Mémoire de fin d'étude - École de la Nature et du Paysage de Blois

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Les caprices des Gardons : Gérer des frictions face à la saisonnalité Mémoire de fin d’études - 2021/2022 Tome 1 Chloé Giraldi

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«Depuis l’aube des temps, la vie se déploie en suivant les bassins-versants. Sortis de la mer, les premiers êtres terrestres ont suivi les rivières. Littoraux, fleuves côtiers, confluents, torrents et sources : c’est en remontant les courants que les vivants ont fait corps avec les sols, et c’est dans l’autre sens que toute descendance prend ses distances tissant ainsi les différents réseaux hydrographiques du monde d’une infinité de formes de vie interdépendantes. L’eau est donc le sang de la Terre et son liquide amniotique. Humide souffle de vie. Tout vivant en a besoin pour se perpétuer dans son être et se reproduire - microbes, champignons, plantes, animaux... aucun ne fait exception.» Marin Scaffner, Mathias Rollot, François Guerroué. Les veines de la terre : une anthologie des bassins-verants. Marseille : Wildproject, DL 2021. p 152.

Cette petite anthologie, subjective et non exhaustive, a pour but de nous immerger dans les réalités multiples des bassins-versants qui dessinent les vallées des quatre coins du monde.

NB : En l’absence d’indications, toute production graphique est un document personnel.

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PRÉSIDENT DE JURY Grégory Morisseau

Docteur en géographie, ingénieur paysagiste, co-gérant de Chorème Enseignant en géographie à l’École de Nature et du Paysage, Blois

DIRECTRICE D’ÉTUDE Catherine Farelle

Paysagiste et urbaniste Paysagiste-conseil de l’État, région Occitanie Enseigne le projet de paysage à l’École de la Nature et du Paysage de Blois

PROFESSEUR ENCADRANT Bruno Ricard

Ingénieur et docteur en aménagement et techniques urbaines Enseignant en hydrologie à l’École de la Nature et du Paysage de Blois


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SOMMAIRE AVANT-PROPOS

p6

INTRODUCTION

p9

LES GARDONS : DES FRICTIONS FACE À LA SAISONNALITÉ DE L ’EAU Des cours d’eau méditerranéens Le climat méditerranéen La méditerranée, zone vulnérable et fragilisée par le changement climatique À la découverte des gardons Positionnement

p 10 p 12 p 16 p 22 p 30

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LES GARDONS ET SES DYNAMIQUES INHÉRENTES D ‘UN SOCIO-SYSTÈME I - LES VALLÉES CÉVENOLES : DU TERRITOIRE EXPLOITÉ ET FAÇONNÉ AU TERRITOIRE DÉLAISSÉ L’histoire des vallées cévenoles : de fortes variations démographiques Un petit patrimoine hydraulique : un système adapté à un climat et une économie donnée Un système d’élevage caprin : atouts, difficultés : ce système reste-t-il intéressant ?

COMPRENDRE L ’HYDROSYSTÈME DES GARDONS Une approche systémique des composantes physiques et humaines d’un bassin-versant méditerranéen

p 32

Entre Massif Central, couloir Rhodanien et méditerranée

p 34

Un bassin-versant à fort dénivelé Un relief constituant un dispositif puissant Une correspondance entre roche et flore

p 36 p 42

CONCLUSION DE PARTIE

p 54

p 48

p 58 p 62 p 65

Une économie en fond de vallée et des versants oubliés

p 68

DIAGNOSTIC DE MI-PARTIE : DES PROCESSUS EN CHAINE

p 74

II - LA PLAINE DU GARD : DU TERRITOIRE RESSOURCE AU TERRITOIRE PRODUCTIF Trajectoires historiques du Gardon dans la plaine Aujourd’hui : un paysage désorganisé sous tension

p 82

DIAGNOSTIC DE MI-PARTIE : DES PROCESSUS EN CHAINE

p 86

Une agriculture dépendante de la ressource en eau CONCLUSION DE PARTIE

p 90

p 76


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COMMENT ANTICIPER LES RISQUES À TRAVERS UNE COMPLÉMENTARITÉ TERRITORIALE ENTRE VALLÉES CÉVENOLES ET PLAINE DU GARD ?

03

VERS UNE SOLIDARITÉ AMONT-AVAL Les projections climatiques de référence DRIAS 2020 Scénarii : comprendre l’enjeu du projet de paysage, suivre ou infléchir la tendance ?

p 110

Rappel des enjeux

p 114

Réinventer la vie des vallées cévenoles pour limiter le risque de ruissellement et d’érosion face au défi du changement climatique

p 116

Quelle matérialité pour les systèmes de terrasses ?

p 120

Réinventer et adapter le récit de la plaine aux risques d ‘inondation/sécheresse face au défi du changement climatique Repenser le cadre de gouvernance

LES GARDONS, QUELLE PLANIFICATION LOCALE EN VIGUEUR FACE AUX RISQUES Le contexte institutionnel et documents cadres

p 94

Méthodologie de la connaissance du risque

p 95

Une solution : réponse des aménagements mono-fonctionnels

p 100

Le bassin-versant un territoire de projet?

p 103

CONCLUSION DE PARTIE

p 106

p 112

p 122 p 126

Quelles temporalités pour le projet ?

p 128

Des projets de référence

p 130

CONCLUSION ET PROLONGEMENT

p 132

Bibliographie Remerciements

p 136 p 139


Avant -propos

UN BASSIN-VERSANT ENTENDU COMME UN CYCLE AUQUEL SE GREFFE LA VIE Ce mémoire est pour moi l’opportunité de raconter un paysage. Paysage qui résulte de la nature et de ses dynamiques profondes, mais aussi de l’action anthropique dans le temps. Raconter un paysage, c’est aussi prendre en compte ses singularités et les rendre visibles et envisager un avenir qui les prenne en compte. Dans cet esprit, j’ai choisi de m’intéresser au bassin-versant des Gardons aux multiples singularités. Celui-ci allie montagne et plaine : de part sa configuration complexe entre terrains perméables et non perméables, ses cultures et ses modes de faire contrastés font de lui un sujet complexe pour le projet de paysage. LE CHOIX DU SITE Je ne connaissais pas ce territoire alors il a fallu l’apprivoiser. J’ai pu expérimenter sur le territoire, la sécheresse de l’été, les feuilles de l’automne et l’hiver doux. J’y ai découvert une mosaïque de paysages riches et changeants. Des vallées étroites et encaissées, des collines de garrigue jusqu’à la plaine. Paysage riche, le bassin-versant des Gardons comprend plusieurs territoires emblématiques : les Cévennes, le Piémont, la Gardonnenque, les Gorges du Gardon, le Bas Gardon ou Gardon Rhodanien. Ainsi, il est un vaste territoire qui unifie et connecte la haute montagne à la plaine. 6

Il est un entrelacs de composantes et de réalités culturelles, géographiques, économiques, écologiques et d’habitats qui descendent graduellement de la montagne vers la vallée en se diversifiant, tout en restant étroitement liés entre eux. Le Gardon est un cours d’eau avec un réseau hydrographique très complexe et contrasté du fait de ses 7 rivières : LES GARDONS. Ils prennent leurs sources en Lozère dans les Cévennes entre 900 et 500 mètres d’altitude, sur les contreforts du mont Aigoual, de la corniche des Cévennes ou du col de Jalcrest. Ils dévalent sur des roches granitiques ou schisteuses. Ils alternent entre calmes, rapides et chutes d’eau. Plus au sud, piémont cévenol, après Anduze et Alès, les Gardons se rejoignent pour ne former qu’une seule rivière. Celle-ci s’étale, s’allonge et coule plus lentement dans la plaine calcaire pour rejoindre le Rhône. DES TENSIONS FACE À LA SAISONNALITÉ Le climat méditerranéen y est varié et capricieux. Ce sont des étés très chauds et secs, là où le printemps et l’automne annoncent de fortes précipitations. Ces variations, importantes et extrêmes, fréquentes et violentes, interviennent alors que ces territoires manquent régulièrement d’eau qui


s’intensifient avec le dérèglement du climat. Ces tensions entre trop d’eau et manque d’eau sont problématiques. Les fortes pluies ruissellent, dévalent et érodent les pentes cévenoles et arrivent directement dans la plaine. Les versants cévenols sont colonisés par le châtaignier, le conifère et le chêne vert et soulignent la déprise agricole du siècle dernier. Ces frictions reflètent un chaos désorganisé des versants cévenoles soumis aux pluies et à l’érosion. Tandis que dans la plaine du Gard, le Gardon façonne le paysage et s’étale de tout son long avec sa ripisylve dense et infranchissable dans la plaine agricole. Au fur et à mesure, les hommes ont empiété sur les zones d’expansion des rivières, oubliant leur vulnérabilité face aux risques d’inondations. Entre jachère, vigne et garrigue, la plaine est régulièrement soumise à des inondations violentes qui au fur et à mesure des crues créent un paysage désorganisé sous tension. Ces territoires complexes et atypiques adoptent une forme de vie qui façonne le paysage. Cependant, la répartition démographique hétérogène y ajoute aujourd’hui un fort contraste : la plaine de Gardonnenque, située dans l’aire d’influence des agglomérations nî-

moise et alésienne, connaît depuis plus de 10 ans, une croissance démographique rapide. Le risque y est fort. Alors que la partie des Cévennes connait une progression modérée. Ces territoires désorganisés au fur et à mesure des crues violentes des Gardons rendent ces lieux vulnérables. Quelles solutions pouvons-nous envisager pour tendre vers une résilience de ces territoire alors que se greffe l’incertitude du changement climatique ? QU’EST-CE SANT ?

QU’UN

BASSIN-VER-

Un bassin-versant est l’espace à l’intérieur duquel s’écoulent un cours d’eau et ses affluents sur un ensemble de versants (crêtes, dénivelés et talwegs). Toutes les eaux dans cet espace convergent vers un même point, qu’on appelle exutoire. Chaque bassin-versant est limité par une ligne de partage des eaux. Les eaux de pluie de part et d’autre de cette ligne s’écoulant dans deux directions différentes. Enfin, chaque bassin-versant est subdivisé en un certain nombre de bassins élémentaires, qui correspondent à la surface drainée par chacun des affluents se jetant dans le cours d’eau principal. Ainsi, les bassins-versants, selon un motif arborescent inversé, sont des continuités hydrographiques qui depuis des sources d’altitude relient tous les écoulements jusqu’aux mers et aux océans. 7


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INTRODUCTION

Les Gardons : des frictions face à la saisonnalité de l ‘eau UN PAYSAGE SOUS TENSION : ENTRE TROP D’EAU ET MANQUE D’EAU Le bassin-versant des Gardons est un choix clé, pour comprendre et confronter les problématiques liées à l’eau définit par son climat méditerranéen et sa position géographique. Dans cette partie, appelée avant-propos, je vais partir de ce contexte méditerranéen singulier pour ensuite me positionner par rapport aux enjeux qu’il sous-tend.

> Vue sur la vallée cévenole au niveau de Mialet 9


DES COURS D’EAU MÉDITERRANÉENS DES COURS D’EAU TIRAILLÉS ENTRE UN MANQUE D’EAU ET TROP D’EAU > Carte de localisation

ARDÈCHE

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MER MÉDITERRANÉE

BÉZIERS 0

La rive nord du bassin méditerranéen présente plusieurs cours d’eau aux caractéristiques communes, comme par exemple : l’Hérault, le Virdoule, Le Gardon, La Cèze,... Ils prennent leurs sources sur l’arrière-pays Cévenol et se jettent sur le pourtour méditerranéen ou dans le Rhône, comme c’est le cas pour le Gardon. Ils sont soumis à la forte attractivité des grandes métropoles : Mont10

10 km

pellier, Nîmes, Arles, Avignon... Ces cours d’eau sont associés à un climat particulier : le climat méditerranéen. Ils sont soumis à des étés chauds et secs et des hivers doux avec un vecteur important que sont les épisodes méditerranéens (définis à la page suivante). Ils chamboulent le comportement hydraulique de ces cours d’eau.


DES PLUIES DILUVIENNES

L’eau est montée de 6m en 2h

20 septembre 2020 : crue majeure du Gardon à Anduze - Source France 3 info

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LE CLIMAT MÉDITERRANÉEN LES CARACTÉRISTIQUES DES ÉPISODES MÉDITERRANÉENS (CÉVENOLS)

CRUES RAPIDES, BRUTALES ET VIOLENTES

CONFLIT DE MASSE D’AIR ORAGES, PLUIES INTENSES STAGNANTES

AIR FROID D’ALTITUDE

Arrière-pays Mer méditerranée

Ruissellement

Érosion et glissement de terrain

AIR CHAUD ET HUMIDE EN BASSE COUCHE EN PROVENANCE DE LA MÉDITERRANÉE

Inondation et glissement de terrain

Pluies cévenoles, épisodes méditerranéens… Ces termes, répandus dans les médias, correspondent à des situations météorologiques précises. Que désignent-ils? Quels épisodes méditerranéens ont marqué ces dernières années?

en moyenne, de violents systèmes orageux qui apportent des précipitations intenses sur les régions méditerranéennes. L’équivalent de plusieurs mois de précipitations tombent alors en seulement quelques heures ou quelques jours.

UNE LOCALISATION PARTICULIÈRE

Les épisodes méditerranéens sont liés à des remontées d’air chaud, humide et instable en provenance de la Méditerranée qui peuvent

Météo France a recensé trois à six fois par an

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générer des orages violents, parfois stationnaires. Ils se produisent de façon privilégiée en automne, moment où la mer est la plus chaude, ce qui favorise une forte évaporation. Le terme «cévenol» est souvent employé abusivement pour caractériser tout épisode apportant des pluies diluviennes sur les régions méridionales. Il est vrai que le massif des Cévennes est


réputé pour l’intensité des épisodes qui l’affectent (d’où le qualificatif). Cependant, des situations fortement pluvieuses frappent tout l’arc méditerranéen et sont donc loin d’être exclusivement «cévenoles». UNE SITUATION MÉTÉOROLOGIQUE PARTICULIÈRE L’influence du relief cévenol est prépondérante sur le régime de précipitations. Lorsque qu’une masse d’air chaud et humide, poussée par des

vents de basses couches, vient buter contre une barrière montagneuse, elle se soulève le long du relief. Avec l’altitude, elle se refroidit et la grande quantité de vapeur d’eau qu’elle contient se condense avant de finir par retomber sous forme de fortes précipitations. Le dernier épisode cévenol majeur date du 19 septembre 2020, où il est tombé plus de 500 mm de précipitations en 12 h, à Valleraugue dans le Gard.

LES ÉPISODES LES PLUS VIOLENTS ET MARQUANTS + DE 500 INONDATIONS

Ont touché le Gard depuis la moitié du XIIIème siècle. L'équinoxe d'automne représente la période la plus critique avec près de 75% des débordements. 03/10/1988

30/09/1958

420 mm de

950 mm en

24heures

600 mm

06/09/2005

: la quantité moyenne annuelle de la pluie relevée à Paris

686 020€ de dégâts

CRUE ÉCLAIR

420 mm de

précipitations en moins de 16h sur le secteur d’Anduze 17/09/20 14 29/09/20 14 14/11/20 14

27 millions d’euros de dégâts

n: Le Gardo 3 à 7000 m /s Ners

5 victimes

22/09/1992

300 mm de

précipitations en 5h sur le secteur de Vaison-laRomaine

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CRUE EXCEPTIONNELLE

19/09/2020

500 mm de précipitations se sont abattues sur les Cévennes Gardoise

R

ÉC LA I

précipitations en moins de 12h sur le secteur de Nîmes 9 victimes

précipitations en 2h sur le secteur d’Alès 35 victimes

Le record national de pluviométrie enregistré est gardois avec

CRUE

200 mm de

1907

2 victimes

26 millions d’euros de dégâts


Innondation suite à un épisode cévenol Source : France 3 info

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UN ÉPISODE MÉDITERRANÉEN, À QUOI ÇA CORRESPOND? Il peut tomber en quelques heures plusieurs mois de précipitations. On parle de 100mm/h, +500mm/24h pour les plus violents.

PLUIES DILUVIENNES* CRUE ÉCLAIR* 1 mm = 1 L/m2

500 mm = 500 L/m2

50cm

1mm de pluie représente 1L/m2. Si il tombe 500mm de précipitations, cela signifie que sur une zone de 1m2, nous aurions 1/2m d’eau autour de nous, c’est-à-dire à peu près de l’eau jusqu’aux genoux pour une personne de taille moyenne. *Pluie diluvienne : pluie très abondante, torrentielle. *Crue éclair : est une montée très rapide et surprenante du niveau de l'eau affectant n'importe quelle partie d'un bassin hydrographique.

Si l’on imagine la même quantité de pluie qui s’abat sur une surface à l’échelle du bassin-versant, ajouté à cela au relief, on obtient un risque d’inondation, d’érosion, de ruissellement fort. L’eau ne se répartit plus de façon homogène sur la zone concer15

Les départements les plus touchés ARDÈCHE GARD LOZÈRE HÉRAULT HAUTE CORSE

née par l’épisode mais s’accumule par endroit. Pendant une période donnée, elle peut donc atteindre un niveau dramatique pour l’Homme et c’est ce qui se passe pour les départements les plus touchés par les épisodes méditerranéens en France. Leurs situations et leurs configurations géographiques les rendent vulnérables à ce type d’événement météorologique. Si les sols sont déjà saturés, ou à l’inverse s’ils sont trop secs, l’eau se retrouve piégée en surface et son niveau grimpe. La région méditerranéenne est caractérisée par la présence de bassin-versant de petite taille, aux pentes prononcées. En cas de pluie torrentielle, les affluents et rivières peuvent déborder entraînant une élévation encore plus importante du niveau d’eau vers leurs points de sortie en contrebas. C’est ce que l’on appelle une crue éclair.


UN TERRITOIRE FORTEMENT EXPOSÉ AU CHANGEMENT CLIMATIQUE Le territoire méditerranéen est fortement impacté par le changement climatique. La diminution des précipitations moyennes et l'augmentation importante des températures en particulier en été conduiront à une diminution des ressources en eau et à une augmentation de la sévérité des sécheresses et des canicules.

*Le Giec est le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Il a pour mission d’évaluer et synthétiser les différentes études sur le changement climatique publiées à travers le monde.

*ClimSec est un projet d’étude dont l’objectif est d’analyser par une étude de l’évolution passée et future des réserves d’eau des couches superficielles des sols en mettant l’accent sur les évolutions attendues à la fin du siècle mais aussi dans quelques décennies

La composition chimique de l’atmosphère est altérée depuis le début de la révolution industrielle par le rejet croissant des gaz à effet de serre et les aérosols. Les caractéristiques naturelles du climat sont modifiées par l’ajout d’une composante anthropique à l’effet de serre naturel. Si la température est le premier paramètre directement concerné il est manifeste que d’autres composantes du climat ont ou vont changer, comme l’intensification des précipitations extrêmes sur certaines localisations. SÉCHERESSE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE : UN ENJEU MAJEUR EN FRANCE Les sécheresses, définies comme un déficit en eau sur une période rela-

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Des

LA MÉDITERRANÉE, ZONE VULNÉRABLE ET FRAGILISÉE PAR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE m pé te

ratures de plus en p lu

s chaude

+ 1,25 °C en 2020, par

s

rapport à l’ère industrielle (1850 - 1900) tivement longue, font partie des extrêmes climatiques à fort enjeu sociétal. Les événements que la France a connus, lors de l’été 2003 ou plus récemment en 2015, 2017, 2018 et 2019, ont rappelé la sensibilité de nos systèmes aux extrêmes hydrologiques et à la disponibilité de la ressource en eau. Le changement climatique, du fait de l’augmentation de l’évaporation liée à la hausse des températures, renforce l’intensité et la durée des sécheresses des sols. Les effets sont déjà visibles dans différentes régions du monde, dont le bassin méditerranéen, zone du globe parmi les plus touchées, d’après le 5e rapport Giec* (2013). La connaissance de l’évolution passée et future des sécheresses est un enjeu essentiel pour l’adaptation et a été notamment étudiée dans le cadre du projet ClimSec*.


Gardon asséché au niveau de Ners

La sécheresse hydrologique se manifeste lorsque les rivières ou nappes souterraines montrent des niveaux anormalement bas. Elle dépend des précipitations mais aussi de l’état du sol influant sur le ruissellement et l'infiltration. Comme ici, sur la photographie du cours d’eau du Gardon asséché au niveau de Ners (été 2021)

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VERS UNE AUGMENTATION DES SÉCHERESSES DU SOL (PROJET CLIMSEC) Coordonné par Météo-France, le projet de recherche ClimSec, s’est intéressé, de 2008 à 2011, à l’impact du changement climatique sur les sécheresses en France métropolitaine. Les simulations effectuées à l’aide de modèles climatiques régionalisés sur la France ont fourni des informations capitales sur l’évolution prévisible des sécheresses au cours du XXIe siècle. Il existe trois scénarios socio-économiques caractérisant les politiques climatiques et leurs conséquences en matière d’évolution des concentrations en gaz à effet de serre : B1 scénario optimiste, A1B intermédiaire, A2 pessimiste. Indicateur sécheresse d’humidité des sols D’après le DRIAS Scénario d’évolution socio-économique :

Référence année 1970

Horizon proche Horizon moyen (2035) (2055)

Horizon lointain (2065)

B1

De manière générale, les résultats de ces simulations mettent en évidence une augmentation continue des sécheresses du sol en moyenne annuelle sur le territoire métropolitain au cours du XXIe siècle. En fin de siècle, les projections réalisées à partir des trois scénarios s’accordent globalement sur un niveau moyen annuel d’humidité des sols. Il est nécessaire de poursuivre sur les prévisions : jusque vers 2050 ce sont des évaluations et le processus est inéluctable. Cependant, les actions que nous entreprendrons pourront infléchir la courbe sur le long terme. Le projet de paysage, par sa transversalité des paysages à la recherche d’une nouvelle forme de résilience a un rôle à jouer. Il peut contribuer, à son niveau, à maîtriser le dérèglement climatique. Il d’autant plus important de prendre en considération ces pragmatismes que, l’augmentation des températures pourraient entraîner l’augmentation des feux de forêt. Effectivement, les températures plus élevées favorisent la transpiration des plantes et la diminution de l’eau contenue dans les sols. La végétation s’asséchant, le risque de départ de feu est plus fort. La quantité de combustible disponible une fois l’incendie déclaré augmente également. UNE INTENSIFICATION DES FORTES PLUIES SUR LES RÉGIONS MÉDITERRANÉENNES CES DERNIÈRES DÉCENNIES

A1B

L'analyse des événements pluvieux extrêmes méditerranéens, établie par le GIEC, au cours des dernières décennies permet de dégager les tendances pour les régions méditerranéennes françaises :

Extrême humide A2 Extrême sec

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Rapport à la référence 1961-1990 du maximum annuel de cumul quotidien de précipitations

Augmentatio

nd Rapport à la référence (%)

D’après Météo France

pluvieux

Intensité des pluies extrêmes en région méditerranéenne, sur un réseau de référence pour le suivi des pluies extrêmes

d

es

- L’intensification des fortes précipitations dans les régions méditerranéennes entre 1961 et 2015 : +22 % sur les maxima annuels de cumuls quotidiens, avec une variabilité inter-annuelle très forte, qui démontre une forte incertitude (de +7 à +39 %) sur l'ampleur de cette intensification.

e la fréquence des épiso

200mm /24h

1961

x2,7

2015

- L’augmentation de la fréquence des épisodes méditerranéens les plus forts, en particulier ceux dépassant le seuil de 200mm en 24 heures, avec une augmentation de x2,7 entre 1961 et 2015. Des épisodes en hausse depuis plus de 50ans.

Moyenne centrée sur 11 ans

VERS DES ÉPISODES MÉDITERRANÉENS PLUS INTENSES À LA FIN DU XXIE SIÈCLE L'étude des précipitations intenses et de leur évolution future reste un défi majeur pour les modélisateurs du climat. Ces phénomènes sont en effet relativement mal représentés dans les modèles de climat standard.

Au cours de ces dernières années, le programme international Cordex* a permis de réaliser et de mettre à disposition des ensembles

< Évolution des précipitations extrêmes (%) par bassin-versant sur le pour10 tour méditerranéen avec [%] le réchauffement clima0 tique selon les simulations climatiques issues du pro-10 jet EURO-CORDEX (scénario RPC 8.5) 20

45 40 35 30 -5

0

5

10

15

20

25

30

35

-20

19

D’après Météo France

*CORDEX est un programme soutenu par le Programme Mondial de Recherche sur le Climat (WCRP) qui vise à organiser et coordonner un cadre international de production de projections climatiques.


de simulations climatiques régionales, permettant une meilleure confiance dans leurs projections futures. Les analyses d'extrêmes appliquées aux modèles Cordex indiquent une augmentation de l'intensité des précipitations intenses sur la partie nord du bassin méditerranéen. Sur la région méditerranéenne française, l'intensification des précipitations extrêmes devrait être de l'ordre de quelques % sur les cumuls quotidiens par °C de réchauffement. L’INCERTITUDE CLIMATIQUE DU TERRITOIRE MÉDITERRANÉEN, DE LA CONTRAINTE AU DÉFI Le pourtour méditerranéen est une zone vulnérable et fragilisée par le changement climatique. La synchronisation des aménagements liés à l’eau, à la terre, aux humains est d’autant plus complexe qu’elle doit s’opérer dans le contexte de dérèglement climatique, particulièrement sensible sur le niveau des mers et le régime des cours d’eau. Le pourtour méditerranéen voit ses précipitations en baisse et souffre cependant des crues torrentielles aux conséquences accentuées par les sécheresses. Des vagues de chaleur plus fréquentes et des épisodes de précipitations plus intenses y sont attendus. Le régime des cours d’eau est affecté par une diminution drastique du manteau neigeux et des pluies hivernales. Ce qui entraîne des sécheresses plus marquées et des pluies torrentielles plus fréquentes.

de demain sur la base de ces tendances? Le changement climatique pourrait affecter l’habitat de plusieurs humains vivant dans cette région menacée par la montée du niveau de la mer, les inondations fluviales ou la désertification d’un arrière-pays trop contraignant. Ainsi, les moyens et les connaissances humaines doivent être vus comme des atouts pour mener ces territoires vers des mesures d’adaptation, nécessairement locales, dans le récit d’une mise en commun d’expériences et de savoirs.

C’est pour répondre à cette vulnérabilité et incertitude climatique que je souhaite étudier le fonctionnement du bassin-versant des Gardons pour y apporter un regard transversal de futur paysagiste. Avec l’idée de jouer sur les forces que présente ce territoire difficile face à ce défi sociétal majeur. J’ai donc arpenté ce vaste territoire pour comprendre la tension qu’il peut y avoir entre un paysage soumis à la fois à un épisode de sécheresses et un épisode de pluies torrentielles.

Comment concevoir/penser l’aménagement de nos territoires méditerranéens 20


Gardon en crue Source : France 3 info

21


À LA DÉCOUVERTE DES GARDONS L’APPRÉCIATION DES LIEUX

Alès

1

Anduze

2

4 Le G

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3

ard

5 ô Le Rh

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Nimes Un territoire nouveau. Ces lieux étaient pour moi jusqu’à cet été inconnus. Je me suis vite rendu compte de l’immensité du bassin-versant des Gardons. Je m’y suis sentie perdue et effrayée face à la complexité de ce territoire. Face à cette incertitude, j’ai décidé de m’en imprégner progressivement. J’ai donc arpenté toutes ses rondeurs, ses rigidités, ses matrices dessinées. L’appréciation du paysage traduit un lieu unique et atypique que j’affectionne esthétiquement. J’ai donc parcouru beaucoup de kilomètres, en voiture le long des routes sinueuses avec des arrêts pour profiter des points de vue,

de l’écoute, de l’observation, des sentiers suivis à pied, des arrêts croquis, ont ponctué mon voyage découverte. Mon innocence et ignorance du territoire m’ont permis de le découvrir sans jugement préconçu afin d’avoir un regard ouvert pour la lecture du paysage. J’ai ainsi descellé plusieurs séquences paysagères, 5, entre l’amont et l’aval du bassin-versant des Gardons. Grâce à ce discernement, j’ai décidé de me positionner et d’étudier la partie cévenole et plaine du Gard pour comprendre l’enjeu que peut constituer un arrière-pays. 22


1

Les Sèrras Cévenoles

2

Les portes cévenoles

Les vallées cévenoles présentent une succession de sommets, de pentes escarpées et de vallées encaissées. Un paysage modelé par l’eau, denrée rare et dévastatrice. Châtaigniers et chênes verts se partagent le territoire, au profit d’une multitude de couleurs saisonnières : vert pomme, vert gris, pointe d’orange,...

Plus au sud, le piémont cévenol est un espace de transition entre vallées cévenoles et plaine du Gard. Il constitue une limite franche entre ces deux entités.

3

La plaine fertile Entre garrigues, vigne, la plaine s’installe. Elle est structurée et façonnée par le gardon. Il s’étend en volume, coule et modèle cette étendue au fur et à mesure des crues soudaines et dévastatrices.

4

Les gorges du Gardon

5

Le gardon rhodanien

Le Gardon se faufile dans les gorges calcaires où il s’enfonce dans le massif des garrigues nîmoises. Espace grandiose, roche affleurante, le Gardon se réduit pour traverser les gorges. Les gorges, du fait de leurs étroitesses apparaissent comme un barrage naturel qui stoppe l’eau dans la plaine lors des crues éclairs.

À l’aval, la vallée du Gardon s’ouvre largement jusqu’à la confluence avec le Rhône, offrant un paysage différent de celui de ses gorges. Un voyage dans une plaine agricole intensive soumise à une pression démographique. 23


1

LES SÈRRAS CÉVENOLES

Cette IMMENSITÉ et cette succession de vallées, ont de tout temps été façonnées par l’eau. Leurs sols sont sensibles aux précipitations importantes et abondantes créant un paysage d’

Futaies de châtaigniers encerclées de chênes verts

érosion

et

Route sinueuse et étroite de versant

ruissellement

de . Leurs profils s’expliquent par la répétition croissante de ces phénomènes liés à l’eau. Ainsi, des découpes profondes en forme de V sont sculptées, créant les sérras cévenoles. Un

Le Gardon de Saint Germain-deCalberte

Vue depuis la départementale D13 à proximité de Barre-des-Cévennes

24

monde de PENTE creusé par le ravinement et le ruissellement caractérise cette étendue encaissée, successive et lointaine menant à la définition de l’horizon.

Parcelle d’estive

Forêt de conifères plantée par l’Homme


Les Gardons prennent leur source dans les Cévennes et fraient leurs chemins dans les montagnes. Ici, sur le croquis, le Gardon de Saint-Jean est calme, presque invisible. Il est

Pont inondable

sous la forme d’un

d’eau

fil

traduisant un paysage où la ressource en eau est problématique. Capricieux, il peut passer en l’espace d’un temps court, quelques heures seulement, à un

torrentiel

visage suite aux pluies extrêmes induites par les épisodes cévenols. De quoi marquer un paysage sous TENSION entre pas assez d’eau et trop d’eau.

Départementale D907 : Route sinueuse étroite qui longe le cours d’eau

Gardon de Saint-Jean

Le pont inondable permettant d’accéder au mas Bernard

25


2

LES PORTES CÉVENOLES Le

piémont

nol constitue la

d’entrée

céve-

porte

entre vallées schisteuses et plaine calcaire. À Anduze, la porte cévenole est marquée par ses deux rochers, le rocher de Saint-Julien et le rocher Peyremale. Cette porte cévenole constitue une zone de transition entre amont-aval. Alès, à proximité d’Anduze, constitue la principale ville-

porte des Cévennes. Les villes de piémonts se sont développées au pied des pentes, au contour d’un débouché du Gardon dans la plaine. Elles créent une distance permanente avec leurs cours-d’eau : à Anduze la ville est endiguée, à Alès le coursd’eau est bétonné. Ces aménagements anthropiques permettent de se protéger des eaux qui arrivent directement des Cévennes,

Rocher St-Julien Rocher Peyremale

Ville d’Anduze endiguée

Ligne ferroviaire «Le Cévenol »

Vue depuis le pont d’Anduze à Alès 26

provoquant les

ÉCLAIRS.

CRUES

Et pourtant, l’urbanisation apparaît aujourd’hui étonnamment diffuse dans la plaine, comme si le bâti avait besoin d’air et de place face aux contraintes topographiques sévères des vallées cévenoles adjacentes.

Pression foncière des nouvelles habitations

Anciennes terrasses d’oliviers


ÉPISODE MÉDITERRANÉEN DU 19 SEPTEMBRE 2020

LA VILLE D’ANDUZE LES PIEDS DANS L’EAU

27


3

LA PLAINE FERTILE

La plaine du Gard s’installe sur les contreforts des Cévennes et prend

mer de vignes

l’aspect d’une du fait de son agriculture intensive en viticulture. Le rapport entre la plaine et son arrière-pays est fort. Les Cévennes sont toujours présentes et surveillent la plaine depuis l’horizon. L’étendue viti-

cole sert d’exutoire naturel pour l’eau qui ruisselle, coule, directement de cet arrière-pays. Elle passe d’un visage doux ensoleillé à un chaos inondé : une plaine sous TENSION.

Les deux principaux Gardons venus des Cévennes, d’Anduze et d’Alès, se réunissent dans la plaine et s’étalent.

Horizon Cévenol

Plaine viticole

Plaine agricole proximité du village de Maruéjols-lès-Gardon 28

Bosquets


Le Gardon en pleine grandeur, pour la première fois, s’étire à sa guise, s’alanguit et s’étend de tout son long. Il est délimité et structuré par sa large, dense

et épaisse ripisylve : une forêt alluviale difficilement infranchissable. Lors de ma découverte avec celle-ci, j’ai ressenti un sentiment d’insécurité créé par le mystère du milieu fantastique, un en-

Ripisylve dense, infranchissable : serpent vert qui structure le paysage

trelacs de branches, de lianes et un sol sableux où l’on s’enfonce. Le Gardon glisse se façonne cette plaine au fur et à mesure des différentes crues soudaines et dévastatrices. Il crée par ses COLÈRES un paysage désorganisé.

Le Gardon

Le Gardon au niveau du pont de Brignon

Pont qui surplombe la plaine inondable

29

Arrière-pays cévenol

Bande de sable submersible en période de crue


POSITIONNEMENT

FACE AU DÉFI SOCIÉTAL MAJEUR DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE Le changement climatique vient accuser les risques, par l’intensification des phénomènes (tant précipitations que périodes de sécheresse), portant à son paroxysme le risque inondation et sécheresse et soulignant aussi les risques érosion/ glissement de terrain. La gestion du cours d’eau des Gardons, cours d’eau méditerranéen, est un sujet clé face au défi de l’évolution des phénomènes climatiques : celui de l’adaptation aux aléas d’inondation, à la tension sur la ressource en eau, à la prévention des risques de glissements de terrains et d’érosion des sols. Pourtant, le risque d’érosion est encore vu de manière secondaire, alors qu’il met en jeu les potentialités relatives à l’alimentation de ces territoires. OBJECTIFS : -Limiter la vulnérabilité des territoires sujets aux inondations, à la sécheresse et aussi aux glissements de terrains et à l’érosion. Mon propos est de montrer en quoi la démarche de projet de paysage peut aider à une adaptation durable et une forme de résilience face aux enjeux, entre plaine méridionale et arrière-pays cévenol. PROBLÉMATIQUE : Comment limiter le risque d’inondation, de sécheresse, de glissement de terrain et d’érosion pour tendre vers la résilience des territoires, à travers de nouveaux 30

modes d’actions publiques et des systèmes de décision d’avantage basés sur la concertation et la participation à l’échelle locale ? HYPOTHÈSES : 1-La création d’aménagements résilients et multifonctionnels pluriels sur la partie cévenole et plaine du Gard est en mesure de créer une complémentarité territoriale qui permet de limiter simultanément ces risques et éviter la création d’ouvrages drastiques monofonctionnels (cf page 100). 2-Tendre vers des actions publiques ajustées à la matérialité physique de bassin-versant plutôt que marquer par la linéarité du cours d’eau, la sectorisation et le morcellement des responsabilités, permettraient d’évoluer, compte tenu du contexte de décentralisation et des nouvelles formes de contractualisation, vers une approche englobante du territoire. UNE MÉTHODE INTERSCALLAIRE J’ai décidé de me positionner sur la partie cévenole et la plaine de la Gardonnenque pour comprendre l’enjeu que peut constituer un arrière-pays. UNE ANTHOLOGIE SANT?

DU

BASSIN-VER-

Une réflexion sur l’épaisseur du bassin-versant permet de comprendre les enjeux


actuels que posent les Gardons. Dans un premier temps, je me suis interrogée à son unité hydrologique, l’hydrosystème, dans lequel s’opèrent des transferts d’eau, de sédiments, d’éléments chimiques et d’organismes vivants, tant longitudinalement, que transversalement et verticalement. Dans un deuxième temps, j’ai confronté ce système hydraulique aux dynamiques inhérentes d’un sociosystème : son fonctionnement se modifie sous l’action des sociétés humaines tant d’un point de vue qualitatif (pollution, coupe rase de la ripisylve, ...) que quantitatif (ruissellement accru suite à l’urbanisation, épuisement de la ressource en eau par surprélèvement, ..). L’hydrosystème influence réciproquement les activités humaines et devient une contrainte plus particulièrement en période d’excès hydrologiques. J’ai donc choisi de m’appuyer sur la notion d’héritage dans l’objectif de ne pas calquer des modèles passés, mais de s’en servir en tant qu’outils, pour imaginer les modèles de demain face à ce défi sociétal majeur que constituent l’adaptation aux changements climatiques, la prévention des risques d’inondations, de ruissellement, d’érosion et de sécheresse. L’ÉCHELLE DE TEMPS La prise en compte de la temporalité est une force de la démarche de projet de paysage. Le phasage dans le temps permet de s’étendre sur un équilibre pertinent, entre des objectifs à court et long terme. Il est impératif de saisir cette question tout en envisageant et acceptant une gestion adaptative des territoires. Dans ce sens, l’échelle de temps est pri-

mordiale à examiner pour intégrer rapidement sur le territoire les expérimentations efficaces, tout en poursuivant un mode de gestion adaptative. Je peux dès lors distinguer deux nouvelles expérimentations : le temps proche (nouvelle gestion adaptative des territoires) et celle du temps long à très long (pérennisation des territoires sur le long terme et à grande échelle grâce à une nouvelle forme de gouvernance concertée). LES ACTEURS AU CŒUR DE LA DÉMARCHE «Développer nous aussi des politiques qui, comme l’eau, font toujours avec : contourne, serpente et creuse. Cette eau qui n’est pas sans violence, entre crues et torrents, mais dont les cycles sur le temps long construisent bien plus qu’ils ne détruisent.» Marin Scaffner, Ma-

thias Rollot, François Guerroué. Les veines de la terre : une anthologie des bassins-verants. Marseille : Wildproject, DL 2021. p 152.

Réinterpréter le processus « naturel », l’aléa inondation, à travers le prisme de jeu des acteurs qui constituent le levier de compréhension des espaces d’actions locales, permettra d’analyser et de comprendre le potentiel inondation-recomposition des territoires. Suite à ces questionnements, je suis allée à la rencontre de plusieurs acteurs sur le territoire pour avoir un regard transversal sur leur positionnement propre : comment anticiper, selon eux, le changement climatique qui accentue les frictions entre usage et saisonnalité de l’eau ? Comment, face aux crues, concilier agriculture, phénomènes d’érosion, économie locale ? Une gestion globale peut-elle permettre d’atténuer les risques liés aux Gardons ? 31


32


01 Comprendre l ’hydrosystème des Gardons UNE APPROCHE SYSTÉMIQUE DES COMPOSANTES PHYSIQUES ET HUMAINES D’UN BASSIN-VERSANT MÉDITERRANÉEN D’un point de vue du naturaliste, du géographe, de l’hydrologue ou de l’écologue, le bassin-versant est l’entité spatiale logique pour une gestion raisonnée de l’eau. Le bassin correspond à l’espace géographique drainé par un cours d’eau. Il définit une unité hydrologique, l’hydrosystème, dans lequel s’opèrent des transferts d’eau, de sédiments, d’éléments chimiques et d’organismes vivants, tant longitudinalement, que transversalement et verticalement. Il convient de connaître ces interactions pour comprendre les enjeux et les risques que sous-tend ce territoire singulier.

> Ripisylve du Gardon d’Anduze 33


ENTRE MASSIF CENTRAL , COULOIR RHODANIEN ET MÉDITERRANÉE DES CÉVENNES À LA PLAINE

UN TERRITOIRE COMPLEXE AUX RICHESSES MÉDITERRANÉENNES

Occitanie

Mer méditerranée

Le bassin-versant des Gardons se situe à cheval sur les départements de la Lozère et du Gard

Le bassin-versant des Gardons s’étend sur plus de 2 000 km² Il concerne environ 170 communes. Une population permanente d’environ 200 000 personnes. Débit moyen mensuel (m3/s)

54,3 m3/s 60

1,7 m /s 3

TENSION

40 20 0

Jan Fév Mars Avr Mai Juin Juin AoûtSept Oct Nov Déc

Le bassin-versant des Gardons est délimité au nord par le Massif-Central, à l’est par le couloir Rhodanien et au sud par la mer méditerranée. De par sa localisation, il fait partie d’un grand amphithéâtre tourné vers la méditerranée par un système de relief étagé progressivement. Dans cette veine, on trouve l’affirmation d’une identité forte, consacrée par cette idée d’un monde, un monde méditerranéen. Mais à l’opposé, on peut avoir le sentiment que cette identité n’existe pas : elle est multiple, confuse, indécise, fermée et ouverte, cohérente et disparate, en tensions permanentes. LE BASSIN-VERSANT DES GARDONS, UN RÉSEAU HYDROGRAPHIQUE COMPLEXE Le bassin-versant des Gardons s’écoule sur la partie sud la Lozère pour ensuite traverser le Gard. Le Gard ou gorge (Gargantua) a donné son nom au département. Le Gardon, encore appelé Gard, est constitué d’un réseau hydrographique complexe. Sept 34

rivières prennent la dénomination de Gardon, accompagnées du nom d’une des communes traversées : Gardon de Saint-Jean-du-Gard, Gardon de Sainte-Croix-Vallée-Française, Gardon de Saint-Martin, Gardon de Saint-Germain-de-Calberte, Gardon de Saint-EtienneVallée-Française, Gardon de Mialet, Gardon d’Anduze et Gardon d’Alès. C’est pour cela qu’on parle plus souvent des Gardons plutôt que du Gardon. La géologie et le climat méditerranéen conditionnent la ressource en eau sur le bassin-versant des Gardons. La nature du sous-sol tantôt imperméable, tantôt perméable en fait un territoire hétérogène sur le plan géographique notamment entre le secteur cévenol et la plaine. Pourtant, les relations amont-aval sont fortes, à l’image des relations des eaux de surface avec les eaux souterraines. L’agriculture est très présente et très contrastée sur le bassin des Gardons et correspond à une logique spatiale de territoire. Dans les Cévennes, subsiste une agriculture traditionnelle et extensive, caractérisée par un élevage extensif (25 % de la SAU*) sur de nombreuses prairies. L’aval du bassin-ver-


Limit e

1 Gardon de Saint-Jean-du-Gard

Ba

ss in -V e

2 Gardon de Sainte-Croix-Vallée-Française 3 Gardon de Saint-Martin 4 Gardon de Saint-Germain-de-Calberte

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5 Gardon de Saint-Etienne-Vallée-Française

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NÎMES

ARLES MONTPELLIER

Mer méditerranée 0

sant (la plaine de la Gardonnenque) présente des superficies agricoles très importantes, on y retrouve des cultures plus intensives en plaine telle que la viticulture. Cette agriculture intensive accentue la

10 km

tension liée au climat méditerranéen et pousse à leurs paroxysmes des risques de sécheresse, d’inondation, de ruissellement et d’érosion, du fait de la pression exercée sur les cours-d’eau.

35

*SAU : La superficie agricole utilisée est une notion normalisée dans la statistique agricole européenne.


UN BASSIN-VERSANT À FORT DÉNIVELÉ UN RÉSEAU HYDROGRAPHIQUE COMPLEXE Les Gardons prennent leurs sources en Lozère dans les Cévennes, sur les contreforts du Mont Aigoual, de la corniche des Cévennes ou du col de Jalcreste. Une fois réuni en un seul cours d’eau, le Gardon traverse la plaine du Gard et se jette dans le Rhône. DES VALLÉES PROFONDES Les Cévennes sont principalement organisées en vallées profondes et serres successives, qui descendent brutalement des hauteurs du Mont-Lozère (1699 m), de l'Aigoual (1 567 m), du col Jacreste (831m), dans un dénivelé de près de 1 400 m. La forte pente, associée aux sols majoritairement sensibles à l'érosion car schisteux, et aux précipitations fortes et abondantes sur les sommets (pluies diluviennes), explique ces découpes profondes en formes de V : l'eau ravine les reliefs avec violence, et les Cévennes forment un monde de pentes, où les replats sont rarissimes et presque luxueux. Se succèdent ainsi, dans une direction globalement sud-est, le Gardon d'Alès (vallée Longue), le Gardon de SainteCroix, prolongé par le Gardon de Mialet (vallée Française), le Gardon de SaintJean (vallée Borgne), auxquels s'ajoutent une myriade d'affluents plus petits. UNE PLAINE ENCAISSÉE Le Gardon traverse, ensuite sur une bonne dizaine de kilomètres une plaine largement adoucie, la plaine de la Gar36

donnenque, ouverte et cultivée, bordée de collines. Ce n’est qu’à Russan qu’il la quittera pour s’enfoncer en gorges dans le massif calcaire des garrigues de Nîmes. La plaine reste largement ouverte sur le Gardon, puis s’allonge jusqu’à buter sur les massifs des garrigues de Lens et de Nîmes autour de Saint-Mamert, où les eaux changent de bassin-versant pour alimenter le Vidourle, cours d’eau voisin, vers le sud. Ainsi dessinée en entonnoir, la plaine est drainée principalement par nombre de ruisseaux et rivières, affluents du Gardon. La plaine reste essentiellement cultivée en vignes et en céréales, très ouverte, avec peu de structures végétales restantes pour l’organiser. Ce sont surtout les ripisylves accompagnant les cours d’eau qui compartimentent le paysage. Le bâti reste regroupé en villages, sur les légers dénivelés pour s’éloigner au mieux de l’eau. La plaine se voit encerclée au nord par les reliefs des Cévennes, à l’est et à l’ouest par les collines de garrigues et au sud par les gorges du Gardon. Les gorges créent, par leur relief, un barrage naturel du fait du resserrement du cours-d’eau. En cas de crues éclairs, la plaine encaissée passe d’une plaine aride à un déversoir d’eau : des frictions importantes à fort enjeu sociétal. Comment exploiter une plaine à la fois aride et inondée?


Li gn e

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MONT LOZÈRE

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LOZÈRE

FLORAC CAUSSE MEJEAN

GARD

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ANDUZE

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2 Le

LES GORGES DU GARDON

on

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do e ul

0

10 km

CAUSSE MEJEAN (1200m)

NIMES COL JALCRESTE (831m)

SAINT JEAN DU GARD (189m)

ALÈS (140m) ANDUZE (120m)

A

0 km Source des Gardons

Russan

St-Mamert

HÉRAULT MONT AIGOUAL (1600m)

PLAINE DE LA GARDONNENQUE

20 km

37

40 km

A’

GORGE DU GARDON (150m)

60 km A’


UN COURS-D’EAU AU RÉGIME TORRENTIEL Une des principales caractéristiques de la rivière est d’assurer le transfert des sédiments (sables, graviers, galets, etc.) vers l’aval. La rivière dispose de deux principales sources d’énergie : la gravité liée à la pente du fond de vallée et les débits notamment en période de crue. LE COURS-D’EAU SOUS L’INFLUENCE : La fourniture sédimentaire et les débits ne sont pas constants dans le temps. Ils fluctuent en fonction des variations climatiques (saisonnières à séculaires) et des modifications de l’occupation du sol qui affectent le bassin-versant. Le lit de la rivière s’ajuste donc continuellement pour maintenir une capacité de transport en adéquation avec la charge sédimentaire charriée par les eaux. C’est la raison principale de la grande mobilité des lits fluviaux. Cette mobilité se manifeste concrètement par des berges qui reculent, des chenaux qui changent de position, des bancs qui se forment et qui disparaissent… Sans cette « respiration » des formes fluviales, la rivière ne peut trouver son état d’équilibre dans lequel les processus d’érosion et de dépôt se compensent, et les sédiments sont transportés vers l’aval. On parle d’équilibre lorsque les paramètres 38

qui définissent la morphologie du lit (pente, largeur et profondeur à pleins bords, tracé et sinuosité) restent relativement stables dans le temps. Les relevés des débits d’une rivière pendant une longue série d’années montrent des variations saisonnières systématiques (position des hautes et basses eaux) en fonction des principaux facteurs influençant l’écoulement : le régime des précipitations, la nature du bassin-versant, sa situation géographique, l’infiltration,... Hydro.eaufrance calcule sur une station de mesure donnée les débits instantanés, Tableau récapitulatif pour les deux stations : Bassin-versant (km2) :

1

47

2

1 100

Qmin (m3/s) :

0,166

1,740

Qmax (m3/s) :

1,570

54,30

Qmax/Qmin (m3/s) :

9,46

31,21

Q moyen (m3/s) :

0,947

22,40

QMNA5 (m3/s) :

0,073

0,959

Qj Biennale (m3/s) :

18

470

Qj Décennale (m3/s) :

37

750

Qj Vicennale (m3/s) :

44

850

Pente (%)

2

1,7

Puissance hydraulique (w/m) :

3698

83 682

Puissance spécifique (w/m2) :

528

697


journaliers, mensuels,... À partir des valeurs de hauteur d’eau et des courbes de tarage (relations entre les hauteurs et les débits). Grâce à ces données disponibles, on peut analyser le régime hydraulique du cours d’eau des Gardons. J’ai choisi deux stations de mesure spécifique : la première sur le gardon de Sainte-Croix au niveau de SainteCroix-Vallée-Française, dans les Cévennes et la deuxième dans la plaine du Gard, au niveau de Ners.

Calcul de la puissance hydraulique Ω (w/m) :

Ω = p x g x Qb x I p : la masse volumique de l’eau (1000kg/m3) g : accélération de la pesanteur (9.81 m/s2) Qb : débit à plein bord (m3/s) I : pente (m/m) Calcul de la puissance spécifique

w (w/m ) : 2

w = Ω/largeur

(débit à plein bord)

Il est possible de calculer la puissance spécifique pour ces deux stations de mesure. Plus la pente est forte et les débits élevés, plus la rivière est capable de déplacer de grandes quantités de matériaux. On quantifie cette énergie disponible par la puissance hydraulique, qui est le produit de la pente, de la ligne d’eau, du débit et du poids volumique de l’eau. Afin de pouvoir comparer des rivières de différentes tailles, on rapporte cette puissance à la largeur du lit et on obtient la puissance spécifique. Interprétation de l’hydromorphologie des Gardons : DIAMÈTRE SÉDIMENTS

D’après l’équilibre dynamique de la balance de Lane (1955)

Gros

Oscillation temporaire vers érosion, DÉBIT due à l’augmenta- SOLIDE tion du débit suite à un épisode méditerranéen ÉROSION

Fin

-Érodabilité des berges forte -Apport solide fort

Tableau de la lecture des scores géodynamiques :

Score géodynamique Puissance spécifique

PENTE

Faible

w > 100 w/m2

Forte

DÉBIT EAU : FORT

DÉPOT

39

1

2

< 10 w/m2 10-30 w/m2

3

4

30-100 w/m2

> 100 w/m2

Érodabilité des berges

Nulle

Faible

Moyenne

Forte

Apports solides

Nul

Faible

Moyen

Fort

COURS D’EAU PEU DYNAMIQUE

COURS D'EAU TRÈS RÉACTIF ET DYNAMIQUE


Le cours-d’eau des Gardons n’est pas stable dans le temps. Je trouve pour l’ensemble des stations une puissance spécifique supérieure à 100w/m2 et d’après le score géodynamique, le cours d’eau des Gardons est très réactif et dynamique. Sa capacité de transport est déficitaire par rapport à la charge sédimentaire, le lit s’exhausse, la pente augmente, le cours d’eau érode. Ce cours d’eau est caractérisé par un régime torrentiel. LE PROFIL HYDRAULIQUE DES GARDONS Si je modèle la ligne d’eau en fonction des périodes de retour de 2ans, 10ans et

1

20ans, je constate que pour une période de retour supérieure à 2ans, la section mouillée du lit mineur ne suffit pas à contenir la crue. La répartition de l’eau en cas de crue supérieure à 2ans se fera en fonction de la micro-topographie et relief du lit majeur et dépend de l’occupation du sol et des relations cours-d’eau/société. Le lit majeur dans les vallées cévenoles est contenu par les versants, peu d’espace de liberté aux cours-d’eau. À l’inverse, en plaine, le lit majeur s’étend sur une surface plane et se délimite par les reliefs des collines de garrigue. Il subit

Principe du profil lit mineur - Gardon de Sainte-Croix Section mouillée : 5m2

Qj20 : 44 m3/s Qj10 : 37 m3/s Qj2 : 18 m3/s

1,5 m

Qj10 et Qj20 : le lit mineur ne suffit pas car pour le combler, il nous faut une section mouillée respectivement de 8m2 et 9,3m2, d’après le calcul de *débitance.

Débit moyen : 0,947 m3/s QMNA5 : 0,073 m3/s

2,5 m 7m

*Débitance Q

Q = K x Rh2/3 x I1/2 x S Avec : Q : Débitance K :coefficient de Manning-Strickler Rh : rayon hydraulique I :gradient hydraulique de l’écoulement, équivalent à la pente S : section mouillée de l’ouvrage.

Principe du profil lit majeur - Gardon de Sainte-Croix Coupe située en page 39

647m

556m

260m Pente

0

Pente :

: 33%

1000m

500m 40

37%

1500m

1800m


une pression liée à l’exploitation des terres au détriment de l’espace d’extension des crues. En résumé, le lit majeur et le lit mineur, autant dans la partie cévenole que dans la plaine, sont peu complémentaires lors de crues éclairs. Nous pouvons constater que la puissance spécifique génère très souvent et nécessairement des situations érosives. Des variances de réponse et d’ajustement peuvent atténuer autant que possible ces phénomènes : profil en long, largeur à plein bord, profondeur moyenne à plein bord, pente locale, sinuosité. Le Gardon sort de son lit mineur lors de la crue de novembre 2014

2

Principe du profil lit mineur - Gardon à Ners

Qj20 : 850 m3/s Qj10 : 750 m3/s Qj2 : 470 m3/s Débit moyen : 22,4 m3/s QMNA5 : 0,959 m3/s

2m 25 m

Section mouillée : 109m2

120 m

Qj10 et Qj20 : le lit mineur ne suffit pas car pour le combler, il nous faut une section mouillée respectivement de 148m2 et 175m2, d’après le calcul de *débitance.

Principe du profil lit majeur - Gardon à Ners Coupe située en page 39

Village de Ners

85m

0

500m

128m

1000m 41

1500m

2000m


UN RELIEF CONSTITUANT UN DISPOSITIF PUISSANT UNE MORPHOGENÈSE LENTE Au-delà de la frange calcaire étroite des Cévennes à l'aval, c'est bien le schiste et le micaschiste, complétés par le granit et le gneiss, qui font l'identité et l'originalité des vallées cévenoles. Resituées dans une échelle large, les Cévennes apparaissent d'ailleurs clairement comme une avancée en presqu'île du socle ancien de l'ère primaire vers le sud, entre les calcaires des causses à l'ouest et ceux des garrigues à l'est. Les schistes et micaschistes sont nettement dominants dans le paysage cévenol, brillants comme des coquilles d'huîtres. Ils sont issus de la transformation d'argiles, déposées par des mers très anciennes du début de l'ère primaire, datées d'environ 500 millions d'années. Leur composition feuilletée les rend sensibles à l'érosion et, depuis le Quaternaire, l'action du gel et des pluies a conduit à la formation des serres et des vallées successives profondes et raides qui font l'essentiel de la morphologie des Cévennes aujourd'hui.

1

ÈRE PRIMAIRE

al

entr

sif C

Mas

- 280 millions d’années : les roches métamorphiques se compressent et forment un important relief. C’est le début des Cévennes.

ÈRE SECONDAIRE

ral

2

Massif Cent

3

Massif

4

Massif

- 220 millions d’années : le relief montagnard disparaît sous les phénomènes d’érosion. Les premières rivières émergent sur cette surface plane. l

Centra

l

Centra

- 150 millions d’années : la mer recouvre le territoire, ses sédiments seront le calcaire du réseau karstique. Retrait de la mer

- 65 millions d’années : la mer se retire progressivement. Exhaussement du massif central.

Faille des Cévennes

5

ÈRE TERTIAIRE

al entr

sif C

Mas

Faille des Cévennes

- 50 à - 20 millions d’années : le massif s’érode lentement sous l’influence climatique de l’ère tertiaire : c’est la formation des paysages cévenols et de la plaine calcaire.

RÉCHAUFFEMENT

6

l

ntra

f Ce

si Mas

ÈRE QUATERNAIRE Jusqu’à aujourd’hui

Le paysage est scultpté progressivement en creux par érosion, notamment sous l’influence de l’alternance de glaciations et réchauffements.

42


À l’inverse, au sud-est des Cévennes, les collines de garrigues sont formées de calcaire jurassique et néocomien, de 200 à 400m d’altitude et constituent un réservoir d’eau grâce à leur système karstique complexe. Elles sont séparées par des zones déprimées occupées par des bassins sédimentaires tertiaires : plaines alluviales du Gardon,

du Virdoule, de l’Hérault, ... LES ROCHES DES VALLÉES CÉVENOLES ET DE LA PLAINE DU GARD Des phénomènes profonds géodynamiques et l’érosion superficielle interagissent. La bordure cévenole se caractérise par la juxtaposition d’une zone de faille et de la limite de

partage des eaux entre bassins-versants méditerranéen et atlantique. Cette transition est intensément affectée par l’érosion. La topographie asymétrique de la bordure sud du massif central suggère une évolution par érosion régressive et recul d’escarpement.

La zone de faille des Cévennes constitue l’élément morpho-strucutel majeur de la région et se caractérise par des anomalies à topographies linéaires (bassins allongés, rides) traversées par un réseau hydrographique karstique et aérien encaissé.

Le versant méditerranéen des Cévennes est entaillé de vallées linéaires transversales, sub-parallèles avec des pentes prononcées. Il s’agit d’une zone d’érosion maximale à proximité de la ligne de partage des eaux entre bassins-versants méditerranéen et atlantique.

Le sud-est de la faille des Cévennes est occupé par le territoire des garrigues. Il s’agit de collines de calcaire jurassique et néocomien, de 200 à 400m d’altitude, séparées par des zones déprimées occupées par des bassins sédimentaires tertiaires.

La zone basse de la plaine littorale et de la camargue résulte de l’effondrement de la chaîne pyrénéenne lié au rifting de la Méditerranée Occidentale, compensée par les apports sédimentaires drainés par le Rhône et les réseaux hydrauliques cévenols. Pliocène de la ria de l’Hérault-Orb Oligocène-Néogène (rifting NW-Méditerranée) Tertiaire (Pyrénéen) Crétacé supérieur Volcanisme Pilo-Quaternaire Crétacé inférieur Trias-Jurassique Socle Paléozoïque

Volcanisme Miocène supérieur Granit intrusif tardi-Hercynien

43

> D’après Séranne, Michel, et al. "Surrection et érosion polyphasées de la bordure cévenole." Bulletin de la Société géologique de France 173.2 (2002): 97-112.


LE BASSIN-VERSANT DES GARDONS : UN PAYSAGE FAÇONNÉ PAR L’EAU Le réseau des Gardons draine les vallées cévenoles schisteuses avant de s’unifier au sud d’Alès. Il entaille, au sud-est, le massif des garrigues pour former un bassin sédimentaire tertiaire. On peut différencier 3 entités majeures :

-Un domaine de socle primaire formant des paysages au relief élevé à forte dénivellation (partie cévenole). -Un domaine de calcaire karstifié, délimitant les terres de garrigues. -Un domaine de calcaire peu karstique, au relief plat

: la plaine alluviale. Chacune de ces entités géologiques possède un fonctionnement hydrogéologique spécifique, du point de vue de la recharge naturelle en eau, des modalités de son exploitation.

B’

A

Alès

B

C’

Saint Jean du Gard Anduze

Carte géologique du bassin versant des Gardons

Le

PRIMAIRE Conglomérats, grès, schistes et charbon du bassin houllier d’Alès

Ga

rd

on

Les gorges du Gardon

Granite La série métamorphique des «Schistes des Cévennes» Micaschiste noir - Domaine des Cévennes cristallines Micaschiste quartzo-feldspathique Domaine des Cévennes cristallines SECONDAIRE Dolomies et calcaires dolomitiques Calcaires à faciès «urgonien» Calcaires TERTIAIRE Marnes et calcaires (Oligocène) Marnes, grès, grès calcaires Calcaires et calcaires gréseux

A’

C QUATERNAIRE Alluvions récentes et actuelles (plaine d’inondation) Alluvions de basses terrasses UN RÉSEAU KARSTIQUE Résurgence

0

Perte Failles Limite du bassin versant des Gardons

44

10 km


DES SYSTÈMES HYDRAULIQUES CONTRASTÉS Le Bassin-versant des Gardons présente, de ce fait une grande variété de systèmes et domaines aquifères exploités notamment pour l’alimentation en eau potable des collectivités : aquifères de socle, aquifères sédimentaires non karstiques, aquifères sédimentaires karstiques et aquifères alluviaux. Chacun présente et souligne des caractéristiques spécifiques. Système aquifère de socle Il correspond essentiellement aux franges d’altérations des schistes et à la partie fissurée, voire fracturée des granites, dans la partie cévenole. Cet horizon fissuré se rencontre sous les altérites (formations géologiques superficielles, résultant de l’altération de la roche-mère). Plus en profondeur, les formations cristallines sont nettement plus compactes interdisant pratiquement la percolation d’eau sous la zone fissurée. L’eau ruisselle. Système aquifère sédimentaire non karstique Cet ensemble, représentatif de la plaine alluviale peut contenir des formations

calcaires localement à très ponctuellement karstifiées. Cependant, la caractéristique essentielle de ces formations est représentée par une perméabilité d’interstices. L’eau s’infiltre. Système aquifère sédimentaire karstique Ces calcaires du Jurassique moyen et supérieur des garrigues sont très karstifiés et présentent d’importants réseaux souterrains. Un système de pertes est en interaction avec le drainage superficiel du Gardon, pour donner lieu à des résurgences situées parfois à plusieurs kilomètres en aval. L’eau ruisselle et s’infiltre Système aquifère alluvial Ces alluvions quaternaires du cours d’eau des Gardons sont généralement une extension latérale réduite, ainsi qu’une épaisseur qui ne dépasse généralement pas 10 à 15 m. L’épaisseur mouillée, notamment en période d’étiage, est souvent très réduite, limitant les possibilités d’exploitation à fort débit. L’eau s’infiltre.

45

RUISSELLEMENT

Arène Nappe libre Schiste fissuré Substratum imperméable Les vallées cévenoles Intercalation entre substratum perméable et imperméable

Substratum semi-perméable Système karstique Plaine alluviale

Substratum imperméable

Altérites

Réseau karstique

Colline calcaire de garrigue

Substratum imperméable

Alluvions Aquifère alluvial Cours d’eau du Gardon

INFILTRATION

Aquifère sousjacent


Carte des aquifères du bassin-versant des Gardons LES SYSTÈMES AQUIFÈRES Aquifère socle Aquifère sédimentaire karstique Aquifère sédimentaire karstique Aquifère sédimentaire non karstique

B’

Aquifère alluviaux UN RÉSEAU KARSTIQUE Résurgence Perte Failles Limite du bassin-versant des Gardons

A

Alès B

C’

Saint Jean du Gard Anduze Le

Ga

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on

C

Les gorges du Gardon

A’

0

Ces systèmes hydrographiques contrastés sont à eux seuls un dispositif puissant et complexe. Leurs perméabilités et/ou imperméabilités permettent de comprendre où va l’eau. Les précipitations qui tombent sur les Cévennes érodent et ruissellent directement sur cette étendue vaste, la plaine. Le niveau

d’eau monte et créé des paysages inondés. Ce phénomène est accentué par les épisodes de sécheresse. Ils rendent les sols arides et secs, et face aux précipitations intenses, l’eau se retrouve piégée en surface et son niveau grimpe. À partir de ce premier constat, je peux émettre l’hypothèse qu’il y a une 46

10 km

relation/correspondance importante des problèmes liés à l’eau entre l’arrière-pays cévenol et la plaine du Gard. La réflexion à mener sur la résilience de ces territoires peut poser la question de la complémentarité territoriale amont-aval.


POUR RÉSUMER : DES TORRENTS CÉVENOLS

Glis

Un système binaire

s

nt eme

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UN DÉVERSOIR

Perte

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Imp

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Résurgence

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Aquifère sédimentaire karstique

Micasc

Les vallées cévenoles sont indissociables des aléas liés à l’eau. L’eau dévale et ruisselle sur la roche dure et imperméable du micaschiste. Et sur le schiste friable, l’eau par érosion peut provoquer des glissements de terrain. L’eau ruisselle, érode, emporte, lors des épisodes méditerranéens. Elle ne s’arrête pas. En lien avec ce paroxysme, l’eau manque face aux épisodes de sécheresse. L’enjeu est donc double, maintenir les versants des vallées cévenoles et retenir l’eau de manière mesurée pour subvenir au problème d’étiage. Paysage fermé Vallées encaissées

1000m

Aquifère sédimentaire non karstique

Une partie de l’impluvium est constituée de terrains non karstifiables qui concentrent l’infiltration des eaux en un point. Le drainage est très développé. Les sols calcaires laissent filer l’eau dans les profondeurs et le caractère sec est encore aggravé par l’irrégularité des précipitations. Aujourd’hui, l’enjeu de préservation est devenu impératif. Les exploitants agricoles ont recours à l’irrigation. Avec le dérèglement climatique, nous devons nous intéresser à la préservation des ressources en eau et tendre vers une indépendance des cultures à cet égard.

Les collines de garrigue

Alès

700m

Les gorges du Gardon

La plaine viticole

110m

130m

Le Gardon

Aquifère sédimentaire peu karstique

A

0

20 km

40 km

Aquifère alluviaux

Micaschiste et schiste des Cévennes

Aquifère sédimentaire karstique

TORRENTS CÉVENOLS

PLAINE DÉVERSOIR

60 km

A’


UNE CORRESPONDANCE ENTRE ROCHE ET FLORE B’

e Sit

de

Alès

B

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Saint Jeandu-Gard

C’ n

Anduze

Le

Ga

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Les gorges du Gardon

on

C 0

10 km

Carte pédologique LITHOSOLS Sols très peu différenciés et très peu épais car limités à moins de 10 cm de la surface du sol par une roche cohérente et dure (granite, calcaire, schiste...).

RANKOSOLS Sols peu épais (- 30 cm d’épaisseur), peu différenciés. Ce sont donc des sols plutôt acides. Les horizons des rankosols contiennent de nombreux éléments grossiers (graviers, cailloux, pierres...) issus de la fragmentation ou de l’altération de la roche sous-jacente

48

CALCOSOLS Sols moyennement épais à épais, développés à partir de matériaux calcaires. Ils sont riches en carbonates de calcium sur toute leur épaisseur, leur pH est donc basique. Ils sont fréquemment argileux, plus ou moins caillouteux, plus ou moins séchants, souvent très perméables.

FLUVIOSOLS Sols issus d’alluvions. Ils sont constitués de matériaux fins (argiles, limons, sables) pouvant contenir des éléments plus ou moins grossiers (galets, cailloux, blocs).


Conifères Comme le sous-sol, les sols interagissent avec l’eau et créent des paysages. Leur correspondent des milieux d’une composition mouvante, qui évolue dans le temps, dépendant d’une multitude de facteurs et constituant un écosystème, un milieu de vie d’une grande diversité. Dans les vallées cévenoles, le sol est peu profond et plutôt acide. Cette typologie de sol vient conforter l’enjeu de maintien des versants cévenols face aux risques de ruissellement et d’érosion. Retenir les sols est important pour l’exploitation des versants. La forêt est aujourd’hui présente partout sur les pentes cévenoles, coiffant les sommets et les pentes. Grâce au sol acide et aux versants exposés à l’adret, le châtaignier y est maître entre 400 et 800m d’altitude. Plus en aval, aux accents méditerranéens marqués, le chêne vert s’y trouve. Cette dynamique végétale croissante sur sol instable peut provoquer des chutes d’arbres et créer des embâcles en fond de vallée.

Châtaignier Gardon de Sainte Croix

Rankosols Lithosols

B

0

Gardon de Saint Martin

Gardon de SaintJean-du-Gard

870m

Série métamorphique des «Schistes des Cévennes»

Chêne vert

360m

Micaschiste noir

900m

Gardon d’Alès 380m

720m

Micaschiste quartzo-feldspathique

10 km

20 km

30 km

B’

Coupe en travers des Sérras cévenols

49


Dans les Garrigues, la couverture boisée accompagne aujourd’hui fidèlement les reliefs, accentuant la netteté des limites et des contrastes entre les paysages des plateaux, et ceux des plaines cultivées, comme nous pouvons le voir sur la coupe. Sur les plateaux, le caractère sec est défini par les sols calcaires et un pH basique. Il induit une structure aride et constitue des zones de garrigue à fort intérêt écologique : chênes-verts et à flore très va-

Calcosols F luviosols

Le Gardon

Garrigue

219m

60m

150m

Perte

0

C

10 km

La garrigue est une forme spécifique, où la végétation s’est adaptée : Adaptation morphologique (système raci-

naire profond pour aller chercher l’eau en profondeur, feuille réduite avec un épais cuticule pour éviter les pertes d’eau) et adaptation physiologique (régulation de l’ouverture des stomates).

La Droude

Village de Brignon

Village de Moussac

riée : kermès, romarin, buis, genêt, ciste, lavande, euphorbe....

Village de Castelnau Valence

Village de Ners

267m

104m

Aquifère sédimentaire peu karstique

Aquifère sédimentaire karstique

20 km

Aquifère alluviaux

Garrigue

Plaine viticole

30 km

C’

Coupe en travers de la plaine karstique

LA GARRIGUE, UNE ÉTAPE DANS LA DYNAMIQUE DE VÉGÉTATION Au cours du temps, les écosystèmes évoluent passant par étapes d’un stade « jeune » vers un stade « mature » appelé en écologie le climax. Cette dynamique de la végétation s’observe par la succession progressive de différentes formations végétales : -La pelouse sèche : graminées et autres herbacées. 50

-La garrigue : espèces ligneuses et arbustives -Les arbres qui vont se développer aboutissant au final à des formations forestières. Cette dynamique de la végétation peut repartir de zéro lorsque d’importantes perturbations (incendies, événements météorologiques exceptionnels, actions humaines de défrichement ou de coupes forestières) ramènent l’écosystème d’un


stade mature vers un stade jeune. La garrigue est donc une des étapes de la dynamique de végétation des milieux méditerranéens secs sur terrains calcaires. Elle ne peut se maintenir à long terme sur un même espace que si cette dynamique est bloquée par actions anthropiques. Mais dès que les conditions de blocage disparaissent (par exemple arrêt du pâturage ou de la répétition de feux d’écobuage), la dynamique reprend. Les arbustes vont se développer puis différentes espèces d’arbres, comme le chêne vert vont prendre la place.

Dynamique végétative avec/sans pression anthropique

Écobuage Pâturage

2

Garrigue basse

3 Garrigue

Pression pastoralisme continue Jeune forêt

4

1

La dynamique végétative croissante par densification et enfrichement sur sol aride associée aux étés chauds, à la végétation en détresse hydrique et le vent peuvent augmenter le risque d’incendie, accentué par le dérèglement climatique. La préservation des ressources en eau est double.

Pelouse sèche

Fôret de +10ans

X

> Garrigue à proximité d’Anduze - stade de jeune arbre

51

Dynamique végétative de la garrigue sans pression anthropique

Coupe Incendie


UNE DYNAMIQUE VÉGÉTATIVE CROISSANTE - Liée à l’activité humaine?

LOZÈRE

Les garrigues comme les versants cévenols sont aujourd’hui menacées. Ils se referment progressivement au profit des boisements denses et en friches de chênes verts, de châtaigniers, de conifères.

St Croix Vallée Française

On peut alors employer l’expression de fermeture du paysage, ce qui interroge. Cette expression participe d’un même mouvement, à traduire une diversité de facteurs selon les lieux. Il peut s’agir de déprises qui concernent les activités de l’Homme et désignent une diminution de leur pression sur le territoire voire son abandon. De ce fait, les végétaux évoluent, poussent et atteignent un stade adulte qui entraîne la fermeture du paysage. À travers cette dynamique, il est notamment question de déprise agricole.

St Jean du Gard

La gestion des boisements amène à de nombreuses problématiques car leur présence est liée à l’activité anthropique. Il ne s’agit donc pas seulement de traiter des enjeux de lutte contre les risques liés à l’eau mais aussi de rechercher un maintien de l’agriculture, du pastoralisme, de leur économie locale.... Je me pose la question de l’attention que l’on porte à une approche transversale territoriale. Les forêts cévenoles, les garrigues et cultures par les enjeux qu’elles sous-tendent, sont des interfaces à explorer, mais surtout à redéfinir à travers le projet de paysage pour tendre vers une gestion adaptée et résiliente face aux risques.

Carte des paysages

Il s’agit d’un outil synthétique des paysages qui représente le territoire à partir d’une démarche sensible. Ainsi, je peux exprimer, les reliefs, les densités, les vides, l’eau,...

52


Végétation : Châtaigniers Conifères Chênes verts Hydrographie : Cours d’eau Zones inondables Culture : Viticultures

Alès

Zones d’estives Urbanisme : Villages et villes

Anduze

0

Ners

10 km

Le Gardon

Nîmes

GARD

53

Le Rhône


CONCLUSION DE PARTIE

L’IMPORTANCE DE COMPRENDRE L’HYDROSYSTÈME DES GARDONS

Cette étude sur les caractéristiques de l’hydrosystème montre que les facteurs édaphiques (hydromorphologie, géomorphologie, pédologie) et climatiques interagissent entre eux et corrèlent un paysage sous tension entre les risques de sécheresse, d’inondation, de ruissellement et d’érosion. Le système hydraulique doit s’étudier autant de l’amont à l’aval, de versant à fond de vallée que de surface à souterrain. Ce système hydraulique influence les activités humaines par sa singularité et devient une contrainte plus particulièrement en période d’excès et de déficit hydrique. D’après Laganier Richard et al. 2010, ce fonctionnement hydraulique relié aux dynamiques inhérentes d’un sociosystème, voit son fonctionnement se modifier sous l’action des sociétés humaines tant d’un point de vue qualitatif (pollution, coupe rase de la ripisylve, ...) que quantitatif (ruissellement accru suite à l’urbanisation, épuisement de la res-

54

source en eau, ...). Je peux souligner l’équilibre fragile qui s’opère dans un bassin-versant entre hydrosystème et sociosystème. Le territoire a un effet sur nos pratiques, et nos pratiques influencent le territoire. Mais les activités humaines et le climat sont facteurs d’enjeu, comme le montre le schéma ci-dessous. Cet équilibre fragile est à caractériser. Comment l’hydrosystème des Gardons interagit face à ses dynamiques inhérentes d’un socio-système? J’émets l’hypothèse que les pratiques humaines à l’amont ou à l’aval du bassin-versant peuvent avoir des conséquences sur le fonctionnement hydraulique. Effectivement, les inondations soulèvent fréquemment ces enjeux, le problème de l’aggravation de l’aléa ou de l’augmentation du risque par des pratiques humaines. C’est ce que je vais développer dans cette deuxième partie.


HYDROSYSTÈME HYDROMORPHOLOGIE Calcaire poreux

Enjeu d’adaptation des pratiques et d’utilisation des terres face à un territoire difficile

GÉOMORPHOLOGIE Réseau karstique

PÉDOLOGIE

Enjeu de maintien des versants face aux risques d’érosion et de ruissellement

Sol basique et aride

Schiste friable Micaschiste dur Ruissellement

Sol acide et peu profond

Érosion Ils créent un biotope où une flore et faune vont se développer

Il influence l’occupation du sol Il exerce une gestion des territoires qui a des conséquences sur les formes du paysage

Il évolue dans le temps sous la pression climatique

SOCIOSYSTÈME FACTEURS CLIMATIQUES

Urbanisation

Agriculture intensive

Il influence l’occupation du sol

Agriculture extensive

Forêt

Il est vulnérable face aux aléas climatiques et recherche en permanence une forme d’adaptation

Espaces naturels Enjeu d’adaptation des pratiques et d’utilisation des terres face à l’incertitude climatique climatique 55

Température Épisode méditerranéen Sécheresse


56


02 Les Gardons et ses dynamiques inhérentes d ‘un socio-système I - LES VALLÉES CÉVENOLES : DU TERRITOIRE EXPLOITÉ ET FAÇONNÉ AU TERRITOIRE DÉLAISSÉ II - LA PLAINE DU GARD : DU TERRITOIRE RESSOURCE AU TERRITOIRE PRODUCTIF Dans une première partie, j’ai démontré que le système hydraulique s’étudiait autant de l’amont à l’aval, de versant à fond de vallée que de surface à souterrain et qu’il pouvait être impacté par un sociosystème et inversement. Je m’interroge à présent sur les impacts que peuvent avoir les pratiques humaines sur ce territoire. J’émets l’hypothèse que les pratiques humaines à l’amont ou à l’aval du bassin-versant peuvent avoir des conséquences sur le fonctionnement hydraulique et que les communes situées en amont des zones inondées ont alors une responsabilité au regard de l’ampleur du phénomène et du risque en aval.

> La plaine viticole et ses collines de garrigue 57


I - LES VALLÉES CÉVENOLES : DU TERRITOIRE EXPLOITÉ ET FAÇONNÉ AU TERRITOIRE DÉLAISSÉ ENTRE ISOLEMENT ET OUVERTURE, DÉSTRUCTURATION ET RENOUVEAU SOCIAL

L’HISTOIRE DES VALLÉES CÉVENOLES : DE FORTES VARIATIONS DÉMOGRAPHIQUES

L’histoire des Cévennes est indispensable pour comprendre le paysage d’aujourd’hui. Le territoire cévenol n’est pas seulement un espace géographique donné, les Cévennes ; c’est aussi un lieu habité et vécu par les Cévenols. Ils ont façonné le paysage au cours des siècles. XIV-XV SIÈCLE : LE DÉBUT DU PAYSAGE AGRICOLE La mise en valeur agricole des Cévennes débute dans l’Antiquité. Le massif des Cévennes est alors couvert d’une forêt de chênes pubescents que les agriculteurs vont progressivement défricher pour implanter des cultures. L’absence de cette essence aujourd’hui témoigne de l’importance de ces défrichements au cours de l’histoire. Dans l’Antiquité comme pendant la plus grande partie du Moyen-Age, l’agriculture repose sur une céréaliculture à base de seigle et sur l’élevage de porcs et d’ovins dans les forêts et les landes créées suite à leur défriche. La culture des versants est rendue difficile par la pente et c’est donc sur les replats que sont principalement installées les cultures. L’hydraulique est utilisée comme force motrice pour des moulins et pour l’arrosage de quelques prés en fond de vallée, mais il n’y a pas de système d’irrigation à proprement parler.

58

L’agriculture et l’élevage ne sont donc que faiblement intégrés et la fertilisation des terres cultivées repose sur la défriche forestière et le brûlis, ce qui implique un déplacement permanent des espaces cultivés. Sur le plan paysager, les landes du haut des versants constituent le principal héritage de cette période, du fait de leur stabilité grâce à la pression du pâturage sur le milieu. XIV-XV SIÈCLE – 1850 : UN SYSTÈME AGRICOLE AUTONOME, L’AGROSYLVOPASTORALISME Ce système agraire va connaître à partir du XIV-XVe siècle de profondes transformations qui vont permettre de sortir des crises à répétitions connues au MoyenAge. Au cœur de ces transformations, il y a un arbre, le châtaignier, l’arbre à pain, que les hommes vont implanter partout sur les versants, jusqu’à sa limite altitudinale de 800-900 m, et dont les rendements dans ce milieu sec sont beaucoup plus sûrs que ceux des céréales. Pilier social, culturel et économique, le châtaignier faisait partie intégrante du cycle annuel. Ses usages étaient multiples : les fruits pour l’alimentation des humains et des troupeaux, les feuilles pour le four-


DÉMOGRAPHIE CÉVENOLE EN

rage, le bois pour fabriquer des piquets, des charpentes ou pour se chauffer.

1 800

130 000 HABITANTS

Sur certaines parties des versants, les agriculteurs aménagent des terrasses pour rendre les sols cultivables. Ils les irriguent par gravité à partir de la déviation de l’eau des cours d’eau (cf page 64-65). Sous les châtaigniers, ils sèment des céréales, des légumes et plus tard des pommes de terre. À ces systèmes de culture est associé l’élevage, ovin et caprin, qui permet la fertilisation des terres (grâce à leurs déjections) des parcelles les plus intensément cultivées. De ce fait, les prés irrigués au bord des cours d’eau à partir desquels sont réalisés les réserves de foin deviennent une ressource cruciale pour l’alimentation des

animaux. L’entretien d’un troupeau ne peut se faire qu’à condition de disposer de foin pour l’affouragement hivernal. Même s’il produit aussi de la laine et de la viande, l’élevage est véritablement au service des cultures. L’intensification se poursuit au cours des siècles suivants avec l’extension des espaces irrigués permise par l’améliora-

> Sainte-Croix-ValléeFrançaise. Vue générale du village. - 1890 Archives départementales de la Lozère

59


APOGÉE DE L ’ÉCONOMIE CÉVENOLE : 1750-1850 Le cas de Sainte-Croix-Vallée-Française

Parcelle d’estive

Castanéiculture Village en fond de vallée

Jardin potager, culture vivrière

60


tion des systèmes d’irrigation, et notamment par l’aménagement de galeries de mines permettant d’acheminer l’eau des nappes situées dans la montagne jusqu’aux parcelles.

Village de crête

À la fin du XVIIe, un autre arbre est introduit sur les parcelles de culture : il s’agit du mûrier, l’arbre d’or, dont le feuillage est collecté pour l’élevage du ver à soie et la production de cocons qui sont ensuite transformés dans les filatures locales. La soie fait la richesse des Cévennes et la vente de cocons procure un revenu monétaire conséquent aux agriculteurs.

Prairie de fourrage Ferme isolée

Ce paysage est le fruit d’une organisation sociale précise et témoigne d’une culture. Des générations de cévenols, s’adaptant aux contraintes du territoire, ont complètement modelé celui-ci. Ce système agraire a fortement marqué le paysage : les terrasses, les infrastructures d’irrigation gravitaire et bien sûr les châtaigniers sont des éléments incontournables du paysage actuel.

Vigne

61


UN PETIT PATRIMOINE HYDRAULIQUE : UN SYSTÈME ADAPTÉ À UN CLIMAT ET UNE ÉCONOMIE DONNÉE Dans le contexte cévenol, les terrasses étaient indissociables des aménagements hydrauliques. Un système sophistiqué était élaboré pour évacuer les ruissellements nuisibles et capter l’eau pour la diriger vers les surfaces cultivables. LES BANCELS AUX FONCTIONS MULTIPLES Les terrasses cévenoles ou BANCELS étaient construites pour répondre à deux facteurs principaux : -L’existence d’un relief aux pentes fortes -Les caprices du climat méditerranéen Ces deux facteurs combinés, du fait des fortes précipitations au cours d’un épisode méditerranéen et des pentes prononcées, induisent en effet une érosion rapide et il en résulte un sol aminci par le ruissellement, lorsqu’il n’est pas emporté lors de violents épisodes.

*Pour

illustration, une équipe de scientifiques a montré que dans le bassin du Haffouz, en Tunisie, la construction de terrasses sur 17 % du bassin-versant a réduit le ruissellement à l’exutoire de 17 % et les transports solides de 40 % (Dridi & al, 2001 ; Roose, 2003).

Pour répondre à ce contexte environnemental, les cévenols construisaient des terrasses qui permettaient : -De créer des parcelles sub-horizontales -D’approfondir et de retenir artificiellement le sol -De canaliser l’écoulement des eaux -D’améliorer l’infiltration de l’eau -De construire des réserves d’humidité pour la végétation Ainsi, les terrasses avaient des fonctions multiples que ce soit à l’échelle de la parcelle, du versant ou de la vallée. Les terrasses sèches permettaient une infil-

62

tration plus importante de l’eau, particulièrement sur sol travaillé, et donc elles limitaient le ruissellement et permettaient le maintien du sol*. De plus, la capacité des terrasses à retenir l’eau momentanément dans le sol est un atout considérable sur le pourtour méditerranéen car elles permettent de lutter contre une sécheresse temporaire. DES SYSTÈMES HYDRAULIQUES POUR MAÎTRISER LES CAPRICES D’UNE RÉGION MÉDITERRANÉENNE Irrigation et drainage étaient étroitement imbriqués sur les versants des vallées. Certes, les terrasses brisaient le ruissellement des eaux et facilitaient leur infiltration dans le sol. Mais lors des épisodes cévenols, elles n’étaient pas suffisantes pour évacuer l’eau qui n’est plus absorbée et débordait par-dessus les murs, des fossés sont alors creusés aux pieds des ouvrages. Dénommés TRENCATS en cévenols, ils permettaient le drainage du ruissellement vers des collecteurs : VALATS (canal empierré bordé de murs). Ces collecteurs dirigeaient à leur tour les eaux vers le ruisseau en fond de vallon. Parallèlement, tout un système d’irrigation fut pensé pour capter l’eau qui se fait rare pendant un épisode de sécheresse. Dans la vallée, des barrages dévient une partie des rivières, LEVADE. De ces barrages partent des canaux


nommés BÉALS qui conduisaient l’eau jusqu’aux cultures, en suivant la ligne topographique, parfois sur plusieurs centaines de mètres.

Valats toujours en activité

Des aménagements aux fonctions multiples TREN

1 Terrasses de cultures

CATS

2

Drainage des pentes

3

Les barrages sur les cours d’eau

TRENCATS

4 Ouvrages hydrauliques

BANCELS

LEVADE

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Cours d’eau du Gardon

MOULIN

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63


1850 - 1960-70 : LES CÉVENNES D’ÉLEVAGE À partir du milieu du XIXe siècle et à la suite d’une période de croissance démographique, les Cévennes entrent à nouveau en crise. Deux maladies sont restées dans les mémoires comme étant à l’origine de cette crise : la pébrine qui affecte le ver à soie et la maladie de l’encre, champignon qui s’attaque aux racines du châtaignier. La seconde moitié du XIXe siècle est aussi marquée par le développement des transports qui va mettre les Cévennes en concurrence avec des régions beaucoup plus compétitives : des céréales à bas prix se substituent à la châtaigne dans l’alimentation des populations cévenoles mais aussi dans celle des régions proches qui achetaient des châtaignes cévenoles. La concurrence des pays d’Asie pour la production de soie est encore plus forte une fois le canal de Suez construit (1869). Ainsi, même si les travaux de Pasteur parviennent à enrayer la maladie de la pébrine à partie de 1870, la sériciculture cévenole ne s’en relèvera pas. Cette crise provoque un exode rural important, qui s’étale sur plus d’un siècle. La conséquence la plus forte sur le paysage est la rétraction de l’espace cultivé, suite à l’abandon des cultures sur bon nombre de terrasses aménagées au cours de la période précédente. Les familles qui restent continuent à cultiver des pommes de terre, des lé64

gumineuses et un peu de céréales pour subvenir à leurs besoins alimentaires, en complément de la châtaigne. DÉMOGRAPHIE CÉVENOLE EN

1 900

90 000 HABITANTS

L’espace n’est cependant pas totalement à l’abandon : la période est marquée par une expansion de l’élevage. Les troupeaux sont plus grands contre moins d’exploitants qu’à la période précédente. Ils sont toujours aussi essentiels pour les cultures restantes, mais permettent aussi de disposer de produits d’élevage qui sont généralement vendus : les agneaux et les moutons font de la laine et de la viande et les chèvres du fromage. Ce revenu monétaire, remplace celui obtenu par la vente des cocons. Même si l’agriculture fait vivre beaucoup moins de monde qu’avant, elle a toujours une emprise forte sur le milieu. Cette expansion de l’élevage aurait même conduit à une surexploitation des parcours de l’Aigoual, qui a justifié l’important programme de reboisement du début du XX siècle, pour limiter l’érosion et la violence des crues. Face à cette période de déprise agricole, il existe dans la région des emplois non agricoles pour les chantiers de reboisement, l’aménagement des routes et des


Exploitation et surface agricole utilisée dans les vallées cévenoles, soit sur un territoire de 186 000 ha. D’après Crosnier, C., and C. Granger. "Le parc national des Cévennes: la population rurale à l'épreuve de la gestion des milieux ouverts." (2004): 165-184. Nombre d’exploitations

SAU en ha 100 000 120 000

4 000 3 500

80 000

3 000

60 000

2 500

40 000

2 000 20 000

1 500 1 000

Ce siècle de l’élevage laisse dans le paysage comme principales traces un enherbement puis un enfrichement des anciennes terrasses de culture et une dégradation des aménagements de la période précédente (effondrement des terrasses, détérioration des infrastructures d’irrigation). Le milieu n’est cependant pas encore fermé comme aujourd’hui : même si elles n’abritent plus de cultures, les forêts de châtaigniers sont en effet entretenues par le pâturage, la coupe de bois, la récolte des châtaignes et le brûlis.

0

500 0

1955

1970

1980

1988

Nombre d’exploitations Surface agricole utilisée (SAU en ha)

Les traits marquants de l’évolution agricole entre 1955 et 1988 sont les suivants : Les Cévennes ont vu la disparition de 75 % des exploitations et de 66 % de terres labourables. Par ailleurs, la SAU recule de 50 %. Cependant, l’augmentation de la taille des exploitations demeure modeste.

chemins de fer et surtout les filatures et les industries de confection. Ces emplois locaux ne parviennent certes pas à absorber toute la main-d’œuvre des exploitations agricoles affectées par la crise, mais leur existence marque une différence importante avec la période contemporaine.

UN SYSTÈME D’ÉLEVAGE CAPRIN ATOUTS, DIFFICULTÉS : CE SYSTÈME RESTE-T-IL INTÉRESSANT ? Les exploitations agricoles qui exerçaient des activités agropastorales sont des atouts pour le paysage, malgré leur déclin. Cette activité de production associait par le pâturage des espaces de natures différentes : des espaces cultivés et des zones de parcours, boisées ou non boisées (landes, taillis, pelouses, forêts). Dans ces systèmes, plusieurs strates végétales étaient présentes : arborée, arbustive et herbacée. Cette diversité de milieux permettait de tamponner les aléas climatiques (vent, précipitations…) en offrant une diversité de ressources fourragères ainsi qu’une protection au vent et aux précipitations tout en atténuant l’ensoleillement.

65

DÉMOGRAPHIE CÉVENOLE EN

2 000

40 000 HABITANTS


Exemple d ’exploitation Système d‘élevage : production laitière

Exploitation située à SainteCroix-Vallée-Française

Cheptel de 90 mères

ATOUTS

AOC Pélardon 17 ha

Fromagerie à Moissac-Vallée-Française (12 producteurs)

Vente

Prairie naturelle

Système d’élevage Race :Saanen/Alpine

SAU : 87 ha

+

12 km : parcelle la plus éloignée en prairie naturelle pour la fauche

70 ha Parcours sous châtaignier et/ou chêne vert

Fond de vallée

Crête 600-1000m

PLURIACTIVITÉE Activité touristique : gîte en période estivale

-Autonomie fourragère pour les prairies naturelles -Achat céréales (Drôme) -Remise en herbe des bancels pour le pâturage d’automne et printanier

DIFFICULTÉS Adduction de la ferme Canal : 1,3 km

Épisode cévenol Abîme Fréquence (2/3 par année)

Violent

+

Pression liée à la chasse

+

Parcelles irrigables (béal), abîme le canal Chemin d’accès aux parcelles

Handicap

Bancels Difficulté à remettre le canal en eau chaque année du fait de l’érosion

Dépendance à l’entretien d’ouvrages non maîtrisables par les agriculteurs ni par les habitants (ils en sont en quelque sorte dépossédés)

66

Problème d’irrigation des prairies Problème d’abreuvement des animaux

Entretien Entretien des bancels/ béals manque de temps et de personnel


Ce type de système agricole s’adapte dans ce milieu où les conditions pédoclimatiques sont rudes : relief (pente, accès), rareté en eau, fort ensoleillement, pluies diluviennes… Ces difficultés le rendent vulnérable face à l’entretient constant des versants où le temps et la main d’œuvre sont challengeurs. Cependant, dans les vallées cévenoles, les activités agropastorales ne permettent pas de stabiliser le processus de fermeture des milieux, préjudiciable à la préservation contre les risques de ruissellement et d’érosion et le maintien des paysages. Elles sont insuffisantes et indispensables pour ce vaste territoire. RENOUVEAU D’UN TERRITOIRE : LE PARC NATIONAL ET LES CHANGEMENTS CULTURELS Suite à cet exode rural, le Parc national des Cévennes (PNC) est créé en 1970. Dès sa fondation, le développement économique de la région et le maintien de la population active ont été placés au cœur des enjeux de l’aire protégée. L’objectif était de stopper l’exode rural et de revaloriser une nature façonnée par l’Homme, en déshérence depuis le début de la déprise agricole. La grande particularité du PNC est d’être le seul parc national français habité de façon permanente dans sa zone centrale. Cette spécificité lui a immédiatement donné un rôle de laboratoire vivant dans la recherche d'un développement soucieux de la protection du patrimoine naturel et culturel, ce qui lui a valu notamment la qualification en réserve de biosphère par l’Unesco, en 1985.

Ancien béal au niveau de Saint Jean du Gard

67


UNE ÉCONOMIE EN FOND DE VALLÉE ET DES VERSANTS OUBLIÉS - AUJOURD’HUI -

Le cas de Sainte-Croix-Vallée-Française

Parcelle résiduelle

Terrasses raréfiées au fourrage

Ruine isolée

Terrasses abandonnées

Ripisylve DÉMOGRAPHIE CÉVENOLE EN

2 017

Un fond de vallée non accessible

70 000 HABITANTS

68


Attention ! Ce paysage délaissé se rend vulnérable face aux risques d’érosion, de ruissellement, d’inondation, de sécheresse et d’incendie.

La région des Cévennes a expérimenté de fortes restructurations au cours du temps tant au niveau social, culturel et économique. L’exode rural, les débâcles agricoles et les crises économiques ont fait chuter la démographie et ont poussé les habitants restants à se tourner vers d’autres activités de production et une activité en fond de vallée. La pluriactivité et la polyculture sont devenues nécessaires pour se maintenir dans la région. Parallèlement, l’espace social des Cévenols s’est peu à peu dilaté. De nouveaux habitants néoruraux, retraités et habitants secondaires sont venus s’intégrer à la vie locale, créant des liens nouveaux avec les populations en place.

Nouvelles habitations et enfrichement

Les vallées cévenoles sont aujourd’hui dans une phase de renouveau. Ses habitants sont à la recherche d’une identité nouvelle et d’activités économiques alternatives. La valorisation de produits de terroir, tels que le fromage de chèvre (le pélardon), apparaît comme une solution efficace pour redynamiser le territoire. Face à cette problématique, je m’interroge sur le passé commercial et la tradition d’une agriculture à haute valeur ajoutée, combinés à la mixité sociale des habitants : 69


Quels impacts ont les cultures traditionnelles sur l’augmentation des risques de ruissellement, d’érosion et d’inondation ? Les nouveaux habitants représentent-ils une force pour la mise en place et la réussite d’un projet collectif ? LA FERMETURE DU PAYSAGE, TÉMOIN DE LA DÉSERTIFICATION Du fait de la déprise et des évolutions agricoles, la forêt a progressé en zone centrale du parc National des Cévennes de plus de 10 000 ha entre 1970 et 1992. Cette évolution a pour conséquence de nombreux impacts sur le paysage, la biodiversité et l’exercice des activités humaines gestionnaires de l’espace. Cette dernière a été tellement importante qu’aujourd’hui la majorité des vallées cévenoles sont recouvertes par la forêt. Seul l’espace agricole apporte une respiration dans le paysage. Cet espace ouvert est aménagé autour des hameaux, souvent à mi-pente, proche de

sources et points d’eau. Les prairies occupent les rares replats et fonds de vallée, comme nous pouvons le voir sur la succession de photographies aériennes. On peut retranscrire que ce paysage d’aujourd’hui n’est pas choisi. Il est devenu involontaire, échappant à tout contrôle. Il est le reflet des conséquences du déclin des pratiques agricoles rattrapé par la dynamique du végétal. Parole d’un agriculteur retraité : «Le paysage emblématique, on ne le voit plus. C’est comme si on avait tiré un rideau d’arbres» De plus, la fermeture des paysages pose problème pour la régularisation de la diversité des populations animales. La surpopulation des sangliers cause des dégâts sur les terres agricoles. Ces faits m’amènent à la nécessité de la gestion de l’espace forestier, pour

Fermeture progressive du paysage - Sainte-Croix-Vallée-Française D’après remonter le temps

1950 - 1965

2000 - 2005

Aujourd’hui

70


Effectivement, l’état des châtaigniers est préoccupant. Suite à un manque d’entretien, la dynamique de la châtaigneraie se transforme progressivement en jeune futaie où elle est mise en concurrence avec le chêne. Ce dernier, très peu représenté sur le terrain, est susceptible de concurrencer le châtaignier à long terme, car le châtaignier recouvre une partie de l’aire naturelle des chênes. Cette densification du boisement constitue-t-elle une opportunité de maintien des versants contre le ruissellement et l’érosion ?

La dynamique continue à évoluer vers le remplacement de la châtaigneraie par les essences forestières indigènes.

4

ÉVOLUTION DES PAYSAGES DES VERSANTS

atteindre des objectifs sociaux, écologiques et économiques et assurer sa longévité et sa composition à travers le projet de paysage.

Abandon de la gestion

Les taillis deviennent progressivement très fermés et apparaissent le genêt à balai, le chêne à feuilles sessiles, la callune vulgaire et la bruyère cendrée.

3

Avec l’abandon d’exploitation, les vergers évoluent vers les taillis et sont colonisés par la végétation. Progressivement, les espèces compagnes de la chênaie senssiliflore apparaissent.

2

Verger de châtaigneraie, cultivé et entretenue, elle constitue un milieu ouvert.

1

Gestion anthropique

Sainte-CroixVallée-Française

La vallée Française vers la fermeture du paysage Châtaignier Chêne vert

Le Pompidou

Gabriac

Feuillus Conifères Limite de le vallée Française

0

Moissac

2 km

71


ÉVOLUTION DE L’ORGANISATION SOCIALE ET TERRITORIALE DES CÉVENOLS

ÂGE D’OR DE L’ÉCONOMIE CÉVENOLE

«La culture sans sol»

E LA CHÂTAIGNERA ESSOR D IE EÀ

R RB

A

CASTANÉICULTURE Plantation généralisées des châtaigniers

SYSTÈME SYLVO-PASTORAL

1850

IN PA

Fin de l’aire de l’implantation des châtaigniers

POLYÉLEVAGE

Pâturage : -sous le couvert des châtaigniers -sous le couvert des chênes vert

E AI R L CU VER N A

A RBR RE

L

U

I

C CI

R SÉ

1500

1

TU

EXPLOITATION DES VERSANTS PAR LES CÉVENOLS

Épidémie de pébrine, la maladie du vers à soie

E D’OR Dé clin pro gre

1709

Gel des oliviers, grande plantation de mûriers

1700

1600

1857

ssif

1840

Production de 500 tonnes de soie dans l’arrondissement d’Alès : 1/4 de la production française

1860 Concurrence des soies d’Orient

1800

2 LES VERSANTS DES VALLÉES SONT DE PLUS EN PLUS EXPLOITÉS

E

LEVAG

POLYÉ

72


Développer une typologie d’agroforesterie comme outil de limitation des risques ?

1959

Création de la Coopérative laitière du Pélardon Coupe rase des 1956 châtaigniers, lié à la vente Maladie du des arbres aux Chancre usines à tanins de l’écorce (endothia)

Obtention de l’AOC Pélardon

A ba n do n Mévente + nouvelle coupe de bois

1870 Maladie de l’encre

Vers un renouveau de la châtaigneraie?

de s c hâtaigneraies REGAIN D’INTÉRÊT POUR LA CHÂTAIGNERAIE PAR LES NÉO-RURAUX

1980

Association fruit oubliés (Recense, collecte et diffuse les greffons)

1950

Concurrence du nylon à la soie naturelle

1938

80% de la production nationale de soie vient des Cévennes

1900

Première Guerre Mondiale

Seconde Guerre Mondiale

2010

Création de la CUMA châtaignes et petits fruits du Penédis

Valeur ajoutée Dynamique de transformation/ valorisation de la châtaigne

1965

Fermeture de la dernière filature en Cévennes (St Jean du Gard)

1968

Arrêt des subventions pour la sériciculture

2000 1970

Création du Parc National des Cévennes

3LES VERSANTS SONT

DÉLAISSÉS AU PROFIT DE LA FERMETURE DU PAYSAGE

Augmentation des risques d’érosion, de ruissellement, d’inondation

ABANDON DES BANCELS, DÉVELOPPEMENT DU STADE FORESTIER

73

Les versants cévenols sont progressivement délaissés au fur et à mesure des différentes crises sanitaires, écologiques, politiques, économiques. Alors que, les cevenols présentaient une incontestable unité physique et climatique avec leur territoire : exploitation et maintien des versants, utilisation du matériel rocheux pour la mise en place d’un système de terrasses hydrauliques... Elle repose sur une conception de la vie rurale : le Cévenol. Cependant, le système de terrasses ne peut être considéré comme une solution efficace contre l’érosion des sols qu’à une seule condition : qu’il soit entretenu régulièrement, ou si non, il augmente le ruissellement. Ainsi, je peux dire que la stabilité écologique des paysages dépend de la stabilité de la relation entre nature et culture et du maintien de la mosaïque d’utilisation des terres. Même si cette conception territoriale a été pour une partie abandonnée suite à la déprise agricole, des opportunités sont présentes. Notamment, un regain d’intérêt, accompagné d’actions localisées orientées vers l’élevage caprin, pour la production fromagère, ou diverses productions (petits fruits, oignon, plantes médicinales...).


DIAGNOSTIC DE MI-PARTIE : DES PROCESSUS EN CHAINE

Le cas de Sainte-Croix-Vallée-Française

PROB

LÉMA TIQU E

DE M AIN TI

1DES TERRES DÉLAISSÉES,

ENT

DE S

ABANDON DES PRATIQUES AGRICOLES ANCIENNES

VE

RS

AN TS

Perte du petit patrimoine vernaculaire et des points de vues dégagés de la vallée

Versants difficiles d’accès, une vie collective limitée en fond de vallée

4UNE RESSOURCE EN EAU IRRÉGULIÈRE

Difficulté d’alimentation en eau pour les exploitations et les habitants 74

Un cours d’eau en fil d’eau qui se transforme rapidement en torrent lors des crues


PROCESSUS

Ce que ça engendre sur ce territoire

Difficulté à maintenir des paysages ouverts, de moins en moins d’estive

Habiter ce territoire, qu’est ce que c’est?

Le manque d’entretien des versants associé au changement climatique entraîne et augmente le risque d’inondation, d’érosion et de ruissellement. Cependant, les opportunités sont là, les ouvrages subsistent en partie, et les connaissances culturelles ne sont pas perdues : en particulier le dispositif d’aménagement hydraulique, le potentiel du renouveau de la châtaigneraie ou encore celui du système d’agro-sylvo-pastoralisme.

2 UN TERRITOIRE DE MOINS EN MOINS ATTRACTIF

Dans l’idée d’une prospective durable, ce contexte doit émerger à travers une transition agroécologique,

Une difficulté à trouver des repreneurs

Par exemple, l’agro-sylvo-pastoralisme pourrait permettre d’améliorer les performances des systèmes agricoles dans une perspective agroécologique. Il constitue un levier potentiel pour tendre vers une approche agorécologique et multifonctionnelle des paysages dans l’objectif de limiter les risques que confère ce climat méditerranéen.

3

UNE DYNAMIQUE VÉGÉTALE CROISSANTE = FUTAIE SUR SOL INSTABLE

Il ne s’agit pourtant pas de prospecter une patrimonialisation du paysage, mais de trouver un équilibre entre la protection des versants et l’évolution économique du territoire et des exploitations agricoles. Il s’agit de protéger sans figer ce petit patrimoine hydraulique du passé et de s’en inspirer tout en répondant aux attentes techniques et contraintes agricoles du XXIème siècle, en les ajustant à l’évolution des aléas climatiques.

Chute, glissement de terrain, intensifiés avec la pression du gibier La fermeture du paysage devient dangereux pour les habitants 75


II - LA PLAINE DU GARD : DU TERRITOIRE RESSOURCE AU TERRITOIRE PRODUCTIF UNE PLAINE FAÇONNÉE PAR LES DIFFÉRENTES CRUES

TRAJECTOIRES HISTORIQUE DU GARDON DANS LA PLAINE Nous avons appris que les milieux ruraux de la plaine du Gard sont marqués par une grande diversité de situations et d’espaces. Ces milieux sont caractérisés au fur et à mesure des siècles par de nombreux changements.

Ager : vigne, céréale, veger

POLYCULTURE MÉRIDIONALE

Silva : Exploitation du bois

UNE POLYCULTURE MÉRIDIONALE L’agriculture de la France du Midi s’est préoccupée avant tout, durant des siècles, de produire ce qui permettait de satisfaire les besoins familiaux : le pain, le vin, les légumes, la viande, la laine... Les objectifs n’étaient pas de gagner de l’argent, mais de produire sur ce territoire ressource. À partir de l’antiquité vont se définir trois typologies de territoires agricoles. Cette différentiation correspond à des transformations profondes du territoire rural et est à la base de la nouvelle stratégie agricole post-brûlis : -L’ager : les zones cultivées à proprement parler : céréales, légumineuses. Ce sont des zones ouvertes, principalement labourées. -Le saltus : zones peu ou pas exploitées. Il comprend les prairies permanentes, les garrigues et tout un ensemble de zones semi-naturelles ripisylves, broussailles, zones humides... Le bétail entretien ces lieux intermédiaires. -La silva : la forêt sauvage ou exploitée 76

Saltus : pâstoralisme

pour le bois de chauffe. La plaine du Gardonnenque a vu son système agraire changer conformément à ces trois composantes : - La plaine alluvilale de plus en plus cultivée pour la viticulture, les céréales et les fruitiers. -Les vallées reculées, pour l’exploitation du bois et des forêts (notamment de chênes verts). Ils étaient exploités en taillis de coupes pour le bois de chauffe. -Les garrigues, pour l’élevage, troisième élément de ce système agro-sylvo-pastoral, constituait, jusqu’au siècle dernier, le second pilier de l’économie rurale. L’élevage occupant la grande majorité des garrigues, c’est-à-dire les «mauvaises terres». Le pacage se faisait alors dans les friches, garrigues ou les bois clairs durant l’automne, l’hiver et une partie du printemps. Durant les mois d’été, les troupeaux étaient conduits aux pâturages d’altitude, des vallées cévenoles et Mont Aigoual, via un réseau confluant de draille.


Silva : Exploitation du bois Le

Ga

rdo

n

Ager : viticulture

Saltus : pâturage des garrigues

Extrait de la carte de Cassini au niveau de la plaine de la Gardonnenque - 1 750

Le Gardon étalé

Viticulture croissante sur la plaine alluviale Représentée en mauve-gris

Pâturage des garrigues Extrait de la carte de l’État Major au niveau de la plaine de la Gardonnenque - 1 850

77


SECOND EMPIRE (1852-1870) : LE GARDON S’IDENTIFIE À LA PLAINE

DÉMOGRAPHIE DE LA PLAINE DE LA GARDONNENQUE EN

1850

12 000 HABITANTS

À la fin de l’Ancien Régime, la polyculture méditerranéenne est toujours présente depuis plus de deux millénaires. En amont de la plaine et des pertes du Gardon (système karstique), le nombre important de moulins est le reflet de l’importance de la transformation locale des récoltes et de l’efficacité de l’énergie hydraulique du cours-d’eau face à celles animales ou humaines. Les paysans cultivent pour les besoins vivriers et portent une attention fine au sol. Ils soignent leur territoire agricole car il est l’unique ressource essentielle à leur survie. L’agriculture est fondée sur la triade céréales, vignes, et oliviers. Elle est localisée sur les terres les plus fertiles de la plaine et des piémonts cévenols.

Pendant le second empire, je peux observer une relation société/nature forte. Les terres sont exploitées de façon intelligente. Le cours-d’eau est utilisé pour son énergie mais son espace de liberté lui est laissé ce qui lui permet de s’étaler lors des crues. L’hydrosystème et le sociosystème se complètent. Ainsi, le paysage de la plaine est façonné par les crues soudaines et rapides et par l’activité agricole qui gère durablement de ce paysage.

EAU -Le Gardon façonne le paysage, ses nombreuses ondulations sont ouvertes sur la plaine - Une place importante de zone de liberté du cours d’eau AGRICULTURE -Les collines des garrigues sous pression du pastoralisme -Des cultures diversifiées avec une tendance pour la viticulture

Un lit majeur étalé

78


79


LES ANNÉES 1950 : LA PRESSION D’UNE MONOCULTURE SUR LE GARDON Au XIXème siècle, ce système polycultural change et les sociétés rurales évoluent. Les agriculteurs cessent d’être des paysans vivant de la polyculture et deviennent des viticulteurs qui achètent désormais leur nourriture et vendent leurs vins pour subvenir à leurs besoins. DÉMOGRAPHIE DE LA PLAINE DE LA GARDONNENQUE EN

1950

8 500 HABITANTS

Le territoire se tourne vers une production de masse et instaure une pression par l’exploitation des terres sur les espaces d’extensions des crues. Le cours d’eau voit son espace de liberté se restreindre et la viticulture se spécialise et créée la nouvelle économie du territoire. Le rapport au sol et les paysages sont totalement modifiés par une mer de vignes. Le pastoralisme est en chute et entraîne la fermeture des paysages de garrigues. Pourtant, la viticulture au cours de XIXème siècle va rencontrer plusieurs

crises sanitaires, économiques, climatiques, mais c’est surtout la concurrence des autres régions qui fera effondrer le cours des vins et entraînera l’extension des vignobles. Pour faire face, les vignerons se regroupent en coopérative. Ce regroupement permet d’affronter cette crise viticole avec la mise en commun de moyens pour améliorer l’efficacité de la vinification et de la vente et illustre un mouvement de solidarité face aux aléas climatiques. L’INTENSIFICATION DU TERRITOIRE PRODUCTIF BOUSCULE L’USAGE DE L’EAU Les usages préleveurs, en eau, les plus importants sont l’alimentation en eau potable et l’agriculture. Les prélèvements industriels restent modestes à l’échelle du bassin. EAU -Un cours d’eau moins méandreux -Une ripisylve de plus en plus importante -Aménagement des cours d’eau AGRICULTURE -Développement des coopératives viticoles suite au déclin agricole de 1900-1950, uniformisation du paysage

Un lit majeur de plus en plus exploité

-Perte du pastoralisme

80


Un dialogue conflictuel entre les hommes le territoire

Le cours d’eau de l’Esquielle, dans la plaine de la Gardonnenque remanié

Les prélèvements agricoles sont très marqués l’été. Les restrictions sur les usages sont mises en place de manière récurrente par les arrêtés sécheresse afin de préserver les conditions de vie minimales du milieu aquatique et les usages prioritaires. D’après le SAGE des Gardons, les prélèvements nets agricoles annuels totaux sur l’ensemble du bassin-versant, estimés par application d’une surconsommation de 30% aux besoins théoriques des plantes, s’élèvent en année quinquennale sèche sur la période 1997-2011 à près de 4,4 Mm3. Le mois de pointe (juillet), le prélèvement net agricole s’élève à 1,2 Mm3 (près de 30% du prélèvement net annuel), soit un débit de 465 l/s. Ne doit-on pas promouvoir une agriculture adaptée à la disponibilité de la ressource en eau ?

INTERFÉRENCE DE LA PRESSION URBAINE SUR L’ORGANISATION AGRICOLE La plaine de la Gardonnenque se situe dans l’aire d’influence des agglomérations nîmoise et alésienne. De ce fait, elle connaît depuis 10 ans, une croissance démographique rapide et des infrastructures de plus en plus imposantes qui viennent exercer également une pression sur l’hydrosystème. Associée aux aménagements hydrauliques perturbateurs et à la pression de la viticulture sur le cours d’eau : la plaine prend forme d’un paysage désorganisé sous tension. Pour répondre à l’intensification de la production (extension des surfaces et irrigation) et à une forte pression urbaine, de nombreux aménagements de cours d’eau 81


AUJOURD’HUI : UN PAYSAGE DÉSORGANISÉ SOUS TENSION

Perte de 65% des plaines alluviales La Calmette La Braune

Un

e ripisy

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6

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Moussac Le on rd

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82


DÉMOGRAPHIE DE LA PLAINE DE LA GARDONNENQUE EN

2019

24 000 HABITANTS

Bassin colinéaire de l’Esquielle

ont été réalisés : dragage (approfondissement du lit), canalisation (bétonnage des berges et parfois du fond), endiguement (augmentation de la hauteur des berges pour éviter le débordement des eaux), mais aussi rectification du cours (recoupement des méandres) et recalibrage (augmentation de la capacité du lit en modifiant sa profondeur et sa largeur). Ces aménagements visaient souvent à des objectifs légitimes, pour protéger des inondations les terres cultivables et les habitations, lutter contre l’érosion des berges, produire de l’énergie, irriguer, alimenter en eau potable les hommes et le bétail. Néanmoins, ces ouvrages ont souvent été conduits dans l’ignorance des fonctionnements hydrologique et écologique des systèmes fluviaux. Ces aménagements ont modifié de façon durable les composantes physiques des cours d’eau : pente, profondeur, vitesse du courant, forme des berges. Ils ont des répercussions directes et indirectes sur le fonctionnement des écosystèmes, pas toujours prévisibles à long terme. Ils induisent une diminution de la diversité naturelle des habitats et des espèces présentes. Et surtout, ils augmentent considérablement le risque d’inondation, alors qu’il est lui même de plus en plus accentué par le changement climatique. De plus, contrairement au XIXème siècle, les garrigues ne sont plus ou peu exploitées. Aujourd’hui, l’agriculture est localisée exclusivement dans la plaine. Elle n’est pas adaptée au contexte climatique et géomorphologique du territoire, comme pouvait l’être le système méridionnal.

83


UNE PLAINE QUI VIT AU FUR ET À MESURE DES CRUES

À partir du début du XXIème siècle, je peux observer une nouvelle implication liée à l’eau à travers les acteurs avec la création du premier SAGE en 2001. Ce document de planification souligne l’action directe sur le linéaire du cours d’eau et l’aménagement de gros ouvrages monofonctionnels, dont les décisions échappent aux agriculteurs.

La population urbaine progresse d’un tiers, le revenu moyen augmente et la consommation de vin passe de 51 litres par personne à 80 litres

IMPLICATION LIÉE À L’EAU

VITICULTURE

u ult Développement import ant de la vitic

re

En résumé, les paysages de la plaine ont fortement changé au fil des siècles, selon deux facteurs primordiaux : -Les aléas climatiques que confère le climat méditerranéen avec la mise en tension entre de forts épisodes pluvieux entraînant les cours d’eau en crue et des épisodes de sécheresse où la ressource en eau manque. -Les activités humaines avec le changement de système agraire et une agriculture gourmande en eau qui s’intensifie en plaine.

AGROPASTORALISME

1600

Carte de Cassini - 1750

1700

1800

Carte de l’État-major - 1820


Vers quelle gestion de demain?

EXODE RURAL (1900-1950)

SECOND EMPIRE (1852-1870)

Années 1950

Le barrage de Sainte-Cécile-d'Andorge situé sur le Gardon d'Alès

Crises viticole, coopération viticole.

Nouvelle forme d’implication 1er PAPI

Site internet de l’observatoire NOE

Création du syndicat des Vignerons Indépendants de France

2020

2010

1992

1976

Crise du phylloxéra

2006

2002

2014 2002 2005 1988 1992

Crue 1907

1863

Bassin colinéaire du cours d’eau de l’Esquielle

Création du premier SAGE des Gardons

1967

1958

2011

27/02/2001

Aménagement et rectification des cours d’eau

Crise financière : beaucoup de viticulteur sont en dessous du seuil de pauvreté

Création IGP Cévennes

Valorisation des filières courtes - vente directe 20 caves coopératives 50 caves particulières

Années 1980

Années 1880

Disparition des petits métiers liés à l’exploitation de la forêt, déclin du pastoralisme

Suite du déclin pastoral

Péri-rubanisation, disparition de nombreuses activités des garrigues, amorce de démarche de qualité

1840 Développement du chemin de fer

1900

Première Guerre Mondiale

Seconde Guerre Mondiale

Photographie ancienne - 1950

2000

Photographie aérienne - Aujourd’hui


DIAGNOSTIC DE MI-PARTIE : DES PROCESSUS EN CHAINE

4 UNE FILIÈRE VITICOLE Un cours d’eau au service de cette monoculture

DÉPENDANTE DES ALÉAS CLIMATIQUES

Crise de la viticulture, incertitude face à des rendements décroissants

1PRESSION

DÉMOGRAPHIQUE

2RIPISYLVE DENSE ET

Dynamique de zone dortoir?

INFRANCHISSABLE

Imperméabilisation des sols = ruissellement Lotissements peu intégrés

Relation cours d’eau-société absente Perte de terres fertiles

86

Enfrichement, difficulté d’entretien (embacle). Perte de zone d’extension des crues


PROCESSUS

Ce que ça engendre sur ce territoire

PROBLÉMATIQUE DE LA RESSOURCE EN EAU

3 PERTE DES PRATIQUES AGRICOLE ANCIENNES (PASTORALISME)

Perte de points de vue qualitatifs, chemin difficile d’accès

Enfrichement, fermeture du paysage = augmentation du risque incendie

87

Habiter ce territoire, qu’est ce que c’est?

Le territoire ressource a évolué vers un territoire de production intense, comme nous avons pu le voir. De ce fait, des éléments structurants tels que le pastoralisme ovin transhumant s’éffondrent. Les zones d’extension des crues ne sont plus pâturées, la ripisylve se densifie et devient infranchissable. Des problèmes de gestion et la création d’embâcle sont alors recensés. La viticulture s’impose dans la plaine tout en traversant de nombreuses crises... Cette pression réduit l’espace de liberté du Gardon. Toutefois, comme pour tout territoire typé, des pistes s’ouvrent aujourd’hui à une agriculture de terroir (labélisation du vin), valorisant des démarches qualitatives répondant à des besoins sociaux et environnementaux. L’analyse de l’évolution de ce système agro-sylvo-pastoral m’apporte alors des clés de lecture de la situation actuelle et des enjeux de demain, où l’enjeu primordial est de retrouver du lien entre fonctionnement hydraulique et occupation humaine.


UNE AGRICULTURE DÉPENDANTE DE LA RESSOURCE EN EAU L’une des conditions majeures pour le maintien et le développement de certaines activités agricoles en territoire cévenol et méditerranéen est l’accès à l’eau d’irrigation. DES OUVRAGES HYDRAULIQUES ANCIENS CONSOMMATEURS D’EAU Les béals cévenols dont le prélèvement représente souvent une importante partie du débit du cours d’eau en étiage, mais qui desservent des usages dont Béals au niveau de Saint-Jean-du-Gard

les besoins sont relativement faibles. Leurs prélèvements bruts dépassent de beaucoup les prélèvements nets. Leur impact local sur le cours d’eau peut être ainsi fort, en dépit d’un prélèvement net faible. Or, les exploitations sont souvent de petite taille, et face aux contraintes actuelles du marché, elles sont relativement vulnérables. L’irrigation est nécessaire au maintien de ces exploitations. La mise en conformité de ces systèmes d’irrigation pourrait mettre en péril les exploitations agricoles. Face à cet entretien de plus en plus conséquent et contraignant, les cévenols se tournent vers le pompage de la rivière et envisagent la création/construction de bassin de rétention en eau. Est-ce vraiment des solutions durables ? Ne doit-on pas réfléchir à l’expérimentation agricole au vu d’une adaptation agro-écologique et multifonctionnelle du territoire ? UNE PLAINE CONSOMMATRICE EN EAU Alors que dans la plaine de la Gardonnenque, productive et intensive, majoritairement en viticulture, pose problème pour l’irrigation lors des épisodes de sécheresse où la ressource en eau devient une denrée rare. Les périmètres d’irrigation sont gérés par BRL : -Des prélèvements sont réalisés dans l’Urgonien : 1,1Mm3 pour les deux forages en 2015. Ces prélèvements desservent une

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soixantaine d’agriculteurs et contribuent également à l’alimentation en eau potable de quelques collectivités pour environ 15% de la production, et à l’alimentation de quelques industriels pour un peu plus de 25% de la production. La part liée aux besoins agricoles représente environ 60%

Système d’arrosage observés dans la plaine de la Gardonnenque

Le secteur Gardonnenque bénéficie pour une partie de son territoire d’un réseau d’eau brute alimenté par un forage profond dans la nappe. Ce dernier est toutefois saturé et une augmentation des quantités extraites n’est pas souhaitable compte tenu de la fragilité quantitative de cette ressource, également utilisée pour l’alimentation en eau potable. Les perspectives d’extension du réseau d’irrigation pourraient évoluer avec la possibilité de se connecter à l’adducteur d’eau actuellement à l’étude entre Nîmes et Alès. Toutefois si l’extension du réseau peut être une option à moyen terme pour une partie du territoire, il est aussi nécessaire de travailler sur des formes d’agriculture moins consommatrices en eau afin de répondre aux enjeux de la ressource en eau et du réchauffement climatique. Objectif : Promouvoir une agriculture adaptée à la disponibilité ou non de la ressource en eau. Piste d’action : Promouvoir le développement de cultures méditerranéennes traditionnelles et de productions adaptées. Prendre part au débat sur l’adducteur en eau. 89


SYNTHÈSE DES PROBLÉMATIQUES LIÉES À LA RELATION DE L’HYDROSYSTÈME ET DU SOCIOSYSTÈME

F RA

Aléa climatique

Pression du gibier

671

560 270 1800

1850

Apogée économique cévenol

GIL I

Exemple de Sainte Croix Vallée Française

855

1900

1950

FAIBLE ENTRETIEN/ EXPLOITATION DU PAYSAGE

O

SA TI

N DÉGRADENT

IMPACTE DÉSTABILISE

AUGMENTE

MOYEN A PERME NTHROPIQU E TTANT D LIMITE R LES R E ISQUES Ruissellement Glissement de terrain Érosion Éboulement

EMPORTENT DÉGRADENT

g Au

-Petit patrimoine hydraulique bâti -Terre exploitable (terre végétale et végétation)

t en m at

io n

de l’alé a

AC DE CÉLÉ R S RU EAU ATIO ISS ELL X DE N EM EN T

-MONTÉE DES EAUX -PROBLÈME DE SOUTIEN D’ÉTIAGE

-Augmentation du débit du cours d’eau -Pression/Chute CRÉATION D’EMBÂCLE -Accumulation de la terre en fond de vallée

Piémont

Vallée Cévenole 90

305 2000

Source : Insee

Démographie

CONCLUSION DE PARTIE


Le risque naturel évolue ainsi : Aléas x impacts

Risque =

Moyens x connaissances

Au g

-L’aléa est une manifestation, de fréquence et d’intensité données, pour un phénomène naturel, ici les épisodes méditerranéens est l’un des facteurs du risque. -L’impact est des facteurs qui augmentent le risque du territoire. -Le risque diminue avec la connaissance et les moyens mis en œuvre.

m

en

tation de la vulnérabi lité Plaine

Diminution des étendues humides

intensive (viticulture)

Ripisylve dense, peu entretenue

Augmentation du risque

Développement de l’urbanisme

DÉGÂTS À L’AVAL

En conclusion de partie, je peux affirmer que l’hydrosystème et le sociosystème s’impactent mutuellement. Pour qualifier leurs relations, j’ai réalisé un schéma synthétique qui décèle des enjeux différents entre vallées cévenoles et plaine : Les communes situées en amont des zones inondées ont une responsabilité au regard de l’ampleur du phénomène et du risque en aval. Tandis que dans les parties classées zone inondable, autrement dit la plaine méridionale, ont leurs parts de responsabilité par l’augmentation, non pas de l’aléa, mais de la vulnérabilité. Je me pose alors la question de la solidarité amont-aval : Comment anticiper ces risques à travers une complémentarité territoriale entre vallées cévenoles et plaine du Gard ? À la recherche d’un nouveau récit de cette culture homme-territoire d’un système hydraulique atypique. J’émets l’hypothèse que tendre vers des actions publiques par une matérialité physique de bassin-versant plutôt que marquer par la linéarité du cours d’eau, la sectorisation et le morcellement des responsabilités, permettraient d’évoluer. Mais quand est-il aujourd’hui de la planification en vigueur du territoire pour limiter ces risques ? C’est ce que je vais examiner dans une troisième partie.

Plaine de la Gardonnenque


92


03 Les Gardons, quelle planification locale en vigueur face aux risques LE CONTEXTE INSTITUTIONNEL ET DOCUMENTS CADRES Dans cette troisième partie, je vais m’intéresser aux acteurs du territoire pour comprendre leur rôle et leur implication sur le territoire. Cela me permettra de confronter ce mode de gouvernance aux conditions favorables au projet de paysage, et de faire le point de l’avancement de la politique des risques sur le territoire.

> Le Gardon de Sainte-Croix à Sainte-Croix-Vallée-Française 93


LE CONTEXTE INSTITUTIONNEL ET DOCUMENTS CADRES Pour rappel : le bassin-versant des Gardons est un vaste territoire qui unifie et connecte la haute montagne à la plaine. Celui-ci est un entrelacs de composantes et de réalités géographiques, écologiques, culturelles et économiques qui descendent graduellement de la montagne vers la vallée en se diversifiant, tout en restant étroitement liées entre elles. La gestion du cours d’eau du Gardon, cours d’eau méditerranéen, est un sujet clé face au défi du changement climatique : celui de l’adaptation aux risques d’inondation et à la tension sur la ressource en eau. Face à ces enjeux primordiaux, quels outils gèrent actuellement les risques et préservent un patrimoine lié à l’eau ? Dans quelle mesure le risque peut-être source de projet ? UNE GESTION : EPTB GARDONS

*Le contrat de rivière permet de mobiliser des financements prioritaires pour le territoire afin de conduire des actions visant à améliorer la ressource en eau, en quantité et en qualité, et les milieux aquatiques. PGCR*, il s’agit d’une étude, menée par l’EPTB Gardons en 2007 dont l’objectif était d’établir un diagnostic complet de l’état de la ressource en eau sur le plan quantitatif afin de donner un cadre pour une gestion adaptée à la situation sur le bassin-versant.

L’EPTB ou Établissement Public Territorial de Bassin Gardons est le syndicat de rivière qui est en charge des questions de l’eau à l’échelle du bassin-versant des Gardons. Le syndicat intervient dans les domaines du risque inondation, de la ressource en eau et de la préservation et la reconquête des milieux aquatiques. Il assure la gouvernance et la programmation des actions. Parmi les actions portées, il est possible de lister l’entretien des cours d’eau, la réalisation et l’exploitation d’ouvrages hydrauliques, la sensibilisation aux économies d’eau et à l’amélioration de la qualité de l’eau, les travaux de lutte contre les espèces invasives et ceux relatifs à la restauration des cours d’eau. L’EPTB est la structure porteuse de documents de planification : le Schéma 94

d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE), le Contrat de Rivière*, le Plan d’Actions et de Prévention des Inondations (PAPI), le Plan de Gestion de la Ressource en Eau* (PGRE). Cette structure est composée principalement de techniciens environnementalistes répartis selon trois secteurs : entretien des cours d’eau, ressource en eau et gouvernance et prévention des inondations et milieux aquatiques. L’EPTB Gardons est le reflet d’une vision sectorielle au regard de l’environnementaliste. Il est le secrétariat de la Commission Locale de l’Eau (CLE), c’est-à-dire que c’est lui qui réalise les études nécessaires à l’élaboration et à la mise en œuvre des documents de planification. La CLE est une assemblée délibérante sous l’égide de laquelle est élaboré ou révisé le projet de SAGE et, est également chargée de suivre l’application du SAGE. Elle est composée de trois collèges : -Le collège des collectivités territoriales, de leurs groupements et des établissements publics locaux (au moins la moitié des membres) -Le collège des usagers, des propriétaires fonciers, des organisations professionnelles et des associations concernées (au moins le quart des membres) -Le collège de l’État et de ses établissements publics (le reste des membres). La CLE est une opportunité pour tendre vers des relations multilatérales entre acteurs à l’échelle du bassin-versant, plutôt qu’une vision sectorielle environnementaliste.


MÉTHODOLOGIE DE LA CONNAISSANCE DU RISQUE La connaissance du risque est classiquement basée sur l’identification de l’aléa lié au phénomène naturel et des enjeux qui y sont soumis. L’A

L’

LE

EN

A

JE

+

L’aléa est la manifestation d’un phénomène naturel

U

Les enjeux exposés correspondent à l’ensemble des personnes et des biens (enjeux humains, socioéconomiques et/ou patrimoniaux)

Ba ss

> Définition établie d’après le PPRI

=

RI

SQ

UE

Le risque est la potentialité d’endommagement brutal, aléatoire et/ou massive suite à un aléa, dont les effets peuvent mettre en jeu des vies humaines et occasionner des dommages importants.

-versant des in Gar do ns

La connaissance du risque repose sur l’histoire, la mémoire collective et les études techniques et les relevés. Le changement climatique n’est donc pas encore intégré dans les documents. Les études prospectives en sont au stade de la connaissance, de la sensibilisation et d’études encore internes.

Zone inondable PPRI à élaborer Commune prioritaire pour la mise en place d’action de réduction de vulnérabilité du bâti Zoom (cf page 96)

0

Carte des zones inondables du bassin-versant des Gardons > D’après le SAGE des Gardons : Poursuivre l’amélioration de la gestion du risque inondation 95

5 km


> D’après le PPRI du Gardon de Saint-Croix, carte des enjeux - zoom sur Sainte-Croix-Vallée-Française

Les Cévennes et la plaine sont sujettes aux inondations. Les vallées cévenoles ont un enjeu fort en fond de vallée, tandis que dans la plaine l’enjeu d’inondation est étendu jusqu’aux villages situés légèrement en hauteur. Les cartes illustrent l’enjeu de la complémentarité territoriale entre amont-aval : mais quelles sont les actions et les modes d’intervention ?

Risque d’inondation modérée Risque d’inondation fort

0

200 m

> D’après le PPRI du Gardon, carte des aléas/enjeux Enjeux

> D’après le PPRI, carte des aléas/enjeux

Aléa de plus de 2,50m Aléa compris entre 1,50m et 2,50m Aléa compris entre 0,50m et 1,50m Aléa inférieur à 0,50m Lit majeur géomorphologique/ historique 0

Brignon Moussac St Chaptes

St Anastasie

St Geniès

La Rouvière La Calmette Fons

St Mamert

96

4 km


Les cours d’eau méditerranéens et leurs territoires sont le lieu de processus hydrosédimentaires, de fonctionnements écologiques et de pratiques de gestion spécifiques. Ils permettent d’aborder de façon originale les relations Nature/Société, car ils se situent dans un espace affecté par des enjeux contradictoires. La pression démographique, amplifiée éventuellement par les choix de développement touristique ou agricole, suscite une forte demande en eau, qui se heurte à de graves problèmes de pénurie. Les aménagements fluviaux, qui ont caractérisé les décennies d’après-guerre, ont entraîné des conséquences morphologiques, sédimentaires et écologiques considérables. Aujourd’hui, il est nécessaire de changer de paradigme pour penser les relations entre les milieux naturels et les sociétés. La question des fortes crues suite aux fortes précipitations se pose de façon récurrente, soit en termes de risques d’inondation, de risque de glissements de terrains, d’érosion des sols. De fait, les cours d’eau méditerranéens sont devenus l’objet d’enjeux écologiques, économiques et sociaux forts, relevant de questions scientifiques et opérationnelles importantes. Tous ces points soulignent la fragilité des hydrosystèmes méditerranéens, les problèmes générés pour le maintien de la ressource en eau et le risque d’inondation. Des cours d’eau tiraillés par un manque d’eau et trop d’eau. Ces territoires sont d’autant plus vulnérables face au défi du changement climatique.

La présence du syndicat EPTB Gardons est un début en terme d’étude, de connaissance et d’information. Cependant, face à cette vulnérabilité du territoire, intensifiée par le réchauffement climatique, les acteurs à l’échelle locale ne sont pas prêts. Les risques à venir ne sont pas encore intégrés, alors que l’enjeu est de s’en saisir dès maintenant pour infléchir les tendances climatiques. Au niveau de la gouvernance les restrictions sont en marche avec le partage de responsabilités GEMAPI (La gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations). La GEMAPI est une compétence confiée aux intercommunalités par les lois de décentralisation depuis le 1er janvier 2018. La réforme concentre à l’échelle intercommunale des compétences précédemment morcelées. Le bloc communal peut ainsi concilier urbanisme et prévention des inondations par une meilleure intégration du risque d’inondation dans l’aménagement du territoire, notamment à travers les documents d’urbanisme et par la gestion des ouvrages de protection mais aussi concilier urbanisme et gestion des milieux aquatiques en facilitant l’écoulement des eaux et en gérant des zones d’expansion des crues. La réforme conforte également la solidarité territoriale : elle organise le regroupement des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre au sein de structures dédiées ayant les capacités techniques et financières suffisantes pour exercer ces compétences, lorsque le bloc communal ne peut pas les assumer seul à l’échelle de son territoire. Cette compétence GEMAPI permettrait d’aider à la concrétisation des projets. 97


LES OUTILS ET LES INTERVENTIONS LE SAGE Le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux est un outil de concertation et de planification, ayant une portée juridique, qui fixe collectivement des objectifs et des règles pour une gestion globale, équilibrée et durable de l’eau, sur un périmètre cohérent : le bassin-versant. Il rassemble riverains, usagers, collectivités et administrations sur le territoire autour d’un projet commun : satisfaire les besoins de tous tout en préservant l’environnement. Il a pour vocation la définition et la mise en œuvre d’une politique locale cohérente en matière de gestion de l’eau et des milieux aquatiques, portée par la CLE, et contribue à la mise en œuvre des réglementations nationales et européennes dans la perspective d’un développement durable prenant en compte la préservation du patrimoine « eau et milieux aquatiques ».

Néanmoins, le risque est bien entendu toujours fortement attaché au territoire, essentiellement au regard de son exposition aux phénomènes cévenols et de sa forte vulnérabilité. Ces caractéristiques intrinsèques au bassin-versant ont conduit à une évolution progressive d’une politique d’aménagement vers une politique de prévention. L’objectif du SAGE est de développer une véritable conscience du risque auprès de la population et des acteurs de l’eau, et d’adapter les modalités de protection à la situation particulière du bassin. Aussi, la stratégie se décline sur les grands axes suivants : Renforcer et développer la conscience du risque, notamment par une forte sensibilisation de la population et des élus Poursuivre le développement des connaissances Optimiser la gestion de crise

Historique du SAGE des Gardons :

Cesser l’exposition à la vulnérabilité des enjeux actuels et développer des actions de réduction aux risques des enjeux futurs

Révisé en 2009

*CLE (Commission Locale de l’eau) Il s’agit d’une assemblée regroupant les acteurs locaux de l’eau (élus, usagers, représentants de l’Etat) selon une clé de répartition cadrée par le Code de l’Environnement.

Adopté le 27 février 2001

SAGE

Nouvelle version adoptée le 20 décembre 2013, par la CLE

Approuvé par les Préfets du Gard et de la Lozère le 18 décembre 2015

Favoriser les actions de ralentissement des écoulements et s’appuyer sur les fonctionnalités des cours d’eau pour réduire les impacts des crues. Poursuivre les efforts de protection des enjeux forts.

98


Le PAPI Les Programmes d’Actions de Prévention des Inondations visent à promouvoir une gestion intégrée des risques d’inondation afin d’en réduire les conséquences dommageables sur les territoires, les habitations, les biens et les activités. Sa stratégie mise en place est cohérente et s’intègre dans la politique définie par le SAGE. AXE 1

AXE 2

Amélioration de la connaissance et renforcement de la conscience du risque par des actions de formation ou d’information Amélioration de la surveillance et des dispositifs de prévision

AXE 3

Alerte et gestion de crise AXE 4

Prise en compte du risque inondation dans l’urbanisme

AXE 5

Actions de réduction de la vulnérabilité des personnes et des biens

PRÉVENTION / INFORMATION

Sensibilisation dans les établissements scolaires Formation des élus Observatoire du risque départemental (NOE)

Système de vigilance développé au niveau national (vigilance Météo France et vigicrue du Service de Prévision des Crues Grand Delta) Déploiement des Plans Communaux de Sauvegarde / Mise à jour et exercice pour les communs disposant d’un PCS Réalisation et révision de Plans de Prévention du Risque Inondation

PPRI

Relocalisation des habitations jugées dangereuses pour leurs occupants / Réduction de la vulnérabilité de l’habitat et des bâtiments publics

AXE 6

AXE 7

Action de ralentissement des écoulements à l’amont des zones exposées

Travaux d’entretien de la végétation menés par l’EPTB Gardons,

Amélioration et développement des aménagements collectifs de protections localisées des lieux habités

Étude concernant les digues du bassin-versant Travaux de protection de berge Travaux de confortement et de prolongement de la digue d’Anduze 99

AMÉNAGEMENT


UNE SOLUTION : RÉPONSE DES AMÉNAGEMENTS MONOFONCTIONNELS L’EXEMPLE DE LA RETENUE COLLINÉAIRE DE L’ESQUIELLE

*Monofonctionnel : qui a une seule fonction

Alors que depuis des décennies les hommes se sont adaptés au tiraillement entre pas assez d’eau et trop d’eau, les évolutions aménagistes des cours d’eau des dernières décennies ont pu mettre à mal ce dialogue entre les hommes et ce territoire difficile. La solution couramment apportée par les acteurs du territoire consiste à limiter le risque d’inondation, par des aménagements monofonctionnels*, et souvent drastiques, conçus après catastrophe.

Carte des précipitations des 8 et 9 septembre 2002

D’après BRL Ingénérie

ANDUZE 600mm

2002 Il permet de créer un plan d’eau en cas de crue de l’Esquielle de 800 000 m3 sur 17 ha

687 mm de précipitations à Anduze en moins de 24 heures 22 victimes

!

on : Le Gard3 à /s 7000 m Ners

NÎMES 150mm

Prenons l’exemple de la retenue collinaire de l’Esquille. Suite à l’événement des 8 et 9 septembre 2002 et au débordement du ruisseau de l’Esquielle (affluent du Gardon dans la plaine de la Gardonnenque), qui a causé de très nomCarte de localisation du ruisseau de l’Esquielle D’après BRL Ingénérie Légende Limite du périmètre d'étude Limite du bassin versant du Gardon Cours d'eau principaux

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Echelle : 1/350 000 Novembre 2004 Fond : IGN Scan100

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S.I.C.E.R.A.G. / Commune de Saint-Geniès-de-Malgoirès ETUDE HYDRAULIQUE ET SCHEMA DIRECTEUR DE PROTECTION DES LIEUX HABITES CONTRE LES CRUES

eee meee m m m uum rauuu ra ra ra Bra BBB B

NIMES NIMES

Plan de situation

100

breux dommages, la commune de St Géniés-de-Malgoirés a été fortement sinistrée. Suite à ce sinistre, une étude hydraulique des lieux habités contre les crues a été menée par le EPTB Gardons. Le bassin-versant de l’Esquielle, s’est retrouvé au plus proche de l’épicentre dépressionnaire.

10 km

Cette étude a abouti à la définition d’un site particulièrement propice à l’installation d’une retenue collinaire en amont de St Géniés-de-Malgoirés. Cet aménagement a pour seule fonction le ralentissement des écoulements dynamiques par rétention, en amont de l’agglomération, des apports de l’Esquielle.


Le bassin de retenue collinaire envisagé intercepte la totalité des eaux du bassin-versant amont. Il est directement alimenté par les eaux de ruissellement. Il s’agit d’une retenue de vallée, où la cuvette de stockage est simplement formée par la topographie naturelle des talwegs interceptés, obturés à leur extrémité aval par une digue transversale aux écoulements. Le volume utile de stockage est obtenu par la seule réalisation de la digue ; l’endiguement permet de maintenir le niveau d’eau au-dessus du terrain naturel. Ce volume utile a été estimé sous une cote de référence correspondant à l’emprise des Plus Hautes Eaux Exceptionnelles (PHEE) atteintes pour un événement de projet de type exceptionnel, en intégrant les contraintes topographiques du site et en évitant au mieux la présence éventuelle de bâti. L’efficacité de l’ouvrage permet d’éviter les déRetenue collinéaire de l’Esquielle Il permet de créer un plan d’eau en cas de crue de l’Esquielle de 800 000 m3 sur 17 ha

14 m

210m

bordements pour les crues courantes*, et pour les crues de période de retour comprise entre 10ans et 100ans, le barrage permet de réduire le débit d’environ 50%.

101

DISPOSITIF D’ANTICIPATION : Les crues sont aujourd’hui plus ou moins anticipées à l’aide d’un réseau complexe d’outils d’observation. Des risques d’inondation importants peuvent déclencher des mesures de mitigation : par exemple l’inondation contrôlée de zones prédéfinies en amont d’espaces plus sensibles, parfois situés à des kilomètres les uns des autres, comme ici le bassin colinéaire de l’Esquielle. Cette infrastructure de défense des crues à l’avantage de ralentir les écoulements dynamiques pour répondre à sa fonction de protection des crues. Elle reflète cependant, plusieurs inconvénients : - La grande utilisation du foncier, soit 20ha qui ont parfois mené à l’expropriation -Le coût onéreux de l’ouvrage : environ 5 millions d’euros - La limite de capacité de l’ouvrage face aux crues extrêmes Le manque de réflexion collective est flagrante. La seule réponse apportée après cette crise hydrologique majeure de 2002 est l’aménagement d’un ouvrage monofonctionnel drastique. Ne doit-on pas aller vers une réflexion collectivement de l’aménagement du territoire dans l’objectif de tendre vers des aménagements multifonctionnels pluriels des lieux et des territoires vécus ?

*Crue courante : Augmentation importante du débit et du niveau d'un cours d'eau par rapport à la situation courante ; conduit à l'occupation du lit majeur.


L’ENTRETIEN DE LA VÉGÉTATION Une des principales missions de l’EPTB Gardons est l’entretien et la restauration de la ripisylve (végétation aux abords des cours d’eau) du Gardon et de ses affluents. Des travaux de ce type sont conduits depuis 2003 sur le bassin-versant. Ils sont réalisés en régie, par l’Équipe Verte de l’EPTB Gardons et par des entreprises externes. L’entretien de la ripisylve consiste à couper ou élaguer et les arbres déséquilibrés, morts ou sénescents, risquant de tomber dans le cours d’eau. Ces opérations de travaux visent à garantir la circulation des crues fréquentes dans le lit mineur et à limiter la formation des embâcles lors des crues importantes. Les conséquences des crues débordantes sont ainsi limitées en évitant l’obstruction des ponts par les bois emportés par les flots. L’ENTRETIEN DES ATTERRISSEMENTS

*Les Atterrissements se sont des îlots (amas de terre, de sable, de graviers, de galets apportés par les eaux, créés par diminution de la vitesse du courant). Ils sont la matérialisation et un des moteurs de transport solide, élément clé de l’écosystème de la rivière qui a été gravement altéré par les extractions de graviers pour la construction dans les années 1960-70.

Les atterrissements* en se végétalisant, se fixent et, en déportant le courant sur la rive opposée, contribuent aux érosions latérales et ainsi à la mobilité naturelle du cours d’eau. La présence de zones urbaines, d’infrastructures collectives ou de cultures agricoles sur certaines portions de cours d’eau rend problématique cette mobilité latérale. Le maintien d’une section d’écoulement des crues courantes est indispensable à la gestion équilibrée du risque. 102

La gestion du cours d’eau vise alors les objectifs complémentaires suivants : -Maintenir une section cohérente de l’amont vers l’aval, en lit principal ou via des chenaux secondaires de décharge, afin de limiter les débordements et les érosions lors des crues fréquentes. -Accompagner les phénomènes de transport solide en favorisant la reprise et la circulation des matériaux de l’amont vers l’aval. -Favoriser la création ou le maintien des faciès d’intérêt écologique (ripisylve, bras morts, mares, lits en tresse…) en favorisant la diversification des écoulements en lit moyen.

L’EPTB Gardons est un acteur clé du bassin-versant des Gardons. Cependant, malgré sa gouvernance à l’échelle du bassin-versant, ses actions se portent et se concentrent sur la linéarité du cours d’eau. Or, j’ai démontré dans les parties précédentes, que l’épaisseur du bassin-versant influence le fonctionnement hydraulique des Gardons. Ainsi, ne devenons-nous pas penser à une nouvelle forme de gouvernance qui œuvre véritablement à l’échelle du bassin-versant et non pas dans la fragmentation ?


> Entretien de la végétation et des atterrissements

LE BASSIN-VERSANT UN TERRITOIRE DE PROJET? L’idée est l’unicité d’acteurs autour de la problématique de l’eau vers une vision non plus ponctuelle mais vers une prospective globale. Si pour appuyer ce propos nous repartons de la loi sur l’eau du 3 janvier 1992 : celle-ci traduit une volonté de dresser un cadre général pour une politique de l’eau qui prend en compte aussi bien ses usages que ses effets perturbateurs ou destructeurs. Comme nous l’avons montré dans la première partie, la gestion du risque concerne avant tout non pas un mais tous les territoires inclus dans le bassinversant.

ARDÈCHE LOZÈRE

Carte des acteurs : Délimitation du Scot Uzège-Pont du Gard Délimitation du Scot Sud du Gard Délimitation du Scot Pays des Cévennes EPCI Limite Bassin-versant des Gardons

Comme nous pouvons le voir sur la carte de localisation des acteurs institutionnels,

20 km

0

103

GARD


il y a une multitude d’acteurs, ce caractère pluriel implique des zones de chevauchement : communes, intercommunalités, communautés urbaines, départements,.... Les acteurs potentiels s’en trouvent ainsi multipliés, répartis sur des thématiques différentes ou sur des territoires dont les limites coïncident rarement. Les conséquences de cette situation, sont des chevauchements de compétences d’un côté et de l’autre et à l’inverse un manque d’investissement dans l’intervention. La multiplication des titulaires d’un pouvoir n’est pas forcément la garantie d’un bon usage de celui-ci. Pour cela, ne doit-on pas s’interroger sur la réalité que revêtent ces interactions entre acteurs ? QUELLE APPROPRIATION DU RISQUE D’INONDATION ET DE SÉCHERESSE PAR LES ACTEURS DU TERRITOIRE : DE L’INFORMATION OBLIGÉE À LA CULTURE DU RISQUE? Pour justement catégoriser ce phénomène, je vais m’appuyer sur la réalisation d’un schéma d’acteurs. Il va permettre une approche pour apprécier le Acronymes :

DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement DRAAF : Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt DRAC : Direction Régionale des Affaires Culturelles PETR : Pôle d’Équilibre Territorial et rural DDTM : Directions Départementales des Territoires et de la Mer EPCI : Établissements Publics de Coopération Intercommunale EPTB : Établissement Public Territorial de Bassin CLE : Commission Locale de l’Eau

degré et les conditions d’appropriation des acteurs de la connaissance à l’aménagement des territoires face au risque d’inondation. C’est dans cet esprit que j’ai réalisé un premier schéma pour graduer leurs implications face à la gestion du risque d’inondation (Absence, Connaissance, Prévention/Information, Adaptation). FRAGMENTATION ET INTÉGRATION : DES CONCEPTS FONDAMENTAUX DANS LA GOUVERNANCE DE L’EAU La première colonne, ABSENCE, c’est-àdire acteur non représenté (non présent), reflète le manque de connaissances face aux enjeux liés au risque d’inondation/sécheresse des cours d’eau des Gardons. Il s’agit principalement du grand public et de certains acteurs qui pourraient avoir un rôle déterminant dans la gestion du risque. Comme par exemple : -l’Office National des Forêts qui a une gestion déterminante pour limiter le ruissellement, les glissements de terrain, l’enfrichement ...(éviter les coupes à rase). -Le GAL (Groupement d’Action Local) Cévennes qui met en place le programme LEADER et a pour ambition de

GAL : Groupement d’Action Locale GIEC : Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat Documents de planification : SDAGE : Schémas Directeurs d’Aménagement et de Gestion des Eaux SCoT : Schéma de Cohérence Territoriale SAGE : Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau PAPI : Programmes d’Actions de Prévention des Inondations PGRE : Plans de Gestion de la Ressource en Eau PLU : Plan Local d’Urbanisme

104


Échelle nationale

*-Ministères de la

Programme Leader

Ministères*

transition écologique -Ministère de cohésion des territoires -Ministère de l’agriculture de l’agroalimentaire et de la forêt -Ministère de la culture

Parc National des Cévennes

Office National des Forets

Agence de l’eau Rhône Méditerranée / Corse

Échelle régionale

SDAGE

se

rv i

DREAL DRAAF

DRAC

Association Bâtisseurs en Pierres Sèches

SCoT Sud du Gard

PETR

GAL Cévennes

Fédération Départementale des Chasseaurs (Lozère + Gard)

ce s

Conseil Départemental (Lozère + Gard)

Chambre de l’agriculture ( ozère + Gard) L

Police de l’eau

co n

ce

SCoT

Pays des Cévennes

nt

DDT(M) (Lozère + Gard)

ré s

de

EPCI COMCOM Cévennes au Mont Lozère

l’é

ta

t

Communauté d’Agglomération d’ Alès

COMCOM Pays Grand-Combien COMCOM Vallée Longue et Cabertois

Police de l’eau

Communauté d’agglomération de Nimes métroploe

COMCOM Vivre en Cévennes Agence d’urbanisme Nîmes Alès

SAGE

PAPI

PGRE

Syndicat de rivière, EPTB Gardons

Légendes : Acteurs locaux Acteurs dans la planification SAGE

Document de plannification

Habitant

CLE

s / Agri

culteurs

Observatoire

NOE

Maires PLU

Grand public

Acteurs : mutualisation des compétences

ABSENCE 105

Public intéressé

CONNAISSANCE

Public concerné

INFORMATION

Public touché

ADAPTATION

risque = Aléas +Enjeux

Le dernière colonne, ADAPTATION (au sens de gestion adaptée), a pour objectif de laisser place à l’échange et à la définition collective des projets. Elle ne se situe plus dans une démarche unilatérale, mais multilatérale. Ainsi, le degré de partenariat et d’influence du public sont plus importants. Ces modes de participation se fixent pour objectif une appropriation des enjeux et des risques par l’ensemble des acteurs du territoire et l’élaboration d’actions résilientes et acceptables pour tous. Dans cette colonne se retrouve le syndicat de rivière EPTB Gardons (Établissement Public Territorial de Bassin). Pendant longtemps, la gestion des inondations/sécheresses est essentiellement orientée vers la lutte contre l’aléa. Cependant, aujourd’hui elle cherche de plus en plus à maîtriser la vulnérabilité et l’exposition des sociétés au risque inondation/sécheresse

Parallèlement, l’action publique s’oriente davantage, en matière de gestion de l’eau, vers une approche partenariale et territorialisée qui cherche à associer, dans ce projet de territoire, les différents acteurs de la scène locale du risque (élus, administrations et usagers), à travers la CLE (Commission Locale de l’Eau), instituée par cette politique de l’État dans le cadre de décentralisaiton. Le Parc National des Cévennes, lui, a pour mission la connaissance, la surveillance, la protection, la sensibilisation des patrimoines naturel et culturel, d’accompagner les personnes dans leurs projets d’activité (agriculture, sylviculture, gestion de l’eau, chasse...) ou d’aménagement (architecture, travaux...). Au vu de son implication forte territoriale, il en est un acteur principal pour mettre en place des projets de territoire.

Échelle départementale

Les deux colonnes suivantes, CONNAISSANCE ET INFORMATION s’inscrivent dans le cadre d’un débat public. Elles touchent un grand nombre de personnes, mais restent dans l’ensemble fondées sur un mode de relations unilatérales : l’État ou une collectivité territoriale informe la population sur un projet et effectue éventuellement une consultation entre acteurs du territoire.

à travers divers outils de planification du territoire, imposés par l’État dans le cadre de la politique des risques naturels (PPRI, SAGE,…).

Échelle locale

financer des projets innovants qui favorisent la mise en réseau des acteurs du développement rural. Ainsi, ses actions innovantes pourraient être un levier d’aménagement du territoire à travers de nouvelles formes de pratiques rurales en adéquation avec un territoire sujet aux problèmes d’inondation et d’étiage.


CONCLUSION DE PARTIE

VERS UNE GESTION CONCERTÉE ET DES RELATIONS MULTILATÉRALES D’après ce premier schéma, je peux constater le manque d’appropriation, de communication, de concertation pour le compte d’une politique territorialisée unilatérale du risque d’inondation/sécheresse ; ainsi qu’un anticipation trop sectorielle et fragmentée. Dans une pensée prospective d’une gestion adaptée, il convient de réfléchir à la nécessité de faire évoluer la culture que les usagers peuvent avoir du risque et plus globalement de l’eau. Les actions qui en découlent doivent s’inscrire dans un processus d’expérimentation face au défi du changement climatique. Autrement dit, l’enjeu est de projeter le facteur hydrologique dans une dynamique de sociosystème. Cette démarche peut s’opérer de façon progressive en s’appuyant sur des actions de sensibilisation, d’information, de concertation (scénario souhaitable) ou de manière brutale, suite à une crise hydrologique majeure suscitant dans l’urgence la mise en œuvre d’une réflexion collective à condition qu’elle ait été anticipée (sans quoi ce sont toujours les interventions drastiques qui sont retenues pour répondent dans l’urgence).

106

L’information et l’anticipation concerne tout aussi bien la population exposée que les élus par exemple, car la survenue d’un phénomène naturel est si rapide, que l’absence d’informations sur le risque encouru par les populations place le scientifique qui « savait » et le décideur « qui n’a pas agi » en position de « constructeurs de crise ». C’est dans l’anticipation que mon objectif est d’établir une gestion collective locale à travers une complexité territoriale entre vallées cévenoles et plaine du Gard : dans le but d’établir des trajectoires, des hypothèses et des choix selon des scénarios pour tendre vers une gestion adaptative à travers le processus d’expérimentation. Cela dans un mode qui en plus de la concertation favorise le partage grâce à une nouvelle approche multifonctionnelle. L’objectif du projet sera d’agir sur le lien parcours de l’eau composition des territoires et ainsi réinterpréter le processus «naturel», l’aléa en requestionnant le jeu des acteurs qui constituent le levier des espaces d’actions locales. L’échelle à prendre en compte est bien celle du bassin-versant.


2 Problématisation

Relations unilatérales

Ouvrages monofonctionnel

EPCI Échelle locale

Syndicat de rivière, EPTB Gardons

ABSENCE

3 Vers une gestion adaptative

CLE

Relations multilatérales

Échelle nationale

1 Interprétation/Analyse

GIEC Météo France

?

EPCI Syndicat de rivière, EPTB Gardons

CLE

Maires

CLE

Maires

NOE

Habitants / Agriculteurs

CONNAISSANCE /ADAPTAIT ON INFORMATION

Maires

Observatoire

Nouvelles formes de résilience et d’adaptation

EXPÉRIMENTATIONS

107


108


04 Comment anticiper les risques à travers une complémentarité territoriale entre vallées cévenoles et plaine du Gard ? VERS UNE SOLIDARITÉ AMONT-AVAL Les différents constats et diagnostics m’amènent vers le projet de territoires. Les risques d’inondation, de ruissellement, d’érosion et de sécheresse, accentués par la bascule du changement climatique, imposent de penser le projet de territoire à l’échelle du bassin-versant à travers une complémentarité territoriale et des relations multilatérales. Les intentions de projet cherchent à répondre à deux objectifs : limiter le risque de vulnérabilité des territoires sujets aux inondations et à la sécheresse et aider à une adaptation durable à travers une nouvelle forme de résilience face à ces enjeux entre plaine méridionale et arrière-pays cévenol.

> Rencontre avec un élevage caprin à Sainte-Croix-Vallée-Française 109


LES PROJECTIONS CLIMATIQUES DE RÉFÉRENCE DRIAS 2020

L'étude de l'évolution du climat est établie grâce à des modèles physiques qui prennent en compte l’ensemble des équations décrivant le comportement du système climatique (composé de l’atmosphère, l’océan, la végétation, les rivières...), en réponse à différentes contraintes, appelées forçages climatiques*. Ils sont de deux types : naturels, notamment liés aux épisodes méditerranéens ou anthropiques. La pression exercée par l’Homme sur le climat date principalement du début de l’ère industrielle au XIXe siècle. La combustion d’énergie fossile ainsi que la modification de l’utilisation des sols ont entraîné une augmentation continue de la concentration atmosphérique des Gaz à effet de serre (GES)*. Ces gaz contribuent ainsi à réchauffer la surface terrestre et une partie de l’atmosphère.

*Les forçages climatiques sont des perturbations d’origine extérieure au système climatique qui impactent son bilan radiatif, c’est-à-dire la différence entre l’énergie reçue en provenance du Soleil et l’énergie rayonnée par la Terre vers l’espace. *GES : ces gaz se caractérisent par leur capacité à absorber puis à réémettre l’énergie rayonnée par la surface terrestre.

L’évolution de ces émissions anthropiques dépend d’un ensemble de facteurs tels que la croissance démographique, le développement socioéconomique, les évolutions technologiques et les choix politiques futurs. Prédire avec précision l’évolution de ces facteurs n’est pas possible, c’est pourquoi les climatologues utilisent une gamme de scénarios, dont chaque scénario correspond à une représentation plausible du comportement à venir des sociétés humaines.

110

Les résultats de ces simulations en p 107 mettent en évidence : -Une augmentation continue des sécheresses du sol en moyenne annuelle sur le territoire métropolitain au cours du XXIe siècle. -Une augmentation de l’intensité des pluies extrêmes tout au long du siècle sur pratiquement tout le territoire. Les régions les plus exposées sont celles notamment présentant du relief : Cévennes, Alpes du Nord, Jura et Vosges de la moitié nord. L’intensité de la hausse attendue de 3 à 6 mm correspond à une variation de l’ordre de 10 %. Après analyse de ces modélisations climatiques réalisées par la DRIAS, j’ai décidé d’inscrire mon projet de territoire dans le scénario intermédiaire sur l’horizon proche (2021-2050), dans l’objectif d’apporter une gestion adaptée grâce à une nouvelle politique du territoire dans le but d’infléchir ou de maîtriser le processus climatique. Effectivement, jusqu’à environ 2050, ce sont des évaluations mais le processus est inéluctable, alors qu’à l’horizon 2050 les actions que nous entreprendrons pourront infléchir la courbe. Ce projet de paysage a donc un rôle à jouer pour atténuer les risques, mais aussi pour contribuer à son niveau, à maîtriser le changement climatique.


Extrême humide

10 jours

> Les cartes représentent l’indice sécheresse d’humidité des sols et le nombre de jours de précipitations extrêmes [jour(s)], selon les scénarios (optimiste, intermédiaire et pessimiste d’après les projections climatiques du DRIAS 2020 Référence (1976 - 2005)

Horizon proche (2021 - 2050)

Horizon moyen (2050 - 2070)

Horizon lointain (2070 - 2100)

Extrême sec

1 jour

Scénario avec une politique climatique visant à faire baisser les concentrations en CO2

SCÉNARIO OPTIMISTE

SCÉNARIO RETENU Référence (1976 - 2005)

Horizon proche (2021 - 2050)

Horizon moyen (2050 - 2070)

Horizon lointain (2070 - 2100)

Scénario avec une politique climatique visant à stabiliser les concentrations en CO2

SCÉNARIO INTERMÉDIAIRE

Référence (1976 - 2005)

Horizon proche (2021 - 2050)

Horizon moyen (2050 - 2070)

Horizon lointain (2070 - 2100)

Scénario sans politique climatique

SCÉNARIO PESSIMISTE

111


SCÉNARII

COMPRENDRE L’ENJEU DU PROJET DE PAYSAGE, SUIVRE OU INFLÉCHIR LA TENDANCE ? Les scénarii face à l’incertitude du Changement Climatique, difficilement quantifiables avec exactitude, semblent être la meilleure approche pour comprendre l’enjeu du projet et l’ajuster. Ici, ils sont utilisés pour montrer les dynamiques d’évolution de ce territoire si l’on choisit de ne pas se saisir de la problématique. Ces scénarii sont établis selon trois critères : le temps, le climat, la démographie CLIMAT -Intensification des fortes précipitations -Augmentation de la fréquence des épisodes méditerranéens les plus forts, dépassant 200mm/24h D’après les épisodes méditerranéens les plus violents recensés (cf page 13)

2 02 0

2005 19 8 8

200 0

500mm/24h

Temps

200mm/24h

Si l ’on suit la tendance : Intensité Temps

> Ici, la limite climatique a été atteinte. Le projet de territoire ne sera pas efficient face à l’intensification des précipitations suite à un épisode pluvieux.

2002

92

Intensité

1 9 07

1000

19

Tendance actuelle :

500mm/24h

Précipitation (mm)

500

S’il est franchi, aucun aménagement ne peut résister face à un épisode pluvieux d’une telle ampleur. Ce territoire esthétique a donc une limite à partir de laquelle aucune intervention ne pourra réduire les risques d’inondation, de ruissellement et d’érosion face à un épisode méditerranéen intense.

Et si l ‘on anticipait :

Temps

12h

24h

Intensité

Crue exceptionnelle

SCÉNARIO MAÎTRISÉ

Tendance actuelle 200mm/24h Limite à infléchir

Si je me réfère aux crues exceptionnelles, aux dégâts matériels et humains qu’elles ont causé, je peux établir un seuil à ne pas dépasser. Il correspond à la limite des précipitations/heure à ne pas excéder, il s’agit de 500mm/24h. 112

500mm/24h

Temps

Le projet de territoire peut maîtriser cette tendance, s’il est étudié et pris en considération à temps.


DÉMOGRAPHIE AGRICULTURE

POPULATION

Des versants cévenols fragiles qui augmentent l’aléa

Agriculture extensive, difficulté face à l’instabilité des versants cévenols

Stable

Une plaine sous tension qui augmente l’impact du risque

Agriculture intensive, difficulté face aux aléas climatiques entre trop d’eau et pas assez

Croissante, sous l’influence des agglomérations voisines

Les Cévennes connaîtraient une revitalisation saisonnière grâce à la fréquentation régulière des touristes attirés par une nature emblématique.

Déclin progressif Seules les exploitations qui ont su se diversifier vers le tourisme vert sont présentes.

Déclin progressif Des résidences secondaires sont de plus en plus présentes.

La plaine serait désorganisée. À chaque nouvel épisode méditerranéen, les dégâts matériels et humains augmenteraient et dans la prospective mèneraient à la désertification du territoire.

Déclin progressif Chute de la viticulture suite à l’intensification des aléas climatiques.

Économie résidentielle, suite à l’essor des agglomérations de Nîmes et d’Alès

Tendance actuelle :

PRESSION ANTHROPIQUE SUR LE COURS D ’EAU

RUISSELLEMENT + ÉROSION

Arrièr

e-pay

s céve

nol

Plaine

Le Ga

Friche = zone de vacances Fragmentation des espaces agricoles et naturels

éveno l

Mitage/espace périurbanisé

ACTIVITÉ

TO UR IS T

IQ U

E

-pays c

rd

A T TR

RUISSELLEMENT + ÉROSION

Arrière

rdon

du Ga

Si l ’on suit la tendance :

Conflit

Ne doit-on pas questionner les orientations en termes d’aménagements qui ignorent les singularités du territoire?

Plaine

Le Ga

rdon

du Ga

rd

POLARISATION

Si l’on suit la tendance, le cadre de vie se verrait se dégrader suite à une banalisation et une fermeture des paysages, entraînées par un mécanisme de pression foncière. Il y a une perte progressive d’un paysage identitaire au profit de l’aménagement d’ouvrages monofonctionnels pour limiter les risques. Ce scénario ne tient pas compte des singularités de ce territoire.

Et si l ‘on anticipait :

La plaine est structurée par une nouvelle politique foncière et territoriale au profit d’une densification et répartition des terres exploitables intelligentes.

L’agriculture est toujours présente sur le territoire. Elle a été repensée en terme de spatialisation et d’utilisation des ressources pour redonner de l’espace de liberté au cours d’eau.

Croissante mais maîtrisée par une politique foncière de densification intelligente.

A T TR RUISSELLEMENT + ÉROSION

Arrière

-pays c

éveno l

ACTIVIT

ÉD U

LIE

U

E VI

Croissante suite à l’arrivée de nouveaux exploitants avec leur famille. L’attractivité touristique est présente de manière raisonnée

E

Les exploitations agricoles se développent progressivement, grâce à un nouveau système agricole adapté à la singularité du territoire

D

Un raisonnement a été apporté sur la problématique de maintien des versants cévenols. De plus, grâce à des relations multilatérales des acteurs de nouvelles exploitations et formes d’agriculture, ont été expérimentés et optimisés.

Plaine

du Ga

rd

Le Ga

rdon

LE COURS D’EAU RETROUVE DE L’ESPACE DE LIBERTÉ 113

Le projet de territoire est un bon outil pour anticiper et tendre vers une gestion adaptée du territoire. Il permet d’apporter un regard transversal et résilient face aux risques de sécheresse, d’inondation, de ruissellement et d’érosion et ainsi de penser une complémentarité territoriale à travers des aménagements multifonctionnels adaptés à ce territoire singulier.


RAPPEL DES ENJEUX De multiples enjeux, responsables des risques de sécheresse, d’inondation, de ruissellement et d’érosion, ont pu être mis en évidence dans l’analyse du territoire. Ils sont mit à leur paroxysme face à la bascule du changement climatique. Il est important d’aller vers une maîtrise de ce processus à travers une gestion adaptée vers des territoires résilients et la pérennisation de celle-ci.

Arrière-pays cévenol : Une démographie qui a du mal à se maintenir

Un lieu de moins en moins attractif pour y vivre à l’année, difficulté de retrouver des repreneurs d’exploitation. Ce qui entraîne une incidence à maintenir des paysages ouverts et une perte de zone d’estive.

Faible entretien/exploitation des paysages suite au déclin agricole du siècle dernier

Des versants instables face aux précipitations. La perte progressive du petit patrimoine bâti qui n’est plus actif dans son rôle de frein aux ruissellements/érosions. Une économie localisée en fond de vallée.

Fermeture du paysage par la densification du boisement : une dynamique du végétal croissante

Un paysage qui se referme par le manque d’entretien, enfrichement, ce qui entraîne la chute, le glissement de terrain et la surpopulation de gros gibiers. Ils dégradent les terres encore exploitées et le petit patrimoine bâti.

STABILISER/ MAINTENIR LES VERSANTS PAR LA MAÎTRISE DES EAUX DE RUISSELLEMENT

Plaine du Gard :

La pression de la viticulture sur les cours d’eau : monoculture et irrigation

-Vulnérabilité face à la ressource en eau -Fragilité accrue face au dérèglement climatique (fluctuation des rendements)

Une ripisylve de plus en plus dense

Enfrichement, entretient difficile, création d’embâcle

Pression démographique

Imperméabilisation des sols = ruissellement / lotissement peu intégrés

Perte de l’activité des garrigues

-Fermeture des espaces ouverts -Vulnérabilité augmentée face aux risques d’incendie lors des épisodes de sécheresse

INTENSIFICATION FACE À L’INCERTITUDE CLIMATIQUE

PRÉSERVER DU RISQUE D’INONDATION ET DU RISQUE DU MANQUE D’EAU


J’ai choisi de spatialiser le projet de territoire sur deux secteurs ; le premier dans les vallées cévenoles, de versant à versant, au niveau de Sainte-Croix-Vallée-Française et le deuxième dans la plaine de la Gardonnenque réunissant cours d’eau du Gardon, plaine viticole et colline de garrigue. Le choix de ces deux site me permet d’exprimer et de faire valoir dans le détail la complémentarité territoriale face aux risques de sécheresse, d’inondation, de ruissellement et d’érosion face au défi du changement climatique. Molezon

SI TE E D

Atténuer les eaux de ruissellement en fonction de la pente

PR T JE O 1

St-Croix-ValléeFrançaise

Faire valoir un système agricole-hydraulique multifonctionnel du territoire

Gabriac

Développer l’attractivité du territoire et favoriser une stabilité démographique

ZOOM 1

500m

0

ZOOM 2

TE SI E

D O PR T

JE 2 SI

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Le

Ga r

P

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La Rouvière

RO

do

St Génies

J ET

2

La Calmette

Donner de l’espace de liberté au lit majeur du Gardon

St Bauzély

Retrouver un paysage ressource, levier pour le développement local

La Calmette 0

115

2 km

Sensibiliser les résidents à travers un nouveau récit eau/habitant


RÉINVENTER LA VIE DES VALLÉES CÉVENOLES POUR LIMITER LE RISQUE DE RUISSELLEMENT ET D’ÉROSION FACE AU DÉFI DU CHANGEMENT CLIMATIQUE ZOOM 1 : Arrière-pays Cévenol au niveau de Sainte-Croix-Vallée-Française

Déclinaison des objectifs Objectif STABILISER/ MAINTENIR LES VERSANTS PAR LA MAÎTRISE DES EAUX DE RUISSELLEMENT

Pistes de projet Se réapproprier les versants en fonction de la pente pour atténuer le ruissellement

Gestion adaptative par expérimentation

S’appuyer sur le système des aménagements de protection (petit patrimoine bâti)

Maîtriser les eaux de ruissellement en fonction de la pente

Défricher les berges et gérer la ripisylve

Mutualiser et intensifier le pâturage sous parcours de chênes verts et châtaigniers Développer l’agroforesterie des versants

Mettre en avant la multifonctionnalité agricole-hydraulique du territoire

Repenser le paysage agricole ouvert, quelle place pour les estives ? Utiliser le fond de vallée comme interdépendance entre agriculture et espace d’extension des crues Créer des lieux d’échange sur les expérimentaux

Développer l’attractivité du territoire et favoriser une stabilité démographique en tournant la vallée vers une gestion agricole des paysages

Renvoyer une image de qualité, soigner les abords des villages Favoriser l’attachement du territoire 116


Molezon

TE SI PR T JE O

do

E D

r Ga

n de St-Croix

1 St-Croix-ValléeFrançaise

Traduction spatiale

1

Gabriac

ÉTABLIR UN PRINCIPE D’AMÉNAGEMENT FONDÉ SUR LA TOPOGRAPHIE Ré-ouvrir de manière raisonnée le fond de vallée pour lui redonner un rôle multifonctionnel Adapter le système de terrasses (bancels) du XXIème siècle, en fonction des pentes et de la mécanisation

S’aider de la pente pour penser le projet - Établir un principe à adapter à la pente Pente en % 0

5

20

40

100

St-Croix-ValléeFrançaise

T

RE

AD

AC

UB

UTILISER LA SINGULARITÉ DU TERRITOIRE POUR FAIRE PAYSAGE Nouvelle gestion

Diversifier les activités agricoles et artisanales du territoire pour développer une économie stable locale

Échanges

se

S’appuyer sur le pouvoir gestionnaire du pastoralisme pour développer uns stratégie d’entretien du paysage

Découverte

Parcours pâturé

Redynamiser les villages en y initiant des nouveaux points de transformation et de vente des productions tirées du territoire

117

UB

AC

AD

r d’un paysage fermé

RE

T

à mi-fermé se

Agriculture de terrasses/ expérimentation

Reconsidérer la ressource bois du territoire en appuyant sa gestion, son exploitation et sa transformation comme élément de redynamisation du territoire

aysages d es p

Utiliser la sing

ula

des territoires

ole ric ag

rité

P as

2


DÉVELOPPEMENT DU PRINCIPE D’AMÉNAGEMENT EN FONCTION DE LA PENTE MAIS QUEL TYPE DE SYSTÈME?

S’AIDER DE LA PENTE POUR PENSER PROJET PENTE

ADRET

UBAC

Pente faible <5%

Pente

Culture

5 0

Pâturage

20%

100 Pente

Pente moyenne 5%-20%

Culture Verger Parcours

20

0

Pâturage Pente

100

Pente forte 20%-40% Verger Parcours Pâturage

40

0

30%

Parcours peu boisé Forêt pâturée

Adapter/ créer un système de terrasse (bancels)

40%

Ces ouvrages sont conséquents. La résistance de l’ouvrage est soumise à la force de l’eau qui augmente à cause de l’absence de rugosité. Ce principe limite peu le ruissellement bien qu’il augmente la surface exploitable.

100

SYSTÈME PEU VIABLE Pente très forte >40%

Conforter le boisement existant

118


Pente moyenne

Pente

20%

Pente

20%

FAIRE PAYSAGE Pente

Pente

30%

30%

Modelé d

Pente

Pente

40%

Ces ouvrages sont multiples. La résistance est assurée par la rugosité successive des terrasses. Ce principe de fonctionnement limite le ruissellement, cependant, les surfaces exploitables sont étroites.

40%

Ces ouvrages présentent des terrasses larges et étroites. Ce principe est intéressant, de part ses rugosités successives et des surfaces exploitables correctes.

LIMITE LE RUISSELLEMENT SYSTÈME VIABLE

119

Pente forte Plus la pente est forte, plus la force de l’eau augmente. Il faut donc apporter de la rugosité par le nombre de terrasses pour la réduire

e te rrai n

En adaptant le principe de pente au modelé de terrain, on va créer des ambiances et ainsi du paysage.


QUELLE MATÉRIALITÉ POUR LES SYSTÈMES DE TERRASSES ?

Je me pose la question de la matérialité des paysages des terrasses dans les régions soumises au climat tropical. DE NOUVELLES OPPORTUNITÉS DE MATÉRIALITÉ POUR LES VALLÉES CÉVENOLES ? Dans la région montagneuse du sud du Yunnan, baignant dans un climat subtropical avec des niveaux de précipitations extrêmement élevés (environ 1 400 mm), se rencontre la plus grande concentration de terrasses rizicoles de Chine. Cet aménagement de l’espace répond aux difficultés et aux opportunités de cet environnement de hautes montagnes et de vallées étroites traversées de ravines, le peuple Hani a, au cours des 1 300 dernières années, fait d’une forêt dense un système extraordinairement complexe de rizières en terrasses accrochées aux flancs des montagnes, comme nous pouvons le voir sur la photographie cicontre. Elles sont faites d’argile noire. Les terrasses sont constuites grâce au procédé de mur en pisé qui sert de soutènement où l’argile a été creusé pour former une cuvette cultivable. D’autre part, les terrasses en Ifugaos sont construites légèrement différemment. Ils utilisent la pierre pour élever en hauteur leurs terrasses. Elles sont supportées par un talus en terre ou par un mur en pierre. La taille d’un mur peut aller de trois à plus de six mètres. La parcelle inondée est délimitée par de petites digues. De 120

plus, les rizières sont indissociables d’un système d’irrigation très sophistiqué. Les Ifugaos déviennent une partie de l’eau des rivières et la conduisent sur plus de cinq ou six kilomètres dans des canaux de pierres, de bois et des aqueducs en bambou jusqu’aux surfaces cultivables. Coupe transversale d’une rizière ifugao

D’après Druguet, Aurélie. De l’invention des paysages à la construction des territoires: les terrasses des Ifugaos (Philippines) et des Cévenols (France). Diss. Museum national d’histoire naturelle-MNHN PARIS, 2010.

En définitive le matériau le plus adéquat pour réinventer le système des terrasses cévenoles, du fait de sa géologie et pédologie est le matériau local : la pierre de schiste


Vignoble en terrasse à fortes pentes de Banyuls-surMer : les murets jouent un rôle de freins à l’érosion grâce à leur nombre important qui crée de la rugosité, d’après Rouvellac, Éric, et al. «Les enjeux érosifs dans le vignoble patrimonial à fortes pentes de Banyuls-sur-Mer (France).» Belgeo. Revue belge de géographie 2 (2021).

Haute terrasse en mur et mur pisé en Ifugaos

Source photographique : lDruguet, Aurélie. De l’invention des paysages à la construction des territoires: les terrasses des Ifugaos (Philippines) et des Cévenols (France). Diss. Museum national d’histoire naturelle-MNHN PARIS, 2010.

Terrasse en mur pisé du sud du Yunnan Source photographique : le figaro

121


RÉINVENTER ET ADAPTER LE RÉCIT DE LA PLAINE AUX RISQUES D ‘INONDATION/ SÉCHERESSE FACE AU DÉFI DU CHANGEMENT CLIMATIQUE ZOOM 2 : La plaine de la Gardonnenque

Déclinaison des objectifs

Redonner de l’espace de liberté au lit majeur du cours d’eau des Gardons

Piste de projet Relocaliser, spatialiser et adapter la vigne au changement climatique, à la recherche d’une alternative Re-naturer les affluents canalisés

Trouver un équilibre entre zone d’extension des crues et ripisylve

Réinventer l’exploitation des collines de garrigue

Objectif PRÉSERVER DU RISQUE D’INONDATION ET DU RISQUE DU MANQUE D’EAU

Utiliser le territoire comme ressource et non comme une contrainte

mesurée

Maintenir les paysages ouverts des garrigues Repenser l’utilisation des sols au profit d’une agriculture diversifiée Développer une culture associée vigne-légumineuse

Créer un nouveau récit entre eau et habitant, dans un objectif de sensibilisation

Villages menacés, actions en frange urbaine : désimperméabilisations des sols et création de zones tampons entre habitations et zones inondables Rencontrer l’eau et en bénéficier Arpenter les chemins à travers une multitude de faciès paysagers Contempler et comprendre depuis les points de vue le fonctionnement hydromorphologique de la plaine 122


TE

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2

Traduction spatiale Brignon

Moussac

Ruisseau de l’Auriol Sauzet

Saint-Geniès -de-Malgoirès

L’Esquielle

0

1 km

123

Le Gardon


EXTRAPOLATION DU PRINCIPE D’AMÉNAGEMENT : UNE PLAINE DÉVERSOIR L’idée est de réorganiser le fonctionnement de la plaine qui est actuellement sous tension entre inondation et sécheresse. L’enjeu majeur est de donner de l’espace de liberté au cours d’eau et ainsi diminuer l’enjeu de vulnérabilité envers les résidents. Pour cela, je propose à travers une

Retrouver un rôle d’extension des crues. Elle est gérée par le pâturage au fil des saisons.

nouvelle politique foncière de repenser l’agriculture du territoire en travaillant sur la porosité du lien entre parcelles cultivées et cours d’eau. Et ainsi, préserver les pairies humides qui ont un rôle important dans la régulation du climat, de l’hydrologie, des pollutions et dans la prévention

Trouver une complémentarité entre cours d’eau et agriculture, privilégier les zones tampon

Se servir du paysage comme médiation pour l’information et la prévention des risques

Exercer une pression pastoralisme pour entretenir les berges et éviter l’enfrichement et ainsi valoriser une ripisylve aérée et diversifiée 124


d’événements naturels exceptionnels (inondations, sécheresse). Pour cela, je vais m’appuyer sur la multifonctionnalité des coteaux des garrigues et landes et préférer la diversification de l’assolement.

Valoriser la multifonctionnalité des garrigues et landes (pâturage ovin et caprin, cueillette, filière bois,...)

Créer des itinéraires entre les villages et à travers le vignoble comme prétexte à la découverte, la participation au projet et à la connaissance des paysages

Préférer une diversification de l’assolement : arboriculture, oléiculture, fourrages, semences,... et des pratiques raisonnées : agroforesterie

Développer des stratégies agricoles à la parcelle pour éviter l’irrigation et l’utilisation des pesticides 125


REPENSER LE CADRE DE GOUVERNANCE VERS DES RELATIONS MULTILATÉRALES POUR UNE GESTION CONCERTÉE ENTRE ACTEURS ET USAGERS Précédemment, le schéma d’acteur (cf page 105) a mis en avant l’échelle à prendre en compte, le bassin-versant. Plutôt qu’une politique marquée par la sectorisation. En effet, cette nouvelle politique d’acteur reconnaît une nouvelle circonscription de gestion : le bassin hydrographique. Il se substitue, en la matière, aux découpages administratifs traditionnels. Désormais, à l’intérieur de cette entité, une planification et une gestion concertée et intégrée de l’eau remplacerait le cadre traditionnel de la gestion sectorielle. Cette transition se dessine grâce à la CLE qui est le reflet d’un levier dynamique opérationnel. Proposer cette nouvelle approche par le territoire du bassin-versant des Gardons pourrait alors être une orientation vers une gouvernance territoriale plus «durable» et «locale» réinterrogeant notre relation au grand territoire et à nos manières d’y habiter. Pour s’inscrire dans cette gestion adaptative, il faut rentrer par le volet de l’expérimentation pour infléchir la tendance climatique. Dans un premier temps, nous pouvons imaginer s’appuyer sur une nouvelle politique foncière à l’aide de la SAFER pour la gestion de parcelles. Celleci pourrait être expérimentée par de nouvelles démarches agricoles innovantes où les projets seront réfléchis au cœur d’une concertation réunissant les acteurs (par-

tie droite du schéma), où les principaux acteurs sont les agriculteurs, pour tendre vers une approche agro-écologique et multifonctionnelle du territoire. En définitive, les objectifs sont multiples : accompagner et amplifier le renouveau agricole du territoire, accueillir les projets de jeunes installés, favoriser une agriculture durable. Ce raisonnement interagit avec le paysagiste grâce à sa vision transversale et multiscalaire, où il met au centre le paysage comme outil d’évolution agricole dans le temps long. Il est le médiateur et le concepteur de l’espace et instaure le dialogue avec les acteurs afin d’accompagner de manière cohérente le projet de paysage.

Légendes : Acteurs opérationnels SAGE

Acteurs planifications Document de planification Acteurs : mutualisation des compétences Positionnement du paysagiste

Acronymes (cf page 104)

126


Programme Leader

Ministères Parc National des Cévennes

SDAGE

Échelle départementale

DREAL DRAAF et ude d’ét n à u e Enj ertatio Bassin c con elle du h l’éc nt a vers

Office National des Forets

GIEC Météo France

Police de l’eau

DRAC

SCoT Sud du Gard

PETR Chambre de l’agriculture ( ozère + Gard) L

Pays des Cévennes

Police de l’eau

Conseil Départemental (Lozère + Gard)

DDT(M) (Lozère + Gard)

Fédération Départementale des Chasseaurs (Lozère + Gard)

GAL Cévennes

EPCI COMCOM Cévennes au Mont Lozère

Communauté d’Agglomération d’ Alès

COMCOM Pays Grand-Combien COMCOM Vallée Longue et Cabertois

Association Bâtisseurs en Pierres Sèches

Observatoire météorologique du Mont Aigoual

SCoT

Communauté d’agglomération de Nimes métroploe

COMCOM Vivre en Cévennes

Enjeu d’aménagement résilient contre le risque d’inondation et de sécheresse

Agence d’urbanisme Nîmes Alès

Échelle locale

Syndicat de rivière, EPTB Gardons SAGE

Enjeu de sen s et d’in forma ibilisation tion

PAPI

PGRE

CLE

Maires

Observatoire

NOE

PLU

Habitants / Agriculteurs

Grand public

Public intéressé

Public touché Public concerné

Concertation et application

ABSENCE

INFORMATION

CONNAISSANCE 127

risque = Aléas +Enjeux

Agence de l’eau Rhône Méditerranée / Corse

Échelle régionale

Échelle nationale

Enjeu de diversification des visions - Mutualisation de compétences

GESTION ADAPTATIVE EXPÉRIMENTATION


QUELLES TEMPORALITÉS POUR LE PROJET ?

TEMPS 1 ÉTABLIR UNE GESTION ADAPTÉE DU TERRITOIRE 0-5 ans

La lutte contre le changement climatique et la réduction des risques naturels représentent un défi sociétal crucial à la fois pour la sécurité des populations humaines, les activités socio-économiques et pour la protection des écosystèmes. Il est nécessaire de se saisir des enjeux climatiques dès à présent et d’être proactif.

Utiliser la CLE et l’élargir (à toutes les thématiques et instances) comme levier de concertation et de mise en commun pour établir une gestion du territoire adaptée, entre habitants, scientifique, gestionnaire et décideur. S’aider de la compétence GEMAPI L’EPTB Gardons en correspondance avec le Parc National des Cévennes, instaure des journées pédagogiques et réflectives pour le grand publics afin de questionner les territoires de demain.

Afin d’être efficace et de produire des résultats significatifs, ces solutions apportées doivent être mises en œuvre à une échelle spatiale suffisante et sur le long terme. En effet les bénéfices générés par la protection, la gestion durable ne sont pas toujours perceptibles de façon immédiate. De plus, les défis auxquels ces actions répondent s’inscrivent également dans une échelle de temps long.

Arrière-pays cévenol :

La mise en œuvre de ce projet de territoire doit aussi comporter un suivi et une communication autour des bénéfices de ces projets et contribuer à engager une réflexion stratégique intégrée comme par exemple : -Produire des films pédagogiques pour sensibiliser le plus grand public sur des projets existants* -Développer des formations sur les impacts des changements climatiques, des risques naturels et les types de projets envisageables.

Réunir certaines parcelles pour établir une stratégie de gestion

Informer et sensibiliser, en démontrant les résultats positifs et concrets, des expérimentations et actions menées, est une étape incontournable.

*Un film d’animation sur la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations a par exemple été produit par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse et la DREAL de bassin Rhône-Alpes Méditerranée https://www.youtube.com/watch?v=IzrwF4XKUBk

RÉORGANISER LE FONCIER S’appuyer sur l’organisme SAFER pour organiser le dialogue

Recenser les propriétés montrant des signes d’abandon et déterminer les propriétaires Récupérer la gestion par rachat grâce au droit de préemption Faciliter l’installation de porteurs de projets agricoles sur les terres libérées de l’enfrichement afin de diversifier les productions du territoire S’appuyer sur le Parc National des Cévennes et GAL Cévennes

Ouvrir des accès et servitudes facilitant l’accessibilité aux versants. Apporter une pression pastorale pour ouvrir les milieux.

Plaine du Gard :

Recenser les propriétés montrant des signes d’abandon et récupérer la gestion par droit de préemption. Instaurer une politique foncière pour acquérir les parcelles sur les pentes des collines de garrigues les moins enfrichées. Initier et engager le déplacement des vignobles en zone inondable vers les coteaux des garrigues S’appuyer sur l’IGP Cévennes pour penser la viticulture de demain Apporter une gestion pastorale sur la ripisylve du Gardon pour ouvrir les milieux, grâce aux exploitations d’élevages des garrigues. Révision et refonte des documents de planification, schémas et programmes (PLUi, SAGE, PAPI) afin d’intégrer le changement climatique, ses prévisions, et les réglementations adaptées aux réglementations.


TEMPS 2 INITIER, EXPÉRIMENTER, ÉVALUER +10 ans Établir des aides financières pour favoriser l’installation de projets expérimentaux La chambre d’agriculture aide la concrétisation de ses nouvelles formes d’agricultures expérimentales. MULTIPLIER LES EXPÉRIMENTATIONS, CAPITALISER Questionner les scientifiques (EPTB Gardons, agence d’urbanisme Nîmes/Alès) sur l’impact sur le territoire de cette gestion adaptative

Établir et appliquer un plan paysage pour spatialiser les ouvrages dans les pentes et les drailles en appui à la CLE Mettre en place les aménagements nécessaires pour faciliter l’utilisation de ces terres en fonction de la pente Travailler avec l’association Bâtisseurs en pierres sèches Instaurer une stratégie de gestion pastorale pour maintenir les milieux Repenser un système de draille au profit de la gestion pastorale S’appuyer sur la DDT(M) Gard/Lozère

+30 ans

Appliquer une synergie entre plusieurs thématiques : agriculture, milieux, habitats et inclure les habitants Créer des CUMA dans le but d’apporter aux agriculteurs un cadre propice au partage et aux échanges de bonnes pratiques. Un lieu de formation et de diffusion des nouvelles pratiques. Création d’un comité d’agrément de labélisation par les services de l’État

Transmettre les savoirs-faire Création d’associations pour valoriser les produits à travers des évènements festifs, journée d’expérimentation et échange

Multiplier les formations adaptées (gestion de l’eau, construction dans la pente, matériaux locaux) L’étendre au territoire des vallées cévenoles

Entretenir le réseau de draille, et l’étendre aux territoires limitrophes

Établir et appliquer un plan paysage pour spatialiser les vignobles et organiser le nouveau visage de la plaine Restaurer/créer les terrasses des coteaux pour obtenir des Travailler avec l’association Bâtisseurs en pierres sèches parcelles sub-horizontales pour les vignobles Envisager une nouvelle démarche économique de l’agriculture pour tendre vers un territoire autonome et non dépendant de la viticulture Valoriser les productions locales Créer des ateliers de transformation et des points de vente Étendre cette dynamique au territoire Instaurer une nouvelle stratégie pastorale sur les anciennes parcelles agricoles de la plaine en lien avec l’arrière-pays cévenol

129

OBSERVER ET S’ADAPTER

Adapter la charte du Parc National Développer des lieux communs de prêt de matériel et d’échange autour des pratiques agricoles Initier de nouveau usages agricole Valoriser les productions locales Créer des ateliers de transformation et des points de vente

TEMPS 3 TENDRE VERS LA PÉRENNISATION DU TERRITOIRE


DES PROJETS DE RÉFÉRENCE RESTAURATION DES MILIEUX ET PRÉVENTION DES INONDATIONS GRÂCE AU GÉNIE VÉGÉTAL SUR DES AFFLUENTS DE LA DURANCE

GÉNI’ALP : GÉNIE VÉGÉTAL EN RIVIÈRE DE MONTAGNE

Bassin Versant de la Durance - Digne-Les-Bains

Alpes Françaises et suisses Avant

La problématique de terrains érodés existants et d’excès de sédiments fins dans les rivières est responsable de la dégradation des milieux, terrestres et aquatiques, ainsi que d’un accroissement du risque d’inondation. Afin de réduire ces apports de sédiments tout en initiant un processus de restauration écologique de ces milieux dégradés, une utilisation innovante du génie végétal a été réalisée, via son rôle de contrôle de l’érosion et de la sédimentation, au sein du bassin de la Durance. Il s’agit de laisser l’érosion se produire sur les versants et de stopper les matériaux érodés avant qu’ils n’atteignent la rivière Durance. Des ouvrages de génie végétal sont placés dans les lits des ravines érodées et constituent des obstacles végétaux efficaces pour piéger et retenir les sédiments. Les ouvrages de génie végétal utilisés sont à base essentiellement de boutures (saule pourpre, saule drapé, peuplier noir). Le cordon et le garnissage permettent de créer un « réservoir » sur le seuil, afin de piéger et recueillir les matériaux érodés plus à l’amont. Ces ouvrages sont disposés en cascade dans le lit des ravines, afin de diminuer l’énergie des crues grâce aux seuils, et de multiplier la capacité totale du dispositif pour le piégeage des sédiments. Cette référence pourrait être intéressante pour les ravines dans les vallées cévenoles.

Après

Le projet Géni’Alp vise à inclure les techniques de génie végétal au sein d’une réflexion globale de restauration des cours d’eau de montagne en conciliant « la sécurité des biens et des personnes » et «la préservation des enjeux environnementaux ». Six chantiers pilotes ont été réalisés en France et en Suisse. Ils ont permis d’explorer les limites du génie végétal par la réalisation de protections de berges utilisant des techniques végétales sur des cours d’eau de montagne avec des contraintes élevées et de fortes pentes (pentes des profils en long entre 3 et 12 %). Ces techniques ont rempli leur fonction de protection des berges face aux risques d’érosion et de glissement de terrain. Technique intéressante pour les affluents des Gardons dans les vallées cévenoles.

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PLANTATION DE HAIES BRISE-CRUE

RE-NATURER LES AFFLUENTS

La vallée de la Lèze

Ruisseau du Grémillon de Pulnoy Avant

Sch é bris ma d e e-cr ues princi pe

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Les versants sont exposés à des phénomènes récurrents d’inondation par coulées de boue dont le paroxysme a été atteint lors des orages de mai et juin 2007. Pour lutter contre ce phénomène, le Syndicat de la vallée de la Lèze a porté un projet de plantation de haies sur la période 2009- 2017. Ces haies brise-crue, situées en fond de vallée ou sur les versants, participent à l’interception des ruissellements et réduisent ainsi les risques d’inondation en retardant la propagation des pics de crue et en retenant les coulées de boue dans les parcelles pentues. Les haies vives contre les inondations sont composées de trois à cinq rangées d’arbres autochtones, d’arbustes ou de buissons adaptés au sol local, aux conditions climatiques et épidémiques. Les haies sont plantées sur la plaine d’inondation perpendiculairement au lit de la rivière et sont régulièrement espacées. Cette technique sera-t-elle vraiment efficace dans la plaine, quant on sait que le cours d’eau a un régime torrentiel lors des crues ?

131

Le Grémillon est un affluent de la Meurthe, d’environ 6 km de longueur, drainant un bassin-versant de plus de 1 200 ha. Ce ruisseau est inséré dans le tissu urbain de l’agglomération nancéienne et traverse les communes de Pulnoy, Seichamps, Essey-les-Nancy et Saint-Max où il est en grande partie canalisé. Le ruisseau a été fortement modifié au cours du développement urbain, avec pour conséquences de multiples désordres : inondations, enfoncement du lit mineur, déchaussement partiel d’ouvrages d’assainissement, érosion, perte de toutes les fonctionnalités biologiques pour les tronçons busés. Les travaux sont décomposés en deux phases : -Phase 1 : restauration du ruisseau dans la traversée de la zone urbaine, reméandrage, diversification des écoulements, remise à ciel ouvert du cours d’eau busé, aménagement d’un champ d’expansion de crues. -Phase 2 : en zone urbaine, renaturation du cours d’eau (démolition des seuils et des berges en béton) et zone agricole, restauration du ruisseau, reméandrage, diversification des écoulements, aménagement d’une zone humide, aménagement d’un champ d’expansion de crues. Re-naturer les affluents essentiels pour limiter les risques, cet exemple s’accorde parfaitement aux problématiques de la rivière de l’Esquielle (affluent du Gardon) qui est canalisée.


DE NOUVEAUX VISAGES ET UNE GESTION ADAPTÉE MANIFESTATION D’AMBIANCES ET USAGES NOUVEAUX Projections de l’effet des propositions sur le paysage à l’horizon 2050

Arrière-pays cévenol :

De nouveaux chemins sur les versants avec des points de vues attractifs

Des zones d’estives ouvertes et des points de vue sur le grand paysage

De nouveaux usages des terrasses et des cultures diversifiées

Les cévenols sont de plus en plus présents dans les champs

Un fond de vallée jardiné Des parcours peu boisés

Des pentes fortes et des versants boisés

132


Plaine du Gard : De nouveaux usages des collines de garrigues, des chemins et des points de vue sur le grand paysage

La zone d’extension des Gardons est restituée

Des cours d’eau qui peuvent s’étendre

Les cheminements communiquent à travers les différents faciès paysagers

Les cultures sont diversifiées sur le territoire et à la parcelle

Les habitants viennent aider les agriculteursdans et participent àla récolte

133


SO

U RE

LU

DÉES SUR FON LA N NA O I T T

> D’après les Solutions Fondée sur La Nature

S’APPUYER SUR LES SOLUTIONS FONDÉES SUR LA NATURE POUR LE PROJET DE TERRITOIRE Ces solutions reflètent un concept englobant diverses approches transversales fondées sur les écosystèmes. Les Solutions Fondées sur la Nature sont des actions qui s’appuient sur les écosystèmes pour relever les défis que posent les changements globaux à nos sociétés comme la lutte contre les changements climatiques, la gestion des risques naturels, la santé, l’approvisionnement en eau ou encore la sécurité alimentaire. Des écosystèmes résilients, fonctionnels et diversifiés fournissent en effet de nombreux services

écosystémiques pour nos sociétés tout en permettant de préserver et de restaurer les écosystèmes. Ces solutions sont définies par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) comme : “les actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité”.

134


CONCLUSION ET PROLONGEMENT Le bassin-versant des Gardons est un territoire contrasté qui confère des paysages singuliers et un cadre de vie agréable et atypique. Cependant, le renforcement des évènements climatiques extrêmes (épisodes de fortes précipitations pluvieuses et canicules) dans leur intensité et leur fréquence, annoncent des phénomènes plus brutaux et plus aléatoires sur le territoire, générateurs de catastrophes naturelles (inondations, glissements de terrain, érosion, sécheresse...). Les catastrophes naturelles, illustrées par les épisodes méditerranéens, par exemple de 2002, montrent l’importante vulnérabilité des écosystèmes et des sociétés aux aléas naturels. La lutte contre le changement climatique et la réduction des risques naturels représentent un défi sociétal crucial à la fois pour la sécurité des populations humaines, les activités socio-économiques et pour les écosystèmes. À travers ce projet de paysage je montre comment travailler

avec une approche agro-écologique multifonctionnelle des paysages et ainsi jouer sur les forces que présente ce territoire difficile. Penser ce territoire de manière transversale concilie : -Les enjeux écologiques pour bénéficier des services éco-systémiques -Les enjeux que sont les co-bénéfices, notamment économiques liés à l’activité agricole, à l’éco-tourisme ou à la réduction des coûts des catastrophes naturelles. -Les enjeux sociaux que sont les partenariats entre les différents organismes, acteurs et l’implication de la population locale, en s’engageant dans une action commune. Cette approche représente une alternative économiquement viable et durable, souvent moins coûteuse à long terme que des investissements technologiques ou la construction et l’entretien d’infrastructures monofonctionnelles. La mise en place de cette gestion adaptée au territoire permet également de réduire les impacts sur les milieux na-

135

turels liés aux infrastructures d’ingénierie classique et d’intervenir en adaptant les actions menées aux incertitudes climatiques. La limite de cette approche agro-écologique des paysages est l’échelle spatiale et de temps. Effectivement, elle implique de repenser le cadre d’intervention en le généralisant au territoire, et le cadre conceptuel et donc un laps de temps pour que ces actions soient visibles. La prolongation de ce mémoire esquissera cette approche agro-écologique en s’appuyant sur les constats établis tout au long de cette analyse. Un retour sur site afin d’esquisser le contexte des sites de projet sera alors précis, alimenté par un nouveau retour dans ces paysages et au plus près des acteurs. Ce projet de territoire sera développé lors d’une soutenance publique le mercredi 08 juin 2022 et sera retranscrit dans un tome 2.


BIBLIOGRAPHIE Thèses : -Darras, Thomas. Prévision de crues rapides par apprentissage statistique. Diss. Université Montpellier, 2015. -Druguet, Aurélie. De l’invention des paysages à la construction des territoires: les terrasses des Ifugaos (Philippines) et des Cévenols (France). Diss. Museum national d’histoire naturelle-MNHN PARIS, 2010. -Fumière, Quentin. Impact du changement climatique sur les précipitations extrêmes dans le sud-est de la France: apport des modèles résolvant la convection profonde. Diss. Université Paul Sabatier-Toulouse III, 2019. Articles scientifiques : AGRICULTURE : -Aubron, C. «Dynamique agraire dans les vallées cévenoles.» Résistances spécialisées face à la déprise. Document de travail dans la cadre du projet de recherche Mouve (Interactions entre élevage et territoire dans la mise en mouvement de l’intensification écologique, INRA-CIRAD) (2011). -Clément, Camille. «Le lieu agricole périurbain: un analyseur de la complexité des constructions territoriales entre actions politiques, débats publics et pratiques spatiales: étude de cas dans le -Lunellois (Languedoc)». Nouvelles perspectives en sciences sociales: revue internationale de systémique complexe et d’études relationnelles 10.1 (2014): 27-57. -Germaine, Marie-Anne, et al. «Entre désir de nature et peur de l’abandon: quelles attentes paysagères après l’arasement des barrages hydroélectriques de la Sélune?.» Projets de paysage. Revue scientifique sur la conception et l’aménagement de l’espace 20 (2019). INONDATION : -Boissier, L., and F. Vinet. «Paramètres hydroclimatiques et mortalité due aux crues torrentielles. Etude dans le sud de la France.» Actes du 22ème colloque de l’Association Internationale de Climatologie, 1er au. Vol. 5. 2009. -Follain, Stéphane, and François Colin. «Épisodes pluvieux intenses, érosion des sols et viticulture.» Revue des oenologues et des techniques vitivinicoles et oenologiques 141 (2011): 62-64. -Laganier, Richard, and Helga-Jane Scarwell. «Inondation et recomposition territoriale: quand la nature interroge le fonctionnement des territoires.» Hommes et terres du Nord 2.1 (2010): 103-110. -Maréchal, Denis, et al. «Sur l’origine morphologique des écoulements par l’analyse d’observations hydrologiques distribuées. Application à deux bassins versants cévenols (Gard, France).» Géomorphologie: relief, processus, environnement 19.1 (2013): 47-62. -Martin, Claude, et al. «Les crues de type cévenol: recherches sur le versant sud du Mont-Lozère (France).» IAHS PUBLICATION (2003): 284-289. -Mikaïl, Barah. «L’eau, un enjeu environnemental aux répercussions géopolitiques.» Revue internationale et stratégique 4 (2005): 139-148. GÉOLOGIE : -Ballais, Jean-Louis, et al. «L’évolution du risque d’inondation par les cours d’eau méditerranéens français: le rôle de l’accumulation dans le lit majeur (The evolution of flood risk by mediterranean rivers: the part of accumulation in the flood plains).» Bulletin de l’Association de géographes français 81.1 (2004): 64-74.

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-MARTIN, Philippe. «Analyse statistique, multiscalaire et fractale des débits des phases de montée de crue d’épisodes cévenols (Gardon, France).» Geo-Eco-Trop 44.4 (2020): 553-570. -Séranne, Michel, et al. «Surrection et érosion polyphasées de la bordure cévenole. Un exemple de morphogenèse lente.» Bulletin de la Société géologique de France 173.2 (2002): 97-112. Ouvrages : -Cabanel, Patrick. Histoire des Cévennes. Paris : Presses universitaires de France, 2019. 126 p. -Crosnier, Capucine. Atlas du Parc national des Cévennes. Florac : Parc national des Cévennes, 1999. -Collectif des Garrigues. Atlas des garrigues. Prades-Le-Lez : Éd. Écologistes de l’Euzières, 2013. p 354. -Collectif Paysages de l’après-pétrole. Villes et territoires de l’après-pétrole : le paysage au cœur de la transition. Antony : Éditions le Moniteur , DL 2020. p 313. -Rossano, Frédéric. La part de l’eau : vivre avec les crues en temps de changement climatique. Paris : Éditions de la Villette , DL 2021. p 266. -Markham, Adam, et al. World heritage and tourism in a changing climate. UNESCO Publishing, 2016. p 82-89. -Parc national des Cévennes. Guide du naturaliste Causses - Cévennes : A la découverte des milieux naturels du Parc national des Cévennes. Grenoble : Libris, 2007. 335 p. -Parc national des Cévennes. Le renouveau de la châtaigneraie cévenole. Florac : Parc national des Cévennes,2006. 304 p. -Schaffner Marin, Rollot Mathias, Guerroué François. Les veines de la terre : une anthologie des bassins-versants. Marseille : Wildproject , DL 2021. p 152. Sites : -Données agricoles : https://www.audrna.com, https://occitanie.chambre-agriculture.fr -Actualité sur le vigne : http://www.vinsdescevennes.com -Atlas des paysages du Gard : http://paysages.languedoc-roussillon.developpement-durable.gouv.fr/Gard/default.html -Pour la cartographie et les données géologiques et pédologiques : https://www.brgm.fr ; https://www.ign.fr ; https://www.geoportail.gouv.fr -Pour les documents de planification : https://www.les-gardons.fr, https://noe.gard.fr/noe-prevention-contre-lerisque-inondation-dans-le-gard.html -Sur le climat : http://www.drias-climat.fr, https://meteofrance.com, https://www.ecologie.gouv.fr/comprendre-giec -Statistiques : https://www.insee.fr/fr/statistiques/zones/2011101 Pour aller pour loin :https://uicn.fr/solutions-fondees-sur-la-nature/ Documentaire : -Khanne, Marc. Aigoual, la forêt retrouvée (DVD). Artis, Télé Miroir, 2007. vidéo VHS, 84 min.

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UN GRAND MERCI ! À Catherine pour son encadrement, ses précieux conseils et son enthousiasme pour mon travail ! À Bruno pour son accompagnement, son regard et ses conseils riches ! À Grégory Morisseau pour son écoute et ses retours lors de mon pré-jury Aux acteurs rencontrés avec qui je me suis entretenue sur le terrain ! Aux agriculteurs, aux habitants avec qui j’ai partagé du temps ! À ma famille pour m’avoir accompagnée et soutenue en tout temps : Florence, Lou et Véronique pour leur patience de leurs lectures interminables de mon écrit ! Une petite mention spéciale aux sourires innocents de Laïa qui donnent le moral et aux autres membres de la famille pour leur sens de l’humour indéniable ! À mes colocs pour leurs soutiens réciproques ! À Laetitia pour sa présence ! À Magalie pour son accueil inéluctable aux Marthes-Les-Veyres ! À mes amis pour leurs soutiens infaillibles ! À Mathilde et Duv pour leur acceuil dans leur maison ! À mes copains Blésois sans qui tous cela n’aurait été possible : Lucile, Agathe, Arthur, Sarah, Juliette, Rémi ! Et enfin merci à tous les autres copains de la promo pour les rigolades, les échanges et vos conseils précieux !

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Paysage riche, le bassin-versant des Gardons comprend plusieurs territoires emblématiques : les Cévennes, le Piémont, la plaine de la Gardonnenque, les Gorges du Gardon et le Gardon Rhodanien. Ainsi, il est un vaste territoire qui unifie et connecte la haute montagne à la plaine. Il est un territoire contrasté qui confère des paysages singuliers et un cadre de vie agréable et atypique. Le climat méditerranéen est varié et capricieux. Ce sont des étés très chauds et secs, là où le printemps et l’automne annoncent de fortes précipitations. Entre massif central et couloir rhodanien, la rencontre entre air chaud et air froid induit sur le plan climatique des alternances entre période sèche et humide. La pluviométrie est faible aux périodes printanières et estivales, mais extrêmement importante à l’automne en raison d’un phénomène dénommé ÉPISODES CÉVENOLS, très souvent à l’origine de crues significatives. Ces variations, importantes et extrêmes, fréquentes et violentes, interviennent alors que ces territoires manquent régulièrement d’eau qui s’intensifie avec le dérèglement du climat. Ces tensions entre trop d’eau et manque d’eau sont problématiques. Les fortes pluies ruissellent, dévalent et érodent les pentes cévenoles et arrivent directement dans la plaine. Ces frictions reflètent un chaos désorganisé des versants cévenols soumis aux pluies et à l’érosion. Tandis que dans la plaine du Gard, le Gardon façonne le paysage et s’étale de tout son long avec sa ripisylve dense et infranchissable dans la plaine agricole. Au fur et à mesure, les hommes ont empiété sur les zones d’expansion des rivières, oubliant leur vulnérabilité face aux risques d’inondations. Quelles solutions pouvons-nous envisager pour tendre vers une résilience de ces territoires alors que se greffe l’incertitude du changement climatique ? Ce mémoire questionne l’enjeu que peut constituer un arrière-pays sur une plaine vulnérable. Une réflexion sur l’épaisseur du bassin-versant permet de comprendre les enjeux actuels que posent les Gardons et ainsi d’établir des sorientations et actions à expérimenter pour tendre vers la périnisation du territoire. L’atout de ce projet est aussi, au travers de ces orientations, d’apporter une gestion adaptée dans le but d’infléchir ou maîtriser le processus climatique dès l’horizon 2050. Le projet de paysage a donc un rôle à jouer pour atténuer les risques, mais aussi pour contribuer à son niveau, à maîtriser le changement climatique.


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