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L’arbre, emblème d’un écosystème urbain fertile L’exemple de Brive-la-Gaillarde
Claire Labro Travaux personnels de fin d’études Sous la direction d’Alise Meuris Soutenu le 1er décembre 2015 Membres du jury : Graziella Barsacq, Philippe Guyot, Bernard Longpré
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L’arbre, emblème d’un écosystème urbain fertile L’exemple de Brive-la-Gaillarde
Claire Labro Travaux personnels de fin d’études Sous la direction d’Alise Meuris Soutenu le 1er décembre 2015 Membres du jury : Graziella Barsacq, Philippe Guyot, Bernard Longpré
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Sommaire Introduction p.7
1 La ville, un système dégradé p.11 1. Un décalage entre le temps de construction de la ville et le temps d’évolution du vivant p. 12 Chronique d’aujourd’hui p. 12 Une cadence effrénée Le vivant un argument politique
Vus et entendus p. 16 L’arbre perçu comme un danger Des pratiques qui nient les besoins des végétaux Des qualités requises Processus de stérilisation Impulser des projets
Plaidoyer pour les arbres p. 30 Ville-nature : une oxymore ? L’arbre, un privilège Enseignement de Francis Hallé
2. Rétrospective des plantations urbaines p. 34 Les grands temps de l’aménagement p. 34 L’arbre et le dessin des promenades urbaines L’arbre comme outil pour structurer la ville
Villes techniques et contrôlées p. 36 La perte de nos racines L’héritage de l’urbanisme fonctionnaliste
Résurgence des enjeux écologiques p. 40 Des retrouvailles L’arbre pour se souvenir Pour un patrimoine durable
4 3. Penser la ville comme un écosystéme, p. 43 La ville écosystémique, p. 43 Définition Le pacte ville-saisons Le temps dans l’aménagement
L’arbre un médium pour penser la ville, p. 51 Un puissant symbole Comment définir un arbre ? De quoi a-t-il besoin ?
4. Le sol, une ressource, p. 56 Un sol, des sols, p. 56 L’épiderme ou la croûte ? p. 61 Un sol affranchi p. 63 Pacte ville-saison-sol p. 68 Ma démarche de paysagiste p. 69
2 Paysagiste archéologue p.73 1. Sous les pavés la terre ? p. 74 Imperméabilisation des sols, formation de la croûte p. 76 Des incidences directes sur nos besoins en eau et nourriture Des moyens pour régénérer les sols ? Exemple de Rennes Une interface, la rivière
Le sous sol, une négation de la ville p. 92 Une épaisseur avant tout utilitaire L’espace des techniciens
La revanche de la nature p. 98 Une lecture séquencée p. 102 Jeux de piste Des représentations
2. Construction de Brive-La-Gaillarde p. 106 Une situation privilégiée p. 106 Un bassin accueillant Une intersection historique
La lutte contre la Corrèze, p. 116 Le pont des treize Arches, l’image d’un combat Le pont Cardinal : la victoire de l’homme contre la nature Reconquête de la ville
5 La Guierle, où l’histoire de la domestication de la nature par l’homme p. 120 Un espace stratégique et vivant Quelle perception de la rivière ?
3. Les paysages d‘aujourd‘hui, amorce d’une stratégie p. 126 Brive, ville poreuse ? p. 126 Une ville tournée vers son développement économique Un gradian de densité du sol
Reconquête du sol ... avec la rivière, p. 130 - Un support d’action - Des séquences aux ambiances variées
La reconquête du sol ... avec les arbres p. 133 -L’arbre, c’est du temps rendu visible -Les antémotifs
Bilan des stratégies p. 158
3 Faire éclore le sol p. 161 1. L’expérience de l’espace public p. 162
Des lieux d’anecdotes Des lieux comestibles Des pratiques qui nous le rendent bien
2. Du projet aux lieux p. 166 La riviére p. 166 - Les berges jardinées - Le parking pépinière - La façade de la ville
Le trangle d’or p. 182 - L’entrée des quais Tourny - Du théatre à la rive - Le parc de la Guierle : Deux écosystémes qui se répondent - Les berges ouvertes sur la rivière - Le parc Leclère connecté
3. Vers la gestion du projet p. 195 Conclusion, p. 197
Herbier p. 199 Annexes p. 215 Lexique p. 226 Bibliographie p. 231
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Introduction Dans le livre La vie des arbres, Francis Hallé raconte qu’un jour un industriel monte à côté de lui dans le train, la discussion s’engage et cet homme lui dit : « Quel que soit votre
métier, à un moment donné vous allez vous demander si vous n’êtes pas en train de perdre votre temps, et même si vous n’avez pas une activité pernicieuse. Vous pouvez être commerçant, archevêque, marin pêcheur, musicien ou médecin, tôt ou tard vous aurez l’impression de perdre votre temps. Il existe une seule exception : si vous plantez des arbres, vous êtes sûr que ce que vous faites est bien ». Cette citation fait échos au métier de paysagiste et m’a poussé à m’interroger sur les rôles que l’arbre jouent dans notre société et dans l’espace des villes. Les arbres sont-ils aimés de tout le monde ? Ce qui est certain, c’est qu’ils provoquent diverses réactions et Francis Hallé en a recueilli quelques-unes. Pèle mêle, on peut citer tout d’abord Jean Giono, qui dans sa nouvelle, L’Homme qui plantait des arbres, raconte l’histoire d’un berger solitaire, qui plantait des milliers d’arbres. Ce texte résonne comme un hymne à la nature. Le philosophe Michel Serre déclare en 2010 : « Soyons des arbres ! » sans doute en référence à leur altruisme. Dans la même idée, Lord Bouddha constate que « l’arbre est un organisme tellement généreux qu’il offre son ombre à ceux qui viennent l’abattre. » Enfin, Nelson Mandela a écrit : « Je suis en prison mais mes plantes sont libres. » Mais d’autres leur prêtent une symbolique négative : Par exemple, pour Jean Paul Sartre, un arbre, c’est une vie ratée : « pourquoi faut-il qu’il y en ait tant ! ». Ronald Reagan lors d’un voyage en Californie, déclare devant un séquoia : « quand vous
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en avez vu un vous les avez tous vus ». Samuel Beckett fait dire à Estragon, un personnage d’En attendant Godot qu’ « un arbre ça ne sert à rien, ça ne peut servir qu’à se pendre ». Le philosophe Gilles Deleuze voit « les arbres comme le symbole du totalitarisme ». Il n’y a donc pas une vision qui triomphe, et il ne s’agit pas de chercher le consensus à leur sujet. Moi je les trouve beaux, je ne me lasse pas de les regarder, mais surtout, ils sont apaisants. Symboles de sagesse, de longévité et de sérénité, l’arbre tient une place centrale dans la culture des hommes. Ils sont reliés entre eux mais également aux hommes à travers certains contes et légendes, à travers des mythes, des traditions et des usages particuliers. Mais ils résonnent aussi parfois dans l’histoire personnelle de chacun. Au-delà de ses multiples symboliques, l’arbre permet de façon plus générale de répondre à des enjeux environnementaux. Ma génération grandie dans l’idée qu’il faut « réparer » notre planète et protéger ses écosystèmes à travers son sol notamment. La plantation d’arbres, toute proportion gardée, est une réponse. À travers son système de développement, il régénère et reconstruit les sols. Quand on sait que sur la planète, il n’y a que quelques centimètres qui nous permettent de vivre et de nous nourrir. Ils méritent de l’attention, surtout en contexte urbain où leurs simple présence mais aussi leur préservation et leur développement tient avant tout des volontés politiques. J’ai entendu dire à plusieurs reprises l’année passée, par des professionnels et des élus, qu’il est aujourd’hui impossible de planter des arbres en ville. La paysagiste Caroline Mollie met en garde les aménageurs actuels : «en continuant avec les pratiques de plantations, souvent réalisées dans un souci d’économies maximales, où l’arbre arrive en dernière priorité, nos descendants ne connaîtront jamais les belles frondaisons et les vieux sujets majestueux que nous connaissons aujourd’hui.»
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J’ai décidé dans ce travail de m’intéresser essentiellement aux espaces urbanisés. Plus que de soutenir le développement de l’arbre en ville, il s’agit pour moi de penser comment reconnecter les hommes avec leur écosystème ainsi qu’avec leurs lieux de vie, dont ils sont dépendants. Alors comment s’y prendre pour « faire bien » ? C’est la question souterraine qui est aujourd’hui problématique. Invisible, elle est souvent oubliée et méconnue. Elle participe pourtant largement à la qualité des espaces de vie aériens. De mon point de vue, la ville est un écosystème dans lequel vies souterraines et aériennes interagissent. Il me semble inconcevable de penser l’évolution de la ville sans prendre en compte son système racinaire et souterrain.
Comment l’arbre, qui incarne un réseau d’échange d’énergie et de matière, peut-il faire s’éveiller un écosystème urbain ? Je vais tenter de répondre à cette question à travers le territoire de Brive La Gaillarde, une ville d’affects puisque c’est ma ville natale. Elle sera le lieu d’expérimentation de mon propos.
1. La ville, un système dégradé
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1. Un décalage entre le temps de construction de la ville et le temps d’évolution du vivant
Le passage de la plume à la réalité concrète d’un projet m’amène à mieux saisir les contraintes liées au fonctionnement de la cité. Les normes qu’impose la ville sont difficiles à satisfaire pour les aménageurs. Le végétal fait parler de lui.
Chronique d’aujourd’hui Une cadence effrénée Un stage à la municipalité de Pessac, m’a permis d’appréhender les rouages de nos structures administratives. Rapidement, j’ai identifié la difficulté de confronter des volontés paysagères à la réalité politique de nos municipalités. J’ai constaté que le temps de construction de la ville est rythmé par des temps politiques très courts. Les mandats municipaux de six années imposent une cadence effrénée. On décrypte, analyse et propose la première année, puis on décide et enclenche les projets la deuxième. Enfin on espère des résultats rapides les quatres années qui suivent. Les collectivités et les professionnels doivent prendre des décisions dans la précipitation au détriment souvent d’une pensée à l’échelle du vivant. Or le temps de l’aménagement du paysage urbain qui est associé au rythme du végétal requiert un temps plus long. À terme, il apparait donc difficile de mener des actions structurantes parce qu’elles sont en décalage avec les préoccupations immédiates. Le vivant, un argument politique Lors des prises de conscience écologique des années 1970 — 1980, le végétal est revenu au cœur des débats. On pollue trop, on
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13 consomme trop : on a aujourd’hui la certitude du réchauffement climatique. La multiplication des phénomènes extrêmes comme les canicules, les sécheresses et autres cyclones, nous font réagir. C’est notamment lors des COP (Conférences of the Parties) que les États signataires peuvent entériner des accords sur la réduction des émissions anthropiques de gaz à effet de serre. La première COP s’est tenue à Berlin en 1995. À l’occasion de la 3e « COP » en 1997, le Protocole de Kyoto a été signé : 37 pays développés se sont engagés à réduire leurs émissions puis il fut prolongé en 2012, à l’Amendement de Doha (COP18). En ce moment la COP21 à lieu à Paris (du 30 novembre au 11 décembre 2015) pour poursuivre les négociations entre les représentants des Parties ainsi qu’avec des acteurs non-étatiques comme les collectivités territoriales, les ONG (organisation non gouvernementale), les scientifiques et professionnels. Les réflexions et actions menées dans ce cadre font échos chez les électeurs, qui sont de plus en plus sensibles aux problématiques environnementales. Dans ce contexte, le végétal, dont on connait les vertus, est de plus en plus utilisé comme argument électoral. Par exemple, le maire de Paris, Anne Hidalgo, s’est engagée en 2014 à planter 20 000 arbres et à végétaliser 100 hectares de toitures. De la même façon, le maire de Pessac déclare pendant sa campagne, qu’un arbre par jour sera planté pendant un an en 2015 dans sa commune. Les effets d’annonce se mêlent à des volontés politiques. La nature est devenue un thème obligatoire du marketing territorial. Certaines décisions sont prises dans un esprit de performance et nuisent au bon développement du vivant, à ses besoins et sa gestion future.
« L’arbre en particulier est pris d’assaut et est victime de son succès. On lui demande de combler en un temps record tous les interstices de nos cités et d’accompagner l’ensemble des projets urbains. »1 1 — Caroline Mollie, Des arbres dans la ville, urbanisme végétal, Arles, Acte sud, 2009
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Pré-diagnostic et diagnostic Élaboration des scénarios, choix et concertation
Chantier
Élaboration et adoption du projet, enquêtes publiques
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Bilan et campagne Résultats
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2 000 000 de parisiens =2 000 000 d’arbres = 2 000 ha plantés ! La ville de Paris mobilise les citoyens autour d’un projet de solidarité internationale, www.1parisien1arbre.com
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« Dans son 4e rapport publié en janvier 2007, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) confirme que l’homme est « responsable à 90 % » de l’aggravation de l’effet de serre et estime que l’augmentation moyenne des températures avant la fin du siècle oscillera entre 1,8°C et plus de 4°C, par rapport à la période de référence 1980-1999 (ce qui devrait provoquer une montée du niveau des océans variant entre 28 et 43 centimètres). Ses travaux font autorité et ont beaucoup compté dans la prise de conscience internationale sur les changements climatiques menaçant la planète. »2 2— La prise de conscience environnementale, l’Étudiant
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16 Mais la recherche du bien être en ville, les nouvelles préoccupations écologiques, l’engouement pour le développement durable et la gestion différenciée, plus que des effets de modes, sont pour nous, aménageurs, de réels arguments s’ils sont utilisés correctement. Servons-nous de cet élan pour écrire un urbanisme végétal durable.
Vus et entendus Aujourd’hui, le vivant est toléré en ville mais sous conditions. Il doit s’adapter à nos modes de vie urbains et aux contraintes que lui impose la ville. L’arbre perçu comme un danger Dans nos services municipaux, il ne se passe pas une journée sans qu’un citoyen ne vienne protester contre les désagréments occasionnés par les arbres. La liste des propos recueillis est longue : « Les feuilles de l’arbre de mon voisin
salissent mon terrain, les branches qui dépassent amènent trop d’ombrage ou sont dangereuses, les feuilles s’accumulent sur la voie publique provoquant des risques de chute, les oiseaux perchés sur les branches souillent les voitures de leurs déjections, les herbes poussent en excès, les arbres débordent de leurs limites, les racines manquent de faire tomber nos grands-mères… Mais que fait le service des espaces verts ? » L’arbre menace nos toitures, nos voitures, nos enfants. Il est perçu comme un danger imminent. Le vocabulaire utilisé est explicite. Il ne s’agit pas de jardiner mais de nettoyer et faire place nette. Nos jardins sont des « espaces verts ». Nous devons les maitriser afin d’anticiper les débordements. Une nature bien délimitée voire aseptisée (si tant est que ce soit possible) nous rassure. En témoigne un extrait du guide de la Mairie de Brive, édition 2008 — 2010 : « Récompense d’une 3e Fleur au Concours
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17 des Villes Fleuries, la ville offre au public des espaces urbains propres et un décor floral tout au long de l’année. » Si le végétal est perçu aujourd’hui comme une nuisance, la présence du corpus animal qui l’accompagne est aussi problématique. Au milieu du 19e siècle, la volonté de lutter contre l’insalubrité et la propagation de la tuberculose à conduit à la montée du courant de pensée de l’hygiénisme. Tout devait alors être « propre » et les jardins n’ont pas été laissés pour compte. Ce courant moral réoriente les valeurs données à la nourriture, aux boissons, à l’air respiré, au travail, au repos, à la propreté d’un corps et se traduit aujourd’hui dans nos villes par la volonté de stériliser les sols. Or, la santé de la ville ne dépend pas de la mauvaise herbe ou des feuilles mortes bien au contraire. Si un arbre éternue, on ne tombe pas malade.
3 — Caroline Mollie, Des arbres dans la ville, urbanisme végétal, Arles, Acte sud, 2009
Des pratiques qui nient les besoins des végétaux On peut citer quelques exemples pêle-mêle qui illustrent des pratiques encore courantes dans nos espaces urbains. On aperçoit souvent posés le long des avenues, des arbres dans des pots trop petits, ou encore de nombreux bacs à fleurs accrochés sur des lampadaires. Ces végétaux souvent en souffrance (manque d’eau et de fraicheur,…) ne peuvent pas se développer car contraints par leur contenant. Ces pratiques palliatives à la concurrence souterraine demandent de nombreuses heures d’entretien. Derrière la volonté de « fleurir la ville » se cache une absurdité qui consiste à confondre végétal et design urbain. Les végétaux sont mis en scène sous des lumières qui ne suivent pas le rythme biologique du végétal. De la même façon, la paysagiste Caroline Mollie3 s’insurge contre le « prêt à planter » qui est en pleine expansion. Le végétal est vendu comme un kit, tout est possible et livrable dans les meilleurs délais. Les essences et les dimensions proposées sont les mêmes et leur taille de fosse sont ridiculement petites (1m3) empêchant le bon développement de l’arbre. La nature devient une marchandise déplaçable et transportable pour des effets de décoration. Des arbres plantés trop serrés ou trop proches des façades doivent être entretenus. Une taille excessive peut multiplier les risques épidémiologiques et enclenche le cercle pervers de l’élagage qui demande de la main d’œuvre et de nombreuses heures de travail. Ce sont souvent les mauvaises pratiques de taille qui rendent un arbre dangeureux.
Mobilier urbain : Platane lampadaire. Tulle, juin 2015.
Fagocité : Enrobé jusqu’au collet de l’arbre platane. Brive, juin 2015.
Le « prêt-à-planter » : Pins sylvestres adultes extraits d’une forêt normande qui dépérissent aujourd’hui parce que leur système racinaire ne s’est pas développé et sont donc maintenus par un système de haubanage. Bibliothèque nationale de France, Paris, 2005
Inutile : Poteau fleuri. Brive, juin 2015
Panssement : La fosse est très petite, les Lilas des Indes plantés ici n’ont pas survécu, on a donc
comblé la fosse avec de l’enrobé en attendant. Brive, Novembre 2014.
Improbable : Panneau d’alerte au danger Cité administrative. Bordeaux, 2015
Chronophage : Arbre en pot, Trachycarpus fortunei. Pessac, septembre 2014.
Élagage drastique : Marroniers plantés en 1900 et rebattus en 1958 sont totalement creux aujourd’hui. Ils deviennent dangereux et en plus sont attaqués par la mineuse. Sens, boulevard du Mail, 1955.
Performance : Surabondance végétale avec des oliviers en bacs insérés entre les tilleuls plantés deux ans avant. De plus les bacs encombrent la promenade. Avenue Masséna, Nice, 2009.
Sans avenir : Albizia sous un parasol. Tulle, juin 2015.
Imposture végétale : Double alignement de faux pins qui sont en réalité des chênes dont les branches ont été garnies en leur extrémité d’aiguilles en plastiques. Gare SNCF de Marseille, 2008.
En avance : Tilleul élagué trop tôt pour ne pas embarrasser les terrasses du café avec la chûte des feuilles. Brive, octobre 2015.
Optimisation : Parking du centre commercial Carrefour. De nombreux arbres plantés, une palette mixte : chêne rouge d’Amérique, chêne pédonculé, chêne des marais, copalme d’Amérique... mais des fosses de plantations tellement petites par rapport à l’espace disponible. Brive, Octobre 2015. Parking du magasin Mr bricolage. Les érables et tilleuls ne pourront pas se développer, certains en arrière-plan dépérissent. Brive, Octobre 2015.
Oublier : Parking du magasin Intersport. Etalement de bitume. Brive, Octobre 2015.
Enfin, la question de la représentation du le végétal entretient ce décalage entre le rythme biologique et le rythme «humain». L’utilisation des « images concours» pour la communication des projets d’aménagement sont souvent contre-productives. Les projections à T+20 années faussent la réalité et laissent parfois penser qu’un arbre n’a pas besoin de grandir. Ces représentations vont à contre-sens car, le végétal a besoin de temps pour se développer et s’enraciner dans nos sous-sols. Quelques fois même, les belles frondaisons mises en perspective sont en concurrence directe avec les réseaux qui chargent notre espace souterrain et forment un obstacle non négociable aux futures racines de nos plantations.
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Arbre déplacable : On peut comparer la taille du socle racinaire qui a été découpé et la taille de l’arborescence. On donne peu de chance à cet arbre pour la suite. Algérie, 2013.
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Conférence Deux Degrés, octobre 2014. Peut-on faire un projet si on n’a pas d’histoire à raconter ? « L’image support se situe dans le futur quartier d’affaire entre la gare et la Garonne, le projet Euratlantique. Regardons ce visuel : Tout les personnages sont bien habillés, ils vont au même endroit, la nature en ville est en fleur, les arbres sont gigantesques ! » [Les urbanistes de Deux Dégrés nous disent que cette représentation véhicule un idéal formel, vide, mou et désincarné. On projette la vie de ce lieu dans un état stable, c’est une vision utopique du projet.]
« L’histoire doit avoir un contenu et pas seulement un cadre, elle doit faire figurer des personnes auxquelles on s’attache ou on s’identifie. Deux choses absentes ici. Cela
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peut sous-entendre, qu’on n’implique pas ou qu’on anticipa pas certains usages, certains conflits et inhibitions. Le problème c’est qu’un projet a une vie après sa conception, 30, 50 ou 100 ans après ce sont souvent les techniciens et élus qui vont devoir réparer ce qui a été mal pensé ! »
Conférence Deux Degrés, octobre 2014, Peut-on faire un projet si on n’a pas d’histoire à raconter ?
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24 Dans ce contexte contraint, on demande à l’arbre de s’adapter pour répondre à nos exigences. Des qualités requises En plus d’être « prêts à l’emploi » les arbres doivent aussi répondre aux normes sécuritaires exigées la ville. Ils doivent être résistants aux maladies et aux insectes, leurs troncs doivent être droits, leurs ramures solides, leurs cimes équilibrées et leur croissance rapide. Leur feuillage doit être peu dense pour éviter une chaussée glissante et leur pollen inexistant, pour ne pas recouvrir nos voitures et non allergène, pour ne pas intoxiquer nos enfants. Leurs essences sont soigneusement sélectionnées pour résister à la pollution atmosphérique, aux « coups de soleil » urbains, aux accidents mécaniques. Ils doivent s’adapter aux passages des bus et pouvoir supporter un élagage répété. Ils doivent enfin dissimuler les bâtiments « laids » et les vues « désagréables ». La question des conflits souterrains est récurrente. Les racines des arbres situés à proximité des réseaux ont souvent tendance à ostruer les canalisations, disloquer les conduites et déformer les chaussées. Les services publics et concessionnaires privés posent alors la question : qu’est-ce qui prévaut ? L’entretien et le remplacement des réseaux ou la bonne santé des racines et donc de l’arbre ?
Serait-ce ça l’arbre parfait ?
Exposition de faux arbres, des antennes relais de téléphonie mobile. Cela provoque des protestations ! Sud de la France.
25 Profil type d’une avenue. Mise en évidence des conflits souterrains.
Schéma inspiré de Gillig Charles-Materne, avec Bourgery Corinne et Amann Nicolas, L’arbre en milieu urbain, Conception et réalisations, Ed infolio, Gollion, Suisse, 2008
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Ces exemples non exhaustifs des qualités réclamées aux végétaux réduisent considérablement les choix. Comment anticiper ces conflits ? Est-ce que nos arbres ont encore leur place le long des axes routiers ? Caroline Mollie met en garde les aménageurs actuels :
« En continuant avec les pratiques de plantations, souvent réalisées dans un souci d’économies maximales, où l’arbre arrive en dernière priorité, nos descendants ne connaîtront jamais les belles frondaisons et les vieux sujets majestueux que nous connaissons aujourd’hui. » Processus de stérilisation Aujourd’hui nos espaces de vie sont codifiés par des lois souvent abusives. Des règlements municipaux, des règlements de copropriétés, des règlements de lotissements, des arrêtés définissent ce qui est interdit de faire tant dans un espace public que privé. Nicolas Soulier4 en a recueilli quelques extraits : « Les plantes ne seront disposées ni à la fenêtre, ni sur les garde-corps, cela pourrait tomber, déplaire au voisinage, ou occasionner des ruissellements. Les jardins privatifs seront tenus propres : pas de légume, pas de cabane, pas de linge, taillez les arbustes, tondez l’herbe. Les plantes et arbres présents sur les aires de jeux doivent être choisis, implantés et protégés de façon à ne pas occasionner d’accidents pour les enfants (empoisonnement ou blessures).
4 — Soulier, Nicolas, Reconquérir les rues. Paris, Eugen Ulmer, 2014.
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27 Cours d’école à Paris : «arbres réglementaires, sol réglementaire»4
Un quartier résidentiel qui apparait comme inanimé, tout est cloisonné, des potelés sont disposés partout.4
Frontage d’un immeuble en région parisienne. Les pelouses et buissons bien taillés créent un espace inerte.4
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28 On constate que ces règles sont rédigées au nom de l’hygiène, de la sécurité voire au nom de l’harmonie et de l’esthétique. Il s’agit souvent d’éviter les accidents et les conflits mais le résultat est que nous construisons ainsi des lieux qui deviennent stériles et figés. Il pose la question : « Ces opérations
de sécurisation ne vont-elles pas à long terme s’avérer contre-productives ? N’y a-t-il pas d’alternative ? »5 5 — Nicolas Soulier, Reconquérir les rues, Paris, 2014.
Impulser des projets Des projets expérimentaux voient le jour mais encore faut-il que la « culture commune » emboîte le pas. Il s’agit de normaliser les initiatives, de les banaliser et de les faire entrer dans notre quotidien. Il est important de mon point de vue que les communes s’engagent et se donnent les moyens parce que la place des expérimentations locales est encore timide en France. Les autorités locales ont la capacité de créer un dynamisme, d’impulser des projets. Une culture, une citoyenneté cela se fabrique, et ça prend du temps. Il s’agit de « redonner à ce quartier où les espaces publics font défaut, une rue que l’on puisse s’approprier, jardiner et occuper comme un square, comme un jardin. L’aménagement propose des fosses de plantations, des bacs, et des plantations en pied de façade. Les pavés aux joints enherbés participent de l’identité hybride de cette rue-jardin ». Il est mis en place un système de «gestion partagée entre les services de la Ville et les habitants, piloté par un jardinier de rue qui entretient a minima les espaces plantés, effectue des permanences hebdomadaires et anime des ateliers pédagogiques de jardinage Rue-jardin Kléber, Maîtrise d’oeuvre : Friche and Cheap - AVAL Bordeaux, 2O14.
écologique.
29 Fleurir les frontages : «la ville de Bordeaux vous apporte son soutien technique pour la création de votre fosse à planter et même pour l’apport de terre et de plantes lors de la première implantation.» Villes de Bordeaux.
Village de Beurey-Bauguay, plantation des frontages, mai 2015 Collectif Il y a quelqu’un parmi nous.
30 Plaidoyer pour les arbres L’arbre est un moyen simple pour prendre soin de la terre. Voltaire nous dit vers la fin de sa vie : « Je ne fais plus
que planter des arbres, même trop vieux pour profiter de leur ombre, je ne vois pas de meilleur moyen de m’occuper de l’avenir. »
6 — Francis Hallé, La vie des arbres.
Ville-nature : un oxymore ? Cette figure de style réunit deux mots en apparence contradictoires. Mais, qui mieux que l’arbre peut répondre aux besoins de la cité ? L’arbre est un élément vivant qui fait force dans un paysage artificiel et minéral. Il est l’allié de l’urbanisme et permet de créer des rapports d’équivalence avec les masses bâties. Il permet également de restaurer une échelle humaine, et incite à circuler à pied ou à vélo. Souvent, il domine des lieux de convivialité et délimite ainsi un espace social privilégié. Le végétal est source d’équilibre. Il génère de la poésie, du mouvement dans cet espace urbain froid qui parait figé. De par sa disposition dans l’espace, la gestion de sa croissance et le choix des essences, il influence notre ressenti et il construit des souvenirs. On le voit grandir et sa couverture, sur nous suscite de la fascination et du bien-être. Les lieux qu’il crée, ces salons en plein air et promenades arborées font partie des plaisirs démocratiques, accessibles à tous et gratuits. Il accompagne nos divertissements et génère des usages sociaux. Mais ce protecteur se fait souvent oublier car il incarne le silence dans un univers bruyant. Il est important de penser le végétal en ville non comme un « remplissage vert » mais comme un être vivant qui a des besoins. Le botaniste et biologiste Francis Hallé dit qu’« un arbre demande simplement qu’on le laisse tranquille. Ce n’est pas vraiment un défaut mais ils sont tellement stables et silencieux qu’on finit par ne plus les voir »6. L’arbre par sa longévité est la mémoire vivante de la ville et à ce titre il mérite toutes les attentions. L’arbre, un privilège Au-delà de son action silencieuse sur notre manière de percevoir la ville, le végétal, s’il est planté dans de bonnes conditions,
31 offre de nombreux avantages. En premier lieu on peut citer les bénéfices sur l’air ambiant. Il est prouvé que le végétal exerce une action assainissante en filtrant certains polluants atmosphériques. Il permet de diminuer les taux de gaz carbonique, d’ozone, de dioxyde de soufre, et de filtrer les poussières, les cendres, les pollens et les aérosols. Par sa présence, il change aussi considérablement le climat de la ville, en rafraichissant l’air par évapotranspiration. Son ombrage, sa ventilation passive sous les frondaisons participe à offrir de la fraicheur en été. Ce sont d’ailleurs les premiers bénéfices que l’on ressent lorsque l’on se promène dans un parc. L’atmosphère contraste nettement avec la chaleur écrasante ressentie le long d’une rue bituminée. Les effets sont immédiats. Enfin une action que l’on a tendance à oublier, parce qu’on ne la voit pas, celle du sous-sol. En effet le végétal permet de drainer l’eau par ses racines et filtre les polluants. Plus important, le végétal permet de dégager de la surface non imperméabilisée au sol. Celle-ci contribue à absorber les eaux et à accueillir une faune et une flore diversifiées qui filtrent et régulent le cycle de l’eau. Son action en faveur de la biodiversité passe avant tout par ce sous-sol. Enseignement de Francis Hallé On peut dire de l’arbre qu’il est utile, autonome et non violent. Il nous enseigne l’altérité et l’humilité. On a vu qu’il est quelques fois méprisé car réduit à une matière première, mais on peut penser qu’une nouvelle vision apparaît. Il est évident qu’ils nous font de l’ombre en été, qu’ils font respirer nos villes et qu’ils participent à les rendre plus attractives pour les touristes et résidents. Ils valorisent notre cadre de vie et prennent aussi des fonctions éducatives auprès des jeunes générations. Mais le fait nouveau est qu’ils inspirent l’euphorie. En effet, leurs ions négatifs influenceraient notre optimisme. Des médecins Londoniens nous disent que la présence des arbres, le fait de les voir, augmentent le nombre de guérison dans les hôpitaux. Autre exemple à Chicago, où des études montrent que la présence des arbres fait baisser la criminalité, favorise le lien social et diminue l’exclusion. L’arbre exercerait donc une action apaisante sur le comportement. Les arbres et le vivant ont encore bien des qualités qui nous échappent, que l’on ne peut pas prouver mais que chacun d’entre nous ressent. En sachant ceci, il serait absurde de limiter l’arbre à une simple fonction ornementale.
*Hallé Francis, extrait d’une conférence Un Plaidoyer pour l’arbre, Jeudi 13 juin 2013 au canada.
Des lieux créés par les arbres Marronnier et tilleuls centenaires. Ces arbres délimitaient un lieu de rassemblement sous leur branchage. Point de repère bienvenu dans cet espace traversé de flux denses. Remplacés par des 8 pacaniers cet automne. Bordeaux, place Pey Berland, Janvier 2015
Les platanes répondent
se déploient les terrasses
par leur taille au théatre
de café.
municipal, et améne du
Brive, place du 14 juillet,
vivant sur cette place très
Juin 2015.
minérale. Lieu de marché où
33 Apport de l’arbre en milieu urbain Personnalité :
Autonome Non-violent Silencieux Pédagogue Euphorisant Nourrissant Chauffant
(lorsqu’il est mort)
Frugale Modeste Altruiste Sobre Quasi-immortel L’arbre
L’arbre en ville · Baisse des températures · Baisse du taux de gaz carbonique · Améliore l’air ambiant · Filtre les poluants · Facilite l’infiltration de l’eau
· Évapotranspiration, ventilation passive, ombrage · Absorbe et stocke le carbone . Filtre les poussières, cendres, pollens et aérosols · Libère des surfaces non imperméable au sol, accueille faune et flore · Systéme racinaire qui facilite l’infiltration de l’eau
34
2. Rétrospective des plantations urbaines Dans un contexte urbain en grande mutation, il est important de connaître les aménagements antérieurs. Quelle place et quelles fonctions a-t-on donné à l’arbre dans le passé ? Par « plantations urbaines » on entendra ici l’introduction volontaire dans la ville d’arbres, sous une forme organisée et ornementale. C’està-dire les places plantées, promenades publiques, plantations de boulevards… à l’exclusion des jardins privés. J’ai volontairement fait un choix non exhaustif, m’attardant sur les passages de l’histoire qui servent mon propos car il s’agit ici de s’inspirer des pratiques qui ont fait émerger les liens dans la ville.
Les grands temps de l’aménagement L’arbre et le dessin des promenades urbaines En France, le 17e siècle est une période de diffusion de l’arbre urbain et d’alignement. Les cours et les avenues sont plantés, faisant exister les premières promenades arborées. La volonté des élites est de laisser une trace, c’est donc le bien être du promeneur et le plaisir des yeux qui importent avant tout. Mais à travers ces plantations, il s’agit aussi d’affirmer les distinctions sociales. Au 18e siècle, l’arbre s’affirme comme un élément qui structure la ville et ses espaces publics. Les anciennes fortifications sont détruites pour laisser place à de larges boulevards plantés qui transforment ce qui faisait office de frontière en un élément de liaison, une suture d’où peut se greffer la croissance urbaine. Des terrains sont aménagés et plantés pour le jeu (de Mail), la détente, les loisirs. Des hiérarchies s’installent, les cours pour les promenades en carrosse de la «bonne société», et les mails pour les promenades piétonnes. Les effets recherchés sont la régularité, l’harmonie, l’aération du tissu urbain. Les plantations sont homogènes et privilégient une seule espèce d’arbre. À l’époque il s’agit le plus souvent d’ormes ou de tilleuls.
Rétrospective des plantations urbaines
35
1
2 1 — Le boulevard Mont-
l’axe
martre vers 1830, peinture
des Tuileries à travers la
de Giuseppe Canella.
campagne en dessinant
Promenade champêtre qui
l’allée des Champs Élysées.
fait lien entre la vieille ville
Cette structure végétale
et les nouveaux quartiers.
oriente définitivement le
Caroline Mollie, Des arbres
développement de l’Ouest
dans la ville, urbanisme vé-
parisien.
gétal, Arles, Acte sud, 2009.
Caroline Mollie, Des arbres dans la ville, urbanisme vé-
2 — Les Champs-Élysées
gétal, Arles, Acte sud, 2009.
prise de la terrasse des Tuileries par Aubrun, vers 1852. Le Nôtre prolonge
Rétrospective des plantations urbaines
36 L’arbre comme outil pour structurer la ville Le 19e siècle est l’Âge d’or des plantations. Une idée émerge : c’est l’espace public qui fait la ville. Napoléon iii a de grandes préoccupations sociales et veut, par de grands travaux dans Paris, détruire les quartiers malsains pour en faire «la plus belle ville du monde». Les objectifs sont d’obtenir une bonne circulation et une meilleure hygiène, et enfin d’améliorer l’esthétique urbaine. Hausmann dessine les percements et trouées afin d’aérer le maillage dense existant et permettre la réalisation de grandes avenues rectilignes. La volonté est aussi de relier les parcs péri-urbains, les jardins intra-urbains, les squares et les places plantées. Tous ces grands projets qui ont marqués les siècles, ont en commun l’idée d’une transmission aux générations futures. La majorité des arbres qui structurent les villes d’aujourd’hui viennent de cette époque. L’horticulteur Alphonse du Breuil, conseillait à l’époque de planter des platanes, tilleuls, érables et marronniers qui se multiplient et constituent aujourd’hui la trame principale de nos paysages urbains. On retrouve ces arbres emblématiques sur les terrasses de café et restaurant pour ombrager l’espace, sur la place de l’église et en accompagnement des foirails, mairies et cours d’école. Initialement installées dans des conditions de sol et d’espace disponible satisfaisantes, ces trames arborées dépérissent peu à peu en raison d’une évolution rapide de leur environnement immédiat et de l’approche de leur limite de longévité. Cet héritage de plantation « monospécifique » pose problème aujourd’hui. Les marronniers sont attaqués par des chenilles (Cameraria ohridella), l’orme a quasiment disparu, décimé par la graphiose (champignon Ophiostoma ulmi) et les platanes souffrent (champignon, Ceratocystis platani).
Villes techniques et contrôlées La perte de nos racines Au 20e siècle, après la seconde guerre mondiale, on priorise la reconstruction du patrimoine bâti et le développement de l’auto-
Rétrospective des plantations urbaines
37 mobile. Les aménagements réalisés ont pour but de favoriser les déplacements. On constate pendant les « Trente Glorieuses » une fragilisation du patrimoine végétal, une déconnection avec le sous-sol, voire une amnésie de la place de l’arbre dans nos villes. Si des arbres ont été plantés, le réflexe quantitatif domine souvent sur la qualité et l’adaptation des plantations aux contraintes urbaines. L’héritage de l’urbanisme fonctionnaliste Cette pensée fonctionnaliste, conduit dans les années 1960 et 1970, à construire nos villes avec une logique sectorielle. L’urbanisme cloisonne les compétences, réglemente, confisque les décisions afin de fabriquer la ville productive. Avec les grands ensembles isolés, le zoning, les ouvrages routiers et autoroutiers, la ville apporte des réponses techniques à ses besoins et se morcelle. En déoule, une dégradation de la qualité de vie urbaine. Ce système d’urbanisme fonctionnaliste est notre héritage direct. La paysagiste Marion Vaconsin1 écrit qu’encore aujourd’hui
« la ville est arrogante, dure, elle pense qu’elle peut tout contrôler par sa technique, que l’important n’est pas là, elle est efficace, obnubilée par sa croissance. Elle rationnalise à travers des grilles de critères économiques, écologiques, hygiénistes (pourcentage d’espaces verts, coût d’entretien). La ville narcissique se met en scène et pose son paysage comme un décor dans lequel les habitants sont les figurants – consommateurs »7
7 — Marion Vaconsin, Cambo n°7, mai 2015, Saisons en ville, Variation sensorielle.
Rétrospective des plantations urbaines
38
Schématisation d’une ville fonctionnelle Européenne, À chaque usage correspond son espace
« Espace vert »
Habitat
Travail
Parcs Places Squares
Centre bourg, Lottissements, HLM,
Centre d’affaire, Bureaux
UnderVasser nous dit « que les villes fonctionnelles ne peuvent qu’échouer, qu’il faut faire une ville intentionnelle.»
39
Loisir
Zones industrielles
Circulation et rĂŠseaux
Gymnases, Terrains de sports, Stades, Piscines
Industries, Commerces
Rues, Boulevards, Rocade, Avenues, Venelles, Echangeurs, Ronds-points, Pistes cyclables
RĂŠtrospective des plantations urbaines
40 Il y a dès lors un problème, si l’on pense « ville » d’un côté et « nature » de l’autre nous participons à cloisonner les espaces. Le rôle du paysagiste ne serait-il pas à cette interface ville/nature ? Alors comment renouer avec nos racines, créer des liens entre ces espaces fractionnés ? La ville (comme la nature) est un système en interaction permanente. Comment les faire émerger de façon positive ? Car d’autres territorialisations sont envisageables. Depuis longtemps déjà, Lucien Kroll, Patrick Bouchain, Nicolas Soulier et d’autres chacun avec leur conviction, « aménisent » des territoires (en respectant à la fois les habitants, le site et le vivant).
Résurgence des enjeux écologiques Des retrouvailles Dans les années 1970 — 1980, les premières expressions politiques de préoccupations écologiques voient le jour et sont synonymes de retrouvailles de l’arbre avec la cité. Les lois de 1982 relatives à la décentralisation renforcent les responsabilités des municipalités. La dynamique sur l’arbre en ville est relancée avec des plantations massives en accompagnement de voirie. L’arbre en ville est à la mode mais encore associé à une nature maitrisée. En parallèle de cette politique de plantation, le concept de « nature ordinaire » apparaît dans les années 1990. Cela se traduit par un intérêt social grandissant pour le « sauvage » en ville. Le vivant ne doit pas être réservé aux espaces clos ou sous cloche mais bien pensé en lien avec la ville, son histoire et son système de construction. L’arbre, pour se souvenir En 1989 se met en place sur le territoire français une campagne de plantation, « Les 30 000 arbres de la Liberté », à l’occasion du bicentenaire de la révolution française. Le territoire se recouvre ainsi de nouvelles plantations. Mais doit-on attendre un événement de cette ampleur pour réactiver une politique nationale en faveur des arbres ? En effet, quel chef d’état n’en a planté pour symboliser la Liberté !
Rétrospective des plantations urbaines
41 Polémiques et contradictions : La défense de l’arbre en ville a ses limites. «Abattre un arbre relève du sacrilège. Il est impardonnable aux yeux des riverains qui se sont appropriés le végétal. En témoigne les campagnes de 1990 à Paris, où l’on s’enchaînaient à qui mieux mieux autour des arbres menacés d’éradication. On en arrive ainsi a conserver des arbres en état médiocre, avec d’importants surcoûts.»8 8 — Mollie, Caroline. Des arbres dans la ville, urbanisme végétal. Arles, Acte sud, 2009.
Les luttes en France contre les abattages abusifs, de 2004 à 2011 Grenoble 2004 (composition d’après le site arbresvenerables.free.fr)
Stuttgart photos Sean Gallup / Getty Images Europe (site zimbio.com)
Nîmes 2011 (photos du site Les gardiens de l’ombre)
42 L’arbre est aussi souvent associé à des dates importantes. Rappelons-nous des coutumes où l’on plantait un arbre à la naissance d’un enfant, on faisait même la relation entre l’état de santé de l’arbre et l’avenir de l’enfant. Il existait un véritable lien affectif. Dans certains pays, comme en Asie, certains arbres sont même hissés au rang de divinités. C’est aussi sur son tronc que l’on grave nos initiales, nos amours de jeunesse ; à ses pieds que l’on enterre nos trésors.
Pour un patrimoine durable La ville est un éternel palimpseste. Le procédé de la tabula rasa (table rase), que l’on rencontre encore aujourd’hui est à bannir. En effet, les villes se caractérisent par leurs passés, leurs histoires. Les structures arborées évoquent leurs longévités et nous permettent de nous projeter au-delà de la durée de vie d’un être humain et de plusieurs générations. L’arbre prolonge le temps et l’immortalise en faisant traces dans la ville. Cette pérennité évoque les racines de nos villes et impose le respect. La nature perçue comme nécessité esthétique, comprimée dans des espaces enclavés et morcelés n’est plus d’actualité. Le vivant en ville saisit tous les interstices et est aujourd’hui d’une nécessité vitale, un élément sociétal. Mais attention, une bonne partie de notre patrimoine arboré urbain arrive en bout de course. Les grosses périodes de plantation en France remontent au 19e siècle puis aux années 1950. Le patrimoine que nous laissons aux générations futures parait être en péril, réagissons. Il s’agit de proposer la mise en place d’une politique pérenne en faveur de l’arbre dans nos cités et de trouver un équilibre entre valorisation environnementale et pression foncière. À ce sujet, le paysagiste Michel Pena déclare que « l’enjeu
du troisième millénaire sera d’imaginer un nouvel accord entre les formes vivantes. L’opposition archaïque de la ville / nature devient obsolète. C’est bien la place relative des uns et des autres qu’il faudra savoir composer dans l’espace fini. »
Rétrospective des plantations urbaines
3. Penser la ville comme un écosystème
43
Au cours des dernières décennies les relations que la ville entretient avec la nature, ont évolué. Le « besoin de nature » des citadins et les préoccupations écologiques montantes font que progressivement la notion de biodiversité prend le dessus sur celle « d’espace vert ». Il ne s’agit plus de cloisonner les compétences mais de proposer une construction qui met en lien les composantes de la ville. Cette réponse est aussi et surtout une réaction aux dangers dûs aux changements climatiques, à l’épuisement de nos ressources et à la diminution dramatique de la biodiversité.
La ville écosystémique Définition Comment définir un écosystème ? On peut commencer par affirmer (cf le dictionnaire Larousse) que c’est un système formé par un environnement, un biotope dans lequel l’ensemble des espèces vivent, s’y nourrissent et s’y reproduisent. Il est constitué d’un ensemble d’animaux, de plantes, de champignons et de micro-organismes qui forment une communauté d’êtres vivants, qui interagissent les uns avec les autres et avec leur milieu (sol, air, climat, etc.). Ces éléments développent un réseau d’échanges d’énergie et de matière permettant le maintien et le développement de la vie. Une forêt, une falaise, une lande, une mare, un arbre mort sont tous autant des écosystèmes. Je propose d’appliquer cette définition au fonctionnement de la ville. Elle est le cadre de vie d’un ensemble d’individus. C’est notre biotope, notre lieu de vie. Elle correspond à un milieu délimité géographiquement dans lequel les conditions définies suffisent à l’épanouissement des êtres vivants qui y résident. On peut préciser qu’un biotope, bien qu’autonome, crée des relations d’interdépendance avec ses milieux voisins. Nos villes ont leur fonctionnement interne (leurs flux, leurs temporalités, leurs lieux d’habitats, de travail, de loisirs…) mais elles se nourrissent des milieux voisins (exploitations agricoles, zones industrielles, forêts…).
Un écosystème = un lieu, la ville (le biotope) + des êtres vivants
44 Pour maintenir un équilibre, il s’agit de constituer un « tissu vivant » : une ville rhizome. L’écrivain Michel Peyramaure nous dit : « Le bonheur
est le résultat de l’adéquation d’un être à son biotope ».
L’objectif est de penser une gestion écologique du territoire, je veux dire par là, de renforcer tout d’abord les liens qui jouent un rôle dans le maintien des écosystèmes en ville. On peut penser notamment aux cours d’eau, leurs berges, mais aussi à « des espaces de mobilité » (voiries dotées d’alignement d’arbres, infrastructures ferroviaires, réseaux de circulations douces). Ces espaces de liens sont un atout pour le maintien de la faune et de la flore en ville. Ils participent entre autre à améliorer la gestion des eaux pluviales et la perméabilité des sols. En résumé, l’approche écosystémique est une méthode de gestion qui permet de respecter les interactions du milieu dont l’être humain dépend. Pour ce faire, on peut s’inspirer de la permaculture. En quelques mots, c’est un mode de pensée et d’action, qui vise à concevoir de manière systémique lieux de vie et lieux de production agricole en prenant la nature comme modèle. Cette méthode permet d’imaginer des installation humaines qui fonctionnent comme des écosystèmes : c’est a dire économe, productif, autonome et résilient et dont chaque élément fonctionne en intéraction avec les autres. Ainsi elle met en valeur la prise en compte des ressources naturelles à disposition et fait le lien avec le cycle des saisons.
Penser la ville comme un écosystème
45 Ville non-écosystémique
Artificialisation des sols · busages des affluents · arbres isolés · canalisation des rivières · destruction des berges et des ripisylves · effacement des courbes topographiques · étalement des surfaces imperméables
Objectif : renaturation des sols, mise en lien de la rivière avec ses berges et ses terrasses alluviales
Ville écosystémique
46 Le pacte ville-saisons Aujourd’hui certains disent qu’il n’y a que deux saisons en ville.
Conférence de Thierry Paquot à l’A’urba.
« La ville a son propre fonctionnement et elle refuse que l’on vienne contrarier ce qu’elle a mis en place. Pourtant c’est bien les couleurs d’automne qui nous réconfortent chaque année, les premières vagues de chaleur et les fleurs naissantes que l’on guette impatient. C’est bien la neige qui nous ramène en enfance et les dernières lueurs en été qui nous invitent en terrasse. C’est bien autour du vivant, dans ces lieux de halte (les squares, les places, les recoins) que se développe un imaginaire individuel et collectif. Alors pour reconstituer les relations entre le citadin et son lieu de vie, pour construire des souvenirs, il faut mettre en exergue ces saisonnalités. » Il n’y a pas de pensée du territoire sans une pensée des temporalités liées à ceux qui habitent le territoire. Nos modes de vie et notre comportement sont liés au vivant. Un rythme, des pratiques et usages y sont associés. N’oublions pas que la ville est productrice de ressources. Les beignets aux fleurs d’acacia, les infusions de verveine, les pommes, poires, prunes cueillies, le temps des confitures, les derniers potirons et citrouilles ramassées sont autant de rituels chaque année. La nature et son expression à travers les saisons nous rappelle que nous vivons
Penser la ville comme un écosystème
47
A chaque saisons ses usages associés, ses couleurs, ses odeurs...
printemps
automne
été
hiver
Penser la ville comme un écosystème
48
dans un système. C’est l’alliance entre les pratiques et les cycles du végétal qui « fait saison ». Alain Guez, Alice Sotgia et Hélène Subrémon proposent de Créer un accord
entre les différentes temporalités afin de « faire milieu ». Il s’agit donc de prendre en compte les phénomènes saisonniers dans la conception de « l’espace urbain a-temporel ». En 2011, « le plan national nature en ville affirme le caractère indispensable des services rendus par la nature en milieu urbain dans la perspective de changements climatiques. Il fixe plusieurs objectifs et engagements visant à restaurer et valoriser la nature en ville. La stratégie nationale envisagée s’appuie sur la mise en place de trames urbaines vertes et bleues, consistant en une mise en réseau de certains espaces de nature. »9 9 — L’A’urba de Bordeaux
L’accent est mis sur les liaisons que l’on pourrait nommer les trames horizontales, mais la question de la résurgence des lieux, ou trames verticales est tout aussi importante. Alors, comment intégrer le vivant aux transformations d’une ville ? Comment intégrer le temps dans l’aménagement de l’espace ? Comment « ressaisonner » la ville ? Le philosophe Thierry Paquot déclare amusé « qu’il faudrait penser
comme un arbre ! »
Penser la ville comme un écosystème
49 Localiser le problème
1 — Aujourd’hui je pose la question des liens a travers des diffusions horizontales sur le territoire.
2 — Il s’agit également de valoriser les relations verticale, de faire éclore le sol.
3 — Identification du probléme : la croûte. Elle constitue une interface imperméable qui bloque tous les tranferts entre le sous-sol et le sur-sol.
4 — Outil de réponse : l’arbre, la représentation d’une figure complète.
Penser la ville comme un écosystème
50 Le temps dans l’aménagement Thierry Paquot explique qu’il est favorable à un
« urbanisme chrono topique : Notre société minutée, qui vise à aller toujours plus vite, se désynchronise de la chronobiologie, propre au monde vivant. La chronotropie est une des possibilités, parmi d’autres (la sieste, le congé sabbatique, la retraite à la carte, le temps de travail choisi, les maisons des Temps…), pour redonner du sens au temps vécu. Il s’agit, comme son nom le laisse entendre, d’associer toute intervention sur un lieu (topos) à partir de ses temporalités (chronos). » Si on prend l’exemple d’une place : « Est-elle fréquentée pareillement le jour et la nuit, le dimanche et le mardi, le matin et le soir ou de façon continue, sur une partie de son périmètre ou sur l’ensemble, etc. Une cartographie de ses usages temporalisés permettra aux urbanistes de proposer plusieurs ménagements possibles, avec des revêtements, des plantations, un mobilier urbain, des éclairages, etc., à chaque fois spécialement conçus pour des horaires particuliers. Je dis « ménagements », et non pas « aménagement », du verbe « ménager », qui signifie « prendre soin », mais de qui ? Des gens, des lieux, des choses… Qu’ont-ils en commun ? Un temps à partager. D’où la chronotopie. »10 À travers ce terme, Thierry Paquot nous parle d’espaces vécus. L’espace public n’est vivant que s’il est habité, que ce soit pour quelques minutes ou quelques heures. Aujourd’hui, il est
10 — Cambo n°1, juin 2012, Bordeaux, ville cosmopolite, Grand entretien de Françoise Taliano-Des-Garets avec
Thierry Paquot, philosophe de l’urbain.
Penser la ville comme un écosystème
51 souvent réduit à un espace seulement pratiqué, un espace de flux où les croisements sont le plus possible évités. Ce sont ces croisements justement qui créent des événements et fabriquent du lien. Ils rendent la ville à la mesure de nos corps.
L’arbre un médium pour penser la ville Un puissant symbole Pourquoi l’arbre ? Parce que c’est l’image d’une construction totale (nous dit Le Corbusier). Il incarne l’équilibre entre le monde visible et invisible. Ses racines stabilisent l’ensemble du monument. Et c’est bien son arborescence souterraine qui assure l’approvisionnement de la couronne. Par analogie, il est un modèle pour la construction de nos villes. À l’échelle de l’arbre, toute atteinte à l’une de ses parties se répercute sur l’autre et fragilise l’ensemble. L’arbre est aussi un symbole. Il est notamment la représentation d’un concept chamanique, l’axis mundi, l’axe du monde. Chaque chose est prise dans trois niveaux, desquels rien ne peut se soustraire, dont l’axis mundi est le pivot. Le premier niveau est le monde souterrain, le plus bas, celui des morts et des esprits. Il est figuré par les racines de l’arbre qui s’enfoncent en profondeur dans la terre. Le deuxième niveau est le monde médian, celui des hommes qui, en position intermédiaire, sont constamment projetés vers le ciel ou vers le plan inférieur. Le troisième niveau, symbolisé par ses branches qui s’étirent vers le haut représente le lien avec le monde paradisiaque. L’arbre par sa forme et sa structure est symbole de lien entre le monde aérien et souterrain.
L’arbre en ville est porteur de messages, il accompagne les fondements urbains. Tout au long de l’histoire de la cité, il en marque le coeur, les limites, les seuils et accès. Élément monumental, il domine un lieu, délimite un espace social privilégié et participe à la lecture de la structure de la ville.
Penser la ville comme un écosystème
52
Fissure de timiditĂŠ, Camphrier
53 L’arbre unique était un symbole dans l’antiquité et est associé à l’image du paradis perdu et à la liaison ciel-terre, symbole de vie et d’éternité. « Parce que ses racines puisent
dans le sol et que ses branches s’élèvent vers le ciel, l’arbre est le symbole des liens entre le monde d’en bas et le monde d’en haut. Cette composition majestueuse et simple a pratiquement disparu de nos villes. »11
11 — Caroline Mollie
Enfin, par sa croissance, il témoigne aussi du temps qui passe. Son fonctionnement, la chute des feuilles, l’apparition des bourgeons, des fleurs puis des fruits, illustrent le cycle répétitif des saisons auquel l’homme prend part. Comment définir un arbre ? De quoi a-t-il besoin ? Nous considérons ici par « arbre » tout végétal vivace et ligneux de la hauteur d’un homme. Arbres, arbustes, et hauts buissons sont donc compris. En effet l’arbre se décline sous de multiples formes et crée des compositions spatiales diverses qui structurent l’espace urbain. L’arbre est un végétal ligneux composé de trois parties, les racines, le tronc et la ramure. Le système d’enracinement, partie souterraine et invisible de l’arbre, est (la plupart de temps) équivalent à la frondaison. Il est malheureusement souvent négligé. Imperceptible, il est pourtant essentiel. De quoi a-t-il besoin ? En soi la question est simple : de l’eau, quelques éléments minéraux qui se trouvent dans le sol, de la lumière, et du gaz carbonique. Le biologiste Francis Hallé, nous dit que « beaucoup d’arbres sont potentiellement
immortels, ce qui signifie qu’ils n’ont pas de programme de sénescence. Placez un arbre dans les meilleures conditions possibles pendant toute sa vie et mettez le scrupuleusement à l’abri de toutes attaques, de tous dangers ou événements fâcheux qui puissent lui arriver : vous vous apercevrez qu’il ne meurt pas. »
Penser la ville comme un écosystème
54
Mais en ville la réalité est toute autre, les conditions de vie du végétal sont difficiles et souvent cela divise par deux leur existence. Une enquête EIL en 2004 nous informe que l’espérance de vie des arbres en ville en Suisse est en moyenne de 61,5 ans et en France de 46,5 ans. En effet, les arbres sont soumis à de nombreux facteurs de stress (comme la pollution automobile), une ressource en eau limitée (car les surfaces sont imperméabilisées) et des agressions biotiques (insectes et champignons). Les plantations en alignement monospécifique y sont fragiles (exemple du chancre coloré qui détruit les platanes du canal du midi). Le sol dégradé des villes ne permet pas de répondre au besoin de l’arbre. Dans l’idéal, la terre doit être vivante, c’est-à-dire aérée, riche en humus, en micro-organismes, en bactéries et en champignons. Elle doit être humide, légère et bien oxygénée pour faciliter la croissance des radicelles. Or, il est peu fréquent de pouvoir assurer aux racines de bonnes conditions d’exploration dans l’espace urbain contraint. La règle générale est que plus on anticipe le développement du végétal, c’est-à-dire que plus on le plante en répondant à ses exigences de base, plus il est vigoureux et sain, et donc moins on intervient dans son développement. Constat qui peut répondre aux craintes des entreprises et institutions, et encourager leurs décisions. Il est aussi important de varier les essences car les plantations en alignement monospécifique sont fragiles. Une autre erreur à éviter est de planter des sujets imposant pour faire un effet graphique instantané mais il est très conseillé de planter un arbre jeune pour lui donner les meilleures chances de reprise.
Les composantes indispensables à la bonne croissance de l’arbre (eau, lumière, gaz carbonique et sels minéraux) demandent à être gérées dans un certain équilibre. Or le sol constitue souvent le facteur limitant car il conditionne la vitesse de croissance et l’amplitude végétale.
Penser la ville comme un écosystème
55 Les sols urbains un facteur limitant
croissance de l’arbre
sol de la campagne
sol limitant de la ville
Penser la ville comme un Êcosystème
56
4. Le sol, une ressource « C’est véritablement au niveau du sol que le terme de biodiversité prend tout son sens alors que pour le commun des mortels, il s’agit de la flore supérieure et des animaux qui s’y trouvent. »12 12 — Gilles Lemieux
Un sol, des sols La notion de sol est complexe : un sol « naturel » est défini comme l’interface entre la lithosphère, l’atmosphère, l’hydrosphère et la biosphère.13 13 — Université Virtuelle Environnement et Développement durable (UVED)
14 — Cerca, centre d’enseignement à distance du groupe ESA, Agronomie : le sol, Rédacteur, Valèrie Varcin, Angers.
Des définitions et des points de vues différents • En pédologie (science qui étudie la formation des sols) « le sol est une formation naturelle de surface à structure meuble, d’épaisseur variable, résultant de la transformation de la roche-mère sous-jacente, sous l’influence de divers mécanismes physiques, chimiques et biologiques.» Le profil pédologique est formé d’un sous-sol qui correspond à la roche-mère, des couches intermédiaires appelées horizons et la partie superficielle de débris d’êtres vivants, l’humus. • En agronomie (science qui étudie les problèmes physiques, chimiques et biologiques que pose la pratique de l’agriculture), «on ne s’intéresse avant tout qu’à la couche cultivable du sol communément appelée la «terre arable» (de «ara» : la charrue), couche peu épaisse d’environ 30 à 40 cm, où peuvent s’enfoncer les appareils agricoles.» D’où la définition donnée par R. DIEHL, du sol agricole : «partie de la couche superficielle de l’écorce terrestre qui grâce à sa structure meuble et sa composition est en mesure d’assurer un développement normal des végétaux cultivés.» • En ville, «le sol urbain est soumis à des facteurs de dégradation et d’artificialisation anthropique. Cette couche discontinue est nommé anthroposol.»14
57 Ces définitions correspondent aux intérêts de ces spécialités. Ce qui est important de retenir c’est que ce sont les premiers centimètres du sol qui nous permettent de nous nourrir. Or c’est bien cette strate si précieuse qui est détruite en ville.
humus
sol arable
horizon du sol sous-sol sous-sol
Profil pédologique
Profil agronomique
croûte anthroposol
sous-sol
Profil urbain
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Propriétés chimiques du sol : « Le sol contient les éléments nutritifs indispensables pour les végétaux. L’azote (N) est un facteur qui favorise le développement des feuilles. Le phosphore (P) favorise de développement racinaire. Le potassium (K) accroit la résistance des arbres aux maladies. Le calcium (C) joue un rôle au cours de la floraison et de la fécondation. Le magnésium (Mg) est nécessaire à la migration des réserves vers les graines. Le souffre (S) est un constituant de composés organiques. Les oligoéléments comme l’aluminium (Al), le cuivre (Cu), le cobalt (Co), le fer (Fe), le manganèse (Mn), le molybdène (Mo) et le zinc (Zn) sont indispensables à la croissance des végétaux. L’alimentation minérale est perturbée soit par une carence soit par un excès d’éléments. »15 15 — Cerca, centre d’enseignement à distance du groupe ESA, Agronomie : le sol, Rédacteur, Valèrie Varcin, Angers.
59 Il existe de nombreux types de sols, mais tous constitués de trois grands composants : le gaz (avec un sol aéré, il y a des échanges clé pour la croissance des racines des végétaux); l’eau (chargée en divers éléments) d’origine atmosphérique via les précipitations souterraines soit via les nappes phréatiques; la terre composée de minéraux issus de la roche, de matières organiques (bactéries, champignons, insectes, vers, feuilles, excréments, cadavres, bois...) qui forment l’humus. La pédoflore (bactéries, algues, champignons) et la pédofaune (allant des organismes cellulaires, aux vers ou taupes) sont associées à d’autres animaux faisant leurs terriers (fourmis, guêpes, oiseaux, lapins, rongeurs), pondant leurs oeufs (criquets, serpents, lézards) ou passent les premiers temps de leur vie (larves, chenilles...). Ce sont eux, les organismes du sol qui nous sont indispensables car faisant partie des processus de la vie terrestre. L’activité souterraine est souveraine :«Le sol
est la principale ressource de l’humanité et réclame une politique globale de sauvegarde. Tous les écosystèmes terrestres dépendent du sol ; en leur absence, les plantes qui nous fournissent les aliments, les fibres, le combustible, le bois d’oeuvre et l’oxygène 16 — Gilles Lemieux ne pourraient pousser ».16 Le sol est plus qu’un support, il répond à nos besoins vitaux. Pourrions nous survivre à la disparition des sols ?
temps
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Le sol se forme peu à peu en suivant les successions végétales. Sous la prairie pionnière, le sol est un peu profond et peu évolué. Lorsque l’écosystème végétal croît pour devenir successivement une lande, une forêt pionnière et enfin une forêt mature, le sol devient de plus en plus profond, évolué et différencié (apparition d’horizons). La genèse du sol, la pédogenèse, est donc intimement liée à la croissance de l’écosystéme végétal.17
17 — Elea Assilineau, Gilles Domenech, De l’arbre au sol, les bois raméaux fragmentés, Editions du Rouergue, 2007, Rodez
Le sol, une ressource
61 L’épiderme ou la croûte ? Les villes se sont presque toujours implantées au centre de terres fertiles, très souvent, au bord d’un fleuve ou d’une rivière. Que reste-t-il de ce socle fécond ? Aujourd’hui les centres urbains sont fait de stratifications successives, reflets des vies antérieures. Ses aménagements successifs ont modifié profondément l’écorce terrestre. De nombreux dépôts de matériaux et résidus d’origine anthropique se sont accumulés, c’est ce qu’on appelle l’anthroposol. Le niveau des villes est monté progressivement. Ces strates, plus épaisses au cœur de celles-ci, sont fortement hétérogènes et présentent de nombreuses discontinuités. Elles ont perdu la fonction même d’un sol qui est de filtrer les eaux et d’accueillir mocrofaune et flore. L’homme joue un rôle dans l’évolution de ces sols. Il est responsable des modifications et des transformations réalisées par ses activités. Les remblais, la construction des voies, la présence des réseaux d’eau, d’assainissement, de gaz et d’électricité dont est truffé le sous-sol urbain le rend, la plupart du temps, impropres à aux plantations. La terre est soumise à une compaction importante qui affecte sa porosité et met en péril la croissance des arbres. Le sol se couvre de plus en plus d’une surface imperméable. Le bitume s’étale jusqu’à recouvrir la moindre parcelle de terre mettant en place un verrou. Cette croûte bloque les transferts. Les deux faces de la ville se tournent le dos. Si aujourd’hui le sol semble verrouillé et peu pris en compte, je souhaite le mettre au cœur des réflexions sur l’aménagement urbain. C’est bien l’épiderme, cette membrane protectrice qu’il faut reconstituer pour créer une interface de transmission. L’objectif dans ce travail est de penser la ville pas «sur» mais «dans» la nature. Comme la construction d’un nid, la ville interagit avec son environnement parmi lequel le sol doit avoir de l’importance. On peut constater que la ville n’est pas et ne peut pas être coupée de son socle, en témoigne tout le cortège de plantes et d’animaux qui trouvent place dans nos murs. La ville est un biotope dans lequel « l’homo urbanus »* fait partie. Il s’agit de réactiver les relations organiques entre l’homme et son habitat pour faire écosystème.
Le sol, une ressource
62 Prélèvement d’anthroposol Photos prises en France (Bordeaux, Brive, Toulouse...)
63 Un sol affranchi Nettoyer, souffler, faire disparaître la litière des feuilles sont des gestes encore ancrés dans nos automatismes de jardinier. L’espace sous les arbres doit être propre, net, libre. Libre pourquoi, pour qui ? Aujourd’hui on y met souvent les poubelles, ou les débris de chantier, on y accroche les vélos, on y fait déféquer les animaux de compagnies (notons que c’est bien pour nourrir le sol mais ce n’est pas fait dans ce sens là)… Mais le sol « libre » peut aussi être utilisé pour d’autres usages urbains comme la promenade, le sport, le repos, le jeu, le jardinage, la contemplation, la dégustation... Dans l’espace public, on peut distinguer deux types de formes déterminant les usages : les arbres d’alignement qui nous accompagnent lors de nos déplacements et les arbres « de stationnement », qui proposent des espaces de rencontres, de trêve. Bref les usages sont infinis et ouverts aux envies de chacun. Il existe aujourd’hui une quantité non négligeable de surface appropriable par les citadins. Les possibilités de transformer la ville en un jardin de proximité sont réelles. Le pied d’arbre* prend l’apparence d’une figure mixte, entre production et ornement, il offre des lieux où s’arrêter ou accompagne nos déplacements. La production s’associe aujourd’hui largement à l’agrément et participe à l’ambiance populaire dans nos villes. Les paysages urbains jardinés ouvrent à de nouvelles perceptions : échanger, manger, s’arrêter, se questionner. Agriculture urbaine et libre usage de l’espace sont les enjeux pour nos espaces publics vivants de demain. « Une ville qui se construit
à la mesure de nos corps, récepteurs de tous ces messages et de toutes ces émotions (…) c’est une ville qui accepte qu’on jouisse des choses et pas seulement qu’on en use. »18
18 — Citation Marion Vaconsin
Le but est de laisser la ville se construire de manière organique, de faciliter les échanges et permettre de s’approprier la rue.
Le sol, une ressource
64 Des pieds d’arbre19 « fourre tout » 19 — Pied d’arbre : partie visible de la fosse de plantation d’un arbre, située au pied de celui-ci.
Chantier où le pied d’arbre est le point de rassemblement de tout les détritus. Cours Gambetta, Talence, janvier 2015. Un pied d’arbre parking, les voitures y roulent. Allée Antoine Bos, Brive, août 2015.
À gauche :
Avenue de Paris, Brive,
Tilleul encombré de cartons
Octobre 2015.
et poubelles. Ce sont
Tilleul «range remorque».
souvent des espaces dispo-
Boulevard du président
nibles pour des stockages
Roosevelt, Bordeaux, juillet
divers.
2015.
65 Des pieds d’arbre vivant Adaptation du projet au territoire : Sélection d’arbre existant pour l’aménagement d’un parking, plantation d’arbustes complémentaire. Rennes, aout 2014.
Fosse continue revétement poreux Alignement d’érable, Acer negundo. Munich, avril 2013.
Large emprise laissée pour la plantation Fosse de 5 x 5 x 3 m des érables (Acer negundo). Munich, avril 2013.
Fosse continue et plantée de lierre. Nantes, juillet 2014.
Le sol, une ressource
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Mobilisation de Parking Day à San Francisco, où l’espace d’un week end, les places de parking deviennent des lieux urbain vivant. EK n°41, octobre novembre 2014.
Jardins improvisés dans la ville de Tokyo. Entre espaces privés et publics, ces amoncellellemnents plantés accompagnent la vie urbaine locale. EK n°41, octobre novembre 2014.
Opération Capital Growth à Londres dont l’objectif est de transformer friches et bouts de terrains vacants en jardins portagés.
Fosse étendue.
Photo Clément Guillaume.
Nantes, juillet 2014.
Plantation des riverains Pieds d’arbres jardinés, bricolés... Berlin, Allemagne, janvier 2015.
Des pieds d’arbre vivant Des rues vivantes autour des Delonix regia (Flamboyant). Hanoï, Vietnam, Septembre 2013.
Appropriation des espaces libres par les commerçants, les brasseries. Berlin, Allemagne, janvier 2015
Le sol, une ressource
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68 Pacte ville — saisons — sol Je vous propose de lire des écrits de la paysagiste Marion Vaconsin :
« La ville sans le paysage peut être comparée à un écorché, puisque c’est bien sur la peau que les échanges ont lieu, que les parfums s’accrochent et que l’on ressent la chaleur, la lumière. Certains morceaux de ville exhibent leurs artères ouvertes à vif. (…) Un sol qui absorbe l’eau et qui, par sa nature, fait descendre de quelques degrés la température estivale. Un sol qui accueille toute faune capable de réguler la prolifération de moustiques. Un sol qui offre une palette de parfums suivant les phénomènes atmosphériques : de l’herbe sèche à la terre mouillée. Des plantes qui accueillent hôtes, insectes, oiseaux, chauve-souris, écureuils, et accrochent nos sens, nos souvenirs. » L’objet du pacte ville-saison-sol, « c’est une ville qui reconnaît son sol et le découvre. Le sol est ce qui est avant nous, ce qui nous porte. Elle doit l’enrichir et le cultiver. Cultiver est le plus grand des pactes passés entre l’homme et la nature. La ville doit faire de la place au sauvage, à la spontanéité, à la surprise, à l’éphémère, à l’accident, car elle devient ainsi adaptable aux phénomènes et au vivant, elle devient viable. La ville ne doit plus regarder l’eau comme une contrainte mais l’envisager comme une ressource et lui rendre sa fluidité, son mouvement, humble et intelligent face à sa violence. L’eau est le sang de la terre, on ne peut l’empêcher de circuler. »20 20 — Citation Marion Vaconsin
Le sol, une ressource
69 Ma démarche de paysagiste
« Marchant, scrutant les traces et les indices qui lui permettront d’entrer dans une sorte d’intelligence du site, à l’affût de ce qui en constitue à la fois la mémoire et l’avenir potentiel, le paysagiste est assez proche du personnage de l’archéologue. »21 21 — Jean-Marc Besse, philosophe et historien.
L’exercice ici est de se focaliser sur le socle, de décrypter toutes les inscriptions et empreintes présentent dans l’épaisseur du sol afin de connaître l’histoire des formes d’occupation et des pratiques. Ce socle est une matrice, une archive grandeur nature de l’histoire du territoire. Ces strates successives, où le temps s’enregistre, sont le récit des sites. C’est dans cette profondeur que l’on propose d’aller chercher la mémoire des sols, des eaux, des plantes, des animaux mais aussi la mémoire sociale et culturelle. Le paysagiste Guillaume Laborde propose de s’interroger sur la manière dont les structures paysagères sous-jacentes peuvent alimenter la nouvelle histoire initiée par un projet de paysage. La compréhension d’un état hérité permet de révéler les atouts et potentialités du territoire et d’articuler héritage et projet. L’archéologue, est celui qui met à jour le temps passé par la fouille. Pour le paysagiste, les structures du passé peuvent être révélées sur l’épiderme. Il s’agit de suggérer les souvenirs enfouis et de faire ressurgir la mémoire d’un lieu. Apprendre et comprendre l’évolution d’un territoire me permet de penser la ville de façon écosystèmique.
Le sol, une ressource
70 Ville écosytèmique
le soleil
la lune (influence la cève, les marées...)
couloirs aériens
couloirs migratoire rivières aériennes vents couloirs lumineux
bruits odeurs
(influence sur les insectes, les végétaux, les hommes)
SOL support d’usage, croûte mais lieu des échanges sol/air
sol cultivable «sol arable», sol vivant (insectes, racines, animaux...)
réseaux sous-sol profond (minéraux, fondations
transports souterrains rivières souterraines magnétisme terrestre
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2. Paysagiste archĂŠologue
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1. Sous les pavés la terre ? En France et plus largement en Europe, nos villes se recouvrent d’une strate bien particulière. Comme pour marquer notre territoire d’homme urbain nous délimitons, nous marquons ce qui a été conquis !
«Au cours des dernières décennies, l’artificialisation des terres due à l’urbanisation et au développement des infrastructures a progressé deux fois plus rapidement que la population, et, de toute évidence, cette tendance n’est pas viable à long terme.»22 22 — Commission européenne, Lignes directrices concernant les meilleures pratiques pour limiter, atténuer ou compenser l’imperméabilisation des sols, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2012.
La ville de Brive en est un bon exemple. En quelques années son développement urbain et industriel a été fulgurant. La construction de voies rapides accompagnée d’un nœud autoroutier de grande ampleur à déclenchée une forte croissance démographique. Les surfaces industrielles et commerciales, associé au tracé autoroutier, se sont développées avec une rapidité sans nom. Leurs étendues, sont, aujourd’hui presque équivallentes à la surface du centre urbain de Brive. Ce phénomène s’accompagne également d’un grand nombre de constructions en périphérie et notamment sur les terres agricoles. Maisons individuelles, lotissements, pavillons s’éloignent de plus en plus du noyau urbain de Brive et participent à artificialiser et banaliser les terres nouricières. L’objectif ici est de remettre en mémoire des évidences oubliées. Nous ne vivons pas sur une surface imperméable mais bien sur une matière riche de ressources. D’ailleurs, les couleurs, les matériaux sont souvent les signes apparents de ce que pouvait puiser nos villes dans ces sous-sols. Nos arbres et nos cultures agricoles sont aussi le reflet de la nature de nos sols. Directement ou indirectement (à travers les végétaux) nous nous nourrissons de la terre. Partons alors à la recherche du vrai sol de la ville. Dans ce lieu artificialisé et mis sous vide, quelle est la valeur du terrain naturel aujourd’hui?
Sous les pavés la terre ?
75
Développement de l’urbanisation de Brive en lien avec le systéme autoroutier
Voies ferrées (arrivée en 1860)
Habitat 2015
Carrefour de l’A20 et l’A89 fini en 2007
Zones industrielles et commerciales 2015
Routes départementales
Habitat 1977
Corrèze et affluents
Habitat 1959 2e ceinture des boulevards Centre historique et 1ère ceinture des boulevards
76 Imperméabilisation des sols, formation de la croûte Des incidences directes sur nos besoins en eau et nourriture L’imperméabilisation c’est le fait de recouvrir le sol d’enrobé, de béton, de pavés aux joints cimentés… bref de toute matière ne laissant pas passer de liquide, d’air (d’échanges gazeux), de lumière et de vers de terre ! Cela à des conséquences importantes, notamment sur le cycle de l’eau. Un sol contraint et imperméable empêche le processus d’évapotranspiration de se mettre en place, c’est-à-dire le transfert de l’eau par l’évaporation au niveau du sol et par la transpiration des plantes. Les augmentations de ruissellements pluviaux accroissent les risques d’inondation. La diminution des sols et de leur pouvoir filtrant et épurateur aggrave la pollution des milieux naturels, et enfin la réduction de l’infiltration naturelle empêche les nappes phréatiques de se réapprovisionner suffisamment et provoque des épisodes de sécheresse, sans parler des coûts liés aux réseaux d’assainissement. On s’épuise à faire disparaître l’eau de la surface de nos villes, et pourtant c’est bien autour d’elle (fontaines, miroirs d’eau et autres fils d’eau) que l’on se retrouve. Aujourd’hui, trop souvent on tolère l’eau dans la ville à la seule condition de son entière maîtrise. Encore récemment on a pu constater les dégâts des violents orages et inondations dans les Alpes Maritimes. L’arbre, ici aussi apparait comme un remède car plus l’on incorpore de masse organique dans le sol, plus il va être capable de stocker de l’eau. Associée à ce phénomène, la minéralisation des surfaces contribue très largement au réchauffement du climat en ville, on appelle ce phénomène «îlot de chaleur urbain». N’oublions pas que nos sols libres stockent le carbone et contribuent à la régulation des émissions de gaz à effet de serre. L’imperméabilisation des sols diminue significativement le couvert végétal, la conséquence directe est la destruction d’une biodiversité méconnue, les végétaux siègeant en première position dans la chaîne alimentaire. Si nous détruisons le biotope, nous impactons toute la chaîne dont nous faisons
Sous les pavés la terre ?
77 partie. Souvenons-nous que dans un gramme de sol est contenu quelques milliards de cellules bactériennes et des centaines de mètres de filaments de champignons en symbiose étroite avec les végétaux. Oui le sol est un habitat. Les organismes qu’il contient ont besoin d’espace pour vivre. La plupart d’entre eux se trouvent dans les deux ou trois premiers centimètres du sol : vers de terre, limaces, fourmis, taupes, champignons, bactéries, mycorhizes, micro-organismes...(voir annexe La faune du sol et leur travail D’après D.SOLTNER, 1996) Le sol est vivant, mouvant, changeant, soumis à l’érosion de l’eau, des vents, des déplacements... Il porte en lui la charge du vivant : ce cycle où l’on nait, on grandit, on meurt puis on renait!
« Sur la planète, il n’y a que quelques centimètres qui nous permettent de vivre. Tout le reste c’est de la roche. La biosphère vivante, ces quelques centimètres sont un enjeux considérable. Si on les détruit on aboutit à une stérélisation et à une condamnation de l’humanité.»23 23 — Pierre Rabhi, Conversation, Le pirate et le paysan
Place Sainte Eulalie Bordeaux 2015
Sous les pavés la terre ?
78
Évapotranspiration
Évaporation Précipitation Ruissellement
Infiltration
Cycle de l’eau
Ilot de chaleur
Fosse non
Sol en goudron
perméable
et ciment
Busage des rivières Canalisation de l’eau
Cycle de l’eau en ville Aucun contact avec la terre
79 Biologie du sol :
«Les éléments vivants sont des bactéries, des champignons, des algues, protozoaires, des vers de terre, des insectes, des larves. Ces éléments décomposent la matière organique selon deux phénomènes : l’aérobie, dans les couches superficielles et l’anaérobie dans les couches profondes.»24 24 — Cerca, centre d’enseignement à distance du groupe ESA, Agronomie :
Le sol un habitat
Où sont nos vers de terre? L’anthroposol, quel habitat ?
le sol, Rédacteur, Valèrie Varcin, Angers.
80 Des moyens pour régénérer les sols ? Exemple de Rennes Arrêtons d’en mettre des couches ! Il existe de nombreux espaces, interstices que l’on devrait tout simplement laisser se végétaliser. La ville de Rennes, pionnière sur les questions de gestion différenciée, nous donne de nombreux exemples de « revégétalisation ».
«Désimperméabiliser signifie rétablir en partie l’ancien profil du sol en éliminant les couches imperméables telles que l’asphalte ou le béton, en ameublissant le sol sous-jacent, en éliminant les matières étrangères et en restructurant le profil. L’objectif est de rétablir un lien effectif avec le sous-sol naturel et de contribuer au rétablissement des fonctions du sol.»25
25 — Commission euro-
péenne, Lignes directrices concernant les meilleures pratiques pour limiter, atténuer ou compenser l’imperméabilisation des sols, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2012.
Entretien avec Christian Aubrée, Pilote de la gestion différenciée dans la ville de Rennes (Juillet 2014)
Claire Labro : Dans quel contexte s’est établi le guide de gestion différenciée ? Christian Aubrée : La gestion différenciée a commencé à être mise en place à partir des années 1980. En chiffre, on était 400 à la direction des jardins et on entretenait 400 hectares d’espaces verts. Aujourd’hui, on est toujours 400 mais on entretient 820 hectares d’espaces verts. Soit, fois 2 en 30 ans. Comment on peut entretenir un patrimoine avec un effectif constant ? A partir de cette question, on s’est renseigné sur les pays nordiques, l’Allemagne, la Belgique, les Pays bas, la Suisse… où eux avaient déjà une évolution et une réflexion sur la présence et la variété de l’herbe dans le paysage. On est revenu avec des idées, la première application était sur les tontes. Apres les années 90, on a bien évolué sur l’utilisation des produits sanitaires. On a arrêté de faire des traitements préventifs sur nos massifs, et sur les aires gravillonnées et
Sous les pavés la terre ?
81
Paysages urbains sans l’usage des pesticides. Rennes, Juillet 2014.
Sous les pavés la terre ?
82 sablées, première étape. Ensuite 1994, on a arrêté de traiter en curatif, les trottoirs plantés, les abords de voiries, avec les arbres en alignement. Avant on passait au pied des arbres 2 ou 3 fois par an. C’est là qu’on a commencé à avoir une végétalisation assez frappante de la ville. L’herbe à commencé à pousser aux pieds des arbres, et en peau de léopard c’està-dire une touffe ici une autre là donc esthétiquement on n’était pas assez à niveau. On a eu quelques petites réactions des gens parce qu’il ont vu que la ville commençait à changer, mais bon ça c’est fait progressivement. Quand on passait la tondeuse sur les trottoirs, il y a eu des projections de cailloux sur les voitures… CL : Comment avez-vous géré les réactions des habitants? CA : On a commencé à expliquer, à faire des réunions d’information (dés 1994), ou des explications dans les journaux locaux. Globalement il n’y a pas eu de levée de bouclier, toujours un petit flot de courriers et voilà… L’avantage qu’on a eu à Rennes, c’est qu’on a mis en place ces évolutions sur 30 ans. Donc c’est arrivé en douceur, l’herbe est arrivée progressivement. En 2000, étape aussi importante, on a décidé de ne plus traiter tout un quartier de la ville. On interroge les riverains du quartier et à la question : Avez-vous vu une différence dans le quartier ? Et bien lorsque les abrisbus ne sont pas tagués, lorsque les poubelles sont vidées régulièrement, lorsqu’il n’y a pas trop de crottes de chien sur les trottoirs, et bien la présence de l’herbe est perçue assez positivement, pas de réaction épidermique ! A contrario, dès qu’il y a des crottes, papiers, arrêts de bus cassés… là la présence de l’herbe est un catalyseur d’un mauvais état d’esprit. CL : Commet avez-vous géré les obligations de réduction de produits phytosanitaires ? CA : En 2005, on a l’obligation pour les communes de plus de 5000 habitants de réaliser un plan de désherbage. Un plan de désherbage, c’est sur une cartographie de la ville, vous indiquer la où vous avez le droit de traiter et là ou vous n’avez pas le droit. En même temps on avait un arrêté préfectoral qui interdisait l’utilisation des produits phyto à côté des regards, des avaloirs, des fossés, des bouches d’égout. Donc quand on Sous les pavés la terre ?
83 Végétalisation, des « espaces perdus » de voiries
Utilisation des pavés, un sol plus poreux
a identifié les lieux, on a décidé avec les élus de ne plus traiter l’ensemble. Donc deux solutions pour ne plus utiliser de produit herbicide, soit on garde la même image de la ville et on embauche du personnel, soit on n’ utilise plus de pesticide mais derrière il faut accepter que la ville se verdisse et que les paysages évoluent. Les élus ont décidé de maintenir les effectifs. Depuis 2005 l’ensemble de la ville s’est verdi. On a arrêté la diffusion des produits phytosanitaires en service « espace vert » et en « voirie ». On a coupé le robinet partout. Sauf les cimetières et les stades. (…) Ensuite, arrêt total des phytosanitaires dans les cimetières en 2012, après une section test en 2011. Sous les pavés la terre ?
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Entretien par pâturage avec une dizaine de moutons avranchins et deux vaches armoricaines. Prsésence d’un verger patûrer. Parc du Landry, Rennes, 2014.
Sous les pavés la terre ?
85 CL : Expliquez-moi l’évolution du cimetière ? CA : Pour les cimetières il y a une problématique différente parce que le côté « affect » rentre en jeu. Les personnes souhaitent que le cimetière soit propre, sinon ça veut dire qu’on abandonne l’entretien, et donc on abandonne les défunts, et c’est intolérable. On n’a pas la culture des cimetières herbeux comme en Suède ou au Danemark. (…) Donc on est sur une culture différente avec une acceptation de l’herbe différente. On est passé de 1000 heures de mains d’œuvre pour l’entretien des cimetières, à 6000heures. Donc gestion différenciée = économie, attention ! On a effectué du redéploiement, concrètement 3 fois par an en avril, juin et septembre toutes les équipes des espaces verts vont aux cimetières. Alors ces redéploiements ont été accompagné de communication, information, formation des équipes. D’ailleurs pour toute l’application de la gestion différenciée sur la ville, la première étape c’est la formation des agents. Associer les pratiques à leur future évolution. CL : Comment ça se passe en interne ? CA : On passe d’un enseignement horticole de base à un enseignement plus spécilisé, donc il faut faire changer des gens qui ont la culture du propre(…). En 2006, il y a eu un fort départ en retraite, un papy-boom ! Donc la mémoire du service s’en allait avec ces personnes, et on a souhaité créer un groupe de travail pour rédiger un document sur la gestion différenciée à Rennes. Groupe de travail qui associait toutes les unités, les jardiniers, les responsables d’équipe, la maîtrise d’œuvre, maitrise d’ouvrage, l’exploitation, l’administration pour avoir un panel de compétences et de vues. Il est important de créer une culture commune entre les différents acteurs internes. (…) On a définit le manuel, les 5 codes de maintenance. C’est un document de référence, on l’appelle la bible du jardinier. Et chaque chef d’équipe a carte blanche sur sa gestion à partir du moment où ça rentre dans le cadre. L’objectif est de produire un document qui ne les fige pas.
Sous les pavés la terre ?
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Test sans pesticide par secteur, avec un communication associé. Rennes, 2014, Cimetière de l’Est.
Sous les pavés la terre ?
87 CL : Comment ça se passe avec les bureaux d’étude privés ? CA : C’est plus compliqué. Le concepteur a sa vision, la difficulté c’est que parfois ce n’est pas compatible avec nos modes de gestion. Certaines demandes de gestion ne peuvent pas être suivies, pas assez d’effectif. Même en terme de mobilier, si on a plusieurs références différentes, c’est compliqué. CL : Comment réduire les plantations en jardinières et en pots ? L’arrosage ? CA : On est allé à Cherbourg en 2011, et ils ont remplacé les annuelles et bisannuelles par des vivaces. La vivace permet de gagner un peu de temps mais il y a quand même un suivi à faire. (…) On n’arrose pas, sauf les plantes à massif.
88 Rennes est un exemle parmi tant d’autres de ville qui s’engage dans une revégétalisation de ses espaces publics. Les lois imposées par l’état accélèrent ce processus. Plus récemment, « le Gouvernement a avancé du 1er janvier 2020 au 1er mai 2016 l’interdiction d’utilisation des produits phytopharmaceutiques par les collectivités publiques. »
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Paysage actualités n°317, n°310, n°185, n°369, n°323, n°368, n°367, n°366, n°370, n°365, n°364, n°363, n°357, n°362, n°358, n°359. Le Moniteur n°5490 et n°5557. Carnet de vues n°3.P+A n°31.
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Une interface, la rivière Une autre facon de régénérer le sol est de s’appuyer sur les trames écologiques existantes qui qui véhiculent de la matière organique. La rivière, les cours d’eau, les canaux, ou encores les zones humides sont des potentiels forts. Il parait alors primordial de les préserver, mais aussi de les valoriser, de les diffuser dans les territoires urbains. Dès que c’est possible, il faut maintenir les
La rivière, un médium de diffusion de la matière organique dans la ville. Projection à Brive-la-Gaillarde
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espaces en pleine terre ou «les reconstruire» en proposant des alternatives à la gestion des eaux pluviales. Parce que l’on dépense pour imperméabiliser les sols, les nettoyer de leurs feuilles mortes, construire des bassins de traitement, de rétention, endiguer les cours d’eau, lutter contre les inondations, améliorer la qualité de l’air, développer la biodiversité... mais en fait, le sol s’en occupe déjà très bien tout seul ! «Lorsque
nous détruisons la capacité de régénération du sol, nous diminuons la vie.»26 26 — Watson Paul, Le pirate et le paysan
Sous les pavés la terre ?
92 Le sous-sol, une négation de la ville Qu’est-ce qui se joue sous nos pieds ? Au premier coup d’œil en surface, à part les regards des canalisations et autres plaques d’égouts, les indices sont rares. Pour le domestiquer l’homme marque le sol, le calibre. C’est une surface normée, avec toujours la même pente, la même mise en oeuvre, les mêmes matériaux... Comment percer cette écorce ? Avant chaque intervention souterraine, on peut lire les tracés des techniques, qui mettent à jour ce qui se joue en dessous. À chaque entaille creusée lors des chantiers, je m’arrête et scrute ces plaies. Apparaissent alors sous nos yeux un dédale de tuyaux, gaines et câbles qui cohabitent étrangement. Car oui nos sols urbains sont vivants mais d’une toute autre manière. Ils prennent en charge les mouvements de l’eau, de l’électricité, du gaz, des habitants, des ouvriers... Comment avoir une vision d’ensemble et comprendre comment s’organisent les parkings, les métros, les caves, les rivières, les grottes, les cavités, les tunnels, les carrières, les mines, les cimetières… Sous ce sol rendu inerte se produisent des mouvements invisibles. Il s’agit de pratiquer en quelque sorte une archéologie urbaine.
Rue de Cursol, Bordeaux
Rue Sauteyron, Bordeaux
1015
2015
Sous les pavés la terre ?
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Avenue Henri Queuille, Brive,
Avenue Henri Queuille, Brive,
Octobre 2014
Octobre 2014
Brive, Octobre 2014
Bd Alfred Daney, Bordeaux 1015
Sous les pavés la terre ?
94 Une épaisseur avant tout utilitaire La déconsidération du sous-sol est liée au champ lexical qui lui est associé. Il renvoie tour à tour, à la pollution, à l’insalubrité, à l’obscurité et à la mort. Il est mystérieux et de ce fait, perçu comme une menace. La culture chrétienne véhicule d’ailleurs l’idée que le souterrain abrite les enfers. Essayons de décrypter ses usages et son organisation. De façon générale dans une ville de taille conséquente, en ce qui concerne les activités humaines, on trouve dans l’espace proche de la croûte les canalisations et autres réseaux : ceux de distribution d’eau, de gaz, d’électricité ; les systèmes d’évacuation d’eau propre, d’eaux usées et les nombreux fournisseurs d’accès aux réseaux de télécommunications Internet et téléphone. Se confrontent à ce niveau aussi les fondations des constructions, les étages souterrains et les parkings. Dans les métropoles on trouve plus profondément encore, les tunnels empruntés par le métro par exemple mais aussi des installations industrielles, des entrepôts ou autre studio d’enregistrement. Le sous-sol devient une épaisseur technique. On y enfouit les organes utilitaires de la ville pour mieux répondre aux contraintes esthétiques et sanitaires de celle-ci. Les canalisations, égouts, câbles contribuent au bon fonctionnement du système urbain ; si l’on parle d’organes utilitaires on pourrait aussi considérer les racines de nos plantations comme tel, et ainsi défendre leurs places ! Attention : le sous-sol, surtout dans un contexte urbain, peut être perçu comme une opportunité pour la ville de construire et d’optimiser sa croissance. Puisqu’on ne peut plus s’étaler sur les terrains agricoles, on grignote le sous-sol. J’alerte sur cette tendance car il s’agit de ne pas désosser nos sols. L’espace des techniciens Les gestionnaires de réseaux souterrains mènent les travaux de relevé et de dessin selon les techniques qu’ils souhaitent. Tout est très sectorisé, chacun défend son domaine de compétence. La « non vision » d’ensemble amène sur une logique dite du « coup par coup ». Aujourd’hui les représentations utilisées, comme le SIG,
Sous les pavés la terre ?
95 sont très techniques, faites de fils et de points. Pour être plus précis, le modèle de données du cadastre du sous-sol est composé de neuf « couches » de géodonnées : eau potable, gaz, électricité, télécommunications, chauffage à distance/thermie, assainissement, géotechnique, végétal (racine des arbres), oléoduc (produits pétroliers). Ces couches sont superposées mais ne reflètent en aucun cas l’épaisseur du paysage urbain. C’est là tout le problème. Encore aujourd’hui, nous nous basons sur l’aménagement du sur-sol pour les appliquer au souterrain. Ce sol constitue un niveau de référence et permet d’organiser les trames de la ville aérienne mais le souterrain reste une forme d’aménagement par défaut. Pour finir, ces plans sont souvent utilisés à l’échelle d’un immeuble voire d’un quartier mais il n’y a pas de pensée à échelle globale. C’est là où le paysagiste a un rôle à jouer. Une planification d’ensemble du sous-sol, à l’image de celle du sol pourrait mener à une meilleure gestion de l’espace souterrain et aérien.
Sous les pavés la terre ?
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Les strates souterraines, Exemple de Brive-la-Gaillarde.
Le bâti et la croÝte urbaine
En dessous, les fondations
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Puis, les réseaux : l’électricité, le gaz, l’eau propre, l’eau usée, internet et téléphone
Le réseau d’eau pluviale
Plus en profondeur : la riviére et le parking souterrain de la Guierle
98 La revanche de la nature « La nature a horreur du vide. La moindre faille dans le revêtement est le siège immédiat d’une reconquête. C’est peu de chose mais cela est suffisamment évocateur de contempler les colonies de mousses, les plaques colorées de lichens, les champignons insolites, La « mauvaise herbe » qui se faufile entre les derniers pavés, une giroflée qui profite de la jointure deux moellons. »27 27 — Caroline entre Mollie
Pour ce qui est des arbres, en ville, il est promordial d’assurer aux racines de bonnes conditions d’exploration. Les sols sont stériles ou encombrés. Les racines absorbantes s’organisent en tapis superficiel mais les grosses racines vont plus en profondeur, elles suivent les tranchées, les réseaux de canalisation, les bordures des trottoirs et les fissures entre les couches compactées. On le voit, les arbres des parcs sont souvent bien mieux développés que leurs congénères en bord de route. Leurs conditions sont poussées à l’extrême. En milieu très stérile, comme les trottoirs urbains par exemple, le volume préconisé par Caroline Mollie, pour les fosses de plantation est de 15 mètres cube. La meilleure solution étant les tranchées continues. Mais alors que mettre dedans ? Où se trouve la terre vivante dans l’espace construit ? Il arrive aujourd’hui que l’on doive aller chercher de la terre végétale à plusieurs kilomètres du lieu de plantation, situation absurde qui pose question. En effet, de nombreux déchets verts sont récoltés en ville, certaines municipalités commencent à mettre en place des composts communs. Il me paraît indispensable d’avoir une pensée globale et de travailler sur des systèmes de recyclage de la matière organique.
Sous les pavés la terre ?
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Vigne, Place de la Victoire, Bordeaux, Septembre 2015. On déguste les raisins juste sous cette marquise Glycine, Rue Nérigean, Bordeaux, septembre 2014. Elle n’a besoin que d’une toute petite surface au sol.
Gare d’Orléans, Bordeaux, 2009. La reconquête du végétal dans cette ancienne gare nous offre des paysages foisonnants.
végétale.
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La naissance d’un sol A l’origine d’un sol, il y a la roche mère, minérale. Progressivement elle se dissout et est colonisée par les lichens. Au fil des décennies, un sol se construit et devient capable de porter une prairie ou une lande. C’est alors que les arbres font leur apparition, se densifient en suivant une succession d’espèces adaptées aux conditions environnementales. La pédofaune s’établi et accélère la création du sol. On a donc une évolution simultanée de la végétation et de son sol. Ce processus de pédogenèse est trés lent. Par exemple en milieu tempéré, il faut près de 10 000 ans pour qu’un à deux mètres de sol soient créés. Les forêts de feuillus ont un rôle incomtournable dans la création des sols et dans sa fertilité. La conplémentarité sol — forêt apparait comme un cercle vertueux.
Photo miguelmarquezoutside
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Nantes, Juillet 2014. Des aménagements qui s’impregnent du végétal. Un sol poreux.
The High Line, New York Avant son réaménagement. Installation de la végétation dans trés peu de sol. Photos Joël Sternfeld
Sous les pavés la terre ?
102 Une lecture séquencée Jeux de piste Le chemin à parcourir pour récupérer données et informations est assez labyrinthique. Je rencontre le service des espaces verts de Brive qui me dirige vers la SAUR (Société d’Aménagement Urbain et Rural : entreprise qui accompagne les collectivités locales dans leurs projets d’aménagement liés à l’eau), qui me renvoie vers les services de l’Agglomération. Mon parcours pour récupérer des informations a pris la forme d’un jeu de piste mais m’a permis de rencontrer une partie des professionnels en lien avec l’aménagement. Rien d’étonnant à ce circuit, car chaque service a son domaine de compétence. Le géologue Aurèle Parriaux nous explique que les problèmes sont dus à une approche sectorielle du territoire. Les services administratifs sont relativement cloisonnés ; les professionnels du domaine Y sont ignorants du domaine X et vice versa. L’approche pluridisciplinaire est difficile à mettre en place, il y a un manque de connaissance sur les usages possibles du sous-sol. Mais des informations existent tout de même et nous permettent par emboîtement de reconstituer une image de la ville. En France on peut s’appuyer notamment sur les données SIG (Système d’Information Géographique), que les collectivités sont en train de mettre en place. Mais les informations sont souvent à une échelle très réduite, segmentées et zonées. Elles permettent de repérer les emplacements des multiples réseaux souterrains et de recenser le patrimoine arboré par exemple. Il s’agit ensuite de reconstituer un patchwork de la ville. On peut ensuite compléter ces données très techniques par des documents accessibles aux archives : les plans Napoléoniens, l’atlas historique des villes de France, l’Atlas Trudaine, la carte archéologique de la Gaule, des cahiers de prescription, des dossiers d’exécution, des notices descriptives, des registres de délibération du conseil municipal. Ils permettent de se représenter les grandes étapes de construction d’un territoire.
Sous les pavés la terre ?
103 Responsable du patrimoine arboré et des élagueurs M. Béringuier Directeur du Service Espaces Verts M. Lefevre
Chargé d’opération Mme Constanty Service environnement M. Guyot
Cabinet d’expertise (de l’arbre) M. Riboulet
Adjoint au Maire chargé de l’aménagement urbain M. Vernat
Directeur du service urbanisme M. Montjotin
Service technique Joel Pouyade
Directeur des espaces publics M. Chanel
Service technique Benoit Delmas
Bureau d’étude des Espaces Verts M. Boutot et Mr Gomez
SAUR, Service Cartographie Direction Exploitation, Pôle Patrimoine et Reporting M. Pouyaud
Cheffe du département Conservatrice régionale de l’archéologie Mme Fabioux Office du tourisme en charge des chantiers d’insertion M. Cremont
Services Techniques, Pôle Assainissement Mme Adrian Responsable SAUR Mme Cyrot
Responsable Transports Études M. Jarry En charge de la SIG M. Ferignac En charge des problématiques déchets Mme Laroche Bleys
Ville de Brive Échange téléphonique Communauté de l’agglomération de Brive
Adjoint au Maire chargé des Espaces Verts, Environnement et Développement durable M. Longpré
Concessionnaires
En charge de la ZAC Laroche M. Bouygues
Territoire 19 société d’économie mixte ville de Brive actionnaire
Chantier d’insertion Office du tourisme
104 Des représentations La question d’une représentation globale (souterraine et aérienne) reste entière. Le sous-sol n’est pas intégré aux documents d’urbanisme qui régissent la construction de Brive. La situation paraît préoccupante au regard de l’ampleur de son développement urbain actuel. L’objectif est de proposer un document qui met en lien les pratiques et les acteurs. Là où la multiplication des zonages administratifs et des points de vue spécialisés conduit à un éclatement des données, on propose une représentation qui permette une meilleure perception des lieux. À l’heure où nous sommes devenus des experts en production d’images, comment faire prendre conscience à des élus et à la population, du potentiel des ressources que nous offrent nos espaces souterrains ?
Ces images existent, et même si elles sont fausses, elles sont probablement inspirées de faits réels.
Sous les pavés la terre ?
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Extrait du dessin animé les douze travaux d’Astérix, chapitre : la maison qui rend fou. Cet extrait illustre les difficultés à trouver à un document administratif.
Sous les pavés la terre ?
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2. Construction de Brive La-Gaillarde « L’étude d’une structure urbaine ne se conçoit que dans sa dimension historique, car sa réalité se fonde dans le temps par une succession de réactions et de croissances à partir d’un état antérieur. »28 28 — Saverio Muratori
Je vais maintenant explorer l’histoire de Brive.
Une situation privilégiée Un bassin accueillant Le «bassin» de Brive marque la transition entre le Massif central et le Bassin aquitain. Au sud du département de la Corrèze, il est au carrefour de trois provinces, Périgord, Limousin et Quercy. La Corrèze prend sa source sur le plateau de Millevaches et s’ouvre sur une large plaine au niveau de Brive. Les gorges qui l’enserrent en amont, au niveau de Tulle, s’élargissent et la rivière prend ses aises et se démultiplie. Le « bassin » est constitué d’une épaisse couche de grès à grains fins, argileux et consistant (époque permienne) à laquelle vient s’ajouter une couche de grès bigarré à éléments quartzeux, plus gros (époque du Trias), qui forment le sommet des collines voisines de Brive. La cité s’installe en contrebas, en lisière de la Corrèze, dans la vallée alluviale dégagée, aux interfluves faits de collines d’altitude moyenne, de 100 à 200m. Cette brève esquisse géologique permet de comprendre les couleurs de la ville. Car c’est bien ce sous-sol qui a fourni les matériaux nécessaires à la construction de celle-ci. Le grès permien, qui varie du jaunâtre au rouge vif est appelé le Gramont (nom de la colline d’où il est extrait au sud-ouest de Brive) et le grès de couleur jaune grisé à plus gros grains est appelé « brasier ». Jusqu’au début du 20e siècle, les maisons de Brive sont
Construction de Brive La Gaillarde
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Brive, maisons de la fin du 19e, début 20e siècle. Gramont en encadrement, brasier en remplissage et toiture d’ardoise
Construction de Brive La Gaillarde
108 construites en grès d’extraction locale et donne au paysage urbain sa couleur dominante. Le gris-bleu des ardoises des carrières de Travassac ou d’Allassac vient compléter cette gamme. Avec une situation géographique privilégiée, et un climat humide (qui jouit de la douce température de l’Aquitaine) la plaine de Brive est particulièrement riche. Les sols formés d’alluvions fertiles et les expositions diversifiées expliquent la variété des cultures : de l’arboriculture, à la viticulture, du maïs, au tabac, au
Brive, une situation géographique privilégiée Limousin 700 m
494 m
re zè Vé
Bordeaux 200 km
r Co
A 89
e rèz
Brive-la-Gaillarde 356 m
A 20
ne
dog Dor
Aquitaine vers Toulouse 200 km
Plaines (au dessous de 300 m)
Plateaux (de 300 à 650 m)
109 noyer et aux divers légumes. Les géographes l’ont confirmé : la ville est au « centre d’une conque gorgée de légumes et de fruits ». Brive-la-Gaillarde, que le poète Jasmin rebaptise le « riant portail du midi » (« luzen pourtalh del miegjourn »), s’installe sur le rebord d’une terrasse alluviale, rive gauche de la Corrèze. Il semble que l’habitat le plus ancien se soit établi sur deux petites buttes nommées le « Puy Saint-Pierre » et le « Puy Saint-Martin », lieux premiers de l’occupation du sol.
Plateau de Millevaches 903 m
vers Clermont-Ferrand 180 km
1886 m
vers Paris 500 km
Auvergne
Montagne (au dessus de 650 m)
110
Le « bassin » de Brive
A89 Ruisseau de Saulière
A20 Le Maumont
Vézère
Corrèze
La Loyre
Brive-la-Gaillarde Rau de Couffy
Grand Riou A89 Le Pian
Ruisseau de Planchetorte
Vallée alluviale dégagée Couche de grès bigarré à éléments quartzeux, plus gros (époque du Trias) de couleur jaune grisé (appelé « brasier »). Couche de grès à grains fins, argileux et consistants (époque permienne) varie du jaunâtre au rouge vif (appelé le Gramont)
Les gorges en amont (Tulle) Le lit de la Corrèze
La plaine de Brive
111 Une intersection historique L’expansion de Brive est liée à la présence depuis l’antiquité d’un croisement routier joignant les grandes métropoles : ParisToulouse et Bordeaux-Lyon. Le bourg médiéval s’est structuré autour de l’église SaintMartin au 12e siècle et développe ses faubourgs jusqu’au 14e siècle. On construit à cette époque de nouveaux fossés associés à des remparts afin de se protéger. Les marqueurs de ce plan radio-concentrique subsisteront jusqu’au 18e siècle, et sont remplacés aujourd’hui par la ceinture de boulevards bordée de platanes. Au 19e siècle, des grands travaux de percements quasi « haussmanniens » ont ouvert le cœur de ville de Brive. Les vieilles rues sont élargies et réalignées. Encore aujourd’hui, les rues Toulzac, Majour, de l’hôtel de ville, Docteur-Massénat, Carnot et Gambetta font le lien entre la collégiale (dont on a aéré les abords) et les boulevards. L’arrivée du chemin de fer en 1860 et la naissance de l’industrie entraînent l’expansion de la ville. À la fin du 19e siècle, les nouveaux quartiers périphériques sont reliés par une seconde ceinture de boulevards et les principales voies d’entrée de la ville se structurent : Aurillac, Meyssac, Toulouse, Lissac, Bordeaux, Objat, Paris et Tulle. Le bassin agricole profite du chemin de fer pour exporter sa production, son vin, ses fruits et ses légumes. Puis la crise du Phylloxéra qui décime sa vigne entraîne une reconversion dans l’horticulture et le maraîchage. Début 20e siècle, des grands magasins s’installent dans le centre-ville, les commerces prospèrent et la Guierle est devenue la promenade incontournable. Tulle Paris (le Cardo) Objat
Aurillac Boulevard
Corrèze
2nd ceinture
Bordeaux (le Décumanus)
Chemin de fer
Toulouse
Meyssac
112 La lutte contre la Corrèze La ville tire son nom du mot Briva, qui en celte veut dire pont, car la Corrèze, se divisant en plusieurs bras, a toujours été facilement franchissable à cet endroit. Elle offrait un gué, un pont naturel, aux voyageurs. Son histoire est intimement liée à celle de ses ponts. Le pont des treize Arches, l’image d’un combat En 1488, la décision fut prise de construire un pont qui enjambe les multiples bras sinueux de la Corrèze. Il reliera « les portes de la Corrèze » situées à l’entrée nord de la ville, à l’autre rive (aujourd’hui environ la moitié de la rue de Paris). C’était une entreprise colossale, le pont coûta cher mais son entretien encore plus. En effet « le Pont aux Treize Arches » s’est vu transformé et consolidé à de multiples reprises pendant deux siècles. Trop étroit, on l’élargie en 1543, on y ajoute même un parapet. Ensuite on y greffe des plans inclinés pour donner accès à ce grand espace libre et marécageux qu’est la Guierle afin d’y installer des foires. Mais le pont est régulièrement malmené par la rivière. Après de nombreuses réparations jusqu’en 1727, il faut se rendre à l’évidence, il s’effondre lentement.
Construction de Brive La Gaillarde
Altlas historique des villes de France, Extrait d’un plan cavalier de la paroisse de Brive, dessin à la plume vers 1700
113 Le pont Cardinal : la victoire de l’homme contre la nature En 1730, le marquis Aubert de Tourny déclare qu’il faut changer de stratégie : « Il faut mettre du champ entre la ville et la rivière. Puisqu’on ne peut déplacer celle-ci, éloignons celle-là… en la faisant passer ailleurs… ». Après obtention d’une solde par le roi, la construction du nouveau pont, aujourd’hui nommé le pont Cardinal, associé à l‘élaboration d’un canal de dérivation se concrétise. Le nouveau pont fut donc bâti à sec, à environ 120m du lit de la Corrèze puis une immense tranchée fut creusée pour canaliser la Corrèze. La terre déplacée servit à construire une digue plantée d’ormeaux qui relia le pont aux Treize arches au nouveau. Ce nouvel axe de circulation, appelé la rue de Paris, permet aux voyageurs venus de la capitale de pénétrer directement dans la ville. Ses abords sont rapidement urbanisés et forment le faubourg commerçant d’Entre-deux-ponts. Le dessin de la Corrèze tel qu’on le connait aujourd’hui n’est autre qu’un lit artificiel, que l’on appelait en 1735 « le Grand Canal », ou « Nouveau Canal », pour le différencier du « Canal des Moulins ». Ce dernier fut endigué vers 1770, et prit le nom du manufacturier écossais Thomas Le Clère. Un mur de soutènement des deux rives fut construit en 1832 et Le Clère fit prolonger le canal au-delà de la Manufacture. Se dessine alors un nouvel espace aux portes de la ville : les « Notre rivière, îles dites « las hyerlas » en langue d’Oc nommées aujourd’hui la la Corrèze, Guierle.
n’est plus elle-même ce qu’elle était. La grande amitié — on pourrait presque dire les rapports amoureux — entre le Briviste et la Corrèze n’est plus qu’un souvenir. Elle avait un lit ; elle n’a plus qu’un couloir. Depuis qu’on lui a détruit ses digues elle a perdu sa voix et elle ne sait plus chanter. Elle est devenue triste. L’ancienne baignade des Bordes n’est qu’une flaque d’eau grisâtre. Les guinguettes ont fermé leurs volets et ont cédé la place à des cubes à habiter. Et de la Ferme des Iles que reste-t-il ? Rien. Digérée, phagocytée. »29 29 — Regards sur le passé de Brive, Martine Chavent, Jean-Paul Lartigue, Etienne D’alençon
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Reconquête de la ville Le pont Cardinal élargi en 1930 devient un lieu stratégique. Autour se construit un quartier très vivant, un lavoir (détruit en 1969 lors de la construction d’un mur de berge pour pallier aux inondations). Afin de soulager son trafic, une passerelle piétonne fut construite dans le prolongement du canal des Moulins, (renommé le canal Le Clere). Elle permet aux habitants d’accéder au centre-ville et au marché de la Guierle. Passerelle fréquentée alors par des pêcheurs et des amoureux. A la même époque fut construit, en amont, le pont du Buys qui permet d’emprunter la RN 89 en direction de Tulle et Clermont ; et le pont de la Bouvie, qui contribua à l’extension de Brive vers l’ouest et permit d’accéder aux quartiers de la Gare et de la RN20 menant à Toulouse. Un nouveau pont, appelé « pont Tourny », ouvert à la circulation automobile en 1982, a remplacé la passerelle, et permet de décongestionner le pont Cardinal. « C’est un peu de la poésie des années 1950 qui est partie avec notre passerelle » disait Léon Dautrement.
Construction de Brive La Gaillarde
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Affiche 1973, Archives de Brive
116 La lutte contre la Corrèze, vers son effacement
Grand parcellaire agricole tourné vers la rivière
Parcelleraire vivrier en lanière Corrèze, son lit est démultiplié au niveau de Brive
Pont des Treize Arches Canaux de drainage pour les cultures Centre bourg Douves associées aux remparts
Ruisseaux affuents
100m
Cardo — Decumanus
1488 : le pont des Treize Arches
Douves associées aux remparts
Terres agricoles 50m
Centre bourg
Ville
Pont des Treize Arches
Rivière
Terres agricoles
117 Avenue de Paris
Pont Cardinal
« Las hyerlas »
Corrèze déviée, contruction du Grand Canal
Pont des Treize Arches
Levée de terre
Porte de la Brande
Porte de Corrèze
Porte des Précheurs
Boulevard planté Porte des Soeurs
Porte de Puyblanc
Porte des Frères
1730, le pont Cardinal
1730 : le pont Cardinal
Boulevard planté
Terres agricoles
Bourg
Pont des Treize Arches
Rivière
Pont Cardinal Grand canal Levée de terre
Remblais
Terres agricoles
118 Canal des Moulins Quais
Faubourg Dédé
Foiral
La Guierle Bassin
Manufature Le Clère
Place d’Artois
Champ de Foire Champ de Foire
100m
1832 : le canal des moulins prolongé Canal des Moulins Faubourg Dédé
Faubourg
Grand Canal
Levée de terre
Terres agricoles 50m
Extension du bourg
Remblais
Rivière et quais
Terres agricoles
Nouveau quartier Pont de la Bouvie
119 Passerelle piétonne
Pont du Buys
2nd ceinture plantée
Parc de la Guierle 100m
1930 : les ponts du Buys et de la Bouvie Nouveau quartier Parc de la Guierle
Faubourg
Bourg 1
ère
2nd ceinture
ceinture
Faubourg
Rivière
120 La Guierle, où l’histoire de la domestication de la nature par l’homme Un espace stratégique et vivant Imaginez une plaine sauvage et marécageuse, autrefois sillonnée d’une infinité de ruisseaux formant le cours de la Corrèze. Ces bras ménageaient des îles (« las hierlas ») qui étaient inondées suivant les variations saisonnières. À la belle saison la Guierle se desséchait plus ou moins et l‘on pouvait alors y accéder. Dès la construction du pont aux treize Arches, la Corrèze (contrainte d’abandonner son lit naturel) fit place à des terrains asséchés alors utilisables et « rentables ». Avec la construction du pont Cardinal, la Guierle allait prendre son 2e essor et se « civiliser ». D’années en années on continua à la niveler et l’assécher. Jusqu’alors lieu de commerce local (laine de mouton, fourrage, vaches, chevaux...), en 1768 les foires franches furent instituées par le roi Louis xv. Parallèlement, vers 1770, le canal des Moulins fut endigué, prenant le nom du manufacturier écossais Thomas Le Clère. On y planta une allée de platanes, le long de la rive droite, qui accompagnait la promenade des Brivistes lors des fortes chaleurs.
« Son ouverture au niveau de ses vannes, près de la passerelle, était un endroit de prédilection pour les lavandières, les poètes, les peintres, les vaches et les chevaux de trait : un paysage à la Corot, empanaché de peupliers et liseré de talus de verdures pelées. Nous pêchons là des « bobes », ces vers de vase caparaçonnés. »30 30 — Regards sur le passé de Brive, Martine Chavent, Jean-Paul Lartigue, Etienne D’alençon
Au fur et à mesure des travaux de nivellement peu à peu la Guierle se boise. Ainsi cet espace stratégique devint une place et un jardin public vers 1893 et s’aménagea en plusieurs phases. La promenade du Tapis-Vert et les quais sont créés. Le jardin
Construction de Brive La Gaillarde
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Vue générale de la ville de Brive. Au premier plan, les voies ferrées à proximité de la gare. Au centre, la Collégiale Saint-Martin et la ceinture végétale qui borne le centre bourg. En arrière plan, les collines agricoles et boisées qui encadre la ville.
Vue générale de la ville de Brive. Au premier plan, des promeneurs aux abords d’un verger. Vue du bassin de Brive.
Construction de Brive La Gaillarde
122 se peupla d’essences variées. Un dossier de 1893 nous apprend qu’on exhaussa encore une fois le sol. Puis
« on y traça des allées, on y construisit un kiosque de musique, on y creusa un bassin de rocailles, on y installa des bancs publics. Enfin un golf miniature fut mis en place dans les années 1960. La Guierle devint rapidement le lieu de promenade et de divertissement le plus prisé des habitants de la cité. (...)Outre les marchés, les foires régulières et les « foires franches », qui voyaient en juin s’ouvrir les stands des marchands forains, la Guierle devint le lieu privilégié des comices agricoles, des foires-expositions, des bals du 14 Juillet, des concerts de musique populaire et des défilés militaires qui animèrent notre siècle. »32
Aujourd’hui le parc de la Guierle s’étend sur plus de 3 hectares, le kiosque a disparu remplacé par le théâtre de verdure. La construction de la halle Georges-Brassens en 1980 permet de diversifier les activités, et abrite désormais les marchés réguliers de la semaine et les manifestations comme la foire du Livre. Le comblement du canal (entre 1970 et 1975 ) et la construction d’un grand parking souterrain (1981) ont sacrifié en partie les platanes.
Bilan : « La Corrèze et la Guierle ont toujours été, à elles seules, les principaux lieux de divertissement des Brivistes. La Corrèze tout d’abord parce que du temps des digues qui ralentissaient son cours, elle était le lieu de baignades et de promenades en barque. La Guierle parce que ses ombrages en faisaient le point de rencontre des chauds après-midis d’été. »31 31 — Regards sur le passé de Brive, Martine Chavent, Jean-Paul Lartigue, Etienne D’alençon Construction de Brive La Gaillarde
123 Quelle perception de la rivière ? C’est en grande partie pour lutter contre elle qu’ont été entrepris ces aménagements titanesques. Avant la déviation du cours de la Corrèze, les crues étaient fréquentes. La rivière submergeait régulièrement les îles de la Guierle. Plus récemment au 20e siècle, il y eu plusieurs crues mémorables (notamment 1910, 1921, 1944 et 1960) qui marquèrent la ville dans ces décisions. La déviation de la rivière, le creusement du canal Le Clere, la surélévation du parc de la Guierle sont autant d’aménagements titanesques, réalisés en réaction des crues, dans le but de protéger la ville. Même le canal Le Clere qui a subsisté jusqu’en 1960 était accusé, « d’être le pelé, le galeux qui provoquait les inondations ». En effet les crues de 1960, ont déclenché l’ultime décision d’enterrer ce canal (1968 exactement) et permettre la construction d’un mur de berge pour se protéger. La rivière est alors perçue comme une réelle contrainte. On a voulu la diriger, la contenir même. Le résultat est qu’aujourd’hui on ne la voit plus, elle est comme inexistante. Il n’y a qu’une fresque murale dans la ville pour nous rappeler l’existence du canal, ou les souvenirs de mes parents et grands-parents. Gestion de l’eau à Brive : Le château d’eau, place du 14 juillet et sa forme étonnante évoque immanquablement un phare océanique. Il abritait une machine élévatoire, construite en 1834, qui a permis d’utiliser l’eau du canal Le Clere à proximité pour alimenter les fontaines de la ville. Muni d’un filtre, il était destiné à assainir les eaux de la rivière. Mais l’eau laisse à désirer. Il fonctionne jusqu’en 1900, date à laquelle on procède à la canalisation des eaux de la Doux, située en altitude et parfaitement potable. En 1899, les travaux de canalisation commencèrent. En 1900 : adduction en eau potable de toute la ville. Après un sommeil de 50 années, le château d’eau fut utilisé comme bureau de la gare routière. Restauré, il abrite aujourd’hui l’office du tourisme.
Construction de Brive La Gaillarde
124
Gravure représentant la place de la Guierle avant son aménagement et son assèchement. Signée Taylore et H. Barbant, extraite de A. JOANNE, Géographie de la Corrèze, Hachette et Cie, 1880. 1/418.
Inondation du 30 novembre 1910, La place du Quatorze Juillet et le jardin public sont inondés.
«Les bateaux y circulent, de mémoire d’homme on ne vit à Brive pareille inondation si subite.» Alignement de platanes au centre du parc, ls pieds dans l’eau. Inondation du 30 novembre 1910, Place de la Guierle. Kiosque à musique à l’arrière plan.
Les rives de la Corrèze, avec le lavoir public (détruit en 1969), établi dans le prolongement des quais.
125
Les rives de la Corrèze. On apperçoit des embarcations de pêcheurs. En arrière plan, le lavoir est à proximité du pont Cardinal.
Les rives de la Corrèze, Digue de la Bouvie. Les bords de la rivière sont trés boisés. Le Corrèze est eau.
Canal Le Clère, cliché pris de la rue Maréchal-Brune. Pas de berges sur cette portion, le canal affleure le bâti. Les jardins participent à l’ambiance bucolique.
Avenue de Paris. Alignement de platanes, Rue commerçante, Eglise St Germain dans l’axe (cardo)
Boulevard. L’alignement de platanes est en port libre, les trottoirs en terre. L’espace est dégagé, quelques passants. En arrière plan, l’Eglise St Germain.
Place du Quatorze Juillet dégagée. Au premier plan la statue du Maréchal Brune. Né le 13 mars 1763 à Brive et mort assassiné le 2 août 1815 à Avignon,, il est un maréchal d’Empire. A l’arriére plan, le parc de la Guierle.
240
Le pont Cardinal. Au centre de celui-ci une croix fixée sur une colinne de pierre sur piédestal. A gauche, la
route de Tulle et l’école du pont Cardinal (mon école primaire)
Place du Quatorze Juillet. Point de vue stratégique qui rassemble le théâtre, le château d’eau et le clocher de la Collégiale Saint-Germain. Le théatre est doté d’un seul étage à cette époque (construit en 1888).
Les rives de la Corrèze. Vue de la promenade du Tapis Vert. Il y a un accés à l’eau sur la rive gauche.
La berge est enherbée et plantée.
Place du Quatorze Juillet. Vue du canal au premier plan, du château d’eau, du théâtre.
241
Les rives de la Corrèze au niveau du pont Cardinal. A gauche, la promenade du Tapis Vert. On peut
voir un homme avec un landeau qui promène son chien. Les berges sont végétalisées.
Les rives de la Corrèze au niveau du pont Cardinal.
La rivière est endiguée mais les berges sont verdoyantes.
Jardin de la Guierle. Allée du jardin qui mène au kiosque a musique, élément central du jardin.
Jardin de la Guierle, Allée des Tapis Vert. Promenade en bord de Corrèze, accompagnée de plusieurs alignements de tilleuils.
Le jardin public de la Guierle. Allée principale du jardin, bordée de platanes (au port libre) qui ouvre une grande perspective et accompagne le promeneur à la rivière. Le jardin public de la Guierle. Allée des acacias en direction de la place du Quatorze Juillet.
Allée du Canal Le Clère. La ville s’urbanise sur la rive droite, les platanes longent la rive gauche (parc de la Guierle) et signalise le canal.
126
3. Les paysages d‘aujourd‘hui, amorce d’une stratégie Brive, ville poreuse ? Une ville tournée vers son développement économique Brive-la-Gaillarde, ville carrefour, bénéficie une situation stratégique. Qui ne passe pas par Brive sur la route des vacances ? Son positionnement a contribué fortement au développement très rapide de la périphérie de Brive. Ces dix dernières années, de nombreux aménagements liés à ce complexe autoroutier (développement de zones commerciales, arrivées massive de lotissements…) ont bouleversé sa structure urbaine. Brive est aujourd’hui le premier pôle économique et bassin d’emplois de la Corrèze. Sa population est d’environ 90 000 habitant. La commune a investi pour «désenclaver» la région, par les autoroutes, elle est d’ailleurs endettée à hauteur de 1579 euros par habitants (chiffre 2013). Mais aujourd’hui l’offre commerciale est même supérieure à la demande, et participe à « vider » le centre-ville de ces commerces. La priorité aujourd’hui affirmée par la ville est de gonfler le bassin d’emploi. L’Agglomération s’engage sur le projet de la ZAC Brive Laroche, qui vise à implanter des industries. Les objectifs sont pragmatiques, le budget est serré..
Politique et enjeux de la ville identifiés dans le PLU :
· Canaliser l’urbanisation afin de préserver le patrimoine paysager et les vues depuis les coteaux.
· Poursuivre la dynamique d’aménagement des zones d’activités et les connecter au territoire
· Retravailler les connexions Les paysages d‘aujourd‘hui, amorce d’une stratégie
127
J’ai, bien sûr, résumé et réinterprété les enjeux définis par la ville. Pour des informations complémentaires, on retrouve en annexe les synthèses des enjeux paysagers et urbains du PLU de Brive.
Je pense qu’aujourd’hui le PLU ne met pas assez en avant le rôle que peut jouer la rivière en tant que continuité et n’insiste pas suffisament sur la nécessité de la protéger et de réaffirmer son emprise. Il s’agit selon moi d’insiter sur des enjeux complémentaires : · Protéger la rivière et son système, au niveau des zones d’activités Est et Ouest. Elles se situent aux deux extrémités de la ville et font blocages. Elles tendent progressivement à pincer la rivière, à la faire disparaitre. · Réaffirmer l’emprise de la rivière dans sa séquence la plus urbaine, reconstruire son système de berges afin de faire pénétrer la nature au cœur de la ville. · Diffuser le système organique de la rivière à travers ses affluents.
Photographie sur les hauteurs de Brive, soleil couchant, Rue des Lilas, 2015.
128
Un gradian de densité du sol La vallée de la Corrèze correspond à l’espace urbanisé de la commune avec des entrées marquées par de grandes zones d’activité. Depuis une cinquantaine d’années, l’habitat a investi les versants des coteaux Nord et Sud prenant place sur d’anciens espaces naturels et agricoles. À chaque unité paysagère correspond une forme urbaine, donc une densité ; ce qui nous permet de proposer un état des lieux de la « croûte » de Brive.
Gradian de porosité des sols :
Ville sèche.......Ville mixte............Ville jardinée..........
Zones de constructions avec prescritions (documents du PLU de Brive)
Le noyau médiéval : une trame dense et peu modulable avec des voiries sinueuses et de petits gabarits. Les placettes sont minérales, la végétation est présente en pots ou bacs. Aux lieux stratégiques émergent des arbres remarquables. (cf carte des antémotifs)
Les faubourgs historiques : présence d’axes fort qui font respirer la ville. Îlots hétérogènes avec des jardins en fond de parcelles. Cet espace est soumis à des pressions de densification. Les quelques squares présents sont à préserver.
La plaine résidentielle : Ensemble dédié à l’habitat pavillonnaire avec des cœurs d’ilots végétaux. Plaines des jeux et parcs prennent place en bord de Corrèze.
129 Les sols de Brive Les campagnes agricoles et forestières. Sol cultivé perméable Les coteaux résidentiels et villages. Sol jardiné et cultivé de bonne qualité La plaine résidentielle Sol périurbain dégradé Les faubourgs historiques Sol urbain perturbé
.............Périphérie pertubée........Campagne poreuse
Le noyau médiéval Sol compact et dégradé
Les périphéries économiques Sol dégradé
Le PPRI Zones d’urbanisation strictement controlées Zones destinées à des activités socio-culturelles, sportives et de loisirs Zones de construction avec presccriptions
1 km
Les périphéries économiques : Entités monofonctionnelles en rupture avec le tissu environnant, réservé quasi exclusivement aux grandes infrastructures de transports et aux zones d’activités situées sur les terrains plats en fond de vallée (en partie en zone inondable),
à proximité de la voie ferrée. L’emprise au sol y est relativement faible mais la majorité des surfaces associées (parkings et voiries de desserte) sont en enrobé. Déconnection totale avec le sol.
Les coteaux résidentiels et villages : Habitats pavillonnaires qui ont « colonisé » les terres de manière diffuse et discontinue. Sorte de ville-campagne ; des espaces naturels de qualité entre coteaux boisés et fond de vallée agricole.
130
Reconquête du sol ...avec la rivière Un support d’action La rivière est présentée ici comme outil indispensable pour reconnecter la périphérie de Brive à son centre urbain. En effet, la ville s’est construite de façon linéaire. Sa morphologie est conditionnée par l’espace de la rivière. C’est un médium central et privilégié qui traverse toutes les strates de la ville et qui permet de faire éclore le socle. Il existe des itinéraires de randonnée qui participent à faire découvrir la diversité des paysages Corrèziens mais ils se délitent au niveau du centre urbain. Il s’agit de poursuivre ces cheminements sur les rives de la Corrèze afin de s’approprier les berges pour établir un dialogue entre les espaces urbanisés et la Corrèze. Ces connections douces permettraient certes de décou-
Plaine des jeux Ouest
Terrains agricoles Zone commerciale et industrielle Ouest
Parc du Prieur
Maisons individuelles et entrepôt
Parcelles jardinées
la porosités des sols est liées à leurs usages. Parcelles jardinées Entreprise Allard
131 vrir les paysages de rives mais également de mettre en place des circulations douces permettant de réduire les déplacements automobiles quasi automatiques pour les Brivistes.
La rivière support du vivant : Enjeux : réaffirmer l’emprise de la rivière Protéger la rivière et son système au niveau du pincement des zones d’activités Maisons individuelles avec jardin et entrepots
Prolonger les chemins de berges Chemins de randonnées existants
Réaffirmer l’emprise de la rivière dans sa séquence la plus urbaine
Chemins de randonnées en projet
Diffuser le système organique de la rivière à travers ses affluents
Renaturer les sols les plus dégradés
Parking souterrain de la place du 14 juillet
Maisons individuelles avec jardin
Voiries (avenue Maillard et avenue de Paris)
Parc de la Corrèze
Entreprises
Terrains agricoles
Complexe culturel
1 km
Parking et entreprise
Parc Le Clère
Parc des sports
Parc de la Guierle
La Roseraie
Cimetière Thiers
Zone commerciale et industrielle Est Plaine de jeux Est
242 Des séquences aux ambiances variées À travers cette description par séquences de la « Corrèze urbaine », c’est-à-dire du parc du Prieur à l’ouest, au parc de la Corrèze à l’est, il s’agit de mettre en lumière les potentiels et les usages des paysages de rives.
1. Parc du Prieur, un parc naturel urbain. Ce parc urbain propose une promenade aménagée qui longe les berges de la Corrèze. On peut découvrir un accès assez inédit en bord de Corrèze, les pieds dans l’eau. Enfin, un espace est dédié aux sports en plein air et une passerelle piétonne connecte les deux rives.
Il propose des ambiances variées et s’adapte tant aux sportifs, qu’aux pique-nique familiaux.
Actions : Relier le parc au centre urbain, prolonger le parcours de berge.
2. Des parcelles jardinées. Petits parcellaires privés en connection avec la riviére. Les berges sont ici cultivées, commestibles, appropriables, sauvages... Des petits cabanons sont
associés à des jardins conviviaux (stockage des outils des jardiniers) Actions : Maintenir ce paysage jardiné, aménager un parcours en fond de parcelles.
3. Pont de la Bouvie. On distingue l’entreprise Allard Emballage sur la rive gauche. Positionnée à fleur de rivière, les berges construitent, le sol imperméabilisé en font le «point noir» de ce linéaire. Ce pont prolonge la 2nd ceinture des boulevards et marque l’entrée dans un territoire au vocabulaire urbain.
4. Une séquence linéaire très découpée. Elle est composée de maisons individuelles avec jardin, d’entrepôts, de parkings, de parcelles jardinées, de terrains vagues... La ville de Brive a enclenché une politique
243
Actions : Casser le revêtement, retrouver des berges enherbées, sa ripisylve, des paysages de rivière.
de rachat de chaque parcelle jouxtant la rivière. L’agglomération travaille sur un projet de piste cyclable. Il s’agit de rendre les berges publique, qu’elles
soient le support de connections douces. En face, des parcelles habitées avec un linéaire de jardins constituent les rives.
5. Parc Le Clère. Cet espace cloisonné et fagocité est composé d’un stade de foot, d’un parking conséquent (pour son utilisation modeste) et d’un espace
Actions : Valoriser les délaissés par des pratiques agricoles. Valoriser les paysages de la rivière à travers le parcours.
boisé magnifique et méconnu. Actions : Reconnecter ce parc dans la ville et lui donner de l’ampleur au sol.
244 Des séquences aux ambiances variées À travers cette description par séquences de la « Corrèze urbaine », c’est-à-dire du parc du Prieur à l’ouest, au parc de la Corrèze à l’est, il s’agit de mettre en lumière les potentiels et les usages des paysages de rives.
1. Parc du Prieur, un parc naturel urbain. Ce parc urbain propose une promenade aménagée qui longe les berges de la Corrèze. On peut découvrir un accès assez inédit en bord de Corrèze, les pieds dans l’eau. Enfin, un espace est dédié aux sports en plein air et une passerelle piétonne connecte les deux rives.
6. Parking en entrée de ville, rue Maréchal Roche. Ce parking sur berge positionné idéalement (porte d’entrée de la ville) mais est entièrement recouvert
Il propose des ambiances variées et s’adapte tant aux sportifs, qu’aux pique-nique familiaux.
d’enrobé et aménagé avec un alignement de Prunus vieillissants. Actions : Proposer un parking / pépinière. Travailler avec des revêtements poreux.
Actions : Relier le parc au centre urbain, prolonger le parcours de berge.
7. Pont Cardinal et l’entrée nord du parc de la Guierle. Belle promenade boisée en bord de berge mais le parking marque une coupure.
Actions : Revaloriser l’entrée de la promenade historique et suprimer le parking de berge.
8. Les quais, avenue Actions : Rétablir Maillard. l’identité des quais de Espace dédié à la voirie Corrèze. Aménager une 2. Des parcelles jardiassociés à des jardins avec un vocabulaire roupromenade piètonne nées. Petits parcellaires conviviaux (stockage tier. Les prunus greffées sur cet axe dominant. privés en connectionsont en mauvais des outils des jardiniers) état. avec la riviére. Les berPas de place au piéton. ges sont ici cultivées, Actions : Maintenir ce commestibles, appropaysage jardiné, aménapriables, sauvages... Des ger un parcours en fond petits cabanons sont de parcelles.
245
2
9. Parc de la Guierle Avec une superficie de 31000 m², le parc de la Guierle est un lieu de promenade et de divertissement très apprécié des brivistes. Une végétation remar-
quable alterne avec de vastes pelouses. Une aire de jeux, une place de marché, et autres événements plus pontuels animent cet espace central.
Actions : Ouvrir sur les paysages d’eau de la corrèze. Lier berges et patrimoine historique par l’aménagement d’une dorsale paysagère.
10 Pont Tourny. Cette ancienne passerelle piétonne relie les faubourgs au centre historique. Emplacement de la prise d’eau alimentant le canal Le Clère. On peut regreter un abatage très récent (octobre 2015) de boisement de berge (su-
11 Maisons individuelles avec jardin. Les berges sont privatisés d’un coté, avec des accés à la rivière. La ripisylve est dense, La promenade bucolique, au fil de l’eau.
Actions : Créer une connection cyclable rive droite, à l’aide d’un rachat d’une bande de
rement pour permettre l’évacuation des eaux pluviales). Mais c’était un potentiel pour étiré la ripisylve. Des beaux platanes marquent l’entrée du pont. Actions : Rétablir le lien par le canal, entre les faubourgs et le bourg.
service. Préserver la promenade à fleur d’eau rive gauche.
12 Parc de la Corrèze. Au niveau du pont du Buys, le parc s’ouvre sur de grandes pelouses et se reconnecte avec la promenade de berge. Actions : Etirer cet espace au complexe culturel trés routier. Un projet de recul de digue est envisagée par la commune.
132
8. Avenue Maillard
4. Maisons individuelles, jardins, entrepots et parking
1. Parc du Prieur
9. Parc de la Guierle
5. Parc Le Clère
10. Pont Tourny
6. Parking en entrée de ville, rue Maréchal Roche
2. Parcelles jardinées
3. Pont de la Bouvie
11. Maisons individuelles avec jardin
12. Parc de la Corrèze 7. Pont Cardinal et l’entrée nord du parc de la Guierle.
1 km
Description de la séquence urbaine des berges endiguées
133 Reconquête du sol …avec les arbres L’arbre, c’est du temps rendu visible
« La Ville de Brive est en charge de près de 7000 arbres d’alignement. Les 55 542 km de voirie sont plantés d’un panel de 29 espèces et variétés différentes. 70 % de notre patrimoine arboré a moins de 30 ans. En moyenne lors des plantations, les arbres ont déjà plus de six ans. Les trois principales essences d’arbres d’alignement à Brive sont l’érable, le tilleul et le platane. Sur les quelques 7000 arbres de ce patrimoine, près de 40 % se sont révélés malades et en fin de cycle de vie ; 80 % des platanes d’alignement présentent des défauts irréversibles (72 d’entre eux montrent des signes de faiblesse avancée : tronc creux, système racinaire absent, maintien insuffisant, dégénérescence...). Cette situation n’est pas particulière à Brive ; elle est à rapprocher du contexte historique des plantations puisqu’une grande majorité des arbres a été plantée il y a près de 150 ans. En effet, en raison de cette durée, une part importante du patrimoine arboré de notre ville est composée d’arbres qui ont atteint leur limite de longévité. Brive, se trouve confrontée à la convergence de deux situations historique et technique conduisant, pour la première fois dans son histoire, au renouvellement de plusieurs générations d’arbres. Environ un quart des arbres actuellement plantés sur le domaine public devra être remplacé dans les prochaines années. »1 1 — Extrait du Brive MAG, n°153, mai 2006
134 « L’engouement pour le platane a créé une situation de monoculture. La multiplication facile de l’essence, sa plasticité écologique et architecturale, ainsi que sa croissance rapide expliquent ce choix. Cette concentration de platanes a favorisé le développement de plusieurs maladies plus ou moins graves, dont le chancre coloré. Incurable, son seul traitement est l’éradication systématique des sujets atteints. »32 32 — Brive MAG, numéro 153, mai 2006
« Une expertise sur les platanes de la cité gaillarde, menée par le spécialiste Christian Riboulet en janvier 2009, a permis de constater le mauvais état de ces arbres sur la Ville. La conclusion fut la suivante : entre 55 et 70% d’entre eux sont à renouveler dans les 10 à 15 ans à venir. Une opération d’abattage et de plantations de platanes va donc avoir lieu entre le 26 janvier et le 27 février. Une variété insensible au chancre sera replantée. » Peut-être serait-il judicieux de planter une autre essence pour ne pas réitérer ce problème dans quelques années. Pour exemple les platanes du canal du midi ont été remplacés par des micocouliers, des peupliers blancs, des chênes chevelus.
Échantillons des arbres du centre de Brive (photos octobre 2015) À gauche, érables sycomores, Place de la collégiale St Martin
À droite, magnolias à grandes fleurs, Place de l’Hôtel de Ville
135
Platane, Place de l’Hôtel de Ville
Cèdre de l’Atlas et tilleul à grandes feuilles, Place du Civoire
Platanes abattus, Boulevard Gambetta
Platanes et tilleuls, Boulevard Marx Dormoy
Cèdre de l’Atlas, à la Croix rouge
136
Chêne pédonculé, Parc de la Guierle Platanes, Boulevard Général Koenig
Platanes, Avenue de Paris
Cèdre de l’Atlas, Parc de la Guierle
Cèdre de l’Atlas, Cèdre du Liban, Tilleul argenté Parc de la Guierle
Boisement du parc Le Clère
137
« Il faut aussi rappeler que le réflexe quantitatif a souvent occulté le qualitatif : le développement des arbres n’a pas été pris en considération. L’espace urbain s’est modifié, il a vu l’introduction des réseaux qui rivalisent avec les racines des arbres et empiètent sur leur espace vital, sans oublier la multiplication des agressions, notamment celles liées à la prédominance de la circulation automobile. Dans ces années, ces arbres ont aussi subi des tailles abusives, car contrairement aux idées reçues, un arbre vivant dans des conditions normales n’a pas besoin d’être taillé. La coupe des branches est toujours une agression, une blessure. Les élagages sévères l’abîment, l’affaiblissent et le rendent plus sensibles aux maladies. Beaucoup d’arbres arrivent aujourd’hui en fin de cycle de vie et c’est bien de la méconnaissance des faits pré-cités que naissent parfois des comportements hostiles ou des réactions injustifiées autour de la suppression de certains arbres. »33 de rétablir une culture 33 — Francis Hallé publie un livre à destination des élus, Du bon usage des arbres, Actes Sud, 2011, afin
de l’arbre. Mieux le connaitre c’est le protéger, le respecter.
Boisement parc de la Guierle
138
500m
Boulevards et grands axes viaires Structure arborée du centre urbain de Brive AVAP secteur 1, le centre ancien AVAP secteur 2, la première ceinture AVAP secteur 3, la deuxième ceinture
Un partrimoine veillissant à remplacer ou valoriser Arbres remarquables Végétations spontanées Nouvelles plantations ou en projet
Seconde ceinture
Première ceinture
Erable negundo, Acer negundo Arbre de Judée, Cercis siliquastrum Sophora, Sophora Poirier d’ornement ‘Chanticleer’, Pyrus calleryana Érable champêtre, Acer campestre Frêne commun, Fraxinus excelsior Pin parasol, Pinus pinea Cerisier, Prunus Erable à trois fleur, Acer triflorum Tilleul argenté, Tilia tomentosa Platane, Platanus x acerifolia Amélanchier, Amelanchier Frêne commun, Fraxinus excelsior
Platane, Platanus X acerifolia
Jardin des boulevards Catalpa, Catalpa bignonioides Charme, Carpinus Copalme d’amérique, Liquidambar styraciflua Cedre de l’Atlas, Cedrus atlantica
Avenue de Paris Arbre de Judée, Cercis siliquastrum Platane, Platanus x acerifolia Chêne vert, Quercus ilex Tilleul, Tillia
Quai Tourny Érable champêtre, Acer campestre
139 Palette végétale Les rives de Corrèze (mélange de végétation de ripisylve et horticole) Frêne commun, Fraxinus excelsior Thuya d’occident, Thuja occidentalis Ormes resistants, Ulmus resista
Parc de la Guierle Jardin public Tilleul argenté, Tilia tomentosa Marronnier, Aesculus hippocastanum Cèdre de l’Atlas, Cedrus atlantica Cèdre du Liban, Cedrus libani Érable negundo, Acer negundo Frêne commun, Fraxinus excelsior Noyer, Juglans Chêne pédonculé, Quercus robur Noyer noir, Juglans nigra Bouleau verruqueux, Betula pendula Erable du japon, Acer palmatum Hêtre commun, Fagus sylvatica Copalme d’amérique, Liquidambar styraciflua Chêne pédonculé, Quercus robur Arbre à soie, Albizia julibrissin Érable sycomore, Acer pseudoplatanus Érable plane, Acer platanoides Frêne commun, Fraxinus
excelsior Fevier d’Amérique, Gleditsia triacanthos Magnolia de Soulange, Magnolia x soulangeana Chêne rouge d’Amérique, Quercus rubra Platane, Platanus x acerifolia Metasequoia du Séchuan, Metasequoia glyptostroboides Cèdre de l’himalaya, Cedrus deodara Acacia, Ecleditzia trecantes
Brive les bois (installation hors-sol créée en 2010 d’environ 2500 m2 reproduisant une forêt de conifères « naturels » dessinée et mise au point par le paysagiste Michel Boulcourt) Pin sylvestre, Pinus sylvestris Sapin de Douglas, Pseudotsuga menziesii Chênes pédonculé, Quercus robur Châtaignier, Castanea Noisetier, Corylus Bouleau, Betula Merisier, Prunus
Place du 14 juillet (en pot) Chêne vert, Quercus ilex
Chêne vert, Quercus ilex Tilleuls à grandes feuilles, Tilia platyphyllos Chêne rouge d’Amérique, Quercus rubra Noyer noir, Juglans nigra Pin sylvestre, Pinus sylvestris Érable sycomore, Acer pseudoplatanus Laurier, Laurus Saules, Salix Noisetiers, Corylus Peuplier noir, Populus nigra Peuplier blanc, Populus alba Platane, Platanus hybrida Robiniers faux acacia, Robinia pseudoacacia Alisier torminal, Sorbus torminalis
Aulne glutineux, Alnus glutinosa Chêne pédonculé, Quercus robur Cormier, Sorbus domestica Chataignier, Castanea Erable champêtre, Acer campestris Catalpa ommun, Catalpa bignonioides attention : Renouée du Japon, Fallopia japonica Bouleaux, Betula Marronnier, Aesculus hippocastanum Érable argenté, Acer saccharinum Cerisier, Prunus
Centre ancien Place du Civoire Chêne vert, Quercus ilex Cedre de l’Atlas, Cedrus atlantica, Tilleul à grandes feuilles, tilia platyphyllos
Place Saint Martin Erable sycomore, Acer pseudoplatanus Arbre de Judée, Cercis siliquastrum Savonnier, Koelreuteria paniculata
Rues (pleine terre) Noisetier, Corylus Cerisier, Prunus
Rues (en pot) Bananier pourpre Musa, Musella, Ensete Olivier, Olea europea
Place de la Halle Bouleau verruqueux, Betula pendula, Tilleul argenté, Tilia tomentosa Bouleau lacinié, Betula pendula ‘Dalecarlica’
Hôtel de ville Magnolia à grande fleur, Magnilia grandiflora Platane, Platanus x acerifolia
Maisons bourgeoises Magnolia à grandes fleurs, Magnolia grandiflora Palmier de Chine, Trachycarpus fortunei
140 Bilan : Une palette végétale peu variée. Mais où sont les essences forestières Corréziennes, avec en tête de file le châtaignier emblème du Département ? Il s’agit de valoriser les essences indigènes. Réparatition des ports du parc arboricole Brive 2
Acer 2
3% 3%
Prumus
3% 4%
8%
Tilia
Populus
Platanus
Quercus
48 %
13 %
Carpinus 14 %
Celtis
Acer
2708
Fraxinus
2
Platanus
839
Aesculus
103
Gleditsia
10
Populus
112
Ailanthus
26
Lagerstroemia
105
Prunus
599
97
Liquidambar
185
Quercus
465
Carpinus
451
Liriodendron
81
Robinia
27
Catalpa
8
Magnolia
76
Salix
6
Betula
Celtis
157
Malus
15
Sorbus
Cercis
32
Morus
15
Tilia
Corylus
1
Ostrya
25
Crataegus
28
Photinia
Cupressus
34
Pinus
5 689
6 203
Réparatition des ports du parc arboricole Brive Architecture 53 % Semi libre 39 % Libre 5 % Pas d’informations 3 % PLU Brive
141
Les « antémotifs » L’antémotif est un outil de connaissance des lieux au service du projet. Laure-Agnès Bourdial et Joël Chatain le définissent comme un élément proche du vestige, qui porte en lui une valeur paysagère reconnue pouvant engager un projet. Ils nous expliquent : « L’exemple de l’arbre remarquable est emblématique. Avant d’être remarquable, il a été assez longtemps quelconque (dans une haie ou comme élément isolé d’un openfield). Mais dès qu’il acquiert de l’importance, il prend la valeur de motif, il pourra être nommé, figurer sur les cartes, être recensé, noté sur le PLU… S’il vient à disparaître, il versera dans le registre des antémotifs. La mémoire de cet arbre tiendra un temps puis s’effacera. Si l’on éveille ce souvenir à l’appui de témoignages d’archives, de traces archéologiques, si l’on montre sa valeur dans l’organisation spatiale d’un lieu, on pourra soutenir un projet autour d’une nouvelle plantation, pensé bien sûr en fonction des critères du programme et des contraintes du lieu. (…) L’antémotif qui n’existait plus que par des traces ou des évocations livresques peut alors engager la germination d’un motif paysager prenant sens à nouveau dans le lieu. »34 L’antémotif permet de porter un regard enrichi sur un site, il le singularise. Dans mon approche de la ville de Brive je tente donc de détecter ces antémotifs. On peut les retrouver dans les documents historiques ou dans les récits de nos anciens ; mais évidemment aussi à travers le sol, sa topographie, les plis, les pentes, les frémissements de terrain qui nous révèlent de nombreux indices. Bref, il nous faut détecter les formes et leurs logiques paysagères, biologiques, fonctionnelles et esthétiques. 34 — Laure-Agnès Bourdial et Joël Chatain
Les paysages d‘aujourd‘hui, amorce d’une stratégie
142 Application sur un lieu stratégique : Le triangle d’or, un espace contenu entre la Corrèze et le bourg historique de Brive.
La disparition
Canal Le Clère, partie Ouest Complétement méconnaissable aujourd’hui, c’est avant tout le bâti et son orientation en diagonale qui nous permet de retrouver l’emplacement du canal. On distingue quelques rares marronniers, frênes, et érables qui ont survécu
au remembrement. Les platanes et le muret signalisent la jetée au niveau de la Corrèze. Aujourd’hui, l’espace du canal s’est privatisé. Parkings, jardins privés, même piscines privées ont recouvert ce linéaire d’eau. Actions : Valoriser le parc Le clère. Créer une connection sur rives avec le parc de la Guierle.
143 La disparition, Quai Tourny
Peu d’éléments nous rappellent aujourd’hui l’existence de ce canal même s’il a été comblé il y a seulement de 40 ans. Seule la peinture, sur le mur de la sortie du parking souterrain renseigne les curieux. Les quais ont disparu, les maisons bourgeoises se sont entourées d’immeubles d’habitation. L’alignement de
Les paysages d‘aujourd‘hui, amorce d’une stratégie
platanes est remplacé par des érables champêtres disposés ici et là. Actions : Aménager cette entrée en lien avec l’axe de la mairie et de la Collégiale. Réouvrir le canal qui nous accompagne jusqu’à la Corrèze.
144 L’arbre en accompagnement de voirie, Avenue de Paris
Autrefois cette avenue qui nous plonge au coeur de Brive était plantée de platanes et mise en valeur. Aujourd’hui ce patrimoine arboré a disparu, remplacé par des Lilas des Indes sur la partie basse. On retrouve quelques platanes majestueux qui ouvrent sur la place du 14 Juillet. Des chênes vert et tilleuls ont été plantés
lors du réaménagement de la rue en partie haute. Ancien axe commerçant, aujourd’hui cette avenue reste dynamique avec des commerces, des restaurants, des bars. L’espace dédié aux piétons a été drastiquement restreint. La voiture domine et le sol s’est recouvert d’asphalte. Les terrasses reprennent place
progressivement dans l’espace public. Le bâti a été rehaussé de deux étages, la ville s’est densifiée. Actions : Proposer un aménagement valorisant la place du piéton, composé de terrasses commerçantes et d’une structure arborée.
145
Avenue de Paris
146 Les boulevards historiques
Platanes centenaires toujours existants aujourd’hui, mais conduit en arc de cercle. Ils subissent donc un élagage répété. Arrivés à maturité et abimés par la maladie, ils sont remplacés progressivement aujourd’hui par la même essence mais plus résistante. Pas si sûr, certains jeunes sujets ont l’air déjà malades. Les fosses sont grandes mais un enrobé «drainant» les recouvrent jusqu’au collé et ne laissent pas
respirer le pied d’arbre. Le faciès du boulevard est globalement devenu très routier. Les jardins de façades participent encore aujourd’hui à une ambiance plus piétonne. Ce sont des frontages privés qui constituent au cadre végétal de l’avenue. Actions : Proposer une autre essence, laisser les pieds d’arbre enherbés et les jardins ouverts sur la rue afin d’accompagner les riverains.
147 Les boulevards historiques
Les paysages d‘aujourd‘hui, amorce d’une stratégie
148 Les entrées du parc de la Guierle Place du quatorze juillet
Un lieu signal où l’on retrouve face à nous le phare, le théâtre (édifié en 1888 sur l’emplacement d’un ancien abreuvoir) et en arrière-plan la Collégiale St Martin, dissimulée aujourd’hui par les platanes. C’est un espace dégagé autrefois animé par les foires aux bêtes. (photos pages suivante) Aujourd’hui c’est encore le lieu des événements de la ville de Brive. Quotidiennement animée par le marché et les terrasses de café, cette place accueille
ponctuellement les foires franches, la foire du livre, Brive Plage et autres rassemblements et manifestations de grande ampleur. L’arrière-plan est structuré par un peuplement végétal et une percée qui nous dirige vers la rivière, cette lecture est brouillée aujourd’hui notamment par les parkings. Le phare (photos page suivante) fait signal mais cette entrée piétonne est à redéfinir,
149 Place du quatorze juillet
avec la Halle Georges Brassens. Actions : Ouvrir une perspective sur les rives de la Corrèze et le
parc. Questionner l’emprise du parking en surface et proposer l’aménagement de la place en accord avec les usages du lieu et connectée à la Halle Georges Brassens.
150 Les entrées du parc de la Guierle Place du quatorze juillet
Les paysages d‘aujourd‘hui, amorce d’une stratégie
151 Place du quatorze juillet
Les paysages d‘aujourd‘hui, amorce d’une stratégie
152 Motifs et antĂŠmotifs du parc de la Guierle Le pont Cardinal
153
Le pont Cardinal Une entrée du parc La promenade historique du tapis vert structurée par un alignement de tilleuls, était ouverte sur la rivière. On y voit les promeneurs, les pêcheurs... Les rives sont végétales, la ripisylve domine. Aujourd’hui reste l’alignement de tilleuls mais la rivière est dissimulée derrière des barrières opaques. À l’entrée, un parking s’est installé sur les berges. En face, la rive droite s’est vue dépossédée de sa végétation pionnière. La voirie est accompagnée d’un alignement de prunus, les berges sont endiguées. La façade est minérale. Le lavoir qui créait un accès privilégié à l’eau a été remplacé par un parking sur digue. Actions : Redéfinir le rapport à la rivière, minérale rive droite, végétale rive gauche.
154
Le pont Cardinal
Les paysages d‘aujourd‘hui, amorce d’une stratégie
155 Le jardin de la Guierle
Il est composé de grandes structures arborées, celles des platanes et des chênes rouge qui mènent jusqu’à la rivière. Il est composé de frémissements de terrain. Topographie plus haute côté est et plus basse côté ouest, futur bassin de débordement ? Il s’agit avant tout de faire prendre conscience de l’eau toute proche. Actions : Valoriser les antémotifs du parc, l’eau, les structures paysagères, la topographie.
156 Carte des des motifs et antémotifs L’alignement de chênes rouge d’Amérique «Brive les Bois»
L’allée des tilleuls
Les platanes du canal
La ripisylve
La ripisylve
L’entrée de l’allee des tilleuls
Dénivellation du parc
Légende Motifs d’hier présents encore aujourd’hui Antémotifs disparus Des potentiels à valoriser
Les platanes du parc
La halle Georges Brassens
157
Les bâtis signal
Les platanes du boulevard
Les platanes de l’avenue de Paris
Végétation attachée au canal
Le canal Le Clève
Les platanes de l’avenue de Paris
Le lavoir, son rapport à l’eau
Les paysages d‘aujourd‘hui, amorce d’une stratégie
158 Bilan des stratégies
Reconquête avec les arbres, pénétrer le coeur urbain. · Aménager cette entrée en lien avec l’axe de la mairie et de la Collégiale. Réouvrir le canal qui nous accompagne jusqu’a la Corrèze. · Valoriser le parc Le Clère. Créer une connection sur rives avec le parc de la Guierle. · Proposer un aménagement valorisant la place du piéton, composé de terrasses commarçantes et d’une structure arborée. · Proposer une autre essence, laisser les pieds d’arbre enherbés et les jardins ouverts sur la rue afin d’accompagner les riverains.
· Ouvrir une perspective sur les rives de la Corrèze et le parc. Questionner l’emprise du parking en surface et proposer l’aménagement de la place en accord avec les usages du lieu et connectée à la Halle Georges Brassens. · Redéfinir le rapport à la rivière, minérale rive droite, végétale rive gauche. · Valoriser les motifs du parc, l’eau, les structures paysagères, la topographie.
159
Reconquéte avec la rivière, de parc à parc. · Relier le parc au centre urbain, prolonger le parcours de berge. · Maintenir ce paysage jardiné, aménager un parcours en fond de parcelles. · Casser la croûte, retrouver des berges enherbées, sa ripisylve, des paysages de rivière. · Valoriser les délaissés par des pratiques agricoles. Valoriser les paysages de la rivière à travers le parcours. · Reconnecter ce parc dans la ville, casser la croûte. · Proposer un parking / pépinière. Casser le croûte de surface. · Revaloriser l’entrée de la promenade historique et suprimer le parking de berge.
· Rétablir l’identité des quais de Corrèze. Aménager une promenade piétonne sur cet axe dominant. · Ouvrir sur les paysages d’eau de la Corrèze. Lier berges et patrimoine historique par l’aménagement d’une dorsale paysagère. · Rétablir le lien par le canal, entre les faubourgs et le bourg. · Créer un connection cyclable rive droite, à l’aide d’un rachat d’une bande de service. Préserver la promenade à fleur d’eau rive gauche. · Étirer cet espace au complexe culturel trés routier.
3. Faire ĂŠclore le sol
162
1. L’expérience de l’espace public Des lieux d’anecdotes « L’espace extérieur est un espace vivant car il est l’espace véritablement habité, l’espace du mouvement et de l’échange, des frictions et du côtoiement. L’espace public est souvent réduit à un espace de gestion de flux, de côtoiement linéaire, où les croisements, le plus possible évités, deviennent dangereux lorsqu’ils existent. »35 35 — Monique Labbé
Les urbanistes de l’agence Deux degrés s’intéressent aux modes de vie et usages dans la ville. Ils les classent en 3 catégories : Les « habitudes » qui se rapportent à des déplacements et activités liées aux obligations journalières, les « anecdotes » qui sont des événements plus ponctuels et singuliers et enfin les « conflits et inhibitions » qui correspondent à une lutte spatiale. Souvent les élus essaient d’anticiper ces situations de conflits. De mon point de vue, ce sont justement ces deux dernières catégories, les « anecdotes et inhibitions » qui font vivre nos espaces publics. « Des conflits en ville,
il y en a partout, c’est ce qui donne du sens à l’histoire. »36 36 — Deux degrés.
« La fonction de l’espace public est bien celle d’un lieu convivial, fait de mixité, de rencontre, de croisement, de déambulation, et de temps passé. »1
L’expérience de l’espace public
163
Des lieux comestibles « Actuellement, la nourriture que nous consommons est transportée et transformée tout autour du globe. L’économie est de plus en plus dépendante de ces déplacements et l’emploi local se détériore. »37 37 — Rob Hopkins.
Il s’agit de proposer aujourd’hui des scénarios adaptés de résilience. Il existe un projet « Incredible Edible Todmorten » dans le Yorkshire où, le long de ce centre industriel délaissé, un groupe de citoyens ont planté des arbres fruitiers, faisant aujourd’hui partie de la dynamique locale. Un autre exemple, mais une initiative de la ville de Middlesbrough cette fois, où ils ont mis au point un programme de plantation en plein centre urbain. Enfin, initiative plus connue, le maire de Londres avait lancé le projet de jardins potagers pour produire une partie de l’alimentation pour les Jeux Olympiques de 2012.
« Incredible Edible Todmorten » dans le Yorshire.
L’expérience de l’espace public
164
Middlesbrough, programme de plantation
Des pratiques qui nous le rendent bien
« Il faut ménager les richesses sensorielles d’un lieu, valoriser le déjà-là, c’est-à-dire les plantations, les courbes de niveau, les discontinuités bâties, les vides, les mouvements qui s’y déroulent. Il s’agit de favoriser les marqueurs sensoriels, que sont certains coloris, des sons particuliers, des senteurs locales, des luminosités spécifiques à telle saison, des textures de matériaux… »38 38 — Thierry Paquot
165 Il faut adapter les modèles passés ou les principes existants dans la nature aux territoires étudiés. On cherche notamment à réutiliser les qualités d’une forêt car c’est un système qui se suffit à lui-même. C’est-à-dire qu’il fabrique de la matière organique, donne du rendement, ne demande ni arrosage, ni pesticide. En effet les arbres ont des avantages, leur culture est pérenne, demande peu d’énergie et peu d’entretien. « Dès que les superficies le permettent, il faudrait laisser au sous-bois le soin de se meubler d’arbustes, de buissons, de fleurs naturelles, de litières qui, en se stratifiant, rétabliraient l’équilibre forestier, gage de longue vie.» Mathieu Pasquereau Il s’agit en fait d’appliquer les principes de « l’arboriculture urbaine » (activité qui consiste à cultiver des arbres) et de la permaculture : méthode qui consiste à mettre en pratique des principes révélés par l’observation de la nature et qui associe arbres et plantes cultivés. Ce sont des principes de pensée, de travail valorisé aujourd’hui mais qui existait autrefois. S’ils sont nommés c’est peut-être parce que ces principes de cultures qui étaient innés, ont été longtemps perdus de vue...
Guide de Carine Mayo : Une forêt jardin et un verger maraicher.
L’expérience de l’espace public
166
2. Du projet aux lieux On arrive maintenant à la phase de proposition de projet d’aménagement, où il s’agit de réinvestir concrètement les principes énoncés : une ville écosystémique, un pacte avec le sol, nourrie de l’analyse de terrain et du recensement des motifs du territoire. La notion d’éclosion est importante. Elle incarne ma démarche de paysagiste, car il s’agit bien « d’ouvrir l’enveloppe qui contient un être vivant », de travailler sur l’épiderme urbain afin d’éveiller les organismes contenus dans le sol.
La rivière Rappel des enjeux : Créer des connections végétales et physiques. La ville de Brive et l’Agglomération propose dans le PDE (plan de déplacement urbain) l’aménagement d’une «voie verte» sur berge. Dans ce sens, elle a mis en place une DUP (déclaration d’utilité publique) qui est une procédure administrative qui permet de réaliser une opération d’aménagement sur des terrains privés en les expropriant, précisément pour cause d’utilité publique. Avec la DIA (Déclaration d’intention d’aliéner), la ville fait acte de préemption sur les terrains bordant la rivière, et impose à tout propriétaire qui souhaite vendre son bien, un rachat systématique pour la commune. On peut voir sur la carte les parcelles appartenant aujourd’hui à la commune. En attendant le rachat total des berges, il est envisageable de récupérer une bande d’usage de 5 à 8 m pour laisser la ripisylve exister, et ouvrir un passage. Une démarche de communication, d’explication et de partenariat avec les riverains parait indispensable, et pourrait être un palliatif à l’expulsion. Ce projet permet de réduire l’usage de la voiture à Brive. En effet, 76 % des usagers prennent leur véhicule pour se déplacer. Il est temps de faire la promotion de l’usage du vélo en ville! Nicolas Soulier nous soumet des arguments persuasifs :
Du projet aux lieux
167
« on ne pollue pas, on fait du sport, c’est efficace (rapide et sûr dans un rayon de 6km), s’est pas cher (pas d’essence, d’assurance, de frais de stationnement, s’est convivial (on peut s’arrêter quand on veut, faire des courses de proximité), c’est pratique (un panier à l’avant pour les courses), et c’est un plaisir si les conditions de sécurité et d’agrément sont réunies).»1 1 — Nicolas Soulier
168
Le vélo est un outil qui permet de densifier la ville. En raccourcissant les distances que nous considérons trop longues, il est un argument pour nos villes contemporaines, plus étalées. Brive, et son fond de vallée me semble être un terrain approprié.
5 min à pied en ville = 300 m 5 min en vélo en ville = 1200 m
Du projet aux lieux
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Les berges de la Corrèze offrent des situations et paysages variés (cf partie 2), je vais détailler trois propositions différentes.
169
Propriétés de la Commune de Brive En projet d’achat par la Commune de Brive Promenade des berges, voie mixte Promenade des berges tracé de substitution Promenade à fleur d’eau
Pr op
os
iti
on
C:
La
fa ç
ad
ed
el
av
ill
e
Voie d’entrée dans la ville
100m
170
Les berges jardinées La rue de l’île du Roi prolongée en rue Marcelin Roche est l’entrée de la ville par l’ouest. On longe la Corrèze en voiture sur presque 3 kilomètres, sans en avoir vraiment conscience. Certaines parcelles sont jardinées et évoquent la richesse du sol de berge, mais de nombreux espaces sont aujourd’hui des parkings et entrepôts. Les coupes ci-contre proposent de casser l’enrobé du parking pour faire vivre un verger maraicher et d’ajouter une bande de 8 mètres dédiée à une voie de circulation et à la ripisylve. Le sol se revégétaliserai progressivement. Dans les faits, la démarcheu peut-être très simple : on casse la croûte, on nourrit le sol, on plante puis... on attend.
39 — Nicolas Soulier, Reconquérir les rues.
Exemple d’initiative, le parrainage de ruisseau : « Environ 2 000 personnes se sont regroupées dans une quarantaine de « parrainages de ruisseau ». (…) La ville reste propriétaire de ces « terrains linéaires », qui introduisent une atmosphère rurale en pleine ville. La convention permet les activités suivantes : plantation et entretien des rives, observation de l’eau et de sa qualité, défrichage en hiver, installation de nichoirs et aménagement de frayères, construction de petites cabanes pour les enfants, documentation sur la faune et la flore, avec pour simples obligations de transmettre des changements importants au Service des Eaux. Cette notion de parrainage permet aux riverains de s’approprier une part de l’espace public et d’assumer une coresponsabilité de cet espace »39.
171 171 Coupe AA’ : Les berges d’aujourd’hui
Voirie
Maison individuelle
Parking
Rivière endiguée
Voirie
Coupe AA’ : Les berges jardinées
Voirie
Maison individuelle
Rivière endiguée
Berge
Jardins potagers /
publique vergers
5m Sol imperméable Sol perméable
A
A’
100 m
Voirie
172
Les berges jardinées
Casser l’enrobé
Mur de berge
Rivière
Alluvions
Béton
Ripisylve
Cheminement en grave
Verger maraîcher
4m
4m
27m
Grès à grains fins, argileux et consistants Grés bigarré à éléments quartzeux
Béton de propreté 1m T+5 T + 20
173
Photo référence des parcelles jardinées à Brive
Photo référence du cheminement au parc du Prieur à Brive
174
Le parking pépinière Situé au carrefour du pont Cardinal, le parking est idéalement positionné. Pour cette séquence de berge, je propose de réaménager cet espace bitumineux en parking pépinière. Des tranches de stationnement sont aménagées avec un revêtement perméable (voir la références prolin-park) et intercalées avec des tranches d’alignement végétal, type pépinière. Pourquoi une pépinière ? La majorité des arbres d’alignement des grands axes de Brive étant à renouveler, l’achat des arbres de moyenne taille (5 ans) comme la plupart du temps , coûte cher et diminue leur chance de bonne reprise. Avec une pépinière on peut gérer la croissance des arbres, les bouturer pour certains puis ensuite les diffuser dans la ville. Cette pépinière communale est la vitrine de la ville et de la gestion de son patrimoine paysager, elle participe à une communication en direct et implique les riverains. Cela parle également de temporalité figurée par l’arbre, car à chaque séquence correspond une année de plantation, pour un renouvellement tous les 5 ans.
40 — Nicolas Soulier, Reconquérir les rues.
Exemple de parrainages d’arbres : « Le service municipal des espaces verts n’était pas du tout sûr que les citoyens et futurs utilisateurs des espaces verts veuillent et puissent participer activement à la conception et réalisation des aménagements, mais ils ont tenté le coup : par exemple dans le quartier de Rieselfeld devaient être plantés à terme 1 000 arbres, dans le quartier Vauban 220 arbres. La réserve de terrain naturel autour de ces arbres est au minimum de 8m2. L’entretien de ce jardin d’arbres, au milieu de l’espace public, est en fait assuré par les habitants : chacun peut assumer un « par rainage d’arbre », le planter, entretenir librement le jardin autour, en plein domaine public. Il s’avère que l’engagement pour un tel parrainage est plébiscité. Au pied des arbres, de petites plaques précisent, si l’on veut, qui est le parrain et quand l’arbre a été planté. »140 Pour poursuivre l’appropriation des berges, on ouvre un large cheminement et une bande plantée d’essences d’eau.
175 Coupe BB’ : Les berges d’aujourd’hui
Parc Leclère
Rivière endiguée
Trottoir
Parking
Voirie
avec alignement de prunus
Coupe BB’ : Le parking pépinière
Parc Leclère
Rivière endiguée
Berge publique
Sol imperméable Sol perméable
100 m
B
B’
5m
Voirie
176
Le parking pépinière Palette végétale de la
Palette végétale de la ripi-
pépinière renouvellé tout
sylve : robiniers, peupliers
les 5 ans : charmes, frênes,
blanc, frênes, charmes,
érables champêtres et
ormes, saules, bouleaux,
sycomores, albizia, poiriers,
noisetiers...
pommiers, cerisiers, noyers, pruniers...
Mur de berge
Rivière Alluvions
Béton
Cheminement en grave
Ripisylve
Parking et pépinière
4m
2m
10 à 12m
Grès à grains fins, argileux et consistants Grés bigarré à éléments quartzeux
Béton de propreté 1m T+5 T + 20
177
Référence : Atelier Le balto, prolin-park, Allemagne, 2011. Pour cet aménagement, les concepteurs découpent la surface rigide pour faire apparaitre le sol puis ajoutent de la terre pour les futures plantations. Les axes de circulation sont en enrobé mais les places de stationnement sont elles pavées et aux joints enherbés qui laissent l’eau s’infiltrer.
178 La façade de la ville - les quais Maillards : un impératif passer du code de la route au code de la rue. Il s’agit de transformer ce boulevard périphérique en avenue moderne insérée dans le tissu urbain. Comme l’a défini Nicolas Soulier, cela pourrait s’inspirer d’un système où se trouveraient «des carrefours à feux, des passages pour piétons, fréquents et simples, des contre-allées avec des places de stationnement pour les automobilistes, des commerces avec des vitrines ou des équipements directement accessibles au bord du trottoir, bref tout un ordre et tout un désordre inhérent à la vie urbaine.» La démarche proposée est celle de l’intégration : il s’agit d’organiser la coexistence de tous les usagers et donc de proposer un équilibre entre les divers modes de déplacement pour redonner leur vie aux quais, en terme de fonction et d’usages. En urbanisme on appelle ça le partage « modal de la rue », c’est-à-dire le partage de la voie de circulation entre les divers usagers de la rue (à pied, en patins, en vélo, en moto, en poussette, en voiture, en transports en commun). Partager la rue c’est ne pas la diviser. En français, le mot «partager» a deux significations : il peut vouloir dire diviser en parts (to divide) mais aussi au sens de partager sa table par exemple, (to share). Sur l’avenue Maillard (qui est désertée des piétons aujourd’hui), les cyclistes, piétons, poussettes, rollers, enfants... pourraient bénéficier du même espace de promenade, une bande de 4 mètres à débordement sur la Corrèze. Chacun est amené à négocier sa vitesse, sa trajectoire en respectant les autres. Dans cette idée, la disposition de feux (proposée par la mairie de Brive pour la sécurisation) à destination des cyclistes, à chaque lieu de franchissement me parait être abusif. Cette séquence volontairement minérale car très urbaine, est composée d’un revêtement en résine. Accompagnée d’une large bande végétale qui propose de l’ombrage, cette promenade offre un point de vue imprenable sur la rivière et le parc de la Guierle qui se trouvent en face. - la Guierle : un accès à la rivière En face, les berges végétales de la Guierle offrent à la fois un point de vue sur butte, mais aussi des terrasses ouvertes sur la rivière. Ces faciès seront décrits dans le chapitre concernant le parc de la Guierle (à suivre).
179 Coupe CC’ : Les quais d’aujourd’hui
Parc de la Guierle
Rivière endiguée
Voirie
Trottoir avec alignement de prunus
Coupe CC’ : La façade de la ville
Parc de la Guierle
Rivière endiguée
Berge publique
5m Sol imperméable Sol perméable
C
C’
100 m
Voirie
180
La façade de la ville
Partie piétonne en encorbellement
Réseaux
souter-
rains Stationnements Cheminement résine Ripisylve 4m
2m
Voirie 6m
alternés de Trottoir plantations 2.30 m
Béton 1m T+5 T + 20
3m
181
Références, quais de Bordeaux, 2010. Le revêtement choisi reprend les couleurs de la Garonne, et ainsi la prolongent. C’est un espace trés minéral, dédié à la circulation des nombreux cyclistes et joggeurs. Elle est d’ailleurs victime de son succés.
182 Le triangle d’or Espace stratégique de liaison entre le coeur de ville et sa rivière, le triangle d’or possède de nombreux atouts.
Les motifs emblèmatiques
Parc Leclére
Parc de la Guierle, Théatre, Phare, Halle Georges Brassens
Collégiale Saint Martin
Le sol Digues recul de digue : une surface de 14 000 m2 est dégagée en cas de crues. Périmètre du parking souterrain Représentation schématique des niveaux de sol Niveau -1 (déblais) Niveau 0 Niveau +1 (remblais) Repport de terre Le terrassement correspond à une simple accentuation des courbes de terrain déjà existantes.
100 m
183 L’eau
La rivière Le canal (découvert) Pataugeoire Faisceau d’irrigation Réseaux souterrains d’eau pluviale L’eau est un médium de lien entre le parc et son environnement direct. La ville écosystémique par l’eau ici!
Le végétal Motifs arborés existants
Jardins privés Parcs existants (Leclère, Guierle, Roseraie) Motifs arborés projetés Il faut penser que certaines espèces résistent mieux que d’autres dans les zones d’air pollué. La règle générale : essences au feuillage lisse, vernissé, ainsi que celles aux feuilles composées, facilement agitées par le vent.
Espace piétonnier Parvis du théatre, esplanade, place du marché et centre bourg Axe principal Axes secondaires Chemins Espace routier Axe principal (équivaut aux boulevards) Sorties parkings
184 L’entrée des quais Tourny En face, les berges végétales de la Guierle offrent à la fois un point de vue sur butte, mais aussi des terrasses ouvertes sur la rivière. Ces faciès seront décrits dans le chapitre concernant le parc de la Guierle (à suivre). La requalification de cette entrée consiste à valoriser la place du piéton et de faire prendre conscience de la rivière, qui est toute proche, grace à la réouverture du canal Leclère. Aujourd’hui dédiée au bus, cette plateforme devient essentiellement piétonne (ce qui est indiqué notamment par un revêtement pavé). Le piéton venu du centre-ville est dirigé directement au cœur de la place du 14 Juillet. La plateforme ainsi redessinée prend moins d’ampleur. L’une des deux sorties du parking souterrain est redirigée. Le canal au profil urbain en entrée de place, se prolonge avec des berges souples et végétales dans le parc. Il sera plus ou moins en eau selon les débits pluviométriques. On préserve l’alignement d’érables actuel.
Vue des quais Tourny
Culture sur lasagne
Entrée
Entrée des bus qui
Faisceau d’évacuation
Canal Leclère qui
piétonne pavée
méne à la plateforme
qui traverse la place du
recueille les eaux
relais en
14 Juillet
pluviales
enrobé beige
Quai tourny
185
Référence, l’ancien canal de Brive.
Références Eco-quartier d’hammarby, Sjostäd, Stockolm, 2011 Les eaux pluviales sont drainées et rejoignent ce canal relié au lac d’Hammarby.
100 m
186 Du théâtre à la rive Une grande traversée prend naissance au seuil du théâtre et est reliée à l’alignement de platanes majestueux du parc de berge. Cet axe fondateur est soutenu par des plantations et les faisceaux d’irrigation créent d’autant plus une perspective vers la Corrèze. Étant sur un sol artificiel (parking souterrain en dessous), on applique ici la culture sur «lasagnes» qui reproduit les sols de forêt. Le principe est simple : on applique une première couche de terre ou de terreau, puis une couche de matière azotée (déchets de légumes ou de tontes, une couche de BRF et de feuilles mortes, et par-dessus une couche de matériaux ligneux (des branches). Puis on plante (pas de semis). L’axe piéton scinde la place du 14 Juillet en deux : une esplanade, pour tous les événements de grande ampleur (foires franches, foires du Livre...) et une place de marché, seuil de la halle Georges Brassens. Le parking est donc supprimé en surface, mais on conserve le revêtement minéral. Un pavage qui se diffuse en gradian de porosité. Plus on s’éloigne du cœur de la place, plus les pavés possèdent des joints enherbés. L’ancien «théâtre de verdure» est réaménagé en espace de jeux et de sports en plein air. Modules qui se déploient dans tout le parc (voir références). Ce lieu de détente à la frontière du parc et de l’esplanade, est composé d’un petit bassin d’eau, pataugeoire pour les petits. Il est asséché par moment (toujours selon le débit des eaux). Enfin, il fait le lien avec l’allée des chênes rouge qui apporte un ombrage non négligeable.
Vue de la Promenade des Tilleuls (aujourd’hui ce sont des chênes rouge d’Amérique)
Ancien réseau d’eau pluviale Trottoir et terrasses 3.6m
Voirie
Stationne-
Faisceau
6m
ments
d’irrigation
1.6m
2m
Parc de la Guierle
187 Vue de la place du 14 Juillet
Allée des
Jeux d’enfants
chênes rouge et pataugeoire
Esplanade
Plantation
Place
Chemin
Axe principal
Le phare qui signalise
sur lasagne
du marché
tranversal
en grave
l’entrée des quais Tourny
Référence les berges du Rhône à Lyon, 2011 Ce bassin de faible profondeur (revêtement béton de résine), asséché par moment, restitue a la fois un espace scénique et un lieu où les enfants pataugent.
Référence parc du Heyritz, Strasbourg, 2015 Sur cette placette minérale animée par des jeux aquatiques, de l’eau vive redescend jusqu’au bassin par intermitence.
Référence Georg platz, Allemagne, 2012 Ces jeux pour enfants en bois s’intégrent complétement avec leur environnement, il peut aussi se penser sous la forme d’un parcours sportif.
188 Le parc de la Guierle : deux écosystémes qui se répondent - La forêt sur butte La grande majorité des arbres existants est concernée. On propose d’accentuer la topographie sur parc à l’est et d’étirer le boisement «Brive les bois» sur l’ensemble de la butte avec une partie plus ouverte pour la vue en promontoire sur la Corrèze. Sur la pente est disposé un verger, espace comestible à destination des riverains qui pourront s’adonner à la cueillette. «On estime qu’un hectare de futaie de hêtres peut rejeter dans l’atmosphère, en un an, 3500 à 5000 tonnes d’eau : ainsi comprend-on l’heureuse action exercée par les plantations pour la régulation des degrés hygrométrique et thermique de l’atmosphère, et l’assainissement des terres et des atmosphères polluées.» Jacques Simon. Cette surface correspond à la forêt mise en place ici. Palette végétale de la forêt Corrézienne: Châtaigniers, chênes pédonculés, pins sylvestres, sapin de Douglas, Noisetiers, Bouleaux, Merisiers... Palette végétale du verger : Poiriers, pommiers, pruniers, cerisiers, noyers, cognassiers...
Référence, Brive les bois, parc de la Guierle, Brive 2015 Ce boisement laisse des espaces d’intimité aux usagers. Trés riche écologiquement et visuellement.
189 Ambiance dans le parc
Dans le boisement dense, le jardinier intervient essentielle-
Dans la pente douce s’installe un verger composé de
ment pour la sécurité des promeneurs (suppression de bois
poiriers, pommiers, pruniers, cerisiers, noyers, cognassiers.
mort) et pour rajeunir la végétation. Entretien par broyage
La tonte est plus régulière, toutes les trois semaines, pour
annuel. La finalité n’est donc pas de créer un paysage
laisser libre accés aux pelouses et la la ceuillette. « Mangez
immuable, la végétation spontanée peut trouver sa place.
des pommes ! » disait Jacques Chirac.
Parc de la Guierle, vue du Pont Tourny
Boisement sur butte composés
Point de vue en panoramique
d’essences indigènes : Chataigners,
sur la Corrèze
Allée des tilleuls
chênes pédonculés, pins sylvestres, sapins de Douglas, bouleaux, meri-
Déblais : prairie humide Coupe générale du parc
ate
em in de Ca sé na rab lL les ec l ère Qu ai To ur ny
lan sp
Ch
Ve rge r
de No ue
em in Ch
Pro me n Fa isc ade de ea sT Ch u d ille em ’ea uls u in de sc hê ne sr ou ge
s
siers, noisetiers
Remblais : boisement sur butte 5m
190 Le parc de la Guierle : deux écosystémes qui se répondent - La prairie humide Il est question ici de reculer la limite de digue. La terre évacuée va permettre d’ériger la butte. On donne alors naissance à une prairie humide, zone d’expansion des crues (une surface de 14 000m2 est dégagée en cas de fortes précipitations). Un bassin et un parc qui vivent au rythme des saisons. Tout n’est pas d’un même niveau d’aménagement dans ce parc, il n’est pas «fini». La forêt par exemple va se construire progressivement avec peu d’interventions humaines. La prairie évolura en adéquation avec le climat. C’est un lieu «Work in progress», un processus en cours, inachevé... (Référence Gilles Clément, jardin en mouvement et tiers paysage)
Vue de la prairie humide
Alcôve champêtre qui vit au rythme des saisons. Végétation herbacée spontanée favorable à
Axe principal
la faune et à la constitution d’un écosystème. Tondue 6 à 8 fois par an.
majestueux qui nous diri-
et platanes
gent vers la rivière.
Référence, Agence Dreiseilt, Copenhague Capacité de stockage des eaux pluviales optimisée grâce à un grand parc urbain inondable.
191 Des berges ouvertes sur la rivière L’axe fondateur qui traverse l’ensemble de la place et du parc, s’ouvre sur une terrasse les pieds dans l’eau. La promenade «haute» des tilleuls est conservée et accompagne les berges, un cheminement «bas» prend place et fait un lien avec le parc Leclère. Il y a deux niveaux, deux rapports à la rivière. À l’entrée du parc au niveau du pont cardinal, le parking est supprimé, seule une contre allée permet le passage des voitures. La promenade historique de l’allée des tilleuls commence ici. L’avenue de Paris est aérée. Cet axe commerçant reprend son ampleur, avec de grandes terrasses notamment.
Vue de la promenade des Tilleuls
Point de vue en
Boisement
Noue qui receuille les
Verger à disposition
hauteur sur le
sur butte
eaux de pluies celle du
des habitants
canal, se jette dans la
jardin
Corrèze
Terrasses amenant le promeneurs au
Allée des tilleuls,promenade
Allée des platanes, axe principale
bord du lit de la Corrèze.
sur berge ouverte sur la rivière
qui relie les berges au théatre
192 Allée des tilleuls
L’allée sur digue est ouverte
Une terrasse en béton accueille le promeneur jusqu’au
sur la Corrèze
rivage et ce jardin formé par les alluvions de la rivière.
Référence des berges de l’isar à Munich, 2012 Différents faciès de berges, certains maçonnés tandis que d’autres enherbés, ou en galets. Ce qu’il est important de noter, c’est qu’il n’y a pas de barrière. La ville à fait le choix d’une réglementation plus souple. Il n’y a pas plus de noyade pour autant.
193 Avenue de Paris
Réseaux souterrains Trottoir
Voirie
3m
6m Stationnement alterné de
Trottoir et terrasses 3.6m Bande plantée
fosses d’arbres
2m
1.6m
Frêne, erable, charme, albizia
Vue du Pont cardinal, promenade des tilleuls
Large espace piéton en grave
Alignement de tilleuls et de frênes (nouvelles plantations). On
L’espace de la voirie
concassé marque l’entrée du parc
pourrait compléter avec des charmes, des robiniers, des saules,
est réduit à une simple
dès le pont et l’avenue de Paris
d’érables négundo... Les pieds d’arbre sont laissés en pleine terre
voie de passage pour les
La vue est libérée sur la Corrèze
et s’enherbent avec le temps. Le chemin se redessine avec la fré-
riverains.
(muret enlevé).
quence de passages des usagers. On peut proposer des bosquets en complément des arbres d’alignement.
194
Le parc Leclère connecté On propose de relier cet ilot de verdure avec le parc de la Guierle par un cheminement en contre-bas et avec la rive droite par une passerelle. Créant ainsi une boucle dans la promenade des berges, ce parc prend de l’ampleur et gagne en fréquentation. Le canal est réouvert à cet endroit, le parking réduit.
Parking
Accée au
du stade
stage Leclère
Passerelle piétonne qui nous
Parc Leclère en lien
relie à la promanede des
avec le parc de la
berges
Guierle
Cheminement piéton qui donne accés
Cheminement piéton à fleur d’eau Vue du Pont cardinal
aux berges
Canal Leclère reouvert, receuille les eaux de pluies
Muret et alignement de platanes historique qui accompagne le canal
Passerelle piétonne
Parc Le clère
Caillebotis Métalliques sur pillotis, avec une rambarde
195
3. Vers la gestion du projet Des réponses aux moyens des municipalités Je propose d’utiliser la permaculture comme outil de planification et d’aménagement. Une grande partie du travail permaculturel réside dans l’inaction. Il pourrait être une réponse à la charge de travail des jardiniers et un gain d’argent pour les collectivités. Il faut simplement proposer une gestion qui s’adapte au rythme de la nature.
« Il s’agit d’abandonner la maîtrise au profit de la compréhension. C’est un apprentissage par l’expérience.»41 41 — Gilles Clément
Ce mode de gestion peut être aussi un moyen de transmettre et de construire le projet avec les équipes des services publics. En effet, j’ai pu constater qu’il existe souvent un décalage entre les aménagements (des concepteurs) et les moyens de gestion des équipes des services municipaux. La transmission entre le dessein à long terme (service privé) et la réalité de sa gestion future (service public) se fait mal ou pas du tout. Marion Vaconsin propose par exemple un outil, le cahier blanc : document construit en commun entre le maître d’œuvre et le maître d’ouvrage. Je pense qu’il est nécessaire d’avoir une «cheville», c’est à dire une personne, au sein des équipes des espaces verts qui traduise et fasse le lien. Le jardin est alors un média pour communiquer. Enfin, il parait important de construire et d’établir avec les services de la ville un manuel didactique pour une gestion différenciée de ces espaces de nature. La mise en place d’une pépinière communale et d’un compost communal par exemple font partie aussi d’une projection à long terme de la gestion des espaces de nature qui sont le patrimoine de la ville.
196
Diffusion de la pépinière dans la ville
Des partenariats précieux existent déjà aujourd’hui notamment avec les services de l’office du tourisme. En 2003 a été créé un chantier d’insertion qui s’occupe d’entretenir les sentiers de randonnées de la commune et la voie verte (celle qui nous concerne). Ils sont en charge du débroussaillage (3 à 4 passages par an), du soufflage des feuilles (2 à 3 fois en hiver), de l’élagage quand c’est possible, du balisage et des poubelles à vider chaque semaine). Cette équipe de 17 salariés est encadré par Mr Laurent Crémont. Dans l’objectif d’étendre leur rayon d’action à la voie verte du centre de Brive, un renfort en main d’œuvre serait nécessaire. D’autres partenariats seraient intéressants de mettre en place, je pense, à l’association d’habitants, de cyclistes, de jardiniers, toute personnes voulant s’invertir dans la vie de sa ville, et de son quartier.
197
Conclusion
Cet ouvrage vise à faire connaître et reconnaître les biensfaits de l’arbre. Il est a destination de tous et plus particulièrement des élus car je pense qu’ils doivent appliquer une politique d’avantgarde, montrer l’exemple et initier des initiatives citoyennes... Coluche disait :
« Pour qu’un écologiste devienne président de la république faudrait que les arbres votent. » J’insiste aussi sur la part importante de la transmission et de l’éducation, car c’est bien la méconnaissance qui nous induit en erreur. Pierre Rabhi pense qu’une pédagogie de l’enfant est une bonne façon de construire et d’intensifier des comportements respectueux de notre milieu de vie.
« Il faut qu’on apprennent que nous sommes la nature. Qui est-ce qui nous a mis dans la tête qu’il y a la nature d’un coté et nous de l’autre ? JE suis la nature, je suis une œuvre de la nature. »
199
Herbier
Quelques essences qui se plaisent en Corrèze.
201
BOULEAU, nom commun : bouleau Betula pendula Roth. Surnoms : bouleau des marais, bouleau blanc, bouleau verruqueux ou encore bouleau pubescent selon l’espèce. Description physique : Arbre mesurant 15 à 25 m de hauteur, au port érigé et à la cime irrégulière, clairsemée. Le tronc s’élève jusqu’en haut de la cime. L’écorce est blanche et s’exfolie en lenticules noires, se déroulant sur l’arbre. Les feuilles sont caduques, de forme triangulaire en losange et doublement dentées au sommet. L’enracinement de cet arbre est plutôt faible. Histoire et utilisation : Le bouleau est connu pour être un arbre pionnier par excellence, il s’installe en premier lors de la reconquête végétale, sur les talus, et autres terrains vagues. Il n’y a que deux espèces de bouleaux en France : le pubescent (pubescens ou pendula) et le verruqueux (verrucosa). On peut cependant trouver quarante
espèces dans l’hémisphère nord, il est très résistant au froid. Symbolique : Il est reconnu comme l’arbre de la connaissance, car il permet une communication avec le monde céleste (on se rappelle de l’histoire du frêne). Il fait aussi référence à la purification, du fait des nombreuses vertus médicinales de sa sève (eau de bouleau fabriquée à partir de cette dernière). La sève lui a ainsi aussi valu le nom d’ «arbre aux néphrétiques ». Usages : Les écorces du bouleau sont une multi ressource : à partir de celles-ci on peut fabriquer des canots, cabanes et tipis, faire de l’isolation, mais aussi des parchemins, linceuls, de la teinture et bien entendu l’utiliser en médecine comme décrit précédemment. Nombreuses boissons à partir de la sève (eau de bouleau, vins pétillants, sirop, sucre…)
202
CHARME, n.m, nom commun : charme commun, Carpinus betulus L. Surnoms : charmille, charpe, charpie, charmine, charmoie. Description physique : arbre de 15 à 20 m de hauteur, au port étalé. Cime régulière, dense et érigée à son commencement. L’écorce est lisse et de couleur grise. Les feuilles caduques sont gaufrées, ovales et doublement dentées avec un limbe à nervures très marquées. L’enracinement est superficiel mais tenace, et rejette vivement de souche. Histoire et utilisation : Le charme a disséminé nombre de toponymes, preuve qu’il s’est établit un peu partout.
C’est un arbre discret pourtant fréquemment présent. Pendant longtemps le charme était une essence de jeu pour les concepteurs de jardin : on le retrouvait dans des alignements très serrés, tailler de façon brutale. Des haies, mais aussi des portiques, des entrées ou encore des labyrinthes. On ne s’étendra pas ici sur toutes les digressions autour du charme et des usages séducteurs qui en découlent… Symbolique : La séduction, sans trop de surprise. Usages : Le bois du charme est dur et robuste, il était alors employé pour des pièces devant supporter des usages accablants : charronnage (tombereau et charrette), étals de boucher et autres menuiseries. Les feuilles fussent un temps utilisées pour nourrir le bétail.
203
CHATAIGNIER, n.m, nom commun : châtaignier Castanea sativa Miller Surnom : arbre à pains. Description physique : arbre majestueux de 20 à 30 m de hauteur, au port érigé puis étalé. Cime irrégulière et dense. Grandes feuilles caduques et sculpturales : les bords sont en dents de scie, le pétiole est court, lancéolées et oblongues, elles peuvent atteindre une longueur de 25 cm. Son écorce est rugueuse et d’un gris prune. Enracinement puissant et pivotant. Histoire et utilisation : Il n’y a qu’une seule espèce de Châtaignier en Europe (contre onze autres dans les zones tempérées de l’hémisphère nord). Cet arbre est aujourd’hui l’emblème du Limousin. L’arbre des civilisations, arbre qui a marqué la mémoire collective, marquant pendant longtemps (et encore aujourd’hui) les paysages ruraux, tant dans leur forme que dans leur aspect sociétal. Il a reçu il y a bien longtemps l’appellation « arbre
à pains » pour les qualités nutritives de ses fruits. Bien avant la pomme de terre, il était une ressource première. Il a remplacé les céréales dans une grande partie des Cévennes il fût un temps. Les châtaigniers abritent un véritable écosystème dans le sens où ils accueillent une faune d’une grande richesse. Symbolique : La châtaigne symbolise la prévoyance et la générosité, on pourrait presque parler de « fruit social». Ses racines, par leur déploiement puissant font symbole de force virile. Usages : Outre son rôle d’ »arbre à pains », le châtaignier fournit le bois pour toute sorte de construction : menuiserie, charpente, bardages… De la vannerie également. Le tanin extrait servait au tannage des cuirs. Un arbre utilisé aussi pour préparer les douelles des tonneaux dans lesquels vieillissent le cidre ou le vin. Des usages liés à la culture rurale en somme.
204
CHÊNE PEDONCULÉ, Nom commun : chêne pédonculé Quercus robur L. Surnom : chêne blanc. Description physique : Arbre robuste de 20 à 35 m de hauteur au port étalé et à la cime et au houppier irréguliers. Tronc particulièrement rugueux, lisse chez les jeunes sujets. D’un brun profond. Ses branches sont massives et tortueuses. Feuilles caduques, de forme ovoïde aux lobes arrondis et asymétriques (5 à 7 paires). La base de la feuille comporte deux petites oreillettes. De couleur vert foncé sur le dessous et plus clair en dessous. Il possède un système racinaire particulièrement développé, avec une racine principale pivotante.
Histoire et utilisation : Parmi les chênes européens, il l’est l’un des principaux chênes à vocation économique. Il est un emblème des forêts françaises. C’est une espèce pionnière, on le trouve aisément dans les friches. Il a une dimension pittoresque due à son tronc massif, rugueux et que l’on trouve parfois creux. Symbolique : Il est symbole de puissance, de majesté et de pérennité. Usages : Il fût longtemps cultivé pour ses glands, destinés à nourrir les cochons. Son bois est également un bois d’œuvre reconnu, il est dur et très résistant. Il est employer pour de la grosse menuiserie (construction navale par exemple) et la charpente.
205
CHÊNE ROUGE D’AMÉRIQUE, n.m, nom commun : chêne rouge d’Amérique Quercus rubra L. Description physique : grand arbre mesurant entre 20 et 30 m de hauteur, au houppier bien développé avec de grosses branches redressées. Son tronc est lisse et gris argenté. Feuilles caduques sont assez grandes avec des lobes (4 à 5) très marqués à pointe fine. Rejette de souche. Racines très puissantes (il n’est d’ailleurs pas planté près de constructions, ou très peu). Histoire et utilisation : Le chêne rouge résiste mieux que les autres chênes aux grands froids et gelées tardives. Il supporte également bien la pollution atmosphérique.
Il est utilisé pour le reboisement car il possède une croissance rapide, plus rapide que celle des chênes européens mais il faut garder une certaine réserve sur cette culture car il est envahissant. Sa culture ornementale a beaucoup de succès, principalement dû à son feuillage automnal rouge, qui persiste jusqu’en hiver. Arbre d’alignement. Symbolique : Il ne possède pas de symbolique spécifique. Cet arbre est toutefois le symbole de l’État du New Jersey.. ! Usages : Son bois est surtout utilisé en ébénisterie et menuiserie d’intérieurs, car il vieillit très mal en extérieur. Il est aussi connu dans l’art de la tonnellerie. Son écorce a longtemps servi au tannage des cuirs.
206
FRÊNE, n.m, nom commun : Frêne commun Fraxinus excelsior L. Surnoms : frêne élevé, fragne, fresne (ainsi qu’à l’origine de nombreux patronymes et toponymes). Description physique : grand arbre qui se déploie sur 20 à 35 m de hauteur, son port est érigé, son tronc élancé. La cime est irrégulière, clairsemée. L’écorce est plutôt lisse et d’un gris verdâtre. Les feuilles caduques sont composées de nombreuses folioles lancéolées (9 à 15). Enracinement puissant et longuement traçant. Histoire et utilisation : Dans de nombreuses civilisations du nord (celte, germanique, slave ou encore scandinave) le frêne est un arbre cosmique, il figure la passerelle pour passer d’un monde à l’autre. Ces croyances sont une interprétation de son aspect physique : grand arbre élancé et cime dispersée. C’est un arbre utilisé aussi bien dans l’alignement que dans l’ornement. Également comme arbre de reboisement, car il possède une croissance rapide et prospère bien en
compagnie d’autres essences. Symbolique : Force et puissance sont les principaux symboles se rattachant au frêne, à son bois plus particulièrement. Une des vertus qui lui est prêtée est la fertilité. Le frêne serait en effet un bon aphrodisiaque (interprétation du fait qu’il donne des fruits en grande quantité). De nombreux mots en rapport avec la séduction et la sexualité lui sont conférés : il serait donc aphrodisiaque, mais aussi fécond, lubrique, pervers et invoque la luxure chez l’homme. Sa physiologie nous raconte en effet qu’il est capable de changer de sexe une année sur l’autre (fleurs mâles ou femelles), les interprétations des hommes font le reste. Usages : un bois précieux dans toute sorte de construction, il est à la fois résistant et souple. Ses feuilles peuvent être consommées en infusion pour leurs vertus dépuratives. Assurant un bon fonctionnement à notre organisme, il est nommé « arbre des centenaires ».
207
NOISETIER,
nom commun : Noisetier Corylus avellana L. Surnoms : Coudrier, Noisier, Avelinier. Description physique : arbrisseau de 2 à 5 m de hauteur, composé de plusieurs troncs fins (en cépée). Les feuilles sont velues, ovoïdes, pointues et finement dentelées. Racines traçantes. Histoire et utilisation : Souvent appelé Coudrier, qui vient du grecque Corus et fait référence à la coiffe de la noisette. Le bois du Noisetier est célèbre pour la fabrication de cette fameuse baguette de sourcier, capable de
déceler de l’eau souterraine. Plus largement le noisetier est un arbre qui prend certains chanceux sous sa bénédiction ; il leur fait don de pouvoirs divinatoires, permettant de trouver la femme de sa vie par exemple. Nous passerons sur les détails techniques du contrat. Symbolique : divination, amour conjugal et filial. Fertilité, prospérité. Une symbolique largement positive somme toute ! Usages : petit bois de chauffage, baguettes et autres objets délicats. On retrouve bien entendu la noisette dans de nombreux mets savoureux.
208
NOYER, nom commun : Noyer Juglans regia L. Surnoms : Noyer commun ou royal, Goguier, Noguier, Noisier. Description physique : arbre massif de 15 à 20 m de hauteur, au port étalé : son tronc est court et son houppier arrondi. Écorce lisse, d’un gris cendré. Feuilles caduques, composées de 5-9 folioles ovales. (remarque : les folioles du noyer ont la particularité d’être aromatiques). Enracinement pivotant. Histoire et utilisation : Le noyer (Juglans) puise son étymologie dans le latin Jovis glans pour « gland de Jupiter », il est ici fait référence à la noix. Il est originaire des Balkans, et a été introduit dans nos contrées à l’époque gallo-romaine et sa culture s’est pérennisée depuis lors. Une de ses spécificités lui provient du juglon, sécrété par l’oxydation de ses feuilles au sol, qui empêche la crois-
sance des plantes qui ont le malheur de le côtoyer. Cette caractéristique lui vaut des dires superstitieux : se coucher sous un noyer serait dangereux et inciterait le Diable à venir nous visiter. Outre la superstition, cela explique que le noyer est (était) rarement planté proche d’une habitation, mais plutôt de façon isolée. Son bois est d’une très grande qualité, il est d’ailleurs l’un des bois d’œuvre le plus noble. Symbolique : On trouve souvent un noyer près des cimetières, car son fruit était une ressource de lipides pour fournir les lampes à huile de l’époque. De façon plus générale, le noyer symbolise l’abondance et la richesse. Usages : Son fruit est considéré comme un trésor, il nourrit, est riche en matière grasse et produit donc de l’huile, il assaisonne et éclaire. Bois d’œuvre réputé, les usages sont très répandus du fait de se grande qualité. Avec la coque verte du fruit peut-être fabriqué le brou de noix et autres teintures.
209
PEUPLIER BLANC,
nom commun : peuplier blanc Populus alba L. Surnoms : Peuplier à feuille d’érable, Peuplier argenté, Blanc de Hollande, Aube, Ypréau. Description physique : arbre de grande taille, très élancé pouvant mesurer 20 à 30 m de hauteur. Souvent fusiforme. Son écorce est blanche et lisse, et devient grise et s’écaille avec le temps. Feuilles caduques polymorphes, blanches tomenteuse dessous et vertes foncées sur le dessus. Très longues racines horizontales, peu profondes. Histoire et utilisation : Son nom latin ne passe pas inaperçu, il évoque bien le peuple. Plus particulièrement les lieux publics, c’est là qu’il était habituellement planté à Rome. Il s’agit là d’un arbre appréciant les milieux humides, il pousse très bien au bord de l’eau mais supporte aussi les lieux modérément secs. On le retrouve en culture
agricole, des parcelles plus ou moins étendues avec ces peupliers sévèrement alignés (très graphique cela dit). Il est alors utilisé pour occupé les zones humides difficilement praticables, et permet de filtrer les eaux avant qu’elles aillent rejoindre les ruisseaux ou rivières. Il serait aussi particulièrement disposé à capter le gaz carbonique de l’air. Symbolique : Il a parfois pris racines à la place du chêne, comme arbre de la liberté. Une symbolique qui rejoint celle de l’arbre du peuple. Usages : Il possède un bois peu dense, qui se travaille facilement en menuiserie mais qui sert surtout à faire de la pâte à papier. Les feuilles, bourgeons et l’écorce du peuplier sont fébrifuges notamment. On en fait du charbon médicinal.
210
PIN SYLVESTRE, nom commun : pin sylvestre Pinus sylvestris Surnoms : pin d’Écosse, pin du Nord, pin sauvage, pin de Russie. Description physique : arbre de 25 à 35 m de hauteur, à la cime pyramidale qui devient par la suite irrégulière et clairsemée. L’écorce des vieux arbres est en écailles épaisses. D’une couleur rouge dans la partie supérieure du tronc puis brun foncé vers la base. Les aiguilles sont persistantes et d’un vert glauque. Racines pivotantes puissantes et longues racines latérales. Histoire et utilisation : Le pin sylvestre est un arbre robuste, son aire de répartition est très large : il est capable de s’adapter à des conditions extrêmes (le froid, la chaleur mais aussi des sols très pauvres, la tempête). Cette capacité d’adaptation lui vaut d’être une espèce de premier choix
pour le reboisement. C’est une espèce pionnière. Selon son aire d’habitat, les conditions climatiques peuvent influencer la forme de son port. Beaucoup de produits sont issus du pin mais le plus incontournable est bien entendu la résine. On en fabriquait des colles, enduits ainsi que des essences (la célèbre essence de térébenthine) et on la transformait également pour des usages alimentaires. Symbolique : La lumière est le principale symbole de cet arbre, pour son caractère pionnier et sa hauteur dépassant vite les autres arbres. La hardiesse, pour réussir à conquérir des aires aux conditions extrêmes. Usages : C’est un bois d’œuvre de qualité, pour toute sorte de menuiserie. Les aiguilles peuvent être utilisées comme combustible.
211
PLATANE, n.m, nom commun : platane commun, Platanus acericefolia Surnoms : platane à feuilles d’Érable, Platane faux-Érable, main coupée. Description physique : arbre grand, plus de 30 m de haut, port étalé, cime régulière et clairsemée. Tronc droit, avec la plupart du temps des parties bombées. Écorce vert olive, mince qui se fissure en écailles (rhytidomes). Feuilles caduques, alternes, comportant cinq lobes. Vert clair. Système racinaire : pivotant et traçant. Histoire et utilisation : Le platane entre dans les récits historiques grâce à sa forme et son port imposant. Ce n’est qu’à partir du xixe siècle qu’il se propage en France comme arbre d’alignement routier (sous le régime de
Napoléon iii). Il est alors perçu comme l’arbre moderne, robuste et particulièrement résistant à son environnement et à toute sorte de rudes maniements (concernant la plantation et la taille par exemple). Il reste aujourd’hui l’arbre d’alignement routier par excellence, supportant l’asphalte et la pollution. Symbolique : La première apparition symbolique du platane dans les récits parle d’offrandes suspendues à ses branches, garanties de réussite. Il symbolise plus généralement la paix, la charité, l’élévation morale et la sagesse éternelle. Usages : Le bois dense et compact du platane est utilisé pour fabriquer des supports massifs (planches, plateaux etc.) mais aussi toute sorte d’objets décoratifs ou d’outils.
212
POIRIER COMMUN, nom commun : Poirier commun Pyrus pyraster Borkh. et Pyrus communis L. Surnoms : poirier sauvage et un tas de déclinaison dans le vieux français. Description physique : arbre élancé, de 8 à 20 m de haut, à cime plutôt fusiforme ou conique. Feuilles à limbe ovale, finement dentées. Histoire et utilisation : Avant de devenir un arbre amplement cultivé, le poirier était tout d’abord Pyrus pyraster, un poirier sauvage que l’on peut encore rencontrer en forêt ou dans les haies. Sa qualité nourricière a traversé le temps, des premiers hommes à nous. La culture de Pyrus communis, principale souche de poiriers cultivés, aurait
été importée par les Balkans. Les cultivars ont ensuite vu leur nombre se multiplier siècle après siècle, de façon impressionnante. Symbolique : La poire symbolise une forme de générosité, c’est un fruit sucré d’une part mais ses formes font souvent référence au corps féminin rond et voluptueux, empreint d’un certain désir charnel. Usages : Outre les qualités nourricières de son fruit et médicinales de ses feuilles, le bois du poirier est utilisé dans la sculpture. Il est dense et de couleur rouge, veiné de brun sombre. Bon bois de chauffage, qui produit un charbon de qualité par sa densité. Les poiriers sauvages sont de très bons portes-greffes.
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POMMIER, nom commun : pommier commun Malus domestica Borkh. ou Malus pumila (selon l’école) Surnoms : pommier cultivé, souvent nommé par le nom de la variété. Description physique : arbrisseau ou petit arbre dont la hauteur varie aux alentours de 10 m, au port étalé. Le houppier est arrondi, la cime irrégulière et dense. Le tronc est souvent incliné. Son écorce est écailleuse. Ses feuilles caduques sont ovales et dentées, à pétiole court. Le système racinaire est peu profond. Histoire et utilisation : Sa culture en Europe remonterait au Néolithique. Il est bien entendu cultivé pour ses fruits. Dans certaines cultures, le pommier était considéré comme une plante magique. C’est en effet un arbre très symbolique, l’exemple incontournable est bien entendu celui du récit de la Genèse, où le pommier est présenté
comme l’arbre de la connaissance du bien et du mal. La pomme, le fruit défendu, celui qui rendra l’homme mortel. Les utilisations (fruits et dérivés, prote greffe, etc.) diffèrent selon la variété. Les pommiers sont la plupart du temps plantés de façon à former des vergers. Ces espaces remettent à jour des formes sociales qui se créent autour de cette culture, et sont parfois pensés comme espace public. Symbolique : la symbolique autour de la pomme est lourde, on a parlé du fruit défendu mais elle concerne également toute sorte de déclinaison autour de la séduction, de l’amour et de l’érotisme. Usages : Le bois du pommier aux couleurs variantes (blanc rougeâtre à brun clair) et dense est utilisé dans la sculpture, en marqueterie…
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TILLEUL TOMENTOSA, nom commun : tilleul argenté Tilia tomentosa Description physique : arbre pouvant atteindre 25 m de hauteur (mais en milieu urbain sa taille n’excédera pas les 15 m). Son houppier est dense et opaque, il fournit alors un ombrage important. Son écorce est lisse, de couleurs grise et blanchâtre. Ses feuilles caduques sont en forme de cœur oblique et duveteuses, elles sont de couleur argentée sur leur dessous, d’où son appellation.
Racines tracantes. Histoire et utilisation : Cet arbre présente une croissance rapide ainsi qu’une résistance particulière à la pollution, il est alors souvent utilisé comme arbre d’alignement dans les villes. Il y aurait une toxicité pour les abeilles et bourdons (le sucre contenu dans le nectar du tilleul ne peut être transformé par leur métabolisme). Symbolique : L’amour conjugal. Usages : comme tous les tilleuls, les fleurs sont utilisées en tisane pour leur propriété émolliente.
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Annexes
216
La faune du sol et leur travail D’après D.SOLTNER, 1996
Annexes
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Annexe 11 profil type de refection de tranchĂŠes 1
Annexe 11 profil type de refection de tranchĂŠes 2
218 Vues aĂŠriennes 1924
1959
1966
1975
1977
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1984
1986
1988
1994
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1998
2007
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221 Dates des événements liés aux arbres à Brive Extrait des Délibérations des conseils municipaux de Brive la Gaillarde. Archives de Brive Plantations dans la commune 1794 — peupliers d’Italie plantés Route de Bordeaux et Route de Toulouse. Ormeaux plantés Route de Paris. 1805 — plantations d’ormeaux portes de Puyblanc et portes des Frères 1824 — plantations le long des Routes Royales 1826 — plantations d’arbres sur les Boulevards 1826 — plantations renouvelées de la porte de Puyblanc à celle des Frères. 1834 — plantations d’arbres de l’avenue de Paris à Toulouse 1836 — plantations des platanes sur les boulevards et sur le « chaussée de Paris » 1844 — plantations sur la place des Sœurs 1898 — plantations de l’avenue Jean-Jaures 1909 — plantations 5 arbres Avenue Thiers 1912 — plantations d’arbres avenue Thiers 1922 — élargissements des trottoirs et plantation d’arbres avenue Jean-Jaures 1925 — plantations d’arbres place Latreille (prés de la Collégiale) 1939 — améliorations du carrefour de l’avenue de Paris et du Boulevard Général Pierre-Koënig 1939 — plantations des peupliers autour du cimetière 1953 — plantations d’arbres du Boulevard du Dr Verlhac 1957 — aménagements du Boulevard du Dr Verlhac 1959 — aménagements du Boulevard du Salan 1950 — plantations d’arbres avenue Emile Zola 1940 — abattages d’ormeaux, palais de justice, et abattage des arbres Avenue de paris La Guierle 1795 — asséchement de la Guierle. Ordre de protéger les jeunes arbres de la Guierle et de finir les travaux d’asséchement des « eaux stagnantes dans tout le terrain ». 1875 — achat de dix bancs de pierre destinés à être installés « sous les arbres » de la grande Avenues de la Guierle. 1967-1977 — plantations dans le parc de la Guierle L’arbre une ressource pour la commune Régulièrement des arbres sont vendus pour renflouer les caisses municipales ou pour le remboursement de certaines dettes. (1860, 1861, 1862, 1863, 1967, 1870, 1874, 1908…) Arbre symbolique 1793 — plantation de l’arbre de la Fraternité, en signe de patriotisme, place du marché du Bled (blé) 1831 — plantation de l’Arbre de la Liberté, sur la place de Bordeaux, discours prononcé par Mr Toulzac 1867 — abattage d’un ormeau, ancien arbre de la Liberté, devant la Collégiale Saint-Martin
222 Les enjeux
Source PLU Brive
223 Entretien avec Christian Aubrée, Pilote de la gestion différenciée dans la ville de Rennes (Juillet 2014) Claire Labro : Dans quel contexte s’est établi le guide de gestion différenciée ? Christian Aubrée : Elle a commencé à être mise en place à partir des années 1980/ dès les années 80. En chiffre, on était 400 à la direction des jardins et ont entretenait 400hectares d’espaces verts. Aujourd’hui, on est toujours 400 mais on entretient 820hectares d’espaces verts. Soit le double en 30 ans. Comment on peut entretenir un patrimoine avec un effectif constant ? Bien évidemment il y a la mécanisation … A partir des années 80 on s’interroge sur ce qu’il faut faire. Parcs historiques, abords d’habitations, crèches, écoles, hlm ; Il y a ce constat évident : l’ensemble des espaces que l’on avait en gestion était uniforme . On tondait deux fois par semaine, on désherbait, on bêchait partout. Ce qui , à terme, posait le problème de la main d’œuvre et bien entendu de cette vision de l’espace identique, sans variété, on avait le même paysage partout. À partir de là, on s’est renseigné sur les pays nordiques, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Suisse où eux avait déjà une évolution et une réflexion sur la présence et la variété de l’herbe dans le paysage. On est revenu avec des idées, a première application était sur les tontes. Plutôt que d’avoir deux tontes par semaine, on travaillait avec une seule tonte tous les 15 jours ou 3 semaines, voir des fauches… C’est à partir de là que l’on a fait évoluer le matériel. En effet en optant pour la tondeuse hélicoïdale qui tondait très très bas, dès que l’on voulait couper moins bas, le matériel n’était plus adapté. Ça c’est un élément important. Quand on parle de gestion différenciée, on parle d’économie mais dans un premier temps il faut investir dans du matériel. Nous en 20 ans on est passé du tout hélicoïdale au tout rotatif. 30 à 40 tondeuses pour la ville de Rennes, donc un budget conséquent. Pendant cette période (1980), on a aussi commencé à faire une identification de notre patrimoine. C’està-dire qu’on a recensé l’ensemble des surfaces, les gazons, les rosiers, les zones sablées, les massifs (etc). A l’époque première application était sur le minitel ! Première base de données, actualisée aujourd’hui avec le SIG. On a établie des grilles de maintenance, neuf en tout, des terrains les plus horticoles au plus champêtres, puis on s’est aperçu que 9 codes c’était trop. Depuis 2005 il est réduit au nombre de cinq. Apres les années 90, il y a eu une évolution sur l’utilisation des produits sanitaires. On a arrêté de faire des traitements préventifs sur nos massifs et sur les aires gravillonnées et sablées, ce fut une première étape . Puis en 94, on a arrêté de traiter en curatif, les trottoirs plantés, les abords de voiries avec les arbres en alignement. Avant on passait au pied des arbres 2 ou 3 fois par an. C’est là qu’on a commencé à avoir une végétalisation assez frappante de la ville. L’herbe c’est mise à pousser aux pieds des arbres, en peau de léopard (c’est-à-dire une touffe ici un autre là)donc esthétiquement on n’était pas assez à niveau. Quand on passait la tondeuse sur les trottoirs, il y avait des projections de cailloux sur les voitures. Il y a eu quelques petites réactions des habitants parce qu’ils ont vu que la ville commençait à changer, mais bon ça c’est fait progressivement. … CL : Comment avez-vous géré ces réactions ? CA : On a commencé a expliqué, à faire des réunions d’information , des publications dans les journaux locaux. Globalement il n’y a pas eu de levée de bouclier, toujours un petit flot de courriers et voilà… L’avantage qu’on a eu à Rennes, c’est qu’on a mis en place ces évolutions sur 30 ans. Donc c’est arrivé en douceur. L’herbe est arrivée progressivement. Contrairement aux communes qui maintenant veulent passer du tout phito au zéro phito en 2 ans, l’image de la ville est complément bouleversée ,les résidents ne comprennent pas pourquoi ils payent autant d’impôts, ils trouvent que ça fait «sale», se demande ce que font les employés municipaux, là ça crée un décalage.
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224 2000 est aussi une étape importante, on a décidé de ne plus traiter tout un quartier de la ville (il y en a 12 en tout). Une sorte de «quartier test» sans produit phito, avec une étude sociologique à la clé. Là on interroge les riverains et à la question : Avez-vous vu une différence dans le quartier ? On s’apperçoit alors que lorsque les abris bus ne sont pas tagués, lorsque les poubelles sont vidées régulièrement, lorsqu’il n’y a pas trop de crottes de chien sur les trottoirs, et bien la présence de l’herbe est perçue assez positivement, il n’y a pas de réaction épidermique ! A contrario, dès qu’il y a des crottes, papiers, arrêts de bus cassés… là la présence de l’herbe est le catalyseur d’un mauvais état d’esprit. Non seulement c’est sale, mais en plus il y a de l’herbe, ce n’est pas possible. Donc globalement l’herbe est acceptée dans une ville propre. C’est évidemment un élément non négligeable parce qu’on peut avoir des difficultés avec la population si l’on a un mauvais passif de gestion au sein de cette même collectivité. En 2005 on a l’obligation pour les communes de plus de 5000 habitants de réaliser un plan de désherbage. C’est-à-dire une cartographie de la ville, où l’on indique où nous avons ou non le droit de traiter. En même temps nous avons dû faire face à un arrêté préfectoral qui interdisait l’utilisation des produits phito à côté des regards, des avaloirs, des fossés, des bouches d’égouts. Donc après avoir identifié les lieux, nous avons décidé communément avec les élus de ne plus traiter l’ensemble. Nous avons donc 2 solutions pour de plus utiliser de produits herbicides, soit on garde la même image de la ville et on embauche plus de personnes, soit on stoppe l’utilisation de pesticide mais derrière il faut accepter que la ville se verdisse et que les paysages évoluent. Les élus on décider de maintenir les effectifs. CL : Des méthodes alternatives ? CA :Oui, il y la solution du désherbage mécanique, la binette ou encore l’eau chaude mais ce n’est pas forcement concluant. Donc on reste plutôt sur du mécanique en terme d’éradication de certaines adventices que sur du thermique. À partir de là on a fait des classifications, Depuis 2005 l’ensemble de la ville c’est verdi. On a arrêté la diffusion des produits phytosanitaire en service « espace vert » et en « voirie ». On a coupé le robinet partout. CL : Et la question des cimetières ? CA : Donc arrêt partout sauf les cimetières… CL : Et les stades ? CA : Et les stades. À partir de 2011, on c’est dit qu’on avait bien évolué depuis 25 ans, qu’il fallait essayer d’aller jusqu’au bout dans la démarche. En faisant par exemple 0 phyto dans les cimetières. On c’est d’abord renseigner en allant voir les collègues de Versailles en 2009, nous sommes également aller voir à Angers. Donc chez nous, arrêt total des phytos dans les cimetières en 2012, après section test en 2011. Les cimetières il y a une problématique différentes parce que le côté affectif entre en jeu. Les personnes souhaitent que les cimetières soit propres, sinon cela signifie qu’on abandonne l’entretien, et donc qu’on abandonne les défunts, et c’est intolérable. Nous n’avons pas la culture des cimetières herbeux comme en Suède ou au Danemark. (…) La «base culturelle» est différente avec une acceptation de l’herbe différente. Végétalisation très rapide du cimetière. (…) Comme sur les surfaces sablées en ville, on a décidé d’engazonner les surfaces qui naturellement s’enherbent, celles en définitive où personne ne passe donc où ça ne dérange pas . On est passé de 1000heures de mains d’œuvre pour l’entretien des cimetières, à 6000heures. Là on peut affirmer que la gestion différenciée et aussi partie prenante de l’économie , attention ! Du même coup nous avons effectué un redéploiement des équipes espaces verts qui concrètement vont au cimetière sur des périodes précises et ciblées comme avril, juin et septembre. Tout ceci fut accompagné avec des moyens de communication, d’information et de formation pour les équipes ! D’ailleurs pour toute l’application de la gestion différenciée sur la ville, la première étape est bien entendu la formation des agents de terrain . Il faut garder à l’esprit d’associer leurs pratiques à leurs futures évolutions . Ça prend du temps ?
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225 Il est vrai que l’on transgresse d’une certaine manière l’enseignement horticole de base, donc il faut faire changer des gens qui ont la culture du propre. 2e gros point : infirmer et associer la population. Les jardiniers ne jouent pas à la belote non, ils ont plus de travail pour un résultat qui est moins satisfaisant quand on est habitué a voir des terrains aseptisés. CL : Le guide de maintenance date de quand ? CA : Alors tout se faisait à l’oral jusqu’en 2005. Mais en 2006, il y a eu un fort départ en retraite, papy-boom ! Et donc la mémoire du service s’en est allée avec ces personnes, donc on a souhaité créer un groupe de travail pour rédiger un document sur la gestion différenciée à Rennes. Groupe de travail qui associait toutes les unités, les jardiniers, responsables d’équipe, la maitrise d’œuvre, maitrise d’ouvrage, l’exploitation, l’administration pour avoir un panel de compétences et de points de vues. Puis on a défini le manuel, les 5 codes de maintenance . Point important c’est que même dans les espaces ou l’on a l’impression qu’il n’y a pas de gestion, il y en a une ! Explication des 5 codes et leurs localisations. Le mobilier urbain est le même, quand on parlait de propreté, d’homogénéité, c’est important. L’entretien est le même qu’on soit au centre ou en périphérie de ville. Le document comprend une charte avec les spécificités rennaises. Détail des codes de gestion (…) C’est un document de référence, on l’appelle la bible du jardinier. Et chaque chef d’équipe a carte blanche sur sa gestion à partir du moment où ça rentre dans ce cadre. L’objectif est de produire un document qui ne soit pas figé. 32 équipes de maintenance, donc 9 avec élagueurs ainsi que les transports (engins de travaux), le centre horticole (qui produit des plantes annuelles et bisannuelles), donc 270 jardiniers, 400 agents en tout ! Ainsi que 10 personnes au bureau d’étude, avec lesquelles nous travaillons en collaboration pour que les projets intègrent l’entretien et le non désherbage. CL : Comment ça se passe avec les bureaux d’étude privé ? CA : C’est plus compliqué. Le concepteur à sa vision, la difficulté c’est que des fois ce n’est pas compatible avec nos modes de gestion. Certaines demandes de gestion ne peuvent pas être suivies, il n’y a pas assez d’effectif. Même en terme de mobilier, si on a plusieurs références différentes, c’est compliqué. CL : Comment réduire les plantations en jardinières et en pot ? CA : On est allé à Cherbourg en 2011, et ils sont passés en plantes annuelles et bisannuelles en «tout vivaces». La vivace permet de gagner un peu de temps mais y a quand même un suivi derrière. CL : Comment se passe l’arrosage ? CA : On n’arrose pas, sauf les plantes à massif.
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226 Lexique ONG (Organisation Non Gouvernementale) Organisation d’intérêt public qui agit sans but lucratif et qui intervient à l’échelle internationale sur des actions de soutien, de solidarité, de coopération ou de développement. Elle est indépendante des gouvernements et fonctionne principalement à partir de fonds privés. Écosystème C’est l’ensemble formé par une association ou communauté d’êtres vivants (ou biocénose) et son environnement biologique, géologique, édaphique, hydrologique, climatique, etc. (le biotope). Les éléments constituant un écosystème développent un réseau d’échange d’énergie et de matière permettant le maintien et le développement de la vie. Le terme fut forgé par Arthur George Tansley en 19351 pour désigner l’unité de base de la nature. Unité dans laquelle les plantes, les animaux et l’habitat interagissent au sein du biotope. Dans l’écosystème, le rôle du sol est de fournir une diversité d’habitats, d’agir comme accumulateur, transformateur et milieu de transfert pour l’eau et les autres produits apportés. (wiki) Biotope C’est littéralement en grec ancien, un type de lieu de vie défini par des caractéristiques physiques et chimiques déterminées relativement uniformes. Ce milieu héberge un ensemble de formes de vie composant la biocénose : flore, faune, fonge (champignons), et des populations de micro-organismes. Un biotope et la biocénose qu’il accueille forment un écosystème caractéristique. L’évolution de cet écosystème tend vers un climax momentané, qui change avec notamment le climat, manifestant un nouvel équilibre du biotope. Ainsi, la vie peut continuer avec des modifications de la démographie et de la biodiversité des espèces. (wiki) Rhizome ou ville rhizome Tige souterraine vivace, généralement à peu près horizontale, émettant chaque année des racines et des tiges aériennes. Mail Au xviiie siècle, de nombreux terrains sont aménagés et planté aux abords des villes pour le jeu de MAIL qui fait fureur. Ces terrains garderont souvent ce nom et deviennent par la suite des lieux de promenade. Aménité Douceur et charme qui émanent d’un lieu. C’est tous les aspects de l’environnement qui sont appréciable et agréable pour l’homme. Palimpseste Parchemin dont la première écriture, grattée ou lavée, a fait place à un nouveau texte.
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227 Frontage Un frontage est le terrain compris entre la base d’une façade et la chaussée.Il peut être composé de deux frontages. D’abord le frontage privé qui est formé par le terrain privé situé entre la limite de propriété et la façade du bâtiment en retrait tournée vers la rue. Ensuite le frontage public qui est formé par la surface du domaine public de voirie comprise entre le caniveau de la chaussée et la limite du trottoir côté riverains. L’étude des frontages est aujourd’hui essentielle, car ils participent fortement à la qualité de vie des habitants d’une ville. Le concept de frontage a été transposé par Karina Kühni aux institutions de la petite enfance. La distance professionnelle que les éducateurs et éducatrices de la petite enfance doivent adopter peut selon elle être considérée comme un frontage, représentant les limites à ne pas franchir entre la sphère publique et la sphère privée. Ces frontages participent considérablement aux bonnes relations entre les parents, les enfants et les professionnel·le·s de la branche Hygiénisme Fréquemment utilisé dans une acception généraliste, l’hygiénisme désigne un courant du milieu du XIXe siècle qui, selon Georges Vigarello, se base sur « le principe nouveau de rentabilité « combustive » [pour réorienter] les valeurs données à la nourriture, aux boissons, à l’air respiré, au travail, au repos, à la propreté d’un corps censé laisser pénétrer l’oxygène par la peau1 ». L’hygiénisme s’est ensuite appuyé sur les découvertes de Louis Pasteur en 1865, et de ce fait sur le rôle des bactéries et des micro-organismes dans la contamination des maladies humaines. Les théories hygiénistes, courants de pensée regroupant des mouvances politiques et sociales, des doctrines urbanistiques et des pratiques médicales, apparaissent pour l’essentiel au cours du XIXe siècle dans le prolongement des découvertes de Louis Pasteur. Ripisylve Formations végétales qui se développent sur les bords des cours d’eau ou des plans d’eau situés dans la zone frontière entre l’eau et la terre (écotones). Elles sont constituées de peuplements particuliers en raison de la présence d’eau sur des périodes plus ou moins longues : saules, aulnes, frênes en bordure, érables et ormes en hauteur, chênes pédonculés et charmes sur le haut des berges. COP Conférences of the Parties. C’est notamment lors de ces COP que les États signataires peuvent entériner des accords sur la réduction des émissions anthropiques de gaz à effet de serre, avec des objectifs communs ou différenciés. Ils évaluent également à ces occasions l’évolution de leurs engagements et de l’application de la convention-cadre. Des sessions de négociation sont réalisées en amont de ces sommets. Les COP réunissent les représentants des Parties mais aussi des acteurs non-étatiques : collectivités territoriales, ONG, scientifiques, etc.
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228 L’artificialisation des terres : également dénommée consommation d’espace, décrit l’augmentation des zones urbanisées au cours du temps. Ce processus couvre notamment l’apparition d’agglomérations dispersées dans les zones rurales, l’expansion des zones urbaines autour d’un noyau urbain (étalement urbain compris) et la reconversion des terres a l’intérieur d’une zone urbaine (densification). En fonction des conditions locales, l’artificialisation des terres se traduit dans une plus ou moins grande mesure par une véritable imperméabilisation des sols. Les zones périurbaines : Elles décrivent l’espace qui entoure les zones urbaines et qui se fond dans le paysage rural (la zone qui se trouve entre les agglomérations urbaines) et leur «arrière-pays» rural; les grandes zones périurbaines peuvent inclure des villes et des villages faisant partie d’une agglomération urbaine. Une zone urbanisée : parfois dénommée «zone ou territoire artificialisé», comprend la surface de terrain affectée au logement, aux activités industrielles et commerciales, aux soins de santé, a l’éducation, aux infrastructures de soins infirmiers, aux réseaux routier et ferroviaire, aux loisirs (parcs et terrains de sport), etc. (voir figure 2). Pour la planification du territoire, cela correspond généralement à toutes les utilisations des terres en dehors de l’agriculture, des zones seminaturelles, de la sylviculture et des masses d’eau. L’imperméabilisation des sols : désigne le recouvrement permanent d’un terrain et de son sol par un matériau artificiel imperméable (asphalte ou béton, par exemple), notamment lors de la construction de bâtiments et de routes. Comme le montre la figure 2, seule une partie d’une zone urbanisée est réellement imperméabilisée, car les jardins, les parcs urbains et autres espaces verts ne sont pas recouverts d’une surface étanche. L’étalement urbain Désigne l’urbanisation progressive des zones suburbaines et rurales au-delà de leurs pôles urbains respectifs, qui se caractérise par une faible densité d’utilisations diverses des terres a la périphérie des villes, souvent associée a l’absence de réaménagement ou de réaffectation des terrains situés dans les centres urbains proprement dits. Même planifie, le développement urbain au-delà des limites d’une ville se traduit par la consommation d’espace et l’imperméabilisation de sols, mais en règle générale, la pression sur l’environnement est moindre en cas de planification. Commission européenne, Lignes directrices concernant les meilleures pratiques pour limiter, atténuer ou compenser l’imperméabilisation des sols, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg, 2012. GIEC p.11 : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Cet organisme de recherche intergouvernemental est ouvert à tous les pays membres de ces deux organisations. Le GIEC a pour mandat d’évaluer, sans parti pris et de manière méthodique et objective, l’information scientifique, technique et socio-économique disponible en rapport avec la question du changement du climat. La compréhension des fondements scientifiques du changement climatique provoqué par l’homme doit permettre d’en établir les conséquences et d’envisager des stratégies d’adaptation et d’atténuation.
229 Permaculture La permaculture est une méthode systémique et holistique de conception d’habitats humains et de systèmes agricoles inspirée de l’écologie naturelle (biomimétisme) et de la tradition. Elle n’est pas un mode de pensée mais un mode d’agir qui prend en considération la bio-diversité des écosystèmes. En outre, elle vise à créer une production agricole durable, très économe en énergie (travail manuel et mécanique, carburant...) et respectueuse des êtres vivants et de leurs relations réciproques, tout en laissant à la nature « sauvage » le plus de place possible. Cette méthode a été créée dans les années 1970 par les Australiens Bill Mollison et David Holmgren. Le terme Permaculture signifiait initialement «agriculture permanente», mais il a été rapidement étendu pour signifier «culture de la permanence» car il était réalisé que les aspects sociaux font partie intégrante d’un système véritablement durable. Cette dernière signification est encore aujourd’hui sujet à polémique. La permaculture forme des individus à une éthique ainsi qu’à un ensemble de principes (design permaculturel); L’objectif étant de permettre à ces individus de concevoir leur propre environnement, et ainsi de créer des habitats humains plus autonomes, durables et résilients, et donc une société moins dépendante des systèmes industriels de production et de distribution (identifiés par Mollison comme le fondement de la destruction systématique des écosystèmes). Elle utilise entre autres des notions d’écologie, de paysagisme, d’agriculture biologique, de biomimétisme, d’éthique, de philosophie et de pédologie3. La permaculture invite à mettre ces aspects théoriques en relation avec les observations réalisées sur le terrain de façon harmonieuse. Résilient Se dit de ce qui présente une résistance aux chocs. Agriculture urbaine L’agriculture urbaine est une forme émergente de pratiques agricoles en ville, généralement en parcelles partagées, ou en jardins individuels et/ou collectifs. L’agriculture urbaine recouvre différents types de production d’intérêt économique local, de plantes, de champignons (comme les champignons de Paris) ou d’animaux sur le territoire urbain ou sur les espaces le jouxtant (péri-urbains). Le concept relevant encore de la prospective mais fait l’objet d’études, voire de projets à moyen terme comme celui de l’Agriculture verticale. Espaces cultivés et espaces bâtis se mélangent et participent ensemble au processus d’urbanisation. Cette agriculture urbaine participe également à l’enrichissement en biodiversités de la ville. Évapotranspiration Quantité d’eau évaporée par le sol, les nappes liquides, et transpirée par les plantes.
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230 îlot de chaleur urbain Les îlots de chaleur urbains (ICU en abrégé) sont des élévations localisées des températures, particulièrement des températures maximales diurnes et nocturnes, enregistrées en milieu urbain par rapport aux zones rurales ou forestières voisines ou par rapport aux températures moyennes régionales. Ce phénomène aurait été compris et décrit pour la première fois au xixe siècle à Londres, par Luke Howard, un pharmacien passionné par la météorologie. Au sein d’une même ville, des différences importantes de température peuvent être relevées selon la nature de l’occupation du sol (forêt, étendues d’eau, banlieue, ville dense...), l’albédo, le relief et l’exposition (versant sud ou nord), et bien entendu selon la saison et le type de temps. Les îlots de chaleur sont des microclimats artificiels. Par exemple, la ville d’Athènes en Grèce et certaines de ses stations météorologiques sont caractérisées par un fort îlot de chaleur urbain. Ce réchauffement semble en voie d’aggravation, et nécessite des stratégies nouvelles d’adaptation. Percements Haussmanniens Les transformations de Paris sous le Second Empire ou travaux haussmanniens constituent une modernisation d’ensemble de la capitale française menée à bien de 1852 à 1870 par Napoléon III et le préfet Haussmann. Le projet a couvert tous les domaines de l’urbanisme, aussi bien au cœur de Paris que dans ses quartiers extérieurs : rues et boulevards, réglementation des façades, espaces verts, mobilier urbain, égouts et réseaux d’adduction d’eau, équipements et monuments publics. Violemment critiquée par certains de ses contemporains pour son coût faramineux et pour avoir réduit la mixité sociale, oubliée pendant une partie du XXe siècle puis réhabilitée par le discrédit de l’urbanisme d’après-guerre, cette œuvre conditionne toujours l’usage quotidien de la ville par ses habitants. Elle a posé le fondement de la représentation populaire de la capitale française à travers le monde en superposant au vieux Paris et à ses ruelles pittoresques un Paris moderne fait de grands boulevards et de places dégagées.
Annexes
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Bibliographie
232 Bibliographie Livres · Assilineau Elea, Domenech Gilles, De l’arbre au sol, les Bois Raméaux Fragmentés, Éditions du Rouergue, Rodez, 2007. · Barles, Sabine. Breysse, Dominique, Guillerme, André Leyval, Corinne. Le sol urbain. Paris, Economica, 1999. · Barrière Bernadette, Atlas historique des villes de France : Brive, Ed. Broché, Paris, 2000
. Forestier, Jean Claude Nicolas. Grandes villes et systèmes de parcs. Paris, Essais, 1906. . Gillig Charles-Materne, avec Bourgery Corinne et Amann Nicolas, L’arbre en milieu urbain, Conception et réalisations, Éd. infolio, Gollion, Suisse, 2008. . Hallé, Francis. Plaidoyer pour l’arbre. Arles, Acte sud, 2005. . Hallé, Francis. Du bons usages des arbres. Arles, Acte sud, 2011.
. Bertrand Bernard, Histoires et légendes des arbres et arbustes, L’herbier boisé, Éditions Plume de carotte, Toulouse, 2007.
. Hallé, Francis. La vie des arbres. Montrouge, Bayard, 2011.
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Remerciements Ma directrice d’étude, Alise Meuris pour m’avoir guidé dans ce travail. Les membres du Jury, Graziella Barsacq, Bernard Longpré et Philippe Guyot, pour l’intérêt qu’ils ont accordé à mon travail. Leurs informations et conseils ont été précieux. Aubérie Vantomme, pour son travail de graphiste et sa collaboration sans faille sur ce mémoire. Jessica, Lucie et Etienne pour leur participation, leurs conseils toujours justes et leurs aides salvatrices. Charlotte et Sophie, pour leurs soutiens au quotidien. Edouard, pour son coup de crayon. Bernard et Véronique, pour leurs corrections assidues. Clémentine, Johanna, Alix, Cyril, Aline et tous mes proches pour leurs conseils.
Texte composé en DTL Documenta et Aller, papier Dito 140 Mise en page : Aubérie Vantomme Imprimé en novembre 2015 à l’imprimerie Dupeyron, Bordeaux. ©Claire Labro 2015