Les MarchĂŠs africains
LES MARCHÉS AFRICAINS
Clara Rubin Enoncé théorique de Master en Architecture SAR / ENAC / EPFL Sous la direction de Monsieur Jacques Lévy Janvier 2015, Lausanne
Remerciements : Je tiens à remercier tout d’abord mon responsable de l’énoncé théorique le Professeur Jacques Lévy, ainsi que Jérôme Chenal, qui ont su alimenter mes réflexions tout au long du semestre. Un merci particulier à Gilles Marchand et Maître Guédel N’Diaye, pour leur chaleureux accueil et qui m’ont guidée tout au long de mon séjour à Dakar et sans qui je n’aurais pas pu obtenir toutes mes informations Merci également à Monsieur Benjamin Michelon, qui par un bref entretien, a su me faire partager sa passion pour les marchés africains. Je remercie enfin tous mes proches qui m’ont soutenue durant ce semestre, mais aussi depuis le début de mes études en architecture.
TABLES DES MATIÈRES INtRoDUCtIoN
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AtLAS
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LES tyPES DE MARChéS origine et évolution architecturale Les types de marchés africains
11 12 16
INFRAStRUCtURES Et oRGANISAtIoN SPAtIALE Dynamiques spatiales Les équipements et services Les installations de vente
25 26 30 35
VENDEURS Et ACtIVItéS Les modes d’utilisation Les Vendeurs Les Activités et produits
45 46 48 52
CoNtExtE, DIAGNoStIC Et ENJEUx Diagnostic Pourquoi les améliorer ? Les facteurs à prendre en compte
59 60 68 72
LES MARChéS DE yoFF Situation et contexte Le marché central Le marché aux poissons
83 85 96 112
CoNCLUSIoN
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ICoNoGRAPhIE
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BIBLIoGRAPhIE
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WEBoGRAPhIE
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INTRODUCTION
ce nouveau type de vendeurs qui ont provoqué une sur-occupation des structures marchandes, alors que les moyens alloués par les autorités pour améliorer les infrastructures sont négligeables. Les marchés ont souvent été considérés comme de simples équipements et leur conception a souvent été occultée dans les projets de planification urbaine, bien qu’ils soient un outil majeur pour le développement urbain. En raison des nombreuses activités et flux de populations qu’ils drainent, les marchés urbains ont une incidence sur toute une ville et pas seulement sur son environnement direct. Car l’emprise théorique d’un marché, qui comptabiliserait seulement les activités au sein du bâtiment officiel, ne représente souvent pas l’emprise réelle du marché, qui comprend l’espace urbain qui a vu sa structure se modifier avec la construction de nombreuses boutiques sauvages. Cet environnement urbain saturé et interrompu pose de nombreux problèmes sur le trafic et la circulation. De plus, la dégradation des infrastructures a été la cause de l’insalubrité et l’insécurité qui règnent sur les marchés. La qualité des aliments se dégrade et ils peuvent être à l’origine d’épidémies très dangereuses pour la santé publique. Les incendies sont quant à eux la première cause de destruction des équipements et sont en partie dus à un réseau électrique anarchique. Dans un premier temps, cet énoncé proposera d’une part une description du fonctionnement physique des marchés africains et d’autre part le fonctionnement interne qui se concentre sur les activités, les vendeurs et les produits. Il s’agira ensuite d’établir un diagnostic des marchés et d’énoncer les enjeux qu’impliquerait un projet sur une infrastructure de ce type.
Visiter un marché africain, c’est s’imprégner des couleurs, des odeurs et coutumes de l’Afrique. C’est le « lieu pour tous », où femmes, hommes, vieux, enfants se mélangent, se rencontrent et échangent au rythme des cris des marchands. on s’y rend pour acheter et se nourrir, mais aussi, car il est devenu au fil des années une « ville dans la ville »1.
La croissance démographique exponentielle des métropoles africaines ces dernières années implique de nouveaux défis. Les besoins grandissent et les infrastructures ont de la peine à suivre le rythme effréné de cette croissance. La problématique de la distribution alimentaire des villes constitue un défi majeur pour ces prochaines années. Les marchés, qui servent toujours de lieu de distribution pour la plus grande partie de la population, doivent aussi faire face à cette croissance. L’augmentation rapide de la démographie, combiné avec une situation économique difficile, a favorisé le développement d’un commerce en marge de la société : le commerce informel. Le commerce informel, étant le moyen de survie de nombreux ménages, a vu ses effectifs en vendeurs considérablement augmenter et s’est développé parallèlement au commerce officiel. Les vendeurs du secteur de l’informel occupent les structures marchandes pour augmenter leurs bénéfices et se rapprocher des zones de fortes activités. Les marchés ont donc vu leurs équipements se dégrader considérablement avec l’arrivée de 1 Paulais thierry, Le marché dans la ville d’Afrique noire, Les Annales de la recherche urbaine, Gouvernances, n°80-81, p. 35
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Cette analyse a pour but de dégager des principes qui seront utiles pour réaliser ou transformer une infrastructure de ce type dans un lieu précis et dans un deuxième temps, je proposerai une étude de cas sur une commune qui, selon moi, est un bon exemple résumant les problèmes rencontrés dans la première partie. L’étude de cas se portera sur le quartier de yoff, une des 19 communes de l’arrondissement de Dakar au Sénégal. En 1994, la commune comptait environ 45’000 habitants alors qu’aujourd’hui, en raison de l’exode rural touchant la capitale sénégalaise ces dernières années, la commune en compte environ 60’000. À cause de cette urbanisation rapide, yoff a été une des victimes du manque de projets urbanistiques concrets et durables. En effet, le quartier s’est urbanisé d’une façon anarchique, sans aucune ligne directrice ou de vision à long terme. Ce quartier, situé au nord du centre de Dakar, profite de conditions optimales pour le commerce de la pêche et beaucoup de ses habitants y participent de près ou de loin et
dépendent de ce commerce. Malgré cela, aucune infrastructure n’a été planifiée pour favoriser le secteur qui, faute de moyens, peine à se moderniser. Durant mon séjour à Dakar, destiné à préparer ce travail de Master, qui m’a amené au fil des rencontres à passer du temps dans le quartier de yoff et à visiter ses marchés, j’ai pu constater des infrastructures en très mauvais état, qui faisaient le malheur de la population locale. Une redéfinition des infrastructures marchandes permettrait de rendre plus rentable le commerce de la pêche et ainsi améliorer la vie quotidienne de tout un village. Le dernier chapitre sera un rapide état des lieux du quartier de yoff et de ses marchés et servira de base pour le projet de Diplôme qui m’attend au semestre de printemps.
Figure 1 : Market Place, peinture par Charles Nkomo
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ATLAS
Cette carte illustre quelques grandes villes africaines qui abritent des marchés, qui serviront d’exemple dans la suite de cet énoncé.
DAKAR N’DJAMENA BOBO-DIOULASSO
ABIDJAN
COTONOU
LIBREVILLE
ANTANANARIVO
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LES TYPES DE MARCHÉS
ORIGINE ET ÉVOLUTION ARCHITECTURALE souvent proche de l’autorité de la ville, ce qui permettait aux pouvoirs publics de surveiller les activités du marché. Le marché de rue se rapproche fortement du marché à ciel ouvert, mais il se différencie par sa manière de s’intégrer à l’espace urbain : le marché de rue suit la morphologie de la rue et s’intègre donc d’une manière linéaire et non ponctuelle. Les marchands, qui n’ont pas la possibilité d’avoir une place au marché, développent de nouveaux moyens pour vendre leurs produits. Ils assurent une vente mobile et vont à la rencontre des acheteurs, à l’aide de charettes ou structures mobiles qu’ils ont construites. Au fil du temps, il devient nécessaire d’imposer un cadre au marché, non seulement réglementaire, mais aussi architectural. Afin de redéfinir les relations entre vendeurs et acheteurs et donner une identité au marché, on commence à imaginer des marchés fermés. De plus, afin de garantir des conditions d’hygiène satisfaisantes, une structure couverte s’avère de plus en plus judicieuse, car elle protégerait les aliments, mais aussi les marchands des intempéries. Une nouvelle forme de marché fait son apparition : le bâtiment multi-usage, qui comprend non seulement un marché, mais aussi d’autres programmes d’utilité publique. Ces bâtiments se manifestent souvent par une arcade au rezde-chaussée, qui abrite le marché, et des étages supérieurs qui contiennent les autres programmes. Ce type de bâtiment contribue déjà à imposer un certain ordre dans les activités liées au marché. Les premières formes de marché couvert se manifestent d’ordinaire par une forme simple, facilement conceptualisable et qui ne nécessite pas nécessairement la patte d’un archi-
L’origine du marché est dure à situer tant celle-ci est lointaine. L’échange de produits entre particuliers remonte à l’Antiquité et ces lieux d’échanges ont donné vie à une nouvelle forme de vie sociale. Ce qui s’apparentait au début uniquement à des échanges d’ordres économiques est devenu au fil du temps de véritables échanges sociaux, qui ont conduit à un rapprochement entre les hommes et plus tard à la formation de villages et villes. Dans la Rome Antique, le marché était compris dans le forum, qui constituait le centre politique, religieux et mercantile de toute la ville. Ce n’est que plus tard qu’il devient nécessaire de décentraliser les lieux de commerce pour les rapprocher plus des lieux de production et de dissocier le marché du pouvoir politique. Le lieu d’échange, qui est à l’origine du marché tel que l’on le connait aujourd’hui, n’avait pourtant au commencement pas de manifestation architecturale précise et ne constituait qu’une portion de ville, un espace ouvert. Ce lieu n’avait pas besoin d’un espace clos et reconnaissable comme les écoles, les églises, etc. Le marché à ciel ouvert est la forme la plus ambigüe et il est souvent défini uniquement par une place, une heure, un jour. on n’y trouve que des structures temporaires qui permettent une flexibilité et une réutilisation de la place les jours de non-marché. Aujourd’hui encore, on trouve cette forme de marché. Les commerçants fabriquent euxmêmes dans la plupart des cas leurs étals et leurs installations mobiles. La place, qui accueille le marché à ciel ouvert, se nomme généralement la place du marché. Celle-ci est délimitée par des monuments et elle est
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Figure 2 : Grand bazar au Kasr el Nil, Caire
tecte. Ces structures se constituent souvent d’une simple structure rectangulaire, composée d’une série de colonnes qui soutiennent la toiture. Cette forme de structure permet une bonne circulation de l’air et un accès facile par n’importe quel côté du bâtiment. La forme la plus évoluée et qui permet de rationaliser au maximum le marché, est le bâtiment complètement fermé. Avec ce type de bâtiment, on exclut le chaos dans l’espace public et on donne une identité forte au marché. Les architectes deviennent aussi acteurs de la conception des marchés et de la modernisation des infrastructures. Aujourd’hui encore, on retrouve toutes ces formes de marchés et dans les marchés africains, plusieurs types se mélangent et cohabitent.
Figure 3 : Marché public, St-Augustine, Floride
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Figure 4 : Vendeuse de pain, AlgĂŠrie
LES TYPES DE MARCHÉS AFRICAINS circulation des marchandises. C’est pourquoi les quantités de commerce de gros ne sont jamais exorbitantes. Au Burkina Fasso, dans les marchés de ouagadougou et Bobo-Dioulasso, qui sont les deux plus grandes villes du pays, seulement une dizaine de grossistes dans le commerce de céréales intervient sur un millier de tonnes par an. La grande majorité traite des quantités 4 à 5 fois plus petites1. Ces faibles quantités sont avant tout dues à l’intention des grossistes de ne pas avoir de marchandises invendues, ce qui augmenterait les coûts liés au stockage. De plus, le transport reste le facteur le plus coûteux et les grossistes ont souvent recours à des transporteurs extérieurs chargés de distribuer la marchandise. Dans certains cas, les commerçants n’ont même pas la possibilité d’avoir un véhicule, ils doivent donc transporter les marchandises manuellement, ce qui limite considérablement les quantités qu’il est possible de transporter. Le temps et les coûts sont les éléments déterminants dans l’organisation des grossistes. Pour le commerce des produits maraîchers, ce sont principalement les femmes qui sont actrices dans ce domaine. Elles peuvent même être présentes au commencement de la chaîne, récolter les denrées et aussi se charger d’acheminer le produit jusqu’au marché. Elles ne disposent pas non plus d’infrastructures de stockage, ce qui les oblige à écouler leurs stocks le plus rapidement possible. Dans le commerce des denrées périssables, on retrouve un autre type de commerçants : le commissionnaire. Le commissionnaire agit pour le compte du propriétaire de la marchandise, alors que le grossiste est généralement lui
Il existe essentiellement deux types de marchés dans le système d’approvisionnement des villes africaines : les marchés de gros et les marchés de vente au détail. Ces deux types de marchés sont très différents et nécessitent des aménagements tout aussi différents. Le marché de gros a un impact plus étendu que le marché de détail, et son effet sur la ville est aussi plus important. Les marchés de gros Les marchés de gros s’adressent avant tout aux commerçants de gros, mais gardent une connexion très forte avec le commerce de détail. toutefois, il n’est pas rare de constater un mélange des deux types d’activités, car certains opérateurs cumulent les deux fonctions : détaillant et grossiste en même temps. De plus, les grossistes se divisent en deux types : les grands et les petits. Les grands grossistes manient plus de quantité de produits et les revendent aux petits grossistes qui n’ont pas les moyens d’acheter en grande quantité, soit pour des raisons économiques ou pratiques. Les gros grossistes possèdent des entrepôts disséminés dans la ville, mais qui restent proches des marchés centraux. Cet éparpillement des grossistes dans la ville ne permet pas de fixer un prix équilibré et empêche un cadre strict qui fixerait les prix dans le même ordre de grandeur pour tous les commerçants. Même si les grossistes possèdent des sites de stockage, la tendance est d’éviter d’entreposer trop de marchandises, mais de les revendre le plus vite possible. En raison de la faible capacité d’investissement des commerçants, ils essaient de garder une certaine rapidité dans la
1 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p. 21
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Marché central
Figure 5 : Bobo-Dioulasso, deuxième ville du Burkina Faso après ouagadougou, possède deux marchés qui regroupent la plupart des activités de gros. Le marché central, à caractère plutôt local et où se trouvent essentiellement les petits grossistes et les grossistes de légumes, et le grand marché de fruits, appelé Sikasso Cira, où les réexpéditions se font en direction de la capitale ouagadougou et même des pays voisins. Les quantités traitées au marché central sont de l’ordre de 30’000 tonnes et celles de Sikasso Cira d’environ 70’000 tonnes1. Il existe aussi 60’000 tonnes de marchandises qui transitent par les magasins des grossistes à l’intérieur de la ville. Ces quantités sont essentiellement destinées à la réexpédition vers l’étranger. 1 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.49
Marché Sikasso Cira
Marché de thiaroye Gare
Figure 6 : À Dakar, les deux plus importants marchés de gros sont les marchés Syndicat et thiaroye Gare situé dans la commune de Pikine, à l’est du centre de la capitale. C’est eux qui traitent le plus gros volume de marchandises de la capitale. Le marché Syndicat, qui s’occupe exclusivement du commerce de fruits, comprend environ 200 grossistes et 1500 demi-grossistes. Il y a environ 26’000 tonnes de fruits qui transitent par an dans ce marché. Le marché de thiaroye Gare, qui est un des plus vieux marchés de Dakar, regroupe, quant à lui, le commerce de légumes et tubercules et traite un volume d’environ 100’000 tonnes par années1. Le marché approvisionne de nombreux marchés de détail au centre de Dakar, mais attire aussi beaucoup les ménagères, car il propose des prix plus bas que la moyenne des autres marchés. Les petits grossistes s’occupent d’acheter auprès des grossistes et de revendre ensuite en kilogrammes aux ménagères2.
1 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.50 2 http://www.seneplus.com/article/ le-marché-de-thiaroye-une-aubaine-pour-lesménagères
Marché Syndicat
même propriétaire de la marchandise, qui lui a été vendue par le producteur. Il est chargé d’acheminer la marchandise et il est responsable du processus qui conduit les denrées jusqu’au marché. Les petits grossistes se rapprochent plus du travail des commerçants de détail. Ils peuvent même être présents directement sur la chaussée aux abords du marché et décharger directement les produits depuis le camion. Les marchés de gros se caractérisent par leur portée à l’échelle urbaine et même plus pour les grands centres de stockage. Les très grands marchés de gros sont définis par plusieurs facteurs : le nombre de grossistes (une centaine pour les gros centres), l’étendue de la gamme des produits vendus, la quantité (masse) de marchandises circulant et si le marché est actif sur toute l’année2. Les marchés, qui comptent une dizaine ou une vingtaine de commerçants, restent à une échelle locale et approvisionnent essentiellement la ville ou même des quartiers. Dans certains cas, les marchés de gros sont encore financés par des fonds privés, alors qu’ils constituent un élément de bien public fondamental3. Les investisseurs privés ont souvent trop tendance à privilégier leur propre intérêt financier et à oublier l’intérêt public. L’avantage principal du marché de gros et de sa bonne conception permet de condenser les activités et ainsi augmenter l’efficacité des transactions. Les prix sont équilibrés et la compétition favorisée. De plus, les détail-
lants peuvent s’approvisionner tous au même endroit. L’emplacement du marché est aussi important pour ainsi éviter au maximum les coûts liés aux transports et qu’il soit inoccupé. Si le marché se trouve trop loin du lieu de production et du marché, les grossistes le délaisseront et continueront à être dispersés dans la ville, ce qui augmentera la congestion déjà trop forte pour la ville. Les marchés de détail organisés Les marchés de détail sont le lieu de rencontre entre commerçants et acheteurs. Encore aujourd’hui, les marchés alimentent la majorité de la population locale et regroupent toutes les générations et couches de la société. Ils sont nécessaires non seulement d’un point de vue social, mais aussi, d’un point de vue économique. Chaque quartier possède son propre marché, qui condense, pour certaines communes, plus de la moitié des revenus économiques. Généralement, on distingue un marché principal pour chaque ville, qui compte le plus grand nombre de commerçants et qui draine la plus grande partie de la population : Le « Marché central ». C’est généralement le marché le plus ancien et celui qui a le plus d’équipements. Les marchés de détail se différencient des marchés de gros essentiellement par les équipements dont ils ont besoin. Alors que le commerce de gros ne requiert pas d’équipements spécifiques, pour les marchés de détails il est absolument nécessaire d’avoir des infrastructures qui assurent la qualité des aliments, mais aussi la sécurité des commerçants et clients. Les marchés se manifestent par des bâtiments fermés qui comprennent à l’intérieur
2 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.40 3 tollens Eric, Les marchés de gros dans les grandes villes africaines. Diagnostic, rôle, avantages, éléments d’étude et de développement, p.17
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Ce schéma montre les rapports entre les différents intervenants lors des circuits d’approvisionnement alimentaires des villes. Cependant, il est nécessaire de savoir que les rôles ne sont pas aussi bien définis que ce schéma pourrait laisser croire. Il n’est pas rare qu’un individu s’occupe de la marchandise en gros, mais aussi en détail, et que les activités de gros se déroulent aussi aux abords des marchés de détail. Certains marchés de gros assurent aussi la fonction de marché de détail.
Le collecteur vend sa marchandise au grossiste ou il peut, par l’intermédiaire du commissionaire, aller vendre sa marchandise directement au marché.
Le commissionaire s’occupe d’acheminer la marchandise pour le compte du propriétaire. Il recevra une commission en fonction de la quantité vendue.
Le petit grossiste achète des grandes quantités au grossistes et les revend au commerçant de détail en petites quantités.
Le grossiste achemine les denrées jusqu’au marché de gros, souvent par l’intermédiaire d’un transporteur. Le grossiste est propriétaire de la marchandise
Au marché de gros, les denrées sont soit reexpédiées dans d’autres villes ou pays, soit transportées vers les marchés locaux.
Les petits grossistes et grossistes vendent directement sur les abords du marché les marchandises aux commerçants.
toute une série d’infrastructures, servant à exposer la nourriture, que nous décrirons plus en détail dans les chapitres suivants. Dans les anciens villages, étant à présent englobés par l’urbanisation de la ville, on trouve toujours des marchés périodiques, contrairement aux marchés urbains qui se veulent quotidiens. Les marchés périodiques possèdent des équipements temporaires et moins sophistiqués que les marchés quotidiens. on distingue aussi, en plus des marchés urbains permanents et des marchés villageois périodiques, les marchés qui prennent place la nuit. Ils maintiennent une activité de jour, mais qui est réduite, en comparaison avec les activités de nuits. Généralement, ils prennent le relais des marchés urbains qui ferment la nuit4. Les marchés dépendent dans la plupart des cas de la mairie, qui assure des services d’entretien et de gardiennage. Mais il existe aussi d’autres types de gestion, où l’administration est gérée par des organisations, des entreprises privées ou des fondations religieuses5. Les marchés organisés, ou aussi appelés « officiels » sont reconnus par la Mairie et paient des redevances, ce qui les distingue des marchés spontanés. toutefois, il existe des marchés organisés résultant de marchés spontanés qui ont été reconnus, vraisemblablement grâce à leur importance. Dans la plupart des cas, les marchés sont
polyvalents et vendent toute une gamme de produits, allant des produits vivriers aux produits manufacturés. Cependant, ils peuvent se différencier par l’étendue de la gamme de produits qu’on peut y trouver. Quand certains domaines deviennent trop importants, la municipalité peut décider de regrouper les commerçants en un seul endroit et ainsi en faire un marché spécialisé. Les marchés spécialisés peuvent aussi être dus à leur proximité avec des lieux bien spécifiques : par exemple, un marché de poissons proche de la mer ou un marché spécialisé dans la viande proche d’un abattoir.
Figure 7 : Le nouveau marché de friperie de Cotonou. Il y a une trentaine d’années, le domaine de la friperie a pris une nouvelle ampleur dans la capitale béninoise. En premier lieu, le marché, appelé Missebo, prenait place en plein cœur de la ville. Mais son importance à amener la municipalité à réagir et par conséquent proposer aux commerçants de nouvelles infrastructures, les conditions en ville devenant difficilement viables. Les autorités ont construit de nouveaux hangars, le long de la la-
4 Le marché Farakan de Bobo-Dioulasso prend dès 19h le relais du marché central. Il compte la nuit environ 1000 vendeurs alors que de jours il en compte une centaine. Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000 p.34 5 tracey-White John David, Manuel de Planification des marchés de vente au détail, p.10
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gune, qui peuvent accueillir près de 1500 places réparties sur neuf hectares. Le premier but est de pouvoir installer tous les commerçants n’ayant pas eu de place ou exerçant dans des conditions vraiment déplorables1.
d’un marché dit « sauvage » aucune taxe n’est perçue et ils opèrent en marge des activités officielles des marchés de détail. Les marchés spontanés sont en général plus nombreux dans les quartiers, notamment parce qu’ils nécessitent moins d’infrastructures et d’équipements. En effet, ils regroupent essentiellement des vendeurs ambulants qui utilisent des équipements bancals, souvent imaginés et construits par leurs soins. Les marchés spontanés sont le fruit d’un nouveau secteur qui a pris de l’ampleur ces dernières années : le secteur informel. Ce secteur échappe à toutes règles et est complètement oublié dans les outils de planification urbaine alors qu’il y joue un rôle prépondérant. Nous reviendrons plus tard sur le secteur informel, car celui-ci mérite qu’on s’y attarde plus longuement.
Les marchés de détail spontanés Le marché de détail d’origine spontanée s’oppose au marché de détail organisé. Comme son nom l’indique, son origine est le fruit de quelques vendeurs qui ont décidé d’occuper un espace pour vendre leurs marchandises, sans la reconnaissance ni l’autorisation des autorités. La principale différence entre ces deux types de marchés est que dans le cas 1 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.33
Les types de Marchés à Dakar
6 Marchés résultant d’une impation spontanée
30 à l’echelle du quartier
37 Marchés organisés
6 à l’echelle d’une commune
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Figure 8 : Schéma montrant les différents types de marchés présents à Dakar sur les 53 recensés en 1991
10 Marchés villageois
1 à l’echelle de la ville
Figure 9 : MarchĂŠ Dantkopa, Cotonou, BĂŠnin
INFRASTRUCTURES ET ORGANISATION SPATIALE
DYNAMIQUES SPATIALES tion, ce qui leur permet d’occuper l’espace public selon leur envie. Les rues aux abords des marchés se modifient considérablement avec l’apparition d’auvents et de boutiques installées par les vendeurs ambulants. De plus, les affectations sont aussi altérées et peuvent changer sous la pression du marché. Les surfaces commerciales fleurissent tandis que les habitations diminuent. L’occupation du sol ne se limite pas seulement à l’intérieur, mais le marché se développe tout autant dans la rue, parallèlement au marché officiel. Le marché réel, n’étant pas limité par un règlement, est en constante mutation et il est difficile d’identifier avec précision quelle sera l’emprise du marché dans le futur. Dans la conception du marché, il est important de garder en mémoire que l’espace public se trouve modifié avec le marché et qu’il est important d’imposer un cadre, même minime, à ces transformations. Les bâtiments souvent sous-dimensionnés ont amené les commerçants à quitter le marché et aller s’installer sur l’espace public. De ce fait, des espaces étant pensés à l’origine comme des espaces publics servant au marché, comme une place par exemple, se retrouvent aujourd’hui envahis par les vendeurs à la sauvette et perdent toute leur qualité publique. Les espaces doivent être définis, pour empêcher une utilisation anarchique des commerçants qui perturberait le bon fonctionnement du marché. on peut notamment utiliser du mobilier urbain ou de la végétation pour « cadrer » et accompagner ce développement autour des marchés. Une place, exempte de définitions, sera naturellement transformée en marché secondaire par les vendeurs ambulants.
L’espace qu’occupe le marché ne se résume pas seulement au bâtiment principal, mais englobe toute une portion de ville. Les nombreuses boutiques et installations de vendeurs, qui se sont installés à l’extérieur du marché, engendrent un espace public urbain qui se métamorphose constamment. Dans l’idéal, le développement du marché devrait suivre un plan directeur et non pas s’étendre chaotiquement, tout comme l’intérieur du marché qui doit aussi être organisé spatialement pour garantir son bon fonctionnement et une qualité des aliments.
Emprise officielle et emprise « réelle » L’emprise physique réelle du marché ne suit pas toujours l’emprise théorique qu’on avait imaginé lors de la réalisation de ces marchés. Même si le bâtiment officiel peut constituer le point névralgique du système, le marché s’étend souvent bien au-delà de cette limite. on distingue trois notions : le marché officiel, qui comme son nom l’indique recense les installations qui se trouvent dans le marché officiel, le marché réel – comprenant aussi les installations ambulantes aux abords directs du marché — et le marché « élargi » qui comprend l’ensemble étendu du marché et qui s’étend dans les rues adjacentes. Cette notion d’emprise réelle du marché a souvent été occultée dans les calculs. Un Espace public en constante mutation Au-delà de la limite « officielle » du marché, les vendeurs ne sont soumis à aucune restric-
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Le marché Kermel est entouré par les boutiques de marchands. Son emprise ne se limite pas qu’à l’intérieur du bâtiment, mais comprend aussi l’espace extérieur.
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Densité
précisément les densités, car il serait faux de se baser uniquement sur les nombres de places prévues, alors que la réalité peut être tout à fait différente.
Les densités varient évidemment entre les différents marchés. on distingue les marchés denses qui comptent entre 5 à 8m2 par vendeurs et les marchés moins denses avec 15 m2 par vendeurs1. D’une manière générale, la tendance veut que la densité, allant de pair avec la croissance, augmente. En raison du sous-dimensionnement des structures, les commerçants tentent de s’installer dans le moindre espace libre comme les couloirs, escaliers, etc. Il est encore difficile d’identifier
organisation spatiale interne L’espace à l’extérieur du marché n’étant soumis à aucune règle, l’intérieur, au contraire, est soumis à une réglementation afin de garantir le bon fonctionnement du marché. À l’interne, une délimitation entre les différents produits vendus est essentielle pour des questions d’hygiène avant tout. Les produits qui méritent une attention particulière quant à leur emplacement sont évidemment les pro-
1 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.62
LIBREVILLE Marché Mont-Bouët
ANTANARIVO Marché Analakely
9’179
N'DJAMENA Marché à mil
28
élargi
5’467 réel
élargi
officiel
4'356
6’682
5’982
Figure 10 : Graphique illustrant les effectifs en installations de quatre grands marchés africains, selon l’emprise officiel, réelle ou élargie
réel
officiel
élargi
4'251
4’693 réel
officiel
élargi
4'293
5’332 réel
officiel
4'837
7’234
8’588
BOBO-DIOULASSO Marché central
duits frais et périssables. Il est essentiel de grouper les stands vendant le même produit. D’une part pour éviter toute interaction avec d’autres produits, mais aussi pour favoriser une bonne concurrence entre les vendeurs2. Même si les quantités de fruits et légumes sont souvent les plus importantes sur les marchés, il convient de particulièrement faire attention aux viandes, volailles et poissons. Ces aliments nécessitent un nettoyage nettement plus poussé et des standards d’hygiène plus stricts. Idéalement, on pourrait imaginer des locaux séparés des activités restantes du marché pour les viandes, volailles et poissons. Cependant, dans la plupart des cas, ces aliments se trouvent dans le même bâtiment que les autres produits. Ayant besoin d’un nettoyage quotidien, une arrivée d’eau doit se trouver dans les environs directs des stands. La ventilation est aussi un élément à tenir compte, surtout pour les stands de poissonneries, pour des raisons odorantes évidentes. De plus, il faut éviter que les aliments se trouvent à proximité de la rue, pour ne pas être exposés à la pollution due au trafic. L’entreposage des animaux vivants est aussi un problème majeur quand il s’agit d’organisation spatiale. Cependant, il faut faire une différence si l’animal est vendu vivant et le client se charge de le tuer, ou si l’abattage se fait directement dans le marché. L’abattage d’animaux vivants nécessite des commodités encore plus particulières et se doit d’être séparé du reste du marché. La surface dédiée à l’exposition de volaille ne doit pas être trop grande. Il est important d’éviter que le marché devienne un marché d’animaux vivants.
Dans chaque règlement de marché, il y a une délimitation des emplacements. Malheureusement, ces emplacements ne sont dans la plupart des cas pas respectés. Nous verrons, plus tard, pourquoi il arrive souvent dans les marchés, que les différents aliments se mélangent.
2 tracey-White John David, Manuel de Planification des marchés de vente au détail, p.121
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LES ÉQUIPEMENTS ET SERVICES réduisant les possibilités de stationnement. Dans certains cas, il devient même difficile de distinguer l’entrée du marché, celle-ci étant cachée par les installations des marchands ambulants. Si les clients ne peuvent plus accéder facilement à l’intérieur, ce sont les commerçants du marché qui verront les clients diminuer et leur chiffre d’affaire baisser. Les parkings doivent se dimensionner en accord avec les moyens de locomotion locaux. Ainsi, il ne convient pas de prévoir un parking comptant des centaines de places pour une population qui se déplace essentiellement en motocyclette. Le rayon d’influence du marché est aussi un élément à prendre en compte dans la planification des accès. Plus la zone d’influence est grande, plus le trafic deviendra intense aux abords du marché évidemment. C’est pourquoi il convient de planifier la circulation aux abords directs du marché, mais aussi dans les rues adjacentes. Il faut privilégier des zones de dessertes, plutôt à l’arrière des marchés, pour favoriser les espaces
Pour fonctionner, le marché a besoin de toute une série d’équipements et de services qui garantissent la qualité des aliments et la sécurité des commerçants. Les marchés spontanés ne possèdent en général aucun de ces équipements, car ils se sont implantés dans l’espace urbain, qui n’était pas destiné à recevoir des commerces. Les marchés officiels proposent déjà une partie de ces équipements, mais ils restent dans l’ensemble insuffisants.
Accessibilité Un marché doit fournir un accès facile tant pour les commerçants que pour les clients. Les commerçants doivent pouvoir décharger leur marchandise et les clients doivent avoir un accès facile et une place pour stationner. Malheureusement, les parkings sont devenus le territoire des marchés ambulants qui prennent possession du moindre espace non construit, empêchant ainsi l’accès au marché et
2.50 m
1,20 m
1,50 m
2.50 m
1,20 m
1,50 m
Figure 11 : Schéma illustrant les distances à prévoir pour des trottoirs accueillant des étals, pour garantir la sécurité des consommateurs et des commerçants.
1,20 m
30
de stands. Cependant, il faudrait idéalement avoir un robinet d’eau pour chaque stand de boucherie ou poissonnerie, qui demandent un nettoyage plus poussé que pour le reste des produits. Dans le cas où l’approvisionnement en eau serait suffisant sur tous les points de vue, le système ne fonctionnerait qui si une évacuation des eaux est planifiée, car dans la plupart des cas rien n’est prévu. De plus, les responsables du marché craignent qu’un bon approvisionnement d’eau incite les marchands à utiliser les boutiques sur le marché comme habitation. La première cause de destruction des marchés est l’incendie. C’est pourquoi, les bornes incendies doivent être en nombre suffisant et accessible facilement. Actuellement, les quelques bornes incendies n’ont pas suffisamment de pression pour alimenter une lance à incendie. Même si les latrines sont présentes dans la plupart des marchés africains, elles sont souvent dans un piteux état et payantes. Elles sont généralement trop chères pour inciter leur utilisation, ce qui amène les gens à utiliser les abords du marché comme toilettes en plein air.
piétons devant. Pour garantir la sécurité des commerçants et clients, il est recommandé de bloquer certains accès aux véhicules pendant les heures en dehors des heures d’approvisionnement du marché. Beaucoup de gens viennent à pied et les espaces rattachés au marché doivent assurer la sécurité des piétons, car le marché doit avant tout être un espace public dédié aux piétons et non aux véhicules, même s’ils sont indispensables à son fonctionnement. John David tracey-White propose, dans son « Manuel de planification des marchés de vente au détail »1, d’élargir les trottoirs pour ainsi bien délimiter piétons et circulation et permettre aux activités du marché d’avoir lieu uniquement sur le trottoir sans empiéter sur la route, comme c’est souvent le cas aujourd’hui. (cf. figure 11) Les équipements sanitaires et l’approvisionnement en eau L’eau est nécessaire dans les marchés pour plusieurs raisons : pour les équipements sanitaires (toilettes), le nettoyage des aliments et des installations de vente et pour la protection incendie. Les marchés urbains sont en général desservis, mais on a tendance à privilégier le bâtiment principal et à oublier le reste du marché qui a besoin de l’eau tout autant que dans le bâtiment. Même si l’alimentation est suffisante, les points d’eau sont insuffisants ou très mal situés. En effet, l’eau doit se trouver à une distance réduite à pied pour favoriser le nettoyage. Dans les marchés urbains, l’eau est souvent distribuée pour un groupe
Le nettoyage et la gestion des déchets Dans les marchés de détail, la plus grande proportion des déchets sont des déchets organiques, souvent des fruits et légumes. L’amoncellement de déchets organiques attire les insectes et les rats, qui nuisent à l’hygiène du marché. Une mauvaise gestion des déchets induit l’apparition de décharges sauvages en dehors des marchés, ou même à l’intérieur de ceux-ci.
1 tracey-White John David, Manuel de Planification des marchés de vente au détail, p.132
31
Marché aux poissons de Soumbédioune, Dakar
En général, les déchets sont ramassés par des nettoyeurs employés par le marché ou par les marchands eux-mêmes qui transportent les déchets jusqu’à une décharge centralisée. Les décharges opèrent souvent dans des conditions difficiles, car elles sont difficilement maintenues dans un état convenable. Un système de poubelles peut être mis en place. Les marchands déversent leurs déchets dans ces poubelles, qui sont ensuite acheminées vers des bennes plus importantes pour finalement être transportées jusqu’aux décharges grâce à des camions.
réfrigérés. Il faut s’assurer que ces espaces ne soient pas surdimensionnés, car ils doivent pouvoir se réguler eux-mêmes. Dans le cas d’espaces trop grands, on prend le risque de voir ceux-ci être utilisés de manière complètement anarchique. Une des solutions est d’avoir une chambre froide, qui est la propriété du marchand, et que celui-ci gère son propre espace de stockage. Il est même envisageable d’avoir une prise pour chaque stand, où le marchand peut brancher un petit réfrigérateur. Le stockage des denrées non périssables pose aussi problème. Il convient de pouvoir stocker la quantité de produits que le marchand n’a pas pu écouler durant la journée et d’assurer la sécurité des marchandises. Un des problèmes que l’on rencontre souvent dans les marchés est le détournement de boutiques en espaces de stockage. Des marchands louent ou sous-
Stockage et chambres froides Afin de garder la viande et le poisson frais, notamment pour augmenter la qualité de l’hygiène, il faut disposer d’espaces de stockage
Déchets entassés dans les rues de Dakar.
33
louent des boutiques qu’ils utilisent pour entreposer, mais ils vont vendre ailleurs, soit à une autre place dans le marché mieux située ou soit à l’extérieur du marché. on peut imaginer des entrepôts en dehors du marché, mais si les entrepôts sont trop gros, ils seront par conséquent trop chers et ils risquent de ne pas être utilisés. Le marché a besoin en priorité d’espace de stockage de petite taille. Dans le marché de Mil à N’Djamena, sur les 190 boutiques étant enregistrées comme boutiques fermées en permanence, plus de la moitié ont été transformées en stockage. Les marchands préfèrent avoir une boutique au centre du marché et une boutique-dépôt dans les parties les plus éloignées du centre2.
Certains marchés, comme les marchés de poissons, ont besoin de grands espaces de stockage, mais non pas pour les aliments, mais pour le matériel. La pêche nécessite beaucoup d’équipements qui ont besoin d’être rangés pour ne pas empiéter sur la plage et gêner les autres activités.
2
d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.80
Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés
Chambres froides au sous-sol du marché Kermel
34
Espaces de stockage au marché aux poissons de Soumbédioune, Dakar
LES INSTALLATIONS DE VENTE qui implique un bon système de gardiennage et de stockage temporaire, afin de permettre aux commerçants d’entreposer leur marchandise pendant la nuit. on peut cependant identifier quatre types d’installations : la boutique, appelée aussi cantine, les étals et tables, la vente au sol et les installations mobiles.
tout marché doit proposer des installations destinées à la vente. D’une part pour des questions d’hygiène, mais aussi pour structurer le marché et bien délimiter les emplacements et les fonctions.
Il est difficile de trouver des règles qui regrouperaient toutes les installations de vente, car le panel des installations est très diversifié, essentiellement car la majorité des installations sont réalisées et financées par les marchands. Les marchés proposent des installations fixes comme des boutiques et des étals, mais qui ne suffisent pas à répondre au nombre croissant de marchands. Les marchands s’installent donc là où ils trouvent de la place à l’aide d’installations construites par leurs propres moyens, ce qui empêche un entretien correct du marché et gêne la circulation. Beaucoup d’installations sont ouvertes, comme les tables, ce Figure 12 : Part des installations construites par les commerçants sur cinq grands marchés africains
Les boutiques et les couverts La boutique est la seule installation fermée, mais elle est aussi la plus chère. C’est pourquoi elle représente en général une petite partie sur le total des installations. Elle est souvent construite en dur, soit à l’intérieur d’un bâtiment ou à l’extérieur dans un marché en plein air. Son principal avantage et ce qui l’a différencie des autres, est de pouvoir être fermée, ce qui permet au marchand de laisser sa marchandise pendant la nuit, sans avoir à chercher un autre espace de stockage. Cet avantage peut
Bobo-Dioulasso Marché central
32 %
N'Djamena Marché à mil
99 %
Libreville Marché Mont-Bouët
70 %
Antanarivo Marché Analakely
81 %
Cotonou Dantokpa
83 %
36
Exemple de couvert construit par un commerรงant dans une rue de Dakar.
Etals en maçonnerie au marché aux poissons de Soumbédioune, Dakar.
aussi se transformer en inconvénient. Comme il manque cruellement d’espaces de stockage, il n’est pas rare de voir des boutiques transformées en entrepôt. Des étages entiers de boutiques, destinés à l’origine pour la vente, se retrouvent condamnés en espace de stockage, laissant des espaces inoccupés. on y vend principalement du riz, de la farine, du sucre, mais peu de produits vivriers périssables, ceux-ci étant vendus en grande majorité sur des étals et tables. on y retrouve aussi les services, comme les coiffeurs, tailleurs, etc. Leur surface varie entre 2 m² pour les plus petites et 25 m² pour les plus modernes. En majorité, leur surface se situe entre 4 et 9 m²1. Le couvert individuel se rapproche de la boutique, mais n’est pas complètement fermé. Il s’agit d’un couvert fermé uniquement sur trois côtés et pouvant abriter des étals ou des tables. Les techniques de construction peuvent être très différentes, allant de l’installation moderne au couvert composé avec des matériaux low-cost.
Cette photographie illustre des installations couvertes au bord de la route, près de Dakar. Dans ce cas ci, les installations sont bancales construites avec une structure en bois et un toit en tôle.
étals et tables Ce sont les installations que l’on retrouve le plus couramment dans les marchés, essentiellement pour les produits vivriers. Leur mise en œuvre facile en fait les équipements construits les moins chers. Leur construction varie beaucoup, allant de la table en maçonnerie à la table en bois construite par le marchand. Les étals en maçon-
1 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.68
Figure 13 : Graphique illustrant la part des installations pouvant se fermer sur cinq grands marchés africains. Bobo-Dioulasso Marché central
N'Djamena Marché à mil
Cotonou Dantokpa
Libreville Marché Mont-Bouët
Antanarivo Marché Analakely
53%
29%
16%
20%
25%
39
nerie sont particulièrement utilisés pour la vente de viandes et poissons, car ils ont l’avantage d’être faciles à nettoyer, encore plus si l’étal est constitué de béton. Les étals en maçonnerie sont généralement disposés en rangée que ce soit à l’extérieur, sous un hangar ou à l’intérieur d’un bâtiment. Leur surface varie entre 2 et 3 m² 2 et ils sont souvent construits en plusieurs emplacements accolés les uns aux autres. Le commerçant peut, s’il le souhaite, acquérir plusieurs emplacements et augmenter ainsi sa surface de vente. Il est aussi important dans le dimensionnement des circulations de savoir si le marchand vend sa nourriture devant son étal ou derrière, ce qui a pour conséquence de changer considérablement la taille des circulations.
se mêlant aux activités du marché, mais sans en faire partie officiellement. Faute de n’avoir pas eu accès à des installations de qualité, ils construisent leurs propres installations afin de pouvoir vendre leur marchandise. Ils privilégient les espaces faciles d’accès et se retrouvent souvent à empiéter sur les espaces de circulations comme les couloirs ou les escaliers. La méthode la moins chère et aussi la plus prisée des vendeurs à la sauvette est l’étalage au sol. La marchandise est disposée à même le sol, soit sur un drap soit dans divers récipients. Même si c’est souvent pour des raisons économiques que les marchands choisissent ce mode de fonctionnement, c’est aussi le moyen le plus approprié pour exposer certains types de produits, comme de gros objets ou des souvenirs.
Installations sauvages et mobiles on retrouve dans les marchés une bonne partie d’installations de vendeurs à la sauvette,
Bobo Dioulasso, Marché central Installations pouvant se fermer
2 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.69
hangars
53% 9% 24%
tables 14%
Etalages au sol
Libreville, Mont-Bouët Installations pouvant se fermer hangars
20% 12% 63%
tables Etalages au sol
Ici, des étals du Marché Kermel à Dakar,destinés au commerce de la viande.
5%
Figure 14 : Graphique illustrant la réparition des installations selon les types
40
tables en bois au marché aux poissons de Soumbédioune, Dakar.
Installations mobiles abandonnĂŠes dans une rue de Dakar
Couvert au bord de la route à proximité de Dakar
VENDEURS ET ACTIVITÉS
LES MODES D UTILISATION tarif d’une sous-location est bien plus important que la redevance. La sous-location pose des problèmes notamment dans la délimitation des activités. Les efforts des autorités, visant à bien définir des zones précises en fonction des produits, se retrouvent voués à l’échec quand des étals, se situant dans la zone fruits et légumes, sont sous-loués à des marchands vendant de la viande. Cette délimitation, bien que si importante pour l’hygiène, est donc transgressée. Un autre moyen d’obtenir sa place sur le marché et grâce à la cession d’une installation par quelqu’un. Céder son installation est une pratique courante dans les marchés. Selon une enquête, 220 % des marchands n’ont pas obtenu leur place par une instance officielle et 11 % grâce à un parent ou ami, 19 % l’ont simplement obtenue en rachetant la place. Autrefois, les prix de rachats gardaient une certaine mesure, aujourd’hui le rachat d’une place peut aller jusqu’à 1 million de F CFA si l’installation est bien placée.
obtenir une place officielle dans le marché n’est de loin pas chose facile. C’est pourquoi, à cause de la compétition qui règne lorsqu’il s’agit d’avoir sa place sur le marché, l’attribution des places ne se fait pas selon un cadre bien précis, mais plutôt en contournant les règles afin d’avoir son emplacement. Les vendeurs trouvent des alternatives notamment en partageant des emplacements, en souslouant ou en cédant leur place à des membres de leur famille et ceci afin de pallier à la difficulté d’avoir sa place au sein du marché. Les marchands prônent une meilleure transparence dans l’attribution des places afin d’éviter au maximum le favoritisme.
Une attribution des places arbitraires Les marchands usent de différentes façons pour contourner le moyen « officiel » dans l’optique d’obtenir une place. La sous-location par exemple est un phénomène que l’on retrouve couramment dans les marchés. Cependant, être sous-locataire implique des frais beaucoup plus importants. Le sous-locataire doit payer, en plus de loyer de sous-location, la redevance au marché. Au marché de Bobo-Dioulasso, la sous-location d’une boutique se situe autour entre 6’000 et 8’000 F CFA par mois, alors que la redevance avoisine les 2’500 F CFA par mois pour une boutique d’environ 10 m²1. Le tarif de sous-location se définit parfois par la potentialité économique de l’installation, par exemple si la boutique est particulièrement bien placée, mais dans tous les cas le
Entre entraide et compétition Les conditions difficiles, dans lesquelles le marché évolue, obligent les marchands à s’entraider, cas que l’on retrouve essentiellement dans les mêmes cultures ethniques. Principalement pour réduire les frais liés à l’entretien et à la redevance de l’installation, les marchands choisissent de partager une installation tout en restant propriétaires de leur marchandise. Ce système permet aussi de contourner le manque d’installations sur les marchés. Ainsi 2 Enquête réalisée auprès de 300 marchands. Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.78
1 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.77
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des marchands qui n’auraient pas eu la possibilité d’obtenir leur place sur le marché, peuvent, grâce au partage d’installation, obtenir une place. Cependant, même si ce système a montré ses avantages, les marchands souhaitent avant tout obtenir leur propre place sur le marché. Cette situation, où les marchands sont obligés de partager un emplacement, provoque des tensions non négligeables entre eux, ce qui les pousse à devenir indépendants malgré les avantages que leur apporte le partage d’installations. Cependant, quand les marchands se sont associés pour des raisons financières, cette aspiration est peutêtre moins évidente que quand les marchands choisissent de s’entraider par solidarité. Il est toujours plus confortable de payer moins, spécialement si les revenus ne permettent pas d’assurer le total de la redevance. Certains marchands sont multipropriétaires d’installations. Contrairement au partage des installations qui reflète une forme d’entraide, la multipropriété reflète une lutte de pouvoir au sein du marché. De gros commerçants, opérant souvent dans les domaines rapportant le plus de revenus, possèdent des réseaux d’installations afin d’augmenter leur chance de faire des bénéfices. Avoir plus de place sur le marché, permet d’augmenter la vitesse d’écoulement des stocks. Généralement, la boutique est confiée à des parents ou à des vendeurs indépendants. Dans quelques cas, on retrouve une autre forme d’occupation, souvent redoutée par les gérants du marché. Certains commerçants utilisent des installations comme habitation et c’est souvent d’ailleurs une question de survie pour des marchands vivant dans des situations extrêmement précaires.
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LES VENDEURS cas lorsqu’un vendeur commence dans l’activité de commerçant. Il utilise donc ce système pour augmenter son capital et ainsi pouvoir acheter sa propre marchandise. Le vendeur est rémunéré en fonction des bénéfices prélevés sur la marchandise. Il existe aussi des sous-traitants. Ils assurent la production d’un produit et fournissent les biens nécessaires à la réalisation de ce produit, mais la vente finale reste assurée par le marchand qui sous-traite. Ainsi, le cas le plus fréquent est illustré par le tailleur qui n’est autre qu’un sous-traitant d’un vendeur de tissus. Le confectionneur de tissus peut même, dans certains cas, fournir les machines à coudre. Les vendeurs occasionnels sont tributaires de certains événements, particulièrement dans le commerce de produits vivriers. Par exemple, le marchand vendra sa marchandise sur le marché que pendant les périodes de récolte. Un salarié quotidien, occupant un poste régulier extérieur au marché, peut aussi s’assurer un revenu supplémentaire à la fin du mois en vendant des produits sur le marché en dehors de ses heures de travail. Le principal statut et sûrement le plus courant, en excluant les vendeurs principaux, n’est autre que le commerçant ambulant. Les vendeurs ambulants se distinguent, comme vus précédemment, par leur mobilité et dans beaucoup de cas l’absence de statut officiel. En raison de la crise, le nombre de vendeurs ambulants, employés du commerce informel, n’a cessé d’augmenter. L’irrégularité de leur statut en fait souvent les plus vulnérables du système et avec une mauvaise réputation. or, il s’agit souvent d’immigrés en situation irrégulière qui n’ont que leur revenu lié au commerce pour assurer leur survie. Ce statut
Les relations entre vendeurs sont multiples et se différencient les unes des autres. Le marché reflète les relations qu’on peut retrouver entre individus dans la vie courante.
on oppose plusieurs types de statuts : le vendeur sédentaire, qui retrouve sa place au sein du marché chaque jour, et le vendeur ambulant, qui se déplace en fonction de ses besoins et qui ne possède généralement pas de place officielle sur le marché. on distingue aussi les vendeurs réguliers, qui assurent une présence dans le marché la plupart du temps et les vendeurs occasionnels, qui ne vendent sur le marché qu’une partie de l’année ou du jour. on peut différencier enfin les vendeurs principaux des vendeurs auxiliaires, qui ont un rôle essentiellement d’aide et non de vendeurs. Ces différents statuts s’opposent et provoquent des relations parfois difficiles entre vendeurs. De plus, les statuts se mélangent et les vendeurs peuvent être deux statuts à la fois, notamment pour assurer leur survie ou augmenter leurs recettes1. Les différents statuts de vendeurs principaux Le vendeur principal indépendant possède sa marchandise et s’occupe de l’a vendre pour son compte. Le vendeur gérant, par contre, ne possède pas la marchandise, mais se charge de la vente. Il reste le vendeur principal, mais la marchandise lui est avancée, lui-même n’ayant peut-être pas eu les moyens de se payer de la marchandise, ce qui est d’ailleurs souvent le 1 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p86
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Jeune commerçant du marché Kermel de Dakar, Djibril, qui est originaire de Guinée-Bissau, est venu au Sénégal pour se lancer dans le commerce de fruits. Il s’approvisionne au marché Syndicat et revend ses fruits au marché Kermel, dans le centre de Dakar. Il est régulièrement aidé par son frère, qui s’occupe essentiellement de transporter la marchandise.
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« d’illégaux » leur a valu de lourdes sanctions et aucune considération de leur statut lors de la planification des marchés.
Les aides-auxiliaires en majorité gratuites Même si la compétition et l’individualité entre vendeurs prédominent, ceux-ci étant certainement induits par le contexte économique difficile, il existe aussi des formes d’aides. Les artisans sont ceux qui ont recours le plus à des aides auxiliaires. Cependant, les aides-auxiliaires ne sont pas tous de même type. on distingue les aides-auxiliaires salariés et les aides-auxiliaires non-salariés, appelés aussi apprenti. Les aides salariés sont extrêmement rares dans le commerce vivrier et la plus forte part se retrouve dans les domaines de la menuiserie et de la mécanique. Un employé salarié est uniquement envisageable si le revenu du commerçant est suffisant pour assurer un salaire. Dans l’artisanat, on estime à moins de 30 %2 les aides bénéficiant d’un salaire. La majorité de l’aide est gratuite et regroupe les apprentis et les aides familiaux. La plupart des apprentis se retrouvent chez les tailleurs, ceux-ci représentant la plus forte part des artisans au sein des marchés. Auparavant, les relations maîtres/apprentis reflétaient souvent des relations aînés/cadets dans les communautés3. Les patrons devaient s’assurer de l’hébergement et des besoins de l’apprenti, ce qui aujourd’hui devient de plus en plus rare, car les revenus deviennent insuffisants pour entretenir un apprenti. L’aide la plus courante est l’aide familiale. Le commerçant bénéficie gratuitement des services d’un membre de sa famille pour l’aid-
Des rôles de plus en plus ambigus Même si en théorie il est possible d’identifier des typologies de vendeurs, dans la réalité, cette limite est beaucoup moins évidente. Les vendeurs sédentaires dénoncent souvent le problème du commerce ambulant, espérant que des règles strictes soient appliquées et sommant les autorités d’agir afin d’éviter la prolifération de ces vendeurs « illégaux ». Cependant, les vendeurs ambulants ne sont généralement que des employés de commerçants ou de grossistes, assurant une vente mobile au sein du marché ou même d’un autre marché. L’apparition du commerce ambulant pousse ainsi les commerçants sédentaires à changer de stratégie de vente. Les stratégies de mobilité augmentent et un vendeur, à l’origine sédentaire, peut quelques jours par semaine aller vendre sa marchandise sur un autre marché et ainsi devenir « illégal » à son tour. Le vendeur n’est pas même obligé d’aller dans un autre marché, il peut simplement avoir une place officielle dans le marché et se positionner juste devant l’entrée, aux côtés des commerçants ambulants, afin d’écouler plus rapidement sa marchandise et ainsi aborder les clients avant même que ceux-ci n’entrent dans le marché. C’est pourquoi le statut de sédentaire n’est souvent plus d’actualité et quelque peu idéaliste. Un marchand est rarement positionné toute la journée au même endroit, car le contexte l’oblige à modifier son statut et sa façon de vendre.
2 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.89 3 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.89
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er dans les tâches quotidiennes du marché. Généralement, le marchand partage une partie de son bénéfice avec son parent ou il peut lui offrir un hébergement et de la nourriture.
Le panel des prix pratiqués provoque un « flou » qui rend difficile une collecte juste et transparente. Le principal service que doivent payer les marchands est le gardiennage et les services de sécurité, car ils ne sont en général pas assurés par le marché, bien qu’ils soient indispensables. Certains marchands manipulent de grosses sommes d’argent, ils doivent donc assurer par leur propre moyen une sécurité minimum. Ils s’associent et payent ensemble les services d’un gardien, dont le prix varie en fonction de la valeur de la marchandise à surveiller. Malgré ces efforts, les services du gardien sont inefficaces et les vols restent fréquents spécialement pendant la nuit. Parmi les autres services que les marchands doivent payer au sein du marché, on retrouve les services de nettoyage et l’utilisation de latrines et de douches.
Les coûts liés à l’exercice sur le marché Les vendeurs ont différents types de coûts. Ils paient une redevance pour un droit de place et des services. Les droits de place sont soit mensuels ou soit journaliers. La location au mois s’applique souvent pour les boutiques et le prix est fixé selon la surface, le type et la construction. Ainsi, une boutique en dur sera plus chère qu’une boutique construite par un marchand. Les droits journaliers s’échangent contre la remise d’un ticket. Il existe beaucoup de tarifs différents en fonction du statut, des produits vendus et de la taille de l’installation.
Vendeur de poisson au marché de Soumbédioune, Dakar
51
LES ACTIVITÉS ET PRODUITS merce alimentaire. Le chiffre d’affaires pour le commerce de produits vivriers peut aller de 2’000 F CFA à 5’000 F CFA en Afrique de l’ouest. Cependant, en enlevant le prix de la redevance, les petites commerçantes obtiennent un bénéfice net de seulement 300 à 700 F CFA1. on retrouve aussi, dans le commerce alimentaire, les viandes et les poissons. La majorité des ménages s’approvisionnent en viandes et en poissons dans les marchés. Les bouchers sont ceux qui génèrent le plus grand chiffre d’affaires, soit environ entre 25’000 et 40’000 F CFA selon les pays2. Dans les marchandises générales, les vendeurs de l’habillement, comme les tissus et le prêtà-porter, constituent la majorité des vendeurs. Ils représentent jusqu’à 50 % des vendeurs de marchandises générales, et jusqu’à 80 % dans le marché de Mont-Boüet3. Il y a ensuite les vendeurs d’équipements mécaniques et d’outils et finalement les vendeurs d’équipements domestiques. Ceux-ci regroupent des objets,
Les marchés sont en général polyvalents, mais on peut les différencier par l’étendue des produits vendus. Les marchés regroupent des commerçants, des artisans et des prestataires de service.
Le nombre d’artisans et de prestataires de service ne représente que 1.5 % à 15 % des effectifs du marché, les commerçants sont donc en nette majorité. Les marchés aujourd’hui constituent la plus grosse part de leur chiffre d’affaires grâce aux produits manufacturés, même si le commerce alimentaire reste très important dans les marchés centraux. Les vendeurs alimentaires et les vendeurs de marchandises générales Dans les commerçants, on peut différencier les vendeurs de produits alimentaires et les vendeurs de marchandises générales. Dans le commerce alimentaire, les femmes assurent la plus grande partie de la vente. Elles sont essentiellement présentes dans le commerce des produits vivriers et des condiments, qui constitue la part la plus importante du com-
1 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.99 2 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.99 3 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.95
Figure 15 : Chiffre d’affaires journalier des vendeurs selon les types, en F CFA.
DETAIL
GROS
Vivriers
2 000 - 8 000
20 000 - 80 000
Denrées alimentaires
11 000 - 28 000
50 000 - 150 000
Produits manufacturés
10 000 - 30 000
80 000 - 400 000
52
Exemple d’un commerce d’artisanat, destiné à une clientèle plus aisée.
comme les valises, nappes, poteries, etc. Cette catégorie représente seulement entre 6 et 11 % des effectifs, même s’ils peuvent varier fortement d’un marché à l’autre, notamment en fonction des habitudes des consommateurs et du pouvoir d’achat de la population desservie.
rateurs, qu’ils soient en mécanique ou autres, les coiffeurs et les blanchisseurs-repasseurs. Les activités
Les tailleurs sont les plus nombreux parmi les artisans. Cette catégorie de vendeurs est en nette diminution et des métiers, comme forgeron ou menuisier, ne se retrouvent plus au sein des marchés, hormis quelques exceptions rares. L’artisanat possède le montant de chiffre d’affaires le moins élevé des marchés, avec un montant compris entre 3’000 et 5’000 F CFA4 en Afrique de l’ouest. Les prestataires de services que l’on retrouve ensuite dans l’ordre décroissant sont les répa-
Les activités varient fortement suivant les marchés, car elles dépendent directement de la population desservie, c’est-à-dire de son pouvoir d’achat. Dans certains marchés, le commerce alimentaire peut représenter 35 à 56 % du total des effectifs, tandis que d’autres marchés abritent 27 à 55 % de vendeurs de marchandises générales. Une constante, que l’on retrouve dans la plupart des marchés, est la proportion d’artisans, qui avoisine les 10 à 15 %5. Les marchés peuvent être regroupés dans deux catégories. Certains marchés comptent plus d’artisanat et de commerce de marchandises générales. Le domaine des vivriers est
4 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.100
5 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, p.96
Les artisans et les prestataires de services
Figure 16 : Répartition des produits selon les lieux, sur la commune de Dakar.
Produits
Marchés ruraux
Marchés de gros
Marchés secondaires
+
++
+
Mil Riz
++
Huile
++
Viande
+
++
Poisson
+
++
Légumes
+
++
Installations modernes
Installations traditionnelles
+
+++
Rue et ambulant
+++ +
+++ +++ +++
Plats cuisinés Ingrédients
Rue et fixe
++ ++
++
+ ++
54
Artisans qui travaillent le bois, dans un petit marchĂŠ artisanal en plein coeur de Dakar.
en minorité, ce qui explique que ces marchés soient destinés à une clientèle plus élevée, qui privilégiera les produits de luxe. Le commerce de produits vivriers est avant tout destiné aux plus bas revenus, notamment à cause des prix très faibles que l’on peut trouver sur les marchés. Les marchés, avec une majorité de produits alimentaires, auront plus une vocation populaire et incluront des vendeurs de marchandises générales destinés à la vie quotidienne. Depuis quelques années, on constate une éviction des activités vivrières par celles des produits manufacturés. Le commerce de vivriers est assuré essentiellement par des femmes aux revenus très bas et leur faiblesse par rapport aux autres commerçants est évidente. Les constructions d’installations fermées, qui en général abritent les produits manufacturés, augmentent notamment grâce à l’obtention de place par cession ou sous-location, et les commerçantes de vivriers, n’ayant pas les moyens pour s’opposer à ce phénomène, sont obligées d’aller s’installer ailleurs.
56
CONTEXTE, DIAGNOSTIC ET ENJEUX
DIAGNOSTIC
Même dans la majeure partie des cas les marchés sont saturés, il existe aussi un problème de délaissement des marchés, qui peut être dû notamment à une mauvaise implantation. Des marchés, ayant été délocalisés par les autorités en périphérie notamment à cause des gros problèmes qu’ils provoquaient dans le trafic, ont vu leur effectif disparaître. Si le marché est trop éloigné soit des lieux de production, soit des lieux où les vendeurs auraient le plus de chance de faire du bénéfice, les marchands n’hésiteront pas à déserter le marché et à trouver des lieux qui leur seront plus profitables économiquement.
La situation économique compliquée, combinée avec la forte croissance démographique des grandes villes africaines ces dernières années, a provoqué une multiplication des petits métiers et l’expansion du secteur informel. L’effectif des vendeurs sur les marchés et dans la ville a explosé et les autorités, n’ayant pas anticipé cette nette augmentation, n’ont pas pu répondre à cette demande. Alors que les vendeurs se faisaient de plus en plus nombreux, le nombre d’équipements marchands est quant à lui resté stable. Cette contradiction contribue fortement à l’état actuel des marchés, victimes de la congestion, de l’insalubrité et de la désorganisation1.
Des marchés suroccupés ou sous-occupés Comme expliqué ci-dessus, les marchés ont vu leur effectif de marchands fortement augmenter au contraire des infrastructures qui n’ont pas été améliorées et ne suffisent plus à répondre au nombre croissant des vendeurs. Comme le souhait de tout vendeur est d’obtenir une place sur le marché, les malchanceux, n’ayant pas les moyens financiers pour en avoir une, trouvent des parades pour quand même vendre ses produits au sein du marché. Ils s’installent donc dans les espaces résiduels, à l’aide d’installations précaires construites par leur propre soin. La voirie est aussi prise d’assaut par les vendeurs à la sauvette et les espaces de stationnement et de déchargement disparaissent.
Figure 17 : Le nouveau marché de gros de Bouaké, inauguré en 1998, reste aujourd’hui encore sous-occupé malgré les efforts de l’état pour fournir aux commerçants des locaux propres et des services organisés. Ceci est dû à la concurrence déloyale de certains commerçants, qui protestent contre des redevances qu’ils trouvent trop chères et continuent de mener leurs activités de gros en dehors du périmètre du marché2.
1 Wilhelm Laurence, Les circuits d’approvisionnement alimentaire des villes et le fonctionnement des marchés en Afrique et à Madagascar, p. 14
2 http://www.panapress.com/Difficile-envol-du-marche-sous-regional-de-gros-de-Bouake--12612268-4-lang1-index.html
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trottoirs », mais en vain. Les commerçants chassés revenaient toujours au même endroit, car la mairie n’avait pas mis à disposition une autre location. Le quartier fait face aussi aux problèmes causés par le stationnement anarchique de véhicules sur le trottoir ou sur la chaussée, notamment à cause du nombre insuffisant de parkings. La route se voit ainsi rétrécie ce qui perturbe fortement le trafic. Quelques années de cela, une petite fille avait perdu la vie, lorsqu’elle avait dû marcher sur la route, car le trottoir était occupé par les étals d’un magasin3.
Les marchés peuvent être désertés à cause de leur mauvaise implantation mais des marchés centraux, qui eux profitent d’une situation géographique favorable, peuvent aussi être victimes de ce phénomène. Les causes peuvent être diverses, mais on notifiera un cas qu’on constate dans la plupart des marchés, qui est dû à une mauvaise accessibilité. L’accès au marché est entravé par les nombreuses installations ambulantes et les clients ne vont donc plus pénétrer jusqu’à l’intérieur du marché, mais vont plutôt profiter d’acheter aux vendeurs ambulants, qui pratiquent aussi des prix plus bas. Les marchands officiels, dont leur première préoccupation est aussi d’assurer la vente de leur marchandise, vont abandonner le marché pour se positionner sur la voie publique et ainsi augmenter leurs clients. Ce phénomène provoque des zones complètement inoccupées et laissées à l’abandon.
Des équipements de base qui font défaut Les infrastructures de base sont clairement insuffisantes ou inexistantes sur les marchés. Dans la plupart des cas, ils sont mal alimentés en réseaux (eau, électricité, etc.) et souséquipés en espaces de stockage, en toilettes publiques et en espaces réfrigérés. Dans le cas des marchés spontanés, ils ne disposent à la base d’aucune infrastructure et même si certains sont devenus au fil du temps d’une importance considérable pour la ville, les autorités n’ont pas financé de projets pour donner à ses marchés les équipements basiques, tels que le ramassage des ordures, le nettoyage, etc. De plus, l’accès laborieux au marché rend difficile, voire impossible, le bon fonctionnement des services. Ainsi des espaces complètement inaccessibles ne pourront de toute façon pas bénéficier d’un ramassage d’ordure régulier ni d’un entretien de ses équipements. Dans la plupart des cas, ce sont les
Figure 18 : Libreville, capitale du Gabon, n’échappe pas à la problématique et voit ses rues et trottoirs envahis par les commerçants. Dans le quartier Nkembo, qui recense le deuxième marché le plus important de la ville, les trottoirs sont devenus impraticables. Les autorités ont essayé d’améliorer la situation, grâce à une opération appelée « libérez les
3 http://koaci.com/gabon-trottoirs-occupes-servent-pietons-libreville-92114.html
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marchands qui s’occupent personnellement des tâches d’entretien. Mais même si cela peut être bénéfique, ça contribue aussi fortement à l’inorganisation de la gestion des marchés. En plus d’être insuffisants, les équipements présentent des défauts de conception qui sont en partie dus à des connaissances insuffisantes dans le domaine des marchés. Les autorités ne prennent pas assez en considération les souhaits des marchands, alors qu’un échange avec eux est primordial, spécialement lors de la conception. Si les équipements sont inadaptés, les commerçants vont chercher à augmenter leur chiffre d’affaires et ils délaisseront leur emplacement pour trouver un endroit plus propice aux affaires. La qualité des aliments est souvent médiocre et les marchés constituent souvent le point de départ d’épidémies dangereuses pour la ville. Avec l’essor du commerce de rue bon marché, de plus en plus de populations s’approvisionnent dans la rue alors que la nourriture est exposée à toute sorte de contamination. 28 % de la nourriture de rue est jugée insatisfaisante et présente des risques d’intoxications alimentaires4. Les marchands n’ont pas de formation en ce qui concerne la qualité des aliments ni à l’hygiène alimentaire. Les aliments doivent pouvoir être stockés dans des espaces réfrigérés et être éloignés de toute pollution. Enfin, la cause la plus fréquente d’insécurité dans le marché est l’incendie. La destruction d’un marché par les flammes est courante aujourd’hui et certains bâtiments en sont victimes régulièrement. L’origine des sinistres est dans la plupart des cas des courts-cir-
cuits, même s’il arrive que certains incendies soient d’origine criminelle. Les marchands se raccordent souvent directement au poteau électrique, enlevant ainsi la protection du disjoncteur.
Figure 19 : Les incendies sont fréquents dans les marchés. C’est pourquoi, les pompiers ont décidé de réaliser un exercice au grand marché de Bobo-Dioulasso pour se préparer à a ce type de catastrophe et pour sensibiliser les marchands à ce risque. Le constat s’avère peu rassurant : l’occupation anarchique du sol des installations ambulantes ne permet pas un sauvetage efficace et rapide. D’une part, en cas de victimes, l’ambulance aura du mal à pénétrer dans le marché et d’autre part, les bornes incendie sont inatteignables. L’accessibilité pose de gros problèmes dans ces marchés, ce qui empêche une arrivée rapide sur les lieux du sinistre5.
Une gestion interne problématique Un des problèmes les plus marqués est sûrement l’absence de cadre institutionnel dans la
4 Secke Christian, Contribution à l’étude de la qualité bactériologique des aliments vendus sur la voie publique de Dakar .
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http://www.lefaso.net/spip.php?article53851
Vue sur une rue d’Abidjan en Côte d’Ivoire
Le marché Madina à Conakry, en Guinée, croule sous les ordures.
Figure 22 : le marché Mont-Bouët à Libreville au Gabon, engendre des recettes avoisinant les 120 milliards de F CFA. Mais le marché est divisé en plusieurs secteurs et une partie de ces secteurs sont contrôlés par des acteurs privés. Même si c’est interdit, les responsables bénéficient de privilèges et agissent illégalement. Alors que l’argent récolté par la mairie est destiné au trésor public, l’argent ramassé par les acteurs privés ne l’est pas et s’en va directement dans leur poche. Les autorités sont impuissantes face à cette mafia qui sévit sur le marché de MontBouët.1
1 http://koaci.com/dessous-marchemont-bouet-1752.html
gestion du marché. Les marchés constituent un très faible revenu pour les villes et représentent moins de 10 % du chiffre d’affaires total6. Cependant, le rendement économique des marchés pourrait être beaucoup plus élevé si une mauvaise gestion ne provoquait pas autant de pertes. Les difficultés liées au trafic provoquent aussi une perte de temps et par conséquent d’argent. Dans la gestion interne des marchés, on ne trouve souvent ni registres de commerçants ni plans des emplacements et ce désordre empêche une bonne collecte des redevances au sein du marché. De surcroît, les employés du marché n’ont en général pas eu accès à une formation et les collecteurs, se trouvant régulièrement dans des situations précaires, n’hésitent pas à garder une partie de l’argent récolté. Cette situation pourrait trouver un dénouement si les employés pouvaient bénéficier d’une formation professionnelle qui leur permettrait de comprendre les enjeux et apprendre à gérer un marché d’une manière méthodique est efficace.
elles utilisent la force mais ne se préoccupent pas de trouver un endroit provisoire qui pourrait accueillir les marchands qui ont vu leur boutique détruite. Ces opérations s’avèrent souvent inefficaces, car les marchands ne peuvent pas cesser de vendre. Le commerce est leur seule source de revenus et comme les marchés n’offrent pas assez de places pour permettre à ses vendeurs d’exercer dans un cadre organisé, ils continueront à s’installer sur la voie publique. Les marchés n’ont jamais fait l’objet de projets concrets et c’est aujourd’hui que l’on comprend l’intérêt d’avoir un marché bien conçu. Les répercussions des problèmes que le marché engendre sur le reste de la ville sont catastrophiques. La situation a dégénéré ces dernières années et maintenant les autorités se retrouvent dépassées et ont peine à trouver des solutions concrètes pour résoudre le problème des marchés.
Des autorités dépassées En effet, les autorités investissent peu dans les marchés et ne s’impliquent que très peu dans la planification. Le dialogue entre autorités et commerçants est dans la plupart des cas inexistant. Cependant, elles entreprennent périodiquement de vastes opérations qui s’avèrent parfois violentes pour nettoyer le marché ou la rue. Lorsqu’elles engagent une opération de déguerpissement des marchands ambulants,
Figure 23 : Les autorités de la ville de D’jamena au tchad ont décidé de mener une opération afin de rendre les marchés de la ville salubres. Ils ont commencé par un nettoyage des ordures dans le marché de mil qui voyait ses moindres recoins envahis par des détritus. Les carcasses de voitures occupaient notamment beaucoup de places et elles n’ont pas échappé à ce grand nettoyage. Les places de sta-
6 Wilhelm Laurence, Les circuits d’approvisionnement alimentaire des villes et le fonctionnement des marchés en Afrique et à Madagascar, p. 29
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tionnement et de déchargement auparavant condamnées peuvent maintenant assurer les fonctions auxquelles elles étaient destinées. Les marchands ambulants avaient été sommés de libérer leurs boutiques occupant l’espace public mais sans succès et la Mairie n’a donc pas hésité à détruire les constructions bancales afin de libérer de l’espace. Cette manière de faire un peu brutale a pour but de donner un signal fort aux vendeurs qui bâtissent leurs boutiques sur la voie publique. Ces opérations de nettoyage sont fréquentes et les autorités souhaitent poursuivre cette intervention dans le reste de la ville7.
7 http://tchadinfos.com/societes/ndjamenagrand-mnage-march-mil/
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Marché aux poissons de Soumbédioune, Dakar
POURQUOI LES AMÉLIORER ? tant pour les commerçants que pour les consommateurs : en offrant plus de place d’accueil à l’intérieur des marchés pour les vendeurs pour ainsi éviter le recours aux activités de l’informel et en offrant une meilleure qualité des aliments vendus dans la rue ou dans les marchés.
Les structures marchandes constituent une des plus grandes réserves d’emplois de la ville, notamment grâce aux activités qu’elles drainent sur l’ensemble du territoire.
Des acteurs essentiellement dans des situations de pauvreté
Limiter les pertes économiques
Les marchés servent souvent de dernier recours pour les sans-emplois et sans-papiers qui souhaitent assurer un revenu minimum régulier. L’auto-approvisionnement diminue et la majorité des ménages s’approvisionnent en achetant dans les marchés ou à ses alentours. Deux tiers du budget des ménages sont destinés à l’alimentation1 et la crise pèse de plus en plus sur les revenus des familles. L’alimentation de rue est devenue indispensable pour les ménages les plus pauvres des villes et elle constitue le moyen le plus accessible pour s’approvisionner à moindre coût. Les ménages les plus pauvres peuvent être de différents types : les ménages provenant d’un cadre rural et qui ont du mal à s’intégrer à la vie urbaine, les femmes seules avec enfants, les petits fonctionnaires victimes d’une baisse de salaire à cause de la crise, les ménages qui dépendent des activités informelles et enfin les personnes âgées, malades ou handicapées2. Les marchés peuvent contribuer à l’amélioration de leur qualité de vie de deux manières,
Les marchés sont une source économique importante pour les villes, bien qu’ils représentent moins de 10 % des revenus d’une ville. Cependant, les dysfonctionnements présents tout au long du processus constituent un manque à gagner important. Les marchés pourraient contribuer à hauteur de 15 à 20 % du revenu total des villes3. Il est donc important de minimiser les coûts et augmenter les recettes en améliorant leur fonctionnement. Le commerce informel n’apporte aucune source de revenus, car les marchands installés sur la voie publique échappent aux redevances du marché. Par conséquent en régularisant le statut des vendeurs, on augmente aussi le revenu total des redevances. En interne, le désordre perturbe une bonne collecte des redevances et les taxes ne sont pas perçues correctement. Les marchés provoquent des coûts indirects importants. Les problèmes de circulations et l’occupation anarchique de la voirie aux environs du marché provoquent un excédent de coûts de carburant et d’exploitation. En favorisant l’accès, on minimise les pertes liées au trafic. Le gaspillage, particulièrement important
1 Wilhelm Laurence, L’approvisionnement et la distribution alimentaires des villes de l’Afrique francophone, p. 2 2 Wilhelm Laurence, L’approvisionnement et la distribution alimentaires des villes de l’Afrique francophone, p. 2
3 Pacaud Pierre-Alain, Filippi Freddy, Rénover les marchés urbains : L’exemple de Bobo-Dioulasso, p. 4
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Vue sur le marché aux poissons de Soumbédioune, Dakar
dans les produits périssables, pourrait aussi être diminué en améliorant les entrepôts et les espaces de stockages réfrigérés. De bons espaces réfrigérés et un service de nettoyage performant peuvent aussi préserver la qualité de la nourriture et ainsi diminuer les coûts de la santé liés aux aliments dangereux pour la santé. De bons entrepôts et un meilleur système de gardiennage réduisent les pertes liées aux vols, ceux-ci étant fréquents dans l’enceinte des marchés.
permettraient de favoriser les conditions dans lesquelles le consommateur achète sa marchandise. Il est toujours plus agréable d’acheter dans un environnement sain. Les marchés ont aussi un fort potentiel touristique. Beaucoup de touristes viennent y chercher des ambiances propres à l’Afrique et ils achèteront plus volontiers des aliments s’ils savent que ceux-ci sont de bonne qualité. Ces problèmes ne concernent donc pas que les consommateurs directs du marché, mais l’entier de la population. Des améliorations pour les commerçants
Des améliorations pour les consommateurs Les commerçants pourront augmenter leur chiffre d’affaires, en limitant leurs pertes et ainsi réduire les frais d’exploitation. En réduisant les frais, ils pourront payer leur emplacement plus cher ce qui augmenterait les recettes du marché, mais ce cas est valable seulement si les équipements et les services sont eux aussi améliorés. Dans le cas où les équipements ne subiraient pas de transformations alors que les emplacements deviendraient plus chers, les commerçants seraient obligés d’augmenter le prix de vente de leurs produits, ce qui n’est pas souhaitable. De plus, une amélioration de l’organisation limitera l’injustice et la concurrence concernant l’attribution des places. Le système pourra être plus équitable et non plus basé sur le revenu des commerçants. La concurrence déloyale entre vendeurs officiels et vendeurs ambulants est un problème qui revient souvent. En réduisant les vendeurs illégaux, les commerçants auront alors moins ce sentiment d’injustice qu’ils ont actuellement.
Les consommateurs sont les premières victimes de la mauvaise qualité des aliments. L’hygiène déplorable des aliments provoque des intoxications catastrophiques et les marchés peuvent même être le foyer d’épidémies plus graves comme le choléra. Ces problématiques de santé publique sont une urgence qu’il convient de résoudre le plus rapidement possible. La perte de temps est aussi un des problèmes clés dans les environs des marchés, surtout quand il s’agit de la circulation. Le consommateur gagnerait du temps si les accès n’étaient pas occupés par des installations. Le trafic augmente fortement le temps que la population met pour traverser la zone du marché, qui peut avoisiner une heure pour quelques centaines de mètres. Si la majorité des vendeurs ambulants étaient régularisés, ils pourraient libérer déjà une partie de l’espace public, ce qui permettrait de fluidifier un peu mieux le trafic. À l’intérieur du marché, une modernisation des équipements et des services de base efficaces
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Figure 24 : marché Antsirabé à Madagascar. En début d’année 2012, les marchés d’Antananarivo à Madagascar ont été les responsables de graves intoxications alimentaires, vraisemblablement dues à cause d’une huile de mauvaise qualité. Une femme de 33 ans et décédée ainsi qu’un enfant de 14 ans, sans oublier la vingtaine de personnes hospitalisées aussi à cause de cette huile. En 2011, on a estimé à 25 le nombre de décès dus à des intoxications alimentaires. Même si les aliments doivent répondre à « un certificat de consommabilité », certains d’entre eux échappent à la règle et sont ainsi vendus sans aucun contrôle1.
1 http://www.slateafrique.com/82589/madagascar-nouvelles-victimes-d-intoxication-alimentaire
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LES FACTEURS À PRENDRE EN COMPTE alimentaire avoisine 140 millions de F CFA à ouagadougou1. Même si le domaine de l’informel se rattache en grande partie au commerce, il existe d’autres domaines qui exerce dans l’informel. Ainsi l’octroi de crédit se fait de moins en moins rare, car par la voie « officielle » il est très difficile d’obtenir un crédit pour des familles, en raison de leur faible pouvoir économique. Le recours à ce type de commerce reste d’ailleurs le meilleur moyen de survivre à des conditions difficiles. Même si le commerce informel pose de nombreux problèmes, il serait périlleux d’envisager une totale régulation du domaine. Si on régularise le système, de nombreux emplois risquent de disparaître et ainsi appauvrir encore
Lors de l’élaboration d’un marché, il faut évidemment veiller à fournir les équipements de base nécessaires au fonctionnement du marché. tous les points développés dans les chapitres précédents (nettoyage, gestion des déchets, équipements sanitaires, installations de vente, organisation interne, etc.) doivent se trouver en nombre suffisant. De même, le marché doit être réglementé et fonctionner dans un cadre précis. Les responsables doivent avoir les outils nécessaires pour faire régner l’ordre et diriger avec le maximum de transparence et d’équité. Nous évoquerons ici des points, qui wont pas ou peu été abordés dans les chapitres précédents.
1 Kanté Soulèye, Le secteur informel en Afrique subsaharienne francophone, p. 11
Inclure le secteur informel dans la planification Le commerce et l’alimentation de rue ne sont pas des phénomènes récents, mais occupent une place importante dans la culture africaine depuis longtemps. Cependant, on peut constater une explosion dès les années 60, notamment à cause de l’explosion démographique des villes africaines et d’un environnement économique instable. Les emplois dans le formel ne suffisent plus à employer toute cette nouvelle population fraîchement installée dans la ville, l’informel devient donc un moyen pour de nombreuses populations d’avoir une activité rémunérée et ainsi échapper à un environnement économique difficile. on estime que le secteur informel regroupe 61 % de la main d’œuvre dans les villes et le chiffre d’affaires journalier du commerce informel
90 % 77 %
Sénégal, Dakar
Côte d’Ivoire, Abidjan
Bénin, Cotonou
81 %
Figure 25 : pourcentage de femmes dans l’alimentation de rue
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plus les ménages. Il faudrait pouvoir imposer un cadre qui régulariserait et contrôlerait ce secteur pour limiter ses effets négatifs sur la ville et les populations. De plus, la limite entre secteur formel et informel peut être floue. Des acteurs peuvent exercer sur les deux plans, les deux domaines fonctionnent donc ensemble. L’alimentation de rue a pris un essor important. Ces petites entreprises sont d’origine spontanée, c’est pourquoi elles échappent aux règlements officiels. Généralement, ces entreprises sont familiales et toute la famille occupe un rôle, comme les enfants qui transportent les marchandises. Beaucoup de femmes dépendent directement de l’alimentation de rue et occupent la plus grande part des emplois. Cela s’explique par le fait que par les femmes sont les plus compétentes par tradition et que ça nécessite peu d’investissements. Le commerce de rue se développe principalement dans les zones de fortes activités et peuplées. Même si le commerce de rue à l’air de faire partie intégrante des villes, le tissu urbain n’est pas du tout conçus pour accueillir ce secteur. Les vendeurs s’installent anarchiquement et occupent le moindre recoin et la non-reconnaissance légale amène beaucoup d’instabilité et de précarité. Il existe quand même des institutions supposées régler et contrôler l’état sanitaire des aliments, mais en raison de leur faible pouvoir d’action la nourriture échappe à un contrôle strict. La qualité des aliments est généralement médiocre et ils sont souvent impropres à la consommation. De nombreux aliments périmés sont aussi utilisés, ainsi que de l’eau non potable. De plus, on trouve régulièrement des additifs alimentaires non autorisés et la
proximité avec les évacuations des eaux usées accroît le risque de contamination. En outre, la fraude et la falsification sévissent aussi. on peut noter que l’environnement urbain est lui aussi affecté. Les nombreuses fumées de cuisine polluent sensiblement l’atmosphère et les bouches d’évacuation sont obstruées par les ordures2.
Figure 26 : Les marchands sont souvent victimes et discriminés à cause de leur statut irrégulier. Lors d’affrontements début 2012 à Dakar, entre manifestants et forces de l’ordre, les protestataires s’en sont pris aux tables des marchands ambulants et les ont brulées. Beaucoup de marchands n’ont pas le moyen de se racheter des tables, ils utilisent donc des cartons pour exposer la marchandise en attendant de trouver une meilleure solution.3 Ce secteur, constituant une part importante de la problématique des marchés, doit être pris en compte dans la planification des marchés. Les 2 Canet Colette, L’alimentation de rue en Afrique 3 http://senegal.france24.com/2012/02/25/ touche-pas-ma-table-est-il-vraiment-le-slogan-desmarchands-ambulants-de-dakar/
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Figure 27 : Jeune vendeur de ouagadougou. L’apparition du téléphone portable a permis à de nombreux jeunes d’obtenir un travail au sein du secteur informel.
commerçants ambulants représentent sûrement la plus grande part des commerçants présents sur les aires des marchés et un projet ne peut fonctionner que s’ils sont consultés. Ces marchands sont habituellement laissés pour compte et un sentiment d’injustice croît toujours un peu plus. Les autorités ont tenté plusieurs fois de les chasser, mais elles n’ont jamais reconnu leur statut ni proposé une solution pour améliorer leurs conditions de travail. on ne peut pas nier ou enrayer l’existence du commerce de rue, mais on peut améliorer les services et les infrastructures en repensant l’espace urbain.
l’extérieur de la ville risque de provoquer le contraire des effets recherchés. Les vendeurs déserteront le marché et ils achèteront des entrepôts sauvages dispersés dans la ville, ce qui augmentera les flux de trafic. Comme le transport est l’élément le plus coûteux dans l’approvisionnement des villes, des marchés isolés augmenteront considérablement les charges liées aux transports pour les commerçants. Pour rentabiliser cette perte, liée à une augmentation du temps de transport, les commerçants devraient pouvoir augmenter leur chiffre d’affaires en achetant et en vendant plus de marchandise, mais ce cas est très peu probable vu leur faible pouvoir d’achat. L’implantation peut se décider selon deux critères : soit l’on décide de limiter des transports à l’intérieur de la ville en situant les marchés de gros près des marchés de détail, mais l’impact sur le trafic reste important, soit on essaie de diminuer au maximum les effets sur la circulation et on implante le marché en périphérie, en sachant que les risques évoqués ci-dessus peuvent provoquer un abandon pur et simple du nouveau marché. Il est cependant toujours préférable de favoriser la réorganisation d’un marché déjà existant. Dans certains cas, cela est possible si le marché ne nécessite pas de grosses transformations comme un agrandissement considérable de sa taille. Dans ce cas-là, le marché devra peut-être trouver un autre terrain adapté en peu plus en dehors du centre. Mais il est primordial de ne pas choisir un site trop isolé et éloigné, mais à une distance raisonnable du centre des activités4. Quand les marchés
L’implantation L’implantation du marché est une question fondamentale. La position géographique est particulièrement importante dans la réalisation d’un nouveau marché de gros, car les répercussions sont plus fortes sur l’espace urbain qu’un marché de détail. Les gros centres d’approvisionnement ont une influence particulière sur l’urbain comme une modification des flux routiers. Au premier abord, on imagine qu’il est plus raisonnable de pousser les marchés de gros en dehors des centres urbains pour limiter leurs effets sur la circulation dans les endroits avec le plus d’activités. Il est vrai qu’en les localisant dans les zones périphériques, on peut éviter toute une série de problèmes liés au trafic, mais aussi pour d’autres raisons comme l’expropriation des terrains par exemple. Même si en théorie cette solution pourrait fonctionner, en réalité un marché de gros trop éloigné des zones les plus actives de la ville sera voué à l’échec. Un marché situé trop à
4 Wilhelm Laurence, Les circuits d’approvisionnement alimentaire des villes et le fonctionnement des marchés en Afrique et à Madagascar, p. 20
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Marché de fruit de Syndicat
Marché de légumes de Thiaroye Gare
Foirail de Dakar
Figure 28 : en 1994, une étude a été réalisée pour grouper sur un même trois grands centres d’activité de Dakar : le marché Syndicat, le marché de thiaroye Gare et le foirail. Ces trois marchés évoluent dans des conditions difficiles et les répercussions sur le trafic sont désastreuses. Le nouvel emplacement prévu se situe à 35 km de Dakar, sur le tracé de la future autoroute et sur la route national menant vers la petite côte. Cependant, ce projet ne verra jamais le jour car les commerçants des marchés de gros de thiaroye et Syndicat s’y opposent parce qu’ils trouvent le site trop éloigné1.
1 Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, p.96
AUTO R
OUTE
ROU
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NAT IO
NAL E Le nouveau marché de gros prévu par les autorités
revêtent une importance considérable, ils peuvent fonctionner parallèlement sur le même site qu’une gare routière. Cette configuration va souvent augmenter l’importance du marché par rapport aux autres. Pour les marchés de détail, le choix de l’implantation va dépendre de son importance. Certains marchés, dont la portée s’étend à toute la ville ou même la région, les problématiques sont sensiblement les mêmes que pour les marchés de gros. De plus, il n’est pas rare que certains marchés de détail mêlent aussi des activités de gros et perturbent donc aussi le trafic. Dans le cas des marchés de détail de plus faible importance, l’implantation se fera aussi en tenant compte du mode de motorisation des consommateurs. on privilégiera donc des sites accessibles facilement à pied par une plus grande partie de la population et proche des transports publics.
oppe en parallèle des activités du marché. Le commerce informel a trop longtemps été occulté dans les calculs et son accroissement ces dernières années n’a fait qu’empirer la situation, déjà peu réjouissante. Les commerçants souhaitent ensuite pouvoir payer leur redevance régulièrement. Une augmentation du montant de la redevance peut arriver lorsqu’un marché est réhabilité et que ses infrastructures sont modernisées. Il est important que les prix ne flambent pas, ce qui exclurait inévitablement les marchands les plus pauvres. Les services, dont souhaitent bénéficier les marchands en premier, sont un bon système de sécurité (présence de police, marché sûr, etc.), un approvisionnement en eau suffisant et la présence de douches et de latrines. Le quatrième souhait est de pouvoir bénéficier d’une structure couverte qui les protègerait des intempéries, autrement dit exercer dans un bâtiment fermé. Le souhait concernant les installations de vente ne vient qu’ensuite et le principal vœu est d’avoir des structures simples qu’ils peuvent à leur guise aménager et financer eux-mêmes. Enfin, les marchands souhaitent être mieux informés lors de travaux touchant à leur marché. Ils aimeraient être tenus au courant des phases des opérations, être informés des lieux de recasement, en attendant que les transformations sur le marché soient réalisées et savoir quels vendeurs pourront retrouver une place officielle au sein du marché ainsi que le coût de celle-ci. Le premier souhait commun à tous les vendeurs est de pouvoir être associé au projet et de participer dans les étapes importantes.
Prendre en compte les préoccupations des marchands trop souvent lors des projets de planification, le dialogue entre autorités et commerçants fait défaut, alors que ceux-ci ont un rôle essentiel dans le bon fonctionnement du marché. Il serait naïf de croire qu’un marché puisse fonctionner sans tenir compte des avis des principaux intéressés que sont les marchands. Même si les souhaits des marchands diffèrent quelque peu suivant les situations, certaines préoccupations reviennent régulièrement. Le premier désir de tout marchand est d’avoir une place officielle dans le marché. Pour cela, le marché doit en fournir en suffisance pour ainsi éviter le commerce informel qui se dével-
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Dans le cadre d’un projet de rénovation d’un marché à Bobo-Dioulasso à la fin des années 90, un partenariat public-privé a été mis en place, avec la participation exceptionnelle des commerçants. 60 % des fonds proviennent du bailleur et 40 % proviennent des commerçants. Les commerçants ont acheté des boutiques avant la réhabilitation et obtenu en échange une « garantie d’exploitation » lorsque le marché est terminé. Ce système a permis de financer une partie des travaux et a été l’exemple d’un projet mené à bien par les autorités et les commerçants5.
L’importance du site de recasement Lorsque des travaux sont réalisés sur le marché, les activités commerciales doivent continuer. Les commerçants ne peuvent pas se passer leur revenu même pendant un court laps de temps, même ces événements constitueront quand même un manque à gagner important pour les marchands. Lors de ces opérations, les commerçants doivent être consultés pour que le déménagement fonctionne. En proposant un site de recasement provisoire, il faut aussi tenir compte de son potentiel économique. Si le nouveau marché ou le marché temporaire est isolé et présente moins d’attractivité au niveau des clients que le marché auquel ils appartien-
5 Pacaud Pierre-Alain, Filippi Freddy, Rénover les marchés urbains : L’exemple de Bobo-Dioulasso, p. 5
Figure 29 : Marché central de Bobo-Dioulasso
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nent à la base, ils refuseront probablement de bouger. De plus, le site doit aussi fournir un minimum d’infrastructures pour que les activités continuent, les travaux pouvant durer quelque temps. Dans l’exemple de la vaste opération de recasement des marchands ambulants de Sandaga à Dakar la Mairie a bloqué un terrain un peu délocalisé pour accueillir les marchands. Même si de nombreuses réticences dues à l’implantation excentrée sont ressenties, les marchands ont quand même accepté de se déplacer. Mais afin d’accueillir tous les marchands ambulants sur le nouveau site du champ de courses, qui abritait des carcasses de voitures appartenant à de nombreux mécaniciens, ils ont dû délocaliser des mécaniciens qui s’étaient installés sur le site. Ceux-ci se retrouvent privés de leur commerce et ne savent pas quel sort leur est réservé.
des côtes. Une cour interne peut aussi être un bon moyen de limiter l’impact de la chaleur et proposer des endroits ombragés6. tous ces facteurs découlent directement du site et de ses spécificités climatiques et l’architecture est là pour répondre à ces problèmes. Les matériaux utilisés pour la construction se doivent d’être écologiques et peuvent favoriser la production locale. Il ne faut pas oublier que le marché peut mobiliser tout un quartier et favoriser l’artisanat local peut certainement aussi être bénéfique pour des secteurs autres que le commerce. La mise en œuvre doit être facile et peut même être réalisée par les habitants du quartier. Un projet doit aussi être, si ce n’est pas surtout, un projet social. Au niveau de la conception du plan et des espaces, il faut éviter les zones en cul-de-sac trop isolées pour éviter qu’elles deviennent des zones « mortes ». Il est préférable de concevoir le marché comme une rue plutôt que comme un bâtiment fermé coupé de l’espace extérieur7. Vu son importance publique et sociale, il doit offrir à la population des espaces avec une qualité publique indéniable et ne pas oublier des espaces de repos ombragés. Ces concepts architecturaux sont très peu représentés dans les marchés actuels. Seuls quelques exemples récents illustrent cette nouvelle prise de conscience comme le marché de Koudougou au Burkina Faso, primé par les prestigieux prix d’architecture Aga Khan.
Le rôle de l’architecture dans les marchés L’architecture a aussi son rôle à jouer dans les projets de marché. D’une part, l’architecture doit pouvoir résister aux intempéries et protéger les commerçants. La plupart des pays d’Afrique sont sujets à une forte saison des pluies et l’humidité augmente les risques de pourriture. La chaleur implique une bonne ventilation du bâtiment pour le confort des usagers, pour les odeurs et aussi pour préserver la qualité des aliments. C’est pourquoi le climat peut être déterminant dans la conception architecturale du marché. Certains quartiers de villes africaines peuvent aussi être sujets à des inondations. tout comme un bâtiment côtier, réalisé par exemple pour un marché de poisson, doit aussi tenir compte du recul
6 tracey-White John David, Manuel de Planification des marchés de vente au détail, p. 108 7 tracey-White John David, Manuel de Planification des marchés de vente au détail, p. 117
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Figure 30 : MarchĂŠ de Koudougou, au Burkina Fasso
LES MARCHÉS DE YOFF
SITUATION ET CONTEXTE constituent la communauté lébou et qui arrivent sur Dakar à ce moment-là, fondent yoff vraisemblablement vers 1432 et qui un des villages les plus anciens de la presqu’île. La commune compte actuellement 7 quartiers traditionnels et de nombreux quartiers contemporains comprenant principalement des cités. Même si yoff possède à présent un caractère urbain indéniable, les traditions restent très ancrées dans la hiérarchie sociale. Aujourd’hui encore, il faut appartenir à une des douze lignées lébous pour accéder à certains postes. La société est basée sur la toute-puissance des aînés qui dirige le village. La communauté a défini des rôles qui sont chargés d’administrer le village. Ainsi, la police par exemple est organisée par des Lébous et non une autre ad-
yoff est une des 19 communes de Dakar et est située au nord du centre de Dakar. La moitié de sa superficie est occupée par l’aéroport de Dakar.
Les origines yoff est fondée par le peuple des Lébous qui est une ethnie avec de fortes traditions et valeurs identitaires. Ils sont issus d’immigrations au xVe et xVIe siècle en provenance d’Afrique orientale. Ils commencèrent par s’installer un peu partout sur la presqu’île du Cap-Vert, excroissance la plus à l’ouest de l’Afrique et qui abrite Dakar aujourd’hui. Les Soumbédiounes, un des deux groupes qui
YOFF
DAKAR-PLATEAU
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ministration. L’élection d’un maire et une administration communale, comme on l’entend chez nous, ne sont que très récentes. Cependant, la commune peine toujours à exercer son autorité, car les dignitaires traditionnels lébous, communauté qui représente encore 52 % de la population dans le village traditionnel1, gardent la main mise sur le pouvoir administratif2.
plupart des services du Sénégal et attire indéniablement les populations rurales. Les gens fraîchement arrivés à Dakar cherchent de nouveaux endroits pour s’installer et yoff, avec sa situation privilégiée et son climat agréable, est devenu très attirant. Alors que la population avoisinait les 40’000 habitants en 1977, la commune en compte environ 60’000 aujourd’hui3. Les femmes sont en majorité et 51 % de la population est constituée de jeunes entre 0 et 19 ans. Les densités peuvent être très différentes entre le village traditionnel et les nouvelles cités, construites dans les années 80. Alors que dans les cités la densité est d’environ 27,62 habitants par hectares, elle explose dans le village pour at-
Croissance et démographie tout comme Dakar, yoff doit faire face à une forte migration urbaine. Dakar possède la
1 Ndoye Ndèye Bineta Laye, Problématique de l’assainissement dans la commune d’arrondissement de yoff, p. 33 2 Dumez Richard, yoff, le territoire assiégé. Un village lébou dans la banlieue de Dakar.
3 Ndoye Ndèye Bineta Laye, Problématique de l’assainissement dans la commune d’arrondissement de yoff, p. 9 Figure 31 : Evolution de la population entre 1997 et 2003
70’000
53’035
60’000
54’308
46’000
50’000 40’000 30’000 20’000 10’000 0 1997
2000
85
2002
2003
teindre le chiffre de 174,2 habitants par hectares. Celui-ci a épuisé la quasi-totalité de son espace disponible, ce qui explique pourquoi il compte une si forte densité comparée aux quartiers des cités. Les ménages sont au nombre de 6’880 en 2002 et comptent en moyenne 7,8 individus par ménage. Figure 33 : Mise en évidence du village traditionnel
Structure urbaine et qualité de l’habitat yoff est la commune la plus étendue des communes dakaroises. Ceci est dû notamment à la présence de l’aéroport présent dans le périmètre de la commune et qui occupe une partie importante de la superficie totale. Le village traditionnel se différencie des nouveaux quartiers de cités. Il est caractérisé par des rues très étroites et une disposition des constructions plutôt anarchique. Cette structure urbaine d’origine spontanée est due à la
culture traditionnelle léboue. En effet dans la communauté lébou, les titres fonciers sont essentiellement dictés par la concession familiale et au lieu d’être individuels, ils appartiennent à l’ensemble de la communauté qui comprend généralement plusieurs ménages. Comme le pouvoir de la commune reste faible, comparé à la force des traditions lébous, la structure urbaine échappe à toute planification. La quasi-totalité des constructions est en parpaing-ciment. on retrouve très peu de maisons en bois ou autre matériau. Par contre, le sol dans les habitations est essentiellement du sable, ce qui illustre bien la précarité de la situation dans laquelle les ménages évoluent à l’intérieur du village. Le type de construction reflète souvent le statut financier et plus on a de l’argent, plus on va essayer de construire en hauteur. Dans les cités récemment construites, la situation est plus favorable. Le standing est plus élevé et les gens sont en général mieux lotis. Il y a plus d’habitations collectives en hauteur, ce qui est synonyme de richesse. Cette partie de la commune devient très attractive et attire beaucoup de Dakarois et yoffois, souhaitant
Figure 32 : Evolution du parc bâti de yoff
2000
2014
86
Exemple de construction dans les nouveaux quartiers
Vue sur les toits du village traditionnel
habiter dans un meilleur environnement.
La configuration des rues dans le village traditionnel rend difficile les transports, mais aussi la présence d’équipements performants. Certaines rues empêchent l’accès aux transports motorisés à 4 roues et le manque d’infrastructures routières est évident. L’étroitesse des rues fait que les routes sont essentiellement en sable et le village possède très peu de routes goudronnées. Dans les cités nouvelles, les routes ont l’avantage d’être plus larges, mais restent dans l’essentiel non goudronnées4. La route primaire, qui compte un trafic dense et qui relie yoff au reste de l’agglomération Dakaroise, se trouve en périphérie de la commune. Cette route englobe la majorité des taxis et des transports en commun, les habi-
tants doivent donc marcher avant de pouvoir prendre leur moyen de transport. Les routes secondaires ont un axe nord-sud, car autrefois il était primordial de pouvoir accéder à la mer rapidement. Les routes tertiaires sont presque toujours en sable et sont essentiellement destinées aux transports non motorisés5. Ainsi, la majorité des déplacements se font à pied. La configuration des rues rend difficile aussi une bonne collecte des déchets et yoff subit dans l’ensemble de gros problèmes concernant la collecte des déchets. Les ordures sont jetées soit dans la rue soit dans la mer ce qui engendre l’apparition de décharges sauvages. Il est aussi fréquent de voir les eaux usées se déverser dans la mer. Durant la saison des pluies, les bouches d’égout sont obstruées par le sable et débordent. Pour évacuer l’inondation des rues par les eaux usées, elles sont redirigées dans la mer. Les quartiers proches des routes les plus fréquentées sont en général les
4 Diouf Ibrahima, transport et mobilité dans un village traditionnel urbanisé de Dakar : Le cas de yoff, p. 34
5 Diouf Ibrahima, transport et mobilité dans un village traditionnel urbanisé de Dakar : Le cas de yoff, p.35
Infrastructures
Amoncellement d’ordures dans la rue
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Ruelle d’un des quartiers nouveaux
Ruelle du village traditionnel
Figure 34 : Modes de transports à yoff * les clandos sont des taxis clandestins avec généralement 7 places. * Exemple de car rapide :
40%
Marche 15.3%
Bus
13.3%
Véhicule personnel
8%
Clando *
6%
Car rapide * Charette
4.7%
Taxi
4.7%
mieux desservis pour la collecte des ordures. L’anarchie des constructions gêne le réseau électrique et les câbles tombent sur les maisons
décembre elle avoisine les 28 C°. Le plus gros problème environnemental que connaît yoff est l’érosion de ses côtes, alors que la mer constitue la première source de richesse du village. Ce phénomène est devenu inquiétant et menace les activités touristiques et économiques. La plage a reculé d’environ 95 cm par an entre les années 1945 et 19926. Même si le retrait de la côte est en partie dû à une forte houle et alizée, la première cause
Climat et environnement yoff se déploie sur un relief en grande partie plat avec de faibles altitudes. Son climat se caractérise par une saison des pluies avec de fortes précipitations, appelé hivernage, de juin à octobre. yoff bénéficie d’un fort taux d’humidité et sa température moyenne de décembre à juin est de 20 C° tandis qu’entre juin et
6 Adjoussi Pessiezoum, Impact du prélévement du sable marin sur l’évolution du trait de côte à yoff : essai d’étude de vulnérabilité, (Presqu’île du Cap Vert, Sénégal), p. 4
40 C°
Figure 35 : températures minimales et maximales au cours de l’année
30 C° 20 C°
92
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10 C°
de ce retrait est le prélèvement du sable de plage, bien qu’il soit interdit depuis plusieurs années maintenant. Autrefois, le prélèvement de sable était courant, mais, comme les quantités prélevées restaient faibles, il n’était pas directement nocif pour l’environnement. Mais maintenant, en raison du fort potentiel lucratif de cette activité, les quantités ont fortement augmenté. Le sable est notamment utilisé surtout dans la construction7, comme pour des remblais, mais aussi des routes. C’est essentiellement des personnes provenant du monde rural qui viennent extraire le sable, car ceci leur permet de pratiquer une activité rentable à côté des activités de paysannerie.
Dakar d’être particulièrement bien adaptée à la pêche. on estime que les activités relatives à la pêche occupent 30 % de la population, avec un secteur de la pêche majoritairement exercé par les hommes et la transformation des produits halieutiques par les femmes. Les Lébous ont depuis leur origine une forte relation avec la mer et yoff est sûrement le plus ancien village dans la région pratiquant la pêche. La pêche emploie non seulement rien qu’à elle une bonne partie de la population, mais permet l’essor d’autres secteurs d’activités qui sont indirectement reliés à la pêche, comme les fabricants de pirogues ou fournisseurs de carburant8. La saison de pêche se déroule entre décembre et juin, mais les activités continuent aussi en dehors de cette période, mais à plus faible intensité. Les marchandises pêchées sont soit vendues directement sur la plage aux habitants du village, soit vendues aux grossistes ou soit envoyées dans l’usine de transformation
Activités économiques La première activité économique de yoff est la pêche et ses activités dérivées grâce à une mer riche en ressources, qui a permis à la région de
7 Adjoussi Pessiezoum, Impact du prélévement du sable marin sur l’évolution du trait de côte à yoff : essai d’étude de vulnérabilité, (Presqu’île du Cap Vert, Sénégal), p. 24
8 Dumez Richard, yoff, le territoire assiégé. Un village lébou dans la banlieue de Dakar, p. 26
200mm
Figure 36 : Evolution de la pluviométrie moyenne mensuelle
150mm 100mm
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50mm
de yoff9. La pratique de la pêche devient de plus en plus difficile d’une part à cause d’une baisse des ressources en poissons et d’autre part à cause de la prolifération de déchets sur les berges, qui empêchent une bonne reproduction des poissons et abîment les filets des pêcheurs. Les déchets sont non seulement problématiques dans la ville, comme vu précédemment, mais aussi sur la plage qui dénombre tout autant de décharges sauvages. La pêche à yoff garde son côté traditionnel, car son expansion est entravée par le manque d’infrastructures. Pour étendre son importance, il faut envisager de nouvelles infrastructures nécessaires au commerce. Après la pêche, qui emploie la plus grande part de la population, on retrouve les activités artisanales, comme les mécaniciens, réparateurs, tailleurs, etc. Ensuite viennent les activités liées aux commerces. Le secteur tertiaire est très peu représenté à yoff.
yoff compte deux marchés principaux et officiels. Il y a le marché central qui regroupe toute sorte d’aliments, de produits manufacturés mais aussi des artisans, et le marché aux poissons. tout deux se trouvent dans le village traditionnel. Le marché central se situe sur une artère principale et le marché aux poissons a lieu sur la plage. Le marché central est avant-tout destiné à la consommation locale tandis que le marché aux poissons, étant donné son importance comme vu précédemment, possède un rayonnement plus grand. Dans les deux marchés, il manque cruellement d’infrastructures. Le marché central possède au moins un bâtiment fermé alors que le marché aux poissons n’a aucune structure couverte.
9 Dumez Richard, yoff, le territoire assiégé. Un village lébou dans la banlieue de Dakar, p. 26
Marché aux poissons
Marché central
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La plage de yoff
LE MARCHÉ CENTRAL est plus intéressant. Un espace est réservé pour le commerce de la viande, mais, compte tenu de son éloignement avec la rue, il n’accueille que très peu de commerçants, ceux-ci préférant se positionner à un endroit plus favorable. Quant à la vente de poissons, qui est exclusivement assurée par des femmes, elle est reléguée à l’extérieur du marché, faute de place à l’intérieur. Les responsables du marché ont aménagé des couverts pour protéger le poisson, mais qui s’avèrent inefficaces, car le poisson est régulièrement exposé au soleil et à la chaleur. Le rez-de-chaussée du bâtiment est essentiellement occupé par les produits alimentaires tandis que le 1er étage par les artisans et prestataires de service. Le 1er étage du bâtiment est particulièrement peu occupé, ce qui est sûrement dû à son éloignement avec la rue. Le bâtiment possède aussi une toiture accessible, mais qui est actuellement utilisée comme dépotoir et débarras.
Le marché est situé au cœur du village traditionnel et fournit la majorité de la population locale en nourriture. La première date de sa construction est difficile à situer, mais le marché a été rénové en 2003 à cause de fuites d’eau constatées dans le toit.
Les produits vendus on trouve au marché de yoff essentiellement du commerce alimentaire. on peut acquérir des fruits, des légumes, de la viande, du poisson et toute sorte de produits alimentaires manufacturés. Il y a aussi du commerce de marchandises générales comme des vendeurs de fournitures ménagères et même des boutiques vendant des sachets de plastique, destiné à être vendu directement aux commerçants du marché. on trouve aussi des artisans, des tailleurs par exemple, et des prestataires de services (coiffeurs). Cependant, ils sont en très nette minorité et occupent que quelques boutiques.
Infrastructures et équipements Le marché se trouve sur une des rues principales du village, il jouit donc d’une centralité certaine. Cependant, son accès est entravé notamment par les activités des grossistes qui prennent place juste devant le marché. Les stocks de marchandises empêchent d’une part un accès physique au marché, mais diminuent aussi la visibilité des boutiques qui donnent sur la rue. Ce problème réduit considérablement le nombre de clients qui pénètre dans le bâtiment, ce qui déplaît profondément aux commerçants de l’intérieur du marché. Certains marchands délaissent leur emplacement à l’intérieur pour se positionner devant le
organisation spatiale Le marché est composé d’un grand hall, autour duquel s’articulent des boutiques. Le hall occupe toute la hauteur du bâtiment et regroupe les étals. Bien que les étales soient initialement destinées aux fruits et aux légumes, on constate qu’il y a aussi des étales de viandes et de poissons qui s’y mêlent. Ceci est dû en partie au problème de la sous-location : des emplacements ont été sous-loués et les commerçants en profitent pour y vendre du poisson ou de la viande, car l’emplacement
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hall central qui accueille les ĂŠtals de fruits et lĂŠgumes
marché, afin d’écouler plus vite leurs marchandises. Le marché ne possède pas de quais de déchargements, car, selon les dires du responsable du marché, la mairie les aurait vendus. Mais le déchargement est aussi entravé par le stockage des marchandises devant le bâtiment. Le marché souffre aussi clairement d’une carence en espaces de stockage et de chambres froides. Les commerçants utilisent donc les boutiques pour stocker leurs marchandises, ce qui fait perdre une somme considérable au marché, car ces boutiques sont dans l’impossibilité d’être louées. Il n’y a pas à proprement parler de chambres froides. Les marchands ont aménagé une des parties extérieures arrière du bâtiment pour entreposer des congélateurs. Mais ces congélateurs sont sans cesse exposés au soleil et ne fonctionnent pas. Quant aux équipements sanitaires, le marché possède des latrines, mais payantes, ce qui explique pourquoi elles sont très rarement utilisées. La récolte des taxes doit servir à payer l’approvisionnement en eau. Le nettoyage des ordures se fait régulièrement de nuit par des nettoyeurs et elles sont débarrassées par camions. Cependant, il est quand même nécessaire une fois par semaine de faire un grand nettoyage avec l’aide des pompiers. Les normes d’hygiène ne sont absolument pas respectées.
rectement perçues et le délégué doit défendre les intérêts des marchands. Chaque section possède son propre délégué qui est chargé de s’entretenir avec le délégué général, ainsi les poissonnières ont leur déléguée, de même que les vendeuses de fruits et légumes et ceci est valable pour tous les groupes de commerçants. L’entrepreneur, chargé de la réhabilitation est le propriétaire du marché et il loue le marché à la Mairie, avec un bail d’une durée de 30 ans. L’entrepreneur, peu préoccupé par le sort du marché, peine à investir dans les infrastructures du marché et s’est complètement détaché du sort de ce marché et de ses commerçants. La construction du bâtiment laisse clairement à désirer. Elle fut rapide et la qualité du béton est médiocre. Le bâtiment qui a été refait il y a tout juste 10 ans, mais donne l’impression d’en avoir 30. Le béton du toit n’a pas été protégé et, compte tenu des fortes précipitations pendant l’hivernage, il y a eu très vite de nombreuses infiltrations. Une partie de toit menace de s’effondrer à cause de fissures dans le béton.
organisation interne Un représentant de la mairie est chargé de contrôler le marché, en compagnie d’un délégué des marchands. Le représentant de la mairie doit s’assurer que les taxes sont cor-
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Arcades abritant des boutiques qui donnent sur le hall central
Arcades à l’étage donnant sur le hall, mais principalement inoccupées
Arcades à l’étage donnant sur la rue, mais principalement inoccupées
Les couloirs sont remplis de marchandises qui gĂŞnent la circulation
Certains espaces du marché sont inoccupés et les boutiques et les couloirs servent d’entrepôts
103
Les vendeuses de poissons ont dû être délocalisées à l’extérieur du marché faute de place à l’intérieur
L’espace dédié à la viande est isolé du reste du marché, mais il n’y a pas beaucoup d’activités
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Les congélateurs sont exposés au soleil et à la chaleur
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Les latrines qui sont inutilisĂŠes
Les devants du marché sont remplis de stocks de diverses marchandises qui gênent considérablement l’accès au bâtiment
La toiture accessible sert actuellement de dĂŠpotoir.
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Un artisan couturier dans sa boutique.
Boutique d’un coiffeur.
LE MARCHÉ AUX POISSONS Certains quartiers sont plus tournés vers la mer, tandis que d’autres se tournent plus vers le village. Ainsi, on constate une densité plus forte des activités à proximité de quartier de tonghor. toutefois, l’emprise des pirogues ne se limite pas à ce seul quartier, mais elles s’étendent sur à peu près un kilomètre en direction de l’est. Les techniques utilisées pour la pêche restent artisanales, étant donné que l’insuffisance des infrastructures empêche une modernisation du secteur. on trouve la technique de la pêche à la senne de plage, qui consiste en un filet directement déployé au-delà de la zone de pêche depuis la plage. Ainsi, deux groupes ramènent le filet au bord qui entre temps capture les poissons sur son passage. Ces épisodes sont généralement le fruit d’une association entre plusieurs personnes. À la fin de la pêche, le butin est distribué et partagé en fonction du rôle de chacun durant la pêche. En mer, la technique la plus courante est la pêche à la
Le marché aux poissons, contrairement au marché central, n’a pas lieu dans un bâtiment fermé, mais librement sur la plage. Il prend place tous les jours sur la côte littorale de yoff.
organisation spatiale Les équipements de pêche et particulièrement les pirogues en bois des pêcheurs envahissent massivement la plage, laissant peu de place aux autres activités. Les pirogues colorées peuvent atteindre le nombre de 500 durant la haute saison, mais seulement 300 appartiennent aux pêcheurs locaux, les autres sont la propriété de nombreux pêcheurs provenant de tout le Sénégal venu profiter des conditions favorables pendant la haute saison1.
1 Dumez Richard, yoff, le territoire assiégé. Un village lébou dans la banlieue de Dakar, p. 24
Figure 37 : implantation des pirogues sur une distance d’environ 1 km
Emprise des pirogues
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Figure 37 : implantation des pirogues sur une distance d’environ 1 km
ligne. Les pirogues peuvent appartenir à plusieurs propriétaires, selon leur taille. Depuis quelques années, toutes les pirogues sont munies d’un moteur, ce qui a considérablement amélioré les conditions des pêcheurs. Le transport sur la côte se fait essentiellement par charrette et par cheval dans la mesure où aucune route littorale n’a été construite, ce qui rend impossible l’utilisation de véhicules motorisés. La pêche est réalisée exclusivement par des hommes tandis que la vente sur la plage est majoritairement exercée par les femmes. À l’arrivée des pêcheurs sur la côte, elles se précipitent vers le bateau pour ramasser le poisson, afin de la nettoyer pour le vendre sur la plage.
durant certaines périodes, il serait pertinent d’avoir des protections solaires, car actuellement aucune infrastructure n’a été imaginée dans ce sens. Les femmes, devant souvent attendre de longues heures sous un soleil de plomb, cherchent désespérément des endroits ombragés pour s’abriter. Comme vu précédemment, l’usage de chambres froides est fortement rattaché à la qualité des aliments. Aussi, au marché de yoff, les locaux ne disposent pas de chambres froides à proprement parler, mais les commerçants utilisent le même système que dans le marché central, c’est-à-dire des congélateurs extérieurs exposés aux intempéries. Ces congélateurs se trouvent dans les fondations de ce qui devait être un nouveau au marché aux poissons, mais dont le projet a été abandonné.
Les infrastructures Il est étonnant de constater un tel manque d’équipements pour un secteur si important à yoff. Les installations de vente sont inexistantes et la vente de poisson se fait sur des tables bancales aménagées par les habitants. Il n’y a pas d’espace dédié au nettoyage du poisson non plus. En raison du climat particulièrement rude
Figure 38 : Une fabrique de glace a été construite récemment par une société extérieure grecquo-sénégalaise. Cette nouveauté pour-
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rait être synonyme d’améliorations pour les locaux, mais cette fabrique profite surtout aux mareyeurs et son impact sur le développement local est faible. L’effort pour moderniser le secteur doit aussi et avant tout profiter aux populations locales2. Le nombre de pirogues impose aussi son lot d’infrastructures. La réparation des pirogues est fréquente, aussi actuellement un couvert a quand même été aménagé même s’il reste anecdotique. Environnement Comme vu précédemment, les enjeux environnementaux sont de taille. Le recul des côtes menace sérieusement les activités de pêches. Les pirogues occupent déjà une bonne partie de la berge et sans la construction d’un nouvel espace servant à entreposer les pirogues, les pêcheurs auraient beaucoup de difficultés à exercer. De plus, la présence systématique de déchets et l’écoulement des eaux usées en mer contribuent aussi à cette problématique environnementale des côtes dakaroises. Dans le cas de yoff, il s’agit soit de déchets organiques, qui sont destinés à l’élevage des moutons très fréquent à yoff, soit des ordures ménagères comme des seaux en plastiques, bouteilles, etc.
2 http://villesdafrique.over-blog.com/article-ville-d-afrique-et-littoral-la-difficile-42289113.html
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Vue sur le marchĂŠ aux poissons.
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Femmes attendant les pĂŞcheurs sur la plage
Les commerรงants utilisent leurs installations pour exposer le poisson.
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tous les moyens sont bons pour se protĂŠger du soleil et de la chaleur.
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Femmes nettoyant le poisson avant de le vendre.
Bouche d’égout se déversant dans la mer.
Les congélateurs se trouvent dans l’enceinte, de ce qui devait être le futur marché aux poissons.
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Le premier moyen de transport sur la plage est la charette tirĂŠe par un cheval.
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Installations touristiques le long de la plage.
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CONCLUSION
CONCLUSION
et faire participer toute une population dans la conception et l’élaboration d’un bâtiment. Les marchés du quartier de yoff présentent les mêmes problèmes que l’on rencontre dans la plupart des marchés. La situation de yoff peut toutefois s’avérer sensiblement différente en raison de sa proximité avec la mer qui rend l’enjeu environnemental primordial. Ses marchés sont dans l’ensemble en mauvais état, avec un marché central qui a besoin urgemment d’être réhabilité ou reconstruit en raison de sa construction en très mauvais état, et avec un marché aux poissons, exempt d’infrastructures, qui évolue dans un environnement précaire. Compte tenu de leur importance sociale, les deux marchés méritent une réflexion particulière. L’état des lieux, réalisé dans le chapitre précédent, sert de base pour une réflexion future sur un projet de revalorisation des équipements commerciaux à yoff. Le projet devra prendre en compte des facteurs sociaux, environnementaux, constructifs et techniques. Le projet offrira un environnement propice au commerce et équipé en infrastructures nécessaires, il se voudra participatif dans le but d’un développement local et respectera l’environnement à l’aide d’une méthode de construction et d’une mise en œuvre durable. Même si peu de projets de ce type ont été réalisés jusqu’à maintenant, le projet du marché de Koudougou a su se démarquer et proposer une nouvelle approche. Ce marché, réalisé avec l’aide de l’Agence suisse de Développement et Coopération, est un bon exemple de réussite qui a su mêler une conception et une mise en œuvre participative, ainsi qu’une utilisation durable des matériaux locaux.
Les marchés africains présentent dans l’ensemble de nombreux dysfonctionnements qui réduisent considérablement leur rendement. Leurs effets directs et indirects sur la planification urbaine et leur rayonnement en font les points névralgiques et des outils indispensables au développement des métropoles africaines. Ils constituent un défi majeur pour les architectes et urbanistes qui doivent essayer de changer cette situation qui s’est pourtant généralisées dans tout les pays africains. étant donné que la croissance démographique des villes africaines va continuer de croître, la pression exercée sur les marchés urbains va elle aussi augmenter. Il est indispensable de réfléchir, dès aujourd’hui quelles solutions peuvent stopper cette véritable descente aux enfers. Même si on a longtemps considéré les marchés comme des infrastructures et non des objets architecturaux, ce qui m’a été confirmé lors de mes recherches étant donné le peu d’informations disponibles sur la qualité architecturale de ceux-ci, je pense que l’architecture peut fortement contribuer à l’amélioration de l’environnement fragile dans lequel les marchés évoluent. Souvent occultée dans les projets, l’architecture a pourtant un rôle dans la conception des marchés et peut apporter des espaces de qualités et des bâtiments respectueux de l’environnement et du contexte urbain. Une réflexion écologique, mais aussi sociale est nécessaire. Dans la mesure où la portée du marché ne se résume pas seulement à ses abords directs, un projet d’architecture devrait aussi avoir une portée proportionnelle
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ICONOGRAPHIE
La plupart des illustrations contenues dans ce travail résultent de l’exploitation de documents tirés des sources ci-dessous, que j’ai parfois redessinés, afin d’atteindre une cohérence graphique globale. Certains éléments sont toutefois le fruit de ma propre élaboration. Les photographies non référencées sont des images personnelles.
Figure 1 : http://www.guruve.com/Gallery/Artists/charles-nkomo/V018 Figure 2 : tangires helen, Public Markets, Library of Congress, 2008 Figure 3 : tangires helen, Public Markets, Library of Congress, 2008 Figure 4 : tangires helen, Public Markets, Library of Congress, 2008 Figure 5 : googlemaps. Figure 6 : googlemaps Figure 7 : http://www.dailymotion.com/video/x1w1ff7_benin-un-nouveau-site-pour-le-marche-defriperie-de-cotonou_news Figure 8 : Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, page 34 Figure 9 : https://jenandadamincapeverde.wordpress.com/2013/01/26/marche-dantokpa-cotonouone-of-west-africas-largest-markets/ Figure 10 : Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, page 62 Figure 11 : Schéma personnel inspiré de Manuel de Planification des marchés de vente au détail, John David tracey-White, p.132 Figure 12 : Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, page 71 Figure 13 : Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, page 71 Figure 14 : Wilhelm Laurence, Les circuits d’approvisionnement alimentaires des villes et le fonctionnement des marchés en Afrique et à Madagascar, page 26 Figure 15 : Paulais thierry, Wilhelm Laurence, Marchés d’Afrique, Editions Karthala, 2000, page 100 Figure 16 : Dia Ibrahima, Le consommateur urbain africain et les SADA, page 14 Figure 17 : http://www.aip.ci/regions.php?ID=16315&page=BKE Figure 18 : http://koaci.com/gabon-trottoirs-occupes-servent-pietons-libreville-92114.html Figure 19 : http://www.lefaso.net/spip.php?article53851 Figure 20 : http://www.parti-ecologique-ivoirien.org/ecologie/tiburce-Koffi-parle-de-la-luttecontre-l-insalubrite.php Figure 21 : http://www.afrinews.org/blog16b.php?code=calb1988&langue=fr&type=rub3 figure 22 : http://www.panoramio.com/photo/51208652 figure 23 : http://tchadinfos.com/societes/ndjamena-grand-mnage-march-mil/
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Figure 24 : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/3873f87a-926a-11e2-929e-fe962a42a8e0/Madagascar_le_jour_o%C3%B9_je_suis_devenue_millionnaire Figure 25 : Canet Colette, L’alimentation de rue en Afrique, Revue « Aliments dans les villes », FAo, 1997, page 1 Figure 26 : http://senegal.france24.com/2012/02/25/touche-pas-ma-table-est-il-vraiment-le-slogan-des-marchands-ambulants-de-dakar/ Figure 27 : http://lemessagerdafrique.mondoblog.org/2010/11/26/avenement-des-telephones-portables-un-piston-pour-le-secteur-informel/ Figure 28 : googlemaps Figure 29 : http://www.zoodo-asso.org/blog/2012/12/10/les-recoltes-2012-sont-bonnes-cependant/ Figure 30 : http://en.wikipedia.org/wiki/Koudougou Figure 31 : développement local et autogestion des collectivités locales : rôles des acteurs sociaux, page 31 Figure 32 : googleearth Figure 33 : googlemaps Figure 34 : Diouf Ibrahima, transport et mobilité dans un village traditionnel urbanisé de Dakar : Le cas de yoff, Mémoire de maîtrise, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, 2008-2009, page 54 car rapide : http://tropicalizer.blogspot.ch/2013/03/car-rapide-transport-en-commun-dakar.html Figure 35 : Ndoye Ndèye Bineta Laye, Problématique de l’assainissement dans la commune d’arrondissement de yoff, , Mémoire de maîtrise, Université Gaston Berger, Saint-Louis, 2005, page 29 Figure 36 : Ndoye Ndèye Bineta Laye, Problématique de l’assainissement dans la commune d’arrondissement de yoff, , Mémoire de maîtrise, Université Gaston Berger, Saint-Louis, 2005, page 29 Figure 37 : googlemaps Figure 38 : http://www.panoramio.com/photo/38719025?source=wapi&referrer=kh.google.com Figure 39 : http://villesdafrique.over-blog.com/article-ville-d-afrique-et-littoral-la-difficile-42289113.html
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