Femmes peintres
« Femmes peintes et femmes peintres» par Robert Poulou, président des Amis d’Arnaga ■ Maritchu BAIGNOL (1897-1980) est la première femme peintre née à Ciboure, petite-fille d’Evariste Baignol, maire de la commune de 1891 à 1899. Contemporaine de Gustave Colin et de son fils Charles, elle est l’élève de Marie Réol et de Désiré Lucas, peintres de l’école bretonne qui sillonneront euxmêmes un temps le Pays basque en sa compagnie. Ses thèmes de prédilection sont les bouquets de fleurs et les paysages basques, avec quelques échappées au sud de l’Espagne et Rue de l’Escalier, à Ciboure. en Algérie. Elle exposera plusieurs années à Paris, au Salon des artistes français de 1924 à 1930. Authentique pédagogue, elle dispense des cours particuliers de peinture à Paris, tout en donnant des leçons de français dans un collège de Versailles. Elle participe à de nombreuses expositions, notamment avec René Choquet, Georges Masson et Le Tanneur. Elle figure en bonne place dans plusieurs collections particulières à Saint-Jean-de-Luz et à Ciboure. ■
Mayi DARIZCUREN-VERCHERE (1912-1997) Née à Ustaritz, élève des époux
Trébuchet, elle l’est ensuite à La Grande Chaumière. En 1937, elle épouse Alfred Darizcuren, chef d’orchestre de renom. Elle participe tout au long de sa carrière à de nombreux salons, à Biarritz, Bayonne, Pau, Bordeaux, Nice, Monte Carlo, Paris et New York. Outre de nombreux tableaux sur la vie et les paysages basques, elle s’attache à peindre des scènes espagnoles, danseurs et musiciens, avec une prédilection pour l’Andalousie. Fondatrice du Salon Ibaïa à Bayonne, elle fait partie du « Tout Côte Basque », campant le portrait de ses membres les plus en vue. Citons, outre ceux des artistes parisiens de renom à l’époque, ceux du bascologue Dassance d’Ustaritz, du champion de pelote Harambillet, du cardinal Etchegaray, des maires de Biarritz et de Bayonne. Elle est décédée en 1997 à Montreuil-sous-Bois. Le champion de pelote basque, Jean- Baptiste Harambillet.
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Femmes peintres
■ Hélène DUFAU (1869-1937) Née à Quinsac (Gironde), très jeune, elle se révèle douée pour le dessin. Entrée à l’Académie Julian, elle obtient le prix Marie Bashkirtseff qui récompensait les jeunes talents. Devenue membre de la Société des Artistes Français, elle est sollicitée pour des illustrations d’ouvrages et réalise des projets d’affiches, toutes encore très recherchées par les collectionneurs : Partie de pelote à Neuilly, Bal des Increvables au Casino de Paris, La Fronde. Le poète Edmond Rostand remarque ses œuvres et s’attache son concours pour décorer sa somptueuse villa de Cambo-les-Bains, Arnaga. Hélène Dufau y réalise les portraits de la famille et la décoration de la bibliothèque, ainsi que trois médaillons, des femmes nues, toujours visibles au Musée de Cambo. L’État lui commande quatre panneaux pour la Sorbonne : Zoologie-Géologie-Astronomie, MathématiquesRadioactivité-Magnétisme. Artiste officiellement reconnue, elle se fait construire une maison à Guéthary : « Péllénia ».
Maurice Rostand (Musée d’Arnaga).
Retirée à Antibes, elle connaît pourtant une fin de vie marquée par des difficultés matérielles en sus d’une cruelle maladie. Décédée à Paris, elle est inhumée comme indigente au cimetière de Thiais. Sa Partie de pelote à Urrugne présentée au Salon de 1903 est une des pièces majeures du Musée Basque. ■ Louise D’AUSSY PINTAUD (1900-1990) Peintre et sculpteur, née à Bordeaux, elle est l’élève, à Paris, du peintre Biloule à l’école de Gustave Moreau. Connue à ses débuts pour ses sculptures et peintures de nus, son style est de facture classique et épurée. Dans les années 30, elle expose plusieurs fois au Salon des Artistes Français des bustes en bronze et des toiles. Puis, sa maison de Royan détruite par un bombardement, elle s’installe en 1944 à Socoa. Elle sillonne le Pays Basque avec son mari pour peindre des portraits, des scènes de marché et de fêtes, des maisons basques, des paysages de campagne, des compositions florales, participant à de nombreuses expositions sur la Côte basque mais aussi à Paris, Bruxelles, Bordeaux et Angoulême. Elle réalise deux peintures murales à l’entrée de la coopérative maritime de Ciboure. Elle est décédée maison Uralde, aujourd’hui Uhaïna, face au port de Socoa où un espace vert porte son nom.
Dans la baie (Collection Mairie de Ciboure).
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Femmes peintres
■ ELIZAGA (1896-1981) Hélène Elissague, née à Bagnères-de-Bigorre, élève de Charles Colin, entre à l’Académie Julian en 1917, puis à la Grande Chaumière à Montparnasse. Elle épouse son professeur, Henry du Sorbiers de La Tourasse, lui-même artiste-peintre. Sans négliger leur activité de création, ils se consacrent ensemble à la restauration de tableaux. Dans les années 30, elle participe à des expositions au Musée Basque et à Pau avec son mari, Arrué, Colin, Labrouche, Masson, Ribéra, Veyrin, Swiecenski. Outre des portraits de personnalités Le port de Saint-Jean-de-Luz. locales, ses tableaux reprennent les grands thèmes de la peinture basque : paysages lumineux, pelotaris, ports de pêcheurs, vues de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure. Elle est l’auteur de la fresque de la chapelle Notre-Dame-de-l’Aubépine à Ainhoa. Plusieurs de ses tableaux sont visibles au Musée Basque, notamment Les frères Arrayet, champions de pelote basque (103 x 109 cm) ; Joueurs de chistéra (107 x 205 cm) Portrait de Jean Urruty. ■ Maria-Josefa KAREAGA-LARRE (1911-2000) Née à Saint-Sébastien, elle vit la plus grande partie de sa vie à Hasparren où elle est décédée. Surnommée « Pépa », issue d’une famille basque réfugiée en France en 1936, élève de Rogello Gordon et de Jesus Olasagasti, ses portraits de famille sont dispersés et pieusement conservés par sa nombreuse descendance. Influencée par les peintres d’outreBidasoa, ses pêcheurs et ses scènes de la vie quotidienne nous renvoient souvent aux maîtres de Guipuzcoa.
Pêcheur de Guipuzcoa.
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Femmes peintres
Léon Bonnat et ses élèves (1914). De gauche à droite : Denis Etcheverry, Henri Zo, Georges Bergès, Eugène Pascau, Marie Garay, Daniel Saubés, Henry Caro-Delvaille, Benjamin Gomez. Assis : Léon Bonnat.
■ Marie GARAY (1861-1953) Née à Saint-Pierre-d’Irube, fille d’un instituteur originaire de Briscous, aînée d’une nombreuse famille sur laquelle elle n’eut de cesse de veiller, elle se fait remarquer très jeune par ses dons exceptionnels pour la peinture et le dessin. Elle est totalement intégrée au groupe de peintres bayonnais de l’époque, formés à l’école de Léon Bonnat et d’Achille Zo : Bergès, Henri Zo, Caro-Delvaille, Denis Etcheverry, Pascau… Après l’école municipale de dessin, elle « monte » à Paris poursuivre sa formation artistique auprès du maître Bonnat toujours à l’affût des jeunes talents de sa ville. Durant toute sa longue carrière, elle cherche surtout son inspiration au Pays basque dans les scènes de la vie populaire et du folklore euskarien. Le maître lui confie le soin de réaliser une grande toile où il est représenté au milieu de ses élèves préférés : Bonnat et ses élèves (1914 - 215 x 257 cm). L’œuvre à la composition savamment équilibrée présente en outre un intérêt documentaire certain pour l’histoire de la peinture sur les bords de l’Adour. Elle réalise de nombreux portraits de personnalités civiles et religieuses. Authentique pédagogue, elle ouvre à Bayonne, rue de l’Évêché, avec le concours de ses trois sœurs, un cours de dessin pour les jeunes filles et un atelier de peinture. Elle rédige un « Cours de perspective et d’observation à l’usage des personnes qui pratiquent le dessin d’après nature ». (Hachette 1893). Elle dispensera également son enseignement à Biarritz, ville où elle est décédée à l’âge de 92 ans. L’œuvre, très importante, de cette éminente représentante de l’École bayonnaise, justifie les qualificatifs de « Première femme basque peintre, premier peintre du Pays basque ». À voir l’un des fleurons du Musée Basque : « La Fête Dieu à Bidarray » (1899 – 143 x 282 cm). Dans des collections privées, notons « La récolte des tomates » à Ciboure – « La première communiante » – « Portrait du roi d’Espagne, Alphonse XIII ». 5
Femmes peintres
■ Marie REOL (1880-1963) Peintre bretonne vivant entre Paris et Douarnenez, élève de Désiré Lucas dont elle devient la seconde épouse, elle expose régulièrement au Salon des Artistes Français, obtenant en 1921 la médaille d’or avec le portrait de son époux et de sa petite-fille. Plusieurs de ses œuvres sont achetées par l’État, la ville de Paris et des musées bretons. Elle s’adonne à l’étude de la figure, des nus, des portraits et compositions diverses. Ses portraits remportent un légitime succès pour la personnalité qu’ils dégagent et la perfection dans la composition. Dans les dernières années de sa vie, Marie Réol se spécialise dans la peinture des fleurs et des natures mortes. Coloriste remarquable, elle concentre tous ses dons de peintre dans ses œuvres aux couleurs chaudes et émouvantes. Entre 1920 et 1940, elle séjourne à plusieurs reprises au Pays basque, chez des amis, avec Désiré Lucas. Le Vieux Basque (Collection privée).
■ Maggie SALCEDO (1890-1959) C’est le nom d’artiste de Marguerite Seligmann-Lui. Née à Paris, elle étudie les arts graphiques à l’académie de dessin La Grande Chaumière à Montparnasse. Illustratrice réputée des années 20, signant simplement « Maggie », c’est après son mariage avec l’artiste-céramiste bayonnais André Salzedo qu’elle publie ses illustrations sous le nom de « Maggie Salcedo », nom à l’orthographe volontairement modifié. Elle collabore à la Gazette du Bon Ton, à l’Illustration des Modes, au Jardin des Modes Nouvelles. Elle travaille pour la publicité, peint des affiches pour la CroixRouge et dessine des catalogues pour les Grands Magasins. Auteur de textes pour enfants, elle ouvre à Paris une école de dessin au début des années 30. Elle expose au Salon des Humoristes. À l’armistice, elle rejoint Bayonne et s’installe dans la maison de son mari, pensant y exercer plus facilement son art que dans le Paris occupé. Elle regagnera la capitale à la fin du conflit. Son œuvre de peintre, moins connue et moins La partie de pelote basque (Collection privée). prolifique, mais tout aussi originale et novatrice que ses illustrations, est liée pour l’essentiel à sa collaboration avec les architectes Louis et Benjamin Gomez qui lui confiaient la décoration de belles demeures. De là les formes géométriques peu conventionnelles des grands tableaux de l’artiste – panneaux décoratifs muraux, paravents illustrés de personnages du folklore, formes en demi-lune, octogonales, grands ovales, trumeaux… – en adéquation avec le goût Art Déco de l’époque. ■ MARIXA (1914-1995) — Maria-Luisa Fernandez-Casielles est née à Oviedo mais a vécu essentiellement à Bayonne et à Ujue, en Navarre. Une des fondatrices du « Grenier d’Ustaritz » dans les années 60, elle participe à de très nombreuses expositions en France et à l’étranger (Londres, Salamanque, Berne, Kyoto) se détachant peu à peu de la touche figurative. Décédée à Bayonne, la Galerie Pompidou à Anglet et le Musée Bonnat lui rendent hommage en 1996 dans une exposition dont les catalogues restent une référence pour ce peintre qui, à partir des années 80, collabore à la décoration de chapelles à Saint-Jean-de-Luz, Anglet, Hendaye, avec des maîtres-verriers locaux. 6
Femmes peintes par…
■ Ramiro ARRUE (1892 - 1971) Qui ne connaît pas Ramiro Arrue à Ciboure et à SaintJean-de-Luz, peintre des pêcheurs et du port, des pelotaris, des danseurs, de la vie rurale ? Au cours de ses études à Paris en 1905 avec le maître Zuloaga, il fréquente le Bateau Lavoir et Picasso, à la naissance du cubisme qui caractérise, un temps, nombre de ses tableaux. À Ciboure, il habite d’abord rue Evariste Baignol, puis s’installe dans son atelier « Patarragoity », rue Mapou, avant de se fixer à Saint-Jean-de-Luz, rue Gambetta. Peintre de la vie quotidienne des deux côtés des Pyrénées, il présente souvent une vision idyllique du Pays basque. Il obtient la médaille d’or en 1925 à l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs, avec la toile monumentale Le fandango visible à la mairie de Saint-Jean-de-Luz. Excellent pelotari, il figure dans le film Ramuntcho. En 1934, il peint les décors de l’opéra Perkaïn et illustre plusieurs livres, notamment ceux de Pierre Loti et de Francis Jammes. Ami de Maurice Ravel, il lui fait don d’un tableau de style cubiste, exposé au musée Ravel de MontfortL’Amaury. Il reste le peintre le plus recherché des collectionneurs.
Portrait de Suzanne, épouse de Ramiro (Collection Mairie de Saint-Jean-de-Luz).
■ Hubert-Denis ETCHEVERRY (1867-1952) Né à Bayonne, au quartier Saint-Esprit, il est l’élève d’Achille Zo à l’école municipale de dessin de Bayonne. Boursier, reçu premier au concours d’entrée de l’École des Beaux-Arts de Paris, il entre dans l’atelier de Léon Bonnat, rue Pigalle, et obtient un second prix de Rome en 1891 avec une toile intitulée Jupiter et Mercure reçus par Philémon et Baucis. Dès lors, il est l’auteur, recherché, de nombreux tableaux de mœurs et de portraits de célébrités de la vie parisienne, fixant les grâces et les élégances de son temps. Le tableau La plage de Biarritz, peint en 1907, est acquis par le roi du Siam ; Le coup de vent à Trouville entre au Musée du Luxembourg. Dans ses portraits, il marque sa virtuosité dans le rendu des vêtements de ses modèles huppés, princes et princesses, comtes et comtesses, célébrités contemporaines. Il réalise plusieurs portraits de son épouse, Valentine, notamment La dame en bleu, parfaite image de la femme heureuse, à demi allongée sur un divan, qu’il fera suivre de plusieurs autres, visibles pour la plupart au Musée Bonnat. Denis Etcheverry, peintre du tout-Paris et de la Belle Époque, finit sa vie, malade, sur les hauteurs de Marracq. Portrait de l’épouse de Hubert-Denis Etcheverry (Collection privée).
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■ Georges MASSON (1875 - 1949) Né à Étretat, mais d’une famille aux racines bayonnaises, il passe toutes ses vacances à Guéthary. Son père est professeur de chant au Conservatoire de Paris et il suit les cours de l’École des Beaux-Arts. Installé au 53, quai Ravel à Ciboure dès 1918, il passera la dernière année de sa vie dans la maison natale de Maurice Ravel. En août 1923, il participe à la fameuse exposition du Groupe des Neuf, avec Arrué, Choquet, Colin, Domergue, Godbarge, Labrouche, Ribéra et Virac. S’il est essentiellement un peintre paysagiste, avec une prédilection pour Ciboure, de M Masson, épouse du peintre Sare, Ainhoa et Pasajes, ses tableaux repré- Portrait Ciboure). sentant des pelotaris sont particulièrement prisés des collectionneurs. Une rue porte son nom à Ciboure où il est décédé. me
(Collection Mairie de
Très présent dans les collections particulières. Voir au Musée Basque Le vieux trinquet Saint-André à Bayonne, La place de Sare après la messe, Sortie de procession à Ciboure. ■ JOSE GONZALES DE LA PEÑA (1896Anglet 1961) Des générations d’Angloys se sont dit « oui » pour la vie devant la fresque allégorique, intitulée « Les Âges de la vie » qui décore la salle des mariages. L’œuvre, constituée de trois panneaux représentant l’été, l’automne et l’hiver, avait été offerte par l’artiste José de la Peña à la commune d’Anglet pour orner la salle des mariages de l’Hôtel de ville construit en 1938. Il avait d’ailleurs pris pour modèle des habitants d’Anglet. José de la Peña, né à Madrid, fils d’un diplomate de la monarchie espagnole, se forme au contact des plus grands, tels Picasso ou Juan Gris, à Madrid, puis à Paris. Dans les années 20, il s’installe définitivement à Anglet et, dans son atelier de la villa « Fortuna », le portraitiste devient aussi le peintre incomparable de torerías car il excelle dans tous les genres, participant à de nombreuses expositions en France et à l’étranger. Il réalise aussi de grandes compositions décoratives (Salle de la sorcellerie au Musée Basque, église d’Arcangues, cloître du couvent des Capucins de Bayonne). Tout en n’écartant pas la juxtaposition de grandes touches de couleur, sa peinture s’inscrit dans la tradition classique espagnole, avec des jeux d’ombre et de lumière destinés à marquer le réalisme psychologique des personnages. À son décès, de nombreux objets, mobiliers et tableaux ont été légués par sa veuve à la ville. Jeune couple (Collection particulière).
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Femmes peintes par…
■ Ignacio ZULOAGA (1870-1945) Un des plus importants peintres espagnols de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, il naît à Eibar, en Guipuzcoa, et meurt à Madrid en 1945. Son père est un célèbre damasquineur dans l’atelier duquel il travaille tout jeune. Ce sont alors ses premiers contacts avec le dessin et la gravure. Après sa formation scolaire en France chez les Jésuites, le jeune Ignacio fit un séjour à Madrid, qui le familiarisa avec Ribera et Velázquez et lui fit découvrir Le Greco, puis à Rome où il travailla dans l’atelier du sculpteur Folgueras. Zuloaga fut spécialement lié avec Ségovie où il eut un atelier jusqu’en 1913 mais c’est à Paris, où il arrive en 1890, qu’il séjourne durant un quart de siècle, en dépit de fréquents voyages. Montmartre demeure son port d’attache. Adopté d’emblée par la « bande catalane » Rusiñol, Casas, Utrillo, il devient l’un des fidèles de la Société nationale des Beaux-Arts. Parmi ses nombreux amis peintres se détachent Degas, Gauguin, Émile Bernard, Charles Cottet et Maxime La fuente de Eibar (Musée Zuloaga). Dethomas dont il épouse la sœur en 1899. Il fréquente également les écrivains dont Barrès à qui il révèle Le Greco et dont il fait un portrait célèbre devant le paysage de Tolède. Il expose à Düsseldorf et à New-York et les commandes pleuvent, notamment pour des portraits que s’arrachent aristocrates, financiers, écrivains, actrices et mondaines. Après la Première Guerre mondiale, il s’installe au bord de la mer, à Zumaia, transportant dans la villa-musée qu’il avait fait construire ses collections parisiennes. Décédé à Madrid, il est enterré à Saint-Sébastien. Le musée Zuloaga se situe à Zumaia. (Santiago Etxea). Ouvert d’avril à septembre de 16 à 20 heures. ■ Antonio URIA MONZON (1929-1996) De descendance basque, il entre dès l’âge de 15 ans au Cercle des Beaux-Arts de Madrid où il est né. Après un séjour à Paris, il vit dans le sudouest de la France, à Saint-Hilaire de Lusignan, près d’Agen, à Saint-Jean-de-Luz – il tient sa galerie au bas de la rue Gambetta – et à Ciboure, maison natale de Maurice Ravel, y installant son atelier. Auteur de nombreuses toiles ou de dessins, scènes de tauromachie et portraits, il participe à de nombreuses expositions dans le Sud-Ouest, à Barcelone, Madrid et Paris dans les années 60 et 70, au Japon et à Cuba. Son œuvre de peintre et de graveur s’inscrit constamment dans les oppositions ou la complémentarité : vie et mort, douceur innocente de l’enfant et force du toro en mouvement, lyrisme onirique et gravité, fidélité au modèle ou liberté créatrice, couleur du ruedo et noir du toro. En 1998, une plaque est dévoilée et un square baptisé à son nom à Saint-Jean-de-Luz, ville qui lui a consacré deux expositions rétrospectives. Il est le père de la chanteuse lyrique, Béatrice Uria Monzon. Madame Uria Monzon, épouse du peintre (Collection particulière).
Lire L’univers d’Antonio Uria Monzon (2001). 9
Femmes peintes par…
Gustavo DE MAEZTU (1887 -1947) Il est né à Vitoria, au sein d’une famille qui donne naissance à deux autres personnalités marquantes dans la vie intellectuelle de l’époque : Ramiro, journaliste, écrivain et théoricien de la politique et Maria, écrivain et pédagogue, précurseur de l’éducation laïque et moderne en Espagne. Né de mère anglaise, la vision cosmopolite est une constante chez les Maeztu, marqués à la fois par leur origine basque et navarraise. Cosmopolitisme dans la vision et dans la diversité, vasquidad et génération de 98, amour de la tradition rurale et de la culture sans frontières se conjuguent avec des connotations modernistes pour forger les constantes de la personnalité de Gustavo de Maeztu et imprégner ses œuvres. Il étudie à Bilbao avec les peintres Lecuona et Losada. Sa formation et l’essentiel de son parcours professionnel tourneront autour de « l’École Basque de Peinture ». Il devient un élément actif dans la fondation de l’Association des Artistes Basques en 1911. Auteur de romans, grand voyageur, il connaît le Paris du début du siècle. Entre 1910 et 1936, il expose maintes fois à Bilbao, Saint-Sébastien, Barcelone, Madrid, Londres, Paris et La muse nocturne (Collection musée Maetzu, Estella). Amsterdam où il séjourne fréquemment. Il passe la dernière partie de sa vie à Estella (Navarre), ville à laquelle il lègue tout son patrimoine artistique. Le musée Maeztu est situé à Estella dans le Palais des Rois de Navarre, calle San Nicolas. Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 11 à 13 heures et de 17 à 19 heures. 10
Les poteries de Ciboure : « Des femmes et des hommes » par Guy Lalanne, adjoint à la culture, président de l’association Jakintza En 1919, Étienne Vilotte, Louis Benjamin Floutier et Lukas se sont associés pour créer une entreprise céramiste sur les bords de la Nivelle à Ciboure. Ce n’est qu’à partir de 1922, qu’Élise Vilotte mentionna les noms des employés de la poterie sur ses registres. On retrouve ainsi des prénoms comme Adrien (Adrian Esteban), le tourneur. Des noms de décorateurs dont certains venus d’Europe de l’Est apparaissent également sur les livres de compte jusqu’en 1924 : Granowsky, Franquel, Volovitch, Labath, René, Citrinovytz, Indenbaum, Préau, Cogan, Smirnoff et la première femme décoratrice Mlle Morisson. Puis viennent des noms qui nous sont plus familiers : P. Almès, Pedro Garcia de Diego, Richard Le Corrone de 1928 à 1930 et Charles André Floucault. Pendant toute l’ère « Vilotte » (marque V.E.), les poteries ne sont pas signées par leurs auteurs. Rodolphe Fischer racheta la poterie en 1945 et les décorateurs signèrent alors toutes leurs œuvres avec la marque V.E. (Vilotte Etienne) jusqu’en 1951, puis R.F. (Rodolphe Fischer), R.S.F. (Rodolphe, Suzanne Fischer) ou M.F.C. ( Max et Carmen Fischer). Les décorateurs - Les décors des poteries sont des plus variés : les plus anciens, thèmes néo-grecs et scènes de la vie au Pays basque (les plus nombreuses) et quelques paysages landais, publicitaires (pour l’Alsace) ou religieux (Lourdes) enfin plus modernes : Arroka, Jorraila, « Chic, très Chic », animaliers ou floraux. De 1919 à 1945, il est difficile d’attribuer les poteries à des décorateurs sans risque d’erreur car elles ne sont pas signées à l’exception des toutes premières portant la griffe FLV, celle de Louis Floutier. Faisant exception, un modèle « grand cratère » porte l’inscription « peint par Jean Léon » et quelques décors néo-basques portent celle de Paul Almès, décorateur d’origine grecque. Louis Floutier (1882-1936) - Toulousain, élève de Cormon aux Beaux-Arts, primé à Rome, il s’installa sur la Côte basque, épousa Mlle Lizaralde de Saint-Jean-de-Luz et ouvrit une galerie sous la Pergola. Il a réalisé de très nombreux tableaux, des pochoirs et la célèbre décoration du Bar Basque. Il quitta la poterie en 1921. Richard Le Corrone (1909-1977) - Après avoir travaillé à la poterie de 1928 à 1939 par intermittence, il y reviendra définitivement de 1945 à 1976 et sa production est certainement des plus importantes. Artiste original, il est ouvert aux innovations et réussit à imposer des émaux sur les poteries. Sa belle-fille, Anita Hacala, a aussi peint des poteries de 1964 à 1966 alors que sa fille, Andrée Billereau, était potière. Charles André Floucault (1880-1969) - Il signait déjà ses œuvres « Chaf » lorsqu’il travaillait pour la faïencerie Villeroy et Boch. Arrivé à Ciboure en 1940, il décora les poteries jusqu’en 1952. On lui doit des décors basques et des paysages landais. C’était le père de Michel Floucault, photographe et artiste cibourien, et le neveu d’Octave Lacroix, auteur et critique littéraire bien connu à Paris, qui vécut à Ciboure. Pedro Garcia de Diego - Ancien élève des Beaux-Arts de San Sebastian, puis décorateur de vitraux chez Mauméjan, il travailla à la poterie de 1924 à 1960. On lui doit des visages gracieux, des lignes élégantes d’antilopes et des dessins néo-grecs. Il est aussi connu pour de très belles huiles sur toile. Il était le père de Carmen qui a épousé le fils de Rodolphe Fischer, Max.
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Maurice David - Ancien élève des Beaux-Arts de Montpellier et neveu de Garcia de Diego, il a travaillé à la poterie de 1948 à 1958. Roger Berné (1933-2002) - Cibourien de naissance, il était le petit-fils de M. Imaz qui vendit son terrain à E. Vilotte pour y construire la poterie de Ciboure. Remarqué par ce dernier pour sa passion du dessin, le « jeune Roger » fit un essai à la poterie en 1947 pendant les vacances scolaires. Il intégra l’entreprise en 1951. Il la quitta en 1968. Il obtint le prix Mayie Darizcuren destiné aux jeunes peintres. À sa retraite, il se consacra à la peinture de scènes typiques du Pays basque et fit partie de nombreuses associations culturelles locales. Suzanne Fischer - Épouse de Rodolphe Fischer, elle lança avec Richard Le Corrone les modèles « Jorraila (avril) » aux émaux bruns en relief, figures géométriques ou animalières et « Arroka ». Max et Carmen Fischer - Max travaillait à la poterie puis prit la succession de son père Rodolphe à son décès. Il fut le dernier propriétaire de la poterie. Auteur de gouaches, il a exposé aux salons Ortz Adarra et Selarua. Carmen GarciaOlano, épouse de Max, fut formée par son père. Elle décora ses premières poteries sous le nom de « Carmen » ou d’« Olano », nom de sa mère, jusqu’à son mariage afin d’éviter toute équivoque avec la signature de son père. On lui doit, entre autres, des décors à émaux de fleurs de pommiers ou de lotus. Anne Marie Grillard - Entrée au magasin de la poterie en 1962, elle rejoignit l’équipe de peinture en 1966 jusqu’en 1979. Elle signait Laborde depuis son mariage. Madeleine Moreau - Cibourienne et musicienne, membre de la famille Lamerain, elle a travaillé à la poterie de 1958 à 1975. Monique Ordoqui - Cibourienne, elle a travaillé à la poterie de 1969 à 1974. On lui doit aussi des gouaches et des huiles. Autres décoratrices et décorateurs - Maria Fernandez (1946-1948), Henri Touton (1946-1955), Marlène Folgoas (1975-1978), Jean Michel Leiceaga (1976-1978), Arantxa Etcheverria épouse Besga (1977-1979).
Le mot du maire Nous célébrons notre quatrième édition de l’exposition d’été. Cette année, elle est dédiée aux femmes du Pays basque : femmes artistes, femmes modèles, muses. Nous abandonnons le site exceptionnel de la Tour de Bordagain pour un site non moins exceptionnel : la Chapelle des Récollets. Souvenez-vous, l’année dernière ce n’était qu’un rêve ; aujourd’hui, le défi est relevé. Ce cloître du début du XVIIe siècle, construit sur une île à la demande du Roi de France, avait pour vocation d’unir Cibouriens et Luziens. En 2009, il retrouve sa vocation première sous l’enseigne des arts et de la culture. Cette Chapelle et son Cloître, qui dorénavant appartiennent à Ciboure et ses habitants, nous permettent de réaliser notre projet originel de créer un espace culturel ambitieux, rayonnant depuis Ciboure et SaintJean-de-Luz dans le Pays basque et au-delà. Ce sera un lieu d’échanges privilégié entre amateurs d’art. Le monde de la pêche y trouvera aussi sa place. Le monument va nécessiter une restauration d’envergure. Nous vous remercions de votre compréhension quant à l’aspect inachevé des travaux. Ces derniers nous permettent cependant de vous accueillir en toute sécurité. Un grand merci à : Madame Begoña Ganuza Bernaola, maire de la ville navarraise d’Estella ; Monsieur Péyuco Duhart, maire de Saint-Jean-de-Luz ; Monsieur Vincent Bru, maire de Cambo-les-Bains ; Madame Maria Rosa SuarezZuloaga, du musée Zuloaga de Zumaïa ; Monsieur Vincent Ducourau, conservateur du Musée Bonnat de Bayonne ; Madame Silvia Uria-Monzon ; Messieurs Robert Poulou et Michel Meunier, nos conseillers culturels ; tous les collectionneurs anonymes qui nous ont aimablement prêté leurs précieuses collections. Guy POULOU, Maire de Ciboure Mairie de Ciboure/Ziburu 14, place Camille Jullian - BP 321 64503 CIBOURE CEDEX Tél. 05 59 47 26 06 - Fax 05 59 47 64 59
Direction artistique : Robert POULOU Photographies : J.-M. BORDENAVE Directeur de la publication : Guy POULOU, maire de Ciboure Toute reproduction interdite.