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THE FRENCH DISPATCH
THE FRENCH DISPATCH
Film américain de Wes Anderson
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(2021 - 1h43min - VOSTFR - dcp) avec Benicio Del Toro, Frances McDormand, Mathieu Amalric, Christoph Waltz, Adrien Brody, Timothée Chalame, Bill Murray...
Bienvenue dans ce nouveau projet de Wes Anderson ! Pour son dixième long métrage, c’est à la France que le réalisateur de Moonrise Kingdom (2012) s’intéresse. Comme souvent chez le cinéaste, le récit est construit autour d’une succession de chapitres qui prennent place dans une ville française fictive nommée Ennuisur-Blasé dans laquelle s’est délocalisé le journal américain The French Dispatch, défini ironiquement dans le film comme une « analyse hebdomadaire de la politique internationale, des arts (beaux ou non), et autres faits divers et variés ». La rédaction de cette revue dominicale est placée sous la houlette d’Arthur Howitzer Jr. et héberge bien évidemment des plumes aussi singulières qu’excentriques. Et voilà cet hommage aux grandes signatures du New Yorker de s’articuler autour des reportages de chacun, comme autant de courts-métrages avec leurs castings propres. On va donc suivre la naissance d’Ennui-sur-Blasé, la relation entre un artiste psychotique et sa gardienne de prison, la révolte étudiante de mai 68, le portrait d’un chef cuisiner œuvrant au sein de la police et enfin la nécrologie du patron... Dans ce recueil de récits historiques qu’on feuillette en couleurs pastels et en noir et blanc, le plus francophile des cinéastes américains, nous réjouit avec un casting international de haute volée, composé de Benicio del Toro, Frances McDormand, Jeffrey Wright, Adrien Brody, Tilda Swinton, Timothée Chalamet, Léa Seydoux, Owen Wilson, Mathieu Amalric, Lyna Khoudri, Stephen Park, Elisabeth Moss, Guillaume Gallienne, Edward Norton, Willem Dafoe, Saoirse Ronan, Christoph Waltz, Cécile de France, Denis Ménochet, Vincent Macaigne... Tous entourent l’iconique Bill Murray, dans le rôle du rédacteur en chef du journal. Chronique déjantée de la France des années 1950 à 1970, tournée à Angoulême, The French Dispatch nous fait une nouvelle fois entrer dans l’imaginaire du cinéaste à l’esthétique symétrique et rétro, mise en valeur par les décors d’Adam Stockhausen, les costumes de Milena Canonero, et la musique d’Alexandre Desplat.
LA FRACTURE
Film français de Catherine Corsini
(2021 - 1h38min - dcp) avec Valeria Bruni Tedeschi, Marina Foïs, Pio Marmai, Aïssatou Diallo Sagna...
Raf et Julie, un couple de bobos au bord de la rupture, se retrouvent dans un service d’Urgences proche de l’asphyxie le soir d’une manifestation parisienne des Gilets Jaunes. Leur rencontre avec Yann, un manifestant blessé et en colère, va faire voler en éclats les certitudes et les préjugés de chacun. À l’extérieur, la tension monte. L’hôpital, sous pression, doit fermer ses portes. Le personnel est débordé. La nuit va être longue... C’est à la manière d’une fable que Catherine Corsini traite le sujet de son nouveau film La Fracture. Avec trois personnages principaux : la bourgeoise parisienne (jouée par la très inspirée Valeria Bruni-Tedeschi), le chauffeur routier de province (Pio Marmaï en pleine forme) et l’infirmière des hôpitaux de Paris (Aïssatou Diallo Sagna, vraie soignante qui débute avec force sur les plateaux de cinéma). Les deux premiers sont toujours en désaccord, n’arrivant jamais à se comprendre et restant fermement ancrés sur leurs positions. Autrement dit la fracture, en plus d’être celle d’un coude ou d’une jambe, est aussi plus profonde encore, elle est sociale. La France n’a jamais été autant scindée en deux, constate Catherine Corsini. Et l’écart entre les uns et les autres se creuse année après année. Les riches d’un côté et les pauvres de l’autre. Les vaccinés d’un côté, les antivax de l’autre, etc... Qu’est-ce que c’est que cette société coupée en deux qui n’arrive plus à faire front commun contre nos institutions qui ont creusé ce fossé et ne font surtout rien pour le reboucher ? Faisant au passage des victimes collatérales qui ne sont pas celles que l’on croit, puisqu’il s’agit des soignants eux-mêmes, ironiquement censés s’occuper d’abord des victimes. Corsini dissèque le travail des hospitaliers, spectateurs de cette fracture, jamais acteurs pour dénoncer leurs propres piètres conditions, car happés à cause d’un manque de moyens et de personnels dans une spirale du travail, des gilets jaunes perforés par des balles en caoutchouc (qu’ils sont mêmes censés dénoncer) aux malades de la Covid-19 pour faire écho à l’actualité (qu’ils ne pourront peut-être bientôt plus soigner s’ils n’ont pas leur passe-sanitaire). Catherine Corsini les rassemble donc en ce lieu hautement sanctuarisé qu’est l’hôpital non pas pour créer un face-à-face mais pour les mettre en face-à-face et ouvrir le dialogue. Grande métaphore de notre société qui peut s’unir face aux fous pour sauver l’hôpital public ! Ce ne sont pas nos dirigeants que la réalisatrice interpelle dans La Fracture mais le peuple pour qu’il ouvre les yeux et emprunte à la Belgique sa devise « l’union fait la force », alors que dans notre pays, c’est un autre son de cloche qui semble résonner, celui du « diviser pour mieux régner ». (merci Abusdecine.com !)