Discours de Claude Bartolone Paris, place de Catalogne, 22 octobre 2015 Chère Nadège, chère Sandrine, chère Roseline, chère Marie-Pierre, cher Rachid, cher Carlos, cher Julien, Mesdames, Messieurs, Bienvenu dans le local de campagne où se cisèlent les propositions pour une Ilede-France humaine. Je vois ici des élus, certainement des futurs élus, je vois des bénévoles qui nous aident tous les jours, je vois des militants, je vois les partenaires qui nous ont rejoints, le MRC, le PRG, Génération écologie, le MDP, l’UDE, le Front démocrate, les Ecologistes. Je les salue amicalement. Je vois des journalistes qui relaient nos pensées, nos propositions, notre enthousiasme. J’ai le plaisir de vous présenter le fruit de notre travail. La gauche réunie a géré la Région depuis 17 ans avec talent, sous l’impulsion de Jean-Paul Huchon. Son PIB de plus de 500 milliards d’euros, ses infrastructures, ses entreprises innovantes, la qualité de sa main d’œuvre, la qualité de ses services publics, ont permis à notre Région d’être une des fiertés de l’Europe et du monde. Première région européenne d’enseignement supérieur et de recherche, 16 milliards de Recherche et développement, locomotive du tourisme en Europe, 32 millions de nuitées, son attractivité n’est plus à démontrer. Pour autant, les Franciliens doutent, souffrent, n’en peuvent parfois plus. Pour eux, je vous propose une nouvelle ambition pour l’Ile-de-France. L’Ile-de-France est admirée partout dans le monde, elle produit de nombreuses richesses, mais ses habitants n’en profitent pas toujours, n’en profitent pas tous. 1
Vous êtes venus aujourd’hui écouter la présentation de notre projet. Alors parlons-en, et entrons dans le vif du sujet. En Ile-de-France, on a tous notre place, où qu’on vive. Qu’on soit black, blanc, beur. Qu’on soit chrétien, musulman, bouddhiste, juif. Qu’on ait des parents parisiens, chinois, italiens, algériens, slaves. Qu’on soit un homme ou qu’on soit une femme. Qu’on s’aime d’une manière ou qu’on s’aime d’une autre. Mon projet politique pour la Région, c’est Tous ensemble ! contre celui qui crie Haïssez-vous les uns les autres ! contre celle qui répète Méfiez-vous les uns les autres !. Oui, Tous ensemble dans une région humaine J’ai voulu un projet qui rassemble. Je ne découpe pas la Région en tranches. Avec moi, ce n’est pas une catégorie plus qu’une autre, un territoire plus qu’un autre. C’est pour cela que dans notre projet, nous prenons 12 engagements pour 12 millions de Franciliens, 160 propositions. Chaque être qui vit en Ile-de-France a une place, un avenir, un désir dans ce projet. Ce projet, il s’adresse à tous les Franciliens : habitants de la petite, de la grande couronne et de Paris ; jeunes, étudiants, salariés, entrepreneurs, retraités, chômeurs ; habitants de la ville, de la campagne, des quartiers populaires. Ce projet veut retrouver les territoires négligés, unir les générations. Ce n’est pas un projet pro ceci ou anti cela : c’est un projet pro-Ile-de-France ! Quand je regarde les projets politiques, quand j’écoute les déclarations des uns et des autres, je me dis que le débat, que le choix, que le désaccord, c’est entre la
2
droite et la gauche. La droite et l’extrême-droite d’un côté, la gauche de l’autre. Certains sont d’abord pro business et d'autres sont d'abord pro franciliens. Notre projet n’est pas, et je crois que c’est là le risque le plus grand de l’époque, la déclinaison d’une mode. Ici, je pèse mes mots. Franciliennes et Franciliens, je vous mets en garde contre les personnalités politiques qui ne considèrent les élections que comme une occasion de répéter les idées à la mode ou de reprendre des vieux tubes. J’entends une musique, une musique politique, que j’ai déjà entendue au cours de ma vie, la musique du retrait de l’Etat, des privatisations, du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, de la génuflexion devant les finances. Je sais quels intérêts cette mode sert. Et je sais que cet intérêt n’est pas celui de celles et ceux qui tous les jours, font travailler et font resplendir l’Ile-de-France. Nous avons longuement écouté les Franciliens. Ils ont confirmé mes intuitions. Nous avons travaillé, expertisé, analysé, décortiqué, chiffré. Et surtout, surtout, nous avons fait parler les Franciliens. Ceux qui travaillent, ceux qui ne travaillent pas, ceux qui cherchent un travail, malheureusement trop nombreux. Ceux qui ont un métier, ceux qu’on a oubliés. Nous avons commencé par le commencement, c’est-à-dire par les valeurs. Ce projet, ce sont avant tout des valeurs. J’ai voulu un projet arrimé à des valeurs. La politique sans les valeurs, c’est de l’administration générale. Présider une région comme l’Ile-de-France, c’est promouvoir des valeurs, des causes. Ne pas céder à l’air du temps. Je crois avoir l’expérience et le caractère pour cela. J’ai vu plusieurs fois, au cours de ma vie politique, des personnalités politiques confondre l’air du temps avec leurs propres idées. 3
Pour ces raisons, j’ai d’abord placé les droits des femmes et la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations au cœur, au cœur de nos volontés et de nos actions. Si je ne devais scander qu’un seul mot, je n’en garderai qu’un seul : égalité. L’exigence d’égalité est le plus puissant moteur de volontarisme politique qu’on n’ait jamais inventé. Le moteur d’égalité n’est pas fait que pour les moments révolutionnaires, que pour les livres d’Histoire. Il est fait aussi pour les gestes du quotidien, pour l’organisation des transports, de la politique de formation, des subventions, du développement économique. Faire rentrer les grandes idées dans les petites actions, faire rentrer les acquis de l’Histoire dans votre quotidien, c’est peut-être cela, le bon travail politique. - Je veux affirmer la fierté d’être Franciliens. Je ne supporte pas, je n’ai jamais supporté l’« Ile-de-France bashing ». A écouter certains tout critiquer, tout dénigrer, on a l’impression que les Franciliens vivent dans le Quart-monde ! Les déclinologues ont commencé par conspuer la France, ils conspuent aussi l’Ile-deFrance. Pour eux, tout coûte cher, tout est gaspillé, tout est à refaire : le Code du travail, les acquis sociaux, les services publics, les allocations, la protection du patrimoine, la vie des associations, les festivals de rue, l’accès à la sécurité sociale. C’est si facile de détruire, c’est si difficile de construire. Thatchériens trente ans trop tard, ils seront peut-être interventionnistes dans trente ans, qui sait ? Cessons cette auto-flagellation dont les véritables ressorts sont suspects. Je ne crois pas à des déluges salutaires, à la politique du pire. Le 13 décembre, je veux que ce soit, en Ile-de-France, la victoire de l’enthousiasme.
4
Vous aimez les chiffres, les classements ? Regardez donc ! Produit régional, regardez les chiffres ! Classements d’enseignement supérieur, de recherche, d’industries de pointe, regardez les chiffres ! Regardez les Prix Nobel, regardez l’attractivité, le nombre d’entreprises étrangères qui choisissent notre territoire, le nombre d’implantations, regardez les demandes des étudiants étrangers, des échanges scientifiques, des demandes d’installation d’entreprises ! Regardez, partout dans le monde, dans les laboratoires de recherche, dans les universités, dans les colloques, les académies, regardez dans les ONG, dans les entreprises multinationales, ce que l’on dit de beau et de bien sur notre Ile-de-France ! Malgré tout cela, malgré ces chiffres, je le dis avec sérénité : les Franciliens souffrent encore de l’organisation de la vie dans leur région. Tous ces soupirs entendus dans les transports, dans les files d’attente, aux guichets… Mes chers amis, regardons nos vies en face. Ecoutez ce qui s’exprime dans les cahots des RER, écoutez ce qu’on entend devant les guichets des caisses d’allocation, de Pôle emploi, des fourrières, des centres médicaux. Ecoutez, mais regardez aussi. Regardez l’expression soucieuse, inquiète, des parents qui cherchent un médecin pour leurs enfants, regardez les regards des jeunes qui courent, courent, après un petit emploi pour financer un grand projet. Regardez l’expression des travailleurs du matin, dont les responsables hiérarchiques ne leur disent pas assez combien ils sont utiles. Et je voudrais, au moment où ils vont rentrer à leur comité d’entreprise, avoir une pensée pour les salariés d’Air France. On soupire trop en Ile-de-France, de lassitude, d’inquiétude, d’incertitude, de solitude.
5
Car oui, des milliers de Franciliens, au milieu de la région la plus peuplée, souffrent paradoxalement du plus grand isolement, de cet isolement que l’on connaît quand plus personne ne nous comprend, plus personne ne nous aide, plus personne ne nous tend la main. Il y a trop de soupirs en Ile-de-France. Ce que je veux, c’est transformer les soupirs en sourires ! Je ne veux pas que les Franciliens se sentent enfermés dans leur destin. Je veux qu’à tout moment de leur vie, les Franciliens sentent, au plus profond d’eux, que tout demeure possible. Le petit Francilien qui naît, le Francilien de toujours, le Francilien qui s’est installé dans ce territoire alors qu’il vient d’ailleurs, la mère qui est venue rejoindre ses enfants, l’étudiant qui rêve des universités franciliennes, l’artisan qui est monté à Paris, le retraité qui a tant donné à cette région et qui a le droit de jouir d’un repos mérité, tous méritent une vie apaisée, tous méritent une vie plus humaine. IV – Les propositions A partir de ces valeurs, l’égalité femme/homme, la lutte contre les discriminations, l’unité, la fierté, l’humanité, je propose ce projet. 12 chantiers pour 12 millions d’habitants, 160 propositions, le récit d’une Ile-de-France humaine. - Tout commence par les transports. Nous avons beaucoup d’ambition pour les transports.
6
Je m’adresse aux Franciliennes et aux Franciliens. Vous habitez aux quatre coins de notre Région. Vous vous déplacez, tous les jours, le matin tôt, le soir tard, pour produire la richesse du territoire, mais aussi pour vous rendre dans un lieu d’enseignement, culturel, de consommation ou de loisir. Et tout cela, depuis le 1er septembre, avec un passe navigo désormais unique. Certains ont choisi de vivre en ville, certains ont choisi de vivre à la campagne. Certains, nombreux ces dernières années, ont choisi les territoires que les sociologues appellent désormais rurbains. Je le dis à tous : où que vous vivez, où que vous ayez choisi d’habiter, c’est à nous, c’est à la Région, c’est aux responsables politiques, d’adapter les services publics et l’organisation sociale. Rendre la Région à ses habitants, c’est la rendre accessible partout et tout le temps. Nous réussirons le 24h sur 24 dans le réseau d’ici aux Jeux Olympiques et Paralympiques. C’est bien de disposer des bons transports ; encore faut-il les prendre avec sérénité. Et je le sais, je l’ai entendu, je l’ai vu, trop de Franciliens ont peur. Tout d’abord les femmes, le soir. Il m’est insupportable d’imaginer en 2015 nos mères, nos sœurs, nos filles, la peur au ventre au moment de prendre un train, un métro, un bus. C’est pourquoi nous constituerons une police des transports efficace et apaisante par la création d’un corps unique des agents de sécurité, résolument renforcé à partir de 21h. Les transports se feront ainsi avec plus de sérénité, dans des rames climatisées et modernisées. L’arrêt à la demande sera enfin mis en place dans les bus et noctiliens. Avec le recrutement de mille chauffeurs, nous lancerons un plan bus pour la grande couronne.
7
Mon premier chantier sera également d’obtenir de l’Etat les 800 millions d’euros par an pendant 10 ans nécessaires à la remise à niveau du réseau ferré. Il était important pour le développement de la nation de construire des TGV pour couvrir notre vaste territoire national. Mais on a oublié les transports du quotidien. A force de regarder l’horizon, on a oublié ce qui était à côté de soi. Les transports du quotidien ont été les grands sacrifiés des politiques de transport depuis des décennies. La ligne D du RER transporte chaque jour 550 000 voyageurs, contre 350 000 pour l’ensemble du réseau TGV. La négligence des transports quotidiens doit cesser. La Région engagera le remplacement des rames anciennes de RER, de Transilien, du T1. Elle automatisera les lignes 11 et 13 du métro, lancera l’automatisation accompagnée sur l’ensemble du réseau RER et Transilien pour améliorer la ponctualité. Elle assurera l’accessibilité à la 4G dans tout le réseau, y compris les réseaux souterrains. - Mon deuxième chantier est la vitalité économique de notre région. Encore une fois, l’Ile-de-France est une ruche. Elle regorge d’énergie, de créativité, de projets. La vitalité d’un territoire, c’est d’abord sa capacité à embaucher, à créer de l’emploi, à solidifier l’emploi. Le chantier de l’emploi, préoccupation de tant, de trop de Franciliens, sera pris à bras le corps. Chef de file en matière de développement économique, la Région peut agir sur l’emploi, et je ne lâcherai rien pour améliorer la situation de l’emploi en Ile-deFrance. Nous simplifierons les créations d’entreprise, nous amplifierons le dispositif régional PM’UP et nous mettrons en place un fonds d’investissement dédié au 8
renforcement de la compétitivité des entreprises, à la transition vers l’industrie du futur et à la reconversion des friches industrielles. Je le dis : je ne veux plus un seul jeune sans emploi, sans formation ou sans projet d’avenir dans notre Région. L’avenir, c’est pour tout le monde. Il faut démocratiser l’avenir. C’est pourquoi l’apprentissage doit être favorisé. Je lancerai un Erasmus des apprentis. Je veux que l’apprentissage devienne la vitrine de la vitalité économique de notre Région, notamment dans les domaines de la transition énergétique, de l’aéronautique et du numérique. La vitalité économique sera soutenue par des pôles industriels nouveaux, et notamment un pôle d’excellence aéronautique. Mais elle sera aussi irriguée par des PME plus fortes, mieux informées, mieux accompagnées, notamment par de nouvelles Maisons des PME. La Région ne s’arrêtera pas là. Elle doit créer, elle doit semer. On veut toujours voir l’innovation ailleurs, de l’autre côté des océans, alors qu’elle est là, autour de nous, chez les 635 000 étudiants, parmi les 4 900 brevets déposés par an ! La Région construira ainsi une forte identité industrielle et économique pour développer une nouvelle industrie de petites séries et de haut de gamme en Grande couronne. Nous lancerons également un grand plan d’emplois aidés. Contrairement à ce qui se dit quelquefois chez les esprits adeptes de l’immobilisme, du Laissez faire, donc du Ne rien faire, l’emploi aidé n’est pas une trappe, mais un tremplin. Ces emplois participeront à l’amélioration du service public, du service envers les personnes âgées, les associations, les lycées. 5000 emplois jeunes seront créés.
9
La vitalité économique est irriguée par la création de richesses des entreprises. Je souligne qu’elle dépend des efforts et de la productivité des salariés. Nous serons aux côtés des salariés. Une collectivité de gauche doit défendre les salariés, l’emploi et les conditions de travail de ses habitants. - Mon troisième chantier est la lutte contre les inégalités, et pour l’amélioration des conditions de vie. Une Région vivante, bien desservie, énergique, ne doit pas abandonner certaines de ses populations. Ce serait non seulement perdre ses ressources, mais aussi perdre son âme. L’amélioration de la vie, c’est tout d’abord affirmer clairement notre exigence environnementale. Ce chantier est imbriqué à tous les autres. L’exigence environnementale, c’est l’imposer partout. Et cela commence par les lycées, et cela commence par l’alimentation. A la mal bouffe, j’opposerai une alimentation de qualité par la création d’une ceinture maraîchère en grande couronne pour favoriser le made in Ile-de-France. Toutes les cantines des lycées serviront les produits biologiques issus des circuits courts, des repas végétariens seront développés et les repas de substitution seront possibles partout ! L’environnement est une question de santé. La pollution noircit les bronches, détruit la résistance aux virus, goudronne les vêtements. Changer l’air de l’Ile-deFrance, c’est bien entendu organiser la sortie du diésel. Mais attention, il n’est pas question de culpabiliser les populations. Je ne veux culpabiliser, stigmatiser ni punir personne. La sortie du diésel se fera
10
sereinement, avec des procédures concertées et progressives. Je créerai une prime régionale à la casse pour les véhicules professionnels et utilitaires. Soyons imaginatifs. Nos ambitions sont grandes, et il faut de nouvelles ressources. Je confirme ma volonté de prélever une écotaxe régionale sur les poids-lourds en transit pour financer les transports. La social-écologie ne sera pas qu’un mot ou un concept abstrait, mais la théorie politique qui inspirera notre action et l’amélioration de la vie des Franciliens. L’auto-partage sera généralisé et je créerai des hubs logistiques aux frontières de la Région afin de réduire la circulation des poids-lourds en Ile-de-France. Les pistes cyclables seront doublées dans les prochaines années. L’environnement n’est pas un domaine séparé de l’action publique, mais doit toutes les irriguer. D’où une proposition de « critérisation » renforcée des aides régionales en fonction d’une clause sociale-écologique applicable dans tous les projets financés par la Région. L’environnement, certains en parlent ; nous, nous l’améliorerons vraiment. Réduire les inégalités, c’est ensuite proposer un pacte d’avenir avec la jeunesse. Les jeunes sont inquiets. Ils sont trop nombreux à connaître de trop longues périodes de chômage, notamment dans les quartiers populaires. Ils ont plusieurs petits boulots en même temps pour financer leurs études, ils voudraient faire un échange à l’étranger, ils souffrent de coûts fixes exorbitants. Pour la première fois dans l’Histoire de la République, des jeunes renoncent à des études publiques à cause
11
du montant de droits d’inscription que la droite voudrait laisser à la discrétion de chefs d’établissement comme des patrons d’entreprises. Commençons par le début, par leur santé. Je ne veux plus d’étudiant sans mutuelle. C’est pourquoi nous revaloriserons le chèque santé. Ensuite, le logement, qui perturbe tant la vie de nos jeunes. Nous construirons, j’en prends l’engagement, 4000 logements étudiants par an pendant la mandature. De nouvelles politiques culturelles seront appliquées dans les lycées (par le lancement d’un plan Cultures et Arts au Lycée), un plan zéro décrocheur, la garantie locative pour tous les jeunes et la simplification de la création d’entreprise seront réalisés. Le logement justement, doit mobiliser toutes les énergies. Le logement, la première source d’inégalités. Les inégalités devant le logement déterminent toutes les autres. Améliorer le logement en Ile-de-France est l’occasion d’une grande action des progressistes et des humanistes. Je le dis : on ne construit pas assez. Et je le dis à la droite : quand allez-vous cesser de mentir en faisant croire aux Franciliens que faire du logement social, c’est construire des tours de style années 70 ? Vous agitez des épouvantails contre la vérité. Le logement social s’est modernisé, le logement social, c’est aujourd’hui des pavillons, des immeubles intégrés à l’environnement par les techniques, les normes, les innovations les plus modernes. Le logement social est une chance pour les villes, pour les territoires, pour les quartiers, auquel peut prétendre une majorité de nos concitoyens.
12
On a trop fait croire, en matière de logements, que tout a été tenté. Eh bien non, tout n’a pas été tenté. Je lancerai la mobilisation générale pour que cessent les désespoirs que l’on constate tous les jours face à la difficulté de bien se loger. Je prends l’engagement de mettre en place une garantie locative pour tous les jeunes. Et je prends l’engagement d’un encadrement des loyers pour l’Ile-deFrance, à l’échelle de la Région, pour que les foyers franciliens retrouvent une sérénité qui n’existe plus en attendant que nous réussissions à construire 70 000 logements par an. Pour atteindre ces objectifs, je mobiliserai le foncier régional et je me battrai notamment pour l’extension du prêt à taux zéro dans l’ancien. On n’a pas assez pris la mesure de l’explosion des coûts fixes depuis 40 ans, du logement à l’énergie, des communications à l’informatique. Le rapport au logement doit s’apaiser. Il n’y pas de succès politique régional qui ne passera par la victoire dans la bataille du logement. - Réduire les inégalités, c’est réduire l’écart culturel. L’Ile-de-France scintille, avec ses musées, ses sites exceptionnels, son patrimoine, ses spectacles. Hélas, les fractures immobilières ont creusé un écart culturel qui fait peser sur les populations modestes le poids des fatalités. La culture doit être un instrument de libération générale, pas de simple divertissement des classes sociales entre elles. C’est pourquoi je garantirai la croissance culturelle du budget régional et élargirai le 1% artistique dans les politiques régionales d’investissement pour encourager la création. - J’en ai déjà parlé, j’en reparle, et je lance le chantier prioritaire du Droits des Femmes et de l’égalité réelle, déclarée grande cause régionale, dont nous avons vu les premiers effets sans concession sur les transports. La lutte contre les 13
discriminations sera rendue absolue par l’inscription dans les critères de la commande publique de l’égalité salariale. Une semaine régionale d’éducation et de lutte contre le racisme, l’antisémitisme, le sexisme et l’homophobie sera consacrée. La Région s’engagera avec volonté et énergie dans les chantiers sociaux au-delà de ses compétences actuelles. Quand un enfant est malade et qu’un pédiatre n’est pas disponible, quand les listes d’attente pour consulter un spécialiste est excessive, c’est la République qui échoue. L’accès à la santé dans nos territoires n’est pas satisfaisant. Nous lancerons un plan régional contre les déserts médicaux ruraux et urbains. L’installation des médecins sera encouragée et des aides leur seront apportées s’ils appartiennent au secteur 1. Les maisons de santé seront développées, pour assurer la qualité des soins partout et garantir la pérennité des couvertures de soins. L’heure est aux regroupements, à l’union, aux équipes. Nos séniors doivent être aidés. Ils sont trop seuls, trop démunis. Nos procédures de solidarité ne sont pas à la hauteur des promesses de la République. Je lancerai un programme régional de financement de Maisons spécialisées dans l’accueil des personnes touchées par la maladie d’Alzheimer. Comme je lancerai, à l’autre bout de la chaîne de la vie, du côté des soleils qui se lèvent, un programme régional d’investissement pour développer les crèches à horaires décalés. Ce n’est pas aux Franciliens à s’adapter aux services, c’est aux services à s’adapter aux Franciliens et au rythme de leurs vies. L’adaptation de nos services publics doit prendre en compte les besoins d’accessibilité et de mobilité des Franciliens. 14
C’est pourquoi je prends l’engagement de rendre accessibles 40 gares qui aujourd’hui ne le sont pas et de généraliser le 1% handicap dans tous les projets immobiliers financés par la Région. Et j’installerai à mes côtés en tant que Président de Région une mission permanente sur l’accessibilité des personnes à mobilité réduite. Tous ces engagements sont inspirés par une certaine idée de la solidarité. Une certaine idée qui a inspiré des actions volontaires et résolues pour l’accueil des réfugiés qui viennent s’installer en Île-de-France. Je maintiendrai ma volonté d’améliorer et de réussir cet accueil. Avant de finir, je voudrais saluer les fonctionnaires de la Région Ile-de-France qui font fonctionner notre territoire. Même si certains l’ont oublié, il s’agit, pour la plupart, de fonctionnaires de catégorie C. Je vous laisse imaginer les effets d’un non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux dans les lycées, les centres de soins, les services publics… Je serai un Président de Région fidèle aux sentiments que j’ai eus quand je suis arrivé en France à l’âge de 10 ans, lorsque j’ai compris, très vite, que les services publics étaient le patrimoine de ceux qui n’ont pas de patrimoine. - Pour finir, un dernier engagement : de ne pas augmenter la fiscalité régionale pour les contribuables et les entreprises. Le développement de la 1ère région d’Europe est indissociable d’une gestion sérieuse. Une réflexion sérieuse sur les recettes est nécessaire, bien loin des gadgets que j’entends quelquefois, comme la customisation des plaques d’immatriculation ou autres projets qui marchandisent les bouts de chandelle de la vie quotidienne. Le chiffrage de mon projet aboutit à 1320 millions supplémentaires, soit 220 millions par an, ce qui est significatif mais raisonnable sur 5 milliards de budget 15
annuel. Ma réflexion sur les recettes nécessaires prend en compte la future taxe poids-lourds (sans doute 80 millions par an), mais pas seulement. Je redéployerai de 20 à 25 millions par an. Ensuite, la part de CVAE reversée aux régions passera, depuis la loi NOTRe, à compter de 2017, de 25 à 50%, ce qui devrait rapporter 400 millions sur le mandat. La réforme de la RCB (redevance création de bureaux) devrait rapporter 300 millions sur le mandat. - Nous pourrions continuer des heures. Je pourrais parler de l’aide à l’installation des jeunes agriculteurs, de notre stratégie de l’Economie sociale et solidaire (je salue Benoît Hamon qui est excusé ce matin), de l’Europe des Régions, de l’installation de Veligo, des grands projets comme le grand stade de rugby en Essonne, de l’enfouissement de la RN10 à Trappes, de la forêt de PierrelayeBessancourt, du renouvellement urbain. Nous pourrions détailler nos propositions et les détails de nos projets, dont vous trouverez sur Internet, sur les marchés, dans nos documents, les développements et les informations les plus précises. En attendant, dès la fin de mon intervention, va vous être distribué un document, notre récit de l’Ile-de-France, qui détaille les 160 mesures. Tout cela, je le ferai avec une équipe solide, paritaire, renouvelée, diversifiée. Et dans un dialogue constant avec les Franciliens que j’associerai à la gestion, à partir d’une vision radicalement neuve de notre démocratie : un budget participatif à hauteur de 5% du budget hors transports sera proposé, une assemblée de citoyens tirés au sort évaluera nos politiques. 16
Je voudrais remercier Elizabeth Laville, fondatrice d’Utopies, la philosophe Catherine Clément, Christian Le Lann, président de la Chambre des métiers et de l’artisanat, Jean-Luc Romero, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, Anne Hidalgo, maire de Paris, Hervé Le Treut, dirigeant de l’Institut Pierre Simon Laplace, Rosa Tandjaoui, de la librairie des Orgues, à Paris, le chef Therry Marx, Alain Dinin, PDG de Nexity, le street-artist Gregos. *** Pour conclure, je veux réaffirmer l’intensité de mon engagement. Je veux que ce projet ressemble à l’Ile-de-France de demain, que ce projet nous rassemble. Oui, il y a un projet de la droite en Ile-de-France, excluant, ghettoïsant, ultra business, précarisant. Et il y a un projet de la gauche en Ile-de-France. Le projet d’accompagner les Franciliens, TOUS les Franciliens dans l’entrée dans le nouveau monde. Partout dans ce territoire, un désir de réappropriation s’exprime. Oui, la mondialisation aime l’Ile-de-France, mais on a l’impression souvent qu’elle ne s’intéresse pas à ses habitants, aux gens qui y vivent. Je serai le Président d’une Région d’êtres humains. Je ne serai pas le Président de tableaux de chiffres, de courbes et de graphiques, de concepts tout faits, d’idées recyclées. Je serai le Président d’une Région de gens qui respirent, qui travaillent, qui se soignent, qui bougent, qui vont, qui viennent, qui ont des projets, qui veulent parler, qui veulent se divertir, qui veulent faire de la musique, aller aux spectacles, qui veulent publier, qui veulent espérer, qui veulent partir, revenir, repartir, et toujours revenir. Bref, des gens qui créent. 17
Je serai le Président d’une Région de chair et de sang, où l’on arrive avec espoir et d’où l’on part avec regret. Une Région bouillonnante, puissante, passionnante, impressionnante. Une Région pour nous, une Région humaine. Mesdames, Messieurs, la campagne démarre aujourd’hui.
18