Renforcer les Médias Indépendants Les efforts américains pour soutenir une presse libre et un internet ouvert partout dans le monde Deuxième édition
Indice Résumé Analytique
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Recommandations
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Financement: Investir dans les Médias Independants
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Médias Numériques: Changement de donne
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Notes Finales
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Résumé Analytique Le développement international des médias est un domaine d'activités récent dont les racines modernes remontent aux aides massives accordées à l’ex-Union soviétique et l'Europe de l'est dans les années 1990. Depuis, l’aide aux médias a été largement reconnue comme composante essentielle de la construction de sociétés responsables et démocratiques, favorisant de meilleurs soins de santé et un environnement plus propre, habilitant les femmes et les minorités et stimulant le développement économique. Le développement des médias implique diverses activités visant à renforcer leur capacité à être indépendants, pluralistes et professionnels. Essentiellement financé par des donateurs internationaux, il peut inclure des programmes de formation en journalisme et en gestion des médias; de soutien aux agences de presse, aux associations professionnelles et aux écoles de journalisme; de développement des lois et réglementations régissant les médias; et diverses initiatives visant à améliorer la couverture de points clés tels que la corruption ou les soins de santé. La diffusion mondiale des médias numériques, l’augmentation de financements et de nouveau donateurs férus de technologie ont rendu ces dernières années particulièrement intéressantes pour la promotion du développement des médias. Les événements tragiques du Printemps Arabe ont non seulement souligné l’impact potentiel des médias sur la démocratie et le développement, mais aussi la vitesse à laquelle les médias eux-mêmes se transforment. Le rôle central que jouent les technologies numériques a suscité l’intérêt des donateurs sur une vaste série de questions : Les Libertés sur Internet, les plateformes de réseaux et de cartographie, le journalisme de données, le journalisme citoyen et d’autres. Les success story ne sont pas rares dans le monde du développement des médias. À travers le monde, journalistes citoyens et professionnels utilisent des outils numériques et forcent ainsi une responsabilisation de ceux qui cherchent échapper à l'opinion publique. Il existe actuellement des milliers de stations de radio communautaire dans les pays en développement, offrant un accès à l’information et à la parole à des millions de personnes et leur nombre ne cesse de croître. Plus de 100 centres de journalisme d’investigation à but non lucratif ont propagé le reportage de chiens de garde au monde entier. Plus de 90 pays possèdent actuellement des lois écrites sur l'accès à l'information. Pendant ce temps, les principaux programmes de développement dans des pays ravagés par la guerre tels que l’Irak et l’Afghanistan ont fortement stimulé le budget du gouvernent américain réservé l'aide aux médias, poussant les dépenses sur le terrain à leur niveau le plus haut enregistre par CIMA depuis le début de son suivi en 2006. Cependant, des défis majeurs se dressent. Après 20 ans de progrès, la liberté de presse a diminué dans pratiquement toutes les régions du monde. D’après Freedom House, seul 15 pour cent de la population mondiale vit dans un pays qui bénéficie de la liberté de presse. Les assassinats de journalistes ont augmenté de plus de 30 pour cent au cours des dix dernières
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années, de même que les emprisonnements tendent à se multiplier. Les régimes autoritaires sont davantage capables d’espionner ou de perturber les utilisateurs des médias numériques, pendant que le gouvernement de plus de 40 pays censurent actuellement internet et affectent par là-même plus d’un demi-milliard d’utilisateurs. Enfin, la pression exercée sur les gouvernements occidentaux risque de forcer une réduction importante de l’aide internationale, ainsi que le financement du développement des média. Comme dans ses éditions précédentes, « Renforcer les Médias Indépendants » tire des leçons des quatre coins du monde. Cependant, en raison du mandat du Centre International d'Assistance aux Médias (CIMA), elle se concentrera sur les activités américaines. Ce nouveau rapport examine les principaux domaines de développement des média— financement, média numérique, durabilité, loi sur les médias, sécurité, formation; et suivi et évaluation. Le rapport examine également en profondeur des domaines qui méritent une plus grande attention: le journalisme citoyen, le journalisme d’enquête, les radios communautaires et la sensibilisation aux médias. En outre, il offre des dossiers sur des sujets tels que l’amélioration des normes déontologiques, la corruption de journalistes, la couverture de la corruption, la transparence des communications gouvernementales, les opérations d'information du Pentagone, l’initiative mondiale de la Chine sur les médias, les leçons de l’Europe de l’est, les difficultés rencontrées en Amérique du Sud et la consultation mondiale sur l'enseignement du journalisme. Parmi les points essentiels du rapport: Le Financement. Les dépenses américaines pour le développement des médias – de sources publiques et privées – ont augmenté d’environ 56 pour cent entre 2006 et 2010, et ce principalement en raison des programmes d’USAID et du Département d’États menés en Irak et en Afghanistan. Les dépenses des agences gouvernementales américaines et des organismes à but non lucratifs financés par l’état s’élevaient à 146 millions de dollars en 2010, soit près de deux tiers de l’ensemble des subventions américaines cette année. En dépit de cette augmentation, cette somme ne représente que 0,4 pour cent de l’aide internationale offerte par le pays. Les dons privés des fondations américaines ont également augmenté et atteint environ 76$ millions en 2010 dont les deux tiers proviennent d’une unique source: Open Society Fondations. Bien que la conjoncture difficile ait donné lieu à des réductions de subventions des médias de la part de certaines fondations, de nouveaux donateurs implantés dans l’industrie des technologies ont suscité un intérêt pour les médias numériques et l’esprit d’entreprise. Au niveau mondial, près d’un demi-milliard a été accordé à l’aide internationale aux médias en 2010, principalement par des dons américains et européens. Cependant, il est possible que ces dons déclinent en raison de pressions sur les gouvernements occidentaux pour limiter les dépenses ainsi que du retrait progressif des États-Unis en Afghanistan et en Irak. Les Médias Numériques. En 2012, environ 90 pour cent de la population mondiale avait accès aux téléphones portables et 30 pour cent avaient accès à internet. La façon dont les gens utilisent l’information et communiquent, transforme les médias dans le monde, ce qui, par là même, affecte le développement des médias. Les donateurs se concentrent davantage sur le financement de projets de technologie numérique dont le journalisme citoyen, les
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réseaux médiatiques sur téléphone mobile et des outils pour défendre la liberté sur internet. Néanmoins, il ne s’agit pas de la panacée. Les médias numériques ont certes joué un rôle essentiel lors du Printemps Arabes mais la télévision par satellite et les médias traditionnels de la région ont également eu un rôle important. D’autre part, les régimes autoritaires sont d’autant plus à même d’espionner ou de perturber les utilisateurs de médias numériques. Les journalistes qui travaillent en ligne sont plus que jamais visés, risquant prison, exil, kidnapping et meurtre. Le Journalisme citoyen. Les citoyens dotés d’outils numériques sont rapidement en train de devenir une force publique puissante, capable de relater les abus du gouvernement, les catastrophes naturelles, les fraudes électorales et d’autres événements importants. Un simple Smart Phone met à disposition du public un véritable outil de journaliste qui autrefois coûtait plusieurs milliers de dollars et remplissait l’espace d’un coffre de voiture: une caméra, un enregistreur audio, un appareil photo et le moyen de diffuser les faits en direct à des millions de personnes. Ce n’est toutefois que très récemment que le financement du développement s’est intéressé à ceux qui existent en dehors des médias traditionnels. Ceci peut s’expliquer en raison de leur nature éparse qui rend leur identification et le soutien de leurs activités difficile. De plus, nombreux sont les journalistes citoyens militant pour une cause particulière, avec une faible compréhension de l’importance de fournir des informations justes et précises, ainsi que des risques courus par les reporters. La Durabilité. Dans la majeure partie du monde, les organisations de médias sont avant tout limités par les conditions économiques et de marché plutôt que par la censure, pourtant, peu de fonds sont dégagés pour leur permettre de devenir des entreprises efficaces. Les mauvaises pratiques commerciales créent des problèmes tels qu’une viabilité fragile, une dépendance au donateur et des reporters peu payés susceptible d’accepter des pots-de-vin. Les compétences entrepreneuriales comprennent une série d’activités, notamment la publicité, la vente, le marketing et l’étude de marché. A l’heure actuelle, il n’existe pas de modèle commercial unique applicable aux médias. Les entreprises qui réussissent utilisent plusieurs moyens publicitaires, des souscriptions, des charges aux consommateurs et des modèles pratiquement gratuits. Bien que les médias numériques offrent de nouvelles opportunités, la presse écrite est un commerce en plein essor au Moyen Orient, en Chine, en Inde et dans certaines régions d’Amérique du Sud. Les Médias et la Loi. L’environnement légal est un facteur décisif dans le succès des médias indépendants. Les lois et régulations onéreuses peuvent nuire au développement des médias et les recours légaux sont nombreux: lois réprimant la diffamation, l’atteinte à la vie privée, l’injure; condamnations coûteuses lors de procès; lois abusives sur la sécurité nationale et des restrictions frappant l’octroi de licences ainsi que le spectre de diffusion. Les lois sur la diffamation ont tendance à être le principal moyen de freiner les médias critiques. Bien que la diffamation soit traitée dans beaucoup de démocraties en tant qu’infraction civile, elle figure dans le code pénal de nombreux pays. Le nombre de journalistes emprisonnés est à la hausse, de 81 en 2000 à 179 en 2011, dont la moitié des poursuites concernent des atteintes à la sécurité nationale. Une success story: plus de 90 pays bénéficient actuellement de lois libéralisant l'accès à l'information (bien qu’un grand nombre de ces lois ne soient pas mis en application).
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La Sécurité. Le nombre d’assassinats de journalistes, après avoir été relativement stable durant les années 1990, a augmenté de plus de 30 pour cent ces dix dernières années. Les meurtres ne représentent que la pointe de l'iceberg: passages à tabac, kidnappings, emprisonnements et menaces contre les journalistes sont beaucoup plus nombreux et peutêtre des moyens plus efficaces de les réduire au silence. Il n’y a pas de solution simple à ce problème en raison de la diversité des menaces, allant des drogues et violences ethniques aux pratiques de reportage douteuses. Les ONG ont répondu à ce problème avec des surveillances poussées et des formations sur la sécurité. Cependant, alors que pas moins de cinq ONG signalent la mort de journalistes, elles utilisent des méthodologies différentes et obtiennent des résultats différents chaque année. De plus, peu de donateurs soutiennent ce genre de formation générale qui est particulièrement nécessaire car la grande majorité des journalistes tués sont des employés des médias locaux. Le Journalisme d’Enquête. Le journalisme d’enquête a joué un le rôle majeur dans la responsabilisation, la lutte contre la corruption, l’amélioration des normes déontologiques mais il ne bénéficie que de peu de soutien – environ 2 pour cent des fonds pour le développement des médias par les donateurs principaux. Cette pratique rencontre de nombreux obstacles dans les pays en développement, notamment le manque de compétences, de ressources, d’instructeurs compétents, d’accès à l’information, de soutien des propriétaires et de lois protectrices. En dépit de tout cela, des progrès notables en matière de développement de cette pratique au niveau international ont été enregistrés. Les réseaux de journalisme d’enquête ont permis de relier entre eux des milliers de reporters dans le monde pour partager leurs sujets, sources, outils et techniques. L’expansion des organisations de journalisme d’investigation à but non lucratif a été moteur de cette croissance, on en compte actuellement plus de 110 dans 40 pays. La Formation. Les programmes d’enseignement du journalisme américains jouent un rôle important dans le développement des médias. Presque tous les programmes reçoivent des visiteurs étrangers, enseignent aux étudiants et professionnels internationaux, conduisent des sujets de recherche internationaux et consultent les exécutants. Les écoles proposent de nombreux programmes, qui se concentrent principalement sur la formation journalistique, les professeurs et le développement de programmes d’études, les nouvelles plateformes de médias et la recherche mais il existe cependant un réel manque de coordination. Au niveau international, les spécialistes ont identifié plus de 2300 programmes d’enseignement du journalisme, avec une croissance rapide dans des pays tels que la Chine et l’Inde. Cependant, leur reforme suscite de véritables défis: une surabondance de candidats accompagné d’un manque de financements, de formations pratiques, de professeurs de qualité, d’énergie électrique, de manuels abordables et des cursus à jour. La sensibilisation aux médias. Les programmes de sensibilisation aux médias permettent à l’audience de reconnaître les informations et de les distinguer des « infotainment » (programmes fournissant à la fois de l’information et du divertissement) ou de la propagande. Ils peuvent ainsi jouer un rôle important dans l’éducation des citoyens afin de leur faire apprécier une presse libre et leur faire reconnaître le besoin d’un gouvernement responsable. L’alphabétisation numérique —comprendre les médias sociaux, les smart phones et les
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réseaux en ligne— est également cruciale pour la nouvelle génération de journalistes citoyens et les métiers de la communication. La sensibilisation aux médias est davantage respectée par les spécialistes et a été progressivement intégrée dans les programmes d’études ces dix dernières années. Ce domaine est cependant confronté à d’importants défis: les programmes requièrent un certain temps avant de donner des résultats, leurs effets sont difficilement mesurables et le domaine souffre d’un manque de financements et de recherche. Les radios communautaires. Les stations de radio communautaires à petit budget existent depuis des années mais elles se sont multipliées dans les pays en développement dans les années 1990, se développant plus vite que les radios commerciales ou tenues par l’État. Dans les régions les plus pauvres du monde, la radio reste le principal moyen de communication de masse et les stations de radio communautaire s’avèrent particulièrement appropriées pour informer et responsabiliser les populations locales sur l’éducation, la santé publique et le développement économique. Les stations de radio communautaires utilisent davantage les technologies numériques, intégrant des émissions par le biais de téléphones mobiles et d’internet. Cependant, les radios communautaires sont confrontées à de nombreux défis: viabilité hors subventions, répression par des gouvernements soupçonneux, compétition commerciale et l’utilisation de nouvelles technologies. Suivi et évaluation. Chaque année, pas moins de trois organisations produisent des indices souvent cités, sur la situation des médias dans le monde—l’Indice Liberté de la Presse de Freedom House, l’Indice de Viabilité des Médias d’IREX, l’Indice de la Liberté de la Presse de RSF. Ces études sont reconnues comme fondamentales, crédibles et un moyen utile de suivre la liberté des médias et leurs résultats servent aux gouvernements, experts, donateurs, ONG et aux médias. Bien sûr, chaque indice est source de critiques qui montrent du doigt la possibilité d’un parti pris occidental, d’un manque de transparence ou d’une concentration sur des médias traditionnels et mettent en doute leurs méthodologies individuelles employées. Mesurer et évaluer le développement des médias au niveau des programmes présente également des défis en raison du manque de mesures communes, de la réticence à partager les meilleures pratiques, du manque de financements et des incohérences dans l'utilisation de la terminologie employée
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Recommandations Elargir les Sources de Financement. Les subventions américaines, publiques comme privées, pour le développement des médias ont augmenté de plus de 50 pour cent entre 2006 et 2010, lorsque les donateurs ont progressivement reconnu le rôle que jouent les médias dans la construction et le maintien des démocraties à travers le monde. Il reste encore beaucoup à faire pour élargir et diversifier cette base de donateurs, par exemple, se tourner davantage vers de donateur potentiels implantés dans l’industrie des hautes technologies et d’autres nouveaux acteurs. En dépit de ces augmentations, les sommes allouées au développement des médias restent infimes comparées à l’ensemble de l’aide internationale américaine. Cela doit changer. Adopter une Vision à Long Terme. Trop souvent, l’aide au développement des médias tombe dans le piège des phénomènes de mode, avec des donateurs et exécutants se ruant dans les régions qui apparaissent dans les informations (le Moyen Orient et l’Afrique du Nord en 2011) et négligent ou se retirent trop tôt d’autres régions du monde (Europe centrale et Europe de l’Est après les années 90) où leur travail n'est pas encore terminé ou bien où la liberté de presse régresse. Soutenir les médias indépendants demande une approche internationale, à long terme, pendant des années et pas seulement quelques mois. Coordination et Coopération. Les répétitions dans les programmes sont sources de gâchis d’argent. Les projets doivent être coordonnés à tous les niveaux: au niveau du donateur, avec une mise en commun des ressources ou des discussions fréquentes sur qui finance quoi ; enfin, au niveau de la mise en œuvre pour que les activités soient sources d’une plus-value et ne répètent pas les activités d’autres programmes. L’Adoption des Médias Numériques. Le monde numérique doit être intégré à tous les aspects du développement des médias, notamment les programmes portant sur le droit des médias, les formations professionnelles et la gestion d'entreprise. Bien que les médias numériques soient un élément essentiel, ils ne doivent pas être perçus comme la panacée; de nouveaux médias doivent être soutenus par des programmes de médias indépendants reconnus et demandent un engagement au niveau juridique et politique. Construire la Capacité des Journalistes Citoyens. Les outils du journaliste sont actuellement à portée de tous mais la plupart ne connaissent pas les principes de base de la recherche et de la vérification d’informations, d’une approche mesurée des sources d’information ou de la production de reportages. L’éducation aux médias est essentielle et devrait être intégrée dans les programmes académiques. Enseigner des Compétences Commerciales. Comprendre l’aspect commercial du journalisme est essentiel à la viabilité des médias indépendants. Les programmes de développement des médias requièrent des stratégies de secours pour que l’organisation de média locale ne s’effondre pas si les financements extérieurs venaient à s’arrêter. Les donateurs devraient accorder davantage d’aides pour mesurer les audiences avec notamment normes de mesure communes entre plates-formes et médias.
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Mettre en avant les questions juridiques. Il ne peut y avoir de médias indépendants en l’absence d’un environnement juridique particulièrement favorable. Il faut davantage travailler à la décriminalisation de la diffamation et lois contre l’injure pour garantir que les règles de diffusion soient transparentes et justes. Les projets de développement doivent dépasser les pressions des dispositions législatives et réglementaires et offrir un suivi pour que les lois sur l’accès à l’information soient mises en œuvre. L’accès à internet et la liberté d’expression sur internet devraient être protégés par des lois et des règlements reconnus mondialement. Soutenir le journalisme d’enquête. En dépit de son rôle majeur dans la promotion de la responsabilité publique, dans la lutte contre le crime et la corruption, et l’amélioration des normes des médias, le journalisme d’enquête reçoit relativement peu de la part de l'aide aux médias. Les Centres de journalisme d'investigation à but non lucratif en particulier, se sont avérés des vecteurs de changement dynamiques, ils doivent donc être soutenus et encouragés pour développer des plans de viabilité. Mettre un terme à l'impunité des agressions contre les journalistes. Le soutien des donateurs aux organisations recensant les meurtres, attaques physiques et l’emprisonnement de journalistes à travers le monde doit augmenter. De même, les groupes dédiés à la formation de journaliste sur les techniques de sécurité doivent être soutenus. Les informations concernant les attaques pourraient être mieux coordonnées parmi les organisations surveillant la sécurité des journalistes. Moderniser l'enseignement du journalisme. Les universités américaines peuvent contribuer de manière significative à la formation d’une nouvelle génération de journalistes au niveau mondial et elles devraient jouer un rôle croissant en tant qu’innovateur en matière de contenu et de technologies. Les étudiants d’aujourd’hui doivent apprendre comment faire un reportage utilisant une variété de plateformes numériques et ils requièrent un tronc commun non pas en théorie des communications mais sur les compétences professionnelles fondamentales des journalistes: reportage, écriture, édition et les principes déontologiques d'équilibre, d'équité et de respect du pluralisme dans le choix des sources. Investir dans les radios communautaires. Les donateurs doivent poursuivre leurs investissements dans les radios communautaires pour soutenir la liberté d’expression et la participation au processus démocratique. Des efforts doivent être menés pour rappeler aux gouvernements le besoin de lois favorables aux radios communautaires. Les stations de radio communautaires devraient être encouragées à adopter les technologies numériques et développer un plan d'entreprise et de viabilité. Inclure des évaluations dans tous les projets. Un mouvement progressif s’effectue vers l’inclusion officielle de financements pour le suivi et l’évaluation dans le calcul du budget des projets dès le départ, et cette tendance doit être encouragée. De meilleures techniques pour mesurer les résultats de projets de développement des médias devraient être explorées. Enfin, les donateurs devraient éviter l’utilisation des classements d’indices de liberté des médias pour mesurer le succès individuel des projets.
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Qu’est-ce Que le Développement des Médias? Chaque année, les donateurs internationaux dépensent près d’un demi-milliard de dollars pour améliorer la situation des médias dans les pays en développement et en voie de démocratisation. Ce domaine comprend des milliers de formateurs, facilitateurs et de gestionnaires; des dizaines d’ONG; et de multiples programmes allant de stations de radio communautaires dans des pays en conflits comme l’Afghanistan à des projets numériques de « crowdsourcing » en Afrique de l’est. Étant donné le nombre de secteurs couverts par les médias, la définition du développement des médias peut varier. Cependant, ses composantes essentielles sont largement reconnues. Le développement international des médias comprend différentes activités visant à renforcer la capacité des médias à être indépendants et pluralistes avec des normes élevées d’exactitude et d'équité. Principalement financé par des donateurs d’Amérique du nord et d’Europe occidentale, il peut comprendre des programmes de formations sur les bonnes pratiques journalistiques et la gestion des médias; de soutien aux organisations d’information, associations professionnelles et écoles de journalisme; la création d’un environnement juridique favorable et différentes initiatives pour améliorer la couverture de sujets essentiels tels que la corruption, les soins de santé, l’environnement, les femmes et les minorités. Daniel Kaufmann, expert en développement chez Brookings Institution, élargit la définition pour y inclure un accent sur la liberté d’expression et la démocratisation. Kaufmann décrit ce domaine comme « habilitant une multitude d'institutions médiatiques et d’acteurs à opérer de manière indépendante et professionnelle, sans limites de la part de l’État ou d’élites et promouvant la liberté d’expression et la responsabilité démocratique ». Les programmes de renforcement des médias répètent souvent d’autres initiatives, telles que les efforts pour assurer l’accès illimité à internet ou la réforme des lois sur les médias et transparence des gouvernements. Les nouvelles technologies numériques ont également brouillé les frontières entre presse professionnelle et journalisme citoyen, ce qui a encouragé les donateurs et ONG à établir des contacts au-delà des journalistes, avec des bloggeurs, des technologues et des militants. Dans ce domaine, on fait parfois la distinction entre « développement des médias » et « médias pour le développement. » Le développement des médias se concentre essentiellement sur la création de médias indépendants et professionnels, tandis que les médias pour le développement (aussi connu en tant que « communication pour le développement ») utilisent les médias pour éduquer et changer les comportements vis-à-vis de sujets spécifiques, tels que les soins de santé, la lutte contre la pauvreté, la bonne gouvernance et la protection de l’environnement. Beaucoup des aides disponibles pour le développement des médias sont en fait destinées à des programmes de médias pour le développement visant des problèmes spécifiques. Il existe cependant un vaste terrain d’entente entre ces deux approches, toutes deux s’intéressent à la formation professionnelle et aux meilleures pratiques. D’après
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d’anciens formateurs, s’ils sont mis en œuvre de manière intelligente, les programmes de médias pour le développement peuvent apporter des ressources et participer à la professionnalisation d’une presse indigène.
Pourquoi le développement des médias est important Nombreux sont ceux qui travaillent à la fois dans les médias d’information et le développement et reconnaissent naturellement l’importance d’une presse indépendante et l’impact positif et visible des organismes de médias libres et forts sur le développement économique, la responsabilité politique et le bien-être social. Les formateurs dans le domaine des médias et les experts en développement peuvent citer de nombreux exemples de programmes réussis qui ont permis de combattre des maladies infectieuses, ont facilité les secours en cas de catastrophe et même poussé des dirigeants corrompus hors de leurs bureaux. L’effet catalytique des médias sociaux et de la télévision par satellite sur le Printemps Arabe, d’après eux, démontre clairement le rôle vital que les médias peuvent jouer pour le développement et la démocratisation. Ces exemples ont cependant tendance à l’anecdote. En dépit d’une certaine attention portée à l’aide aux médias ces dernières années, les indices internationaux de liberté de presse présentent peu de progrès pour ces dix dernières années. Dans ce cas, comment prouver que le développement des médias fait véritablement la différence? Les chercheurs et les experts en développement se sont posés la même question et ils en sont arrivés à des conclusions qui devraient être encourageantes pour la communauté du développement des médias. « Des travaux importants de recherche empirique » montrent que « la liberté des médias est associée au contrôle de la corruption, à des revenus et investissements plus importants et à la stabilité politique, » d’après Kaufmann qui a dirigé un examen critique des recherches disponibles à ce sujet. Kaufmann a précédemment servi en tant que directeur de l’institut de la Banque Mondiale, où il a mené ses recherches sur la gouvernance et la lutte contre la corruption. Parmi les études: Le Centre National de la Recherche Scientifique, dans un document publié en 2002, a découvert qu’une liberté des médias accrue est associée à une baisse statistique significative de la corruption. Un chercheur de la London School of Economics (LSE) a découvert dans une étude de 2009 que la quantité de journaux était « associé de manière fortement négative à la corruption et aux inégalités » Une autre étude de la LSE de 2002 a conclu que la diffusion des journaux a un effet positif et statistique sur la distribution de nourriture en Inde.
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Des chercheurs d’Ashesi University College au Ghana ont découvert dans une étude datant de 2012 qu’une augmentation de la liberté de presse est liée à une croissance statistique significative de la stabilité politique en Afrique subsaharienne. Le progrès du niveau de liberté des médias d’un pays a causé une augmentation de 25 pour cent en liberté des médias dans les pays voisins, d’après une étude de chercheurs américains de l’Université du Wisconsin, de l’Université de Virginie Occidentale (WVU) et de l’institut de la Banque Mondiale. L’analyse de Kaufmann a montré que la liberté des médias, lorsqu’elle s’accompagne d’améliorations de l'État de droit est particulièrement efficace dans la lutte contre la corruption. Kaufmann et d’autres chercheurs ont signalé que les données et méthodes utilisées dans les différentes études doivent être sujettes à beaucoup de prudence car elles présentent plusieurs faiblesses mais que dans l’ensemble le domaine repose sur des bases solides. D’après lui, il existe « de fortes preuves » indiquant l’importance du développement des médias.
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Financement: Investir dans les Médias Independants POINT ESSENTIELS Les dépenses américaines pour le développement des médias ont augmenté d’environ 56 pour cent entre 2006 et 2010, à 222 millions de dollars et ce, principalement en raison des programmes d’USAID et du Département d’État menés en Irak et en Afghanistan. En dépit de cette augmentation, cette somme ne représente que 0.4 pour cent de l’aide international apportée par le pays. Au niveau mondial, près d’un demi-milliard a été dépensé en aide internationale aux médias en 2010, principalement par des dons américains et européens. Les États-Unis représentent la principale source de financements. Les financements privés apportés par des fondations américaines ont augmenté de 60 millions de dollars en 2006 et atteint environ 76 millions de dollars en 2010. Avec un apport de 45 à 50 millions de dollars, Open Society Foundations est de loin la première source de dons privés. Bien que la conjoncture difficile ait donné lieu à des réductions de subventions des médias par certaines fondations traditionnelles, leurs rangs ont bénéficié de nouveaux donateurs implantés dans l’industrie des technologies qui ont apporté de nouvelles approches et des financements pour ce domaine. Les pressions des gouvernements occidentaux pour limiter leurs dépenses ainsi que le retrait progressif des États-Unis en Afghanistan et en Irak pourraient forcer une diminution des aides aux médias. Le Printemps Arabe a renforcé l’intérêt croissant des donateurs pour le financement de médias numériques et de la liberté sur internet. Le domaine de l’aide internationale aux médias trouve sa source dans les sentiers battus de l’Europe d’après la 2ème Guerre Mondiale et dans la réalisation d’un besoin de réinventer les médias pour permettre la reconstruction. Les efforts des agences du gouvernement américain ont été accompagnés de fonds privés d’organisations telles que la Fondation Ford. L’appareil de propagande fasciste a été démantelé et de nouveaux moyens de diffusion ont été transmis aux productions d’information indépendantes. Des journaux ont été créés avec des comités rédactionnels variés, libre du contrôle des partis. Ces efforts ont été particulièrement efficaces en Allemagne, où une culture médiatique diverse vibrante et politique a fleuri moins de dix ans après la défaite Nazie.
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L’animateur de Sudan in Focus, John Tanza (à droite) anime une session de formation pour les journalistes au Soudan. L’émission de radio a été lancée en septembre 2010 et est diffusée du lundi au vendredi pendant 30 minutes chaque jour, proposant des informations sur le pays, sur la région et le continent. Photo : Voice of America
En 1989, la fin du régime communiste soviétique a donné lieu à un développement fulgurant de l’aide aux médias. Des dons des gouvernements des États-Unis, d’Europe occidentale et de fondations privées ont servi aux ex-pays communistes, à soutenir des ateliers abordant des sujets tels que le reportage d’investigation et la gestion de la publicité. En 1993, le financier George Soros a créé l’institut Open Society (à présent Open Society Foundations, ou OSF) pour gérer ses fondations, qui à l’époque étaient majoritairement basées en Europe de l’Est, comme moyen de contribuer à la transition du communisme aux démocraties d'économie de marché. L’OSF a rapidement étendu ses programmes de développement des médias à bon nombre de pays en développement et de nombreuses populations vivant dans l’extrême pauvreté. De nos jours, l’aide aux médias est un domaine bien établi du développement international bien que relativement jeune. Mesurer les fonds alloués à l’aide des médias est particulièrement difficile. Les projets de développement des médias sont souvent englobés dans des projets plus larges d’aide à la société civile et d’aide internationale et sont difficiles à distinguer pour les agences et donateurs. Par exemples, les fonds accordés par le gouvernement américain pour le développement des médias mentionnés dans ce chapitre n’incluent pas les dépenses pour la diplomatie publique. Il existe également un chevauchement des catégories de formation des médias, des technologies numériques, de la liberté d’expression, des infrastructures de communication; et de responsabilité et de gouvernance. Certains programmes, tels que ceux qui se concentrent sur l’usage d’internet Renforcer les Médias Indépendants
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ont sans doute plus à faire avec l’établissement de libertés de base et l’environnement dans lequel les médias indépendants peuvent survivre. Comme dans son rapport de 2008, CIMA base son analyse sur les feuilles de dépenses de trois sources principales: les fondations privées basées aux États-Unis; et les programmes rentrant dans la catégorie de « Liberté des Média et Liberté de l’Information » du Département d’État américain et USAID (L’Agence Américaine pour le Développement International). Les dépenses du Département d’État pour la diplomatie publique et les dépenses d’autres agences gouvernementales, telles les « opérations d’information » du Département de la Défense américaine ne sont pas inclues. Malgré ces points négatifs, des tendances intéressantes peuvent être observées, notamment une augmentation importante des aides. Les informations récoltées par CIMA montrent que les donateurs américains pour le développement des médias – publiques et privés – ont dépensé environ 222$ millions en 2010. Comparé aux quelques 142$ millions dépensés en 2006, cela représente une augmentation de 56 pour cent. D’autres tendances notables: Environ un demi-milliard de dollars (487$ millions) a été dépensé au niveau mondial pour l’aide internationale des médias en 2010 d’après une estimation de CIMA, dons provenant pour la majeure partie des États-Unis et de l’Union Européenne. Quelques 84 pour cent du total proviennent des agences gouvernementales des États-Unis et de l’UE. Les États-Unis représentent de loin la première source nationale principale de fond avec 46 pour cent du total. Les principaux agents économiques gouvernementaux en 2011 étaient USAID (63$ millions) et le Département d’États (44$ millions). La fondation basée à New York, Open Society (45 à 50$ millions) reste le principal donateur privé. +Les financements de la part du gouvernement américain ont augmenté sensiblement ces cinq dernières années, en grande partie dus aux programmes d’aide à l’Irak et en Afghanistan, déchirés par la guerre. Les dépenses pour la liberté des médias et la liberté d’information par USAID et le département d’États ont augmenté de 67 pour cent entre 2007 et 2011. Près de deux tiers (66 pour cent) des dons pour le développement des médias en 2010 provenaient d’agences gouvernementales et de deux organisations à buts non lucratifs financées par le gouvernement fédéral, la Fondation Nationale pour la Démocratie (NED) et l’Institut Américain pour la Paix (USIP), avec un total de 146$ millions. D’après une estimation de CIMA en 2006, cela représente 58 pour cent de la part du gouvernement.
Les financements privés de la part des fondations américaines ont augmenté d’environ 60 millions de dollars en 2006 à 76 millions de dollars en 2010, soit une
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augmentation de 27 pour cent. Bien que la conjoncture difficile ait limité les portefeuilles et subventions de nombreuses fondations traditionnelles, leurs rangs ont bénéficié de nouveaux donateurs implantés dans les technologies qui ont apporté des démarches entrepreneuriales et de nouveaux fonds à ce domaine. Les pressions exercées sur les gouvernements occidentaux pour limiter leurs dépenses, ainsi que le retrait progressif des États-Unis en Afghanistan et en Irak pourrait forcer une diminution des aides aux médias. Cela pourrait ensuite résulter en une pression accrue sur les donateurs privés. Les technologies numériques transforment rapidement l’environnement des médias de même que la communauté du développement des médias. L’utilisation des médias numériques pendant le Printemps Arabe et d’autres mouvements sociaux a renforcé l’intérêt des donateurs pour internet, pour les plateformes de réseaux sociaux et de cartographie, les téléphones mobiles et autres outils médiatiques. Les exécutants principaux—les Les donateurs américains pour le organisations à but non lucratif qui se développement des médias concentrent sur le développement des médias—ont sensiblement étendu leurs internationaux—publiques comme activités ces dernières années. À privés—ont versé environ 222 l’occasion de l’édition originale de millions de dollars en 2010. Comparé Renforcer les médias indépendants, CIMA aux 142 millions dépensés cela a rassemblé les chiffres des trois représente une augmentation de 56 principales organisations à but non lucratif américaines, le Centre International pour pour cent. les Journalistes (ICFJ), Internews et IREX pour évaluer la façon dont les dons ont été dépensés. L’étude y inclut également les dépenses annuelles effectuées par la National Endowment for Democracy (NED) pour le développement des médias. Ces sommes sont, une fois de plus, au mieux, des estimations grossières car les catégories telles que la formation se mêlent à d’autres activités. Il existe cependant une continuité avec l’étude précédente menée en 2006 par CIMA et les résultats sont instructifs. En 2006, l’ensemble des dépenses totales de ces groupes s’élevait à 60 millions de dollars. En 2011, leur total atteignait 100 millions—soit une augmentation de 67 pour cent. Où est passé cet argent? D’après les gestionnaires de ces quatre groupes, les formations constituaient l’activité la plus importante, bien que le budget qu’elle représente ait diminué de 44 à 29 pour cent ces six dernières années. Les sommes allouées à la deuxième activité, l’assistance directe est restée à peu près au même niveau (28 pour cent en 2011), comme le fut le pourcentage dépensé pour la viabilité économique et les associations professionnelles. Il y a eu des augmentations modestes du pourcentage alloué à la sensibilisation aux médias et aux programmes universitaires, tandis que les dépenses pour l’environnement juridique, la communication pour le développement et la sécurité des journalistes ont diminué. (Voir les graphiques, pages 17 et 19.)
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La journaliste de la télévision pakistanaise Madiha Javed Qureshi effectue un reportage sur les événements de la Journée mondiale de la liberté de la presse à Washington, DC, en Mai 2011. Photo : Sadaf Baig/ICFJ
Les flux de nouveaux fonds, les nouveaux donateurs et les nouvelles technologies ont fait du développement des médias un domaine beaucoup plus divers. La coordination de projets internationaux, un défi de longue date, reste problématique. Des progrès ont été effectués grâce à des partenariats et des fonds communs offrant la possibilité de mieux coordonner des ressources rares. Il reste cependant beaucoup à faire. « Nous ne nous sommes pas encore suffisamment améliorés, » a déclaré Gordana Jankovic, directrice du Network Média Program de l’OSF basé à Londres. « Sans coordination, les répétitions des activités ont augmenté de manière dramatique. Il faut un véritable réengagement à ce niveau. » (voir les descriptions dans l'encadré de la page précédente)
Aide officielle des États-Unis Depuis 2007, le gouvernement américain a dépensé plus d’un demi-milliard de dollars en soutien au développement international des médias. Bien que ce chiffre semble important et que beaucoup a été accompli, cette somme paraît infime comparée aux aides apportées par les États-Unis de manière générale. Au cours de l’année fiscale de 2011, parmi les 39$ milliards en assistance américaine bilatérale—ce qui comprend les aides au développement— le développement des médias représentant moins de 0,4 pour cent.11
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« Le fait que 99.9 pour cent des aides dans le monde ne sont PAS réservée à l’aide des médias n’est pas un secret d’État » a observé Eric Newton, conseiller principal du président de la Fondation John S. et James L. Knight. « Cela signifie que le développement des médias doit être 1000 fois plus important qu’il ne l’est à l’heure actuelle pour devenir aussi important que les autres types d’aides ». Ce rapport disproportionné a sauté aux yeux des manifestants pour la démocratie en Égypte, où le gouvernement américain a versé en moyenne 24$ millions par an pour soutenir la démocratie et la société civile (y compris les médias indépendants) —soit moins de 2 pour cent du budget d’1,3$ milliards pour l’aide militaire des dix dernières années du régime de Moubarak.12 Cependant le gouvernement reste le plus important soutien mondial au développement des médias. Bien que cette somme semble infime par rapport aux autres efforts d’aide internationale, les investissements dans le secteur ont sensiblement augmenté, grimpant de deux tiers entre 2007 et 2011. Les experts en développement des médias ont accueilli cette nouvelle comme la reconnaissance grandissante du rôle des médias indépendants dans l’assistance étrangère. Dans le même temps, ils remarquent qu’une grande partie de cette augmentation provient du financement de Washington de projets d’aide dans deux zones de guerre, l’Irak et l’Afghanistan. Par exemple, durant l’Année Fiscale 2008, les dépenses du Département d’État pour les médias ont été multipliés par cinq–-de16 à 79 millions de dollars—principalement en raison de projets de plusieurs millions de dollars en soutien à l’avancement de la démocratie et de la bonne gouvernance en Irak.13 Ces sommes ont chuté l’année suivante et atteint en moyenne 44$ millions durant l’AF de 2011. Les projets en Irak et en Afghanistan incluent la mise en place d’un réseau de télévision au destin tragique en Irak pour aider l’établissement d’une agence de presse nationale et un réseau pour les 47 stations de radio communautaires en Afghanistan.14 Stimulés par les dépenses dans les zones de conflits, les fonds du gouvernement américain pour la liberté des médias et de l’information—les deux catégories selon lesquelles le Département d’États calcule les dépenses du Département et d’USAID –ont atteint 127$ millions au cours de l’AF 2012, son plus haut niveau depuis que CIMA a commencé l’étude des tendances de financement en 2006. Cette somme a chuté à 20$ million pendant l’AF 2011—en réponse à une présence diminuée des États-Unis en Irak—et risque de diminuer davantage face aux pressions pour la réduction des dépenses du budget fédéral. L’aide officielle américaine aux médias a tendance à suivre le même schéma que l’aide internationale américaine générale—elle change en fonction des priorités de la politique étrangère de Washington. D’après les critiques, ces « phénomènes de mode » peuvent rendre difficile le maintien de niveaux de financement constants. Par exemple, des milliards de dollars en aide au développement des médias ont été accordés à l'ex-Union soviétique et aux pays de l'ancien bloc communiste à la fin de la Guerre Froide. Moins de fonds sont actuellement disponibles bien que la région traverse à nouveau des problèmes touchant à la liberté d'expression. L’Afrique est devenue une destination de don privilégiée; l’aide officielle aux médias, principalement apportée par USAID, a augmenté d’$1 million pendant l’AF 2007 à $16 millions durant l’AF 2011. La vague de subventions suivante concerne le
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Moyen Orient et l’Afrique du Nord. Alors que les événements ont commencé en Égypte et en Tunisie pendant l’hiver 2010-2011, les militants des médias ont commencé à recevoir des appels de donateurs de l’Ouest désirant des mises à jour, offrant des aides et demandant des propositions de projets. Bien que les aides au développement des médias en Europe et en Eurasie aient diminué ces dernières années, elles constituent encore une région d’activité importante pour le gouvernement américain pour le développement des médias avec un budget de 23$ millions pour l’AF 2011. Ces dernières années, le Département d’État a soutenu des projets de développement des médias en Géorgie, en Ukraine, au Kosovo, en Russie et en Moldavie. USAID a été actif en Albanie, en Arménie, en Azerbaïdjan, en Bosnie-Herzégovine, en Bosnie, en Macédoine, en Moldavie, en Russie, en Serbie et en Ukraine. Les projets de développement des médias financés par le gouvernement américain sont rares en Asie de l'Est et du Pacifique et dans l'hémisphère occidental. Ces dernières années, le Département d’État n’a financé que quelques programmes dans la région d’Asie Pacifique et de l'Est—au Cambodge, au Vietnam et en Malaisie. De plus, parmi les 47 pays dans lesquels USAID a un projet de développement des médias en cours, seuls trois—Colombie, Haïti et Venezuela—se trouvent dans l’hémisphère occidental. La plupart des financements du gouvernement américain pour le développement des médias sont attribués à des pays où les médias sont susceptibles de réduire les menaces contre les États-Unis. Comparaison des fonds américains pour le développement des médias par activité 2006 2011 Autre – 3,2% Autre – 9,2% Universités – 0,2% Universités – 2,3% Sensibilisation aux médias – 0,2% Sensibilisation aux médias – 4,3% Sécurité des Journalistes/protection juridique Sécurité des Journalistes/protection juridique – 0,5% – 1,9% Communication pour le développement – Communication pour le développement – 4,6% 1.0% Associations professionnelles - 4,6% Associations professionnelles 4,3% Viabilité Economique– 8,7% Suivi et Evaluation * – 4,5% Environnement juridique favorable – 9,2% Viabilité Economique – 10,0% Aide Directe – 24,9% Environnement juridique favorable – 5,4% Formation 43,7% Aide Directe – 27,7% Formation – 29,4% * le suivi et l’évaluation ne figure pas dans le détail des fonds de 2006 Au-delà des changements de priorités régionales, la nature des initiatives gouvernementales de développement des médias se transforme également, principalement en raison de l’adoption mondiale des technologies numériques, des téléphones mobiles et des médias sociaux. L’utilisation massive d’outils numériques durant des soulèvements populaires a attiré davantage l’attention—et les fonds—sur les programmes pour la liberté d’internet et les nouveaux médias. L’une des conséquences est le recul des formations journalistiques
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traditionnelles, une composante essentielle éprouvée du développement des médias. Un expert en média d’USAID a estimé que dans les années 1990, environ 80 à 90 pour cent des aides au développement des média étaient destinées à des formations sur le journalisme et aux formations en gestion des médias. Il estime qu’aujourd’hui ces formations ne représentent qu’environ 50 pour cent des projets de développement des médias. D’autres agences gouvernementales ont un impact significatif sur le domaine du développement des médias, parmi elles figure le Broadcasting Board of Governors qui gère des médias tels que Voice of America et Radio Free Europe. Le Département de la Défense américaine est un autre acteur notable et parfois controversé qui dépense des millions de dollars chaque année dans les communications stratégiques et les opérations d’information (voir les descriptions dans l'encadré page 21). Les opérations de renseignement américaines sont susceptibles d’inclure des composantes de médias à l’étranger. D’autres organisations financées par le gouvernement fédéral jouent également un rôle important. Le National Endowment for Democracy dépense des millions de dollars chaque année pour soutenir les médias indépendants à travers le monde et une vaste part des fonds proviennent de la Millenium Challenge Corporation et de l’United States Institute of Peace.
DONATEURS PRINCIPAUX EN DEHORS DES ÉTATS-UNIS L’aide aux média internationale est bien vivante en dehors des États-Unis. Une analyse de CIMA des contributions non américaines suggère que la Commission Européenne et divers gouvernement Européens ont dépensé 265 millions de dollars en soutien aux médias indépendants et pour la liberté d’expression pendant l’AF 2010, comparés aux quelques 210 millions de dollars dépensés par des donateurs américains publiques et privés.15 Ces chiffres ne sont pas précis, cependant les sommes apportées par l’Union Européenne proviennent de l’Organisation Économique pour la Coopération et le Développement dont les chiffres sont susceptibles d’inclure les subventions pour de grands projets d’infrastructures tels que des tours de télécommunication. Il est évident cependant qu’il y a beaucoup d’activité. Une étude que l’Union Européenne a faite réaliser en 201016 a identifié 236 projets de médias en cours en Afrique seule—avec un budget total de 217 millions de dollars fournis par les États membres de l’UE, des institutions européennes, des organes de l’ONU, des fondations privées et des ONG au sein de l’UE. En dépit d’une conjoncture économique difficile, les principaux donateurs européens sont perçus comme ayant maintenu leur niveau de financement des aides aux médias ces dernières années. Ceci pourrait changer en fonction de la manière dont les gouvernements géreront les insuffisances budgétaires et les pressions pour réduire les dépenses. Les acteurs principaux en dehors des États-Unis : la Commission Européenne (organe exécutif du dispositif européen) et d’autres institutions européennes (environ 80 millions
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de dollars); le Royaume Uni (45 millions de dollars); les Pays-Bas (40 millions de dollars); et la Suède (26 millions de dollars). La France, l’Allemagne, le Danemark, la Norvège et le Canada fourniraient également des millions de dollars chaque année. L’Instrument européen pour la démocratie et les droits de l'homme (IEDDH), financé par la Commission Européenne, soutient les projets d’aide aux médias tout comme les ONG défendent la liberté d’expression, le journalisme d’enquête et les lois relatives à l’accès à l’information. On attendait une croissance du budget de l’IEDDH de 39%, de 37 millions en 2011 à 52 millions de dollars en 2012. Le Département pour le Développement International (DFID) du Royaume-Uni finance des dizaines de projets sur les médias, comprenant des projets de renforcement de capacité pour les journalistes irakiens aussi bien que des feuilletons télévisés sur le football abordant le problème des violences à l’égard des femmes. D’après des estimations, le budget de DFID a atteint 45$ millions pour 46 projets pour l’EF 2012. Parmi les exécutants du Royaume-Uni figurent BBC World Service Trust (qui est devenu BBC Média Action en 2012), l’Institute for War and Peace Reporting, Panos Londres et l'organisation des Journalistes pour les droits humains (JDH). International Média Support du Danemark, une ONG pour le développement des médias, possédait un budget annuel de 15$ millions en 2010 dont deux tiers proviennent du ministère Danois des affaires étrangères, et le reste provient principalement des ministères des affaires étrangères et agences d’aides norvégiens et suédois. IMS opère en Europe de l’est, dans l’ex-Union soviétique, le Moyen Orient, l’Asie et l’ouest de l’Afrique. En Allemagne, les acteurs incluent le Ministère fédéral allemand du Développement, deux fondations financées par le parlement—la Friedrich Ebert Stiftung, la Konrad Adenauer Stiftung et la Deutsche Welle Akademie dirigée par la Chaîne Internationale Allemande financée par l’États, Deutsche Welle.17 Les Pays-Bas possèdent des programmes d’aide aux médias, notamment le Press Freedom 2.0 estimé à 22 millions d’euros pour cinq ans financé par le Ministère Néerlandais des Affaires Etrangères avec un consortium de 5 ONG, visant 13 pays d’Afrique subsaharienne, d’Asie du Sud-est, d’Amérique latine et de l’ex-Union soviétique. Parmi d’autres donateurs important figure la Suisse, qui soutien des programmes pour l’accès à l’information par la Société suisse pour le développement (SDC) avec un budget de près de 35 millions de dollars en 2011.18 Sida/Suède qui possède un long passé d’aide aux médias, s’est engagé à verser plus de 22$ millions en 201019; le gouvernement belge, qui a soutenu financièrement des projets pour les médias en République Démocratique du Congo, en Biélorussie et au Burundi20 ; et l'Agence australienne pour le développement international qui a financé des projets pour les médias dans le Sud-ouest Pacifique et en Asie du Sud-Est dont un programme sur cinq ans d’une valeur de 10 millions de dollars dirigé par l’Australia Broadcasting Corporation et la National Broadcasting Corporation en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
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Plusieurs agences de l’ONU sont également actives. En plus de l’UNESCO, le programme des Nations Unies pour le développement et le Fonds des Nations Unies pour la démocratie ont également financé des projets d’aide aux médias. Le développement des médias attire de plus en plus de fonds de donateurs privés d’Europe. Cette liste inclut la fondation Adessium basée aux Pays-Bas, les fondations Oak et Aga Khan basées en Suisse et les trusts Sigrid Rausing et Indigo ainsi que la fondation Mo Ibrahim basés au Royaume-Uni. La Chine s’est embarquée dans un programme ambitieux d’aide aux médias (voir p.62) mais ses objectifs relèvent davantage de l’influence politique, de ses propres intérêts commerciaux et de la propagande. En dépit de l’aide étrangère considérable apportée par le Japon, il existe peu de signes de son soutien aux médias. Enfin, peu de fonds proviennent des États arabes, mise à part une exception importante : les subventions du gouvernement du Qatar pour Al-Jazeera. Le Centre de formation et de développement des médias de la chaîne Al-Jazeera a formé des milliers de personnes depuis sa création en 2004.
AIDE INTERNATIONALE AU DÉVELOPPEMENT DES MÉDIAS AF 2010 (EN MILLIONS DE DOLLARS AMÉRICAINS)
États-Unis $222 Commission Européenne $80 Royaume-Uni $45 Pays-Bas $40 Suisse $35 UNESCO $33 Suède $26
Canada $7
Note : ces chiffres ont été compilés par le CIMA à partir de rapports officiels, des sites web des donateurs et de correspondances avec les représentants des donateurs. Ce sont des estimations approximatives.
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Financement du secteur public L’Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID). USAID, le principal véhicule d’aides étrangères de Washington, est également le plus grand bailleur de fonds pour les médias indépendants à l’étranger. Ses dépenses en 2011 pour l’aide aux médias internationale sont estimées à 63$ millions. Les fonds de l’agence ont atteint des sommets en 2010 avec 74 millions de dollars—un tiers de l’ensemble des financements américains, publics et privés, d’après les estimations du CIMA pour cette année. L’agence est divisée en neuf bureaux fonctionnels et géographiques parmi lesquels seuls deux—le bureau d’Europe et d’Eurasie (E&E) et le Bureau pour la Démocratie, le règlement des Conflits et l’Aide humanitaire (DCHA) —ont des postes dédiés au développement international des médias. Dans les autres bureaux, les agents responsables des efforts généraux pour la démocratie incluent les médias dans leurs considérations de financement. Dans le cadre de son travail pour le développement des sociétés civiles, l’agence du Center of Excellence on Democracy, Human Rights and Governance (Centre d’Excellence pour la Démocratie, les Droit de l’Homme et la Gouvernance), fournit une aide au développement des médias couvrant les normes professionnelles des journalistes et la viabilité économique des médias. L’Office of Transition Initiatives (OTI), qui fournit une aide rapide à court terme se concentrant sur les transitions politiques essentielles et les besoins en situation de crise, travaille également au développement des médias. Le travail d’OTI sur les médias se concentre sur le soutien de médias indépendants dans des environnements difficiles comme l’Afghanistan. Une grande partie du travail d’USAID pour l’aide aux médias a été traditionnellement déterminée par les missions sur le terrain plutôt que par ses employés basés à Washington, conservant ainsi une structure décisionnelle décentralisée. Les experts en média de DRG et d’OTI travaillent souvent en étroite collaboration avec leurs homologues à l’étranger pour les conseiller sur les projets pour les médias et fournir une assistance technique aux missions d’USAID. Ces dernières années, USAID a bien élargi certains secteurs de ses programmes: l’environnement juridique favorable, les institutions de soutien telles que les organisations et les écoles de journalisme professionnelles, les débouchés des médias et les infrastructures. Les projets financés par cette agence sont vastes et nombreux. Parmi ses activités : aider l’établissement de réseaux de diffusion en Afghanistan et en Irak; renforcer la télédiffusion et la radiodiffusion dans le sud du Soudan, avant et après son indépendance; améliorer le professionnalisme des médias et leur viabilité dans le Libéria et en République Démocratique du Congo; stimuler les reportages d’investigation en utilisant des centres de journalisme dans 14 pays d'Eurasie; et former les gestionnaires des médias en Égypte sur les pratiques commerciales. Le Département d’États américain. Bien que le Département d’État et USAID coordonnent leurs efforts pour le développement international des médias, l’allocation des fonds de ces agences et leurs priorités diffèrent en raison de leurs objectifs respectifs. La
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mission du Département d’État se concentre sur la politique étrangère des États-Unis tandis que celle d’USAID est le développement. Aussi, les programmes du Département d’État ont tendance au court terme et à cibler particulièrement des pays, cependant il existe des chevauchements entre les programmes d’USAID et ceux du soutien principal au développement des médias, le Bureau pour la Démocratie, les Droits de l'Homme et du Travail (DRL) du département d'État. Le Département d’État a dépensé 53 millions de dollars en 2010 en développement international des médias—près d’un quart de l’ensemble des financements américains d’après le CIMA pour cette année—et allait dégager 44 millions de dollars en 2011. Ce chiffre n’inclut pas les dépenses de l’État pour la diplomatie publique dont les programmes— tels que les échanges professionnels et de chercheurs universitaires—servent souvent la cause du développement des médias. Ceux-ci incluent des bourses pour le programme Fulbright, le programme Hubert H. Humphrey Fellowship et d’autres programmes d’échanges internationaux. Le DRL est le principal bureau du Département d’État qui coordonne les efforts pour la promotion de la liberté, de la démocratie et des droits de l’homme à travers le monde et il a réservé un budget de 20 millions de dollars pour des initiatives de développement des médias pour l’AF 2011. Le DRL finance essentiellement des initiatives pour le développement des médias sous forme de subventions à travers le Human Rights and Democracy Fund. Le DRL a également récemment commencé à financer des programmes pour la liberté d’expression sur internet grâce à son nouveau programme Internet Freedom, qui gère la censure en ligne du Département d’État et les tentatives de contournement. Étant donné que les priorités du DRL changent chaque année en fonction des contributions des ambassades et des experts d’USAID, ainsi que des fonds dégagés par le Congrès américain, les initiatives du Département d’État américain pour le développement des médias ont eu tendance à être des projets à court terme (bien que ces dernières années ce bureau ait financé davantage de projets s’étalant sur plusieurs années). Les ambassades américaines financent également des programmes de développement des médias à travers des subventions discrétionnaires mais ces financements sont habituellement de petites sommes. Le Bureau des affaires européennes et eurasiatiques du Département d’États (EUR) finance des projets de développement des médias dans les États postcommunistes, alors que l'Initiative de Partenariat avec le Moyen-Orient (MEPI) finance des programmes au Moyen Orient en Afrique du Nord incluant des travaux avec la société civile. Les projets de développement des médias du Département d’États sont très vastes. Parmi eux: un don d’1 million de dollars pour former des journalistes professionnels et citoyens en Égypte, pour le développement de programmes académiques à L'École caucasienne du journalisme et de la gestion des médias, un programme sur le droit des médias en Azerbaïdjan, un pool de médias pour couvrir le parlement Afghan et un projet de deux ans pour renforcer l’indépendance des médias au Népal.
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Broadcasting Board of Governors. Le Broadcasting Board of Governors (BBG) supervise les médias financés par le gouvernement fédéral tels que Voice of America, Radio Free Europe, Radio Free Asia, et Alhurra, la chaîne télévisée satellite de langue arabe. A travers ses diffusions, ses formations et d’autres activités le BBG espère servir de « d’accélérateur pour la promotion internationale de la démocratie, la société civile, la transparence des institutions et de partenariats à travers le monde. » Pendant l’AF 2011, quelques 5,4 millions de dollars ont été alloués à des programmes de développement des médias et pour la liberté d’expression sur internet (dont 1,5 millions de dollars proviennent du Département d’État).25 Depuis 1983, Voice of America/BBG a formé près de 12 000 communicateurs et techniciens dans plus de 135 pays. Le centre international de formation aux médias de BBG dirige des dizaines de projets de formations aux médias chaque année et cette agence a dirigé des ateliers dans des secteurs tels que les normes de l’information professionnelle (Serbie), le journalisme télévisé (Kosovo et Albanie), les programmes télévisés pour enfants (Jordanie), les rapports sur la santé (Nigeria) et le journalisme citoyen (République Démocratique du Congo, Afrique du Sud) Millennium Challenge Corporation. La MCC, fondée en 2004, est un organe financé par le gouvernement ayant pour responsabilité l’assistance à certains des pays les plus pauvres au monde. Les sommes allouées dépendent du progrès du pays déterminé par plusieurs indicateurs clés dont l’amélioration de la liberté de presse. MCC dégage près d’1 million de dollars par an pour le développement des médias et l’a intégré dans ses programmes à Malawi, en Moldavie, au Niger, en Tanzanie, au Rwanda, au Timor Leste et en Ukraine. Au Rwanda, les programmes incluent un soutien aux stations de radio communautaires et la formation de journalistes. En Moldavie et dans le Timor Lesté, on se concentre sur le rôle des médias dans la lutte contre la corruption.
Organisations à but non lucratif financées par le gouvernement National Endowment for Democracy. Le National Endowment for Democracy alloue des sommes considérables au développement des médias chaque année. Financé par le Congrès des États-Unis et basé à Washington DC, le NED a dépensé près de 15 millions de dollars pendant l’AF 2011 en aide internationale aux médias, à travers une dizaine de programmes qui se concentrent avant tout sur la liberté d'information, les droits de l’homme et responsabilisation. Les subventions sont typiquement données à travers des sommes inférieures à 50.000 $ et sont destinées à des domaines tels que l’amélioration de la couverture d’élections et des rapports sur la situation des droits de l’homme, la formation de femmes journalistes, la défense de la presse et la construction de capacité des associations de journalistes et groupes connexes. Parmi les projets financés: formation de journalistes dans une station de radio communautaire au Zimbabwe; le Centre pour le reportage d'investigation en Bosnie pour surveiller les abus de biens publics; le journalisme citoyen en Chine, la couverture de conflits au Pakistan, la formation au numérique pour les journalistes en Asie Centrale et des publications sur les droits de l'homme en Corée du Nord et en Birmanie.26
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U.S. Institute of Peace. L’USIP (Institut des États-Unis pour la paix) « fournit l’analyse, la formation et les outils pour prévenir et mettre fin aux conflits, promeut la stabilité et professionnalise le domaine de la consolidation de la paix. »27 L’organisation à but non lucratif, financée par le Congrès des États-Unis, inclut un Centre pour les Médias, les Conflits et la Consolidation de la paix qui a dégagé 2 millions de dollars pour le développement des médias en 2010. Parmi ses projets principaux sur les médias: des programmes médiatiques pour la jeunesse irakienne, des formations pour réduire l’usage de termes incitant à la colère par les médias irakiens; la formation de journalistes Afghan pour la couverture des crimes de guerre et des violations des droits de l’homme; formation en leadership pour les bloggeurs du Moyen Orient; et identifier les meilleures pratiques d’évaluation et de blogging dans des environnements en conflit. La formation et les programmes éducatifs d’USIP incluent également des efforts pour le journalisme citoyen qui se concentrent sur le travail de résolution de conflit de l’institut.
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FINANCER LA LIBERTÉ D’EXPRESSION Au début de l’année 2011, CIMA et IFEX (Echange International de la Liberté d'Expression) ont initié un projet de recherche pour explorer les changements dans les habitudes de financement des activités internationales relatives à la liberté d’expression. Ce domaine est vaste et partage beaucoup de terrains communs avec le développement des médias—il inclut la défense de la liberté d'expression, des activités de lutte contre la censure et la promotion de loi sur l’accès à l’information, à une presse indépendante et à la liberté d’internet. Vingt-et-un donateurs majeurs ont répondu à une étude, y compris des agences gouvernementales et des fondations privées. Les données de nombreux donateurs n’étaient pas disponibles mais les sommes rapportées par ceux qui ont répondu étaient considérables. L’étude a relevé, dans la fourchette supérieure, près de 228 millions de dollars de financement pour la liberté d’expression parmi 21 donateurs. Un élément surprenant dans cette recherche: une étude précédente de l’IFEX en 2009 a révélé que ses membres ont éprouvé plus de difficultés à obtenir les fonds de base pour des projets généraux par opposition aux fonds pour des projets spécifiques. Cette étude a également souligné la perception commune selon laquelle le nombre de donateurs finançant des travaux pour la liberté d’expression est en déclin. Parallèlement, une étude sur les donateurs de 2011 a suggéré que l’ensemble des aides pour la liberté d’expression a en fait augmenté ces dernières années mais trois facteurs ont accru la compétition pour ces fonds : une vaste augmentation du nombre d’organisations travaillant pour la liberté d’expression; des sommes importantes allouées à des secteurs nouveaux et non traditionnels (en particulier pour la liberté d’internet); et la réorganisation interne de plusieurs donateurs clés. L’univers des donateurs majeurs du domaine de la liberté d’expression n’est pas vaste. Quand on a demandé aux organisations membres d’IFEX d’identifier leurs trois principales sources de financement en 2009, seules dix institutions sont apparues dans cette liste (par ordre de citations) :
1. Open Society Foundations 2. National Endowment for Democracy 3. Le Ministère Norvégien des Affaires Étrangères 4. L’UNESCO 5. L’Union Européenne 6. l'Agence Suédoise de coopération Internationale au Développement (ASDI). 7. La Fondation Ford 8. Free Voice (Pays-Bas) 9. Département pour le développement international (DFID) du Royaume-Uni 10. Les Fondation John S. et James L. Knight
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Les résultats de recherche mis à jour par CIMA et IFEX ont également révélé que le domaine de la liberté d’expression s’est élargi avec l’émergence d’organisations pour la liberté d’internet. L’arrivée de nouveaux groupes impliqués dans les technologies et les droits de l’homme a dynamisé le secteur mais aussi soulevé des problèmes de chevauchement des missions avec les groupes pour la liberté d’expression plus solidement établis.
Financement du secteur privé Innovation, contenu de qualité et flexibilité sont caractéristiques de l’implication de longue date du secteur privé dans le financement international du développement des médias. Au début des années 1990s, alors que l’ère moderne de l’aide au média voyait le jour, les fondations américaines ont joué un rôle de leader pour fixer l’ordre du jour et trouver des partenaires efficaces. Bien que leurs portefeuilles aient connu des difficultés pendant les périodes économiques difficiles, les donateurs américains privés restent essentiels au développement des médias et leurs rangs sont actuellement renforcés par des fondations impliquées dans l’industrie des technologies. La plupart des fonds européens viennent d’agences d’aide gouvernementales ou d’organisations financées par l’État. Parallèlement, plus d’un tiers des fonds américains proviennent de sources privées. Le rôle majeur des fondations dans le développement des médias, comme dans d’autres activités de philanthropie en Amérique, est en grande partie due aux incitations des lois fiscales américaines qui ont permis la création d’un secteur de fondations avec des actifs d’une valeur de 618 milliards de dollars en 2010. Suivre les dépenses pour le développement des médias par les fondations privées, comme celles du gouvernement fédéral, est redoutablement difficile. Il est rare pour une fondation de disposer d'une ligne budgétaire unique une ligne budgétaire pour ses activités pour les médias internationales, celles-ci peuvent être fragmentées et éparpillées sur des dizaines de portefeuilles. Les fondations manquent également d’une définition commune de « projets médiatiques internationaux ». Cependant on peut effectuer des estimations approximatives. Une étude de CIMA sur les financements de 2010 a identifié quelques 76 millions dollars dépensés par les principales fondations pour le développement des médias. Cela représente un bon de 27 pour cent depuis 2006, où une étude avait estimé des contributions de plus de 60 millions de dollars. En dépit de cette augmentation, la proportion des fonds publics par rapport aux fonds privés a chuté de 42 pour cent en 2006 à 34 pour cent en 2010 (en grande partie due aux pics des projets d’aide américaine en Irak et en Afghanistan). Le caractère pionnier de l’OSF a continué de financer un vaste éventail de projets médiatiques innovateurs à une échelle impressionnante. L’OSF reste largement le premier donateur privé pour les médias indépendants, dégageant de 45 à 50 millions de dollars par an ces dernières années—et près de 58 pour cent de l’ensemble des financements par des fondations d’après CIMA en 2010. Cette somme était cinq fois plus importante que celle du deuxième bailleur de fonds, Knight Foundation et presque égale à ce que dépense le
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Département d’État. A l’exception de l’OSF, les dépenses des fondations pour les médias (souvent mesurées en milliers de dollars) ont été éclipsées par celle des grandes agences d’aide gouvernementales (habituellement mesurées en millions de dollars). Le développement des médias modernes a été en grande partie façonné par USAID, le Département d’État et les agences d’aide européennes. Dans le même temps, les fondations privées possèdent des qualités uniques qui dépassent souvent la valeur monétaire de leur aide. Les entités privées peuvent être plus vives et politiquement indépendantes que leurs homologues gouvernementaux. Nombreux sont ceux qui ont bénéficié de la participation de journalistes et de responsables des médias, qui apportent des relations et expériences de valeur. Un exemple notable en est le programme Knight International Journalism Fellowship qui a posté des journalistes expérimentés du monde entier pour gérer le développement de projets pour la presse écrite, la radiotélévision et de nouveaux médias. DÉVELOPPEMENT DES MÉDIAS PAR DONATEUR
Source : Center for International Média Assistance, Département d’États des ÉtatsUnis * Notez qu’après 2006 il y a eu une restructuration des portefeuilles. Le chiffre de 2008 représente les dons de Ford en 2009. Celui-ci et le chiffre de 2010 ont été tirés de la base de données des nouvelles subventions de Ford, filtrée pour les dons pour les médias internationaux. ** Le don en partenariat avec la Fondation Knight fait par Google en 2010 a été ajouté au composant américain et international des projets. USAID 33,3% Département d’États 23,9% NED 6,3% OSF 22,5% Knight 4.5% Ford* 3.2% Gates 2.3% BBG 0.9% USIP 0.9% MCC 0,5% Google** 0.9% Omidyar 0.5%
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FONDS AMÉRICAINS POUR LE DÉVELOPPEMENT DES MÉDIAS PAR ACTIVITÉ (2011)
Cette décomposition représente un total de près de 100 millions de $ de financements américains, d’après des données fournies à CIMA par ICFJ, Internews, IREX et NED. Si les niveaux de financements pour le développement des médias en 2011 sont à hauteur de ceux de 2010, cela représenterait 45 pour cent de l’ensemble des subventions américaines pour le développement des médias.
Formation 29,4% Assistance Directe 27,7% Environnement Juridique Favorable 5,4% Suivi et Évaluation 4,5% Communications pour le Développement 1% Sécurité des Journalistes/Protection Juridique 1,9% Défense juridique 1,9% Universités 2,3% Sensibilisation au numérique 4,3% Associations Professionnelles 4,3% Viabilité Économique 10% Autre 9,2%
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Des temps durs, de nouveaux donateurs Ces dernières années n’ont pas été faciles pour la communauté des fondations. La récession de 2008 a sensiblement diminué les portefeuilles de la plupart des fondations traditionnelles et la philanthropie pour les médias, pour la plupart de 20 à 30 pour cent. À peine étaient-elles en train de se relever que la réplique de 2011 a frappé. Ces institutions, basées pour beaucoup d’entre elles sur la côte est, avaient précédemment joué un rôle majeur dans le financement d’activités internationales de développement des médias, avec un accent sur la formation en journalisme et un soutien pour la liberté d’expression. Elles traversent actuellement une période de retranchement, éprouvant des difficultés à maintenir leurs engagements et avec peu de ressources pour continuer leurs initiatives. Les fondations associées aux entreprises de presses figurent parmi celles qui ont le plus souffert. Le groupe de presse de la New York Times Company, qui avait contribué aux initiatives internationales pour la liberté de presse, est un cas extrême, mettant fin à ses subventions le 23 Avril 2009.28 La fondation McCormick qui représentait l’un des principaux bailleurs de fonds d’aide aux médias en Amérique Latine, s’est trouvée dans une situation similaire. « Les deux journaux de Chicago sont pratiquement en faillite, » a souligné Clark Bell, directeur du programme de journalisme de McCormick, lors d’une interview en 2009. La fondation a rompu ses liens avec le Chicago Tribune et à partir de 2012 ses subventions internationales étaient inexistantes. L’impact de cette longue crise économique pourrait avoir des conséquences néfastes sur financements du gouvernement. Les pressions exercées pour diminuer les dépenses pourraient entraîner une réduction continue des aides étrangères américaines, avec de fortes conséquences au niveau de l’aide aux médias.29 Bien qu’il semble que les donateurs principaux de l’UE aient poursuivi leur aide aux médias en 2011, les contraintes budgétaires importantes qui concernent de nombreux pays de l’UE pourraient aussi se solder par des coupes importantes. Si ces restrictions venaient à toucher la sphère des médias, elles pèseront sur la communauté des fondations privées qui traverse déjà de grandes difficultés à maintenir son niveau d’assistance. Cependant, il y a de bonnes nouvelles dans la communauté du financement. Alors que les fondations qui se sont construites sur d’anciens médias traversent des difficultés, un groupe de nouveaux donateurs, dont beaucoup proviennent des géants des technologies des médias numériques, est apparu et il laisse sa trace dans le domaine des médias et du développement. Des fortunes se sont construites grâce aux technologies numériques ces dernières années et certains de ses entrepreneurs créent de nouveaux modèles de philanthropies. En tête de ce groupe figure la fondation Bill & Melinda Gates, particulièrement bien dotée, construite grâce à l’argent de Microsoft. Suivant l’exemple de Gates, des fondations comme celle créée par le fondateur d’eBay (Omidyar Network et la Fondation Skoll) ainsi que les philanthropies de Google ont commencé à financer des projets de médias internationaux. La culture de ces nouvelles fondations provient du secteur de la haute technologie de la côte ouest des États-Unis. New York est peut-être la capitale des médias traditionnels d’Amérique (berceau des principaux journaux et organes de radiodiffusion de média « gardiens ») mais
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Seattle et la région de la baie de San Francisco sont les bases de la révolution des médias numériques qui transforment la culture mondiale. « Les fondations de la côte ouest comprennent le pouvoir des médias; ils le comprennent vraiment, » a noté Susan King, viceprésidente aux affaires étrangères de la Carnegie Corporation à New York jusqu’en 2011. « La côte est vit maintenant dans le passé, à financer la recherche. » Les nouveaux donateurs « élargissent la vision de ce en quoi consiste le développement des médias, » d’après Stacy Donohue, qui supervise les subventions de transparence d’Omidyar Network aux États-Unis et en Amérique Latine. « Le secteur du développement des médias peut jouer un rôle important dans la transition vers le monde numérique. » Certaines des tendances croissantes incluent des expériences utilisant un modèle de capital-risque, incluant l'impact social de l'investissement et la prise de participation dans des projets médiatiques et le soutien de projets pour le journalisme citoyen. Les entreprises de technologie présentent également un intérêt croissant dans la prestation de services directes gratuits tels que « Trouver une personne » par Google (une plateforme en ligne pour localiser des personnes déplacées par des catastrophes telles que le séisme de 2011 au Japon) et « le bien social » de Skype en partenariat avec des agences de secours international et des ONG. Dans d’autres cas, il existe une appréciation croissante de la valeur des techniques de développement des médias plus traditionnelles. Rapidement, la fondation Gates a révélé une liste ambitieuse d’objectifs pour la santé publique, incluant des programmes de vaccination massifs contre les maladies infectieuses en Afrique. A l’époque, les médias ne représentaient pas un intérêt particulier, jusqu’à ce qu’il devienne clair que la médecine occidentale était mal comprise dans les régions où la fondation cherchait à travailler. La fondation a découvert, à travers les mots d’un employé, « on ne pouvait pas leur injecter de vaccins, à moins de leur injecter des informations dans la tête. » De cette découverte sont apparues des subventions du Centre international des journalistes pour agrandir le programme de recherche Knight à travers l’Afrique sub-saharienne et travailler sur les problèmes de santé.
Innovation vs. Contenu Une des tendances marquantes de ces dernières années est le financement de techniques et d’outils de médias numériques de pointe. La fondation Knight a été un pionnier dans cette catégorie, dépensant des millions de dollars sur place et à l’étranger en soutien aux logiciels de gestion de données et de documents, salles de rédaction virtuelles et expériences de marketing en ligne, durabilité et journalisme. Les journaux et d’autres médias traditionnels en difficultés, accompagnés de nouveaux modèles plus viables bien qu’encore peu prédictibles, ont encouragé un élan d’expérimentations. L’arrivée de fondations implantées dans l’industrie des technologies n’a fait que renforcer cette approche. Certains s’inquiètent cependant du peu d’attention portée aux fondements des médias indépendants—un contenu robuste. Comme le rédacteur en chef d’un journal a déclaré en plaisantant, « les fondations financent une nouvelle flotte de camions de livraison de haute technologie pendant que les salles de rédactions sont en feu. » Jankovic de l’OSF a partagé son inquiétude à ce sujet. Si les fondations venaient à être se focaliser sur la promotion de nouvelles expériences, prévient-elle, ce pourrait être aux dépends des aides pour les médias
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indépendants existants qui cherchent à passer ce cap difficile. « Il y a tellement d’expérimentation, » a-t-elle déclaré. « Certaines offrent des arguments valables mais ils tendent beaucoup trop à se généraliser. » Jankovic souligne que dans beaucoup de pays en développement, les médias traditionnels avec des procédures de rédaction reconnues ont un rôle critique de chien de garde qui est essentiel au progrès économique et politique. En effet, une étude de l’Association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d'information (WAN-IFRA) a révélé que les journaux fleurissent dans de nombreuses régions d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine.30 Newton de Knight maintien que l’objectif de la fondation devrait être un univers de nouvelles possibilités. « On peut maintenant dépasser des centaines d’années d’inégalités—avec les téléphones mobiles dans les endroits où les lignes fixes n’existent pas, » défend-il. « Il y a un peu plus d’argent dans le développement des médias qu’il y en avait 20 ans plus tôt mais ce n’est rien comparé aux opportunité créées par la nouvelle ère dans laquelle on vit. La différence entre ce qui est possible et ce que l’on fait est d’autant plus grande. » En fin de compte, pour Mark Whitehouse, vice-président des médias pour IREX tout se résume à: un besoin urgent d’un journalisme de qualité qui concerne la vie des gens. « Qu’est-ce qu’il se passe en Égypte actuellement? » demande-t-il. « Comment est-ce que les gens vont obtenir des informations sur ce que fait le nouveau parlement ou au sujet du nouveau président, de l’économie, de l’éducation, des services de santé—c’est une question de développement à long terme. »
Fondations principales Open Society Foundations est de loin le principal donateur privé, une famille de plus de 30 fondations créés par Soros. Opérant dans 70 pays, l’OSF a fait du soutien au développement des médias la pierre angulaire de sa mission pour promouvoir la démocratie à travers le monde. En 2010, la fondation a alloué 50 millions dollars pour le développement des médias à l’étranger, ce qui représente 22 pour cent de l’ensemble des fonds américains identifiés par CIMA cette année et près de 58 pour cent de l’ensemble des dons du secteur privé. « Nous avons du faire des choix difficiles » pour les lieux d’allocation de nos fonds, a déclaré Jankovic, directrice du Network Media Program basé à Londres. « Nos priorités sont le soutien de la création de contenus de qualité et la mobilisation de communautés de sociétés civiles pour agir en conséquence. » On porte moins d’attention, ajoute-t-elle, au développement des institutions. « Nous cherchons à mobiliser les communautés autour de contenus de qualité en rassemblant différents segments de cette société—les gens de la rue, les jeunes, les forces de police, les décideurs politiques—et leur faire reconsidérer la marche à suivre. » Jankovic a une liste de priorités liées à cet objectif : des projets pour permettre la redéfinition des droits des médias et la protection des journalistes dans ce nouvel environnement numérique; création de récits de qualité à travers des supports multimédia, pour que les citoyens s’engagent davantage : ouvrir le débat sur le développement des médias et la liberté, en particuliers entre l'hémisphère Sud et les pays développés; et construire des réseaux plus
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efficaces entre les groupes offrant des contenus de qualité, tels que les journalistes d'investigation. La fondation John S. et James L. Knight, qui a débuté en tant que fondation de groupes de journaux, a alloué 10 millions dollars en 2010 au développement des médias. Elle finance également de nombreux programmes universitaires américains de journalisme. Cette fondation basée à Miami et devenue à la fois un innovateur et un organisateur du financement des médias et des stratégies de distribution de l’ère numérique. Cette particularité de sa mission singularise Knight. La fondation subventionne son programme phare « Knight News Challenge », pour encourager des idées favorisant l’expansion et la création d’entreprises de presse grâce aux technologies numériques en libre accès (Voir Chapitre suivant. Knight maintient également son engagement de longue date pour le Knight International Fellowships au ICFJ, qui a offert des bourses à des chercheurs universitaires depuis 1994 dans plus de 90 pays pour créer des associations de journalistes, des services de presse, des équipes d’investigation, des programmes de journalisme citoyen et d’autres. La Fondation Ford est un partisan de longue date du développement des médias et a dépensé plus de 7 millions de dollars dans des projets connexes en 2010. Ford a traversé une restructuration de grande échelle, créant huit secteurs de programmes et les administrant par le biais de bureau régionaux. Le financement du développement international des médias s’étend sur une multitude d'initiatives, notamment les médias de service public, la transparence gouvernementale, l’immigration, la liberté d’expression et les droits des minorités. Des subventions ont été récemment versées à l’Agence d'Information pour les Droits de l'Enfant (ANDI) brésilienne, le Centre for Média and Alternative Communication en Asie du Sud et l’Association pour le Développement des Médias indonésienne (Perhimpunan Pengembangan Media Nusantara, PPMN). La Fondation John D. et Catherine T. MacArthur, un autre défenseur de longue date de l’aide aux médias, avait un budget de 8,5 millions de dollars pour les média en 2009, bien qu’une grande partie en ait été versée à des organisations américaines. Peu de ses programmes internationaux touchent au journalisme traditionnel, en revanche, ils s’adressent à un vaste éventail de services d'information offerts au public. La fondation a financé un certain nombre de projets intégrant le journalisme citoyen dirigés par Global Voices, la plateforme de cartographie intégrant le « crowdsourcing » Ushahidi et Internews, son intérêt néanmoins, pour la cyber sécurité mondiale se reflète dans son soutien actuel pour l’Open Net Initiative du Centre Berkman. La fondation Bill et Melinda Gates est actuellement présentée comme la « première fondation au monde. » Ses actifs ont dépassé 37 milliards dollars en 2010—supérieurs aux actifs cumulés de Ford, MacArthur, Hewlett, Rockefeller, Knight et Carnegie.34 En 2010, la fondation a dépensé 5 millions de dollars dans le développement international des médias. Bien qu’il soit modeste comparé aux habitudes de Gates, ce don a permis à la communauté du développement des médias d’accorder plus d’importance à la santé publique et la lutte contre la pauvreté en Afrique. Ces dernières années, les subventions de Gates ont représenté une part importante du budget du Centre international (de formation) des journalistes (ICFJ) estimé à 9 millions de dollars, avec un d’un don de 1,7 millions de dollars pour déployer des
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journalistes dans 11 pays d’Afrique et travailler sur des programmes de développement de journalisme et de la santé. Trois d’entre eux sont impliqués dans des projets panafricains qui s’occupent de la couverture du développement, de répandre l’innovation numérique et améliorer la gestion des médias.35 Omidyar Network explore les nouvelles frontières du développement des médias. Ce réseau a été créé par le fondateur d’eBay, Pierre Omidyar et sa femme, Pam, en 2004 et se présente comme « une firme d’investissement philanthropique » avec un intérêt pour deux domaines : l’accès aux capitaux; et les médias, les marchés et la transparence.36 En 2011, Omidyar Network a annoncé une subvention sur plusieurs années s’élevant à 5 millions de dollars destinée à quatre organisations travaillant au soutien du journalisme dans les pays en développement, notamment des initiatives africaines et le Média Development Loan Fund. Google a vu le jour en 1996. D’après le Financial Times, Google.org, une de ses branches philanthropiques, a accordé plus de 100 millions de dollars en 2010, une partie des 184 millions de dollars en dons accordés par la compagnie cette année.37 Comme pour son activité principale, les efforts philanthropiques de Google ont pour habitude de s’adonner à l’expérimentation. Ceci inclut des dons traditionnels, des projets de volontariat et la création de plates-formes en ligne pour de nobles causes. En 2010, Google a promis 5 millions de dollars d’aides aux médias—2 millions de dollars pour la Fondation Knight, en grande partie pour des financement intérieurs et 2,7 millions de dollars à l'Institut International de la Presse (IPI) basé à Vienne pour soutenir les innovations de technologies médiatiques en Europe, dans le Moyen Orient et en Afrique. La Fondation Skoll insiste sur l’entrepreneuriat social et n’a pas encore développé un programme clair pour les médias mais elle finance des formations en médias numériques, telles que le programme Change through Digital Inclusion (le changement par l’inclusion numérique), actif dans 13 pays. Son président, Jeffrey Skoll, l’un des fondateurs d’eBay a également examiné les possibilités d’investissement directes, tel que ses tentatives de productions de films à mission sociale à travers Participant Média. (Le long métrage Contagion était l’un de ces projets en 2011, créé en partenariat avec le Council on Foreign Relations, pour avertir le public sur les dangers des pandémies.) D’autres donateurs incluent la fondation William et Flora Hewlett et la Carnegie Corporation of New York, qui ont financé des projets de films et d’émissions télévisées internationaux; et la Fondation Howard G. Buffett qui finance des causes agricoles et environnementales ; et le Rockefeller Brothers Fund qui a fait de petits dons pour les médias en Indonésie, Afrique du Sud et dans les Balkans.
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Recommendations En dépit d’augmentations récentes, les sommes attribuées au développement international des médias reste infime comparé à l’ensemble des aides étrangères fournies par les États-Unis. La communauté du développement des médias doit continuer à préconiser l’allocation d’une plus grande part d’aides étrangères américaines aux médias indépendants et l’intégration d’une plus vaste zone géographique dans ses programmes. La communauté du développement des médias doit continuer à développer de nouvelles sources de financement, en particulier de la part d’entreprises ou de fondations implantées dans l’industrie des hautes technologies. Les exécutants et les donateurs doivent rester ouverts à de nouvelles approches pour le développement des médias, notamment les investissements en capital risque et les offres de prestations directes de services. Encourager des médias indépendants qui produisent des contenus fiables et de qualité reste au cœur de la mission du développement des médias. Bien que le financement accru des expériences en médias numériques soit essentiel, ce ne doit pas se faire aux dépends d’investissement dans un média chien de garde professionnel. Les donateurs doivent investir à long terme dans des secteurs qui ne constituent pas de simples « phénomènes de mode », pour que l’aide aux médias ne sombre pas dans des cycles répétés de hausses et de chutes de financement dans plusieurs régions. Les nouveaux acteurs et technologies sont source de nouveaux défis pour coordonner les projets internationaux. De plus amples efforts doivent être apportés à travers des consultations, des partenariats et des fonds communs pour garantir que les ressources rares ne soient pas gaspillées. La communauté du développement des médias doit améliorer sa capacité à construire des passerelles vers d’autres secteurs.
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Médias Numériques: Changement de donne Ce que les bloggeurs enthousiastes, ont appelé « révolution Twitter » ou « révolution Facebook »—les soulèvements dans le monde arabe ont été alimentés par une combinaison effrénée de technologies numériques, réseaux sociaux et de télévision par satellite. Dès le mois de décembre 2010, le Moyen Orient et l’Afrique du nord semblaient s’enflammer avec des soulèvements populaires défiant un à un les autocrates de longue date : Zine el-Abidine en Tunisie, Hosni Moubarak en Égypte, Mouammar Kadhafi en Libye et Bachar el-Assad en Syrie. Les dirigeants vieillissants ont fait appel à des techniques éprouvées pour maintenir leur contrôle : un appareil de sécurité omniprésent, des mesures de répression violentes, la censure de médias locaux et des restrictions sévères sur les correspondant étrangers. Cependant, cela n’a pas suffi car les militants, les journalistes et tant d’autres dans ces pays ont eu accès à des outils puissants: téléphones mobiles, appareils photo numériques, ordinateurs portables, fils de nouvelles Des utilisateurs d’ordinateurs dans un Cyber Café a Changzhi, Twitter, pages Facebook et vidéos province de Shanxi. L’accès à Twitter et à la messagerie en ligne Hotmail ont été bloqués deux jours avant le 20ème sur YouTube. Les chaînes anniversaire de la répression du mouvement de la place d’informations par satellite qui Tiananmen. Photo: Reuters existaient à peine dix ans auparavant, ont directement transmis les événements de la rue aux foyers. Les jeunes militants technophiles ont organisé des manifestations de masse grâce à Facebook et diffusé des messages d'alerte par Twitter. En février 2011, l’impensable s’était produit: Ben Ali et Moubarak étaient partis et ce que l’on connaît en tant que « Printemps Arabe » redéfinissait rapidement la géographie politique de la région. Assurément, il existe d’autres causes plus fondamentales que les smart phones et les tweets expliquant la démise des souverains arabes. Des décennies de répression, une mauvaise administration et une stagnation économique ont mené à un mécontentement général dans ces sociétés. Les critiques soulignent que ces révolutions se sont déjà produites sans l’aide de Facebook ou Twitter et que les technologies de l’époque ont toujours offert des outils aux
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dissidents, qu’il s’agisse de machine à ronéotyper ou de transmetteurs clandestins dans l’Europe occupée par les Nazis ou de magnétoscopes et de fax pendant la chute de l’Union Soviétique. « Pratiquement personne ne possédait de téléphone en Allemagne de l’est dans les années 1980—et pourtant, des centaines de milliers de personnes se sont mobilisées dans le centre de Leipzig et ont renversé un régime que tous voyaient rester au pouvoir encore un siècle », a déclaré l’auteur Malcolm Gladwell dans le New Yorker. « Les personnes victimes d’injustices en colère trouveront toujours un moyen de communiquer entre eux. »38 Mona Eltahawy, journaliste chevronnée, rendant hommage à des années d’efforts menés par les défenseurs des droits de l'homme arabes, s’exprime de manière plus directe. « Facebook et Twitter, » dit-elle, « n’ont pas inventé le courage. »39 Pourtant, il est difficile de ne pas reconnaître que quelque chose d’incroyable est arrivé avec l’adoption des médias numériques par les citoyens du monde arabe. Les chiffres expliquent une grande partie de l’histoire de la croissance explosive des médias sociaux dans la région. Stimulés par la création d’une interface arabe de Facebook en 2009, le nombre d’utilisateurs du site de médias sociaux a bondi à travers le Moyen Orient et en Afrique du Nord, mené par l’Égypte. Les huit mois précédant janvier 2011 ont vu le nombre d’utilisateurs égyptiens de Facebook atteindre près de 50 pour cent soit 5 millions.40 Le nombre d’utilisateurs de Facebook en Tunisie a augmenté de moins de 30.000 en 2008 à près de 2 millions alors que Ben Ali quittait le pays au début de 2011—soit près d’un tunisien sur cinq.41 A cette époque, le nombre d’utilisateurs de Facebook à travers le monde arabe avait atteint 17 millions, dépassant les 14 millions d’exemplaires de journaux vendus dans la région.42 Les séquences effroyables de victimes de massacres, les actes de brutalité policière et les manifestations mobilisatrices sont devenus monnaie courante sur Facebook et YouTube.43 Le meurtre sanglant de Khaled Said par la police, un jeune informaticien, dans un cybercafé d’Alexandrie, est devenu un point de ralliement virtuel pour les Égyptiens. Wael Ghonim, un cadre supérieur de Google, a créé une page Facebook—Nous Sommes Tous Khaled Said— présentant des photos prises d’un téléphone portable du corps battu de Said. Le site est devenu un abcès de fixation pour les manifestations et a attiré près d’un demi-million de partisans. L’utilisation de médias sociaux, de textos et de smart phones équipés de caméras vidéo a apporté une instantanéité et connectivité aux effets retentissants. Les nouveaux médias ont brisé « cette barrière mentale que créé la peur, » comme l’a expliqué Ghonim. « Voici internet, les technologies, les BlackBerry, les SMS. Tout ceci nous aide à être connectés, » at-il expliqué peu de temps après la révolution. « Les plates-formes telles que YouTube, Twitter, Facebook nous ont beaucoup aidé parce qu’en gros ils nous ont fait réaliser que, mince, nous ne sommes pas seuls. Il y a beaucoup de gens qui sont frustrés, Il y a, en fait, beaucoup de gens qui partagent le même rêve. Il y a beaucoup de gens pour qui la liberté est importante. »44 Dans les rues du Printemps arabe, une armée de citoyens journalistes a enregistré chaque étape de la révolution. Aux côtés des journalistes citoyens se sont joints les « mojos » ou les
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journalistes aux téléphones mobiles : des professionnels des médias équipés de matériels numériques compactes et capable de rapporter, réviser et transmettre rapidement des nouvelles—écrites, audios, vidéos—de pratiquement n'importe où. Un éventail de chaînes de télévision par satellite en langue arabe n’a pas manqué de contribuer au puissant mélange que représentent les médias numériques. En 2010, plus de 500 chaînes de télévision par satellite proposaient des informations, divertissements, religion, sport, documentaires, programmes pour enfants et des clips vidéo en Arabe. Menées par AlJazeera, un groupe basé au Qatar créé en 1996, des dizaines de chaînes avec des bulletins d'informations étaient accessibles dans des millions de foyers avec antenne satellite : de la chaîne basée en Arabie Saoudite Al-Arabiya et Abu Dhabi basée aux Emirats Arabes à les chaîne de l’Hezbollah Al-Manar et la chaîne financée par les États-Unis Alhurra.45 Durant les années qui ont précédé le Printemps Arabe, les chaînes d'information internationales ont tourné en ridicule les contrôles locaux, diffusant des points de vue controversés, brisant des tabous sociaux et donnant la parole aux dissidents politiques. Ils ont apporté une couverture de l’information en temps réel des événements principaux aux audiences arabes, longtemps habituées à la désinformation ou au silence des médias nationaux. Alors que les médias locaux ont été maintenus dans le silence dans beaucoup de pays, les chaînes de télévision par satellite sont devenues une source essentielle pour les sites en ligne. Une étude du Centre Berkman pour l'Internet et la Société a révélé que les liens les plus cliqués sur 35000 blogs arabes (après Youtube et Wikipédia) étaient Al-Jazeera, BBC Arabic Television, et al-Arabiya.46 De plus, ce phénomène s’avère être nouveau. Dans une étude effectuée par l’Université de Washington pour son projet sur les Technologies de l'Information et l'Islam Politique (Information Technology and Political Islam, ITPI), les chercheurs ont découvert qu’avant le révolution, aucun des blogs politiques établis ne proposaient de liens vers des sources d’informations régionales tels que les réseaux satellites.47 Les informations ont circulé de deux façons: les médias internationaux ont suivi le courant de reportages numériques, de photos et de vidéos provenant d’activistes à travers la région. Quand le soulèvement Égyptien a atteint son point culminant, le régime de Moubarak a fermé le bureau d’Al-Jazeera au Caire, a détenu ses employés et a saisi leurs équipements. En réponse à cela, la chaîne a demandé aux activistes locaux de lui fournir directement des nouvelles de la rue—et des centaines ont répondu avec des renseignements et des clips vidéos.48 Un autre facteur clé fut une poignée d’organisations de médias dans la région : des journaux audacieux, des stations de radio et d’autres services d’information traditionnels qui ont longtemps lutté contre la censure locale. Parmi eux: le plus grand journal indépendant en Égypte, Al-Masry Al-Youm, longtemps visé par les foudres du régime de Moubarak. La couverture audacieuse du journal des manifestations a poussé les tirages à 500.000 exemplaires le rendant le premier journal du pays.49 Les nouveaux outils médiatiques, la couverture par satellite mondiale et les reportages de journalistes professionnels et citoyens ont créé un climat propice aux nouvelles et à l’information—un phénomène auquel la région n’avait jamais assisté. La combinaison de «
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journalistes en croisade et d’activistes munis d’outils numériques » s’est avérée « mortelle » pour les anciens régimes, a observé Lawrence Pintak ancien directeur du Center for Journalism Training and Research de l’American University basée au Caire. « Il n’est plus possible pour un pays de 80 millions de personnes de s’isoler du reste du monde. »
Technologies de Libération Le potentiel des nouveaux outils numériques a déjà été vérifié en 2007, quand les manifestations de moines birmans ont été présentées au monde à travers les images de téléphones mobiles clandestins. Cependant, le Printemps Arabe a poussé les problèmes de liberté d’internet et des nouveaux médias au cœur des stratégies pour renforcer la démocratie et soutenir les médias indépendants. Les partisans enthousiastes des Une partisane de Mir Hossein Mousavi, le principal nouveaux médias avaient annoncé un opposant durant les élections en Iran en 2009, se tient impact transformationnel et devant une de ses affiches et siffle pendant qu’elle utilise l’avènement d’un mouvement mondial son téléphone mobile pour filmer au cours d'un de « technologie de libération. » Larry rassemblement électoral au stade Heidarnia de Teheran. Photo :Ben Curtis/AP Diamond, directeur du Center on Democracy, Development, and the Rule of Law de l’Université Stanford et coéditeur et fondateur du Journal of Democracy, a défini ce terme comme « la capacité foudroyante d’internet…à habiliter les individus, faciliter la communication indépendante et les mobilisations; et à renforcer une société civile émergente. »50 L’adoption des médias numériques en tant que boîte à outils pour la démocratisation a attiré le soutien de l’ensemble du spectre politique, y compris des membres haut placés de l’Administration d’Obama. Avant même le Printemps Arabe, lors d’un discours datant de janvier 2010 portant sur les libertés d’internet, la secrétaire d’État, Hillary Clinton a salué « les vidéos virales et les messages de blogs » comme étant le « Samizdat de notre époque »— en référence aux éditions clandestines du bloc soviétique pendant la guerre froide.51 « Il existe plus de moyens de transmettre des idées au monde qu’à aucun moment de l’histoire », a-t-elle déclaré. Le secrétaire d'État adjoint, Michael H. Posner, a considéré la liberté d’internet comme « l’un des problèmes de libertés des droits de l’homme qui changent la donne de notre époque » et a déclaré qu’il s’agit à présent « d’une véritable priorité diplomatique » pour le Département d’États.52 Cet enthousiasme est compréhensible. Une fois de plus, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2012, la croissance d’internet l’a rendu disponible dans pratiquement tous les coins de la planète. On estimait plus de deux milliards de personnes connectées à internet—environ 30 pour cent de la population mondiale. Ces utilisateurs ont pu visiter quelque 255 millions de sites et 178 millions de blogs. Ils ont envoyé une moyenne d’un milliard de Tweets par
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semaine et 60 heures de vidéo toutes les minutes vers YouTube.53 La Chine est devenue le foyer d’un plus grand nombre d’utilisateurs d’internet que l’ensemble de la population américaine. Pendant ce temps, la diffusion de téléphones mobiles a offert une façon peu coûteuse de rendre internet accessible même dans les coins les plus pauvres du monde. A la fin de 2011, quelques 6 milliards de souscriptions ont été payées pour des services de téléphonie mobile54—et ce nombre continue d’augmenter rapidement. Plus de 90 pour cent de la population mondiale y a actuellement accès, de l’intérieur de l’Amazonie aux régions isolées du Tibet. De plus, cette croissance se concentre dans les endroits où la connectivité peut faire une véritable différence: D’après l'Union Internationale des Télécommunications (UIT)55, les pays en développement représentent environ trois quart des téléphones portables en utilisation dans le monde. Les conséquences pour les médias indépendants, le développement et la bonne gouvernance semblent effectivement changer la donne. La propagation rapide et mondiale des technologies numériques—avec la possibilité de filmer des vidéos, d’enregistrer des sons et de publier ou de diffuser en direct—promet de rendre le monde plus responsable. En l’espace de quelques années, on avait soudainement l’impression que dorénavant les crimes de guerre, les passages à tabac de la police et autres actes inacceptable seraient plus difficiles à dissimuler. La réalité, en revanche, est plus compliquée.
Répression du Gouvernement Pour le spécialiste Evgeny Morozov, ceux qui soutiennent les technologies de libération commettent des erreurs inquiétantes. Dans son ouvrage de référence de 2011, The Net Delusion, Morozov qualifie les supporters d’une démocratisation alimentée par les technologies de « cyber utopistes », qu’il définit en tant que « croyance naïve en la nature émancipatrice des communications en ligne et repose sur un refus têtu de reconnaître ses faiblesses. »56 Morozov soutient que bien que des jeunes utilisateurs réformistes de médias numériques aient une longueur d’avance sur les gouvernements autocratiques, leurs agences de sécurité les rattrapent rapidement, l’idée que les technologies numériques à elle seules pourraient, de par leur nature décentralisée, stimuler des changements démocratiques et alimenter des médias indépendants se heurte à un vaste éventail inquiétant de réponses de l’État : surveillance en ligne et sabotage, censure sophistiquée d’internet, propagande lourde et d’autres. Tout comme d’autres technologies, les médias numériques sont une arme à double tranchant—ils habilitent tout le monde, pas seulement les réformistes et les journalistes mais aussi les autocrates et leurs agences de sécurité. En effet, la surveillance numérique est beaucoup moins coûteuse et plus rapide que les techniques « analogues » d’écoutes téléphoniques et de pose de micros dans une maison ou un bureau. Accéder au compte d’un seul activiste ou journaliste pourrait mener rapidement à tout un réseau d’amis et d’associés, compromettant la sécurité de dizaines de personnes.
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Les gouvernements de plus de 40 pays « filtrent de manière importante »—ou censurent— internet, affectant quelques 562 millions d’utilisateurs en ligne, d’après un rapport de 2011 du Centre Berkman pour l'Internet et la Société à l'Université d'Harvard.57 Les entreprises d’internet telles que Google et Twitter ont fait l’objet de pressions de la part de gouvernements pour leur permettre de surveiller et de censurer leurs utilisateurs. Twitter a provoqué un grand émoi au début de l’année 2012 en annonçant qu’il permettrait aux gouvernements de censurer les tweets qu’ils considéreraient en violation avec les lois locales. Cependant, ces mesures dépassent la simple censure. Ces quatre dernières années, les régimes sont passés du filtrage au lancement d’attaques par déni de service, au piratage de sites et leur dégradation; et le vol de mots de passe de comptes en ligne.58 Les représentants du gouvernement iranien se vantent d’identifier les manifestant à travers le « crowdsourcing » de photos et des vidéos publiées Ces quatre dernières années, sur des sites d’information de partisans du les régimes sont passés du Gouvernement. Les agents iraniens ont fouillé les profils de Facebook, cherchant des informations filtrage au lancement personnelles et des contacts; et envoyé des d’attaques par déni de messages de menaces aux émigrés annonçant que service, et au piratage de leurs proches dans leur pays d’origine pourraient sites et leur dégradation ainsi être en danger. Le gouvernement saoudien utilise des renseignements du public qui signalent quelque qu’au vol de mots de passe 1200 sites « choquants » chaque jour. En Tunisie, de comptes en ligne. les autorités ont utilisé le fournisseur d’accès à internet géré par le gouvernement pour voler les mots de passe des comptes Gmail et Facebook d’activistes.59 Sous le régime de Kadhafi, le ministère de l’intérieur libyen gérait le centre de surveillance d’internet qui a recruté des hackers de Chine et d’Europe de l’Est pour bloquer des sites, voler des mots de passe de Facebook et propager des virus.60 Au milieu des actes de répression sanglants du régime de Bachar el-Assad, d’après les militants, les responsables gouvernementaux ont créé ce qu’ils appellent l'armée électronique syrienne, forçant des hackers à surveiller et attaquer les dissidents en ligne. « Je connais des personnes qui ont été torturées à mort suite au piratage de leur compte Facebook, » déclare Rami Nakhle, un cyber militant syrien actuellement exilé aux États-Unis. Attaqué par des photos prises par téléphone mobile témoignant de sa brutalité, le gouvernement aurait même banni les iPhones du pays. En Russie, qui fût longtemps le foyer de l’internet libre, apparaissent des signes de répression déconcertants. Des accusations d’élections truquées à la fin de 2011 ont suscité des manifestations de masse alimentées par des médias sociaux et des vidéos de YouTube, alarmant les responsables du gouvernement russe. Des attaques effectuées contre les sites critiquant le gouvernement de Poutine en ont rendues beaucoup inaccessibles avant et pendant les élections, y compris les médias indépendants, les groupes de suivi des élections et les groupes politiques d’opposition.61 Pendant ce temps, la Russie a rejoint la Chine, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan pour pousser l’ONU à adopter un « code de conduite » limitant les libertés sur internet.
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Aucun pays n’égale la Chine dans son effort de contrôler et de censurer le cyberespace qui compte la plus grande population sur internet—plus de 500 millions de personnes. Beijing ne dirige pas seulement de vastes appareils de censure mais il paierait également des milliers de bloggeurs pro-gouvernementaux et des commentateurs sur internet.62 Des lois strictes émises en 2011 ont criminalisé le reportage par les médias d’histoires non vérifiées provenant d’internet ou de téléphones mobiles, tandis que le comité central du parti communiste a demandé un « système de gestion d’internet » pour réprimer les systèmes de réseaux sociaux libres et de messagerie instantanée.63 Dans le même temps, les journalistes travaillant en ligne sont plus que jamais visés. Parmi les conséquences les plus graves: assassinat, kidnapping, prison et exil. Les agressions par le biais de la loi se sont abattues sur les rédacteurs en ligne et éditeurs, qui sont de plus en plus touchés par des lois coûteuses sur la diffamation, la calomnie et la sécurité nationale. Il en résulte qu’il y a plus de journalistes d’internet en prison que pour n’importe quel autre support. D’après un recensement des journalistes emprisonnés effectué par le Comité pour la protection des journalistes en 2011, sur 86 des personnes emprisonnées—pratiquement la moitié—étaient des bloggeurs, des reporters sur internet et des rédacteurs en ligne.64 Une étude du Centre Berkman des bloggeurs politiques tournés vers l'international de 18 pays a révélé que 74 pour cent des personnes interrogées se sentent en danger de détention, d’arrestation ou d’enquête criminelle lorsqu’ils postent des contenus hostiles au gouvernement. De plus, 59 pour cent craignent des violences contre eux ou leurs familles.65 Un rapport de Freedom House en 2011 suggère que les tendances de nombreux pays en développement prennent une direction inquiétante. D’après Freedom on the Net, 9 des 15 pays que le groupe a suivi ont enregistré une baisse des libertés sur internet ces deux dernières années. L’étude de Freedom House, actuellement élargie à l’examen de 37 pays a également révélé que plusieurs nations qui jouissaient d’une certaine absence de contrôles d’internet commençaient à s’impliquer dans la censure politique et les violations de droit des utilisateurs, en particulier avant ou pendant des élections.66
Une Course à l’Armement Numérique La contre-attaque des gouvernements répressifs a donné jour à une forme de course à l’armement numérique entre les régimes répressifs et les défenseurs de la démocratie et de l’internet libre: « On invente une nouvelle idée ou un nouvel outil et le gouvernement parvient à les contrecarrer, » a observé Troy Etulain, l’ancien conseiller principal pour le développement des médias d’USAID. « Il faut bien comprendre que les gouvernements utilisent aussi ces outils. » « Il y a quatre ans, nous étions relativement certains que les développeurs d’outils de contournement avaient le dessus sur la censure gouvernementale, » ont écrit des chercheurs du Centre Berkman en 2011. « Maintenant…la donne a complètement changé et il est beaucoup plus difficile de lutter contre les nouvelles technologies de contrôle…Bien que de nouveaux outils aient vu le jour pour aider les utilisateurs à éviter la censure, il y a peu d’espoir qu’une « solution technique » résolve des problèmes tels que le piratage de noms de domaines ou les DDOS. »67 (DDoS est le déni de service distribué, une cyber attaque qui créé
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tellement de demandes d’accès à un ordinateur visé ou un réseau qu’il est submergé et devient indisponible.) L’évaluation de 2011 du Centre Berkman sur les outils de contournement de la censure offre une estimation du progrès des régimes répressifs. Les chercheurs les ont testés sur des serveurs en Chine, Corée du Sud, Vietnam et aux Émirats Arabes Unis. Les résultats étaient refroidissants. Une évaluation similaire de 2007 révélait que pratiquement tous les outils testés étaient capables d’accéder aux sites bloqués. Cependant, en 2011, seulement 2 des 19 outils y sont parvenus dans tous les pays testés, un fait que les chercheurs ont accordé aux efforts croissants du gouvernement pour bloquer leur utilisation.68 La réponse des Etats-Unis et des gouvernements alliés, des groupes pour la Umanifestant anti-gouvernement brandit le signe liberté d’internet et des ONG pour le de la victoire pendant que d’autres enregistrent développement des médias, a consisté à des vidéos sur leurs téléphones mobiles sur la financer et promouvoir un éventail de place Tahrir au Caire. nouveaux outils et de nouvelles formations Photo : John Moore/Getty Images numériques. Les mesures sont variées: techniques de contournement qui passent les firewalls et échappent aux censeurs, des programmes d’anonymat protégeant l’identité des utilisateurs, l’hébergement sécurisé pour empêcher les cyber attaques et des formes de pression politique plus traditionnelles pour aider ceux qui sont détenus. Les enjeux sont élevés surtout pour ceux qui se trouvent en première ligne. « C’est un métier dangereux par ici, » a observé un exécutant. Certains programmes sont tellement sensibles qu’ils ne sont pas annoncés et demeurent secrets. La lutte croissante pour la liberté sur internet suggère, qu’effectivement, il n’existe pas de remède miracle qui transformera les sociétés. Comme Morozov l’a déclaré, en fin de compte, il faudra plus que « des gadgets, la connectivité et des aide étrangères » pour destituer les dictateurs et réformer les gouvernements répressifs. En fin de compte, les smart phones et les applications en ligne sont des outils qui nécessitent encore un peuple enhardi et une volonté de changement. Dans le même temps, il est évident que le monde des médias a changé et que l’explosion des technologies numériques a mis les gouvernements répressifs sur la défensive. Des tentatives de couper complètement internet ou les services de téléphonie mobile—effectués en Égypte et ailleurs—n’ont pu durer que pendant de brèves périodes. De même, des tentatives de longues date d’interrompre la télédiffusion par satellite n’est pas pratique pour des raisons
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techniques.69 Cela laisse la possibilité à un éventail de chaînes extérieures de surgir du ciel avec des histoires qui seront suivies par une armée de bloggeurs, tweeters et fans de Facebook. Ces publications en ligne sont problématiques. Il est toujours plus facile pour les gouvernements de faire fermer les bureaux d’un journal ou d’une chaîne de télévision plutôt que d’isoler des Des manifestants rechargent leurs ordinateurs à une borne de dizaines de bloggeurs qui peuvent recharge sur la place Tahrir au Caire changer de site et de noms Photo : Kim Badawi/Getty Images d’utilisateur à volonté. « En raison de la sécurité relative de certains des outils de médias citoyens, » a noté Etulain, les journalistes citoyens « peuvent beaucoup faire et aborder des sujets que les journaux n’auraient, par exemple, jamais pu couvrir. Les caractéristiques physiques d’une plateforme de distribution d’information par site Web ou SMS—dirigé par des citoyens journalistes— peut contribuer à la lutte contre la corruption à travers des révélations. » Même en Chine, qui est probablement le premier investisseur dans le contrôle de l’espace web, son redoutable appareil de censure est régulièrement submergé ou contourné, comme on l’a vu à la suite du crash d’un train à grande vitesse en 2011. Cet accident mortel a suscité une campagne en ligne réclamant une responsabilisation et davantage de transparence du gouvernement, pleine d’accusations concernant le non-respect des normes de sécurité et de dissimulations du gouvernement—une réponse du public qui aurait été difficile à imaginer 20 ans plus tôt.70 En fin de compte, en dépit de tous les contrôles et firewalls, un peuple éveillé, armé d’outils numériques sera sans doute plus difficile à arrêter que jamais. « Lors de la révolution égyptienne, la Révolution 2.0, tous ont apporté quelque chose, » a observé Ghonim, cadre supérieur de Google. « D’une manière ou d’une autre ils y tous ont contribué. »71
Investir dans les Médias Numériques Les donateurs se sont longtemps intéressés au potentiel des technologies d’information et de communication pour influencer le développement. A l’époque du Printemps Arabe, l’intérêt pour l’utilisation des derniers outils numériques dans le développement des médias était déjà profond et croissant. Le Département d’État et USAID avaient commencé à investir depuis quelques années davantage dans des initiatives pour la liberté d’expression sur internet et libertés numériques, comme l’ont fait les fondations principales telles que Knight, Omidyar, Google et OSF. De 2008 à 2011, le département d’État et USAID ont dépensé 76 millions de dollars dans des programmes pour la liberté sur internet.72
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Beaucoup de ces initiatives numériques ne tombent pas précisément dans ce que l’on considère traditionnellement comme développement des médias. En effet, à certains égards, les programmes divers portant sur la liberté d’internet ont un pas d’avance sur le développement des médias, intégrant des problèmes de bases de liberté d’expression et de droits de l’homme. Comme dans certains aspects des problèmes de droit des médias et plus généralement de « l'État de droit », les programmes sur la liberté d’internet cherchent à créer un environnement favorable dans lequel les médias indépendants peuvent exister. Cependant, ces domaines se chevauchent, en particuliers avec la propagation du journalisme citoyen et l’adoption rapide de nouveaux médias par les journalistes à travers le monde. Dans les pays répressifs, les outils permettant le contournement de la censure en ligne et d’échapper aux attaques de leurs sites web sont essentiels pour les journalistes indépendants autant que pour les militants des droits de l’homme et les réformistes politiques. Aujourd’hui, presque toutes les aides de développement des médias américaines encouragent—et souvent requièrent—l’intégration de composantes numériques. De plus, la distinction entre ce que l’on appelle « ancien » et « nouveau » média est en train de disparaître rapidement. Dans les pays en développement—et de plus en plus dans le monde entier—les journalistes des médias traditionnels Des haitiens utilisant des téléphones satellites fournis par Telecom Sans Frontières pour demander de l’aide et de l’argent à leurs s’adonnent régulièrement au proches, trois semaines après l’inondation de la ville de Gonaïves. blogging, ont des suiveurs Photo : Eduardo Muñoz/Reuters actifs sur Twitters et utilisent Facebook, LinkedIn et d’autres média sociaux au quotidien. Les éditions d’information hebdomadaires et mensuelles sont maintenant des opérations quotidiennes avec des mises à jour en ligne quotidiennes, des blogs et des sites de médias sociaux. Même dans les régions où la pénétration de la bande passante est basse, les journaux maintiennent des sites web actifs et les stations de radio communautaires élargissent leur audience en utilisant des réseaux de téléphonie mobile pour le reportage et la distribution de l’information. L’impact sur la communauté du développement des médias a été spectaculaire. « Ce domaine n’a jamais été aussi palpitant, » a déclaré Jeanne Bourgault, présidente d’Internews. « Les opportunités, l’impact, l’acceptation de ce domaine dans un nombre croissant de secteurs…Tout cela, on le doit à la transformation numériques. » Joyce Barnathan, présidente du Centre international des journalistes (ICFJ), confirme. « La révolution numérique redéfinît le paysage et modifie le domaine du développement des médias parce que la profession elle-
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même est en redéfinition », a-t-elle déclaré. « Il faut constamment se réinventer parce que le domaine ne cesse de se réinventer lui-même. » Les exécutants des ONG ont longtemps intégré des aspects numériques dans la formation aux médias. A certains égards, les programmes numériques ne font qu’étendre des approches éprouvées par les développeurs de médias traditionnels, avec des formations cherchant à améliorer l’utilisation des meilleurs outils et technologies disponibles. Les activités journalistiques assistées par ordinateur, par exemple, ont été une partie intégrante des ateliers de journalisme d’enquête depuis plus de 15 ans, avec des centaines de journalistes formés à travers le monde pour l’utilisation de tableurs, l’analyse de données, recherches avancées sur le web et l’exploitation de données. Stewart Chisholm, directeur de projet du Programme Média d’OSF, voit de nombreux problèmes relatifs à l’ancienne presse refaire surface dans le domaine numérique. « Il existe encore des problèmes importants à régler: les journalistes menacés, les lois sur la diffamation et la défense juridique. Ces problèmes s’aggravent dans beaucoup de pays et il faut regarder l’ensemble de l’environnement. Une attention particulière a été portée au filtrage et aux attaques DDoS…mais d’autres problèmes persistent et la majorité de ceux qui ont été emprisonnés pour diffamation criminelle viennent de média en ligne. Les médias en ligne n’ont pas les mêmes mécanismes de soutien. » Chrisholm a noté qu’on n’a pratiquement jamais vu de média en ligne avec un conseiller juridique interne et peu de rédacteurs en ligne ont accès à des formations et à l’éducation sur les droits des médias.73 Les programmes de développement des médias numériques varient beaucoup. Ils comprennent des formations de base dans des secteurs tels que les réseaux sociaux, les webdesign et la sécurité numérique—ce que le Département d’État a surnommé « cyber autodéfense » ou « hygiène numérique ». D’autres programmes s’intéressent au développement de technologies de contournement. Les représentants disent qu’une partie des programmes de développement soutenus par le Département d’État et USAID sont fait en association avec l'Agence pour les Projets de Recherche Avancée de Défense (DARPA) du Pentagon à qui on attribue l’invention d’internet. Les ONG travaillant à l’exécution de ces programmes sont également très variées. Elles incluent les trois principaux groupes de développement médiatiques américains—ICFG, Internews et IREX—et d’autres groupes de soutien médiatique tels que Freedom House, tous ayant des activités sur le terrain intégrant les médias numériques. ICFJ a dirigé un atelier de 14 semaines pour trois douzaines de Bloggeurs à Moscou, Ekaterinbourg, Saratov et Vladivostok et dans un autre effort a formé 70 journalistes citoyens en Égypte avant le Printemps Arabe. Internews a réuni des technologues, des professionnels du Web, des militants communautaires et des journalistes pour « des laboratoires d’innovation » en Arménie, Bosnie-Herzegovine, Pakistan et Afghanistan; a offert des formations en Amazonie de cartographie en ligne pour améliorer la couverture de problèmes environnementaux; et a dirigé des ateliers de journalisme citoyen pour 50 jeunes reporteurs de la banque de Gaza. IREX met actuellement en œuvre des programmes numériques ambitieux avec des ONG axées sur la jeunesse au Moyen-Orient et en Azerbaïdjan. Il existe des acteurs plus récents, tels que la fondation New America et son initiative Internet in a Suitcase et
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MobileActive.org, le Mobile Media Toolkit soutenu par la fondation Knight offre aux citoyens journalistes et d’autres les outils et ressources pour maîtriser les technologies numériques à la volée. « Il existe tellement de nouveaux outils avec lesquels travailler » a déclaré Barnatham de ICFJ. « Il y a ce plus que les journalistes citoyens apportent et la façon dont ils alimentent les systèmes de diffusion mobiles. » Le défi, a-t-elle ajouté, consiste à trouver le mélange parfait. « Comment rester à la pointe des tendances numériques—qui sont importantes en nombre, qui sont éphémères et qui ont le potentiel de changer la profession. » Les collègues de Barnathan soutiennent son point de vue. « Ce qui représente le meilleur mélange d’outils à employer—c’est ce sur quoi nous passons beaucoup de temps à Internews, » a déclaré Bourgault. « On cherche à sensibiliser les gens aux technologies et à leur présenter des façons de faire les choses qui n’ont pas entièrement été vérifiées, » a ajouté Mark Whitehouse, vice-président des médias à IREX. « Comment est-ce qu’on créé un journaliste multimédia? C’est encore un travail en cours. » En effet, le débat aime à déterminer quels outils et approches constituent les meilleurs moyens de faire avancer les choses. Est-ce que tant d’argent devrait être dépensé dans les technologies de détournement? Est-ce que le journalisme citoyen peut respecter ses promesses? Est ce qu’on s’inquiète trop des gadgets et pas assez du contenu? Voici une brève liste des principaux donateurs, avec des résumés de leurs principaux programmes et certains de leurs projets les plus innovateurs: Le Département d’État. Pendant l’AF 2008, le Département d’État a mis en place l’Internet Freedom Program pour gérer la censure en ligne et les initiatives médiatiques numériques. Ce programme, dirigé par le Bureau de la Démocratie, des Droits de l'Homme et du Travail (DRL) et le Bureau des Politiques Économiques, est le seul au sein du Département d’État à se concentrer uniquement sur la censure. En 2010, le programme a fait don d’une subvention de 5 millions de dollars sur la Promotion de la Liberté d’Expression et la Libre Circulation de l’Information à travers les Technologies et l’Accessibilité. Même si le programme Internet Freedom a une portée mondiale, les pays auxquels il s’intéresse en particulier incluent la Chine, la Birmanie, l’Iran, le Vietnam, la Tunisie et l’Égypte. Les responsables ont déclaré que le programme travaillera davantage en Afrique au fur et à mesure que la connectivité dans la région augmentera. Cette initiative a soutenu des dizaines de différentes technologies de contournement pour rendre les informations indépendantes accessibles et assister celle en ligne dans les territoires répressifs. Parmi ces programmes figure un projet de développement de technologie de 2 millions de dollars appelé en interne « Commotion Wireless » mais qui a été surnommé « Internet in a Suitcase » (internet dans une valise) par la presse. Ce programme a été conçu pour permettre aux utilisateurs d’établir rapidement des réseaux en ligne dans des régions isolées ou réprimées. Il n’y a en réalité pas de valise, nous confie un des employés—« ce n’est qu’une métaphore. » Mais les technologies en développement incluent une boîte à outil impressionnante, avec des logiciels, des transmetteurs, récepteurs et un équipement d'interface permettant de créer un intranet parmi les utilisateurs de téléphones mobiles,
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ordinateurs portables et autres appareils numériques. Le réseau fermé pourrait opérer indépendamment du contrôle du gouvernement donc dans le cas où le gouvernement chercherait à couper les réseaux numériques, les utilisateurs seraient toujours en mesure de communiquer. « Ce n’est pas une approche à la James Bond, c’est une approche de fondus de l’informatique sans frontières, » a expliqué un haut responsable du département d'État. « C’est en train de devenir le service d'assistance routière d'urgence de la super autoroute de l’information dans un endroit où il existe beaucoup de menaces. » Le projet est dirigé par l’Open Technology Initiative de la fondation New America, un panel d’expert basé à Washington DC.74 D’autres programmes incluent une application « bouton d’alarme » pour les téléphones mobiles qui efface les contacts de son répertoire et envoie un message d’alerte; un programme « catapulte » qui renvoie des contenus censurés vers le firewall d’un pays. Différentes initiatives de formation ont également été soutenues, y compris des efforts pour assister les militants en ligne à échapper à la surveillance.75 l'Initiative de Partenariat avec le Moyen-Orient (MEPI) du Département d'État finance également un programme d’IREX d’1,5 millions de dollars pour former de jeunes arabes au journalisme citoyen, sur les technologies documentaires numériques et application pour téléphone mobile. USAID. Dans l’Afghanistan en conflit, USAID a intégré les médias numériques à sa principale initiative sur place, le Projet de Développement des Médias et de Responsabilisation en Afghanistan (AMDEP). Les dons à hauteur de 22 millions de dollars faits à Internews visent à établir un système de médias afghan professionnel et durable; et inclut la mise en place de 11 centres de production multimédia qui fourniront une plate-forme de formation, production et distribution pour les citoyens et organisations de société civile.76
“Ce n’est pas une approche à la James Bond, c’est une approche de fondus de l’informatique sans frontières, » a expliqué un haut responsable du département d'État. « C’est en train de devenir le service d'assistance routière d'urgence de la super autoroute de l’information dans un endroit où il existe beaucoup de menaces.”
USAID lance aussi actuellement un programme, Information Security Coalition, qui se concentre sur les problèmes relatifs à la sécurité numérique. Le programme fera appel à des parrains fournissant une aide à long terme pour améliorer la sécurité de l’information entre les bloggeurs, militants et autres secteurs. D’autres initiatives importantes d’USAID incluent un programme sur trois ans d’une valeur de 4 millions de dollars, Promoting New Media and Media Convergence in Russia (promouvoir les nouveaux médias et la convergence des médias en Russie) et un projet sur les nouveaux médias de 4 millions de dollars en Azerbaïdjan visant à élargir le journalisme citoyen et l’usage de nouveaux médias. Le programme est mis en œuvre par IREX en
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partenariat avec Transitions Online, la fondation Kiwanja et Save the Children. Au Kazakhstan, l’agence finance un programme d’Internews incluant une émission télévisée hebdomadaire populaire de 30 minutes sur internet et les médias numériques qui a développé une forte audience en ligne. Broadcasting Board of Governors. Le Broadcasting Board of Governors (BBG) surveille les médias financés par le gouvernement fédéral tels que Voice of America, Radio Free Europe, Radio Free Asia et Alhurra. Dans l’AF 2011, quelques 5,4 millions de dollars ont été versés à des programmes relatifs à la liberté d’expression sur internet dont 1,5 millions de dollars proviennent du Département d’États.77 Ses activités incluent des efforts de grande échelle pour contourner la censure en ligne et des formations ciblées sur le journalisme citoyen. BBG et ses filiales ont travaillé sur les technologies de contournement de la censure depuis dix ans, bien que la plupart de ses efforts se concentrent sur la circulation de l’information aux personnes se trouvant dans des pays répressifs. Ils ont, par exemple, établi des sites web proxy en Chine et en Iran pour faire passer les émissions bloquées outre les firewalls et, jusqu’à récemment dirigeaient les chats multi-utilisateurs Skype—que la Chine n’a pas censuré—pour connecter les gens aux messages de Radio Free Asia. L’un des programmes de Radio Free Europe/Radio Liberty est « Blogistan » une plateforme de blogging en réponse aux blocages du gouvernement Kazakh de site internet. Hébergé par une station de radio, la plateforme offre aux « cyber refugiés un asile numérique » et a attiré deux douzaines de bloggeurs réguliers et une nouvelle communauté en ligne vibrante. Radio Free Asia distribue à son audience un moyen « d’échapper au blocage d’internet », avec des liens vers des serveurs proxy et d’autres outils anti censure. VOA a effectué des formations de journalisme citoyen en République Démocratique du Congo et en Afrique du Sud, et a travaillé en partenariat avec Global Citizen sur « une plateforme multimédia de Nuage informatique » qui rejoint le reportage de VOA avec l’approvisionnement par la foule, les médias sociaux et le journalisme citoyen. Son premier projet: l’Histoire du Congo, portant sur l’épidémie de violences sexuelles dans une RDC déchirée par la guerre.78 Autres programmes financés par le gouvernement américain National Endowment for Democracy distribue environ douze subventions par an soutenant les médias numériques, se concentrant sur des pays difficiles tels que la Biélorussie, la Chine, Cuba, la Moldavie, la Corée du Nord et plusieurs républiques de l’Asie Centrale. Les subventions de NED finançaient le journalisme citoyen et les projets de nouveaux médias pour la jeunesse avant le Printemps Arabe du Moyen-Orient. Parmi les projets de 2011: soutien du média Watch Dog Telekritika en Ukraine, pour faciliter l’accès aux nouveaux outils médiatiques; connectant 15 initiatives de responsabilisation utilisant des nouvelles technologies dans six pays des Balkans et en Égypte; former des bloggeurs et des journalistes citoyens en Géorgie; conduire des ateliers pour 100 jeunes Égyptiens pour renforcer la participation civique et politique à travers l’usage de nouveaux média et de l’art. La plupart des subventions sont à hauteur d’environ 30.000 $ chacune mais près de 470.000$ ont été versés au programme de l’initiative pour la Chine de l’université de Princeton « China
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Digital Network » pour aider la création d’outils en ligne pour les citoyens chinois, journalistes et militants sociaux, pour le journalisme citoyens et « un dialogue ouvert à vocation civique. » L’USIP, Institut pour la Paix financé par le Congrès, se concentre sur les projets médiatiques promouvant la stabilité et la construction de la paix. Parmi les 2 millions de dollars dépensés par l’institut sur le développement médiatique en 2010, plusieurs programmes ont ciblé les outils numériques, y compris une session de formation intensive sur la cartographie de conflits, titrée les Universités pour Ushahidi et son forum actif « Blogs and Bullets » (blogs et balles) sur les effets des médias numériques sur les conflits, la conciliation et la paix. Des programmes plus anciens se sont concentrés sur la cartographie en ligne de crimes de guerre en Bosnie-Herzégovine et des programmes de logiciel de résolution de conflits dans des écoles du Rwanda.79 Fondations principales. News Challenge de la fondation Knight a accordé 27 millions de dollars de subvention pour 76 projets de développement médiatique ces cinq dernières années. Le concours a attiré plus de 12.000 candidatures à travers le monde et a fourni les fonds de base pour de nombreux projets innovateurs avec un impact direct sur le développement médiatique. Parmi eux : la plateforme de cartographie sociale utilisant le concept de crowdsourcing, Ushahidi; l’éditeur de document et base de donnée DocumentCloud; la base de donnée éditoriale utilisant le concept de crowdsourcing, Poderpedia, qui révèle les liens entre les chefs politiques, civils et commerciaux au Chili; des logiciels pour les radios communautaires en Inde; le Freedom Fone au Zimbabwe qui permet aux utilisateurs de téléphones mobiles d’accéder à des informations de stations de radio indépendantes et apporter des questions et des contenus; et à développer des réseaux sociaux et des outils de contenu générés par les utilisateurs à Sochi, une petite ville de Russie qui accueillera les jeux Olympiques d’hiver. La fondation finance également le Knight International Journalism Fellowships, dirigé par ICFJ, dont les membres s’impliquent souvent dans des projets numériques à l’étranger. Omidyar Network, créé par le fondateur d’eBay Pierre Omidyar est un autre exemple de nouvelle arrivée dans le domaine du développement médiatique. « On aborde le sujet avec la transparence gouvernementale à l’esprit, » a déclaré Stacy Donohue, directrice des investissements à Omidyar. Les fonds subventionnent des plateformes de technologie qui amplifient l’impact de la transparence et « les médias sont essentiels à cela. » En 2009, la fondation a versé 1,4 millions de dollars au projet innovateur Ushahidi dont le logiciel de cartographie sociale gratuit en code source ouvert rassemble des informations à travers le « crowdsourcing ». Un autre don de 1,2 millions a été attribué à Global Voices, une communauté internationale de bloggeurs, rédacteurs et traducteurs qui travaillent ensemble pour rassembler des médias citoyens qui ne sont habituellement pas diffusés dans les médias traditionnels. Aussi, en 2012, le groupe a donné 350.000$ pour augmenter l’accès à FrontlineSMS, un logiciel libre en code source libre très utilisé par les ONG pour créer des groupes de communication à bas coûts. D’autres projets incluent des initiatives anticorruption qui utilisent les techniques de « crowdsourcing » en Inde, au Kenya et au Nigeria dont une subvention de 3 millions de dollars pour renforcer la participation citoyenne sur internet pour développer à travers l’Inde la plate-forme iJanaagraha et un site-guide de
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reportage de corruption, « I Paid a Bribe. » (J’ai payé un pot de vin).80 Fin 2011, Omdiyar a versé 500.000$ pour l’African News Innovation Challenge qui a été rapidement suivi par d’autres donateurs. Les fondations Open Society ont financé un large éventail de projets médiatiques numériques. Parmi eux : Ushahidi et FrontlineSMS pour le rayonnement et le développement d’une communauté d’utilisateurs; des outils de surveillance parlementaire au Chili et en Pologne; l’Investigative Dashboard (tableau de bord d’investigation), le projet Organized Crime and Corruption Reporting (de reportage sur le crime organisé et la corruption), qui fournit un portail d’accès à des informations publiques sur les entreprises de plus de 100 pays; Universal Subtitles, un réseau d’édition collaborative en ligne; EngageMédia, qui rend les nouvelles technologies de distribution de vidéos disponibles aux groupes de justice sociale; et Women’s Net basé en Afrique du Sud qui aide les journalistes citoyens et professionnels à raconter l’histoire de personnes marginalisées qui n’auraient autrement pas accès aux média. OSF soutient également Mapping Digital Média, un projet important étudiant les perspectives de transition des médias traditionnels au numérique dans 60 pays.81 Le géant de l’internet, Google est entré dans ce secteur de manière remarquable en 2011, en promettant 5 millions dollars de subventions pour les groupes travaillant au développement de nouvelles approches de journalisme. La compagnie a donné 1 million de dollars à Knight News Challenge et 2,7 millions de plus pour financer IPI News Innovation Contest, une compétition similaire pour les projets d’information numérique en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Ce dernier don a été versé à l’Institut international de la presse basé à Vienne en Autriche. En décembre 2011, Google ainsi que Omidyar, Knight, Gates, WAN-IFRA, la Konrad Adenauer Stiftung allemande et le département d’État ont promis 1 million de dollars à l’African News Innovation Challenge, un concours similaire « pour en encourager les expériences dans les technologies numériques et le soutien des meilleures innovations qui renforcent les organisations d’information africaines. »82 La Fondation Fords a été également active. Ses subventions en 2011 et 2010 ont contribué à des projets numériques en Asie du Sud pour créer des opportunités pour les femmes dans les médias nouveaux et alternatifs et fournir un accès internet et une formation en médias sociaux aux villageois de l’Inde rurale; le développement d’une base de données sur les politiques concernant les médias au Brésil; la formation et assistance technique pour aider les groupes de société civile dans le Moyen Orient à utiliser des médias sociaux en toute sécurité; et encourager une chaînée de média pour la jeunesse indonésienne à produire des contenus multimédia numériques et mener des campagnes de média en ligne.83 D’autres fondations se sont intéressées à ce domaine. La fondation MacArthur a versé un don sur deux ans de 350.000 $ en 2011 pour le soutien général d’Ushahidi. La Fondation Thiel (crée par le co-fondateur de PayPal Peter Thiel) a soutenu le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) et a rassemblé technologues, investisseurs et intellectuels de la Silicon Valley et les principaux bloggeurs et journalistes de pays sous regime autoritaire. Le programme de subventions Mozilla, dont le programme mère Mozilla Project a donné jour au navigateur Firefox, a subventionné Ushahidi et des projets de soutien à l’internet libre. Bien que passionnant, le domaine reste chaotique, laissant les donateurs et exécutants du
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développement des média dans le doute sur la marche à suivre. Il est possible que beaucoup de ces expériences ne marcheront pas; cependant, certaines changeront peut-être la donne. Ce qui est certain c’est qu’utiliser des outils numériques et évaluer leur impact—sera toujours une œuvre inachevée.
Recommendations La contribution potentielle des nouvelles numériques au développement d’une population informée est énorme et les donateurs doivent continuer à investir dans de nouveaux outils et nouvelles techniques. Les donateurs et exécutants américains doivent adopter une approche originale sur la façon de développer les médias dans les régions où les technologies compactes sans fils se développent plus vite que les téléphones fixes. La distinction entre « anciens » et « nouveaux » média est en train de disparaître rapidement. Les médias numériques devraient être intégrés à tous les projets de développement. Les médias numériques ne sont pas la réponse à tout. Il leur faudra le soutien de programmes de médias indépendants en diffusion, de normes professionnelles et de gestion d’entreprise ainsi qu’une action au niveau juridique et politique. La communauté du développement des médias doit reconnaître que les médias numériques sont de plus en plus perméables à l’espionnage et aux perturbations de gouvernements autoritaires. Pour faire face aux répressions des gouvernements autoritaires, les donateurs pour la liberté sur internet devraient investir dans des outils de contournement de la censure et de meilleures réponses aux attaques de déni de service, tout en demandant l’aide d’entreprises de technologie bénéficiant plus vastes ressources et expertises. Les solutions technologiques ne seront pas toujours adaptées. Lutter contre le contrôle d’internet demandera également des tactiques longtemps utilisées par les groupes de liberté de la presse: publicité et pression internationale, indices de censure et campagnes de protection pour les journalistes et bloggeurs emprisonnés.
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Notes Finales 1. Amelia Arsenault et Shawn Powers, «The Media Map Project:Review of Literature», [en ligne], Internews and the World Bank Institute, Novembre 2010, p. 4, http://mediamapresource.files.wordpress.com/2010/12/literature-review-the-media-map-project.pdf ou http://mediamapresource.wordpress.com/2010/12/27/theintellectual-history-of-media-development/. 2. Daniel Kaufmann, «Empirical Studies on Effects of Media on Development and Governance Outcomes», [en ligne], On Media Development:An Unorthodox Empirical View, présentation PowerPoint au Center for International Media Assistance, 30 Janvier 2012. 3. Ibid. 4. Rudiger Ahrend, « Press Freedom, Human Capital, and Corruption », [en ligne],Document de Travail Delta, Novembre 2002, disponible sur http://www.delta.ens.fr/abastracts/wp200211.pdf. 5. Sanghamitra Bandyopadhyay, « Knowledge-Based Economic Development: Mass Media and the Weightless Economy», [en ligne], The Toyota Center, London School of Economics, 2009, disponible sur : http://sticerd.lse.ac.uk/dps/darp/darp74.pdf. 6. Timothy Besley et Robin Rurgess. « The Political Economy of Government Responsiveness: Theory and Evidence from India », [en ligne], Quarterly Journal of Economics, 2002, disponible sur : http://econ.lse.ac.uk/~rburgess/wp/media.pdf. 7. Stephan Armah et Loyd Amoah, « Media Freedom and Political Stability in Sub-Saharan Africa (SSA): A Panel Data Study », [en ligne], Journal of Economic Development, Management,IT, Finance and Marketing , 2010, disponible sur : http://www.csae.ox.ac.uk/conferences/2011-EdiA/papers/126-Armah.pdf. 8. Russell Sobel, Nabamita Dutta et Roy Sankukta, « Beyond Borders: Is Media Freedom Contagious? », [en ligne], Kyklos , février 2010, Vol. 63 numéro 1, disponible sur : http://papers/ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=1536228. 9. Daniel Kaufmann, On Media Development: An Unorthodox Empirical View. 10. « Leading African Media Organization Announces $1 Million Fund for News Innovation», [en ligne], African Media Initiative. 6 Décembre 2011, disponible sur : http://www.africanmediainitiative.org/upload/Leading%20African%20Media%20Organization%0Announces% 20$1%20Million%20Fund%20for%20News%20Innovation2.pdf 11. Département d’Etat des Etats-Unis, Congressional Budget Justification, Volume 2 : Foreign Operations. FY 2012, disponible sur : http://www.state.gov/documents/organization/158267.pdf. Les chiffres du Département de l’Etat s’élèvent a un total de 39$ milliards pour l’EF 2011. CIMA estimes les financements de la part du gouvernement américain en aide aux médias cette année à 146$ millions ou 0,37 pour cent. 12. Marian Wang, «F.A.Q. on U.S. Aid to Egypt: Where Does the Money Go—And Who Decides How It’s Spent?,», [en ligne], 31 Janvier 2011, http://www.propublica.org/blog/item/f.a.q.-on-u.s.-aidtoegypt-wheredoes-the-money-go-who-decides-how-spent. 13. Un haut responsable du Département d'État américain, lors d’une interview avec Laura Mottaz, CIMA, 29 Octobre 2010. 14. Dawn Stallard, agent du programme d’Internews pour l’Afghanistan, dans une interview par e-mail Peter Cary, 26 Janvier 2012.
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