Le renouvellement des pratiques des acteurs de la construction, l’intégration de matériaux innovants

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DE CUYPER Clara

Mémoire de Master 2 -2013-2014 École Nationale Supérieure d'Architecture de Paris-La Villette Directeur de mémoire: Bendicht Weber

Le renouvellement des pratiques et des systèmes d’acteurs du champ de la construction, à travers l’intégration de matériaux innovants dans des opérations expérimentales en France et au Japon.


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Sommaire Préambule…. ……………………………………………………………………………….p.5 Introduction ……..………………………………………………………………………….p.7 I- Des pratiques et des systèmes d’acteur du champ de la construction dépendants des situations politiques et économiques ……………………………………………………….p.15 1. L’impossible autonomie du champ de la construction………………………………….p.15 A- le secteur de la construction et le champ politique …………………………………………….….p.15 B- le secteur de la construction et le champ économique …………………………………………...p.17 C- exemples de dépendance des champs politiques et économiques ……………………………….p.19

2. Les acteurs du champ de la construction ………………………………………………….p.20 A- définition du statut de l’architecte …………………………………………………………………p.20 B- les pratiques des acteurs de la construction……………………………………………………..….p.22 C- les systèmes d’acteurs…………………………………………………………………………..….p.24

3. Des exemples de coopération et leurs contextes politiques et économiques en France et au Japon ………………………………………………………………………………………….p.28 A- l’expérience inédite du béton de chanvre………………………………………………………….p.28 B- une ONG pour le renouveau de l’utilisation du bois pour les grandes structures au Japon……….p.29 C- nouvelles pratiques, nouveaux acteurs…………………………………………………………….p.31

II- Dynamiques d’innovation dans des processus culturels locaux ……………….………p..33 1. Dynamiques d’innovation XIX-XXe siècle : Vers une globalisation…………….….p.33 A- l’innovation du champ de la construction et en architecture …………………………………….p.33 B- l’évolution de la notion d’innovation au XXème siècle ……………………………………….….p.35 C- des innovations locales aux révolutions globalisées ………………………………………..…….p.36

2. Nouvelles dynamiques d’innovation : Retour à une économie locale……………….p.37 A- introduction des valeurs environnementales ………….………………………………..………….p.37 B- les éco-matériaux en France …………………………………………………………………....….p.39 C- le bois au Japon ……………………………………………………………………………..…….p.42

3. L’exemple de matériaux de construction innovants locaux en France et au Japon.p.44 A- l’invention du béton de chanvre spécifique au territoire français………………………………….p.44 B- le retour du bois dans le secteur de la construction japonaise, entre local et global …...………….p.46 C- le béton de chanvre, le transfert du local au global…………………………………………..…….p.48

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III- Des opérations expérimentales permettent de faire apparaître les phénomènes de renouvellement des pratiques et des systèmes d’acteurs du champ de la construction….p..51 1. Les processus d’expérimentation en architecture ……………………………………….p.51 A- la nécessité de l’expérimentation en architecture et les moyens d’y parvenir ….…………….….p.51 B- les expérimentations industrielles et artisanales ………………………………………………….p.55 C- les expérimentations avant et après la norme …………………………………………………….p.56

2. Pratiques et systèmes d’acteurs liés à des opérations expérimentales……………….p.57 A- expérimentation Shimouma, négociation avec les réglementations incendies …………….…….p.57 B- expérimentation rue Bourgon, négociation avec le bureau de contrôle ……………………....….p.59 C- expérimentation rue Myrha, négociation sur chantier……………………………………..……….p.60

3. Le renouvellement des pratiques et des systèmes d’acteurs en France et au Japon…...p.61 A- Commande/Médiatisation de l’innovation > demandeur d’innovation…………………………....p.62 B- Conception/Expérimentation de l’innovation architecturale > Créer l’innovation…………….….p.64 C- Construction/Production rentabilisable > s’adapte à l’innovation……………………………..….p.66

Conclusions ……………………………………………………………...………………..p.69 Remerciements ………………………………………………………..……………….….p.75 Bibliographie …………………………………………………………..……………….….p.77 Bibliographie des images ………………………………………..……………….………..p.84 Annexes

……………………………………………………………………………….….p.88

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Préambule Ce mémoire est le résultat de un an de recherches à la fois en France et au Japon, s’appuyant sur des exemples d’introduction de matériaux innovants pour comprendre les transformations en cours des pratiques et des systèmes d’acteurs dans le champ de la construction. J’ai commencé à définir mon sujet au premier semestre de mon master I. J’ai beaucoup hésité sur sa définition exacte. En effet, je voulais traiter de deux questions à la fois, qui me semblaient importantes pour ma future profession d’architecte. Tout d’abord, mes expériences en agence d’architecture m’ont donné envie d’en savoir plus sur le métier de l’architecte et ces interactions avec les autres acteurs de la construction. Elles m’ont montrées les difficultés rencontrées par les architectes pour communiquer et travailler avec les autres acteurs du projet ; ingénieurs, promoteurs, investisseurs, constructeurs… Un projet architectural dans son ensemble, de l’esquisse à la livraison, nécessite l’intervention de nombreux acteurs. Qui plus est, ces acteurs proviennent d’autres du « milieux » de l’architecture. Ainsi, les pratiques de l’architecte et le système d’acteur d’un projet architectural est un sujet qui me semblait important de relever et d’analyser dans mon mémoire de fin d’étude. D’un autre côté, je m’intéresse depuis quelques années aux méthodes constructives et aux matériaux de construction. J’ai participé au sein de l’école de Marne la Vallée en 2010 à un workshop sur l’Arte Povera, un courant d’art italien qui utilise des produits pauvres. Avec mon groupe, nous nous sommes posés la question, « qu’est-ce qu’un matériau naturel » ? Jusqu’à lors, j’avais l’habitude, comme beaucoup d’étudiants de licence de l’ENSAVT, de proposer à mes professeurs de projet des constructions en béton ou en acier, sans réflexion sur l’impact énergétique de la transformation des matériaux bruts en produits industriels. Peu d’enseignements nous formaient à l’utilisation d’autres matériaux de construction ou remettaient en question les pratiques actuelles de construction standard en France, basée sur des entreprises puissantes telles que Bouygues ou Vinci. Cependant, j’ai découvert des expérimentations en France de nouvelles méthodes constructives ou de réemploi de matériaux traditionnels tels que la terre, notamment à l’école d’architecture de Grenoble. Lors d’une analyse architecturale de la région de Nogent sur Seine, j’ai découvert l’emploie du béton de chanvre dans la construction. Ce matériau, constitué d’un mélange de la plante de chanvre, cultivée en France, notamment dans l’Aube, de chaux aérienne et d’eau, a été utilisé dans les années 1980 pour la rénovation de bâtiment à colombage ancien. Aujourd’hui, il est introduit dans des opérations architecturales en France et à Paris. Ce béton est utilisé comme matériau de remplissage et est non structurel mais comporte des performances écologiques intéressantes. En effet, la question écologique présente dans les médias et popularisée dans les pays développés se pose dans le milieu de l’architecture et de la construction. Les choix spatiaux et constructifs des architectes déterminent à la fois, les consommations d’énergie futures au sein des bâtiments, mais également la quantité d’énergie nécessaire à l’édification et à l’entretien du bâtiment. La notion d’habitat bioclimatique, captant un maximum d’énergie naturelle nécessaire au confort des personnes vise à réduire les quantités d’énergies fossiles Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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consommées pour les activités domestiques des bâtiments. Elle a été notamment étudiée dans les années 70 en France suite à la crise pétrolière. Aujourd’hui, la question des réductions des consommations énergétiques se traduit par des normes et des réglementations thermiques, institutionnalisées par l’Etat. Dans la pratique, ces exigences ont des répercussions sur la conception des bâtiments, notamment par une bonne orientation des bâtiments et la fabrication de façades étanches aux transferts d’énergies intérieures/extérieures. Ainsi la chaleur produite en hiver par le chauffage est conservée et les températures froides extérieures ne pénètrent pas à l’intérieur. Une deuxième approche pour réduire l’impact environnemental des bâtiments est la prise en compte son énergie grise, c’est-à-dire de l’énergie nécessaire de son édification jusqu’à sa destruction. En effet, il est intéressant de se pencher sur les performances environnementales de matériaux actuellement sur le marché de la construction en France. Par exemple, la construction d’un mur en béton armé nécessite l’extraction des matières premières, tels que le ciment ou sable, leurs transformations, leurs transports et leur mise en place du matériau sur chantier. Enfin, la durée de vie et du recyclage du matériau sont à intégrer à la notion d’énergie grise. Des études s’intéressent à la prise en compte de l’ensemble de ces facteurs pour caractériser chacun des matériaux du marché selon leurs valeurs écologiques. Elles permettent de mettre en valeur des matériaux innovants, encore peu utilisés en France. Il me semble que cette approche de la construction écologique est peu enseignée ou pratiquée dans les écoles d’architecture ou le milieu professionnel. C’est pour cette raison que je tenais à m’intéresser à la question des matériaux de construction écologiques dans ce mémoire. Ainsi, ce mémoire a été pour moi l’occasion de relier deux intérêts, celui de la compréhension des pratiques et des interactions entre acteurs en cours dans le champ de la construction et celui de la remise en question des matériaux de construction standardisés par la proposition des innovations répondant à des préoccupations environnementales.

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Introduction Ce mémoire porte à la fois sur les pratiques et les systèmes d’acteurs du champ de la construction, et sur l’intégration de matériaux innovants pour répondre aux enjeux environnementaux. Au sein de l’école d’architecture de Paris la Villette, j’ai choisi le séminaire APUS, « Architecture, projet urbain et société », et l’axe « Usages, conception et métiers de la ville », car il s’intéresse à la question des acteurs de la construction et à la position de l’architecte. L’approche sociologique du séminaire m’a permis de cadrer mon mémoire autour des notions de « champ », empruntées à Pierre Bourdieu. En effet, selon lui 1, « le champ est un espace social ou des acteurs sont en concurrence avec d’autres acteurs pour le contrôle des biens rares et ces biens rares sont justement les différentes formes de capital ». Ainsi. la société est définie comme une imbrication de champs tels que les champs économiques, politiques, culturels etc. De plus, la lecture de l’ouvrage du sociologue Christian de Montlibert2, L’impossible autonomie de l’architecte, m’a permis de comprendre l’histoire du champ de l’architecture et ses évolutions. Son hypothèse principale est que le champ de l’architecture est un champ « hétéronome », c’est-à-dire qu’il est fortement soumis aux champs extérieurs, tels que les champs politique ou économique. Un champ se compose donc d’acteurs partageant un intérêt commun mais qui peuvent être soumis à des « dynamiques de rapports de forces ». J’ai donc tenté de caractériser les principaux acteurs du champ de la construction en France, soit de la filière Bâtiment et Travaux Publics (BTP)3. - le « maître d’ouvrage » ou le « commanditaire » ou « client »4: Personne qui reçoit d'une entreprise, contre paiement, des fournitures commerciales ou des services. Il peut être public (État, collectivités, entreprises publiques) ou privé, et dans certains cas, futur usager de sa commande. - l’« architecte » : Personne qui conçoit le parti, la réalisation et la décoration de bâtiments de tout ordre, et en dirige l'exécution ; ou, Promoteur, maître d'œuvre d'une réalisation importante : Ex. « L'architecte d'un projet grandiose ». Il est responsable de toutes les étapes de la conception d’un projet de bâtiment (du dessin à la réalisation, voire à l’entretien et au devenir du bâtiment). - « utilisateur » : Personne, groupe qui fait usage de quelque chose, qui utilise un appareil, un service. - le « producteur » : personne, pays, entreprise qui produit un bien économique. Ex. entreprises de production des éléments de la construction ou fournisseurs, entreprises du bâtiment, de gros œuvre, de second œuvre… - l’« ingénieur » : Personne que ses connaissances rendent apte à occuper des fonctions scientifiques ou techniques actives en vue de prévoir, créer, organiser, diriger, contrôler les travaux qui en découlent, ainsi qu'à y tenir un rôle de cadre. 1

BOURDIEU Pierre (1992), Réponses : pour une anthropologie réflexive, Paris, pp73-75, informations provenant d’un cours sur Bourdieu au sein de Cours de Concepts de base en science politique (CBSP) (Faculté des sciences sociales et politiques (S.S.P.) de l'Université de Lausanne) de 1999/2000 par le Prof. Dietmar BRAUN http://www.ses.ac-versailles.fr/extras/reserve/sciences-po-sp/bourdieu_concepts.html 2 DE MONTLIBERT Christian (1995) L’impossible autonomie de l’architecte, Strasbourg 3 NATURPARIF (2012) Bâtir en favorisant la biodiversité, un guide collectif à l’usage des professionnels publics et privés de la filière du bâtiment, Paris 4 dictionnaire Larousse, http://www.larousse.fr/ Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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Les interactions entre les différents acteurs de la construction peuvent être définies de la manière suivante : -le commanditaire reçoit un bien, un service de la part d’acteurs (architectes, ingénieurs, producteurs), pour lui-même ou pour des personnes qui en seront les utilisateurs. -l’architecte conçoit, à la demande du commanditaire, un bien, tout en échangeant avec les ingénieurs, et les producteurs. -le producteur produit un bien suivant la commande de l’architecte répondant à la demande d’un commanditaire. -l’ingénieur prévoit, crée, organise, dirige, contrôle des travaux conçus par l’architecte qui répond à la demande d’un commanditaire. -l’utilisateur fait l’usage du bien, reçu par le commanditaire, conçu par l’architecte, produit par le producteur et prévu par l’ingénieur. Dans ce mémoire, les utilisateurs des bâtiments étudiés n’ont pas joué un rôle significatif dans le système d’acteurs. Ainsi, ces acteurs peuvent être divisés en trois pôles, celui des commanditaires ou maîtres d’ouvrage (politiques, économiques, utilisateurs), celui des concepteurs ou maîtres d’œuvre et celui des constructeurs ou producteurs. La maîtrise d’œuvre se structure autour de l’ « architecte » qui doit, à partir d’un certain degré de complexité, s’associer à un ou plusieurs « bureaux d'études techniques » (BET). Les producteurs se divisent en deux catégories, les entreprises artisanales ou industrielles, c’est-à-dire qui produisent des biens en série.

Cette classification est spécifique à la France. Au cours de mon premier semestre de master II, j’ai eu l’opportunité d’effectuer un échange au Tokyo Institute of Technology. Ainsi, une partie de ce mémoire a été rédigé à Tokyo. J’ai donc élargi cette recherche sur les pratiques et les systèmes d’acteurs du champ de la construction au cas du Japon. J’ai pu étudier les particularités du champ de la construction japonais comme par exemple la possibilité d’être à la fois le concepteur et le constructeur d’un ouvrage. En effet, un ingénieur, un artisan ou un entrepreneur peut prétendre au titre d’architecte dès lors qu’il passe la Licence de catégorie I du Kenchikuchi délivrée par le ministère5. Ainsi une entreprise de construction peut également répondre à des concours d’architecture ou être choisie par un commanditaire pour à la fois, dessiner et construire le bâtiment. 5

Ministry of Land, Infrastructure, Transport and Tourism (MLITT), Building Standard Law, Chapitre 4, http://www.mlit.go.jp/english/ du Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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La définition des notions utilisées pour ce mémoire me permet d’énoncer la problématique suivante : En quoi les pratiques et les systèmes d’acteurs du champ de la construction se renouvellent-il ? Pour y répondre, je vais prendre des exemples de matériaux innovants dans des opérations expérimentales récentes en France et au Japon. Ainsi, je pars donc de l’hypothèse que l’analyse d’opérations de constructions expérimentales intégrant des matériaux innovants montre l’émergence de nouvelles pratiques et typologies d’interactions entre acteurs dans le champ de la construction. Ma première hypothèse est que les pratiques et les systèmes d’acteur du champ de la construction dépendent des situations politiques, économiques et culturelles au sein desquels ils évoluent. En effet, l’ouvrage de Christian de Montlibert montre que les pratiques et les relations entre les acteurs dépendent des contextes et des événements sociaux, politiques ou économiques de chaque pays ou région. Je vais montrer comment ces domaines influencent le secteur de la construction, ces pratiques et ces acteurs et la manière dont les champs interagissent entre eux (I-1). Étant donné que le champ de la construction se compose de différents acteurs, ayant des intérêts divergents ou convergents selon les situations, je vais étudier le phénomène de coopération, d’association d’acteurs provenant de différents milieux professionnels autour d’un objectif commun, leur conférant un pouvoir d’impact supérieur qu’à l’individualité pour agir ou faire évoluer le système existant (I-2). Pour valider cette hypothèse, je vais analyser la relation entre des phénomènes de coopération et leurs contextes politiques et économiques, notamment la situation d’émergence du béton de chanvre en France et du renouveau de l’utilisation du bois pour les grandes structures au Japon (I-3). Dans un deuxième temps, je vais démontrer que les dynamiques d’innovation s’inscrivent dans des processus culturels locaux. En effet, la production du cadre bâti et les cultures constructives étaient par le passé fortement liées au contexte local, au climat, aux ressources de la région, aux cultures. L’industrialisation de masse du XXème siècle dans un grand nombre de pays a permis une globalisation des productions et techniques constructives créant des phénomènes d’exportation/importation de matériaux, de savoirs et de savoir-faire interculturels, liés à une économie de marché (II.1) Ainsi je vais étudier le passage d’une économie locale de la construction bois au Japon à une industrialisation des méthodes de construction, de même en France, de la généralisation du béton armé et du parpaing à l’actuel retour aux matériaux naturels tel que la terre, la paille ou le chanvre . 6

DE MONTLIBERT Christian (1995) L’impossible autonomie de l’architecte, Strasbourg

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En effet, depuis les années 70 et la popularisation de la « conscience écologique », certains acteurs remettent en question les effets d’une économie de la construction globale et militent pour le retour d’une économie basée sur des acteurs et des ressources locales (II.2). Je vais montrer le processus d’émergence et d’institutionnalisation du béton de chanvre et du bois au Japon reposant sur l’action d’acteurs locaux, ces matériaux de construction étant spécifiques au territoire et aux sociétés françaises et aux japonaises (II.3). Pour finir, je vais montrer que ces opérations expérimentales permettent de faire apparaitre les phénomènes de renouvellement des pratiques et des systèmes d’acteurs du champ de la construction. Tout d’abord, une « expérimentation » est un phénomène permettant de tester la performance d’un nouveau matériau, méthode, théorie… Les processus d’innovation nécessitent une phase expérimentale précédant une éventuelle commercialisation ou diffusion d’un produit ou technique. En architecture, elles peuvent avoir lieu de manière théorique ou par l’expérience, par la fabrication de prototypes, ou par la pratique du chantier (III.1). Ces expérimentations sont mise en place au sein d’un système existant, régi par des règles et des normes fondées sur des expériences postérieures. Une expérimentation est donc susceptible de remettre en question les pratiques et les systèmes d’acteurs et ainsi de les faire évoluer. Je vais développer des exemples d’opérations expérimentales qui ont permis une évolution du système existant (III.2). Selon les intérêts et les enjeux de chacun des acteurs, ils peuvent se positionner pour ou contre certaines expérimentations. Ainsi les opérations expérimentales sont susceptibles de mettre en lumière l’émergence de nouvelles pratiques et typologies d’interactions entre acteurs dans le champ de la construction (III.3). Les trois parties de mon mémoire s’attacheront à vérifier les trois hypothèses énoncées ci-dessus. Elles s’appuieront sur la lecture d’ouvrages, d’articles ou de rapports d’étude, ainsi que sur l’étude de deux opérations de logements à Paris utilisant du béton de chanvre, celle du 25 rue Bourgon (13ème) livrée en 2012 et celle du 37 rue Myrha (18 ème), qui doit être livrée pour mars 2014, et d’une opération de logement à Tokyo, dans le quartier de Setagaya, récemment livrée (fiche projet, Annexe II).

3.rue Bourgon (site ekopolis.fr) 4.rue Myrha (photo Clara de Cuyper) 5.Shimouma (revue Détails n°198) Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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Méthode Ces trois opérations sont comparables car leurs systèmes d’acteurs peuvent être regroupés sous trois typologies d’acteurs, en charge respectivement de : -la commande -la conception -la construction Chacun de ces acteurs est caractérisé par des pratiques : -l’investissement -la création -la production Ces pratiques nécessitent des interactions entre les différents pôles d’acteurs. Ainsi : « L’investisseur commande aux créateurs une conception qui est construite par les producteurs ». Les tableaux ci-dessous montrent les caractéristiques et les acteurs des opérations (Annexe I):

Ainsi ces trois opérations ont comme point commun : - l’introduction d’un matériau innovant - un programme de logement standard - une localisation dans une zone urbaine dense - un gabarit R+4, avec entre 370 et 700 m² de surfaces construites - une conception réalisée entre 2004 et 2007, et une livraison du bâtiment entre 2012 et 2014 - une conception réalisée par une agence d’architecture - une collaboration avec des ingénieurs - une réalisation par une entreprise générale de construction d’échelle industrielle - une importance des règlementations dans la conception des projets, nécessitant des expérimentations et des validations d’institution, puis de phases de contrôles Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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Pour analyser ces opérations expérimentales, j’ai interrogé différents acteurs provenant de différents milieux professionnels, à la fois des pôles de la Commande, de la Conception et de la Construction. En France, j’ai rencontré les acteurs impliqués dans l’intégration du béton de chanvre dans les deux opérations parisiennes : -Opération du 25 rue Bourgon, logement sociaux pour Paris Habitat, 2012 -Opération du 37 rue Myrha, logement sociaux pour la RIVP, en construction Entretiens réalisés en France : - Richard F. Thomas, Architecte et urbaniste, North by Northwest Architectes (NXNW), le 16 avril 2013 - Ilhem Belhatem, architecte de l’agence Atelier-D, le 14 mai 2013 - Philippe Casanova, directeur d'exploitation de Tempere Construction, le 16 mai 2013, réunion et visite de chantier en présence de Laurent Mouly du bureau d’étude LM Ingénieur, Christine Désert architecte de NXNW, et du sous-traitant ossature bois, Charpimo. - Laurent Goudet du bureau d’étude Développement Chanvre, le 31 mai 2013 - Olivier Cathelineau, ingénieur, chef d’opération à la direction de la construction du bailleur social public Paris-Habitat, le 3 juin 2013 Au Japon, du fait de la difficulté de communication avec les différents acteurs, je me suis focalisée sur la compréhension du système d’acteur via deux entretiens avec des architectes français travaillant au Japon. J’ai également réalisé un entretien avec l’architecte de l’opération de logement à Setagaya avec l’aide d’un traducteur Japonais/Anglais. Entretiens réalisés au Japon : - Benoît Jacquet, architecte et Directeur de l'EFEO à Kyoto, le 8 novembre 2013 - Manuel Tardits archietcte français de l’agence d’architecture japonaise Mikan, fondée à Tokyo en 1995 par lui-même, Kiwako Kamo, Masashi Sogabe et Masayoshi Takeuchi, le 4 décembre 2013 - Aya Utsumi, architecte de l’agence KUS Architects, le 9 décembre 2013 Pour ces trois opérations, la volonté d’expérimenter était présente dès la programmation. Si la commande est inhabituelle, le maitre d’ouvrage laisse le maître d’œuvre relativement libre et intervient peu pendant les phases de conception/construction. Par ailleurs une fois le projet terminé, il met en valeur les spécificités innovantes du projet suivant une logique de médiatisation, qui montre les enjeux politiques de la production architecturale Au sein du nombre important d’acteurs intervenant dans ces opérations, ce sont les architectes qui assurent le rôle de chef d’orchestre et de la continuité du suivi du projet jusqu’à la réalisation. On remarque des logiques de coopération entre architectes et ingénieurs, ainsi que l’émergence d’un nouvel acteur entre la maitrise d’œuvre et le constructeur. Ces projets sont caractérisés par des expériences et des procédures de validation des différentes innovations et procédés nouveaux mises en place, expliquant le temps relativement long de réalisation des projets. Ces projets sortent des trajectoires classiques du Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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champ de la construction et constituent une expérience nouvelle et formatrice pour l’ensemble des acteurs, tant pour l’usage de matériaux et techniques innovantes que pour un nouveau cadre de collaboration. Ainsi, ces opérations expérimentales me permettent de montrer le phénomène de renouvellement des pratiques et des systèmes d’acteurs du champ de la construction.

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I- Des pratiques et des systèmes d’acteur du champ de la construction dépendants des champs politiques et économiques 1. L’impossible autonomie du champ de la construction Si la « Société » peut être divisée en différents champs, politique, économique, culturel, artistique, scientifique,12 etc. On peut se demander quelle est la place du champ de la construction au sein de la Société, ainsi que de la place de l’architecte au sein du secteur de la construction. Christian de Montlibert, écrit en 1995 le livre L’impossible autonomie de l’architecte, 13 dans lequel il analyse l’activité professionnelle de l’architecture de ces prémices à ses récentes évolutions. Il met en avant les rapports de force qu’entretiennent les architectes avec les autres acteurs concernés par l’aménagement de l’espace, tels que les promoteurs, les entreprises de construction, les urbanistes, les sociologues, les politiciens, ou les ingénieurs. Il traite des dépendances de l’architecte par rapport au champ économique et au champ politique. A- le secteur de la construction et le champ politique Christian de Montlibert, dans son livre 13, nous montre que la dépendance de l’Architecture au champ politique existe depuis la création des sociétés les plus anciennes. Ainsi, dans l’antiquité romaine, l’acte de construire et d’aménager faisait l’objet de passion politique. Les empereurs romains souhaitent construire plus haut, plus grand, plus monumental dans l’idée que l’organisation de l’espace contribue à la gestion des citoyens. A la Renaissance, les princes construisent également pour assurer leur pouvoir (fig.8). La profession d’architecte, reconnue à cette époque, avait pour objet de répondre à ce besoin. Ainsi les architectes sont dépendants de l’intérêt des puissants et du choix de leurs investissements. Face à cette dépendance, Alberti dans, De Re Aedificatoria, en 1456 revendique une autonomie de création et une position sociale enviable des architectes. Il élabore une théorie de la pratique de l’architecture. La Renaissance correspond à une période d’intenses changements sociaux, et « l’Architecte d’Alberti » s’inscrit dans un art libéral. Il est à la fois intellectuel et artiste. Mais si l’architecte cherche à atteindre un nouveau statut social, il reste dépendant du gouvernement en place. Christian de Montlibert continue son argumentation en montrant que plus un champ politique est développé, plus il occupe une position dominante, intensifiant les luttes politiques de contrôle de l’espace, et donc de la programmation architecturale et urbanistique. L’architecture est au service du champ politique en tant qu’enjeu d’appropriation symbolique et marquage verbal de l’espace. Elle est un outil efficace de reconnaissance et son implantation dans la ville est susceptible de contraindre des pratiques à venir, manifestant ainsi des volontés politiques. Enfin, les décisions politiques sont également influencées par le champ économique. Ainsi, les politiques peuvent servir les intérêts immédiats de certains groupes à utiliser l’espace, notamment en faisant pression pour la réalisation d’infrastructures (transport, autoroutes, canaux), ou de zones à spéculation immobilière, servant des intérêts industriels ou commerciaux. 12

BOURDIEU Pierre (1992), Réponses : pour une anthropologie réflexive, Paris, pp73-75 DE MONTLIBERT Christian (1995) L’impossible autonomie de l’architecte, Strasbourg, Chapitre IV : la passion de construire et d’aménager Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV 13


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Au Japon, la profession d’architecte a été reconnue lors de l’ouverture du Japon à l’extérieur à la restauration de l’ère Meiji en 1868. Auparavant, la profession s’incarnait dans différentes figures historiques telle que le moine Chogen, lors de la période Kamakura au 13ème siècle. Il connaissait les techniques architecturales et était en mesure de planifier et de concevoir des structures. Il fut le Daikanjin du Temple Todai-ji et reconstruisit la salle du Grand Bouddha du temple. Au 17ème siècle, durant l’ère Edo, Enshu Kobori a également pu être identifié comme ‘Architecte’, le distinguant de la figue de l’artisan. Il a notamment créé son propre style Enshu Gonomi, « le goût de Enshu »14. Ces « architectes » répondaient néanmoins à des commanditaires qui étaient les dirigeants du pouvoir en place. Pendant la période Classique, du 8ème au 12ème siècle, la plupart des projets des bâtiments sont financés par la Cour, mais avec le déclin du pouvoir aristocratique et l’approche de l’ère médiévale, du 13ème au 14ème siècles, l’initiative des investissements passe alors de la Cour aux propriétaires terriens individuels ou aux guerriers. Au 15ème siècle, durant la période Muromachi, le Japon était contrôlé par les Shoguns de la famille Ashikaga. Les exemples du Pavillon d’Or et de Pavillon d’Argent à Kyoto montrent les transcriptions dans l’architecture de logiques d’appropriation de l’espace et de marquage du territoire. Le Pavillon d’Or, est construit en 1398 par le troisième Shogun Ashikaga, Yoshimitsu, au sein d’un complexe de villa dans les montagnes au Nord de Kyoto. En 1484, un siècle après sa construction, le huitième shogun Yoshimasa commence la construction de sa propre villa dans les montagnes à l’Est de Kyoto, basée sur les principes de son prédécesseur, caractérisée par le Pavillon d’Argent. Après un siècle de guerre civile, le Japon est réunifié par trois généraux qui ferment le pays à l’extérieur. L’isolation du Japon s’accompagne d’une popularisation de l’architecture religieuse et le gouvernement militaire encourage les pèlerinages dans tous les pays. La période Edo, qui s’étend du 16ème siècle au à l’ère Meiji est appelée « la « période des artisans ». Les artisans se spécialisent en de multiples activités, charpentiers, plâtriers, maçons, scieurs15. En 1868, l'ère Meiji et l’ouverture du pays à l’extérieur, met fin au système féodal en plaçant la terre et la population directement sous juridiction impériale. L'empereur du Japon est le chef de l'État japonais et principal acteur des commandes architecturales. Il favorise notamment la modernisation du Japon en faisant appel aux savoir-faire occidentaux. En 1945, après la capitulation, les pouvoirs de l'empereur sont abolis et un Premier Ministre est nommé à la tête du gouvernement.

8. Architecture démonstration du pouvoir Tours du village de San Gimignano (photo internet)

9. Architecture sans architecte : Temple Todaiji, : Nara, Japon (photo internet)

site du JIA, Japan Institute of Archtects http://www.jia.or.jp/english/history_jia.htm , NISHI, Kazuo and HOZUMI, Kazuo (1985), What is Japanese Architecture? A Survey of Traditional Japanese Architecture, Tokyo, Pavillons d’Or et d’Argent, p30-31, constructions médiévales p.32-33, pèlerinage architectural p.34, période Edo p.49 14 15

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Un Ministère de la construction est créé en 1948, qui est responsable des politiques de construction et de logement japonais 16. Le style de l’architecture du XXème siècle au Japon est fortement influencé par le contexte politique de la course à la modernisation. Après la phase d’occidentalisation, les politiques favorisent la recherche d’une nouvelle architecture propre au Japon, du fait de la montée du nationalisme à l’approche de la guerre. B- le secteur de la construction et le champ économique Christian de Montlibert 17 rappelle que la construction d’un bâtiment ou d’un ouvrage d’art nécessite des investissements et peuvent être sources de profits financiers. Une opération architecturale se caractérise par la transformation d’un capital monétaire en espace construit, puis la re-transformation de ce capital matérialisé en capital monétaire lors d’une vente par exemple. Ainsi les professionnels de l’organisation et de l’aménagement de l’espace sont dépendants des rapports de forces économique, et de la situation économique globale et locale. Christian de Montlibert prend l’exemple de la figure du promoteur et de leurs finalités financières. Les architectes ont besoin des promoteurs pour un apport financier et les prometteur des architectes car ils leurs garantissent la valeur symbolique de la construction. Enfin, de Montlibert rappelle que dans une politique néolibérale, les objectifs politiques ne peuvent être atteints qu’autant que le champ économique y trouve un intérêt. Les grandes villes japonaises illustrent la dépendance de l’économie de marché sur la production architecturale. A la fin des années 1980, la grande bulle spéculative explose et provoque de profond bouleversement dans l’économie. De 1970 à 1980, les prix des terrains au Japon ont augmenté de 200% (23,5% en termes réels), et 238,5% dans les six grandes villes (39,3% en termes réels) 18. Manuel Tardits, architecte français travaillant à Yokohama 19 m’explique que la logique consommatrice de l’industrie de la construction au Japon peut être comparée à celle de la voiture ou de la mode ; au terme de 15 ans une voiture standard perd une grande partie de sa valeur, du fait qu’il faille changer de nombreuses pièces mécaniques, mais également par effet de mode et du nombre de nouveaux modèles sortis. Le prix d’un terrain dans une grande ville japonaise a une valeur bien supérieure au prix du bâtiment. Ainsi, un nouveau propriétaire préfère détruire et reconstruire sa maison plutôt que de rénover et de s’approprier le bâti existant sur le terrain. Cette logique de consommation alimente l’économie, et permet une constante demande pour les acteurs de la construction. Le renouvellement rapide du bâti est également lié aux cataclysmes réguliers, spécifiques au territoire japonais, tels que les séismes. Les politiques du logement en France et au Japon sont également révélatrices de la dépendance des commandes architecturales au champ politique et économique. En effet, ces politiques, déterminantes dans les l’histoire des productions architecturales, ont également été moteur d’évolution du secteur de la construction. 16

A quick look at housing in Japan, by The Building center of Japan, MLITT, Urban Renaissance Agency, UR et Japan Housing Finance Agency JHF, Mars 2013 www.jfir.or.jp/c20_international/agenda/index.html 17 DE MONTLIBERT Christian (1995) L’impossible autonomie de l’architecte, Strasbourg, Chapitre V : le profit économique 18 Site internet du Global property guide, article Octobre 2013 « Japanese house prices rising strongly! » http://www.globalpropertyguide.com/Asia/japan/Price-History 19 entretien avec Manuel Tardits le 4 décembre 2013, Yokohama Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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Elisabeth Campagnac20, chercheuse et enseignante à l'ENPC, analyse l’évolution du secteur du BTP en France. Les années 1960-1970 sont caractérisées par des opérations étatiques de logements sociaux à grande échelle, les Grands Ensembles (fig.10), qui a pu avoir lieu grâce au développement des grandes entreprises de construction. Au Japon, la période de l’aprèsguerre est suivie d’une période de reconstruction de 1952 à 1960 basée sur les principes du mouvement moderne en Europe, reposant sur l’idée des besoins existentiel d’un confort minimum. Le choix de la reconstruction se tourne vers les maisons préfabriquées et la construction de masse d’ensemble de logements collectifs, les danchi (fig.11) qui se développent grâce à l’établissement des grandes entreprises de construction telles que Takenaka. Le secteur de la construction japonaise à été industrialisé pour permettre de construire plus rapidement et plus efficacement, dans un contexte d’après-guerre, caractérisé par de nombreuses destructions et un besoin de croissance. En effet, une réforme des entreprises de construction et l’établissement des General Contractors, a été mise en place après la guerre et quatre grandes compagnies ont été établis sur le modèle américain : Takenaka (crée en 1610) Shimizu (1804), Kajima (1840) et Obayashi (1892).. L’entreprise Daiwa Odakyu Construction, fondée en 1955 produit la "Pipe House" la première maison préfabriquée. En 1965, elle ouvre la première usine de maison préfabriquée à Nara 21. Les grandes compagnies de construction sont initialement des Komuten, entreprises de charpenterie, qui se sont développées en grands groupes, intégrant les différentes phases de la construction et tous les corps de métiers.

10. Politiques de logement en France

11. Politiques du logement au Japon : Soka

Les Grands Ensembles de Sarcelles (internet)

Matsubara-danchi (internet)

En France, la période entre 1970 et 1980 est caractérisée par les phénomènes de la transformation des marchés et la dégradation de l’image des Grands Ensembles, impliquant l’émigration des populations vers l’habitat péri-habitat et le modèle de la maison individuelle (accession à la propriété). Le gouvernement français promeut une politique du logement basée sur le « marché » et « l’aide à la personne » alors qu’après la seconde guerre-mondiale, l’aide au logement était sous forme d’« aide à la pierre». L’opération de la Défense est révélatrice des contraintes, des dépendances et des influences des instances politiques, des sociétés de promotion immobilière, et des grandes entreprises de construction. En 1973, le premier choc pétrolier bouleverse l’économie mondiale et touche particulièrement le secteur de la construction. Au Japon, on assiste à une chute de la construction, et la nouvelle génération d’architecte se trouve limitée à la construction de petites maisons individuelles21. 20 21

CAMPAGNAC Elisabeth (1984) Construction et Architecture, métiers en mutation ?, Paris site internet des General Contractors, et NUSSAUME Yann (2004) Anthologie critique de la théorie architecturale japonaise , Grèce

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C- Exemples de dépendance des champs politiques et économiques Dans cette partie, je vais développer des exemples d’opérations récentes en France et au Japon qui témoignent de la dépendance des champs politiques et économiques du secteur de la construction. Tout d’abord, l’exemple des opérations parisiennes du 25 rue Bourgon et 37 rue Myrha, intégrant comme matériau innovant le béton de chanvre. Puis les particularités du renouveau de l’utilisation du bois pour les bâtiments de grandes échelles au Japon. Les immeubles de logements parisiens en béton de chanvre ont vu le jour car leurs maîtres d’ouvrage respectifs, Paris-Habitat et la RIVP, ont souhaité innover pour ces projets. Ainsi, le projet de logement du 25 rue Bourgon a été commandé par le bailleur social public de la Ville de Paris, Paris-Habitat en 2007, sans l’organisation d’un concours. L’OPH voulait expérimenter en matière de développement durable, et il a mis en place une procédure adaptée22. Paris Habitat a lancé une publicité, à laquelle des architectes ont répondu. L’opération étant petite (8 logements, 4 étages) l’expérimentation comportait peu de risque. L’Atelier-D a été choisi et à étudié un projet en bois, qui a été abandonné pour une proposition en béton de chanvre. Ainsi, le maître d’ouvrage était ouvert à l’innovation dès la programmation de l’opération mais l’architecte a dû le convaincre de l’intérêt du matériau proposé, notamment en termes de performances thermiques et sanitaires. L’opération étant à caractère expérimentale, le maître d’ouvrage accepte un temps plus long de conceptionréalisation. Pour le projet du 37 rue Myrha, le maître d’ouvrage est la RIVP, qui se décrit comme « un bailleur social, innovant, solidaire et éthique »23. En 2010, elle met en place un concours restreint, co-cadré ce qui signifie que le maître d’ouvrage présélectionne des équipes de maîtrise d’œuvre. Un concours co-cadré peut être mis en place jusqu’à un certain montant et une certaine taille de projet. Le projet rue Myrha est un petit, il comprendre seulement 4 logements et un local d’activité. L’agence d’architecture North by Northwest portée par Richard F. Thomas était dans cette sélection en équipe avec Laurent Mouly, ingénieur de LM Ingénieur.24. La Semavip, RIVP et la mairie du 18eme de Paris mettent en avant l’opération en tant que projet phare et aux perspectives de développement durable. De même l’opération du 25 rue Bourgon a été fortement médiatisé et a participé à donner une image durable et innovante à l’OPH Paris Habitat.

12. Projet du 25 rue Bourgon

13. Projet du 37 rue Myrha

entretien avec Olivier Cathelineau, ingénieur, chef d’opération à la direction de la construction du bailleur social public Paris-Habitat, le 3 juin 2013, Paris 23 site web http://www.rivp.fr/index.php/category/RIVP/Presentation, consulté le 4 mai 2013 24 entretien avec Monsieur Richard F. Thomas, Architecte et urbaniste, North by Northwest Architectes, le 16 avril 2013 22

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Dans ces deux cas, ce sont les maîtres d’ouvrage qui ont été initiateurs d’introduction d’innovation dans un programme de logement classique. Sans la volonté d’innover du maître d’ouvrage, les maîtres d’œuvre n’auraient pas eu l’occasion de proposer leur conception du bâtiment durable intégrant le béton de chanvre. Au Japon, la restriction puis la promotion de l’utilisation du bois sont liées aux volontés politiques et économiques du gouvernement. Aya Utsumi 25, m’explique qu’avant la guerre, le niveau de vie des japonais n’étaient pas très élevé et beaucoup habitaient dans des maisons en bois. Un grand nombre de ces habitations ont été détruites pendant la guerre, le plus souvent dans des incendies, de même que les forêts de plantation. Pour cette raison, après la guerre, le gouvernement a préféré privilégier la construction utilisant d’autres matériaux que le bois, notamment le béton et acier. Les forêts ont été replantées, et 50 ans après la guerre les arbres sont arrivés à maturité pour être coupés et transformés en bois de construction, tout en conservant le cycle de renouvellement des arbres. Pour cette raison, dans les années 2000, le gouvernement promeut l’utilisation de bois pour la construction, et notamment le bois japonais. Cependant le bois reste cher au Japon et le système de production de l’industrie du bois doit être révisé. La politique et l’économie jouent le rôle de commanditaire, d’investisseur. Une fois la commande déterminée, les phases de conception et construction sont partagées entre différents acteurs, avec lesquels l’architecte doit interagir, dans un processus de coopération.

2. La coopération entre différents milieux professionnels L’histoire de l’Architecture démontre le principe de la dépendance des agents de l’aménagement de l’espace au pouvoir politique et économique. Ce sont les pouvoirs politiques qui ont développé la spécificité de la profession d’architecte. Il est intéressant de se pencher sur l’influence des champs politiques et économiques sur la définition du statut de la profession. A- Définition du statut de l’architecte Guy Lambert 26, historien de l’architecture, s’intéresse à la pratique professionnelle des architectes, ainsi qu’aux rapports entre la culture architecturale et technique aux XIXe et XXe siècles. 25

entretien avec KUS Architects le 9 décembre 2013, Tokyo LAMBERT Guy (2003) Article « les architectes et le brevet d’invention en France (fin XIXe-début XXe siècles) Stratégies et représentations. » pp 459-470 dans Les archives de l’invention, écrits, objets et images de l’activité inventive 26

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Il rappelle que l’abolition des institutions corporatives et académiques lors de la Révolution française laisse le domaine du bâtiment sans structure. Ainsi, tout au long du XIXe siècle, en l’absence de définition légale, l’exercice de l’activité d’architecte est libre. En 1840 est fondée la Société Centrale représentant la corporation des architectes, à l’origine de la création du diplôme en 1867. En 1877, la société des architectes diplômés par le Gouvernement (SADG) puis en 1889 l’Union syndicale des architectes français sont créés. La seconde, accueille également des membres non-architectes, notamment des entrepreneurs. La loi du 31 décembre 1940 institue l’Ordre des Architectes. Dès lors, il suffit de payer une patente pour prétendre au titre d’architecte. Le statut professionnel des architectes, libéral, se définit par opposition à l’activité commerciale de l’entrepreneur. Elle prend comme référence le mode d’exercice adopté par l’Académie Royale d’Architecture de 1671, dont les fondements juridiques sont le non-salariat et le non-profit. La définition de la profession trouve une formulation précise dans le « Code des devoirs professionnels » de Julien Guadet, professeur de théorie à l’école des Beaux-Arts, de 1895, ou « Code Guadet », il rappelle que l’architecte est à la fois « un artiste et un praticien » (art.1), et précise qu’il s’agit d’une profession libérale et non commerciale, et par conséquent, « non compatible avec celle de l’entrepreneur, industriel ou fournisseur de matières ou d’objets employés dans la construction »(art.2). Cette définition a pour but de conserver le contrôle du processus de conception-construction de l’architecte, en tant que garant des intérêts du client/commanditaire. Il met en avant le rôle social revendiqué par l’architecte, notamment lorsqu’il intervient sur des questions d’hygiène et de sécurité du bâtiment. L’instauration de l’Ordre des Architectes ne donne pas à la profession un monopole et les maîtres d’œuvre indépendants prolifèrent, mais ils n’apportent pas les mêmes garanties que l’architecte au client. Ainsi la formation des architectes à l’école des Beaux-Arts jouent un rôle déterminant dans la tentative d’autonomisation, institué en 1867 27. Au Japon, l'Association des architectes, Zouka Gakkai, fondée en 1886, trente ans après le RIBA, Royal Institute of British Architects, premier institut des architectes de l'Europe, est à l'origine de l'Institut des Architectes du Japon (JIA), l’équivalent de l’Ordre des Architectes en France. L' « Architecture » comme profession a été introduit à la restauration de l’ère Meiji, lorsque le pays a ouvert ses portes sur l’extérieur et importé les nouveaux styles architecturaux occidentaux. La première génération d'architectes qualifiés était les diplômés de l’Imperial College of Engineering. En 1950, la loi Kenchikushi définit les conditions d’exercice de la profession28. Cette loi institue un examen pour pouvoir « exercer en son nom propre », divisé en trois catégories, le 1rst-class Kenchikushi pour des bâtiments de toutes tailles, le 2nd-class Kenchikushi et Mokuzo Kenchikushi pour les structures bois. En 2012, le taux de réussite était de 12,4% pour l’examen du Kenchikushi de 1ère catégorie (sur 35000 personnes environ)29. Tout le monde peut prétendre de se présenter au concours d’Architecte, entrepreneurs, charpentiers, ingénieurs etc. Ainsi, des entreprises de construction qui ont en leur sein une personne ayant passé l’examen, peut donc être en charge de la conception puis de la construction du bâtiment. Actuellement, de nombreux bâtiments, particulièrement de maisons individuelles de petites tailles sont construites par la même entreprise qui a dessiné les plans. DE MONTLIBERT Christian (1995) L’impossible autonomie de l’architecte, Strasbourg, Chapitre II. Les agents de la production de l’espace 28 site du JIA, Japan Institute of Archtects http://www.jia.or.jp/english/history_jia.htm 29 http://www.jaeic.or.jp/jaeic-pamphlet_e201306.pdf 27

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La première session du concours est consacrée à la législation, aux réglementations urbaines et techniques, et aux règles structurelles. Une deuxième consiste en un projet en une journée, axée non sur l’esthétique mais sur la cohérence structurelle, sur une organisation correspondant au programme donné et sur une bonne orientation du bâtiment. Il existe trois manières d’exercer la profession d’architecte au Japon. Tout d’abord les ateliers d’architecture, l’équivalent des agences d’architecture en France, avec un nombre de personnes variant de 1 à 200 pour les grands ateliers tel que celui de Kengo Kuma. Ces ateliers ne représentent qu’un faible pourcentage de la production de nouveaux bâtiments au Japon. Ensuite, les firmes d’architecture, telles que celle de Nikken Sekkei, emploient environ 2500 personnes. Ce modèle n’existe pas en France mais peut se retrouver dans les pays anglo-saxons, en Angleterre ou aux Etats-Unis. Enfin, les entreprises de construction, dont la taille varie des 5 plus grands « General Contractors » qui intègrent tous les départements et domaines de la construction, à l’entreprise de charpentier familiale qui soustraite à d’autres entreprises pour les travaux dont elle n’a pas les compétences. Les entreprises de petites tailles sont très nombreuses, ce qui constitue une grosse économie. Les firmes n’ont pas de compétence en matière de construction, mais intègrent en leur sein des équipes d’ingénieurs30. Cette organisation du secteur de la construction contraste avec le cloisonnement Architecte/Ingénieur du système français. Ainsi, l’« architecte » est la personne qui conçoit un bâtiment, et en dirige l'exécution. Il est responsable de toute les étapes de la conception d’un projet de bâtiment (du dessin à la réalisation, voir à l’entretient et au devenir du bâtiment). Il peut être qualifié de chef d’orchestre de l’ensemble des acteurs de la construction. Dans une opération d’architecture il interagit avec d’autres acteurs, ayant des pratiques différentes. B- les pratiques des acteurs de la construction Le CSTB, Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, dresse une liste des acteurs du secteur du bâtiment 31. Il regroupe les acteurs autour de 5 pôles, distinguant le point de vue de chacun des acteurs, sachant que des acteurs peuvent se situer dans plusieurs pôles. -Pôle d’intérêt collectif : les élus, administrations (par exemple la DREIF, Direction Régionale de l'Equipement d'Île-de-France réalisant une étude sur les éco-matériaux 65), agences, collectivités territoriales, départementales, locales, organismes de recherche et centres techniques (l’ENTPE 95), organismes de formations, associations de consommateurs, etc. -Pôle de décision opérationnelle : sociétés d’aménagements (société d’économie mixte comme la Semavip), maîtres d’ouvrages non gestionnaires ou gestionnaires (comme la RIVP ou Paris-Habitat), financeurs (tel que la Caisse des Dépôts et Consignations, ou la mairie de Paris) -Pôle de conception : maîtres d’œuvres, bureaux d’études techniques, urbanistes, paysagistes, économistes -Pôle de réalisation : industriels et distributeurs, réalisateur, bureaux de contrôle -Pôle d’utilisation : prestataires de services, gestionnaires, usagers de bâtiments résidentiels et tertiaires, assureurs. 30 31

entretien avec Manuel Tardits le 4 décembre 2013, Yokohama DUCHENE-MARULLAZ Philippe (1998) Evaluation de la qualité environnementale des bâtiments : contexte, problématique et revue des

approches méthodologiques existantes ouvrage pour le PUCA, Paris, p.18,

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Dans l’analyse des deux opérations intégrant le béton de chanvre à Paris, on remarque une importante interaction entre trois ces pôles, Le pôle de décision opérationnelle, avec la présence du maître d’ouvrage gestionnaire (RIVP et Paris Habitat), le pôle de conception, avec les maîtres d’œuvres et les bureaux d’études techniques, et enfin le pôle de réalisation, les industriels et distributeurs, réalisateur et les bureaux de contrôle. Le pôle d’intérêt collectif joue un rôle dans l’existence et la reconnaissance de ces projets (par exemple l’ENTPE, a été contacté pour effectuer une étude pst-réalisation pour le projet du 25 rue Bourgon 95). Les habitants locataires, eux n’ont pas été présélectionnés et donc pas joué de rôle dans ces projets. A présent définissons, les pratiques des acteurs de la construction : Le maître d’ouvrage gestionnaire, construit et gère son patrimoine. Le maître d’œuvre est chargé par le maitre d’ouvrage de concevoir les ouvrages, de diriger l’exécution des marchés de travaux et de proposer leur réception et leur règlement. Les bureaux d’études techniques, regroupe les techniciens assurant des missions de conception technique en société (BET) ou en indépendants (LM Ingénieur). Ils interviennent auprès de l’architecte à partir d’un certain niveau de complexité. Les industriels et distributeurs fabriquent et/ou fournissent les produits de construction et les équipements des bâtiments (BCB, fabricant de chaux aérienne) Les réalisateurs, sont les constructeurs et installateurs, intervenant sur le chantier (comme l’entreprise générale, Fayolle ou Tempere Construction, ou entreprises spécialisées par corps d’état comme l’applicateur chanvre, BE3C ou Batiethic) En France, contrairement au Japon, le constructeur ne peut pas être architecte. Les bureaux de contrôle regroupent les techniciens qui assurent des missions de contrôle de qualité et de sécurité (contrôle des conformités, contrôle des projets sur dossier ou sur chantier diagnostics) Les assureurs, assurent la construction dans son ensemble, y compris dans la phase d’utilisation, notamment durant la garantie décennale. Certains acteurs interviennent de façon continue dans l’évolution du projet, comme l’architecte ou le maître d’ouvrage, d’autres comme les bureaux de contrôle ou les entreprises générales interviennent à partir de la phase PRO, ou plus en amont comme c’est le cas pour les deux projets expérimentaux en béton de chanvre. Enfin des entreprises sous-traitantes interviennent de façon ponctuelle à certaines phases du chantier comme c’est le cas pour l’applicateur chanvre. Pour résumer, la « filière construction » en France et au Japon se distingue en les trois principaux acteurs que sont le maîtres d’ouvrage, le maîtres d’œuvre, les entreprises de bâtiment, caractérisés par trois types d’actions : la Commande, la Conception et la Construction. Ces différents acteurs, proviennent de formations et d’expériences différentes. Ils peuvent avoir des intérêts divergents par exemple, la responsabilité juridique de l’architecte est confrontée aux priorités économiques des Sociétés à but commercial. Néanmoins les acteurs de la conception-construction sont amenés à travailler ensemble, à coopérer afin de répondre à une commande créant un « système d’acteurs ». On peut se demander comment sont déterminés les « systèmes d’acteurs » et par qui. C’est-à-dire comment s’effectue la sélection de chacun des acteurs qui seront amenés à coopérer ensemble. Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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C- Les systèmes d’acteurs Michael Fenker 32, dans un article de l’ouvrage La fabrication de la ville, Métiers et organisations, étudie l’association d’acteurs de milieux professionnels différents, mettant en commun leurs expériences et leurs formations respectives dans un processus de coopération. Il cherche à comprendre comment la notion d’expérience est mobilisée dans des processus de coopération entre acteurs. Il part de l’hypothèse que l’expérience est ce qui amène les acteurs de la production architecturale à la coopération. Il définit l’expérience comme un processus de mobilisation des connaissances collectives, regroupant soit des savoirs acquis ailleurs, que l’on introduit dans une situation de coopération, soit des savoirs en train d’être acquis, soit des savoirs issus de l’ensemble d’une histoire professionnelle. L’expérience est une ressource capitalisée et valorisée par les acteurs mais elle est difficilement formalisable et permet donc aux acteurs de sortir d’un domaine professionnel ou technique particulier. La négociation du sens de l’expérience peut être mobilisée lors de transferts de savoirs par apprentissages, lors d’un déplacement des acteurs de leurs domaine d’origine ou lors d’une modification dans les représentions de la place de chacun des acteurs. Michael Fenker souligne la différence entre expérience et compétence. En France, la notion de compétence fait référence à celle de qualification. Dans beaucoup de secteurs, les acteurs restent attachés à l’idée que la compétence est exercée par des experts. Les situations de coopérations dans des opérations immobilières complexes montrent que les acteurs ne peuvent se contenter de la notion d’expert, c’est-à-dire de juger la conformité d’une situation à un modèle donné, notamment lors d’une opération expérimentale. Au contraire, l’expérience à un caractère peu formalisé mais « un processus continu d’interprétation et d’élaboration des savoirs. ». C’est un investissement fructueux car c’est une ressource qui ne se consomme pas mais s’enrichit au fur et à mesure que les acteurs la mobilisent. Ainsi, les différents acteurs des projets intégrant le béton de chanvre, acquièrent donc une expérience supplémentaire, une spécialisation, qu’ils valoriseront pour accéder à de nouveaux marchés. Le choix des acteurs d’une opération de construction peut être imposé par le maitre d’ouvrage par l’intermédiaire des « appels d’offres » comme c’est la cas principalement en France ou bien les acteurs impliqués peuvent faire des propositions d’association validées par le maitre d’ouvrage. Le diagramme p.27 trace une chronologie générale des actions et interactions entre les acteurs de ces trois opérations expérimentales (Fiches projets et interactions entre acteurs – Annexe II et III). (1) Dans les trois opérations étudiées, la première étape, le choix de l’architecte a été fait par le maître d’ouvrage dans une volonté d’expérimentation. Ce choix s’est effectué par l’intermédiaire d’un concours restreint pour l’opération rue Bourgon et rue Myrha et sans concours au Japon. En effet, en France, les opérations publiques requièrent l’obligation de l’organisation d’un concours. Au Japon, il n’existe pas d’obligation d’organiser un concours d’architecture et le propriétaire de la parcelle de Shimouma a directement sélectionné l’agence KUS comme maître d’œuvre. (2) La deuxième étape, la constitution d’une équipe de maîtrise d’œuvre varie selon les différents systèmes d’organisation entre professions d’architectes et d’ingénieurs en France et au Japon. 32

FENKER Michael (2009) Chapitre 11, Expérience et coopération au sein de la maîtrise d’ouvrage, de l’ouvrage de BIAU Véronique, TAPIE Guy, La fabrication de la ville, Métiers et organisations , Marseilles, p.153-164

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En France, l’enseignement de l’architecture est marqué par la pédagogie Beaux-Arts, axée sur l’acte de création33. Ainsi les Unités Pédagogiques créées après 1968 restent attachées à l’idée créatrice de l’architecte. Les études d’ingénierie et d’architecture ou d’urbanistes sont complètement séparées, tant au niveau de leur localisation, que dans les systèmes pédagogiques. Au Japon, la grande majorité des étudiants souhaitant accéder à la profession d’architecte entre dans une Université japonaise, publique ou privée au sein du département d’Ingénierie. Ils étudient pendant deux ans à des matières communes, un tronc commun entre les arts et les sciences. Ensuite, ils choisissent un département tel que l’Architecture, l’Ingénierie civile, la planification urbaine, et mais restent dans le même cadre universitaire. Ces différences de formations des architectes et ingénieurs influencent fortement les relations professionnelles entre ces deux milieux. En France, les associations architectes/ingénieur lors de projet architecturaux se font principalement par l’intermédiaire d’appel d’offre. Les Bureaux d’étude envoient des devis au maitre d’ouvrage qui choisit selon des critères, souvent économiques, celui qui sera amené à travailler avec l’architecture. Pour l’opération rue Bourgon, le bureau d’étude sélectionné par appel d’offre est Ingelec. Il n’avait aucune compétence en béton de chanvre. L’architecte nécessitant pour l’assister un spécialiste en béton de chanvre, et a donc fait appel à Laurent Goudet et son bureau d’étude Développement Chanvre, et a proposé cette collaboration à la maîtrise d’ouvrage qui a accepté. Pour le projet rue Myrha, la collaboration architecte/ingénieur entre Richard F. Thomas et Laurent Mouly est postérieure au projet. Le bureau d’étude LM Ingénieur a déjà conçu un projet en chanvre livré en 2012 en collaboration avec l’applicateur chanvre Batiethic. Ainsi, Laurent Mouly et Richard F. Thomas présentent ensemble l’idée d’utiliser le béton de chanvre dans le projet du 37 rue Myrha à la RIVP. Au Japon, le propriétaire a fait appel à KUS Architects pour leur intérêt pour la construction bois. Les archietctes de KUS sont également membres d’une l’ONG nommée Timberize, composée d’architectes et d’ingénieurs provenant principalement de l’Université de Tokyo et dont l’objectif est de promouvoir une nouvelle architecture en bois adapté à la ville japonaise. (3) La troisième étape est le choix de l’entreprise de construction. En France, les bailleurs sociaux imposent à la maîtrise d’œuvre une entreprise générale, qui choisira ellemême ses sous-traitants, y compris l’applicateur chanvre, souvent par le biais d’un appel d’offres. Ainsi, l’entreprise Fayolle est en charge du projet rue Bourgon. Pour le projet rue Myrha, la situation est différente car la maîtrise d’œuvre a spécifié au maître d’ouvrage que l’appel d’offres aux entreprises devait inclure une expérience en béton de chanvre. Ainsi trois entreprises ont répondu, Batirenov, spécialisée dans la rénovation en béton de chanvre et qui se développe dans la construction, Tempere Construction, et une 3ème qui a été écartée. M.Casanova34, directeur d'exploitation de Tempere Construction, m’explique qu’il a d’abord travaillé chez Fayolle et avait participé quelques temps au projet du 25 rue Bourgon. Il a ensuite quitté Fayolle pour Tempere et a répondu à l’appel d’offre pour le projet rue Myrha, mettant en avant son expérience du béton de chanvre et notamment sa connaissance des partenaires pour cette technique de construction, comme Laurent Goudet pour l’application du chanvre. Au Japon, l’architecte du projet de Shimouma35 avait la possibilité de choisir 33

DE MONTLIBERT Christian (1995) L’impossible autonomie de l’architecte, Strasbourg, Chapitre II. Les agents de la production de l’espace 34 entretien avec Philippe Casanova

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l’entreprise de construction seulement il n’existait pas d’entreprises compétentes pour un projet en structure bois de cette échelle. Les entreprises de charpentier ou spécialisées dans la construction de maisons en bois n’ont pas les moyens de construire un immeubles de 5 étages, et les grandes entreprises de construction privilégient les constructions en béton et en acier. Finalement un partenariat avec l’entreprise de construction Daiwa House a été trouvé. (4) La quatrième étape dans les opérations introductrices d’innovations est la nécessité d’un processus d’expérimentation, afin de valider les choix constructifs utilisés. Ces expérimentations requièrent des financements. Pour les projets utilisant le béton de chanvre, il n’y a pas eu d’expérimentations spécifiques en amont du projet. Les expériences de projection de béton de chanvre de Laurent Goudet pour le projet rue Bourgon et de Laurent Mouly de LM Ingénieur et Benjamin Leroux de Batiethic, pour le projet rue Myrha ont suffi, accompagnées des Règles Professionnelles (cf. II-3-C). Pour le projet rue Bourgon, des expérimentations post-construction ont été mis en place à la demande de l’architecte pour évaluer les qualités du béton de chanvre. Pour le projet, rue Myrha un prototype de mur en chanvre avec le sous-traitant chanvre, Batiethic, présenté lors d’une exposition organisée à la mairie du 18eme arrondissement (fig. 27). Au contraire, pour l’opération de Shimouma, il y a eu de réelles expérimentations en amont pour tester les nouveaux dispositifs structuraux mis en place, tel que les doubles planchers Massiv Holz ou le treillis diagonal en bois et les faire valider par le ministère 5. Ces expérimentations ont été financées par des entreprises privées, intéressées par leurs résultats35. (5) La dernière étape correspond à la finalisation du projet et à sa médiatisation. Les acteurs, à la fois de la Commande, de la Conception et de la Construction valorisent cette expérience afin d’en tirer des profits politiques ou économiques. Des visites de chantiers ou du bâtiment avant livraison ont été organisé pour ces trois opérations.

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entretien avec KUS Architects, le 9 décembre 2013, Tokyo Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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3. Des phénomènes de coopération et leurs contextes politiques et économiques en France et au Japon A- l’expérience inédite du béton de chanvre Pour les deux opérations parisiennes, l’utilisation du béton de chanvre est une expérience inédite pour l’ensemble des acteurs. Le projet rue Bourgon pour Paris Habitat, dessiné par Atelier-D constitue une avancé dans l’ouverture du béton de chanvre aux marchés des matériaux de construction (Fiche rue Bourgon – Annexe II et III). C’est le deuxième bâtiment en béton de chanvre confronté à un bureau de contrôle, après la Maison de l’Habitat à Clermont Ferrand (fig. 14). L’Atelier-D qui utilisait déjà dans ces projets la laine de chanvre en isolation, bien normée, a rencontré des praticiens du béton de chanvre en maisons individuelles dans des salons tel que Eco-bat, et il a donc proposé à Paris Habitat ce matériau afin d’expérimenter le premier immeuble à étage, jamais réalisé en béton de chanvre. Seulement il a fallu rechercher des personnes ayant une expérience de l’utilisation de ce matériau. A l’époque, la filière était mal organisée et il y avait peu d’interlocuteurs. C’était un milieu d’auto construction, qui n’a pas, comme les autres matériaux, de fournisseurs, d’entreprises, ou de bureaux d’étude identifiés. L’Atelier-D 36 a perdu beaucoup de temps pour trouver un interlocuteur pour mettre en œuvre ce matériau, puis a rencontré Laurent Goudet comme bureau d’étude béton de chanvre, membre de l’Association Construire en Chanvre, CenC. Au terme d’une longue procédure de pédagogie et d’explication pour convaincre les différents acteurs du projet, l’appel d’offre aux entreprises a pu être lancé. Contrairement au projet de la Maison de l’Habitat à Clermont Ferrand qui était appuyé par un industriel du chanvre, l’Atelier du Chanvre d’Olivier Duport, le 25 rue Bourgon a été défendu uniquement par le couple architecte/bureau d’étude chanvre. Mais le bureau de contrôle BatiPlus a été suffisamment rassuré car il n’a pas demandé d’Atex, alors que le projet rue Bourgon est entièrement en béton de chanvre, à la différence de la Maison de l’Habitat. L’architecte aurait préféré que le lot béton de chanvre soit un lot à part, lui permettant de contrôlé l’application du chanvre, mais comme nous l’avons vu, Paris Habitat impose l’emploi d’une entreprise générale, en lot unique, rendant l’entreprise de construction générale libre de travailler avec les entreprises de son choix.

14. Maison de l’Habitat à Clermont Ferrand (revue) 36

15. Chantier rue Bourgon (site ekopolis.fr)

entretien avec Ilhem Belhatem, architecte de l’agence Atelier-D

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L’entreprise générale choisie par l’appel d’offre est le bétonneur, Fayolle, mais Atelier-D ayant anticipé d’éventuels problèmes, avait stipulé dans le CCTP (Cahier des clauses techniques particulières), que l’entreprise générale devait s’entourer d’entreprises spécialistes de béton de chanvre. Celle-ci refuse d’abord qu’Ilhem Belhatem, l’architecte en charge du projet, impose le choix de ses sous-traitants, puis accepte que certains de ces ouvriers soient formés à la technique du béton de chanvre. Pour ce projet, l’architecte a décloisonné les pratiques habituelles à trois reprises. Tout d’abord, elle a imposé de former les ouvriers de l’entreprise générale, puis de recourir à un applicateur chanvre, et enfin, d’organiser des rendez-vous hebdomadaires entreprise/architecte et des rendez-vous entreprise/sous-traitant, alors que l’Architecte n’a pas le droit de faire de la gérance avec les sous-traitants et d’assister aux rendez-vous avec les sous-traitants. On assiste à un élargissement du rôle d’architecte, qui a décidé pour les circonstances particulière du projet d’empiéter sur le rôle de l’entreprise de constructions, en assistant notamment les sous-traitants dans le dessin des détails d’exécution. L’architecte explique également ses erreurs, devant ce chantier au caractère inhabituel, elle aurait due imposer de voir les sous-traitants. Afin d’expliquer la démarche d’utilisation du béton de chanvre, et ensuite laisser l’entreprise générale gérer le chantier.

B- Une ONG pour renouveau de l’utilisation du bois pour les grandes structures au Japon. La méthode traditionnelle de construction au Japon est celle de la structure bois poteau-poutre (fiche Structure bois - Annexe V). Avant l’introduction de la structure en brique en 1860, et des structures métalliques et en béton armé entre 1900 et 1920, la structure en bois était le modèle prédominant, tant pour les bâtiments à usage public, Temples et Shrines, que pour les bâtiments à usage commercial. Aujourd’hui encore, un grand nombre des maisons individuelles nouvellement construites le sont en bois. Cependant, l'effort de guerre de la seconde guerre-mondiale a rendu indisponibles des matériaux manufacturés pour la construction ordinaire et à la fin de la guerre, même le bois a été temporairement inaccessible. Ainsi un architecte comme Kunio Maekawa, qui construisait alors en bois, s’est tourné vers la construction en béton armé37. Pour des raisons également de prévention des incendies en zone urbaine dense, la construction de bâtiments en bois de plus de 13 m a été interdite entre 1950 à 1987 38. 37

occupation américaine, de 1945 à 1952, source B. STEWART David (1988) The Making of a Modern Japanese Architecture, Tokyo, New York 38 durant la période Taisho http://japanpropertycentral.com/2012/06/tokyos-newest-and-tallest-wood-framemansion/, The Sankei Shimbun, June 19, 2012. Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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En 1980, les constructions en bois, ainsi que l’ingénierie et les mesures administratives ont été réévaluées pour rendre possible à nouveau la construction en structure bois à grande échelle 39 . Avant 2000, les réglementations relatives à la construction au Japon consistait en une large collection de clauses qui dictaient comment un bâtiment devait être construit, et avec quels matériaux. Si l’on souhaitait utiliser des matériaux, des équipements, une conception ou une méthode de construction, qui n’entrait pas dans une clause spécifique, il ne pouvait pas les mettre en place sans l’accord spécial du ministère. Maintenant, de nouveaux systèmes constructifs ou matériaux peuvent être mis en place, basé sur la performance. La loi de 2000 permet la construction de bâtiment en bois de 4 étages ou plus qui doivent respecter les restrictions en matière de résistance au feu, c’est-à-dire qu’il doit utiliser des solutions le rendant apte à résister au feu durant 1 ou 2 heures selon les parties du bâtiment. Ces solutions doivent suivre les méthodes de vérification de résistance au feu et avoir l’accord du ministère. La loi propose par exemple l’utilisation de plaques de plâtre pour couvrir les structures en bois, ayant une résistance au feu de 1 heure et ayant été validée par le ministère 5. Dans ce contexte des architectes et ingénieurs la plupart provenant de l’Université de Tokyo s’intéressant aux constructions bois à grande échelle se rassemblent et forment un groupe : POS, Possibility of Skyscrapers. Ce groupe s’établit comme ONG en 2011, nommée Timberize. Les deux architectes de l’agence KUS Architects en sont membres, ainsi que deux laboratoires de recherche de l’Université de Tokyo, l’un d’ingénierie structure, Koshihara Laboratory et l’un dans le département d’agriculture 40. Cette ONG dont le but est d’explorer les possibilités d’une nouvelle architecture en bois, est financée par les membres eux-mêmes, ce qui montre une volonté de ces acteurs de faire évoluer le système par leurs propres moyens. Ainsi, KUS architectes et l’équipe Timberize expérimentent depuis 1997, une nouvelle architecture en bois. Ils analysent la production des constructions bois au Japon et recensent des exemples modernes en structure bois (fig. 16). 16. Schéma de l’évolution des structures bois au Japon en fonction de leur échelle.

Ainsi la construction de gymnases en bois est devenue possible à partir des années 1980, comme en témoigne le Stade Odate Jukai Dome de Toyo Ito à Atika en 1997 (fiche Projets Structure bois – Annexe V). L’édification de ces structures a été permise grâce au développement de structures hybrides bois et acier ou de la technique du lamellé collé stratifié, permettant de rendre les structures ignifuges. Ils étudient également l’architecture moderne de la structure bois, notamment dans l’industrie de la maison japonaise préfabriquée 39 40

Building Standard Law http://www.mlit.go.jp/english/ Liens des membres de l’ONG Timberize http://www.sd-lab.net/link.htm

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–méthode du 2X4 house importée des Etats-Unis. Enfin, le projet de Shimouma est mis en avant en tant que « bâtiment de grande hauteur », permit par l’amendement de 2000. Les différents membres participent aux recherches, par des productions architecturales, comme l’éco-House de Yamada Toshihiro, HUG architects ou par le travail de laboratoire et l’expérimentation structurelle 41. En 2009, ils organisent une exposition à l’Université de Tokyo, et publient des livres et des revues sur le bois. Ils développent également des idées urbanistiques, de rénovation des zones urbaines de haute densité de construction bois. Les architectes cherchent à préserver « l’ambiance » de ces quartiers tout en réduisant les risques d’incendie. Aujourd’hui, de nombreux investisseurs souhaitent raser ces zones pour construire du bâti dense à la place. L’idée de Timberize est de rénover ces zones grâce à des systèmes de résistance au feu tel que développée au projet de Shimouma.

C- Nouvelles pratiques, nouveaux acteurs L’introduction du béton de chanvre dans la construction standard en France est caractérisée par l’émergence d’un nouvel acteur, nécessaire à la conception-construction du premier immeuble en chanvre de France. En effet pour le bâtiment rue Bourgon, Laurent Goudet joue à la fois le rôle de bureau d’étude dans le pôle de conception (Développement Chanvre) et d’entrepreneur constructeur dans le pôle construction (SI2C). En 2001, Laurent Goudet se spécialise dans la technique de la projection de béton de chanvre. Ainsi, entre 2001 et 2007, son entreprise réalise des chantiers en utilisant ce procédé en France et en Europe. L’entreprise de Laurent Goudet et ses associés (Claude Eichwald et Gérard Levin), S.I.2.C (Société Innovante Construction Chanvre), basée en Bretagne, regroupe également un bureau d’étude BE3C (Bureau d’Etude Concept Construction Chanvre), et un magasin de matériaux écologiques CTC (Chanvre Terre Chaux). Laurent Goudet m’explique que « l’entreprise » est cataloguée « applicateur », « exécutant » et que les autres acteurs de la construction n’attendent pas d’elle un avis technique, ce qui pose problème par la suite sur les chantiers. C’est pourquoi il crée son bureau d’étude en 2004, Développement Chanvre, pour accéder plus facilement aux marchés en tant qu’entreprise de construction. En 2008, Laurent Goudet se sépare de ses associés et se focalise sur la fabrication de matériel spécifique au chanvre afin d’apporter des solutions crédibles à la diffusion de la technique. 41

site internet du laboratoire de Koshihara http://wood.iis.u-tokyo.ac.jp/mokusitu.html

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Pour aller « chercher du marché » il se présente comme bureau d’études, ce qui lui ouvre les portes des cabinets d’architecture ou des bureaux de contrôle, alors qu’en tant qu’entreprise, il est perçu comme « vendeur d’un produit ». Dans les représentations de chacun des acteurs de la construction, le bureau d’étude, « passe pour capable d’avoir une vision objective », ce qui lui offre de meilleures possibilités de convaincre, et une meilleur écoute de son argumentaire42. Pour le bâtiment du 25 rue Bourgon, est donc d’abord le bureau d’étude chanvre. Ensuite, après une demande de l’architecte, il se voit confier la responsabilité de former les ouvriers de Fayolle aux techniques de la projection du béton de chanvre. Mais l’entreprise de construction, au moment de réaliser la projection du béton de chanvre, se rend compte qu’il y a un problème d’assurance. Si elle met en œuvre le béton de chanvre, c’est elle qui est responsable. C’est donc Laurent Goudet qui est sous-traité comme applicateur chanvre43. On assiste à une première pratique inhabituelle face aux manques d’acteurs compétents à la technique du béton de chanvre. En effet, la responsabilité de la mission de conception technique, de la mission de formation, de réalisation d’une partie du chantier, est assuré par une seule et même personne. On peut dire que Laurent Goudet est porteur à la fois d’innovation de procédés, grâce à l’invention de sa machine ; de services, de par son cumul de rôle, inhabituel dans la construction ; et des produits, par son élaboration d’un mélange chaux/chanvre adapté à sa machine.

42 43

entretien avec Ilhem Belhatem, architecte de l’agence Atelier-D, Paris entretien Laurent Goudet le 31 mai 2013, Paris

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II- Dynamiques d’innovation dans des processus culturels locaux Lorsqu’on étudie l’histoire du champ de la construction, on s’aperçoit que ces transformations sont liées à des évènements économiques, politiques ou récemment, environnementaux. Par exemple, la deuxième guerre mondiale ou la crise pétrolière de 1973, ont eu des répercussions mondiales sur le secteur de la construction. Ces évènements peuvent être situés à l’échelle globale ou locale et sont les moteurs des transformations des pratiques et des systèmes d’acteurs. Aujourd’hui, les préoccupations énergétiques et la question de l’impact de l’homme sur l’environnement s’est popularisée et s’est introduite dans les programmes politiques des pays industrialisés. Le secteur de la construction étant un grand consommateur de matières premières et producteur de CO², il est particulièrement touché par les objectifs universels décrétés par les différents Sommets internationaux, engageant les pays à réduire notamment l’émission des gaz à effet de serre. Ainsi certaines innovations dans le secteur de la construction visent à répondre à la demande en ‘éco-construction’. Si par le passé, les dynamiques d’innovation avaient un objectif de globalisation des pratiques et des systèmes d’acteurs, aujourd’hui les préoccupations environnementales orientent les dynamiques d’innovation vers un retour à une économie de la construction plus localisée, mobilisant des acteurs et des ressources locales.

1. dynamiques d’innovation aux XIX-XXe siècle : Vers une globalisation Les pratiques et les systèmes d’acteur d’un champ, évoluent et se renouvellent par la suite d’innovations techniques et/ou opératoires. Je vais donc m’intéresser tout d’abord au phénomène d’innovation en architecture et dans le champ de la construction. A- l’innovation du champ de la construction et en architecture L’histoire de la construction est jalonnée d’innovations, qui sont liées au contexte politiques et économiques locales et/ou internationales. Par exemple, l’invention de l’ogive et de l’arc boutant dans l’architecture gothique permettant de nouvelles possibilités de verticalité est à mettre en relation avec la croissance démographique lié aux développements agricoles et commerciaux à cette époque en France, nécessitant une augmentation de la taille des édifices religieux (fig. 17). De même, l’invention du « double-toit » ou du « toit caché » dans l’architecture des temples japonais, permettant de concevoir des espaces aux dimensions plus grandes, correspond à une volonté de démarquer l’architecture japonaise de ses influences chinoises (fig. 18). Au XIXe siècle, l’essor de l’architecture métallique est à mettre en relation avec la Révolution Industrielle et la transformation des sociétés européennes vers une société industrielle et commerciale. Il existe des innovations techniques ou de matériaux, mais également des innovations de procédés, tel que la parution au Japon au 17 ème siècle du Shomei, manuel de proportion pour les constructeurs44. 44

NISHI, Kazuo and HOZUMI, Kazuo (1985), What is Japanese Architecture? A Survey of Traditional Japanese Architecture, Tokyo, p.23 “hidden roof” et p.77 Shomei Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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17. Méthode constructive : la Voute

18. Méthode constructive : l’assembalge poteau-poutre : Temple de

Eglise Gothique, 13ème siècle(internet)

Jizodo Shofukuji, 15ème (What is Japanese Architecture, 1987)

Pierre Francastel 45, dans Art et technique aux XIXe et XXe siècles, parut en 1956, rappelle que les inventions et autres découvertes technologiques ont connu leurs fortunes non pas pour leur « originalité scientifique » mais parce qu’elles résolvaient des « problèmes économiques et sociaux ». L’économiste Joseph Schumpeter, 46 en 1912 définit l’innovation de produit comme «une invention qui a rencontré un marché, qui a conquis des utilisateurs et des clients ». Une innovation peut se découper en trois phases non linéaires: l’étude de la faisabilité technique du nouveau produit (expérimentations par des laboratoires ou des entreprises et études des perspectives de marché et de plan de financement du processus), développement et de l’élaboration de prototypes (des essais permettent de savoir si on poursuit ou non l’innovation et d’évaluer les risques technologiques et commerciaux), industrialisation et de commercialisation. Ensuite les innovations sont protégées par des brevets. Une innovation est facilement qualifiable dans le cadre industriel car elle est définit par un succès commercial rapide, ce qui distingue l’innovation d'une invention ou d'une découverte. Ainsi, dans le secteur de l’industrie de la construction, l’invention de nouveaux matériaux, de nouvelles méthodes de constructions, d’assemblages constructifs, de pièces techniques constituent des innovations. En architecture, les dynamiques d’innovation sont limitées par la définition même de la profession d’architecte. Guy Lambert47 rappelle que le « Code Guadet » de 1895, définit la profession comme libérale et non commerciale, et par conséquent, « non compatible avec celle de l’entrepreneur, industriel ou fournisseur de matières ou d’objets employés dans la construction » (art.2). Le code Guadet soumet le brevet à un régime particulier : « si un architecte a pris un brevet pour un produit concernant l’industrie du bâtiment, il ne l’exploite pas personnellement, mais il le vend à un industriel en lui cédant tous ses droits de propriété pour l’exploitation » (art.3) Les architectes peuvent déposer des brevets, mais ne peuvent pas tirer profit de son exploitation commerciale. Ainsi les architectes trouvent d’autres alternatives pour valoriser ses « inventions » et exposer ces choix techniques par le biais des revues d’architecture. Ainsi l’architecte peut être initiateur d’inventions de dispositifs architecturaux, de solutions techniques, de combinaisons de matériaux nouveaux, dans sa collaboration avec des ingénieurs ou des entrepreneurs. 45

FRANCASTEL Pierre (1956) Art et technique aux XIXe et XXe siècles, Paris, p.18 CEYTE Isabelle (2007) mémoire de recherche de M2, Institut d’Études Politiques de Lyon, État, acteurs privés et innovation dans le domaine des matériaux de construction écologiques : Le développement du béton de chanvre depuis 1986, p.9 47 LAMBERT Guy (2003) Article « les architectes et le brevet d’invention en France (fin XIXe-début XXe siècles) Stratégies et représentations. » pp 459-470 dans Les archives de l’invention, écrits, objets et images de l’activité inventive 46

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En 1895, Alcide Vaillant évoque un appareil inventé par un de ses confrères, Charles Lafforgue, présenté à l’exposition d’hygiène en 1895 : « Les architectes ne laissent pas aux seuls industriels le soin de chercher des dispositions et d’indiquer des formes et des solutions. On peut dire même que l’imagination très exercée qui leur est caractéristique leur permet le plus souvent de guider les industriels. Je connais quelques-uns de ceux-ci qui exploitent tout simplement les idées de ceux-là ».

B- l’évolution de la notion d’innovation au XXème siècle L’invention de nouveau matériaux ou produits est un phénomène historique continu, qui caractérise l’ensemble des civilisations. Jacques Hui48, ingénieur, écrit « Depuis que l’homme existe, il n’a cessé d’inventer de nouveaux matériaux à partir des ressources de la planète où à partir de matériaux dont il maîtrisait l’élaboration. Le concept de matériau nouveau traduit donc à la fois un état permanent et une relativité temporelle ». Bernadette Bersaude-Vincent 38 retrace l’histoire de l’innovation des matériaux, et s’attache à montrer les particularités des dynamiques d’innovation introduite dans les Sciences et l’Industrie au XXe siècle. En effet, les innovations évoluent vers des matériaux de plus en plus complexes, soit par leur mode d’élaboration, soit par leurs caractéristiques. Elle note néanmoins une approche de plus en plus fonctionnaliste des matériaux, qui résulte de « l’invention programmée» ou «l’invention de la méthode d’invention» 49. L’innovation résulte de la science, mais une science obstinée, systématique et rationnelle, « une folie collective d’entreprises rivales, engagées à grand frais dans la conquête des marchés ». Les nouveaux matériaux sont de plus en plus caractérisés par des procédés et des marchés, ils sont conçus sur mesure pour répondre à un cahier des charges précis. Il faut alors justifier l’augmentation du prix de revient des matériaux nouveaux, notamment par des opérations de marketing. La rentabilité, la facilité de mise en œuvre et la sécurité du procédé sont parties intégrantes des caractéristiques techniques du produit et sont déterminantes dans un processus de substitution. Cette démarche a été introduite dans l’industrie et dans l’enseignement des écoles d’ingénieurs dans les années 70 en France. L’histoire des substitutions est agitée par deux formes de guerres : une recherche d’indépendance, d’autonomie des nations d’une part, et la concurrence d’autre part (entre matériaux pour un même usage, entre les firmes industrielles qui produisent un type de matériau et enfin, entre les nations industrielles). Ainsi, les innovations sont liées aux contextes politiques et économiques.

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ancien directeur d’un secteur de production chez Rhône-Poulenc, dans « Les matériaux, une histoire vieille comme l’homme », dans la revue Culture techniques n°23 de juin 1991, p.103, citation extraite de l’ouvrage de BERSAUDE-VINCENT Bernadette (1998), Eloge du mixte, Matériaux nouveaux et philosophie ancienne, Paris 38 49

Alfred North Whitehead, 1925 Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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C- Des innovations locales aux révolutions globalisées L’étude de l’habitat vernaculaire de par le monde montre une adaptation locale de l’habitat au climat, aux ressources et aux cultures. Au Japon, la variété de climat entre le Nord et Sud, les montagnes et les vallées, l’été et l’hiver, se reflète dans la construction traditionnelle d’habitats très diversifiés, qui se distinguent par l’emploi de différents matériaux, essences d’arbres, dispositifs de protection à la chaleur et à l’humidité, aux typhons, à la neige, aux tremblements de terre… Le cas du Japon est intéressant car le pays ayant été coupé du reste du monde pendant 232 ans, de 1636 à 1867, ces typologies localisées ont persisté d’avantage que dans les pays développés d’occident, dont le cadre bâti a été affecté par la révolution industrielle du XXème siècle. Suite à l’ouverture du pays à l’extérieur durant l’ère Meiji, le gouvernement favorise l’implantation de l’industrie moderne au Japon, et un grand nombre de techniciens étrangers sont engagés dont des architectes pour dessiner et construire les usines et bâtiments officiels, tel que l’anglais Thomas, James Waters, ou l’Américain R.P. Bridgens 50. Ainsi des techniques et dispositifs architecturaux occidentaux sont introduits au Japon, produisant un bouleversement des techniques de construction. La brique est introduite en 1860, et les structures métalliques et en béton armé entre 1900 et 1920. Suite au Grand tremblement de terre du Kantô de 1923 (fig.2) se développe alors la construction antisismique à charpente métallique. En parallèle, un grand nombre d’ensembles de logements, les Danchi, (fig. 11) sont construits sur le modèle de l’Architecture Internationale. Après la guerre, le choix de la reconstruction se tourne vers les maisons préfabriquées et la construction de masse 50. L’exemple du Japon montre la rapide transformation de la culture architecturale et technique locale d’un pays à des modes de production des bâtiments globalisés. Les innovations techniques internationalisées telles que le béton armé importé d’Europe, ou la maison préfabriquée d’après-guerre importée des Etats Unis se sont largement répandue au Japon, rendant minoritaire l’habitat traditionnel. Ces innovations ont reçu un important succès car elles résolvaient des problèmes économiques et sociaux nationaux, la modernisation du Japon et le développement de sa puissance économique, suite au contexte international de la seconde Guerre-Mondiale. Ces innovations sont à mettre en relation avec la création des grandes entreprises de construction Japonaise telles que Takenaka. En France, le XIXe siècle et la révolution industrielle ont été riches en innovations techniques, et le passage d’une architecture vernaculaire adaptée au milieu à une architecture moderne et généralisée s’est opérée plus tôt qu’au Japon, notamment dans les grandes villes (fig.19). Les innovations architecturales telle que l’Unité d’Habitation de la Corbusier ont fortement influencé le paysage du logement social en France et à l’international. En effet, la période d’avant 1970 est caractérisée par des opérations étatiques de logements sociaux à grande échelle, les Grands Ensembles (fig.10) qui ont pu avoir lieu grâce au développement des grandes entreprises de construction telle que Vinci ou Bouygues. Ainsi, si la production du cadre bâti et les cultures constructives était par le passé fortement liée au contexte local, au climat, aux ressources de la région, aux cultures. L’industrialisation de masse du XXème siècle dans un grand nombre de pays a permis une globalisation des productions et techniques constructives créant des phénomènes d’exportation/importation de matériaux, de transferts de savoirs et de savoir-faire interculturels, lié à une économie de marché. 50

NUSSAUME Yann (2004), Anthologie critique de la théorie architecturale japonaise, le regard du milieu, Grèce

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2. Nouvelles dynamiques d’innovation : Retour à une économie locale En France, la généralisation du béton armé et du parpaing est remis en question à partir des années 70 dans un contexte économique de crise pétrolière. Aujourd’hui, on assiste à un retour des matériaux dits naturels tels que la terre, la paille ou le chanvre. La popularisation de la « conscience écologique » et le retour d’une économie basée sur des acteurs et des ressources locales, implique le bouleversement du système actuel du champ de la construction. A- l’introduction des valeurs environnementales Suite aux chocs pétroliers de 1973 et 1979, différentes publications comme l’ouvrage de David Wright, Soleil, Nature, Architecture, d’Edward Mazria, Guide de la maison solaire, et d’André Ravereau, le M’Zab, une leçon d’architecture, en 1981 en France, montrent une popularisation des principes bioclimatiques. Des architectes français 51 remettent en question la conception de l’habitat des « temps modernes » de l’Architecture Moderne, qui néglige la relation de l’homme à son environnement. La redécouverte des principes de l’habitat bioclimatiques, pousse à une réorientation de la politique énergétique de l’époque vers une vision plus globale de la relation entre l’habitat et les énergies. Ainsi, l’habitat peut être considéré comme un médiateur entre l’habitant et son milieu, comme un abri thermique passif. Le mouvement moderne est né en Occident puis s’est répandu dans de nombreux pays, comme au Japon. S’il vise à offrir au plus grand nombre, une amélioration de la qualité de vie, celle-ci dépend des critères de perception de la vie qui varient d’une culture, d’une époque à l’autre. Ainsi, les architectes japonais des années 70 remettent en question la simplification à l’extrême des habitations, leurs dimensions selon des critères bien définis et universels 52. La prise de conscience écologique à l’échelle mondiale apparait dans les agendas politiques des pays développés à partir des années 70 en raison de catastrophes écologiques d’origine humaine53, ainsi que de la hausse du coût des énergies fossiles. En 1972, conférence de Stockholm place la question écologique au rang des préoccupations internationales. Le terme « d’écodéveloppement » y est défini par Ignacy Sachs54 et caractérise une philosophie du développement qui concilie ’économie’ et ‘écologie’, c’est-à-dire une compatibilité entre « la croissance » et « le progrès social et la gestion saine des ressource et du milieu ». Le terme ‘développement durable’ lui apparait dans le rapport « Brundtland » en 1987 55. En 1997, 182 pays ratifient le protocole de Kyoto visant à réduire les gaz à effets de serre. Ainsi, la notion de développement durable se popularise et incite les Etats des pays développés à intégrer les préoccupations environnementales aux politiques nationales et régionales. 51

ALEXANDROFF Georges et Jeanne-Marie(1982), Architectures et Climats, Soleil et énergies naturelles dans l’habitat, Paris 52 NUSSAUME Yann (2004), Anthologie critique de la théorie architecturale japonaise, le regard du milieu, Grèce 53 CASSON Rachel (2013) Printemps silencieux (Silent Spring) Criticat n°11, qui dénonce l’usage du DDT, pesticide développé au début de la Seconde Guerre mondiale utilisé avec succès dans la lutte contre les insectes et comme insecticide agricole. 54 MULLE Felix (2013) chronologie, un demi-siècle d’architecture écologique en France : de l’expérimental au labellisé, Criticat n°11 p.64 55 VIVIEN Franck Dominique (2001), « histoire d’un mot, histoire d’une idée, le développement durable à l’épreuve du temps » p.18-54 de l’ouvrage de Marcel Jollivet, le développement durable, de l’utopie au concept

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En France, le mouvement écologique se caractérise par le regain d’intérêt pour des matériaux naturels tel que le bois (1967-1973 et 1979-1989) ou la terre crue (1979-1985)56. En 2003 la sensibilisation du grand public devient un enjeu des politiques du « développement durable » en France et en 2005 les grands groupes s’emparent également du sujet 46. L’Etat crée des organismes et vote de réglementations principalement «thermiques » qui évoluent des années 70 et de nos jours (RT 74, 88, 2000 2005, 2012). En 1992, un programme de recherche est lancé par le PUCA, le Plan Urbanisme Construction Architecture, qui aboutira en 1996 à la création d’outils d’évaluation de la qualité environnementale et du référentiel HQE (qui devient une association, et la marque AHQE). En 2006 est créée l’ONG française Effinergie, qui délivrera le label BBC-Effinergie jusqu’à 2012. Mais ces labélisations écologiques se concentrent sur la question énergétique. Au Japon, les politiques et les acteurs de la construction ont une relation différente à l’écologie. Ainsi, Kengo Kuma critique l’omniprésence du béton brut dans l’architecture japonaise, héritée de l’architecture de Kenzo Tange et de Tadao Ando, qui n’est pas compatible avec l’idée de durabilité. Il admet que le nombre d’architecte cherchant des matériaux altératifs est limité. Les architectes qui se disent éco-responsables existent peu au Japon, car ce genre de spécialisation est « un risque de marginalisation pour les architectes et menace l’activité de conception» 57. Manuel Tardits 48 m’explique que l’approche environnementale au Japon peut être vue soit d’un point de vue économique, ainsi si le dispositif « écologique » permet un profit, alors il est mis en place ; ou bien du point de vue éthique, autorisant des dépassements de budgets standards. Ainsi, un panneau photovoltaïque, d’une durée de vie de 15 ans n’est pas rentable. Si le client persiste dans sa volonté d’installer un panneau, sa démarche « écologique » est perçue comme « éthique ». Au Japon, la pose d’isolation dans les bâtiments pour réduire les consommations énergétiques n’est pas automatique ou règlementée. Pour le projet du lycée Akanedai Junior High School à Yokohama en 2011, l’agence Mikan 58 prévoit de l’isolation mais la mairie, commanditaire du projet, refuse car ce serait le premier lycée isolé de la ville, et il faudrait alors faire de même pour tous les lycées de Yokohama. En effet, la réglementation n’oblige pas à isoler ou à respecter des normes « environnementales », elle est simplement incitatrice. Seules les grandes firmes d’architecture et entreprises de construction ont un discours sur l’écologie, plus que les ateliers d’architecture. Cela provient de la demande. Lorsque de grandes compagnies commandent des immeubles de bureau, elles cherchent également à valoriser leur image en construisant un bâtiment éco-responsable, leur permettant également des économies d’énergie. La démarche environnementale est perçue comme une image de marque à valoriser pour les grandes entreprises, qui construisent des bâtiments « performants et intelligents ». Par exemple Takenaka Corporation, à Osaka, développe le projet de Mido-suji Rooftop Woodification, qui consiste à ajouter des structures en bois au-dessus des bâtiments existants pour répondre à demande de bureaux 59.

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MULLE Felix (2013) chronologie, un demi-siècle d’architecture écologique en France : de l’expérimental au labellisé, Criticat n°11 p.64 57 MATHIEU Clémence (2008) Interview de l’architecte Kengo Kuma , Ecologik n°5, Dossier japon, p98-99 58 entretien Manuel Tardits le 4 décembre 2013, Yokohama 59 The Japanese Architect n° 89 Spring 2013, Wood architecture in the Expanded Field, p.120-121 Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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Des lois sur l’économie d’énergie ont néanmoins été établies au Japon à partir de 1979. Nommée, Act Concerning the Rational Use of Energy, Acte concernant l’utilisation rationnelle de l’énergie, elle oblige les propriétaires à isoler les murs extérieurs et les fenêtres et à adopter des mesures d’économies d’énergie telle que l’utilisation efficace de l’air conditionné à partir d’une certaine échelle de bâtiment. Ces lois ont été renforcées en 2008, étendant son cadre aux résidences et bâtiments de 300m² de surface. En parallèle le gouvernement développe et promeut le CASBEE 60, un système d'évaluation pour favoriser les qualités et les performances environnementales intérieures et réduire l’impact du bâtiment sur l’environnement par des économies d’énergie. En France et au Japon, les champs politiques par le biais de réglementations et des labels, promeuvent une architecture plus respectueuse de l’environnement et axée sur une réponse globale de réduction des consommations d’énergie, notamment par l’isolation de bâtiments. Cette approche globale du système est remise en question par des acteurs du champ de la construction, qui prônent un retour à l’utilisation des acteurs et des ressources locales, et donc un renouvellement des pratiques et des systèmes d’acteurs actuels. B- les éco-matériaux en France Contrairement au Japon, la France est riche en pierres, en matériaux inorganiques et en minéraux. Ainsi, la pierre ou les matières premières de la brique sont trouvés à la surface de la terre, ou extraites. Ainsi, une architecture de pierre et de brique se développe pour les bâtiments importants, ponts, châteaux, voiries… développant des cultures constructives telles que la voûte. Pour l’architecture standard, la technique constructive principale est à pan de bois avec remplissage de torchis, ou de pisé, ainsi que le chaume de seigle, le genêt, le roseau, la tuile de bois, pour les toitures. A la fin du XIXe siècle, l'accession à la propriété du prolétariat agricole et l'enrichissement de la petite paysannerie provoque un changement des matériaux de construction pour des matériaux plus durables et moins sensibles aux incendies, tels que la pierre de taille, la brique, l’ardoise, les tuiles de terre cuite, chaux, etc. qui étaient alors réservés aux classes aisées. Cette évolution est liée aux progrès techniques tels que l’ouverture de carrières, la création de tuileries-briqueteries et de fours à chaux, ou le développement des transports ferroviaires et fluviaux. Ainsi la brique industrielle conquit la Sologne sous le second Empire et les débuts de la 3ème République, remplaçant le torchis 61. Pour résumer, les techniques traditionnelles utilisent la maçonnerie pour les bâtiments prestigieux, et l’ossature pour les constructions standards, d’abord à ossature bois et remplissage de terre, de plâtre et de chaux, puis à remplissage brique assurant une protection au feu. Ce n’est qu’au début du XXe siècle que le béton armé et le métal ont été utilisés en ossature, généralement avec un remplissage de maçonnerie. Ainsi, Richard F. Thomas explique son choix architectural pour le projet rue Myrha par l’histoire constructive propre aux villes françaises et leurs constructions à ossature et remplissage adaptées au contexte urbain dense 62 (fig. 19). 60

Comprehensive Assessment System for Built Environment Efficiency, BOURDIER Marc (2008) Ecologik n°5, Dossier japon, p94, 61 Enquête sur les conditions de l'habitation en France", publiée sous la direction d'Alfred de Foville et Jacques Flach en 1894 et 1899 62 Construction & biodiversité, Rencontres de Natureparif du 20 mars 2012 – Paris, pdf téléchargeable sur internet p.16, http://www.natureparif.fr/connaitre/publications/rencontres-natureparif/construction-batiClara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


40 19. Évolution des techniques constructives à Paris, réalisé par NXNW Architectes (LM Ingénieur)

En France, certains acteurs dénoncent une réponse aux enjeux environnementaux dans le secteur de la construction, focalisée sur la réduction des consommations d’énergie produite par le bâtiment lors de son fonctionnement. Selon Florence Couraud 63 directrice du CNIID (Centre National d’Information Indépendante sur les Déchets), soulève une situation contradictoire, pourtant classique, un chantier BBC (Bâtiment Basse Consommation) utilisant des matériaux non recyclables ou dépendants des énergies fossiles (ciment, aluminium, acier …) comme le béton, qui nécessitent d’importantes quantités d’énergie pour leur fabrication. Elle propose donc l’utilisation d’éco-matériaux, qui sont des produits de construction offrant de bonnes performances La notion d’énergie grise et de cycle de vie des matériaux de construction, intégré à celui du bâtiment ou de la ville a émergé dans les réflexions sur la dépendance du secteur de la construction aux énergies fossile. Ainsi des matériaux aux performances environnementales sont redécouverts en France, comme par exemple terre crue en 1979, suivit de la création du laboratoire CRAterre et la publication de Construire en terre. Entre 2000 et 2012 on assiste à une normalisation progressive de ces techniques traditionnelles telles que la brique de terre crue (norme Afnor), règlementant leur application mais en 2012 les organismes de certification n’ont toujours pas publiés de Règles Professionnelles concernant l’usage de la terre crue, ralentissant le développement de la filière. Ainsi, le développement de ces nouvelles filières sont dépendantes des champs politiques et des procédures de normalisations 64. 63

COURAND Florence (2012) Matériaux et pétrodépendance : quelle stratégie ?, ‘A’A L’Architecture d’Aujourd’hui - Horssérie Perspectives Durables 2012 54 MULLE Felix (2013) chronologie, un demi-siècle d’architecture écologique en France : de l’expérimental au labellisé, Criticat n°11 p.64

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Une étude exploratoire du CETE Ile de France 65 rédigée en 2010 donne la définition des écomatériaux : « Est éco-matériau un produit dont les processus de production, de transport, de mise en œuvre, de vie en œuvre, de fin vie, présentent globalement, face à des matériaux classiques, des performances environnementales supérieures en termes de consommation d’énergie non renouvelable, de consommation de ressources naturelles, d’émissions de gaz à effet de serre, et qui ne remettent pas en cause la santé des occupants et des professionnels assurant leur mise en œuvre. ». Cette étude tente de caractériser ces éco-matériaux, car ils constituent, selon la DREIF l'un des moyens disponibles pour l’atteinte de les objectifs du Grenelle de l’environnement, tout en constituant un enjeu économique pour l’Ile-de-France . En effet, l’émergence de nouvelles filières de production et de transformation de matériaux de construction locale permettrait de palier aux besoins traditionnels en granulats, nécessaire par exemple à la fabrication du béton, soit 15 à 20 millions de tonnes par an, satisfaits pour plus de la moitié par des importations, provenant de régions toujours plus éloignées. Quatre critères environnementaux ont été calculés pour caractériser les matériaux : sa renouvelabilité, ses émissions de gaz à effet de serre, son énergie grise, son impact sur la santé. Suite au Grenelle de l’environnement, le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l'Énergie (MEDDE) a identifié le besoin de structurer la filière des éco-matériaux. Il a demandé à la filière chanvre, de mettre en place une structure nationale, subventionnée par l’Etat. L’association, C et B, Construction et Bio-ressource66 qui récupère des fonds publics afin de montrer les freins à l’émergence de techniques alternatives. La région Ile-de-France, est l’une des régions françaises qui construit le plus, avec le parc existant, soit 700 millions de m². Or, si 44 éco-matériaux sont identifiés en Ile de France comme disponibles, peu de filières de production de ces éco-matériaux sont implantés dans la région. Après enquête auprès des maîtres d'œuvre, l'utilisation d'éco-matériaux dans les projets d'aménagement est encore loin d'être une pratique courante. Ce faible développement des filières d'éco-matériaux en Île-deFrance s’explique par l'absence d'information sur les qualités environnementales des matériaux, sur l'inertie et les a priori de la profession sur l'utilisation de matériaux nouveaux alors que les anciens matériaux sont connus et sur l'absence des nouveaux matériaux des sources classiques de distributeurs. Ainsi, les éco-matériaux sont souvent disponibles dans des points de distribution spécialisés, et ne sont donc dédiés qu'aux professionnels recherchant spécifiquement des éco-matériaux. J’ai pu le constater pour les opérations parisiennes utilisant le béton de chanvre, les difficultés des architectes et ingénieurs à recueillir des informations sur ce matériau. En effet, la filière chanvre en France est née d’une coopérative d’agriculteurs, qui ont su s’associer avec des architectes, ingénieurs et petits entrepreneurs, entrevoyant dans ce matériau des perspectives de réponse aux problèmes environnementaux posés par le secteur de la construction. L’économie des éco-matériaux est basée sur des ressources et des acteurs locaux. La filière chanvre est née dans l’Aube dans les années 80 et elle est apparait aujourd’hui dans le paysage parisien. Mais les opérations de logement parisiennes sont le fruit d’un long travail de collaboration pour surmonter les freins à l’utilisation des éco-matériaux, notamment le passage de l’échelle artisanale à industrielles (III-1-B). 65

Les éco-matériaux dans l’aménagement et l’aménagement en Ide de France, Contribution à leur caractérisation, catalogue et potentialités de développement de filière, issu d’une commande de la Direction Régionale de l'Equipement d'Île-de-France (DREIF)) 66 Site web de CetB, http://www.constructions-bioressources.org/

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C- Le bois au Japon L’architecture traditionnelle japonaise utilise le bois comme matériau principal et la structure poteau-poutre comme technique constructive. 80% de l’archipel japonais est couvert de montagnes et de forêts, ainsi les constructeurs ont accès à des arbres matures d’une grande variété espèces. La longue tradition de construction en bois participe à l’élaboration d’un savoir-faire avancé. Ainsi, traditionnellement, les arbres ayant poussé sur une pente orientée au Nord sont utilisés pour la partie nord du bâtiment. Le climat tempéré et à fort taux d’humidité crée un environnement favorable pour la pousse des herbes, roseaux, joncs et paille ou le bambou, utilisés pour les chevrons, les gouttières, les clôtures et également comme lattes ou clou. La paille de riz est également utilisée comme matériau de construction, comme matelas tissé (tatami) ou sur les toits en chaume qui protègent de la pluie et de la neige et garantissent l’isolation du bâtiment. La pierre comme le granit est utilisée pour les fondations à la base des poteaux ou des murs ou comme mur de soutènement pour les jardins ou terrasses de riz. La terre est un bon isolant et résistante au vent et à la pluie, peut être utilisée pour la fabrication de murs en torchis, est appliquée sur une grille de lattes en bambou67 (Fiche Structure bois - Annexe V). La conjonction des caractéristiques climatiques et de la forte densité de constructions en bois produit une situation de fort risque d’incendie. En prévention, des techniques traditionnelles ont été mise en place, notamment la couverture des toits et des murs extérieurs avec des matériaux incombustibles. Un autre système de protection au feu appliqué aux temples était notamment l’isolation des édifices les uns des autres et la proximité de bassin d’eau. Les gardes meubles ou kura, comme le Shoso-in à Istuka, sont des bâtiments construits pour héberger les objets de valeur et les protéger des incendies, utilisent des plaques de céramiques carrées avec des joints exagérés de mélange plâtre/chaux créer une surface résistante au feu (fig. 20). Ce principe a été repris dans l’urbanisme du XXème siècle, les planifications urbaines prévoient des ceintures de bâtiments en béton armé, enfermant des pilots de petites constructions en bois évitant la propagation du feu d’un îlot à l’autre, si un incendie survient (fig. 21).

20. bâtiment résistant au feu : Kura - namako-kabe (internet)

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21. Schémas des politiques urbaines de protection au feu réalisé par le laboratoire de Tsukamoto, TIT

LOCHER Mira, (2010) Traditional Japanese architecture, An exploration of elements and forms, Tuttle Publishing, Tokyo, Part 2 Forms and Materials, Chapter 7 Materials, p.70 Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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Au XXème siècle, Japon entre dans une phase d’industrialisation et de modernisation. En 1923 survient le grand tremblement de terre du Kantô, région de Tokyo, sur l’île principale de l’archipel japonais, qui provoque le déclenchement de nombreux incendies et la destruction de 450 000 bâtiments. La seconde Guerre-Mondiale est marquée par de nombreuses destructions et une pénurie du bois de construction du fait de la dévastation des forêts par les bombardements et de l’exploitation intensive. Ainsi, les structures en béton ou en structure métallique deviennent de règle pour la plupart des bâtiments de grande échelle (supérieurs à 2 étages) du fait de l’application du Code japonais relatif à la construction, the Building Standard Law. Ainsi, de 1950 à 1987, la construction de bâtiments en bois de plus de 13 m a été interdite 68. Cependant, elle reste majoritaire dans le secteur des maisons individuelles, pour des raisons économiques, plus qu’esthétiques ou environnementales. En 2009, 73% des maisons individuelles étaient réalisées en structure poteau-poutre bois, 10% en ossature légère et 14% avec d’autres matériaux que le bois. Au contraire, 73% des appartements sont construits en béton armé ou en structure métallique, 17% en panneaux préfabriqués autres que le bois, et 27% en structure bois (moitié poteau-poutre, moitié en ossature légère). Ainsi, la demande de construction de logements en bois reste forte au Japon. Pour les bâtiments de grande échelle, une industrie du béton et du métal a été développée, avec des règlementations et des entreprises pour supporter cette économie 69. Les logements en bois construits avec un système poteau-poutre traditionnel, sont produits par des entreprises de petite taille, qui produisent en moyenne 50 unités par an. Cependant, le nombre de charpentiers compétents a décru ces dernières années. En 2013, The Building Center of Japan publie une recherche sur le logement au Japon et exprime la volonté de Plan National pour le logement de mettre en place des mesures pour promouvoir le logement en bois « afin de former un environnement de vie favorable, qui rencontre la nature, l’histoire, et la culture des régions, et appel à la continuité et à l’amélioration des techniques traditionnelles d’utilisation du bois dans la construction de logement » - impliquant la formation de personnes aux compétences techniques et promouvoir la production de logement en bois. Le soutien d’un logement avec des qualités perceptibles sur le long-terme, est mis en place au sein des petites et moyennes entreprises de construction, en coopération avec les producteurs de maisons locaux, afin d’améliorer les méthodes de construction 70 . Le gouvernement promeut l’utilisation du bois japonais par des subventions, mais la mise en pratique est plus complexe, notamment face à la concurrence des bois importé d’Amériques ou d’Asie, plus résistants et plus économiques71. Pour le projet de Shimouma 72, le bois provient en partie des forêts japonaises, le cèdre notamment, mais une grande partie est importée du Canada ou d’Amérique, comme le pin. 68

http://japanpropertycentral.com/2012/06/tokyos-newest-andtallest-wood-frame-mansion/, The Sankei Shimbun, June 19, 2012. 69 Building Standard Law, Chapitre 1, http://www.mlit.go.jp/english/ 70 A quick look at housing in Japan, Mars 2013, Chapitre 3 Politique du logement, p.67 Le Japon est le 1er importateur mondial de bois venant des Etats-Unis, du Canada, de la Russie, de la Malaisie, de l'Indonésie, de l'Australie, du Chili etc, Japan's Timber Trade and Forestry, http://www.jatan.org/eng/japane.html 71

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En effet, Aya Utsumi 72 m’explique que le bois japonais est cher au Japon du fait du système existant basé sur des structures mal organisées et non compétitives de production et de transformation du bois de construction. Ce problème existe également en France pour le béton de chanvre car la plante du chanvre a une valeur élevée, du fait que seule une partie de sa production de chanvre est valorisée.

3. L’exemple de matériaux de construction innovants locaux en France et au Japon Je vais maintenant montrer le processus d’émergence et d’institutionnalisation du béton de chanvre et du bois au japon reposant sur l’action d’acteurs locaux, ces matériaux de construction étant spécifiques aux territoires et aux sociétés françaises et au japonaises. A- l’invention du béton de chanvre spécifique au territoire français Le chanvre est une plante qui a eu une importance stratégique dans de nombreux pays car elle fournissait les fibres pour le textile et les cordages, cependant l’utilisation du coton, puis des fibres synthétiques font que sa culture est tombée en désuétude. En effet, la culture du chanvre représentait 120 ha dans les années 1950 en Touraine. Dans les années 60, la France prend de l’avance sur les autres pays puisqu’elle règle le problème de la maîtrise de la teneur en THC dans les plantes de chanvre grâce aux recherches de la Fédération Nationale des Producteurs de Chanvre. Cette fédération, localisée dans la Sarthe, au Mans, a pour but de représenter syndicalement les producteurs afin de faire du lobbying national puis européen. Elle a aussi comme mission de sélectionner et de vendre des semences de chanvre qui respectent les exigences règlementaires : une teneur en THC inférieure à 0,2%. La culture du chanvre reprend et apparaît principalement dans deux bassins, celui des pays de Loire, qui l’utilise pour des débouchés traditionnels et en Champagne Ardenne 73. Là, les producteurs de chanvre ont une attitude radicalement différente puisqu’ils vont chercher à valoriser toutes les parties de la plante dans différents secteurs d’activité qui va aboutir à la naissance du béton de chanvre. La Chanvrière de l’Aube (LCDA) créée en 1973 est une coopérative agricole est créée à Bar-sur-Aube. Initialement, elle rassemble 91 producteurs qui cultivent environ 400 hectares de chanvre. Avant, les producteurs de chanvre vendaient leur récolte à une usine de pâte à papier du groupe Bolloré. Cependant en raison de la crise du papier et pour anticiper la cessation de leur contrat avec cette entreprise, ils décident de se regrouper en coopérative afin de créer une usine de première transformation, c’est-à-dire de séparation des différents éléments de la plante de chanvre qui seront ensuite valorisés. L’objectif initial est de trouver des marchés plus rentables et de nouveaux débouchés à la paille de chanvre. L’idée d’utiliser le chanvre dans le secteur du bâtiment vient d’une problématique de restauration des maisons à colombage du 16ème siècle de Troyes. La Direction des Bâtiments de la Ville s'est alors demandée comment adapter le procédé du torchis à la réalité actuelle et a opté pour le béton de chanvre 74(Fiche Béton de Chanvre – Annexe IV). 72

entretien KUS Architects le 9 décembre 2013, Tokyo site web Construire en Chanvre 74 CHABAS Sébastien (2013), Une rénovation "tout chanvre" pour une maison à colombage, batiactu 73

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Cependant, le chanvre a une valeur élevée, car seule une partie de sa production de chanvre est valorisé. La plante est composée à 30% de fibre et à 60% de chènevotte 75. Or seule la chènevotte est utilisée pour le béton de chanvre. Les autres parties de la plantes, le chènevis et la fibre sont utilisés pour l’alimentation animale (poissons, oiseaux, …), les huiles alimentaires et les produits diététiques et cosmétiques ainsi que la pâte à papier, la corderie et ficellerie, les laines isolante, pour les matériaux composites, et le textile mais les marchés sont très peu développés76. Ainsi il est difficile pour l’agriculteur de valoriser qu’une partie du produit. Ainsi, en 1982, Laurent Goudet 75 décide de s’approprier la technique du chanvre pour la construction, et crée l’entreprise Chènevotte Habitat et le produit Isochanvre, qui peut être utilisé tel quel ou mélanger à un liant. L’entreprise mène une politique de promotion de ce matériau afin de le valoriser et de le vendre aux entreprises 77. Les années de 1988 à 2000 ont constituée 10 ans d’apprentissage pour l’ensemble des professionnels. Ce matériau est essentiellement approprié par le monde de l’écologie, des entreprises marginales, des adeptes d’une écologie jusqu’au-boutiste. En 1998, se constitue l’association Construire en Chanvre (CenC) à l’initiative de la Chanvrière de l’Aube autour d’un certain nombre professionnels (d’applicateurs, entreprise, architecture université de Lyon ENTPE, et d’un industriel, Weber Strasservil, Balthazard & Cotte) afin d’organiser le marché, l’assurabilité, transférer le savoir-faire. Cette entreprise, productrice de chaux aérienne, qui deviendra BCB investit financièrement dans l’association, car elle entrevoit la potentialité de ce nouveau matériau et cherche à être le premier sur le marché du chanvre afin de vendre sa chaux, autour du réseau constitué. Le béton de chanvre est non structurel, c’est un matériau de remplissage isolant et écologique qui peut être empilé sous forme de bloc ou projeté entre et autour des structures primaires et secondaires du bâtiment, planchers, murs, plafonds ou toiture. Il assure une isolation répartie de la construction réduisant les ponts thermiques. Sa nature hygroscopique c’est-à-dire sa tendance à absorber l’humidité de l’air, permet une respiration de la paroi et améliore le confort été/hiver. L’ensemble des entreprises se sont réunis, ont confronté leurs expériences, ont constitué des échantillons, que l’ENTPE a ensuite mis à l’épreuve. Le groupe professionnel identifie aux cours de ces réunions les problèmes et des freins au développement de ce matériau, que sont principalement le manque d’études et de normalisation. Aujourd’hui, plus de 8000 ha de chanvre sont cultivés en France, ce qui lui confère une position de leader avec 60% des surfaces européennes. Cependant, la matière première est aujourd’hui envoyée en Allemagne pour transformation, la France perdant ainsi la valeur ajoutée du produit. Les adhérents de Construire en Chanvre sont issus de tous les milieux professionnels, producteurs agricoles, transformateurs de chanvre et fabricants de matériaux, chercheurs, distributeurs, maîtres d’œuvre, entrepreneurs, maître d’ouvrages79… 75

Entretien avec Laurent Goudet, le 31 mai 2013 site internet Association Construire en Chanvre, C en C 77 un article des cahiers techniques du bâtiment, 2000 76

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et militent pour une reconnaissance des propriétés écologiques du béton de chanvre auprès des politiques, intuitions et des organismes de contrôle. B- Le retour du bois dans le secteur de la construction japonaise, entre local et global Le bois n’est pas un matériau nouveau, mais les solutions mise en place pour rendre possible une construction à grande échelle en structure bois dans une ville comme Tokyo, sont inédites au Japon et sont le fruit de diverses innovations constructives et techniques. Au Japon, les forêts replantées après la guerre sont arrivées à maturité pour être coupées et transformées en bois de construction, tout en conservant le cycle de renouvellement des arbres. Ainsi, en 1980, les constructions en bois, ainsi que l’ingénierie et les mesures administratives ont été réévaluées pour rendre possible à nouveau la construction en structure bois à grande échelle. La loi de 2000 permet la construction de bâtiments de Catégorie 2, c’est à dire de plus de 13 m, en structure bois qui respectent les restrictions en matière de résistance au feu, c’est-à-dire qu’il doit utiliser des matériaux approuvés par le ministère comme résistant au feu80. Depuis 2000, des exemples de bâtiments publics et privés en bois se sont développé au Japon, avec le plus souvent une structure hybride bois et métal, et/ou un rez-de-chaussée en béton armé afin de se soumettre à une résistance de 2h au feu (fiche Structure bois - Annexe V). Les projets récents aux ambitions de structure bois de grande envergure comme ceux de l’équipe Timberize repose sur un système développé de l’Industrie du bois. Mais comme nous l’avons vu précédemment, le système de productions, transformation et construction du bois pour les bâtiments de grande échelle est difficile à mettre en place. Ainsi, d’autres acteurs de la construction proposent une architecture de bois basé sur les acteurs et des ressources locales, notamment dans le contexte post-11 mars 2011. Récemment, le bois a été promu par des architectes pour servir d’habitat temporaire pour les victimes du tremblement de terre de Tohoku de mars 2011. Pour ces habitats, des agences et laboratoires d’architecture ont développé un système constructif issu des méthodes traditionnelles, permettant de la réutilisation du matériau. L’utilisation du bois permet également de revitaliser les entreprises locales, basée sur une longue histoire de la charpenterie. Après la catastrophe de Fukushima, des universitaires des départements d’Architecture et d’Ingénierie de différentes universités japonaises s’intéressent à une proposition de logements temporaires en bois pour remplacer les logements préfabriqués habituellement construits pour les victimes en cas de désastre. Dans un rapport publié par Haryu Wood Studio, Kunihiro Ando, architecte, professeur à l'Université de Tsukuba Institute of Art and Design 81 propose de revitaliser Tohoku grâce au bois par l'utilisation des ressources forestières et des acteurs locaux. Il explique que des accords entre le gouvernement municipal et l’association des fabricants et fournisseurs de constructions préfabriquées ont été signés pour qu’en cas de désastre, des maisons temporaires de secours d'urgence soient rapidement construites. Ce système limite donc les possibilités de construction de maisons temporaires utilisant le bois. Mais cette catastrophe a dévasté une vaste zone d’agriculture et de pêche de la région de Tohoku et l'Association a été incapable de fournir suffisamment de logements temporaires préfabriqués. Les raisons étant les entreprises liées à la construction de maisons préfabriquées avaient seulement l'expérience constructive en zones urbaines et pas assez pour construire dans les zones d’agriculture et de pêche. 80 81

Building Standard Law, Chapitre 4, http://www.mlit.go.jp/english/ rapport Wooden Temporary Housing Group, Architecture from 3.11, by HARYU WOOD STUDIO

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De plus, pour les habitants qui sont habituées à vivre dans les maisons de bois, vivre dans une boîte préfabriquée est un changement trop grand. Ainsi il propose aux victimes de Tohoku des maisons de refuge construites en bois. Il se base sur la longue histoire de la menuiserie de la région de Tohoku et espère que leur recours revitalise la région. Il conçoit des maisons avec la méthode Itakura, qui sont construites par Sakuma Building Company, basée à Fukushima. De nombreux charpentiers venant de la région d’Aizu ont été formés. Les éléments, en cèdre du Japon, sont prédécoupés puis assemblés sur le chantier. Les planches de bois sont légèrement pré-attachées pour constituer un panneau à l'avance et raccourcir le temps de montage. Le Core-House dessinée par l'Atelier Bow-Wow pour ArchiAid, à Momonoura utilise également la méthode Itakura. Le prototype a été construit au coût minimum en utilisant les ressources locales. Itakura est une méthode de construction de panneau de bois, souvent employée pour la construction de kura ou garde-meubles, tel que le Shoso-in (Fiche Structure bois - Annexe V). Les poteaux de bois ont une section de 120 mm², et les murs sont constitués de planches glissées dans les fentes dans poteaux (fig. 22). Ces architectes réutilisent donc les techniques traditionnelles et ont recours aux ressources et aux acteurs locaux. Ils sont confrontés aux systèmes d’acteurs existants, mais face aux particularités de cette catastrophe, 200 maisons temporaires utilisant la méthode Itakura ont pu être construites.

22. Core-House, Méthode Itakura (site Pecha-Kucha.com) 23. Ecole maternelle d’Asahi (site internet Tezuka)

L’école maternelle d’Asahi à Minamisanriku conçue par Tezuka Architects fait partie des 15 nouveaux jardins d'enfants financés par l'UNICEF. 16 cèdres de 400 ans ont été utilisés. Ils bordaient la route menant au temple bouddhiste local et avaient été plantés en 1611 mais ont été endommagés par les eaux des inondations suite au tsunami de mars 2011. Ces cèdres ont été transformés en poteaux porteurs, poutres, planchers et mains courantes. L’architecte Takehiro Ota explique qu’ils n’ont pas utilisé d’armatures métalliques pour ce projet car le bois utilisé contient beaucoup d’humidité et n’est donc pas stable. Le métal n’est pas assez souple pour suivre le mouvement de bois. A l’intérieur, il n'y a pas de murs porteurs. Ainsi de longues poutres ont été créées par emboîtement de plusieurs éléments de bois. Dans ce projet la technique d’assemblage bois de chevilles et de coins pour les poutres permet des ajustements dans le temps suivant l’évolution hygrométrique du bois82(fig. 23). 82

http://www.architectural-review.com/essays/japan-after-the-storm/8650268.article

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Ces projets sont fortement axés sur une échelle locale, sont lié à un contexte rural, et contrastent avec les projets de Timberize en zone urbaine, qui nécessitent le support de l’Industrie et des Institutions. C- Le béton de chanvre, le transfert du local au global Nous avons vu que la filière du béton de chanvre en France est née d’une association d’acteurs locaux. Cependant, le développement de la filière et notamment la construction des deux opérations parisiennes intégrant le béton de chanvre, amène un changement d’échelle. Le transfert d’une économie local vers une échelle plus industrialisée de la construction en chanvre s’illustre par trois changements significatifs : une évolution des procédés constructifs (machine de Laurent Goudet pour la projection), des acteurs (collaboration avec une entreprise générale) et de la règlementation (validation par des bureaux de contrôle et qualification du béton de chanvre aux normes des isolants). Le mode d’application du béton de chanvre se divise en deux techniques, celle de la préfabrication avec des blocs de chanvre et celle d’une mise en œuvre sur chantier du matériau brut, dans une ossature, à l’aide d’une bétonnière et par coulage du mélange chènevotte /chaux/eau encore liquide (Fiche Béton de Chanvre- Annexe IV). Laurent Goudet à choisit de développer la second procédé constructif et pour le rentabiliser a inventé une machine à projeter le chanvre en 2001 83. Cette machine lui permet d’appliquer le béton de chanvre rapidement, lui ouvrant ainsi les portes du marché de la construction de bâtiments à grande échelle. Ainsi, en tant que bureau d’étude, Laurent Goudet parcours l’Europe pour apporter son savoir-faire et vendre les performances de sa machine. En Belgique, une filière chanvre émerge mais sans compétence en terme de bureau d’études et de mise en œuvre. Une filiale de BCB est installée en Belgique, Ouaste, mais il n’y avait personne localement qui détenait le savoir-faire pour appliquer le béton de chanvre. Pour le projet d’une mairie à ossature bois et remplissage en béton de chanvre de 50 cm, l’architecte a contacté Laurent Goudet en tant que bureau d’études et lui a également confié une mission de transfert de savoirs/formation des entreprises, puis celle de l’application. En Angleterre et en Belgique, grâce au savoir apporté par Développement Chanvre, les entreprises ont maintenant les outils nécessaires au développement d’entreprises locales, et n’auront donc plus besoin de faire venir des experts français. Laurent Goudet a breveté sa machine et l’a vendu à une entreprise belge et à une entreprise anglaise. La machine de Laurent Goudet à une capacité de projection entre 2 500 à 3 000 m3 à l’année, ce qui 10% du béton de chanvre mis en place dans des constructions chaque année. Cette importante place dans le marché du béton de chanvre provoque une concurrence avec la principale entreprise française de production de chaux Tradical, BCB. Lorsque le béton de chanvre est utilisé à l’échelle de la maison individuelle, la construction s’effectue par l’intermédiaire de petites entreprises ou d’artisan-maçons, qui sont formés à la technique du béton de chanvre. Dans le cas des opérations parisiennes, les bailleurs sociaux commanditaires requièrent qu’une entreprise générale soit en charge de la construction. Cette entreprise doit alors faire appel à des sous-traitants, qui pour l’application du chanvre sont l’entreprise de Laurent Goudet sur le bâtiment rue Bourgon et Batiethic sur le projet rue Myrha. Sous traitants qui doivent interagir avec l’entreprise générale pour organiser les phases de chantier et les différentes interventions des acteurs. 83

entretien Laurent Goudet le 31 mai 2013, Paris Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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La réunion à laquelle j’ai assisté pour le projet du 37 rue Myrha montre les difficultés de collaboration entre un acteur d’échelle industrielle de l’entreprise générale Tempere Construction, et un acteur d’échelle artisanale, Batiethic. Autour de la table, il y avait M. Laurent Mouly du bureau d’étude, Christine Désert architecte de NXNW, M. Philippe Casanova, directeur d'exploitation de Tempere, et le sous-traitant ossature bois, Charpimo 84 (Fiche Projet rue Myrha – Annexe II et III). Pour ce projet, les fondations en béton armé sur lesquelles viennent se poser l’ossature primaire en charpente métallique (fig. 24), puis les planchers en béton armé sont coffrés sur cette structure et une ossature secondaire en bois est posée en façade pour supporter les ouvertures et permettre l’application du béton de chanvre. L’applicateur du béton de chanvre, Batiethic, intervient seulement une fois et l’ossature bois ne doit pas gêner sa projection, qui est effectuée par l’extérieur (fig. 25). Avant la projection du chanvre, il faut que toutes les étapes préalables aient pu être réalisées, le montage des fenêtres, les passages d’électricité etc. Le béton de chanvre a la particularité d’être en lien avec toutes les étapes de la réalisation. Après le montage de l’ossature bois, il faut passer l’électricité, puis faire les placages intérieurs et enfin la projection du chanvre (fig. 26). L’usage de ce matériau rompt avec les habitudes, hors eau/hors air.

24. Ossature primaire (photo CdC) 25. Projection du chanvre (site NXNW) 26.entre l’ossature secondaire (CdC)

Le bâtiment rue Bourgon est le deuxième projet en chanvre nécessitant un bureau d’étude. Les expérimentations en du béton de chanvre ont été faite au fil du temps, au sein de l’association CenC et grâce que retours d’expériences de constructions en Chanvre tels que la Maison du Tourisme de Troyes ou la Maison de l’Habitat du Puy de Dôme. En France un matériau de construction doit être « normé » pour permettre d'énoncer ses caractéristiques minimales et ainsi faire bénéficier les entreprises d'une assurance décennale spécifique pour un bâtiment donné. Il est possible d’élaborer des Règles Professionnelles qui sont portées par une filière d’un produit non-normalisé. Pour les opérations de logement à Paris, l’élaboration des Règles Professionnelles était suffisante pour obtenir l’assurance décennale, car le béton de chanvre respecte les normes pour les matériaux isolants, moins rigoureuses que pour les matériaux porteurs. Cependant, l’assurance décennale pour un produit ayant seulement des Règles Professionnelles reste chère. Ce document décrit les bonnes pratiques et est basé sur des opérations antérieures utilisant ce matériau. Il insiste sur la qualité de mise en œuvre et exige que les professionnels réalisant les ouvrages aient suivi une formation à ces techniques 84

entretien Philippe Casanova le 16 mai, Paris

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ou, s’ils sont déjà expérimentés, que leur soit délivrée une validation des acquis de l’expérience (VAE). Les premières Règles Professionnelles du béton de chanvre sont sorties en 2006, puis une nouvelle bouture est sortie en 2010 (le chantier du 25 rue Bourgon a été stoppé le temps de la sortie des nouvelles Règles Professionnelles). Entre les deux, la commission augmente ses exigences, notamment en termes de demande de formation, de caractérisation des matériaux, de montrer les chantiers réalisés. Mais pour avoir un réel accès aux marchés des matériaux de construction et permettre un développement industriel de la filière, l’avis technique, l’Atex, est nécessaire. Le Cstb qui gère les Atex. Il existe des Atex de type B, qui valide un procédé, valable pour un chantier seulement, et des Atex de type A, qui consiste à décrier un processus, en rédigeant un document appuyé par des essais. Les entreprises doivent investir 150 000 euros pour payer un Atex, et les petites structures comme celle de Laurent Goudet ne peuvent pas les financer. Des subventions ne sont données que si il existe un marché, et pour qu’il y a ait un marché, il faut des acteurs investis. Or pour impliquer un grand nombre d’acteurs, il faut les sécuriser et pour cela il est nécessaire de passer par un Avis technique. Une solution est de faire du lobbying, de trouver des partenariats, de convaincre des banques mais ce n’est pas le métier de Laurent Goudet 85. Ainsi le passage d’une filière de l’échelle locale à un mode de production industriel est complexe. Une innovation locale telle que le béton de chanvre nécessite un certain nombre d’expérimentations et d’investissements pour espérer entrer dans le marché des matériaux de construction et être diffusé à plus grande échelle. Pour résumer, les innovations du béton de chanvre en France et le retour des structures bois pour les bâtiments à grande échelle au Japon sont situées entre les échelles locales et industrielles.

85

entretien Laurent Goudet le 31 mai, Paris

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III- Des opérations expérimentales permettent de faire apparaitre les phénomènes de renouvellement des pratiques et des systèmes d’acteurs du champ de la construction Les processus d’innovation dans le domaine des matériaux de construction s’accompagnent nécessairement d’une démarche expérimentale. L’objectif de l’architecte est de concevoir une architecture spécifique au site et originale. Sa conception définit à la fois les modes d’assemblages des éléments entre eux, ainsi que leurs mises en relation d’éléments dans un dispositif pour créer une fonction particulière (paroi absorbante, complexe d’isolation, système de rafraîchissement de l’air…). Ainsi, lorsque l’architecte ne trouve pas dans les processus de production existants, la réponse technique qui satisfait à la concrétisation de son dessin, il a alors recours à l’expérimentation. Il est intéressant de comprendre la confrontation d’une conception architecturale aux réalités des acteurs de la construction d’un bâtiment.

1. Les processus d’expérimentation en architecture A- la nécessité de l’expérimentation en architecture et les moyens d’y parvenir Nadia Hoyet dans sa thèse 86 cherche à comprendre comment se développent les processus d’innovation dans la conception des matériaux et leurs mises en œuvre au travers des relations entre architectes et fabricants de produits du bâtiment. Elle explique que l’unicité d’un projet architectural implique de recourir à une démarche d’expérimentation technique ou constructive pour la mise en œuvre de ses éléments. Cette expérimentation, produite durant le processus de conception, par les acteurs de la maîtrise d’œuvre, est ensuite fabriquée concrètement par les acteurs de la matérialité: les entreprises de chantier et fabricants de matériaux. La phase de réalisation de l’expérimentation est organisée autour d’un « protocole de travail ». La mise en place de l’expérimentation est un processus collectif différent du protocole expérimental traditionnel, qui prend place dans un cadre règlementé et soumis à des procédures de contrôles. Le prototype expérimental joue également un rôle clé dans la démarche expérimentale puisqu’il permet la validation des qualités et des propriétés du matériau et assure également une fonction de communication. Ainsi, l’expérimentation de matériaux et de ces procédés constructifs est nécessaire à la conception architecturale. Il est intéressant de comprendre par quels moyens l’architecte peut parvenir à expérimenter. Ainsi, le prototype peut également être au service de la médiatisation du projet et servir les intérêts des acteurs du champ politique (fig. 27). 86

HOYET Nadia (2007) Thèse pour l’obtention du Doctorat de l’Institut National Polytechnique de Lorraine « Conception de la matérialisation en architecture : l’expérimentation comme facteur d’innovation industrielle », Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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27.

l’exposition « La métamorphose urbaine» en 2011 en entrée libre à la mairie du 18ème (source internet)-(LM Ingénieur)

Par exemple, le prototype de mur en béton de chanvre réalisé par Benjamin Leroux de Batiethic pour le projet du Myrha a servi de médiatisation de l’opération lors d’une exposition à mairie du 18e. De même, dans le chapitre N°7 de sa thèse, Nadia Hoyet montre la façon dont l’expérimentation produite lors d’un projet d’architecture peut s’inscrire dans une stratégie d’innovation industrielle d’entreprise. Elle cherche à comprendre comment la conception architecturale peut croiser la volonté d’innovation dans l’entreprise. Ainsi, la recherche de financement pour une expérimentation architecturale peut se faire par l’intermédiaire d’institutions publiques ou privées, tels que le CSTB en France, le BRE en Angleterre, le BRI au Japon, ou par des entreprises intéressées pour investir dans l’innovation que l’architecte porte ou par des Universitaires, comme l’ENTPE ou le laboratoire universitaire de Koshihara Mikio. En France le CSTB 87 est un établissement public, qui a pour fonction la recherche, l’expertise, l’évaluation, et la diffusion des connaissances, dans le domaine du bâtiment en France. Il a également pour mission d’encadrer les innovations par des évaluations à l’Avis Technique depuis 1969 et aux Documents techniques d’application (CCFAT). Il s’appuie sur des groupes spécialisés par domaine technique, constitués d’experts représentatifs de l’ensemble des acteurs de la construction (prescripteurs, concepteurs, entreprises, fabricants). Pour des matériaux tels que le béton de chanvre ou la terre crue, la validation d’un DTU (Document Technique Unifié) par le CSTB est une procédure longue est coûteuse, nécessitant plusieurs expérimentations, validées par des experts. Le béton de chanvre se contente donc de Règles Professionnelles. En Angleterre le BRE, est un établissement émanant initialement du gouvernement britannique (maintenant un organisme privé) qui effectue de la recherche, de conseil et de test pour la construction et les secteurs de l'environnement bâti au Royaume-Unis. Il est composé de différentes organisations et d’entreprises privées qui construisent des prototypes et des constructions échelle 1, qui sont présentés au Watford Innovation Park 88 (fig. 28). C’est en visitant le BRE, avec leurs étudiants que Laurent Mouly et Richard F. Thomas ont découvert le béton de chanvre. En effet, le HempCrete (béton de chanvre) fait l’objet d’expérimentations de la part du BRE et de l’Université de Bath, qui a notamment montré que malgré ces faibles propriétés mécaniques, le béton de chanvre, permet, lorsqu’il enrobe une ossature bois, de renforcer ces propriétés structurelles de celle-ci. 87 88

site internet Cstb, Centre Scientifique et Technique du Bâtiment site du BRE Building Research Establisshement, Watford Innovation Park http://www.bre.co.uk/page.jsp?id=9

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Ainsi une ossature bois à l’air libre est moins performante structurellement que lorsqu’elle est noyée dans du béton de chanvre, car l’inertie du chanvre annule le moment de cassure de la fibre de bois lors du flambage.

28. Expérimentation échelle 1 en Angeleterre Watford Innovation Park du BRE (source BRE)

29. Expériementation échelle 1 au Japon LCCM Demonstration House du BRI (source BRI)

Au Japon le BRI, Building Research Institute est l’équivalent du CSTB. Un département analyse les propriétés physiques fondamentales des matériaux et éléments de construction et enquête sur les méthodes d'entretien et de réparation des bâtiments. Il étudie également de nouveaux matériaux, tels que les matériaux composites89. En 2011, il a financé une maison de démonstration, la LCCM, Life Cycle Carbon Minus (fig. 29) qui permet le calcul précis des émissions de CO² de la construction comprenant les émissions de déchets. La consommation d'énergie et de les performances thermiques sont testés en réalité par la simulation90. Au Japon, un autre acteur d’expérimentation est l’ensemble des grandes entreprises de construction japonaises qui comme nous l’avons vu, sont intéressées par des innovations en termes de matériaux, techniques et technologies ‘durables’ pour répondre à la demande de leurs commanditaires. Ainsi les principaux General Contractors intègrent dans leurs structures des laboratoires de recherche et développement. Par exemple, l’Institute of Technology de la Shimizu Corporation est accessible est ouvert au public "Open Institute of Technology"91. L’exemple du bâtiment de Shimouma nous permet d’analyser les possibilités de d’expérimentation architecturale dans le système d’acteurs particulier du Japon. Ce bâtiment est classifié par la réglementation comme un immeuble de taille moyenne. C’est le premier de cette classification utilisant une structure bois. Les murs porteurs, les poteaux, les poutres et le plancher, du 1er au 4ème étages, doivent résister 1 heure au feu et la structure du rez-dechaussée, 2 heures. Le toit et les escaliers doivent résister 30 min. Pour chacun de ces éléments, la maitrise d’œuvre, architectes et ingénieurs membres de Timberize ont conçu des assemblages et des dispositifs innovants, qui ont du faire l’objet d’expérimentations et de validations par le ministère92. L’expérimentation pour un nouveau matériau ou procédé est long et doit être pris en compte dès les débuts du projet. Aya Utsumi de KUS Architects 93 m’explique que les demandes d’expérimentations et d’agréments du ministère doivent être réservées environ 1 an à l’avance. Il faut également prendre en compte les délais entre l’expérience et la validation du ministère. 89

http://www.kenken.go.jp/english/ http://www.kenken.go.jp/english/contents/lccm/lccm-01.html 91 http://www.shimz.co.jp/english/ 92 Ministry of Land, Infrastructure, Transport and Tourism http://www.mlit.go.jp/en/index.html 93 entretien KUS Architects le 9 décembre 2013, Tokyo 90

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Par exemple, en février 2005 ont été fait les tests sur les planchers, mais les architectes n’ont reçu les documents de la part du ministère qu’en juillet de la même année. Pour le projet de Shimouma, des entreprises ont financé les expérimentations sur les matériaux (Plancher Massive Holz fig. 30 et les treillis diagonaux fig. 31). Les architectes espèrent que cette expérimentation serve de base pour la réalisation d’autre construction bois à cette échelle. Cette exemple montre la spécificité de la conjonction de la structure bois et des ces problèmes à résoudre dans le cas d’une construction de grande hauteur, notamment en terme de respect des réglementations de résistance au feu et aux séismes.

30. Expérimentation Massiv Holz (KUS arch.) 31. Expérimentation treillis diagonal (KUS arch.)

Le bâtiment de Shimouma a également bénéficié du travail expérimental développé par les membres de l’ONG Timberize et notamment du laboratoire l’Université de Tokyo, Koshihara Mikio, au sein de l’Institut des Sciences Industrielles, spécialisé dans les études de structure de bois. Pour l’opération parisienne du 25 rue Bourgon, un laboratoire de recherche universitaire est également intervenu pour faire une campagne de mesures et de relevés après la construction 94. Une sonde est posée de part et d’autre du mur et à l’intérieur pendant 3 ans. Il y a également un questionnaire sociologique sur les habitants pour comprendre l’influence du béton de chanvre sur la température ressentie. L’ENTPE de Lyon 95 était en charge de l’expérimentation post-construction. C’est cette école qui avait également mis à l’épreuve des échantillons de béton de chanvre pour l’association Construire en Chanvre. L’étude du bâtiment rue Bourgon est financée à la fois par le laboratoire et le maitre d’ouvrage. Ainsi les expérimentations nécessaires à l’introduction de matériaux innovants peuvent se faire par différents moyens. Comme nous l’avons vu le béton de chanvre et le retour du bois au Japon se situe entre l’échelle artisanale et industrielle. Dans cette partie, je vais tenter de comprendre les différences entre le type d’expérimentation industrielles et artisanales 96. En effet, les types d’expérimentation varient selon les acteurs qui y sont engagés, c’est-à-dire selon leur position entre l’industriel et l’artisanat. 94

entretien Ilhem Belhatem le 14 mai 2013, Paris L'ENTPE (Ecole Nationale des Travaux Publics de l'Etat ) est un Etablissement Public sous tutelle du ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement (MEDDTL), habilité à délivrer le diplôme d'ingénieur de l'ENTPE. Au sein du Laboratoire Génie Civil et Bâtiment (LGCB), spécialisation « Matériaux et systèmes constructifs à Performances Multiphysiques (MPM) », dont l’un des 5 axes de recherche est « Conception de matériaux multi-fonctionnels dans le domaine du bâtiment » et développe des partenariats avec les acteurs de la filière chanvre INRA Reims, Industriels des liants (Vicat, Lafarge, Lhoist, Saint-Astier), PME (Lhoist, Balthazard et Cotte Bâtiment, Développement Chanvre), Association (Construire en Chanvre, Approche Paille) 95

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B- les expérimentations industrielles et artisanales Isabelle Grudet 97, architecte, distingue trois types de postures des acteurs de la construction face à l’intégration d’innovations ‘durables’ dans la conception des projets : la posture industrielle, la posture critique et la posture culturelle. Tout d’abord, la posture industrielle s’inscrit dans une recherche de performance, d’efficacité et de rentabilité des équipements techniques permettant des répondre aux objectif environnementaux. Cette approche est marquée par une logique de rationalisation des différents moments du processus de projet et par une vision de la conception architecturale centrée sur la baisse des consommations d’énergie. Les entrepreneurs, ingénieurs ou architectes, cherchent à « optimiser » le travail grâce à la standardisation des objets et à la mise en place de manières de travailler routinières et donc plus économiques en temps et en argent. La forme de production industrielle est en contradiction avec une volonté d’expérimentation, car les paramètres de la chaîne de production des produits standards sont peu ou pas variables. Les projets expérimentaux étudiés dans ce mémoire font appel à des entreprises de construction ou fournisseurs de matériau à échelle industrielle. En effet, les entreprises générale Fayolles, Tempere ou le producteur de chaux BCB en France sont habitués aux méthodes de standardisation de la construction ou de la production de matériaux. Ainsi l’introduction du béton de chanvre a nécessité des phénomènes d’adaptation de la part des industriels aux spécificités dues au caractère expérimentale du projet. D’un autre côté, un investissement supplémentaire, de la part des maîtres d’ouvrage et le maître d’œuvre a été fourni. La posture critique et culturelle, dénonce la « réduction » de la question du durable à la simple amélioration de la gestion de l’énergie. Ces acteurs réfléchissent à la manière de transformer leurs pratiques en fonction d’objectifs plus conformes aux principes du développement durable. Les architectes, ingénieurs, entrepreneurs partageant cette posture critique sont principalement de petites structures d’échelle artisanale. Les agences d’architectures des opérations rue Bourgon et rue Myrha, par exemple, remettent en question le système standard d’isolation des façades en France fait de Placoplatre, d’un isolant, puis d’un pare-vapeur et enfin d’un revêtement extérieur. Ils militent pour une enveloppe continue remplissant toute les fonctions nécessaire au confort intérieur par l’introduction d’un nouveau matériau qu’ils jugent plus performant en termes d’impact sur l’environnement et de qualité de vie. Mais pour introduire le béton de chanvre dans un programme de logement pour un bailleur social parisien, ils doivent collaborer avec des entreprises d’échelle industrielle. Laurent Goudet en tant qu’artisan, bureau d’étude et entrepreneur, partage cette posture critique. Ainsi, les trois exemples d’opérations expérimentales développées dans ce mémoire se situent entre les échelles industrielles et artisanales. Pour le bâtiment de Shimouma, les architectes ont eu des difficultés à rencontrer une entreprise de construction ayant les capacités de réaliser leur projet. En effet, les entreprises de charpentier, les Komuten, spécialisées dans la construction de maison en bois ou structure bois de petite échelles, n’ont pas les moyens de construire un immeubles de 5 étages. Et les grandes entreprises de construction privilégient les projets utilisant le béton et l’acier. 96

Introduction de la thèse de Nadia Hoyet GRUDET Isabelle (2012), Mobilisation, méfiance et adaptation des architectes devant la demande de durabilité article de Métropolotiques 97

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Un partenariat a finalement été trouvé avec l’entreprise Daiwa House, d’échelle industrielle mais historiquement spécialisée dans la construction bois. Le béton de chanvre est également une innovation partagée entre l’échelle industrielle et l’artisanat, entre le global et le local, comme nous l’avons vu dans le précédent chapitre (II3-C- Le béton de chanvre, le transfert du local au global) C- les expérimentations avant et après la norme Comme nous l’avons vu, en France il est possible d’élaborer des Règles Professionnelles qui sont portées par une filière d’un produit non-normalisé. Elles sont l'antichambre du DTU. Leurs existences permettent à la technique d’être mise en situation et de poursuivre l’expérimentation. C’est un document de référence rédigé par les professionnels capables de décrire les bonnes pratiques, qui est présenté devant la commission C2P Commission Prévention Produit, de l'AQC (l'Agence Qualité Construction), composée des assureurs, des bureaux d’études et des associations professionnelles du bâtiment, FFB, Capeb. Cette commission statue sur la conformité du document suivant la déontologie du bâtiment et s’appuie sur des opérations déjà réalisées et l’expérience des acteurs. Ainsi dans un premier temps, les expérimentations préalables constituent la norme. Ensuite, lorsque l’échelle des projets devient plus importante, une réglementation uniquement basée sur l’expérience ne suffit plus et l’élaboration d’un Atex ou DTU, géré par le CSTB est nécessaire98. Il est également possible d’expérimenter après la réalisation de l’ouvrage. Au Japon, la réforme de la Building Standard Law de 2000 a permis un changement significatif pour l’introduction de matériaux innovants. Dès lors, la conception est basée sur la performance et non sur des dispositions écrites dans la loi. En effet, avant 2000, les réglementations relatives à la construction au Japon consistait en une large collection de dispositions (« provisions ») qui dictait comment un bâtiment devait être construit, et avec quels matériaux. Si quelqu’un souhaitait d’utiliser des matériaux, des équipements, une conception ou une méthode de construction qui n’entrait pas dans une disposition spécifique, il ne pouvait pas les mettre en place sans l’accord spécial du ministère. Désormais, les dispositions sont basées sur la performance. Ainsi, des systèmes alternatifs aux systèmes existants ont pu voir le jour, concernant notamment la résistance au feu 99. Les trois opérations étudiées dans ce mémoire suivent le cadre des réglementations, imposées par l’échelle du bâtiment et sa situation en zone urbaine. Je vais maintenant analyser les phénomènes d’expérimentations spécifiques à chacune des opérations.

98 99

entretien Laurent Goudet le 31 mai 2013, Paris Building Standard Law Chapitre 4 p.63 http://www.mlit.go.jp/english/

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2. Pratiques et systèmes d’acteurs liés à des opérations expérimentales

A- expérimentation Shimouma, négociation avec les règlementations incendies Depuis 2000, des exemples de bâtiments publics et privés en bois se sont développés au Japon, avec le plus souvent une structure hybride bois et métal, et/ou un rez-de-chaussée en béton armé afin de se soumettre à une résistance de 2h au feu. L’immeuble de Shimouma, en construction bois et de plus 13 m de hauteur doit répondre aux critères techniques de performance de résistance au feu. Pour chacun de ces éléments, la maitrise d’œuvre, architectes et ingénieurs membres de Timberize ont conçu des assemblages et des dispositifs innovants, qui ont du faire l’objet d’expérimentations et de validations par le ministère. La structure en bois en treillis constituée d’élément de bois Douglas de 75X60mm de section et reprenant les forces horizontales sur le pourtour du bâtiment a également fait l’objet d’expérimentation. L’ingénieur SDG, en la personne de Takahiro Sato a supervisé les calculs structurels. Le rez-de-chaussée est en béton armé car la structure doit avoir une résistance au feu de 2 heures pour cette partie du bâtiment selon la régulation. Les architectes ont choisi cette solution constructive standard afin de focaliser leurs efforts sur les 4 autres étages entièrement en bois 100. Une première expérimentation est l’utilisation de planches “Massive Holz” pour les planchers. Ce n’est pas un matériau nouveau, les murs Massiv-Holz-Mauer® (M-H-M®) en assemblage de planches de bois massif (épicéa, sapin, pin), sont fabriqués par l’entreprise allemande MHM depuis 1978 101. Si la technique du Massive Holz est populaire en Europe (Allemagne, France, Suisse, Italies, Autriche, Belgique), elle est unique au Japon, où l’on préfère traditionnellement les constructions bois poteau-poutre. Ainsi, la dalle structurelle est composée de deux épaisseurs de panneaux Massivholz de 120 mm mixant deux espèces de bois dont du cèdre du Japon. Ces dalles de planchers sont structurelles et ne nécessitent pas de poutres. Elles sont constituées d’une superposition de plaques contrecollées avec des directions de fibres perpendiculaire, permettant une libre distribution des charges.

32. détails dalle Massive Holz/poteau (revue Détails)

100 101

33. Pose des dalles, planches de bois massif, MHM

entretien KUS Architects le 9 décembre 2013, Tokyo http://www.massivholzmauer.de/fr/

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La réglementation en matière de résistance au feu pour les structures bois prévoit trois solutions constructives. La solution A consiste à enrober la structure bois par un matériau résistant au feu, généralement du plâtre. La solution B est plus difficile à réaliser mais permet de conserver l’apparence du bois par l’ajout d’un revêtement bois par-dessus la couche résistante au feu. La dernière solution consiste à utiliser une structure métallique et l’enrober de bois, mais ce n’est plus une construction bois. Les architectes ont choisi d’utiliser la solution A et de couvrir les structures principales, poteaux, planches, toit et murs porteurs de plaques de plâtre. Ces éléments bois ne sont pas visibles mais les habitants ont la possibilité d’apprécier les qualités du bois par la présence des éléments diagonaux. La solution A est la méthode la plus développée de façon industrielle et elle donc facile à réaliser (fig. 34). Ce système a été approuvé par le ministère.

34. Schémas des dispositifs de résistance au feu des poteaux (source KUS Arch. Traduction CdC)

Les murs porteurs ont nécessité des spécifications du Japan Wooden House Industry Association. A la problématique de la résistance au feu, s’ajoute celle des séismes. Ainsi, pour contrer les forces d'arrachements générés par les séismes, un cintre métallique est intégré à l’intérieur des poteaux constitués de lamellé-collé de Douglas (15x15 mm). Les éléments diagonaux en bois qui ceinturent le bâtiment ont également pour fonction d’assurer la reprise des forces horizontales. Ils font partie intégrante de la structure et sont visibles à l’intérieur du logement. Ils sont constitués d’élément de bois Douglas de 75X60mm de section. Pour s’assurer de la résistance de chacun des éléments, les tasseaux sont boulonnés les uns aux autres formant un structure en treillis continu. Ainsi l’ensemble des éléments de la grille diagonale sont connectés et travaillent ensemble pour reprendre les forces horizontales. L’ensemble de ces innovations sont portés par la maîtrise d’œuvre, soutenu par le maitre d’ouvrage et les entreprises qui investissent tous deux dans l’expérimentation. Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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D’autres architectes comme Shigeru Ban sont sceptiques sur les possibilités d’innovation au Japon102. En effet, l’architecte japonais Shigeru Ban a créé une agence, maintenant bien implantée en Europe. Depuis le Centre Pompidou-Metz, il travaille sur la construction bois avec des ingénieurs et entreprises de construction à la fois en Suisse et en Allemagne, et considère ces deux pays comme ayant une technologie bois des plus développée au monde, celle du Japon étant en retrait. Selon lui, la réglementation excessive au Japon est responsable de ce retard, notamment, ainsi que les procédures onéreuses de résistance au feu pour le bois, qui doivent être appliquées uniquement pour les structures bois. B- expérimentation rue Bourgon, négociation avec le bureau de contrôle Le bureau de contrôle du bâtiment rue Bourgon est Batiplus. Il a été mandaté par le maître d’ouvrage pour vérifier la validité de l’ensemble de la conception et afin de s’assurer que la mise en œuvre est conforme à ce qui a été validé. Atelier D aurait préférer Socotec, qui a déjà réalisé des contrôles pour des maisons en chanvre mais l’appel d’offre en a décidé autrement. Habituellement, le bureau de contrôle n’intervient qu’en phase PRO. Pour ce projet, l’architecte a demandé qu’il intervienne en amont du projet pour anticiper les problèmes posés par l’utilisation du béton de chanvre. Cette activité s’est opérée de manière informelle, afin d’éviter des difficultés administratives de changement de procédures. Atelier D a effectué beaucoup de pédagogie auprès du bureau de contrôle tel que des visites de chantiers, des évènements avec des intervenants du milieu du chanvre, des conférences, des salons, l’offre des Règles Professionnelles. Cependant, le bureau de contrôle a bloqué le projet en phase PRO, car il était « mal à l’aise » avec le manque de Règles Professionnelles pour les constructions à étages. De nombreuses discussions ont eu lieu avec Laurent Goudet et le bureau de contrôle a fini par donner un avis positif pour la phase de DCE. Il a cependant dit de manière orale qu’il attendait les Règles Professionnelles n°2 qui concernaient les constructions à étages, et qui devaient sortir pour le début de chantier. Cependant les Règles Professionnelles n°2 concernaient seulement les immeubles en R+2 et n’était donc pas valables pour le projet du 25 rue Bourgon. Les architectes ont compris que le problème se focalisait sur les Règles Professionnelles et ils ont présentés au bureau de contrôle un projet d’empilement de R+1, à la place d’un immeuble à 4 étages. Ils ont dessiné une coupure entre les étages par une cornière rattachée à l’ossature bois, le tout noyé dans le béton de chanvre (fig. 35). Ainsi, le béton de chanvre est auto-porteur sur la hauteur d’un étage, alors qu’il est capable d’être auto-porteur sur 4 étages 103.

35. Le mur en béton de chanvre n’est pas continu sur les 4 étages (site ekopolis.fr) 102 103

p.32 What the Japanese Can Learn from Europe’s Timber Construction Technology The JA n° 89 Spring 2013 entretien Ilhem Belhatem le 14 mai 2013, Paris

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La qualification du béton de chanvre dans la catégorie des isolants montre également la dépendance des acteurs aux champs politiques et économiques En effet, aujourd’hui, un isolant est déclaré performant par sa valeur à sec, or le béton de chanvre et d’autres matériaux de type à transfert de vapeur et à changement de phases sont pénalisés au sein de cette classification. Ainsi, si les concepteurs sont dépendants des règlementations dictés par les champs politiques et économiques, mais également les possibilités de contournement des normes et du système d’acteurs 104.

C- expérimentation rue Myrha, négociation sur chantier La réunion à laquelle j’ai assisté pour le projet du 37 rue Myrha montre le rôle particulier de l’entreprise générale dans ce type de projet expérimental. M. Casanova de Tempere Construction, reconnait l’importance de ce projet dans le sens où elle lui permettra d’accéder à un certain type de marché par la suite. Mais ses interventions au cours de la réunion montrent qu’il n’adhère pas autant au béton de chanvre que ces collègues de la maîtrise d’œuvre. Il propose par exemple l’utilisation de laine de chanvre pour remplir les angles à la place de béton de chanvre, en rappelant que la laine de chanvre est plus écologique car elle n’a pas besoin pour sa fabrication de chaux, qui demande une certaine quantité d’énergie pour être extraite. « Le projet devient trop minutieux pour du bâtiment ». M. Casanova rappelle que chaque dépense supplémentaire pour le projet doit être approuvée par la RIVP. Il rappelle également qu’il doit livrer ce bâtiment en mars 2014. Les délais et les contraintes financières sont les priorités de l’entreprise générale mais pourtant il suit le partipris de la maîtrise d’œuvre. Autour de la table, il y avait M. Laurent Mouly du bureau d’étude, Christine Désert architecte de NXNW, M. Philippe Casanova, directeur d'exploitation de Tempere Construction, et le sous-traitant ossature bois, Charpimo. Alors que les architectes, Laurent Mouly et M. Casanova se réunissent de manières hebdomadaires, les reunionns avec les entreprises sous-traitantes sont plus rares et donc précieuses.

104

entretient Laurent Goudet : « que les matériaux végétal a été mis au banc des isolants car lobbying puissant de Saint-Gobain » (Conseil d'Administration du CSTB, 6 représentants de l’Etat, 6 représentants du personnel du CSTB, et 6 personnalités qualifiées (membres du FFB, Capeb, Syntec, Bouygues Immobilier, un architecte et le directeur général de Placoplâtre - Saint-gobain, site du Cstb http://www.cstb.fr/le-cstb/organisation/conseildadministration.html) qui finance 60% du Cstb et a fait passer une coefficient de conductivité thermique des isolants statué en dessous de 0,06 caractérisé par sa valeur à sec Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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Un des problèmes majeurs est la relation entre l’ossature bois et le béton de chanvre projeté. Un appel téléphonique a été passé au cours de la réunion à Benjamin Leroux de Batiethic pour qu’il réponde à des questions précises sur l’épaisseur minimale du mur de chanvre afin qu’il s’autoporte et porte l’enduit. En effet, sur certaines parties du bâtiment, les linteaux de l’ossature bois noyés dans le chanvre avaient été redimensionnés et l’épaisseur de chanvre en partie extérieur du mur n’était plus que de 10 cm. Les compétences de l’applicateur chanvre sont donc sollicitées en permanence face au manque de connaissance de ce matériau des autres acteurs. M. Casanova « le chantier est pénible et long mais quand il va sortir ce sera une belle référence ». En effet, les réunions sont plus longues, les détails plus compliqués à dessiner car inhabituels. Il conclut par « Il faut capitaliser ces affaire-là parce que c’est pas tout le monde qui peut les prendre ». En effet, l’entreprise Charpimo travaille sur un autre chantier de Laurent Mouly 105. Ainsi si l’utilisation de ce matériau est inédite pour les acteurs, chacun semble trouver un intérêt à l’apprentissage de la technique du chanvre et à la collaboration qui se crée au sein des acteurs. Si l’équipe de maitrise d’œuvre a pu concevoir dans les phases d’études tous les détails techniques nécessaires à leurs réalisations, la pratique du chantier et les interactions entre acteurs sont déterminantes pour le succès du projet.

3. Le renouvellement des pratiques et des systèmes d’acteurs en France et au Japon Les exemples des chantiers expérimentaux du 25 rue Bourgon (Paris 13ème) et du 37 rue Myrha (Paris 18ème), montre une adaptabilité de l’ensemble de acteurs de la construction qui diffère de l’introduction de produit technique innovant classique (tel qu’un nouveau type d’isolation, ou des panneaux photovoltaïques). En effet, le béton de chanvre projeté enveloppe de façon continue le bâtiment noyant une partie de l’ossature et des réseaux et s’appuyant sur des coffrages préalablement posés. L’intégration de ce matériau remet en question les pratiques de l’ensemble des acteurs, entreprises de construction, architectes, bureaux d’études, et les relations entre ces acteur, gérance de l’entreprise générale de ces sous-traitant, gérance de l’architecte du chantier, relation architecture/bureau d’étude qui doivent fonctionner impérativement en équipe pour convaincre la maître d’ouvrage et le bureau de contrôle… 105

entretien Philippe Casanova le 16 mai 2013, Paris

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Ainsi les opérations expérimentales sont susceptibles de mettre en lumière l’émergence de nouvelles pratiques et typologie d’interactions entre acteurs dans le champ de la construction. Dans cette partie, j’analyse les renouvellements des pratiques et des systèmes d’acteurs au sein des trois pôles des acteurs de la construction, celui de la Commande, de la Conception et de la Construction.

A- Commande/Médiatisation de l’innovation > demandeur d’innovation Pour chacune des trois opérations expérimentales étudiées dans ce mémoire, le maitre d’ouvrage, acteur de la commande a été initiateur d’innovation. En effet, en 2007, le bailleur social public de la Ville de Paris, Paris-Habitat, souhaitant expérimenter en matière de développement durable, et met en place une procédure adaptée 107, il lance une publicité, à laquelle plusieurs architectes répondent, puis il en sélectionne 3 équipes d’architectes « jeunes et innovantes ». L’opération étant petite (8 logements, 4 étages) l’expérimentation comportait peu de risque. Le maître d’ouvrage avait imaginé un immeuble en bois. Ainsi, l’Atelier-D, l’équipe d’architecte choisie par l’OPH, étudie un projet en bois, qui a été abandonné. En effet, un immeuble en bois nécessite d’importants dimensionnements de poutres, augmentant de manière conséquente les épaisseurs de dalle ayant pour conséquence une hauteur du bâtiment qui dépasse alors le gabarit règlementaire parisien. Ainsi, dès l’esquisse, Atelier-D propose d’innover non par l’usage du bois mais du béton de chanvre. Le maître d’ouvrage avait seulement une exigence thermique de la RT 2005 (avant BBC Effinergie) et THPE, et Atelier-D propose un bâtiment BBC, alors que le label n’était pas encore d’actualité. Cet argument a été important pour convaincre le maître d ‘ouvrage de l’utilisation de ce nouveau matériau. L’opération étant à caractère expérimentale, le maître d’ouvrage accepte un temps plus long de conception-réalisation107.

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entretien avec Olivier Cathelineau, ingénieur, chef d’opération à la direction de la construction de ParisHabitat, le 3 juin 2013, Paris 107 entretien Ilhem Belhatem le 1’ mai 2013, Paris Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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Pour le projet du 37 rue Myrha, le maître d’ouvrage est la Régie Immobilière de la ville de Paris, RIVP, société d’économie mixte dont le but est de gérer et de construire des logements sociaux. En 2010, elle met en place un concours restreint, co-cadré ce qui signifie que le maître d’ouvrage présélectionne des équipes de maîtrise d’œuvre. L’agence d’architecture North by Northwest porté par Richard F. Thomas était dans cette sélection en équipe avec Laurent Mouly, ingénieur de LM Ingénieur 108. L’idée d’utiliser le béton de chanvre n’était pas présente à l’esquisse du projet. Lorsque Laurent Mouly et Richard F. Thomas présentent cette idée à la RIVP, elle accepte l’expérimentation. L’aménageur du secteur, La Semavip ainsi que la Mairie du 18ème arrondissement se joignent à cette volonté d’expérimentation. Le surcoût que représente l’utilisation du béton de chanvre est un investissement possible sur ce projet car c’est une petite opération. Lors de l’exposition « La métamorphose urbaine, récit de 10 ans de lutte contre l’insalubrité » en 2011 en entrée libre à la mairie du 18ème arrondissement (fig. 27), un prototype de mur en béton de chanvre, a été réalisé. Il prenait place au centre des panneaux accrochés aux murs montrant les différents projets du Secteur de Château Rouge. Cette mise en avant du projet montre la volonté des politiques (Semavip, Rivp et Maire du 18eme) de médiatiser cette opération comme un projet phare et aux perspectives de développement durable. De même l’opération du 25 rue Bourgon a été fortement mise en valeur et a contribué à donner une image d’un bailleur social « durable et innovante ». Dans ces deux cas, ce sont les maîtres d’ouvrage qui ont été initiateurs d’introduction d’innovation dans un programme de logement classique. Sans la volonté d’innover du maître d’ouvrage, les maîtres d’œuvre n’auraient pas eu l’occasion de proposer leur conception du bâtiment durable intégrant le béton de chanvre. Pour se faire ils ont chacun mis en place des procédures de pré-sélection d’équipes d’architectes « jeunes et innovantes ». Cette volonté politique est à mettre en relation avec les politiques environnementales de la Mairie de Paris, qui adopte en 2007, le Plan Climat de Paris qui a pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre du territoire parisien de 75% en 2050 par rapport à 2004 109. Ainsi, la ville de Paris finançant le logement social des Organismes HLM comme la RIVP ou Paris-Habitat, ceux-ci doivent donc suivre les modalités du Plan Climat.

Schéma des acteurs du pôle de Commande :

108

site web de la Mairie de Paris, consulté le 9 juin 2013, http://www.paris.fr/pratique/energie-plan-climat/leplan-climat-de-paris/le-plan-climat-de-paris/rub_8413_stand_69591_port_19609 Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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B- Conception/Expérimentation de l’innovation architecturale > Créer l’innovation Pour concevoir l’innovation commandée par le maître d’ouvrage, les architectes choisis doivent s’entourer de spécialistes ou d’ingénieurs ayant les moyens de les accompagner dans l’expérimentation. Pour le projet rue Bourgon, dessiné par Atelier-D l’architecte qui connaissait déjà la laine de chanvre en isolation, a souhaité expérimenter le premier immeuble à étage, jamais réalisé en béton de chanvre. L’architecte fait équipe avec Laurent Goudet du bureau d’étude béton de chanvre Développement Chanvre. L’entreprise de construction Fayolle est sélectionnée comme entreprise générale et doit choisir un soustraitant chanvre. Il lance un appel d’offres pour le lot béton de chanvre mais les offres vont du simple au quadruple. N’ayant aucune expérience avec le matériau chanvre, il accepte la proposition de l’architecte de former les ouvriers de Fayolle aux techniques du béton de chanvre avec Laurent Goudet comme formateur. L’entreprise fait appel au volontariat des maçons qui ont l’habitude de projeter du ciment, et ils reçoivent une formation de 10 jours de à la projection du béton de chanvre. Ce contrat à part est une première pour Fayolle. Puis, l’entreprise de construction, au moment de réaliser la projection du béton de chanvre, se rend compte qu’il y a un problème d’assurance. Si elle met en œuvre le béton de chanvre, c’est elle qui est responsable. C’est donc, Laurent Goudet qui est sous-traité comme applicateur chanvre. Ainsi, pour ce projet, l’architecte a donc décloisonné les pratiques habituelles à trois reprises. On assiste à un élargissement du rôle d’architecte, qui a décidé pour les circonstances particulière du projet d’empiété sur les rôles des entreprises de constructions, en assistant les sous-traitants dans le dessin des détails d’exécution110. Pour les projets rue Myrha, la responsabilité est partagée entre les membres de la maitrise d’œuvre. En effet, Richard F. Thomas, Christine Désert, et Laurent Mouly, sont tous trois professeurs à l’école d’Architecture de Rouen111. L’idée d’utiliser le béton de chanvre est née lors d’un voyage en Angleterre avec les étudiants de l’ENSA de Normandie et de la visite du BRE, Building Research Establisshement à Londres. Puis Laurent Mouly a développé un projet d’abri pour animaux, « L’Arche des Petites Bêtes » au parc animalier de Thoiry dans les Yvelines, (fiche Projets Béton de Chanvre – Annexe IV) qui a permis au bureau d’études LM Ingénieur de se familiariser à la technique du béton de chanvre et une première collaboration avec l’entreprise Normande Batiethic. Ensuite Laurent Mouly et Richard F. Thomas présentent l’idée d’utiliser le béton de chanvre dans le projet du 37 rue Myrha à la RIVP, qui accepte l’expérimentation. En effet, selon Richard F. Thomas, la RIVP leur accorde une certaine confiance car elle se repose sur le bureau d’études, LM Ingénieur. Si « un bureau d’études se permet d’aller un peu plus loin et de faire autre chose de plus innovant, cela permet à l’architecte de suivre » explique Richard F. Thomas. Il rappelle qu’habituellement, « Les bureaux d’études en France préfèrent, pour des raisons économiques, rester dans la manière de faire traditionnelle ». L’association architecte/ bureau d’études a permis dans un premier temps de convaincre la RIVP de la faisabilité de cette innovation. Dans un deuxième temps elle a pu contribuer à donner du poids à l’avis négatif pour le choix de l’entreprise générale pour son sous-traitant dans l’application du chanvre. 110 111

entretien avec Ilhem Belhatem, architecte de l’agence Atelier-D, le 14 mai 2013, Paris entretien Richard F. Thomas, le 14 avril 2013, Paris

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En effet, Philipe Casanova de Tempere construction avait développé un partenariat avec Laurent Goudet suite à leur expérience commune rue Bourgon. Mais le fournisseur de chaux aérienne BCB, concurrent de Laurent Goudet a envoyé un courrier au maître d’ouvrage dans laquelle il affirme que les produits de Laurent Goudet ne sont pas de bonne qualité et que son entreprise n’entretient pas de bonnes relations professionnelles 112. Suite à ce courrier, la RIVP Richard F. Thomas impose à l’entreprise générale le sous-traitant Batiethic, avec laquelle Laurent Mouly avait déjà collaboré. Pour le projet de Shimouma, les architectes de KUS partagent la responsabilité des innovations en bois avec les membres l’ONG Timberize, composée à la fois d’architectes et d’ingénieurs. Pour le projet de Shimouma, le laboratoire de l’Université de Tokyo de Koshihara Mikio, spécialisé dans les études de structure de bois, ainsi que Yasui Noboru, ingénieur et directeur du groupe de conception de Sakura Team, professeur à l’Université de Waseda à Tokyo ont participé aux expérimentations 113.

Schéma des pratiques des acteurs du pôle de Conception :

rue Bourgon

112 113

rue Myrha

Shimouma

entretien Laurent Goudet le 31 mai 2013, Paris entretien KUS Architects le 9 décembre 2013, Tokyo

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C- Construction/Production rentabilisable > s’adapte à l’innovation M.Casanova, directeur d'exploitation de Tempere Construction, était employé de Fayolle et avait commencé à travailler pour le projet du 25 rue Bourgon. Il a quitté Fayolle, a répondu à l’appel d’offre pour le projet rue Myrha au sein de Tempere Construction. L’appel d’offre spécifiait des expériences en béton de chanvre. Trois entreprises avaient répondu, Batirenov, spécialisée dans la rénovation en béton de chanvre et qui se développe dans la construction, Tempere Construction, et une 3ème qui a été écartée. Philipe Casanova a valorisé son expérience du chantier rue Bourgon, même elle n’était que partielle. En effet, devant le peu d’entreprises générales ayant une référence en béton de chanvre, Tempere avait des chances de remporter l’appel d’offre. Il avait également développé des partenariats avec les acteurs du chanvre, notamment, Laurent Goudet. L’association métal et béton de chanvre du 37 rue Myrha est inédite. M.Casanova la considère intéressante car la construction est beaucoup plus légère qu’avec l’emploi du béton armé. Pour ce projet, situé dans un terrain au sol particulièrement mauvais pour les fondations, la légèreté du projet a permis d’avoir des fondations habituelles alors que le projet du 42 rue Myrha doit s’enfoncer jusqu’à 24 m de profondeur. M. Casanova m’explique que « le chantier est pénible et long mais quand il va sortir ce sera une belle référence ». En effet, les réunions sont plus longues, les détails plus compliqués à dessiner de par la nouveauté du béton de chanvre. Il conclut par « Il faut capitaliser ces affaire-là parce que c’est pas tout le monde qui peut les prendre ». En effet, l’entreprise Charpimo travaille sur un autre chantier de Laurent Mouly 114. Ainsi si l’utilisation de ce matériau est inédite pour chacun des acteurs de la construction, qui doivent s’adapter aux spécificités du matériau, et aux changements dans l’organisation du chantier et du système d’acteurs qui en découle. Cependant chacun des acteurs semble trouver un intérêt à l’apprentissage de la technique du chanvre et à la collaboration qui se crée au sein des acteurs. Ainsi si les entreprises générales et sous-traitantes s’adaptent au matériau innovant, d’autre comme Laurent Goudet sont acteurs de l’innovation. Dès la création de la filière chanvre il participe à son développement et se spécialise en 2001, dans la technique de la projection de béton de chanvre115. Ainsi, entre 2001 et 2007, son entreprise réalise des chantiers en utilisant ce procédé en France et en Europe. L’entreprise de Laurent Goudet et ses associés S.I.2.C regroupe un bureau d’étude BE3C (Bureau d’Etude Concept Construction Chanvre), ainsi qu’un négoce de matériaux écologiques CTC. En 2004, il crée le bureau d’étude, Développement Chanvre. Son entreprise prend de l’importance et avec sa machine, Laurent Goudet représente 10% du marché français de béton de chanvre en volume. Une machine peut projeter entre 2 500 à 3 000 m3 à l’année. Pour son mélange de béton de chanvre, Laurent Goudet utilise le produit de chaux Tradical de BCB. Il décide d’entrer en négociation avec BCB pour créer un partenariat et échanger la chaux Tradical contre ces machines. BCB refuse l’échange et Laurent Goudet crée donc une marque de produit chaux, exclusivement distribuée et formulée pour le procédé à sa machine et entre donc en concurrence avec BCB. En effet, l’enjeu de BCB est de vendre de la chaux et préfère réaliser des bétons de chanvre avec 80% de chaux et 20% de chanvre alors que Laurent Goudet préfère un minimum de chaux dans le mélange du béton de chanvre du type 20% de chaux et 114 115

entretien Philippe Casanova le 16 mai 2013, Paris entretien Laurent Goudet, le 31 mai 2013, Paris

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80% de chanvre, la chaux ayant un fort impact énergie grise qui nécessite une extraction, une cuisson et peut être dopé par de la chimie et du ciment. Or le prix du produit chaux/chanvre correspond à 50% du prix de la prestation de la technique du béton de chanvre. Pour Laurent Goudet, seule une optimisation de la technique de mise en œuvre peut contrebalancer le prix, il développe donc un type de mise en œuvre rapide capable de produire à la hauteur du marché. Ainsi les acteurs du pôle Construction ont des postures différentes face à l’innovation, ils peuvent être initiateurs comme Laurent Goudet ou choisir de s’adapter en prenant en compte les enjeux économiques et commerciaux de l’innovation. L’entreprise de construction entretient également un rapport particulier avec le maître d’ouvrage en tant que responsable de l’exécution des travaux et du respect des délais et coûts de chantier. M. Casanova évoque continuellement la date de livraison et la nécessité de faire approuver les dépenses par la RIVP. Pour le le maitre d’ouvrage l’importance du produit fini et de son potentiel de médiatisation prévaut sur l’expérimentation.

Schéma des acteurs du pôle Construction :

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Conclusions Dans ce mémoire, j’ai commencé par définir et analyser le champ de la construction et ses transformations. Comme Christian de Montlibert116 l’a énoncé, l’architecte évolue dans des rapports de domination avec les autres acteurs de la construction (promoteurs, entreprises de construction, urbanistes, sociologues, politiciens, ingénieurs…). Le champ de la construction étant un des premiers secteurs d’activités économiques, l’activité de conception et de production de l’espace est donc soumise à des stratégies de contrôle et de rationalisation de la part des champs politiques et économiques. Les études et les recherches sur ce champ montrent des transformations de ce secteur suite à divers événements économiques, politiques et environnementaux. Ces événements peuvent se situer à l’échelle globale ou locale. Par exemple, la deuxième guerre mondiale ou la crise pétrolière de 1973, ont eu des répercussions mondiales sur le secteur de la construction. Aujourd’hui, les préoccupations énergétiques et la question de l’impact de l’homme sur l’environnement se sont popularisées et se sont introduites dans les programmes politiques des pays industrialisés. Le secteur de la construction étant un grand consommateur de matières premières et producteur de CO², il est particulièrement touché par les objectifs décrétés par les différents Sommets internationaux et Grenelles de l’environnement engageant les pays à réduire notamment l’émission des gaz à effet de serre. Ainsi, la montée en puissance des valeurs environnementales a fait émerger la volonté d’acquérir de nouvelles compétences et outils en matière d’écotechniques par le biais d’innovation de produit, de service ou de procédés. Une innovation est facilement qualifiable dans le cadre industriel car elle est définit par un succès commercial rapide, ce qui distingue l’innovation d'une invention ou d'une découverte. Mais les innovations architecturales se différencient des innovations industrielles. En effet, le statut professionnel libéral de l’architecte a pour fondements juridiques le non-salariat et le non-profit, et s’oppose donc à l’activité commerciale de l’entrepreneur117. Ainsi, l’architecture peut être initiatrice de nombreuses inventions ou découvertes architecturales, mais qui ne prennent pas la forme d’innovation, puisqu’elles ne sont pas commercialisables. L’innovation initiée par l’architecte n’est donc perceptible que du point de vue de l’entrepreneur avec qui il va collaborer. Cette contradiction entre les notions « d’innovation » et « d’architecture », est intéressante pour mettre en lumière les relations entre les architectes et les autres acteurs de la construction pour la mise en place d’une innovation écologique. Dans ce mémoire, je me suis appuyée sur des exemples d’innovation dans le domaine des matériaux de construction pour montrer les phénomènes de renouvellement des pratiques et des systèmes d’acteurs. En France, je me suis intéressée à l’exemple du béton de chanvre, à la création et à l’évolution de la filière et à la constitution d’un groupe professionnel. Ainsi, le béton de chanvre qui était utilisé depuis les années 1980 de manière artisanale, pour des bâtiments de petites échelles, des rénovations de bâtiments anciens ou par des auto-constructeurs, est aujourd’hui introduit dans deux réalisations expérimentales de logements collectifs pour des bailleurs sociaux parisiens, marquant le passage de l’échelle de production artisanale à l’échelle industrielle. 116

DE MONTLIBERT Christian (1995) L’impossible autonomie de l’architecte, Strasbourg Chapitre IV : la passion de construire et d’aménager 117 LAMBERT Lambert, (2003) Article « les architectes et le brevet d’invention en France (fin XIXe-début XXe siècles) Stratégies et représentations. » pp 459-470 dans Les archives de l’invention, écrits, objets et images de l’activité inventive

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Au Japon, la culture du chanvre a été interdite après la guerre, en prenant comme prétexte ses propriétés psychotropes, alors que cette plante pousse naturellement sur l’archipel. J’ai donc étudié les cultures constructives traditionnelles du Japon, et notamment celle du bois. J’ai découvert que son utilisation pour des bâtiments de grandes échelles est un phénomène de renouveau. En effet, si le Japon est un pays reconnu pour ses constructions en bois des plus avancées au monde, avec les plus vieux bâtiments en bois du monde, comme le Toshodai-ji et pour ses techniques avancées de construction, le gouvernement japonais a privilégié après la seconde Guerre Mondiale les constructions en béton et en acier pour les bâtiments de plus de deux étages, afin d’éradiquer les problèmes d’incendie dans les villes, survenant de manière fréquente après les séismes comme celui de 1923 qui a dévasté la ville e Tokyo. De plus, un grand nombre des forêts du Japon avait été détruites par les bombardements. Néanmoins une grande partie des maisons standards japonaises sont toujours construites en bois, provenant d’importations d’Amérique ou d’Asie en raison de leur prix compétitifs. En 2000, le gouvernement a révisé la réglementation pour privilégier les constructions en bois pour les grands bâtiments (supérieure à 13m de hauteur). Cette réforme est liée à la possibilité des ressources des forêts, et au développement de technologies ignifuges. Ainsi, en 2013 a été livré le premier bâtiment de 5 étages en structure bois à Tokyo. Ainsi, ce mémoire tente de montrer que l’introduction de matériaux innovants tels que de nouveaux dispositifs d’assemblage bois au Japon, ou des murs en béton de chanvre en France met en exergue le renouvellement des pratiques et des systèmes d’acteurs du champ de la construction. Les exemples analysés dans ce mémoire montrent que chacun des acteurs de la construction sont soumis à des phénomènes de renouvellement des pratiques et des interactions entre acteurs.

Par exemple, l’investisseur, le maître d’ouvrage a une pratique inhabituelle pour ces trois opérations. Paris-Habitat ou la RIVP cherche l’innovation, même si cela implique un coût supérieur de la conception/construction (Myrha, Bourgon). Cette pratique s’explique par les contextes politiques et économiques. Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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Les concepteurs, architectes, ingénieurs ou autodidactes sont les créateurs et principaux défendeurs de l’innovation. L’architecte joue son rôle dévolu de chef d’orchestre et de responsable de la conception architecturale, mais élargi son rôle dans les phases de réalisation du projet, du fait de la particularité que ces choix conceptuels et matériels, et du manque de compétence des entreprises de construction sélectionnées pour ces projets (Bourgon). Des équipes d’ingénieurs et d’architectes (Myrha, Shimouma) entament des démarches d’expérimentation pour valider des innovations architecturales (Bourgon,Shimouma). La figure de l’ONG investissant dans ces propres projets montre la volonté de certains acteurs de renouveler le système et d’aller chercher eux-mêmes des financements pour ces expérimentations. Le producteur du bâtiment, l’entreprise de construction réalise l’innovation. Ils s’adaptent, avec quelques réticences, aux spécificités du projet, comprenant les possibilités futures que ce projet peut apporter. (Fayolle, Tempere, Daiwa). Une nouvelle figure d’entrepreneur apparaît également porteuse d’innovation de procédés, de service et de produits. Les fournisseurs de matériaux illustrent le décalage entre les industries existantes déjà développées proposant des produits peu coûteux qui tentent de s’imposer dans ces nouveaux marchés (BCB) alors que les filières naissantes du bois ou du chanvre dont le mode de production est artisanal sont peu développées (chanvre en France) ou limitées par le système existant (bois au Japon). L’analyse des pratiques et des systèmes d’acteurs dans deux pays éloignés géographiquement et culturellement tels que la France et le Japon m’a permis de mettre en lumière des points que je n’aurais pas relevé en me focalisant seulement sur le milieu français de la construction. Ainsi, les différences de cultures architecturales et constructives permettent d’expliquer les différences de dynamiques d’innovation, notamment pour répondre aux enjeux environnementaux. Masaru Sekino 118 compare les pays riches en bois, et ceux riches en pierres ou matières premières pour fabriquer des briques. Les matériaux organiques ou plantes, ont un processus de croissance, alors que les matériaux inorganiques ou minéraux, la pierre ou les matières premières de la brique sont trouvés à la surface de la terre, ou extraits. Lorsqu’une terre est riche en pierre ou en brique comme c’est le cas en Europe, une architecture de pierre et brique se développe, tel que la construction sous forme d’arche. L’architecture en bois existe également, mais son déclin au profit d’une architecture de pierre et de brique a eu lieu à la Renaissance. Puis lors de la révolution industrielle, les bâtiments à ossature métalliques se sont répandus, remplacés plus tard par les ossatures en béton armé. Au Japon et dans l’est de l’Asie, Corée et Chine, l’architecture en bois prédomine, basée sur un système constructif poteau-poutre. Jusqu’à la moitié du 19 ème siècle, les exemples d’architecture en pierre ou en briques sont extrêmement rares au Japon. Au Japon, le déclin du bois résulte d’un processus de modernisation de la construction plus tardif. Après la restauration de l’Ere Meiji (1868-1912) le Japon a ouvert ces portes au monde extérieur, a étudié et imité les techniques architecturales d’Occident. Le style de l’Ouest de brique et de pierre et plus tard du béton, a été appliqué au Japon, par des architectes venant d’Europe, d’Amériques ou des Japonais, et les maîtres charpentiers ont repris les techniques étrangères. 118

SEKINO Masaru (1982) The Sixth International Symposium on the Conservation and Restoration of Cultural Property, “Aspects of Japanese Wooden Buildings” p.1 à 11

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Cependant, ils ont conservé l’idée de construction non durable et peu isolée des constructions en bois traditionnelles. Ainsi, malgré un climat tempéré, peu de bâtiments sont aujourd’hui isolés et les maisons ont une durée de vie de 30 ans en moyenne. Cette différence de culture constructive explique que dans un contexte d’innovation basée sur des matériaux locaux, le Japon s’intéresse de nouveau au bois, et la France au écomatériaux de remplissage tels que la terre ou le chanvre dans une ossature structurelle variable (béton, métal, bois). Au Japon, la réintroduction du bois pour les bâtiments de taille moyenne et de grande envergure, se fait par le biais d’innovation techniques et technologiques éloignées des cultures constructives ancestrales poteaux-poutres, et parfois importées (Massiv Holz). La volonté première d’utiliser du bois local est limitée par le système existant et contrebalancée par des possibilités d’importation à moindre coût. Néanmoins, le renouveau du bois est né d’une volonté d’architectes et d’ingénieurs qui s’associent dans une pratique particulière de collaboration, l’ONG. La découverte du béton de chanvre en France, montre également une pratique de collaboration, entre architectes, artisans et agriculteurs autour d’une coopérative (Chanvière de l’Aube) puis d’une association (CenC), autour de laquelle s’agglomèrent par la suite des ingénieurs, entrepreneurs et fournisseurs de matériaux, motivés par des enjeux différents. De ce groupe, émergent des figures aux trajectoires et aux volontés différentes (BCB, Laurents Goudet), alors que l’équipe Timberize reste unifiée dans sa formation (architectes/ingénieur) et dans ces objectifs. Ces observations mettent en évidence les différents systèmes d’acteurs de la France et du Japon, notamment des relations architectes-ingénieurs et entreprises généralesfournisseurs. En effet, si quelques couples d’architectes-ingénieurs existent en France (Myrha), ce type d’association préalable à un projet n’est pas courant. Et lorsqu’un architecte doit avoir recours à un BET, il le fait par l’intermédiaire d’appel d’offre, ne favorisant pas des associations autour d’intérêt commun pour une innovation. Le choix de l’entreprise générale est également plus libre au Japon, l’architecte trouve lui-même une entreprise capable de réaliser sa conception architecturale. En France, le recours aux appels d’offre limite ce genre de coopération, et les acteurs une fois rassemblé pour travailler ensemble doivent s’adapter aux pratiques de chacun à postériori. J’aimerais également revenir sur mon expérience de recherche et d’écriture de ce mémoire. Pour étudier ces thèmes, au sein de l’école d’architecture de Paris la Villette, j’ai choisi le séminaire APUS, « Architecture, projet urbain et société », et l’axe « Usages, conception et métiers de la ville », car il s’intéresse à la question des acteurs de la construction et à la position de l’architecte. L’approche sociologique du séminaire m’a permis de cadrer mon mémoire autour des notions de « champ », empruntées à Pierre Bourdieu. Ensuite est venue la formulation de la problématique de ce mémoire. Il m’a fallu choisir un terrain d’observation de pratiques d’introduction de matériaux innovants, pertinents et accessibles. Je me suis intéressée à des opérations utilisant le béton de chanvre, un mélange de la plante de chanvre, cultivée en France, notamment dans l’Aube, de chaux aérienne et d’eau. Par mes lectures, principalement dans des revues d’architectures (Le Moniteur, les Cahiers Techniques du bâtiment, la maison écologique…), j’ai découvert un certain nombre Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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d’opérations en France et d’acteurs, architectes, ingénieurs, producteurs travaillant pour promouvoir ce matériaux et ces propriétés à la fois écologiques et sanitaires (cf. Annexes). J’ai découvert la réalisation à Paris d’une opération de logement de 5 étages en remplissage béton de chanvre, le premier de cette échelle, ainsi qu’un deuxième en cour de construction. Ainsi j’ai proposé ce terrain d’étude à mes professeurs et contacté les acteurs de ces opérations. En parallèle de ces recherches, j’ai fait une demande pour un semestre d’échange au Tokyo Institute of Technologie au Japon pour mon premier semestre de Master II. J’ai donc commencé à réfléchir à la manière d’intégrer à mon mémoire mon expérience future à Tokyo. Je me suis vite rendu compte qu’une comparaison d’opérations en béton de chanvre en France et au Japon n’était pas possible du fait de l’interdiction de la culture du chanvre après la Seconde-Guerre Mondiale par les Etats Unis sur le sol Japonais. Ainsi, je me suis intéressé aux matériaux de construction au Japon, à la fois traditionnels et contemporains, ainsi qu’aux matériaux nouveaux et aux innovations écologiques. Il m’a été très difficile, depuis la France, de comprendre le fonctionnement des pratiques et système d’acteurs au Japon, ainsi que leurs méthodes de construction et matériaux utilisés. En effet, seule une partie très réduite de l’architecture japonaise nous est communiquée par des revues publiées en France. Ainsi, j’ai été guidée par deux architectes français travaillant depuis de nombreuses années au Japon, Benoit Jacquet à Kyoto et Manuel Tardits à Yokohama pour comprendre l’histoire constructive et institutionnelle de l’architecture japonaise. Enfin, les sources écrites au Japon sont peu traduites en Anglais. J’ai donc bénéficié de l’aide d’étudiants japonais pour la traduction de certains articles, ainsi que pour l’entretien avec les architectes de KUS. Grace à eux mes recherches au Japon ont été très fructueuses malgré la perte de temps induite par les difficultés de communication. Ces recherches et l’écriture de ce mémoire m’ont apporté de nombreux outils pour comprendre la production architecturale actuelle, les limites de l’innovation dans les secteurs des matériaux de construction, ainsi que les possibilités de coopérations entre acteurs de la construction.

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Remerciements

Je tiens à remercier l’ensemble des personnes qui ont accepté de répondre à mes questions et qui m’ont ainsi apporté de précieuses informations pour enrichir ce mémoire. Je remercie l’ensemble des acteurs des opérations du 25 rue Bourgon et 37 rue Myrha à Paris, Monsieur Richard F. Thomas, Architecte et urbaniste, North by Northwest Architectes, Ilhem Belhatem, architecte de l’agence Atelier-D, Philippe Casanova, directeur d'exploitation de Tempere Construction, Laurent Mouly du bureau d’étude LM Ingénieur, Christine Désert architecte de NXNW, M. Philippe Casanova, les sous-traitants ossature bois, Charpimo, Laurent Goudet du bureau d’étude Développement Chanvre, ainsi qu’Olivier Cathelineau, ingénieur, chef d’opération à la direction de la construction du bailleur social public ParisHabitat. Au Japon, mon entrevue avec Benoît Jacquet, architecte français et Directeur de l'EFEO à Kyoto, dont le contact m’a été donné par Olivier Bourcheron, professeur à l’ENSAPLV, m’a permis de comprendre le système d’acteur du champ de la construction japonais, ainsi que de rencontrer Manuel Tardits architecte français de l’agence d’architecture japonaise Mikan à Yokohama. Je remercie Aya Utsumi, architecte japonaise de l’agence KUS Architects à Tokyo, dont l’entretien a pu avoir lieu grâce à Yoko Yoshiike étudiante du Tokyo Institute of Technology, qui m’a accompagné afin de traduire les questions et réponses du japonais à l’anglais. Sanae Nicolas étudiante à l’ENSAPLV, en échange à Kyoto University a également traduit les questions pour l’architecte, du français au japonais. Enfin, pour le suivi de mon mémoire en France, je remercie M. Bendicht Weber et l’ensemble des enseignants du séminaire APUS. Au Japon, les étudiants du Yasuda Laboratory, ainsi que M. Koichi Yasuda qui m’a accueilli au sein de son laboratoire pour mon semestre d’échange au Tokyo Institute of Technology.

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Bibliographie Ouvrages - ALEXANDROFF Georges et Jeanne-Marie, Architectures et Climats, Soleil et énergies naturelles dans l’habitat, ed. Berger-Levrault, collection Architectes, Paris, 1982 - B. STEWART David, The making of a modern Japanese architecture: 1868 to the present, Tokyo ; New York : Kodansha International, 1987, 304 p. - BENSAUDE-VINCENT Bernadette, Eloge du mixte, Matériaux nouveaux et philosophie ancienne, ed. Hachettes Littératures, Collections Sciences, Paris, 1998, 358p. - BIAU Véronique, TAPIE Guy, La fabrication de la ville, Métiers et organisations, ed. Parenthèse, collection eupalinos, série architecture et urbanisme, Marseille 2009, 210p. Chapitre 3, HENRY Eric, PUYBARAUD Marie, Expertises, compétences et gestion de projets en construction durable, p.43 Chapitre 11, FENKER Michael, Expérience et coopération au sein de la maîtrise d’ouvrage, p.153-164 Chapitre 12, BIAU Véronique, TAPIE Guy, Fabriquer les espaces bâtis, concevoir et coopérer, p.167-204 - BOURDIEU Pierre et WACQUANT Loïc, Réponses : pour une anthropologie réflexive, Paris, Seuil, 1992, 267 p. -CAMPAGNAC Elisabeth, Construction et Architecture, métiers en mutation ? trois expériences de l'habitat social français, ed. l'Equerre, Paris, 1984 .80 p. - CORCY Marie-Sophie, DEMEULENAERE-DOUYERE Christinane, et HILAIRE-PEREZ Liliane, Les archives de l’invention, écrits, objets et images de l’activité inventive, CNRS/Université de Toulouse-le Mirail, coll. Méridiennes, série Histoire et Techniques, 2006, 614 pages, ouvrage de trente-neuf contributions issues du colloque international organisé par le Conservatoire national des arts et métiers et le Centre historique des Archives nationales en mai 2003. Article de Guy Lambert, « les architectes et le brevet d’invention en France (fin XIXe-début XXe siècles) Stratégies et représentations. » pp 459-470 - DE MONTLIBERT Christian, L’impossible autonomie de l’architecte, collection sociologie de la production architectural, ed Presses Universitaires de Strasbourg, France -DUCHENE-MARULLAZ, Philippe, Evaluation de la qualité environnementale des bâtiments : contexte, problématique et revue des approches méthodologiques existantes, Cstb, Paris La Défense : Plan Construction et Architecture, 1998, 212 p. Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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- FRANCASTEL Pierre (1956) Art et technique aux XIXe et XXe siècles, Paris, éd. de Minuit, 308 p - JOLLIVET Marcel, le développement durable, de l’utopie au concept, 2001 issu des journées 1997 de l’association « Nature Sciences Sociétés-Dialogues » intitulées : « la notion de durabilité : quelles pistes pour la recherche ? » - LOCHER Mira, foreword by Kengo Kuma, Traditional Japanese architecture, An exploration of elements and forms, Tuttle Publishing, Periplus edition, Tokyo, 2010 Part 2 Forms and Materials, Chapter 7 Materials, p.70 - NATURPARIF, Bâtir en favorisant la biodiversité, un guide collectif à l’usage des professionnels publics et privés de la filière du bâtiment, Victoires éditions, 2012 - NISHI, Kazuo and HOZUMI, Kazuo, What is Japanese Architecture? A Survey of

Traditional Japanese Architecture, Kodansha International Ltd., Tokyo, 1985. - NUSSAUME Yann, Anthologie critique de la théorie architecturale japonaise, le regard du milieu, ed Ousia, collection Art(s) des Lieux, Grèce, 2004 - PUCA sous la direction de Rainier Hoddé, Qualités architecturales, conceptionssignifications-positions, ed. Jean Michel place 2006 PUCA - SEKINO Masaru, The Sixth International Symposium on the Conservation and Restoration of Cultural Property, “Aspects of Japanese Wooden Buildings” p.1 à 11 Theme “Conservation of Wooden Cultural Property”, organized by the Tokyo National Research Institute of Cultural Properties, in cooperation with Unesco on November 1 to 6 of 1982 in Tokyo and Saitama, Japan - SIMONDON Gilbert, du mode d’existence des objets techniques, collection Analyse et raisons, édition Aubier éditions Montaigne, 1969, Paris Rapports / Etudes - étude exploratoire de CETE IDF, issue d'une commande de la Direction de la Stratégie et du Développement Durable (DSDD) de la Direction Régionale de l'Equipement d'Île-de-France (DREIF) et encadrée par un comité technique piloté par Daphné Boret (DREIF/DSDD) et représentant les organismes suivants : DRIRE, DIREN et les 8 EPA, intitulée « Les écomatériaux dans l’aménagement et l’aménagement en Ide de France, Contribution à leur caractérisation, catalogue et potentialités de développement de filière. » Juin 2010 - étude pour le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA), « Bâtiment : de l’innovation de produits à l’innovation de service », avril 2003, étude réalisée par le CSTB, 63p.

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- étude pour le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, Etude des caractéristiques environnementales du chanvre par l’analyse de son cycle de vie, septembre 2006, étude réalisée par l’INRA, 102p. - État, acteurs privés et innovation dans le domaine des matériaux de construction écologiques : Le développement du béton de chanvre depuis 1986, mémoire de recherche de M2 de Isabelle CEYTE, Institut d’Études Politiques de Lyon, 2007-2008, dirigé par Fabrice BARDET - étude pour la ADEME, Marché actuel des bioproduits industriels et des biocarburants & évolutions prévisibles à échéances 2015 / 2030, avril 2007, étude réalisée par le cabinet ALCIMED - étude de la Fédération Nationale des Producteurs de Chanvre, La culture du chanvre, 2005 Téléchargeable sur internet http://www.interchanvre.com/docs/DOC_TECHNIQUE_2005.pdf - Présentation pour la quinzaine de l’éco-construction, Les Règles professionnelles d'exécution d'ouvrages en béton de chanvre, Juin 2009. Yves HUSTACHE, Association Construire en Chanvre http://www.hdgdev.com/userfiles/file/quinzaines_eco_construction_prog/presentation_confere nces_juin_09/materiaux_assurabilite_et_performances/Pr %C3%83%C2%A9sentationReglesProfessionnelles_quinzaine_09.pdf. - étude de M. Tomohiro Hasegawa du ministère des Territoires, des Infrastructures, des Transports et du Tourisme (Minister of Land, Infrastructure, Transport, and Tourism MLITT) et publié par le Centre de la construction du Japon (The Building Center of Japan(BCJ) Building Standard Law - Introduction de la loi relative aux constructions sous l’autorité de l’Assemblé nationale du Japon, écrit par) http://www.mlit.go.jp/english/ - étude du bureau du logement du Ministère des Territoires, des Infrastructures, des Transports et du Tourisme (Minister of Land, Infrastructure, Transport, and Tourism MLITT), l’agence de Renaissance Urbaine (Urban Renaissance Agency, UR) et l’agence de financement du logement japonais (Japan Housing Finance Agency JHF), A quick look at housing in Japan, by The Building center of Japan, Coopération éditorial avec le Mars 2013 www.jfir.or.jp/c20_international/agenda/index.html - Thèse pour l’obtention du Doctorat de l’Institut National Polytechnique de Lorraine, en Sciences de l’architecture, « Conception de la matérialisation en architecture : l’expérimentation comme facteur d’innovation industrielle », présentée et soutenue par Nadia Hoyet le 29 novembre 2007, Directeur de thèse : Jean Claude Bignon - rapport d’étude consultable sur internet : Case Study of Combination Ways of Steel and Timber in Japanese Buildings, par Hiroshi Isoda (Tokyo Denki University), Masahiko Tachibana (Shinshu University), Naohito Kawai (BRI, Building Research Institute) et Mikio Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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Koshihara(The University of Tokyo) pour le WCTE World Conference on Timber Engineering en 2010. http://www.ewpa.com/Archive/2010/june/Paper_283.pdf? PHPSESSID=faacbek9jsdpg55od7d9aq6m32 - rapport d’étude : The design and installation of a five-storey new timber building in Japan par Mikio Kochihara, Assoc. Prof., Dr.Eng.Institute of Industrial Science, University of Tokyo, Hiroshi Isoda, Assoc. Prof., Dr.Eng.Faculty of Engineering, Shinshu University, Japan, et Shuitsu Yusa , Dr.Eng Tsukuba Building Test Laboratory of Center for Better Living http://wood.iis.u-tokyo.ac.jp/ronbun/2-32.pdf - rapport Wooden Temporary Housing Group, Architecture from 3.11, by HARYU WOOD STUDIO corp.translated by Akinobu Yoshikawa First published in Tokyo Japan, Jun. 1, 2012 [PDF version 1.1] by Pot Pub. Co., ltd. Téléchargeable sur internet http://www.pot.co.jp/wp/wp-content/uploads/2012/06/woodentemporary-housing-group-architecture-from-311.pdf, p.80-81 Plan pour la revitalisation. Articles - BAN Shigeru, The Japanese Architect n° 89 Spring 2013, Wood architecture in the Expanded Field, Shinkenchiku-sha Co, Tokyo, What the Japanese Can Learn from Europe’s Timber Construction Technology, p.32 - BOURDIER Marc, CASBEE, revue Ecologik n°5 Octobre Novembre 2008, p.94 - BONNIOT Nicolas, Blocs de chanvre prêts à poser, Maison écologique n°54 Décembre 2009, Schéma constructif, p. 43 - CAMPAGNAC Elisabeth, La « commande » comme nouveau marché de service : crise ou renouveau du professionnalisme ? Les leçons de l’expérience britannique. Publié par la revue « Espaces et Sociétés », « Projet Urbain, maîtrise d’ouvrage, commande », n°105-106, N°2-3 2001, Editions l’Harmattan, 2001, pp.17-55. - CHABAS Sébastien, Une rénovation "tout chanvre" pour une maison à colombage, batiactu, mars 2013 - COURAUD Florence, Matériaux et pétrodépendance : quelle stratégie ?, chapitre Responsabilité et Entreprises, Expériences, ‘A’A L’Architecture d’Aujourd’hui - Hors-série Perspectives Durables 2012 - C.M., Béton de chanvre en blocs préfabriqué, Ecologik n°260 Avril 2006, p.28 Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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- DUFFAURE-GALLAIS Isabelle, Une coque en béton de chanvre pour abriter des petites bêtes, Le moniteur.fr, Solutions techniques, Innovation chantiers, 29/02/2012 - DUFFAURE-GALLAIS Isabelle, Règles et normes, Béton de chanvre : des règles professionnelles validées par l’AQC , site internet le Moniteur.fr, http://www.lemoniteur.fr/185-regles-et-normes/article/actualite/18683864-beton-de-chanvredes-regles-professionnelles-validees-par-l-aqcAccueil, Technique, Actualité, 30/07/2012 - GRUDET Isabelle, Mobilisation, méfiance et adaptation des architectes devant la demande de durabilité, revue internet métropolitiques, le 14/12/12 - Japan Lumber Journal, volume 53, octobre 2012, JLJ Inc., Tokyo - MATHIEU Clémence, Interview de Kengo Kuma, revue Ecologik n°5 Octobre Novembre 2008, p.98-99 - MULLE Félix, chronologie, un demi-siècle d’architecture écologique en France : de l’expérimental au labellisé, Criticat n°11, Printemps 2013, p.64 - SEIKE Kiyosi, A culture of wood, Process Architecture 25 JAPAN CLIMATE SPACE AND CONCEPT, Process Architecture Publishing, Tokyo 1981, 165p. p.17-24 - T.L, L’atelier de Chanvre lance une brique isolante, en février 2007, site internet Usine nouvelle, de http://www.usinenouvelle.com/article/l-atelier-du-chanvre-lance-une-briqueisolante.N16508 - VAN HOUDENHEVE Ingrid, Responsabilité à tous les étages, chapitre Responsabilité et Entreprises, Expériences, ‘A’A L’Architecture d’Aujourd’hui - Hors-série Perspectives Durables 2012 - V.P, Les différentes utilisations de la fibre de chanvre, Les cahiers techniques du bâtiment n°207 Mai 2000, p.30-33 - L’architecture d’Aujourd’hui, Japon, janvier-février 2002, n°338, ed Jean Michel Place SASAKI Mutsuro, Structure légères : histoire d’une filiation, p.46-49 HLADIK Murielle, Une architecture de « l’impermanence » p. 76-79 Sites internet - site web de la Mairie de Paris, consulté le 9 juin 2013, http://www.paris.fr/pratique/energieplan-climat/le-plan-climat-de-paris/le-plan-climat-deparis/rub_8413_stand_69591_port_19609 - site web http://www.rivp.fr/index.php/category/RIVP/Presentation, consulté le 4 mai 2013

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- site web Construire en Chanvre http://www.construction-chanvre.asso.fr/mortiers-et-betonsregles,-normes,-labels_fr_int_000176.html consulté le 4 mai 2013 - site web de l’entreprise Batiethic, Techniques, Régles professionnelles d’exécution en béton de chanvre, http://www.batiethic.fr/index.php#/technique/reglementation, consulté le 4 mai 2013 - site web de Chanvribloc http://www.chanvribloc.com/ - site internet Team Timerize http://www.timberize.com/ - site internet KUS Architects http://www.kus.co.jp/index.html - site internet du laboratoire de Koshihara http://wood.iis.u-tokyo.ac.jp/mokusitu.html - pdf téléchargeable sur internet à propose du projet de Shimouma http://www.zenmoku.jp/assets/files/130305-2.pdf http://www.kinomachishien.jp/23/case/download/jirei5.pdf - site du JIA, Japan Institute of Archtects http://www.jia.or.jp/english/history_jia.htm - site internet des General Contractors http://www.takenaka.co.jp/takenaka_e/, http://www.shimz.co.jp/english/,http://www.kajima.co.jp/welcome.html https://www.obayashi.co.jp/english/, http://www.daiwahouse.co.jp/English/ Entretiens - entretien avec Monsieur Richard F. Thomas, Architecte et urbaniste, North by Northwest Architectes, le 16 avril 2013 - entretien avec Ilhem Belhatem, architecte de l’agence Atelier-D, le 14 mai 2013 - entretien avec Philippe Casanova, directeur d'exploitation de Tempere Construction, le 16 mai 2013, réunion et shimoumavisite de chantier en présence deM. Laurent Mouly du bureau d’étude LM Ingénieur, Christine Désert architecte de NXNW, M. Philippe Casanova, directeur d'exploitation de Tempere Construction, et du sous-traitant ossature bois, Charpimo. - entretien avec Laurent Goudet du bureau d’étude Développement Chanvre, le 31 mai 2013 - entretien avec Olivier Cathelineau, ingénieur, chef d’opération à la direction de la construction du bailleur social public Paris-Habitat, le 3 juin 2013

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- entretien avec Benoît Jacquet, architecte français et Directeur de l'EFEO à Kyoto, le 8 novembre 2013, au centre de l’EFEO à Kyoto - entretien avec Manuel Tardits architecte français de l’agence d’architecture japonaise Mikan, fondée à Tokyo en 1995 par lui-même, Kiwako Kamo, Masashi Sogabe et Masayoshi Takeuchi, le 4 décembre 2013, à l’agence Mikkan à Yokohama - entretien avec Aya Utsumi, architecte japonaise de l’agence KUS Architects, le 9 décembre 2013, à l’agence de KUS Architects à Tokyo, accompagnée d’une traductrice japonaise étudiante du Tokyo Institute of Technology, Yoko Yoshiike, Sanae Nicolas étudiante à l’ENSAPLV, en échange à Kyoto University a également traduit les questions pour l’architecte, du français au japonais.

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Bibliographie des images Fig.1 - Culture du Chanvre en France Site de l’Association Construire en Chanvre http://www.construction-chanvre.asso.fr/chanvre,-production,-filiere_fr_50.html Fig. 2 - Bois des forêts de Tasmanie importé au Japon Site internet du journal The Age http://www.treehugger.com/corporate-responsibility/japan-wants-worlds-largest-woodchipexporter-to-sell-fsc-certified-product.html? campaign=th_rss&utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed %3A+treehuggersite+%28Treehugger%29 Fig.3 – Photo du 25 rue Bourgon, Paris 13ème http://www.ekopolis.fr/realisations/immeuble-bbc-en-chanvre-projete Fig.4 - Photo du chantier du 37 rue Myrha, prise le 17 septembre 2013 Fig.5 – Photo du bâtiment de Shimouma, Setagaya-ku, Tokyo Détail n°198, Octobre 2013, Wooden architecture in the age of tenderness, Shokokusha Publishing, Tokyo, Shimouma Project p.52-55 Fig.6- Ise Shrine http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Ise_Shrine_Naiku_1953-8-26.jpg Fig.7 - Tremblement de terre du Kantô-1923 http://historizo.cafeduweb.com/lire/12563-images-grand-seisme-kant333-en-1923.html Fig. 8 - Tours du village de San Gimignano, Toscane, Italie http://www.canneta.com/biologic-wines-san-gimignano Fig.9 - Temple Todaiji, Nara, Japon http://uni3reportages.blogspot.jp/2012_03_01_archive.html Fig. 10 - Matsubara-danchi, Soka, Saitama Prefecture, Japon http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Matsubaradanchi_003,_Soka,_Saitama_prefecture,_Japan.JPG Fig. 11 - Les grands ensembles de Sarcelles http://www.live2times.com/1955-la-politique-des-grands-ensembles-commence-a-sarcellese--9089/ Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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Fig. 12 - Projet du 25 rue Bourgon, Paris 13ème http://www.ekopolis.fr/sites/default/files/EVT-1107-visite_immeuble_BBC_chanvre.pdf Fig. 13 - Projet du 37rue Myrha, Paris 18ème http://architopik.lemoniteur.fr/index.php/projet-architecture/immeuble_de_logements/3746 Fig. 14 - Maison de l’Habitat à Clermont Ferrand Article le Moniteur.fr, Rénovation thermique : une enveloppe 100% chanvre pour la Maison du tourisme de Troyes par Stéphane Miget, le 5 décembre 2012 http://www.lemoniteur.fr/181-innovation-chantiers/article/solutions-techniques/19600674renovation-thermique-une-enveloppe-100-chanvre-pour-la-maison-du-tourisme-de-troyes? 19591642=19590313#19591642 Fig. 15 - Chantier rue Bourgon http://www.ekopolis.fr/sites/default/files/EVT-1107-visite_immeuble_BBC_chanvre.pdf Fig. 16 - schéma de l’évolution des structures bois au Japon en fonction de leur échelle site internet du laboratoire de Koshihara http://wood.iis.u-tokyo.ac.jp/mokusitu.html traduction par Clara de Cuyper Fig. 17 – dessin axonométrique d’une église de style gothique http://architecture.about.com/od/earlychristianmedieval/ss/gothic_9.htm Fig. 17 - dessin extrait du livre What is Japanese Architecture? A Survey of Traditional Japanese Architecture, p.23 “hidden roof” Fig. 19 - Evolution des techniques constructive à Paris, réalisé par NXNW Architectes extrait du Powerpoint pour NATURIDIF - 20 mars 2012-LM ingénieur / Laurent Mouly Fig. 20 - Garde-Meuble avec namako-kabe http://www.aisf.or.jp/~jaanus/deta/n/namakokabe.htm Fig. 21 - Schémas explicatifs des politiques urbaines de protection au feu, produits par le laboratoire de Yoshiharu Tsukamoto au Tokyo Institute of Technology http://www.ocw.titech.ac.jp/index.php?module=General&action=MovieNew&lang=EN Graduate School of Science and Engineering Architecture and Building Engineering Urban Village video du 17 avril 2011 Fig. 22 - Photo de chantier de la Core House, Atelier Bow-How http://www.pechakucha.org/presentations/itakura-core-house Fig. 23 - Ecole maternelle d’Asahi à Minamisanriku http://www.tezuka-arch.com/japanese/works/minamisanriku/01.html Fig. 24 - Photo du chantier rue Myrha, le 16 mai 2013 Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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Fig. 25 - Dessin explicatif de la projection du béton de chanvre pour le projet du 37rue Myrha Site internet North by Northwest architects http://www.nxnw.fr/ce_photo/html/image.html? imageUrl=../..//mediapool/80/802754/images/nxnw_myrha1.png&width=1000&height=1000 &bgSoundUrl=../../&bgSoundLoop=true&soundPath=../../sound Fig. 26 - Photo du chantier rue Myrha, le 17 septembre 2013 Fig. 27 - l’exposition « La métamorphose urbaine» en 2011 en entrée libre à la mairie du 18ème - Image extraite du Powerpoint pour NATURIDIF - 20 mars 2012-LM ingénieur / Laurent Mouly Fig. 28 - Image extraite du site internet du BRE du Watford Innovation Park http://www.bre.co.uk/page.jsp?id=9 Fig. 29 - LCCM Demonstration House du BRI http://www.designboom.com/architecture/koizumi-atelier-lccm-demonstration-house/ Fig. 30 - Expérimentation Massive Holz Photo tirées d’un pdf de présentation du projet téléchargeable sur internet http://www.zenmoku.jp/assets/files/130305-2.pdf Fig. 31 - Expérimentation treillis métallique Photo tirées d’un pdf de présentation du projet téléchargeable sur internet http://www.zenmoku.jp/assets/files/130305-2.pdf Fig. 32 - détails dalle Massive Holz/poteau, Shimouma Photo de détails de construction du bâtiment de Shimouma extrait de la revue architecture Détail n°198, Octobre 2013, Wooden architecture in the age of tenderness, Shokokusha Publishing, Tokyo, Shimouma Project p.52-55 Fig. 33 – photo de chantier de la pose des dalles, planches de bois massif, MH Photo de détails de construction du bâtiment de Shimouma tirées d’un pdf de présentation du projet téléchargeable sur internet http://www.zenmoku.jp/assets/files/130305-2.pdf Fig. 34 - Schémas des dispositifs de résistance au feu des poteaux pour le bâtiment de Shimouma, tirés d’un pdf de présentation du projet téléchargeable sur internet traduction Clara de Cuyper http://www.kinomachishien.jp/23/case/download/jirei5.pdf Fig. 35 - Le mur en béton de chanvre n’est pas continu sur les 4 étages http://www.ekopolis.fr/sites/default/files/EVT-1107-visite_immeuble_BBC_chanvre.pdf Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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Annexes I- Tableaux récapitulatif des caractéristiques et acteurs des 3 opérations………..………. …..p.91

II- Fiches de projet de ………………………………………………………………….…..p.92 - de l’opération rue Bourgon - de l’opération rue Myrha - de l’opération de Shimouma III- Schéma chronologique des interactions entre les acteurs de la construction…………… p.96 - de l’opération rue Bourgon - de l’opération rue Myrha - de l’opération de Shimouma IV- Fiche béton de chanvre, fabrication, procédés d’application, Règles Professionnelles… p.100 Exemples de projet en béton de chanvre en France, avec leurs caractéristiques et acteurs V- Fiche structure en bois, transformations, typologies de bois, lamellé collé, assemblages p.104 Exemples de projet en structure bois au Japon, avec leurs caractéristiques et acteurs

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Bibliographie Annexe Rue Bourgon - site web Construire en Chanvre http://www.construction-chanvre.asso.fr/mortiers-et-betonsregles,-normes,-labels_fr_int_000176.html consulté le 4 mai 2013 - http://www.ekopolis.fr/sites/default/files/EVT-1107-visite_immeuble_BBC_chanvre.pdf - http://www.consoglobe.com/immeuble-chanvre-paris-images-cg/8 Rue Myrha - Photo du chantier rue Myrha, le 16 mai 2013 - Photo du chantier rue Myrha, le 17 septembre 2013 - Image extraite du Powerpoint pour NATURIDIF - 20 mars 2012 Shimouma - http://www.zenmoku.jp/assets/files/130305-2.pdf - http://www.kinomachishien.jp/23/case/download/jirei5.pdf - Détail n°198, Octobre 2013, Wooden architecture in the age of tenderness, Shokokusha Publishing, Tokyo, Shimouma Project p.52-55 - The Japanese Architect n° 89 Spring 2013, Wood architecture in the Expanded Field, Shinkenchiku-sha Co, Tokyo Maison du Tourisme à Troyes - Article le Moniteur.fr, Rénovation thermique : une enveloppe 100% chanvre pour la Maison du tourisme de Troyes par Stéphane Miget, le 5 décembre 2012 http://www.lemoniteur.fr/181-innovation-chantiers/article/solutions-techniques/19600674renovation-thermique-une-enveloppe-100-chanvre-pour-la-maison-du-tourisme-de-troyes? 19591642=19590313#19591642 - video http://www.wat.tv/video/maison-tourisme-chantier-experiment-55xzv_3ksaf_.html Maison de l’Habitat à Clermont Ferrand - Les cahiers techniques du bâtiment n°260 Avril 2006 Arches des petites Bêtes, Parc Zoologique de Thoiry - Ecologik n°29 Octobre 2012 p.101-104 LEPOT Cécile - Produits - du Ciment au Béton - Les cahiers techniques du bâtiment n°317 Septembre 2012 p. 45-46 St.M. ChantierPremière mise en œuvre Isolation - Parc zoologique de Thoiry - site web de l’entreprise Batiethic, Techniques, Régles professionnelles d’exécution en béton de chanvre, http://www.batiethic.fr/index.php#/technique/reglementation, consulté le 4 mai 2013 - http://www.lemoniteur.fr/181-innovation-chantiers/article/solutions-techniques/875916-unecoque-en-beton-de-chanvre-pour-abriter-des-petites-betes?16952157=16952154#16952157 - http://caue78.archi.fr/spip.php?article342 Structure en bois - Building Standard Law, http://www.mlit.go.jp/english/ Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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- schéma des types de charpentes bois française et japonaise, auteure Clara de Cuyper - schémas des dispositifs de résistance au feu des poteaux pour le bâtiment de Shimouma, tirés d’un pdf de présentation du projet téléchargeable sur internet traduction Clara de Cuyper http://www.kinomachishien.jp/23/case/download/jirei5.pdf - MLITT, Ministère des Territoires, des Infrastructures, des Transports et du Tourisme japonais http://www.mlit.go.jp/en/index.html - Building Center of Japan, crée en 1965 http://www.bcj.or.jp/en/ - Japan Federation of Wood Industry Associations (JFWIA), établie en 1954 http://www.zenmoku.jp/ - Japan Wooden House Industry Association - Japan Lumber Journal (JlJ), fondée en 1960 http://www.jlj.gr.jp/ - Japan 2X4 Home Builders Association, méthode de construction 2X4 validée par le ministère de la construction japonaise en 1974 http://www.2x4assoc.or.jp/english/what_we_do.html - Japan Lumber Inspection and Research Association (JLIRA), 2006 http://www.jlira.jp/english.html Odate Jukai Dome - Domus 800 janvier 1992 p.28-33 - Lotus 99 p.92-97 - http://structurae.info/structures/data/index.cfm?id=s0000737 Kanazawa M Bldg - site de Mikio Koshihara http://www.jia-tokai.org/sibu/architect/2010/03/moku.html - rapport téléchargeable sur le site de l’Université de Tokyo, laboratoire de Mikio Koshihara http://wood.iis.u-tokyo.ac.jp/ronbun/2-32.pdf Hyuga-shi Station - http://www.naitoaa.co.jp/090701/works/top/top.html - http://kawa-struc.main.jp/projects/projects_0403_e.htm - http://waullye.blogspot.jp/2008/12/hyugashi-stationtransport-facility.html - http://koken-archi.xsrv.jp/works-frm.htm - livre emprunté à la bibliothèque du TIT: Authors 日経アーキテクチュア編集部, title 内藤 廣 / 日経アーキテクチュア編,Series NA 建築家シリーズ ; 03 <BB01947748>, Published [東京] : 日経 BP 社, 東京 : 日経 BP マーケティング (発売), 2011.1, 303p Southwood Yokohama - Shinkenchiku 2012 n°4, p.102-109 Clara de Cuyper - Mémoire Séminaire APUS - « Usages, conception et métiers de la ville » 2013/2014 - ENSAPLV


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- site internet Yokohama Urban Future Create http://www.ytmirai.co.jp/news/2013/04/000250.php - site internet Takenaka Corporation http://www.takenaka.co.jp/takenaka_e/about/news/2012/m1001_07.html

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I- Tableaux récapitulatif des caractéristiques et acteurs des 3 opérations

Caractéristiques Adresse Programme Label Gabarit Surface Concours Livraison coût prévisionnel des travaux

25 rue Bourgon, Paris 13e 8 logements sociaux THPE, RT 2005, BBC R+4 700 m² SHON 2007 2012 1 270 000 euros TTC

37 rue Myrha, Paris 18e 4 logements sociaux (3 T3 et 1 Duplex) et un local d’activité BBC, Plan Climat Paris, H&E R+4 et combles 400 m² SHON 2010 2014 Mars (prévision) 1 000 000 €

Adresse Programme Label Gabarit Surface Concours Livraison coût prévisionnel des travaux

25 Shimouma, rue Bourgon, Setagaya-Ku, Paris 13eTokyo37 rue Myrha, Paris 18e 4 logements sociaux (3 T3 et 1 Duplex) et un local d’activité et un local commercial 84 logements sociaux THPE, RT 2005, BBC BBC, Plan Climat Paris, H&E R+4 R+4 et combles 700 370 m² SHON 400 m² SHON 2010 2000 2007 2012 2014 Mars (prévision) 1 000 000 € 1 270 000 euros TTC

Acteurs Adresse Maître d'ouvrage Aménageur Maître d'œuvre Bureau d'étude général Bureau d'étude chanvre Entreprise Générale Entreprises sous-traintantes Applicateur Chanvre Ossature primaire Ossature secondaire Fournisseur chaux aérienne Bureau de contrôle technique Bureau de contrôle qualité

Adresse Maître d'ouvrage Maître d'œuvre Bureau d'étude général Bureau d'étude bois Entreprise Générale Stucture bois

25 rue Bourgon, Paris 13e Paris Habitat-OPH, Olivier Cathelineau Atelier-D, Ihlem Belthatem Ingelec Développement Chanvre, Laurent Goudet Fayolle&Fils, Philippe Casanova (au début) BE3C (56), Laurent Goudet

BCB Tradical Batiplus Cerqual

Fournisseur bois Procédure d'aggréments Contrôle Structures bois

Batiethic (76), Benjamin Leroux SERI (85) Charpimo (88) BCB Tradical BTP Consultants Cerqual

Shimouma, Setagaya-Ku, Tokyo Privé KUS Architects, membres de l'ONG Timberize Aya Utsumi et Eijiro Kosugi SDG Takahiro Sato, Team Sakura Yasui Noboru Laboratoire de recherche Koshihara Lab. de l’Université de Tokyo, Koshihara Mikio

Daiwa House Industry Co Sekisui Chemical Co., Ltd / Waseda University Science Research Center

Plancher “Massive Holtz”

37 rue Myrha, Paris 18e RIVP, Danielle Bellemonte Semavip North By Northwest Architectes, Richard F. Thomas LM Ingénieur, Laurent Mouly LM Ingénieur, Laurent Mouly Tempere Construction, Philippe Casanova

Yamasa Corporation / Akita Gururamu Corporation / Fuji Kotobuki Industry Corporation / Nakajima Komuten Japon et EU MLITT Building Center of Japan


II- Fiche de projet - 25 rue Bourgon, Paris 13e

L’immeuble du 25 rue Bourgon a été Projet pilote de l’OPH Paris-Habitat en matière de Développement Durable, ainsi que le premier bâtiment du bailleur socialcertifié label BBC. C’est le premier immeuble de logements en béton en chanvre. Ossature primaire : béton armé Ossature secondaire : bois Remplissage : béton de chanvre projeté de 26 cm d’épaisseur L’utilisation d’une isolation répartie en béton de chanvre permet de s’affranchir du pare-vapeur d’une construction traditionnelle. L’isolation amenée par le béton de chanvre est complétée par un enduit à la chaux appliqué à l’extérieur.

Caractéristiques Programme Label Gabarit Surface Concours Livraison coût

8 logements sociaux THPE, RT 2005, BBC R+4 700 m² SHON 2007 2012 1 270 000 euros TTC

Acteurs Commande Maître d’ouvrage Bureau de contrôle technique Bureau de contrôle qualité

Paris Habitat-OPH Batiplus Cerqual

Conception Maître d’œuvre Bureau d’étude général Bureau d’étude chanvre

Atelier-D Ingelec Développement Chanvre

Construction Entreprise Générale Applicateur Chanvre Fournisseur chaux aérienne

Fayolle&Fils, BE3C BCB Tradical

Expérimentations

http://www.consoglobe.com/immeuble-chanvre-paris-images-cg/8

http://www.ekopolis.fr/sites/default/files/EVT-1107-visite_immeuble_BBC_chanvre.pdf


II- Fiche de projet - 37 rue Myrha, Paris 18e

L’’équipe Architecte/Ingénieur a conçut un immeuble à ossature et remplissage avec une ossature primaire métallique (en partie noyée dans le béton de chanvre), et des planchers en béton. L’ossature secondaire est en bois et supporte les parois en béton de chanvre Le remplissage est en béton de chanvre projeté horizontalement, de 27 cm d’épaisseur, sur un coffrage vertical temporaire Le revêtement de façade sur rue, est un enduit à la chaux, et celui de la façade côté jardin, un bardage bois et zinc en toiture.

Caractéristiques Programme Label Gabarit Surface Concours Livraison coût

4 logements sociaux (3 T3 et 1 Duplex) et un local d’activité BBC, Plan Climat Paris, H&E R+4 et combles 400 m² SHON 2010 2014 Mars (prévision) 1 000 000 euros

Acteurs Commande Maître d’ouvrage Aménageur Bureau de contrôle technique Bureau de contrôle qualité

RIVP Semavip BTP Consultants Cerqual

Conception Maître d’œuvre Bureau d’étude général Bureau d’étude chanvre

North By Northwest Architectes LM Ingénieur LM Ingénieur

Powerpoint pour NATURIDIF - 20 mars 2012

Construction Entreprise Générale Applicateur Chanvre Ossature primaire Ossature secondaire Fournisseur chaux aérienne

Tempere Construction Batiethic SERI Charpimo BCB Tradical

Expérimentations Powerpoint pour NATURIDIF - 20 mars 2012

Photo du chantier rue Myrha, le 16 mai 2013

Powerpoint pour NATURIDIF - 20 mars 2012

Photo du chantier rue Myrha, le 17 sept. 2013

Powerpoint pour NATURIDIF - 20 mars 2012


補助金額: 38,308千円

補助金額: 38,308千円

(うち平成22年度分5,600千円)

(うち平成22年度

II- Fiche de projet - Shimouma, Setagaya-ku, Tokyo

事業スケジュール 平成22年 9 10 11 12 1

Les architectes ont choisi d’utiliser le bois comme matériau de construction des principale structure du bâtiment du 2ème au dernier étage (1h de résistance au feu), c’est-à-dire pour les poteaux, les planchers, le toit et les murs porteurs.Le rez-de-chaussée est en béton armé, 2h計画地 de résistance au feu. Un treillis d’éléments diagonaux en bois a été disposé sur tout le pourtour du bâtiment り pour re沢通 prendre les efforts horizontaux. Ces éléments sont visibles en retrait des baies 駒 vitrées, et depuis la rue. Ce projet a pour ambition d’être une proposition pour un nouveau type de bâtiment en 碑文谷公園 bois en zone urbaine.

2

3

4

5

平成 6 7

実施設計 学芸大学駅

通り

駒沢

着工

東急東横線

Caractéristiques Programme Gabarit Surface Concours Livraison coût

4 logements et un local commercial R+4 370 m² 2000 2012

Acteurs Commande Maître d’ouvrage Procédures d’aggrément Contrôle Structures bois

Conception Maître d’œuvre Bureau d’étude général Bureau d’étude bois

Privé MLITT 南立面図(区道側) 立面図E Building Center of Japan

東立面図 立面図D

立面計画

Plancher Massive Holz

東立面図 西立面図b 立面図B 立面図D

立面計画

不整形な敷地形状に合わせて計画したことから、7つの立面を有する建物となった。南北の道路に面する2つのファサードは、ガ 不整形な敷地形状に合わせて計画したことから、7つの立面 カーテンウォールで構成し、室内への採光を確保するとともに、水平力負担部材である木の斜め格子がガラス越しに現れ、大量の カーテンウォールで構成し、室内への採光を確保するとと KUS Architects, Timberize 包まれた建築空間を街にアピールする。木の斜め格子は、室内では光を拡散させ、視線を遮る役割も果たす。隣地境界に近い東西 包まれた建築空間を街にアピールする。木の斜め格子は、 SDG (ex-entreprise de Koshihara), Team Sakura 立面は、ロックウール充填鋼製パネルで構成し、必要に応じて換気採光用の窓を設けている。ロックウール充填パネルは軽量かつ 立面は、ロックウール充填鋼製パネルで構成し、必要に応 Structural Laboratoire de recherche Koshihara Lab. Design 床スラブのみでの支持が可能な製品で、これだけで内部仕上や断熱工事も不要であり、この建築物の構造に極めて適したものであ 床スラブのみでの支持が可能な製品で、これだけで内部仕 Groupe

Construction Entreprise Générale Structure bois

南立面図(区道側) 立面図E 北立面図(駒沢通り側) 立面図C

下馬の集合住宅プロジェクト—6

Daiwa House Industry Co Sekisui Chemical Co., Ltd / Waseda University Science Research Center Yamasa Corporation / Akita Gururamu Corporation / Fuji Kotobuki Industry Corporation / Nakajima Komuten

Expérimentations

床構造の耐力実験の様子 床構造の耐力実験の様子 床構造の耐力実験の様子

斜材の耐力実験の様子 http://www.kinomachishien.jp/23/case/download/jirei5.pdf 斜材の耐力実験の様子 斜材の耐力実験の様子

41

Détail n°198, Octobre 2013

床版の耐火実験の様子 床版の耐火実験の様子 床版の耐火実験の様子

床版の載荷試験の様子 床版の載荷試験の様子 床版の載荷試験の様子

The Japanese Architect n° 89 Spring 2013


Le bureau d’étude général est choisit par le maître d‘ouvrage

Maître d’ouvrage gestionnaire

Phase de Programmation

Bureau d’étude technique

Maître d’oeuvre

L’agence Atelier D est choisie comme maître d’oeuvre

Appel d’offre

Phase de conception

Fayolle est choisie comme Entreprise Générale

Bureau d’étude chanvre

Intervient en amont du projet

Bureau de contrôle

Mission de formation des ouvriers à la technique du béton de chanvre

Applicateur Chanvre

Pôle de réalisation

Pôle de conception

Pôle de décision opérationnelle

Phases du projet, interventions ponctuelles

Fayolle choisie Laurent Goudet comme sous-traintant

Fournisseur Entreprise Générale Chaux/Chanvre

Atelier D préconise une mission de formation pour les ouvriers de Fayolle

Mission de formation chanvre

Phase de réalisation

III- Schéma Chronologique des intéractions entre acteurs - Rue Bourgon


L’équipe maître d’oeuvre et bureau d’étude est choisie

Maître d’ouvrage gestionnaire

Phase de Programmation

Maître d’oeuvre

Appel d’offre

Phase de conception

M. Casanova a quitté Fayolle et le projet rue Bourgon pour Tempere

Tempere Construction est choisie comme Entreprise Générale

Bureau d’étude technique

Intervient en amont du projet

Bureau de contrôle

Tempere est contraint de choisir l’entreprise batiethic

Applicateur Chanvre

Pôle de réalisation

Pôle de conception

Pôle de décision opérationnelle

Phases du projet, interventions ponctuelles

Tempere a choisi Laurent Goudet comme sous-traintant

Fournisseur Entreprise Générale Chaux/Chanvre

La maîtrise d’oeuvre s’oppose au choix de partenariat de Tempere avec Laurent Goudet

La maîtrise d’oeuvre préfère collaborer avec Benjamin Leroux de Batiethic

Phase de réalisation

III- Schéma Chronologique des intéractions entre acteurs - Rue Myrha


Chosisit l’architecte

Maître d’ouvrage privé

Phase de Programmation

ONG Timberize

+

Maître d’oeuvre

Tokyo Univ. Koshihara Lab

Contrôle

Daiwa House est choisie comme Entreprise Générale

Sakura Team

Structural Design Groupe

Bureau d’étude Structure

MLITT (Ministry of Land, Infrastructure, Transport and Tourism

Phase de conception

Entreprise Générale

Building Center of Japan

Phase de réalisation

Yamasa Corporation / Akita Gururamu Corp./ Fuji Kotobuki Industry Corp./ Nakajima Komuten

Structures bois

Pôle de réalisation

Pôle de conception

Pôle de décision opérationnelle

Phases du projet, interventions ponctuelles

III- Schéma Chronologique des intéractions entre acteurs - Shimouma


IV- Fiche Béton de Chanvre Plante

Le chanvre est une plante annuelle à feuilles palmées de plus de 2 mètres de haut, originaire d’Asie Centrale. Elle est composé : - de graines ou chènevis (1) qui servent à l’alimentation animale, à faire des huiles pour les peintures ou des produits pharmaceutiques. - d’une tige dont on récupère en séparant ses différents composants à l’aide d’une chaîne de défibrage mécanique: > la filasse (2) qui est constituée de fibres très résistantes et qu’on utilise pour la corderie, la papeterie et le textile >la chènevotte (3), partie ligneuse de la tige, qu’on utilise pour les litières pour animaux et pour faire du béton de chanvre et d’autres matériaux de construction

http://www.construction-chanvre.asso.fr/chanvre,-

(1) chènevis

(2) filasse

(3) chènevotte

http://www.construction-chanvre.asso.fr/les-differentes-utilisations_fr_50_40.html

Surfaces cultivées

170 000 ha au XIXe siècle, 21 000 ha en 1904 pour atteindre un point bas de 600 ha. Aujourd’hui 8000 ha cultivés en France

Béton de chanvre Mélangée à un liant à base de chaux, et à de l’eau, la chènevotte Qualités permet de confectionner des mortiers et des bétons ayant: -une Masse volumique très faible -un pouvoir isolant élevé -une correction acoustique -une perméabilité à la vapeur d’eau -une élasticité importante

Le marché du chanvre, p.39 étude de la Fédération Nationale des Producteurs de Chanvre, La culture du chanvre, 2005

Acteurs Agriculture Producteurs Syndicats

CCPSC (1965) Coopérative Central des Producteurs de Semences de Chanvre -FNPC (1931) Fédération Nationale des Producteurs de C ITC (2003) Institut Technique du Chanvre

CCPSC Evolution des surfaces de chanvre cultirvé en France entre 1840 et 2000, p.5 étude de la Fédération Nationale des Producteurs de Chanvre, La culture du chanvre, 2005

Association Construre en Chanvre

Industriels UTC Union des LCDA (1974) La Chanvrière de l’Aube Transformateurs Interval/Eurochanvre (1993) de Chanvre Coopéval/Agrofibres (2001) Fournisseur de chaux Entreprise de bâtiment

BCB - Daniel DAVILLER VICAT - Denis SOMMAIN C.E.S.A. - Michel CADOT BATIETHIC - Benjamin LEROUX

Les Règles professionnelles d'exécution d'ouvrages en béton de chanvre, Juin 2009. Yves HUSTACHE, Association CenC

Conception Maître d’œuvre

ATELIER D - Ilhem BELHATEM MEANDRE - Christian HACKEL C&MO - CLAUDE EICHWALD BIO ARCHITECT - Jean Marc NAUMOVIC

Expérimentations Procédés

(1) préfabrication, brique de chanvre (2) mise en oeuvre du chantier, projection

(1) Bloc de chanvre Hestia Easychanvre

Produits Chanvribloc - La maison écologique n°54 2009

Mur en béton de chanvre, peut être utilisé également pour les planchers,isolations des sols et des toitures, extrait des Règles professionnelles d’exécution d’ouvrages en béton de chanvre

(2) http://www.construction-chanvre.asso.fr/

Article le Moniteur.fr


IV- Fiche de projet en Béton de Chanvre - Maison du Tourisme, Troyes

Projet de restauration, d’extension et de transformation d’un immeuble communal en Maison du tourisme au cœur du secteur sauvegardé de la ville de Troyes. Batiment existant à pans de bois, de tradition locale (parties anciennes et nouvelles), est doté d’une enveloppe tout chanvre : plancher bas, toiture, mur et enduit Le béton de chanvre a pour fonction de remplir les pans de bois et assure l’isolation thermique de l’enveloppe, et les transferts hygrothermiques (régulation de l’humidité de l’air, changement de phase…), il joue un rôle de protection du bois de l’ossature en raison de sa forte perméance et sa capacité aux échanges hydriques. L’épaisseur du béton de chanvre est 30 cm en paroi.

Caractéristiques Programme Gabarit Surface Début des travaux Livraison Coût

Maison du tourisme R+3 712 m² 2011 2013 2 700 000 euros

Acteurs Commande Maître d’ouvrage

Conception

Ville de Troyes + programme scientifique et technique développé par l’Ecole nationale des travaux publics de l’Etat (ENTPE, Lyon) Grand Troyes, Fibre Recherche et Développement, Fédération française du bâtiment, Electricité de France, Région Champagne-Ardenne, Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, La Chanvrière de l’Aube, Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment

Maître d’œuvre Bureau d’étude thermique Bureau d’étude accoustique Bureau d’étude structure

Claire Perron, Direction des bâtiments Troyes (10) MCI Thermique (10) Lesli (10) I.D.S. (10)

Partenaires

Construction Gros oeuvre Charpente bois Fournisseur chaux

Expérimentations

Article le Moniteur.fr

Léon Noel SAS (Monuments Historiques) démolition, maçonnerie, béton de chanvre, pierre de taille)/ Capristo Les Charpentiers de Troyes (10) BCB http://www.wat.tv/video/maison-tourisme-chantier-experiment-


IV- Fiche de projet en Béton de Chanvre - Maison de l’Habitat, Puy de Dome

Structure principale en béton armé Structure secondaire en bois de mélèze et douglas pour les charpentes Brique de chanvre (60X30X30cm)pour les parois Monomurs La technique de pose de la brique de chanvre a fait l’objet d’un Atex. Les blocs préfabriqués sont posés par l’extérieur et sont fixés à la structure principale par des équerres en acier galvanisé. Le chanvre doit atteindre une stabilité au feu de 1h

Caractéristiques Programme Gabarit Surface Livraison Coût

Maison de l’habitat pour le conseil général du 63 R+4 et combles 2 945 m² SHON 2006 3,75 M euros

Acteurs Commande Maître d’ouvrage

Conception Maître d’œuvre BET béton armé BET Bois

Conseils général du Puy de Dôme (63) Alice Duverger et Yves Perret (42) Ingénierie Construction (42) Anglade Structure (66)

Construction Mise en oeuvre chanvre et enduit Préfabrication blocs de C. Fabricant de liant

Expérimentations

Les cahiers techniques du bâtiment n°260 Avril 2006

Bati Renov (42) Ateliers du Chanvre Dupont SARL (38) BCB Tradical


IV- Fiche de projet en Béton de Chanvre-Arche des Petites Bêtes, Thoiry

L’enveloppe du bâtiment est un système d’ossature bois/béton de chanvre projeté, imposé par le maître d’ouvage souhaitant des matériaux à faible impact environnemtal, ainsi que pour répondre aux contraintes thermiques et hygrométriques. L’ossature de 5,2m de haut, a été cintrée pour rappeler une coque de bateau. Ainsi une ossature principale se compose d’une charpente poteau-poutre en lamellé collé, puis l’ossature de coque, et l’ossature secondaire. La technique de projection du chanvre est adaptée aux courbes

Caractéristiques Programme Surface Livraison Cout

Arche des Petites Bêtes 500m² 2012 1 200 000 euros - Gros œuvre et aménagement paysager

Acteurs Commande Maître d’ouvrage

Parc Zoologique de Thoiry (78) http://www.batiethic.fr/?dest=actualites

Conception Maître d’œuvre Bureau d’étude structure Bureau d’étude thermique

Pascal Bas LM Ingénieur Jivama

Construction Entreprise gros œuvre Applicateur Chanvre Entreprise charpente Fournisseur chaux aérienne

Besnard & Chauvin - Marichez Batiethic DBS (Dore Bâtiment Service) BCB Tradical

Expérimentations

http://actuzoo.forumactif.com/login?redirect=%2Ft6955-topic

http://www.batiethic.fr/?dest=actualites

http://caue78.archi.fr/spip.php?article342

http://www.lemoniteur.fr/181-innovation-chantiers/article/solutions-techniques/875916une-coque-en-beton-de-chanvre-pour-abriter-des-petites-be

Ecologik n°29 Octobre 2012 p.101-104 LEPOT Cécile - Produits - du Ciment au Béton

http://www.batiethic.fr/?dest=actualites

http://www.batiethic.fr/?dest=actualites


V- Fiche Stucture en bois le Bois au Japon Le Japon est un pays couvert Ă 80% par des montagnes et des forĂŞts. Le climat du Japon privilĂŠgie Ă la fois arbres de type d’Amazonie, poussant rapidement et aimant les tempĂŠratures hautes et la pluie, et les arbres poussant en hautes altitudes avec de la neige et des hivers durs, comme ceux du nord de l’Europe. Techniques traditionelles des maĂŽtres charpentiers est l’ossature poteau-poutre avec mĂŠthodes tsugite et shikuchi pour articuler et verrouiller ces ĂŠlĂŠments horizontaux, verticaux et diagonaux. Les bois tendres, conifères (pin rouge, cyprès du japon, pin noir, cèdre blanc ou sugi, cèdre du japon ou cryptomeria ou pruche) et bois durs, arbres caducs (chĂŞnes, cerisiers) sont utilisĂŠs.

1鉛直力㠨水嚳ĺŠ›ă Žč˛ ć‹…éƒ¨ć??ă‚’ć˜Ž確㠍ĺˆ†ă ‘ă &#x;ćœ¨čłŞč€?ç Ťć§‹é€ éƒ¨ć??

Restriction of scale (related to in-plane stiffness of floor structure) Verification against wind pressure (Ext. timber framing)

Degree of demand

3äż?ćœ‰ć°´ĺšłč€?ĺŠ›č¨ˆçŽ—ă‚’ç”¨ă „ă &#x;éŤ˜庌㠪ć§‹é€ 設č¨ˆćł•ă Žé Šç”¨

Structural Systems 1. Ext. RC wall girder framing +中幤ćœ¨é€ ĺťşçŻ‰ă §ĺż…čŚ ă Ťă Şă‚‹äż?ćœ‰ć°´ĺšłč€?ĺŠ›č¨ˆçŽ—ă€ é™?ç•Œč€?ĺŠ›č¨ˆçŽ—ă Ťă‚ˆă‚‹ć€§čƒ˝ć¤œ訟 Int. timber â—? â—? â—‹ â—? â—? â—? â—? â—? â—? â—? â—? â—? 2. RC core wall + timber framing 中幤ćœ¨é€ ĺťşçŻ‰㠎設č¨ˆćł•ă Žĺ&#x;şç¤Žăƒ‡ăƒźă‚żă ¨ă ™ă‚‹ă€‚ 3. Ext. RC (or steel) framing + Int. timber â—? â—‹ â—? â—? 4. RC independent wall + timber framing

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4袍čŚ†ĺž‹ă Ťă‚ˆă‚‹ä¸ťčŚ ć§‹é€ éƒ¨ă Žč€?ç Ťć§‹é€ ĺŒ– ă “ă Žăƒ—ăƒ­ă‚¸ă‚§ă‚Żăƒˆă Ž 6. RC framing atde2Koshihara, sides + Int. timber architecture â—? â—? â—? de â—? Toyo Ito â—? â—‹ site du laboratoire comparaison traditionnelles avec le dome 波http://proposal.ducr.u-tokyo.ac.jp ĺ?Š 性 framing + Int. timber framing â—? ĺŁ ă€ ć&#x;ąă€ ĺşŠă€ ĺą‹ć šç­‰ă Žä¸ťčŚ ć§‹é€ éƒ¨ă‚’č€?ç Ťć§‹é€ ă ¨ă —ă€ ĺťśç„źă Žă Šă ?ă‚Œă Žă ‚ă‚‹éƒ¨ĺˆ† 7. Super â—?

5. Ext. RC double-wall + Int. timber framing

â—?

3-1.性Ext. timber shear wall 等を設ă ‘ă &#x;č€?ç ŤĺťşçŻ‰ç‰ŠďźˆăƒŤăƒźăƒˆAďźšäť•ć§˜設č¨ˆďź‰ă‚’ă€ 丝ă &#x;ă‚‹ć§‹é€ ä˝“ă‚’ćœ¨é€ ă ¨ă —ă Ś + partial steel 晎ĺ?Š â—? â—? â—‹ â—‹ â—? â—? â—? â—? â—?

ExpĂŠrimentations

f

i â—?: To be considered â—‹: To beć§‹é€ ă ¨ă ™ă‚‹ă &#x;゠㠍㠯〠袍čŚ†ĺž‹ăƒťç‡ƒă ˆ止㠞ă‚Šĺž‹ăƒťé‰„骨内蔾型㠎3㠤㠎ć–šç­–ă Œć??ćĄˆ considered on a case-by-case basis

1. Ext. RC wall girder

ProcÊdÊs de (1) namako-kabe rÊsistance au feu (2) isolation des bâtiments (3) barrière en bÊton (4) hybride bois mÊtal (5) couche de matÊriaux rÊsistant au feu (1)

Torsion

75mmĂ— 60mmă Žăƒ™ă‚¤ăƒžăƒ„製ć??ă‚’M20ăƒœăƒŤăƒˆďź‘ćœŹă §ćŽĽĺ?ˆă —ă &#x;ć–œć??ďźˆç­‹交ă „ 㠧坺牊㠎č€?éœ‡ć€§ă‚’確äż?㠙る㠨㠨ă‚‚ă Ťă€ ćœ¨ć??㠎埡庌㠎ăƒ?ăƒŠăƒ„ă‚­ă‚’ĺˆ†ć•Łă —ă€ ĺŽ‰ĺ…¨ć€§ ă žă &#x;〠ĺŽ&#x;é¨“ă Ťă‚ˆă Łă Śă ?ă Žč€?力〠é?­ć€§ć€§čƒ˝ă‚’芳細㠍把ć?Ąă —〠設č¨ˆă Ťĺ??ć˜ ă •ă ›ă Śă „

Gourvernement - MLITT - The Building Center of Japan Association - Japan Federation of Wood Industry Associations d’industriels - Japan Wooden House Industry Association - Japan Lumber Journal (JlJ) - Japan 2X4 Home Builders Association MaÎtre d’œuvre Timberize, Kus, Mikio Koshihara...

In-plane stiffness of floor structure

2ďźŽć–œć??ă Ťă‚ˆă‚‹ć°´ĺšłćŠľćŠ—ćŠ&#x;構

Jointing method between timber and RC

5 ă “ă Žăƒ—ăƒ­ă‚¸ă‚§ă‚Żăƒˆă Ž ĺ…ˆ獯性 大ĺœ°éœ‡ă ¨ç Ťç ˝ă Żĺ?Œć™‚㠍辡㠓ら㠪㠄㠨㠄㠆坺築ĺ&#x;şćş–法㠎挂忾㠍ĺ&#x;şă Ľă „ă Śă€ ç Ť Tableă€Œé‰›ç›´ĺŠ›č˛ ć‹…éƒ¨ć??ă€?ă ¨ă€ ĺœ°éœ‡ć™‚ă Žć°´ĺšłĺŠ›ă Ťă‚ˆă‚‹ĺ´ŠĺŁŠé˜˛ć­˘ă‚’ć‹…ă †ă€Œć°´ĺšłĺŠ›č˛ ć‹…éƒ¨ 5 Classification of hybrid structural systems and structural issues ĺ…ˆé€˛ć€§ ç ˝ć™‚ă Ťé‡?čŚ ă Şă€Œé‰›ç›´ĺŠ›č˛ ć‹…éƒ¨ć??ă€?ďźˆĺŁ ăƒťć&#x;ąăƒťĺşŠăƒťĺą‹ć šăƒťéšŽ掾をč€?ç Ťć§‹é€ ă ¨ă — ĺšłĺŠ›č˛ ć‹…éƒ¨ć??ă€?ďźˆć–œć??ďź?ç­‹交ă „ďź‰ă Żç‰šă Ťé˜˛č€?ç Ťć€§čƒ˝ă‚’ć„?č­˜ă ›ă šç„Ąč˘ŤčŚ†ă ¨ă —ă &#x;。 (2) mĂŠthode Itakura ăƒ‰ç­‰ă §ć§‹é€ ä˝“ă‚’čŚ†ă †袍茆型㠎č€?ç Ťć§‹é€ ă §ă€ ćœ¨ć??を㠂らă‚?㠗㠍㠙る手法をć??ćĄˆă — (4) Panneaux de bois massif Integrity of different structural systems

Acteurs

(3) Ossature bois prĂŠfabriquĂŠe

Difference of timber and RC behavior in terms of deformation Incapability of self-standing, except timber

(1) Ossature bois poteau-poutre (2) Madriers ou rondin de bois empilĂŠs (Itakura) (3) Ossature bois prĂŠfabriquĂŠe (Canada, EU) (4) Panneaux de bois massif (contre-collĂŠs) (5) Contre-plaquĂŠ, plaques de bois collĂŠes (6) LamellĂŠ-collĂŠ, lamelles de bois collĂŠes

(1) Ossature poteau-poutre

Lateral force distribution

ProcĂŠdĂŠs constructifs

- Solide très rĂŠsistant Ă la compression et la traction -LĂŠger et isolant , faible densitĂŠ et conductivitĂŠ thermique -Poreux, constituĂŠ d’un rĂŠseau de fibres longitudinales -Retrait et/ou le gonflement en fct de la T° et humiditĂŠ relative -RĂŠsiste au feu mais le propage facilement -BiodĂŠgradable si non protĂŠgĂŠ

Load transfer from timber to RC

Bois construction QualitĂŠs

Le Japon est le premier importateur mondial de produits de bois. 80% du bois utilisĂŠ est importĂŠ, d’AmĂŠrique du Nord, d’Asie du Sud-Est, de la Russie, des pays nordiques et les pays europĂŠens, la Nouvelle-ZĂŠlande, l’AmĂŠrique du Sud (Chili) et de l’Afrique. Des rondins mais aussi des produits finis. Le marchĂŠ a une demande annuelle de 30 millions de m².

Out-of-plane deformation of RC wall

Importations

4. RC independent wall + timber framing 3. Ext. RC (steel) framing 2.ă‚¸ă‚§ă‚Żăƒˆ㠧㠯ă€ ă‚‚ă Łă ¨ă‚‚ćŠ€čĄ“é–‹ç™şă Œé€˛ć­Šă —ă Śă Šă‚Šă€ ă ‹ă ¤ćąŽç”¨ć€§ă ŽéŤ˜ă „袍茆型を RC core wall

床〠ć&#x;ąă€ ĺą‹ć šă Ťă ¤ă „ă Śă Żă€ ć§‹é€ ä˝“ă‚’埡ĺŒ–ç&#x;łč†?ăƒœăƒźăƒ‰ă€ ç&#x;łč†?ăƒ—ăƒŠă‚šă‚żăƒźç­‰ă §č€?

ĺœ&#x;交通大臣čŞ?厚をĺ?–ĺž—ă —ă &#x;ă€‚ä¸€éƒ¨č€?ĺŠ›ĺŁ ă Ťă ¤ă „ă Śă Żă€ ć—ĽćœŹćœ¨é€ ä˝?厅産漭ĺ?”äźšďźˆ č€?ç Ťć§‹é€ ă ¨ă ™ă‚‹ă€‚ 5. Ext. RC double-wall

5ďźŽăƒžăƒƒă‚ˇăƒ–ăƒ›ăƒŤăƒ„ďźˆç„Ąĺž˘ă Žć?żć??ďź‰ă Ťă‚ˆă‚‹ă‚šăƒŠăƒ–ďźˆĺşŠďź‰ć§‹é€ 3-1. Ext. timber shear wall

6. RC framing at 2 sides + Int. timber framing

+ partial steel framing

7. Super framing

120mm厚㠎゚ゎ集ćˆ?ć??ă‚’ă ?㠎皊眭斚ĺ?‘を直交㠕㠛枚é‡?ă ­ă‚‹ă “㠨㠧ă€ ć§‹é€ ć•Łĺ?Żčƒ˝ă ŞĺşŠć§‹é€ ă ¨ă ™ă‚‹ă€‚â€œć˘ â€?ă Œç„Ąă „ă Žă §ă€ ćŻ”čźƒçš„č‡Şç”ąĺşŚă ŽéŤ˜ă „ĺšłé?˘č¨ˆç”ťă Œĺ?Ż ă Śă ?ă Žč€?力〠剛性を把ć?Ąă —設č¨ˆă Ťĺ??ć˜ ă •ă ›ă Śă „ă‚‹ă€‚ĺˆ†ĺŽšă „ăƒžăƒƒă‚ˇăƒ–ăƒ›ăƒŤăƒ„ă Ťă‚ˆ

(2)

多幤坺築㠍㠊㠄㠌ĺ•?éĄŒ㠨㠪ă‚‹é Žé&#x;łć€§ă Ťă‚‚ćœ‰ĺˆŠă Ťĺƒ?ă ?。

6牚掊ć&#x;ąé ­ć&#x;ąč„šé‡‘ç‰ŠďźˆBVDăƒ?ăƒłă‚Źăƒźďź‰㠎使用

(4)

Table 6 Types of羂幀č€?力時㠍大ă ?ă Şĺź•ćŠœĺŠ›ă Œç™şç”&#x;㠙るă &#x;゠〠埕埾力㠍寞ă —ă Ść€§čƒ˝ă ŽéŤ˜ă „ç‰šćŽŠ hybrid structural system and adaptability in terms of building use Type of structural system 2. RC center core wall type 3. External steel framing type 4. RC independent wall type 7. Super framing type

http://www.aisf.or.jp/~jaanus/deta/n/

http://commons.wikimedia.org/wiki/File:West_Shosoin_Hall01.jpg

ă‚’使用㠙る。BVDăƒ?ăƒłă‚Źăƒźă Żć—˘čŁ˝ĺ“ ă §ă ‚ă‚‹ă &#x;ă‚ ă€ äťŠĺžŒă Žćœ¨é€ 中幤坺築㠎晎ĺ?Šă Ť Office

Shops

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School – –

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Others Library, museum, theater, etc Showroom, etc Nursing facilities, Library, etc –

laboratoire de Mikio Koshihara http://wood.iis.u-tokyo.ac.jp/ronbun/2-32.pdf 時間č€?ç Ťć&#x;ąăƒťĺşŠă Žć¨™ćş–芳細図 ä¸ťčŚ ć§‹é€ éƒ¨ă Žč€?ç Ťć§‹é€ ĺŒ–ă Žć–šćł•ă ŽčŠ•䞥

(5)

ďź’ćžšă Žăƒžăƒƒă‚ˇăƒ–ăƒ›ăƒŤăƒ„ă‚šăƒŠăƒ–ă‚’çšŠçś­ć–šĺ?‘を直交 ăƒƒăƒˆă‚šăƒŠăƒ–ă‚’ĺŽ&#x;ç?žă —㠌㠄る。

Solution A Structure bois

Solution B Structure bois

Solution C Structure mĂŠtallique ]~x) d<8Q+

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Plaques de plâtre

(3)

SchĂŠmas explicatifs des politiques urbaines de protection au feu, produits par le laboratoire de Yoshiharu Tsukamoto au Tokyo Institute of Technology

Revêtement bois Plaques de plâtre

;H/Jtb

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bois

schÊmas des dispositifs de rÊsistance au feu des poteaux pour le bâtiment http://www.takenaka.co.jp/ de Shimouma takenaka_e/about/news/2012/

A63>?E7


V- Fiche de projet en Structure bois- Odate Jukai Dome, Atika

Le dôme avec sa forme spécifique d’oeuf, de plan oval, est une structure composée de cèdre local d’Atika et d’une membrane en Teflon. L’ossature du dôme est constituée d’arches qui s’intersectent, créant une grille structurelle, reliée par des éléments en acier. Pour contreventer l’ensemble, une méthode d’éléments diagonaux inclinés à été adoptée. 25 000 arbres de 70 annnées du Nord de la Préfecture d’Atika. Cinq types d’échaffaudages ont été dessinés.

Caractéristiques Programme Gabarit Surface Livraison

Stade / Arène 53 m 21 900 m² 1997

Acteurs Commande Maître d’ouvrage

Akita Prefecture

Conception Maître d’œuvre Bureau d’étude structure

Takenaka Corporation Toyo Ito & Associates Takenaka Corporation

Construction Entreprise générale Fournisseur membrane Cèdre d’Atika

Expérimentations

Domus 800 janvier 1992 p.28-33 et Lotus 99 p.92-97

Takenaka Corporation Taiyo Kogyo Corporation

http://structurae.info/structures/data/index.cfm?id=s0000737


V- Fiche de projet en Structure bois- Kanazawa M Bldg

L’école de Kanazawa a été la première construction hybride bois/acier avec des performances de résistance au feu. Le bâtiment utilise du bois lamellé collé avec du métal intégrés dans des colonnes, des poutres et des contreventements. Le rez-de -chaussée est en structure béton armé avec une résistance au feu de 2h, et du 1er au 4ème étage en structure hybride bois/métal, 1h. Les planchers et les toits sont composés de dalles en béton armé se sont joints à des vis tirefonds et des plaques d’acier intégrés dans les poutres. Les parois longitudinales sont porteuse et sont faites de plaques de contreplaqué cloués. L’ossature bois /acier de la poutre sont reliées à la poutre de rive par des broches pour transmettre les charges du bois à la charpente acier, de sorte que la structure acier reprenne l’effort de cisaillement au niveau du bord. Le gousset entre structure métallique de la colonne et celle de la poutre est relié par des boulons très résistants à la tension. Les trous dans la structure bois sont remplis avec du bois après que les boulons à haute tension soient serrés.

steel bar. To ensure elasticity, even colliding against the bearing plate, fr

square steel bar transmits shear force, 4. The spring formed between the col modeled as a spring as screws (rigidity

3. The connectors between the plywoo

Caractéristiques sill, and both screws and bolts for join Table 2 Flexural Table rigidity 2 Flexural ratio of rigidity timberratio andof steel timber frame and steel frame http://wood.iis.u-tokyo.ac.jp/ronbun/2-32.pdf 2. The load-bearing I I EI EI EI/∑EI EI/∑EI wall consists of plyw E E Programme 2 2 Ecole 4 4 2 2 ) R+4) (mm(Nmm ) ) (Nmm ) when yielded. (N/mm ) (N/mm(mm Gabarit 4 4 374 m² 8 8 13 13 Surface meTimber 1.05x10 frame 1.05x10 5.55x10 5.55x10 0.583x10 0.583x10 0.366 0.366 Début des travaux 5 5 20047 7 13 13 beams, and the ends of the members e Steel frame 2.05x10 2.05x10 4.95x10 4.95x10 1.01x10 1.01x100.634 0.634 Livraison 2005 1. The frame consists of square steel model is as follows: Acteurs the ion column-beam bolts for the column-beam connection. The connection. holes in The the side holesofinthethetimber side of frame the timber are filled frame are filled An analytical model of the Plywood bearin Commande hhigh timber tension afterbolts high are tension clamped. bolts (Fig. are clamped. 4). (Fig. 4). http://wood.iis.u-tokyo.ac.jp/kousoumoku.html Maître d’ouvrage Ville de Kanazawa wonload bothstress the timber on bothand thesteel timber frame andofsteel the frame beam are of the designed beam are not designed to exceednot theto exceed the 1300 7126 Conception able rt-term limit, allowable even inlimit, the very evenrare in the casevery of arare snow case load of with a snow a vertical load with depth a vertical of 1.2 m depth of 1.2 m (N/mm) (N) Maître d’œuvre Strayt Sheep 4). ltipliedBureau by 1.4). d’étude structure Kirino structural Office Engineer Shear rigidity: K1 Shear strength Column Table 3 P non-load-bearing, because of setting braces. tical transmitted load istotransmitted the steel frame to the ofsteel a column frame of through a column a gusset through plate, a gusset and vertical plate, and vertical (4) Stairs Expérimentations The stairs are made of steel frames. ding mberofis the avoided timberusing is avoided a 3 mm using clearance, a 3 mm which clearance, is essential whichfor is essential combining forthe combining the Shinkenchiku 2012 n°4 p.102-109 screws securing the plywood were calculated ber teelwith frame. theThe steeltimber frame.ofThe the timber columnoffunctions the column as afunctions buckling as restraint a buckling for the restraint steel for the steel screws (dia.: 8 mm) at intervals of 150 to me, he structural and, as the experimentation structural experimentation in Chapter 4 inshows, Chapter alone, 4 shows, the steel alone, frame the ofsteel the frame of the As a load-bearing wall, plywood (thickness umn at about buckles 20% atofabout the yield 20%stress. of theHowever, yield stress. theHowever, timber-based the timber-based hybrid columnhybrid did not column did not (2) Wall kle steelwhen frame theyielded steel frame to axial yielded forcetocompression axial force because compression the timber because functioned the timber asfunctioned a as a kling . restraint. Photo 2 Full view of experimentation column

beam brace Fig.3 Cross sections of column, beam, and brace

3. STRUCTURAL PLANNING Similar to ordinary timber buildings, a five-story timber-based hybrid structure requires verification of its safety against self weight, live load, vertical load by snow coverage, and horizontal load under a horizontal force, such as an earthquake or wind. Fire resistive buildings are also required to maintain building integrity in the event of a fire. Based on these structural performance requirements, the following structural verification was conducted on the Kanazawa M Bldg.

Fig. 1 Floor plan

http://wood.iis.u-tokyo.ac.jp/ronbun/2-32.pdf mbers ig.4 Joint (Lateral) Fig.4 Joint (Lateral)

Vertical Load Fig.2 The timber and steel frame Elevation function together as a structural member in the second to fifth stories of a timber-based hybrid structure. To clarify the function of the timber and the steel frame about each member, the joint was designed as follows: (1) Beam Since the vertical deformation is equal between the timber and the steel frame, vertical load should be shared depending on their ratio of flexural rigidity, EI (E: Young's modulus, I: Geometric

Fig.5 Joint (longitude) Fig.5 Joint (longitude)

e building mainly uses the structural members listed below to satisfy the requirements for vertical


V- Fiche de projet en Structure bois - Hyuga-shi Station, Miyasaki

La gare JR Hyuga-shi et sa structure légère et transparente, est devenu le symbole de la ville d’Hyuga. Le hangar a une portée de 17,2 m et couvre une superficie de 2000 m² au dessus du quai de 100 m de longueur. Une structure en bois pour courvrir une gare de train est rare au Japon. Le programme de la gare de train requière une grande durabilité et résistance de la structure, notamment contre les forces horizontales dues au vent dans la direction transversale. La solution est une structure hybride bois-acier, constituée de poutres de bois stratifié de Cryptmeria japonica local combiné à des colonnes de tubes en acier.

Caractéristiques Programme Gabarit Surface Livraison

http://waullye.blogspot.jp/2008/12/hyugashi-stationtransport-

Gare de train R+2 860 m² 2008

Acteurs Commande Maître d’ouvrage

Kyusyu Railway Company http://www.naitoaa.co.jp/090701/works/top/top.html

Conception Maître d’œuvre Bureau d’étude structure

Naito Architects and Associates Koken Architects Kawaguchi and Engineers

Construction Entreprise générale

Expérimentations

NA

kyutetsu Corporation


V- Fiche de projet en Structure bois- Southwood, Yokohama

Dans une idée de bâtiment “eco-friendly”, le bois a été introduit le plus possible. La structure principale, les poteaux et les poutres du 1er au 4e étage, sont en “MoenWood®”, développé par Takenaka Corporation, un bois en lamellé collé, résistant au feu pendant 1h. Il est composé de bois de mélèze, avec une couche de mortier résistant au feu à l’intérieur. Ce matériaux permet des portées de neuf mètres. La partie en lamellé collé, reçoit les charges, recouverte d’une couche ignifuge, ainsi qu’une couche additionnelle à l’extérieur en mélèze. Si un incendie éclate, la “couche extérieure” devient une couche de charbon anti-feu haute performance, interdisant la progression de la brûlure. Ensuite le mortier absorbe la chaleur, protegeant la partie «support de charge” de l’incendie

Caractéristiques Programme Gabarit Surface Début des travaux Livraison

Shinkenchiku 2012 n°4 p.102-109

Centre Commercial R+3 10 800 m² 2012 2013

Acteurs Commande Maître d’ouvrage

Yokohama Urban Future Create Co

Conception Maître d’œuvre Bureau d’étude structure Bureau d’étude équipements

Yukiharu Takematsu/ CIA Inc EPA Environment Conversion Equipment Building Laboratory First-Class Architects akenaka Corporation SOGO Consultants

http://www.takenaka.co.jp/takenaka_e/about/news/2012/

Construction Entreprise générale

Takenaka Corporation

Expérimentations Shinkenchiku 2012 n°4 p.102-109

http://www.ytmirai.co.jp/news/2013/04/000250.php


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