Hygiène et Intimité : ARchitecture de la salle de bain dans l'habitat collectif contemporain

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HYGIÈNE ET INTIMITÉ Architecture de la salle de bains dans l’habitat collectif contemporain La conception de Vincen Cornu Architecte

Clara CHELLÉ

Ecole Nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand Domaine d’études ETEH (Eco conception des Territoires et Espaces Habités) 2017/2018



Remerciements

Je remercie tout d’abord les enseignants encadrant cette recherche, Amélie Flamand, Shahram Abadie, et tout particulièrement Rémi Laporte pour ses conseils avisés et sa présence tout au long de ce travail. Merci aux habitants de la Résidence Ciel de Loire à Nantes qui ont accepté avec gentillesse de me recevoir et de se prêter au jeu de l’entretien. A Vincen Cornu, qui a su m’accorder un temps précieux afin que je puisse comprendre ses convictions et sa conception de l’habitat. Ses propos m’ont grandement aidé dans mon travail. Merci, à mes amis et ma famille qui ont su me rassurer et m’encourager pendant ces longues années d’étude et d’avantage encore ces derniers mois. Ma reconnaissance va enfin à Thibaut, pour sa patience, ses mots toujours justes, et son soutien inconditionnel.


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Avant Propos

Ce mémoire représente pour moi l’occasion d’approfondir un sujet qui a été présent tout au long de mes études, y compris lors de mon année passée en Italie : l’Habitat. En effet, il en a été question à chaque semestre que ce soit en atelier de projet ou en cours théorique, et il me semblait tout à propos de consacrer ce travail de recherche à ce qui a été la base même de l’architecture : bâtir un abri, se protéger des intempéries et ainsi, construire son chez soi. Le logement est un thème qui est omniprésent dans nombre de recherches architecturales et son évolution ne fait aucun doute. Une curiosité toute personelle m’a poussé à traiter d’un aspect peu abordé, peut être encore un peu tabou. Une partie de notre habitation, où pourtant chacun débute et termine sa journée : la salle de bains. Je suis persuadée que l’architecture se lit d’avantage dans les gestes et les habitudes quotidiennes, que dans les grandes infrastructures ou les grands projets aux ambitions souvent démesurées.

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Sommaire


Sommaire

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Remerciements Sommaire

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Introduction

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Partie I Intimité : Du collectif à l’individuel

30 30 33 39 44 44 50 55

59 59 63 64

Chapitre 1 L’intimité au delà de la pièce : fenêtres et ouvertures a. Influence du contexte b. La fenêtre comme élément fondateur c. Dimensionement des ouvertures et menuiseries Chapitre 2 Distribution et partage de l’espace a. Principe de distribution : un facteur d’intimité b. Influence sur le plan de la salle de bains c. L’exception des toilettes séparées Chapitre 3 Cohabitations, Usages exportés a. Hors de la salle de bains : pourquoi et comment ? b. Dédoublement des salles d’eau c. Cohabitation, autonomie de l’individu dans le foyer


Partie II 64 Subtilités internes appropriation et usages 70 Chapitre 1 70 73 77

Surfaces et Usages a. Surface idéale ? b. Des usages regrettés parfois retrouvés c. Polyvalence de la salle de bains

80 Chapitre 2 82 86

Importance du corps, érgonomie et mouvements a. Evolution du rapport au corps et perception dans l’habitat b. Ergonomie de la salle de bains et équipements

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Chapitre 3 Matérialités et ambiances 92 a. La salle de bain : pièce froide et technique ? 94 b. Choix des matériaux et finitions 101 c. Lumière artificielle et confort visuel

104 Conclusion 110 Bibliographie 112 Iconographie 116 Annexes

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Introduction


Introduction

La salle de bain telle qu’on la conçoit aujourd’hui est apparue il y a plus d’un siècle dans les logements bourgeois, et au delà de l’aspect technologique, elle n’a que très peu changé. Son positionnement dans l’habitation notamment : elle appartient à la partie « intime » du logement associée aux chambres. Il y a cependant un enjeu majeur : le degré d’éxigence concernant la salle de bain est croissant, les habitants aspirent à une pièce plus spacieuse qui permettrait de nouveaux usages, ou le retour d’usages oubliés tel que la buanderie. Pour quelles raisons n’y a t’il aucuns changements ? Et pour quelles raisons devraient il y avoir changement ? Afin de comprendre la salle de bains et de mieux en identifier les enjeux actuels, faisons un rapide retour sur son histoire et la manière dont elle est arrivée dans le logement collectif français.

1bis. Baronne STAFFE (Blanche-Augustine-Angèle SOYER) Le Cabinet de Toilette, V. Havard, Paris, 1891

1. (ELEB (Monique) La mise au propre en architecture , Techniques & Culture [En ligne], 54-55 | 2010)

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A partir du début du XIXème siècle l’usage de la toilette intime est associé à une pièce unique, alors appelée cabinet de toilette : une pièce à part entière, qui s’installe jusque dans les logements de la bourgeoisie modeste. L’eau courante est encore très rare dans les étages des immeubles et seule la plus haute bourgeoisie peut s’en offrir le luxe. Alors la toilette se fait dans le cabinet, à l’aide d’un tub (bassine en métal à bords fins), de seaux ou de carafes d’eau, qui une fois la toilette terminée seront rangés dans des placards. De nombreux traités d’hygiène font leur apparition, dont celui renommé de la Baronne Staffe1bis, dans lesquels les femmes de bonne société trouveront les conseils à suivre pour une toilette dans les règles de l’art. Aucun objet pouvant indiquer les « usages intimes » de la pièce ne sont laissés à portée de vue, l’espace doit être bien agencé et organisé pour dissimuler ses activités. Peu à peu la baignoire fait son arrivée dans le cabinet de toilette, autrefois déplacée d’une pièce à l’autre ou installée dans les sous sols ; c’est alors que se pose la question de la nécessité d’une nouvelle pièce indépendante consacrée seulement à l’usage du bain. Dans un premier temps l’usage de la toilette l’emporte, et la salle de bain est disposée dans les « recoins » de l’habitation, ou à la cave, considérée alors comme une simple pièce de service sans confort particulier. Mais peu à peu la salle de bain rejoint le cabinet de toilette pour ne former qu’une pièce. Elle reste cependant un espace dédiée au plaisir, « une pièce très ornée, ostentatoire ».1


Dans les immeubles plus modestes, le cabinet de toilette n’est en aucun cas une nécessité et ne s’y trouve que rarement: la toilette se fait à l’aide d’une bassine, dans le couloir ou la chambre. C’est au début du XXème siècle avec la volonté des fondations (telle que la fondation Rothschild à Paris) que le bain devient plus régulier, on encourage les ouvriers à se doucher plus fréquemment. Les douches et bains communs sont installés au rez-de-chaussée ou au sous sol, faute de pompe assez puissante pour amener l’eau dans les étages, mais restent peu utilisés (15 ablutions par habitant et par an en moyenne). C’est en 1908 que l’architecte de la fondation Rothschild, Henri Provensal évoque l’idée d’une salle de bain privée attenante à chaque logement : « Ce serait le rêve évidemment si dans chaque logement, cette salle de douches, de petites dimensions, pouvait trouver sa place près de la cuisine, cela permettrait et sans être obligé de sortir du logement, à l’ouvrier, à la mère, aux enfants de s’astreindre aux lavages tièdes et quotidiens du corps. » 2

2. Op. Cit.

Pierre Bonnard Marthe au Tub 1908

Source : Musée D’orsay, https://www. photo.rmn.fr/archive/98-0027352C6NU0SUT20I.html

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C’est dans les années 1910 que la salle de bain telle qu’on la connaît fait son apparition, la « salle de bain minimum » modèle venue des Etats-Unis, pièce attenante à la chambre dans laquelle les équipements sont alignés le long d’un mur. La salle de bain se transforme alors en quelques années d’une pièce de confort à une pièce fonctionnelle sans ornements : la table de toilette disparaît au profit du lavabo en céramique plus sain. Les équipements standard de la salle de bain se vendent encore à prix élevé, mais la longévité de l’installation et la promesse d’hygiène et de santé qu’ils offrent pousse les français à investir, et la salle de bain moderne s’installe petit à petit dans tous les logements avec l’eau courante. Puis la standardisation des appareils, une production plus industrielle modifie peu à peu le rapport à l’intimité, moins ludique et plus fonctionnel.

3. Ibid.

Par la suite, au cours du XXème siècle, la salle de bain n’a pas subi de changements majeurs concernant son équipement ou l’importance qu’on lui donne. Quelques transformations sont tout de même à noter, sa disposition dans le logement par exemple. A ses début la pièce devait être conçue en façade, pour profiter d’une aération naturelle, gage d’une habitation saine, principe ordonné par le mouvement hygiéniste d’après guerre, mais « elle se trouve, depuis les années quatre-vingt, dans le corps du logement ; elle n’est plus éclairée et aérée naturellement mais par « ventilation mécanique contrôlée » (VMC), ce qui aboutit à faire commencer ses journées, quand on habite un logement récent, dans un petit réduit noir sans fenêtre. » Aujourd’hui donc, la notion de confort du cabinet de toilette a presque disparue dans la conception des salles de bain de logements collectifs. Rares sont les architectes à avoir expérimenté sur la salle de bain en logement collectif, et les quelques uns ayant fait l’expérience deviennent plus des exceptions qu’une voie à suivre pour l’ensemble du parc de logements, tel que Yves Lion et sa bande active ou Jean Nouvel qui offre aux habitants de Nemausus des salles de bain aussi grandes que les chambres. Il y a pourtant nécessité aujourd’hui que cette pièce évolue, et ce pour plusieurs raisons.

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La société évolue : De nombreuses études montrent que la structure de la société actuelle est beaucoup plus complexe qu’elle ne l’était il y quelques décennies. Les modèles familiaux se diversifient : les familles monoparentales, les personnes qui vivent seules, les cohabitations intergénérationnelles, les colocations sont plus nombreuses. La salle de bains doit-elle être une pièce adaptable à chacune de ses familles ? Faut-il construire des logements spécifiques pour chaque modèle familial ? La solution est sans doute de trouver une typologie qui convient à tous. Le corps et le rapport aux corps : comme nous le verrons, les mentalités ont changé et se sentir bien dans son corps est devenu un nouvel objectif de vie, qui se ressent dans la demande d’exigence de confort. Comment l’architecture du logement s’adapte t’elle à ces nouvelles considérations ?

Comment l’architecture de la salle de bains évolue t’elle avec les besoins d’hygiène et d’intimité de la société actuelle ?

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Les premiers constats ont pu être mis en lumière grâce à plusieurs lectures, et m’ont permis d’identifier le terrain d’étude qui illustrera au mieux les difficultés de conception que peut rencontrer un architecte lors d’un projet de logement collectif lorqu’il s’agit de dessiner les espaces intimes de l’habitation. Mon choix s’est porté sur une opération de logements conçus par l’architecte Vincen Cornu, à Nantes. Le projet en effet propose une diversité de typologies de logements qui permet d’avoir un large catalogue de plans d’habitation et par conséquent, des morphologies et des types de salles de bains nombreux. Afin d’analyser ce terrain d’étude, j’ai eu la chance de rencontrer trois habitants qui m’ont accueillis lors d’entretiens exploratoires (cf. annexes) au cours desquels j’ai pu effectuer des relevés précis et interroger les pratiques quotidiennes de trois foyers différents. Afin de donner aux lecteurs une vision plus précise de ce que constitue ce terrain d’étude, les prochaines pages sont consacrées à la présentation de l’architecte et des trois appartements analysés pour ce travail. L’ensemble des ressources a été ensuite assemblé et analysé pour répondre au mieux à la problématique posée. Nous verrons dans un premier temps, que l’intimité se construit d’abord en fonction du contexte de projet et des contraintes de site, et que le rapport à l’éxtérieur constitue un élément déterminant dans le confort quotidien des habitants. Les relations entre intérieur et extérieur sont indéniablement liées aux éléments qui ouvrent les espaces tels que la fenêtre, souvent regrettée dans les salles de bains contemporaines. Mais ce lien avec le contexte s’exprime aussi depuis l’intérieur du logement, entres pièces communes et pièces individuelles, l’articulation et la distribution des espaces dans le plan joue beaucoup sur la sensation d’intimité. Puis seront abordées les subtilités internes, du choix des matériaux à celui des équipements sanitaires qui apparaissent aujourd’hui comme un facteur d’innovation et un nouveau critère de qualité dans la salle de bains moderne. Ainsi, de la coursive commune aux carreaux de carrelage des murs de la salle de bains, ce travail tentera d’illustrer comment l’architecture peut s’adapter aux besoins de la société française actuelle.

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Vincen Cornu, Architecte

3 Roland Simounet architecte algérien, exerce d’abord dans son pays natal et forme une première agence à Alger en 1952. En 1953, il participe au IXéme CIAM à Aix en Provence « La charte de l’habitat», durant lequel il présente une étude sociologique et des relevés d’habitat du bidonville algérien de Mahieddine, qui l’aménera quelques années plus tard au projet qui lancera sa renomée : La Cité Djenan el-Hassan. Cité de transit qui a pour but de desengorger les bidonvilles, terrain d’expérimentation sur l’habitat, ou malgré la densité et le peu de moyen , Roland Simounet installe une qualité de vie indéniable. Il ira ensuite exercer en France, mais sera toujours engagé sur les terres de ses débuts. Profondément humaniste, son architecture est avant tout proche de son site, modeste et moderne (adepte des convictions de Le Corbusier). C’est sur le projet du Musée Picasso qu’il commence sa collaboration avec Vincen Cornu, pour lequel il recevra l’equerre d’argent en 1985.

4 TABASTE (Alexandre), Vincen Cornu, D’Architecture n°134, Fevrier 2004

Vincen Cornu a étudié à l’école d’architecture de Paris La Villette, puis est parti à New York pour un master d’urbanisme à l’université de Columbia. Durant ces années aux Etats Unis, il voyage, observe et develloppe ses convictions, ainsi qu’un amour pour les villes et leurs complexité. A son retour il s’engagera auprès du cabinet de Roland Simounet3 pour plusieurs années, qui marqueront une étape charnière de son parcours, où il commencera sa carrière par le Musée Picasso à Paris. Puis il remportera le concours du théatre Forrain aux côtés de Benoit Crepet pour la ville d’Artenay, avec laquelle il collaborera de nombreuses fois.

«Dans cette première réalisation émergent les éléments caractéristiques de sa démarche : une modernité attentive à l’identité des sites, une approche ludique et complexe qui s’exprime jusque dans la “petite échelle“, car, dit-il, “l’architecture peut s’inscrire dans trois simples marches d’escalier“ » 4 L’enseignement fait aussi partie des engagements de l’architecte qui dès 1988 officie à l’école d’architecture de Nancy, puis à l’école de Paris La Villette à partir de 1992. Il est primordial selon lui de partager les savoirs, et de s’ouvrir au plus de regards architecturaux possibles. Vincen Cornu dirige des cours thématiques qui se penchent chacun sur une notion architecturale, la notion de cour par exemple, et demande à ses étudiant d’étudier certaines typologies. L’implication en école d’architecture est pour lui aussi une manière de prendre du recul sur une activité professionnelle concrète. Vincen Cornu considère l’architecture «avec un grand A» comme l’architecture que l’on vit au quotidien, pas seulement celle qui nous surprend à la vue d’un bâtiment particulier ; l’architecture est partout. Il prône une simplicité des formes, en répondant aux besoins d’usages, tout en conservant une qualité architecturale certaine. Il formule un discours humaniste comme son ancien collaborateur Roland Simounet, x mais aussi un discours sur l’importance du lieu, du site dans lequel s’inscrit une architecture et l’impact sur le Paysage.

«Parler d’architecture n’est pas seulement parler de celle avec un grand A, des rares moments d’architecture sublime où nous la ressentons intensément Si nous ne sommes pas tous les jours sur l’acropole, les émotions architecturales sont néanmoins quotidiennes et multiples ; on peut être ému par une chanson et par l’art de la fugue.»5 5 CORNU (Vincen), Conférence Qu’est ce que l’Architecure?, Maison de l’architecture, 7 Octobre 2009

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« Il n’y a pas de petits problèmes en architecture, pas plus qu’il n’y a de petites notes en musique. »6

6. CORNU (Vincen), Conférence Qu’est ce que l’Architecure?, Maison de l’architecture, 7 Octobre 2009

Vincen Cornu semble être un architecte attaché à la proximité de l’architecture avec ses usagers. Il accorde une importance particulière à l’architecture du quotidien, ce qui peut se lire dans ce projet d’habitat de la résidence Ciel de Loire. En effet, cette opération peut sembler classique mais pourtant les analyses et recherches montrent qu’une attention a été donnée au confort d’usage des habitants comme nous le verrons tout du long de ce mémoire.

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Residence Ciel de Loire - Chantenay Nantes Ce projet de l’architecte Vincen Cornu s’inscrit dans un projet d’urbanisme plus global. Suite à l’appel d’offre de l’entreprise Armor, visant à réaménager leur ancien site industriel à Nantes, le promoteur Brémond a été retenu et à travaillé en collaboration avec l’urbaniste François Grether. Vincen Cornu a conçu trois bâtiments offrant 82 logements, en accession ou en location sociale. Entre quartier industriel et village au patrimoine historique très présent, le quartier réprésente un enjeu particulier pour la ville de Nantes prête à restructurer ces bords de Loire. Le projet de Vincen Cornu se trouve sur la partie Haute du Quartier et s’accompagne d’autres projets de logements pour former une ZAC. Le travail de Vincen Cornu se concentre sur les trois bâtiments situé à l’est du plan ci dessus. Organisés le long d’une rue piétonne donnant accés aux entrées d’immeuble, ils se distinguent par leur rapport au contexte et leur orientation. Le quartier se pose en transition entre tissu industriel en bord de Loire au sud, et une partie residentielle au nord principalement consituée de maison individuelles. Accesible en bus (un quart d’heure de transport depuis le centre ville), le quartier de Chantenay dispose aussi d’une Gare SNCF. L’ensemble donne une impression de quartier calme et familial (une école se situe à 500m de là). En effet il est mis à distance du trafic qu’engendre l’activité industrielle, puisqu’il est situé en hauteur par rapport à celui ci. L’entrée des immeuble se fait par le chemin piéton qui relie la rue des réformes à la rue chevreuil (sauf pour le bâtiment B), quelques voitures garées sur la partie haute et des bacs à ordures viennent encombrer l’espace pièton tout neuf.

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Façade Nord du Bâtiment A1 Source : www.vincencornu.net

FaçadeSud du Bâtiment A1 Source : photo personelle

FaçadeSud du Bâtiment A1 Source : photo personelle

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Appartement Analysé n°1

Type : T1 Situation : Deuxième étage Surface : 35 m2 1 Salle de bains Habitante : Isabelle L., 60 ans, divorcée

Fig. 1 Plan Echelle 1:100

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N


Fig 2 Vue sur le balcon depuis le salon

Fig 3 La pièce qui sert de salon et de chambre à coucher Au fond, la porte d’entrée de l’appartement

Fig 4 Vasque et douche

Fig 5 La fenêtre de la salle de bains ouvrant sur la coursive

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Appartement analysé n°2

Type : T5 Situation : Quatrième et dernier étage Surface : 100 m2 1 Salle de bains 1 salle de douche Habitants : Laure E. son mari et leurs 3 enfants

Fig. 6 Plan Echelle 1:100

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N


La cuisine ouverte sur le salon

Fig 7 Le salon salle Ă manger ouvraant sur le balcon au sud

Fig 8 La salle de douche, pour les parents

Fig 9 La salle de bains qui sert principalement aux enfants

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Appartement analysé n°3

Type : T4 Situation : Quatrième et dernier étage Surface : 80 m2 1 Salle de douche Habitants : Benoit R. et son épouse, sans enfants

Fig. 10 Plan Echelle 1:100

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N


La lumière du sud éclaire généreusement salon et salle à manger

Fig 11 La cuisine est ici aussi, ouverte sur les espaces communs

Fig 12 La pièce ouvre sur une surface palière qui dessert l’ensemble des pièces dediées à la famille

Fig 13 La salle de bains et sa douche à l’italienne

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Partie I

Intimité : Du collectif à l’indivuel


Chapitre 1 L’intimité au delà de la pièce : Fenêtres et ouvertures a. Influence du contexte L’intimité est une notion qui s’exprime et se conçoit bien plus largement qu’à l’échelle du logement, ou de la pièce. La salle de bains apparaît comme le point d’orgue d’un parcours intime global du projet et de son environnement. Il est important de situer un projet dans son site, puisque comme le rappelait Vincen Cornu lors de notre entretien, des contraintes d’un site découlent implantation et orientation spécifiques. 7. Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

8. Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

« L’intimité est un thème fondamental dans la conception de l’habitation c’est même une des notions premières mais il est important de dire qu’elle ne se limite pas à la question de l’eau et à la question d’hygiène. »7 L’architecte présente l’intimité comme un thème qui s’applique à la conception globale des projets d’habitat. Puis, il met en avant le fait que cette intimité se fabrique en suivant des parcours, du général au particulier : « La question d’intimité est bien sûr une question qui se pose pour la pièce d’eau mais je pense qu’elle touche l’ensemble de l’habitation et même des parcours pour y parvenir etc. Donc c’est une notion générale mais qui s’applique en particulier à plusieurs espaces »8 Afin de traiter la question d’intimité dans l’intérieur des logements, il semble alors indispensable d’en analyser le contexte, les subtilités qui régissent les parcours depuis l’extérieur. De la même façon que l’architecte l’a fait durant notre entretien, avant d’engager la discussion sur cette notion spécifique, il est crucial de remettre en contexte l’opération de la Résidence Ciel de Loire à Nantes : le projet se situe dans le quartier Chantenay en bord de Loire au sud-est de la ville. La topographie de ce site se caractérise par une pente marquée entre les berges du fleuve et le Haut Chantenay. (cf fig. 14) L’opération s’inscrit dans un projet urbain plus large, un quartier composé d’une dizaine d’immeubles de logements dont trois dessinés par Vincen Cornu. (cf fig. 15) Le choix de l’équipe sur ce projet urbain a été d’orienter les tracés principaux sur un axe est-ouest (parallèle au fleuve de Loire) qui donnent aux bâtiments une orientation nord-sud contraignante. C’est cette orientation nord sud qui a amené l’architecte à une typologie de logements traversants il était évident pour lui d’offrir deux orientations plutôt que de dessiner des logements mono orientés nord.

30 - PARTIE I Intimité : du collectif à l’individuel


Fig. 14 Le Quartier de Bas Chantenay en bord de Loire

Fig. 15 Plan de masse du projet de Vincen Cornu. En noir le bâtiment étudié

L’intimité au delà de la pièce : fenêtres et ouvertures - 31


9. Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

« D’où le système de traversant desservis par des coursives. C’est avant tout une réponse à un site ».9 La qualité de ces logements tient pour beaucoup à cette transversalité. C’est en grande partie cette caractéristique qui m’a amené à analyser ce projet de Vincen Cornu. Tout particulièrement puisque la distribution par le système de coursive oblige les habitants à longer les façades et engage une certaine promiscuité. Cette contrainte a pu être outrepassée grâce à quelques principes de conception simples qui ont permis à l’architecte d’atténuer cette sensation de mitoyenneté et de préserver l’intimité des habitants dans leurs pièces d’eau. Les coursives sont portées par un système de consoles aux bases larges qui obligent à s’éloigner de la façade, de plus, la largeur généreuse du passage accentue cet effet de distance. (cf fig. 16) Dans les espaces intimes, l’élément architectural qui les met en relation avec cette vie extérieur est l’ouverture, la fenêtre.

Fig. 16 Largeur de la coursive et système porteur

Fig. 17 Vue sur la façade distribution depuis la rue

de

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b. La fenêtre comme élément fondateur De par son caractère d’ouverture entre intérieur et extérieur, la fenêtre engage un conflit d’intimité. C’est à dire qu’elle provoque une intrusion du regard extérieur vers l’intérieur. En cela elle devient un élément fondamental dans la considération de l’intimité dans l’habitation. En suivant un sens de parcours de l’extérieur vers l’intérieur, la fenêtre est d’abord un élément de composition de la façade qui relève en partie de choix esthétiques de l’architecte mais évidemment aussi de la qualité des espaces intérieurs, comme l’explique Monique Eleb en évoquant justement le projet de Vincen Cornu pour la Zac de Montreuil.

« Les façades ne répondent pas seulement aux plaisirs esthétiques de l’architecte, elles sont composées aussi par le statut des logements, simplex ou duplex, ou par la distribution intérieure. Et pourtant les fenêtres semblent percées de façon aléatoire et cohabitent avec des balcons. Certaines très grandes fenêtres carrées sont composées de multiples panneaux, d’autres étroites et en hauteur ont trois panneaux. “ 10

Chambre

Chambre

10. ELEB (Monique) SIMON (Phillippe) Entre confort désir et normes: le logement contemporain, Rapport 2012, PUCA, p. 142

Fig. 18 Coupe sur un duplex montant de l’opération de Montreuil

Fig. 19 La salle de bain sur façade, mais sans fenêtre

L’intimité au delà de la pièce : fenêtres et ouvertures - 33


Il est intéressant de remarquer que ces logements sont eux aussi desservis par des coursives le long d’une façade Nord de distribution. Ici Vincen Cornu a fait le choix d’implanter le long de coursive une chambre et une salle de bains pour les duplex montants. La salle de bains dans ce projet (malgré le fait qu’elle soit accolée à la façade) ne bénéficie pas de fenêtre. La chambre en revanche ouvre directement sur ce passage. On pourrait analyser ce choix comme juste si l’on considère cette chambre comme une chambre d’ami au même étage que les espaces communs. Cependant elle peut très bien faire office de suite parentale avec sa salle de bains attenante, et le fait qu’elle ouvre sur un espace commun tel que la coursive pose question encore une fois dans la gestion de l’intimité. Dans ce cas il semble que l’architecte ait utilisé moins de moyens pour atténuer la promiscuité produite par le dispositif (cf coupe). Dans l’extrait cité, Monique Eleb insiste sur l’importance de la fenêtre non pas comme élément technique mais attribut esthétique de la façade. Cet élément est à considérer au delà de son utilité et sa nécessité pour les bénéfices qu’il apporte aux occupants mais également comme expression esthétique du bâtiment dans son ensemble d’un point de vue extérieur aux logements.

Ouvrir un mur pour y installer une fenêtre sous entend entre autres offrir une vue pour les espaces intérieurs, et la composition de la façade découle bien sûr de ces cadrages, réajustés aux vues des contraintes de site et d’implantation. Offrir une vue aux espaces intimes et plus précisément aux pièces d’eau est un sujet délicat dans un contexte urbain tel que le suggère l’habitat collectif. Cette difficulté tient aussi à la conception française de l’intimité et de “l’intrusion“ visuelle dans le logement. C’est pourquoi, la fenêtre de la salle de bain se limite parfois à un oculus ou une petite ouverture en partie haute du mur qui la sépare de l’extérieur. Dans le cas étudié ici, Vincen Cornu a choisi d’installer des fenêtres aux dimensions généreuses qui permettent un éclairage naturel agréable, mais il a résolu la question des vues en optant pour un verre dépoli. Cependant comme pour la plupart des choix concernant les ouvertures, celui ci a été aussi dicté par le site et l’environnement du projet. En effet le vis à vis important au Nord (cf fig. x photo rue) interdit toute transparence, et le passage des voisins le long de la façade ne le permettait tout simplement pas, malgré la largeur de la coursive qui comme vu plus haut limite le sentiment de promiscuité.

34 - PARTIE I Intimité : du collectif à l’individuel


Nous verrons à la suite de ce chapitre comment l’architecte a dimensionné ces ouvertures, la hauteur d’allège et comment est gérée l’ouverture des menuiseries et les vues qu’elles permettent. La fenêtre, vue de l’intérieur se lit d’abord comme un cadrage vers l’extérieur et son emplacement découle donc des vues et de l’implantation dont bénéficie le projet. Au delà des cadrages, la fenêtre est bien évidemment un apport de lumière naturelle qui est synonyme de confort d’habitat pour beaucoup aujourd’hui. « Le bon éclairage naturel d’un logement, avec une double ou triple orientation, est l’un des éléments principes dans le choix d’un logement aujourd’hui : “Le besoin de lumière fait l’objet d’un intérêt croissant et devient un critère de valeur dans le choix d’un lieu de vie (annonces immobilières). La maison idéale pour les consommateurs est une maison claire, lumineuse et près de la nature (enquête IPSOS, Lab‘ du bien-être VELUX, Observatoire du Cetelem 2004, 2005) “ » 11 La lumière et le confort sont en effet indissociables dans le logement actuel, c’est un des premiers points positifs que Laure, propriétaire d’un appartement quatre chambres a mis en avant quand elle m’a expliqué ce qui l’a amené à choisir ce logement : « Et ce qu’on a vraiment aimé dans cet appartement c’est la grande pièce de séjour, hyper lumineuse ! » 12 En revanche elle m’expliquait que ses salles d’eau sans fenêtres ne lui posaient pas de soucis, que ça n’était pas un critère essentiel et qu’elle accordait plus d’importance à la salubrité de la pièce et ses finitions. Isabelle quant à elle, habitante d’un une pièce était ravie de disposer d’une fenêtre dans chaque pièce de son appartement y compris la salle d’eau ce qui, pour elle, était un élément nécessaire. « Je n’achèterais jamais un logement sans fenêtre à la salle de bain. Ici je suis au nord mais comme les surfaces sont blanches c’est plutôt lumineux ».13 Pour la locataire, l’exposition à la lumière naturelle d’un logement constitue un critère important dans le choix d’un lieu d’habitation y compris dans la salle de bain. Vincen Cornu a lui même reconnu l’importance de la lumière naturelle dans la perception de l’intimité et le fait que l’espace soit plus agréable quand il peut être baigné de soleil (ce qui n’est pas le cas ici). « Si c’est une pièce agréable, une pièce où il y a du soleil, être dévêtu au soleil est tout de même très agréable, notamment en hiver » 14

11. François de Singly, « La « pièce en plus » face aux évolutions des familles », étude pour Lab’ du bien-être Velux, p.5, s.d. (2008) in ELEB (Monique) SIMON (Phillippe) Entre confort désir et normes: le logement contemporain, Rapport 2012, PUCA, p. 118

12. Extrait de l’entretien du 19 juin 2017 avec Laure E., voir annexes

13. Extrait de l’entretien du 19 juin 2017 avec Isabelle L., voir annexes

14. Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

L’intimité au delà de la pièce : fenêtres et ouvertures - 35


15. ELEB (Monique) Les 101 mots de l’habitat à l’usage de tous, Archibooks + Sautereau Editeur, Paris, 2015, p. 66

16. ELEB (Monique) Les 101 mots de l’habitat à l’usage de tous, Archibooks + Sautereau Editeur, Paris, 2015, p. 143

Nombreux sont les experts qui regrettent la disparation de la fenêtre dans la salle de bain. Elle est étroitement liée à l’apparition des dispositifs de ventilations mécaniques qui permettent une aération continue sans ouvertures. C’est ce que développe Monique Eleb dans sa définition de « fenêtres, façades » : « Dans certaines pièces, leur absence est regrettée. Ainsi la plupart des salles de bain des logements neufs ne possèdent pas de fenêtre alors que l’humidité inhérente à cette pièce à de très nombreux inconvénients pour la santé. » 15 Apparaît alors un autre thème indissociable de la question de l’ouverture de la salle de bains : l’aération. Thème qui ressort aussi des entretiens avec les habitants des logements étudiés.

Au delà de la problématique de la lumière naturelle des salles d’eau se pose la question de l’aération. L’humidité de ces pièces à besoin d’être régulée et l’air remplacé. Comme il a été évoqué précédemment la VMC (Ventilation mécanique contrôlée) a été en partie responsable du glissement des pièces humides de service en cœur de bâtiment. Avant son apparition, les pièces d’eau bénéficiaient automatiquement d’une ouverture sur l’extérieur ne serait ce qu’une fenêtre sur cour afin de permettre une bonne ventilation de l’espace et d’en faciliter l’entretien. Mais l’aisance de ventilation amenée par le dispositif a relégué la salle de bain en fond de logement, et même en ayant des logements traversants, ou une situation pour laquelle une fenêtre est envisageable, l’ouverture naturelle n’est que très rarement envisagée. Aujourd’hui, l’attention particulière demandée pour l’entretien du système amène à se questionner sur l’efficacité du dispositif. “On peut se demander si la VMC est réellement un progrès quand les chercheurs nous démontrent que les aérateurs sont fermés dès l’arrivée dans le logement ou jamais nettoyés car les habitants les jugent sales et bruyants, ce qui met d’emblée en question tout le système d’aération du logement“ 16 Cet extrait de l’ouvrage de Monique Eleb montre une des faiblesses d’un système mécanique et technologique qui n’est probablement plus adapté pour la société actuelle. Il semble d’abord complexe à nettoyer et demande un entretien régulier. Puis il semble dépassé et « vieillot » puisque justement

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mal entretenu, il emmagasine de la poussière et devient alors inefficace. Aujourd’hui, comme c’est le cas dans cette opération, la ventilation double flux est d’avantage préconisée principalement pour son efficacité concernant la perte d’énergie. Au vu de ce constat il est légitime de se questionner sur l’avenir de la VMC dans les logements français. Faut il “éduquer“ de nouveau les habitants aux bons gestes tel que l’a pu faire le mouvement hygiéniste d’après guerre ? Leur apprendre le fait que la VMC certes permet un premier degré d’aération mais nécessite d’être accompagné de reflexes simples : laisser circuler l’air du reste de l’habitation aux pièces humides, et ouvrir quotidiennement les pièces communes. Il s’agit donc d’une question d’éducation mais qui est indissociable de la conception de base de l’habitat par ses maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage. Il s’agirait peut être, pour un logement plus durable d’envisager un retour à un système plus instinctif qui irait dans le sens de la tendance actuelle de créer des logements à faible consommation énergétique. En abordant le sujet de la ventilation lors de mes entretiens avec les habitants, il est ressorti une certaine exigence concernant la salubrité de la pièce qui passe notamment par l’aération mais aussi par les finitions comme on le verra plus tard. Une des habitantes rencontrée m’expliquait aérer les deux salles d’eau aveugles de son appartement en laissant simplement les portes ouvertes lorsque personne n’était dans la pièce pour laisser entrer l’air extérieur. Et soulignait le confort de pouvoir faire des courants d’air grâce à la double orientation offerte par la coursive. Quant à Isabelle habitante du studio au deuxième étage, l’aération est pour elle primordiale pour les pièces d’eau. « C’est indispensable. [d’avoir une fenêtre dans sa salle de bain] Parce que l’aération n’est jamais assez suffisante. J’ai trop vu de salles de bains moisies…»17 Le scepticisme dont peuvent faire preuve certains habitants vis à vis de la VMC en remplacement de la fenêtre est très clair dans ce témoignage.

« Donc, aujourd’hui, l’aération est défectueuse dans de nombreux logements. Et les habitants sont conscients que la perte de la fenêtre dans la salle de bains est due à ce “progrès technique“. L’habitant actif est un rêve d’ingénieur, de thermicien, l’habitant préférant en général que “ça marche tout seul“ et surtout sans bruit. Un des défauts de cette VMC est, en effet qu’elle ne se fait pas encore oublier ». 18

17. Extrait de l’entretien du 19 juin 2017 avec Isabelle L., voir annexes

18. ELEB (Monique) Les 101 mots de l’habitat à l’usage de tous, Archibooks + Sautereau Editeur, Paris, 2015, p. 143

L’intimité au delà de la pièce : fenêtres et ouvertures - 37


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Fig 20 Coupe sur fenêtre type des salles de bains de la résidence Ciel de Loire

38 - PARTIE I Intimité : du collectif à l’individuel

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Il faut que l’ensemble des acteurs du logement soit conscient des défauts de la VMC et de l’enjeu de parvenir à équiper les salles de bains de fenêtres malgré les diverses contraintes que peuvent présenter des projets d’habitat collectif. En effet un retour à la fenêtre dans la salle de bain serait un moyen de rendre les logements contemporains plus sains et de permettre une meilleure offre de confort adaptée au contexte actuel de demande de performance.


Vincen Cornu l’a semble t’il pris en compte dans la conception de la résidence Ciel de Loire. Notamment grâce au choix de type d’ouvrant concernant la menuiserie. (cf coupe fig. 20) Le système oscillo-battant des fenêtres permet une aération optimale sans avoir à ouvrir la fenêtre entièrement et évite une déperdition de chaleur plus importante. La fenêtre oscillo-battante est efficace puisqu’elle permet aussi d’aérer en cas d’intempéries et de garder une ouverture constante en comparaison d’un système d’ouvrant à la française où les battants claquent et se ferment tout seuls. Elle semble un choix tout à fait adapté à une pièce telle que la salle de bain pour une autre raison, que l’on évoquera d’avantage dans le paragraphe suivant, c’est qu’elle peut être ouverte sans laisser passer la vue.

c. Dimensionnement des ouvertures et menuiseries Le positionnement d’une ouverture dans l’espace modifie sa perception et l’appropriation de l’habitant. Sa hauteur, ses dimensions varient selon la pièce concernée, souvent lié au degré d’intimité. Ce chapitre présente d’abord la fenêtre comme un élément de lecture par l’extérieur puisqu’il s’appuie sur un sens de parcours du global jusqu’à l’intimité du logement. Cependant, comme me l’a rappelé Vincen Cornu, dans la logique de conception, la fenêtre est d’abord pensée et dessinée pour les espaces intérieurs et leur confort.

« La caractéristique de la fenêtre, si on y réfléchit, c’est que c’est le seul élément d’architecture que l’on peut percevoir de l’intérieur et de l’extérieur. C’est un cadre à double entrée. Donc fondamentalement la fenêtre est quelque chose qui doit se travailler des deux côtés. C’est d’ailleurs souvent par l’intérieur que commencent les choses, comment placer les ouvertures par rapport aux espaces et il y a une chose simple qui est la traversée. Comment disposer les fenêtres pour qu’à un moment on ait la sensation de la traversée. La perception de la traversée se fait par le placement des fenêtres ». 19

19. Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

A noter encore une fois, que l’architecte tient un discours particulier sur l’importance des parcours et la manière dont ils construisent le rapport d’intimité entre les espaces. Il l’exprime dans ce projet par la lecture systématique de la transversalité. L’ouverture comme on l’a vu précédemment permet d’offrir des vues, mais dans une pièce telle que la salle de bain la vue est rarement laissée libre puisque le verre est souvent dépoli, translucide et non pas transparent.

L’intimité au delà de la pièce : fenêtres et ouvertures - 39


Il est alors plus question de lumière naturelle et de la manière dont elle va entrer dans la pièce. L’aspect translucide du verre filtre la lumière naturelle et la rend légèrement plus tamisée, ce qui renforce la sensation d’intériorité et de protection à l’intérieur Cette lumière naturelle apporte un confort d’usage et un confort visuel, mais elle est aussi un outil fondateur dans la distribution des usages d’une pièce. C’est à dire que la manière dont va entrer la lumière dans la pièce et par conséquent la manière dont la fenêtre est dessinée va engager une certaine disposition des usages et va influencer le plan. Malheureusement la salle de bains reste une pièce dont l’organisation est dictée par ses aspects techniques, nous le verrons dans le second chapitre en évoquant la potentielle polyvalence de cet espace. Cependant, certains usages semblent plus propices à s’installer à proximité de la fenêtre. Le lavabo par exemple est souvent associé à un miroir où il est agréable de pouvoir se regarder sous une lumière naturelle. Ce n’est pas le cas pour les logements étudiés à Nantes ou ce dernier est situé au fond de la pièce. A la lecture des plans, il se comprend assez facilement que les descentes d’eaux et gaines techniques se retrouvent au centre de l’immeuble, dans le cas du studio d’Isabelle, le lavabo et la douche s’installent tous les deux dans la partie la plus éloignée de la fenêtre orientée au Nord. En revanche dans l’appartement de Benoit et sa femme le plan s’inverse, la fenêtre au Sud ouvre sur la cabine de douche baignée de lumière, et les vasques sont “dans l’ombre“ en continuité de la douche. Le projet étudié met en évidence les difficultés qu’engendre un programme d’habitat collectif et les compromis qu’il est nécessaire de faire. Le manque de lumière naturelle pour ses usages demande des dispositifs supplémentaires pour permettre un éclairage constant (ou ciblé) dans la pièce. Des dispositifs d’éclairage artificiels sont évidemment indispensables durant les heures sans lumière naturelle. Cette problématique engage un dessin, une répartition des charges lumineuse entre artificiel et naturel qui sera le sujet de la deuxième partie de ce mémoire. Les dispositifs d’éclairage font partie de l’ensemble de la pièce et influencent par leur présence l’appropriation des habitants. L’interrupteur doit être accessible et “monopolise“ une partie des cloisons ou rien ne peut être installé. Il en va de même pour la fenêtre qui présente un inconvénient : elle occupe en partie ou pleinement un mur. En cela elle ne permet pas de meubler la pièce complétement, et dans un espace qui manque de rangement et qui est souvent de surface réduite, meubler devient délicat. Ne pas avoir de fenêtre dans une

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Fig. 21 Hauteur d’allége et diffusion de la lumière

salle de bain est souvent regrettable mais un des avantages est de pouvoir disposer des quatre murs de la pièce pour s’approprier l’espace et organiser un rangement plus efficace. Une des dimensions qui va jouer sur ce point est la hauteur d’allège de la fenêtre. Si la fenêtre se situe en hauteur elle apporte de la lumière tout en laissant une partie du mur libre et il devient ainsi possible d’y placer un meuble. Cependant la lumière provenant d’une fenêtre placée en hauteur reste moindre et le principal avantage d’une telle ouverture est la possibilité d’aération qu’elle offre. Les fenêtres telles que les a dessinées Vincen Cornu pour la résidence Ciel de Loire ont toutes la même hauteur d’allège à environ 1 mètre de hauteur. Elles ne laissent pas une surface de mur considérable mais permettent notamment, comme dans l’appartement studio étudié, de positionner certains objets en dessous de l’ouverture qui n’obstruent pas la lumière et n’empêche pas l’ouverture de la fenêtre. (cf fig. 1 salle de bains d’Isabelle)

L’intimité au delà de la pièce : fenêtres et ouvertures - 41


Le système d’ouverture justement influe lui aussi sur l’espace intérieur de la pièce. Ici les fenêtres sont à double ouverture, elles sont oscillo battantes. L’ouverture basculante présente l’avantage de pouvoir ouvrir la fenêtre et faire entrer l’air frais sans engendrer des vues. L’habitant peut tout à fait utiliser sa salle de bain, prendre sa douche avec la fenêtre ouverte, sans que les voisins qui traversent la coursive ne puissent observer l’intérieur de la pièce. Elle permet aussi d’ouvrir et d’aérer lorsqu’il pleut sans que l’eau ne s’écoule à l’intérieur de la pièce, sans avoir de débattement. L’ouverture à la française ouvre pleinement le regard mais permet une aération plus efficace et plus rapide. Mais elle a un débattement qui occupe plus d’espace et par conséquent elle laisse moins de place pour installer des équipements ménagers ou des meubles.

Fig. 22 Croquis d’usages faits suite à l’entretien avec Isabelle Ensemble des usages intégrès dans la hauteur d’allège

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Dans cette recherche d’accommodation à la demande d’intimité l’architecture s’adapte donc d’abord dans le discours entre intérieur et extérieur. L’espace de la salle de bain est en soi un lieu paradoxal à ce sujet : on aimerait pouvoir jouir d’une vue et d’une belle lumière naturelle, mais elle invoque des usages tellement intimes qu’il est difficile de la concevoir aussi ouverte que l’on ne l’imagine. Le lien avec l’extérieur devient plus subtil et plus complexe que dans d’autres espaces de l’habitation, et ce lien est justement construit par le dessin des ouvertures et des parcours qui mènent jusqu’à la pièce.

L’intimité au delà de la pièce : fenêtres et ouvertures - 43


Chapitre 2 Distribution et partage de l’espace

a. Principe de distribution : un facteur d’intimité

20. ELEB (Monique) Les 101 mots de l’habitat à l’usage de tous, Archibooks + Sautereau Editeur, Paris, 2015, p. 92

Pour comprendre la complexité interne d’une pièce telle que la salle de bains, il est nécessaire avant tout de comprendre le système d’organisation général de l’habitation. Ce chapitre commencera par un rapide retour sur les principes de distribution fondamentaux du logement pour en analyser les influences sur la pièce intime qu’est la salle de bains. La partition interne du logement découle avant tout du choix de morphologie de l’immeuble et de son principe de distribution : l’épaisseur engendrera des logements mono orientés desservis par une circulation centrale, la tour peut permettre des logements à double orientation etc. Dans le cas étudié ici, la desserte par une coursive extérieure au Nord permet des logements traversants de faible épaisseur. En découle un principe interne simple : les pièces de services au nord donnant sur la coursive, les espaces communs et chambres au sud donnent sur le balcon. (Sauf exceptions, dans le cas notamment des logements en bout de bâtiment qui bénéficient d’une triple orientation) Les morphologies de plan sont donc variées mais la partition interne s’organise souvent selon le même principe comme l’exprime Monique Eleb: « Nous héritons de ce moment de transformation radicale des mœurs et des lieux, puisque aujourd’hui encore une partie de l’habitation est consacrée à la vie publique du groupe et une autre, souvent séparée par une porte, dédiée à la vie privée, intime, où seuls les proches peuvent pénétrer » 20 Cette partition entre vie publique et vie privée peut s’exprimer en plan selon différentes articulations, qui n’auront pas le même impact sur les pièces et leur morphologie.

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Une des premières possibilités de dessin du plan est d’organiser les espaces autour d’un noyau composé des pièces d’eau et éventuellement des espaces de rangements. L’avantage de ce dispositif est qu’il permet de séparer les espaces de vie publique des espaces de vie privée sans cloisonnement. En revanche les pièces techniques du noyau s’en retrouvent éclairées en second jour ou par le biais de lumière artificielle. Cette distribution est particulièrement complexe à mettre en place notamment dans un contexte de logement collectif puisqu’elle implique que les pièces de chaque côté du noyau soient éclairées naturellement.

La distribution des pièces par un couloir commun s’applique notamment dans le cas de logements mono orientés qui permet alors à chaque pièce (ou presque) de bénéficier d’un linéaire de façade. Ce sont souvent les chambres et les pièces “privées“ qui sont desservis par ce couloir, tandis que les espaces communs cuisine, salon et salle à manger communiquent par une articulation simple type palier.

Une des pièces de l’habitation peut être la pièce qui dessert l’ensemble des autres espaces. La complexité de cette proposition est de préserver l’intimité des pièces sans être obligé de les séparer par un sas ou deux portes se succèdent, et cela se gère plus spécifiquement par les vues depuis la pièce principale sur les lieux intimes tels que les chambres ou les salles de bains. En revanche l’avantage est que cette solution présente une optimisation de surface.

Certains architectes ont cherché à libérer le plan et à le rendre modulable grâce à l’utilisation de cloisons mobiles et/ou coulissantes. La possibilité de moduler l’espace peut offrir différents degrés d’intimité, exprimer plus ou moins la traversée et influe fortement sur la perception de l’intimité dans le logement. Cependant la fragilité de ce dispositif a été de nombreuses fois démontrée. En effet une fois installés et les pièces meublées l’habitant n’exploite pas vraiment l’aspect “évolutif“ de l’appartement et les cloisons changent rarement d’agencement.

Une autre expérimentation peu concrétisée est le plan neutre, plus souvent recherché pour l’habitat individuel que pour l’habitat collectif puisqu’il engendre une “perte de surface“ relative. En effet il revient à considérer toutes les pièces de l’habitation de la même manière : elles ont toutes la même surface. Comme a pu le dessiner Eric Lapierre pour la Maison Auriol. Voici un échantillon des articulations possibles entre les espaces d’une habitation. Nous verrons par la suite de quelle façon la salle de bains s’insère dans le plan et comment ce choix de distribution influe sur l’intimité des pièces.

Fig. 23 Schémas de distribution

Distribution et partage de l’espace - 45


21 Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

22. Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

Vincen Cornu quant à lui s’annonce plutôt sceptique concernant la distribution “différenciée“ des pièces du logement : « J’ai une petite méfiance de ces histoires de séparation des parcours, de partie jour et de partie nuit. Je pense que ce type de distinction, de même que la partition public / privé n’est pas forcément légitime : parler d’habitation revient à parler du chez soi qui relève avant tout du privé. On ouvre parfois son “chez soi“ à des personnes extérieures. Mais je ne pense pas qu’il faille ajouter un discours sur des parcours différenciés puisque selon moi il y a déjà suffisamment de choses qui séparent ».21 Cependant il ne nie pas l’importance de l’intimité dans le dessin du plan et explique que pour lui « l’intelligence de la distribution » se fait surtout en gérant cette intimité sans encombrer l’espace de nombreuses portes et seuils. La porte en effet est un des éléments fondateurs qui sépare l’espace et guide les regards, nous le verrons à la suite de ce chapitre.

« Je pensais (...) à cette expression de Louis Kahn qui est “le plan est une société de pièces“ et je trouve ça intéressant parce que justement une société de pièce ça veut dire quelque chose sur les relations entre les pièces et le fait que ce n’est pas une simple composition. C’est un ensemble de rapport : les pièces discutent entre elles, communiquent. » 22 En citant Kahn l’architecte explique que la distribution est une question d’ensemble et non de deux entités séparée. La “discussion“ entre les pièces s’exprime par le choix de distribution et d’articulation. Les logements de la résidence Ciel de Loire s’organisent autour d’une pièce charnière, la pièce principale commune, qui dessert l’ensemble des espaces. Ce choix de plan relativement ouvert a poussé l’architecte à utiliser des moyens architecturaux subtils pour gérer l’intimité des pièces, et en offrir plusieurs degrés. Ces plans montrent comment l’architecte a modifié les hauteurs sous plafond

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Fig. 24 Plan Echelle 1:100 L’entrée de l’appartement d’Isabelle qui déssert le salon à la hauteur sous plafond plus importante

HSP la plus basse

Fig. 25 Plan Echelle 1:100 Le seuil entre espace privé et espaces communs marqué par une différence de hauteur sous plafond chez Laure. (Le plafond qui devient plus haut face à la fenêtre de la cuisine permet de faire pénétrer plus généreusement la lumière du Nord)

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des pièces afin d’en faire des espaces plus ou moins intimes. On remarque que l’entrée est rabaissée pour marquer le seuil de l’habitation dans le studio d’Isabelle. L’entrée justement est un espace important puisqu’elle est le premier espace de seuil entre l’espace entièrement collectif de la distribution collective (ici la coursive) donc premier espace du “chez soi“, et les lieux de vie commune du logement.

23. Extrait de l’entretien du 19 juin 2017 avec Benoit R. , voir annexes

Dans le T5 au quatrième étage, l’entrée est également abaissée et on observe en plus un changement de hauteur entre la pièce principale du salon et les espaces intimes des chambres et des salles d’eau : une “bande“ ou le plafond est plus bas. Cette bande (à la manière de l’entrée entre coursive et logement) fait office de seuil entre les lieux utilisés uniquement par la famille et les lieux utilisés par les personnes extérieures au foyer. Il n’y a pas de porte qui marque le seuil, ce qui illustre avec cohérence les convictions de Vincen Cornu concernant “l’intelligence“ de la distribution. Cependant cette porte est parfois regrettée comme me l’a expliqué la femme de Benoît lors de notre rencontre : « Nous avons une amie qui habite dans un immeuble de cette période [les années 60], et c’est très fonctionnel. Ils réfléchissaient un petit peu. L’espace nuit était séparé de l’espace jour. Et ça maintenant, même si on gagne de la place c’est vrai, il n’y a plus cette séparation et ça, ça manque. »23 Plutôt catégorique sur la qualité du logement contemporain, elle met en avant le fait que ce choix architectural (associé donc aux convictions de l’architecte) n’est pas adapté à ses besoins. Cependant il s’agit d’avantage d’une question de générations et d’habitudes puisqu’en réalité la partition jour/nuit, comme l’explique Monique Eleb, n’est plus vraiment d’actualité dans le logement contemporain. Du fait, en partie, de la dématérialisation de certains usages avec les nouvelles technologies, ces usages se croisent et la chambre par exemple n’est plus considérée seulement comme un espace “de nuit“. La propriétaire fait l’amalgame entre partition jour/nuit et partition privé/public alors qu’elle explique elle même que si elle aimerait voir ses espaces séparés par une porte c’est pour séparer les usages du commun des usages individuels de la chambre. La pièce de la salle de bain possède un statut particulier dans l’ensemble du

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logement, dans cette “société de pièce“ puisqu’elle fait office de pièce privée et de pièce utilisé aussi par les invités surtout dans le cas où les toilettes sont inclus dans la pièce. En cela le choix de distribution et sa place dans le logement vont influencer son appropriation et son plan.

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b. Influence sur le plan de la salle de bains Comment la distribution générale d’une habitation influe t’elle sur une pièce telle que la salle de bain ? Il est important de souligner l’aspect prédéterminé de cet espace. C’est à dire qu’il est difficile de transformer la pièce et d’en faire évoluer sa structure. C’est une des raisons pour laquelle elle n’a pas été la pièce subissant le plus de changements dans l’histoire du logement. Cependant certains architectes ont fait le pari d’expérimenter sur ce sujet en mettant en place des dispositifs particuliers. Nous pouvons prendre en exemple certains des projets présentés lors du concours PAN 14 de 1989 qui proposent une typologie de pièces de services organisées selon un dispositif de « murs équipés ».

Fig. 26 Mur équipé et bande servante (propositions Pan 14)

Cette disposition remet en question l’esprit prédéterminé des pièces de service et les fait communiquer avec l’ensemble des espaces de l’habitation. Elle a l’avantage d’optimiser la surface globale pour laisser les espaces communs libres de cloisonnements et polyvalents. Mais elle reste compliquée à mettre en place surtout dans un contexte de logement collectif où les typologies sont variées, puisqu’elle nécessite un linéaire de façade conséquent.

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De plus elle ne s’adapte pas à tous les modèles familiaux et rythmes de vie puisque ouvrir les éléments de salle de bain de cette sorte implique un partage à la fois de ces éléments mais aussi de l’espace auquel ils sont rattachés. Difficile donc d’envisager une vie de famille où la douche est accessible seulement depuis une chambre, ou quand elle ouvre sur une distribution. Cette distribution n’est pas sans rappeler la bande active d’Yves Lion qui traite des mêmes problématiques. Ces projets rappellent une remarque d’Isabelle qui pendant la visite de son appartement évoquait l’hypothèse de pouvoir envisager la salle de bain comme est envisagée la cuisine. C’est à dire modulable aux choix de l’habitant qui pourrait à sa convenance disposer les éléments de plomberie, des blocs de rangements etc. Vincen Cornu interpellé par cette réflexion a émis plusieurs réticences : « Je pense que ça n’est pas tout à fait la même question que pour la cuisine même s’il y a des points communs. Dans une cuisine vous avez l’évier qui est fixe, un point d’évacuation pour le lave vaisselle et le lave linge, mais tout le reste vous pouvez faire ce que vous voulez, ce qui donne parfois des résultats pas très rationnels mais il y a une liberté. Construire sa salle de bains je pense que c’est bien plus compliqué parce qu’une douche par exemple n’est pas un meuble, une douche est un élément qui nécessite d’être étanche, le lavabo aussi (qu’on peut choisir par ailleurs). »24 Ces expérimentations et hypothèses posent la question de la polyvalence d’une pièce telle que la salle de bains, thème abordé également lors de mon entretien avec Vincen Cornu qui sera approfondi en seconde partie de ce mémoire consacrée d’avantage aux usages et à l’appropriation des lieux intimes. Elles mettent également en avant l’importance du contexte dans lequel s’implante la salle de bains pour y ressentir l’intimité nécessaire à ses usages.

24 Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

Aux vues de ces constats, la plus grande majorité des salles de bains des logements contemporains s’organisent dans un espace clos et déterminé, une pièce consacrée. Une pièce qui doit trouver sa place dans cette “société“ qu’évoquait Vincen Cornu. Il s’agit avant tout de qualifier les parcours et les manières de circuler dans l’habitation. En effet, la distribution, l’organisation des pièces, engage des parcours, des traversées qui mettent en place des dispositifs d’entrée dans les pièces qui elles même définiront l’intimité et les usages. Cette notion de traversée et de transversalité l’Architecte l’a évoqué plusieurs fois en parlant de son projet à Nantes :

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25. Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

26. Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

« Les meilleures distributions sont selon moi celles qui sont à la fois les plus compactes et celles qui permettent justement de faire jouer ces relations entre les pièces ; par exemple une distribution peut participer à l’effet de traversée. A Nantes quand vous entrez dans les logements vous apercevez en général la façade et au delà. C’est à dire que l’entrée fait partie de cet effet de traversée, et il y a un horizon, on n’entre pas dans un espace clos, fermé.»25 Un des éléments qui met en scène cette traversée et qui détermine ces espaces clos, fermés, est la porte : c’est elle qui module les vues, les parcours et les ouvertures. Vincen Cornu a mis en évidence le lien entre « intelligence de distribution » et nombre de portes dans l’habitation. « Parfois les habitants ajoutent des portes mais finalement c’est assez rare et je pense qu’un bon plan peut presque se passer de portes. Bien sûr il y a des portes qu’il faut conserver, la porte de la chambre, la porte de la salle de bain, celle du WC évidemment, mais le “bon“ plan préserve l’intimité des pièces par la façon dont on entre dans celles ci. Il faut arriver à faire entrer d’une manière un peu détournée mais sans forcément fermer. »26 Autrefois la réglementation voulait qu’un sas se fasse entre salle d’eau et pièces communes, deux portes séparaient alors les espaces et les parcours étaient entrecoupés. Aujourd’hui cette réglementation n’est plus en vigueur ce qui a parfois amené à des articulations maladroites où les pièces intimes ouvraient sur les pièces communes. Mais la plupart du temps cette mise à distance des espaces reste lisible, elle s’exprime différemment : on entre dans les pièces de manière moins directe, plus détournée. « C’est arriver à faire en sorte qu’on ait une intimité, une entrée naturelle dans les pièces

Fig. 27 Angles de vue sur la salle de bain depuis le salon

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sans que “tout donne sur tout“, mais qui préserve des transparences».27 Cela peut se lire sur les plans de la résidence Ciel de Loire, en dessinant des cônes de vue depuis les espaces communs, les portes des salles de bain ainsi que des toilettes dans le cas où elles sont séparées, ne sont pas visibles. Dans l’appartement d’Isabelle, la porte est perceptible et se devine depuis le salon et dans ce cas c’est le sens d’ouverture qui protège l’intimité de la pièce: elle peut rester entrouverte sans qu’un regard ne puisse y pénétrer. La porte coulissante en revanche ne permettrait pas cette subtilité même si elle est souvent une solution puisqu’elle n’a pas de débattement et laisse la circulation libre. Au delà de son sens d’ouverture, c’est le positionnement de l’ouverture sur la cloison qui va orienter les vues, mais elle dépend aussi de l’aménagement des éléments à l’intérieur de la pièce ce qui ne laisse parfois pas beaucoup de dispositions possibles. Ici, la porte est au milieu de la cloison à équidistance des extrémités de la pièce.

27. Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

Elle aurait très bien pu être rapprochée de la porte d’entrée par exemple mais le fait qu’elle soit au milieu de la cloison permet un découpage interne de la pièce : elle délimite deux espaces distincts.

Séche serviette electrique

Panier à linge Etagères avec linge de bain

Fig. 28 Comment l’entrebaillement de la porte participe au respect de l’intimité

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Le croisement des vues et des parcours dans l’habitation a une incidence sur l’appropriation de la pièce. Les usages internes s’organisent selon les vues : on ne donne pas à voir les rangements ou les objets les plus personnels depuis l’embrasure de la porte. C’est un constat vérifiable dans la salle de bain d’Isabelle (nous verrons les deux autres appartements visités dans un second temps puisqu’ils ont une autre distribution où les toilettes sont séparées de la salle de bains). On observe alors que les placards sont disposés le long du mur où se trouve la porte et que même si la porte reste ouverte, les seuls éléments laissés visibles sont les éléments techniques de la pièce : douche, lavabo, wc et lave linge. Ainsi les éléments présents et attendus dans toute salle de bains ne sont pas cachés alors que les espaces de rangements où chacun dispose ses effets personnels ne sont pas laissés à la vue. La porte et la fenêtre qui sont les deux éléments qui mettent en relation la pièce et son contexte, influent sur l’organisation des espaces internes. Ces derniers s’organisent aussi en fonction des mitoyennetés des pièces. Il est préférable de ne pas installer les descentes d’eau et autres dispositifs “bruyants“ le long d’une cloison qui communique avec une chambre dans les cas où il est possible de le faire. La distribution des pièces d’eau se complique dans le cas ou les toilettes se séparent de la salle de bain et composent un nouvel élément dans la “société“ de pièces que représente l’habitation.

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c. L’exception des toilettes séparées “Les WC qui étaient souvent dans la cour au début du XXe siècle dans l’habitat ouvrier, sont ensuite installés sur les paliers des immeubles modestes avant d’arriver dans le logement, grâce à la diffusion du siphon. L’habitude bien française de les situer hors de la salle de bain est liée à l’histoire de celle ci, longtemps perçue comme luxueuse et ne tolérant pas l’intégration d’un dispositif trivial. […] Par ailleurs les pratiques d’intimité françaises imposent cette dissociation bien commode dans les familles où l’on se partage une seule salle de bain“. 28 En France donc les toilettes restent souvent séparées de la salle de bain, même si la tendance actuelle liée aux réglementations d’accessibilité augmente les surfaces. Cela semble d’autant plus indispensable dans le cas de familles nombreuses et au delà des logements trois pièces. Ajouter une nouvelle pièce au plan d’un logement complique sa distribution surtout lorsqu’il s’agit de la pièce la plus intime et individuelle de l’habitation. Elle est certes une pièce individuelle mais elle est utilisée par l’ensemble des habitants de l’habitation ainsi que par les personnes extérieures au foyer, les invités. Sa disposition dans le plan est donc particulière : doit elle faire partie du groupe de pièce de vie “publique“ ou doit elle être rattachée aux chambres ? Dans les logements de la résidence Ciel de Loire, Vincen Cornu a fait le choix de connecter les WC à la partie commune puisqu’ils ouvrent sur l’entrée. Malgré ce que l’architecte a pu exprimer pendant notre discussion, ce choix relève d’une partition bien distincte des espaces entre habitants du foyer et les invités et engage les mêmes notions de parcours que la distribution de la salle de bains. Mais il a dessiné le parcours jusqu’à cette pièce de la même manière qu’il considère l’ensemble de l’habitation : « Autant qu’il est vrai que les toilettes ne doivent pas donner sur le séjour, il n’est pas obligé de mettre des portes partout. »29 Alors le bloc des toilettes participe à la gradation de l’intimité dans le logement. On le lit notamment sur le plan de logement de Laure, où la pièce apparaît comme une cloison qui délimite l’entrée et l’espace de rangement qui lui est dédié.

28. ELEB (Monique) Les 101 mots de l’habitat à l’usage de tous, Archibooks + Sautereau Editeur, Paris, 2015, p. 23

29. Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

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30. Réflexion de l’auteur dans :ELEB (Monique) Les 101 mots de l’habitat à l’usage de tous, Archibooks + Sautereau Editeur, Paris, 2015, p. 23

De même dans l’appartement quatre pièces voisin, où les toilettes ouvrant face à la porte d’entrée resserrent l’espace et donnent l’impression d’un seuil marqué malgré l’arrivée direct dans la pièce principale. Ce dispositif avantage le partage de l’espace avec les invités. En revanche il place les WC loin des chambres ce qui pose problème à certains habitants comme a pu me l’expliquer Laure. Les toilettes séparées sont elles amenées à disparaître progressivement des logements collectifs français ? La question paraît légitime principalement si l’on prend en considération l’augmentation de leur surface due aux réglementations PMR mis en conflit avec la diminution des surfaces de logement. Cette surface supplémentaire permet d’y installer un rangement ou de profiter de la pièce pour l’enrichir de nouveaux usages d’en faire plus que la pièce technique qu’elle est aujourd’hui. Les WC pourraient devenir un lieu de détente où l’on y installe une bibliothèque par exemple.30 Le petite pièce devient d’ailleurs plus que son usage prédéterminé dans le logement de Benoit, puisque la machine à laver le linge est installé ici, à côté des wc et rentabilise la surface suplémentaire dûe aux réglementations PMR. (Nous verrons par la suite comment cet usage de traitement du linge s’insére dans l’entité de la salle de bains). Cependant aménager les toilettes à l’intérieur de la salle de bains enrichi aussi cet usage mal aimé du logement, il peut bénéficier notamment d’un lavabo, ainsi que de l’aération naturelle dans le cas ou la pièce dispose d’une fenêtre. Ce dernier point met en avant le fait que certains usages alloués à la salle de bains se détachent de la pièce et s’installent dans le reste du logement. Nous verrons dans la deuxième partie de ce chapitre, comment le partage d’un espace individuel tel que la salle de bains influe sur ses usages intérieures.

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Distribution et partage de l’espace - 57


Chapitre 3 Cohabitation, usages exportés a. Hors de la salle de bain : pourquoi et comment ?

31. Interview de Monique ELEB dans : LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA

32. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p. 34

La salle de bains aspire à être plus que la pièce de service qu’elle a été. Monique Eleb l’a souvent expliqué dans ses écrits. « Du statut de pièce secondaire destinée aux seules ablutions élémentaires, la salle de bains tend à devenir de plus en plus une salle de soins dans laquelle on se revitalise ». 31 Cette transformation de la salle de bains est envisageable pour les logements futurs même si elle implique des compromis concernant l’ensemble du logement de la part de ces concepteurs. Il s’agit ici de se questionner sur l’adaptation du parc de logement actuel qui tend à cette transformation de la salle de bains mais qui n’est pas encore en mesure de la proposer à ces habitants. Cette adaptation s’exprime notamment par l’éclatement des usages qu’évoquent Gérard Laizé et Olivier Waché dans leur ouvrage en analysant la pièce « du contenu au contenant » : « Le constat révèle l’éclatement de certaines fonctions entre la salle de bains et d’autres pièces. Ceci concerne le rangement du linge de toilette en réserve qui sera stocké dans la chambre ou dans un couloir, les produits d’entretien qui pourront prendre place dans la cuisine. »32 Avant d’énoncer les potentiels usages qui se sont “exportés“ à l’extérieur de la pièce il semble pertinent de rappeler quels sont les usages de la salle de bains. Pour cela, nous pouvons nous appuyer sur les illustrations présentes dans « Au Bain ! » (cf figure 29) qui énumèrent les usages et fonctions de la salle de bain à savoir : hygiène du corps, mise en beauté mais aussi s’occuper du linge, faire sa gymnastique ou arroser les fleurs. Cependant les nombreuses recherches et lectures ainsi que le travail de terrain ont montré que cette liste est pour le moins idéalisée. En effet nombre de ces usages se voient délocalisés dans d’autres pièces des logements. Une des raisons à cet éclatement est sans aucun doute le manque de surface et le volume trop réduit de la pièce qui oblige à trouver des solutions d’aménagement annexes. Mais il dépend aussi du type de foyer et des rythmes de cohabitation. Dans le cas d’une personne habitant seule il est évidemment plus simple d’utiliser l’espace disponible puisqu’il n’est pas partagé. Pour les familles ou deux personnes en couple le partage est plus délicat, surtout si l’on prend en compte le fait que la surface des salles de bains n’augmente pas automatiquement avec la surface du logement et le nombre de personnes qui l’habitent.

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Fig. 29 Les usages parfois idéalisés de la salle de bains

Cohabitation, usages exportés - 59


33. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p. 34

Cela se vérifie aisément quand on observe les trois logements étudiés du projet de la Résidence Ciel de Loire. En effet, Isabelle qui habite un logement une pièce possède une salle de bains aussi grande que Benoit et sa femme qui habitent à deux (dans un logement d’avantage destiné à un couple avec enfant(s)), d’une surface de 6 mètres carrés. Logiquement la salle de bains d’Isabelle lui permet de ranger l’intégralité des objets nécessaires à ces usages et cette notion d’éclatement n’est pas présente. En effet la surface de la pièce lui permet de faire sécher son linge et d’y installer le lave linge sans avoir modifié le plan ou les éléments proposés à l’arrivée dans le logement. En revanche, le couple propriétaire a tout de suite envisagé des changements dans l’aménagement de leur salle de bain. Malgré cette personnalisation (qui sera détaillée dans la seconde partie de ce mémoire) certains usages sont délocalisés. Le traitement du linge par exemple, évoqué comme un usage interne à la salle de bains par G. Laizé et O. Waché, est effectué dans les WC (machine à laver) et dans la chambre d’amis (séchage, tri, pliage). Parmi cette liste d’usages les gestes de mise en beauté se retrouvent parfois eux aussi éclatés dans d’autres pièces du logement tels « que le maquillage ou une épilation, lesquelles seront pratiquées dans la chambre ou la cuisine pour bénéficier notamment de la lumière naturelle et de plus de place ». 33 La liste énoncée au début de ce chapitre est certes idéalisée mais elle met tout de même en avant le souhait des habitants de pouvoir faire plus dans leur salle de bains. Et c’est un regret qui se ressent au terme des entretiens effectués avec les habitants des logements étudiés. Quelle solution apporter ? Faut il permettre à la salle de bain de retrouver ses “usages rêvés“ ? Ou faut il envisager d’avantage l’éclatement de ces fonctions dans la globalité de l’habitation ?

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Activités attitrées à la sdb selon leur importance Fig 30. L’éclatement des usages comme adaptation au quotidien dans les appartements voisins de Laure et Benoit

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34. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p. 34

« On pourrait ouvrir l’espace consacré aux activités sèches sur la chambre contigüe. Dès lors, on gagne en surface dans une superficie identique et on introduit la lumière naturelle dans cette pièce jusque là obscure. » 34 Ici les auteurs émettent l’hypothèse d’une salle de bain considérée comme l’extension de la chambre, ou une pièce unique qui regrouperait les usages de la chambre et ceux de la salle de bain, comme le proposait M. Cellier pour le concours PAN 14 (cf fig 31) Mais a t’on vraiment envie de faire sécher son linge dans la chambre ? De plus comme il a été expliqué pendant le deuxième chapitre, une salle de bains rattachée à une pièce spécifique n’est pas réellement envisageable lorsqu’il s’agit d’un logement familial. Cependant ils proposent une seconde hypothèse qui est celle d’aménager un espace annexe, une pièce supplémentaire à la salle de bains. « Dans cet espace intermédiaire, on pourra éventuellement pratiquer sa gymnastique ou construire un dressing. Le plan de maquillage à hauteur d’assise ou le retour de la coiffeuse constitue un autre bon exemple. » Finalement c’est ce que mettent en place Benoit et sa femme dans leurs logements, en envisageant la chambre d’amis qu’ils n’utilisent pas souvent, comme une pièce en plus.

Fig. 31 La chambre de Bains dessinée par M. Cellier

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b. Dédoublement des salles d’eau Le fait de disposer de deux salles d’eau (ou d’une salle de douche et une salle de bains) permet dans certains cas de régler les problèmes de cohabitation et de partage de l’espace. Cette configuration se retrouve bien entendu principalement dans les logements pour famille nombreuse. Dans le projet étudié c'est le cas de l'appartement de Laure et sa famille. Cette famille composée du couple et de leur deux enfants (un troisième était attendu au moment de notre rencontre) bénéficie d'une salle de bain et une salle de douche. Cependant le fait d’avoir deux pièces consacrées aux usages d’hygiène n’amène pas un confort d’usage supérieur. Elle présente aussi des inconvénients : - le fait d’avoir deux pièces qui pourraient se résumer en une seule, réduit d’autant plus leur surface individuelle. La salle de douche consacrée aux parents reste d’une surface réduite puisqu’elle ne dispose que de 2 mètres carrés. 2 mètres carrés pour effectuer l’ensemble des gestes quotidiens de la toilette : se déshabiller, se doucher, s’essuyer le corps, se rhabiller et enfin s’apprêter, dans le miroir recouvert de buée et dans l’humidité d’une pièce qui ne possède pas de fenêtre pour renouveler l’air assez rapidement. (cf Fig.30) C’est pour cette raison que l’idée de rattacher une salle de bains à une des chambres est parfois envisagée, on peut alors sortir de la douche et s’habiller dans sa chambre baignée de soleil. - les deux salles d’eau permettent d’en consacrer une par type d’usages. Une pour les enfants et une pour les parents. Mais cela complique la distribution du logement. Notamment pour situer cette salle de bain parentale dans le plan. Laure m’a expliqué par exemple consacrer la salle de douche parentale aux invités quand il y en a, pendant que eux, parents, utilisent par conséquent la salle de bains des enfants. Ici donc, il semble que Vincen Cornu ait pris en compte cette subtilité d’usages, puisqu’aucune des deux salles d’eau n’est directement reliée à la chambre des parents. Les deux pièces sont accessibles depuis la surface palière qui dessert l’ensemble des espaces privés. Cette typologie de "salle de bain éclatée" modifie la distribution des pièces. En effet la notion d'ordre public contre privée s'en retrouve cassée. Cela s'illustre ici par le fait qu'une salle d'eau est en quelque sorte partiellement dédiée aux invités. Concrètement cette pièce est donc rattachée de manière non physique -de par

Cohabitation, usages exportés - 63


son utilisation exclusive- à la chambre parentale. Ce rattachement n'est rendu possible que la présence d'une deuxième salle d'eau. Il est important de noter que malgré le dédoublement des salles d'eau et la surface globale supérieure dédiée se posent toujours certains problèmes d'usages délocalisés. On peut rappeler pour illustrer ce point le fait que cette famille fait sécher son linge dans une des chambres. Il faut toutefois garder à l'esprit que cela peut être expliqué au delà d'un problème de place par le manque de ventilation. Les deux salles d'eau de Laure et sa famille sont dépourvues de fenêtre

c. Cohabitation, Autonomie de l’individu dans le foyer

35. CHATELET (Anne Marie),ELEB (Monique), MANDOUL (Thierry) Penser l’habité, le logement en questions, Pierre Mardaga editeur, 1988, p. 67

36. op. cit. p. 68

37. ibidem p. 68

L’intimité se construit, comme on l’a évoqué précédemment, par le lien avec l’extérieur et l’environnement de l’habitation. Mais elle se construit aussi grâce aux moments de vie qu’un individu peut passer seul dans l’espace du logement. C’est ce que mettent en avant les auteurs de Penser l’habité, Le logement en questions : « La plainte bien connue des habitants dénonçant les relations insatisfaisantes à la ville et au groupe entraîne deux constatations sous forme de paradoxe, que l’on retrouve dans de très nombreux dossiers : l’individu n’est pas assez avec les autres dans un rapport épanouissant mais il n’est pas non plus assez seul ». 35 Une qualité d’espace est donc demandée aux lieux communs, et il est à noter que ces lieux de vie commune (cuisine, salon, salles à manger ou encore espaces extérieurs) ont été sujet à une évolution singulière depuis les dernières décennies. La cuisine par exemple, s’ouvre désormais sur le salon, ou la salle à manger, afin de partager d’avantage le moment du repas avec la famille ou même les invités. Cependant le confort passe beaucoup par « l’intimité et l’autonomie de la personne »36 et par les qualités des espaces intimes et individuels que propose une habitation.

« A la question : “Comment réussir sa cohabitation ?“ [les architectes] répondent d’abord en proposant des dispositifs qui accentuent l’autonomie de chaque personne. » 37

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L’espace de la chambre fait partie de ses espaces intimes sur lesquels les architectes se sont penchés en lui proposant des annexes sous forme d’alcôves par exemple, ou en permettant de moduler les degrés d’ouverture grâce à des cloisons coulissantes. Parfois l’autonomie s’exprime par une dénivellation des lieux de vie, ou un dédoublement des entrées qui permet deux rythmes différents (notamment face aux nouveaux modèles familiaux qui apparaissent). Mais l’espace “point d’orgue“ de l’expression de l’individu dans un logement est évidemment la salle de bains. C’est l’endroit où l’on est le plus “seul“ dans l’habitation. Et c’est justement sur ce point que Monique Eleb, entre autres, regrette que la salle de bains ne soit pas plus au centre des réflexions sur le logement. Puisque prendre du temps pour penser à l’individu dans la communauté que peut former un groupe de logements, permettrait un meilleur confort et une sensation d’intimité et du “chez soi“ renforcé. C’est un sujet évoqué par Isabelle lors de notre entretien qui, choquée de la promiscuité avec ses voisins s’exprimait ainsi : « On a l’impression que les architectes ne pensent pas à comment va être le petit bonhomme qui va être dans sa boite ; par rapport aux voisins par rapport à son environnement. On pense fonctionnalité, surface, isolation, circulation, aération, tout ça… Mais au quotidien l’habitant de quoi il a besoin ? Il a besoin de se reposer, à d’autres moments il a besoin au contraire d’être dynamisé » C’est tout l’enjeu d’un travail plus approfondi sur la salle de bains : comment concevoir pour que l’habitant se sente à sa place dans une communauté tout en assurant sa solitude partielle ? Pour illustrer cette question de cohabitation, l’exemple de l’appartement de Laure semble tout à propos : un grand appartement ou cohabitent enfants, parents et invités, qui se partagent deux salles d’eau. Comme évoqué plus haut la surface réduite de la pièce diminue son confort d’usage : il faudrait pouvoir sortir de la salle de douche pour pouvoir s’habiller et d’apprêter sans les inconvénients cités d’humidité, de buée etc.

Cohabitation, usages exportés - 65


Mais la pièce débouchant sur un palier un dessert l’ensemble des espaces de la famille ne favorise pas cette solution. Pourtant cette distribution a l’avantage de permettre aux invités de pouvoir utiliser la salle d’eau sans pénétrer dans les pièces intimes consacrées à la famille. L’autre possibilité pourrait être alors que les invités utilisent la salle de bains des enfants lors de leurs visites (qui offre une surface plus grande), et les parents bénéficient alors d’une salle de douche entièrement consacrée. Dans cette recherche d’autonomie de l’individu, indispensable à la recherche d’intimité, plusieurs degrés de réflexion sont à prendre en compte. Cette première partie illustre comment, par un travail sur l’extérieur de la pièce, son environnement et les parcours pour y parvenir, l’architecte permet à l’intimité de s’exprimer d’avantage dans un projet de logement collectif. Vincen Cornu a une certaine sensibilité à ce sujet, il l’a d’ailleurs évoqué plusieurs fois : la notion de parcours, de transversalité est omniprésente dans ce projet d’habitat. La deuxième partie de ce travail s’attardera sur l’intérieur de la salle de bains : comment ses dimensions notamment (qui découlent des premiers critères évoqués ici) peuvent répondre aux nouveaux enjeux d’intimité de la société actuelle, jusqu’aux finitions et aux ambiances qu’une telle pièce évoque de nos jours.

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Cohabitation, usages exportĂŠs - 67



Partie II

SubtilitĂŠs internes Appropriation et usages


Chapitre 1 Surface et Usages a. Surface idéale ? 38. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p. 35

39. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p. 35

La petite pièce que l’on connaît aujourd’hui comme la salle de bains n’a pas toujours été réduite à une surface contenue entre 3 et 4 m2.38 En effet comme le rappelait Vincen Cornu lors de notre entretien, la pièce d’eau était à ses débuts une pièce “lambda“ du logement à laquelle on venait ajouter les éléments nécessaires, ce qui en faisait une pièce à la surface relativement confortable. Cependant, elle a au fur et à mesure perdu son statut de “salon“ : une pièce dans laquelle on effectuait sa toilette mais aussi l’ensemble des gestes de mise en beauté qui bénéficiait d’une lumière naturelle. Aujourd’hui sa petite surface pose question, d’abord parce qu’une demande croissante la concernant se dessine dans les désirs des habitants : « Le rêve de la plupart des français, alimenté par les marques et les médias, est de disposer d’une grande salle de bains, mais force est de reconnaître que dans la majorité des habitations, elle reste petite et difficile à meubler. Elle est tout simplement le parent pauvre de l’habitat ». 39 Le rêve est donc loin d’être devenue réalité du moins concernant l’habitat collectif comme on l’aura compris. Comme l’introduisait la première partie de ce travail, la question à se poser est aussi celle de la priorité de considération des pièces dans le cœur des habitants, l’importance de la salle de bain dans la distribution globale de l’habitation. On ne peut pas appliquer le plan neutre à l’ensemble des logements contemporains, les surfaces sont plus ou moins importantes selon les pièces. Comment jauger de la quantité de mètres carrés à octroyer à la salle de bains ? Au delà du désir des habitants, le changement se fera notamment par les convictions des architectes à ce propos, mais aussi de l’évolution des demandes venant des maîtres d’ouvrage. Certains donneront la priorité aux espaces communs de l’habitation tandis que d’autres mettront l’accent sur l’importance de disposer de pièces intimes confortables. Pour cette opération de Vincen Cornu la maîtrise d’ouvrage était le groupe Brémond. Je n’ai pas eu la chance d’échanger avec eux sur leurs convictions et leurs attentes concernant l’intimité dans leurs logements, mais l’architecte, lors de notre entretien, a mis en avant le fait que c’est une équipe ouverte et à l’écoute des usages.

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“Ils ont beaucoup de réflexion sur les usages, c’est un maître d’ouvrage qui a ses qualités et ses défauts mais sa qualité est une certaine ouverture dans la manière d’envisager les programmes. Ici sur les salles d’eau ils ont été clairement très ouverts, ils avaient des demandes sur des douches italiennes notamment, il y avait une attention particulière à la qualité“. 40 Cela se ressent dans la globalité de l’opération et aux vues des nombreuses qualités mises en avant par les habitants lors de nos entretiens (la luminosité des appartements, la surface généreuse des pièces communes, le confort d’avoir un logement traversant). Puis en les interrogeant d’avantage ils trouvent aussi une certaine qualité dans leurs salles de bains. Il est intéressant d’observer qu’entre les trois appartements, et malgré leurs typologies différentes, les salles de bains ont sensiblement la même surface. Appartement 1 pièce Isabelle 35 m2

Appartement 4 pièces Benoit 80 m2

Appartement 5 pièces Laure 100 m2

18%

8%

6%

6,5 m2

Salle de douche

6,5 m2

Salle de douche

4 m2

Salle de bains

2 m2

Salle de douche

40. Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

Fig 32 Proportion des surfaces de pièces d’eau en fonction de la surface globale du logement

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41 CHATELET (Anne Marie),ELEB (Monique), Urbanité, sociabilité et intimité Des logements d’aujourd’hui , les Editions de l’Epure, Paris, 1997

42. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p. 35

La salle de bains du studio d’Isabelle destiné à une personne seule ou une vie de couple est aussi grande que celle des logements d’une surface de 100 mètres carrés conçu pour une famille avec trois enfants. Ce ratio entre surface du logement et surface allouée aux sanitaires, Monique Eleb et Anne Marie Chatelet le font aussi pour le corpus étudié dans leur ouvrage41 Il semble intéressant de se poser la question de la proportion entre type de logement et taille de la salle de bain, puisqu’on remarque que la salle de bain n’est pas plus grande pour les grands logements. Pourtant il semble logique que la surface soit proportionnelle aux nombres de personnes habitant le foyer compte tenu de la place nécessaire notamment au rangement des objets comme on le verra dans la suite de ce chapitre. Pourquoi la salle de bains n’est elle pas plus grande dans un appartement 4 pièces que dans un appartement une pièce ? On peut mettre en avant le fait que même si l’espace est partagé par plusieurs personnes, les habitants y sont rarement plusieurs à la fois. La salle de bains en effet, reste un lieu consacré aux besoins individuels de chacun, à la nudité et à l’intimité de l’individu. Depuis plusieurs années maintenant, la surface de la pièce tend à augmenter notamment grâce à la réglementation PMR. C’est le cas dans l’opération Ciel de Loire où les salles de bain sont relativement grandes : leur surface est supérieure à la moyenne énoncée par M. Eleb de 3,5 mètres carrés puisqu’elle font en moyenne 6 mètres carrés. Cette augmentation de surface est certes un bien pour la salle de bains et Isabelle par exemple reconnaissait passer plus de temps dans cette pièce du fait de sa taille généreuse. En revanche elle paraît bien moins généreuse dans le cas de Laure. Malgré des surfaces aujourd’hui plus grandes la salle de bain ne parvient pas encore à contenir toutes les envies et les désirs d’usage de ses utilisateurs. C’est pour cela notamment qu’on observe la délocalisation de certains usages comme on l’a vu précédemment. Monique Eleb annonce d’ailleurs le besoin d’espace comme une des priorités pour l’avenir de la salle de bains : « O. Waché : Si chaque époque a apporté son lot d’innovations et de progrès, quels peuvent être ceux de ce siècle ? M. Eleb : Pour tout ce que j’ai évoqué précédemment, je répondrais là encore : l’espace.»42

72 - PARTIE II Subtilités Internes, appropriation et usages


Ce constat est cependant à nuancer, certains usages s’exportent certes, mais on peut observer notamment le retour de la machine à laver dans la salle de bains.

b. Des usages regrettés parfois retrouvés Les logements de la Résidence Ciel de Loire en sont le témoignage: la machine à laver le linge fait son retour dans la salle de bains. La question de la gestion du linge est en effet un enjeu considérable pour le confort des logements contemporains. La buanderie était il y a encore quelques années indispensable pour les habitants et présente dans la distribution des logements. Chemetov en a même fait un espace tampon entre l’espace intime de la salle de bain et l’extérieur qui permet un éclairage naturel de la pièce De la même manière, Patrice Mottini permet une ouverture en second jour de la salle de bains à travers la buanderie / loggia.

Fig. 33 La salle de bains communique avec l’extérieur via la buanderie attenante à la cuisine

Fig. 34 L’espace de dégagement entre la façade et le fond de la pièce peut faire office de buanderie

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43. ELEB (Monique) Les 101 mots de l’habitat à l’usage de tous, Archibooks + Sautereau Editeur, Paris, 2015, p. 21

“Elle nous manque !“ s’insurge Monique Eleb. Il est vrai que la question du traitement du linge a quelque peu déserté nos logements depuis une ou deux décennies, en raison notamment de la multiplication des appareils électroménager qui “signe la fin du traitement du linge par les architectes“. 43 Pour revenir au cas de la résidence Ciel de Loire et plus particulièrement du T1 analysé, la surface généreuse de la pièce laisse la possibilité de faire sécher son linge dans la salle de bain tout en ouvrant la fenêtre pour gérer l’humidité. Ce qui n’est pas le cas dans les logements des familles nombreuses comme celui de Laure E. qui malgré ses deux salles d’eau doit utiliser un coin de son salon / salle à manger pour cet usage ou encore la chambre d’un des enfants comme c’était le cas lors de notre rencontre (ou installer le sèche linge sur sa large terrasse au sud pendant les beaux jours). La salle de bain en tant que pièce “d’hygiène“ et liée au circuit propre de l’habitation semble à même d’accueillir cet usage. Et la tendance qui semble être à l’augmentation de sa surface indiquerait peut être le retour du couple salle de bain/buanderie. La machine à laver a pendant plusieurs années été installé dans la cuisine, attenante aux autres machines d’électroménager. Mais l’évolution de la pièce qui a voulu son ouverture sur les pièces communes salon et salle à manger, a compliqué l’installation du lave linge compte tenu du bruit engendré pendant la durée du lavage et l’essorage. Une des solutions est alors en effet de prévoir l’arrivée d’eau nécessaire dans la salle de bains. Ce schéma se retrouve dans l’appartement de Laure, où la machine se situe dans la salle de bains des enfants. Cependant, même si la question de la place de la machine à laver est réglée, on ne sait toujours pas où faire sécher le linge, surtout lorsque la salle de bain ne bénéficie pas d’une aération naturelle. Souvent le sèche linge ou étendoir s’installe dans le salon, ou comme c’est le cas ici, dans une des chambres de l’habitation. (cf photo chambre Laure) Durant les entretiens avec les habitants de la résidence ciel de Loire l’un des principaux regrets était le manque de rangements dans leur salle de bain. Tandis qu’une habitante m’expliquait avoir changé la vasque d’origine pour la remplacer par une vasque avec rangements intégrés, l’autre avouait nécessaire d’avoir autant de surface et de pouvoir y mettre plusieurs meubles de rangements.

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Fig. 35 Photo prise depuis l’espace de distribution des espaces privés où l’on aperçoit le linge sécher dans une des chambres, ainsi que le fer à repasser et le panier qui sert au tri du linge.

Au delà du problème de surface il s’agit aussi d’un problème d’offre que Monique Eleb met en avant dans la définition qu’elle donne de “placards (garde robe, lingerie, roberie, rangements débarras, dressing) : “l’impossibilité d’installer des étagères, placards ou autres meubles de rangement dans la salle de bains, par exemple, du fait de sa taille ou de sa forme, indique qu’il faudrait aussi que les fabricants et équipementiers repensent leurs propositions et adaptent mieux leurs meubles pour accueillir notamment le linge.“ 44

44. ELEB (Monique) Les 101 mots de l’habitat à l’usage de tous, Archibooks + Sautereau Editeur, Paris, 2015, p. 119

Elle énonce aussi l’hypothèse d’une pièce supplémentaire qui puisse palier à ce manque de surface technique : “le souhait le plus exprimé à ce propos est celui d’une pièce de rangement qui a parfois la taille d’une pièce, le “walk in closet“ des Américains, que l’on trouve dans l’habitat de luxe, la maison individuelle

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45. ELEB (Monique) Les 101 mots de l’habitat à l’usage de tous, Archibooks + Sautereau Editeur, Paris, 2015, p. 119

et dans quelques opérations de haut niveau du logement social. Situé de façon centrale dans certains cas, il structure le plan et, quand il est contigu à la chambre et à la salle de bains, ces trois pièces forment l’“appartement privé“ pour le confort de ses habitants“ 45 Malgré une augmentation toute relative de la surface de la salle de bains, cette plus value ne permet pas encore de pouvoir ranger le linge de toilettes dans la pièce ou ils sont utilisés. Cet “usage regretté“, pourtant un enjeu primordial dans le confort demandé à la salle de bains était bien présent dans les cabinets de toilette à l’origine des lieux d’hygiène actuels. La pudeur de l’époque voulait que tout objet servant à la toilette soit dissimulé et entreposé dans des meubles prévus à cet effet. Ces usages regrettés s’accompagnent de nouvelles envies qui m’ont amené à me poser la question de la polyvalence de cette pièce, thème abordé par Vincen Cornu lors de notre entretien.

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c. Polyvalence de la salle de bain Le constat de l’augmentation mesurée de la surface des pièces d’eau amène à se questionner sur l’avenir de ses usages. On pourrait penser en effet logique qu’il se passe plus de choses dans une pièce plus grande. Comme on l’a vu plus haut, les usages dédiés au “circuit propre” pourraient tout à fait faire leur retour dans la salle de bain. Mais la salle de bains peut-elle être plus que la pièce dédiée aux ablutions quotidiennes, aux rangements et au traitement du linge ?

« Je me suis fait la réflexion que les salle de bains deviennent tellement grandes qu’on pourrait presque y installer un bureau. Mais je ne suis pas certain qu’on aille s’installer pour travailler dans une salle de bains. »46 Ce que propose Vincen Cornu ici est intéressant. Le fait que la salle de bain pourrait accueillir par exemple un bureau pour travailler illustre encore une fois (et comme l’expliquait déjà Monique Eleb), une envie de faire plus dans sa salle de bains. Mais il semble que cette polyvalence ne soit pas encore d’actualité, ce qui est principalement dû à notre manière de meubler cette pièce : « Je pense que c’est moins polyvalent de ce point de vue là que la cuisine, on a tous travaillé à un moment ou un autre dans la cuisine. Pourquoi ? La principale raison est qu’il y a une table qui est un élément polyvalent par excellence : on y mange, on y pose des plats, et puis les enfants rentrent de l’école et s’installent pour faire les devoirs dans la cuisine. C’est si on a la chance d’avoir une cuisine suffisamment grande évidemment ! La cuisine en cela peut être plus polyvalente que la salle de bains». 47

46. Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

47. Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

En effet, les éléments de plomberie sont pour l’instant les seuls “meubles“ qui semblent acceptés dans une salle de bains. Ces éléments ont des usages spécifiques et ne peuvent être utilisés dans un autre but que leur usage originel. Ils ne sont pas des éléments neutres et polyvalents comme la table que propose Vincen Cornu. De plus la surface allouée à la pièce est en partie responsable du peu de possibilités d’ameublement envisageables.

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Mais l’ameublement n’est pas la seule composante qui détermine la potentielle polyvalence de la pièce. Il s’agit aussi de l‘importance de la neutralité de l’espace, qui facilite son appropriation. 48. Extrait de l’entretien avec V. Cornu du 27 novembre 2017, voir annexe

« Ma conviction est que l’on peut s’approprier un espace avec relativement peu de choses, et que c’est aussi un travail intérieur que d’apprendre à s’approprier un espace. » 48 On constate ici que Vincen Cornu extrapole sur les usages possibles de la salle de bains (dans le cas où elle est spacieuse et agréable). Même si son raisonnement va probablement trop loin pour beaucoup d’usagers il souligne le fait qu’il appartient à chacun de s’approprier son espace et que les utilisations d’une pièce particulière vont au delà de sa détermination première. Ainsi la salle de bain ne peut pas être seulement envisagée comme une pièce où l’on se lave mais le champ des possibles peut être bien plus large. Une pièce bien conçue peut être propice à un retour de nombreux usages délocalisés voir à l’arrivée de nouveaux.

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Chapitre 2 Importance du corps, ergonomie et mouvements a. Evolution du rapport au corps et perception dans l’habitat

49. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p. 33

Si la salle de bain doit s’adapter et évoluer, c’est aussi parce que notre rapport au corps et l’attention qu’on lui porte est différente. En effet, durant ces 50 dernières années, on observe un changement dans les habitudes d’hygiène des français. « En 1951, un sondage publié par le magazine Elle Montrait qu’un peu plus d’une femme sur trois (37%) ne faisait sa toilette « complète » qu’une fois par semaine ; 39% ne se lavaient les cheveux qu’une fois par mois. La même année, le Larousse médical suggérait de « soigner sa façade » et précisait que la douche ou le bain pouvait être hebdomadaire. Depuis, les habitudes de propreté ont considérablement progressé : 62% des hommes et 75% des femmes déclarent se laver chaque jour » 49 Cette évolution de l’attention portée au corps, est soulignée par Monique Eleb dans l’entretien donné à Olivier Waché dans son ouvrage. On se lave plus qu’il y a quelques années, mais au delà de ce constat il s’agit aussi de la notion de bien être. Les français passent plus de temps dans leurs salles de bain et donnent plus d’importance à leur santé, font plus de sport et soignent leur apparence.

Fig. 36 Déjà en 1989, les architectes Minazolli et Chauvin rêvaient une salle de bains plus ouverte où l’on puisse faire de l’exercice à la lumière du jour.

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Les habitants aspirent à une pièce bien plus hédoniste et vouée aux plaisirs de l’eau et aux plaisirs du corps. Dans un même temps on assiste à une évolution des corps, et tous ne sont pas adaptés aux dimensions standard de la salle de bain. La morphologie des dernières générations ne sont plus les mêmes qu’au siècle dernier : « un jeune en fin de croissance mesure en moyenne six à sept centimètres de plus que ses grands-parents. La taille d’un homme a augmenté de onze centimètres en un siècle et de huit centimètres pour les femmes. Les français gagnent encore un centimètre tous les dix ans. Aujourd’hui 10% des adolescents en fin de croissance mesurent plus de 1,90 cm »50 L’obésité est aussi plus fréquente et les personnes en surpoids plus nombreuses. Une certaine tranche de la population se heurte donc aujourd’hui à un problème ergonomique, les éléments de salle de bains standard ne sont pas adaptés, il y a donc un besoin de prestations personnalisées et sur mesure. Outre le changement physique, c’est aussi un nouveau discours sur la psychologie du corps qui est apparu. On accorde donc aujourd’hui plus d’importance au bien-être, il faut être heureux avec son corps, faire du sport et prendre soin de soi. Ces nouvelles pensées ne sont pas sans rappeler les pratiques des bains antiques gréco-romains ritualisés. Ce qu’il manque à la salle de bain contemporaine, c’est entre autres la sensibilité qu’engage cet espace intime dédié au corps et à l’hygiène. C’est ce qu’écrit Barbara Penner qui, dans son livre, regrette cette part de sensibilité que pouvaient offrir les bains romains, turcs ou japonais, qui plus que des espaces dédiés au corps, étaient des espaces dédiés aussi à l’esprit. Selon elle il est important de redonner un aspect plus «spirituel» à la salle de bain, de refaire le lien entre des besoins basiques de l’Homme et sa capacité à voir la beauté. « Je n’ai pas l’intention de considérer la salle de bain comme une pièce discrète et renfermée. Je veux comprendre comment cet espace interagit avec le monde extérieur, comment il évolue selon les situations, les échelles, et comment il rapproche le corps humain de la technologie, de l’individuel au collectif, du privé au domaine public » 51

50. ELEB (Monique) Les évolutions des habitats et des modes de vie - L’évolution des pièces dites de service, in Habitat et société n°57, Mars 2010, p.44-49

51.PENNER (Barbara), Bathroom, objekt series , Reaktion books, Londres, 2013

A propos de la perception et la sensibilité dans l’habitat, M. Eleb en dresse un état dans un chapitre de son ouvrage retraçant les projets du concours PAN 14. Cela semble être une notion essentielle afin de retrouver un rapport plus serein à la salle de bains pour les architectes et les habitants des logements qu’ils conçoivent.

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52. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p. 46

52bis. CHATELET (Anne Marie),ELEB (Monique), MANDOUL (Thierry) Penser l’habité, le logement en questions, Pierre Mardaga editeur, 1988, p. 152

En effet un espace plus à l’écoute des sens et plus sensible aux confort de ses utilisateurs s’accorderait d’avantage à ces nouvelles considérations populaires. Et dans ce retour à une sensibilité de la perception, tous les sens doivent être mis en avant et engagés. « Stimuler l’organisme, Eveiller les sens est important, surtout lorsque l’avancée dans l’âge empêche de se mouvoir aussi facilement qu’avant et de profiter de toutes les sensations. » 52 La vue d’abord, qui participe pleinement à la sensation d’intimité : c’est par le regard que se lisent les transversalités et les parcours évoqués en première partie de ce travail. La lumière est un élément essentiel dans cette recherche d’espace agréable et hédoniste puisqu’elle va déterminer des zones d’ombres et des nuances importantes dans la perception de l’intimité, qu’il s’agisse de lumière naturelle ou de lumière artificielle. Cependant la lumière naturelle apporte un confort indéniable, Vincen Cornu, lors de notre entretien, reconnaissait lui même la sensation de bien être que procurait la lumière naturelle sur un corps nu, tout comme l’explique D. Petit à propos de son projet réponse au Concours Pan 14 : « L’éclairage naturel de la salle de bains, me paraît être la moindre des choses pour une reconnaissance de son intimité : c’est pouvoir regarder son corps dans les variations de la lumière du jour ». Cependant la lumière artificielle n’est pas à mettre de côté dans la recherche de qualité d’espace de la salle de bains étant donné la difficulté à l’éclairer naturellement. Nous verrons comment cela se concrétise en dernière partie de ce chapitre. L’ouïe est liée aussi à la sensation d’intimité dans une habitation. Entendre des nuisances sonores, qu’elles viennent de l’environnement extérieur, des logements mitoyens, ou même des autres pièces de l’habitation, donne l’impression de faire partie d’un tout, alors que l’intimité se ressent dans un espace où la solitude est palpable. Le bruit engendré par le voisinage est souvent retenu comme un inconvénient lorsqu’il s’agit de logements collectifs. D’ailleurs c’est un point sur lequel Isabelle, habitante d’un T1 dans la résidence Ciel de Loire, a longuement insisté pendant notre entretien.

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« Je trouve que dans les programmes neufs l’isolation sonore est complétement négligée. Par exemple aujourd’hui on passe beaucoup de temps à recharger ses portables. Vous imaginez le bruit que ça fait quand on retire le chargeur, ça fait un petit bruit, et bien je l’entends chez les voisins ! Ou bien quand on fait descendre le volet roulant, il est fermé et puis il faut appuyer de nouveau sur le bouton, vous voyez ? C’est le genre de petites choses… Je connais les bruits chez moi mais je les reconnais aussi chez les voisins.»53 En plus des nuisances sonores engendrées par les voisins, il faut aussi gérer les nuisances internes au foyer. Le fait de « pouvoir isoler l’individu au milieu de la communauté »54 participe pleinement à la sensation d’intimité dans une pièce. Ce pourrait être le seul avantage d’une salle de bain sans fenêtre finalement : une isolation parfaite qui n’engage aucun échange avec l’extérieur. Mais il semble que l’intimité est bien plus agréable lorsque le lien se fait de manière plus subtile à travers tous les dispositifs déjà énoncés. Le toucher passe avant tout par les finitions intérieures de la pièce que nous évoquerons en dernière partie de ce travail. Il s’agit notamment du changement de traitement du sol entre la salle de bains et l’espace qui la dessert. Mais aussi des changements de température, donc de l’isolation et de l’ouverture de l’espace, puis du ressenti de l’humidité lié directement à la problématique d’aération et d’évacuation de cette charge humide. L’odorat aussi est principalement lié à l’aération de la pièce, aux croisements d’odeur avec les autres pièces de l’habitation, la cuisine notamment. Puis il y a aussi la gestion des descentes d’eau qui sont parfois la cause d’un inconfort et qui ne laissent pas la pièce très agréable.

53. Extrait de l’entretien du 19 juin 2017 avec Isabelle L. , voir annexes

54. CHATELET (Anne Marie),ELEB (Monique), MANDOUL (Thierry) Penser l’habité, le logement en questions, Pierre Mardaga editeur, 1988, p. 152

Importance du corps, érgonomie et mouvements - 83


La salle de bains est un lieu aux multiples usages, comme on l’a vu précédemment certains en sont “exportés“. Pourtant les gestes qu’on y effectue sont nombreux (cf fig. 37) et dans son adaptation l’architecture devra prendre en compte cette diversité des corps et des mouvements qu’elle engage.

Fig.37 Liste non exhaustive des gestes du quotidien dans une salle de bains

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« Dans un contexte de crise, le consommateur a un reflexe de repli sur lui même et en conséquence sur son intérieur. L’habitat agit ici telle une enveloppe protectrice vis à vis d’un environnement jugé hostile. Le besoin de se faire du bien, de prendre soin de soi par de petites attentions se fait de plus en plus sentir. La salle de bains devient alors un espace de bien être. On l’équipe en conséquence. Un projet encore plus accessible lorsque les salles de bains se multiplient dans les logements laissant la possibilité de dédier l’une d’elle (généralement celle des parents) à cette activité de soin. Une récente enquête menée par la Marque Idéal Standard, montre ainsi que la salle de bains est vécue aujourd’hui par ces utilisateurs à la fois comme un espace de « séduction » (lieu ou l’on s’apprête pour un rendez vous amoureux), de récupération et, pourquoi pas, comme un lieu de plaisir charnel. »55

55. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA

Importance du corps, érgonomie et mouvements - 85


b. Ergonomie de la salle de bains et équipements

L’ergonomie de la pièce passe avant tout par ses dimensions. Vincen Cornu l’a justement rappelé lors de notre entretien il est difficile d’utiliser un espace dans lequel on se cogne, on se bouscule. La question de la surface a déjà été évoquée et aux vues de la transformation de la pièce due aux réglementations, la distance entre chaque équipement va s’allonger, et les salles de bains où l’on peut se laver les mains tout en étant assis sur les toilettes vont peu à peu disparaître. Cependant comme l’illustre cette image (fig. 37) le cercle de rotation d’un fauteuil handicapé n’est pas le seul mouvement à prendre en compte dans la conception d’une salle de bains. Au delà des dimensions pures de la pièce, les éléments qui la composent, les éléments de plomberie notamment, contribuent à la satisfaction des habitants la concernant. Plusieurs habitants de la résidence Ciel de Loire ont fait le choix de modifier ces équipements.

56. Extrait de l’entretien du 19 juin 2017 avec Benoit, voir annexes

D’abord les vasques : Benoit et sa femme ont totalement rééquipé leurs salles de bains avant même sa construction puisqu’ils ont acheté leur appartement sur plan. Ils m’ont expliqué que le plan prévoyait seulement un lavabo et une baignoire. Le couple a alors fait le choix de meubler entièrement la salle de bains unique de leur appartement afin d’en faire un espace de qualité où ils se sentent bien. « On a déménagé 14 ou 15 fois dans notre vie donc on en a vu des appartements, et on en a vécu ! Autant de salles de bains, et on voulait dans cet appartement se faire quelque chose d’un peu plaisant. Et lumineux ! C’est vrai que la lumière c’est très important. Donc on va dire que pour cet appartement, la salle de bain il n’y a pas eu de problèmes c’était une bonne plus value. » 56

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Fig 38. Croquis faits sur place A droite la vasque choisie par Laure pour remplacer la vasque d’origine (croquis de gauche)

Le couple a donc revu le plan de la pièce pour y installer deux vasques et une large douche à l’italienne. Ils n’y ont pas trouvé de difficultés mise à part pour trouver une paroi de douche suffisamment grande m’a expliqué Benoit. Douche ou Baignoire ? C’est en effet une question qui se pose à chaque habitant puisqu’il est rare de pouvoir s’offrir les deux équipements. Néanmoins la tendance montre une certaine préférence pour la douche, plus tonique et revigorante qui s’accorde avec l’idée actuelle d’un corps en bonne santé et toujours en mouvement. Les quelques entretiens avec les habitants illustrent plutôt bien cette préférence. « Autrement, si vous n’aviez été que vous (les parents) ou quand vos enfants seront plus grands une baignoire ne sera pas forcément nécessaire ? Pas du tout. Par exemple nos voisins d’à côté qui sont des retraités, ont cassé leur baignoire pour mettre une douche. Ils n’en n’ont pas du tout l’utilité… Pareil pour les voisins d’à côté, ils sont dans la même situation, et je comprends tout à fait. Je pense que les baignoires (enfin vous devez sans doute mieux savoir que moi) sont utiles pour les enfants, et ça ne me choquerait pas d’avoir un appartement avec juste une douche. » 57

57. Extrait de l’entretien du 19 juin 2017 avec Laure, voir annexes

Importance du corps, érgonomie et mouvements - 87


58. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p.41

La douche a cet aspect pratique et rapide apprécié par la plupart des habitants soucieux du temps qu’ils consacrent quotidiennement aux ablutions. La demande a tout de même évolué concernant cet équipement, les habitants demandent des douches plus grandes et plus ludiques comme l’expliquent les auteurs de l’ouvrage Au bain ! : « Pour la douche, la tendance va aux larges douches de tête offrant divers effets : pluie, cascade, brumisateur, luminothérapie. Les espaces de douche eux mêmes se font plus spacieux, intègrent un banc et se dotent de cabines d’hydrothérapie ou d’équipements à encastrer dans les murs. Les receveurs se font extraplats, voire sont intégrés au sol (la douche dite italienne). » 58 La douche à l’italienne a d’ailleurs été installée dans les trois appartements visités dans la résidence Ciel de Loire.

Fig. 39 Douche à l’italienne dans chacun des trois appartements analysés

88 - PARTIE II Subtilités Internes, appropriation et usages


En plus d’être confortable plus facilement accessible (notamment pour les personnes handicapées) ce type de douche encombre moins l’espace qu’un bac enfermé entre deux cloisons de plexiglas et les murs de la pièce, et donne l’impression à celui qui l’utilise de se doucher dans un périmètre bien plus large que dans une surface au sol de 80x80 cm. Cependant, il est vrai que la baignoire est d’avantage pratique que la douche lorsqu’il s’agit de faire la toilette des enfants. Elle permet au parent de s’asseoir ou de se mettre à genoux afin d’être à la hauteur de l’enfant qui se lave, et de limiter les projections d’eau et les débordements. Le bain est un rituel de toilette plus rare que la douche quotidienne. Il se vit d’avantage comme un plaisir que l’on s’accorde, à la fin de la journée ou d’une longue semaine de travail. Le WC, est un équipement qui a beaucoup évolué à travers les années. Sa disposition d’abord : « Le WC qui était souvent dans la cours au début du XXème siècle dans l’habitat ouvrier, est ensuite installé sur les paliers des immeubles modestes avant d’arriver dans le logement, mais toujours hors de la salle de bains, habitude bien française ». 59 En effet, comme on l’a vu plus haut, en France, les toilettes restent souvent une pièce à part dans le cas des logements familiaux. Si l’objet n’a pas évolué dans sa forme, ses performances écologiques sont aujourd’hui remises en cause. L’hypothèse de l’installation des toilettes japonaises qui suppriment totalement l’utilisation du papier hygiénique est alors évoqué par les auteurs. Cette réflexion rappelle alors un disparu de la salle de bains française moderne : le bidet. Pourtant toujours présent dans les salles de bains italiennes notamment, il n’est plus d’actualité chez nous. Le chauffage : “Impossible de penser bien-être dans la salle de bains sans y associer la notion de chaleur“ 60 Dans les salles de bains de la résidence Ciel de Loire, la chaleur est fournie par un séche servitte éléctrique, présent dans chacune d’entre elle.

59. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p. 44

60. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p. 44

Importance du corps, érgonomie et mouvements - 89


La prise de conscience sur l’impact écologique de nos habitudes de toilettes modifie elle aussi les équipements dans leur fonctionnement. Les nouvelles technologies permettent parfois de réguler d’avantage le débit de l’eau afin d’éviter au mieux le gaspillage engendré. Ce constat de prise de conscience écologique se pose en opposition aux nouvelles envies évoquées plus haut d’hydrothérapie de baignoires à jets etc. Même si l’architecte n’a pas directement la main lorsqu’il s’agit de choisir les équipements qui meubleront la salle de bains, force est de constater que les demandes évoluent et vont de paire avec la demande de surface plus grande notamment.

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Importance du corps, ĂŠrgonomie et mouvements - 91


Chapitre 3 Matérialités et Ambiances

61. BARONNE Staffe « Le cabinet de toilette » 1989 Paris, Flammarion

a. La salle de bains : pièce froide et technique ?

La réputation de la salle de bain veut qu’elle apparaisse comme une pièce froide et technique. Cependant son histoire a été chargée de changements et d’évolution sur ce point. En effet, comme il a été abordé dans l’introduction de ce travail, la salle de bains a d’abord été un cabinet de toilette orné de tissus et de moulures. Cette description du cabinet de toilettes illustre bien cet aspect du passé de la salle de bains : « Les murs sont revêtus d’onyx de teintes variées … Du plafond tombent d’originales lanternes de cristal rose ou irisé. Derrière une riche tenture orientale, qui glisse sur des anneaux dorés, on dissimule à volonté la vasque de marbre rosé qui sert de baignoire ; à l’opposé de la salle, en face, une chaise couverte d’une peau d’ours blanc, où, revêtue d’un peignoir élégant, dit robe de bain, on se repose des fatigues de l’immersion de l’hydrothérapie. Dans un coin, voilé aussi à l’ordinaire par un rideau de soie, l’appareil ou les appareils à douche qui projettent de l’eau soit en pluie douce, soit en jet violent sur les chairs de satin de la divinité du lieu. Faisant pendant, dans l’autre coin, le tub, en porcelaine pour les bains à l’éponge. A côté du tub, de la baignoire, des appareils, tous les robinets à eau chaude, froide, tiède et tous les menus ustensiles et accessoires nécessaires pour le bain et l’hydrothérapie. Des tablettes de marbre supportent ces objets divers ». 61 Cet extrait met en avant des qualités que la salle de bains a perdues au fil des années. Le mouvement hygiéniste d’après guerre a voulu que les lieux d’hygiène deviennent bien plus stériles, nouvelles considérations auxquelles s’ajoute la révolution industrielle et ses procédés de production bien plus rapide qui standardisent les équipements et uniformisent les espaces. Les tentures et autres tissus ont quitté la salle de bains, trop encombrants et surtout non hygiéniques puisqu’ils absorbent l’humidité de la pièce. Aujourd’hui et depuis plus d’un siècle, les matériaux sont bien plus lisses. Le carrelage est devenu la solution pour une pièce plus saine et facile à nettoyer. Cette salubrité de la pièce est d’ailleurs vécue comme un critère pour beaucoup aujourd’hui. Isabelle m’expliquait avoir vu trop de salles de bains moisies dans sa vie. Et Laure en faisait même un critère premier avant même ceux d’aération et de lumière naturelle que permettent la présence d’une fenêtre.

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Ce que l’on remarque cependant, c’est que la “disparition“ de l’aspect ostentatoire de la décoration du cabinet de toilette n’est pas totale. Après une longue période de carrelage blanc, froid et austère, il paraîtrait que la salle de bains devient de nouveau un espace d’expression des goûts de ses habitants. La pièce retrouve petit à petit sa place dans le cœur des habitants qui l’envisagent d’avantage comme un pièce qui contribue au confort quotidien, plutôt que comme une pièce seulement technique. Cela se vérifie lorsque l’on observe en détail les choix faits par les habitants de la résidence Ciel de Loire, notamment dans l’appartement de Benoit, où le couple a entièrement choisi les composantes de la pièce puisqu’ils sont propriétaires de leur logement. En revanche, la salle de bains d’Isabelle qui est elle locataire, est restée presque intacte.

Matérialités et ambiances - 93


b. Choix des matériaux et finitions

L’aspect sain et propre de la pièce tient particulièrement à ses finitions, et c’est aussi les choix de matérialités et de matériaux qui composent une certaine ambiance et sensibilisent l’habitant aux qualités de l’espace. Ils contribuent à la perception du confort dans l’habitat, perçu par tous les sens du corps humains. Ces choix de matériaux peuvent simplement être analysés selon les trois types de surfaces qui génèrent une pièce : le sol, les murs et le plafond (évoqué en dernier partie de ce chapitre qui se penche sur la question de l’éclairage de la salle de bains). Les murs : Concernant les salles de bains de la résidence ciel de Loire, les murs entourant les lieux où l‘on se lave (douches et baignoires) sont entièrement recouverts de faïence jusqu’au plafond. Ce choix permet d’empêcher l’humidité d’accrocher au mur, mais il permet aussi à la pièce de paraître plus haute et plus grande puisque le mur n’est pas coupé en deux.

62. Extrait de l’entretien du 19 juin 2017 avec Laure, voir annexes

« Vous voyez ici la faïence est bien, elle va jusqu’en haut du mur… On a un copain qui a acheté dans un autre immeuble dans Nantes, un peu moins qualitatif, et dans la salle de bain par exemple la faïence n’allait pas jusqu’en haut. Là c’est bien pour l’humidité… »62 Le reste des murs est traité de manière neutre en finition peinture blanche. Cette couleur blanche n’est pas sans rappeler la couleur des lieux de santé, et hôpitaux qui donne l’impression de pièce technique souvent reproché à la salle de bains. Impression parfois renforcée par la présence d’équipements adaptés aux personnes à mobilité réduite. Cependant cet aspect neutre et “médical“ laisse aussi libre cours à l’appropriation des habitants qui peuvent alors décorer la pièce comme bon leur semble. De plus, la couleur blanche permet, comme l’a justement remarqué Isabelle, d’avoir une pièce plus lumineuse, malgré une lumière naturelle du nord peu généreuse. Etant locataire, cette dernière n’a pas la liberté de changer les traitements de sol ou de murs. En revanche, dans la salle de bain de Benoit les murs ont été recouverts d’un papier peint a motif végétal

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Salle de bains des Enfants

Faïence Murale Joints blancs

Carrelage Joints blancs

Support de vasque en bois

Finition peinture blanche Matte

Fig. 40 Axonométrie comentée de la salle de bainsdes enfants chez Laure

Matérialités et ambiances - 95


Salle de douche Laure

Finition peinture blanche Matte

Support de vasque en bois

Carrelage Joints blancs

Faïence Murale Joints blancs

Fig. 41 Axonométrie comentée de la salle de douche de Laure

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Salle de douche Benoit

Vasques Finition peinture faïence Blanche blanche Matte

Parement fausse pierre

Carrelage Joints blancs

Faïence Murale Joints blancs

Fig. 42 Axonométrie comentée de la salle de douche de Benoit

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Salle de douche Isabelle

Faïence Murale Joints blancs

Carrelage Joints blancs

Finition peinture blanche Matte

Fig. 43 Axonométrie comentée de la salle de douche d’Isabelle

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La sensation de froid que procure parfois la pièce tient aussi à la sensation des matériaux au toucher. Le toucher dans une pièce où le corps à autant d’importance est primordial. « Le toucher est l’un des sens le plus mis à profit dans la salle de bains, et les fabricants multiplient, grâce aux revêtements, les moyens de le stimuler » 63 Le changement de sol entre l’espace de circulation et l’intérieur de la pièce est parfois direct et froid. Les pieds sur le carrelage. Contrairement aux murs la surface du sol s’apprête moins aux fantaisies et aux changements de textures aux vues de l’humidité qui retombe inévitablement sur celui ci. En revanche une fantaisie peut se faire parfois concernant les revêtements des équipements tels que la douche et la baignoire qui peuvent être stimulants ou relaxants : « Ainsi la baignoire, généralement utilisée en fin de semaine pour un moment de relaxation, est-elle conçue dans des matériaux accumulant la chaleur (acier emmaillé), pour inciter le corps à se détendre et à se reposer. Déjà apparaissent des revêtements mous qui favorisent encore d’avantage la relaxation. »64 La douche quant à elle, dont le bac diminue peu à peu pour laisser place à des douches à l’italienne comme on l’a vue dans le précédent chapitre, se pare de “receveurs de plus en plus antidérapants“. Qui plus est, ce système de douche de plain-pied permet une continuité de traitement sur l’ensemble de la pièce, ce qui peut donner l’impression d’une surface au sol plus grande, en plus d’être agréable au toucher.

63. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p.46

64. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p.47

En ce qui concerne les éléments de faïence tels que les wc, peu d’alternatives son proposées : il est difficile de trouver une matière si facile à nettoyer et hygiénique (mis à part l’acier d’avantage utilisé pour les toilettes publiques par exemple). Inversement, les vasques s’offrent une multitude de finitions possibles : classique en faïence elles peuvent parfois être en verre ou même en pierre massive. Leur support aussi varie. D’un seul et même bloc en faïence comme chez Benoit ou une vasque en faïence sur un support en bois comme chez Laure.

Matérialités et ambiances - 99


Ces observations mettent en avant une chose : la salle de bains se pare aujourd’hui d’une nouvelle diversité de matières et de revêtements qui n’existait pas il y a plusieurs années. Cela constituerait t’il un retour progressif à l’ornementation ? Une ornementation qui s’exprimerait d’avantage à travers l’hétérogénéité des finitions que par leur complexité. Constat qui s’aligne avec les nouvelles envies déjà évoqués dans ce mémoire, d’une salle de bains plus adaptable aux goûts de ces habitants et plus apte à l’appropriation. Pour conclure, les matériaux apparaissent en dernière partie de ce mémoire de la même manière qu’ils font leur apparition tardive dans la réflexion et la conception d’un projet d’habitat. Pourtant, il s’agit de la première chose avec laquelle l’habitant va être mis en contact avec l’espace qu’il va vivre. Il est alors loin d’être superficiel, ce qui est encore plus vrai dans l’espace intime et confidentiel de la salle de bains.

100 - PARTIE II Subtilités Internes, appropriation et usages


c. Lumière artificielle et Confort visuel On l’a vu auparavant, la fenêtre dans le cas où la salle de bains en bénéficie, permet un apport de lumière naturelle et un confort d’utilisation supérieur. Seulement les temporalités et les rythmes de vie (surtout en hiver quand on commence la journée de travail tôt et que les jours sont courts) ne permettent souvent pas de profiter du soleil dans sa salle de bains. Pour ces raisons là, et évidemment pour les nombreuses salles de bains sans fenêtre, la manière dont sont réparties les sources lumineuses artificielles dans la pièce est primordiale.

«Comme dans la cuisine, il convient de mixer les sources : éclairage général pour apporter une lumière globale, confortable, relaxante ; localisé pour permettre de bien éclairer les zones d’activités de précision comme le rasage, le maquillage.» 65

65. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p.42

C’est en effet le cas dans la plupart des salles de bains, comme dans celles de la résidence Ciel de Loire : une première source lumieuse, un plafonnier, éclaire la globalité de la pièce, puis un dispositif plus réduit situé au dessus du miroir du lavabo permet de «bien se voir, pour se voir beau». La qualité d’éclairage dépend aussi de la température de lumière choisie, pour une salle de bains, il est conseillé d’opter pour une lumière qui ne soit pas trop chaude, mais plutôt dynamique pour qu’elle se rapproche au mieux de la lumière du jour.

« Au delà de l’efficacité, il s’agit de donner bonne mine dès le lever, pour être motivé pour la journée» 66

66. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p.42

Encore une fois, les nouvelles technologies participent pleinement à l’évolution de la salle de bains à ce sujet. Notamment les éclairages par led, qui se fixent desormais à n’importe quel support y compris dans la douche ou la baignoire afin d’éclairer les lieux de toilette intime.

Matérialités et ambiances - 101



Conclusion


Conclusion

Ce travail s’est construit autour d’un terme récurrent, comme un fil conducteur de recherche : l’intimité. C’est un terme qui est apparu assez tardivement dans mon discours, mais qui a fini par prendre tout son sens au moment de comprendre les fondamentaux d’une pièce telle que la salle de bains. Le mot est d’ailleurs devenu, au fur et à mesure de l’écriture, partie du nom donné parfois à la salle de bains : la pièce intime. Cependant, est vite apparue une évidence qui a construit la première partie de ce travail, et a permis de mieux concrétiser la deuxième : une recherche sur l’intimité ne peut se résumer à un fragment si réduit de ce qui compose l’habitat (3,5 mètres carrés en moyenne rappelons le) ! Vincen Cornu l’a d’ailleurs souvent mis en avant dans ces propos lors de notre entretien : les parcours générés par l’ensemble du projet, de son site à l’intérieur même des logements dessinés, ne peuvent être dissociés de la sensation d’intimité d’une habitation. S’en est suivi alors une première phase de réflexion afin de comprendre comment l’intimité s’exprime dans la globalité d’un projet tel que celui de la résidence Ciel de Loire. J’aurais aimé cependant, pouvoir convoquer plus d’éléments à ce sujet afin de mieux assimiler les intentions premières de ce travail, regret qui aurait pu se concrétiser lors d’une rencontre avec la maîtrise d’ouvrage qui n’a pu se faire durant ces mois de recherches. Le cahier des charges notamment aurait été utile pour juger de la réponse de l’architecte aux demandes du maître d’ouvrage, et rendre compte des nouvelles considérations concernant la problématique de ce mémoire. Les entretiens et l’analyse des plans habités des logements étudiés ont été un média essentiel à la construction de l’argumentaire surtout lorsqu’il s’agit d’étudier les habitudes de vie reliées à l’intimité. Les plans de logements (récupérés sur le règlement de copropriété lors de l’entretien avec un des habitants) sont factuels et ne permettent pas de visualiser la spatialisation de la vie des habitants. Les entretiens justement ont eu lieu avant la mise en place du plan de réflexion sur ce mémoire, et manquent parfois de précision, ou certains sujets n’ont pas été directement évoqués. Il s’agissait en effet d’entretiens exploratoires ayant pour but d’ouvrir l’argumentaire et de mettre en avant les premières pistes d’analyse.

104 - Conclusion


En revanche l’échange avec Vincen Cornu a été assez tardif mais le plan du mémoire étant déjà mis en place à ce moment, il a permis de poser les bonnes questions à l’architecte afin d’avoir sa vision précise sur les points qui articulent ce mémoire, sans développer cependant plus avec lui le thème des matérialités et des ambiances des derniers chapitres. La principale difficulté de ce travail tient au fait de répondre à la problématique assez large, tout en s’appuyant sur un terrain d’étude spécifique et sur l’architecte concerné. Comment l’architecture de la salle de bains évolue t’elle avec les besoins d’hygiène et d’intimité de la société actuelle ? Le développement de ce mémoire ne répond finalement qu’à une partie de cette problématique qui, pour être pleinement approfondie, nécessiterait un temps de recherche bien plus long et un échantillonnage plus large comme ont pu le faire Monique Eleb et Anne Marie Chatelet dans leurs ouvrages. 67 L’ensemble des ressources de ce mémoire a été utile à cette réponse. Tout d’abord les lectures, principalement composé d’écrit de la sociologue Monique Eleb qui s’est longuement attardé sur la notion de confort dans les projets d’habitat. Si l’ouvrage Au Bain !68 est assez complet dans les thèmes qu’il évoque il ne fait pourtant qu’effleurer certains sujets qui mériteraient un approfondissement supérieur. C’est une des raisons qui m’a amené à me questionner sur ce sujet : il est peu référencé (surtout lorsqu’il s’agit d’entendre le propos d’architectes) mais le peu d’ouvrages à ce propos le présentent comme un thème essentiel au futur de l’habitat contemporain. Il semble qu’aux vues des recherches sur le sujet, la salle de bains soit en effet un espace clé dans l’évolution du confort des logements contemporains et futurs.

67. CHATELET (Anne Marie),ELEB (Monique), MANDOUL (Thierry) Penser l’habité, le logement en questions, Pierre Mardaga editeur, 1988 CHATELET Anne-Marie, ELEB Monique, GARCIAS Jean-Claude, MANDOUL Thierry, PRELORENZO Claude, L’habitation en projets De la France à l’Europe, Eropan France 1989, Pierre Mardaga editeur

68. LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA, p. 34

Ce sujet m’a apporté une ouverture particulière à la question du corps et de l’importance des gestes quotidiens dans l’architecture. Comme l’a exprimé Vincen Cornu pendant une de ces conférences, l’architecture n’est pas seulement l’architecture avec un grand A, c’est aussi l’ensemble des choses qui font le quotidien, et elle se lit dans les moindres détails d’un projet.

Conclusion - 105


69 CORNU (Vincen), Conférence Qu’est ce que l’Architecure?, Maison de l’architecture, 7 Octobre 2009

«Parler d’architecture n’est pas seulement parler de celle avec un grand A, des rares moments d’architecture sublime où nous la ressentons intensément Si nous ne sommes pas tous les jours sur l’acropole, les émotions architecturales sont néanmoins quotidiennes et multiples ; on peut être ému par une chanson et par l’art de la fugue.»69 Ce mémoire a d’ailleurs été aussi l’occasion pour la future architecte que je suis, de découvrir le travail de Vincen Cornu, auquel j’ai été très sensible, de par justement cette sensibilité qu’il exprime dans son discours, à travailler autant l’architecture du quotidien que l’architecture monumentale et extraordinaire des grands projets. Ses convictions me semblent tout à fait à propos pour appuyer une réflexion si spécifique (qui peut pour certains paraître anecdotique) et pourtant si rattachée au quotidien. J’ai eu la chance d’échanger avec Vincen Cornu lors d’un court échange téléphonique et j’aurais aimé entendre plus et bénéficier d’encore de quelques minutes supplémentaires, pour évoquer avec lui l’importance qu’il donne au corps humain dans son architecture. La problématique à la base de ce travail m’a poussé à avoir un regard large sur un projet d’habitat, de sa coursive aux carreaux de faïence de la salle de bains, et montre en cela la complexité et la rigueur que demande un projet tel que celui ci, dans la réalité du métier d’architecte. L’architecture de la salle de bains s’adapte donc à un certain nombre de nouvelles considérations concernant l’hygiène et le rapport au corps. Comme on l’a vu au début de ce mémoire, cette adaptation s’exprime d’abord par une prise de conscience concernant l’ouverture de cette pièce à son contexte, afin de traiter plus largement la question de l’intimité. Ce constat construit alors une première conclusion : l’avenir de la salle de bains en tant que pièce “habitable“ repose en partie sur la capacité des concepteurs à la considérer autrement qu’une boîte fermée sans fenêtre ni rapport à l’ensemble du foyer. Puis, quand la question de l’appropriation de la pièce se pose, les recherches mettent en avant le fait que les désirs des habitants (retracés dans plusieurs ouvrages tel que Au Bain ! évoqué plus tôt) s’expriment aussi dans le besoin d’avoir une pièce plus neutre et plus apte aux potentiels transformations. Cela reste cependant un sujet délicat concernant la salle de bains considérée comme espace déterminé du logement de par ses équipements techniques notamment. Cependant une marge de “négociation“ peut être envisageable concernant justement ces équipements si l’on imagine une plus grande

106 - Conclusion


flexibilité d’offre de la part des commerciaux et une prise de conscience de l’importance du sujet par les maîtres d’ouvrage. L’exigence concernant la salubrité de la salle de bains contemporaine est présente et on le remarque suite aux observations sur le terrain d’étude. Vincen Cornu est (semble t’il) un des architectes plébiscité par Monique Eleb lorsqu’elle affirme que les architectes qui considèrent le confort de l’habitat comme primordial sont peu nombreux, mais qu’ils existent encore. (Propos catégorique qui reste à nuancer, mais la sociologue a tout de même un regard avisé sur le sujet, et un panel important de projets étudiés pour appuyer ce constat…) Un changement dans les mentalités se profile, et l’aboutissement de ces quelques mois de recherche fait en effet ressortir les plaintes des habitants concernant le confort de l’habitat collectif contemporain. Il s’avère que remettre le corps et l’individu au cœur des réflexions architecturales peut être une piste de satisfaction à ce sujet. A la manière du mouvement hygiéniste qui a bouleversé l’habitat il y a quelques décennies, à l’aube du XXIème siècle, l’architecture du logement contemporain (et futur) peut être reconsidéré à la lumière d’un retour du corps humain à la base des intentions de projet. Au delà des projets de logements, la question de l’intimité et de l’hygiène dans l’ensemble des projets qui font l’architecture d’aujourd’hui, peut être posée et devenir un objet de recherche bien plus large.

Conclusion - 107



Bibliographie


Bibliographie

BENDIMERAD (Sabri) ELEB (Monique) Vu de l’intérieur: habiter un immeuble en île de France, 1945-2010, Archibooks+Sautereau, 2010 CHATELET (Anne Marie),ELEB (Monique), MANDOUL (Thierry) Penser l’habité, le logement en questions, Pierre Mardaga editeur, 1988 CHATELET (Anne Marie),ELEB (Monique), Urbanité, sociabilité et intimité Des logements d’aujourd’hui , les Editions de l’Epure, Paris, 1997 CHATELET Anne-Marie, ELEB Monique, GARCIAS Jean-Claude, MANDOUL Thierry, PRELORENZO Claude, L’habitation en projets De la France à l’Europe, Europan France 1989, Pierre Mardaga editeur CORNU (Vincen), In the thick oh things Parmi les choses : regards sur l’architecture, Sylph Editions, 2009 ELEB (Monique) SIMON (Phillippe) Entre confort désir et normes: le logement contemporain, Rapport 2012, PUCA ELEB (Monique) Les évolutions des habitats et des modes de vie - L’évolution des pièces dites de service, in Habitat et société n°57, Mars 2010, p.44-49 ELEB (Monique) Prefacier Vers de nouveaux logements sociaux Cité de l’architecture et du patrimoine, Sylvana Editoriale, 2009 ELEB (Monique) Les 101 mots de l’habitat à l’usage de tous, Archibooks + Sautereau Editeur, Paris, 2015 FLAMAND (Jean-Paul) L’abécédaire de la maison, Editions de La Villette, Paris, 2004 GOUBERT (Jean-Pierre), Du luxe au confort , Editions Belin, Paris, 1988 HEBEL (Dirk) STOLLMANN (Jorg) Bathroom Unplugged: Architecture And Intimacy, Birkhauser Verlag AG, 2006 LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA

110 - Bibliographie


LEGER (Jean-Michel) Modes d’habiter: les ressources de la conception architecturale, in LENNE (Fréderic) dir., Habiter Imaginons l’évidence!, Biennale d’architecture et d’urbanisme de Caen, Caen, Éditions les Belles urbaines, 2013, p.44 MOLEY (Christian), L’architecture du logement, culture et logiques d’une norme héritée , La bibliothèque des formes, Anthropos, 1998 PAQUOT (Thierry) Habitat, habitation, habiter, précisions sur trois termes parents, Introduction in, Habiter le propre de l’humain, PAQUOT T., LUSSAULT M., YOUNES C. La Découverte «Armillaire», Paris, 2007, p.7 à p.16 PENNER (Barbara), Bathroom, objekt series , Reaktion books, Londres, 2013 SERAJI (Nasrine), Logement, matière de nos villes : chronique européenne, 19002007, Paris, Pavillon de l’Arsenal: Picard, 2007 TABASTE (Alexandre), Parcours : Vincen Cornu, D’Architecture n°134, Fevrier 2004 VIGARELLO (Georges), Le Propre et le sale : l’hygiène du corps depuis le MoyenAge, Paris, Edition du Seuil, 1985 Web ELEB (Monique) La mise au propre en architecture , Techniques & Culture, 5455 |2010, 588-609. (En ligne) ELEB (Monique) Retour sur “La Mise au propre en architecture“, Techniques & Culture [En ligne], 54-55 | 2010, mis en ligne le 30 juin 2013 FIJALKOW (Yankel), La “crise du logement“ n’est pas (seulement) celle qu’on croit , Métropolitiques, 17 juin 2013. URL : http://www.metropolitiques.eu/Lacrise-du-logement- n-est-pas.html Conférences CORNU (Vincen), Conférence Qu’est ce que l’Architecture?, Maison de l’architecture, 7 Octobre 2009

Bibliographie - 111


Iconographie

Fig. 1 Plan Logement Echelle 1:100 Production Personnelle Fig 2 Vue sur le balcon depuis le salon Production personnelle Fig 3 La pièce qui sert de salon et de chambre à coucher Au fond, la porte d’entrée de l’appartement Photo Personnelle Fig 4 Vasque et douche Photo Personnelle Fig 5 La fenêtre de la salle de bains ouvrant sur la coursive Photo Personnelle Fig. 6 Plan Logement Echelle 1:100 Production Personnelle Fig 7 Le salon salle à manger ouvrant sur le balcon au sud Photo Personnelle Fig 8 La salle de douche, pour les parents Photo Personnelle Fig 9 La salle de bains qui sert principalement aux enfants Photo Personnelle La cuisine ouverte sur le salon Photo Personnelle Fig. 10 Plan Logement Echelle 1:100 Production Personnelle Fig 11 La cuisine est ici aussi, ouverte sur les espaces communs Photo Personnelle La lumière du sud éclaire généreusement salon et salle à manger Photo Personnelle Fig 12 La pièce ouvre sur une surface palière qui dessert l’ensemble des pièces dediées à la famille Photo Personnelle Fig 13 La salle de bains et sa douche à l’italienne Photo Personnelle Fig. 14 Le Quartier de Bas Chantenay en bord de Loire Source : notice du projet de bas chantenay, ville de Nantes Fig. 15 Plan de masse du projet de Vincen Cornu. En noir le bâtiment étudié Source : plan du site internet redessiné Fig. 16 Largeur de la coursive et système porteur Photo personnelle Fig. 17 Vue sur la façade de distribution depuis la rue Photo personnelle

112 - Iconographie

Fig. 18 Coupe sur un duplex montant de l’opération de Montreuil Source ; www.vincencornu.net Fig. 19 La salle de bain sur façade, mais sans fenêtre Source : www.vincencornu.net Fig 20 Coupe sur fenêtre type des salles de bains de la résidence Ciel de Loire Production Personnelle Fig. 21 Hauteur d’allége et diffusion de la lumière Production personelle Fig. 22 Croquis d’usages faits suite à l’entretien avec Isabelle Ensemble des usages intégrès dans la hauteur d’allège Production Personnelle Fig. 23 Schémas de distribution Production personnelle Fig. 24 Plan Echelle 1:100 L’entrée de l’appartement d’Isabelle qui déssert le salon à la hauteur sous plafond plus importante Production personnelle Fig. 25 Plan Echelle 1:100 Le seuil entre espace privé et espaces communs marqué par une différence de hauteur sous plafond chez Laure. Production personnelle Fig. 26 Mur équipé et bande servante (propositions Pan 14) Source : CHATELET (Anne Marie),ELEB (Monique), MANDOUL (Thierry) Penser l’habité, le logement en questions, Pierre Mardaga editeur, 1988

Fig. 27 Angles de vue sur la salle de bain depuis le salon Production personnelle Fig. 28 Comment l’entrebaillement de la porte participe au respect de l’intimité Production personnelle Fig. 29 Les usages parfois idéalisés de la salle de bains Source : LAIZÉ (Gérard) WACHÉ (Olivier) AU BAIN! Design & architecture d’intérieur, Domovision 2012, VIA


Fig 30. L’éclatement des usages comme adaptation au quotidien dans les appartements voisins de Laure et Benoit Production personnelle Fig. 31 La chambre de Bains dessinée par M. Cellier Source : CHATELET Anne-Marie, ELEB Monique, GARCIAS Jean-Claude, MANDOUL Thierry, PRELORENZO Claude, L’habitation en projets De la France à l’Europe, Eropan France 1989, Pierre Mardaga editeur Fig 32 Proportion des surfaces de pièces d’eau en fonction de la surface globale du logement Production personnelle Fig. 33 La salle de bains communique avec l’extérieur via la buanderie attenante à la cuisine Production Personnelle depuis : Source : ELEB (Monique) SIMON (Phillippe) Entre confort désir et normes: le logement contemporain, Rapport 2012, PUCA

Fig. 40 Axonométrie comentée de la salle de bainsdes enfants chez Laure Production personnelle Fig. 41 Axonométrie comentée de la salle de douche de Laure Production personnelle Fig. 42 Axonométrie comentée de la salle de douche de Benoit Production Personnelle Fig. 43 Axonométrie comentée de la salle de douche d’Isabelle Production personnelle

Fig. 34 L’espace de dégagement entre la façade et le fond de la pièce peut faire office de buanderie Production Personnelle depuis : Source : ELEB (Monique) SIMON (Phillippe) Entre confort désir et normes: le logement contemporain, Rapport 2012, PUCA Fig. 35 Photo personnelle Fig. 36 Source : ELEB (Monique) SIMON (Phillippe) Entre confort désir et normes: le logement contemporain, Rapport 2012, PUCA Fig.37 Liste non exhaustive des gestes du quotidien dans une salle de bains Production personnelle Fig 38. Croquis faits sur place Production personnelle Fig. 39 Douche à l’italienne dans chacun des trois appartements analysés Photos personnelles

Iconographie - 113



Annexes


116 - Annexes


Annexes

Grille d’entretien Habitant

114

Retranscription Entretien n°1

116

Retranscription Entretien n°2

120

Retranscription Entretien n°3

129

Texte préparatoire d’entretien avec Vincen Cornu

134

Réponses de Vincen Cornu

136

Annexes - 117


Courrier préparatoire en vue des entretiens

Cher(e) Habitant(e), Madame, Monsieur, Je m’appelle Clara Chellé, étudiante en architecture à Clermont-Ferrand, j’écris actuellement mon mémoire de fin d’étude. C’est ce travail de recherche qui me pousse à entrer en contact avec vous aujourd’hui. En effet, mon travail porte sur l’architecture du nouveau logement collectif français et votre immeuble conçu par l’architecte Vincen Cornu, m’intéresse particulièrement. Suite à une première visite à Nantes et à un échange de mails avec Monsieur Benoit Royal votre représentant syndical, j’ai pu récolter à ce jour un certain nombre d’informations. Cependant il est indispensable pour la suite de mon travail d’en savoir plus sur la Résidence Ciel de Loire, et la manière dont vous, habitants, vivez ces logements. J’aimerais pour cela vous rencontrer chez vous, pour discuter ensemble quelques instants. Je comprends tout à fait la singularité de ma demande et je joins à cet envoi un courrier administratif de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture attestant de la sincérité de ma démarche. Accepteriez vous de me rencontrer chez vous pour un court entretien ? (Cela peut durer 15 minutes, ou plus selon votre disponibilité !) Je serais en Bretagne à partir du 17 juin, et disponible tout l’été pour vous rencontrer. Afin de convenir d’un rendez-vous je vous propose de me contacter par téléphone ou par mail :

Chellé Clara CONTACTS Vous pouvez aussi si vous le souhaitez, passer par ce site internet, pour me communiquer vos disponibilités, répondre à quelques questions préalables et en savoir plus sur ma démarche ! https://chelleclara.wixsite.com/memoireensacf En attente de vos nouvelles, je vous transmets mes sentiments les plus respectueux. Merci de votre attention. A bientôt je l’espère. Clara Chellé

118 - Annexes


Grille d’entretien habitants L’entretien étant à but exploratoire la Grille se présente comme une liste de sujets à aborder avec l’habitant. Visite Terrain Nantes Chemin Poisson Résidence Ciel de Loire

Objectif de l’entretien : Amener l’habitant à parler de sa salle de bain Enquêté : Habitant Chemin poisson Nantes / Logements de Vincen Cornu L’enquêté a reçu un premier courrier lui expliquant ma démarche, et il a été convenu d’un rendez vous pour l’entretien. Informations connues : typologie du logement, type de salle de bain, situation familiale.

Consigne de départ : Pouvez vous me parler de votre appartement ? Thèmes abordés : Parcours résidentiel Arrivée dans le logement, critères Usages de l’appartement : Avantages et inconvénients Rapport aux communs Promiscuité de la coursive - Salle de Bain : La salle de bain, pièce principale ? Contact avec les autres pièces / Proximité (intime et commun) Usages de la salle de bain Temporalité Partage de l’espace entre colocataires Besoin de plus d’espace ? Changements envisagés ou non Toilettes séparées Rapport a l’extérieur Comparaison avec expériences antérieures En fin d’entretien : Informations plus précises sur le logement

Annexes - 119


Entretien n°1 Laure E. (En gras, la parole de l’étudiant enquêteur) Entretien avec Laure E. qui habite un T5 au 4eme étage du bâtiment A1 de la résidence ciel de Loire avec son mari et ses deux enfants. Nous avions convenu d’un rendez vous à 10h30, je sonne au premier interphone depuis la rue, monte les quatre étages, traverse la coursive extérieure et arrive à la porte du logement. Laure m’ouvre, j’ôte mes chaussures. Sa fille joue dans un coin du salon, son fils plus jeune, dors dans sa chambre. Elle me propose de prendre place sur le canapé, m’offre un verre d’eau, et nous commençons l’entretien.

Est ce que simplement vous pouvez commencer par me raconter votre logement, comment vous êtes arrivés ici, comment… Ok. Donc on a acheté l’appartement il y a un peu plus de deux ans, ça fait un peu plus de deux ans qu’on habite ici. Euh…on l’a visité en fait quand c’était déjà construit.

D’accord Sinon il y a d’autres propriétaires qui ont acheté sur plan. Nous c’était déjà finalisé, on n’habitait pas très loin d’ici dans un autre quartier de Nantes, mais c’était plus petit donc on cherchait à s’agrandir voilà, parce qu’on a deux enfants, bientôt trois. Et ce qu’on a vraiment aimé dans cet appartement c’est la grande pièce de séjour, hyper lumineuse, et puis il y a quatre chambres, la surface, la disposition, le fait que l’on soit au dernier étage, l’accès à la coursive, c’est assez sympa.

Ça vous a plu ce principe ? On a l’impression d’avoir une petite maison en fait.

Oui, que ça soit un accès indépendant d’une cage d’escalier ou… Exactement, que ça ne soit pas sur un palier, que ça soit ouvert sur l’extérieur c’est sympa. Euh… Le quartier nous plaît beaucoup aussi. On trouve ça hyper fonctionnelle, il n’y a pas vraiment de perte d’espace. En plus, au début moi je n’étais pas vraiment pour du neuf dans notre projet d’achat, je préférais l’ancien pour le cachet que ça peut avoir. Et puis finalement c’est quand même hyper pratique, avec toutes les normes… (Sa fille nous interromps en chantant une petite comptine d’enfants. Rires.) Par exemple il n’y a pas de seuil de portes là, quand on sort sur la terrasse, c’est plein de choses hyper pratiques… Euh, voilà en gros ce qui nous a plu.

D’accord je vois. Pour revenir à la coursive vous dites que ça vous a plu, est ce que vous y croisez souvent vos voisins ? Ha non par contre c’est pas vraiment un lieu ou… En plus on n’a pas vraiment les même rythmes de vie parce qu’ils sont retraités, mais euh (hésitation) Je… Non, ce n’est pas vraiment un lieu où on se croise plus que ça.

Pas plus qu’une cage d’escalier par exemple finalement… Oui voilà.

Ça ne vous a pas dérangé en arrivant de voir que vous aviez certaines pièces qui donnent sur cette coursive ? Euh, non…

Le fait que les gens puissent passer devant chez vous ? Comme il n’y a qu’un seul appartement au bout après nous, finalement ça va. Ça ne nous dérange pas non. Donc voilà en gros… Puis on trouve que la construction est quand même bien faite, c’est quand même de la qualité globalement. Au niveaux des huisseries, les salles de bain justement aussi… les carrelages muraux, tout ça les faïences, c’était joli. Voilà encore ce qui nous a plu.

Oui, oui, oui… Et ça a été un critère pour vous de choisir, enfin… Je ne sais pas vraiment comment exprimer ça mais, est ce que la salle de bain pour vous ça fait partie des pièces principales du logement sur laquelle vous pourriez faire un compromis ou pas ?

120 - Annexes


Alors, nous pas trop, mais je pense qu’il y a des gens par exemple pour qui c’est important d’avoir une fenêtre dans les salles de bain. Je pense que ça peut être un critère. Nous ça ne l’était pas tellement, mais par exemple, dans de l’ancien je pense que la salle de bain n’étant pas neuve en générale, c’est une pièce qui peut être amenée à être refaite. C’est important d’avoir une pièce propre.

Une pièce qui soit saine en fait. Oui, oui oui voilà.

Pour vous c’est le premier critère plus qu’une fenêtre ? Oui complétement. Après, on a l’avantage d’avoir deux salles de bain en plus. Enfin, une salle de douche et une salle de bain, donc c’est très confortables. Sinon la salle de bain c’est… enfin si évidemment c’est important, mais la comme elles étaient bien ça n’a pas été un critère bloquant.

Oui je comprends ça ne vous a pas gêné plus que ça. Elles sont bien intégrées, ne prennent pas une place complétement démesurée ou quoi que ce soit donc…

D’accord. Et pour comparer simplement dans quel type d’appartement vous viviez avant, est ce que c’était mieux ? Alors, c’était un trois pièces, dans de l’ancien, au troisième étage sans ascenseur, pas de parking dans un endroit ou c’était très difficile de se garer. Donc avec la vie de famille c’est vrai que ça ne devenait pas très pratique de devoir monter les courses, monter les enfants tout ça …

Oui j’imagine ! Donc on avait deux chambres ça faisait 53 m2 voilà… euh, on avait un petit séjour, c’était pas du tout pareil. D’accord je comprends, et par rapport au confort de la salle de bain par exemple, là vous avez deux salles d’eau, vous avez vraiment vu la différence ? Oui, et surtout au niveau de… enfin… celle qu’on avait avant était, je ne sais pas elle avait dû être refaite dans les années 80, moi je l’avais un peu bricolé, mais c’était vraiment du bricolage donc voilà. Ici c’est vraiment appréciable. Oui, vous êtes arrivés il n’y avait rien à faire ? On a juste changé, je vous montrerais, les vasques. Parce que je ne sais pas si vous aviez vu comment sont les vasques d’origine ?

Non je n’ai pas encore eu accès à des plans plus précis… Elles étaient assez étroites et il n’y avait pas vraiment de possibilité d’intégrer un rangement en dessous, ce sont les normes PMR je pense. Donc nous on a racheté des trucs Ikea, avec des tiroirs.

Avec des rangements oui. Parce que justement des rangements ça manquait ? Oui, oui exactement. Mais bon je pense qu’ils ont équipé tout le monde pareil… Comme la cuisine, beaucoup d’autres propriétaires ont refait la cuisine. Ça a été livré avec un bloc évier avec deux portes en dessous, à la limite autant ne rien mettre. Tout le monde a viré ce meuble… Donc nous ça a été pareil pour la vasque, qui était peu profonde et pas très pratique.

D’accord oui. Et finalement comment vous vous êtes organisés avec les deux salles de bain ? Alors il y en a une qui est plus pour les enfants : celle qui est plus grande ou il y a la baignoire, on a aussi la table à langer puis la machine à laver ; et puis celle ou il y a la douche, c’est plus pour nous. Oui donc pas vraiment de bousculade le matin encore… Oui les enfants sont petits donc vraiment pas. Ça deviendra plus vrai en grandissant. Oui, quand ils seront plus indépendants et pourront se doucher seuls. Voilà quand ils auront les mêmes horaires le matin etc. Pour l’instant on est organisés comme ça. Ha oui, aussi quand on a des amis de passage qui restant dormir, la salle de douche elle devient plus la salle de bain des invités finalement. C’est hyper confortable, chacun a son espace.

Et vos toilettes sont séparées ou sont dans une des salles de bain ?

Annexes - 121


Oui elles sont séparées, dans l’entrée.

Et pareil vous y avez trouvé des avantages ? Oui à partir de quatre chambres c’est quand même pas mal pour ça. Et puis les deux salles de bain aussi je pense, parce que je vois dans les autres appartements ou il y a trois chambres, il n’y a qu’une salle de bain. Enfin… hésitation je ne suis pas sûre… je crois. Parce que je connais deux personnes dans le bâtiment A2, qui ont des T4 avec trois chambres mais je ne sais plus si ils ont une ou deux salles de bain. C’est vrai que c‘est un peu un luxe les deux salles de bain, même si s’il n’y en avait eu qu’une on aurait sans doute acheté l’appartement.

Ça n’aurait pas été gênant pour vous ? Non, deux c’est vraiment le luxe.

Comme un bonus finalement, ce n’était vraiment pas un critère. Non, absolument pas.

Donc vous ne ressentez pas le besoin d’avoir plus d’espace pour votre salle de bain j’imagine… Non non, je pourrais vous montrer elle est assez spacieuse la plus grande, il n’y a vraiment pas de problèmes.

Oui parfait si vous voulez bien qu’on fasse une petite visite après ça serait bien. Vous m’avez dit que vous aviez changé les vasques des salle de bain, est ce que vous envisagez d’autres changements ? Alors, non… Peut être plus tard, vraiment quand les enfants seront grands pourquoi pas. Comme c’est une baignoire, ajouter une paroi en verre pour que ça soit plus simple pour les douches.

La baignoire pour vous est plus contraignante qu’une douche ? C’est pratique pour l’instant oui, là avec des enfants en bas âge… Pour moi l’utilité c’est vraiment pour les enfants en bas âge.

Autrement si vous n’aviez été que vous ou quand vos enfants seront plus grands une baignoire ne sera pas forcément nécessaire. Ha pas du tout. Par exemple nos voisins d’à côté qui sont des retraités, ont cassé leur baignoire pour mettre une douche. Ils n’en n’ont pas du tout l’utilité… Pareil pour les voisins d’à côté, ils sont dans la même situation, et je comprends tout à fait. Je pense que les baignoires (enfin vous devez sans doute mieux savoir que moi mais… rires) pour moi c’est vraiment pour les enfants, et ça ne me choquerait pas d’avoir un appartement avec juste une douche.

Oui je comprends. (Silence, on entend la petite fille jouer derrière nous) En tout cas au quotidien c’est vraiment agréable à vivre. Les chambres sont assez petites, elles font 9 à 10 m2, mais finalement c’est bien comme ça. Oui on a donnée plus d’espace aux pièces communes finalement. C’est vrai que cette pièce est agréable oui. Elle fait un peu plus de 30 m2 je crois.

Pas d’inconvénients ? Non, sur l’ensemble de l’appartement non. Enfin pas pour le moment ! Rires

En deux ans c’est plutôt positif alors ! Oui des défauts il n’y en a pas vraiment ! Enfin si peut être le nombre de placards.

Les rangements manquent un peu ? Oui, parce qu’on avait quelques placards intégrés, un dans l’entrée et dans deux chambres sur quatre. Et c’est vrai qu’a force en s’agrandissant etc. On s’accumule et on a besoin de plus de place. On a construit un placard dans une des chambres. Et je pense qu’a terme on en rajoutera un dans la dernière chambre aussi. C’est quand même beaucoup demandé qu’il y ait des placards dans chaque chambre.

Oui, c’est vrai qu’automatiquement ça supprime pas mal de surface…

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Oui pour nous c’est un critère super important. Mais globalement ça va. On a une belle terrasse en plus.

Oui je l’ai bien remarqué, plein sud sur le salon… Oui alors plein sud justement il faut qu’on installe… enfin ce qu’il nous manque c’est un store banne parce que la sur la terrasse il fait vraiment trop chaud. La terrasse va jusqu’au bout, les chambres donnent dessus aussi. Ça cogne vraiment quand il y a du soleil. Alors on a définit une couleur avec le conseil syndical pour le store et petit a petit chacun installera comme il peut.

Vous vouliez à tout prix un espace extérieur ? Oui ! Il y a un espace vert entre les deux immeubles, mais qui n’est pas beaucoup utilisé. Il y a deux locataires au rez de chaussée qui ont chacun un chien alors le jardin n’est pas très propre. Il y a des “apéros des voisins“ de temps en temps pour se réunir tous, autrement il n’est pas vraiment utilisé. Donc la terrasse c’est parfait. Puis ça donne l’impression d’être dans une petite maison finalement ! C’est traversant donc on peut ouvrir et faire des courants d’air pour aérer …

Oui, à part dans vos salles de bain ! C’est vrai. Rires Enfin il y a la VMC évidemment mais la plupart du temps on laisse les portes ouvertes. L’idéal c’est d’avoir une fenêtre dans sa salle de bain mais là ça n’était pas le cas. C’est rare de trouver des logements neufs avec des salles de bain ouvertes sur l’extérieur malheureusement. Oui j’imagine que c’est un peu gâcher de la façade quoi ! Rires

C’est ça oui ! Mais malgré tout on demande plus de confort dans la salle de bain aujourd’hui. Oui les douches c’est vrai… Enfin là notre douche elle est vachement grande ! Avant les bacs de douches n’étaient pas aussi grands ! Et puis maintenant ce sont des douches à l’italienne, au même niveau que le sol… Je trouve qu’il y a eu du progrès ! C’est pas mal. Je peux vous montrer le reste de l’appartement si vous voulez ! Oui d’accord ! Laure m’emmène dans la deuxième partie de son appartement. L’ensemble des pièces est distribué par une surface palière : les quatre chambres, et les deux salle d’eau. Donc voilà ici les quatre chambres, la première petite salle de douche. Ici on a aussi rajouté des portes à la douche, il n’y en avait pas. Et puis la vasque aussi a été changée comme je vous ai déjà expliqué.

Dans la deuxième aussi ? Oui on a mis les même dans les deux. La deuxième est un peu plus meublée ! Rires (une table à langer ainsi que des étagères ou sont entreposés les affaires des enfants occupent la pièce) Je me demande par moment, enfin, je ne sais pas il faut que je réfléchisse mais je voudrais rajouter des étagères pour ranger les serviettes de bain. J’hésite parce qu’avec l’humidité qu’il peut y avoir c’est peut être pas super d’avoir des serviettes qui restant là. Mais ça pourrait faire gagner de la place dans les rangements. Voilà après vous voyez la faïence est bien, elle va bien jusqu’en haut… On a un copain qui a acheté dans un autre immeuble dans Nantes, un peu moins qualitatif, et dans la salle de bain par exemple la faïence n’allait pas jusqu’en haut. Là c’est bien pour l’humidité. Voilà vous avez fait le tour ! Rires Merci ! Nous retournons au salon pour terminer l’entretien. Alors je ne sais pas si vous aviez d’autres questions…

Ecoutez j’ai déjà assez d’informations, le but était de savoir comment vous viviez votre salle de bain, si elle vous posait problème… mais je n’ai pas l’impression ! Ha non non, ça serait avoir de grandes exigences autrement ! Je demande à Laure si elle accepte que je prenne quelques photos de l’appartement, et quelques mesures dans les salles d’eau. Je photographie l’endroit, la remercie de son accueil et de son aide. Elle me pose quelques questions plus précises sur mon travail de recherche, pourquoi cet immeuble etc. Je lui explique un peu mieux ma démarche, l’architecte etc. Puis j’éteins le dictaphone, la remercie encore une fois pour son accueil et quitte l’appartement.

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Entretien n°2 Isabelle L. Entretien avec Isabelle L. âgée de 60 ans, elle habite seule un T1 au deuxième étage avec balcon et cuisine séparée, bâtiment A1. Elle m’autorise à enregistrer notre conversation et me laisse entrer chez elle, tous les volets sont baissés à cause de la chaleur. Elle m’offre un verre d’eau fraîche, l’entretien commence. (En gras, la parole de l’étudiant enquêteur)

Merci, c’est gentil de me recevoir ! Et bien, c’est un peu normal, j’ai fait des études plusieurs fois je trouve que c’est important de pouvoir communiquer. Puis l’architecture c’est un domaine qui m’intéresse, mon père est architecte. D’accord ! Et vous votre activité principale c’est … ? Alors je suis rédactrice technique. C’est à dire que je rédige les textes qui permettent de savoir comment fonctionne une machine, un logiciel, une voiture etc. C’est de la conception rédaction. Et avant j’étais dans la communication d’entreprise, j’ai fait du design aussi, donc je connais un peu la démarche de conception… voilà. Je suis une conceptrice à la base ! Donc tout ce qui est conception m’intéresse, et j’ai été particulièrement sensible à votre démarche évidemment.

Je vois, merci ! Ça a été agréable d’avoir des réponses positives en tout cas, ça n’était pas gagné ! Oui il y a peut être des gens qui s’en fichent… Mais je suis sensible à tout ça donc si je peux vous apporter quelque chose.

Super, je vous remercie encore. Alors, pour commencer est ce que vous pouvez me raconter un peu comment vous vivez dans ce logement, pourquoi vous l’avez choisi etc. ? Je suis arrivée … alors, j’habitais dans une maison. Que j’avais dessinée ! Et qui était dans un environnement beaucoup plus agréable parce que c’était dans la banlieue de Nantes, j’étais en couple on s’est séparé donc je ne pouvais pas racheter la maison alors j’ai acheté un appartement sur plan, dans le centre de Nantes. Je voulais du neuf et en attendant je loue ici. D’accord l’appartement dont vous êtes propriétaire est en construction. Voilà, en attendant j’habite ici je suis locataire. Donc c’est du provisoire c’est du dépannage, mais en fin de compte c’est plus que ça parce que ça me permet aussi de savoir si je peux vivre en ville et si je peux vivre dans un appartement. Et la réponse est plutôt non. Et donc finalement, l’appartement que j’ai acheté je vais le revendre parce que je ne veux pas y habiter.

Oui vous ne vous êtes pas adaptée à ça. En plus c’est un endroit qui est plus central qu’ici, qui est plus pollué et je supporte de moins en moins la pollution. Il y en a de plus en plus et le fait d’habiter en ville me permet d’en prendre encore plus conscience. Et puis il y a aussi l’environnement des voisins quoi.

Ça ne vous convient pas finalement d’avoir des voisins trop proches ? Oui ça ne me convient pas parce que les voisins sont trop proches. On entend trop les voisins.

Vous les entendez beaucoup de votre appartement ? Oui ! C’est aussi pour ce genre de chose que j’avais envie de vous rencontrer… Il y en a partout, au dessus en dessous et sur les côtés. Et je trouve qua dans les programmes neufs l’isolation sonore est complétement négligée, il y a des bruits comme ça… Par exemple aujourd’hui on passe beaucoup de temps à recharger ses portables. Vous imaginez le bruit que ça fait quand on retire le chargeur, ça fait un petit bruit, et bien je l’entends chez les voisins ! Ou bien quand on fait descendre le volet roulant, il est fermé et puis il faut appuyer de nouveau sur le bouton, vous voyez ? C’est le genre de petites choses… Je connais les bruits chez moi mais je les reconnais aussi chez les voisins. Je suis très sensible au son d’une manière générale, je suis musicienne donc je les identifie très bien.

D’accord je comprends… Est ce que c’est normal qu’on entende autant de bruit ? Il y a des enfants, j’entends des enfants courir, ils

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galopent, or il n’y en a pas là, pas là, pas là, ni là. (Elle me montre du doigt chaque côté de son appartement, en haut et en bas) J’en suis sûre parce qu’au dessus c’est des une pièce, à côté aussi je connais mon voisin et ma voisine. Donc d’après une voisine c’est toute la dalle de l’étage qu’on entend et qui résonne.

Oui c’est peut être possible. C’est quand même curieux ; Alors moi j’ai pris ça parce que c’est neuf, non seulement pour pas entrer dans la « crasse » des autres parce qu’avant j’en ai visité des biens d’occasion et c’est pas toujours très propre, le fait que ça ait été loué reloué etc. Le fait que ça soit neuf vous a rassuré alors. Oui c’est très agréable. Mais j’ai été très surprise de constater que l’isolation phonique ne va pas alors que c’est récent.

Je comprends que ça soit étonnant en effet. Et je ne suis pas la seule à m’en plaindre. J’ai un ami conseiller fiscal dans l’immobilier, et il me raconte qu’il a beaucoup d’expérience de personnes qui se plaignent parce que c’est bruyant. Et elles sont étonnées parce que c’est neuf.

Oui c’est vrai qu’on se dit que c’est neuf donc… C’est des normes d’isolation phonique quoi ! On a fait beaucoup pour le thermique, on ne fait rien pour le phonique. Tout en luttant contre le bruit soit disant mais pas dans le bâtiment.

C’est plus de l’intérieur vers l’extérieur que de l’intérieur à l’intérieur. Oui, et peut être que le fait de renforcer l’isolation thermique … Ajoute du bruit. Parce que comme on est très isolés par rapport à l’extérieur on entend plus, mais bon c’est une hypothèse. Après au niveau du bruit j’ai d’autres choses à dire mais bon vous n’êtes peut être pas venue pour ça…

Dites moi toujours ! Rires C’est le problème des loggias. Il y a une seule dalle béton, un seul “plafond“ et entre les deux c’est juste des petits panneaux de bois. Donc quand je suis sur ma loggia et qu’il y a quelqu’un à côté j’ai vraiment l’impression qu’il est sur ma loggia ! Chez moi. Je ne vous parle pas d’aller sur la loggia, moi je n’y vais jamais.

Ha vous ne l’utilisez pas ? Ha non ! Si quelqu’un est sur sa loggia j’entends toutes les conversations.

Oui comme si vous étiez dans la même pièce, vous êtes dehors extrêmement proches en même temps. Exactement dans la même pièce !

Le voisinage vous dérange vraiment finalement. Oui le voisinage et puis… (elle hésite un instant) la conception ! La conception. On a l’impression que les architectes ne pensent pas à comment va être le petit bonhomme qui va être dans sa boite ; par rapport aux voisins par rapport à son environnement. On pense fonctionnalité, surface, isolation, circulation, aération, tout ça… Mais au quotidien l’habitant de quoi il a besoin ? Il a besoin de se reposer, à d’autres moments il a besoin au contraire d’être dynamisé mais l’environnement… Alors moi évidemment je suis le mauvais exemple parce que j’ai vécu 20 ans dans une maison, c’est très très dur de revenir dans un appartement.

Avec des voisins. Avec des voisins… Et puis on ne les maitrise pas les voisins. Alors si vous avez un voisin calme qui ne fait pas de bruit ça va ! C’était le cas avant. Là j’ai quelqu’un qui ne me préviens pas quand il reçoit du monde et qui non seulement fait énormément de bruit et qui m’a empêché de dormir une nuit entière. Et de l’autre côté j’ai une personne qui passe son temps au téléphone sur sa loggia, et tout le monde l’entend ! Mais à l’autre bout aussi… Alors je suppose qu’on fait des loggias parce que c’est plus facile de vendre les appartements…

Oui c’est toujours un pont positif d’avoir un espace extérieur. Mais ça peut être aussi très négatif sur ses effets. C’est compliqué de satisfaire tout le monde. Souvent je me dis, mais si seulement les gens pouvaient rentrer chez eux ! Ils sont dans la rue au téléphone ils parlent fort, mais il ne se rendent pas compte de tout l’environnement

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qui les entoure.

Oui… Donc les loggias. Et les coursives c’est un problème aussi ? Comment vous le vivez de ce côté là ? Alors la coursive… Alors c’est peut être intéressant de m’interviewer moi parce que j’étais venue visiter un appartement ici avant d’acheter l’autre. J’étais venue en face (dans le bâtiment A2 de la résidence) et j’avais envisagé de prendre un deux pièces. Bon finalement c’était trop cher pour mon budget, j’étais au début de mes recherches. J’avais été séduite parce que de là bas on a une vue très dégagée on voit très loin, ça me plaisait beaucoup c’était très lumineux, c’était neuf. Et ce qui m’a arrêté c’est justement la coursive. Alors l’idée d’une coursive j’aime beaucoup. Mais quand ça ne me concerne pas ! C’est dans l’idée, c’est une théorie vous voyez, c’est chouette on est tout de suite dehors…

Et là bas il y avait des pièces principales qui donnaient sur la coursive ? Non il y avait… le séjour et la chambre donnaient de l’autre côté (hésitation) C’était un trois pièces ? Je ne sais plus. En tout cas sur la coursive il y avait une petite chambre et la cuisine, et la porte d’entrée évidemment. Alors c‘est un peu comme si les gens étaient constamment sur votre balcon. Ça a un côté un peu désagréable mais on peut s’y faire. Par contre j’avais imaginé… Enfin c’est ce qui se passe ici : la gamine qui fait du roller, qui joue au ballon… ça c’est insupportable ! Donc la coursive c’est bien mais on ne voit pas tout ce qu’on peut mal en faire quoi. Par exemple il n’y a pas longtemps au bout de la coursive il y avait un bouteille de bière vide qui trainait avec plein de mégots dedans. Donc les gens sont venus là fumer et puis voilà ! Pour eux il n’y a pas de problème.

C’est un espace commun malgré tout oui… Oui puis les loggias sont devenues aussi un espace commun finalement. On peut faire un jardin en bas et là c’est comme si le jardin avait été rapproché des appartements, et les inconvénients aussi se sont rapprochés de tout le monde.

Parce que le jardin commun n’est pas très utilisé non plus, c’est ce que me disait votre voisine que j’ai rencontré plus tôt. Oui personne n’y va, les gens du rez-de-chaussée en profitent sans doute, ils en profitent aussi pour laisser faire leurs crottes aux chiens ! Moi ça ne me gène pas parce que je n’y vais pas, mais certains s’en plaignent parce qu’ils ont des enfants… Une ou deux fois par an il y a un petit apéritif organisé. Je ne suis pas propriétaire donc je ne vais pas aux assemblées générales… ce qui n’est pas normal ! Je trouve que ce n’est pas normal. C’est moi qui habite ici. Ce sont les résidents qui doivent venir, par les propriétaires. J’ai demandé au syndicat on m’a dit non. C’est à moi de dire à mon propriétaire, que lui dise ensuite… c’est ridicule ! Puis la propriétaire je ne l’ai jamais rencontrée. Je passe par une agence, qui se moque de moi d’ailleurs parce qu’ils n’ont toujours pas installé le détecteur de fumée. Donc le locataire n’a pas droit à la parole.

Selon vous l’habitant n’a pas le droit de parler ? Voilà on n’écoute pas l’habitant. Je pense qu’il y a une majorité de locataires et d’ailleurs ça tourne beaucoup.

Oui d’accord. (Silence, nous prenons toutes les deux le temps de boire un peu d’eau)

Donc votre salle de bain est la seule pièce qui donne sur la coursive ici ? Et la cuisine. On peut visiter si vous voulez.

Avec plaisir oui ! Ce n’est pas grand, le tour sera vite fait. Nous nous dirigeons dans la cuisine, une petite pièce avec une kitchenette installée dans un coin. Un film translucide a été collé sur la fenêtre.

C’est vous qui avez installé ce “filtre“ j’imagine ? Oui oui.

Parce que dans la cuisine ça vous dérangeait qu’on vous voit ? Non pas quand je suis entrain de faire ma vaisselle mais quand je suis ici à ma table je préfère. J’ai masqué juste

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l’endroit ou ça avait besoin d’être masqué.

Pas plus. Pas plus, je n’aime pas que ça fasse obstacle non plus. Après ça je peut vous le dire aussi, je ne sais pas si ça vous intéresse mais… ça (elle me montre le coin kitchenette de la pièce) c’est une aberration ! C’est une aberration d’avoir une cuisine comme ça. Parce que l’évier est contre le mur, la personne qui fait sa vaisselle elle ouvre les bras ! Je tape tout de suite dans le mur, d’ailleurs je n’arrête pas d’appuyer sur l’interrupteur. Les rangements sont trop hauts… bon il y a aussi des cuisines ou je me cogne la tête alors ! (rires)

Au choix, soit l’un soit l’autre ! Oui ! Nous sortons de la cuisine pour aller visiter la salle de bain. Isabelle ouvre la porte.

C’est une grande pièce ! Oui très grande puisque PMR aussi. Tout le monde me dit “Ha, c’est énorme !“ Alors moi ça ne me gêne pas du tout, plus c’est grand plus ça me plait.

Vous appréciez que la salle de bains soit aussi grande ? Oui, ce qui m’a beaucoup plu aussi c’est que la douche est grande. Par contre le fait qu’il n’y ait pas de paroi ça m’a choqué au début. Mais finalement j’ai trouvé un rideau tous simple chez ikea il est a la bonne hauteur et je trouve ça bien plus simple de mettre le rideau a la machine à laver tous les 5 mois que de racler les parois tous les jours. Par contre, ça c’est nul (elle me montre la sortie d’eau de la douche) alors est ce que c’est parce que c’est un truc plat, sans doute. J’ai toujours eu des douches ou des baignoires ou on pouvait mettre une petite grille pour filtrer. Là on est obligés de tout démonter à chaque fois et puis si je le fais pas ça se bouchera alors… C’est dommage. Je préférerais avoir une petite marche à passer pour entrer dans la douche (quitte à y mettre une barre d’aide) pour avoir quelque chose de surélevé et une grille beaucoup plus facile à nettoyer. J’en profite pour vous dire les choses. Ça c’est pratique (un grand miroir recouvre le mur devant le lavabo ndlr) comme ça on ne met pas de carrelage, sauf que c’est sale tous les jours.

Oui je vois, c’est vrai que ce n’est peut être pas le plus pratique. Et cette vasque c’est la vasque d’origine ? Oui.

Votre voisine m’a expliqué qu’elle l’a changé parce qu’il n’y avait pas de rangement, c’était un peu petit… C’est un peu petit oui. Je n’aime pas trop les rangements en dessous parce que s’ils viennent trop devant le lavabo je butte, j’ai des problèmes de dos alors si je suis obligée de me pencher… j’aime autant que ça soit comme ça. Et ce que j’apprécie énormément, c’est de pouvoir ouvrir !

Ha la fenêtre oui ! Je peux me permettre d’ouvrir ? Allez-y oui rapidement, il fait chaud ! Je n’achèterais jamais une maison sans fenêtre à la salle de bain.

Pour vous c’est vraiment indispensable alors. Ha oui c’est indispensable. Parce que l’aération n’est jamais assez suffisante. J’ai trop vu de salle de bain moisies… Autrement la je suis au nord mais comme les surfaces sont blanches c’est plutôt lumineux.

Oui, je ne m’attendais pas à une telle lumière en entrant dans cette pièce. Et encore les volets sont un peu baissés. J’aime beaucoup ma salle de bain, enfin salle d’eau plutôt. Il y a un peu de perte de place peut être… Ou de rangements. Je me disais avant que vous n’arriviez si finalement les salles d’eau (en plus maintenant avec les normes PMR) il ne faudrait pas les envisager et les dessiner comme des cuisines. Avec des éléments interchangeables, des plans de travail ou des placards. Ça manque d’étagères intégrées.

De rangements oui d’accord. Dans la mesure ou la pièce est grande oui. Ici je pense qu’une personne en fauteuil roulant même avec mes

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meubles peut tout à fait manœuvrer.

Peut être oui… Autrement l’ouverture sur la coursive, le fait que les gens passent devant votre salle de bain ça ne vous gêne pas ? Pas du tout ! Non, dans la mesure ou le vitrage est dépoli non. Ça peut gêner dans la cuisine oui. Alors ça peut gêner, c’est une question intéressante justement. L’appartement que j’avais visité en face, la cuisine donnait sur la coursive et ça me gênait plus parce que la cuisine était la même pièce que le séjour. Alors que j’aime l’espace et j’aime la lumière, ça me gênait. Il y a trop de circulations. Il y avait la loggia d’un côté, la coursive de l’autre, et finalement trop de vide entre les deux. Je me suis dit les gens sur la coursive c’est comme s’ils étaient sur mon balcon. Après les gens généralement ne s’arrêtent pas et ne regardent pas.

Oui c’est sans doute un peu intrusif. C’est un des inconvénients de la coursive… Est ce que vous auriez aimé que les toilettes soient séparées ? Honnêtement non ça ne me gêne pas. J’ai beaucoup connu ça et je trouve que c’est vraiment un gain de place, surtout dans la mesure où c’est aéré et qu’il y a une fenêtre. Oui c’est mieux d’avoir les toilettes dans une salle de bain avec fenêtre que les toilettes seules sans fenêtre. Oui parce que d’avoir les toilettes séparées c’est vraiment une perte de place. Alors dans l’appartement que j’ai acheté les toilettes sont dans la pièce mais on voit que c’est séparable. Ça va aussi quand on est une ou deux personnes à habiter, ensuite c’est plus possible.

Est ce que vous passez beaucoup de temps dans votre salle de bain ? Est ce que le fait qu’elle soit aussi grande influe sur le temps que vous y passez ? Pas facile à dire… Ce n’est pas impossible que j’y passe plus de temps oui. En plus c’est une pièce agréable et j’ai toujours l’impression qu’il fait plus frais.

Oui c’est vrai que c’est au nord en plus. Mais la cuisine aussi est au nord, mais il y fait chaud à cause du frigo. Je ferme les portes la nuit pour ne pas entendre la rue. J’avais peur de ne pas me faire aux bruits de la rue. Et le matin je sans bien qu’il fait frais dans la salle de bain. Oui j’aime cette salle de bain parce qu’elle est lumineuse, parce qu’elle est aérée et parce qu’elle est grande. Finalement le seul regret ce sont les rangements. Oui avec des rangements elle aurait été très bien. Par contre il faut des rangements qui soient utiles. Parce qu’ici les placards que j’avais j’ai du tout faire dedans. Un rangement dans la salle d’eau je ne sais pas de quel ordre il pourrait être. Il y a des choses à inventer là !

Oui c’est vrai, les salles de bain on les livre vides avec les équipements aujourd’hui. La salle de bain est un peu le parent pauvre des appartements…

C’est en partie ce qui en fait un sujet d’étude intéressant. Alors j’ai aussi travaillé pour un promoteur immobilier pendant 10 ans. J’avais participé à un projet de construction collective sur une parcelle qu’un promoteur a investit mais qu’on a obligé à travaillé avec un groupe d’habitants. Ça s’appelait atelier de co-conception urbaine avec les élus. Donc on a fait des recherches sur le quartier et puis on a fait une sorte de cahier des charges.

Vous aviez parlé d’intérieur des logements ? Alors un peu moins parce qu’il y a beaucoup de critères. Mais l’orientation oui, le fait d’avoir des appartements traversant notamment. Ici j’apprécie énormément que ça soit traversant. Être dans une boite avec seulement un côté avec une ouverture pour moi c’est l’horreur. On dépend d’une seule aération et si elle est au sud c’est terrible on ne peut pas faire de courants d’air. Donc finalement ce qui m’a plu ici c’est que c’était neuf, traversant et finalement le bruit de la rue ne me dérange pas.

Et le quartier et l’environnement vous plaisent ou … ?

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Non. Parfois je vais me promener dans le quartier et je me dis c‘est quand même un quartier un peu pourri.

C’est trop résidentiel ? Non. Je n’aurais pas envie d’être plus en ville que ça. Plus on est en ville plus on a de nuisances. En ville tout est plus prés. Tout ce qui est gênant est plus gênant. Ici je suis un peu en dehors, je suis rapidement à l’extérieur. Sinon c’est un quartier populaire, ce n’est pas le populaire qui me gêne en soi. C’est un ancien quartier ouvrier et donc c’est un quartier pauvre. Petit à petit ça se rénove, l’habitat est amélioré mais il y a encore beaucoup de poches pauvres, moches et pas rénovées. Alors j’aimerais bien partir mais je na sais pas ou. Je sais ce que je veux mais c‘est dur à trouver. J’ai une amie qui a trouvé pile ce que je voudrais, une petite maison qu’elle a retapé. C’est une qualité de vie meilleure qu’ici mais il faut pouvoir se déplacer en voiture ou prendre les transports.

Vous avez une voiture vous ici ? Oui oui j’ai ma voiture. Il y a un parking au sous sol. Je n’aurais jamais pris quelque chose sans parking.

Il y a une place de parking par appartement ici vous pensez ? Je ne sais pas. Une et demie peut être. Mais à l’extérieur il n’y en a pas du tout. La rue c’est toujours plein, sur le côté c’est interdit ils s’y mettent… c’est jamais pénalisé alors les gens en profitent. Bref. Après pour ce qui est de l’aménagement de cet appartement, ça fait un peu couloir.

Vous trouvez ? Oui, et ça se fait de plus en plus. Je vois bien ils ont voulu faire du traversant donc il est étroit. C’est moche, moi ça ne me plait pas du tout comme aménagement ! Je suis obligé de mettre tout ça en ligne et puis ça en ligne aussi, c’est laid. Là c’est le côté promoteur qui met les gens en boite. Là j’ai envie de dire que c’est pas un architecte qui a fait ça. L’architecture c’est pas juste mettre des gens dans des boites. C’est penser scénarios de vie, pas que circulation mais comment on s’installe, comment on met les meubles, comment… Et là ce n’est pas très sympathique.

C’est trop long et trop étroit ? Il y a trois mètres… hésitation, elle se lève et mesure la largeur de la pièce à l’aide de ses jambes. Oui 3,20 mètres. Et puis c’est la seule pièce. Je m’y fais, je ne suis que locataire mais…

Oui parce que vous savez que c’est temporaire ? Oui puis c’est compensé par toutes les autres choses. Mais vraiment je ne profite pas de ça (la loggia ndlr) parce qu’il y a trop de vis à vis et c’est trop bruyant. Et puis on voit tout aussi.

Oui je comprends. Et bien, j’ai déjà pas mal de choses, c’est bien d’avoir pu discuter avec vous parce que je n’ai pas eu du tout le même retour chez votre voisine. Qu’est ce que vous avez eu comme retour ? Rapidement, c’était au quatrième, une famille avec des enfants, un T5 et elle était satisfaite sur beaucoup de choses. La grande terrasse, les deux salles de bains, puis c’est lumineux… Et puis au

quatrième étage elle n’a pas toutes les nuisances des voisins apparemment. Oui, moi au dessus je sais à quelle heure elle part, à quelle heure elle revient, elle a un chien, elle fait de la gym deux fois par semaine je l’entends je sais tout ce qu’elle fait ! J’en viens à regretter les moquettes, alors que c’est une horreur. Mais à mon travail c’est pareil, les gens au dessus ont arraché la moquette et ont mis du parquet flottant c’est infernal ! Alors vous me dites que cette voisine est satisfaite, mais je pense aussi que de manière générale les grands appartements on les soigne, et les petits on les néglige. Le locataire c’est le dernier à qui on pense. Quand j’ai cherché un appartement j’ai vraiment eu cette impression là. J’ai même eu du mal à louer parce que j’ai eu une période de chômage et j’avais retrouvé du travail mais ça n’était pas un CDI. J’avais l’argent de la vente de ma maison, donc un assez gros paquet, et je me suis retrouvée

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vraiment embêtée. Pour moi on sacrifie les petits locataires. Enfin bon, voilà… Il y a autre chose qui m’a frappé quand je suis arrivée ici les premiers jours. C’est que, quand je sors de chez moi pour aller prendre ma voiture, j’ai dix portes.

Vous descendez au parking par la cage d’escalier ? C’est à dire que je sors de chez moi ça fait une première porte, la coursive deux, pour descendre dans l’escalier trois pour ressortir quatre, après je dois passer dans le sas des boites à lettres cinq, prendre les escaliers six, sortir de la cage d’escalier sept, entrer dans le garage huit, et une deuxième porte puisqu’il y a un sas neuf. C’est énorme ! Oui c’est vrai qu’on ne remarque pas forcément, c’est habituel comme geste. Alors je m’y suis faite c’est pas bien grave. Mais pourquoi est ce qu’il y a autant de sas, et est ce vraiment nécessaire ?

C’est principalement je pense des questions de réglementations, de règlementations incendie notamment. IL faut des portes coupe feu et les escaliers doivent être cloisonnés. Oui par contre je me sens très en sécurité, mais c’est aussi dû au fait qu’il y ait un interphone.

Oui je comprends. Voilà. En tout cas j’espère que je vous aurais apporté assez d’informations.

Oui merci ! J’ai pas mal de choses à retenir déjà. Est ce qu’avant que je parte vous m’autorisez à prendre quelques photos ? Oui bien sûr allez y ça ne me dérange pas. Je prends quelques photos de chacune des pièces et quitte l’appartement en remerciant encore une fois Isabelle pour son accueil. Je reprends la cage d’escalier pour aller rencontrer Monsieur R. pour mon dernier entretien.

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Entretien n°3 Benoit R. Entretien avec Benoît R. représentant syndical de la copropriété avec qui j’ai eu un échange de mail durant mes premières recherches. Benoît vit avec sa femme au quatrième étage dans un T5. Je l’ai croisé plus tôt au seuil de sa porte et nous avions convenu de nous retrouver après mon entretien avec Isabelle L. (En gras, la parole de l’étudiant enquêteur)

Merci d’accepter de me recevoir. C’est normal, après les quelques mails que l’on avait partagés, tout me semblait honnête et studieux !

Oui, j’ai essayé d’être la plus claire possible ! Alors, pour commencer est ce que vous pouvez m’expliquer comment vous êtes arrivés dans cet appartement ? Lui Donc nous avons acheté sur plan au moment ou tout ça a été mis en vente. Livré fin 2014 et on a du acheté 18 mois avant ou deux mois avant pratiquement. D’accord. Donc ça a été plutôt rapide puisqu’en deux ans vous étiez installés. Elle Oui surtout que je ne sais pas si on vous l’a dit mais les fondations sont en roche, une pierre de Bretagne. C’est construit sur du lourd !

Ha oui ? Non je ne savais pas… Donc vous avezv acheté sur plan, et ensuite ? Lui Oui sur plan et puis ensuite on a fait quelques aménagements. En fait on a d’abord voulu acheter un autre appartement qui est sur la coursive mais au bout. Et e qui nous a fait changé d’avis c’est que la coursive du dernier étage n’était pas couverte.

Parce que le fait que ça n’était pas couvert c’était… Lui Ha c’était une contrainte. L’avantage d’acheter un appartement c’est de pouvoir entrer chez soi à l’abris. Donc là à mon avis c’est un choix de l’architecte qui est quand même assez discutable puisqu’elles sont toutes couvertes sauf la dernière. Donc on a vite dit que ça ne nous intéressait pas, si c’est pour entrer, et ressortir sous la pluie… Elle C’est plein Nord en plus ! Lui Oui plein Nord en hiver… Si c’est pour avoir les contraintes d’une maison sans en avoir les avantages… On a réussi à changer avec cet appartement qui c’était libéré entre temps.

Oui et finalement le fait que vous entriez par ce palier commun ça n’est pas gênant. Elle Le concept de la coursive c’est sympa. Parce que ça fait des appartements traversant, tout au bout ils ont leur petit espace… Mais ça n’est pas pratique, sauf si elle est couverte, et encore. Enfin je trouve que ça n’est pas fonctionnel pour des familles avec enfant, ou pour des personnes âgées. On arrive là avec nos sacs, ouvrir la porte etc.

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Le concept est sympa mais je ne trouve pas ça pratique, et c’est bien un homme qui a fait ça ! Rires Lui Disons que c’est un peu le reproche que je fait à la construction qui nous plait globalement très bien. C’est qu’il y a une espèce de contradiction : on fait des immeubles qui sont, entre guillemets, accessibles aux handicapés pour avoir le “label“ handicapé, alors on fait des grandes entrées et des grands espaces pour que le fauteuil puisse tourner, et à côté de ça on passe à côté d’éléments pratiques comme celui ci (mais il y en a d’autres) et qui devraient être pris en compte. Elle Les portes sont excessivement lourdes, très lourdes en bas. Un handicapé je ne sais pas comment il fait ! Lui Voilà on se dit, je ne sais pas cet architecte qui est quand même reconnu, je ne comprends pas qu’il soit passé à côté de ce genre de choses, du côté pratique. Elle Mais je pense qu’il a voulu faire, vous avez sans doute vu ce qu’il a fait à Paris, c’est très esthétique, des aplats de couleurs… Lui Et encore là il nous a fait des aplats de béton, ça n’est pas si esthétique que ça ! Elle Non ça n’est pas esthétique. Il a fait voilà moi je suis architecte je fais des machins… Je vous parle en tant qu’occupant bien sûr. Et là de ce côté on est en plein sud, et je vois l’immeuble d’en face (côté nord) qui est très beau et bien ils ont fait des coupes soleils… Lui Oui là il n’y a aucune avancée, aucune ! Il n’y a même pas 50 centimètres d’avancée !

Oui je comprends. Ici vous allez mettre en place des stores c’est ça ? C’est ce que me disait votre voisine. Lui On va être obligés oui, on va mettre une banne. Après voilà on se dit que ce sont des choses qui existent depuis des années, et sur un immeuble qui est quand même de bonne qualité, sur un architecte connu, il passe à côté de choses simples. Elle Le problème voilà, ça c’est les architectes, ça c’est bien. Mais je trouve qu’ils ne voient pas le côté des gens qui vivent dedans. Donc il faut y penser ! Alors ça s’est vendu mais ils ont eu beaucoup de mal à les vendre ces appartements ! Même si ce sont de grands appartements moins faciles à vendre, les autres se sont vendus beaucoup plus facilement. Un dernier étage c’est compliqué à trouver en plus à Nantes, avec une terrasse exposée sud, c’est demandé ! Ici le fait qu’il y ait cette coursive, je pense que ça a freiné, ça nous a freiné en tout cas.

Oui c’est vrai vous en êtes la preuve. Et donc cet appartement c’est un… ? Combien de chambres il y a ? Lui T4 ! On peut faire une petite visite vite fait ! Donc ici c’est la pièce principale. Alors l’inconvénient c’est qu’elle est un peu petite pour faire salon et salle à manger. C’est pour ça qu’on a fait ouvrir la cuisine. Au début elle était fermée c’était juste un

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petit coin et la salle à manger était localisée là dedans. Coin repas et cuisine en fait. Donc ça nous a permis de retrouver un espace agréable. Ensuite là il y a le reste des pièces, avec une desserte plutôt intelligente. Elle Alors juste une chose que j’aurais voulu signaler pour le côté pratique. Ce que je reproche un petit peu c’est que, alors dans les années 60 – 70 on faisait des immeubles qui étaient peut être moins beau. Mais nous avons une mie qui habite dans un immeuble de cette période, et c’est très fonctionnel. Ils réfléchissaient un petit peu. L’espace nuit était séparé de l’espace jour. Et ça maintenant, même si on gagne de la place c’est vrai, il n’y a plus cette séparation et ça, ça manque.

Il manque une porte par exemple ici vous aimeriez pouvoir fermer la pièce principale. Elle Oui quand il y a des gens qui viennent ou vous regardez la télé voilà, si quelqu’un veut s’isoler. Lui On ne peut pas installer la porte en plus puisqu’ici on a les compteurs. Elle Voilà, encore une fois le côté pratique. Lui Alors salle de bain ! Puisque c’est votre sujet de prédilection. Voilà ce qu’il s’est passé dans cette salle de bain : on avait ici une baignoire et on a préféré la transformer en douche. Il y avait un petit espace perdu au fond. Donc la fenêtre ça c’est quand même sympa.

C’est indispensable pour vous ? Enfin, s’il n’y avait pas eu de fenêtre… Lui On aurait pris quand même mais c’est vrai que le fait qu’il y ait une fenêtre c’est quand même autre chose. C’est mieux qu’une salle de bain aveugle c’est clair. Ensuite on a fait virer le lavabo qui était en coin.

Parce qu’il n’y en avait qu’un ? Lui Oui il n’y en avait qu’un. Ensuite on a fait notre mise en place, on a fait un peu de tapisserie, on a aussi rajouté cette porte à la douche mais ça a été un peu compliqué parce que ça n’existait pas. Mais du coup ça nous fait une salle de bain très agréable, on aime bien !

Oui, c’est une pièce qui vous plaît globalement vous êtes satisfait ? Lui Oui, elle est suffisamment grande pour deux. Bon après c’est Ikea vous connaissez… c’est du pratique, fonctionnel, de bonne qualité. Donc côté salle de bain c’est la première chose qu’on a faite puisqu’on était branchés dans l’attente d’une salle de bain. On a déménagé 14 ou 15 fois dans notre vie donc on en a vu des appartements, et on en a vécu ! Autant de salles de bains, et on voulait dans cet appartement se faire quelque chose d’un peu plaisant. Elle Et lumineux ! C’est vrai que la lumière c’est très important. Lui Donc on va dire que pour cet appartement, la salle de bain il n’y a pas eu de problèmes c’était une bonne plus value. Elle Oui puis entre le choix de douche ou baignoire c’est vrai qu’on a pris la douche c’est quand même

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plus pratique. D’avoir les deux c’est mieux c’est sûr, mais c’était pas possible ici. Lui Ce qui n’était pas prévu non plus c’est le carrelage. Il y avait juste une partie plus basse, donc il a fallu rajouter du carrelage jusqu’en haut. Elle Alors ça n’est pas tout à fait pareil mais ça fait presque comme une douche à l’italienne.

Oui ! Vous avez par contre rajouté pas mal de rangements. Lui Ha oui il n’y avait rien. Juste le lavabo. Elle Oui puis ils nous on expliqué qu’ils ne mettaient rien à cause des fauteuils handicapés.

Oui, c’est ça. J’ai vu le lavabo de base dans le T1 que j’ai visité en effet. Lui Qui était de bonne qualité d’ailleurs ! Ça aussi c’est le problème des règlementations handicapées en France, c’est qu’elles sont très élevées et on doit faire tous les appartements handicapés pour avoir le label. Alors que la réglementation pourrait être allégée avec un quota par exemple. Elle Moi je suis handicapée je ne prends pas un dernier étage. Lui Tout le monde est conscient de ses normes excessives, tout le monde dit qu’il faudrait les revoir, mais rien ne se passe.

Oui… Je vois. Elle Les autres pièces aussi vous intéressent ?

On va finir le tour de l’appartement oui pour avoir une vue plus globale. Lui Donc ensuite vous avez trois chambres. Elle Oui, elles donnent sur le côté.

Ha oui, donc vous avez trois orientations donc. Lui Oui on est en pignon ! Ici c’est une autre chambre qui a été aménagée en bureau. Vous pouvez regarder parce que nous on a la chance d’avoir deux grandes terrasses.

Vous avez aussi une terrasse de ce côté là ? D’accord. Oui c’est vrai qu’on l’aperçoit depuis la coursive. Lui On donc la on est nord, nord-est. Ce qui est plutôt agréable l’été, quand il fait trop chaud de l’autre côté on vient ici. Elle Elle est plus grande que notre salon ! Rires Rires, Oui c’est vrai qu’elle est très grande !

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Elle Parce qu’il y a un appartement en dessous. Lui Donc… On va continuer vite la petite visite ! Ici c’est une autre petite chambre, qui donne sur la terrasse. Avec des placards ici, des placards ici.

Ils étaient déjà là ? Lui Oui ils étaient d’origine. Pas aménagés mais ils étaient d’origine.

Oui c’est vrai que c’est ce que me disais votre voisine ou elle a dû mettre toutes les étagères à l’intérieur. Lui Oui après c’set plutôt normal, chacun aménage ses placards comme il le souhaite. Ça ne m’a pas choqué que les placards ne soient pas aménagés. Les toilettes sont justes à l’entrée en face.

Elles sont séparées d’accord. Lui Toilettes handicapées mais nous on a réservé une partie pour faire un placard. Et puis on a mis la machine à laver. Elle Vous pouvez aller voir si vous voulez !

Je vais aller jeter un œil oui. Lui Vous voyez là il y avait de l’espace perdu comme c’est des toilettes handicapées. Donc quand on a eu les plans on a demandé à faire mettre une arrivée d’eau et une évacuation. Ils nous ont dit “on ne peux pas vous enlever celle de la salle de bain pour respecter les normes“. Mais voilà.

D’accord très bien ! Alors je vous avais déjà posé la question par mail, mais est ce que vous avez des plans de la résidence, des étages ? Lui Alors oui. Je vais vous donner une copie électronique du règlement de copropriété dans lequel vous avez tous les plans !

D’accord oui parfait. Ça m’intéresse oui. Lui Vous avez une clé USB éventuellement ? Où je vous l’envoie par mail.

Par mail oui, mais je dois avoir une lé USB sur moi tout de suite ! Benoît quitte la pièce pour enregistrer les documents sur la clé. Je reste dans le salon avec sa femme pour discuter. Lui Voilà ! C’est ce document que je vais vous laisser (il a apporté la version papier du règlement) Donc vous avez les plans de chaque étage des trois bâtiments de la copropriété. Alors il y a les noms des habitants etc.

D’accord. De toute façon ne vous inquiétez pas je vais simplement me servir des plans, le reste des informations restera complétement confidentiel.

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L’entretien touche à sa fin. Je demande la permission de prendre quelques photos et fait une dernière fois le tour de l’appartement. Benoît a enregistré les fichiers sur ma clé qu’il me rend. Je les remercie encore une fois de m’avoir reçu et de m’avoir laissé plus d’informations sur la résidence. Je quitte l’appartement, emprunte la cage d’escalier et sort de l’immeuble.

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Texte préparatoire d’entretien avec Vincen Cornu Ce fichier a été envoyé à Vincen Cornu, avant notre entretien téléphonique afin qu’il ait une vision plus claire des objectifs de l’entretien. Monsieur Cornu, Mon mémoire de fin d’étude qui questionne l’importance de l’intimité et des usages d’hygiène dans le logement contemporain s’appuie sur une de vos opérations construite à Nantes : La résidence Ciel de Loire (Quartier Chantenay), et plus particulièrement le bâtiment A1 duquel j’ai pu rencontrer 3 habitants et m’entretenir avec eux. Mes premières recherches m’ont permis d’avoir une lecture globale de votre conception de l’habitat. Et j’aimerais pour compléter cela, vous questionner sur quelques points précis qui constituent les questionnement de mon travail de mémoire. Voici mon questionnement : Hygiène et Intimité : architecture de la salle de bains dans l’habitat collectif contemporain La conception de Vincen Cornu Architecte Comment l’architecture du logement collectif contemporain s’adapte-t-elle à l’évolution des besoins d’intimité et d’hygiène de la société actuelle ? J’apprécie particulièrement votre discours concernant l’importance de “l’architecture quotidienne“, le fait que l’architecture n’est pas seulement l’architecture sublime des grands projets mais se trouve dans les moindres détails et que sa complexité est partout. Comment cela s’exprime t’il dans un projet d’habitat tel que celui du Quartier Chantenay ? Quels concepts ou grands principes vous ont amené à un plan de logement comme celui ci ? Éléments de réponse Pour entrer plus en détail sur l’architecture de l’habitation j’aimerais avoir votre vision sur la question des ouvertures. Un des premiers critères de confort demandé par les habitants se trouve dans l’importance d’avoir des espaces lumineux. Les habitants du bâtiment A1 ont souligné la satisfaction d’avoir des logements traversant grâce à la distribution par une coursive extérieure. Est ce un principe qui guide chacun de vos projets d’habitat ? Comment considérez vous “l’objet fenêtre“ ? Esthétiquement elle s’exprime comme un élément rapporté mais participe pleinement au tracé des parcours intérieurs et à la continuité visuelle (d’autant plus forte dans le cas de logements traversant) Comment envisagez vous l’impact d’un tel geste architectural ? Éléments de réponse Pour rebondir sur le sujet, une des principales raisons qui m’a amené à étudier cette opération, est votre choix d’offrir (dans la plupart des cas) une ouverture aux pièces humides / de services. Il

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est rare aujourd’hui de donner un linéaire de façade à la salle de bain, alors que les habitants en font souvent un critères de choix. La salle de bain est elle selon vous devenue une pièce principale du logement ? Lui demande t’on plus que ses fonctions techniques ? Éléments de réponse Un de mes questionnement porte sur l’influence du collectif sur une pièce individualiste et intime telle que la salle de bain. Notamment de “l’intrusion“ de personnes extérieures au foyer qui pénètrent dans cet espace. Chaque habitant a exprimé son regret de ne pas trouver plus de rangements dans la salle de bain (il faut “cacher“ les usages intimes aux yeux des invités). Les plus satisfaits étaient ceux sui disposaient de deux salles d’eau et d’un WC séparé qui leur évitaient toute intrusion dans leur espace personnel. Pour quel principe de distribution optez vous afin de satisfaire ce nouveau besoin d’individualisme ? Il y a t’il une réflexion particulière dans votre travail concernant le parcours habitant versus le parcours invité ? Éléments de réponse Une des habitantes que j’ai pu rencontrer, locataire d’un T1 au deuxième étage, se réjouissait de la surface de sa salle de bain, et m’avouait y passer plus de temps grâce à ça. Cela relève évidemment des réglementations pmr qui obligent à monter en surface. Mais au delà de cette question réglementaire, accordez vous une importance particulière à cet espace dans le plan ? Observez vous un changement, une évolution concernant les demandes des maîtres d’ouvrages à ce sujet ? Éléments de réponse Cette même habitante à évoqué lors de notre discussion l’idée de “construire“ sa salle de bain comme on dessine une cuisine, élément par élément. J’ai trouvé cette idée intéressante puisqu’elle questionne la standardisation qu’implique l’aspect technique de cette pièce et met en avant un désir de personnalisation et d’appropriation supplémentaire. Envisagez vous un futur de la salle de bain tel que celui ci ? Selon vous la salle de bain est elle une pièce destinée à resté un espace pré déterminé du logement ou sera t’elle de plus en plus polyvalente ? Éléments de réponse Mes questionnement sont encore nombreux mais il serait fastidieux de tous les retranscrire à l’écrit autant pour moi que pour vous. Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire et de remplir ce document, et regrette de ne pas avoir pu discuter de vive voix avec vous. N’hésitez pas à me contacter si le sujet a attisé votre curiosité… je serais ravie d’échanger avec vous. Bonne journée. Cordialement. Clara Chellé

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Réponses de Vincen Cornu J’ai pris connaissance de vos questions à propos de l’architecture de la salle de bain dans l’habitat contemporain avec ce terme d’intimité et d’hygiène. Et vous avec travaillé sur le bâtiment A1 à Nantes l’ilot Armor et vous avez rencontré les habitants et la première question est comment l’architecture du logement contemporain s’adapte à l’évolution des besoins d’intimité et d’hygiène de la société actuelle, et comment cela s’exprime dans un projet tel que celui du quartier de Chantenay. Alors plusieurs remarques, la première est peut être que l’intimité est une notion fondamentale dans la conception de l’habitation c’est même une des notions premières mais il est important de dire qu’elle ne se limite pas à la question de l’eau et à la question d’hygiène. La notion d’intimité est bien sûr une notion qui se pose pour la pièce d’eau mais je pense que la notion d’intimité touche l’ensemble de l’habitation et même des parcours pour y parvenir etc. Donc c’est une notion générale mais qui s’applique en particuliers à plusieurs espaces. Ensuite, comment cela s’exprime t’il dans un projet tel que celui qui quartier Chantenay. Ce qu’il faut dire déjà c’est que c’est un projet qui est situé, c’est à dire qui est écrit par rapport à un site. Et ce site est défini en premier lieu évidemment par sa position urbaine (à proximité du petit centre Chantenay) et aussi beaucoup par sa topographie puisque comme vous le savez on est ici à l’extrémité du sillon de Bretagne et il y a une topographie assez forte, la butte de Chantenay, Chantenay se définit par sa topographie. C’est ça qui détermine, avant l’architecture les tracés des rues les tracés principaux des terrains et les tracés fondamentaux du site sont tracés soit perpendiculaire, soit parallèles aux courbes de niveau, donc parallèle à la Loire, au fleuve. Donc c’est ça qui a déterminé les orientations principales du projet. Le projet il faut le dire a fait partie d’un travail d’ensemble, il y a un plan d’ensemble qui a été élaboré avec Greter et avec Poullhaux Donnadieu, et à la suite de ce projet d’ensemble a été dessiné un plan de l’aménagement de l’ensemble des bâtiments pas seulement les trois que j’ai conçu (il y en a 8 plus le grand bâtiment de bureau en bas du chemin poisson). Sur ce plan donc tous les corps de bâtiment, sauf exceptions, sont implantés parallèlement au fleuve et donc dans une orientation Nord Sud. C’est cette orientation nord sud qui donne des logements traversants, pour moi il est évident de faire du traversants et complétement exclu de faire des logements mono orientés au nord. Donc voilà le système de traversants desservis par des coursives. C’est avant tout une réponse à un site. C’est le site qui oriente le travail du projet et pour beaucoup de choses puisque, à partir du moment où on est traversants il faut desservir. Alors justement la distribution est à la fois un noyau vertical desservi par un hall etc. et puis ensuite des coursives qui desservent un nombre limité de logements c’est à dire qu’on ne passe pas devant trop de logements, avec un dispositif aussi particulier parce que les coursives posent toujours le problème de passer devant des logements. Donc face à ça il y a deux choses : il y a le placement des porteurs des coursives, vous avez vu que les porteurs des coursives ce sont des consoles qui font qu’on ne marche pas le long de la façade mais qu’on s’éloigne un petit peu. Et ensuite c’est simplement la largeur des coursives qui laisse une distance et qui permet aussi le respect de l’intimité. Enfin dans la plupart des cas il n’y a pas de chambres qui donnent sur

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ces coursives, ce sont justement les pièces d’eau qui vont s’y retrouvé dans la mesure ou les vitrages sont translucides. Tout ça pour dire que tous ces dispositifs sont un ensemble de choses qui viennent du site. Ensuite vous posez une question sur “l’objet fenêtre“ et sur l’impact du geste architectural. Alors je met un point d’interrogation sur le terme “d’objet fenêtre“ parce que pour moi la fenêtre n’est pas un objet. La caractéristique de la fenêtre, si on y réfléchit, c’est que c’est le seul élément d’architecture que l’on peut percevoir de l’intérieur et de l’extérieur. C’est un cadre à double entrée. Donc fondamentalement la fenêtre est quelque chose qui doit se travailler des deux côtés. C’est d’ailleurs souvent par l’intérieur que commencent les choses, comment placer les ouvertures par rapport aux espaces et il y a une chose simple qui est la traversée. Comment disposer les fenêtre pour qu’à un moment on ait la sensation de la traversée. La perception de la traversée se fait par le placement des fenêtres. Après il y a évidemment un travail qui se fait aussi depuis l’extérieur avec des variations. Il y a des variations qui sont normales c’est à dire ce que je vois depuis ma fenêtre c’est à dire est ce que je vois la Loire est ce que je vois la rue des réformes etc. donc il y a toute une histoire de placement des fenêtres (qui ne sont souvent pas les même au rez de chaussée). Tout ça crée des variations naturelles qu’il faut savoir accepter dans un bâtiment. C’est un travail d’allers retours entre l’intérieur et l’extérieur. Si je passe à la fenêtre de la salle de bain, et au fait qu’elle deviendrait une pièce principale. Oui c’est une pièce importante ; pas sur le plan réglementaire puisque sur le plan réglementaire on appelle pièce principale la chambre, le séjour, la cuisine, disons les pièces qui sont vouées à un usage collectif. Mais on peut dire que c’est une pièce importante. Je pensais en vous lisant à cette expression de Louis Kahn qui est “le plan est une société de pièces“ et je trouve ça intéressant parce que justement une société de pièce ça veut dire quelque chose sur les relations entre les pièces et le fait que ce n’est pas une simple composition. C’est un ensemble de rapport : les pièces discutent entre elles, communiquent. Sur l’éclairage des pièces d’eau j’en ai parlé, cela découle du principe de coursive c’est à dire que cette desserte permettait l’éclairage naturel dans les pièces d’eau. Ensuite la salle de bain est plus qu’une pièce technique, je pense qu’une pièce est toujours plus potentiellement que ses fonctions techniques. Mais au delà de ça concernant la salle de bain, elle était au départ une simple pièce à laquelle on ajoutait les éléments nécessaires. J’ai souvenir chez mes arrières grands parents à Avignon d’une salle de bain merveilleuse puisque c’était une grande pièce, le soleil y entrait pleinement et elle donnait sur le jardin… La lumière est un élément important. Parler d’une pièce individualiste est une étrange formulation. Elle appelle un usage individuel et il est parfois difficile de la partager à plusieurs surtout qu’elle est souvent exigüe et qu’on manque de place. Concernant la notion de parcours habitant / parcours invité, j’ai une petite méfiance de ces histoires de séparation des parcours, de partie jour et de partie nuit. Je pense que ce types de distinction, de même que la partition publique / privé n’est pas forcément légitime : parler d’habitation revient à parler du chez soi qui relève avant tout du privé. On ouvre parfois son “chez soi“ à des personnes extérieures. Mais je ne pense pas qu’il faille ajouter un discours sur des parcours différenciés puisque selon moi il y a déjà suffisamment de choses qui séparent.

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Par exemple quand un logement a plusieurs pièces, ça ne me dérange pas qu’il y ait une des chambres qui soit accessible par le séjour. Aussi parce que cette chambre souvent, quand les enfants sont partis, devient un bureau, une chambre d’amis etc. Les meilleures distributions sont selon moi celles qui sont à la fois les plus compactes et celles qui permettent justement de faire jouer ces relations entre les pièces ; par exemple une distribution peut participer à l’effet de traversée. A Nantes quand vous entrez dans les logements vous apercevez en général la façade et au delà. C’est à dire que l’entrée fait partie de cet effet de traversée, et il y a un horizon, on n’entre pas dans un espace clos, fermé. Parfois les habitants ajoutent des portes mais finalement c’est assez rare et je pense qu’un bon plan peut presque se passer de portes. Bien sûr il y a des portes qu’il faut conserver, la porte de la chambre, la porte de la salle de bain, celle du WC évidemment, mais le bon plan il préserve l’intimité des pièces par la façon dont on entre dans celles ci. Il faut arriver à faire entrer d’une manière un peu détournée mais sans forcément fermer. Pendant très longtemps la notion d’une double porte, c’est à dire d’une pièce d’eau par exemple on sort et on a une première porte et ensuite il y a une deuxième porte pour aller au séjour. C’était une interprétation d’une réglementation (plutôt sage) qui disait de ne pas ouvrir les pièces d’eau directement sur les espaces communs. Il ne faut pas qu’un cabinet de toilettes ouvre directement sur le séjour, ce qui tombe sur le sens et qui est tout à fait légitime. Mais certains maitres d’ouvrages et architectes pour répondre à ça ont multiplié les portes, c’est une tendance à vouloir enfermer les plans et à faire en sorte que les pièces ne discutent pas entre elles. Autant qu’il est vrai que les toilettes ne doivent pas donner sur le séjour, il n’est pas obligé de mettre des portes partout. Dans ce projet de Nantes vous l’avez peut être remarqué, le plafond est un petit peu rabaissé ce qui permet de créer un espace un peu intime. Cette partie surbaissée gère les espaces d’entrée qui mène à une chambre, aux toilettes et donne l’impression d’une hauteur généreuse dans le salon. Puis comme cette “marche“ est au plafond, il n’y a pas de problèmes PMR. On pourrait inverser et faire simplement une marche au sol mais c’est impossible aujourd’hui évidemment et c’est normal. Toutes ces façons d’articuler les pièces et d’entrer dans les pièces ne nous forcent pas à mettre des portes partout. Pour moi, l’intelligence de la distribution c’est arriver à faire en sorte qu’on ait une intimité, une entrée naturelle dans les pièces sans effectivement que “tout donne dans tout“, mais qui préserve des transparences. Simonet expliquait que dans un logement il faut toujours des endroits où l’on puisse avoir la sensation de la plus grande dimension de l’espace. Evidemment le dispositif de cuisine et séjour traversants est parlant pour ce principe où la cuisine justement devient un poste d’observation. On est à la fois pas très loin de la coursive, on voit la coursive mais on peut s’en préserver puisque la fenêtre de la cuisine a assez naturellement une allège haute donc il y a une intimité. On est protégés mais en même temps on a une vue ouverte sur le sud et le séjour. Ensuite sur les “nouveaux besoin d’individualisme“ je ne le formulerais pas de cette façon. Je pense qu’il y a un nouveau besoin d’intimité, mais il est naturel. Il est naturel dans la toilette effectivement puisque dans la toilette on se met à nu donc on n’a pas envie d’être vu, mais en même temps on aime bien avoir de la lumière naturelle. C’est un paradoxe mais les deux sont vrais. Je ne sais pas si le besoin d’intimité est nouveau ce qui est sûr c’est qu’il y a plusieurs choses : d’abord, et vous le remarquez justement, les pièces d’eau sont plus grandes du fait des réglementations PMR. C’est une donnée. On entend souvent dire que c’est au détriment des espaces communs puisqu’en

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parallèle la surface des logements n’a pas augmenté, elle a même plutôt diminué. Les surfaces des logements sont calculées en effet en fonction de la capacité financière des ménages. Et les coût des logements, hélas, est un coût au mètre carré, et que quand les gens veulent acheter un logement ils regardent en fonction de leurs budget le prix au mètre carré dans tel ou tel quartier. Cette histoire de l’augmentation des surfaces, en tout cas des pièces d’eau, c’est une donnée qui nous conduit à une imposition. Alors elle est imposée mais en même temps c’est une certaine qualité, le fait que la pièce soit plus grande on y est plus à l’aise, on se cogne moins. Et cette pièce fait aussi partie de la vie et vous faites remarqué qu’en effet selon sa qualité on y passe plus de temps je pense que c’est vrai. Si c’est une pièce agréable, une pièce ou il y a du soleil, être dévêtu au soleil est tout de même très agréable, notamment en hiver. Sur le nombre de salles d’eau, dans le cas où il y a deux salles d’eau par exemple c’est une demande qui est dans le programme. C’est à dire que ce sont les maîtres d’ouvrage qui disent qu’à partir du 4 pièces on veut une deuxième salle d’eau. Est ce qu’il y a des demandes plus particulières des maîtres d’ouvrage aujourd’hui je ne sais pas. Ici le maître d’ouvrage c’était le groupe Bremond, qui est plutôt à l’écoute des usages. J’ai beaucoup apprécié travailler avec François Xavier Trivière, sociologue de formation, et nous avons eu un échange très profond et il comprenait parfaitement les données du projet. Ils ont beaucoup de réflexion sur les usages, c’est un maître d’ouvrage qui a ses qualités et ses défauts mais sa qualité est une certaine ouverture dans la manière d’envisager les programmes. Ici sur les salles d’eau ils ont été clairement très ouverts, ils avaient des demandes dur des douches italiennes notamment, il y avait une attention particulière à la qualité. Ensuite quand vous parlez de cette réflexion faite par une habitante de “construire“ sa salle de bains à l’image de la cuisine. Je pense que ça n’est pas tout à fait la même question que pour la cuisine même s’il y a des points communs. Dans une cuisine vous avec l’évier qui est fixe, un point d’évacuation pour le lave vaisselle et le lave linge, mais tout le reste vous pouvez faire ce que vous voulez, ce qui donne parfois des résultats pas très rationnels mais il y a une liberté. Construire sa salle de bains je pense que c’est bien plus compliqué parce qu’une douche par exemple n’est pas un meuble, une douche est un élément qui nécessite d’être étanche, le lavabo aussi (qu’on peut choisir par ailleurs). D’abord il y a beaucoup moins d’éléments qui ne sont pas des meubles. Alors ça ne veut pas dire que ça ne peut pas être approprié, ça ne veut pas dire s’il elle est suffisamment grande qu’on ne peut pas y installer un coin lingerie par exemple. Je me suis posé la question il n’y a pas longtemps, je me suis fait la réflexion que les salle de bains deviennent tellement grandes qu’on pourrait presque y installer un bureau. Mais je ne suis pas certain qu’on aille s’installer pour travailler dans une salle de bains. Je pense que c’est moins polyvalent de ce point de vue là que la cuisine, on a tous travaillé à un moment ou un autre dans la cuisine. Pourquoi ? La principale raison est qu’il y a une table qui est un élément polyvalent par excellence : on y mange, on y pose des plats, et puis les enfants rentrent de l’école et s’installent pour faire les devoirs dans la cuisine. C’est si on a la chance d’avoir une cuisine suffisamment grande évidemment ! La cuisine en cela peut être plus polyvalente que la salle de bains. La salle de bains pose la question de la polyvalence, un thème intéressant en architecture, mais dont il faut aussi connaître les limites. C’est une notion qui me fait penser au théâtre. Dans les années 70 il y a eu toute une série d’expérimentation sur le fait de pouvoir tout faire et tout représenter dans un espace, on a fait des salles qui pouvaient s’adapter à tout. Il y a plusieurs limites à ça : la première

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c’est que d’abord cette adaptation elle prend du temps et souvent elle est chère. L’autre risque est de construire des espaces qui, à force de chercher la neutralité absolue, n’ont pas de caractère. Et des metteurs en scène comme Chéreau qui préfèrent a cela pour beaucoup le théâtre à l’italienne, ou l’espace de liberté est plus large. Autre exemple, qui s’est beaucoup fait dans le logement, c’est le “do it yourself“ ou les habitants font eux même leurs cloisonnements. Enfin je pars plus facilement du principe qu’il est plus facile de détourner un bel hôtel italien de la renaissance que un truc ou l’on fait ce qu’on veut. J’ai tendance à opposer l’idée de valence à la polyvalence. Parce qu’à partir du moment ou un espace vaut quelque chose il peut être appropriable, et on a pas forcément besoin de bouger des cloisons pour s’approprier un espace. Je pense que l’appropriation d’un lieu ne passe pas forcément par le mouvement de murs ou de cloisons. Certaines personnes ont besoin de ça, elles achètent une vieille maison de campagne pour en casser toutes les cloisons mais ça ne donne pas forcément des plans très rationnels. J’ai vu des maisons charmantes parfois qui étaient complétement massacrées parce qu’on a tout retiré alors que les proportions des petites pièces en font des espaces réduit mais justement intimes, et en voulant tout abattre et faire un espace ouvert comme un grand loft on perdait toute notion d’intimité. Ma conviction est que l’on peu s’approprier un espace avec relativement peu de choses, et que c’est aussi un travail intérieur que d’apprendre à s’approprier. On n’habite finalement pas seulement son habitation mais aussi son quartier, son habitation etc. L’habitation ne se limite pas à l’intérieur du logement.

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Ce mémoire a pour but de remettre en lumière un espace quelque peu mal-aimé et malmené par les architectes : la salle de bains. Souvent de surface réduite (3,5 m2 en moyenne) elle est pourtant la pièce du logement ou chaque français débute et termine sa journée. La pièce la plus intime de l’habitation bénéficie cependant d’un regain d’interêt de la part de ces utilisateurs depuis quelques années. Regain d’interêt qu’il est intéressant d’observer au travers de la posture de future architecte que je suis. Ainsi, des espaces communs aux carreaux de carrelage des murs de la salle de bains, ce travail montrera comment l’architecture répond et s’adapte aux besoins de la société française actuelle. Illustration couverture : Fabiola Morcillo

Mots clés : INTIMITÉ - HYGIÈNE - SALLE DE BAINS - COLLECTIF - VINCEN CORNU Mémoire encadré par Amélie FLAMAND, Rémi LAPORTE ET Shahram ABADIE dans le cadre du séminaire du domaine d’études Ecoconception des territoires et espaces habités.

Année UNIVERSITAIRE 2017-2018 École Nationale Supérieure d’Architecture de Clermont-Fd 85 Rue du Docteur Bousquet 63000 CLERMONT-FERRAND

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