des villes. « La vie urbaine pourra-t-elle recouvrer et intensifier les capacités d’intégration et de participation de la ville, presque entièrement disparues, et que l’on ne peut stimuler ni par la voie autoritaire ni par prescription administrative, ni par intervention de spécialiste ? »19

De plus, la séparation des fonctions évoquée dans la Charte d‘Athènes entraine

logiquement la constitution d‘espaces spécialisés, ce qu’il qualifie « d‘espace mort »20 car il ne s‘y passe rien en dehors d‘un usage particulier auquel il est entièrement voué.

Les réflexions proposées par Jacobs et Lefebvre se prolongent dans des ouvrages

contemporains comme La fabrique de l’espace public, ville, paysage et démocratie 21 où le paysagiste Denis Delbaere dénonce « un état de crise »22 de l’espace public : « Les enjeux sociaux et environnementaux liés à la grande mutation urbaine des cinquante dernières années interrogent donc aujourd’hui le statut, la raison d’être et les modalités d’existence de l’espace public. » 23

L’auteur constate le renforcement des systèmes de surveillance, l’essor des

espaces privés ou ceux dont l’accès est restreint à certains d’usagers limitant ainsi le contact avec l’autre : gated community, quartier résidentiel en impasse, jardinet sur rue, centre commercial... Il souligne une perte des valeurs associées à la vie de l’espace public et l’affaiblissement de la dimension sociale. Notre comportement est alors radicalement différent de celui de nos ancêtres, estompant tout brassage social.

Plus récemment, dans le livre Pour des villes à échelle humaine24, L’architecte

et urbaniste danois, Jan Gehl explique une perte de l’échelle humaine dans les villes influencées par le courant moderne et fortement touchées par le développement de l’automobile lors de l’ère moderne puis sa généralisation au cours des Trente-Glorieuses.

19

Ibidem, p. 114

20 Régnier (Michel), Urbanose, « Entretien avec Henri Lefèbvre », , Office national du film du Canada, 1972, 34'26, mise en ligne par Villaverde (Diego) le 9 juillet 2012, [https://www.youtube.com/watch?v=0kyLooKv6mU&t=1537s] (04/03/2018) 21 22 23

Delbaere (Denis) , La fabrique de l’espace public : ville, paysage et démocratie, Paris, Ellipses Édition, 2010, 186 p Ibidem, p. 9 Ibidem, p. 9

24

Gehl (Jan), Pour des villes à échelle humaine, Montréal, éditions écosociété, 2012, p. 14

18


Des autoroutes urbaines scindent les quartiers et participent au développement des périphéries pour répondre aux besoins de reconstruction. L’espace urbain est alors monopolisé par l’automobile qu’elle soit stationnée ou en mouvement et les commerces ne seront plus accessibles à pied. Ces avancées démographiques et technologiques semblent donc aller à l’encontre de l‘échelle humaine. Il s’agit de l‘exemple même de la suppression de la vie urbaine à causes des principes modernes. « Les courants idéologiques en matière de planification urbaine (en particulier le modernisme) ont accordé peu d’importance à l’espace public, aux déplacements à pied et au rôle de la ville comme lieu de rencontre pour les citadins.»25

Ces différentes contestations idéologiques de la politique urbaine moderne se

rejoignent en un point : la volonté de donner une place aux habitants dans la fabrique de la ville pour créer des espaces adaptés à leurs besoins. Par conséquent, les espaces publics pourraient donc être considérés comme des lieux que les habitants s’approprient d’une manière non souhaitée par les planificateurs et pas uniquement comme des espaces ouverts et accessibles à tous. L’urbanisme ne doit plus être une planification basée sur des idéologies de savants. L’espace public doit se réinventer pour retrouver une multifonctionnalité et proposer une mixité sociale. Mais des principes modernes sont encore appliqués dans certains espaces publics alors que d’autres apparaissent en rupture avec les idéologies depuis plusieurs décennies.

25

19

Ibidem, p. 14


20


CHAPITRE 2 LA CONCEPTION CONTEMPORAINE DE L'ESPACE PUBLIC : CONTINUITÉ OU RUPTURE AVEC L'HÉRITAGE MODERNE

Cette partie évoque l'influence du

mouvement moderne dans la conception de certains espaces publics contemporains ainsi que les enjeux d'attractivité des villes dans un contexte de compétition territoriale.

Nous nous intéressons à la conception

de l‘espace public selon les « démarches traditionnelles

»

de

l‘urbanisme.

comprendrons

les

différentes

étapes

Nous de

conception ainsi que les acteurs. Nous soulèverons la question de la place de la participation citoyenne au sein de celle-ci et les limites des grands projets urbains.

21


2.1_ DES ESPACES PUBLICS AU CŒUR DE L'ACTUALITÉ : DES MUTATIONS EN ÉCHO OU EN RUPTURE DES IDÉES MODERNES 2.1.1_ Mons : le déclin d’un centre-ville au profit des périphéries

Certaines formes d’urbanismes cristallisent toutes les critiques du courant

moderne. Elles dominent même complètement certains territoires. Les zones périurbaines comme les banlieues d’habitations émergeant avec l’après guerre. On retrouve un alignement de maisons uni-familiales le long d’une route, sans aucun équipement public ni commerce, dont l’unique fonction du quartier est d’y dormir. Ce sont des cités dortoirs. Il n’y a aucun lieu de rencontre pour les habitants du quartier, c’est la négation de l’espace public, le symbole de l’individualisme pur, la fin de la rue comme axe de vie collectif.

Cependant il semblerait aussi que les espaces publics associés aux centres urbains

soient remplacés par de nouveaux lieux périphériques qui auraient la même fonction pour les habitants de ces zones pavillonnaires : les centres et galeries commerciales, des lieux privés où tout le monde peut s’y rendre. Mais comme le dit le docteur en géographie Arnaud Gasnier dans La fin des espaces publics urbains ? De nouveaux enjeux environnementaux « ils constituent des bulles spatiales et sociales aseptisées et de consommation préréglée »26. Ce sont des espaces fermés, qui ne favorisent pas la mixité sociale. Ils sont destinés à une classe spécifique qui a la possibilité de consommer et sont majoritairement accessibles par la voiture, dans une moindre mesure par les transports en commun. Ces formes d’urbanismes ont participé à l’exode des habitants en périphérie des villes. Cela a renforcé le déclin des espaces publics dans les centres urbains. Autrefois les commerces étaient liés par la rue et la présence d’autres fonctions. Les centresvilles deviennent de moins en moins attractifs face aux centres commerciaux avec les problèmes d’accès en centre-ville, de parking, l’augmentation des loyers commerciaux, etc... 27. Ces zones périphériques fonctionnelles provoquent la fin d’une série de rencontre et de hasard possibles constitutifs des espaces publics.

26 Gasnier (Arnaud), « La fin des espaces publics urbains ? De nouveaux enjeux environnementaux. » Norois, n°185, Patrimoine et environnement. Les territoires du conflit, 2000, p.70 [http://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182 x_2000_num_185_1_6999] (22/02/2018) 27 Prudhomme (Cécile), « Le déclin commercial des centres-villes s’aggrave », Le Monde, 20/10/2016 [http://www. lemonde.fr/economie/article/2016/10/20/le-declin-commercial-des-centres-villes-s-aggrave_5017351_3234. html](25/03/2018)

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_ Mons : le déclin du centre ville

Fig. 4 : Le centre commercial les Grands Prés en périphérie de Mons. Il est difficilement accessible depuis le centre ville. Source : BPC HAINAUT, extension des Grands Prés [http://www.bpchainaut.be/realisation/extensionles-grands-pres/] (25/03/2018)

Fig. 5 : Gestion centre Ville Mons a lancé en mars une campagne de promotion des commerces du centreville avec des personnes connues de la région. Source : G.H, « Mons: des stars pour promouvoir les commerces, découvrez le clip » La Province, 21/03/2018, [http://www.laprovince. be/207919/article/2018-03-21/ mons-des-stars-pour-promouvoirles-commerces-decouvrez-le-clip] (25/03/2018)

23


La ville de Mons illustre bien cette problématique. Un nouveau centre commercial

Les grands prés a été inauguré en 2003 en périphérie de la ville28 puis une extension a été réalisée en 2016 avec Ikea et le « retail park » (décoration et loisirs). Visible depuis l’autoroute, les Grands Prés est l’un des plus grand shopping center de Wallonie. Il a l’avantage d’être facilement accessible en voiture avec ses 4 200 places de parkings et offre de nombreuses enseignes. Cependant il reste difficilement accessible pour les Montois du centre-ville que ce soit à pied ou avec des transports en commun désormais payants.

A la création du centre commercial, 7 millions d'euro ont été investis pour rénover

une partie du piétonnier de Mons. De plus, il avait été prévu qu'aucun des commences du centre-ville ne soit transféré en périphérie29. Mais certaines enseignes possèdent deux emplacements comme H&M, Pimkie, Paris XL, Di... Alors que le taux d'occupation des Grands Prés est de 100%, le centre-ville a connu une détérioration de sa vie commerçante et de plus en plus de cellules vides sont apparues.

Actuellement, des plans de revitalisation du centre-ville sont adoptés. La

ville de Mons a lancé une campagne de promotion pour ces 600 commerces et propose le stationnement gratuit le samedi après-midi. Le collège de Mons investit 200 000€ dans la création de nouvelles enseignes dans le piétonnier et les rues aux alentours 30. Il propose une subvention pour le loyer ainsi que l’installation pour tous les nouveaux commerces remplissant les critères et validés par un jury. On en voit l’effet avec l’ouverture de l’Alternative (magasin bio et vrac), Rêve de dentelle (robe de mariée), Street Square (équipement de la personne), etc... De plus, l'installation de l'enseigne irlandaise Primark dans le centre ville a été confirmée31. Avec l'ajout de 230 places de stationnements il est sûr que ce commerce va attirer plus de monde en centre-ville.

28 29 30 31

Vandreck (Stéphanie), « Mons: les Grands Prés s'étendent et se présentent comme le plus grand centre commercial wallon », RTBF, 16 août 2016, [https://www.rtbf.be/info/regions/detail_mons-les-grands-pres-s-etendent-et-sepresentent-comme-le-plus-grand-cent re-commercial-wallon?id=9380361], (28/03/2018) Ibidem SITE OFFICIEL DE LA VILLE DE MONS, « Mons lance un fond d‘impulsion pour les nouveaux commerces », [http://www. mons.be/economie/mons-lance-un-fond-dimpulsion-pour-les-nouveaux-commerces] (28/03/2018) Dunski (Caroline), « Primark viendra à Mons en 2019», Le Soir, 9 novembre 2017, [http://www.lesoir.be/123463/ article/2017-11-09/primark-viendra-mons-en-2019] (28/03/2018)

24


_ Place François Mitterrand, Lille

Fig. 6 : Perspective de la place François Mitterrand par Rem Koolhaas en 1990. Le mobilier urbain dessiné ne sera finalement pas installé. COMMUNIQUÉ DE PRESSE Source : EURALILLE SPL, Place François Mitterrand [http://www.spl-euralille.fr/nos-projets-urbains/ MAI 2016 euralille-1/secteur-central/place-francois-mitterrand.html] (13/03/2018)

UN AIR DE PRINTEMPS PLACE FRANçOIS MITTERRAND A L’OCCASION DE L’OUVERTURE DES «TABLES D’EURALILLE» ET DE LA BRADERIE DE L’ARCHITECTURE, LA PLACE FRANÇOIS MITTERRAND S’ANIME ET SE LAISSE ENVAHIR PAR UN VENT DE NONCHALANCE PRINTANIÈRE. DU 12 AU 14 MAI, TRANSATS, TERRASSES, CONCERTS, PETITE RESTAURATION, JEUX ANCIENS, ESPACES SPORTIFS, MINI FERME URBAINE, ŒUVRE D’ART… S’OFFRENT À TOUS. POUR UNE PAUSE DÉJEUNER, À L’HEURE DE L’AFTER WORK, APRÈS SON SHOPPING À EURALILLE OU ENTRE DEUX TRAINS, CHACUN PEUT VENIR EN PROFITER. DANS L’ESPRIT D’EURALILLE3000. La

Au programme : farniente, activités sportives, petite restauration sucrée, jardinage, jeux anciens, concerts, découverte d’une œuvre d’art, auxquels s’ajoutera la Braderie de l’Architecture le samedi. Ces propositions d’animation s’offrent à tous les usagers du quartier : voyageurs des gares, salariés du quartier d’affaires, usagers du centre de shopping, habitants ou riverains... AVEC LES ACTEURS DU QUARTIER.

Cette expérience conviviale et festive est rendue possible grâce à un partenariat entre les acteurs d’Euralille. Y participent le centre commercial, l’Aéronef, lille3000, la Maison de l’architecture et de la ville, Go Sport, la SNCF et la SPL Euralille, en lien avec Pop Haus, Méert, Wellouëj et la Rustine.

SPL aperçoit Euralille profite quelques de l’inauguration jeunes et des personnes Fig. 7 : La place est peu fréquentée un vendredi vers 18h. On des «tables d’Euralille», nouvel espace de restauration du centre de shopping, allant prendre leur train. pour inviter les acteurs du quartier qui le2018 souhaitent à tester ensemble de Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Lille, 9 avril nouveaux usages sur la place François Mitterrand. Une démarche dans l’esprit du projet Euralille3000 : régénérer et intensifier la vie du quartier des gares, donner un souffle nouveau à ses espaces publics. Un premier test réussi l’été dernier à l’occasion des Grands Départs SNCF 2015 avait déjà donné l’envie de reproduire l’expérience.

Il ne manque plus que la présence du soleil pour que l’expérience prenne vie !

> les espaces de terrasse et farniente mis en scène par La Rustine > la petite restauration sucrée de la Caravane Chic de Méert > les jeux anciens et jeux d’adresse animés par Wellouëj > la mini ferme urbaine animée par lille3000

> les espaces sportifs (tennis de table, foot-tennis et mölkky) animés par Go S

> le dîner de Gulliver de Lilian Bourgeat installation artistique proposée par lille

JEUDI . 17H . AFTER WORK

> concert de June Bug Folk pop électronique troublante et acidulé

JEUDI . 18H > 22H30 . SOIRÉE

> inauguration des «tables d’Euralille» espace de restauration du centre de shop show culinaire du chef étoilé Nicolas Pourcheresse, cours de cuisine, DJ sets > concert de Cayman Kings Garage bouillant, pur et rock’n’roll

VENDREDI . 17H15 . AFTER WORK > concert de Cayman Kings

SAMEDI . 10H >17H . JOURNÉE

> braderie de l’architecture à l’initiative de la Maison de l’architectur jeux, animations, visites, stands de vent d’information autour de la ville et l’archite

SAMEDI . 12H30 . DÉJEUNER > concert de Flat Screen Radio Indie pop rock

SAMEDI .16H30 . GOUTER > concert de Flat Screen Radio

CONTACT

Un air d’été sur la place à l’occasion des Grands Départs 2015

Fig. 8 : Aménagement proposé par « un air d'été » sur la place François Mitterrand pour tester de nouveaux usages et mette en avant la place. Source : EURALILLE SPL, « Euraflandres démarre, Euralille 3000 se lance », Les échos de la concertation, hiver 2018, p 1-4 [http://www.spl-euralille.fr/uploads/media/journal-euralille3000-n2-euraflandresfev-2018.pdf] (13/03/2018)

25

EN CONTINU DURANT LES 3 JOU

VENDREDI .13H15 . DÉJEUNER

PROPOSER D’AUTRES USAGES.

Comment cette place François Mitterrand, où l’on ne fait habituellement que passer, peut-elle susciter l’envie de s’arrêter, se poser, y faire autre chose ? Le centre de shopping Euralille ouvre 4 nouveaux restaurants - Beef House, Fresh Burritos, HD Diner puis à venir Mööti - qui viennent rejoindre Quick, Mama Kitchen et Burger King. Tous s’ouvrent du côté de la place François Mitterrand. L’occasion parfaite pour tester des terrasses en extérieur qui dialogueront avec les terrasses intérieures de ces restaurants. Des terrasses éphémères que les acteurs du quartier se proposent d’animer 3 jours durant.

JEUDI 12 MAI - 16H > 19H VENDREDI 13 MAI - 12H > 19H SAMEDI 14 MAI - 10H > 18H

MARION BARREAU Chargée de communication | SPL Euralille m.barreau@spl-euralille.fr 06 71 15 28 37 | 03 20 12 54 94 www.spl-euralille.fr


2.1.2_ Euralille : une conception moderne des espaces publics

L’urbanisme moderne a continué d’avoir de l’influence dans la conception des

projets urbains. Certains ont été conçus en ignorant la notion d’échelle humaine ou d'usages. Une fois les projets réalisés, il est difficile de mettre en place des éléments améliorant la qualité de l’espace après car l’échelle de la place est beaucoup trop grande.

Un exemple proche est le projet Euralille réalisé en 1990 afin d’accompagner la

construction du tunnel sous la manche et le passage de la ligne ferroviaire à grande vitesse par Lille. Un quartier d’affaires comprenant notamment une gare TGV, un centre de congrès et un vaste complexe multifonctionnel (centre commercial, hôtels, logements, écoles supérieures, lieu culturel) est créé à proximité du centre historique de Lille. Ces nouvelles constructions prennent place sur une partie des anciens remparts et d'une zone non ædificandi qui servait de parking sauvage. Le projet incarne le symbole d’une nouvelle image de métropole européenne pour la ville de Lille au croisement de Paris, Bruxelles, Amsterdam et Londres. La planification a été réalisée par la célèbre agence OMA de Rem Koolhaas. Le projet fut très bien accueilli à l’époque et devient alors un modèle (mixité programmatique, seule nouvelle gare à être établie en centre-ville alors que la logique de l’époque visait à implanter les lignes grandes vitesse en rase campagne...). Entre la nouvelle gare Lille-Europe et le centre commercial Euralille, la place François Mitterrand réalise la liaison vers le centre-ville et l’historique gare Lille-Flandres. Un viaduc a été créé pour connecter la circulation automobile des deux côtés de la nouvelle gare en offrant au sol un vaste espace entièrement réservé aux piétons. Cette place est entièrement minérale et seulement ponctuée de quelques arbres. Elle sert de porte d’entrée de la ville pour les voyageurs arrivant en TGV. A l’image de la Grand-Place, elle devait être le point de ralliement de ce nouveau quartier d’affaires. Finalement cette place est considérée comme un lieu de passage. Il n’y a presque pas de mobilier urbain pour se poser, un bassin d’eau avait été créé pour mettre en valeur la gare mais l’eau y stagne et on y retrouve de nombreux déchets. On y croise des personnes allant prendre leur train et quelquefois des groupes de jeunes qui discutent.

Trente ans après la conception, on constate que le projet n’est pas adapté et

une revitalisation du quartier est actuellement en place nommé Euralille 3000 32. Un diagnostic a été fait par l’équipe d’architectes et d’urbanistes de l’agence lilloise Saison

32 Saison Menu & associés architectes urbanistes, EURALILLE 3000 Intensification [http://www.saisonmenu-architectes.com/projets/euralille-3000-intensification/] (13/03/2018)

26


_ Copenhague

Fig. 9 : Évolution progressive du réseaux de rue piétonne à Copenhague en 1962, 1973 et 2013 Source : GEHL ARCHITECTS, Risom (Jeff), « Timesqaure, too much of a good thing ? » 30/01/2015, [http://gehlpeople.com/blog/times-square-muchgood-thing/] (25/03/2018)

Fig. 10 : Strøget : la plus longue rue commerçante piétonne d'Europe. Il n'est pas rare d'y croiser des spectacles de rue (acrobates, musiciens, magiciens, etc...) Source : VISITCOPENHAGEN, Strøget, [https://www.visitcopenhagen.com/copenhagen/strogetgdk414471] (28/03/2018)

27


Menu33. L’objectif du projet est de réanimer le quartier de la gare Lille-Europe en le repensant à une échelle plus humaine, plus proche des usages et des besoins des citoyens. L’accent sera mis sur les espaces publics en animant les rez-de-chaussée, en créant de nouveaux espaces urbains avec de nouveaux usages. Piétons et cyclistes sont des éléments centraux du projet Euraflandres de Saison Menu en cours de réalisation qui vise à assurer la continuité entre le complexe Euralille et les deux gares. « Les places et les trottoirs s’élargissent pour laisser plus d’espace aux piétons et aux terrasses des commerces. À l’instar de la place des Buisses devenue piétonne, la nouvelle place de la Gare se veut agréable et fluide, et la place Saint-Hubert, un endroit parfait pour un déjeuner en ville. »34

La volonté de dynamiser la place François Mitterrand a commencé doucement.

En 2016, le rez-de-chaussée du centre commercial du côté de la place a accueilli des restaurants, malheureusement ils n’attirent pas pour autant plus de monde. Cette place est occupée depuis trois ans maintenant par l’événement « un air d’été ». Elle se transforme pendant quatre vendredis avec des installations éphémères, colorées et ludiques. Selon la brochure de la SPL Euralille35, ces installations ont pour objectifs de tester de nouveaux usages et de révéler les potentiels de la place. L’événement fut un succès les années précédentes et sera de retour à l’été 2018. Cependant, aucune proposition d’aménagement pour la place François Mitterrand n’a été faite à ce jour. Les réflexions pour la place devraient se faire fin 2018 - début 2019, en lien avec la rénovation annoncée de la gare Lille-Europe. 2.1.3_ Copenhague : une ville à « échelle humaine »

Copenhague est l’une des premières villes à restructurer son réseau routier. Dès

1960, elle souhaite réduire la circulation automobile dans le centre en supprimant des places de parkings. L’architecte danois Jan Gehl l'utilise comme exemple de « ville saine, sûre, animée et durable » dans son ouvrage Pour des villes à échelle humaine 36. En 1962, Strøget devient la première rue totalement piétonne. Il y eu beaucoup de critiques : pour la majorité des commerçants la suppression de l’automobile allait entrainer une baisse des activités. En réalité, ce fut un immense succès auprès de la population et des commerçants 33

L'architecte Isabelle Menu a par le passé participé à l'élaboration du projet urbain d'Euralille (avec Rem Koolhaas), conçu le centre commercial éponyme (avec Jean Nouvel) puis géré la coordination de l'ensemble du projet urbain de la ZAC (au sein de la SAEM Euralille). [http://www.saisonmenu-architectes.com/info/] (28/03/2018)

34 VILLE DE LILLE, « Le projet Euraflandres est lancé ! » [https://www.lille.fr/Actualites/Le-projet-Euraflandres-est lance] (28/03/2018) 35 EURALILLE SPL, « Euraflandres démarre, Euralille 3000 se lance », Les échos de la concertation, hiver 2018, p 1-4 [http://www.spl-euralille.fr/uploads/media/journal-euralille3000-n2-euraflandres-fev-2018.pdf] (13/03/2018) 36 Gehl (Jan), Pour des villes à échelle humaine, Montréal, éditions écosociété, 2012, 273 p.

28


comme en témoigne l’ouverture de nouveaux services : cafés, boutiques, hôtels... Les parcs de stationnement du centre-ville ont été transformés en places publiques.37 Au fil des années, de nouvelles rues sont devenues piétonnes et forment maintenant un réseau permettant de traverser la ville. La surface allouée aux piétons dans la ville a considérablement augmenté. Aujourd’hui elle représente 80% du trafic.38

L’élimination des places de parkings et la piétonnisation des rues a permis de

redonner l’espace public aux habitants qui ont découvert une nouvelle culture des lieux extérieurs, alors que certains pensaient cela impossible dans un pays scandinave. Se déplacer en ville avec une voiture étant de plus en plus compliqué, les nouvelles infrastructures pour cyclistes ont engendré une culture du vélo. La ville de Copenhague espère que 50% des trajets domicile-travail se feront à vélo dans les prochaines années. En favorisant ce mode de transport, la ville devient plus animée et plus sûre.

Depuis quarante ans, le nombre d’activités dans l’espace public a été multiplié

par 3,539. De nouveaux usages sont aussi apparus. La manière d’occuper ces lieux a changé, les gens marchent et se posent en ville. L’espace public n’est pas un espace de transition entre un point A et B, c’est un véritable lieu d’échange et de vie sociale. Elle a été élue capitale européenne de l’urbanisme en 2016. Selon Jan Gehl, Copenhague est la preuve qu’une ville devient plus accueillante quand la proportion de voitures est plus faible et que la mixité des fonctions est respectée. Bien que la planification fut top-down, l’appropriation des espaces par les habitants s’est faite progressivement, selon le développement ponctuel de petites actions. Les architectes et urbanistes ont pris conscience de l’importance de l’espace public et ont créé une ville reconnue pour la qualité de ses places, rues, parcs et quais agréables à vivre. « Pionnière à son époque, elle a marqué l’importance du confort, de l’attractivité des espaces dans la qualité de la vie sociale.»40

Aujourd’hui on constate les conséquences des idéologies modernes sur nos villes.

Cependant, une conception parallèle centrée sur l’homme et les déplacements doux a émergé progressivement. Mais elle garde pour point commun la volonté d'attractivité. 37 38

Ibidem, p.25, chapitre I « La dimension humaine » GEHL ARCHITECTS, Public Spaces in Copenhagen A guide to the public spaces in Copenhagen, Copenhague, p. 2 [http://www.akershus.no/file/c112a084c81172d57c8dba94e41113cc/091217_Cph_Guide%20(2).pdf] (25/03/2018)

39 Ibidem, p.5 40 Pape (Jon), directeur des espaces publics à la Ville de Copenhague et Charbonneau (Jean-Pierre), consultant, conseiller technique de la Ville de Copenhague pour l’urbanisme «Le plan d’action pour les espaces urbains de Copenhague » in Catalogue de l’exposition « Voies publiques », Paris, Pavillon de l’Arsenal, 2006 [http://www.jpcharbonneau-ur baniste.com/index.php/feconder/villes/copenhague/le-plan-daction-pour-les-espaces-urbains-de-copenhague des-territoires-de-centralite-a-copenhague/] (02/03/2018)

29


2.2_ DES ESPACES PUBLICS TOUJOURS PLUS ATTRACTIFS : UN ENJEU COMMUN 2.2.1_ Une compétition territoriale des villes

Suite à une révision constitutionnelle dans les années 1970, la Belgique est passée

d‘un régime unitaire à un état fédéral.41 Les régions sont alors devenues les seules entités fédérales compétentes en matière d‘aménagement du territoire, qui est pensé localement pour dynamiser l’économie. Le professeur de science politique, Gilles Pinson explique dans son ouvrage Gouverner la Ville par le Projet, Urbanisme et gouvernance des villes européennes 42 que cette décentralisation des pouvoirs a entraîné un contexte de compétition territoriale qui pousse les villes à se mettre en concurrence et qu‘elles doivent « élaborer des projets à des fins de communication externe et de mobilisation interne. »43 Elles doivent valoriser leurs propres ressources et se rendre attrayantes et désirables pour s‘assurer une place sur la scène internationale. Elles doivent avoir la capacité d‘attirer et de retenir des ressources ou des personnes44. Par cette attractivité, les métropoles souhaitent attirer une classe sociale supérieure, de nouvelles entreprises ainsi que des touristes. L‘image qu‘elles renvoient est donc déterminante : cette volonté d‘être plus attractive que la ville voisine ou celle de taille similaire se répercute particulièrement sur la conception et l‘aménagement des espaces publics. « Le pouvoir des grandes villes et des agglomérations est renforcé pendant les années 1980 et il est pas exagéré de les présenter comme les grandes bénéficiaires des réformes de décentralisation. Parmi les indicateurs qui vont dans ce sens on peut signaler le renforcement de leurs ressources financières et humaines et de leur capacité investissement le développement outils de gestion agglomération comme les districts ; le développement un pouvoir agglomération et le poids de la métropolisation et des représentations qui sont associées (Biarez 1989); les sociétés économie mixte locales ; la capacité bénéficier des investissements publics dans le cadre de la concurrence entre collectivités ouvertes par les contrats de plan (Dumas 1991), et surtout extraordinaire dynamisme dont elles ont fait preuve depuis une quinzaines années notamment dans les domaines du développement économique de urbanisme de aménagement de la culture. » 45 41 « La Belgique : de l‘État unitaire à l‘État fédéral », La revue d‘action juridique & sociale : Journal du droit des jeunes, vol. 249, n°9, 2005, p. 19-20. [https://www.cairn.info/revue-journal-du-droit-des-jeunes-2005-9-page-19.htm] (27/04/2018) 42

Pinson (Gilles), Gouverner la Ville par le Projet, Urbanisme et gouvernance des villes européennes, Paris, SciencesPo Les Presses, 2009, 424p.

43

Ibidem, p.19

44 Think tank, LA FABRIQUE DE LA CITÉ, L'attractivité des villes. Étude menée de janvier à avril 2010, France, 23 p 18/09/2013, [https://www.lafabriquedelacite.com/fabrique-de-la-cite/site/fr/publications/pages/l_attractivite_des_ villes.htm] (04/03/2018) 45 Le Gales (Patrick), « Du gouvernement des villes à la gouvernance urbaine », Revue française de science poli tique, 45e année,n°1, 1995. p. 57-95 [https://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1995_num_45_1_403502] (27/04/2018)

30


Le Gouvernement Wallon a organisé un colloque à Charleroi en 2011 sur le thème

des enjeux des villes. L‘un des ateliers abordant le cadre et le lieu de vie proposait des réflexions sur l‘importance de créer des espaces publics agréables pour la population et pour l‘attractivité des villes. Il faudrait, selon eux, « faire émerger une véritable politique de l‘espace public » : « Les espaces publics seront créés ou réaménagés avec un souci constant de complémentarité entre les différents usagers, de qualité, d‘esthétique et de durabilité. Il importe donc de repenser les espaces publics en terme de fonctions et de partage de l’espace »46.

La participation des habitants serait aussi un point à améliorer dans la planification

des espaces publics. Les intervenants proposent de rendre la ville plus dynamique à travers des aménagements variés, des espaces ludiques ou sportifs accessibles à tous. « La définition et la mise en œuvre d’une politique de restructuration globale d’une ville pourraient, dès lors, pouvoir rencontrer les objectifs principaux suivants :

- Développer la force démographique de la ville en conservant son image ;

- Maintenir des services de qualité au cœur de la ville ;

- Améliorer le cadre de vie des habitants par des actions d’urbanisme de qualité ;

- Mener un travail de culture, de marketing. » 47

Selon Pierre Bricteux, responsable du service aménagement du territoire de la

ville de Liège, contacté à l‘occasion de cette recherche, une réflexion sur les espaces publics est l’occasion pour une municipalité d’affirmer son identité par de nouveaux lieux, « de renforcer la qualité et la convivialité, caractériser et enrichir les lieux et leur ambiance, contribuer aux valeurs culturelles et à l’attrait touristique, amplifier l’effet de rénovation urbaine, conforter la nouvelle image de séduction de la ville. »48

Comme nous l‘avons vu précédemment, le stationnement et la circulation

automobile ont progressivement métamorphosé la ville au cours du XXème siècle, jusqu‘à en devenir une des premières préoccupations en matière d‘aménagement. En ce sens, un mouvement, qui semble actuellement majoritaire du côté des décideurs, souhaite diminuer voire supprimer la présence de la voiture dans certains quartiers centraux.

46

Nollet (Jean-Marc), et Dassonville (Chantal), « Bassin de ville, Atelier 5 Ville et attractivité - La Ville comme cadre et lieu de vie »,actes du colloque, 6-7 octobre 2011, Charleroi, p.86 [http://dgo4.spw.wallonie.be/DGATLP/Colloque/2011_ Bassin/Dwnld/actes_bassin_ville.pdf] (18/04/2018)

47

Ibidem, p.80

48

Voir annexe 5 : Questionnaire réalisé par Pierre Bricteux

31


Mais des avis de contestation se font systématiquement entendre dans ce type de projet de piétonnisation des centres. Comme en témoigne l‘actualité au sujet des voies sur berges parisiennes, de nombreux périurbains ne semblent pas prêts à délaisser leur voiture pour des raisons extrêmement variées (opposition politique, confort et rapidité de la voiture, offre de transport en commun jugée insuffisante ou inadaptée, effet d‘une fermeture sur le trafic automobile...).

Selon l‘architecte Nicolas Soulier, il ne faut pas remettre en question la voiture

en tant qu‘objet mais revoir la place qu‘on lui accorde dans la ville. La part accordée à la voiture doit être cohérente et ne pas empiéter sur celle des piétons ou vélos. La voiture influençant directement l‘espace urbain, nous devons donc avoir une meilleure gestion et usage de ce moyen de transport personnel. « Est-ce de la faute des voitures ? Non, c‘est dû à l‘usage que l‘on en fait, et à l‘espace qu‘on construit méthodiquement pour cela. » 49

Une initiative générale semble vouloir redonner aux piétons la place qu‘ils avaient

autrefois et d‘encourager les modes de déplacement doux ainsi que l‘utilisation des transports en commun. Selon Jan Gehl, plus les gens sont incités à se déplacer à pied ou en vélo et à occuper l’espace urbain, plus le potentiel d’animation, de sécurité et de durabilité d’une ville s’accroît. En effet, ce sont des modes de déplacement bons pour l’environnement et qui permettent de redécouvrir la ville tout en limitant son encombrement. En ce sens, les aménagements proposés par Gehl Architects sont des exemples d‘espaces attractifs : la voiture est effacée au profit du vélo, du mobilier urbain design est installé, un revêtement uniforme est appliqué au sol. Cependant ces projets pourraient être critiqués car ces éléments appliqués dans les grandes villes occidentales riches sembleraient être pensés à l‘usage exclusif des consommateurs et des touristes, pour qui la ville devient attrayante et photogénique. Ce type de projet urbain semblerait donc correspondre au principe de « City branding [qui] consiste à valoriser l‘image des villes à travers la création d‘une marque comme pour les produits marchands »50. Créer une identité permet de se démarquer dans un contexte de compétition inter-villes. Cela incite à mettre en avant toute une série d‘arguments séduisants : modernité, qualités esthétiques, caractère accueillant, ambiance, patrimoine, histoire...

49

Soulier (Nicolas), Reconquérir les rues exemples à travers le monde et pistes d'actions, Paris, Ulmer, 2012, p. 46-48

50 Think tank, LA FABRIQUE DE LA CITÉ, L‘attractivité des villes. Étude menée de janvier à avril 2010, France, p. 17 18/09/2013, [https://www.lafabriquedelacite.com/fabrique-de-la-cite/site/fr/publications/pages/l_attractivite_des_ villes.htm] (04/03/2018)

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_ Une image de marque pour chaque ville

Fig. 11 (à gauche) : Logo créé à l’occasion de Mons capitale culturelle européenne. Il est encore très présent dans la ville en 2018. Source : Province du Hainaut, nos projets, [http://www.hainaut.be/enseignement/ecoles/ecoledufutur/ template/template.asp?page=mons_2015&navcont=31,40,0&branch=12] (22/04/2018) Fig. 12 (à droite) : « ONLYLYON est à la fois la marque et le programme de marketing international de Lyon.. [...] L'objectif ? Développer la notoriété et l'attractivité de Lyon et de sa région à travers le monde. » Source : GRAND LYON ÉCONOMIE, « ONLYLYON : une nouvelle communication pour les 10 ans de la marque », 12 octobre 2017, [http://www.economie.grandlyon.com/actualites/onlylyon-une-nouvellecommunication-pour-les-10-ans-de-la-marque-2491.html] (22/04/2018)

Fig. 13 : The Toronto Sign. Installé sur la place de l‘hôtel de ville c‘est le lieu de passage obligé pour les touristes. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place de l‘hôtel de ville, Toronto, 7 juillet 2017

Fig. 14 : I amsterdam. Le slogan icône de la ville créé lors de la campagne de marketing lancé par la région d‘Amsterdam Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place du EYE filmmuseum, Amsterdam, 27 Juin 2016

33


« Les registres mobilisés sont avant tout émotionnels, l’objectif étant de différencier ainsi la ville de ses concurrentes et d’afficher son leadership régional, national ou international. Le city branding correspond donc à une démarche de labellisation faisant ressortir des attributs matériels tout en affirmant son statut (de capitale, de technopole, de ville-patrimoine, etc.), et à un marquage symbolique qui repose sur la mise en avant de valeurs locales spécifiques, d’une histoire singulière, de traits culturels. Grâce à ce marketing identitaire, des villes comme Barcelone, Bilbao, Dublin ou encore Manchester se sont construit un nouveau « capital image » qui a largement contribué à renforcer leur attractivité. »51

Cette notion de marketing urbain pourrait être remise en cause : l‘espace public

ne risque-t-il pas de devenir un bien marchand dont la commercialisation privatiserait son accès au détriment d‘une part importante de la population ? Il s‘agit d‘aller au-delà de l‘effet vitrine évoqué, qui consiste à véhiculer une image positive et dynamique d‘une métropole, pour tendre vers un véritable cadre qualitatif qui puisse profiter à chacun. Ce bien commun devrait être perçu comme un lieu de vie essentiel de la cité, accessible à l‘ensemble des classes sociales, locales ou non : habitants, touristes, migrants. 2.2.2_Une politique d’exclusion des « indésirables » Dans ce contexte d‘attractivité, l‘espace public est un outil de mise en valeur des villes. La production de ces lieux a évolué et certaines pratiques ou fréquentations sont considérées comme nuisibles à l‘image d‘harmonie et de qualité de vie. Lors du colloque international « Agir dans la ville » organisé par la faculté d‘architecture et d‘urbanisme de l‘UMONS en décembre 2017, Antonin Margier a présenté sa thèse intitulée La cohabitation dans les espaces publics: Conflits d’appropriation entre riverains et personnes marginalisées à Montréal et Paris 52. Il y explique qu‘il est question de « "nettoyer" l’espace urbain pour attirer les classes supérieures et satisfaire les investisseurs. »53 De nouveaux règlements sont mis en place pour interdire les usages potentiellement dérangeants : interdiction des chiens dans certains parcs, de s‘allonger ou s’asseoir dans la rue, de mendier, d‘uriner... Certaines de ces règles ont pour objectifs de rendre invisible des « indésirables » c‘est-àdire les sans-abris, les itinérants, les jeunes de rue... Selon Michel Parazelli, professeur à l‘université du Québec à Montréal cette « logique consiste à dissuader les jeunes de la rue et autres personnes marginalisées de trop "polluer" de leur présence et de leurs signes l’espace public ou indéterminé du secteur. »54 51

Ibidem p.17

52

Margier (Antonin), La cohabitation dans les espaces publics: Conflits d’appropriation entre riverains et personnes marginalisées à Montréal et Paris. Géographie. (Université du Québec à Montréal), 2013, [https://tel.archives-ouvertes. fr/tel-00945671v2] (02/04/2018)

53

Ibidem p.38

54

Parazelli (Michel), « Existe-t-il une « morale globale » de la régulation de la rue ? », Géographie et cultures, n°71, 2009, mise en ligne le 22 avril 2013, p.8 [ https://journals.openedition.org/gc/2129] (16/04/2018)

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_ L'exclusion des individus « indésirables »

Fig. 15 : Des bancs avec accoudoirs centraux sont installé dans les centre-villes pour empêcher de s’allonger et donc de limité la présence de sans-abris souhaitant dormir. Sources : photo personnelle de Colombo (Chloé), Saint-Gilles, 5 mai 2018.

Fig. 16 : « No ball games » Pochoir mural de Banksy dans le nord de Londres dénonçant l’interdiction aux enfants de jouer dans les rues. Source : The Telegraph, Banksy's 'stolen' No Ball Games mural to sell at auction , 23 juillet 2013 [https://www.telegraph.co.uk/culture/culturenews/10206188/Banksys-stolen-No-Ball-Games-muralto-sell-at-auction.html] (04/04/2018)

35


Cette volonté s‘exprime aussi par la conception des espaces eux-mêmes. Des

dispositifs concrets sont déployés pour empêcher leur présence : des bancs avec des accoudoirs centraux pour interdire de s‘allonger, des rebords de fenêtres inclinés ou avec des pics pour ne pas s‘installer au sol, des sièges individuels dans les stations de métro, des reposes-fesses, etc... Michel Parazelli explique que certains architectes conçoivent des places de façon à décourager le stationnement et la fixation des personnes. Plus radicalement, certains mobiliers urbains sont même démontés : « En 1993, le bourgmestre de Bruxelles, Michel Demaret, avait lui aussi créé la polémique en annonçant son intention de supprimer une partie des bancs des grands boulevards du centre. »55

Au final, toutes ces décisions visent à chasser ces personnes de l‘espace public, mais

d‘autres individus sont aussi considérés comme dérangeants. On retrouve dans les rues de certains quartiers des panneaux d‘interdiction de jouer au ballon s‘adressant aux enfants : en France, la commune d‘Urcel a rédigé un arrêté municipal interdisant les jeux de ballon sur la place du village ainsi que les abords. 56 Des arrêtés municipaux existent également pour empêcher les activités dans la rue des skateurs, musiciens, commerçants, grapheurs... Il n‘y a pas que la conception même des espaces publics et les règlements qui tendent à exclure certaines catégories de personnes. La construction d‘une image de marque de la ville passe aussi par la gentrification. Les sociologues Jean-Yves Authier et Catherine Bidou-Zachariasen définissent cette notion dans leur travail de recherche comme étant « le processus à travers lequel les ménages appartenant aux couches moyennes et supérieures s‘installent dans des vieux quartiers populaires situés en centre-villes, réhabilitent l‘habitat vétuste et dégradé et remplacent progressivement les anciens habitants »57. On parle d‘un embourgeoisement de certains quartiers centraux paupérisés qui entraîne l‘ouverture de nouveaux commerces spécialisés à haut pouvoir d‘achat, mais aussi d‘une série d‘équipements publics (éducation, culture, administration, santé) qui peuvent s‘insérer dans des politiques de lourdes rénovations urbaines visant un changement de composition sociale.

55 Rédaction RTBF, « SDF indésirables: le mobilier urbain rivalise d'imagination (photos) », 29 avril 2015, [https://www. rtbf.be/info/societe/detail_sdf-indesirables-le-mobilier-urbain-rivalise-d-imagination-photos?id=8968643] (03/04/2018) 56 Bourlet (Jean-Louis), Maire de la commune d'Urcel, arrêté municipal, 14 mai 2012, [http://urcel.info/IMG/pdf/ arr-t-_interdiction_jeux_de_ballons_sur_place.pdf] (04/05/2018) 57 Authier (Jean-Yves) et Bidou-Zachariasen (Catherine) « Éditorial. La question de la gentrification urbaine », Es paces et sociétés 2008, n° 132-133, p. 13-21. DOI 10.3917/esp.132.0013 [https://www.cairn.info/revue-espaces et-societes-2008-1-p-13.htm] (18/04/2018)

36


L‘amélioration et la réhabilitation du cadre de vie s‘accompagnent alors d‘une

hausse massive des loyers qui a pour conséquence d‘exclure la population initiale de ces quartiers qui comportaient jusqu‘alors des commerces et logements bon marché : classes ouvrières des anciens faubourgs, regroupements ethniques ou religieux, familles précaires, marginaux... Cette revalorisation spatiale et la réappropriation mémorielle devient alors surtout symbolique : il s‘agit de transformer et d‘instrumentaliser l‘image des lieux dans le sens d‘une revitalisation ne profitant qu‘à une catégorie de personnes qui recherchent l‘historicité et la convivialité supposées de ces lieux pourtant défigurés.

Pouvant être péjorativement qualifiés de « Bobos » dans les années 2000 ou «

Hipsters » dans les années 2010, il peut notamment s‘agir d‘individus travaillant dans le tertiaire avec une dimension créative, colorée d‘écologisme et de participation citoyenne. Mais pour Jean-Yves Authier, à travers l‘exemple de la Croix-Rousse à Lyon dans les années 199058, le spectre semble plus large : « accédants culturels » (jeunes actifs issus des couches moyennes disposant d‘un capital culturel), « accédants techniques » (ménages des franges supérieures de la classe ouvrière souhaitant devenir propriétaires), « nouveaux locataires » (jeunes individus de milieu sociaux divers désirant se rapprocher du centre). Cela a pour conséquence une mutation des espaces publics qui obtiennent le statut de principal équipement culturel du quartier : omniprésence nocturne et diurne des passants, terrasses animées, regroupements spontanés, évènements culturels de plein-air. Cette conception basée sur l‘inversion sociale visant à exclure les personnes indésirables semble venir à l‘encontre du droit à la ville prôné par Lefebvre en 1961. « Parmi ces droits en formation figure le droit à la ville (non pas à la ville ancienne mais à la ville urbaine, à la centralité rénovée, aux lieux de rencontres et d‘échanges, aux rythmes de vie et emplois du temps permettant l‘usage plein et entier de ces moments et lieux, etc.) »59 « Par définition, un espace public permet l‘accès de tous au site - il s‘agit d‘une question de droit à la ville, d‘égalité. » 60

Après avoir étudié les enjeux stratégiques de l‘espace public, nous nous intéressons

aux processus de conception de ce dernier. Qui sont les différents acteurs qui interviennent ? Quels sont leurs pouvoirs ? Nous aborderons aussi la question de la participation citoyenne dans les planifications « traditionnelles » ainsi que dans les nouvelles.

58 Authier (Jean-Yves), Réhabilitation et embourgeoisement des quartiers anciens centraux. Étude des formes et des processus de micro-ségrégation dans le quartier Saint-Georges à Lyon. Plan Construction et Architecture, 146 p, 1997, [https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00606556] 59 Lefebvre (Henri), Le droit à la ville, Paris, édition anthropos, 1968, p. 161 60 USER, Améliorer l‘usage des espaces publics dans les villes européennes, p.26 [http://www.ville.gouv.fr/IMG/pdf/ rapport_final_user.pdf] (17/04/2018)

37


2.3_ DES « PROCÉDÉS TRADITIONNELS » TOUJOURS D‘ACTUALITÉ ?

Tout d‘abord il semble pertinent de définir le terme planification. Le docteur en

urbanisme Nicolas Douay, dans l’article La planification urbaine française : théories, normes juridiques et défis pour la pratique61, explique qu‘il s‘agit d‘un « processus de définition et de mise en œuvre des stratégies territoriales.» « Pour les acteurs urbains, cela revient donc à répondre aux enjeux de cohésion sociale, de compétitivité économique ou encore de développement durable en formalisant un projet spatial. Celui-ci renvoie à un effort collectif pour imaginer (ou ré-imaginer) un espace urbain, et transposer cette nouvelle vision spatiale en termes de coordination des politiques publiques et des réalisations des acteurs privés »62

Peter Arlt, sociologue de l‘espace public, apporte un regard critique sur les

grandes planifications. Selon lui, elles ne sont que le résultat de quelques personnes dans un bureau. Elles décident de l‘avenir de la ville sans l’apport de regards extérieurs. Aujourd‘hui la conception d‘un espace public, en Belgique, fait intervenir de plus en plus d‘acteurs ayant tous un rôle précis. Il faut savoir coordonner toutes ces personnes. « The planners sat in their offices and devised master plans. Sometimes entire neighborhoods were razed because they did not accord with the social and aesthetic ideals of the planners, or else they had to go to make room for a highway. The common good of the city - the objective of all city planning - was often nothing but the city planners’ own (usually bourgeois) notion of what constitutes a “city” » 63

Selon le sociologue suisse Michel Bassand, on peut classer les acteurs dans

quatre catégorie à savoir les acteurs économiques, politiques, des professionnels de l‘espace ainsi que les usagers (citoyens et habitants). Ces acteurs permettent de décider de l’identité de ces lieux et déterminent par la même occasion les usages et pratiques appropriés.64

61

Douay (Nicolas), « La planification urbaine française : théories, normes juridiques et défis pour la pratique », L‘Infor mation géographique 2013/3 (Vol. 77), p. 45-70. [https://www.cairn.info/revue-l-information-geographique2013-3-page-45.htm] (19/04/2018)

62 63

Ibidem, p.45 Alrt (Peter), « What city planners can learn from temporary users » dans Oswalt P., Overmeyer K., Misselwilz P., Urban Catalyst : The power of temporary use, Berlin, Dom Publishers, 2013, p. 84

64

Margier (Antonin), La cohabitation dans les espaces publics: Conflits d’appropriation entre riverains et personnes marginalisées à Montréal et Paris. Géographie. (Université du Québec à Montréal), 2013, [https://tel.archives-ou vertes.fr/tel-00945671v2] (02/04/2018)

38


2.3.1_ Une procédure administrative top-down

Pour la conception d‘un espace public, il existe différentes procédures suivant

le montant du marché (procédure ouverte, restreinte, concurrentielle avec négociation, négociées sans publication préalable...). Nous allons nous intéresser plus précisément à la relation entre les différents acteurs ainsi qu‘à leurs rôles.

Comme vu précédemment, l‘aménagement du territoire est une compétence de

la région et des communes. Elles reçoivent des subventions pour réaliser les projets. Comme le démontre Nicolas Douay, ces procédures administratives sont majoritairement composées d‘acteurs économiques, politiques ainsi que des aménageurs ou concepteurs  : ce sont des planifications top-down au même titre que celle pendant la période moderniste. Pourtant le terme participation citoyenne est de plus en plus évoqué pour inclure les citoyens mais ils arrivent en dernière position. Ce terme regroupe des séances de consultation ou l’enquête public au moment de la demande du permis d‘urbanisme prévu par le CODT. Lors de notre interview, Delphine Neveux, attachée spécifique au marché public de la commune de Gerpinnes 65 explique que ce n‘est qu’une procédure administrative. Les habitants ont la possibilité de s'exprimer pendant cette enquête mais cela demande de connaître ce droit. Ils ne s‘informent pas toujours alors que les publications paraissent dans les journaux locaux. Il faut aussi connaître le moment où il est possible de la faire ainsi que le projet. « Le modèle traditionnel fait interagir uniquement les acteurs traditionnels de la planification, soit les responsables politiques et les planificateurs qui agissent comme experts dans un univers plutôt bureaucratique. L’élaboration est une question technique qui se règle entre experts et élus, sans ouvrir véritablement les arènes de négociation vers les acteurs privés ou la société civile.» 66 « La planification spatiale traditionnelle s’illustre par sa démarche top-down. Le processus décisionnel est en fait vertical, hiérarchisé et centralisé autour de la légitimité de l’État avec ses représentants élus et ses planificateurs. »67

65

Voir annexe 4 : Entretien avec Delphine Neveux

66

Douay (Nicolas), « La planification urbaine française ... » op. cit., p. 47

67

Ibidem, p. 47

39


Les citoyens n‘ont pas leur place dans le processus de décision puisqu’ils sont

consultés à la fin de la procédure. De plus ils n'ont pas de pouvoir de décision, leurs avis sont seulement à titre indicatif. C‘est le fonctionnaire délégué compétant qui rend une décision finale. Un projet peut donc obtenir un permis d‘urbanisme malgré l‘opposition des citoyens.

Lors de la présentation d’un projet, on constate que seule une minorité de

citoyens vient s’informer et participer. Ce sont généralement des personnes motivées et impliquées dans la vie de la commune, ayant du temps libre mais qui peuvent aussi être inquiètes de l’impact du projet sur leur quotidien.68 On peut aussi s’interroger sur la compréhension des projets par les habitants, tous ne disposent pas forcément des outils pour comprendre les codes de représentation des professionnels (plans, coupes, élévations, axonométrie...). Les présentations doivent être accessible et clair pour que les citoyens aient la possibilité de réagir et de proposer des idées. « Planning cannot achieve empirical reality through the work of planners alone. It is essentially intertwined with a whole range of other participants and their networks, each bringing to the process a variety of discourse types, life worlds, values, images, identities and emotions. » 69 « […] Individuals and groups can reinterpret place, symbols, and practices and how they can mobilize different logics to serve their purpose. As individuals, groups and organizations struggle to transform the social relations between them, they produce new « truths » by which to explain and understand themselves, their practices, and their societies. » 70

A travers sa contribution à l‘ouvrage collectif The Production of Public Space,

Jean Hillier dénonce ce manque de participation citoyenne dans la création des espaces publics. C‘est pourtant les citoyens qui en seront les usagers, c‘est eux qui ont la capacité de juger de la réussite du lieu via l‘appropriation. Les démarches traditionnelles restent donc des planifications top-down. Il faudrait donc tenir compte des pratiques citoyennes. La question est de savoir à quel moment les citoyens peuvent intervenir et de quelle façon.

68

Voir annexe 4 : Entretien avec Delphine Neveux

69

Hillier (Jean), « Representation, Identity, and the Communicative Shaping of Place » dans Light (Andrew) and Jonathan M. Smith (Eds), 1998. The Production of Public Space, Rowman & Littlefield Publishers, p. 207

70

Ibidem, p. 208

40


2.3.2_ La participation citoyenne au cœur des nouvelles démarches de conception De nouvelles démarches de conception de l‘espace public sont apparues pour mieux intégrer la population dans le processus de création. A Bruxelles on trouve des contrats de quartiers durables. Il s‘agit « d‘un plan d’action limité dans le temps et dans l’espace. Il est conclu entre la Région, la commune et les habitants d’un quartier bruxellois. Il fixe un programme d’interventions à réaliser avec un budget défini. »71 La durée de ces contrats est de quatre ans pour sa création et sa mise en place, plus deux ans pour la finalisation du projet.

Des réunions sont organisées avec les habitants de la zone concernée avec la

création d‘une commission de quartier qui « regroupe des habitants du périmètre, des représentants du milieu associatif local, des commerçants du quartier et des pouvoirs publics (région, commune, etc.) »72 Les habitants ont donc l‘occasion de donner leur avis sur l‘élaboration et le suivis des opérations du projet. Les contrats de quartiers offrent aussi la possibilité de développer des projets associatifs qui entrent dans les objectifs établis. « Les habitants, les associations et les communes sont étroitement associés aux différents projets menés dans chaque programme, d’où l’appellation de «contrat». Sur le plan socioéconomique, de multiples actions sont menées en faveur des jeunes et de l’accès aux personnes moins valides. Ces actions contribuent en outre à développer de nouveaux métiers de l’environnement dans la construction, des entreprises d‘insertion, etc »

Mais selon Sébastien Dechamps, de la cellule des contrats de quartiers durables

de Saint-Gilles, il y a beaucoup de participations lors des premières commissions (environ une tout les trois mois) et après il n‘y a plus que deux personnes. Ils ne sont donc pas représentatifs de la population. 73

La question est aussi de savoir ce que devient cette participation. Comment arriver

à synthétiser tous les avis reçus ? Il n‘est pas possible les prendre tous en compte. De plus les idées vont souvent dans le sens d’intérêts individuels et pas toujours dans le sens de la communauté.

71 REVITALISATION URBAINE BRUSSELS, Contrats de Quartiers Durables, [http://quartiers.brussels/1/page/definition] (23/02/2018) 72

Ibidem

73 Voir annexe 3 : Entretien avec Sébastien Dechamps

41


Les habitants prennent de plus en plus d‘importance dans la conception

traditionnelle de l‘espace public : leur consultation est obligatoire à différents niveaux dans les procédures mais pose quelques contraintes. Tout d‘abord la consultation voir la participation citoyenne allongent les délais des procédures administratives et demandent une importante organisation. Des personnes doivent donc s‘en occuper à temps plein, notamment pour que les usagers interrogés aient connaissance du projet au préalable.

Il faut cependant trouver un juste équilibre pour que la participation soit utile au

projet en devenant un réel levier de décision. Cela passe notamment par un travail de sensibilisation afin de faire prendre conscience aux habitants des problématiques qui concernent leur quartier, ou au contraire les qualités qu‘ils ne perçoivent pas. Il s‘agit de mettre en place des réunions plus ludiques à des horaires adaptés au plus grand nombre. Enfin il s‘agit d‘avoir une présence sur le site en question en allant au contact direct des habitants et ne pas attendre que ceux-ci viennent vers les décideurs.

En dehors des contrats de quartiers durables, les processus de participation

restent peu nombreux mais permettent à l‘auteur de projet d’inclure la population dans la conception du projet. Mais cette participation citoyenne prend de plus en plus d’importance. Certains habitants souhaiteraient pouvoir s’impliquer dans la conception de la ville. « Ce dispositif a favorisé la diffusion, au sein des administrations communales, mais aussi auprès des professionnels de l‘architecture et de l‘urbanisme, d‘une culture encore fragile de la participation et des usages sociaux des aménagements urbains. » 74

2.3.3_

Un avenir incertain pour les grands projets urbains.

Mike Lydon reprend dans son ouvrage Tactical Urbanism, short term action for

long-term change75 les propos de James Kunstler sur les grands projets urbains : selon lui, ils n‘ont aucun avenir économique, écologique, social ou politique. Comme évoqué précédemment Peter Arlt approuve également cette idée :

74 Comhaire (Gaël), « Activisme urbain et politiques architecturales à Bruxelles : le tournant générationnel » L‘information géographique, 2012/3, Vol 76, p.21 [https://www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2012 3-page-9.htm](25/02/2018) 75

Lydon (Mike), Garcia (Anthony), Tactical Urbanism, Short-term Action for Long-term Change, Washington, Island Presse, 2015, 230 p

42


_ Place du Rhône, Genève

PRINCIPES D’AMÉNAGEMENT

U PROJET

Cet aménagement est constitué d'un large banc circulaire en bois naturel. Ce banc double face, d’une soixantaine de mètres de longueur, est disposé au centre de la place et dialogue avec la sculpture en anamorphose « OUI-NON » de Markus Raetz fixée au banc en béton rectiligne qui lui est associé. La forme circulaire du banc permet d’avoir « un dehors et un dedans ». A l’extérieur, la fluidité des circulations piétonnes et cyclistes est conservée. En son centre, il propose un espace plus calme et protégé, propice à la détente, différencié par le matériau du sol et bénéficiant de plantations apportant un ombrage bienvenu aux usagers. Les deux faces du banc contribuent également à renforcer cette idée d’intérieur et d’extérieur, en per-

e est située sur la Rade la prolongation du pont he de la place de la Fuslieu traversé par un flux ns, riverains et touristes, deux rives du fleuve. Au marchand, à proximité des du centre-ville, elle est en par un grand nombre

mettant de pouvoir s’asseoir d’un côté ou de l’autre. Ces deux faces se déclinent en plusieurs types et hauteurs selon la légère pente du terrain. Certains éléments offrent une assise, d’autres, en nombre plus limité, permettent simplement de s’y adosser ou de s’y accouder. Ce dispositif offre un grand nombre de places assises pour les usagers et règle la problématique du stationnement sauvage en empêchant l’accès des véhicules. Les travaux ont débuté par le dégrappage du revêtement bitumineux existant et le terrassement des fosses à arbres qui ont été remplies d’un mélange terre-pierre. Un local enterré a permis de raccorder le réseau d’arrosage ainsi que la fontaine classique en fonte de type borne à tête de lion fraîchement installée. La surface a été recouverte de gravier, et c’est par la mise en place et le scellement

place « les éléments d’un langage commun à ce lieu, dans une démarche simple et unificatrice. » sition de réaménagement Par sa tous ces paramètres, en simplicité, son ouverture et son dégace généreux qui résolve à gement sur le lac, l’espace permettait d’aces liés au stationnement permettant decueillir nouveaux ponctuellement, différentes maniée en festations et de créer une réelle animation il du au centre-ville. Après quelques années, ce1994 pendant, victime de son succès, la place cerné n’a plus répondu aux besoins et attentes des ction usagers notamment à cause des nuisances mble liées à ces manifestations mais aussi à l’abtions sence d’équipements tels que bancs, point s. Le d’eau ou éclairages. Progressivement, elle Blanc s’est transformée en un lieu privilégié du ne de stationnement sauvage, empêchant toute anis- autre utilisation de cet espace initialement dédié à tous. hône « Le re en

du banc circulaire sur des socles en béton enterrés que les travaux se sont achevés.

PLANTATIONS ET ÉCLAIRAGE PUBLIC Les plantations ont été effectuées en pleine terre, dans un mélange terre-pierre, favorisant la croissance des végétaux. Un réseau automatique a été installé pour optimiser l’arrosage. Disposées de part et d’autre du banc circulaire, les différentes essences de cerisiers, résistantes aux intempéries et adaptées aux conditions urbaines, sont colorées et en cépée créant ainsi un environnement végétal fort. Un éclairage public supplémentaire a été proposé, placé au centre de la place, en périphérie des plantations, apportant ainsi un éclairage plus intime de nuit, tout en restant en harmonie avec l’installation de Markus Raetz.

DESCRIPTION DU PROJET

La place du Rhône est située sur la Rade de Genève, dans la prolongation du pont des Bergues, proche de la place de la Fusterie. Elle est un lieu traversé par un flux important de piétons, riverains et touristes, transitant entre les deux rives du fleuve. Au cœur du quartier marchand, à proximité des nombreux bureaux du centre-ville, elle est utilisée au quotidien par un grand nombre d’usagers. La nouvelle proposition de réaménagement a tenu compte de tous ces paramètres, en proposant un espace généreux qui résolve à la fois les problèmes liés au stationnement sauvage tout en permettant de nouveaux usages.

UNE PLACE EMBLÉMATIQUE RENDUE À L’ENSEMBLE DE LA POPULATION

Fig. 17 : L'ancinne place Ce projet de réaménagement a pu bénéficier de l’opportunité d’un partenariat public/priminérale servant de vé grâce à une collaboration entre certains commerçants du quartier et les services de parking sauvageD’AMÉNAGEMENT avant le la Ville de Genève. PRINCIPES Aujourd’hui, la population peut à nouveau réaménagement. s’approprier cette place emblématique. Grâce à l’installation de ce long banc circulaire, trèsCet généreux, et aux différents amé-est constitué Source : aménagement Capture d‘écran, Place d'un large nagements, la place du Rhône est redevebanc circulaire en bois naturel. Ce banc un lieu accueillant, où il fait bon flâner, dunue Rhône, Genève, Google se (re)poser ou admirer la vue. Cette place double face, d’une soixantaine de mètres est dorénavant à la hauteur du site excepstreet 2014 [https:// tionnel dans lequel elle seaout situe. est demaps, longueur, disposé au centre de la www.google.com/maps/] place et dialogue avec la sculpture en anamorphose « OUI-NON » de Markus Raetz (24/04/2018)

fixée au banc en béton rectiligne qui lui est associé. La forme circulaire du banc permet d’avoir « un dehors et un dedans ». A l’extérieur, la fluidité des circulations piétonnes et cyclistes est conservée. Fig. 18 Un centre, banc etil des plantes En: son propose un espace plus calme ajouté et protégé, propice à la détente, difont été pour pouvoir par ledematériau du sol et bénéfiresterférencié et profiter la place. ciant de plantations apportant un ombrage Source : VILLEaux DEusagers. GENÈVELes deux faces du bienvenu « Place du contribuent Rhône - également à renforcer banc cette idée d’intérieur et d’extérieur, en peraménagement espace public

- Triptyque documentaire » [http://www.ville-geneve. ch/themes/amenagementconstruction-logement/ amenagement-espace-public/ amenagements/realisations/ reamenagement-place-rhone] (24/04/2018) (*) recto : source SITG, extrait en date du 22.06.2016

Fig. 19 : Place du Rhône avec le nouvel aménagement. Source : VILLE DE GENÈVE « Place du Rhône aménagement espace public - Triptyque documentaire » [http://www.ville-geneve. ch/themes/amenagementconstruction-logement/ amenagement-espace-public/ amenagements/realisations/ reamenagement-place-rhone] (24/04/2018)

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mettant de de l’autre. Ces deux fa types et hau terrain. Certa d’autres, en simplement der. Ce dispo places assise problématiqu en empêchan Les travaux du revêteme rassement d remplies d’u Un local en réseau d’arro sique en fon fraîchement La surface a c’est par la


« Those days are gone, not because people recognized that it was impossible to carry out plans like these, but simply because the money is not available to do so. »76

Actuellement dans un contexte économique restreint, ces grands projets

demandent des investissements considérables. Il s‘agirait de se demander s‘il n‘y a pas des projets plus importants à réaliser en priorité que le réaménagement de certains espaces publics ? Nicolas Douay explique dans son article La planification urbaine française : théories, normes juridiques et défis pour la pratique que la recherche d‘efficacité dans les démarches de planification est fondamentale. « D’un point de vue plus concret, cette focalisation vers l’action et les résultats est aussi une adaptation au contexte de crise des finances publiques : ”La mobilisation et l’articulation des ressources deviennent des enjeux centraux de l’action publique urbaine qui tendent à déterminer la discussion sur les objectifs mêmes de l’action. Le projet est bien l’instrument qui permet justement de faire dialoguer en permanence, d’une part un stock de ressources en constante évolution et, d’autre part, des objectifs toujours précaires et amendables” (Pinson, 2005, 206). »77

De plus, les constructions lancées lors d‘un marché public « répondent aux

nécessité du moment »78 dans lequel elles prennent place. Elles satisfont une demande précise à un moment donné. Mais avec l’évolution de nos modes de vie et de nos besoins, un espace public peut rapidement devenir inadapté, il doit pouvoir suivre cette évolution.

Ce fut le cas à Genève par exemple. En 2000, la place du Rhône a été réaménagée

en une grande place ouverte vers le lac pouvant accueillir différents usages mais dix ans plus tard, elle ne répondait plus aux besoins des habitants. Il n’y avait aucun banc, pas de point d’eau, pas d’éclairage public, etc. Cet immense vide goudronné servait majoritairement de parking sauvage. Le projet de réaménagement a consisté en la mise en place d‘un grand banc circulaire de 60 mètre de long pour permettre aux habitants de s’approprier la place avec au centre une sculpture de Markus Raetz. Des cerisiers ont aussi été ajoutés pour créer de l’ombre en journée ainsi qu’un système d’éclairage urbain nocturne. Aujourd’hui la place est entièrement piétonne et connaît un grand succès au près des habitants comme des touristes. 79

76

Alrt (Peter), « What city planners can learn from temporary users » dans Oswalt P., Overmeyer K., Misselwilz P., Urban Catalyst : The power of temporary use, Berlin, Dom Publishers, 2013, p. 84

77 Douay (Nicolas), « La planification urbaine...» op.cit., p.66 78 Reclus (Elisée), L’évolution des villes dans Ville & civilisation urbaine XVIIIe - XXe siècle, Paris, Larousse, 1992, p 167 79 Ville de Genève, Triptyque documentaire, [http://www.ville-geneve.ch/themes/amenagement-construction-loge ment/amenagement-espace-public/amenagements/realisations/reamenagement-place-rhone] (24/04/2018)

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L‘espace public est donc un enjeu d‘attractivité des villes. Il permet de disposer

d‘une image de marque afin d’attirer des touristes mais aussi de nouveaux habitants et de nouvelles entreprises. Cela s‘effectue aux dépens d‘autres catégories de citoyens considérés comme indésirables : les sans-abris, les prostituées, les itinérants, les jeunes de rues... Ils ne semblent plus avoir leur place dans ces nouveaux lieux.

De plus, nous avons remarqué que la conception de l‘espace est une décision

ascendante, centrée autour de l‘État, des élus et des planificateurs. Cette coordination de différents acteurs dans les « processus traditionnels » de conception ne laisse que peu de place aux citoyens. Mais la chercheuse au laboratoire Espaces Travail Elise Macaire nous fait remarquer une montée de la démocratie participative avec les différents dispositifs de consultation, de concertation et de participation. Les contrats de quartiers durables en sont bien la preuve.

En outre, l’incertitude de l‘avenir des grands projets urbains nous amène

à nous interroger sur la question de la petite échelle. Dans Tactical Urbanism, short term action for long-term change80, Myke Lydon évoque « les projets XS (extrasmall) ».81 Ce sont de petites interventions pouvant être réalisées par des habitants ou de nouveaux professionnels. Économiques, rapides et petites, on parle d‘urbanisme DIY ou d‘urbanisme tactique en opposition à ces grands projets. On assisterait donc à l‘émergence d‘une nouvelle manière de concevoir la ville. Des associations semblent mettre en avant des « démarches alternatives aux "processus traditionnels" d’élaborations du projet architectural ou urbain qui réservent la conception et la réflexion aux seuls professionnels.» 82 « The really existing city and unpredictable events are initially ignored or suppressed by the strength and power of the will (that is, of the plan) » 83

80

LYDON (Mike), op. cit

81

LYDON (Mike), op. cit, p.11

82

Macaire (Elise) , « Des architectes à l‘épreuve de la participation »,dans De Coninck F. et Deroubaix J-F., Ville éphémère et ville durable - Nouveaux usages, nouveaux pouvoirs, Paris, édition de l‘Oeil d‘Or, 2009, p. 135 [http://www.let.archi. fr/IMG/pdf/ED-emacaire-web.pdf] (20/02/2018)

83

Alrt (Peter), « What city planners ...», op. cit p. 84

45


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CHAPITRE 3 L'OCCUPATION TEMPORAIRE : UNE ALTERNATIVE À LA PRATIQUE URBAINE ?

Cette partie est d'abord consacrée

à l’appropriation des espaces publics par les citoyens et par une nouvelle génération d'architectes et urbanistes proposant une fabrique de la ville repensée grâce à l'éphémère.

Puis nous aborderons les différents

processus d'interventions dans l'espace public d'un point de vue spatial

Enfin une étude de cas nous permettra

de mieux comprendre les relations entre les différents intervenants lors d'une occupation temporaire

au

sein

d'une

planification

traditionnelle.

La sélection de réalisations au sein d'un

corpus permet d'illustrer le propos avec des exemples concrets ayant des problématiques variées.

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3.1_ UNE APPROPRIATION CITOYENNE DES ESPACES PUBLICS

Depuis le début du XXème siècle, les citoyens essayent de se réapproprier la ville

par différents moyens. Jürgen Habermas, théoricien en philosophie et sciences sociales a proposé une définition de l‘appropriation : « Le processus au cours du quel le public constitué d‘individus faisant usage de leur raison s‘approprie la sphère publique contrôlée par l‘autorité et la transforme en une sphère où la critique s‘exerce contre le pouvoir de l‘état. » 84

L‘appropriation peut donc se définir comme le moyen de transformer un espace

neutre pour le rendre propre à un usage ou à une destination. Elle prend en compte le processus (système de pratique) et le résultat (le vécu). L‘appropriation renvoie aussi à une capacité d‘agir spatialement : les habitants peuvent donc directement intervenir dans l‘espace public pour l‘adapter à leurs besoins. Comme évoqué précédemment, dans se sens l’espace public se caractérise par l’appropriation des citoyens d’une manière non envisagé par les planificateurs.

3.1.1_ Redonner à l‘espace public une échelle humaine et de nouveaux usages

Au Moyen-Age, l’Homme occupait toute la ville : elle était conçue par rapport à

sa taille et sa vitesse. Avec les principes modernes de la hiérarchisation des circulations et les constructions en hauteur, la ville a perdu l’échelle humaine. Les places publiques secondaires comme les placettes ou les squares de quartier sont remplacées par des nappes de stationnement85, la largeur des trottoirs diminue au profit d’un nombre de voies et de places de parking toujours plus important. La place dédiée à l’Homme en ressort alors radicalement réduite. De plus le zonage des fonctions supprime les usages potentiels de l’espace. Des initiatives citoyennes ont émergé face à cette conception de la ville.

84

Delbaere (Denis), La fabrique de l’espace public : ville, paysage et démocratie, Paris, Ellipses Edition, 2010, p. 31

85 Gasnier (Arnaud), « La fin des espaces publics urbains ? De nouveaux enjeux environnementaux. » Norois, n°185, Patrimoine et environnement. Les territoires du conflit, 2000, p.65 [http://www.persee.fr/doc/noroi_0029-182 x_2000_num_185_1_6999] (22/02/2018)

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_ Play Street

Fig. 20 : Rue bloquée à la circulation pour permettre à des garçons de jouer à la balle entre 1916- 1920 Source : THE ATLANTIC, « More historic photos from the NYC municipal archives », 13 juin 2012, [https://www.theatlantic.com/photo/2012/06/more-historic-photos-from-the-nyc-municipalarchives/100318/#img18](05/03/2018)

Fig. 21 : Fermeture de la rue Jackson Heights dans le Queens (NY) les samedi après-midi d'été depuis 2008. La route devient un espace de rencontre, les enfants peuvent jouer en sécurité. Un agenda avec des activités est mis en place. Source : PROJET FOR PUBLIC SPACES, « 78th street Play Street », [https://www.pps.org/places/78th-street-playstreet], (05/03/2018)

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_Initiative 1 : Play Street Face au développement de l’automobile toujours plus important et au manque d’espaces publics, des parents ont décidé en 2011 de couper la circulation automobile d’une rue résidentielle de Bristol en Angleterre afin d’assurer la sécurité de leurs enfants. La ville a depuis reconnu les avantages de cette opération en maintenant certaines rues fermées pendant trois heures l’après-midi. Ces zones de jeux spontanées et temporaires deviennent des lieux de rencontre pour les enfants et permettent de lutter conte l’obésité en encourageant une pratique physique régulière. L‘initiative «play street» (jeux dans la rue) est apparue au début du XXème siècle.86 Elle repose sur une idée modeste qui consiste à fermer une rue pendant un après-midi afin que les enfants puissent y jouer. New York manquait d’espaces de jeux pour les enfants à cette époque. Le trafic n‘étant pas forcément fréquent dans les rues résidentielles, ils s‘en servaient habituellement comme terrain de jeux. La police a donc décidé d’en fermer certaines au trafic automobile afin de garantir pleinement leur sécurité. Puis en 1909, un plan de régularisation du trafic automobile à plus grande échelle a permis de garantir la sécurité des piétons et des enfants. Les rues seront régulièrement interdites à la circulation après les heures d’école pour que les enfants puissent jouer dehors. En 1914, c’est l’officier Arthur Woods qui étendra le concept à 29 rues dans Manhattan. New York City Police Athletic League établira un programme pour que les enfants aient la possibilité de pratiquer une activité physique et des activités culturelles. Et en 1916, un officier dira dans le New York Times : « It is only natural that children should want to play and if the city refuses to provide playgrounds for them, they are going to play in the streets» ; «reduce the temptations of wrongdoings by keeping children off the streets and by giving them a chance for wholesome play under proper supervision. »87

Avec le développement de l’automobile toujours plus important et la création de banlieues résidentielles, le programme des plays street a disparu. Cependant, il est réapparu il y a quelques années pour continuer à combattre l’impact des voitures dans nos villes. Même si une rue sans végétation n‘est pas le meilleur terrain de jeux, c’est une solution rapide et économique en réponse au besoin d’espaces publics et à la vie de quartier. De plus, cela a permis d’apaiser les tensions entre les enfants et la police et de réduire la délinquance juvénile.

86 87

POLICE ATHLETIC LEAGUE, New York, [http://www.palnyc.org/history/], (25/02/2018) Lydon (Mike), Garcia (Anthony), Tactical Urbanism, Short-term Action for Long-term Change, Washington, Island Presse, 2015, p. 40

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_ Park(ing) Day

Fig. 22 : Premier park(ing) day créé par Rebar en 2005 à San Francisco Source : REBAR, [http://api.ning.com/files/PZmd1I1GLRdEV0NLC*-DoY2gWCXy47X4QQN9s0R6ZnGMsT8k 70*lEp5zmI0-30/rebar_parkingday_01.jpg] (21/02/2018)

Fig. 23 : Axonométrie d’un parklet pouvant servir de terrasse pour un commerce et de stationnement pour vélos. Source : PAVEMENT TO PARK, San Francisco [http://pavementtoparks.org/about/] (21/02/2018)

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_Initiative 2 : Park(ing) Day En 2005, des employés d'une firme de design à San Francisco sont confrontés à l‘absence d‘espaces où s’asseoir alors qu‘ils souhaitent manger dehors. Ils se sont installés sur une place de parking où en activant l‘horodateur ils pouvaient utiliser l‘espace légalement et y apporter du mobilier (chaises, table, plante).88 Cette initiative spontanée et temporaire donna naissance au premier parklet.89 Par cette action, ils dénoncent l’omniprésence de la voiture à San Francisco où 70% des espaces extérieurs sont utilisés par le stationnement.90 Ils souhaitent « mener des actions concrètes de réappropriation de l’espace urbain » et revendiquent une meilleure place du piéton. Le parklet amène une réflexion sur la qualité de nos espaces publics et sur la manière dont ils ont été conçus. Selon le site francophone, il s‘agit « d’imaginer de nouveaux usages urbains et de formuler ensemble des propositions pour la ville de demain »91. Une installation comme celle-ci permet de dynamiser un espace, qui devient un petit parc ouvert à tous. Cette installation temporaire de mobilier urbain ne demande pas de gros changements. Cette action s’est rapidement répandue dans le monde avec la diffusion de la photo du premier parklet par Rebar. Il existe maintenant une journée mondiale du Park(ing) Day créée par ce collectif qui a lieu le 3ème week-end de Septembre. Les installations n’existent que pour un jour, elles font donc partie de l’urbanisme tactique car elles évoquent plus le coté festif et événementiel de la ville. Elles permettent l’expérimentation et la création dans l’espace public. Le manifeste francophone de Park(ing) day92 décrit les places de parking comme des « niches urbaines dévalorisées et sous utilisées » qui peuvent devenir des « expérimentations créatives, sociales, politiques ou artistiques » pour mettre en valeur d’autres usages possible de l’espace public que celle d’une activité automobile. Ce mouvement a ensuite inspiré des projets d’urbanisme temporaire. En 2010, la ville de San Francisco a mis en place le programme « Pavement to Plaza »93 sur un concept similaire. Dans ce cas-ci, les installations restent plusieurs années. La ville souhaite imaginer le nouveau potentiel de la rue, encourager les déplacements à pied, favoriser les liens sociaux et aider les commerçants locaux. Ils sont tous différents, on retrouve des stationnements pour vélo, des espaces pour s’asseoir et des endroits de représentation. Il y en a douze dans la ville aujourd’hui. Cet exemple montre que grâce à un aménagement simple et économique une autre conception de la ville est possible, une ville prenant en compte les besoins des habitants grâce à des installations éphémères. 88

Voir annexe 8 : analyse de l'occupation Park(ing) Day

89 90

Ibidem, p. 134 Douay (Nicolas) et Prevot (Maryvonne), « Park(ing) day : label international d’un activisme édulcoré? », Environnement Urbain /Urban Environment, Volume 8, 2014, [http://eue.revues.org/303], (21/02/2018)

91 Site français de Park(ing) Day, [http://www.parkingday.fr] (21/02/2018) 92 REBAR, Manifeste Park(ing) Day, San Fransisco, Juin 2009 [http://www.parkingday.fr/2010/wp-contentuploads/ 2010/06/manifesteparkfr.pdf] (07/03/2018) 93 PAVEMENT TO PARK, San Francisco, [http://pavementtoparks.org/about/] (21/02/2018)

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_ Jardins Voisins

Fig. 24 : vue aérienne du nouvel l'aménagement de la cité Amédée Huon Source : COLOCO, [http://www. coloco.org/projets/jardinsvoisins-ivry-montmousseau/] (24/03/2018)

Fig. 25 : Photos de la cité avant l’intervention de Coloco. Source : FADA, jardins voisins [http://www.fabiendavid.com/ jardins-voisins/] (24/03/2018)

Fig. 26 : Photos de la cité Amédée Huon après. Le béton à été percé pour ajouter de la végétation. Source : FADA, jardins voisins [http://www.fabiendavid.com/ jardins-voisins/] (24/03/2018)

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3.1.2_ Réappropriation des espaces publics « stériles » « Dans l‘urbanisme moderne, la relation entre les surfaces bâties et les surfaces vides s‘inverse littéralement. » 94

L‘un des principes de la Charte d’Athènes est la ville dans le parc. On le remarque

particulièrement avec la création après la Seconde Guerre Mondiale de grands ensembles entourés d'espaces verts. Ce sont des zones de vide qui ne laissent place à aucun usage. Il est même parfois interdit de marcher dessus, ce n’est que de la décoration. Dans Reconquérir les rues exemples à travers le monde et pistes d‘actions95, Nicolas Soulier évoque le terme de stérilisation de l'espace public en raison d'une série de lois contraignantes. Ces espaces deviennent homogènes, vides et sans vie sociale. _Initiative 1 : Jardins Voisins

En 2016, les élus et les habitants de la cité Amédée Huon décident de créer un

chantier participatif pour réaménager l‘espace au pied des immeubles d‘appartements. Le projet Jardins Voisins 96 est l’occasion de renforcer des dynamiques citoyennes selon la ville d‘Ivry. Le collectif Coloco97 a été invité à participer au projet et à les accompagner dans la conception. La cité était majoritairement minérale n‘offrant aucune fonction particulière. L‘ancien terrain de tennis était devenu un stationnement sauvage. Les habitants de la cité ont été concertés pour établir un programme. Ils souhaitaient voir l‘installation de jeux pour enfants, d‘équipements sportifs, d‘un espace vert ainsi qu‘un lieu de rencontre pour les seniors afin que cela devienne un lieu de regroupement intergénérationnel. Une réflexion sur les problèmes causés par le stationnement sauvage est aussi proposée. Le projet a commencé par une analyse du site ainsi qu‘une visite de terrain guidée par les habitants car ce sont les mieux placés pour décrire leur environnement. Des ateliers ont ensuite été mis en place pour réfléchir sur des aménagements et des ajustements correspondant aux attentes des habitants. Des rencontres avec les différents services municipaux ont permis de prendre en compte les contraintes du site ainsi que de réfléchir à son entretien futur. Le chantier participatif s‘est déroulé de mars à octobre 2017. Plus de 400 enfants des écoles voisines ont participé à la plantation des îles de végétation. Les différents aménagements ont été créés grâce au réemploi de matériaux déjà présents ou avec des matériaux recyclés. 94

Sitte (Camillio) La banalité des aménagements urbains modernes, 1889, p.242

95

Soulier (Nicolas), Reconquérir les rues exemples à travers le monde et pistes d'actions, Ulmer, Paris 2012, 285p.

96

Le portail citoyen de la ville d'Ivry-sur-Seine, « Espaces publics quartier Monmousseau » 14 février 2017, [http://www.ivry94.fr/14691/projets-espaces-verts-et-voirie.htm] (24/03/2018)

97

COLOCO, (http://www.coloco.org/projets/jardins-voisins-ivry-montmousseau/) (24/03/2017)

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_ Guerilla Gardening

Fig. 27 : Liz Christy a créé le premier jardin communautaire de New York en 1973. Source :The Cultural Landscape Fondation, [https://tclf.org/pioneer/liz-christy] (27/02/2018)

Fig. 28 : Un groupe de Green Guerilla ajoute des fleures à une intersection de rue. Source : SANSON (Soizic) « ”Guerilla Gardening”, La Guérilla jardinière », 17/09/13, [https://laspirale.org/ texte-420--guerilla-gardening-la-guerilla-jardiniere.html] (27/02/2018)

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_Initiative 2 : Guerilla Gardening C’est à New York en 1973 que commence Guerilla Guardening, une jeune artiste Liz Christy et ses amis nommés les « Green Guerrilleros »98 ont décidé de verdir les espaces délaissés ou mal entretenus de la ville à l’aide de « bombes de graines ». Ils agissaient de nuit. Puis sur une parcelle abandonnée dans leur quartier, ils ont planté des légumes et des fleurs pour créer un jardin partagé avec l’aide des commerces voisins.99 D’autres jardins ont été créés par la suite. Le premier est maintenant entretenu par des bénévoles et des services de la ville de New York 100. Guerilla Gardening peut être vu comme un mouvement d’activistes politiques prônant le droit à la ville. Dans l’article La fabrication de la ville durable entre conflit et participation : les activistes urbains écologistes en région parisienne101, Lélia Reynaud-Desmet évoque les différentes justifications : l’ajout de végétation participe à « l’amélioration du cadre de vie des habitants, au partage des terres et à l’optimisation des ressources disponibles en passant par les bienfaits physique et spirituels - de l’activité de jardinage »102. Selon le site français de Guerilla Gardening, cela permet de retrouver le contact avec la terre.103 Le mouvement s’est ensuite répandu avec Richard Reynolds qui planta de la végétation au pied de son immeuble dans les année 2000. Aujourd’hui, on retrouve différents collectifs affiliés à ce mouvement en France. 104 Il existe encore d‘autres exemples illustrant le pouvoir que peuvent exercer les citoyens dans l‘espace public. Ils dénoncent des espaces non adaptés à leurs besoins et font part de leur volonté de s‘impliquer de manière individuelle ou collective dans la conception de la ville. Ils illustrent également le changement possible d‘usage d‘un espace. Henri Lefèbvre105 expliquait en effet que, par la réappropriation, les habitants peuvent redonner une valeur d‘usage à l‘espace public. Diverses actions ayant des objectifs similaires émergent autour du monde. Elles sont menées par de nouveaux acteurs. Ces derniers semblent proposer une nouvelle manière de travailler et de concevoir la ville en dehors des circuits de planifications traditionnelles .

98

Reynaud-Desmet (Lélia), « La fabrication de la ville durable entre conflit et participation : les activistes urbains écologiste en région parisienne », L’information géographique 2012/3, Vol. 76, p. 39. [https://www.cairn.info/re vue-l-information-geographique-2012-3-page-36.html] (27/02/2018)

99

GREEN GUERILLAS, [http://www.greenguerillas.org/history] (27/02/2018)

100

THE STREET PLANS COLLABORATIVE, Tactical Urbanism Short Term Action Long Term Change, Vol 1 [https://issuu. com/streetplanscollaborative/docs/tactical_urbanism_vol.1] (12/02/2018)

101

Reynaud-Desmet (Lélia), « La fabrication de la ville durable... » op. cit.

102

Ibidem, p. 39

103

GUERILLA GARDENING FRANCE, [http://guerilla-gardening-france.fr/wordpress/]

104

Reynaud-Desmet (Lélia), « La fabrication de la ville durable ... » op. cit., p. 39

105 Régnier (Michel), Urbanose, « Entretien avec Henri Lefèbvre », , Office national du film du Canada, 1972, 34'26, mise en ligne par Villaverde (Diego) le 9 juillet 2012, [https://www.youtube.com/watch?v=0kyLooKv6mU&t=1537s] (04/03/2018)

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3.2_ L’ÉMERGENCE D‘UNE FABRIQUE DE LA VILLE ALTERNATIVE 3.2.1_ Des planifications top-down vers une conception bottom-up Alors que certains citoyens commencent à prendre conscience de leur capacité à agir dans la ville, le terme « empowerment » fait son apparition dans les années 1930. Il se traduit par la « capacité des individus et des collectivités à agir pour assurer leur bienêtre ou leur droit de participer aux décisions les concernant »106. Cette notion s’oppose au modèle courant de développement top-down des planifications des espaces publics par des acteurs politiques ou professionnels. Anne-Emmanuèle Calvès, professeure en sociologie explique que dans les approches bottom-up, émanant de la population, les citoyens qui développent ou aident au développement doivent être considérés comme des acteurs au même titre que le pouvoir politique ou l’architecte du projet. « La réflexion sur le renforcement du pouvoir des individus et des communautés comme élément central d’un modèle de développement alternatif est donc largement entamée à la fin des années 1970 même si elle se cantonne encore, comme le souligne Friedman (1992), à un nombre restreint d’universitaires et de professionnels du développement. » 107

Après les mouvements politiques et sociétaux de 1968, la profession des architectes évolue avec l’arrivée des sciences sociales. Elle s’inscrit dans un mouvement de socialisation de l’architecture108. Elise Macaire, chercheuse au laboratoire Espaces Travail, explique qu‘une nouvelle génération d‘architectes s’interroge de plus en plus sur la dimension sociale dans l’architecture ainsi que sur la formation et l’exercice du métier. Le thème de la participation citoyenne est au cœur des débats. Ces architectes proposent une nouvelle manière de concevoir la ville, en parallèle des processus de conceptions traditionnels. Les planifications bottom-up sont caractérisées par de petites interventions dans lesquelles la maîtrise et conception du projet par les habitants est plus importante. C‘est une nouvelle manière de concevoir un projet avec une courte temporalité.

3.2.2_ L’éphémère dans l’espace public

L‘éphémère est caractéristique de ces planifications bottom-up. Il est présent dans nos villes depuis longtemps par les marchés, foires, événements sportifs, festivals, etc. Dans l’article Mettre en scène et mettre en intrigue : un urbanisme festif des espaces publics109, Benjamin Pradel explique que l‘éphémère permet de réinventer les espaces 106 Calvès (Anne-Emmanuèle), « "Empowerment" : généalogie d'un concept clé du discours contemporain sur le développement », Revue Tiers Monde 2009/4, n° 200, p. 736 [https://www.cairn.info/revue-tiers-monde-2009-4 page-735.htm] (10/03/2018) 107 108

Ibidem p. 738 Ringon G., Histoire du métier d’architecte en France, d’après B. HAUMONT. Lu dans l'article de Macaire (Elise) , « Des architectes à l'épreuve de la participation », in De Coninck F. et Deroubaix J-F., Ville éphémère et ville durable - Nouveaux usages, nouveaux pouvoirs, Paris, édition de l'Oeil d'Or, 2009, pp 135-147

109

Pradel (Benjamin), « Mettre en scène et mettre en intrigue : un urbanisme festif des espaces publics » Géocarrefour, vol.82/, 2007, mis en ligne le 01 octobre 2010, [http://journals.openedition.org/geocarrefour/2177] (27/04/2018)

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publics et de provoquer la rencontre. Il amène une solution de flexibilité aux contraintes des villes. La richesse de l‘éphémère est bien sa temporalité qui semble permettre une liberté d’action et offre la possibilité de tester des aménagements ou de déclencher des usages imprévus. C‘est à l‘usager d‘activer le lieu. L‘éphémère concerne tous les types de réalisations de la simple table de pique-nique à l’aménagement complet d’un espace public créé par des dizaines de personnes. Le but est de proposer un nouvel usage, d‘animer ou de faire redécouvrir un lieu sous-exploité. L‘occupation temporaire d’un lieu est composée d‘installations éphémères comme une alternative à la fabrique de la ville. L’espace public se construit ainsi dans l’incertitude du futur, de l’usage et du financement. Il a la capacité de détourner les règles et de tester des usages qui n’auraient jamais eu lieu dans le cadre d’un aménagement pérenne. L’occupation temporaire de l’espace public semble pouvoir intervenir en rupture totale d’une conception « traditionnelle » ou en complément de l’architecture. Cela permet de répondre au cas par cas à la notion d’évolution des usages dans la ville et ainsi être une solution crédible à la « crise » de l’espace public.

3.2.3_ Philosophie des nouveaux acteurs

De nouveaux individus s’investissent dans l’éphémère en proposant une nouvelle réflexion sur la création de l’espace public et des usages qui y sont possibles. Ils forment des associations ou utilisent le terme de « collectif d‘architecte ». Ces nouvelles générations ne se reconnaissent pas forcément dans le métier tel que nous l’apprenons à l’école. Dans l’article Collectifs d‘architectes 110, Margaux Darrieux souligne la question du besoin de liberté, ils ne souhaitent pas « se voir enfermés dans une case comme ils ont précédemment refusé de l’être en agence »111. Ce sont des professionnels diplômés ayant réalisés leur habilitation afin d’obtenir le titre mais volontairement non inscrits à l‘ordre. Ils se composent en équipes pluridisciplinaires s’ouvrant sur de nouveaux domaines pour croiser un maximum de connaissances : architecture, urbanisme, paysage, design, construction, sociologie, philosophie... Ce sont des personnes dynamiques et singulières souhaitant faire évoluer le monde dans lequel nous vivons. Lorsque les agences d‘architectures sont principalement mono-tâches, ces collectifs montrent une envie de faire : ils sont « touchesà-tout »112. Mais cela leur demande une très bonne connaissance de la conception de la ville et particulièrement de l‘espace public selon Margaux Darrieux113. Si actuellement les relations usagers - architectes ne sont pas forcément les plus simples : les commissions de consultation ou de participation sont souvent limitées. Les collectifs d‘architectes souhaitent que l‘implication des habitants dans le processus de

110

Darrieus (Margaux), « Collectifs d’architectes », AMC Le Moniteur Architecture, n°232, avril 2014, p.63-73

111

Ibidem, p. 64

112

Ibidem, p. 65

113

Ibidem, p. 65

58


_ Une conception pluridisciplinaire DESIGNERS

MAÎTRE D‘OUVRAGE

ARCHITECTES

ARTISANS Projet

Projet ENTREPRENEUR

SCÉNOGRAPHES

ARCHITECTE

CITOYENS SOCIOLOGUES

PHILOSOPHES PAYSAGISTES

Fig. 29 : Schéma des relations entre les différents acteurs d‘un projet tel qu‘on nous l‘enseigne pendant les études d‘architecture : le trio maître d'ouvrage, architecte, entrepreneur. Fig. 30 : Schéma des relations entre les différents acteurs d‘un projet réalisé par un collectif d’architecte pluridisciplinaire. Tout le monde a un rôle dans le processus de création. Sources : Document personnel de COLOMBO (Chloé), Mons, 21 mars 2018

Fig. 31 : Organisation de la fabrique d‘architecture(s) bricolée faisant intervenir plein d’acteurs différents. Projet auto-porté en lien avec le projet de renouvellement urbain du quartier du Pile à Roubaix. Financé par la Condition publique, la ville de Roubaix et la Fondation de France. Sources : LES SAPROPHYTES, la fabrique d‘architecture(s) bricolée, 2011, [http://www.les-saprophytes. org/project/fabrique-darchitectures-bricolee/] (28/04/2018)

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conception et de construction soit plus importante voir prioritaire. On voit apparaître la notion de maîtrise d’usage : la « co-construction »114 de la ville avec les usagers. Les collectifs souhaitent favoriser les initiatives citoyennes. Nous connaissons le duo maître d’ouvrage et maître d’œuvre, à cela devrait donc s’ajouter la notion de maître d’usage représenté par les habitants. Ils sont les experts de leur quotidien, de leur quartier et devraient donc être intégrés dans la conception de la ville. Ces collectifs estiment avoir à apprendre des usagers en les intégrant à partir de la conception d‘un projet jusqu'à sa réalisation finale.115 Elise Macaire explique que l‘éphémère est pour ces nouveaux acteurs un moyen de revendiquer leurs convictions. Ils travaillent sur des projets locaux à petite échelle et avec une réalisation à moindre coût : ils confrontent leurs idées et voient l‘impact réel du projet dans l‘espace comme une maquette échelle 1/1. Pour Margaux Darrieux, ces collectifs conçoivent un processus de réalisation comme un chantier participatif et évolutif plus qu‘un aménagement définitif. Ils expérimentent et modifient en fonction des effets constatés. Ils peuvent être financés dans le cadre d‘actions culturelles mais créent aussi leur propres projets en soulevant des fonds en ligne ou reçoivent l'aide de fondations philanthropiques.116 Ils s‘inscrivent donc dans une conception alternative de la ville. « Ces associations mettent en valeur des démarches alternatives aux processus traditionnels d‘élaboration du projet architectural ou urbain qui réservent la conception et la réflexion aux seuls professionnels. Elles privilégient souvent des interventions sur les petites échelles permettant une maîtrise plus importante des habitants sur le projet.»117

Ces collectifs participent à l’évolution de la profession d‘architecte et au changement de perception du métier de l‘extérieur. Dans un contexte où la recherche du travail pour de jeunes architectes devient difficile, les réseaux de collectif ne cessent de se développer mais ils refusent de se fédérer probablement pour préserver leur liberté d’action118. Les plus connus sont Bruit du frigo (Bordeaux), Bellastock (Paris), le collectif marseillais ETC, le collectif parenthèse ou encore les lillois les Saprophytes. Ces derniers affirment dans « une vision politique et sociétale : une ville plus humaine, plus créative, moins consommatrice. »119. Ils proposent un processus de construction collective de la ville basé sur l’échange d’expérience et de savoir-faire. L’espace est leur terrain d’expérimentation. « À force de terrain et de liens tissés avec les populations, les possibles professionnels de leurs pratiques associatives émergent. L’œil affûté de ces jeunes architectes, leur capacité à sensibiliser les habitants à leur environnement intéressent les acteurs de l’urbain. »120

114 LA FABRIQUE DE LA CITÉ, Comment transformer la ville à partir des usages ?, 2015 p. 15 [https://www.lafabriquede lacite.com/fabrique-de-la-cite/site/fr/evenements/pages/comment_transformer_la_ville_a_partir_des_usages. htm] (21/02/2018) 115

Darrieus (Margaux), « Collectifs d’architectes », AMC Le Moniteur Architecture, n°232, avril 2014, p.64.

116 117

Ibidem, p. 65 Macaire (Elise) , « Des architectes à l'épreuve de la participation », in De Coninck F. et Deroubaix J-F., Ville éphémère et ville durable - Nouveaux usages, nouveaux pouvoirs, Paris, édition de l'Oeil d'Or, 2009, p 135-147

118

Darrieus (Margaux), « Collectifs d’architectes », AMC Le Moniteur Architecture, n°232, avril 2014, p.65

119

LES SAPROPHYTES, le collectif [http://www.les-saprophytes.org/le-collectif/] (29/03/2018)

120

Darrieus (Margaux), « Collectifs d’architectes ... » op. cit p.64.

60


_ Une occupation spontanée

Fig. 32 : Installation d'un banc dans une rue de Limoilou (Québec) créé par le collectif Le Banc. Ils souhaitaient démonter que par le simple ajout de mobilier ils pouvaient transformer l'usage d'un espace. Source : COLLECTIF LE BANC, [http://www.atelierlebanc.ca] (21/03/2018)

Fig. 33 : En plus des bancs, ils ont créé de nouveaux mobilier urbain comme des tables ou des stationnement pour vélos pour animer l'espace. Source : Atelier Le Banc, 27 septembre 2015 [https://www.facebook.com/pg/atelierlebanc/photos/?ref=page_internal] (21/03/2018)

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Les initiatives citoyennes restant au cœur de leur processus de conception, ces collectifs disposent donc de différents moyens pour intervenir dans l‘espace public. Trois grandes catégories ont été recensées, des actions spontanées voire illégales, à la demande d‘habitants et l’émergence d’une demande des acteurs publics.

3.3_ VARIATION DES PROCESSUS D'OCCUPATION TEMPORAIRE PAR LES NOUVEAUX ACTEURS 3.3.1_ Une occupation spontanée et locale

Déjà réalisée par Rebar en 2005 avec la naissance de Park(ing) day, certains

collectifs décident d’intervenir dans la ville de façon ponctuelle, rapide et sans demande d’autorisation préalable, pourtant nécessaire. Ce sont de petites constructions peu coûteuses et facilement transportables. _Initiative : Un banc

C’est une des méthodes du collectif québécois Le Banc. Composé d’architectes,

d’urbanistes ou étudiants, ils réalisent de petits projets ayant un impact direct sur l’aménagement urbain. L’observation de l’espace leur permet de comprendre les besoins des usagers. Ils proposent un aménagement rapide et économique, à l’aide de matériaux recyclés comme le bois de palette, ayant une esthétique coloré et originale qui se remarque. Leur approche peut être ainsi associée à l’urbanisme tactique. L’une de leur première intervention était dans une rue du quartier de Limoilou dans la ville de Québec où ils sont venus déposer un banc en plein nuit. Un an plus tard, le banc était toujours là et utilisé.

Ce type d’intervention n’inclue pas la participation citoyenne mais par ce geste,

ils souhaitent montrer aux citoyens qu’ils ont la possibilité d’intervenir eux-même dans l’espace public qui constitue leur cadre quotidien.121 Ils interviennent dans des « endroits oubliés avec du potentiel »122. Aujourd‘hui le collectif Le banc est reconnu et à été mandaté par l’arrondissement La Haute-Saint-Charles à Loretteville (Québec) pour penser un aménagement temporaire d‘une rue le temps d‘un été.

121

Tremblay, (Julien) « La simplicité comme mode d’action [collectif Le Banc] ». Inter n°121, 2015, p. 92–93 [https://www.erudit.org/fr/revues/inter/2015-n121-inter02146/79365ac/] (28/L03/2018)

122 Laferrière (Michèle), « Collectif Le banc: investir les endroits oubliés », Le Soleil, 2 septembre 2013, [https://www. lesoleil.com/maison/collectif-le-banc-investir-les-endroits-oublies-c5a9da6cf4d88013e4dd0a2ab93781ee] (28/03/2018)

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_ Un village éphémère

Fig. 34 : Village éphémère en 2013. Un projet auto-porté qui deviendra subventionné par le ville de Montréal année suivante. Renommé le Village au Pied du Courant, il revient chaque année avec de nouvelles installations Source : SEMINARO (Jean-Michael), photographie sans titre, Montréal, 2013, dans CARIGNAN (Marc-André), « Village éphémère: Je suis en deuil », Métro, 19 février 2015, [http://journalmetro.com/opinions/paysages-fabriques/723455/ je-suis-en-deuil/](21/03/2018)

Fig. 35 : L'espace habituellement inoccupé est transformé le temps d'une journée en un espace convivial grâce à de simple installations. Source : SEMINARO (Jean-Michael), photographie sans titre, Montréal, 2013, dans CARIGNAN (Marc-André), « Village éphémère: Je suis en deuil » Métro, 19 février 2015 [http://journalmetro.com/opinions/paysages-fabriques/723455/ je-suis-en-deuil/](21/03/2018)

63


3.3.2_ Une occupation auto-portée

Certaines occupations sont décidées par les collectifs, ce sont des projets « auto-

motivés »123. Ils financent eux-même le projet et soulèvent des fonds grâce à des dons ou campagne de financement. Puis une fois le projet conçu et réalisable, ils demandent l’autorisation d’occuper l’espace public pendant une certaine période. _Initiative : Le village au pied du courant En 2013, Jérôme Glad et des amis designers s’associent le temps d’une journée pour créer une place temporaire sur un site post-industriel sous-exploité en bordure du fleuve : le village éphémère de Montréal. Cet exemple montre qu’une communauté a le pouvoir de se réapproprier un lieu. L’investissement personnel de 10 000$ a été entièrement remboursé par la vente de boissons. Par la suite, ils ont décidé de former un collectif : la Pépinière. Ils sont revenus l’année suivante avec un nouveau projet : le village au pied du courant.124 Pendant deux mois et grâce à des aménagements éphémères, ils ont créé un lieu de rencontre accessible à tous avec une programmation culturelle variée et pour tous les ages. Sur les 150 000 $ d’investissement seulement 10 000 $ proviennent d’une subvention de la ville de Montréal.125 _Initiative : SPOT (sympathique place ouverte à tous) Il existe d’autres exemples d’occupation auto-portée au Canada. Le SPOT est une initiative étudiante de l’école d’architecture de l’université Laval dans la ville de Québec et qui consiste également à aménager une place publique éphémère qui revalorise un site urbain délaissé.126 En 2017, j’ai eu l’occasion de participer à la troisième édition qui avait pour thème l’agriculture urbaine. Un comité organisateur est créé par des étudiants au sein de l’école d’architecture pour mettre en place le projet. Il s’occupe des questions administratives (université, assurances, banque, service d’urbanisme, partenariats…) puis gère la logistique du chantier (sécurité, eau, électricité, achat des matériaux de construction, location des outils et blocs sanitaires…) et le fonctionnement du site au quotidien (budget, activités, programmation, ventes, entretien, communication...). Un week-end de workshop est organisé afin d’imaginer les installations de la future place. Les équipes se composent d’étudiants en architecture et de firmes d’architecture de la ville qui doivent esquisser une installation suivant la demande faite par le comité : kiosques multifonctionnels, clôture,

123 Darrieus (Margaux), « Collectifs d’architectes », AMC Le Moniteur Architecture, n°232, avril 2014, p.65 124 Voir annexe 8 : analyse de l'occupation Village au Pied du Courant 125 TEDXMONTRÉAL, Glad (Jérôme), « Réinventer la ville, tous ensemble, et à moindre coût | Jérôme Glad | TEDx Montréal », 15'48, 17 janvier 2016 [https://www.youtube.com/watch?v=fU3iSBtXKQo&t=302s] (20/01/2018) 126 Voir annexe 8 : analyse de l'occupation SPOT

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_ Une Sympathique Place Ouverte à Tous

Fig. 36 : Place éphémère du SPOT édition 2017. Du mobilier coloré et ludique est créé pour attirer les visiteurs et les inciter à rester. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Québec, 25 juin 2017

Fig. 37 : Un bar est tenu par des bénévoles dont les bénéfices aident à financer la programmation de la place pendant deux mois. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Québec, 25 juin 2017

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bar, espace chill, scène, jardin, potager. Après une période de conception plus aboutie en agence afin que chaque projet entre dans un budget défini au préalable, le chantier bénévole démarre quelques mois plus tard. Les différentes équipes doivent construire leurs installations grâce aux matériaux et outils fournis par le comité. Des bénévoles viennent en renfort, ce sont majoritairement d’autres étudiants en architecture ou des amis, les habitants ne s’impliquent pas dans le chantier alors qu’ils en ont la possibilité. Cet exemple à première vue entièrement ouvert aux habitants ne fait pas intervenir la participation citoyenne dans le processus de conception. En revanche, ils profitent entièrement du lieu qui leur est mis à disposition une fois en fonctionnement. Ainsi, le temps d’un été, cet espace de découvertes culturelles et de rencontres s’anime quotidiennement grâce à une grande variété d’activités ouvertes à tous : concerts, improvisation, danse, yoga, marchés, jeux, expositions, cueillettes, barbecues communautaires... Une présence quotidienne est assurée par le comité ainsi que des bénévoles. La place dispose même d’un bar proposant des boissons et une petite restauration en association avec un traiteur local. L’année suivante, une nouvelle édition aura lieu mais avec de nouvelles installations sur une friche d’un autre quartier. A la fin, les installations entières ou démontées sont vendues au public pour participer au financement de la prochaine édition. Ce type d’occupation aboutie à la réalisation d’un aménagement complet d’un espace public. Elle permet d’activer pendant quelques mois avec de nouveaux usages un endroit habituellement vide. Les installations design et colorées offrent une identité visuelle forte à la place. L’originalité attire les passants qui découvrent un nouveau lieu. L’aménagement proposé est événementiel n’a pas toujours pour objectif de se pérenniser. 3.3.3_ Une occupation en association avec des habitants

Certains collectifs sont sollicités par des associations d’habitants qui souhaitent se réapproprier leur espace public. Les professionnels du cadre bâti guident ensuite les habitants dans la conception et la réalisation de leur projet. Ils peuvent aussi les accompagner d’un point de vue administratif grâce à leurs connaissances de processus pouvant être complexes pour le grand public. « Les activistes doivent pouvoir connaître les différentes possibilités offertes par les instances de participation et en maîtriser les fonctionnement, ce qui nécessite un vaste domaine de connaissances et aussi de "savoir-être" pour présenter des interlocuteur "crédibles" face aux pouvoirs publics. » 127

127 Reynaud-Desmet (Lélia), « La fabrication de la ville durable entre conflit et participation : les activistes urbains écologiste en région parisienne », L'Information géographique 2012/3, Vol. 76, p. 48. [https://www.cairn.info/revue-l-infor mation-geographique-2012-3-page-36.html] (27/03/2018)

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_ Café sur place

Fig. 38 : Café sur place, Bordeaux Axonométrie de l'installation. La terrasse du café se continue sur la place. La couleur jaune est utilisée pour marquer les éléments. Source : COLLECTIF ETC, Café sur place, 2012 [http://www. collectifetc.com/realisation/ cafe-sur-place/] (21/03/2018)

Fig. 39 : Café sur place, Bordeaux. L'installation est réalisée via un chantier participatif avec des habitants et des élèves. Source : COLLECTIF ETC, Café sur place, 2012 [http://www. collectifetc.com/realisation/ cafe-sur-place/] (21/03/2018)

Fig. 40 : Café sur place, Bordeaux. Une fois l'installation terminée, les habitants et passants peuvent se l'approprier. Source : COLLECTIF ETC, Café sur place, 2012 [http://www. collectifetc.com/realisation/ cafe-sur-place/] (21/03/2018)

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_Initiative : Café sur place

Ce fut le cas du collectif ETC en 2012. Lors de leur tour de France, ils ont été

invités par l‘association d‘habitants Yakafaucon qui désirait réhabiliter un café pour créer un lieu de rencontre et de convivialité sur la place Dormoy à Bordeaux.128 « À partir de là, leur objectif est d’expérimenter comment, à partir d’une initiative d’habitants, accompagnée d’une démarche de concertation et d’action collective, il est possible d’engager un processus d’aménagement de l’espace public intégré aux projets urbains de la collectivité.»129

Le café se situe sur une place peu fréquentée pourtant à proximité des chantiers

de transformation en cours dans le quartier Saint-Jean-de-Belcier. Ils ont fait appel au Collectif ETC pour les aider dans la conception d’un aménagement. L‘objectif est de mettre en valeur le café et d‘inviter d‘autres personnes à prendre part au projet. Des séances de consultations ont été mises en place pendant 3 mois, elles ont permis d‘élaborer un cahier des charges ainsi qu‘une esquisse du futur aménagement avec les habitants. La phase de construction a duré deux semaines, avec une présence non-stop sur la place pour se faire connaître des habitants et des passants. Une structure en bois a été conçue pour répondre aux demandes formulées pendant la concertation mais elle reste modulable afin de tester de nouveaux usages possibles. Différents ateliers ont été créés pour impliquer la population au chantier ouvert (peinture, nichoir pour oiseaux, bouturage...) L’association Yakafaucon a passé un accord avec la ville pour que l’occupation temporaire reste six mois. Par la suite, une réflexion sur l’aménagement définitif pourra naître de cette expérience.

Ce projet s‘est donc réalisé dans une courte temporalité. En seulement quatre

mois, un nouvel aménagement à été conçu en association avec les habitants. Ce type d‘intervention prouve « qu’une dynamique dotée d’outils et de compétences adaptés peut être moteur de projets d’aménagement et de gestion des espaces publics d’un quartier. »130 De plus, cette initiative était le début d‘un débat avec les services de la ville pour repenser l‘aménagement définitif de la place. Un bilan devait être réalisé à la fin des six mois pour évaluer l‘impact de l‘installation au niveaux de la place mais aussi du quartier sur base des expériences vécues et observées au quotidien.

128

Voir annexe 8 : analyse de l'occupation Café sur place

129

COLLECTIF ETC, Café sur place, 2012 [http://www.collectifetc.com/realisation/cafe-sur-place/] (21/03/2018)

130 COLLECTF ETC, « Expérimenter avec les habitants : vers une conception collective et progressive des espaces publics» Métropolitiques, 26 septembre 2012, [http://www.metropolitiques.eu/Experimenter-avec-les-habitants.html.] (24/04/2018)

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Dans ce type d’intervention, Elise Macaire explique que les collectifs interviennent

à la demande des habitants pour accompagner la réalisation de leurs projets. Ils peuvent suggérer une méthode de travail, ils organisent aussi l‘écriture des compte rendus et rapports d‘analyses. Leur participation permet aussi « “d‘alimenter en termes de contenu la réflexion” et à “animer la négociation”.»131 Ils réalisent donc « un travail d’accompagnement de ceux qui ont formulé la demande vers la rédaction d‘un programme et [ils adoptent] une posture qui se rapproche du conseil et de l‘assistance à la maîtrise d‘ouvrage. »132 De ce fait, les habitants ont la possibilité de devenir les créateurs de leur ville. Ce processus s’inscrit dans une temporalité plus longue que précédemment. L’installation concerne un aménagement complet d’une place à l’aide d’un processus participatif en parallèle à la démarche de « conception traditionnelle »

3.3.4_ Une occupation sous mandat du pouvoir public ou privé

Depuis les années 2000, les occupations temporaires intéressent de plus en

plus les grands propriétaires. Dans l’article Choisir ses occupants. Quand les grands propriétaires adoptent des collectifs pour la gestion transitoire des friches urbaines133, Felix Adisson explique pourquoi ces propriétaires contribuent au développement des occupations temporaires.

Elles ont lieu au sein du processus de transformation de l’espace entre la

désaffectation et la réaffectation du lieu. L’occupation temporaire apporte de nombreux avantages pour ces investisseurs majoritairement publics. Tout d’abord, un espace inoccupé est dispendieux, il y a des frais d’entretien et de gardiennage. Ce processus permet d’éviter une perte de valeur liée à la dégradation du bien et une présence quotidienne permet aussi d’éviter les squattes illégaux. De plus, l’occupation temporaire peut permettre d’augmenter la valeur du bien au moment de la vente car l’espace devient singulier et attractif : cela renvoie une image positive du lieu et de son propriétaire. Dans une double logique, précédemment évoquée, de marketing urbain et de gentrification, une ville qui jouit d’une occupation temporaire peut la valoriser afin de devenir plus attractive auprès des classes supérieures.

131

Macaire (Elise) , «Des architectes à l‘épreuve de la participation», in De Coninck F. et Deroubaix J-F., Ville éphémère et ville durable - Nouveaux usages, nouveaux pouvoirs, édition de l‘Oeil d‘Or, Paris, 2009, p 4

132 133

Ibidem, p. 4 Adisson (Félix), « Choisir ses occupants. Quand les grands propriétaires adoptent des collectifs pour la gestion tran sitoire des friches urbaines. » Métropolitiques, 6 janvier 2017, [http://www.metropolitiques.eu/Choisir-ses-occu pants.html.] (29/04/2018)

69


« Cette pratique est devenue un mode d’occupation légitime et désirable du point de vue des grands propriétaires.»134

En ayant conscience de cet impact positif sur leur image et leur environnement,

de nombreuses institutions subventionnent donc ce type d’intervention. Dans ce cas, ce sont essentiellement les investisseurs qui décident des modalités de l’opération : durée et type de l’occupation temporaire, lieu, acteurs, public visé, fonctionnement... Dans ce type de démarches, l’occupation temporaire s’institutionnalise, elle devient une pratique courante et légale qui doit répondre à des impératifs de sécurité, de normes et d’équilibres financiers.

Dans Les usages temporaires des friches urbaines, enjeux pour l’aménagement 135,

Lauren Andres évoque les occupations temporaires comme un outil flexible permettant d’anticiper le renouvellement des espaces. Elles peuvent donc être employées comme une alternative avant une remise sur le marché pour donner une valeur marchande et encourager son nouveau développement. Mais elles peuvent aussi être perçues comme un moyen de faire émerger de nouveaux projets à long terme, grâce à une analyse et à l’expérimentation d’un futur aménagement. « En cela, faire appel à eux en amont d’un projet, constitue un outil puissant pour élargir le spectre des populations touchées et inscrire la concertation dans une approche plus citoyenne et positive du changement de la ville.»136

_Initiative 1 : Banc de neige

Depuis 2014, la ville de Québec invite l’association Exmuros à réaliser un parcours

d’art public éphémère : « Passages Insolites ». Ce sont « 9 installations ludiques et intrigantes créées par des artistes en art visuel et des collectifs en architecture, qui questionnent notre rapport au monde et à l’espace urbain : une façon originale de vivre la ville ! »137. En 2016, l’atelier Pierre Thibault a conçu une plateforme blanche autour d’arbres pour créer un espace de rencontre : le banc de neige. Cette installation en bois reprend les caractéristiques d’une place éphémère. Elle crée une modification de l’utilisation de l’espace, à l’origine considéré comme une zone de passage, il devient un lieu de rencontre. L’appropriation est multiple : les passants peuvent contempler la rue, les enfants peuvent y jouer et il y a même un terrain de pétanque. 134

Ibidem, p 7

135 Andres (Lauren), « Les usages temporaires des friches urbaines, enjeux pour l’aménagement », Métropolitiques, 11 mai 2011, [http://www.metropolitiques.eu/Les-usages-temporaires-desfriches.html], (29/04/2018) 136 Interview de Frémeaux (Alice) dans Darrieus (Margaux), « Collectifs d’architectes », AMC Le Moniteur Architecture, n°232, avril 2014, p.65 137

PASSAGES INSOLITES, [http://www.passagesinsolites.com] (02/05/2018)

70


_ Une occupation sous mandat du pouvoir public

Fig. 41 : Le banc de neige : un nouvel espace de rencontre Source : Atelier Pierre Thibault, projet [http://www.pthibault. com/project/le-banc-de-neige/] (29/04/2018)

Fig. 42 : Les jardins Gamelins, une place éphémère au cœur de Montréal. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Montréal, 20 mai 2017

Fig. 43 : Les jardins Gamelin. La serre du potager partagé Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Montréal, 20 Mai 2017

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_Initiative 2 : Les jardins Gamelins A Montréal, il existe de nombreuses places éphémères subventionnées par la ville. Lors d’une visite j’ai découvert les Jardins Gamelin.138 Depuis 2015, l’immense dalle de béton du centre-ville est réaménagée par le collectif d’architecte La Pépinière, suite au succès du village éphémère précédemment évoqué, pendant cinq mois avec des installations éphémères. De nouveaux usages sont proposés en tenant compte des besoins des habitants comme un bar, un espace détente et pic-nique pour les familles, un potager urbain pour cultiver de la nourriture pour les personnes défavorisés, une scène et un espace de jeux pour les enfants. C’est un espace ouvert pour tous dont l’objectif de cette occupation « était d’améliorer l’attrait et l’accessibilité de cette place et de redonner vie à ce pôle du Quartier des spectacles »139 Au dessus de la place est suspendue l’œuvre de 1.26 de Janet Echelman qui s’illumine le soir pour apporter « une touche de poésie à l’endroit ».140 Le projet se fait en collaboration avec des artistes et des créateurs. Ils sont invités à proposer un projet chaque année.

La place Emilie Gamelin autrefois mal aimée des montréalais est à présent l’une

des plus prisées et est une destination pour tous les visiteurs. Son succès réside dans l’aménagement ludique et polyvalent réalisé à partir de matériaux léger (palettes, tasseaux de bois, panneaux polycarbonate, tables de pic-nique, bancs, serres...) ainsi qu’une programmation continue pendant la période d’occupation (concerts, piquesniques, jeux, ateliers jardinage...). Selon Jacques Primeau, l’un des organisateurs, les jardins Gamelin sont « un exemple de cohésion sociale réussie »141 _Initiative 3 : Place Jacques Cartier, Marina Saint-Roch

Lors de mon année passée dans la ville de Québec, j’ai pu remarquer que cette

municipalité mandatait, à grand renfort de communication dans la presse locale, des collectifs pour aménager des lieux publics éphémères mais aussi des restaurateurs pour opérer des food trucks 142 dans les différents quartiers. Cette démarche s’insérait directement dans la lignée de la politique urbaine de Montréal où ce type de projet fleurissait depuis quelques années déjà. Après avoir alloué des subventions aux

138

Voir annexe 8 : analyse de l'occupation Jardin Gamelin

139 QUARTIER DES SPECTACLES MONTRÉAL, « Pari gagné pour les jardins Gamelin », 6 octobre 2015 [http://kollectif.net/ wp-content/uploads/2015/10/CP_Pari_gagne_Jardins_Gamelin_.pdf] (28/04/2018) 140 Ibidem 141 142

Ibidem Van Rassel (Alisson), « Petit guide de la cuisine de rue à Québec », Québec, ville et région, 24 juillet 2017, [https:// www.quebecregion.com/fr/blogue/2017/07/24/cuisine-rue-camions-restaurants/] (29/04/2018)

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_ Une occupation sous mandat du pouvoir public

Fig. 44 : La maison Jaune. Un espace de jeux dédié aux enfants. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Montréal, Canada, 20 mai 2017

Fig. 45 : Aménagement éphémère sur la place Jacques Cartier à Québec. Source : MONSAINTROCH, « Place éphémère Jacques-Cartier : la population sollicitée pour son évaluation », MonsaintRoch, 5 octobre 2017 [http://monsaintroch.com/2017/place-ephemere-jacques-cartier-population-sollicitee-evaluation/] (29/04/2018)

Fig. 46 : La marina Saint-Roch. Piscine extérieure construite dans les années 70, elle a été oubliée et le béton ne plaît plus . Le projet propose de nouveaux usages : espace vert, zone détente, espace pique-nique... Source : LEBBE, (Jessica), « Colorée, rafraîchie, animée : la Marina Saint-Roch se dévoile », MonsaintRoch, 25 juin 2017 [http://monsaintroch.com/2017/ coloree-rafraichie-animee-lamarina-saint-roch-se-devoile/] (29/04/2018)

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deux premières éditions du SPOT (initiative pionnière à Québec basée sur un modèle Montréalais), la ville a donc investi à l’été 2017 entre 700 000 et 800 000$ dans ces places éphémères. Réel besoin citoyen de lieux conviviaux et insolites pour profiter du beau temps, ou effet de mode, cet été a donc vu la création de très nombreux projets éphémères à des échelles très variées. En voici les plus importants.

L’atelier Le Banc a ainsi proposé un aménagement pour la place Jacques Cartier

dans le quartier Saint-Roch. Sur cet immense vide en plein centre-ville, l’atelier a installé du mobilier en bois léger : des bancs longs et fixes ainsi que des plus petits déplaçables, des tables et des grands bacs à plante fabriqués en bois. Un espace de pelouse synthétique à été ajouté pour verdir la place très minérale ainsi que des guirlandes lumineuses pour éclairer le soir. On y trouve aussi une agora et une brasserie en plein air.143 L’objectif était de réfléchir au futur aménagement de cette place en 2021. Une fois l’installation réalisée, les habitants de Québec ont été questionnés pour connaître leur point de vue et leurs attentes pour cet espace.144

Le secteur de la marina de Saint-Roch a aussi été choisi pour lancer un projet

pilote de revitalisation d’une piscine extérieure publique des années 1970 peu utilisée. Ce projet brutaliste de qualité semble aujourd’hui rejeté par la population en raison de l’omniprésence du béton et du manque d’espace vert. Il possède pourtant un grand potentiel car il est situé à proximité d’une rivière, dans un cadre végétal préservé en pleine ville. L’installation éphémère durant l’été 2017 représente un premier test grandeur nature du Plan des rivières de la Ville de Québec en collaboration avec la société de la Rivière Saint-Charles. Le projet a été réalisé par la Pépinière & Co (déjà à l’origine de projets similaires à Montréal), cinq agences d’architecture de la ville et les habitants.145 De nouveaux usages ont été proposés : espace détente, sport, pique-nique... ainsi que des animations tous le jours. Les installations ont du être réalisées en matériaux légers car il n’était pas possible de s’encrer dans le béton. De la végétation a été ajoutée pour rafraîchir l’espace qui représente un îlot de chaleur en raison de l’omniprésence du béton.

Dans les occupations temporaires mandatées par les villes, les habitants

interviennent pas dans le processus de conception du projet. Il est une fois de plus réservé 143

Moalla, (Taieb) « Des places éphémères pour briser l’isolement urbain », Le Journal de Québec, 3 juillet 2017, [http:// www.journaldequebec.com/2017/07/03/des-places-ephemeres-pour-briser-lisolement-urbain] (29/04/2018)

144 MONSAINTROCH, « Place éphémère Jacques-Cartier : la population sollicitée pour son évaluation », MonsaintRoch, 5 octobre 2017 [http://monsaintroch.com/2017/place-ephemere-jacques-cartier-population-sollicitee-evaluation/] (29/04/2018) 145 LEBBE (Jessica), « Colorée, rafraîchie, animée : la Marina Saint-Roch se dévoile », MonsaintRoch, 25 juin 2017 [http:// monsaintroch.com/2017/coloree-rafraichie-animee-la-marina-saint-roch-se-devoile/](29/04/2018)

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_ Place Marie Janson

Fig. 47 : Pendant l'occupation temporaire de Toestand, la place est peu fréquenté une fin d'après-midi en semaine. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 1 mars 2018

Fig. 48 : La place est pas beaucoup plus fréquentée un samedi après-midi de mai. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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aux architectes ou urbanistes. L’expérimentation reste présente par l’installation de nouveaux usages testés par les citoyens qui pourront exprimer leur avis. Ces aménagements respectent les normes et règlements de sécurité de l’espace public. Ils proposent des aménagements temporaires afin de tester la future installation et enclencher le processus de réappropriation de l’espace. Ce test grandeur nature permet donc de comprendre ce qui fonctionne ou non dans l’aménagement pour aboutir sur un projet final et pérenne. Ce sont des interventions top-down d’un nouveau genre détournant les pratiques alternatives de fabrique de la ville mis en place par une nouvelle catégorie d’acteur.

Après la découverte in situ de ces différents projets canadiens, j’ai souhaité réaliser

l’étude d’un cas pratique en Belgique pour alimenter mon mémoire. Je me suis intéressée aux occupations mandatées par la ville. En 2015, l’asbl Toestand a été sélectionnée pour réaliser une occupation temporaire dans le cadre d’un contrat de quartiers durables dans la commune de Saint-Gilles afin de lancer le processus de réappropriation de la place Marie Janson. Ils doivent donc mettre en place des activités ouvertes à tous avec l’aide de différents acteurs locaux. Des aménagements urbains ont été expérimentés directement dans l’espace. L’objectif est de pouvoir concevoir la place pour qu’elle réponde aux besoins des usagers. Ils interviennent en amont du projet comme une assistance à la maîtrise d’ouvrage.

3.4_ ÉTUDE DE CAS : L’OCCUPATION TEMPORAIRE DE LA PLACE MARIE JANSON EN COMPLÉMENT DES DÉMARCHES DE PLANIFICATION TRADITIONNELLES

Cette étude de cas a été réalisée grâce à un travail de recherche, à des observations

in situ, ainsi qu’aux informations récoltées lors d’entretiens avec Cécile Caffier (coordinatrice du projet depuis octobre 2017 chez Toestand, ayant pour mission d’améliorer les relations et la communication avec la commune de Saint-Gilles), Anne De Cannière (architecte au service espace public de la commune de Saint-Gilles) et Sébastien Dechamps (coordinateur à la cellule des contrats de quartiers durables). A travers une série de questions, les interlocuteurs ont pu m’apporter leurs points de vues sur l’occupation temporaire, la gestion du projet, les avantages et les inconvénients d’une telle opération, les différentes phases du projet ainsi que les actions mises en place sur le site.

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_ Une place au cœur d’un quartier

Palais de justice

Gare du midi Bruxelles Porte des Hal

Place Marie Jansons Parvis De Saint-Gilles Parc Pierre Paulus

Hôtel de ville Limite de la commune de Saint-Gilles Limite du contrat de quartiers durables

Eglise Saint-Gilles

Fig. 49 : L’îlot de la place Marie Janson se situe au cœur de Saint-Gilles à proximité du parvis en cours de travaux. Source : Document personnel de COLOMBO (Chloé), Localisation de la Place Marie Janson, Mons, 26 avril 2018, (Fond de carte Openstreetmaps.org, modifié via Illustrator)

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3.4.1_ Une occupation au cœur de Saint-Gilles A Bruxelles, la commune très dense de Saint-Gilles se caractérise par une grande diversité de nationalités qui composent la moitié des 45 000 habitants (16 751 hab/km2). Plus de 130 nationalités sont ainsi représentées : Marocains, Espagnols, Portugais, Italiens, Français, Grecs... 146 Selon Suède 36, le bureau d’architecte bruxellois sélectionné pour réaliser l’analyse de la commue, il existe une ségrégation physique et une différence sociale entre le nord et le sud de Saint-Gilles qui est l‘une des communes les plus pauvres de Bruxelles. Le taux de chômage y est élevé, une partie de la population vit dans la précarité alors que depuis quelques années, une nouvelle population majoritairement française s‘y installe. La commune possède un riche patrimoine mais certains bâtiments sont en mauvais état et elle manque d’équipements publics pour les jeunes. Au centre de la commune, la place Marie Janson a été créé en 1979 suite à la démolition d‘un bâtiment frappant la monnaie. Elle est bordée par la rue Jourdan, la rue de Moscou, la rue de l‘Hôtel des monnaies et la rue de la victoire. Elle fut appelée informellement carré de Moscou par les habitants et en 2004 elle fut officiellement nommée en l‘honneur de Marie Janson : première femme parlementaire belge. 147 On remarque que la population au nord de la commune a changé ces vingt dernières années : Suède 36 évoque la notion d’embourgeoisement du quartier. Ce constat s’accorde avec l’impression que l’on a quand on fréquente le quartier aujourd’hui. Le parvis de SaintGilles, devenu piéton avec les travaux, attire beaucoup de monde : les anciens commerces plus modestes ont été remplacés pour attirer une nouvelle clientèle avec un pouvoir d’achat plus élevé (cafés à la mode, cuisines du monde saines), de plus grandes terrasses sont installées avec un mobilier moderne. Le marché provisoirement délocalisé sur la place accueille des étales onéreux (fruits, légumes, fromages, viandes, fleurs, produits bio...). Cet espace fait rupture avec les rues plus populaires au sud comme celle du Fort qui est composée de commerces modestes tenus par des personnes issues de l’immigration maghrébine (alimentation générale, boucherie halal, coiffeur), au milieu desquels apparaissent des commerces symboles de la gentirifcation en cours comme des épiceries bio ou en vrac sans déchets. Le marché de cette rue attire des personnes ayant un plus faible pouvoir d’achat, notamment en raison des étals proposés (vêtements et chaussures à bas prix, linge de table, produits d’entretien, accessoires...).

146 SAINT-GILLES, [https://stgilles.brussels/histoire/] (23/02/2018) 147

Dejemeppe (Pierre), Saint-Gilles, les histoires des rues, Commune de Saint-Gilles, p.97 [https://fr.calameo.com/ read/005299528dc7c10fc23de] (20/02/2018)

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_ La rénovation du parvis de Saint-Gilles

Fig. 50 : Le parvis de Saint-Gilles actuellement en travaux attire une population avec un pouvoir d’achat plus élevé que les populations d’origine du quartier comme en témoigne les nouveaux commerces. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

_ L'impact d'une occupation temporaire

Fig. 51 : Graphique comparant l'appréciation d'un espace public en fonction de l'intervention mise en place. Source : SUÈDE 36, « Programme Quadriennal , Contrat de Quartier Durable " Parvis - Morichar " 20152019/21, Commune de Saint-Gilles » 2015, p. 56 [https://contratsdequartiers1060.files.wordpress. com/2015/07/programme-cq-parvis-morichar-fr.pdf] (10/12/2017)

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3.4.2_ Dans un processus de conception top-down « Avec ce nouveau Contrat de quartier durable, la commune de Saint-Gilles souhaite marquer sa volonté de favoriser la mixité sociale et l’interconnectivité du haut et du bas de son territoire .» 148

La région de Bruxelles a établi une zone d‘action sur la commune de Saint-Gilles

pour mettre en place un contrat de quartier durable pour le secteur Parvis - Morichar. L‘un des enjeux principaux est l‘aménagement d’espaces publics avec pour objectif l’amélioration de l’environnement et du bien-être en milieu urbain. Ce contrat est composé d’un diagnostic et d'une phase projets (rénovation du quartier, développement socio-économique). Plusieurs pôles d’actions principaux ont été choisis : la promenade Saint-gilloise (opération immobilière, espace vert et public), le parvis et la place Marie Janson - celle qui nous intéresse - et le Waterloo Front. D’autres petites interventions viennent les compléter. Le contrat de quartier souhaite faciliter la liaison entre les différents espaces publics du quartier en diminuant la présence de la voiture en ville et par la réduction de la vitesse, en créant un espace partagé entre cyclistes, piétons et personnes à mobilité réduite, ainsi qu’une continuité symbolique par le marquage au sol et des interventions artistiques dans la ville. L’objectif des interventions est d’augmenter les déplacements doux et « d’améliorer l’image du quartier » et « attractivité pour les visiteurs »149

Suite à une procédure d’appel à candidature, Suède 36 a réalisé un diagnostic

comportant une analyse physique de la ville (équipement, mobilité, aménagement, etc.) ainsi qu’une analyse sociale réalisée avec des méthodes participatives. Des questionnaires, interviews, et permanences ont servi à rencontrer les habitants pour avoir leurs avis et des pistes de projets. Tous les habitants de Saint-Gilles restent intéressés par leur territoire, comme l’explique Suède 36 dans son analyse. 150

La place Marie Janson fait partie du deuxième pôle d‘intervention. L’objectif du

contrat de quartier pour la place est de déterminer son affectation finale. Son avenir est incertain depuis plusieurs années maintenant. Son programme définitif doit correspondre

148 LE CONTRAT DE QUARTIER DURABLE PARVIS-MORICHAR, [https://contratsdequartiers1060.wordpress.com/ contrat-de-quartier-parvis-morichar/] 149 SUÈDE 36, « Programme Quadriennal , Contrat de Quartier Durable " Parvis - Morichar " 2015-2019/21, Commune de Saint-Gilles », 2015, p.16 [https://contratsdequartiers1060.files.wordpress.com/2015/07/programme-cq-par vis-morichar-fr.pdf] (10/12/2017) 150 SUEDE 36, « Diagnostic, Contrat de quartier durable " Parivs - Morichar " Commune de Saint-Gilles » mise en ligne le 16 septembre 2015, p. 115 [https://issuu.com/polygone_stgilles/docs/cq_parvis-morichar_fr] (28/04/2018)

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aux besoins des habitants et à l’identité du quartier.151 Le projet se déroule en deux temps : - Phase 1 : Occupation et aménagement paysager progressif transitoire. Une occupation temporaire permettra de lancer le processus de réappropriation de la place. Des activités ouvertes à tous seront mises en place à peu de frais avec l’aide des acteurs locaux. Différents aménagements pourront être expérimentés, la place devrait s‘équiper au fur et à mesure pour définir son aménagement final. L’asbl Toestand a été suggérée et c’est elle qui a remporté l‘appel d‘offre. Le budget pour cette première phase est de 352 000 €, en plus des ressources propres des partenaires et les dons.152 « Dans un projet classique, on conçoit le programme «ex nihilo». Ici, nous proposons de concevoir l’espace public en l’animant avec les forces locales, afin qu’il réponde aux besoins réels des usagers. »153

- Phase 2 : une équipe de projet multidisciplinaire (architectes, urbanistes, paysagistes) sera désignée pour concevoir le projet final. Ils devront répondre à la demande de transversalité ainsi qu‘aux besoins et à la consolidation de l‘identité du quartier. Ils doivent concevoir la place en tenant compte de toutes les expérimentations faites lors de la première phase. Ils disposent d‘un budget de 700 000€.

La place doit être dotée d’équipement pour les adolescents et les enfants de

8-12 ainsi que les adultes. Elle pourrait devenir un espace de loisirs et de santé pour les habitants du quartier.

3.4.3_ Philosophie et valeurs de Toestand

L’asbl Toestand a été créée en 2012 par deux amis Felix Aerts et Niels Coppens.

Aujourd’hui l’association est composée de profils et de parcours différents apportant une richesse d’analyse et de solution face aux problématiques sociales, spatiales, relationnelles ou matérielles. 154 Les architectes ne sont pas majoritaires au sein de cette association qui travaille sur la réactivation des espaces et bâtiments abandonnés en créant des centres socio-culturels de façon temporaire et autonome. Leur devise est « le 151 152

SUÈDE 36, « Programme Quadriennal , Contrat de Quartier Durable " Parvis - Morichar " 2015-2019/ Commune de Saint-Gilles », 2015, 60p. [https://contratsdequartiers1060.files.wordpress.com/2015/07/programme-cq-par vis-morichar-fr.pdf] (10/12/2017) Ibidem p. 56

153 Ibidem 154 TOESTAND, « Contrat de quartier durable " Parvis-Morichar " Rapport d’activités année 2017-2018 » Avril 2017, p.18

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dialogue, la création, l’autonomie et l’action » 155. Ils interviennent par des projets autoportés ou en association avec les pouvoirs publics et préconisent l‘utilisation de matériaux recyclés. Toestand coordonne les différents acteurs et associations qui interviennent pendant leurs occupations temporaires. Ils proposent une analyse et une réflexion sur le lieu grâce à leurs dispositifs. Dans chaque projet, ils collaborent directement avec les habitants pour renforcer la dynamique sociale de l‘espace et permettre l‘appropriation des lieux. Ils souhaitent montrer qu‘une alternative est toujours possible, que tout le monde peut agir sans attendre les grandes instances. Ils créent des projets qui profitent à tous les habitants. Toestand s’inscrit donc dans le contexte des collectifs d’architectes. Ils proposent une alternative à l’architecture et à la conception de la ville.

Suite à un appel d‘offre, ils occupent le site de Tour & Taxi avec « Allée du Kaai »

depuis 2014. Ils ont transformé des anciens hangars en divers ateliers. Toestand coordonne 40 associations et initiatives citoyennes qui animent le site par des activités sociales, artistiques et sportives avec l‘aide de bénévoles. L‘occupation prendra fin cette année pour laisser place à un parc public de 3,2ha. 156

Trois salariés travaillent sur l’occupation de la place Marie Janson dont deux

architectes : Cécile Caffier, coordinatrice, Bernardo Robles Hidalgo, assistant de projet et Tim Rotiers pour la logistique. Il y a aussi une vingtaine de bénévoles actifs qui aident pour la construction et l’aménagement, ils apportent aussi de nouvelles idées et des points de vue différents afin d’enrichir le projet.

3.4.4_ Une planification de l’intervention en quatre étapes

De 2016 à 2019, l’asbl doit réaliser des activités (rencontres, animations,

installations...) en collaboration avec des acteurs locaux et en respectant les besoins des habitants. La création d’événements réguliers va permettre de promouvoir la place, elle deviendra plus visible et plus attractive. « L’objectif de cette phase est de déterminer l’affectation finale de la place et d’inciter un projet progressif avec l’aide des acteurs locaux multiples. »157 Ce planning est repris dans le rapport d’activités année 2017-2018 du contrat de quartier durable « Parvis-Morichar »158 rédigé par Toestand.

155

TOESTAND, Mission, [http://toestand.be/fr/]

156

BRUXELLES ENVIRONNEMENT « QUAI DES MATERIAUX : Incubateur d’occupation temporaire » [http://canal.brussels/fr/ content/inauguration-de-lallee-du-kaai] (22/02/2018)

157 158

SUÈDE 36, « Programme Quadriennal ... » op. cit. p. 56 TOESTAND, « Contrat de quartier durable " Parvis-Morichar " Rapport d’activités année 2017-2018 » Avril 2017, p 5-12

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83 Oct. 2015

Sep. 2015

Enquête publique.

Conception et réalisation de l’aménagement définitif de la place

Coordination de plus de projets Poursuivre les interventions précédentes et en créer de nouvelles Organiser des moments de rencontres Réalisation des interventions sur la place avec l’équipe pluridisciplinaire

Fig. 52 : Phase de l’occupation temporaire de Marie Janson, source : Document personnel de COLOMBO (Chloé), Mons, 27 avril 2017

Réalisation des interventions sur la place. Formalisation du rapport final

Phase 3 Finalisation du projet

Fin de l’occupation temporaire Décembre 2019

Poursuivre les interventions précédentes et en créer de nouvelles Organiser des moments de rencontres Début du travail avec l’équipe du projet: transmission des données, analyses et réflexions de Toestand

Jan. 2016

Démarrage officiel du programme de revitalisation Parvis-Morichar.

2020 - 2022 Estimation de la fin des travaux

Réalisation des interventions sur la place. Formalisation du rapport final

Mars 2018 - Dec. 2019

Analyse de la place et des usagers Rencontres avec les associations locales,services d’entretien et habitants Définition des premiers axes d’intervention Mise en place d’une permanence et de petits événements Mise en place d’une communication à différentes échelles

Mars 2016 - Mars 2017 : Phase 1 Observation et changement de perception

Début occupation temporaire Avril 2016

Avr. 2018 - Mars 2018 : Phase 3 Mise en place progressive d’installations

06/10 Commission de concertation

Avr. 2017 - Mars 2018 : Phase 2 Transformation collaborative spatiale et culturelle

Réception des offres des bureaux d’études consultés pour la réalisation d’un programme de revitalisation.

Fév. 2015

Analyse

Avr. 2015 - Août 2015

_ Ligne du temps de l'occupation temporaire de Toestand


Tout d’abord, la première phase consiste à comprendre l’espace, observer les

différents groupes d’usagers et comprendre les actions qui s’y déroulent. Cela va permettre de comprendre quels sont les besoins en fonction de ces groupes. Il faut aussi établir des liens avec eux, et être à leur écoute. La perception de la place doit devenir positive pour les habitants. Ils ont décidé d’établir des rencontres avec les associations locales et les services d’entretien pour les inclure dans le processus. Grâce à cette phase, ils pourront définir les premiers axes d’interventions. (Mars 2016 à Mars 2017)

Dans un deuxième temps, la transformation collaborative spatiale et culturelle

va se mettre en place. Les interventions définies dans la phase précédente vont être continuées et de nouveaux moments de rencontre vont être organisés pour impliquer les usagers au maximum dans le processus. En Avril 2017, l’équipe finale du projet devrait être choisie, Toestand pourra alors transmettre ses analyses et réflexions puis commencer à définir les interventions définitives et les faire valider par la commune. (Avril 2017 à Mars 2018)

La troisième phase consiste à la mise en place progressive des installations. Les

activités sur la place et les interventions précédentes seront continuées. Une évaluation sera faite sur ce qui a déjà réalisé à l’aide de rencontres pour connaitre le point de vue des associations et des usagers. Le travail avec l’équipe du projet final se poursuivra avec la réalisation des interventions sur la place. (Avril 2018 à Mars 2019)

La dernière phase de finalisation du projet consiste à terminer le travail avec

l’équipe finale, réaliser ces interventions définitives et rendre un rapport final sur l’occupation temporaire. (Avril 2019-Décembre 2019)

Ce planning qui semble avoir été établi à titre prévisionnel ne correspond plus

aux phases de l’avancée du projet : actuellement, la troisième phase est supposée avoir commencée. Cependant, lors de ma rencontre avec Sébastien Dechamps en mars 2018, il m’a été indiqué que l’équipe finale n’avait pas encore été sélectionnée et surtout qu’il y aura une période inactive de deux ans entre la fin de l’intervention de l’asbl et le commencement des travaux définitifs.159 Par conséquent, les interventions définitives ne sont pas encore définies. Les seules installations de la place sont les jeux pour enfants en bois. Vu la temporalité de l’occupation, mon étude de cas ne pourra être suivie jusqu’à la fin. 159

Voir annexe 3 : Entretien avec Sébastien Dechamps

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_ Analyse de la place Marie Janson

Fig. 53 : Analyse de la place Marie Janson réalisée lors une visite du site le 16 janvier 2018 Source : Document personnel de COLOMBO (Chloé), Croquis de la place Marie Janson, Mons, 20 janvier 2018

Fig. 54 : Une place déserte en pleine journée Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Saint-Gilles, 16 janvier 2018

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3.4.5_ Changement de perception de la place Marie Janson

Toestand a pour objectif de revitaliser la place et lui redonner une image positive

dans l’esprit des Saint-Gillois, via l’interaction avec les usagers car ce sont les experts de leur quartier, ils connaissent mieux que nous leurs attentes. Ils ont commencé par nommé leur intervention « Marie Moskou ».160

Les objectifs ont été définis dans le contrat de quartier par la commune suivant

l’analyse réalisée par le bureau Suède 36. Lors des commissions de consultation, les habitants ont émit très peu de demandes particulières concernant l’aménagement de la place selon Cécile Caffier, coordinatrice du projet Marie Moskou. 161

L’analyse de Suède 36 a établi un diagnostic de la Place Marie Janson 162 : elle n’est

pas en relation avec son environnement, les parkings et grillages créent une barrière entre le parvis et la place. L’ensemble est déstructuré, mal équipé, sans fonction ni identité. Le terrain de foot est le seul point positif car il permet de rassembler les jeunes du quartier. Lors de leurs enquêtes, à la question « Endroits que vous aimez le moins ? » les Saint-Gillois ont tous répondu la place Marie Janson, elle leur évoque un sentiment d’insécurité.163

En effet, Cécile Caffier m’a décrit la place comme un lieu de passage, les gens la

traverse en diagonale mais très peu s’y arrêtent, ce que j’ai pu constater lors de mes visites. Dans son analyse, Toestand a remarqué que la place possède une image négative auprès des habitants. Les usagers de la place sont considérés comme des personnes marginales : sans-abris, jeunes de rue ou personnes alcoolisées. Les habitants aux alentours se plaignent de problèmes de délinquance et certains ressentent une insécurité (actes de violence, détérioration du mobilier urbain, état de propreté, etc.). Au niveau de son aménagement, la place est entourée de pelouse et ponctuée d’arbres au centre. Il y a un terrain de football, mais le mobilier urbain presque inexistant se résume à des bancs et des poubelles. Selon Cécile Caffier, la place n’a pas de véritable fonction mais cette caractéristique peut aussi représenter un avantage : un aménagement mobile pourrait être mis en place pour varier les usages possibles.

160

Voir annexe 8 : analyse de l'occupation Marie Moskou

161

Voir annexe 1 : Entretien avec Cécile Caffier

162 163

SUEDE 36, « Diagnostic, Contrat de quartier durable " Parivs - Morichar " Commune de Saint-Gilles » mise en ligne le 16 septembre 2015, 221p. [https://issuu.com/polygone_stgilles/docs/cq_parvis-morichar_fr] (28/04/2018) Ibidem, p. 121

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_ Présence d'un marché quotidien sur la place

Fig. 55 : Un marché occupe la place tous les jours. Il est plus important les jeudis soir et samedi matin. Il attire des personnes de tout horizons et anime la place Marie Janson Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

Fig. 56 : Le marché le samedi matin attire beaucoup de monde. Il anime la place et la faire revivre. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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Au regard de ces différentes analyses et remarques, une intervention est

nécessaire pour animer la place afin de lancer le processus de réappropriation. La population demande un espace convivial qui s’adresse à tous avec des zones de repos, des jeux pour les enfants tout en conservant le passage en diagonale. 164

Le changement de perception est en cours en raison de la présence provisoire

du marché quotidien qui a été déplacé sur la place Marie Janson suite aux travaux du quartier. Ayant eu l’occasion de m’y rendre un samedi du mois de mai, le parvis très animé profitait de la piétonnisation, de l’implantation de nouveaux commerces et de la foule du marché voisin. Celui-ci anime l’espace habituellement désert de la place. On retrouve des fromagers, un boucher, des spécialités italiennes, des primeurs, un fleuriste ainsi que des artisans. Alors que c’est une commune avec une population majoritairement précaire, ce marché attire des personnes ayant un pouvoir d’achat plus élevé : jeunes couples entre 25 et 30 ans pouvant être associés au terme « hipster », familles pouvant être qualifiées de « bobos », grandes-mères régulières connues des commerçants, quelques rares touristes ainsi que des passants. Ce marché crée une ambiance de petit village, les commerçants sont très chaleureux et polis. Le déplacement du marché qui peut être perçu comme une contrainte par Toestand devrait cependant devenir un atout à exploiter : faire connaître la place, promouvoir les activités, assurer une présence...

3.4.6_ Des interventions festives et variées pour Marie Moskou

L’objectif général est d’analyser l’espace, de renforcer les usages existants et

d’en ajouter de nouveaux. Les premières interventions n’ont pas été médiatisées afin de cibler uniquement les usagers quotidiens de la place. Avec leur présence sur le site, ils allaient directement voir les usagers et pouvaient ainsi observer l’appropriation de la place. Ces premières interventions ont eu un retour très positif de la part des habitants selon le rapport 2017-2018 de Toestand.165 La présence de l’asbl est marquée par l’installation d’une cabane à coté de l’axe traversant. Elle permet d’attirer des personnes et de les renseigner sur l’occupation, en effet lors d’une première visite personnelle en janvier, elle était la seule indication de l’occupation temporaire de Toestand. Aujourd’hui, elle a été graffée pour accentuer cette présence. Des journées de permanence sont organisées pour rencontrer les habitants et les usagers.

164 165

Ibidem, p.57 TOESTAND, « Contrat de quartier... », op. cit., p. 18

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_ Présence de Toestand sur la place

Fig. 57 : Cabane de Toestand installé a coté de la rue de l’hôtel des monnaies. Un récent graffé marque sa présence coté rue Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

Fig. 58 Texte explicatif pour présenter l'association et les objectifs de l'occupation temporaire Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 16 janvier 2018

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Toestand organise différentes actions pour réanimer la place. Certaines relèvent

plus de l’événementiel, elle permettent de créer des moments de rencontre avec les habitants du quartier et de promouvoir l’occupation du lieu. Radio Moskou, une émission de radio participative en plein air avec les jeunes de la commune, est animée les mardis soirs, excepté en période hivernale, grâce au prêt d’une onde et de matériel par des radios locales. Elle permet ainsi de faire la promotion de la place à une plus grande échelle. L’événement attire des personnes extérieures au quartier. Des tables, chaises et tapis sont installées, mais ils sont rangés à la fin des activités. Parmi les activités ouvertes à tous, il y a aussi des lectures de contes pour enfants les mercredis d’été, des activités vélo, une cuisine mobile proposant des repas à petits prix, des activités sportives...166 Elles sont souvent animées les mêmes jours pour attirer plus de monde mais la place est inoccupés les autres jours. Ces activités n’ont rien à voir avec l’aménagement d’un espace public mais elles sont importantes pour inscrire le lieu dans l’imaginaire des habitants, dans l’histoire du quartier. Cela permet aussi d’attirer des personnes extérieures, de rendre la place attractive.

D’autres actions ont pour objectif la transformation physique de la place et servent

à améliorer la qualité de l’espace, c’est le cas d’événements collaboratifs comme les Buildings days. Elles peuvent être classées dans plusieurs catégories : des interventions réalisées par Toestand, des actions proposées par des habitants et concrétisées avec l’asbl ainsi que des initiatives citoyennes autonomes.

Pourtant il semblerait y avoir un manque de communication : lors du marché du

samedi, qui correspond à la plus forte affluence de la semaine, la cabane est fermée. Les clients du marché et les badauds ne peuvent alors même pas deviner que l’asbl organise des activités dans sur la place : les rares installations ne sont pas perceptibles, le texte explicatif de l’occupation a été enlevé au mois de mai. Voici quelques réactions de personnes interrogées sur place167 : « J’en avais entendu parlé et j’avais vu la cabane mais je n’en savait pas plus » ; « Je ne savais pas qu’il y avait une occupation temporaire. » ; « Je ne savais pas qu’il y avait ce type d’action ici. Quand on voit la cabane on ne peut pas deviner ce qu’il y a à l’intérieur, on pourrait la penser abandonnée. On voit quelques coups de peinture défraîchie sur les bancs et les poubelles, il n’y a pas vraiment de différence avec d’autres places de la ville. » 166 167

Voir annexe 1 : Entretien avec Cécile Caffier Voir annexe 6 : Rencontre avec des habitants le samedi 5 mai 2018 à 12h30

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_ Interventions de Toestand

Fig. 59 : Croquis d'implantation et d'utilisation des chaises vertes. Source : TOESTAND, TOESTAND, « Place Marie Janson (Carré de Moscou) ST Gillis Contrat de quartier durable Parvis-Morichar,» p 20-21

Fig. 60 : Installation des chaises orange sur la place. Source : Photo de l'asbl Toestand, place Marie Janson, page Facebook Marie Moskou, 25 février 2017

Fig. 61 : Parterre ou sur les banc, on retrouve des déchets de canettes de bières. Cela incite pas les habitants à y rester Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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_ Interventions de Toestand

Les actions ont pour critère « l’observation, le dialogue avec les usagers, l’analyse

du contexte existant »168. Elles sont développées avec les usagers réguliers. L’une des premières actions de Toestand a été d’introduire des assises sur la place car les bancs sont peu nombreux mais souvent utilisés malgré leur propreté et leur emplacement aux extrémités. En mai et juin 2016, un système de chaises vertes à été introduit et a connu un grand succès. Elles pouvaient être déplacées par les usagers comme ils le souhaitent. Toestand à pu remarquer que la majorité des personnes continuaient à s’installer en périphérie de la place, rares sont ceux qui venaient au centre. De plus, certaines chaises ont été déplacées vers d’autres endroits de la ville ce qui montre que le manque de bancs n’est pas seulement sur la place Marie Janson.169

Cette première expérience a montré que les habitants se sont appropriés le mobilier

provisoire mais que cette solution n’était pas adéquate car les chaises continuaient de disparaître et leur achat était onéreux. Une nouvelle idée a été envisagée en aout 2016 : des chaises oranges. Elles étaient attachées à un arbre ou un pot avec la possibilité de les déplacer et de les orienter sans pouvoir les sortir de la place pour autant. Les usagers avaient la liberté d’aménager la place comme ils le voulaient. Malheureusement, pendant une nuit de juillet 2017 toutes les chaises ont disparu. Cécile Caffier pense que la ville serait intervenue pour les retirer car ce n’était peut être pas à leur goût (sécurité, aménagement, vol). « Je vis ici depuis 5 ans et c’est la première fois que je suis assis sur cette place »170

Cette citation prouve que les habitants se sont appropriés les chaises comme

me l’avait confirmé Cécile Caffier, du moins pendant quelques temps. L’ajout d’assise a incité les gens à rester plus longtemps sur la place. Les jours de beau temps, les gens venaient discuter en plein air, la fréquentation de la place a largement augmenté.171 Ensuite des tapis ont été ajoutés lors des belles journées d’été 2016. Les jeunes avaient alors tendance à préférer s’asseoir par terre. C’est un nouvel usage à reprendre dans la rapport final pour éventuellement le prendre en compte lors de l’aménagement final.

168 TOESTAND, « Contrat de quartier... », op. cit., p. 20 169 TOESTAND, « Place Marie Janson (Carré de Moscou) ST Gillis Contrat de quartier durable Parvis-Morichar » 170 Échange avec une habitante issu de d’un document interne de Toestand envoyé par Bernardo Robles Hidalgo. ASBL TOESTAND, « Place Marie Janson (Carré de Moscou) ST Gillis Contrat de quartier durable Parvis-Morichar » 171

TOESTAND, « Contrat de quartier... », op. cit., p. 17

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_ Interventions de Toestand

Fig. 62 : Ce train à été offert par l’association anglaise Splash. Il n’y a pas d’enfants jouant sur la place puisque la photo à été prise un jeudi en début d’après-midi. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 1 mars 2018

Fig. 63 : Le train est actuellement peint. Des enfants viennent y jouer accompagnés de leurs parents. Au printemps, la place est métamorphos par la végétation, c’est un cadre agréable pour des enfants. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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Lors de ma visite sur la place en janvier dernier, il restait quelques chaises oranges

sales et en mauvais état, en mai il n’y en avait plus aucune. Cécile Caffier a exprimé pendant notre entretien la volonté de réinstaller de nouvelles assises pour l’arrivée des beaux jours. De plus un équipement en bon état sera plus facilement approprié par les habitants. Il semblerait que suite au retrait des chaises, aucune action de remplacement n’ai eu lieu à ce jour. A la suite de cet aménagement peut-être que des assises plus pérennes en bois auraient pu être construites comme des bancs autour de certains arbres, à coté ou dans les espaces verts périphériques par exemple. Cette action est supposée être relancée cette année selon le rapport 2017-2018 de Toestand.172 L’ajout de mobilier est nécessaire de l’avis de certains habitants mais l’une d’elle m’a exprimé le souhait de ne pas en avoir plus car cela inciterait les sans-abris ou les personnes alcoolisées à rester et elle ne souhaite pas en avoir plus. Elle évoque un sentiment d’insécurité et la présence de systématique de déchets et de canette de bière autour des bancs. 173

De plus l’un des objectifs du contrat de quartier était de répondre aux besoins

d’équipements pour les adolescents et les enfants. Avec les actions précédentes, parents et enfants fréquentent plus souvent la place174. Durant le mois de Février 2018, Toestand a abordé la question de la place de l’enfant dans l’espace public. La place Marie Janson ne dispose pas de zone de jeux appropriée pour les jeunes enfants. Le terrain de Football est majoritairement occupé par des adolescents ou jeunes adultes. L’association anglaise Splash à fait le don d’un train en bois à Toestand pour la place. Il est installé sur la périphérie à proximité des espaces verts. Une vingtaines d’enfants de l’école Nouvelle ont participé à la mise en couleur de l’installation. Les jours de beaux temps, les enfants viennent jouer sur l’installation. De plus des animaux gonflables sont mis à leurs dispositions pour faire des courses à plusieurs.

Lors d’une visite en mai, j’ai pu constater que ces jeux représentent un véritable

repère pour les enfants du quartier qui sont excités d’y aller jouer en criant « Le train ! ». Il s’agit d’un aménagement à garder et à améliorer selon les parents qui ne disposent pas d’espace pour s’asseoir et surveiller leurs enfants à proximité. Cependant des dégradations sont déjà à constater : une locomotive a disparu, ils ont été graffés, des déchets jonchent le sol... Alors que le train était occupé par des enfants, trente minutes

172 173

TOESTAND, « Contrat de quartier... », op. cit., p.16 Voir annexe 6 : Rencontre avec des habitants le samedi 5 mai 2018 à 12h30

174

TOESTAND, « Contrat de quartier... », op. cit., p. 17

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Fig. 64 : La pousse de l’herbe entre les pavés rend la place encore plus agréable. Avec la présence des arbres et des espaces verts périphériques on à l’impression d’être dans un parc. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

Fig. 65 : Le nouveau podium est placé en périphérie de la place, et est utilisé majoritairement pour regarder les joueurs de football. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 1 mars 2018

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plus tard, des adultes s’y sont installés pour manger car il s’agit de l’unique mobilier présent sur la place, avant que d’autres enfants ne viennent prendre possession de l’espace. Il est aussi régulièrement squatté par des sans abris qui y passent la nuit.

Dans un désir de rendre l’espace plus attractif et accueillant, depuis juin 2016,

Toestand en accord avec les services d’entretiens a décidé de laisser pousser les herbes entre les pavés. Au printemps et en été, la place change donc complètement d’ambiance, la végétation devient beaucoup plus présente, elle a des airs de champs urbain. Le Carré ressemble plus à un espace vert qu’à une place minérale ce qui a permis une appropriation plus facile pour les habitants : ils ont trouvé la place plus agréable. L’entretien se limite donc à ce que l’herbe ne soit pas trop haute. Les usagers se sentent aussi plus en sécurité, les pavés devenant moins glissants.175 Toujours dans l’optique d’ajouter de la végétation, de nouvelles activités ont débuté en mai s’affichant clairement dans la continuité Guerilla Gardening. Toestand en association avec Back2natureBXL (organisation pour la préservation de l’environnement de Bruxelles environnement) et la petite Maison du Peuple proposent de fleurir les espaces de Saint-Gilles avec des petites bombes de graines en libre distribution. Cette activité avait déjà été proposée en Juillet 2017.

Alors que l'association Pianofabrik souhaitait réaliser une activité en extérieur,

Toestand a constaté que le sol de la place n'était pas assez plan pour recevoir des spectacles ou concerts. En juin 2016, l'asbl a décider de construire un podium à l'aide de matériaux récupérés. Disposé au centre mais de façon à ne pas gêner le passage, le podium a rapidement été utilisé pour des fêtes d'anniversaire, des niques-piques ou pour danser. Puis en décembre 2016, le podium a été modifié et déplacé à côté du terrain de football. Il est placé dans une zone périphérique de la place et est majoritairement utilisé par les jeunes qui regarder les matchs de Football. 176 _ Des actions proposées par des habitants/associations et concrétisées avec Toestand

Toestand ne souhaitent pas seulement proposer des actions. Ils réalisent des

interventions à la demande des habitants ou des associations du quartier. Ils prennent leur avis en compte et les aident à réaliser leur initiative. De nouveaux usages auxquels Toestand n’aurait pas forcement pensés arrivent sur Marie Moskou. 175

TOESTAND, « Place Marie Janson (Carré de Moscou) ST Gillis Contrat de quartier durable Parvis-Morichar», p.29

176

TOESTAND, « Contrat de quartier... », op. cit., p.10

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_ Des actions proposées par des habitants ou associations et concrétisées avec Toestand

Fig. 66 : Installation de plantes hors-sol sur la place. Différents aménagements ont été conçus par les habitants. On peut voir le changement d'ambiance de la place Source : TOESTAND, « Place Marie Janson (Carré de Moscou) ST Gillis Contrat de quartier durable Parvis-Morichar,» p 72

Fig. 67 : Atelier participatif pour l’installation des plantes hors sol. Source : TOESTAND, « Place Marie Janson (Carré de Moscou) ST Gillis Contrat de quartier durable Parvis-Morichar,» p. 71

Fig. 68 : Le terrain de football a été refait et de nouveaux équipements ont été ajoutés pour faire de la musculation en extérieur. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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La végétation a une place importante sur le carré Moskou. Il y a beaucoup d’arbres

au centre de la place et des espaces tondus sur les côtés. Pour améliorer la perception visuelle et changer l’image négative de la place, plusieurs actions de verdissement sont réalisées. En mai 2016, à la demande de la Maison des enfants et en partenariat avec des pépinières et les services d’espaces verts de la ville, des pots de plantes déplaçables ont été installés au centre de la place. L’aménagement devait rester expérimental pour que les usagers puisse se l’approprier. Ils devaient faire comprendre aux usagers que se sont d’autres habitants qui l’ont réalisé et non un groupe de paysagistes. Chacun pouvait déplacer les pots pour créer la configuration qu’il souhaitait. Un groupe de jardiniers anonymes bénévoles a pris en charge l’entretien des plantes. Au fur et à mesure, des habitants sont venus déposer de nouvelles plantes et d’autres ont été déplacées dans les rues à proximité. Actuellement il ne reste que quelques pots à côté de la cabane. Des plantations ont été faites sur les espaces verts avec l’accord de la commune. L’herbe n’est plus régulièrement coupée pour un esprit champêtre.

Lors des rencontres de Toestand organisées en juin 2016 avec les habitants, le

terrain de football revenait souvent dans les discussions. C’est un espace très fréquenté par les jeunes, beaucoup de matchs si déroulent. Lors de visites le terrain était toujours utilisé par 4 ou 5 jeunes. Il se situe en partie haute de la place et est isolé du reste avec de la végétation. L’objectif était d’améliorer l’accessibilité au terrain. Les grillages en mauvais état ont été changés et des accroches ont été ajoutées pour que les affaires des joueurs ne soient plus par terre. De plus, les peintures ont été refaites et de nouvelles cages ont été installées.177 Des petits buts ont été disposés latéralement pour permettre aux plus jeunes d’utiliser le terrain. Par la suite, d’autres sportifs de rue sont venus voir Toestand pour demander si l’installation d’équipements de musculation d’extérieur était possible. Des barres parallèles et un banc à abdominaux ont été installés et ancrés dans le sol. En été, ces installations attirent du monde. L’objectif de cette année est de continuer à améliorer les infrastructures sportives selon le rapport de 2017-2018.

Lors de l’introduction des chaises, un bon nombre d’entre elles étaient déplacées

vers le terrain. Toestand a donc pris en compte ce besoin et a installé des bancs autour pour que les gens puissent assister aux matchs. « L’équipement sportif de la place était un besoins des habitants »178

177 178

TOESTAND, « Place Marie Janson (Carré de Moscou) ST Gillis Contrat de quartier durable Parvis-Morichar», p.17 Voir annexe 1 : Entretien avec Cécile Caffier

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Fig. 69 : 1_ Stade originale, 2_Agrandir l'entrée, 3_ Améliorer la visibilité des buts, 4_ Ajout d'accroche, 5_Buts latéraux, 6_Bancs, 7_Marquage au sol, 8_ Nouveaux filets. Source : TOESTAND, « Place Marie Janson (Carré de Moscou) ST Gillis Contrat de quartier durable Parvis-Morichar », 5.5 Infrastructure sportive

_ Des initiatives citoyennes indépendantes à Toestand

Fig. 70 : Le compost collectif réaliser par Moskollectif Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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Toutes les actions de Marie Moskou sont communiquées via une page Facebook.

Ces grands événements renvoient à des phases importantes du projet : l’inauguration d’un nouvel aménagement, le retour d’une activité... « Cela permet d’affirmer la place du Carré de Moscou dans la géographie mentale des habitants du quartier et de la ville et assure une participation et un suivi des événements à large spectre. » 179

_Initiatives citoyennes indépendantes à Toestand

L’association Toestand accompagne aussi la réalisation d’initiatives citoyennes

en vue d’une action dans l’espace public. Une groupe d’habitants du quartier est venu voir l’asbl pour mettre en place un compost collectif. Ils les ont guidé pour demander des subventions et l’autorisation aux administrations publiques. Le compost à été installé sur un espace disponible du Carré Moscou. Une association est chargée de l’entretenir : Moskollectif.180 Tout le monde peut venir déposer ses déchets organiques et récolter du terreau par la suite. Le reste de terreau sert aussi à alimenter les plantation de l’Ecole Nouvelle. Leur action vient compléter celle de Toestand et des activités sont mises en place par des habitants : des fêtes d’anniversaire, des cours en groupe. C’est devenu un véritable espace de rencontre pour le quartier, de récréation pour les enfants... 3.4.7_ Des acteurs divergents

Un tel projet, demande beaucoup d’organisation car il faut gérer les différents

événements et les bénévoles tout en collaborant étroitement avec les services publics. L’occupant et le pouvoir public doivent pouvoir échanger facilement pour permettre un bon avancement du projet. Pour mieux comprendre le processus de conception de cet espace et la relation entre les pouvoirs publics et l’association j’ai pris contact avec Anne De Cannière du service espace public de la commune de Saint-Gilles ainsi que Sébastien Dechamps de la cellule Contrat de Quartier Durable en février. Marie Moskou est la première expérience d’occupation temporaire de la commune.

179 TOESTAND, « Contrat de quartier durable " Parvis-Morichar " Rapport d’activités année 2017-2018 » Avril 2017, p.16 180 Voir annexe 1 : Entretien avec Cécile Caffier

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Lorsque j’ai rencontré Cécile Caffier, elle a estimé que la commune était « frileuse »

au sujet de leur occupation. Comme nous l’avons vu plus tôt, ce genre d’intervention peut avoir un impact positif sur l’image de la commune car l’animation permet à la ville de mettre en avant son territoire et ses ressources. Mais les élus de Saint-Gilles ne semblent pas la promouvoir. Cécile Caffier en déduit que c’est peut-être un problème de génération ou de vision divergente avec le Collège communal. Sur la page Facebook officielle de la commune de Saint-Gilles, on ne trouve aucune publication concernant l’occupation de Toestand : il n’y a pas de partage des événements, pas de photos...Alors que la page parle des autres chantiers des contrats de quartier durables. On pourrait supposer que la commune ne souhaite pas partager leur actions, peut-être qu’il ne les assume pas. Ce manque de communication semble illustrer les propos de Cécile Caffier.

De plus, elle pense que la commune ne facilite pas leurs interventions. Il y a

beaucoup de contrôle et de procédures à suivre. L’asbl n’est pas aussi libre que ce qu’ils pensaient l’être. Le déplacement du marché du parvis sur la place Marie Janson suite aux travaux ne leur permet pas d’intervenir au centre de la place. Son déplacement ne devait durer que 8 mois de Janvier 2017 à Aout 2017 mais il ne serait déplacer qu’a la fin du mois de mai 2018181. En effet, Anne De Cannière explique que l’espace public engage beaucoup de responsabilités (entretient, sécurité, accessibilité, eau, électricité, etc). Elle estime que Toestand ne comprend pas le fonctionnement de l’espace public et qu’ils « ignorent les techniques de la ville »182. Par exemple, il y a un col de cygne sans protection sur la place. Si une personne se blesse en tombant dessus, la commune serait responsable. Anne de Cannière explique donc le « manque de professionnalisme» 183 de l’équipe par le fait qu’ils ont plus d’expérience dans les bâtiments mais pas dans l’espace public qui est un lieu ouvert, où toutes les actions sont visibles. Il n‘est pas possible d‘intervenir comme ils le souhaitent, la commune a été obligée de retirer certaines de leurs installations. Elle estime que Toestand a de bonnes idées mais que leurs mises en application ne sont pas à la hauteur. Ils avaient construit des bancs en bois sur les rebords en béton. L’aménagement était trop précaire, ils ont tout de suite été vandalisés. Un aménagement plus solide devrait être envisagé. Idem pour les jeux en bois récemment installés, certains ont disparus et d’autres vandalisés. De plus, ils doivent être conformes à une réglementation et agréés par un organisme indépendant. Mais ce n’est pas le cas pour le moment. Ce sont de telles actions qui semblent illustrer un manque de professionnalisme reproché à Toestand. 181 Ladevèze (Mathieu) « Saint-Gilles : le marché de retour sur le Parvis le 27 mai », DH, 22 février 2018 [http://www. dhnet.be/regions/bruxelles/saint-gilles-le-marche-de-retour-sur-le-parvis-le-27-mai-5a8de214cd70f0681dd5e ceb] (06/05/2018) 182 Voir annexe 2 : Entretien avec Anne de Cannière 183 Ibidem

101


L'une des principales critique que fait Sébastien Dechamps, de la cellule des

contrats de quartier, est que Toestand n’a pas su toucher les Saint-Gillois. Ils n’ont pas visé la population souhaitée initialement : celle du quartier. Ils sont arrivés avec leurs relations et n’ont peut-être pas assez parlé avec les habitants. De plus, Cécile Caffier explique qu’elle n’a pas eu de retour de la part des habitants sur leur différentes interventions. Tous les habitants ne s'impliquent ou ne s'intéressent pas dans le projet. Elle estime aussi qu’il y a un manque de communication avec eux et c’est l’une de ces priorités pour l'année 2018.

Selon Anne De Cannière cette première expérience un peu « décevante »184 est

décourageante pour la suite. Elle ne sait pas si la commune serait « prête à retenter l‘expérience »185. Mais elle souhaiterait que Toestand prenne plus d’initiatives en contactant les différents intervenants de l’espace public (eau, électricité, sécurité...). Sébastien Dechamps estime que le projet Marie Moskou est intéressant, il voit Toestand comme des « précurseurs »186 et espère que ce type de projets a de l’avenir. Pour sa part il serait prêt à tenter l’expérience avec de nouvelles règles et une meilleure communication. M. Dechamps m’a rapporté que le collège des échevins se rend compte de l’utilité de Toestand de par leurs observations et leurs expérimentations.

Les avis entre le service urbanisme et la cellule des contrats de quartiers sont

divergents quant à l’avenir de l’occupation temporaire. Ils s’accordent sur un éventuel manque d’expérience de la part de Toestand dans l’espace public ainsi qu‘un manque de coordination et de communication entre Toestand et les services communaux. 3.4.8_ Un impact incertain dans la conception de l’aménagement définitif

Actuellement Toestand continue de réaliser des activités et des installations sur

la place. Ils remettent des rapports et des analyses annuelles de leurs interventions. En parallèle, l’équipe chargée de l’aménagement définitif de la place devrait être désignée. D’après le contrat de Quartier, entre 2017 et 2019, des installations provisoires et définitives devraient commencer à être mise en place progressivement.

184 185 186

Ibidem Ibidem Voir annexe 3 : Entretien avec Sébastien Dechamps

102


Cécile Caffier évoque une « incertitude »187 de la prise en compte de leur analyse

pour l’aménagement définitif. Cependant Anne de Cannière a confirmé qu’il y aurait une relation entre Toestand et le bureau en charge de l’aménagement définitif, reste à savoir de quelle manière. Elle pense que leur rapport sera repris en annexe du cahier des charges. Il serait intéressant de lire leur dossier pour connaître leur analyse finale. Actuellement, j'ai pu consulter une brochure que Toestand a remis lors d'une réunion avec la commune en février. Celle-ci reprend des idées simples et intéressantes mais pas assez poussées à en juger du contenu du document qui reste peut-être superficiel179. De plus, analyser l’aménagement final permettrai de savoir si l’occupation de Toestand aura été utile ou non. Pour participer encore plus, Toestand souhait faire parti du jury de sélection de l’équipe en charge du projet final. Selon Sébastien Dechamps c’est effectivement envisageable, mais la décision reviendra au pouvoir adjudicateur.188

Entre la fin de l’occupation par Toestand en 2019 et le début des travaux, Sébastien

Dechamps estime un délai de un à deux ans entre l’appel à candidature et le début du chantier 189 soit peut-être un délai de quatre à cinq ans avant l’aménagement définitif. Ce sont les délais des procédures d’administratives. Il pense que ce temps-mort pourrait être « contre-productif »190 et mal vu par les habitants pensant qu’il n’y aura pas de changements concrets. Finalement, le temps de conception du nouvel aménagement de la place sera plus long que si il n'y avait pas eu d'occupation temporaire.

Actuellement, l’aspect esthétique de la place est de pire en pire selon l'avis d'Anne

De Cannière191. En effet lors que mes dernières visites sur place j’ai pu constater qu’elle n’était pas très animée ou décorée au début de l’année 2018. Le service d’urbanisme a cessé de s’occuper de l’entretien pour ne pas déranger l’association mais ils vont réintervenir pour régler les problèmes techniques. Les bancs sont en mauvais état et il y a un espace à côté du compost envahi de déchets.

187 188 189 190 191

103

Voir annexe 1 : Entretien avec Cécile Caffier Voir annexe 3 : Entretien avec Sébastien Dechamps Ibidem Ibidem Voir annexe 2 : Entretien avec Anne de Cannière


3.4.9_ Une expérience mitigée

La place Marie Janson est donc un grand vide dans la commune, elle n’a pas

de fonction et ne dispose pas d’un aménagement particulier. L’occupation de Toestand a pour objectif d’animer l’espace et de lui redonner une image positive en lançant un processus de réappropriation de la place par les habitants du quartier.

L‘installation de Toestand est ponctuelle et prend place à des endroits stratégiques

déterminés grâce à une analyse et une observation des usagers. La création d‘une occupation temporaire sur un plus long terme permet d’expérimenter les usages en direct. Ici il n‘était pas question d‘investir une somme exorbitante dans un aménagement définitif sans savoir si cela allait fonctionner. L’occupation temporaire au sein d’un processus traditionnel permet de préfigurer le site pour des usages et un aménagement à venir. Elle influence par son existence et son souvenir. L’éphémère et l’inattendu peuvent venir nourrir un projet à long terme. Dans ce cadre, il s’agit d’utiliser leur capacité d’analyse en les intégrant à la programmation comme assistants à la maîtrise d’ouvrage.192 Leurs analyses permettent de « collecter des informations importantes à transmettre dans le dossier final. »193 « L’ancrage des collectifs sur le terrain et auprès des maîtres d’usage peut nourrir la programmation et la conception, en défendant une approche plus itérative, faite de tests et d’une appréhension plus fine des usages et du déjà-là »194.

La création d‘événements ponctuels permet d‘animer la place. Leurs actions ont

permis une réappropriation du site et de faire changer sa perception négative. Il y a eu des retours positifs de la part des usagers selon leur rapport de 2017-2018. La place Marie Janson est maintenant un lieu d’activités multiples et de rencontres pour les habitants.

Toestand semble avoir compris les usages de la place, ils ont accentué ceux déjà

présents et ont répondu à la demande de certains citoyens en y ajoutant de nouveaux. La fréquentation de la place a changé : plus de femmes et d’enfants sont présents depuis l’occupation de Toestand, plus de personnes y restaient lors de l’intervention des chaises et moins de personnes la contourne. Toestand estime entre 20 et 40 personnes 192 Darrieus (Margaux), « Collectifs d’architectes », AMC Le Moniteur Architecture, n°232, avril 2014, p.65 193 TOESTAND, « Contrat de quartier durable «Parvis-Morichar» Rapport d’activités année 2017-2018 » Avril 2017, p.19 194 Interview de Frémeaux (Alice) dans Darrieus (Margaux), « Collectifs d’architectes », AMC Le Moniteur Architecture, n°232, avril 2014, p.65

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les week end.195 Lorsque des tapis étaient installés ou que l’herbe entre les pavés n’était pas coupée, les 20-30 ans préféraient s’asseoir par terre. Il serait pertinent de voir ces nouveaux usages repris pour l’aménagement définitif de la place. Mais lors d’une visite un week-end de mai, malgré un temps magnifique, la place était presque vide (comme en janvier) une fois le marché parti. Il y avait trois enfants avec leurs mères et les bancs étaient occupés par des personnes considérées comme marginales.

Le discours évoqué précédemment sur la liberté et l’affranchissement des

contraintes administratives est fortement nuancé dans ce projet. Toestand doit faire accepter ses idées ou actions auprès de la commune. Il ne peuvent pas développer un projet sans autorisation préalable ou aller à l’encontre de l’avis de la commune. Ils doivent respecter les normes liés aux espaces publics d'un point de vue sécuritaire et ne peuvent donc pas tout réaliser sur la place. Ils doivent entretenir des relations de confiance pour faire évoluer le projet. Leur liberté est donc fortement réduite. Ils restent dépendants de l’autorité communale qui peut limiter leurs actions à tout moment.

La météo peut rendre l’occupation difficile. La période hivernale est un moment

de creux d’un point de vue des installations ou animations. L’association utilise cette période notamment pour préparer les prochaines interventions et consolider des partenariats. De plus, à cause d‘une longue temporalité et de peu de salariés, il n‘est pas évident d‘avoir une présence quotidienne sur la place. En effet, un samedi matin de marché, alors qu'il y a beaucoup de monde, la cabane de l'asbl est fermée. Pourtant une présence aurait permis de promouvoir ces activités.

J’ai pu constater que les installations précédentes n’ont pas d’impact dans l’espace

après leur existences, une fois testé l‘aménagement semble être immédiatement retiré. Lors de visites du site en début d’année, il n’y avait pas de traces des interventions précédentes (chaises, pot de fleur, etc), ce qui rend l'occupation temporaire non perceptible. D’un point de vue esthétique, la place manque d’homogénéité et d’une identité visuelle pour rendre l’occupation plus visible et la place plus attractive et ludique lorsqu’il n’y a pas d’événements. Il y a quelques bancs et poubelles colorés et le train en bois est l'installation la plus visible car elle vient d'être ajoutée. On peut s’interroger sur le fait ne pas avoir construit des bancs avec un design et une forme spécifique pour créer une identité à la place. Pourquoi ne pas avoir laissé de gros bacs à plantes aux endroits

195 TOESTAND, « Contrat de quartier durable «Parvis-Morichar» Rapport d’activités année 2017-2018 » Avril 2017, p.17

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qui ne dérangeaient pas le marché ? Comme Cécilé Caffier l’a fait remarqué pendant notre entretien, l’appropriation passe aussi par un bel aménagement.196 La recherche d’une identité propre à Marie Moskou permettrait de marquer les esprits et de la distinguer des autres places publiques de la ville proposant des aménagements qualitatifs, celleci aurait du être créée depuis le début de l’occupation. De plus, l’entretient de la place est important, on retrouve de nombreuses canettes de bières vides à côté des bancs probablement laissées par des sans-abris ou des personnes alcoolisées. Il y a un manque de respect de la place. L’amélioration du mobilier urbain et de l’identité de la place font partis des objectifs de cette année selon le rapport de Toestand, mais actuellement ce n’a pas encore commencé.

A travers le contrat de quartier Parvis-Morichar, la commune de Saint-Gilles

souhaite donc mettre en avant son patrimoine architectural et ses nouveaux espaces publics pour accentuer son potentiel d’animation et attirer des touristes sur le principe du City Branding : elle souhaite renvoyer une image positive. Finalement cette occupation temporaire devait aussi chercher à mettre en valeur la commune mais on constate que cela reste limité du fait du manque de partage des actions de Toestand par les élus. La présence de personnes « indésirables » reste un sujet délicat. Elle procure un sentiment d’insécurité pour certains habitants. Le contrat de quartier évoque que les populations fragiles ne doivent pas être oubliées. Mais l’embourgeoisement du quartier et ces nouveaux aménagements laissent à penser que ces personnes seront progressivement remplacées par l'arrivée de nouveaux habitants, commerces et équipements. Ils est probable que ces personnes ne se sentirons plus à leur place et quitteront l’espace pour aller plus loin. Mais ne serait-ils pas important de créer un espace inclusif pour que tout le monde se sente légitime ?

D‘un point de vue extérieur, l‘installation semble être le fruit d‘une association

de jeunes actifs extérieurs à la commune. Des associations locales participent mais pas forcement de manière spontanée. Finalement les habitants que j’ai pu rencontrer lors de visites ne sont pas forcement touchés par cette occupation temporaire et ne s'y investissent pas. Certains n’étaient même pas au courant de son existence.

On peut se poser la question de l’avenir des activités et événements récurrents mis

en place comme la Radio Moskou ou la cuisine mobile. Effectivement elles ont permis de

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Voir annexe 1 : Entretien avec Cécile Caffier

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d'attirer du monde et d’animer la place mais il est peu probable que ces activités aient une répercussion sur l’aménagement définitif. Est-ce qu’elles seront conservées et déplacées? En quoi ont-elles permis de déterminer l’aménagement définitif de la place Marie Janson ?

Comme les occupations temporaire mandatées par les pouvoirs publics et

précédemment étudiées, Toestand est supposé expérimenter des usages pour définir une ligne directrice du futur aménagement de la place. Mais dans ce cas, la population est incluse dans le processus de création des installations. L'occupation temporaire est mise en place et dirigée par le pouvoir public alors que l’asbl est limitée dans ces actions à cause des règlements et contrôles réalisés par la commune. Sa longue temporalité est un frein à son développement. Contrairement à celles ayant une durée de quelques mois, il est plus difficile de maintenir une activité et une programmation constante pendant quatre ans car les événements sont dilués dans le temps. Au bout de deux ans, on constate que les changements restent minimes, peu d'aménagements ont été réalisés. Selon cette étude de cas, l'appropriation de l'espace a plus ou moins bien fonctionné, des activités tout public ont bien été mises en place mais l'espace ne s'est pas équipé progressivement. Cela va peut être se faire dans les prochains mois, mais il ne semble pas possible de définir un aménagement à partir des installations déjà réalisées.

Cette étude montre que l’occupation temporaire de la place Marie Janson ne peut

être assimilée à une pratique alternative à la fabrique de la ville. C'est en réalité une autre forme de démarche de planification top-down cherchant tout de même à inclure les habitants dans la conception de l'espace. Le projet reste intéressant et innovateur dans la région mais son impact reste tout de même limité. Les actions et événements déjà mis en place ont attiré du monde mais ils ne sont suffisamment développés par Toestand.

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CONCLUSION

Ce mémoire de recherche tend à répondre à une série de questions : quelles

sont les conséquences des idées modernes sur la conception contemporaine des espaces publics ? Quel a été le contexte d'émergence des espaces publics éphémères ? L'occupation temporaire des espaces publics est-elle une pratique alternative ou complémentaire aux « démarches traditionnelles » de planification ? Ces nouvelles pratiques urbaines sont-elles un moyen de repenser la ville en impliquant les citoyens dans la conception afin de répondre au mieux aux usages qu'ils attendent ? Quels sont les nouveaux processus et métiers liés à l'occupation temporaire ?

La recherche montre que l’urbanisme fut profondément transformé pendant l’ère

industrielle puis avec la démocratisation de la voiture. Le XXème siècle est marqué par l’émergence de l’idéologie moderne dont la Charte d’Athènes rédigée en 1933 prône une ville fonctionnelle et organisée, visant ainsi à contrôler une évolution planifiée par des « savants ». Certaines idées semblent pertinentes comme l’importance accordée aux espaces verts ou à la lumière naturelle mais d’autres seront vivement critiquées à partir des années 1960 : les espaces publics modernes sont jugés froids et sans vie. L’application de cette idéologie a conduit à ce que l’on pourrait appeler une « crise » de l’espace public. Aujourd’hui, les conséquences de l’idéologie moderne se remarquent dans nos villes. Le développement des périphéries a engendré le déclin des centres-villes historiques alors que certains espaces publics ne correspondent plus aux besoins des habitants. En opposition, certaines villes ayant remis en cause les principes modernistes sont considérées comme des modèles de qualité de vie. Dans un contexte de compétitivité internationale, les villes souhaitent être attrayantes pour de nouveaux habitants, touristes ou entreprises. Les recherches confirment que l’image de marque d'une ville passe par des espaces publics attractifs, animés et sûrs : on parle alors de City Branding. Mais cette attractivité se fait au détriment de certaines personnes qualifiées « d’indésirables » qui ne conviennent pas à l’image de séduction que la ville souhaite véhiculer. Les sans-abris, les jeunes de rue, les itinérants ou les populations précaires n’ont donc plus leur place dans ces lieux. Une conception top-down de l’espace public, c’est-à-dire par des élus ou planificateurs, héritage des conceptions moderne, ne laisse que peu de place pour les habitants dans la fabrique de leur ville. Même si la participation citoyenne est de plus en plus évoquée par les pouvoirs publics, elle reste minoritaire. Dans le contexte économique actuel, on peut s’interroger sur l’avenir des lourdes rénovations urbaines : elles répondent à la nécessité d’un moment, demandent des investissements financiers importants et nécessitent plusieurs années de réalisation. 110


Néanmoins cette recherche montre que l’émergence d’initiatives citoyennes

de réappropriation de l’espace public depuis le début du XXème siècle illustrent la prise de conscience des habitants à agir. Ils se réapproprient et détournent de leur vocation première des espaces non adaptés à leurs besoins. L’arrivée des sciences sociales dans les années 1970 remet en question le métier d’architecte et la manière de concevoir la ville. Certains architectes ne se reconnaissaient plus dans la pratique d'un métier jugé élitiste. Regroupés sous le terme de collectif, ces nouveaux acteurs pluridisciplinaires ne sont plus les seuls concepteurs. Ils prônent une fabrique de la ville participative avec les habitants et utilisent l’éphémère comme nouvelle méthode d'analyse, d'observation et de conception. L’occupation temporaire des espaces publics permet d’expérimenter, de tester et de confronter de nouveaux usages et aménagements. Elle révèle aussi le potentiel de lieux sous-exploités. La création d’événements ponctuels vient renforcer la présence quotidienne des acteurs sur le site, permet de créer des moments de partages et de discussions, tout en inscrivant l’espace dans la mémoire collective. La notion de temporaire permet donc d’ajouter de la valeur d’usage et de la curiosité.

Ces pratiques alternatives aux démarches traditionnelles de planification

permettent d’agir spontanément ou en association avec des habitants pour accompagner leurs initiatives : il s’agit d’une fabrique de la ville bottom-up qui revendique une « co-construction » de la ville avec l’intégration de la maîtrise d’usage comme acteur légitime. Mais il est intéressant de constater que depuis les années 2000, ces pratiques alternatives s’institutionnalisent car les propriétaires et pouvoirs publics reconnaissent la capacité d’analyse et d’expérimentation de ces collectifs. L'occupation temporaire leur apporte en effet de nombreux avantages : valeur marchande, entretien, gardiennage, image positive et attrayante du lieu et du propriétaire, projets non envisagés initialement.

Suite à mon expérience québécoise du SPOT, j’ai constaté que cette occupation

permettait d’animer un espace habituellement délaissé grâce au design coloré des installations suscitant la curiosité des passants, mais surtout en raison de la présence quotidienne de bénévoles et d'une programmation culturelle variée. Ce projet éphémère n’avait pas pour objectif de proposer un réaménagement pérenne de la place mais d'offrir aux habitants un espace convivial le temps d'un été. En revanche, Marie Moskou à SaintGilles montre un manque de dynamisme : peu d’installation, manque de présence de Toestand et d'identité visuelle... Les idées existent et certaines actions ont su animer la place mais de très longues périodes creuses sont à déplorer. Lors de ma dernière visite, les installations n’étaient pas perceptibles et des personnes interrogées n'avaient pas connaissance de ce projet pourtant novateur. Cela devrait être l’occasion pour la 111


commune de tester des aménagements conçus et construits par les habitants mais il apparaît qu'une occupation de ce type est difficile à gérer sur le long terme. Cela impose de maintenir une programmation variée en continu : une présence limitée sur le site et un manque de liberté sont donc des freins au bon développement de l’expérimentation. Le bilan est donc contrasté par rapport aux attentes préalables d'un tel projet. Le cas de Marie Moskou semblerait montrer qu'une occupation temporaire initiée et gérée par une administration publique perdrait de sa dynamique et de son intérêt en raison de l’imposition de normes contraignantes et de calendriers allongés serait nuisible à la créativité et à la spontanéité. L'institutionnalisation de ces démarches engendrerait donc une perte d'autonomie. C'est pourquoi ces nouveaux modes de fabrique de la ville devraient rester alternatifs afin de garder la possibilité de détourner les règles et de créer de nouveaux usages. Lorsque ces initiatives sont réalisées avec les habitants, elles sont une nouvelle manière de concevoir l'espace public et représentent un véritable laboratoire aboutissant à un aménagement non envisagé.

Actuellement nous n’avons pas assez de recul pour connaître l’impact général de

ces occupations sur le territoire qui ne seront peut-être qu’un effet de mode. Leur présence particulièrement en été ne serait-elle pas une nouvelle forme de marketing urbain pour attirer des visiteurs et participer à une image de marque comme à Québec ou Montréal ? Mais ces formes alternatives soulèvent aussi des questions de responsabilités  : si une liberté est donnée à certains acteurs mais pas à d'autres, ne serait-ce pas une manière de privatiser l'espace public ? Comment réaliser un arbitrage lors de divergences entre l'occupant et le pouvoir public ? L'espace public étant un lieu réglementé, si des libertés sont accordées aux occupants, à qui revient les responsabilités en cas d'accident ?

Afin d’enrichir ce mémoire, la consultation d'autres ouvrages et articles

universitaires permettrait d'étoffer le raisonnement. Il serait pertinent d’interroger des collectifs d'architectes ou paysagistes sur leurs pratiques du métier, leurs expériences d'installations éphémères et leurs points de vues sur l'implication citoyenne. La participation aux prochains événements de Marie Moskou permettrait d'interroger plus de personnes et de suivre le projet jusqu’à la réalisation des travaux définitifs pour connaître la relation entre Toestand et l’équipe lauréate. Une comparaison avec d'autres occupations temporaires en Belgique pourrait être l'occasion de comparer les libertés accordées par les administrations publiques. Enfin cette thématique pourrait être élargie à l'architecture afin d'aborder la lutte contre la vacance des bâtiments et friches privées mais aussi la question de la participation citoyenne dans le cadre d'une réhabilitation. Les projets franciliens de la Halle Papin ou des Grands Voisins en sont des exemples d'actualité. 112


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Carignan (Marc-André), « Village éphémère: Je suis en deuil », Métro, 19 février 2015 [http://journalmetro.com/opinions/paysages-fabriques/723455/je-suis-en-deuil/](21/03/2018) COLLECTIF ETC, Café sur place, 2012, [http://www.collectifetc.com/realisation/cafe-sur-place/] (27/03/2018) COLLECTF ETC, « Expérimenter avec les habitants : vers une conception collective et progressive des espaces publics» Métropolitiques, 26 septembre 2012, [http://www.metropolitiques.eu/Experimenter-avec-les-habitants.html.] (24/04/2018) Darrieus (Margaux), « Collectifs d’architectes », AMC Le Moniteur Architecture, n°232, avril 2014, p.63-73 Fortier (Marie-Ève) , « [Spectacle] Ouverture du SPOT (PERDRIX, BENGALE, ANATOLE), 16 juin 2017 », 17 juin 2017, [http://ecoutedonc.ca/2017/06/17/spectacle-ouverture-du-spot-perdrix-bengaleanatole-16-juin-2017/] (05/09/2017) LA FABRIQUE DE LA CITÉ, Comment transformer la ville à partir des usages ?, 2015 p. 15 [https:// www.lafabriquedelacite.com/fabrique-de-la-cite/site/fr/evenements/pages/comment_transformer_la_ville_a_partir_des_usages.htm] (21/02/2018) Laferrière (Michèle), « Collectif Le banc: investir les endroits oubliés », Le Soleil, 2 septembre 2013, [https://www.lesoleil.com/maison/collectif-le-banc-investir-les-endroits-oublies-c5a9da6cf4d88013e4dd0a2ab93781ee] (28/03/2018) LEBBE (Jessica), « Colorée, rafraîchie, animée : la Marina Saint-Roch se dévoile », MonsaintRoch, 25 juin 2017 [http://monsaintroch.com/2017/coloree-rafraichie-animee-la-marina-saint-roch-sedevoile/](29/04/2018) Moalla, (Taieb) « Des places éphémères pour briser l’isolement urbain », Le Journal de Québec, 3 juillet 2017, [http://www.journaldequebec.com/2017/07/03/des-places-ephemeres-pour-briser-lisolement-urbain] (29/04/2018) MONSAINTROCH, « Place éphémère Jacques-Cartier : la population sollicitée pour son évaluation », 5 octobre 2017 [http://monsaintroch.com/2017/place-ephemere-jacques-cartier-population-sollicitee-evaluation/] (29/04/2018) PASSAGES INSOLITES, [http://www.passagesinsolites.com] (02/05/2018) La Pépinière espaces collectifs [https://www.pepiniere.co] (20/11/2017) QUARTIER DES SPECTACLES MONTRÉAL, « Pari gagné pour les jardins Gamelin », 6 octobre 2015 [http:// kollectif.net/wp-content/uploads/2015/10/CP_Pari_gagne_Jardins_Gamelin_.pdf] (28/04/2018) LES SAPROPHYTES, la fabrique d‘architecture(s) bricolée, 2011, [http://www.les-saprophytes.org/ project/fabrique-darchitectures-bricolee/] (28/04/2018) LE SPOT, [https://www.spotqc.com] (15/10/2017) TEDXMONTRÉAL, Glad (Jérôme), « Réinventer la ville, tous ensemble, et à moindre coût | Jérôme Glad | TEDxMontreal », 15'48, 17 janvier 2016 [https://www.youtube.com/watch?v=fU3iSBtXKQo&t=302s] (20/01/2018) Tremblay, (Julien) « La simplicité comme mode d’action [collectif Le Banc] ». Inter n°121, 2015 p.92– 93. [https://www.erudit.org/fr/revues/inter/2015-n121-inter02146/79365ac/] (28/L03/2018) Van Rassel (Alisson), « Petit guide de la cuisine de rue à Québec », Québec, ville et région, 24 juillet 2017, [https://www.quebecregion.com/fr/blogue/2017/07/24/cuisine-rue-camions-restaurants/] (29/04/2018)

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_L’INSTRUMENTALISATION DE L’OCCUPATION TEMPORAIRE Adisson (Félix), « Choisir ses occupants. Quand les grands propriétaires adoptent des collectifs pour la gestion transitoire des friches urbaines. » Métropolitiques, 6 janvier 2017, [http://www.metropolitiques.eu/Choisir-ses-occupants.html.] (29/04/2018) Andres (Lauren), « Les usages temporaires des friches urbaines, enjeux pour l’aménagement », Métropolitiques, 11 mai 2011, [http://www.metropolitiques.eu/Les-usages-temporaires-desfriches. html], (29/04/2018) De Smet (Aurélie), « Le rôle de l’usage temporaire dans le (re)développement urbain : exemples bruxellois », Brussels Studies, Collection générale, document 72, mis en ligne le 12 novembre 2013 [http://brussels.revues.org/1195] (10/10/2017)

_HISTOIRE ET ANALYSE DE SAINT-GILLES Dejemeppe (Pierre), Saint-Gilles, les histoires des rues, Commune de Saint-Gilles, 97p [https://fr.calameo.com/read/005299528dc7c10fc23de] (20/02/2018) LE CONTRAT DE QUARTIER DURABLE PARVIS-MORICHAR, [https://contratsdequartiers1060. wordpress.com/contrat-de-quartier-parvis-morichar/] SAINT-GILLES, [https://stgilles.brussels/histoire/] (23/02/2018) SUEDE 36, « Diagnostic, Contrat de quartier durable " Parivs - Morichar " Commune de SaintGilles » mise en ligne le 16 septembre 2015, 115p [https://issuu.com/polygone_stgilles/docs/ cq_parvis-morichar_fr] (28/04/2018) SUÈDE 36, « Programme Quadriennal , Contrat de Quartier Durable " Parvis - Morichar " 20152019/21, Commune de Saint-Gilles », 2015, 67p [https://contratsdequartiers1060.files.wordpress. com/2015/07/programme-cq-parvis-morichar-fr.pdf] (10/12/2017)

_TOESTAND ET LE PROJET MARIE MOSKOU BRUXELLES ENVIRONNEMENT « QUAI DES MATERIAUX : Incubateur d’occupation temporaire » [http:// canal.brussels/fr/content/inauguration-de-lallee-du-kaai] (22/02/2018) Ladevèze (Mathieu) « Saint-Gilles : le marché de retour sur le Parvis le 27 mai », DH, 22 février 2018 [http://www.dhnet.be/regions/bruxelles/saint-gilles-le-marche-de-retour-sur-le-parvis-le27-mai-5a8de214cd70f0681dd5eceb] (06/05/2018) TOESTAND, Mission, [http://toestand.be/fr/] TOESTAND vzw, « Toestand Mâche Pristina » [https://vimeo.com/196732646] TOESTAND, « Contrat de quartier durable " Parvis-Morichar " Rapport d’activités année 20172018 », Avril 2017, 28p TOESTAND, « Place Marie Janson (Carré de Moscou) ST Gillis Contrat de quartier durable Parvis-Morichar », 80p

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_ TABLES DES ILLUSTRATIONS

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Fig. 1 : Participation à la 3ème édition du SPOT au printemps 2017 à Québec. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Québec, 20 mai 2017

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Fig. 2 : Créés par le collectif La Pépinière à la demande de la ville de Montréal, les jardins Gamelins proposent un aménagement éphémère pour la place Emilie Gamelin pendant cinq mois. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Montréal, 20 mai 2017

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Fig. 3 : Mot clés autour de la notion de l’occupation temporaire. Source : COLOMBO (Chloé), Mons, 10 janvier 2018

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Fig. 4 : Le centre commercial les Grands Prés en périphérie de Mons. Il est difficilement accessible depuis le centre ville. Source : BPC HAINAUT, extension des Grands Prés [http://www.bpchainaut.be/realisation/extension-les-grands-pres/] (25/03/2018)

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Fig. 5 : Gestion centre Ville Mons a lancé en mars une campagne de promotion des commerces du centre-ville avec des personnes connues de la région. Source : G.H, « Mons: des stars pour promouvoir les commerces, découvrez le clip » La Province, 21/03/2018, [http://www.laprovince.be/207919/article/2018-03-21/mons-des-stars-pour-promouvoir-les-commercesdecouvrez-le-clip] (25/03/2018)

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Fig. 6 : Perspective de la place François Mitterrand par Rem Koolhaas en 1990. Le mobilier urbain dessiné ne sera finalement pas installé. Source : EURALILLE SPL, Place François Mitterrand [http://www.spl-euralille.fr/nos-projets-urbains/euralille-1/ secteur-central/place-francois-mitterrand.html] (13/03/2018)

25

Fig. 7 : La place est peu fréquentée un vendredi vers 18h. On aperçoit quelques jeunes et des personnes allant prendre leur train. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Lille, 9 avril 2018

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Fig. 8 : Aménagement proposé par « un air d’été » sur la place François Mitterrand pour tester de nouveaux usages et mette en avant la place. Source : EURALILLE SPL, « Euraflandres démarre, Euralille 3000 se lance », Les échos de la concertation, hiver 2018, p 1-4 [http://www.spl-euralille.fr/uploads/media/journal-euralille3000-n2-euraflandres-fev-2018.pdf] (13/03/2018)

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Fig. 9 : Évolution progressive du réseaux de rue piétonne à Copenhague en 1962, 1973 et 2013 Source : GEHL ARCHITECTS, Risom (Jeff), « Time-sqaure, too much of a good thing ? » 30/01/2015, [http://gehlpeople. com/blog/times-square-much-good-thing/] (25/03/2018)

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Fig. 10 : Strøget : la plus longue rue commerçante piétonne d’Europe. Il n’est pas rare d’y croiser des spectacles de rue (acrobates, musiciens, magiciens, etc...) Source : VISITCOPENHAGEN, Strøget, [https://www.visitcopenhagen.com/copenhagen/stroget-gdk414471] (28/03/2018)

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Fig. 11 (à gauche) : Logo créé à l’occasion de Mons capitale culturelle européenne. Il est encore très présent dans la ville en 2018. Source : Province du Hainaut, nos projets, [http://www.hainaut.be/enseignement/ecoles/ecoledufutur/template/ template.asp?page=mons_2015&navcont=31,40,0&branch=12] (22/04/2018)

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Fig. 12 (à droite) : « ONLYLYON est à la fois la marque et le programme de marketing international de Lyon.. [...] L’objectif ? Développer la notoriété et l’attractivité de Lyon et de sa région à travers le monde. » Source : GRAND LYON ÉCONOMIE, « ONLYLYON : une nouvelle communication pour les 10 ans de la marque », 12 octobre 2017, [http://www.economie.grandlyon.com/actualites/onlylyon-une-nouvelle-communication-pour-les10-ans-de-la-marque-2491.html] (22/04/2018)

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Fig. 13 : The Toronto Sign. Installé sur la place de l‘hôtel de ville c‘est le lieu de passage obligé pour les touristes. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place de l‘hôtel de ville, Toronto, 7 juillet 2017

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Fig. 14 : I amsterdam. Le slogan icône de la ville créé lors de la campagne de marketing lancé par la région d‘Amsterdam Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place du EYE filmmuseum, Amsterdam, 27 Juin 2016

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Fig. 15 : Des bancs avec accoudoirs centraux sont installé dans les centre-villes pour empêcher de s’allonger et donc de limité la présence de sans-abris souhaitant dormir. Sources : photo personnelle de Colombo (Chloé), Saint-Gilles, 5 mai 2018.

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Fig. 16 : « No ball games » Pochoir mural de Banksy dans le nord de Londres dénonçant l’interdiction aux enfants de jouer dans les rues. Source : The Telegraph, Banksy’s ‘stolen’ No Ball Games mural to sell at auction , 23 juillet 2013 [https://www. telegraph.co.uk/culture/culturenews/10206188/Banksys-stolen-No-Ball-Games-mural-to-sell-at-auction.html] (04/04/2018)

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Fig. 17 : L’ancinne place minérale servant de parking sauvage avant le réaménagement. Source : Capture d‘écran, Place du Rhône, Genève, Google street maps, aout 2014 [https://www.google.com/ maps/] (24/04/2018)

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Fig. 18 : Un banc et des plantes ont été ajouté pour pouvoir rester et profiter de la place. Source : VILLE DE GENÈVE « Place du Rhône - aménagement espace public - Triptyque documentaire » [http://www.ville-geneve.ch/themes/amenagement-construction-logement/amenagement-espace-public/ amenagements/realisations/reamenagement-place-rhone] (24/04/2018)

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Fig. 19 : Place du Rhône avec le nouvel aménagement. Source : VILLE DE GENÈVE « Place du Rhône - aménagement espace public - Triptyque documentaire » [http://www.ville-geneve.ch/themes/amenagement-construction-logement/amenagement-espace-public/ amenagements/realisations/reamenagement-place-rhone] (24/04/2018)

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Fig. 20 : Rue bloquée à la circulation pour permettre à des garçons de jouer à la balle entre 1916- 1920 Source : THE ATLANTIC, « More historic photos from the NYC municipal archives », 13 juin 2012, [https://www.theatlantic. com/photo/2012/06/more-historic-photos-from-the-nyc-municipal-archives/100318/#img18](05/03/2018)

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Fig. 21 : Fermeture de la rue Jackson Heights dans le Queens (NY) les samedi après-midi d’été depuis 2008. La route devient un espace de rencontre, les enfants peuvent jouer en sécurité. Un agenda avec des activités est mis en place. Source : PROJET FOR PUBLIC SPACES, « 78th street Play Street », [https://www.pps.org/places/78th-street-playstreet], (05/03/2018)

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Fig. 22 : Premier park(ing) day créé par Rebar en 2005 à San Francisco Source : REBAR, [http://api.ning.com/files/PZmd1I1GLRdEV0NLC*-DoY2gWCXy47X4QQN9s0R6ZnGMsT8k70*lEp5z mI0-30/rebar_parkingday_01.jpg] (21/02/2018)

51

Fig. 23 : Axonométrie d’un parklet pouvant servir de terrasse pour un commerce et de stationnement pour vélos. Source : PAVEMENT TO PARK, San Francisco [http://pavementtoparks.org/about/] (21/02/2018)

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Fig. 24 : vue aérienne du nouvel l’aménagement de la cité Amédée Huon Source : COLOCO, [http://www.coloco.org/projets/jardins-voisins-ivry-montmousseau/] (24/03/2018)

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Fig. 25 : Photos de la cité avant l’intervention de Coloco. Source : FADA, jardins voisins [http://www.fabiendavid.com/jardins-voisins/] (24/03/2018)

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Fig. 26 : Photos de la cité Amédée Huon après. Le béton à été percé pour ajouter de la végétation. Source : FADA, jardins voisins [http://www.fabiendavid.com/jardins-voisins/] (24/03/2018)

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Fig. 27 : Liz Christy a créé le premier jardin communautaire de New York en 1973. Source :The Cultural Landscape Fondation, [https://tclf.org/pioneer/liz-christy] (27/02/2018)

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Fig. 28 : Un groupe de Green Guerilla ajoute des fleures à une intersection de rue. Source : SANSON (Soizic) « ”Guerilla Gardening”, La Guérilla jardinière », 17/09/13, [https://laspirale.org/texte-420-guerilla-gardening-la-guerilla-jardiniere.html] (27/02/2018)

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Fig. 29 : Schéma des relations entre les différents acteurs d‘un projet tel qu‘on nous l‘enseigne pendant les études d‘architecture : le trio maître d’ouvrage, architecte, entrepreneur.

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Fig. 30 : Schéma des relations entre les différents acteurs d‘un projet réalisé par un collectif d’architecte pluridisciplinaire. Tout le monde a un rôle dans le processus de création. Sources : Document personnel de COLOMBO (Chloé), Mons, 21 mars 2018

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Fig. 31 : Organisation de la fabrique d‘architecture(s) bricolée faisant intervenir plein d’acteurs différents. Projet autoporté en lien avec le projet de renouvellement urbain du quartier du Pile à Roubaix. Financé par la Condition publique, la ville de Roubaix et la Fondation de France. Sources : LES SAPROPHYTES, la fabrique d‘architecture(s) bricolée, 2011, [http://www.les-saprophytes.org/project/ fabrique-darchitectures-bricolee/] (28/04/2018)

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Fig. 32 : Installation d’un banc dans une rue de Limoilou (Québec) créé par le collectif Le Banc. Ils souhaitaient démonter que par le simple ajout de mobilier ils pouvaient transformer l’usage d’un espace. Source : COLLECTIF LE BANC, [http://www.atelierlebanc.ca] (21/03/2018)

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Fig. 33 : En plus des bancs, ils ont créé de nouveaux mobilier urbain comme des tables ou des stationnement pour vélos pour animer l’espace. Source : Atelier Le Banc, 27 septembre 2015 [https://www.facebook.com/pg/atelierlebanc/photos/?ref=page_internal] (21/03/2018)

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Fig. 34 : Village éphémère en 2013. Un projet auto-porté qui deviendra subventionné par le ville de Montréal année suivante. Renommé le Village au Pied du Courant, il revient chaque année avec de nouvelles installations Source : SEMINARO (Jean-Michael), photographie sans titre, Montréal, 2013, dans CARIGNAN (Marc-André), « Village éphémère: Je suis en deuil », Métro, 19 février 2015, [http://journalmetro.com/opinions/paysages-fabriques/723455/ je-suis-en-deuil/](21/03/2018)

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Fig. 35 : L’espace habituellement inoccupé est transformé le temps d’une journée en un espace convivial grâce à de simple installations. Source : SEMINARO (Jean-Michael), photographie sans titre, Montréal, 2013, dans CARIGNAN (Marc-André), « Village éphémère: Je suis en deuil » Métro, 19 février 2015 [http://journalmetro.com/opinions/paysages-fabriques/723455/ je-suis-en-deuil/](21/03/2018)

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Fig. 36 : Place éphémère du SPOT édition 2017. Du mobilier coloré et ludique est créé pour attirer les visiteurs et les inciter à rester. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Québec, 25 juin 2017

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Fig. 37 : Un bar est tenu par des bénévoles dont les bénéfices aident à financer la programmation de la place pendant deux mois. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Québec, 25 juin 2017

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Fig. 38 : Café sur place, Bordeaux Axonométrie de l’installation. La terrasse du café se continue sur la place. La couleur jaune est utilisée pour marquer les éléments. Source : COLLECTIF ETC, Café sur place, 2012 [http://www.collectifetc.com/realisation/cafe-sur-place/] (21/03/2018)

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Fig. 39 : Café sur place, Bordeaux. L’installation est réalisée via un chantier participatif avec des habitants et des élèves. Source : COLLECTIF ETC, Café sur place, 2012 [http://www.collectifetc.com/realisation/cafe-sur-place/] (21/03/2018)

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Fig. 40 : Café sur place, Bordeaux. Une fois l’installation terminée, les habitants et passants peuvent se l’approprier. Source : COLLECTIF ETC, Café sur place, 2012 [http://www.collectifetc.com/realisation/cafe-sur-place/] (21/03/2018)

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Fig. 41 : Le banc de neige : un nouvel espace de rencontre Source : Atelier Pierre Thibault, projet [http://www.pthibault.com/project/le-banc-de-neige/] (29/04/2018)

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Fig. 42 : Les jardins Gamelins, une place éphémère au cœur de Montréal. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Montréal, 20 mai 2017

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Fig. 43 : Les jardins Gamelin. La serre du potager partagé Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Montréal, 20 Mai 2017

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Fig. 44 : La maison Jaune. Un espace de jeux dédié aux enfants. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Montréal, Canada, 20 mai 2017

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Fig. 45 : Aménagement éphémère sur la place Jacques Cartier à Québec. Source : MONSAINTROCH, « Place éphémère Jacques-Cartier : la population sollicitée pour son évaluation », MonsaintRoch, 5 octobre 2017 [http://monsaintroch.com/2017/place-ephemere-jacques-cartier-population-sollicitee-evaluation/] (29/04/2018)

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Fig. 46 : La marina Saint-Roch. Piscine extérieure construite dans les années 70, elle a été oubliée et le béton ne plaît plus . Le projet propose de nouveaux usages : espace vert, zone détente, espace pique-nique... Source : LEBBE, (Jessica), « Colorée, rafraîchie, animée : la Marina Saint-Roch se dévoile », MonsaintRoch, 25 juin 2017 [http://monsaintroch.com/2017/coloree-rafraichie-animee-la-marina-saint-roch-se-devoile/] (29/04/2018)

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Fig. 47 : Pendant l’occupation temporaire de Toestand, la place est peu fréquenté une fin d’après-midi en semaine. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 1 mars 2018

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Fig. 48 : La place est pas beaucoup plus fréquentée un samedi après-midi de mai. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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Fig. 49 : L’îlot de la place Marie Janson se situe au cœur de Saint-Gilles à proximité du parvis en cours de travaux. Source : Document personnel de COLOMBO (Chloé), Localisation de la Place Marie Janson, Mons, 26 avril 2018, (Fond de carte Openstreetmaps.org, modifié via Illustrator)

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Fig. 50 : Le parvis de Saint-Gilles actuellement en travaux attire une population avec un pouvoir d’achat plus élevé que les populations d’origine du quartier comme en témoigne les nouveaux commerces. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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Fig. 51 : Graphique comparant l’appréciation d’un espace public en fonction de l’intervention mise en place. Source : SUÈDE 36, « Programme Quadriennal , Contrat de Quartier Durable « Parvis - Morichar « 2015-2019/21, Commune de Saint-Gilles » 2015, p. 56 [https://contratsdequartiers1060.files.wordpress.com/2015/07/programme-cq-parvis-morichar-fr.pdf] (10/12/2017)

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Fig. 52 : Phase de l’occupation temporaire de Marie Janson, source : Document personnel de COLOMBO (Chloé), Mons, 27 avril 2017

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Fig. 53 : Analyse de la place Marie Janson réalisée lors une visite du site le 16 janvier 2018 Source : Document personnel de COLOMBO (Chloé), Croquis de la place Marie Janson, Mons, 20 janvier 2018

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Fig. 54 : Une place déserte en pleine journée Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), Saint-Gilles, 16 janvier 2018

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Fig. 55 : Un marché occupe la place tous les jours. Il est plus important les jeudis soir et samedi matin. Il attire des personnes de tout horizons et anime la place Marie Janson Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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Fig. 56 : Le marché le samedi matin attire beaucoup de monde. Il anime la place et la faire revivre. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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Fig. 57 : Cabane de Toestand installé a coté de la rue de l’hôtel des monnaies. Un récent graffé marque sa présence coté rue. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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Fig. 58 Texte explicatif pour présenter l’association et les objectifs de l’occupation temporaire. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 16 janvier 2018

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Fig. 59 : Croquis d’implantation et d’utilisation des chaises vertes. Source : TOESTAND, TOESTAND, « Place Marie Janson (Carré de Moscou) ST Gillis Contrat de quartier durable Parvis-Morichar,» p 20-21

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Fig. 60 : Installation des chaises orange sur la place. Source : Photo de l’asbl Toestand, place Marie Janson, page Facebook Marie Moskou, 25 février 2017

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Fig. 61 : Parterre ou sur les banc, on retrouve des déchets de canettes de bières. Cela incite pas les habitants à y rester Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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Fig. 62 : Ce train à été offert par l’association anglaise Splash. Il n’y a pas d’enfants jouant sur la place puisque la photo à été prise un jeudi en début d’après-midi. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 1 mars 2018

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Fig. 63 : Le train est actuellement peint. Des enfants viennent y jouer accompagnés de leurs parents. Au printemps, la place est métamorphos par la végétation, c’est un cadre agréable pour des enfants. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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Fig. 64 : La pousse de l’herbe entre les pavés rend la place encore plus agréable. Avec la présence des arbres et des espaces verts périphériques on à l’impression d’être dans un parc. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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Fig. 65 : Le nouveau podium est placé en périphérie de la place, et est utilisé majoritairement pour regarder les joueurs de football. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 1 mars 2018

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Fig. 66 : Installation de plantes hors-sol sur la place. Différents aménagements ont été conçus par les habitants. On peut voir le changement d’ambiance de la place Source : TOESTAND, « Place Marie Janson (Carré de Moscou) ST Gillis Contrat de quartier durable Parvis-Morichar,» p 72

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Fig. 67 : Atelier participatif pour l’installation des plantes hors sol. Source : TOESTAND, « Place Marie Janson (Carré de Moscou) ST Gillis Contrat de quartier durable Parvis-Morichar,» p.71

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Fig. 68 : Le terrain de football a été refait et de nouveaux équipements ont été ajoutés pour faire de la musculation en extérieur. Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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Fig. 69 : 1_ Stade originale, 2_Agrandir l’entrée, 3_ Améliorer la visibilité des buts, 4_ Ajout d’accroche, 5_Buts latéraux, 6_Bancs, 7_Marquage au sol, 8_ Nouveaux filets. Source : TOESTAND, « Place Marie Janson (Carré de Moscou) ST Gillis Contrat de quartier durable Parvis-Morichar », 5.5 Infrastructure sportive

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Fig. 70 : Le compost collectif réaliser par Moskollectif Source : Photo personnelle de COLOMBO (Chloé), place Marie Janson, Saint-Gilles, 5 mai 2018

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_ANNEXES Entretiens et questionnaires

Annexe 1 : Cécile Caffier

Coordinatrice du projet Marie Moskou

Annexe 2 : Anne De Cannière

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Architecte au service espace public de la commune de Saint-Gilles

Annexe 3 : Sébastien Dechamps

Coordination et informations générales à la cellule des contrats de

quartier de la commune de Saint-Gilles

Annexe 4 : Delphine Neveux

Attachée spécifique au marché public que la commune de Gerpinnes

Annexe 5 : Pierre Bricteux

Responsable Service Aménagement du Terrritoire - Département

Urbanisme de la ville de Liège

Annexe 6 : Rencontre avec des habitants

Annexe 7 : Documentation de Toestand du 20 février 2018

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Annexe 8 : Analyses de cas d'occupations temporaires

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_ Village au pied du courant

_ SPOT

_ Park(ing) Day

_ Marie Moskou

_ Défrichez-la!

_ Better Block

_ Jardin Gamelin

_ Café sur place

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Annexe 1 : Entretien avec Cécile Caffier _Coordinatrice du projet Marie Moskou chez Toestand depuis octobre 2017 _Rencontre à la Brasserie Le Louvre à Saint-Gilles le 16 janvier 2018 à 15h pendant 1h15. L'entretient à été réalisé à l'aide d'un questionnaire préalablement rédigé pour permettre d'avoir un maximum d'information tout en laissant la personnes répondre librement. L'entretien n'a pas pu être enregisté, toutes les informations ont été prises en note et retranscrites. Présentation :

Cécile Caffier habite à Saint-Gilles depuis un an et demi. Elle a fait des études de communication à l’école de commerce de Strasbourg. Elle a travaillé dans la fonction publique territoriale et s’intéresse aux outils de participation citoyenne dans le développement urbain. Pendant ses voyages en Amérique du sud, elle a étudié la bio-construction, la perma-culture ainsi que l‘auto-suffisante alimentaire. Elle a commencé à travailler en tant que bénévole chez Toestand suite à une candidature spontanée et maintenant elle est salariée. Contexte du projet (avant) : Quelle était votre perception de la place Marie Jonson avant l’occupation temporaire? CC: J‘aime beaucoup le quartier, je n‘ai aucune appréhension à venir travailler ici, je ne ressent aucun sentiment d’insécurité. Je trouve que Bruxelles en général est une ville sûre pour les femmes . Je n‘ai aucun mauvais a priori. Connaissiez-vous la place avant de réaliser l’occupation temporaire? (Est-ce vous y passiez souvent ou pas du tout? Si oui, comment vous y sentiez-vous ? ) CC : Oui je n‘habite pas très loin. Pourriez-vous me décrire l’espace? Quels sont les aspects négatifs ou positifs de cet espace ? CC : C’est un lieu traversant, un espace « sauvage ». Le peu de personnes qui restent sur la place sont considérées comme des personnes marginales. La place ne pose aucun problème. C’est un lieu sans véritable fonction mais ce n’est pas plus mal au final, cela offre beaucoup de possibilités et laisse une place à l’imagination. Quelle y était l’atmosphère avant ? (ou lors de votre première visite?) Est-ce une place très fréquentée ? Qui sont les usagers (jeune, âgé, famille…) CC: Oui beaucoup de personnes la traverse, elle est longée par beaucoup de voiture. Il y a plus de fréquentation l‘été, et plus encore depuis les activités mises en place par Toestand. Un aménagement qualitatif ramène des personnes. L’action des chaises jaunes avait ramené beaucoup de personnes par exemple. Avez vous des anecdotes/histoires concernant cette place? CC : J‘ai découvert la place lorsqu‘il y avait d’énormes pots de fleur installés. C‘était magnifique, les personnes pouvaient les déplacer et créer des motifs. Ça m‘a donné envie de rester. Je ne savais pas mais c‘était en fait la première intervention de Toestand. Dans le rapport d’activité, vous dites que la perception et la représentation de cette place dans l‘imaginaire bruxellois est négative, pourquoi? CC: Il y a 20 ou 30 ans, la question de son devenir s’est posée. La commune a demandé aux gens ce qu’ils souhaiteraient pour la place. Il y a eu beaucoup de réponses mais tout est resté en suspens, aucun changement n‘a été fait. Il y avait un projet de parking souterrain (décision politique) qui n‘a pas abouti mais qui est souvent relancé. Le fait qu‘il n’y ait eu aucun changement a créé de la frustration chez les habitants et ils ont fini par se désintéresser de la place (dégoût du politique). Les habitants de longue date ont vu le développement exponentiel de Bruxelles au cours des années sans aucune réflexion

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urbanistique et par pur intérêt financier ou politique et non pour la communauté. Il y a dix ans, c’était encore un espace coupe gorges, très populaire avec des étrangers (espagnols, portugais, brésilien) c’était la « zone ». Aujourd’hui, le quartier se gentrifie, on retrouve beaucoup de français. Contexte de conception du projet (pourquoi) : Pourquoi réaliser une occupation temporaire ici ? CC: L’occupation fait partie du contrat de quartier durable du Parvis-Morichard. De qui est venu l’idée de réaliser une occupation temporaire ? (demande du pouvoir public, initiative citoyenne…) CC : C’est suite à un appel à projet de la part de la commune. Un contrat de quartier durable a été mis en place de la porte de Hall jusqu’en haut de Saint-Gilles. Il s’agit d’une rénovation urbaine financée par la région, elle définie la zone d’action ainsi qu’un budget. Le programme s’étale sur quatre ans. Soutenu par Suede 36, Toestand a répondu à l’appel en proposant une ZAS : zone d’activité spontanée. Il voulait mettre en place un développement en partenariat avec des acteurs locaux, pour maintenant et plus tard, et réaliser un test d’aménagement de l’espace urbain pour définir son futur. Quels était les objectifs au départ ? Comment les avez-vous déduit ? (fixés de base, enquêtes, observations, réclamations…) Si les objectifs vous ont été donnés, qu’en pensez-vous? CC : La région a défini les axes de travail. Elle sont dans le contrat de quartier (mise en place d’activités pour tous avec les acteurs locaux, équiper l’espace en fonction des besoins de manière flexible). Aujourd’hui la mission a un peu évolué. Aviez-vous eu des demandes particulières de la part des habitants ? Leur avis a-t-il été pris en compte? CC: Ce ne sont pas les demandes les plus fréquentes. Des personnes viennent et demandent / proposent des idées comme avec le compost récemment mis en place. Des gens sont venus les voir et l ‘équipe les a guidés pour demander des subventions à telle et telle administration publique. Il y avait un espace disponible sur la place Marie Jonson. Toestand les a orientés, et leur action prend lieu en parallèle et grâce à Toestand. Quels types d’occupation allez-vous mettre en place ? (événement, mobilier…) CC : Nous avons mis en place des activités récurrentes. Le lundi il y a une émission de radio : Radio panique faite par des jeunes grâce à un prêt d’onde et de matériel des radios locales. Les mercredis en été, il y a des lectures de contes pour les enfants. Il y a aussi des activités vélo, une cuisine mobile... De plus, il y a des activités ponctuelles comme le marché, un atelier de communication (comment créer une affiche), building day (intervention sur le territoire avec bénévoles, salariés, habitants), espace gym, pavillon, etc... Exécution du projet (comment) : Comment s’est déroulé l’occupation temporaire ? CC : Il y a plusieurs phases. On observe, on analyse, de là une idée naît, on la teste et si ça ne fonctionne pas on se demande pourquoi et on recommence autrement. Ce fut le cas avec les chaises. Les premières étaient lourdes et onéreuses, elles étaient semblables à celles du jardin des tuileries à paris. Elle ont été déplacées ou volées au fur et a mesure. Puis elles ont été remplacées par des chaises en plastique jaune plus économique. Cela a donné envie aux passants de s’asseoir, elles ont bien fonctionné. Mais elles ont disparu en une nuit, c’est peut être la commune qui les a retiré. Aujourd‘hui il reste trois chaises en mauvais état et personne ne s’y assoie. Un bel équipement sera plus facilement approprié par les gens qu’un moche. Quels ont été les différentes étapes de conception ? Comment se sont-elles déroulées ? Cf rapport d’activité

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Combien de personnes travaillent sur le projet au quotidien et qui sont-elles ? (employés, habitants, associations extérieures…) CC : Nous sommes 3 salariés : Bernardo, Tim et moi. Il y a aussi des bénévoles. Donc environ 20 à 25 personnes travaillent sur la place. D’où provient le financement du projet ? Suite au réponse précédente : la région dans le cadre du contrat de quartier durable. Comment se passent vos relations avec la commune de St-Gilles ? CC : Mon rôle est d’améliorer les relations avec la commune justement, de faire en sorte que cela se passe au mieux pour garder les subventions et la mission. La commune est quand même frileuse, elle pourrait surfer sur cette mission, la mettre en avant (innovante, participative…) mais ce n’est pas le cas. C’est aussi peut être une question de génération qui s’affronte. (jeune association / vieux bourgmestre) Elle ne facilite par forcement les actions non plus. Il y a beaucoup de contrôle et de procédures (argent publique + espace public = responsabilités). Dans un espace public tout ce qui est fait est visible et si quelque chose est négatif ça va directement remonter chez les politiques… qui finalement ne retiennent que les points négatifs. Ce sont des rapports contraignants. Nous ne sommes pas aussi libres qu’on le pensait. Tout est tout le temps rapporté aux normes et règlements. Que pensez-vous des phases déjà réalisées ? Avez-vous eu les résultats que vous espériez ? Avez-vous des retours de la part des habitants du quartier ? CC : C’est un grand mystère. Il n’y a pas beaucoup de rencontre avec les habitants pour le moment, il y a un manque de communication avec les Saint-Gillois. Il faut faire une communication plus large, elle n’a pas été assez bien faite avant. C’est un des objectifs pour 2018. Appropriation de l’espace (après) : Bien que l’occupation temporaire ne soit pas finie, pensez-vous que vous avez eu (ou aurez) un impact sur la perception et l’utilisation de l’espace ?

Comment percevez-vous l’espace maintenant ? Qu’est ce qui a changé comparé à avant?

Avez-vous vu un changement au niveau de la fréquentation/ usage du lieu ? (nouvelles personnes, à différents moments de la journée…) CC : Nous avons rénové le terrain de sport qui était en mauvais état (nouveaux filet, nouveaux buts, gradins pour regarder… = esthétisation). Des jeunes du quartier sont revenus jouer ici, l’appropriation est réussie. L’équipement sportif de la place était un besoin des habitants. Puis d’autres sportifs de rues, des portugais principalement sont venus nous demander des équipements de musculation d’extérieure pour s’entraîner (traction, saut..). Quand il fait beau, cela ramène beaucoup de personnes. On peut aussi voir des enfants qui jouent avec ces nouveaux équipements. Ce qui a démontré un manque d’équipement pour les enfants sur la place. Dans le projet, qu’est-ce qui a bien fonctionné et ce qui a moins bien fonctionné? CC : L’installation des chaises jaunes avait bien fonctionné, les gens passaient plus de temps sur la place. Pensez-vous que les changements effectués vont perdurer dans le temps ? Avez-vous eu un impact sur l’aménagement définitif de l’espace ? Pensez-vous en avoir un ? CC : Ici, on réalise un aménagement transitoire, on voit ce qui marche et ce dont les gens ont besoin. On regarde comment les différents usages peuvent cohabiter tous ensemble. Nous rendrons un rapport d’analyse de nos activités au bureau d’étude qui réalisera l’aménagement définitif de la place. Nous devrions participer à la rédaction du cahier des charges. Maintenant est-ce que cela sera pris en compte ? Je n’en ai aucune certitude pour le moment. « Chaque appropriation est réussie dès que c’est l’amélioration d’un équipement qui existe ou devrait exister »

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Annexe 2 : Entretien avec Anne de Cannière

_ Architecte au service espace public de la commune de Saint-Gilles

_ Rencontre à l’hôtel de ville, service urbanisme, le 1er mars 2018 à 13h30h.

avis.

La même grille d'analyse que pour Cécile Caffier à été utilisée pour comparer les deux

AC : Le service espace public gère la sécurité, l’entretien et l’ordre dans l’espace public (signalisation, entretien des voiries...) tout en cherchant à l’embellir bien sûr. C’est une gestion difficile, c’est un espace ouvert avec de nombreuses règles. Tout ce qui est fait dans l’espace public est visible de tous donc il n’est pas possible de faire n’importe quoi. Que pensez-vous des actions déjà réalisées? AC : Certaines actions de Toestand sont réalisées et doivent être retirées par la commune car soit les échevins n’étaient pas au courant, soit ils n‘étaient pas d’accord. J’ai du mal, ce n’est pas facile à gérer. Je pense que les réalisations ne sont pas à la hauteur de leur idées. Ils manquent d’expériences. Nous laissons faire Toestand. Ils arrivent avec des idées et vendent du rêve, ils veulent faire un tas de choses mais ils manquent de techniques. Ils bricolent des aménagements : les bancs en bois ont été rapidement démontés et vandalisés, c’était beaucoup trop précaire comme installation. Certains échevins ne sont pas d’accord et demandent ce qu’il se passe. Certaines actions ont été réalisées avec les habitants ou par des habitants, j’ai peur qu’ils s’en lassent, partent ou abandonnent le projet, comme avec le compost sur la place. Avez-vous des contacts réguliers avec Toestand? Sous quelles formes? AC : C’est la cellule Contrat de Quartier qui doit gérer Toestand. L’avis du service urbanisme est souvent demandé car ils ne peuvent pas connaître toutes les techniques de l’espace public, c’est un métier à part entière, il y beaucoup de choses à prendre en compte. On avait décidé de ne plus s’occuper de la place Marie Janson pour ne pas gêner les actions de Toestand mais cela reste problématique d’un point de vue du monde politique. Avez-vous des retours de la part des habitants du quartier ? Pensez vous renouveler l’expérience d’un aménagement transitoire pour d’autres espaces ? Qu’en avez-vous pensé ? AC : C’est une première expérience et elle s’avère un peu décevante, décourageante. J’accepte le très éphémère comme les parades, les marchés, les activités ponctuelles, etc. Et je trouve que le service urbanisme est assez ouvert à ce genre d’idées quand même. Mais l’un des problèmes de l’association Toestand c’est qu’ils ne savent pas comment fonctionne un espace public, ils ignorent les techniques de la ville. Je pense qu’il y a un manque d’information et d’expérience de la part de Toestand. Ils ne sécurisent pas l’espace public. Actuellement, il y a un col de cygne sans protection autour. Un mal voyant pourrait tomber dessus et se blesser, ce serait de la faute de la commune. Toestand manque de professionnalisme. Ils veulent du changement d’accord, mais c’est très dur à faire. A un endroit les pavés de la place se décelaient à cause des racines des arbres, ils voulaient en faire une construction mais c’est impossible, nous les avons retiré pour des questions de sécurité. J’ai peut être un avis trop traditionnel. Après le déplacement du marché sur la place Marie Janson a aussi posé problème. Toestand ne peut investir que les cotés extérieurs de la place. Qu’est ce qui serait à améliorer selon vous? (relation, organisation, autorisation…) AC : Tout d’abord, Toestand doit prendre contact avec les intervenants de l’espace public. Par exemple, Ils voulaient accrocher des choses aux luminaires, nous leur avons dit de prendre contact avec l’entreprise qui les gèrent et ça a été refusé, c’est normal. Il faut penser à la sécurité et aux risques des usagers. Idem, des jeux installés dans l’espace public doivent être conforme à une réglementation et agréés par

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un organisme qui rend un rapport. Toestand ignore ces règlements. Ils viennent d’en installer comme ça, c’est de la récupération, ils ne sont pas forcément aux normes. Pensez-vous que cela sera utile dans la décision finale de l’aménagement? AC : Quand on regarde le rapport de présentation, on voit un palmier pour la végétation, sur le croquis de la place aucun arbre n’est représenté, je suis agacée par les intentions. J’ai du mal à comprendre leur travail. Avez vous désigné l’équipe en charge du projet final? AC : Non pas encore mais prochainement. Comment envisagez vous la relation entre eux et l’équipe de Toestand? Il auront des contacts? Est ce le rapport final de Toestand sera obligatoirement pris en compte pour l’équipe? AC : L’aménagement définitif ne se ferra pas avant 4-5 ans. Il faut le temps de rédiger le cahier des charges, etc. Un appel à candidature sera établi pour l’aménagement définitif. Bien sûr, il y aura une relation entre Toestand et le bureau qui sera chargé de l’aménagement définitif. Il y aura aussi une participation citoyenne, c’est obligatoire dans les contrats de quartier durable. Le rapport de projet de Toestand sera probablement dans l’annexe du cahier des charges Comment voyez-vous la place maintenant ? AC : Actuellement l’aspect de la place empire, elle ressemble à un terrain vague. Le service de l’urbanisme va revenir pour s’occuper des problèmes d’un point de vue technique.

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Annexe 3 : Entretien avec Sébastien Dechamps _ Coordination et informations générales à la cellule des contrats de quartiers durables de la commune de Saint-Gilles _ Rencontre à la cellule des contrats de quartier rue Emile Féron à Saint-Gilles, le 1er mars 2018 à 15h00. La rencontre avec la cellule des contrats de quartier vient compléter l'entretient avec Anne De Cannière. Le même questionnaire a été utilisé.

Dans quel contexte est né le contrat de quartier durable ? (qui ? pourquoi?) Comment avez vous choisi l’agence qui allait réaliser l’analyse de la zone définie ? (Suède 36) SD : La région choisie un périmètre d’intervention. En 2014, sur la base d’un appel d’offre, Suède 36 a réalisé une analyse pour réfléchir aux opportunités du quartier. Le fil rouge conducteur est de relier tous les espaces publics entre eux. Avant c’était uniquement Beliris qui décidait pour les espaces public, ils étaient très minéral. C’était des espaces publics comme sur un catalogue. Maintenant les communes ont plus de pouvoir et réalisent les appels à candidature, elles ne se basent pas sur le prix mais sur l’idée et l’aménagement proposé. Comment vous est venue l’idée de réaliser une occupation temporaire ? Comment avez-vous choisi Toestand ? SD : C’est Suède 36 qui les connaissaient déjà, ils ont travaillé ensemble avant. Puis Toestand a été validé par la commune suite à la rédaction d’une fiche projet. Pourquoi vouloir réaliser une occupation temporaire à cet endroit en particulier ? SD : Depuis plusieurs années, une proposition de parking souterrain a été envisagée pour la place Marie Janson. En attendant la décision finale, un aménagement léger est réalisé. 700 000 euros ont été investis. Avez-vous des contacts réguliers avec Toestand ? Sous quelles formes? SD : Nous avons un comité de pilotage pour aider à encadrer Toestand. Pensez vous renouveler l’expérience d’un aménagement transitoire pour d’autres espaces ? Qu’en avez-vous pensez ? D : C’est une première expérience à Saint-Gilles, un peu compliquée. Cette expérience dure quatre ans et elle est assez diluée dans le temps. L’espace public étant un espace ouvert, c’est très contraignant. Je pense que Toestand manque d’expérience. Aussi, avec le déplacement du marché il ne peuvent pas utiliser toute la place. Il me semble que Toestand n’a pas visé la population que la commune souhaitait. Ils sont arrivés avec leurs relations et n’ont pas beaucoup parlé avec les gens de la place ou du quartier. Il faut toucher les Saint-Gillois. Toestand ne s’est pas tellement associé avec les forces locales. Je pense aussi qu’il y a un conflit de vision entre la commune et Toestand d’un point de vue sécurité, propreté, règlements... Qu’est-ce qui serait à améliorer selon vous ? (relations, organisation, autorisations…) SD : Il faudrait recommencer avec un nouveau cadrage. Un projet comme celui-là demande une plus grosse organisation. Pensez-vous que cela sera utile dans la décision finale de l’aménagement ? SD : Oui, c’est utile pour tout le monde. Le collège des échevins se rend compte de l’utilité de Toestand. Ils fournissent une analyse et une observation nécessaire plus qu’une vraie proposition. Ils peuvent réaliser des tests et voir si cela fonctionne, c’est un avantage pour le futur bureau d’étude. Une expérimentation comme celle-ci prémache le travail du bureau d‘étude. Par exemple, je pense que l’incitative des

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habitants, le compost, sera réutilisé dans l’aménagement définitif. Comment envisagez-vous la relation entre eux et l’équipe de Toestand ? Ils auront des contacts ? Est-ce que le rapport final de Toestand sera obligatoirement pris en compte par l’équipe ? SD : Entre la fin de l’occupation de Toestand et le commencement des travaux, il y aura un temps mort de un ou deux ans. Ce sont les délais des procédures administratives. J’ai peur de que cette période soit contre productive peut-être. Est-ce que la population va le comprendre? Elle va penser qu’on se désintéresse de la place encore une fois. Avez-vous désigné l’équipe en charge du projet final ? SD : Non pas encore. Maintenant, la commune peut réaliser un appel à candidature pour l’aménagement définitif, le choix ne se fera pas sur le prix. Toestand voudrait faire parti du jury de sélection, c’est envisageable. La décision revient au pouvoir adjudicateur. En général que pensez-vous des occupations ou installation éphémères de ce type ? Seriezvous favorable à en voir plus dans votre ville et en Belgique ? SD : Je trouve que c’est un projet intéressant et j’espère qu’ils auront de l’avenir. Je voit Toestand comme un précurseur. Saint-Gilles est une commune ouverte et valorise les initiatives citoyennes.

Précision sur les contrats de Quartier : SD : Au début des contrats de quartier, il y a toujours beaucoup de participation des habitants dans les commissions (1 tous les 3 moins) et après il n’y a plus que 2 personnes ! La participation est obligatoire dans un contrat de quartier.

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Annexe 4 : Entretien avec Delphine Neveux

_ Attachée spécifique au marché public de la commune de Gerpinnes

_ Rencontre à la faculté d‘architecture de Mons le 24 Avril 2018 à 15h30.

La rencontre avec Madame Neveux s‘est faite suite à une absence de réponse des communes de Mons (demande de rendez-vous dans le cadre de ce mémoire), Liège, Tournai et Charleroi (courts questionnaires envoyés par mail). Delphine Neveux, ayant présenté les marchés publics dans le cadre du cours de M. Duquaine en Master 2, a eu la gentillesse de répondre à mes questions. Ce fut plus une discussion libre pour me permettre de compléter les informations que j‘avais déjà. Il existe des schémas de structures depuis 4-5 ans à Gerpinnes sur l’entièreté de la commune, ils déterminent les axes d‘interventions. En interne, la commune peut choisir les bureaux qui réaliseront ces interventions. Il définit une politique d‘aménagement et structure le territoire. DN : Un PCDR ( plan communal de développement rural) a été établi sur 10 ans, il détermine 5 axes. Une commission se réunie. Elle est composée de membres représentant chaque commune concernée pour avoir un meilleur reflet possible des habitants. Ce plan reprend l‘aménagement de place publique, les maisons de village, l‘accessibilité urbaine, la convivialité, et cherche à privilégier les usagers faibles... L‘objectif de créer des lieux de rassemblement pour les habitants, des lieux sûr. Certaines communes possèdent des fiches projet reprenant les grands axes d’intervention Des anciens projet du PCDR de 1996 n‘ont pas été faits, ils n‘ont jamais abouti. Il faut recommencer de zéro pour les relancer. A-t-il eu une baisse des subventions pour l‘aménagement des espaces public ? DN : D‘un point de vue du budget, il y en a des nouveaux tous les mois. Les communes reçoivent des subsides pour les grandes rénovations urbaines. Il y a eu quelques changements, par exemple les subventions pour la réhabilitation des friches sont passées de 100% à 80%. Mais toute commune remplissant les conditions pour les subventions les reçoit en général. Avec les élections qui approchent, seulement 34 communes ont eu des subventions sur environs 120 demandés. Mais sinon il y a toujours autant d‘argent public pour les projets d‘aménagements urbains. Comment se passe les enquêtes publiques lors d‘un dépôt de permis d‘urbanisme ? DN : D‘un point de vue des enquêtes par rapport au CODT. C‘est une procédure administrative, les enquêtes sont publiées dans 3 journaux différents avec un certain délais établit par le CODT. Mais les 3/4 des personnes ne les lisent pas, et viennent disant qu‘ils n‘étaient pas au courant. Les enquêtes paraissent dans les revues des communes comme proximag ou sur les sites des villes. Mais le fonctionnaire délégué a toujours le dernier mot. Les enquêtes publiques sont plus une collectes d‘information, le fonctionnaire délégué n‘est pas obligé d‘en tenir en compte. Mais certaines fois, les critiques des habitants sont utilisées pour permettre d‘améliorer le projet ou de motiver le rejet d‘un permis d‘urbanisme. Malgré tout si l‘ensemble des habitants est contre et qu‘ils ont exprimés leurs avis pendant les enquêtes publiques, le projet peut quand même être réalisé. On a eu un projet de buvette pour un terrain de foot, les gens été contre, ça allait ramener trop de personnes, des nuisances sonores... La buvette à quand même été agrandit et placée au fond du terrain et des grands pylônes à LED ont été installés pour éclairer le terrain. Un voisin ayant deux filles donc se fichant du terrain de foot, s‘est plaint que l‘un des pylônes soit en plein milieu de sa façade. Ils disait de pas avoir été mis au courant alors que ce fut le cas. Une barrière verte était mise en place pour limiter son impact visuelle. Dans le cadre des commissions de rénovation urbaine, on retrouve un quart de politique représentant proportionnellement l‘importance de la majorité et de l‘opposition les différents partis élus. Pour les habitants c‘est sur la base de candidature spontanée, mais il n‘y a pas beaucoup de candidatures. Ce sont généralement des personnes intéressées par l‘avenir de leur communes ou des personnes qui ont le temps malgré le fait que les réunions se déroulent en soirée. Lorsque l‘on est absent à une réunion il faut le justifier, et après trois absences vous pouvez être renvoyés de la commission,

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mais des ces moments là, les personnes ont déjà arrêté de venir. Les CCAT (Commission consultative communale d‘aménagement du territoire et de mobilité), n‘oblige pas une présentation des projets, c‘est la commune qui décide. Certains architectes avancent sur le projet et propose des les présenter lors de ces réunions pour avoir un avis. Il faudrait inciter plus sur la communication pour faire connaitre ces commissions et pour avoir plus de participation. Est-ce que vous pensez qu‘il est facile pour un citoyen de comprendre une présentation de projet d‘architecture ? DN : Lors de ces réunions, il faut savoir se mettre à la portée des gens pour leur faire passer le message. Il faut se rendre compréhensible. Les personnes y participant connaissent déjà les projets ou les bâtiments, ils peuvent donc faire de vraies propositions. Mais il faudrait améliorer les relations pour avoir plus de participant et que leurs avis soit plus pris en compte. Dans l‘ancienne commune où je travaillais, ils souhaitaient créer une agora sur une place centrale. Une étude a été réalisée prenant en compte des statistiques, la composition des ménages.. Mais lors de la commission consultative, les habitants étaient contre sa construction, ils avaient peur du bruit, de qui allait gérer l‘espace, et qu‘il pouvait être squatté par les jeunes des rues le soir (fumer, trafic..), qu‘il devienne un lieu de rencontre pour des personnes jugés indésirable. Finalement la construction c‘est fait sur la place malgré leur avis défavorables. Comme vous évoquez, la participation plus impliquée des citoyens pourrait permettre une sensibilisation, ils prendraient peut-être plus soin des infrastructures. Cependant les habitants d’aujourd’hui n‘en veulent pas mais les prochains souhaiteront peutêtre en avoir une. Comment prendre en compte l‘évolution de la population à travers ce types de projet? Le but est aussi de créer un espace accessible pour tous. Le service urbanisme gère aussi les impétrants et toutes les festivités et dérogations organisées dans l‘espace public. Un programme va être mis en place pour faciliter cette gestion. C‘est compliqué mais il faut tout faire pour gérer au mieux. C‘est dommage que la participation citoyenne ne soit pas forcément prise en compte, ou que les envies des habitants soit bloquées par une administration. Après tout dépend des personnes qui y travaillent. Quelles sont les différentes procédures des marchés publics ? DN : Attention, le nom des procédures a changé avec un nouvelle loi entrée en vigueur le 1er juillet 2017. On ne parle plus d‘appel à candidature ou d‘appel d‘offre mais de procédures ouverte ou restreinte. - Lors d‘une procédure ouverte ou restreinte, un avis de marché est publié. Le pouvoir adjudicateur émet des conditions de participation (capacités techniques, références et motivation). Il doit ensuite réaliser un choix motivé pour désigner les personnes qui pourront déposer une offre. Dans ce cas, le cahier spécial des charges doit être complet et il fixe les honoraires et la mission. La sélection du projet se fait sur des critères de qualité et non sur le prix. - La procédure négociée sans publicité préalable laisse à la commune le choix d‘inviter les bureaux de son choix à participer au marché. En en contactant 10, on est sur d‘avoir au moins 3 réponses. Il est possible de négocier avec les différentes entreprises. L‘offre sélectionnée doit être économiquement la plus avantageuse. Elle concerne les marchés de services ou de travaux inférieurs à 144.000 € - Et la procédure négociée directe avec publication préalable impose une publication de l‘avis de marché pendant 22 jours. Elle concerne les marchés de services inférieurs à 221.000€ ou de travaux inférieur à 750.000€ Est-ce possible d‘estimer le délais à partir de la publication du marché à la fin du chantier ? Le ministère établie une durée de 15 mois de l‘offre à la finalisation du projet. Dans le cas des DOG4 - la rénovation urbaine les commissions de consultation doivent être mise en place. Un chef de projet est désigné et il s‘occupe de la gestion du projet ainsi que des commissions de consultation.

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Annexe 5 : Questionnaire réalisé par Pierre Bricteux

_ Responsable Service Aménagement du Terrritoire - Département Urbanisme de

la ville de Liège

_ Questionnaire réalisé par mail le 10 avril 2018

J‘avais décidé de prendre rendez-vous avec la commune de Mons pour pouvoir les interroger sur la conception des espaces publics d‘un point de vue de la commune. Après 2 mails et 5 appels téléphoniques personne n‘a souhaité me rencontrer. Par conséquent j‘ai envoyé un court questionnaire aux services d‘urbanismes de différentes communes : Liège, La Louvière, Uccle, Tournai ainsi qu'au service des marchés publics de l'union des Villes et des Communes de Wallonie. Seulement deux m‘ont répondu et seulement un a répondu à mes questions.

Quels sont les politiques en matière d’aménagement des espaces publics en ville ? (enjeux d’attractivité pour les villes, meilleur qualité de vie, etc…) PB : Le retour du tramway à Liège va s’accompagner d’une formidable métamorphose urbaine perceptible à travers un renou­veau fondamental des espaces publics et une dynamisation des grands projets. Il représente une occasion unique d’affirmer et de singulariser durablement l’image de la ville. Il est cependant encore nécessaire de s’assurer d’une cohérence d’ensemble, rendre plus lisible le maillage urbain, créer un parcours et une continuité, tout respectant la diversité de la ville et en créant des liens avec les quartiers pour ne pas rester cloisonné dans une logique d’axe. Le Département de l‘Urbanisme en collaboration avec d‘autres services (Travaux, Mobilité) a entamé une évaluation globale des espaces publics à l‘échelle de la commune: le Pep‘s https://www.liege.be/fr/vie-communale/services-communaux/urbanisme/actualites/pepsprogramme-de-redeploiement-des-espaces-publics-de-qualite Le travail se poursuit avec la volonté de créer une véritable « scénographie urbaine », qui peut être définie comme l’art de la mise en scène d’espaces publics reflétant l’identité de la ville et de ses habitants. L’objectif est de préciser, compléter, spécialiser les aménagements et les usages des espaces publics , dans le cadre d’une réflexion globale et coordonnée, et avec plusieurs ambitions : renforcer la qualité et la convivialité, caractériser et enrichir les lieux et leur ambiance, contribuer aux valeurs culturelles et à l’attrait touristique, amplifier l’effet de rénovation urbaine, conforter la nouvelle image de séduction de la Ville. Quelles sont les différentes procédures de marché public pour le réaménagement d’un espace public en ville (appel d’offre, appel à candidature) ? PB : Cela dépend de l‘ampleur et de l‘enjeu du projet. La Ville de Liège, de part sa taille, est dotée de services techniques compétents: ingénieurs, paysagistes, urbanistes, experts en mobilité. Les études se font souvent en interne mais pour des espaces publics plus emblématiques, on peut faire appel à des bureaux extérieurs. On y prévoit une sélection qualitative et on les juge sur base d‘une note méthodologique et d‘une esquisse qu‘ils auront produites. Lors de la création d’un marché public un cahier des charges doit être réalisé pour être remis au candidat. Je m’interroge sur la place de la participation citoyenne dans sa conception. Est-ce que l’avis des habitants est pris en compte pour la réaction de ce cahier ? Est-ce que dans le cadre du réaménagement d’un espace public les habitants des alentours sont concertés pour connaitre leurs avis ou leurs attentes ? Si non sont-ils prévenus de la création d’un marché public concernant cet espace ? PB : Un épisode participatif est toujours prévu avant dépôt de la demande de permis même si cela se limite à une séance de présentation avec questions/suggestions/réponses. Pour les projets plus emblématiques, un épisode participatif intégrant les usagers (il n‘y a pas que les habitants) à la

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conception est régulièrement mis en place. Une fois le marché attribué à un bureau d’architecture ou d’urbanisme, des enquêtes publiques sont réalisées par la ville de Liège pour recueillir l’avis des habitants compris dans un certain périmètre. Comment se déroulent ces enquêtes ? Quel est leur but ? PB : Les enquêtes publiques sont réalisées dans le cadre de la demande de permis. Malheureusement avec CODT récemment entré en vigueur, les cas où elle est rendue obligatoire sont beaucoup moins nombreux. Il faut dès lors que la commune en prenne l‘initiative.

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Annexe 6 : Rencontre avec des habitants le samedi 5 mai 2018 à 12h30 Un court questionnaire à été préparer pour interroger les usagers de la place. Malheureusement que très peu on pu me répondre. Beaucoup de personnes étaient seulement de passage.

Questionnaire 1 : Mère de famille - 30 ans Avez-vous l’habitude de fréquenter la place Marie Janson ? Non je ne suis pas du quartier, mais j’y ai vécu il y a quelque temps. J’ai plus l’habitude de fréquenter le parvis. C’est une grande place agréable mais sous-exploitée. La présence du marché est chouette. Cela ramène du monde et anime la place. Que pensez-vous de la présence de l’asbl Toestand ? Je ne savais pas qu’il y avait une occupation temporaire. On ne resent pas leur présence, il n’y a que les jeux et la cabane à ce que je vois. Non

Avez-vous participé aux événements proposés par Toestand ?

Quels aménagements souhaiteriez vous voir sur la place ? Plus de jeux pour les enfants et des bancs. Un bar avec une terrasse pour boire un verre, on pourrait surveiller nos enfants en même temps. Ce serait bien.

Questionnaire 2 : Mère de famille - 25-30 ans

Oui

Avez-vous l’habitude de fréquenter la place Marie Janson ?

Que pensez-vous de la présence de l’asbl Toestand ? J’en avais entendu parlé et j’avais vu la cabane, mais je n’en savait pas plus. J’ai entendu parler de l’émission de radio, c’est chouette d’animer la place avec des événements, C’est bien, j’aime ce qu’ils font Non

Avez-vous participé aux événements proposés par Toestand ?

Que pensez vous de leur installations ? C’est bien, je suis contente d’avoir une aire de jeux pour les enfants, mais elles sont squattées par des adultes, un train a disparu et elles ont été taguées avant que les enfants ne viennent peindre dessus. Quels sont les aspects négatifs et positifs de la place ? La présence du marché anime la place. Ils n’y a pas beaucoup de vendeur en semaine à part le jeudi soir. J’ai pu y aller de temps en temps. Mais le samedi cela ramène beaucoup de monde. La place reste fréquentée par des personnes alcoolisées ou des sans-abris. On retrouve des canettes de bières, des mégots de cigarette... La place n’est pas respectée par certains usagers. Ils ont retiré les barrières le long des espaces verts périphérique. Je ne suis pas rassurée pour les enfants, ils étaient protégé des voitures avant. On pouvait les laisser jouer, maintenant hors de question de les perdre de vue une seconde. Par contre ils les ont laissées pour le parc à chien.

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Utilisez-vous le compost collectifs ? Non, j’ai le mien à la maison Quels aménagements souhaiteriez vous voir sur la place ? Je ne voudrai pas qu’il y ai plus de banc, sinon je pense qu’il y a aurait plus de sans-abris, ou personnes alcoolisées. Ils ne seront pas incités à rester comme ça.

Questionnaire 3 : Mère de famille - 25-30 ans Avez-vous l’habitude de fréquenter la place Marie Janson ? Non je n’habite pas ici, je suis en visite chez ma sœur, je me promène avec ses enfants. Que pensez-vous de la présence de l’asbl Toestand ? Je trouve ça super, j’aimerai voir ce genre d’initiative à côté de chez moi. Non

Avez-vous participé aux événements proposés par Toestand ?

Que pensez vous de leur installations ? Pour les enfants elles sont chouettes, ils n’ont d’espace de jeux. J’avais vu les gros pots de fleurs, c’est dommage il ne reste plus rien. Quels sont les aspects négatifs et positifs de la place ? Avant la place était plus passante, maintenant on remarque que des gens y restent. Je ne ressent pas d’insécurité à cause des personnes qui fréquentent la place. Ce sont plus les voitures qui me dérangent, j’ai peur pour es enfants. Il y a beaucoup d’espaces verts, la place et grande et agréable. Non

Utilisez-vous le compost collectifs ?

Quels aménagements souhaiteriez vous voir sur la place ? Ce serait bien de rajouter plus de bancs, et plus de jeux pour les enfants.

Questionnaire 4 : Homme - 25-30 ans - association Vélo Mir Avez-vous l’habitude de fréquenter la place Marie Janson ? Oui je fais parti de l’association Vélo Mir. Je suis mécano et on propose des moments de réparations de vélo etc. Je m’occupe aussi de récupérer des invendus du marché pour les donner à une association près de Sainte Catherine pour aider à nourrir des personnes sans papier de toutes les nationalités. Il y a beaucoup de monde le jeudi lors de nos événements Vélo Mir. Nous sommes en plein dans la culture bike. La cuisine mobile ramène aussi du monde. Prochainement un couscous végétarien sera proposé. Ce sont des moments de partage et de rencontre. Il y a pas forcement que des personnes du quartier, elles ne sont pas forcement actives, les activités ramènent des personnes de partout. On voit une belle énergie. Mais la communication reste difficile avec les personnes natives du quartier. Les jeunes étrangers essaient de développer de nouvelles choses mais il doit y avoir plus de communication. `

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Questionnaire 5 : Homme - 20-25 ans - Passant Avez-vous l’habitude de fréquenter la place Marie Janson ? Non je ne suis pas du quartier. (Explication de l’occupation) Que pensez-vous de la présence de l’asbl Toestand ? Je ne savais pas qu’il y avait ce type d’action ici. Quand on voit la cabane, on ne peut pas deviner ce qu’il y a à l’intérieur, on pourrait la penser abandonnée. On voit quelques coups de peinture défraîchis sur les bancs et les poubelles, il n’y a pas vraiment de différences avec d’autres places de la ville. Que pensez vous de leurs installations ? (montre les jeux pour enfants) C’est super les jeux pour enfants. Quels sont les aspects négatifs et positifs de la place ? Aujourd’hui, avec le marché la place est très animée. Les arbres procurent de l’ombre et rendent la place agréable. Elle est sous-exploitée, il ne se passe rien sur les côtés. Non

Utilisez-vous le compost collectifs ?

Quels aménagements souhaiteriez vous voir sur la place ? Je ne sais pas, pourquoi pas plus de bancs, il n’y en a pas beaucoup à première vue. Des espaces pour se poser et manger ça pourrait être bien aussi.

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Annexe 7 : Documentation de Toestand du 20 février 2018 Lors d'une réunion avec des élus et des services de la commune de Saint-Gilles, Toestand a expliqué les dernières activités et a remis une brochure récapitulative. Cependant ce document n'explique pas concrètement les observations qui découlent de l'analyse de la Place Marie Janson. Un extrait est reproduit dans les pages suivantes.

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Annexe 8 : Analyses de cas d'occupations temporaires

Les projets repris dans le corpus ont été sélectionnés d'après des expériences personnelles à Québec ou Montréal puis suivant le type de processus de conception. Ils ont été 2017_11_12 analysés à l'aide d'une grille comparative.

VILLAGE AU PIED DU COURANT Localisation :

- Montréal, Québec, Canada

Qui :

- LA PÉPINIÈRE - (ESIGN, 3B , Allly, Canadian Lamas, CGA Architectes et l’École d’Ébénisterie d’Art de

Montréal, Le CROU, Lorem Ipsum, MAP, Le collectif L’ESPÈCE, Le Retour du Perroquet, Turquoise Design, Le collectif Tout-Terrain, Jf Ruel, avec Axel Cohen et Odile Joron CULTUREL : Les amies du Courant Sainte-Marie, Société écocitoyenne de Montréal, Rayside Labossière, ADUQ, Jeunes Marins Urbains, La ligne verte, Sentier Urbain, Conscience urbaine)

Objectifs : Quel intérêt a s’exprimer dans l’espace public ? Un message à faire passer?

-

Processus : D’où provient l’argent? qui construit ?

- Début : Construction en un jour par un groupe de personnes amis d’amis d’amis… -

Impact physique sur la ville : Transformation a plus grande échelle ?

Appropriation des lieux Revalorisation d’un espace urbain sous-exploité ` On peut faire des projets avec peu de moyens qui se réalisent maintenant « parc réinventé que la communauté peut s’affirmer. Le Village au Pied-du-Courant se positionne ainsi comme un espace de vie dynamique en constante évolution. »

Association de designers, architecte… « Pas forcement magnifique mais il y avait une énergie incroyable » - « Le village éphémère » Investissement de 10 000$ qui a été remboursé avec la vente d’alcool du bar, aucune subvention publique A renouveler l’expérience sur un lieu où ils pouvaient rester deux mois - a couté 150 000$ donc 10 000$ de fond public le reste a été auto-financé - 35 000 visiteurs Tous les ans depuis 2013

- Nouveau projet encore plus grand et plus couteux l’année suivante - Avant problème de délinquance - plus maintenant

Impact social sur la ville : Transformation démographique Population

- Ils ont comblé un manque espace de rencontre dans la ville - Sentiment le liberté du à l’absence de règle - Attire des touristes comme les locaux, des jeunes comme des personnes retraitées

Sources :

https://www.pepiniere.co/villag-piedducourant-2015/ https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=fU3iSBtXKQo

Contact :

- info@pepiniere.co

https://www.pepiniere.co/village-au-piedducourant/

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https://www.aupiedducourant.ca/chantier-2017/


2017_10_29

SPOT - SYMPATHIQUE PLACE OUVERTE A TOUS 2017 (3eme édition) Localisation :

- Ilot des palais, Québec, Canada - parc public

Qui :

- Association des étudiants en architecture de l’Université Laval (ASSÉTAR) - Bureau d’architecture de Québec : (Fugère architecture, Hatem+D…) - Différents partenaires privés (Caisse Desjardins, l’université, Lou-tec industriel,

Objectifs : Quel intérêt a s’exprimer dans l’espace public ? Un message à faire passer?

Processus : D’où provient l’argent? qui construit ?

cafés, la ruche, Via-agroécologique…) La ville de Québec

Lieu éphémère de rencontre et d’activités gratuites pendant l’été Plateforme de diffusion culturelle, artistique et communautaire Lieu d’expérimentation architecturale pour les étudiants

- Idée venue des étudiants de l’école d’architecture - Organisation d’un workshop pendant un week-end. Des équipes d’étudiants et -

d’architectes sont créées selon les mandats (bar, scène, kiosques, clôture, jardins, espace chill). Conception des installations à réaliser, discussions avec le comité organisateur par rapport aux besoins sur le site. Amélioration du projet en parallèle, estimation des coûts financiers, création d’un planning de chantier… Le comité du spot s’occupe des questions d’assurances avec la ville, équipements (eau, électricité), l’achat des matériaux, la location des outils… 3 semaines de construction Grandes variétés d’investisseurs : ville de Québec, Revente des matériaux et objets après la saison du SPOT

Impact physique sur la ville : Transformation a plus grande échelle ?

- Transforme un espace vide de la ville le temps d’un été - « Apprécier les milieux denses et le potentiel qu’ils ont d’être agréables » - Evénement attendu tous les ans -

Impact social sur la ville : Transformation démographique Population

- Une place pour favoriser le contact entre les gens - Attire touristes et habitants - Promotion des artistes locaux

Sources :

- https://monquartier.quebec/2017/lhumain-dans-les-coulisses-de-spot/ - https://monquartier.quebec/2017/grande-eclosion-6-juin-spot/ - Expérience personnelle

Contact :

Francois Bali info@spotqc.com

Photos personnelles

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2017_10_29

PAR(ING) DAY Localisation : Qui :

Historique :

-

Sur des places de parking - Terrain public San francisco, Californie - Aujourd’hui partout dans le monde! REBAR Avocats Citoyens Groupes communautaire département d’urbanisme des villes Bonnie Ora Sherk’s 1970 architecture portable

Objectifs : Quel intérêt a s’exprimer dans l’espace public ? Un message à faire passer?

- Reprendre l’espace de stationnement des voitures pour animer la rue - Encourager l’activité piétonne et les interactions entre les gens - capital social - Source alternative d’espace public dans la ville. (parking a vélo, public art, tables,

Anecdotes :

- En 2005, des employés de la firme de design Rebar sont sortis manger, ils ont installé une table, un banc… c’est devenu un petit parc temporaire. Ils avaient légalement loué l’espace en activant l’horodateur. Ils ont créé une nouvelle forme d’occupation temporaire d’un espace public dans un contexte urbain.

Processus : D’où provient l’argent? qui construit ?

- Rédaction d’un ouvrage comment crée son park(ing) day sans la participation de la

chaises, équipent d’exercice..)

firme Rebar

- Installations petites, économiques et rapidement montées - Peut être crée par des groupes de citoyens locaux / voisins / associations à but non lucratif avec des objets récupérés.

- La ville de San Francisco a demandée à Rebar de transformer les parking en parc en travaillant avec les entreprises locales et les propriétaires.

- Acteurs privés font les transformations - NY: des groupes de propriétaires ont demander à la ville la permission de construire un espace public sur ces places de parking

Impact physique sur la ville : Transformation a plus grande échelle ?

Impact social sur la ville : Transformation démographique Population Sources :

- En moyenne la création d’un parklet permanent coûte $20,000 - Création de petit parc, terrasses pour les café/restaurant, coin détente… - Création de parklet mobile à San Francisco : bouge tous les 6 mois pour créer des

quartier plus dynamiques et faire profiter de ces bénéfices à d’autres endroits de la ville. Création de park(ing) dans la monde entier.

- Espace beaucoup fréquenté - Appréciés des citoyens -

- Tactical urbanism, Lydon page 138 - http://parkingday.org/about-parking-day/

Contact :

https://archinect.com/news/article/136903784/11th-annual-parking-day-transforms-parking-spaces-into-public-spaces

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https://www.radar.st/agenda/parking-day


2017_11_05

MARIE MOUSKOU Localisation :

- Rue Moscou, 1060 Saint-Gilles, place publique

Qui :

-

Ancien usage

- Place publique

Objectifs : Quel intérêt a s’exprimer dans Usage futur :

l’espace public ? Un message à faire passer?

Processus : D’où provient l’argent? qui construit ?

-

Impact physique sur la ville : Transformation a plus grande échelle ?

Toestend Commune de Saint-Gilles Diverse Associations de Saint-Gilles Les habitants

Reste encore à définir initier un projet progressif avec l’aide des acteurs locaux multiples L’aménagement transitoire d’une place publique à Saint-Gilles Revitaliser la place et y enclencher un processus permettant de libérer l’imaginaire autour de l'utilisation de celle-ci afin d’assurer son amélioration via l’interaction directe avec ses usagers. Créer des guides pour son aménagement définitifs grâce à des interventions éphémères Initiative de Toestand et de la commune de revitaliser cet espace Toestand a fait une recherche de partenariats, associations…. Rencontre avec les associations voisines de la place : Contact avec les services de la commune et les organisations locales pour trouver des partenaires potentiels pour des actions ciblées Collaboré avec les services d’entretien de la commune pour explorer des manières différentes de prendre soin de l’espace, en phase avec les objectifs de durabilité du Contrat de Quartier Série d’action mis en place pour redonner une image positive à la place Coordination d’événement avec des associations Subvention de la RBC

- Aménagement de la place - Création d’événement - Les personnes n’évitent plus la place, elle fait partie de la géographie du voisinage

Impact social sur la ville : Transformation démographique Population

- Pas assez de recul pour le dire

Sources :

toestand.be marie Mouskou rapport 2017 pdf

Contact :

- cécile@tostend.be - Bruxelles environnement - Andrea Urbina : aurbina@environnement.irisnet.be - Coordinateur: Bernardo Robles Hidalgo - bernardo@toestand.be

Facebook de Marie Moskou

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2017_11_07

DEFRICHEZ-LA! Localisation : Qui :

-

St Etienne, 2011 - angle de la rue Cugnot et de la rue Ferdinand Friche urbaine Concours lancé par Etablissement Public d’Aménagement de St-Etienne Remporter par Collectif etc

Objectifs : Quel intérêt a s’exprimer dans l’espace public ? Un message à faire passer?

- Mise en valeur d’une friche pour 3 ans - Collaboration avec les habitants pour la création d’un espace public

Processus : D’où provient l’argent? qui construit ?

- Etape préliminaire dans le processus de création d’un bâtiment - Des présentations lors des conseils de quartier ont été réalisées pour mobiliser un -

Impact physique sur la ville : Transformation a plus grande échelle ? Impact social sur la ville : Transformation démographique Population Sources :

maximum de gens, rencontres avec les différents acteurs politiques et élus, centres sociaux et foyers d’accueils puis les différentes associations du quartier Mise en place de différents ateliers permettant la réalisation des divers éléments conceptuels du projet pour toucher la population. (menuiserie, illustration, jardinage…) Lors du chantier : série d’événements quotidiens, en essayant de diversifier au maximum l’offre d’activités afin de toucher un large public

- Utilisation d’un ilot vacant à une intersection pendant un temps mort dans la -

construction teste « pour de vrai » des possibilités,

Inclue les habitants dans la conception d’un espace public Moment de rencontre et de création avec les habitants Attire principalement que les personnes du quartier

- http://www.collectifetc.com/realisation/place-au-changement-opus-2/

Contact :

http://www.collectifetc.com/realisation/place-au-changementopus-2/

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2017_11_07

BETTER BLOCK Localisation :

- Dallas, USA 2010

Objectifs : Quel intérêt a s’exprimer dans l’espace public ? Un message à faire passer? Processus : D’où provient l’argent? qui construit ? Qui :

Entreprises locales Activistes locaux et propriétaires de lots vacants Team better Block Jason Robert Promotion de lieu vivable et et redonner du dynamisme au quartier. Transformation d’un bloc urbain sous-utilisé (parking, rues, lots vacants…) Réglé un problème en un jour et pas une année Pas besoin d’attendre les pouvoirs publics pour agir Matériaux économiques ou recyclés Sur base du volontariat du quartier Lève des fonds - Non pas toujours des subventions

Impact physique sur la ville : Transformation a plus grande échelle ?

- Transformation des tracés de route pour l’ajout de pistes cyclables - réduction du trafic routier, protection des piétons - Peut déterminer un aménagement pérenne

Impact social sur la ville : Transformation démographique Population

- Création d’une association « Team better Block » (Organisme à but non lucratif) aide -

des organismes et villes à créer des espaces temporaires à faible cout pour tester un futur aménagement possible Création de lien social entre les gens, rapproche les gens comme avant, crée une vie de quartier parfois inexistante dans les villes américaines Avoir des espaces dont les gens sont fières

Sources :

- Tactical urbanism Vol 2 - TEDxUTA, A better block, Jason Robert, 29 juin 2016, Youtube - http://betterblock.org

Contact :

- Jason Robert

« You have everything you need to make a great place ! »

https://teambetterblock.com/Akron-Better-Block

http://betterblock.org/blog/2016/01/13/better-block-foundation-tohelp-people-build-more-vibrant-connected-communities-with775000-from-knight-foundation/

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2017_11_07

JARDIN GAMELIN Localisation :

- Place Emilie Gamelin

- La pépinière & Co - La ville de Montréal - Le quartier des spectacles Animé le centre-ville Objectifs : Quel intérêt a s’exprimer dans - Redonner une image positive à la place - amélioration des lieux de vie Un site délaissé possède un potentiel unique l’espace public ? Créer un espace de rencontre pour tous : enfants, adultes, personnes précaires, Un message à faire passer? Qui :

touristes…

- Faire de la ville un expérience unique Processus : D’où provient l’argent? qui construit ?

- Investissement de la part de la ville de Montréal et des différents partenaires - Recette générée avec le bar et la petite restauration - Construit par la Pépinière, aucune participation des habitants

Impact physique sur la ville : Transformation a plus grande échelle ?

- Changement d’image de la place réussit - Création d’un lieu animé pendant 5 mois avec une programmation en continue et

Impact social sur la ville : Transformation démographique Population

- Essor du commerce à proximité - Attire des personnes de tous les horizons

Sources :

- https://www.pepiniere.co - https://www.youtube.com/watch?v=fU3i5BtXKQo -

Contact :

- Jérôme Glad

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pour tous les âges

- Lieu de rencontre - Attendu tous les ans avec impatience


2017_11_07

CAFE SUR PLACE Localisation :

- Place Dormoy à Bordeaux

Qui :

- Collectif ETC - Yakafoucon - À partir de là, leur objectif est d’expérimenter comment, à partir d’une initiative

Objectifs : Quel intérêt a s’exprimer dans l’espace public ? Un message à faire passer? Processus : D’où provient l’argent? qui construit ?

d’habitants, accompagnée d’une démarche de concertation et d’action collective, il est possible d’engager un processus d’aménagement de l’espace public intégré aux projets urbains de la collectivité. Créer un café associatif et redonner vie à la place peu fréquentée

- Organisation de séances de consultation avec les habitants - écriture d’un cahier des charges

- Chantier ouvert pendant 2 semaines avec des animations tous les jours - Construction d’un aménagement éphémère pour 6 mois répondant aux besoins des habitants repris dans le cahier des charges

Impact physique sur la ville : Transformation a plus grande échelle ?

- Financement par l’association et collecte - Autorisation de la ville accepter de laisser l’installation 6 mois - Réflexion sur l’aménagement de la place après les 6 mois

Impact social sur la ville : Transformation démographique Population

- Participation des habitants à la conception et au chantier - Fait connaitre la place - Création de moment de rencontre et de partage

Sources :

- http://www.collectifetc.com/realisation/cafe-sur-place/ - COLLECTF ETC, « Expérimenter avec les habitants : vers une conception collective et

progressive des espaces publics» Métropolitiques, 26 septembre 2012, [http:// www.metropolitiques.eu/Experimenter-avec-les-habitants.html.]

Contact :

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