Allocution du Président de l’Assemblée nationale Réception en l’honneur du Président de l’Assemblée nationale de la République du Mali, en présence des associations maliennes d’Île-de-France 18 mars 2015 *** Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Monsieur le Président du groupe d’amitié France-Mali, Mesdames et Messieurs les députés, Chers collègues, Monsieur le Président du Haut Conseil des Maliens de France, Mesdames et Messieurs les représentants des associations maliennes d’Île-deFrance, Chers invités, C’est avec un immense plaisir que je me trouve aujourd’hui parmi vous : - tout d’abord, parce que j’ai pu m’entretenir avec M. Issaka Sidibé, mon homologue depuis janvier 2014, que je n’avais pas encore eu la chance de rencontrer. Je lui ai réaffirmé l’amitié du peuple français et la volonté des députés d’accompagner le Mali sur la voie de la paix, du développement, et d’une démocratie consolidée et apaisée ; - mais aussi parce que je veux vous dire à tous la reconnaissance du Parlement pour le travail accompli par les organisations maliennes de France, au service des Maliens, des binationaux, et des relations bilatérales. ***
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Monsieur le Président, chers collègues et chers amis, je veux regarder, avec vous, vers l’avenir, sans passer sous silence les difficultés que le Mali a connues ces dernières années, et les défis qui doivent encore être relevés. Ce samedi 21 mars, nous commémorerons un triste anniversaire : celui du coup d’Etat qui a, il y a tout juste trois ans, renversé le Président Amadou Toumani Touré, aggravant ainsi la crise dans laquelle la rébellion avait plongé le pays en janvier. En France, comme partout en Europe et en Afrique, cet épisode fut d’autant plus traumatisant que le Mali avait su incarner les espoirs d’une Afrique stable, respectueuse des libertés et des alternances politiques. La France, comme l’ensemble de la communauté internationale, a condamné ce coup d’Etat, tout en cherchant à en comprendre les ressorts. De votre cher pays, de ce pays ami, nous sont alors remontés les échos de frustrations diverses : la lassitude face à la corruption et la pauvreté, l’exaspération d’une armée qui s’est sentie trahie et abandonnée, et le désarroi de tout un peuple. Ce désarroi, j’en ai pris la mesure lors de mon déplacement à Bamako en mars 2013, soit peu de temps après le début de l’opération Serval. Mais de mes entretiens et de mes rencontres, j’ai aussi retenu la force et le courage du peuple malien. J’ai encore, gravés dans ma mémoire, le souvenir de ces visages militants et la résilience, la vaillance et l’espoir dans le regard des femmes et des hommes que j’y ai croisés. Il ne fait nul doute que le Mali a traversé la crise la plus grave et la plus complexe depuis son indépendance. Mais le Mali se redresse, le Mali se relève ; avec l’aide de ses partenaires, mais surtout grâce aux Maliens eux-mêmes. Vous
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pouvez en être fiers. L’histoire se rappelle à nous : le Mali n’est pas n’importe quel pays. *** La vie politique a retrouvé son cadre constitutionnel, des élections se sont tenues, auxquelles chacun d’entre vous a pu participer, ici, en France. Une nouvelle Assemblée s’est installée – elle n’a d’ailleurs pas chômé en 2014 ! Je rends hommage à ce titre au Président Sidibé. Des projets de loi fondamentaux ont été adoptés, qui sont au centre des questions que le Mali veut résoudre pour son avenir : la paix, la réconciliation, le renforcement de l’armée et le contrôle du territoire, la consolidation de la démocratie, la transparence et la lutte contre la corruption. Les défis sont de taille, mais le Mali est sur la bonne voie. Je forme le vœu qu’un accord de paix puisse être signé rapidement, engageant l’ensemble des groupes armés du Nord, permettant à l’administration et à l’armée malienne de se redéployer partout sur le territoire national, et tournant ainsi la page de la crise de 2012. Il n’est d’avenir pour le Mali que dans l’unité et l’intégrité territoriale. A Gao, où je me suis également rendu en mars 2013, j’ai vu que l’écrasante majorité des populations du Nord n’avait d’autre souhait qu’un Mali « un et indivisible », et j’en suis reparti avec beaucoup d’espoir. ***
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Car de cette crise, le Mali est ressorti plus fort, et trace la voie de son redressement, sur laquelle la France doit continuer de l’accompagner. L’Assemblée nationale française veut prendre toute sa part dans ce soutien. Les Parlements sont les lieux où se forgent et s’épanouissent les démocraties, où l’action des gouvernements est contrôlée et débattue. Plus les Assemblées sont représentatives, plus les débats y sont libres et nourris, et moins il y a d’espace pour les partisans de la violence. Nous allons donc, d’une part, renforcer le dialogue politique entre nos députés, et d’autre part densifier encore la coopération technique que nos Assemblées ont mise en place. Cette coopération est déjà très riche. Du fait de la crise politique, elle s’était interrompue en 2012, mais a repris dès mars 2013, peu après mon déplacement. Depuis, outre les nombreuses visites parlementaires, plusieurs missions de renforcement de capacités ont été organisées en France et au Mali, portant sur des thèmes aussi divers que le fonctionnement des commissions, le contrôle budgétaire, le budget de l’Assemblée nationale, et les comptes rendus des débats. Tout à l’heure, nous signerons, le Président Sidibé et moi-même, un protocole qui formalisera notre coopération et lui donnera une impulsion nouvelle. *** Mesdames et Messieurs, chers invités, j’ai assez parlé de l’Assemblée nationale. Je veux maintenant parler de vous, de l’action des Maliens de France dans ce processus. 4/5
L’Etat malien connaît votre engagement, lui qui fut parmi les premiers pays africains à reconnaître à ses ressortissants la possibilité d’exercer leurs droits politiques depuis l’étranger. Cet engagement, solide, est allé croissant ces dernières années. Nous en sommes témoins : votre mobilisation a été réelle pour dénoncer les exactions commises au Nord, considérable au moment des élections, et exemplaire quand il a fallu unir vos forces pour reconstruire le Mali. Je m’en souviens, c’était en Seine-Saint-Denis, à Montreuil, aux côtés d’ailleurs de M. Razzy Hamadi. Le séminaire de travail intitulé « La diaspora malienne pour la paix et le développement du Mali » rappelait combien les Maliens de l’extérieur avaient de tout temps contribué au développement, de leur pays d’origine. Bien que difficile à quantifier, les transferts vers le Mali sont estimés à plus de 400 millions d’euros, soit plus de 10 % du PIB. Plus que jamais, la consultation de la communauté malienne, et son association à la redéfinition de la coopération de la France avec le Mali, apparaissent indispensables. Plus que jamais, l’Assemblée nationale française se tient à votre disposition pour imaginer et proposer au gouvernement des modes d’action nouveaux. Mesdames et Messieurs, vous l’aurez compris, l’Assemblée nationale est à vos côtés, et nos portes vous sont et vous seront toujours ouvertes, pour le bien de nos deux pays. Vive le Mali, vive la France, Vive l’amitié franco-malienne. 5/5