Le Test à la bêche un réflexe à adopter

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TECHNIQUE

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Test à la bêche : un réflexe à adopter Un coup de bêche dans ses parcelles suffit parfois pour détecter un problème de structure du sol. Il permet aussi de se rassurer sur ses pratiques.

«L’

TEXTE

8 critères pour évaluer son sol : >Aération de la surface >Forme des agrégats de la couche arable >Forme des agrégats de la couche sous-jacente >Cohésion de la bêchée >Trous et galeries >Etat des racines >Résidus de récolte >Engorgement (couleur, odeur)

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objectif est d’observer son sol, les racines, les tassements éventuels», explique Christophe Barbot, conseiller à la Chambre d’agriculture d’Alsace. Seul équipement nécessaire : une bêche, de 30 à 40 centimètres. Le test à la bêche est à réaliser lorsque le sol n’est ni trop sec, ni trop humide et s’effectue en présence de racines actives, dans une culture, un couvert ou une prairie. «Le mieux est d’effectuer ce test à plusieurs endroits», précise Christophe Barbot. Selon la méthode Görbing (lire encadré), la notation se fait sur huit critères. La note «1» correspond à «excellent» et la note «5» à «médiocre». On peut ainsi donner une note globale à un sol en additionnant les notes. uLa première étape est l’observation de la surface du terrain. La présence de fissures, d’agrégats et de turricules de vers de terre sont des éléments favorables à une bonne structure du sol. A l’inverse, un sol fermé par une croute de battance ne permettra pas les échanges gazeux. uVient ensuite le prélèvement de la bêchée. Il est nécessaire de dégager une petite prétranchée afin d’extraire plus facilement le bloc de terre à observer. En fonction de la difficulté avec laquelle la bêche entre dans le sol, on se rend déjà compte de l’état de compaction du terrain. uSi le bloc se sépare en plusieurs morceaux lors du prélèvement, c’est le

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bonne structure du sol est reconnaissable par la présence d’agrégats visibles et de turricules de vers de terre.

Avec la bêche, creuser une prétranchée qui permettra d’extraire le bloc de terre à observer.

Horizons parcelle de Joffrey Jost (à droite), agriculteur à Dorlisheim (Bas-Rhin). A.MAGNARD

signe d’une structure du sol dégradée. uL’observation du bloc sur la bêche permet d’apprécier l’épaisseur des diférentes couches de terre (horizons) et les transitions entre elles. Une transition la plus progressive possible entre les horizons est recherchée. grattez le bloc à l’aide d’un couteau afin d’oter le lissage engendré par la bêche. uPrélever ensuite à la main des mottes de terre dans les différents horizons et détachez-les avec une légère pression pour observer les agrégats, c’est-à-dire les fragments de terre. Plus ces agrégats sont poreux, ronds et fins (façon «couscous»), plus les

racines pourront facilement explorer le sol. A l’inverse, des agrégats compacts, supérieurs à 2 cm de diamètre et sans porosité visible ne seront que très peu explorés par les racines. uVérifiez le comportement des racines et leur densité. La présence de racines coudées ou rétrécies, ainsi que les zones vides de racines, peuvent être les témoins de sols compactés. uD’autres observations simples complètent ce test à la bêche : l’humidité de la terre (qui peut déterminer la possibilité ou non de passage d’outil), son odeur (une situation d’asphyxie du sol peut engendrer une odeur de pourriture ou de vase). Adèle Magnard

UNE ROUTINE CHEZ NOS VOISINS GERMANOPHONES La méthode du test à la bêche n’est pas récente, puisqu’elle a été développée en Allemagne à partir de 1930 par Johannes Görbing, un conseiller de la région de Hambourg. Elle est aujourd’hui utilisée par les organismes de conseils germanophones. Elle commence à faire parler d’elle en France, où chercheurs,

Surface Une

OdERA-Vivaces. En

quelques clics, on peut visualiser l’impact de changements de pratiques sur la pression adventice. C. WATIER

Extraction

Structure Christophe Barbot (à gauche) réalise un test bêche sur la

conseillers et techniciens l’utilisent pour évaluer le bon fonctionnement des sols. Côté agriculteurs, les plus sensibilisés à la technique sont ceux qui pratiquent l’agriculture biologique ou de conservation. Pour autant, la méthode est à portée de tout un chacun, et peut permettre de repérer des problèmes de

L’observation de la bêchée permet d’évaluer la transition entre les différentes couches de terre et leur cohésion.

Racines Véri-

fier la densité des racines, si elles sont réparties de façon régulière et si elles sont pliées ou coudées.

(1) http://www.alsace.chambagri.fr/envinnov/sols.html

Simuler le risque chardons

A

lors que le glyphosate est sur la sellette, Agro-Transfert a travaillé sur un outil disponible gratuitement sur internet, permettant de gérer le chardon sans herbicides à l’échelle d’une rotation type des Hauts de France. OdERA-Vivaces aide à diagnostiquer les problèmes de gestion de cette adventice dans une parcelle grâce aux renseignements fournis par l’agriculteur : la durée et la surface (par rapport à la rotation) de culture fourragère pluriannuelle, la fréquence de déchaumages d’été dédiés aux vivaces et de labour, et la fréquence de cultures binées et de légumes d’industrie. Si l’agriculteur envisage de

modifier ses pratiques, en quelques clics, il visualisera l’impact de ces changements sur le risque chardon. Des fiches techniques sont également accessibles sur la gestion des chardons, rumex, laiteron, chiendent… « Il est envisagé d’adapter OdERA-Vivaces à d’autres régions dans le cadre d’un projet Casdar portant sur la thématique des adventices vivaces (chardon et rumex) qui commencera début 2018, précise Élise Favrelière, ingénieure d’études agriculture biologique à Agro-Transfert. Et l’outil pourrait également être adapté à d’autres adventices vivaces. » www.agro-transfert-rt.org/outils/ odera-vivaces

Florence Mélix

AMBROISIE

Freiner les résistances

L Agrégats

tassements nécessitant un travail du sol, ou à l’inverse de conforter un itinéraire technique. La chambre d’agriculture d’Alsace organise des formations à l’usage du test bêche pour les groupes d’agriculteurs (1).

TECHNIQUE

Fractionner avec une légère pression les blocs de sol afin d’évaluer la structure des mottes et d’apprécier leur porosité. A.MAGNARD

a lutte contre l’ambroisie est déjà compliquée, mais elle pourrait l’être encore plus. En 2017, des populations résistantes à cinq fois la dose habituelle de glyphosate ont été observées dans le Mississippi aux États-Unis. De telles résistances avaient déjà été notées en 2016 dans 14 États, et dans l’Ontario au Canada. Pour l’instant en France, aucune résistance de ce type n’est observée. Mais en 2015, une équipe de recherche de l’Inra de Dijon a détecté des populations résistantes à l’imazamox, molécule herbicide de la famille des ALS utilisée sur des variétés de tournesol tolérantes. « L’utilisation des herbicides doit maintenant être réfléchie en prenant en compte ce risque grandissant », alerte l’Observatoire des ambroisies qui publie un nouveau guide de gestion de cette adventice (https://fr.calameo.com/read/00524005988fb16bcbf43). F. M. LA FRANCE AGRICOLE // 3720 // 10 NOVEMBRE 2017

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