Relief du temps. Les dimensions temporelles du paysage et les observatoires photographiques

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Mémoire de Master « Théories et Démarches du Projet de Paysage »

Relief du temps Les dimensions temporelles du paysage et les observatoires photographiques

Claudia LEÓN CAVALLO

Soutenu le 9 juillet 2019 à Versailles, sous la direction de Sonia Keravel

Année universitaire 2018-2019


Fig.1 : Photo © G. Frittegotto Source : https://www.proyectointemperie.com




« Le temps, c’est le plein, c’est-à-dire la forme inaltérable remplie par le changement. Le temps, c’est la réserve visuelle des événements dans leur justesse » G. Deleuze

« Mirar el rio hecho de tiempo y agua y recordar que el tiempo es otro rio, saber que nos perdemos como el rio y que los rostros pasan como el agua » « Regarder le fleuve fait de temps et d’eau et rappeler que le temps est autre fleuve, savoir que nous nous perdons comme le fleuve et que les visages passent comme l’eau » J. L. Borges


Abstract The temporal palimpsest of the landscape contains multiple layers which constitute and explain its evolution. To gain insight into these developments, different records and depictions have been made throughout history; the contribution of photographic observatories is, in particular one of the most developed, but it is not the only one. The present thesis explores the different dimensions of the landscape over time through the production of the Photographic Observatories of the Landscape (Observatoires Photographiques du Paysage – OPP), but also from other more artistic explorations. Therefore, the valuable visual production of the OPP is considered as an effective tool to evaluate the dynamics and changes of the landscape in France. However, thirty years after its creation, a context of criticism of its method converted into a restrictive model generates the revision of its original objectives. The theoretical research on the subject is complemented by the experience gained in the Photographic Observatory of the Massif Central Region (Observatoire Photographique des Territoires du Massif Central). The practices and exchanges with this observatory led to a deeper understanding of the problems of the landscape and to the improvement of the analysis of its dynamics. In addition, this research shows how the contribution of different means of artistic expressions, such as painting, film and even photography, has captured other timescales which were not addressed by the OPP. These alternative approaches explore the concept of time in innovative and simultaneous ways. Finally, this research examines beyond the images of mutations of the landscape over time to reveal what they do not express.

Keywords: Time / Landscape / Dimension over time / Landscape evolution / Landscape Photographic Observatories / Photographic Observatories of the Massif Central Region


Résumé Le palimpseste temporel du paysage comprend plusieurs couches qui composent et expliquent son évolution. Pour mieux comprendre ces évolutions, plusieurs registres et représentations ont été faits tout au long de son histoire ; notamment l’apport des observatoires photographiques est l’un des plus développés, mais pas le seul. Le mémoire explore les différentes dimensions temporelles dans le paysage à travers la production des Observatoires Photographiques du Paysage (OPP), mais aussi depuis d’autres explorations plus artistiques. Ainsi, l’importante production visuelle des OPP est considérée comme un vrai outil pour l’évaluation des dynamiques et des changements du paysage en France. Néanmoins, à trente ans de sa création, un contexte de critiques de sa méthode devenue modèle restrictif entraîne la révision de ses objectifs d’origine. La recherche théorique sur le sujet se complète par les expériences vécues à l’intérieur de l’Observatoire Photographiques des Territoires du Massif Central. Les pratiques et échanges avec cet observatoire, permettent de mieux comprendre les problématiques paysagères et enrichissent l’analyse de leurs dynamiques. De plus, cette recherche expose à quel point la contribution des différentes expressions artistiques, peinture, cinéma et même photographie, a saisi d’autres échelles temporelles non traitées par les OPP. Ces regards alternatifs explorent la notion du temps de manière innovante et simultanée. Enfin, cette recherche dépasse les images des mutations temporelles du paysage pour dévoiler ce qu’elles n’expriment pas.

Mots clés : Temps / Paysage / Dimension temporelle / Évolutions du paysage / Observatoires Photographiques du Paysage / Observatoires Photographique des Territoires du Massif Central



Remerciements Un Grand Merci à : Sonia Keravel ; pour me guider dans le parcours de ce mémoire. Tous les professeurs et collègues de l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles ; pour partager la connaissance et l’étude du paysage dans un espace magique comme le Potager du roi. Pierre Enjelvin, Claire Planchat, Pierre-Alain Heydel, de l’OPTMC ; pour m’accueillir dans le paysage spectaculaire d’Auvergne, et pour les discutions très enrichissantes sur le sujet du temps. Juliette Tilliard-Blondel, Stéphanie Doucet, François Granet, de la DREAL AURA, Julien Marceau de l’OPP du PNR de Pilat et Clément Briandet de l’OPP du PNR de Golfe du Morbihan ; pour les entretiens, discutions et d’autres informations complémentaires. Marcela, Ana, Nelly, Chantal, Claire et Pierre ; pour les corrections et la relecture du travail. Famille, amis et très spécialement Ruben ; pour m’accompagner et m’encourager toujours dans mes projets.



Sommaire Introduction 13 ............................................................................................................. I.- Les Observatoires Photographiques du Paysage et l’OPTMC 23 .............................................................................................................

1 Les Observatoires Photographiques du Paysage

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2 Les Observatoires Photographiques du Paysage de l’OPTMC 25

2.1 L’OPP de l’Autoroute A89

2.2 L’OPP de la Route Nationale 7

2.3 L’ODP de la Chaîne des Puys et Faille de Limagne

3 La contribution d’un autre OPP

II.- Les temps du paysage en dehors des OPP

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....................................................................................................................... 1 Les temps du paysage 51

2 Le temps du paysage dans la peinture

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3 Le temps du paysage dans la photographie

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4 Le temps du paysage dans le cinéma

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Conclusions 69 ............................................................................................................. Bibliographie 75 ............................................................................................................. Table des figures 85 ............................................................................................................. Annexes

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Fig.2 : Villes et zones côtières, Sud-Est © Sophie Ristelhueber - Mission Photographique de la DATAR - Source : https://missionphotodatar.cget.gouv.fr/media/record/ eyJpIjoiZGVmYXVsdCIsIm0iOm51bGwsImQiOjMsInIiOjE1NH0=/ 12

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Introduction Au-delà de la science-fiction et des définitions plus développées par la physique et la philosophie du continuum espace-temps comme deux notions inséparables et interconnectées, plus précisément unifiées en une seule entité; les quatre dimensions de l’espace-temps sont un phénomène vécu par tous. Évidemment, percevoir et faire partie du Paysage implique tant l’espace que le temps. Dans les théories et pratiques du paysage, l’espace est toujours assez bien développé, notamment dans les représentations de sa spatialité l’image est prédominante. La composition paysagère se pense généralement à partir de la morphologie spatiale et des images bi ou tridimensionnelles. Par contre, il n’y a pas assez d’exploration sur la notion du temps dans un milieu tellement important et varié comme celui du paysage. La question de la temporalité n’est pas assez présente, même si justement dans la génération du paysage la notion de changement temporel est implicite toujours dans les définitions plus récentes : « le paysage est une partie de territoire, telle que perçue par les habitants du lieu ou les visiteurs, qui évolue dans le temps, sous l’effet des forces naturelles et de l’action des êtres humains » (Convention européenne du paysage, 2000). De même, l’idée de cette perception par les êtres vivants dans ce milieu est variable. En plus, il n’y a pas qu’une temporalité dans le paysage, sinon plusieurs. La complexité de l’environnement biologique et les ambiances humaines où se développent les paysages lui donnent divers axes d’analyses possibles. « Le palimpseste paysager suppose des effacements et des réécritures, des traces plus ou moins durables, des indices plus ou moins lisibles, enrichis encore par les cycles et autres variations sinusoïdales » (Ormaux, 2005, p.90)1 Comment représenter ses différentes échelles et couches temporelles? De plus, le temps est aussi un des éléments le plus importants dans le paysagisme, car il se distingue des autres arts créatifs. Par exemple l’évolution au fils du temps dans une œuvre paysagère est différente d’une œuvre architecturelle. Les éléments bâtis ont une longévité plus statique 1 ORMAUX S., 2005, « Le paysage, entre l’idéel et le matériel », in Droz Y. et Miéville-Ott V. (dir.) La Polyphonie du paysage, Paris : PPUR. pp. 71-99

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Fig. 3 : Bord de mer, littoral de la Manche et de la mer du Nord © Gabriele Basilico Mission Photographique de la DATAR - Source : https://missionphotodatar.cget.gouv.fr/ media/record/eyJpIjoiZGVmYXVsdCIsIm0iOm51bGwsImQiOjMsInIiOjEzMn0=/ 14

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que la végétation ou d’autres éléments naturels cycliques du paysage. Les mutations dans les paysages peuvent être induites par des aléas climatiques, des cycles de la nature et des actions anthropiques. Ainsi, ces évènements produisent des processus de changement dans tous les milieux, mais comment peut-on les saisir ? Tout au long de l’histoire, différentes œuvres d’art ont essayé de saisir ces transformations. Au début, les transmissions orales et culturelles à travers l’âge de l’humanité lancent le récit des temps passés. La peinture a accompagné pendant plusieurs siècles les variations dans le paysage. À la fin du XIXe siècle, la photographie a pris un rôle central, en prenant différentes formes. Elle montre le moment de l’instant présent, au même titre que la peinture veut saisir le temps de l’expérience paysagère. En 1851, une des premières expériences destinés à faire un inventaire photographique s’était la « Mission héliographique », qui a laissé des clichés de certains bâtiments historiques français, faites par les photographes Le Gray, Baldus et Mieusement. De plus, en 1872 d’autres travaux ont été réalisés par Dandoy et Kämpfe, pour documenter divers milieux urbains de Belgique (Uyttenhove, 2018)2. Entre 1886 et 1940, des ingénieurs français du Service de restauration des terrains en montagne, ont réalisé des registres d’images pour vérifier les actions de reboisement, matériaux précieux pour des études à venir. Cette expérience a été reproduite après par des services forestiers en Italie, en Suisse, en Australie et aux États-Unis (Guittet, Le Dû-Blayo, 2013)3. Un siècle plus tard, de 1984 à 1988, la commande publique « Mission photographique de la DATAR » produit un corpus d’images du paysage français, selon les regards artistiques d’une vingtaine de photographes. La production de la mission en soi, les publications et une exposition spéciale dans la Bibliothèque Nationale de France laissent une forte référence sur l’apport fait par la photographie au sujet du paysage. « Le projet en lui-même constitue l’une des pierres angulaires de l’institutionnalisation de la photographie dans les champs de l’art et les images qui ont été réalisées proposent une synthèse 2 UYTTENHOVE P., 2018, « Rephotographing and Transformation, or the Unwritten Scenario of the Landscape » in Notteboom B. et Uyttenhove, P. (dir.) Recollecting Landscapes. Rephotography, Memory and Transformation 1904-1980-2004-2014, Belgique : Roma. pp. 158-219 3 GUITTET C. et LE DU L., 2013, « Les photographies du paysage: quels analyses de dynamiques paysagères? » [en ligne] Projets de paysage. Revue scientifique sur la conception et l’aménagement de l’espace. N° 9 – Journées doctorales en paysage, Bordeaux, mise en ligne le 20 décembre 2013, consulté le 20 mai 2019. URL: https:// www.projetsdepaysage.fr/les_photographies_du_paysage_quelles_analyses_des_dynamiques_paysageres_

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Fig. 4 : Carte Interactive des OPP - Source : http://extranet.observatoires-photographiquespaysages.din.developpement-durable.gouv.fr/fichier/jpg/carte1a_cle2bca25. jpg?arg=3&cle=aa8634d85c62e83597708204f76687bd62fb4b64&file=jpg%2Fcarte1a_ cle2bca25.jpg 16

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exemplaire des questionnements de l’époque sur le paysage et ses transformations » (Berthö et Conesa, 2017, p.31)4 Presque comme un prolongement de la DATAR et grâce aux diverses politiques publiques autour d’une nouvelle valorisation du paysage en 1989, le Ministère de l’environnement a créé l’Observatoire Photographique National du Paysage (OPNP). L’objectif est de « constituer un fonds de séries photographiques qui permettent d’analyser les mécanismes et facteurs de transformation des espaces ainsi que les rôles des différents acteurs qui en sont la cause de façon à orienter favorablement l’évolution du paysage » (MEEDDM, 2009, p.3)5. En effet, les Observatoires Photographiques du Paysage, dénommés OPP, sont aujourd’hui un outil précieux pour témoigner des effets du temps sur les paysages. Les séries diachroniques de photographies de paysages produites montrent leur évolution et permettent comprendre leurs dynamiques (Guittet, Le Dû-Blayo, 2013)6 Un vaste état de l’art expose le parcours de ces Observatoires Photographiques du Paysage à travers des études, recherches, analyses, thèses. Les origines sont racontées par ses propres acteurs dans les documents du MEEDDAT et la revue Séquences/Paysages; Caroline Mollie-Stefulesco, Jean Cabanel et Daniel Quesnay entre autres expliquent et analysent les possibilités de cette mission à échelle nationale. « Les séries photographiques permettent la lecture la plus évidente possible des changements du paysage et par extension de ceux qui en sont à l’origine » (Mollie-Stefulesco, 1997, p.8)7. Des nombreuses journées d’échange et colloques témoignent également des différents points de vue de cette expérience au cours de ces trois décennies. Notamment, les plus récentes études réalisées par Frédérique Mocquet, ainsi que par d’autres chercheurs dans des publications comme 4 BERTHO R., CONESA H. (dir.), 2017, Paysages Français. Une aventure photographique, 1984-2017, Catalogue de l’Exposition Paysage Français présentée à la Bibliothèque Nationale de France 2017-2018, Paris : BnF, 292 p. 5 MEEDDM, 2009, L’Observatoire photographique au service des politiques du paysage, actes du colloque européen du 13 et 14 novembre 2008, Paris : Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature et Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages, Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer, 196 p. 6 GUITTET C. et LE DU L., 2013, « Les photographies du paysage: quels analyses de dynamiques paysagères? » [en ligne] Projets de paysage. Revue scientifique sur la conception et l’aménagement de l’espace. N° 9 – Journées doctorales en paysage, Bordeaux, mise en ligne le 20 décembre 2013, consulté le 20 mai 2019. URL: https:// www.projetsdepaysage.fr/les_photographies_du_paysage_quelles_analyses_des_dynamiques_paysageres_ 7 MOLLIE-STEFULESCO C., 1997, « L’Observatoire photographique du paysage », in Séquences Paysages N°1, Revue de l’Observatoire photographique du paysage. Ministère de l’Environnement, Paris : Hazan. pp 4-9.

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Fig. 5 : Observatoire Photographique du Paysage du Parc naturel régional du Pilat. Itinéraire 1 - Valla-en-Gier - Col de la croix du Planil : 1993, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999 / Source: 25 ans d’Observatoires Photographiques du Paysage. Actes de la rencontre du 20 décembre 2016. Parcs Naturals Régionaux de France 18

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la revue scientifique Projets de Paysages, ils attestent que l’on peut commencer à percevoir une autre étape des OPP, une époque des nouveaux défis, de changements qui font muter l’idée originale des observatoires en ces diverses formes. « La richesse du projet de l’Observatoire fait donc également sa complexité (…) L’usage des Observatoires présente aujourd’hui des difficultés récurrentes, tant dans la mise en œuvre que dans la définition et l’obtention de résultats. (…) Ne faudraitil pas aujourd’hui réévaluer les objectifs et les possibilités de cet outil ? Les besoins ont-ils changé ? D’autres outils d’analyses sont-ils apparus ? » (Mocquet, 2016, p.9)8. Aujourd’hui, il semble que nous soyons dans un moment d’inflexion et de réflexion, et que les critiques qu’apparaissent après presque 30 ans des propositions sont faites pour relever les nouveaux défis pour l’avenir. Néanmoins, cette recherche ne s’intéresse pas aux observatoires photographiques du paysage comme tels. Ce travail vise à approfondir les images diachroniques qui produisent les OPP, et à analyser une meilleure façon de montrer les dimensions temporelles du paysage. Sontelles effectives ? Et sinon, en quoi les OPP sont-ils en train de s’adapter à des nouvelles demandes ? Sont-ils réellement remis à jour pour atteindre l’objectif de suivre les évolutions du paysage ? L’objectif est de réfléchir aux dimensions temporelles du paysage et dans ce contexte les OPP sont présents comme un outil intéressant pour l’analyse et la conception de démarches d’aménagements et de politiques publiques paysagères. Le stage mené auprès de l’Observatoire Photographique des Territoires du Massif Central (OPTMC), association qui réalise des OPP, apporte un point de vue différent sur le sujet. À partir des informations et des expériences recueillies des différents travaux, le but est d’offrir des réflexions autour des évolutions territoriales. Bien que les images diachroniques des OPP mettent en évidence des variations temporelles dans le paysage, comment fonctionnent les OPP aujourd’hui et quelles sont les défis pour l’avenir ? Quelles sont les limites du dispositif OPP et de ses acteurs pour une meilleure mise en relief du temps des paysages ? Ce mémoire a pour but d’approfondir les manières et moyens pour aborder 8 MOCQUET F., 2017, « L’Observatoire photographique national du paysage : transformations d’un modèle et hypothèses renouvelées de paysage » [en ligne] Projets de paysage. Revue scientifique sur la conception et l’aménagement de l’espace. N° 15 – L’observation et les Observatoires de paysage : quelles pratiques et quels dispositifs pour mettre en débat les relations entre les sociétés et leur environnement ?, mise en ligne le 3 janvier 2017, consulté le 21 février 2019. URL : https://www.projetsdepaysage.fr/l_observatoire_photographique_national_du_paysage_ transformations_d_un_mod_le_et_hypoth_ses_renouvel_es_de_paysage

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Fig. 6 : Observatoire Photographique du Paysage du Parc naturel régional du Golfe du Morbihan, Sarzeau : 2005, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 - Source: 25 ans d’Observatoires Photographiques du Paysage. Actes de la rencontre du 20 décembre 2016. Parcs Naturals Régionaux de France 20

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les évolutions dans le paysage. Les photographies des OPP représentent aujourd’hui le meilleur outil pour étudier ces évolutions ? Est-il le seul ? À quelles échelles temporelles les OPP s’intéressent-ils ? Restent-ils des échelles de temps non traitée par les OPP ? En première partie, il y aura une présentation synthétique de ce que sont les Observatoires Photographiques du Paysage, ensuite suivra une présentation de l’Observatoire Photographiques des Territoires du Massif Central et développé les matériaux et les expériences recueillis du stage. La seconde partie, aura pour but d’explorer les dimensions temporelles dans le paysage et ses évolutions à partir d’autres visions artistiques, comme la peinture, le cinéma et même la photographie. Enfin, dans la conclusion s’exposeront des réflexions sur les points clés de départ et les perspectives de futures développements de cette recherche.

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Fig. 7 : Observatoire Photographique du Paysage du Parc naturel régional des Vosges du Nord. Site 41, Philippsbourg : 1998, 1999, 2000, 2003, 2005, 2009, 2011, 2014, 2016 - Source: 25 ans d’Observatoires Photographiques du Paysage. Actes de la rencontre du 20 décembre 2016. Parcs Naturels Régionaux de France 22

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I.- Les Observatoires Photographiques du Paysage et l’OPTMC 1 - Les Observatoires Photographiques du Paysage Tout d’abord, une présentation du contexte des Observatoires Photographiques du Paysage, de leur origine, leur évolution en tant qu’outil pour ainsi saisir les changements du territoire et les enjeux actuels. Comme a été dit dans l’introduction, les mutations du paysage sont à l’œuvre depuis toujours, soit en raison de facteurs naturels ou humains, ces variations modifient l’espace et ses représentations socioculturelles à différentes échelles. À travers l’analyse des dynamiques paysagères on peut comprendre les évolutions de ces changements et ainsi, améliorer les actions futures. (Guittet, Le Dû-Blayo, 2013)1. À partir des années 1990, différents acteurs commencent s’intéresser au sujet du Paysage et l’Observatoire Photographique du Paysage devient un outil très efficace pour montrer les évolutions des politiques territoriales. Le corpus produit par les séries de photographies des paysages français de l’OPP a laissé des données pour comprendre les événements du passé et les possibilités du futur. Au début, les OPP ont commencé par rephotographier des images anciennes et cartes postales, afin d’évaluer les changements précédents. Ensuite, des nouvelles photos sont prises pour suivre les évolutions. Selon l’OPNP, pour garantir ce type d’analyse, on doit suivre une méthode très stricte dans chaque observatoire. « La méthode mise en place est la suivante : un comité de pilotage constitué d’élus, de professionnels et d’associations détermine les préoccupations paysagères actuelles et à venir sur le territoire. Après une première campagne photographique menée par le photographe professionnel, le comité de pilotage se concerte afin de sélectionner une quarantaine de points de vue initiaux représentatifs des problématiques paysagères déterminées en amont. À partir de modalités de reconduction définies, ces points de vue, formant un itinéraire, sont reconduits à des intervalles de temps réguliers fixés en fonction des typologies des paysages suivis » (Guittet, Le DûBlayo, 2013,p.2)2. Il existe un grand nombre de publications et textes qui montrent, plus en détail, la méthode et les conditions nécessaires pour 1 GUITTET C. et LE DU L., 2013, « Les photographies du paysage: quels analyses de dynamiques paysagères? » [en ligne] Projets de paysage. Revue scientifiq-ue sur la conception et l’aménagement de l’espace. N° 9 – Journées doctorales en paysage, Bordeaux, mise en ligne le 20 décembre 2013, consulté le 20 mai 2019. URL: https:// www.projetsdepaysage.fr/les_photographies_du_paysage_quelles_analyses_des_dynamiques_paysageres_ 2 Idem, p.2

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Fig. 8 : Site Extranet OPP - Ministère de la Transition Écologique et Solidaire Source : http://extranet.observatoires-photographiques-paysages.din.developpement-durable.gouv.fr/ 24

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constituer un observatoire photographique du paysage. Aujourd’hui, plus d’une centaine d’observatoires photographiques se développent dans divers lieux du pays , des itinéraires originaux de l’OPNP et d’autres OPP se créent ensuite, dans des Parcs naturels régionaux, des Grands sites, des agglomérations, des communes, des régions, etc. Les données accessibles depuis un Extranet de l’actuel Ministère de la Transition Écologique et Solidaire3 montrent un dernier recensement des OPP de 2015 avec des registres de chaque observatoire. En 2016, leurs dernières publications portent sur des événements et des rencontres de 25 années d’OPP. Aussi, dans la photothèque « Terra »4 plusieurs itinéraires d’OPP sont visibles sur internet sur un réseau visuel plus public. Tout ce grand parcours et contexte national dilue un peu, face aux véritables évolutions d’un paysage, lorsque l’on se trouve à côté d’une route cherchant à reproduire une image réalisé par des photographes douze ans auparavant. Cette recherche contenait une partie plus théorique et de pensée introspective, mais aussi se complétait avec une autre partie plus pratique, sur le terrain, avec des actions et des réflexions plus concrètes dans un OPP. Expérimenter un observatoire photographique depuis l’intérieur nous offre différents points de vue sur leur fonctionnement. L’apprentissage de différentes compétences techniques comme celle de la reconduction photographique, la méthode et la manipulation des bases de données, ainsi que des réflexions sur les images diachroniques paysagères avec les membres de l’observatoire, offrent une approche sensitive et technique différente. De plus, cette expérience permet aussi une analyse des différentes notions du temps dans le paysage saisis par un OPP en particulier. On va présenter différents travaux de suivi des évolutions paysagères d’un observatoire et les enjeux de la démarche pour mieux comprendre les possibilités de cet outil.

3 http://extranet.observatoires-photographiques-paysages.din.developpement-durable.gouv.fr/ 4 https://terra.developpement-durable.gouv.fr/observatoire-photo-paysage/home/

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Fig. 9 : Reconduction photographique à St-Gerand-le-Puy OPP RN7 - OPTMC © C. Leon 26

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2 – Les Observatoires Photographiques du Paysage de l’OPTMC L’Observatoire Photographique des Territoires du Massif Central (OPTMC) est un observatoire de la région d’Auvergne en fonctionnement depuis 1999. Il est formé par une équipe interdisciplinaire des photographes, techniciens, chercheurs et enseignants du paysage. Avec une approche scientifique, de concertation avec les habitants et vers les politiques publiques territoriales, l’OPTMC offre des regards attentifs et des processus d’analyse sur les dynamiques paysagères qui se succèdent dans le Massif Central. L’OPTMC considère que « la photographie du paysage est susceptible de renouveler le regard des acteurs du territoire sur leur pratique et constitue un des outils de médiation, de mise en évidence et d’analyse des évolutions du paysage »5 . À travers les séries de photographies diachroniques ou des « actions-animations bâtis à partir de l’image » cet observatoire encourage des réflexions sur les évolutions paysagères parmi ses divers acteurs territoriaux. Bien qu’il s’agisse d’une équipe interdisciplinaire, où la présence de la ingénieure et géographe-sociologue Claire Planchat est clé pour les actions de gestion et concertation territoriale, ainsi comme d’autres membres ; les responsables de la production d’images de cet observatoire sont évidemment ses photographes. Les co-fondateurs de l’OPTMC : Pierre Enjelvin et Christian Guy ont toujours essentiellement travaillé à la photographie de paysage. Mais un peu lassé de leur travail pour les agences d’illustration, ils ont trouvé dans ce travail d’observation photographique l’occasion de rendre compte avec plus de liberté de l’état du paysage en général et des actions sur celui-ci en particulier. Récemment, Pierre-Alain Heydel, aussi photographe avec un parcours dans le paysage, le vidéo et les images virtuelles, rejoint l’équipe de l’OPTMC. Normalement, ils travaillent à deux, et cela pour plusieurs raisons : arpenter l’espace pour échanger au sujet du projet photographique; choisir le point de vue et le cadrage ensemble ; relever plus aisément les lieux pour faire le plan de localisation des futures reconductions ; partager et discuter sur les travaux de développement des images et de leur légende ; partager du temps avec un autre photographe pour s’enrichir du regard de l’autre. Les photographes de l’OPTMC établissent aussi d’autres connexions avec des experts dans le domaine du paysage. Ces collaborations ont pour but 5

(Annexe Dépliante OPTMC)

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Fig. 10 : OPP Autoroute A89 OPTMC - 2000-2006 (à gauche) Site 19392 _ Viaduc de Tulle vu du lieu-dit La Croix du Tilleul - Naves / (au milieu) Site 19440 _ vue de La Geneste Naves (à droite) Site 19310 _ Tranchée du puy Chalarve - Rosiers d’Egletons © Pierre Enjelvin et Christian Guy - Source: http://poptmc.free.fr/obs.php 28

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de mieux lire le paysage et de comprendre les enjeux qui sont au cœur de certains projets d’aménagements pour les documenter plus justement par la photographie. Ensuite, on présentera trois observatoires développés par cette équipe de l’OPTMC. Avec différentes échelles temporelles, ces missions réalisent importants registres des évolutions du paysage, très riches pour l’analyse et la comparaison.

2.1 L’OPP de l’Autoroute A89 La première action de cet OPP a été développée pendant les travaux de l’autoroute A89, « la Transeuropéenne » qui connecte Lyon à Bordeaux. Entre les années 2000 et 2006, cet observatoire a été mis en place avec l’objectif d’être un outil d’évaluation de la politique de « 1% Paysage et Développement », d’intégrer les infrastructures routières, de valoriser les paysages et le développement touristique de ce territoire (Enjelvin, 2017, p.2)6. Avec un co-financement porté par l’État, les départements concernés par l’autoroute, et le concessionnaire des infrastructures routière, l’OPTMC a créé un important corpus des photographies initiales et ses reconductions pendant six années consécutives. Bien qu’il y ait eu quelques directives de la part des acteurs de l’État commanditaire pour guider la sélection des sites à photographier, le choix final était laissé aux photographes de cette mission, Pierre Enjelvin et Christian Guy. Les images ont été prises sur les paysages visuellement associés au tracé de l’autoroute, mais aussi dans les espaces à quelques kilomètres de la voie routière, afin d’assurer le traitement de diverses problématiques du territoire possibles. « Les prises de vue ont été réalisées en hiver et jusqu’à l’arrivée du printemps. Ce choix a été guidé par plusieurs raisons qui visent pour la plupart à favoriser la lecture des images » (Enjelvin, 2017, p.5)7. Ensuite, un traitement original et complexe des données a été présenté 6 ENJELVIN, P, 2017 « L’Observatoire photographique de l’A89 : une démarche abandonnée au bord de l’autoroute » [en ligne] Projets de paysage. Revue scientifique sur la conception et l’aménagement de l’espace. N° 15 – L’observation et les Observatoires de paysage : quelles pratiques et quels dispositifs pour mettre en débat les relations entre les sociétés et leur environnement ?, mise en ligne le 13 janvier 2017, consulté le 25 février 2019. URL: https:// www.projetsdepaysage.fr/l_observatoire_photographique_de_l_a_89_une_d_marche_abandonn_e_au_bord_de_l_ autoroute 7 Idem, p.5

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Fig. 11 : Site internet OPP Autoroute A89 Source : http://poptmc.free.fr/

Fig. 12 : Analyse et bilan de la politique des sites protégés des départements de la Haute-Loire - Cyrille Marlin, Alexis Pernet, Juliette Tilliard-Blondel et l’OPTMC - © OPTMC -

Source : https://docplayer.fr/13850545-Cyrille-marlin-alexis-pernetpaysagistes-dplg-analyse-et-bilan-de-la-politique-des-sites-protegesdans-le-departement-de-la-haute-loire.html 30

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dans des publications scientifiques8 et sur le site internet de l’OPTMC9, pour montrer les différents changements dans le paysage routier et ses environnements. Il s’agit d’un outil d’analyse mis à disposition des chercheurs et des aménageurs du territoire, afin d’évaluer les actions passées et futures. Néanmoins, selon les membres de l’observatoire, aujourd’hui il n’y a pas beaucoup d’utilisateurs de ce dispositif. Pourquoi il n’y a pas des utilisateurs ? Quelles sont les raisons de ce manque d’utilisateurs? S’agit-il d’un manque de visibilité de l’observatoire sur les publications ? S’agit-il d’un désintérêt sur le sujet ou l’oubli de la part des commanditaires ? Dans les entretiens menés pour cette recherche on trouve quelques réponses des actuels acteurs de l’État qui n’étions pas à l’époque : « Je les ai mis en ligne, pour les faire connaître, via le “Réseau Paysage”, mais après, on n’a pas les utilisé plus que ça pour l’instant en tant qu’outil. (…) Parce que la question de paysage et des routes déjà c’est un sujet compliqué, bien qu’on serve un service des routes ici. Le lien avec le paysage n’est pas encore très claire (…) c’est ancien, et puis les équipes ont tellement tourné, c’est un problème dans l’administration, que ça tourne beaucoup et du coup les choses ont un temps de vie, et puis derrière la personne s’en va, et puis ils passent beaucoup de choses…» (Entretien à S. Doucet)10. Également, jusqu’à présent les besoins d’une nouvelle mission de reconduction des dernières clichés plus des dix ans après, ne trouve pas encore d’organismes intéressés, ni de financement. Puis, à la fin de cette mission, entre 2005 et 2010 d’autres travaux ont été faits par des membres de l’OPTMC en collaboration avec des paysagistes et chercheurs dans les prémices de l’Atlas du Paysage d’Auvergne. Il s’agit de l’analyse et bilan de la politique des sites protégés des départements de l’Allier et de la Haute-Loire11. Ce type d’expériences de participation de photographes des observatoires avec des techniciens et chercheurs du paysage laissent des productions qui semblent plus utiles et concrètes en tant que réseau pédagogique, de recherche et pour la production de politiques publiques paysagères plus précises. Ensuite, une des productions spéciales à l’OPTMC a été le développement d’enquêtes photographiques en tant que « medium pour faire parler les gens». 8 Projets de paysage. Revue scientifique sur la conception et l’aménagement de l’espace. N° 15 – L’observation et les Observatoires de paysage : quelles pratiques et quels dispositifs pour mettre en débat les relations entre les sociétés et leur environnement ?, mise en ligne le 13 janvier 2017, consulté le 25 février 2019. URL: https://www. projetsdepaysage.fr/l_observatoire_photographique_de_l_a_89_une_d_marche_abandonn_e_au_bord_de_l_ autoroute 9 Site internet de l’Observatoire sur l’Autoroute A89 http://poptmc.free.fr/ 10 Entretien avec Stéphanie Doucet. 29/05/2019 à Lyon 11 https://docplayer.fr/13850545-Cyrille-marlin-alexis-pernet-paysagistes-dplg-analyse-et-bilan-de-lapolitique-des-sites-proteges-dans-le-departement-de-la-haute-loire.html

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Fig. 13 : Carte de la Route Nationale 7 en France Réalisation C. Leon / Source : Géoportail

Fig. 14 : Carte de communes photographiés OPP+ Route Nationale 7 - Réalisation : C.Leon - Source : http://n7optmc.free.fr/

Fig. 15 : Route Nationale 7 à Bessay-sur-Allier © C. Leon 32

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Ainsi, différents chercheurs sont été servis des photos de paysage pour la concertation avec les habitants. Selon Pierre Enjelvin, on doit « arriver à se servir de ces images pour que les gens portent un regard critique sur ce que d’autres font à leur place »12. Néanmoins, il n’y avait pas une continuation et valorisation de ce type d’Observatoires à niveau national. Les instructions de l’Observatoire Nationale Photographique du Paysage étaient de « privilégier un démarche qui s’est voulu plus artistique » . Aujourd’hui, le regard original artistique s’est perdu dans une méthode qui est devenu modèle à suivre dans la plupart des OPP.

2.2 L’OPP de la Route Nationale 7 En 2007 l’OPTMC répond à la commande de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) d’un observatoire photographique sur la Route Nationale N° 7. Dans cette traditionnelle voie de vacances qui relie Paris à Menton, l’observatoire travaille à saisir les changements paysagers produits par les transformations et aménagements de cette infrastructure sur sa portion auvergnate. En effet, les premières prises de vue ont été faites par les photographes Pierre Enjelvin et Christian Guy sur le trajet de la « route bleue » qui passe par trois communautés de communes : Moulins communauté, VarennesForterre et le Pays de Lapalisse. « L’objectif de l’observatoire photographique de la RN 7 est de témoigner au rythme des reconductions photographiques, sur quelque 70 sites reconnus comme particulièrement sensibles, des changements et des évolutions qui vont apparaître, plus ou moins brutalement, dans les années à venir »13. Douze ans après, l’OPTMC est à nouveau commandité par la DREAL d’Auvergne-Rhône-Alpes pour faire les reconductions de ces images, avec le financement du Plan 1% Paysage et Développement. Les photographes en charge de cette mission de premières reconductions des clichés sont Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel. Le développement du transport de poids lourd sur la route durant ces années-là a déformé fortement l’image touristique classique de cette voie et la qualité de vie des villages qu’elle traverse a décliné. L’idée serait de documenter cette problématique et les premiers changements produits par la déviation de la RN7 dans certains 12 13

Entretien avec Pierre Enjelvin. 27/05/2019 à Montpeyroux Site internet de l’OPTMC http://optmc.fr/

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Fig. 17 : Reconduction photographique à Yzeure - OPP RN7 OPTMC © P. Enjelvin

Fig. 16 : Reconduction photographique à Varennes-sur-Allier, Chazeuil, depuis la Chapelle / OPP RN7 - OPTMC © C. Leon

Fig. 18 : Diachronie photographique OPP Route Nationale 7 - OPTMC - © Pierre Enjelvin et Christian Guy 2007 / © Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel - 2019 / Registre de reconductions © C.Leon 34

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endroits avec les nouvelles photographies qui sont reconduites, et repérer les lieux pour des futures reconductions. L’occasion de participer aux travaux de l’OPTMC et à cette mission offre des expériences très riches dans le but d’avoir un regard plus complet. Ainsi, l’analyse des séries photographiques apporte d’autres éléments avec l’expertise de reproduire la photo in situ, être dans le terrain et maîtriser les outils et mécaniques pratiques; percevoir les sons naturels ou artificiels, la météo de la journée, les mouvements autour du cadre de l’image. Pendant les différentes sorties sur le terrain à des fins de repérages et reconductions photographiques, on vérifie les grands changements dans les endroits où ont eu lieu les déviations de la route au long années, des cicatrisations de terrains et d’usages variées, des nouvelles occupations du sol urbain et rural, les changements de bâtiments et des activités. En revanche, d’autres lieux sont restés identiques pendants cette décennie, même en souffrant des difficultés du fort trafic de poids lourd traversant les villages. On est dans un territoire qui change lentement du point de vue de la morphologie urbaine, comme de l’activité sociale et économique. Ces parcours apportent un contact direct avec le territoire en traversant beaucoup de kilomètres, en passant par les zones péri-urbaines et rurales, en percevant les caractéristiques des paysages et leurs modifications dans le temps, la végétation changeante, les traditionnelles haies préservés ou pas, les cultures en expansion, les petites villes qui se succèdent. Pendant que l’on fait les reconductions, on parle avec les habitants qui montrent un sentiment d’incertitude envers le changement, le silence, le calme qui arrive, un possible abandon pour les commerçants. Il y a une coexistence avec l’incroyable circulation de camions qui semble statique dans le temps. Ensuite, faire les repérages des anciennes photos réalisés par d’autres personnes il y a douze ans a été une sorte de chasse au trésor, avec une carte et quelques légendes. On a dû deviner les points de prises de vue, au-delà du simple tâtonnement de certains lieux, à d’autres endroits les modifications ont été beaucoup plus difficiles et surprenantes. Pour trouver le cadrage exact on a eu l’aide de la focale de l’appareil photo pour chaque cliché. La méthode demande à respecter la date, l’heure et les conditions météorologiques de la prise de vue originale; mais avec un critère général de préservation des éléments plus pertinents pour montrer les grands changements du paysage dans la photographie. 35


Fig. 19 : Reconduction photographique à Toulon-sur-Allier OPP RN7 - OPTMC © C. Leon

Fig. 20 : Reconduction et repérage à Moulins - OPP RN7 - OPTMC © C. Leon

Fig. 21 : Diachronie photographique OPP Route Nationale 7 - OPTMC - © Pierre Enjelvin et Christian Guy 2007 / © Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel - 2019 / Superposition et analyse : C.Leon 36

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L’importance de cette méthode et technique très développées dans les observatoires photographiques du paysage, est de donner une continuité aux images intentionnelles mais avec objectivité, pour ensuite effectuer différentes analyses selon les problématiques établies. En plus de chaque série de photos d’un site donné (l’original et ses reconductions de chaque année), on produit un ensemble des séries sur un lieu pouvant donner une analyse territoriale plus vaste et intentionnelle, et qui pourrait servir comme argument pour expliquer les transformations dans les paysages. La production de ces analyses se fait à un autre moment, on ordonne les clichés et on les développe, puis on doit faire les fiches de prise de vue, avec toutes les informations de la photographie et le plan du site pour les futures reconductions. On doit également compléter l’archivage numérique et sur le site d’internet, avec l’étude de chaque cliché selon une liste de mots clés ou ensemble de paysages qui découlent des dynamiques paysagères et de ses évolutions. En regardant les images, on peut apercevoir les mutations produites au fil du temps entre une même prise de vue. En effet, plusieurs clichés montrent comment les camions qui avant étaient partout, n’apparaissent plus maintenant. Par contre, sur d’autres photos ils continuent à être présents comme avant (on peut les attendre pour recréer la photo d’origine à l’identique). En outre, on peut trouver des modifications plus importantes comme des maisons démolies pour construire des grands bâtiments commerciaux, ou simplement pour le passage de la nouvelle route. Simultanément, on peut voir d’autres transformations comme de nouveaux aménagements de l’espace urbain ou la croissance de la végétation. Mais aussi, il y a des cas où une nouvelle végétation pousse et finit par masquer l’image originale, perdant son sens initial. Parfois le changement qu’on trouve au moment de refaire le cliché est étonnant celle qu’elle nous offre à voir. Comme dans le cas de la démolition d’un bâtiment qui permet de redécouvrir la façade du château de Lapalisse. On voudrait que le temps s’arrête ainsi que la nouvelle construction qui apportera le même effet antérieur. À quoi sert d’être témoin de ces changements si après on ne peut rien faire ? D’ailleurs, les différences sont trop petites, presque imperceptibles, mais quand elles sont mises l’une à côté de l’autre elles apportent des modifications majeures. Donc, il faudrait regarder donc toutes les séries d’images pour mieux comprendre les transformations sur le territoire. Par 37


Fig. 22 : Réperage pour reconduction photographique Château de Lapalisse - OPP RN7 - OPTMC © C. Leon

Fig. 23 : Diachronie photographique à Lapalisse - OPP Route Nationale 7 - OPTMC - © Pierre Enjelvin et Christian Guy 2007 / © Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel - 2019 / Superposition et analyse : C.Leon

Fig. 24 : Diachronie photographique OPP Route Nationale 7 - OPTMC - © Pierre Enjelvin et Christian Guy 2007 / © Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel - 2019 / Superposition et analyse : C.Leon 38

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exemple, on peut se focaliser sur le remplacement de lampadaires dans plusieurs villages pendant cette décennie; et aussi, sur les déplacements de certains panneaux signalétiques en bord de route, qui finissent par sortir du cadre des images reconduites. S’agit-il de coïncidences ? Ou plutôt de l’évidence des actions conjointes d’aménagement dans une même région? Les images produites par l’Observatoire provoquent multiples réflexions et questions, qui pourraient nous guider vers futures recherches. En outre, pendant les prises de vue les habitants arrivent, pleins de curiosité, et ils participent nous racontant des anecdotes et des histoires, elles nous aportent autant que d’autres données pour comprendre les changements dans chaque paysage. Il est vrai que ces informations pourraient apparaître dans les informations complémentaires du « hors cadre » que propose la méthode des OPP : le carnet de route, la grille d’analyse ou les archives des itinéraires réalisés par des comités de pilotage; mais dans la pratique concrète, elles n’ont pas la même approche phénoménologique de l’expérience vécue. La riche production de nouvelles photographies en plus des images originales de chaque série, donnent de multiples combinaisons possibles pour l’analyse des évolutions du paysage. On peut faire des classements par problématiques, mots clés, communes, etc., comme montre le site internet de l’OPTMC . D’autres groupements peuvent être réalisés en fonction des modifications de l’axe de circulation sur la route ou des variations du type de trafic dans le cas où la déviation aurait déjà été faite ; les bâtiments démolis ou construits, la végétation qui a poussé, des nouvelles activités, etc. On peut voir également dans un graphique de statistiques, réalisé avec les images diachroniques, que dans 70 % des photos il y a des changements évidents, certains attendus et d’autres pas prévus. Cependant, le travail de l’OPTMC ne finit pas avec la production et analyse des images. Il participe aussi à d’autres espaces d’échange avec différents acteurs de l’aménagement du territoire, comme des ateliers avec les représentants de l’aménagement du territoire de l’État, des élus et des techniciens. Le travail de concertation sur les différentes échelles du plan « 1% Paysage et Développement » autour de la RN7 demande la participation de l’OPTMC comme autre acteur et avec des contributions importantes. En effet, l’observatoire offre un regard une documentation objective produite avec une méthode rigoureuse d’observation destinée à l’analyse territoriale du paysage au fil du temps. Néanmoins, il semble que 39


Fig. 25 : Diachronie photographique à Moulins - Yzeure / site RN7_3334 - OPP RN7 -© Pierre Enjelvin et Christian Guy 2007 / © Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel - 2019 / Superposition et analyse : C.Leon 40

Fig. 26 : Images aeriennes du site 3334 à Moulins-Yzeure. 2002, 2008, 2015, 2016, 2017, 2018 - Réalisation : C.Planchat et C.Leon - Source : Google Earth

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l’OPTMC14 et toutes ces données à grand potentiel ne sont pas vraiment pris en compte par certains acteurs. Est-ce que leur valorisation en tant qu’outil a changé ? Pour comprendre les problématiques actuelles des OPP et de l’OPTMC en particulier, divers entretiens ont été conduits avec des acteurs commendataires de l’État pour les missions de l’observatoire. On constate comme à leur début, il y a eu beaucoup plus d’intérêt à effectuer ces registres du territoire. Par exemple, dans l’entretien à Juliette Tilliard-Blondel, à ce moment-là Chargée de mission sites et paysages DIREN Auvergne, nous raconte qu’entre les années 2005 et 2011, elle a commandé certaines missions à l’OPTMC. « À l’époque on a commencé à monter en puissance toute la dimension de l’évaluation environnementale. Il y a eu directives européennes qui ont commencé à dire: ‘c’est bien les politiques publiques et l’environnement, il faut évaluer pour savoir si l’argent qu’on met c’est utile ou pas à l’environnement » (Entretien à J. Tilliard-Blondel)15. Bien qu’aujourd’hui certains acteurs montrent de l’intérêt pour relancer les OPP dans la région d’Auvergne-Rhône-Alpes comme un « réseau régional des différents acteurs d’observatoires photographiques (...) pour fédérer un peu les acteurs, partage d’expériences, et s’enrichir de travail des uns et des autres » (Entretien à S. Doucet )16, ces dernières années la grande structure bureaucratique et les changements de directeurs responsables de prendre certaines décisions ont approfondi le manque d’utilisations des données produites ou de continuité des reconductions. Ce manque de visibilité des OPP se constate aussi avec quelques techniciens consultés, bien qu’ils connaissent l’apport potentiel d’un observatoire photographique, il semble qu’ils ne profitent pas de cet outil précieux et continuent à utiliser Google maps ou Street view pour mieux connaître un territoire avant de faire de la conception paysagère. Mais, sont-ils comparables à un OPP ? Donnent-ils un regard réflexible sur les évolutions paysagères ? Selon l’opinion de certains acteurs de la DREAL interviewés, ces nouveaux outils numériques ne sont pas comparables avec un OPP, car ils n’offrent pas les séries de différentes années. « Google maps est plus du repérage, mais on n’a pas cette visualisation dans le temps, on n’a pas des reconductions des OPP» 14 http://optmc.fr/ 15 Entretien avec Juliette Tilliard-Blondel. 11/04/2019 à Clermont Ferrand 16 Entretien avec Stéphanie Doucet. 29/05/2019 à Lyon

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Fig. 27 : Tableau de types de changements (à gauche) - Tableau statistiques : changements 70% - pas de changements 30% (à droite) / OPP Route Nationale 7 OPTMC - Réalisation : C.Leon - Source photos OPP RN7 © Pierre Enjelvin et Christian Guy 2007 / © Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel - 2019 42

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(Entretien à S. Doucet)17. Mais, cela commence à apparaître sur certaines plateformes. Une image plus humaine, non robotisé, et surtout l’analyse à plusieurs échelles, sont les avantages qu’offrent les OPP. Mais aussi, la valeur des observatoires est sa production à fil du temps, et sa propre temporalité est variable. Comme propose Claire Planchat, présidente de l’OPTMC : « Je pense qu’un observatoire a sa fonction de base qui est, justement penser le temps; et que plus il le fait il y a longtemps, plus il va devenir intéressant (…) mais on ne sait pas qui va à re-ouvrir les observatoires; et c’est ça qui fait peur, et c’est ça où je me dis, notre association, elle doit être une église de ça, ou quelqu’un qui rappel qui ça existe » (Entretien à C. Planchat)18. Dans le même sens, Stéphanie Doucet, actuelle Chargé de Paysage à la DREAL AURA, envisage aussi des futures utilisations pour les OPP : «Toutes ces photos qui sont faites finalement, même si on ne les utilise pas maintenant à un moment donné pour les reconductions, peut-être que dans cent ans, on va les trouver et on sera étonné, ils méritent d’exister et il faut pas les perdre » (Entretien à S. Doucet)19. Il est à souhaiter que la production visuelle de 30 ans des Observatoires : un vaste archive des évolutions du paysage français, soit dignement valorisé dans le futur.

2.3 L’ODP de la Chaîne des Puys et Faille de Limagne Récemment, quelques membres de l’OPTMC ont aussi participé à la création de l’Observatoire Dynamique des Paysages de la Chaîne de Puys et Faille de Limagne. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une commande publique directe comme dans les cas déjà mentionnés, cet Observatoire est constitué par les photographes Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel, mais se complète également avec la géographe-sociologue et présidente de l’OPTMC Claire Planchat, outre une paysagiste associée. Entre les années 2017 et 2018, ce paysage particulier a été classé en tant que patrimoine mondial UNESCO. Ce dans cet observatoire qu’on peut envisager un autre type de temporalité. Un observatoire photographique à différents moments de l’année qu’inclus aussi d’autres données sensorielles, ce qui nous permet de saisir la valeur universelle de ce paysage géologique majeur. La première production est une archive de 310 images en 2017, d’où on 17 18 19

Entretien avec Stéphanie Doucet. 29/05/2019 à Lyon Entretien avec Claire Planchat. 27/05/2019 à Issoire Entretien avec Stéphanie Doucet. 29/05/2019 à Lyon

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Fig. 28 : Particitation de l’OPTMC - atelier DREAL “1% Paysage, développement et cadre de vie” à Villeneuve-sur-Allier DREAL - atelier avec des elus, bureau d’étude et DREAL à Varennes-sur-Allier - © C. Leon

Fig. 29 : Observatoire Dynamique des Paysages de la Chaîne de Puys et Faille de Limagne 2017 et 2018 © Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel 44

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a fait ensuite une sélection de 160 environ pour la première reconduction en 2018. En plus, une base de données avec un catalogue de thématiques paysagères, un thésaurus des objets signifiants, des ateliers pour la préparation de futures campagnes de reconduction et d’autres informations complètent cet observatoire. Des nouvelles reconductions sont faites par d’autres acteurs à partir de 2019 et il est envisagé de créer un site internet pour la publication et l’analyse des données. Pour conclure, on peut trouver différentes manières d’analyser les temporalités dans les démarches de l’OPTMC. Bien qu’ils travaillent toujours avec la méthode de reconduction des images à des moments précis chaque année, dans les trois expériences exposées, on peut trouver différents changements dans le paysage. En premier lieu, pendant l’observatoire de la A89, des images faites sur un territoire en processus de changement concret, comme celle de la construction routière, donne sept images par site prises chaque année, où on peut apercevoir une évolution temporelle régulière, mais délimitée entre 2000 et 2006, sans continuation actuelle. En deuxième lieu, seules deux images pour chaque site de l’observatoire RN7 dans certains cas indiquent des changements très importants avec douze ans de décalages (sans en savoir beaucoup sur leur déroulement, il manque des explications avec un suivi plus fréquent des scènes). En troisième lieu, un nouvel observatoire montre deux images à un an d’intervalle, avec peu de changements visibles. Seulement la variation de la fréquentation des usagers ou des changements plus anecdotiques, mais saisis à différents moments de l’année permettent de voir les variations saisonniers du territoire. Ainsi le contexte d’un paysage géologique datant de 8.000 ans, peut donner d’autres informations plus précises pour des chercheurs spécialisés en géographie volcanique. Les longues temporalités sont bien présentes dans cet OPP, mais sontelles toutes nécessaires pour bien comprendre les évolutions du paysage ? Est-il possible que les OPP puissent ajouter d’autres types de registres temporels pour enrichir sa production ?

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Fig. 30 : Observatoire de la marée et de l’estran à Damgan - 2011 Observatoire Photographique des Paysages du Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan © David Lédan 46

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La contribution d’un autre OPP Si l’on considère les procédés des OPP d’une manière un peu plus flexible, on peut montrer d’autres mesures du temps ; pas seulement celles des années, mais aussi les temps d’une journée ou les événements spéciaux des habitants, des enjeux que sont aussi des éléments pour l’analyse paysagère et territoriale, des réalités d’une temporalité quotidienne qui échappent à un registre annuel. En effet, une expérience très rare dans les OPP se déroule dans une partie du travail de l’Observatoire Photographique des Paysages du Golfe du Morbihan. Cet observatoire dans le Parc Naturel Régional du golfe du Morbihan a développé des séries non trop publiques encore, pensées par le paysagiste Clément Briandet et le photographe David Lédan, qui montrent d’autres types de séquences temporelles. En effet, dans l’Observatoire de la marée et de l’estran, des séries sur ces paysages sont réalisées pendant le temps de changement d’une marée haute à basse, soit six heures environ, avec des photographies faites tous les 15 minutes. La plus connue de ces séries est celle de Damgan, un registre très intéressant pour l’analyse des activités humaines dans un milieu littoral, comme celle de la pêche à pied, et simultanément on résume en quelques images les mouvements cycliques des marées. Cette production montre une autre approche pour l’analyse paysagère au fil du temps. Également dans cet observatoire, une autre série montre les variations de fréquentation touristique qui fluctuent chaque mois, dans un endroit comme le château du Soucinio, où on peut démontrer avec des images comment un parking est presque vide en janvier et complètement bondé en juillet. De même, une série d’images montre la séquence de transformations du paysage de chaque journée à l’île Tascon. Des prises de vues toutes les 15 minutes exposent comment avec le niveau d’eau basse un chemin submersible pour le passage de personnes et voitures apparait pour quelques heures, avant d’être caché à nouveau par la mer. Cependant, les petites structures de ces observatoires, comme dans le cas de l’OPTMC, ont souvent de problèmes de financement pour certains projets qui empêchent les développements et diffusion de ces types de recherches. Mais aussi pour l’utilisation des données déjà produites, comme il est déjà mentionné. Est-il nécessaire que les observatoires s’adaptent à d’autres manières d’observer le paysage? Est-ce que l’on doit 47


Fig. 31 : Observatoire de la marée et de l’estran à Tascon - 2011 Observatoire Photographique des Paysages du Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan © David Lédan 48

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penser les observatoires comme des structures plus polyvalentes dans cette nouvelle époque? Est-il possible que la méthode OPP présente des limites pour apporter une autre production ? Il est possible de penser des observatoires avec une méthode flexible, sans perdre le caractère scientifique et documentaire, puisse aider à améliorer les résultats. Mais il faut avoir des définitions plus claires sur les objectifs de chaque observatoire et sur comment et par qui seront utilisées les données produites. Le travail des OPP serait-il plus efficace et valorisé s’il était conçu dans le cadre des projets ou recherches spécifiques. Les exemples sur l’Allier, la Haute-Loire et la Chaîne de Puys montrent quelques résultats de ce type du travail en collaboration avec les chercheurs. Quelles sont les autres échelles du temps indispensables aux chercheurs ? Quelques-unes de ces rechercher spécifiques pourraient être : dans le cas d’un botaniste imaginer les différents besoins de mesurer l’éclairage à des divers moments d’une journée ; ou dans le cas d’un paysagiste quels seront les usages de certains espaces publics pour ainsi penser son aménagement futur.

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Fig. 32 : Variations saisonnières / Source : Bäume_Jahreszeit_2013.jpg httpsupload. wikimedia.orgwikipediacommonsthumb992B%C3%A4ume_Jahreszeit_2013. jpg1024px-B%C3%A4ume_Jahreszeit_2013 50

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II.- Les temps du paysage en dehors des OPP 1.- Les temps du paysage Quelques dimensions temporelles du paysage ont été exposées dans les réflexions précédentes mais il y a d’autres facettes possibles en dehors des OPP. En élargissant le champ de l’analyse, d’autres acceptions apparaissent. Il est possible de concevoir les temps dans le paysage à travers différents axes d’approche. Tout d’abord, nous pouvons percevoir un axe biologique, par rapport à la nature et l’environnement. Ainsi, le caractère objectif du paysage varie autant au fil de la journée que lors des cycles saisonniers, modifiant les formes, les couleurs et les textures, modifiant le mouvement de l’eau et du vent ; même au fil des années, le développement de la vie biologique est en train de muter. Les aspects visibles prédominent mais ils ne sont pas les seuls. Les changements produits par le cycle de chaque journée sont appréciables surtout en fonction des conditions de la lumière des ambiances et des variations ++, l’éclairage solaire ou les formations de la nébulosité. Mais les variations astronomiques sont aussi responsables d’autres phénomènes de mutations dans le paysage, notamment les niveaux des marées et des estrans dans les milieux littoraux. Les variations saisonnières constituent un autre processus plus complexe. Ainsi, la durée et l’intensité de l’éclairage modifient la perception du milieu mais elles changent aussi les caractéristiques de la végétation à feuilles caduques et la visibilité d’autres objets masqués. Au contraire, dans les zones tropicales, la masse végétale est continue et sans variations trop visibles. Pourtant, ces changements sont différents lorsqu’il s’agit de paysages anthropiques. Dans les villes, l’éclairage présent au coucher du soleil se prolonge et se transforme avec la lumière artificielle. Les rythmes du travail humain varient les usages et les fréquentations des espaces, avec d’autres registres des saisons qui changent le paysage urbain (Ormaux, 2005, p.92)1. 1 ORMAUX S., 2005, « Le paysage, entre l’idéel et le matériel », in Droz Y. et Miéville-Ott V. (dir.) La Polyphonie du paysage, Paris : PPUR. pp. 71-99

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Fig. 33 : Variations météorologiques © Pierre-Alain Heydel / Source : https:// www.pa-heydel.fr/portfolio/paysages-architecture/ 52

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De plus, les autres perceptions sensorielles accompagnent les évolutions temporelles paysagères visuelles. Par exemple les sons de quelques oiseaux en période de migration, les parfums de certaines floraisons, les variations de température à cause du réchauffement climatique. D’autre part, nous pouvons envisager un deuxième axe en lien avec l’artialisation et la définition du Paysage proposée par certains auteurs comme Alain Roger2. L’intervention de l’art dans la transformation du pays en paysage, a continué et a été modifié au cours du temps. Les modifications de la vision subjective du concept du paysage sont interconnectées avec l’être humain, qui est à la fois observateur et participant. Dans la mesure où l’homme change, il change aussi ce qu’il voit et considère comme paysage. Ainsi, il y a une dimension temporelle par rapport à la somme des empreintes qui sont collectées dans le temps, les traces qui relient l’être humain à l’environnement, du passé, du présent et même du futur. Comme nous avons vu, les OPP sont une manière efficace de montrer certaines transformations dans le paysage, mais il y a d’autres chemins possibles pour arriver à ce but. L’élément d’expression des OPP, la photographie, a montré différentes manières d’évolutions paysagères en dehors de cette structure actuelle. Mais encore d’autres formes artistiques comme la peinture et le cinéma peuvent montrer des perspectives divergentes sur la ligne du temps.

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ROGER, A., 1997, « Court traité du paysage », Paris : Gallimard, 199 p.

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Fig. 34 : Série la cathédrale Notre Dame de Rouen 1892 - 1894. C. Monet / Source : httpslearningmojo.files.wordpress.com201401monet-rouen-cathedral

Fig/ 35 : Série « La vida de un dia » (La vie d’une journée) 1917. F. Fader / Source : httpswww.google.comsearchq=Fernando+Fader+%E2%80%93+serie+la+vida+de+un+dia++1917+museo+castagnino+banderas&client=firefox-b-d&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved= 0ahUKEwjKyPaw0IHjAhWHbsAKHc7eCskQ_AUIECgB&biw=1536&bih= 54

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2.- Le temps du paysage dans la peinture L’art pictural a conçu les origines esthétiques du paysage occidental (Roger, 1997)3. Malgré la plupart des représentations du paysage selon une « vision statique dans l’espace et figée dans le temps » (Ormaux, 2005, p.90)4, quelques peintres se sont intéressés à saisir les phénomènes complexes des changements paysagers. Il y a certainement beaucoup des études sur la notion du temps dans la peinture qu’il aurait fallu développer, mais n’est pas le principal but de ce travail. Ensuite nous allons présenter trois exemples qui bien avant que les OPP aient représenté différentes temporalités dans leurs peintures. Bien que la peinture du romantisme ait produit les premières œuvres de certains panoramiques pittoresques et sublimes, c’est la peinture impressionniste qui a réussi à reproduire les changements des paysages. «Les impressionnistes remirent en cause le permanent, le stable, le contour délimitant l’objet. Ils s’attachèrent à la traduction de la lumière changeante qui décompose les objets en taches de couleurs éphémères, en intensités frémissantes en reflets habiles » (Ormaux, 2005, p. 91)5. Un des exemples les plus connus de ce type de recherche à travers la peinture nous est donné par la série des tableaux réalisés par Claude Monet représentant la cathédrale Notre Dame de Rouen entre 1892 et 1894. Il s’agit de plus de 20 peintures faites depuis le même point de vue en face du portail de la cathédrale à différents moments de la journée pendant plusieurs jours. Ces peintures montrent des variations de lumière sur les textures du bâtiment mais aussi différents accents de netteté et des couleurs de chaque image. Ce sont des représentations très sensorielles qui semblent transmettre l’ambiance et la température de chaque moment, une approche phénoménologique enrichie par l’ensemble que composent tous les tableaux. Quelques années plus tard, Fernando Fader a fait une autre série picturale d’un paysage rural en Argentine. Depuis le même point de vue, il montre les variations de l’éclairage pendant la journée et la manière dont ce phénomène change la perception des objets exposés à cette lumière. Mais 3 ROGER, A., 1997, « Court traité du paysage », Paris : Gallimard, 199 p. 4 ORMAUX S., 2005, « Le paysage, entre l’idéel et le matériel », in Droz Y. et Miéville-Ott V. (dir.) La Polyphonie du paysage, Paris : PPUR. pp. 71-99 5 Idem

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Fig. 36 : « Rakuchu-Rakugai zu » Vues à l’intérieur et à l’extérieur de l capitale, Kyoto - Détail / 1561 - 1562. K. Eitoku / Source : https://www.kyohaku.go.jp/eng/dictio/ kaiga/46rakuchu.html

Fig. 37 : « Rakuchu-Rakugai zu » -Vues à l’intérieur et à l’extérieur de l capitale, Kyoto/ 1561 - 1562. K. Eitoku / Source : https://www.kyohaku.go.jp/eng/dictio/ kaiga/46rakuchu.html 56

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il exprime également le mouvement des nuages et les différentes nuances de la couleur du ciel, comme une évidence des variations météorologiques quotidiennes. Le cas de la peinture orientale apporte une vision sur la temporalité un peu plus complexe. Parmi le riche monde de l’art d’Orient, nous trouvons des peintures japonaises qui ont réalisé ses peintures en paravents, portes coulissantes ou en rouleau ; tous ceux ont la notion de mouvement inclus. Les paravents et portes coulissantes décorés en peinture se déplacent au moment de sa fonction d’accès aux espaces ; tandis que le rouleau oblige le mouvement de l’observateur pour dérouler le tissu, continuer la lecture et vision de dessins en tant que se faire visible la séquence suivante de l’histoire. Entre 1561 et 1562, le peintre de Kano Eitoku a réalisé son œuvre «Rakuchu-Rakugai zu » (Vues à l’intérieur et à l’extérieur de la capitale, Kyoto). Il s’agit de deux paravents à six feuilles où est représentée la ville de Kyoto depuis le point de vue élevé du palais impérial, couvert des nuages en or. Le grand niveau de détail complet la temporalité qui montre, ainsi nous pouvons regarder les quatre saisons d’un extrême à l’autre du tableau. La notion du temps est aussi présente dans les représentations des scènes d’évènements traditionnels japonais, comme des bandes dessinées. En intéressante synthèse représente différentes couches du temps dans une même image. Nous verrons ensuite des œuvres semblables depuis la photographie.

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Fig. 38 : « Cheval blanc monté », 1886 © É.-J. Marey / Source : https://upload.wikimedia. org/wikipedia/commons/3/3a/%C3%89tienne-Jules_Marey%2C_Cheval_blanc_ mont%C3%A9%2C_1886%2C_locomotion_du_cheval%2C_exp%C3%A9rience_4%2C_ Chronophotographie_sur_plaque_fixe%2C_n%C3%A9gatif.jpg

Fig. 39 : « Four views from four times and one shoreline, Lake Tenaya » 2002 © Muybridge, 1872 / Ansel Adams, c. 1942 / Weston, 1937 / Klett and Wolfe, 2002 / Source : http://www.markklettphotography.com/yosemite-in-time/2lsw1mj276 vc8fhrhpj6f5hytscr3g 58

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3.- Le temps du paysage dans la photographie Parallèlement aux réflexions réalisées sur les OPP et leurs photographies, d’autres types d’enregistrements d’images montrent le passage du temps depuis des espaces plus « libres » des structures méthodiques. À la fin du XIXe siècle et grâce aux expériences de Marey et Muybridge, la chronophotographie a démarré pour des recherches scientifiques et documentaires. Cette technique enregistre en images successives les mouvements des objets qui échappent à la vision humaine, que ce soit en mouvements de courte ou longue durée. « Que le mouvement soit rapide ou lent, la photographie est utilisée pour rendre visible un changement invisible » (Lebart, 2000)6. Les expériences initiales de cette technique destinée à montrer les mouvements rapides des objets, animaux ou humains, seront aussi utilisés pour saisir les mouvements lents du paysage, par exemple dans la lutte contre l’érosion des montagnes à la fin du XIXe siècle. Le type de mouvement qu’on veut saisir définit l’intervalle de temps entre chaque répétition d’image, mais aussi les quantités de photos nécessaires pour montrer le mouvement, c’est-à-dire les changements. Ainsi, comme nous l’avons déjà développé, la rephotographie est utilisée pour saisir les variations dans le paysage, avec peu d’images pour être plus concret et synthétique. Tandis que les OPP proposent de refaire les images à intervalles réguliers, généralement annuels, en créant plusieurs séries de photos, aux États-Unis on trouve d’autres manières d’exposer ces changements à intervalles de longue durée. Trois époques du paysage se superposent dans l’œuvre du photographe géologue américain Mark Klett. Une première production d’images est saisie par d’autres photographes, O’Sullivan, Jackson et Russel, dans la mission d’exploration de l’Ouest américain entre 1860 et 1880. À la fin des années 1970, ces photos seront reproduites selon le même angle de prise de vue par Mark Klett et ses collaborateurs dans le Rephotographique Survey Projet, pour créer une diachronie photographique de très longue temporalité.

6 LEBART L., 2000, « Chronophotographie et évaluation », in Séquences Paysages N°2, Revue de l’Observatoire photographique du paysage. Ministère de l’Environnement, Paris : Hazan. pp 6-10.

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Fig. 40 : View from the handrail at Glacier Point overlook, connecting views from Ansel Adams to Carleton Watkins, 2002 Š Watkins, 1861 / Ansel Adams, c. 1935 / Mark Klett and Byron Wolfe, 2003 / Source : http://www.markklettphotography. com/yosemite-in-time/6bcgtg3uc5za5r8900qqyriztap12q

Fig. 41 : Tempus fugit - Miroir-20091003 Š J. Buchholtz/ Source : http:// photopaysage.huma-num.fr/jeremie-buchholtz/ 60

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Puis, dans les années 2000, Klett propose un nouveau concept qu’il appelle l’image enchâssée, « Embedded image », où la photo d’origine se superpose au paysage qui va être rephotographié, pour voir plusieurs réalités historiques et temporelles. De plus, quelques montages sont faits pour enchainer différents points de vue anciens avec leurs nouvelles photos. Dans certains panoramas du Parc Yosemite, le photographe superpose des clichés anciens de différents auteurs et époques dans leur propre panoramique, indépendamment de la déformation de ses images. Ainsi, les différentes échelles temporelles du paysage sont exposées dans une seule image d’une grande synthèse et vision artistique, créant un nouvel espace-temps. Pour le chercheur Alexander Streiberger ce type de travail est l’évidence de notre réalité actuelle, où « le temps cesse d’être continu, d’être conçu comme un évènement linéaire, en faveur d’une stratification et d’une condensation de plusieurs couches temporelles perçues simultanément »7. Le travail de Jérémie Buchholtz et ses séries « Tempus fugit » constituent une autre expérience nous aidant à saisir en photos les changements rapides. Comme l’explique le photographe, ce sont « des images de grands formats où l’on voit le même lieu revenir jusqu’à une centaine de fois avec un cadrage identique. La différence entre deux images est créée par la notion de temps, de lumière et d’activité humaine »8. L’analyse de ces séries sur différentes villes et cultures illustre des changements de courte durée, de quelques heures ou d’une journée complète, dans la limite entre la chronophotographie et la vidéo en time lapse. Grâce à ce travail, on peut transmettre les changements de la lumière du soleil sur les volumes et textures des bâtiments et voir comment cela change la perception chromatique des objets, comme dans son œuvre « Tempus fugit 20140305 » à Chefchaouen, au Maroc. De plus, il est très efficace pour comprendre les divers usages et usagers des espaces publics avec leurs manifestations culturelles et sociales ; c’est le cas de certaines séries faites dans des places, des marchés ou des plages. La présence humaine et son interaction avec les variations paysagères est 7 STREIBERG A., 2018, « Excaver le temps. Naviguer à travers de paysages photographiques » ou « Enbedded time. Le temps démultiplié de la rephotographie» in : Le paysage temps photographié. Vidéo du colloque international organisé par le CIEREC, à l’Université Jean Monnet Saint-Etienne, 22 et 23 novembre 2018. URL : https:// www.youtube.com/watch?v=QHlLE9N3_gw&list=PLpEMKw8jHgdTbTM3rSRajnCur3xtTy56I&index=3&t=0s 8 POUSIN F., 2017, « Entretien à Jérémie Buchholtz », janvier 2015, inédit, in PhotoPaysage. URL : http:// photopaysage.huma-num.fr/jeremie-buchholtz/

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Fig. 42 : 34 km en vÊlo - Depto. Caseros et San Lorenzo, Prov. de Santa Fe Š G.Frittegotto / Source : http://proyectointemperie.com/ 62

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un sujet qui échappe dans la plupart des registres des OPP, mais c’est un élément très important pour comprendre le présent et réfléchir à la conception paysagère des futurs changements territoriaux. La publication commandée par la commune de Belfort présente de sa part une production différente. « Les quatre saisons du territoire » sont quatre livres où un même territoire a été saisi par le regard artistique de différents photographes. La commande de la commune ne propose pas la diachronie des OPP, mais des parcours par des endroits particuliers, urbains et ruraux. C’est l’ensemble des diverses images sur un même paysage qui lui donne son identité et permet aussi de comprendre ses dynamiques au fil des temps saisonniers. Pour conclure, un dernier cas sans aucune structure formelle montre la quasi absence de changements dans la pampa argentine. Gustavo Frittegotto fait ses photographies panoramiques des champs en monoculture pendant des années ; nous y trouvons le désert vert de soja et de petits boisements dispersés comme la base des clichés. Les variations se trouvent dans les aléas météorologiques, les éclairages et les différents types de nuages pendant la journée. C’est un registre des ciels, plutôt que des terres. Les images du vide caractéristiques de cette région se succèdent périodiquement, sans respecter le même point de vue, mais avec l’homogénéité que donnent le paysage et une balade à vélo quotidienne du photographe. Les séries se complètent par des publications régulières dans un réseau social et le site internet du collectif « Proyecto Intemperie ».

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Fig. 43 : Image du film « La Jetée » de C.Marker / Source : https://www. centrepompidou-metz.fr/sites/default/files/imagecache/img-zoom/jaquettes/ web_marker-lajetee-10-531154.jpg.crop_display.jpg

Fig. 44 : Image du film « L’ère industrielle: Métamorphoses du paysage E.Rohmer / Source : https://i.ytimg.com/vi/Y5SownGkJWs/hqdefault.jpg 64

» de

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4.- Le temps du paysage dans le cinéma Au moment de réfléchir au temps et l’image, le cinéma est une voie alternative pour penser la notion du temps dans le paysage. Bien que le cinéma soit l’image en mouvement à travers la structure narrative et que le mouvement se montre comme le temps, il y a certains films qui dévoilent des mesures du temps dans le paysage, ce qui pourrait servir à l’analyse de ce travail. Parfois les films ne montrent pas de paysages en images traditionnelles, mais des paysages culturels d’une période temporelle de l’humanité. Le cinéaste et photographe Chris Marker montre toujours des manières singulières d’apprécier le temps à travers les histoires et les personnages, la mémoire du passé et les rêves du futur. Dans son célèbre film « La Jetée » (1962), à travers un diaporama de photographies en noir et blanc, il raconte une histoire où le voyage dans le temps mélange différents moments des personnages si bien qu’on se perd dans diverses réalités. Un autre film de Marker, « Le souvenir d’un avenir » (2001), dans ce cas avec Yannick Bellon, développe une dimension temporelle de la culture et la société de l’entre-deux-guerres. « Denise Bellon a saisi ce moment singulier, où un après-guerre devient un avant-guerre. Chacune de ses photos montre un passé mais déchiffre un avenir »9. Conçu à partir des clichés de la photographie, c’est un film qui montre différents aspects de l’époque, en cours de changement: la découverte du corps, le photoreportage des années 30, les artistes du Surréalisme, des paysans qui arrivent à Paris pour travailler, le voyage du temps qu’offre le cinéma, les expositions universelles qui précèdent la catastrophe de la guerre à venir. Éric Rohmer a présenté aussi sa vision des évolutions paysagères de la ville après cette deuxième guerre, dans son documentaire « L’ère industrielle: Métamorphoses du paysage » (1964). Les limites du paysage rural qui devient urbain grâce aux constructions modernes et aux aménagements du territoire des années 1950 et 1960. Ensuite, la production artistique du réalisateur américain James Benning aborde la temporalité depuis le paysage de différentes manières. Dans le film de medio-métrage « L. Cohen » (2017) de Benning nous apercevons l’importance de l’observation dans un paysage qui semble statique mais 9 Fragment du film - MARKER, C., et BELLON, Y., (2001), « Le souvenir d’un avenir », 40 min., France.

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Fig. 45 : Image du film « L. Cohen » de J. Benning / Source : https://hammer.ucla. edu/fileadmin/media/programs/2018/Summer_2018/James-Benning_-L.jpg

Fig. 46 : Image du film « Casting a glance » de J. Benning / Source : https:// www.x-traonline.org/article/james-benning-casting-a-glance 66

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qui ne l’est pas. Il s’agit de l’image fixe, même cadrage où des acteurs entrent dans la prise de vue. Le temps passe lentement dans ses films et cela permet à l’observateur d’entrer dans un monde méditatif pour pouvoir apprécier les petits détails du paysage: les sons du vent et de la mer, des oiseaux ou des voitures, le mouvement de l’herbe, les changements de la lumière par des nuages qui montrent ou cachent le soleil, une ombre, un instant. Il semble que rien ne va se passer et tout d’un coup quelque chose arrive, quelque chose qui éclipse l’image. C’est l’observation d’un temps précis, en quelques minutes. Par ailleurs, dans ses films « Casting a glance » de 2007 et « Measuring change » de 2016, Benning registre le « Spiral Jetty » de Robert Smithson. Avec plus de détails que les photos typiques de cette œuvre de land art, où on peut penser le temps d’une autre façon, les images et sons montrent des variations subtiles et spectaculaires. Nous regardons les variations du niveau de l’eau à différents moments, avant et après la sécheresse, et la force du lac avec le vent à différents moments d’une journée jusqu’à cacher la spirale. L’apparition de quelques personnes dans le cadre statique fait comprendre l’énorme échelle de cette œuvre de Smithson. Les variations de la lumière naturelle pendant ces minutes, les reflets dans l’eau, le mouvement des nuages, l’adaptation de l’œil de l’observateur dans la brume permet de percevoir un paysage plus lointain, statique dans le temps, mais en mouvement. Le réalisateur oblige à l’observation du paysage et tous ses petits détails. Ces films montrent le passage du temps à travers les changements du paysage d’une autre œuvre qui exprime le même sujet. Le « Spiral Jetty» de Robert Smithson, œuvre de land art de 1970, est une grande spirale bâtie en terre et roche dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, au bord du Grand Lac Salé à Utah. Elle a été conçue comme un élément immobile mais à la fois sensible aux transformations des cycles naturels (Speranza, 2017). Le paradoxe des changements du paysage a fait en sorte que pendant trente ans la spirale a été couverte par l’eau rose, à cause des variations inattendues dans les périodes de sécheresse. En 2002, elle est sortie à la surface pour être visible une autre fois, maintenant couverte par des cristaux de sel, avec beaucoup plus de variations chromatiques. Cette œuvre en mutation continue peut être une autre manière de saisir les évolutions paysagères, comme une possibilité de l’art d’inverser la flèche du temps. 67


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Conclusions Le paradoxe du « temps sans temps » dans les paysages d’aujourd’hui a été tout d’abord le déclencheur de ce travail de recherche. Habitant la réalité effrénée actuelle, le fait de s’arrêter un temps pour réfléchir sur ces questions est un défi majeur. Explorer les dimensions temporelles du paysage permet de multiples réflexions. Les mutations font partie de la configuration du paysage ; ses changements et ses mouvements se traduisent comme différents temps. En effet, tel que ce mémoire l’a exposé, les temporalités du paysage sont multiples et c’est là qu’on trouve sa richesse. Ensuite, la première partie de ce travail a présenté la production visuelle des Observatoires Photographiques du Paysage comme ressource documentaire de ces variations dans le territoire est sans aucun doute fondamental pour la compréhension du paysage. Les recherches engendrées à partir des expériences des OPP continueront à s’étendre dans le même temps. Mais actuellement, elles sont plus critiques et dénoncent un moment de crise par rapport à la méthode et les objectifs originaux de cet outil, coïncidant avec certaines hypothèses présentées par ce mémoire. En outre, aujourd’hui les OPP font face à plusieurs problématiques : des questions financières, le manque d’usagers de ces données commandées, de nouveaux défis à venir. La méthodologie de recherche bibliographique explorée et les expériences vécues au cœur de l’Observatoire Photographique des Territoires du Massif Central ont été un très bon complément pour ce travail. Les pratiques sur le terrain, les entretiens menés, et surtout les échanges et analyses des problématiques avec les membres de l’OPTMC ont permis davantage de réflexions autour des dynamiques paysagères et du sujet en soi. Ainsi, dans les réflexions réalisées sur trois observatoires de l’OPTMC, il est constaté que la durée de chaque mission et de leurs reconductions définit les résultats des analyses des dynamiques paysagères obtenues. Plus de temps passe entre image et image, plus des étapes de variations seront perdues.

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Cependant, il y a d’autres échelles temporelles dans le paysage peu explorées par les OPP. Comme cette recherche l’a mis en question, analysé et vérifié, d’autres expériences artistiques ont saisi différemment les évolutions paysagères. Les œuvres présentées, en peinture, cinéma et même photographie, expriment une temporalité alternative et des fois invisible dans la production des OPP. Par exemple, certaines peintures mettent des accents expressifs sur les phénomènes éphémères de l’éclairage et les changements chromatiques, plus évidents quand les séquences des tableaux sont ensemble. Tandis que d’autres ont réussi à montrer les différentes saisons ou les usages culturels dans une seule œuvre. En outre, certains photographes travaillent avec différentes échelles temporelles de manières innovantes. Les différentes couches de l’histoire s’empressent dans certaines images superposées, ou les activités humaines en interaction avec le paysage peuvent se trouver dans une série de photographies en courtes séquences de temps. Notamment, les différents artistes et leurs œuvres échangent des approches sur les temporalités dans le paysage, comme on l’a vu dans les films, la photographie et le land art mentionnés. Comme cette étude l’a montré dans sa deuxième partie, un des aspects des variations naturelles et anthropiques dans le paysage se caractérise par la durée du phénomène que l’on observe. En effet, deux échelles temporelles se sont présentées. D’un côté, les temps de longue durée, des décennies aux années, montrent les transformations très lentes ou moyennement statiques, comme les géologiques ou de boisements, mais aussi les constructions routières ou des bâtiments dans les villes. Il s’agit d’une mesure du temps plus explorée par les reconductions des OPP. D’un autre côté, les temps de courte durée se dévoilent dans les cycles diurnes et saisonniers, ainsi que dans les évènements éphémères comme l’éclairage; cela permet d’analyser les mouvements plus rapides et répétitifs de la nature, mais aussi des usages sociaux. Dans la plupart des cas, ces types de changements sont mieux saisis par des expériences artistiques présentées en dehors des OPP. Un aller-retour entre les deux parties de ce travail est proposé dans sa conformation. Après les recherches d’origine et les impressions du stage, l’observation des temporalités s’affine, la sensibilité à certains détails augmente et l’étude des autres propositions alternatives aux OPP résulte plus fructueuse. En même temps, analyser les expériences en dehors des OPP fait tourner le regard vers les OPP et trouver plus d’idées précieuses et des détails auparavant ignorés. 71


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Donc, par rapport aux hypothèses énoncées à l’origine sur les échelles temporelles d’intérêt pour les OPP, il est confirmé qu’il y a d’autres manières d’exprimer les mutations dans le paysage. Néanmoins, ces évidences ne devraient pas éclipser le rôle significatif des OPP ; au contraire, le but de cette recherche est d’enrichir leurs actions pour mieux répondre à leurs objectifs. De nouvelles conjectures pourront être proposées comme une alternative complémentaire en coopération avec les structures des OPP. Gérer plus d’analyses en additionnant des outils pour documenter les évolutions du paysage comme les cartes IGN, cartes interactives, ou même les drones pourraient améliorer l’utilisation des productions de OPP. Mais surtout, accompagnant l’idée de cette recherche, une collaboration créative avec les réflexions d’autres artistes qui se sont intéressés aussi à ce sujet offrirait des observations plus complètes sur les mutations du paysage.

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colloque international organisé par le CIEREC, à l’Université Jean Monnet Saint-Etienne, 22 et 23 novembre 2018. URL : https://www.youtube.com/watch?v=07kT-ap8WfY&list=PLpEMKw8jHgdTb TM3rSRajnCur3xtTy56I&index=4

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Table de Figures Fig.1 : Photo © G. Frittegotto. Source : https://www.proyectointemperie.com Fig. 2 : Villes et zones côtières, Sud-Est © Sophie Ristelhueber - Mission Photographique de la DATAR - Source : https://missionphotodatar.cget.gouv.fr/media/record/ eyJpIjoiZGVmYXVsdCIsIm0iOm51bGwsImQiOjMsInIiOjE1NH0=/ Fig. 3 : Bord de mer, littoral de la Manche et de la mer du Nord © Gabriele Basilico Mission Photographique de la DATAR - Source : https://missionphotodatar.cget.gouv.fr/ media/record/eyJpIjoiZGVmYXVsdCIsIm0iOm51bGwsImQiOjMsInIiOjEzMn0=/ Fig. 4 : Carte Interactive des OPP - Source : http://extranet.observatoiresphotographiques-paysages.din.developpement-durable.gouv.fr/fichier/jpg/carte1a_ cle2bca25.jpg?arg=3&cle=aa8634d85c62e83597708204f76687bd62fb4b64&file=jpg% 2Fcarte1a_cle2bca25.jpg Fig. 5 : Observatoire Photographique du Paysage du Parc naturel régional du Pilat. Itinéraire 1 - Valla-en-Gier - Col de la croix du Planil : 1993, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999 / Source: 25 ans d’Observatoires Photographiques du Paysage. Actes de la rencontre du 20 décembre 2016. Parcs Naturals Régionaux de France Fig. 6 : Observatoire Photographique du Paysage du Parc naturel régional du Golfe du Morbihan, Sarzeau : 2005, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 - Source: 25 ans d’Observatoires Photographiques du Paysage. Actes de la rencontre du 20 décembre 2016. Parcs Naturals Régionaux de France Fig. 7 : Observatoire Photographique du Paysage du Parc naturel régional des Vosges du Nord. Site 41, Philippsbourg : 1998, 1999, 2000, 2003, 2005, 2009, 2011, 2014, 2016 - Source: 25 ans d’Observatoires Photographiques du Paysage. Actes de la rencontre du 20 décembre 2016. Parcs Naturals Régionaux de France Fig. 8 : Site Extranet OPP - Ministère de la Transition Écologique et Solidaire - Source : http://extranet.observatoires-photographiques-paysages.din.developpement-durable. gouv.fr/ Fig. 9 : Reconduction photographique à St-Gerand-le-Puy OPP RN7 - OPTMC © C. León Fig. 10 : OPP Autoroute A89 OPTMC - 2000-2006 (à gauche) Site 19392 _ Viaduc de Tulle vu du lieu-dit La Croix du Tilleul - Naves / (au centre) Site 19440 _ vue de La Geneste Naves (à droite) Site 19310 _ Tranchée du puy Chalarve - Rosiers d’Egletons © Pierre Enjelvin et Christian Guy - Source: http://poptmc.free.fr/obs.php Fig. 11 : Site internet OPP Autoroute A89 - Source : http://poptmc.free.fr/ Fig. 12 : Analyse et bilan de la politique des sites protégés des départements de la HauteLoire - Cyrille Marlin, Alexis Pernet, Juliette Tilliard-Blondel et l’OPTMC - © OPTMC - Source : https://docplayer.fr/13850545-Cyrille-marlin-alexis-pernet-paysagistes-dplganalyse-et-bilan-de-la-politique-des-sites-proteges-dans-le-departement-de-la-haute-loire.html Fig. 13 : Carte de la Route Nationale 7 en France - Réalisation C. León / Source : Géoportail Fig. 14 : Carte de communes photographiés OPP Route Nationale 7 - Réalisation : C.León - Source : http://n7optmc.free.fr/ Fig. 15 : Route Nationale 7 à Bessay-sur-Allier © C. León Fig. 16 : Reconduction photographique à Varennes-sur-Allier, Chazeuil, depuis la Chapelle / OPP RN7 - OPTMC © C. León Fig. 17 : Reconduction photographique à Yzeure - OPP RN7 - OPTMC © P. Enjelvin Fig. 18 : Diachronie photographique OPP Route Nationale 7 - OPTMC - © Pierre Enjelvin et Christian Guy 2007 / © Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel - 2019 / Registre de reconductions © C.León 85


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Fig. 19 : Reconduction photographique à Toulon-sur-Allier OPP RN7 - OPTMC © C. León Fig. 20 : Reconduction et réperage à Moulins - OPP RN7 - OPTMC © C. León Fig. 21 : Diachronie photographique OPP Route Nationale 7 - OPTMC - © Pierre Enjelvin et Christian Guy 2007 / © Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel - 2019 / Superposition et analyse : C.León Fig. 22 : Réperage pour reconduction photographique - Château de Lapalisse - OPP RN7 - OPTMC © C. León Fig. 23 : Diachronie photographique à Lapalisse - OPP Route Nationale 7 - OPTMC - © Pierre Enjelvin et Christian Guy 2007 / © Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel - 2019 / Superposition et analyse : C.León Fig. 24 : Diachronie photographique OPP Route Nationale 7 - OPTMC - © Pierre Enjelvin et Christian Guy 2007 / © Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel - 2019 / Superposition et analyse : C.León Fig. 25 : Diachronie photographique à Moulins - Yzeure / site RN7_3334 - OPP RN7 -© Pierre Enjelvin et Christian Guy 2007 / © Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel - 2019 / Superposition et analyse : C.Leon Fig. 26 : Images aeriennes du site 3334 à Moulins-Yzeure. 2002, 2008, 2015, 2016, 2017, 2018 - Réalisation : C.Planchat et C.León - Source : Google Earth Fig. 27 : Tableau de types de changements (à gauche) - Tableau statistiques : changements 70% - pas de changements 30% (à droite) / OPP Route Nationale 7 OPTMC - Réalisation : C.León - Source photos OPP RN7 © Pierre Enjelvin et Christian Guy 2007 / © Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel - 2019 Fig. 28 : Particitation de l’OPTMC - atelier DREAL “1% Paysage, développement et cadre de vie” à Villeneuve-sur-Allier DREAL - atelier avec des elus, bureau d’étude et DREAL à Varennes-sur-Allier - © C. León Fig. 29 : Observatoire Dynamique des Paysages de la Chaîne de Puys et Faille de Limagne 2017 et 2018 © Pierre Enjelvin et Pierre-Alain Heydel Fig. 30 : Observatoire de la marée et de l’estran à Damgan - 2011 Observatoire Photographique des Paysages du Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan © David Lédan Fig. 31 : Observatoire de la marée et de l’estran à Tascon - 2011 Observatoire Photographique des Paysages du Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan © David Lédan Fig. 32 : Variations saisonières / Source : Bäume_Jahreszeit_2013.jpg httpsupload. wikimedia.orgwikipediacommonsthumb992B%C3%A4ume_Jahreszeit_2013. jpg1024px-B%C3%A4ume_Jahreszeit_2013 Fig. 33 : Variations météorologiques © Pierre-Alain Heydel / Source : https://www.paheydel.fr/portfolio/paysages-architecture/ Fig. 34 : Série la cathédrale Notre Dame de Rouen 1892 - 1894. C. Monet / Source : httpslearningmojo.files.wordpress.com201401monet-rouen-cathedral Fig. 35 : Série « La vida de un dia » (La vie d’une journée) 1917. F. Fader / Source :httpswww.google.comsearchq=Fernando+Fader+%E2%80%93+serie+la+vida +de+un+dia+-+1917+museo+castagnino+banderas&client=firefox-b-d&source =lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwjKyPaw0IHjAhWHbsAKHc7eCskQ_ AUIECgB&biw=1536&bih= Fig. 36 : « Rakuchu-Rakugai zu » Vues à l’intérieur et à l’extérieur de l capitale, Kyoto - Détail / 1561 - 1562. K. Eitoku / Source : https://www.kyohaku.go.jp/eng/dictio/ Fig. 37 : « Rakuchu-Rakugai zu » -Vues à l’intérieur et à l’extérieur de l capitale, Kyoto/ 1561 - 1562. K. Eitoku / Source : https://www.kyohaku.go.jp/eng/dictio/ kaiga/46rakuchu.html 87


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Fig. 38 : « Cheval blanc monté », 1886 © É.-J. Marey / Source : https:// upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3a/%C3%89tienne-Jules_ Marey%2C_Cheval_blanc_mont%C3%A9%2C_1886%2C_locomotion_du_ cheval%2C_exp%C3%A9rience_4%2C_Chronophotog raphie_sur_plaque_ fixe%2C_n%C3%A9gatif.jpg Fig. 39 : « Four views from four times and one shoreline, Lake Tenaya » 2002 © Muybridge, 1872 / Ansel Adams, c. 1942 / Weston, 1937 / Klett and Wolfe, 2002 / Source : http://www.markklettphotography.com/yosemite-in-time/2lsw1mj276vc8fhr hpj6f5hytscr3g Fig. 40 : View from the handrail at Glacier Point overlook, connecting views from Ansel Adams to Carleton Watkins, 2002 © Watkins, 1861 / Ansel Adams, c. 1935 / Mark Klett and Byron Wolfe, 2003 / Source : http://www.markklettphotography.com/yosemite-intime/6bcgtg3uc5za5r8900qqyriztap12q Fig. 41 : Tempus fugit - Miroir-20091003 © J. Buchholtz/ Source : http://photopaysage. huma-num.fr/jeremie-buchholtz/ Fig. 42 : 34 km en bici - Depto. Caseros y San Lorenzo, Prov. de Santa Fe © G.Frittegotto / Source : http://proyectointemperie.com/ Fig. 43 : Image du film « La Jetée » de C.Marker / Source : https://www. centrepompidou-metz.fr/sites/default/files/imagecache/img-zoom/jaquettes/web_ marker-lajetee-10-531154.jpg.crop_display.jpg Fig. 44 : Image du film « L’ère industrielle: Métamorphoses du paysage » de E.Rohmer / Source : https://i.ytimg.com/vi/Y5SownGkJWs/hqdefault.jpg Fig. 45 : Image du film « L. Cohen » de J. Benning / Source : https://hammer.ucla.edu/ fileadmin/media/programs/2018/Summer_2018/James-Benning_-L.jpg Fig. 46 : Image du film « Casting a glance » de J. Benning / Source : https://www.xtraonline.org/article/james-benning-casting-a-glance

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Annexes

DÊpliante de l’OPTMC 90

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Annexes Entretiens 1 / Pierre Enjelvin Photographe co-fondateur de l’OPTMC Clermont Ferrand, le 15 avril 2019 / Montpeyroux, le 27 mai 2019 Pourriez-vous me raconter les débuts de l’OPTMC ?

L’OPTMC on l’a créé avec un ami photographe, donc ont été deux photographes. On avait découvert une revue qui s’appelle “Séquences / Paysages”, dans une librairie, qui était édité par le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement à l’époque, je crois. Et dans cette revue, “Séquences / Paysages” revue de l’Observatoire photographique du Paysage et donc j’ai découvert ce démarche de l’observatoire photographique dans ce document, et j’ai parlé à mon collègue photographe, et j’ai lui dit qu’on devrait de faire ça. Parce que, moi j’en avais un petit de marre de faire le travail que je faisais en avant, la photographie, j’avais envie de faire d’autres choses; parce que c’est vrai que je faisais des photos de paysage quand même, mais c’était des paysages de cartes postales, des paysages à vendre, des paysages parfaits, des choses à vendre, un peu touristiques… Et donc, finalement ça ne m’ai plaisait pas plus, j’ai aimé bien le faire mais j’avais envie de faire d’autre chose. Et donc, là c’était l’occasion de voir qu’on pouvait aborder le paysage avec la photographie mais d’une manière très différente et puis avec un méthode aussi qui permettait de se rendre compte des transformations de paysage. C’était quelle année ?

C’était en 1998, je pense. Et donc, je ne sais plus comment ça s’a fait mais, mon collègue, il était d’accord avec moi et donc, son épouse était géographe-historienne et nous a connecté avec des personnes, on a rencontré un certain nombre de personnes qui étaient des universitaires, à l’occurrence, un qui s’appelle Yves Michelin, qui travaillait ici avec VetAgroSup, qui est un géographe-agronome; Vincent Piveteau qui était le directeur du Centre Engref de Clermont Ferrand (Ecole Nationale du Génie Rural, des Eaux et Forêts), qui est maintenant à AgroParisTech; avec eux il y avait Patrick Moquet, qui est spécialiste de politiques publiques; et puis quelqu’un qui ici était très à l’écoute de c’est qu’on appelle des territoires donc, des communauté de communes, des pays, et qui était directeur d’un structure qui s’appelle l’Agence Régionale de Pays d’Auvergne, et donc qui faisait des conseils auprès des collectivités pour le développement économique. Donc, c’était cet ensemble des collectivités qui s’agrippait dans une association qui finance, et qui avait recruté un certain nombre de personnes capables de donner des conseils pour les aider dans le développement économique. Et donc, ces quatre personnes, ont a été les voir qu’on avait le projet de faire un observatoire photographique, qu’on voulait créer un structure d’un observatoire photographique et ils nous ont encouragé à le faire, vraiment encourager. Alors, pour quelles raisons, au moins pour deux d’entre eux, même trois je crois, qui sont Yves Michelin, Vincent Piveteau et Patrick Moquet, mais Yves Michelin c’était servi, lui s’est servait de la photographie pour recueillir un peu la parole de gens, parler du territoire, penser la question de l’aménagement, du développement, à partir de la question agricole aussi ; ensuite Vincent Piveteau lui ; il c’était occupé de la mise en place, un peu indirectement de la création de l’Observatoire de Photographie du Paysage National, donc, celui du Ministère ; Patrick Moquet lui il était intéressé aussi en tant que politologue, par la question de l’image et du territoire. Et donc, ils nous ont vraiment encouragé à le faire ; on a rédigé le statut de l’association, les objectifs, et on a créé l’association, c’est une association loi 19101, l’Observatoire Photographique des Territoires du Massif Central. On a créé cette association et on avait en tête de proposer un observatoire le long d’une route, une grande route qui s’appelle l’Autoroute A75, qui va de Clermont Ferrand à Montpelier on va dire, qui traverse tout le Massif Central, donc ont été voir ici à Clermont la Délégation interministérielle à l’aménagement du 91


territoire et à l’attractivité régionale, qu’on appelle la DATAR, mais il était le comité Massif Central, qui était basé à Clermont Ferrand. On y était avec Yves Michelin et Mohamen Yahid qui connaissent bien, et on a rencontré le commissaire adjointe, et on lui a dit de créer une association, qu’on voulait créer l’observatoire autour de cette route, et là il nous a dit : non, vous allez le faire autour de l’Autoroute A89, qui commence à se créer, l’autre il était déjà faite, et donc nous avons dit : oui, monsieur le commissaire. Et donc, ils nous ont aidé, avec de financement, des fonds de l’Etat si tu veux, ils nous ont financé la première année de l’observatoire photographique de l’Autoroute A89. Ça a été le premier travail de l’OPTMC ?

Oui, le premier travail. Donc, on a fait ce travail pendant sept années. La première année c’était l’Etat qui a payé, dont la DATAR, et après ils nous ont dit, les années suivantes vous allez vous-même chercher de financement, mais on vous propose de trouver de financement auprès du dispositif de développement financier : 1% Paysage et Développement, qui était attaché à la création de l’axe, 1% du montant de travaux pour des actions en faveur de l’aménagement et du paysage. Alors, nous ont n’était pas une collectivité, ont été juste une association, mais ce qu’on peut financer aussi avec le 1% c’est des études, et là en l’occurrence, ça ne touche pas qu’un tout petit bout du territoire mais si on suive le long de l’axe ça touche plusieurs territoires, c’est transversal si tu veux, à la fois sur le plan géographique et puis c’était transversal sur le plan de thèmes et des sujets abordés. Donc, un financement qui a été accepté, donc on avait 50% du montant du coute de l’observatoire ; on a été cherché 30% auprès de trois départements, ceux qui étaient traversés par l’autoroute, Puy de Dôme, Corises et Dordogne, et nous on a mis 20% du montant. On n’avait pas de l’argent, on disait qui c’était de bénévolat à valorises, un 20% de bénévolat. Et donc on a commencé ce travail, et puis après on a fait un premier travail, l’association était sur une petite commune qui n’est pas très loin de Clermont, au sud-est de Clermont qui s’appelle Billom et qui faisait partie d’une communauté des communes, donc ils avaient envie de faire une démarche de sensibilisation, un projet qui les intéressé d’une charte architecturale paysagère. Donc, c’est une réflexion conduite par des architectes et de paysagiste, sur un état de lieu à la fois architecturale et paysager, alors de l’ensemble des communes et puis à partir de là, essayer de définir un peu ou trouver des enjeux, après dégager un début de stratégie, ce n’est pas des plan locaux d’urbanisme, comme le PLU ou le schéma de cohérence territoriale, mais en fait ce qu’ils produisent à la sortie c’est de ce diagnostic et de ces enjeux, c’est des orientations, des conseils. Et là, nous ce qu’on a proposé, l’observatoire, ce qu’on a dit : si vous voulez sensibiliser les gens à cette démarche ce qu’on propose ce de s’en servir de la photographie pour le faire. Et donc, on a utilisé des images anciennes et on a refaire les photos aujourd’hui, et on a posé des questions aux gens à partir de ce couple d’images, en disons : qu’est-ce que vous constaté ? Alors, ces les gens qui choisissent les photos, les gens qui refassent les photos, on allait les aider s’ils avaient du mal à les refaire, et puis ils y avaient un questionnaire, et ils répondent aux questions. Alors, c’étaient des questions un peu ouverts mais c’était bien, c’était très consiste, pas beaucoup des discours. Ça c’est l’enquête photographique que vous fassiez ? Comment vous les avez faites ?

Oui. On a fait deux réunions publiques avec des petites affiches, en dissent : on lance une démarche d’enquête photographiques, on avait mis deux images d’avant et aujourd’hui. On a demandé aux gens de venir avec des photos, de choisir des photos et puis aussi on nous a indiqué des gens qui pourrait être intéressé en la démarche, en fait on a travaillé avec 42 personnes ; puis cinq grands témoins, de gens qui avait un peu un avis plutôt d’experts avec les grands témoins, et ils proposent deux images et eux on les avait interviewé directement et filmé, à la sortie. En but, on avait, une exposition avec 42 couples d’images, plus cinq grands entretiens avec les images en regard, il y avait des vidéos et les gens entraient dans un petit box et regardent les vidéos, puis ils avaient les photos. Alors, les questions c’étaient, une : pourquoi j’ai choisi de refaire cette photographie ? Puisque c’étaient eux et qu’il était leurs photos qui ont choisi pour la refaire ; deuxièmement : quels étaient les changements qu’ils voient entre la première et la deuxième image ? Est-ce qu’ils étaient étonnait ou surprise de voir ce changement ? 92

Relief du temps . Les dimensions temporelles du paysage et les observatoires photographiques - Claudia Leon


Est-ce qu’ils ont connaissez les raisons ? Est-ce qu’ils étaient satisfaits ou pas satisfait de ce qui s’est passé ? Est-ce qu’il faudrait faire quelque chose ? Réagir et tout. Et à partir de là, on revenait sur la charte architecturale et paysagère en disons, puisqu’il y avait des préconisations dans la charte architecturale et paysagère en disons par rapport à ce que vous dites-vous, est-ce que dans la charte vous trouvez une forme de réponse à ceux qui vous proposez vous ? Et donc, à partir de là, soit vous trouvez et vous nous dites ce que vous trouvez, ça permet de voir le lien qui font les gens entre ce qu’ils ont dans la tête et un document ; ou si éventuellement il manqué des choses dans la charte qui s’est revenu avec les gens ; donc, c’était une manière aussi de porter un regard critique aussi sur ce documents-là. Donc, tout ça a abouti une exposition et une présentation. Et ça a été le deuxième travail qu’on avait fait et à partir de là on nous a demandé plusieurs fois des travaux comme ça. On a fait, ici en Auvergne pour une grande PCI en Combray qu’il y avait des chartes architecturales et paysagères aussi et donc on a appelé ça les quatre saisons de paysage. Après, on a fait le Parc Natural de Livradois-Forez, nous a demandé dans le cadre d’un schéma d’aménagement et gestion d’une zone qui on appelle SAG, qui s’intéresse à tout un bassin versant d’une grande rivière, le SAG de la Dore, la rivière s’appelle la Dore c’est un affluent de l’Allier. Et donc, on a travaillé avec 49 personnes, et les gens pareil cherchaient des photos, ou on les proposé des photos qu’on a trouvé un peu anciennes. Et on est allé voir les gens avec les photos, les questionnaires et à la table face à face on posait les questions, on prenait leur réponses aux questions, donc c’est un entretien qui dure une heure, une heure et demie, et à partir de là, on a résumé de ce qu’ils ont nous raconté. Les gens c’était d’abord des volontaires, qui veut y aller, on a eu pas mal des gens qui vient des associations, des industriels, des agriculteurs, des gens qui s’occupent de l’environnement ; donc à la fois c’est varié mais ce que je dois reconnaitre c’est que ce n’est pas représentative de la société. Mais, je pense que c’est à la fois un vrai débat, mais je ne suis pas sûr d’essayer de chercher absolument la représentativité ça me paraitre très difficile aussi. Et moi, j’ai dit il vaut mieux aller voir des gens qu’on envie de faire la démarche, qui spontanément s’est présente. Est-ce qu’il y a aussi qu’on a fait dans tous ces démarches-là, c’est de faire appel à des experts et de les mettre dans la même situation que les citoyens en disent : on vous propose vous aussi deux photos, et vous allez répondre à peu près aux mêmes questions mais vous, vous avez une expertise et donc vous allez nous expliquer pourquoi les choses ont changé de cette manière-là, les gens souvent ils peuvent le dire aussi mais ils ne peuvent pas le dire avec une compétence, une expertise. Donc, par exemple pour le SAG de la Dore, comme il y avait des questions agricoles à voir, on avait fait appel aux spécialistes de l’agriculture du Parc Naturel Régional Livradois-Forez. Donc, avec l’idée de présenter aussi dans même exposition, à la fois ce regard on va dire profane, de celui qui n’est pas expert mais qui a un expertise aussi parce que lui vie là au quotidien et il a aussi des choses à raconter ; et puis celui qui a la science ou la connaissance. Parce que ça veut dire que les experts, il faut qu’ils regardent aussi ce que dissent les gens ; et les gens, eux ça peut aussi apporter des explications à des questions qui se posent eux-mêmes. Donc, il y a toujours ce souci un peu d’avoir une parole qui s’échange, même si c’est silencieusement en regardant des panneaux. Donc, ça c’est très important pour nous. * Quels étions les objectifs de l’OPTMC à l’origine ?

Au début on était vraiment dans une démarche d’essayer de réfléchir à une manière de développer une méthode d’analyse des images à partir des séries photographiques, mais ça il faut que tu regardes l’statut de l’observatoire. Je me rappelle un peu : c’était participer à la connaissance des paysages du Massif Central, et pour atteindre cet objectif-là, il y avait l’idée de mettre en place des observatoires photographiques, c’était une manière de le faire, en tant de participer à la connaissance des paysages avec la photographie ; de rendre compte des évolutions, donc l’observatoire photographique permettait ça, parce qu’on avait un travail avec le temps ; et il y avait aussi de valoriser le travail d’autres photographes, de montrer ce travail, qui travaillent aussi sur le paysage en particulier sur le paysage du Massif Central. Et un autre objectif, essayer de développer une manière de lire, faire une proposition de lecture, de méthode pour lire les images, dans le cadre 93


justement d’un observatoire, et ce n’était pas lire une image unique mais c’est lire les images et rendre compte des changements avec une méthode de lecture, de la série, des séries d’images. Ça c’étaient les objectifs de départ de l’observatoire. Et pensez-vous que vous êtes arrivés à réaliser ces objectifs ?

Oui, on a développé notre méthode. Apres, est-ce qu’elle bonne, est-ce qu’elle ne pas bonne, est-ce qu’on s’a intéressé à d’autres ? Je dirais qu’on ne s’est pas intéressé à d’autres. Mais au même temps, la méthode qu’on a développé, ce pas uniquement des photographes qui se sont posé ce question, on l’a fait avec des géographes qui s’occupent plutôt d’aménagement et de développement du territoire, c’est un travail qu’on a été fait avec des géographes, et puis avec un paysagiste aussi. Alors, c’est une méthode qu’on a développé dans le cadre d’un projet concret, c’est-à-dire, c’est ne pas un travail purement conceptuelle, on l’a fait à partir des projets concrets, et en particulier ce celui de l’Autoroute A89, tous que tu peux trouver dans le site, tous que tu peux trouver dans les onglets, les objets, etc. Tout ça a été fait à partir d’un travail concret, et pas en particulier de ce qui avait pu était fait par ailleurs. Quand on regarde la revue de l’observatoire, « Séquences-Paysages » de l’Observatoire National, il y a dans le premier numéro un proposition de lecture, mais c’est sont des objets mais c’est très extrêmement descriptifs. Nous on a essayés de développer une proposition des données un peu statistiques aussi, en posent un carrelage, en inventant ces histoires de matières de paysages, de sol aménagé, sol exploité, sol nue, etc. Et puis en dissent, ça c’est représentative du paysage, mais j’essaye de le quantifier en surface photographique, c’est là où la vue aérienne s’impose aussi. Mais, si on est dans le paysage, c’est finalement la perception que j’ai de ma position au sol sous que je regarde, je ne suis pas dans un satellite, ou dans un avion ou dans un hélicoptère ; donc ça reste bien quand même en lien avec le paysage, et pas un démarche uniquement d’aménagement du territoire, d’occupation du sol, de places des infrastructures dans un paysage, justement. Ou si, c’est la place d’infrastructure dans un paysage, mais ce n’est pas la place d’une infrastructure à l’échelle d’un territoire cartographique. On est justement posé sur un endroit et on regarde toujours sur le même endroit. Aujourd’hui les objectifs de l’OPTMC sont les mêmes ? Est-ce qu’ils ont changé ?

Alors, après plutôt, ce qu’on a du développé c’est justement, on avait ce souci, en disent : nous on regarde les choses de cette manière-là, mais comment on peut aussi apprendre des autres qui regardent ces paysages et en particulier ceux qui habitent les lieux qu’on photographie. Et donc, ça c’est quelque chose qu’on n’a pas réussi, par exemple sur l’autoroute A89, parce que tu sais, quand tu vas dans les onglets commentaires par exemple, il n’y jamais des commentaires, donc ça pose un problème, parce que en fait on n’a pas de retour. On pourrait avoir de retour sur notre travail bien entendu, ça serait-il intéressant, mais de retour sur les transformations du paysage non plus, pas avec cet outil-là. Mais nous par rapport, justement à une ambition qu’on pouvait avoir, de dire : regardez les photographies et dites-nous est-ce que vous voyez, et comment vous percevoir les changements et tout… Je pense que ce qu’on devrait développer aujourd’hui, ce arriver à se servir de ces images pour que les gens portent un regard critique sur ce que les autres font à leur place, c’est-à-dire qu’est-ce que les aménageurs, soit l’Etat ou les collectivités, ou même l’Europe parce qu’il y a de décisions qui vient de plus lourde encore ; et bien comment la manière de se transformer ce territoire, comment s’est perçue, quand ce pas eux qui le font, voilà. Donc, avec l’idée de dire, de renvoyer vers ceux qui écrit le projet, qui ont financé et tout ça, de dire voilà comment les gens finalement, ils voient est-ce que vous avez initié, est-ce que vous avez voulu faire, le projet comment il est reçu. Et ça, je pourrais dire qu’on n’a réussi pas ; parce qu’en fait, les observatoires photographiques d’une certaine manière, ou quoique ça a changé un petit peu, ils n’étaient pas faits par forcement poursuivre des projets, ils étaient là pour rendre compte de lieux et des transformations du territoire, soit naturellement soit par les gens qui agissent tous les jours, et pas forcément pour d’une action, d’une collectivité, d’une opération d’aménagement ou de développement du territoire. Mais, moi je crois qu’en effet il faut qu’on arrive maintenant à développer, alors est-ce qu’on a 94

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un peu développé déjà avec ce quand on a parlé des enquêtes photographiques, ça c’est un travail qu’on a fait dans un deuxième temps. Mais par contre ce n’est pas nous qui l’avons inventé, parce qu’il y avait déjà des gens qui étaient proche de nous, comme Yves Michelin ou Vincent Piveteau, ils se sont servi souvent de la photographie des paysages justement, comme d’un medium pour faire parler les gens. Et par contre, ce qu’on a peut-être développé nous, peut-être ce cette idée de avant et aujourd’hui, c’est-à-dire, c’était comme ça à un moment donné, donc ce sont les photographies qu’on a qui sont anciennes, et on refait la photographie aujourd’hui et on se dit, ça a changé… Donc, ça c’est un travail qu’on a beaucoup développé quand même par la suite. Et je pense que ce n’était pas un travail qui avait été trop développé par l’échelle nationale ; par exemple par l’Observatoire Photographique National de Paysage, je pense que l’idée de se servir des documents anciens pour rendre compte justement des transformations très rapidement, en dissent j’ai une photo là, puis je refait la photo aujourd’hui, et j’ai déjà tout un état des modifications, des bouleversement, et tout un histoire qui est déjà écrit là. Ça ce n’est pas trop fait, parce que en fait on a, à mon avis, privilégié un démarche qui se voulait plus artistique et on disant on demande à un photographe de porter un regard sur notre territoire, en lui donnant quand même des indications, disons ce qui nous intéresse ce regarder les espaces agricoles, ou les espaces urbains, ou les activités, l’urbanisation, quand même ; il y avait quand même des attendues et un commande, mais c’était en disant, vous vous avez l’habitude de faire des photographies de paysages avec votre manière à vous de regarder, et maintenant vous allez nous montrer comment vous voyez ce question agricole, comment vous documenteriez ce question agricole, ce question d’urbanisation… Mais, pensez-vous que ce bien cette procédure pour faire les photographies avec un choix complètement libre aux photographes ? Puisque après, comme on a vu dans les réunions avec les gens de la DREAL, les commanditaires ont besoin des nouvelles prises de vue d’autres endroits non photographiés…

Oui, par exemple, si on prend l’exemple sur la Route National 7, finalement, le premier travail qu’on a fait, on l’a fait assez librement. On les avait demandé les intérêts et les enjeux, qu’est-ce que doit documenter les photographies que nous ferons. Mais, après on les a fait comme on a voulu, on a travaillé dans les villages, on a travaillé à l’extérieur. Ce vrai qui c’était un peu aussi réorienté, parce que après on se adressé aussi aux collectivités, il y avait l’Etat, et puis il y avait les collectivités, on l’aura demandé qu’est-ce qui va se passer chez vous ? Alors, évidemment ça a réorienté notre relation particulière au territoire, en fait ils nous ont parlé des zones d’activités ou des projets qu’ils avaient ou de choses comme ça. Mais au même temps, ce qui nous a intéressé, par exemple, c’était de dire comment ces entrés des villages elles risquent d’évoluer. Pourquoi elles risquent d’évoluer ? Ce parce que il va y avoir une nouvelle route qui va « rapprocher », pas en distance mais en temps, qui va rapprocher en temps les gens d’un lieu d’habitation d’un lieu du travail, qu’ils souvent parcourir quotidiennement. On a fait des photos en pensant à ça, par exemple. Mais on ne nous avait pas dit : on va construire ici. C’est une espèce d’intuition, de s’anticiper peut être au quelque chose que risque de se passer. C’est par exemple dans le cliché à l’entrée de Moulins-Yzeure, où il y avait la belle maison maintenant devenue un bâtiment commercial « But » ?

Oui, tu as raison. Là, il y avait deux choses, il y avait une chose de petit patrimoine représentatif aussi, qu’avait de l’allure, et puis tout une partie arboré, et c’est à l’entrée de Moulins, donc automatiquement tu te dis est-ce que ça va tenir ? Et au même temps c’était déjà ruiné, ou en train de se ruiné. Donc, deux cadres de figures, soit ça fondre comme un morceau de sucre sur place, et puis les arbres, soit ça se restaure, soit on rage et puis on recommence, enfin on fait une maison ou quelque chose. Quand tu fais une photo comme ça, d’un certaine manière au moins trois choses que tu es sensé peut être de documenter. Tu te dis, je peux apporter des réponses à trois questions. C’est un peu ça aussi notre travail, s’anticiper au futur, ou de se dire, puisque je travaille avec le temps, qu’est-ce qui va se produire dans le temps est déjà j’ai des scénarios possibles, je ne sais pas qu’est-ce qui va se passer, mais je me dis, voilà il y a quelque chose qui est en devenir. 95


Et ça se possible qui soit le regard du photographe qui est inquiète pour l’observation, le détail ? Ou est-ce que le photographe des OPP doit avoir une approche au paysage pour trouver ces intuitions des possibles changements du paysage ?

Je pense que oui, il faut avoir cet intérêt, ou cette sensibilité, cette petite connaissance d’un certain nombre de mécanismes ; mais ça, d’une certaine manière, c’est par l’observation, c’est par l’expérience qu’on peut faire, mais sans même faire des photographies, on étant attentifs à ce qui nous entourent, à notre quotidien, ou quand on traverse un territoire, en se dire je vois des mécanismes qui sont à l’œuvre, il y a toujours des modifications qui vont toujours au même sens. C’est comme ça que notre regard deviens plus attentif, et quand on regard sur un lieu qu’on ne connaît pas, je pense qu’on voit surgir des situations qu’on a déjà connu. C’est aussi le travail d’un photographe, d’être attentif à tous qu’il y a autour de lui. Pensez-vous que maintenant l’OPTMC travaille bien ? Ou est-ce qu’il y a des choses à changer ? Quels types des choses avez-vous envie de faire pour l’améliorer ?

Je pense qu’il ne travaille pas bien du tout. Je pense qu’il fait ce qu’il peut, vu les ressources humaines dont il dispose. Mais moi, comme on a dit, un des objectif de l’observatoire c’était aussi de montrer le travail d’autres photographes, de développer un regard ou une méthode d’analyse, on avait une, je pense que ce n’est pas suffisant. Donc, il me semble que l’observatoire, il a encore beaucoup à faire pour simplement attendre ses objectifs, alors on a fait un petit peu. On a présenté le travail d’autres photographes, en deux occasions, un travail d’observatoire sur le Parc naturel régional Livradois-Forez, le travail d’Anne Marie Filaire, une petite partie de son travail, qui concernait les habitants de la commune de Billom, et d’autres. Apres on a fait une exposition, nous montrer nous, à Billon mais là on avait travaillé avec le gens, avec des images anciennes et c’estce qu’ils voient aujourd’hui. Ça je trouve que c’était bien. De montrer que le paysage c’est une image mais c’est aussi un espace politique et donc qui nous conduit à réfléchir à la fois sur notre rôle et sur les rôles des autres, et sur le choix qu’on fait en matière d’aménagements, les choix de vie, de cadre de vie, parce que le paysage c’est aussi le cadre de vie. Donc, depuis le temps qu’on existe, on n’a pas eu le temps de tout développer ça. Et la dernière chose qu’on a fait, par contre, c’est en 2016 quand on a fait les « Premières Rencontres de l’Image de Territoire », il y a quelques photos que Claire a exposé là, c’est des images qui sont extraits de cet espèce de petit colloque ou de cette rencontre plutôt où on avait invité des photographes, des gens qui se serve de la photographie justement, des paysagistes, des chercheurs, géographes, etc., et ça c’est vraiment à développer. Et puis il y a autre chose à faire, c’est qu’on dispose aujourd’hui d’un matériau important qui sont des photographies, des commentaires à côté des photographies fait par des gens qui ont regardé à ces photos, et on ne l’a pas du tout exploité. Qu’est qu’il manque pour le faire ?

Il manque un pilote, qui c’est l’observatoire, mais qu’on se mettre tous ensemble en dissent : on construit une proposition de recherche ou d’étude, à partir de ce qu’on dispose aujourd’hui, ces enquêtes photographiques on conduit une démarche qui est à la fois socio-paysager, en dissent qu’est-ce que nous montre les gens, qu’est-ce qu’ils nous dit du paysage, est-ce que quand on est là dans un paysage urbain qu’est-ce que se dit, si c’est par thème des paysage ruraux ; quand on parle de l’eau, ou si on parle de la foret… qu’est-ce qu’on peut apprendre à la fois avec les images et des multiplicité d’images qui montrent des situations identiques. Donc, une : regarder les images et dire, je m’aperçois que quand je suis dans un paysage comme celui-là que je regarde un siècle plus tard il a changé comme ça, est-ce que c’est vrai par tout ou est-ce qu’il y a des nuances ? (là où je me trouve). Ensuite, il y a c’est que dissent les gens de ce qu’ils voient ; donc, à mon avis on peut décliner progressivement des questions : qu’est-ce qu’il y a dans les images et comment elles changent ? Comment les gens, eux, ils voient les changements de ça part ? Qu’est-ce qu’ils attendent ? Comment ils aperçoivent ces changements ? Qu’est-ce qu’ils voient ? Qu’est-ce qu’ils attendent demain ? On peut poser tous ces questions parce 96

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qu’on a des réponses à tous ces questions. Mais, on l’a là dans un coin de la France ici, une autre fois dans un coin du Massif Central, une troisième fois là… et dans des projets qui sont différents mais qu’ils touchent toujours à l’aménagement ou le développement du territoire. Donc, ça c’est un travail à faire… Pour assembler tous les données et travaux des observatoires ?

Voilà, tu peux les regarder une à une, autant des expériences, autant des regards apportés dans une démarche qui serait justement bien organisé : je commence à regarder les images, après je dis qu’est-ce que racontent les gens, après qu’est-ce qu’ils attendent, voilà, le faire pour chaque truc. Et puis regarder si transversalement, ou alors tout prendre, et dire moi je m’intéresse par…, ou quand je vois apparaître le mot « forêt » dans la bouche des gens, je regarde les images, est-ce que je vois la forêt ; quand je vois apparaitre le mot « agriculture » qu’est-ce qu’on me montre, est-ce qu’on me montre toujours l’agriculture quand on parle d’agriculture ? Pour parler d’eau par exemple, il n’a pas besoin de voir de l’eau, tu regardes un paysage agricole, tu penses tout suite à la question de l’eau. Quand tu regardes quelque chose qui s’urbanise tu penses tout suite à la question de l’eau, de la ressource… Donc, je pense qu’on n’a pas du tout exploité encore les matériaux qui est constitué par ces couples d’images, ou de fois une image unique d’ailleurs, et tous les commentaires qui les accompagnent. Mais, qui doit exploiter ces matériaux ?

Ceux qui ont la capacité pour le faire, mais ce n’est pas moi… J’avais essayé de trouver des gens Est-ce qu’on doit chercher les gens qui ont besoin de données pour que la recherche soit plus précis, plus outille ? Parce que, ce que j’ai vu c’est qu’il y a beaucoup des données, beaucoup d’information dans les observatoires, mais après il semble qu’on fait un stockage des images produites et personne ne les utilise pas… Donc, quelle est l’idée de ça ?

Alors, tu as raison, parce que si on réfléchit bien, selon on constate comme tu dis, qui se serve des observatoires photographiques aujourd’hui ? Pourtant tout le monde en veut, ou presque, en ce moment tu vois apparaitre le nom de l’observatoire… Donc, qui s’en serve ? Le Ministère ? À mon avis s’en se pas servi pour l’instant. Les collectivités, nous on a travaillés par les collectivités. Les parcs, de communautés de communes, des syndicats des rivières… Je trouve qu’ils s’en servent un peu en montrant des images, c’était dans notre mission de monter une exposition, pour pouvoir présenter finalement le travail qui avait était fait, mais après comment ils s’en servent ? À la fois je n’ai pas une idée, la seule chose que je sais ce qu’on prend l’exposition, on la déplace d’un village à une autre, d’une commune à un autre pour les montrer, mais après il n’y a pas d’animation ou de médiation fait autours… Donc, ça c’est sur la voie même et avec des commanditaires, après il y a le domaine de la recherche en effet. Oui, peut-être là il y a des personnes qui l’utilisent.

Oui. Quand on a fait des Rencontres de l’Image de Territoire, on a fait des atelier, justement se servir des images pour essayer de faire réfléchir les gens à ce qu’ils voyez et puis, qu’est-ce qui ça le réapprenait, c’est plutôt des professionnels, un regard critique là-dessous, ils ont très bien jouer le jeu, on a encore tout le paquète des copies qui est là, et ils n’ont pas eu le temps de s’en occuper. Alors, en effet il faut qu’on soit le bon porte-parole de notre travail pour aller voir des gens et leur dire : voilà les matériaux qu’on a, pour l’instant on n’a pas encore trouvé les bonnes personnes pour ça. Et puis, peut-être qu’ils servent aussi à nous de bien y réfléchir en dissent : nous, on vient avec des propositions, on a des attentes pour que les gens réagissent en face de nous ; plutôt que leur dire : voilà, « regardez, il y a des photos et des commentaires, vous savez comment faire ». En plus, moi les gens que j’avais contacté m’ont dit à nous ne sommes pas des spécialistes de l’image et tout ça… Donc, ça veut dire qu’il faut peut-être s’adresser à des spécialistes de l’image ; et l’image des paysages. Mais il fait qu’ils ont un peu aussi de 97


cette casquette sociologique. Même le travail qu’on a fait sur la A89, un travail qui n’a jamais été exploité, il y a nous qui la exploité une fois, justement avec un étudiant qu’était en master, et qui a fait une analyse sur deux ou trois problématiques qui était que les images documentés, la question de l’intégration, et la cicatrisation après les chantiers. Et à même temps ça apport ses fruits, parce que on a à la fois les données qualitatives, et puis un peu des données quantitatives aussi. Parce que la question du temps, est-ce que ça va vite ou est-ce que c’est long, est-ce que c’est complet, c’est incomplet et combien du temps ça met…voilà. Maintenant, comment pensez-vous l’avenir de l’OPTMC ?

Ah…je le vois sans moi. Si, parce que veux m’arrêter… L’avenir de l’OPTMC, ce plus de faire des missions, bah, nous, comme on est une association on a décidé de ne plus répondre à des appels d’offre. Par contre, cela où ça pose un problème, c’est que, moi est-ce que je voudrais, ce que j’aimerais, c’est que l’observatoire devienne un lieu d’accueil d’expériences et de démarches par la photographie de paysage. C’est-à-dire qu’on accueille des démarches, par exemple nous on a tout un matériaux qu’on a réuni et bien qu’on dise : ça serait bien, on sait qu’il y a une structure qui s’appelle l’Observatoire Photographique des Territoires du Massif Central qui va nous aider à ordonner ces informations, déjà visuelles ; parce qu’on commence à voir un peu des méthodes ; qui va trouver peut-être des gens pour justement exploiter ce matériaux, savoir est-ce qu’il y a pour nous apprendre de ce qu’il y a inscrit dans les photographies, ce qu’on apprendre de ça, de cette démarche qu’on a fait ; et qu’on soit à la interface justement, on a de matériaux qui nous a confié, donc c’est une forme d’archive et tout ça, on a mis un peu d’ordre dans tout ça et voilà. Avec tout ce matériaux qui est là, il faudrait que vous puissiez le regarder avec votre regarde de chercheur, avec vos centres d’intérêts, avec une compétence particulier qui est celle d’un spécialiste de l’image peut-être, d’un spécialiste de la sociologie ; et tout ça pour qu’est-ce qu’on apprend des photographies de paysages. Qu’est-ce qu’on apprend ? À la fois sur les gens, sur les citoyens, s’ils participent à la démarche ; à la fois sur les aménageurs publique, sur l’action publique, donc qu’est-ce que j’apprends aussi de mes concitoyens. Et c’est quoi aujourd’hui finalement le paysage français ? Parce que ce travail-là il a été fait à un moment donné, par exemple la Mission Photographique de la DATAR, s’a était de montrer le paysage français au début des années 80, mais on s’a adressé à des photographes, évidement de renom et qualité, mais en fait ce travail. Il faut savoir la DATAR qu’est-ce qu’il a fait de ce travail-là, elle a publié des choses et tout, mais en fait c’est aujourd’hui qu’on se pose des questions, parce qu’on a le livre de Raphaëlle Bertho et puis aussi autre bouquin des documentations, et l’exposition à la BNF. Il y a ce qu’a dit Bertho sur la Mission, mais il y a aussi des philosophes, et le directeur de l’ENSP Vincent Piveteau, il y a plein des gens qui ont écrit sur ça… Est-ce qu’il faut plus de temps pour pouvoir produire d’autres réflexions sur ça ?

Oui, voilà. Ça veut dire qu’il y a deux choses. Soit on a déjà ça et on a des photos faites partout mais dans différents endroits ; on commence à avoir une espèce d’image d’une partie du territoire. Comme moi, j’ai fait des photos de l’Essonne, on a fait des photos dans le Parc de Luberon, aussi ici dans le Parc de Livradois, dans différents coins ; et puis ce des photos dans 90% des cas « hier-aujourd’hui ». Donc, on commence à avoir ce regard-là, et puis on a aussi ces commentaire que les accompagne, donc ce qu’il faut ce qu’on continue à réunir justement ce matériaux pour dire demain, finalement on peut vous proposer une photographie du paysage français. Mais, une photographie qui n’est pas celle qui est proposé par les artistes photographes mais une photographie qui est proposé par les citoyens. Parce qu’en fait, soit c’était eux qu’on a fait des photos, soit c’est eux qui nous ont demandé de faire de photos, et qui ont choisi le site à photographier ; non pas pour dire c’est mieux ou c’est moins bien, mais pour dire le voilà, il y a aussi ce regard-là, et ce regard là il compte. Pensez-vous que ça c’est possible de faire pour les autres observatoires ? Est-ce que vous le 98

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voyez comme un avenir pour tous les observatoires photographiques en France ?

Moi, je ne comprends toujours pas pourquoi, par exemple je pense au Livradois-Forez, je ne comprends pas pourquoi quand ils font des expositions pourquoi ils ne font pas un travail de recueille de la parole des gens pour leur dire alors : « Qu’est-ce que s’est passé ? Qu’est-ce que vous voyez ? Qu’est-ce que vous aimeriez ? » D’ailleurs nous on l’a fait, avec une partie de leurs photos, quand on avait fait l’exposition pour montrer le travail de Anne-Marie Filaire on avait préparé un petit questionnaire pour les gens qui visité l’exposition et on a même fait des ateliers avec les gens, à regarder les photos ensembles et après c’était individuellement qu’ils répondaient aux des questions, mais voilà on avait organisé cet espèce de petit atelier, et je ne comprends pas pourquoi ça ne s’est fait pas, comme si c’était réservé qu’aux commanditaires lui mêmes et a ses experts. Donc, moi je ne vois pas d’avenir… Il faut que tu vois le film de Daniel Quesney, parce qu’il interroge les gens dans les observatoires, dans les parcs et tout. Donc, c’est l’idée de que la photographie soit plus proche des citoyens, n’est pas ?

Oui. Parce que si tu veux, tout d’un coup la photographie à la fois elle arrête le temps, ça veut dire elle nous donne le temps de la regarder, ce n’est pas qu’elle arrête le temps, c’est nous qui l’arrête ; parce qu’il y a plein de temps justement dans la photographie. Il y a déjà ce qu’il est demain, il y a ce qu’il est avant. Donc, elle n’arrête pas le temps, elle nous arrête nous. Et c’est qui ne fera pas un filme forcement d’ailleurs, ce n’est pas l’un contre l’autre, là aussi il y a une complémentarité à mon avis, mais voilà, tout d’un coup elle nous oblige à nous arrêter et à dire : « qu’est-ce que je vois ? », et que peut-être je n’avais pas vu. Ce pour ça qu’il faut peut-être utiliser plutôt un photographe, mais même déjà il me semble, le fait simplement d’avoir une instantané sa change complètement notre regard sur ce qu’on voit à priori quand on est là et après quand on ne le voit plus, c’est bien ça on ne le voit plus, on perd la mémoire, on oublie vite. Donc, c’est la force pour moi d’ailleurs de la photographie, c’est de vraiment nous interpeler et nous dire : arrête toi, tu es obligé de t’arrêter pour regarder. C’est une chose difficile à faire aujourd’hui où le temps passe vite…

Oui. D’ailleurs, moi je suis ému de voir les premières photographies, on n’a jamais fait mieux que les premières images qu’on voit. Tout a été fait à ce moment-là, après on déploie des dispositifs, des procédés, des choses, mais si on voit les images des origines de la photographie, tu as tout vu. Par rapport à les échelles du temps qui travaille l’observatoire, d’une année à l’autre. Pensezvous que c’est bien, c’est effectif ?

Alors ça c’est une question qu’on nous revoit. Elle est à la fois, elle serve l’idée d’une année, mais elle arrête de servir aussi… Ce que je pourrais dire c’est que si on fait une photo tous les douze ans, en fait il manque onze années, il y a onze années qui se sont écoulés, et je ne sais pas ce qui s’est passé. Je sais comment c’était il y a douze ans et je vois comment c’est aujourd’hui, mais qu’est-ce qui s’est passé entre les deux ? Peut-être en fait, il c’était rien passé et c’est dans la douzième année qu’on a enlevé le panneau à Bessay, à l’entrée tu sais, ou qu’on a démonté l’enseigne de l’auberge de la route bleu ; mais peut-être que entre l’auberge de la route bleu il y a eu cinq panneau différents, on m’a dit qu’il y a eu cinq changements de commerces… Donc, je serais plutôt tenté de dire qu’il faudrait le faire le plus régulièrement possible, quand même. Mais on pourrait dire que peut-être dans l’année entre 2007 et 2008 il s’est passé cinq évènements et entre 2008 et 2019, il s’est plus rien passé, donc à quoi sa serve de refaire la photo d’une année à l’autre ? Donc, je n’ai pas des réponses. Je serais quand même tente de dire qu’il faut le faire un petit plus rapidement que tous les douze ans. Parce que, d’une certaine manière, ce n’est pas un danger mais il ne faudrait pas non plus qu’on soit éblouir ou aveuglé, de croire que les choses sont bouleversées d’un jour au lendemain, parce que on sait bien que ce n’est pas le cas ; et qu’il y a peut-être plein des petites choses qui se sont produites avant et qui annoncent. Et sur l’usage des observatoires, alors cette petite 99


chose qui s’est passe et dont on voit qu’elle était annonciatrice d’un évènement meilleur peut être, elle s’est passe surement ailleurs aussi. Et donc, qu’est-ce qu’on apprend de ces expériences ailleurs pour nous ici ? Qu’est-ce que j’apprends là localement que pourrais me servir ailleurs ? Parce que c’est qui s’est passé ici, c’est qui est à l’œuvre ailleurs et donc, je peux peut être réorienté une politique, un projet. Alors que pour faire ça il faut que le pas de temps il soit plus rapproché, à mon avis, parce qu’il y a énormément des choses qui se sont passé entre et qui déjà nous amène à penser, douze ans plus tard, on comprend pourquoi on est rendu là. Donc, accumuler cette information-là, ça peut nous aider demain ; et que si on a que un et douze ans après, ça nous aide moins, parce qu’on ne sait pas ce qui est passé entre. Et pourquoi pas des clichés plus proche encore ? Tous les jours, où on pourrait voir d’autre type des choses dans le paysage. Parce que ce que vous dites ce sont des grands changements, une maison démolie ou construit, des panneaux qui changent, de changements très visibles, mais dans le paysage il y a d’autre type de changements qui passent tout le temps aux différents échelles, par exemple l’éclairage naturelle change ou la météo, ou les gens qui participent de l’espace, et ça change aussi.

Oui, les activités humaines, oui je suis d’accord. On pourrait avoir ce type d’observation aussi pour donner plus d’information par rapport au paysage

Oui, mais moi je pense qu’il faut changer de medium, il faut plus faire de la photographie et faire du cinéma ou la vidéo. Mais, après c’est un autre problème pour moi… Dons, pensez-vous que la photographie c’est pour une échelle du temps plus longue ?

Alors je veux m’expliquer autrement, je parle pour moi mais je pense qu’il faut le voir plus généralement. La photographie… si je faisais selon on parle, je mets une petite caméra vidéo, on la posse là, donc choisi bien mon angle de vue et tout, justement pour avoir des gens qui parcours l’espace, la lumière qui change, un but du ciel pour savoir si c’est nuageux ou si c’est grand soleil, c’est très intéressant aussi ; mais, ce n’est plus la même chose parce qu’il n’y a pas l’expérience d’un photographe. Tu as bien vu que on fait une expérience très particulier quand on va faire une photo, quand on revient sur le terrain, et on apprend aussi en regardant un peu autour de nous et pas simplement parce qu’on s’est focalisé, qu’on a choisi un point de vue et qu’on ne démord pas. Et d’ailleurs je pense que le travail d’un photographe d’observatoire c’est aussi de noter, par exemple le panneau qui est parti en face, de noter c’est qu’on ne voit pas sur l’image ; mais par contre ce qu’il bouleverse complètement le regard qu’on porte sur l’espace qu’on a photographié, bien entendu. Et puis après il y a autre problème, c’est le traitement de cette information. Quand il y a une série des photos sur ce thème, comme sur la 89, je trouve que c’est très lourd à traiter, là si tu accumule des heures notes, je ne sais pas comment…alors, il y a des méthodes surement numériques ou je ne sais pas quoi, mais il y a un problème de traitement de l’information après. D’ailleurs à ce sujet-là, il faut que tu regardes quand même, je ne sais pas mais ils nous avaient appelés ; il y a des chercheurs de Toulouse qui ont travaillé sur quelques photos de l’autoroute A89 et qui ont justement proposé un traitement numérique des images. Je crois qu’ils s’appellent PUL, alors ils n’ont pas travaillé que sur nos photos mais ils l’ont utilisé ; et ils ont trouvé d’intéressant ce qu’elles étaient bien calés et très proches et tout, et ils travaillent sur un traitement numérique. Mais ils fassent un traitement numérique de quel type ?

De regarder la couleur, les pixels, les natures des pixels et tout ça. Alors, ça c’est un bon exemple d’application des données des observatoires. Des chercheurs qui prennent les données de l’observatoire pour produire une autre chose, une information. Je pense qu’après ça, peut-être, l’Etat ou les élus peuvent faire des changements dans ces actions 100

Relief du temps . Les dimensions temporelles du paysage et les observatoires photographiques - Claudia Leon


sur le paysage. Comme on a vu, c’est plus effective que les chercheurs réfléchissent et fassent un traitement des données, de la production des observatoires, avant pour qu’après l’Etat s’en serve de ces informations. C’est un peu bizarre parce que sont eux qui font la demande originaire pour faire les photographies, mais après ils ne s’en servent pas directement des informations produites. Peut-être on doit voir qui va s’en servir de ces données après…

Oui, je comprends ce que tu dis... Je suis d’accord avec toi que c’est à nous de montrer la valeur, la qualité de l’expérience, je ne parle pas de la qualité du travail en soit même, mais la valeur de l’expérience ou la démarche pour faire notre travail. Moi, j’ai fait ça un peu déjà, dans le travail qu’on a fait sur le Parc de Luberon, j’avais fait à la fin une espèce de synthèse de ce qu’on disait les gens, et il y a tellement d’informations là-dedans pour des élus, attendez les gars on parle de la gouvernance, c’est quoi la pollution pour les gens, je ne pas dit que c’est la vérité de là mais ça veut dire que ça existe aussi… Moi, ce que j’ai toujours pensé, ce que par exemple, cette démarche des enquêtes photographiques, leur valeur, c’était évidemment de montrer des parcelles des territoires, comment ils les avaient changé et tout ; mais surtout, ou aussi, de dire aux élus : attention, voyez à qui vous avez à faire, qui sont les gens qui sont vos administrés, qu’est-ce qu’ils comprennent, qu’estce qu’ils ne comprennent pas, qu’est-ce qu’ils pensent, voilà…et vous, votre travail c’est de savoir ça, pour vous mettre à leur porté, peut-être si des choses ne sont pas compris, pour les expliquer. Puisque finalement vous portez un projet pour la collectivité et pour eux, donc, vous les devez faire comprendre. Et si on vous dit, vous savez ce projet, il ne nous semble pas bon et vous le devez aussi entendre…ça veut dire que, soit vous-même vous ne pouvez pas avoir un regard critique sur ce projet-là, ou soit on peut parce que en effet il y a deux ou trois choses qui dit le gens et qui m’emmènent à réfléchir à nouveau et à dire au bureau d’étude que les gens pensent ça ; donc, qu’est-ce qu’on peut faire pour essayer de répondre à cette attente ou la prendre en compte, ou expliquer justement ce qu’on est en train de faire parce qu’il y a quelque chose qui n’est pas entendu. Moi, je pense que c’est une des forces de ça, de dire je pars de la base, je renvoie ça aux élus, et eux-mêmes, bah, ils ont font ce qu’ils veulent, mais finalement quelque chose a été dit. Par rapport à l’expérience de travail de l’observatoire avec des bureaux d’études, ou des paysagistes, est-ce que avez-vous travaillé directement avec des paysagistes ? Par exemple, au début de l’OPTMC quand vous avez fait ce travail de l’observatoire avec Alexis Pernet et Cyrille Marlin…

Ça a été très intéressant parce que ça nous a aidés à construire l’itinéraire ou un parcours photographique. Il faut que tu regardes en ligne sur notre site, tu regardes sur l’Allier et sur la Haute Loire, ce n’est pas évidemment les mêmes photos, mais tu vas voir que c’est très différent. Donc, justement pour ce qu’il y a dans les photographies ; mais pas parce que c’est deux territoires très différents, parce que dans l’Allier comme dans la Haute Loire on pourrait se mettre dans la rivière, on pourrait regarder dans la forêt, alors il y a plus de montagne dans la Haute Loire que dans l’Allier… Mais c’est des photos qui sont très différents, parce que, par exemple, dans la Haute Loire ça a été pensé en dissent la Haute Loire c’est un lieu où il y a des points de vue et de points de mire, ça veut dire : de là je vois ça, et de là-bas je vois autre chose, et il y a toujours un relief, il y a toujours quelque chose ; et devant se déploie des activités dans ce grand paysage. L’idée des paysagistes c’était le paysages de Hokusai, tu sais le grand peintre japonais, il a fait les vues du mont Fuji, donc c’était ça l’idée. Tu as le mont Fuji qui est toujours présent, soit dans un coin, et tu as toujours des gens qui bricole devant ou quelque chose qui se déploie, mais c’était ça un peu l’idée, et c’est justifié, ce n’est pas une coquetterie… Et ça a été une commande très spécifique, par exemple, au contraire d’autres commandes, n’est pas ?

Oui, mais c’est un cadre qui a été fixé. Par contre, après on a mis ce qu’on a voulu. Et l’idée c’était de travailler un peu des panoramiques, assez de format plutôt allongé. Pour l’Allier, ce n’était pas du tout ça, l’Allier c’est un territoire qui est traversé par des grands axes, des voies ferrés, les grandes routes : la RN7, la RCEA, donc il y a du réseau, d’infrastructure ; il y a un paysage très spécifique qu’est celui du bocage, et puis il y a 101


aussi d’espèce de petit motives, des petits étangs avec des petits îles ; puis il y a des grands forêts, il y a encore des grands forêts, puis des châteaux. Mais donc, si tu regardes les deux ce n’est pas du tout la même chose, ce n’est pas du tout les mêmes paysages qui sont montrés, mais pas parce que en effet, et c’est vrai aussi le paysage de la Haute Loire ne se semble en tout à l’identique à ceux, mais c’est parce que les intentions de départ étaient différents. Et donc, c’est en cela que ça a été intéressant de travailler avec des paysagistes parce que ils ont orientés notre regard, ils nous ont dit : voyez ce qu’il y a d’intéressant dans l’Allier c’est plutôt ça, ça et ça, et dans la Haute Loire c’est plutôt ça, ça et ça… Donc ça, pour moi oui, a été très riche. Et je pense moi-même, c’est pour ça que pour la Chaîne de Puys on a travaillé avec une géographe et une paysagiste, pour voilà dire : ça va nous aider à regarder, à être attentif peut-être à des choses qu’on ne pas attentif ; on a d’autres regards, on peut avoir d’autres intérêts, d’autres compétences, ce n’est pas la même sensibilité, la même histoire, la même connaissance, les mêmes savoirs… Alors, peut-être c’est important pour chaque observatoire d’avoir un travail interdisciplinaire…

Oui, je crois, mais je ne suis pas sûr que les photographes soit d’accord avec toi…mais je crois, oui. Et c’est ce que, observatoire ou reportage photographique, le travail que j’ai fait pour la DRIEE Ile de France. Donc il y avait tout un reportage photographique sur les sites protégés d’Ile de France. C’est moi qui a répondu à l’appel d’offre, et j’ai cherché d’autre photographe et deux paysagistes, et on a fait les sites dans les Yvelines et dans la Haute Loire. Je trouve que ça a été très intéressant pour moi et ça donne un travail photographique qui est très différent d’autres ; il y avait d’autres photographes qu’y avait travaillaient sur Paris et la petit couronne, et un autre sur la Seine-et-Marne et l’Essonne… et ce n’est pas un observatoire, c’est un instantané à un moment donné de ce paysage protégé, et bien c’est un travail très diffèrent de l’un à l’autre. Pensez-vous que ces expériences sont une meilleure manière pour que les commanditaires s’en serve mieux des données produites ?

Je pense qu’il faudrait surtout, pour les observatoires photographiques et pour cette démarche, on pourrait dire, une : il y a l’état des photographies ok ; deux, comment va s’en servir de la photographie ? … Bon, une : pourquoi on le fait ; deux : à qui on le fait faire ? Si on se pose la question pourquoi on le fait, on doit pouvoir dire, trois : comment on va exploiter ces matériaux ? Quatre, une fois qu’on l’a exploité, Quelles sont en tiers de ça ? Qu’est-ce qu’on a appris et comment on transforme ce qu’on a appris, cette connaissance, dans un vrai savoir… ***

2 / Claire Planchat Ingénieure territoriale, géographe-sociologue - Présidente de l’OPTMC Issoire, le 27 mai 2019 Quand avez-vous commencé à participer à l’OPTMC?

Moi, j’ai commencé dans l’OPTMC en 1999, quand j’ai choisi mon master 2, sur les Chartes Architecturales et Paysagères, qui est un politique de paysage national et qui l’ancien président de la région Auvergne, à cette époque-là, avait fortement développé et qu’était un outil très intéressant, parce que c’est un des rares outils des politiques publiques qui a combiné paysage et architecture, et les bureaux d’études qui faisaient ça c’était soit l’État, comme on disait l’autre fois, soit des cabinets des architectes ou paysagistes; en effet architectes et paysagistes devraient travailler ensemble pour faires ces études. Et ça donnait lieu à des bijoux, à des études magnifiques, où il y avait plein de croquis, plein de photos, plein des dessins; et une des chartes, l’architecte de l’époque, qui s’en occupait, qui s’appelle Jean Louis Coutarel faisait la charte de Bion, dans le territoire de Bion, où il y avait le siège de l’observatoire à l’époque, et pour donner à voir la charte, l’observatoire avait été commandité pour faire les photos de reconductions 102

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de Bion, avec expositions, etcetera. Et donc, comme j’ai commencé à travailler sur le paysage, j’étais allé voir ce truc là et c’est là où j’ai tombé amoureuse de l’observatoire. Je me suis dit, voilà, ça a du sens, c’est un outil didactique et ma formation initial est tant dans les outils didactiques, d’éducation et pédagogie sur l’environnement, j’avais découvert là quelque chose qu’était parlant et intéressant. Voilà, comment j’ai tombé dans l’observatoire. Par rapport à ce type de sujets et à cette époque-là, est-ce que voyez-vous des changements dans l’observatoire maintenant?

En effet, ça dépend des types de changement que tu parles… par rapport aux politiques publiques, il y a eu clairement une diminution de la qualité des politiques publiques en terme de paysage, pour la simple et bon raison qu’en 1990-2000 il y a eu la Convention Européenne du Paysage, et il y a eu une sort d’effervescence où tout le monde en parlait, on l’a imposé dans toutes les réglementations, mais on en parlait. Et avec la Loi Paysage de 1992, qui enfin était appliquée en 2000, et les décrets d’applications de la convention européenne, ils sont de arrivaient je crois en 2012, ou 2013, très tardivement, et ce n’était pas applicable encore; et pourtant tout le monde en parlait de cette convention, et aussi dans le monde scientifique. Mais les politiques publiques faisant que, il y a été très intéressant qu’en ‘99 que c’était la création de la fusion des communes, et que du coup les élus se sont retrouvés dans un situation, c’est là où il y a tous les mots : identité territoriale, il y a plein des études qui ont était faites sur l’identité territoriale, et du coup le paysage devenait un outil super intéressant pour faire adhérer les habitants à l’identité de leur nouveau territoire; et ces chartes c’était formidables… Et maintenant, que ces territoires se sont créés, même s’il n’y a encore de diffusion aujourd’hui, il y a une question même du paysage qui est remis en question, en fait aujourd’hui les gens préfèrent parlent de diversité, on revient à des notions complètement flou, des notions de tiroirs, polysémiques, enfin... et le paysage n’apparaît pratiquement plus dans les politiques publiques. Donc, il y a de…, tu sais, comme des trucs qui sont en train de mourir, et puis d’un coup t’as la vie qui revient un tout petit peu, des souffles comme ça, comme le Plan Paysage, mais il y a que ça quoi, il y a que ça... Selon vous, quel est la raison de ces changements?

Pour multiples raisons. Il y a des raisons très particuliers, par exemple le monsieur qui a écrit la convention européenne de paysage en France, qui s’appelle Yves Luginbühl travaillait étroitement avec les gens du Ministère de l’écologie, et au fils de changements du gouvernement il s’est retrouvé en fait complètement au milieu de côté, et donc, il y avait, c’était François Seguin le chargé d’Etat qui s’occupait de ça, et il y avait un des agents techniciens au cadre du Ministère qui avant partir en la retraite, qui s’appelle Régis Ambroise, qui étaient des gens qui portaient, très clairement, au sens du ministère ce question-là. Quand ces gens sont partis, ils sont partis à la retraite, les chercheurs là, ils ont devenus que des chercheurs, du coup il n’avait plus pratiquement d’influence et la plupart des projets avec lesquels je travaille aujourd’hui avec le ministère il n’y a plus aucune influence, en fait… et aujourd’hui le Ministère, enfin le paysage c’est rien à faire, vraiment rien à faire. C’est un changement de directives?

Oui, c’est un changement de signification… Je pense qu’est une des raisons dans le mécanisme. Et après ça a était aussi dans les représentations locales, puis finalement pour les élus locaux c’était un concept très flou, c’est un peu élitiste en fait, c’est quelque chose d’intellectuelle, ce n’est pas quelque chose de pragmatique, même si tout le monde est d’accord à voir la carte postale, etc. Donc, du coup je pense, c’est mon point de vue, peut être que je me trompe mais je ressens ça comme ça, qui a eu un phénomène dans le sens “button up and button down”, le “button up” n’était plus là, parce que les élus, ils nageait dans les concepts de paysage en leur demandaient de protéger le paysage; mais oui à savoir dire que tous les politiques publiques est abordé le paysage sous l’angle de la protection et la préservation, on parle de préserver le paysage dans la plupart des 103


documents d’urbanisme, comment on préserve les points de vue. Donc, dans l’esprit français; qui est très contradictoire, qui dit obligation de protéger dit contrainte, on ne peut pas faire ce qu’on veut, quoi. et donc, du coup il y a à la fois une acceptation: ”oui, la nature est indispensable, on la préserve la nature, mais pas chez moi”, dans le paysage c’est un peu paraît, on le ressent beaucoup dans les politiques locales. Donc, il y a ce phénomène locale qui dit qui c’est un concept flou et qu’il semble être contraignant parce qu’il que dans un version de protection, et pas du tout dans un version didactique, jamais, pratiquement jamais; et au niveau “top down” et il y a une dislocation total du gouvernement autour de ces concepts. Et au niveau scientifique il y a cinq écoles de pensés qui ne se mettent pas d’accord. Donc, ces trois sphères font que les observatoires se trouvent un peu au milieu de tout ça, et que du coup tu as d’un côté les chercheurs qui disent “c’est super mais bon, notre dada maintenant c’est la transition écologique, c’est plus le paysage”. L’enseignement même, l’enseignement moi je trouve qu’on est aussi dans une grosse mutation, on est dans deux confrontations forts des écoles de pensées, où il faut faire le paysage intrusif, l’architecte paysagiste a la connaissance qui doit dire qu’il doit faire aux élus, et c’est comme ça; et puis tu as ceux qui dit ‘non, non, on est complètement participative, on est du collectif, de l’événementiel”, c’est super intéressant mais c’est pas non plus super constructive. Donc, les deux s’entrechoque aujourd’hui, moi je le sens très bien dans l’enseignement, et voilà le gouvernement et les locaux qui pleins de tout ça. Les observatoires, voilà, l’enseignement il ne l’enseigne pas. Le ministère, ils ont fait leur politique publique, mais comme toutes les politiques, ils ne reviennent pas dessus, c’est qui s’est fait, c’est fait; alors que c’est quand même un truc qui devrait être entretenue. Et les élus locaux, tous les observatoires sont des tiroirs, et les nouveaux élus ne savaient pas qui ça existe. Voilà pour moi les changements, enfin le système qui est assez complexe. Donc, maintenant, pensez-vous que les observatoires servent à quelque chose? Ou est-ce qu’on doit changer la manière de travailler là?

Moi, je pense qu’un observatoire il a sa fonction de base qui est, justement penser le temps; et que plus il le fait il y a longtemps, plus il va devenir intéressant, comme tu l’a vu. Donc, dans un côté qu’on le laisse dormir un peu, oui, ça va très bien; c’est comme le vin, c’est le vin dans sa cave, quand un jour tu vas le sortir, tu vas faire: guau! Mais, c’est celui qu’il va ressortir, dont on ne sait pas aujourd’hui qui c’est quoi, on ne sait pas aujourd’hui qui va sortir le vin de la cave, comme on ne sait pas qui va à re-ouvrir les observatoires; et c’est ça qui fait peur, et c’est ça où je me dis, notre association, elle doit être une église de ça, ou quelqu’un qui rappel qui ça existe. Même si après tu as des gens comme Stéphanie Doucet et des gens comme Jordi Lopez qui ont complètement compris le truc quoi, et qui du coup leur ont mis sur internet et ce un dernier outil qui va nous permet de faire le lien avec tout l’espère dont je te parlé avant, dont des gens comme ça voilà, ils ont compris, il y a d’autres qui ont compris en Bretagne, dans les parcs naturels certainement ont compris. Donc, il y a quelques communautés des praticiens, d’élus ou de techniciens qui permet la petite flamme qui doit perdurer, et de créer la cave de grands crus des observatoires. Et c’est pour ça que moi, ça m’intéresse, de travailler sur le relais de Pierre d’un certaine manière, ça serait autre chose, il est évident que dans ma pratique aujourd’hui je ne fais rien sans regarder le temps, ça m’a appris ça aussi, et les différents temps, justement, juste où on remonte, comment on remonte, et de travailler sur qu’estce que immuable, pour pouvoir dire aux gens : ça ne changera pas, donc je vous rassure ça va rester, parce que quand on regarde le temps il est toujours était là, et il n’y a pas raison de que ça change, donc si vous ne voulez pas des changements, accrochez-vous à ça par contre, si vous voyez ça, c’est même vous qui l’avez changez, donc, si vous avez peur du changement, réfléchissez à pourquoi ça a changé et qu’est-ce que fait que ça va changer encore demain, et que vous seriez là, pour accompagner ces changements… Pensez-vous que ce pas maintenant le moment des observatoires ?

Si, en fait ça dépende des observatoires, il y a quelques qui sont conçues et pensez pour être réfléchis régulièrement, et puis d’autres s’ils sont oubliés ce n’est pas un catastrophe, s’ils sont oubliés pour toujours oui, c’est un catastrophe mais, s’ils sont un petit peu 104

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oubliés. Donc, c’est pour ça qu’aujourd’hui, il est essentiel de faire un inventaire des ce qui existe pour justement faire un inventaire des grands crus de ta cave, et le jour où t’as les moyens financiers, humains ou je ne sais pas quoi, être en capacité de réactiver l’affaire. Oui, ou peut-être, l’intérêt de chercher quelque chose en particulier qu’on a déjà observé dans une démarche particulier. Par exemple, cet observatoire sur la RN7, qui maintenant a retourné douze ans après, c’est un peu ça, n’est pas ?

Ah oui, tu ressors la bouteille là, c’est claire; parce qu’il y a un intérêt et c’est ça qui est super. En fait, quel que soit l’intérêt de sortir la bouteille, si c’est pour fêter une naissance ou un entièrement, au moins elle est ressortie et on la goûte quoi. Pensez-vous que les observatoires doivent changer sa manière de travailler ? Est-ce qu’ils peuvent améliorer son travail ?

Je pense que c’est toujours améliorable, ça reviens à ce question qu’on s’était posé de la technique, comme on a vu aujourd’hui. Les bases des données à l’ancienne, à la main ou en numérique, c’est le transfert en numérique que déjà c’est une question base, qui du coup pose vraiment des questions. Parce qu’il faut faire confiance au numérique au même titre qu’on fait confiance au papier, est qui est pas évident, je trouve. Et puis, comme tu passes de la photo en argentique à la photo en numérique, c’est pareil, comme tu passes de la prise de vue tangentiel à la prise de vue oblique avec un drone. Voilà, tous ces aspects-là, nous obliger de réfléchir. Mais, ça repousse la question de qu’est-ce que c’est une photo, depuis l’origine de qu’est-ce que une photo, au même titre de qu’est-ce qu’un tableau, de ce qui est neuve, comme le cinéma, tu penses le cinéma 3D avec tes lunettes et une bonne vieille salle de cinéma… et qu’est-ce qu’est la durée dans le temps ? Parce que l’enjeu qu’on veut c’est que ça dure; et je reprends encore les vins, il y a des vins, les techniques des vins où elle ne dure pas trois ans dans ta bouteille, puis t’as à d’autres qu’on a duré quarante ans. Pour moi c’est un peu ce même chose là, ça veut dire qu’au même titre que t’as une bonne réflexion, un bonne fabrication de ta photo, d’un système, ça doit pouvoir durer dans le temps parce que justement on doit pouvoir ressortir cet observatoire dans le temps; et si t’as fait un truc super contemporaine dans les techniques, tu ne sais pas dans dix ans qu’est qu’il va se passer, donc il y a peu des chances, ou moins de chances que ton truc il soit transférable dans le temps. C’est mon point de vue, parce qu’à l’expérience de la Chaîne de Puys, par exemple, la technique photographique c’était le daguerréotype, toujours est-il que la production c’était d’une photo, et cette photo de 1902, cent dix ans après, tu peux la réutiliser et la retravailler et la traiter, et je trouve ça trop magique, il y a un truc comme de grec archéologie, c’est archéologique, c’est trop fort. Alors, avez-vous travaillé là avec des anciennes cartes postales ?

On a sélectionné trois ou quatre, je crois. Et alors, ce qui était extraordinaire, c’est qu’il y une où le paysage n’a pas du tout changé, ça veut dire que même les pratiques agricoles sont restées. Tu as un foret, tu as un champ juste devant, et on sait que c’est ancienne parce que il y a un vieille voiture de 1900 qui est garé à côté, et tu vois le paysage derrière et il n’a pas bougé d’un poil, ça reste une prairie, des pâtures, avec le boisement sur le Puy de Dôme, sur les volcans, depuis cent dix ans. Et ça c’est que je trouve super rassurant, tu vas voir des élus, tu vas lui dire : votre plan de gestion il est évident là, votre politique elle est claire et neutre, vous maintenez les pâtures. Ou alors, ça c’est photo elle est trop patrimonial, elle est trop protégé justement, réfléchissez à faire quelque chose, ou est-ce qu’on le supprime ? Tu vois, c’est comme si tu as un théâtre romain, antique et tu vas construire un super immeuble contemporaine avec un super architecte super renommé, qu’est-ce que tu fais ? C’est cette question là aussi, c’est un patrimoine de représentation iconographique d’un paysage ordinaire du quotidien, ça c’est extraordinaire en fait. Pensez-vous que les élus ont des sensibilisations avec ce type de choses ?

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Il est claire et nette que dès qu’on les met sous leurs nez, ils tombent muet, ils disent : c’est une évidence, mais il s’agit pas que de les mets sous leur nez, tous qui va avec et tout qu’est de réconfort, de confiance, voyez c’est vous qui faites ça dans votre territoire… En fait, c’est comme si je te montrais des paysages de Taiwan, bon ok, tu es paysagiste, tu es sensibilisé, tu dis : ok, c’est intéressant; mais si je te montre ça avec Rosario, où tu habites tu vas tout suite avoir un autre intérêt, parce que c’est ton quotidien, c’est ce que tu vois dans la fenêtre, et c’est pareil avec des élus. Et avec les habitants c’est pareil ?

C’est la même chose, pour moi un élu c’est un habitant, c’est juste que c’est un habitant avec quelques responsabilités plus. Ce qu’il est différent ce qu’un élu, il doit signer le plan paysage, il doit le porter, il doit penser des projets. Après chaque habitant a son propre projet aussi, dans son jardin, c’est juste un changement d’échelle, et la responsabilité d’un bien commun ou la responsabilité plus individuelle. Après c´est un portage plus fort, ça revient cet histoire d´identité territoriale. Ça revient l’idée où j’apprécie le lieu où j’habite, et que je veux défendre, parce que j´élus je défendre un peu plus qu´un habitant. Mais au même temps un élus qui veut planter des éoliennes et que les habitants ne veulent pas, bon… là tout suite il a une casquette des élus mais il y a des habitants aussi qui sont pour les éoliennes, c’est juste que c´est lui qui décide, c´est tout. Mais dans la façon fonctionnel des élus, maintenant que j´ai six ans que je suis élue, je peux garantir qu´un élu c’est un habitant. Et actuellement, combiens des missions à l´OPTMC ?

Officiellement, actuellement il y a que la RN 7. Après chaque membre de l´OPTMC enrichi l´OPTMC par ses propres activités. Donc, la Chaîne des Puys, par exemple, on est tous membres de l´OPTMC, donc en terme de fonctionnement administrative, c’est nos cabines respectives qui travaillons mais en terme intellectuelle il est évident que ce qu´on a fait c´est l´OPTMC, même nos clients nous confondent : « ça c´est l´observatoire photo… ». Donc il y un confusion en terme de nos clients. Il y a pas trop longtemps on a travaillé avec Julien Marceau de l´Observatoire du Pilat, où l´OPTMC a été commandité pour organiser des ateliers participatifs pour expliquer c´est quoi un observatoire, à quoi ça serve, et animer des ateliers avec des potentiels usagers des observatoires. Je ne sais pas qu’est-ce que ça a donné, je pense il y a peu de réaction, mais Julien a été assez content, ça c’était une mission de l’observatoire. Après l’observatoire c’est le gérant de sa cave, quoi… le problème c’est qu’on a des bouteilles de vins partout, et qu’on n’a pas trouvé cave pour les mettre, et qu’on espère que la région, que Stéphanie Doucet puis nous servir d’un cave qu’on donne à voir ce qu’on a fait, parce que… ou alors, on va créer notre propre site internet avec Serge et tout ça, mais voilà, moi je me méfie, il y a un truc qui fait que ça me bloque et je n’arrive pas à décanter là-dessous et à trouver la meilleur solution pour l’instant. Pour moi un des meilleures solutions seraient les archives départemental, en fait c’est un structure qui est géré par le conseil départemental et qui est un sort de bibliothèque pour toutes les communes de départements et les associations qu’on des documents à sauvegarder; tu peux les sauvegarder en papier et en numérique, soft que ça fonctionne que par département, et vue qu’on est Massif Central il faudrait toucher huit départements, non douze, donc ce n’est pas possible. Après avec l’Etat, avec le Ministère justement on a essayé, ils ont une bibliothèque aussi, mais ils ne veulent pas. On a essayé avec les rencontres de l’image de territoire nationale (en 2016), où il y avait tout le monde, 250 personnes, ce nous qui a organisé ça à Clermont avec le ministère avec tout le monde ; tout le monde est venu, et tout le monde est reparti, on a fait le film, on a fait tout, et tout le monde a dit : bon, vous organisé le deuxièmes rencontres, soft que pour faire quoi ? Ils sont repartis sans laisser rien, personne n’a aidé… Donc c’est un peu un échec pour moi. Par rapport à la temporalité du paysage, pensez-vous que les observatoires sont un bon outil ? ou pourrait-il avoir d’autres choses qu’on peut utiliser pour mesurer le temps dans le paysage ? C’est bien continuer de s’en servir de la photographie pour ça ?

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Relief du temps . Les dimensions temporelles du paysage et les observatoires photographiques - Claudia Leon


Par rapport à ce qu’on a dit avant, et par rapport aux conflits entre les photographes et les processus, on va se retrouver à un moment donné, justement dû la temporalité, ça restera toujours intéressant, je pense, pour un photographe de refaire des photos, c’est un truc attractive, de ressortir de vidéo clichés et de refaire de photos d’avant. Je pense que plus ce vieux plus ça doit être sexy, moi quand je vois ça je trouve hyper intéressant. Quand tu as fait l’Ecopôle, où t’as qu’un an d’écart, je pense que c’est moins sexy, parce que ça n’a pas eu le temps de changer. Et pourtant l’usage et le procès que tu as fait pour l’Ecopôle, pour moi c’est la vrai richesse du truc, et que selon l’époque où tu vis ces observatoires tu pourrais les utiliser à chaque fois d’un manière différent, selon l’époque et l’usage que tu aurais faire, et donc les temporalités tu vas la chercher sur que tu vas faire. C’est un outil couteau suisse, un observatoire ça peut donner un couteau suisse : si en moment donné tu fais l’évaluation d’un aménagement, tu vas analyser le temps de l’aménagement; si tu veux montrer des évolutions écologiques, tu vas utiliser le temps de l’écologie, si tu veux montrer les évolutions anthropiques d’usage différents, s’il y a des touristes ou pas de touristes, un parking ou pas de parking, comme on a vu en la Chaîne de Puys, tu vas utiliser ce temps-là; et c’est toi qui choisit en fait. Tu as deux choses, est-ce que te réveille la photo initiale par rapport à aujourd’hui, et soi c’est pensé avant, on fait cette photo parce que on veut montrer ça, et dans 15 ans, 20 ans, 30 ans ça a complètement disparu la photo… Il y avait des photos qu’on a essayé de refaire avec Fanny, il était impossible de reconduire la photo, puisqu’il était complètement construit des lotissements partout, et tu dis là c’est foutu, on ne peut pas faire l’observatoire parce que ce complètement construit partout. Et en temps, quand on a montré ces photos aux élus pour évaluer leur documents d’urbanisme, justement ce fameux paysage à préserver, on a montré là-bas qu’on n’a pas pu faire la photo ils ont dit : ah oui, il faut préserver; on arrête de construire; et là le fait qui a bénéficié ce qu’ils ont compris. En fait, je pense que ça dépend de l’usage que tu veux faire, soit c’est un usage simplement basique de création artistique, photographiques et c’est sublime de travailler la série ; ou c’est politique, ou c’est participative, ou c’est professionnel...voilà. C’est l’intérêt de cet outillà, d’être multi usage. Et du coup, multi temporalité. Tu cherches la temporalité que tu as envie de trouver. Que pensez-vous des autres manières de montrer la temporalité dans le paysage proches aux observatoires, par exemple Google maps ?

Oui, la photo diachronique, en fait tu reviens à la photographie ; c’est-à-dire que le moment où on a pu mettre un appareil photo sur un avion on a pu mesurer les temporalités d’occupation du sol vu du sous, c’est juste les vues dessous et non plus les vue dedans qui fait que ça change, mais c’est la technique photographique qui est la même et qui est encore présent, et qu’aujourd’hui ça change c’est encore plus différent parce que c’est la technique satellitaire, dont tu es dans d’autres techniques, aussi le Lidar, un scanner géant qu’est installé sur un avion, et donc tu vas scanner le terrain, normalement ce qui permet de mesurer la taille des maisons, des arbres, etcetera, les hauteurs ; et tu peux mesurer aussi les reliefs mais dans les super méga détails. Et donc, par exemple ils ont passé par les forêts dans les Vosges et là ils découvrent des trucs archéologiques, des implantations qui sont sous la forêt, et ça c’est des techniques photographiques ou scanner ou satellitaire qui permet d’observer le terrain, à un autre temps géant qui n’est pas celle du regard humain et qui te permet de vivre aussi les temporalités en fait. Et cette temporalité, est-ce qui est intéressant dans cette technique par exemple, sur la photo tu as besoin de la série pour faire la technique de la diachronie, de faire jeux des différences. Alors que sur de Lidar tu n’as pas de diachronie, tu auras devoir nécessité d’une connaissance scientifique pour interpréter est-ce que tu vois, comme un géologue il voit un volcan et il te donne l’âge du volcan, et c’est une connaissance très, très pointue. Alors que avec la photo à l’échelle de regard humain, tu n’as pas obligé d’avoir cette connaissance très pointue de temporalité justement, tu as juste à jouer aux différences, et c’est ça qui fait que ce très didactique, et c’est communicative, et qui c’est quelque chose qui peut perdurer dans le temps parce que si on a perdu la connaissance ce n’est pas grave, tu peux continuer à lire les photos. Ça c’est une façon très intéressant aussi par rapport aux autres prises de vues, ou d’autres outils de temporalités.

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En fait, la question de la temporalité c’est la question de « avant-après », et jusqu’où tu remontes dans l’avant. On a été convoqué en l’OPTMC par un association qui s’appelle l’Agence des Musiques traditionnelles d’Auvergne, et dans cet association depuis les années 70’ et 80’ ils travaillent avec des anthropologues qui vont sur le territoire plutôt ruraux, recueillir des voix, des histoires, des chansons, et des musiques des lieux ; et ils nous ont dit : ça serait génial de travailler avec vous, pour voir si on pourrait faire rattacher une image du paysage à cette temporalité vocale, musicale, jusqu’à aujourd’hui. Et on a dit : oui, carrément, t’imagine tu vois un paysage la musique le champ de l’époque; et puis tu vois un autre paysage jusqu’à aujourd’hui. Et puis en fait il faut un poignant monstrueux, donc il y a eu un politique locale qui se fait avec le conseil départemental sur territoire innovant où ils sont sollicité justement cet association pour revenir sur cette question d’identité territoriale, et comment faire participer les habitants, adhérer à leur territoire. Donc ils ont utilisé cet association pour tous qu’ils avaient développé sur la notion de patrimoine immatériel, donc le patrimoine qui tu ne peux pas palper parce que c’est le patrimoine orale ou ce n’est pas une maison, ce n’est pas une photo non plus, mais le paysage dans ce représentation mentale pouvait faire partie du patrimoine immatériel. Et en fait il n’a pas eu un sert poignant pour payer les deux associations, et puis pour nous c’était très, très compliqué parce que justement, si on pouvait dater nous nos photos, eux ils ne peuvent pas dater précisément leurs sons, ils étaient dans des pas de temps de dix ans, vingt ans ; alors que nous, on savait bien la date de la photo. Et du coup je trouvais que l’écart était trop grand aussi, de temporalité justement, pour faire correctement de choses intéressant, même si l’idée était sublime. Et c’est pour ça que sur la Chaîne de Puys, par exemple, Pierre Alain a enregistré tous les sons de la photo, parce que on se dit, voilà là on a un son de temporalité, une chose qui est bien ; et ce quelque chose qu’on n’avait jamais pensé à l’observatoire, parce que on est photographique, et tu vois là c’est un observatoire de paysage et pas un observatoire photographique, et que la photographie soit un des outils d’analyse du paysage et d’observation paysager. Oui, pendant les sorties de reconduction sur la RN7, on a enregistré un peu les sons aussi, avec Pierre et Pierre Alain ; et c’est impressionnant ça, parce qu’on a là tous les bruits des camions qui passent très fort sur la route. Par rapport à ces observatoires plus larges et les autres qui focalisent seulement dans l’image. C’est une chose qui m’inquiète, on sait que le paysage ce ne pas que la vision, l’image ; le concept du paysage inclut la perception avec tous les sens.

Oui, mais du coup ça c’est la théorie, de dire que le paysage ce n’est pas que c’est qu’on voit, et c’est un vrai problème de chercheurs, les écoles de chercheurs ne sont pas d’accords là-dessous. Et du coup les praticiens qui ont étaient dans les différentes écoles où ils ne sont pas d’accord, ne sont pas d’accord sur le terrain. Et du coup quand ils vont faire des documents d’urbanisme, les documents ne sont pas pareils dans la même qualité parce qu’ils ne sont pas d’accord. Même la Convention Européenne du Paysage est polémique, il dit : « portion du territoire perçu par la population », « perçu » : comment ? Pour quoi ? Justement, perçu c’est assez vaste…

Oui, et c’est bien fait exprès, pour justement concilier tous les écoles de pensées. C’est bien mais après ils ne se mettent pas d’accord. Quand on paie un paysagiste ce n’est pas pour faire un band sons du paysage ou un carte postale sonore, on paie un paysagiste pour réaménager les rond points ou planter des fleurs… je caricature un peu, mais c’est vrai. Dans l’esprit des gens, dans l’esprit des élus quand ils paient un paysagiste, ils pensent qu’il va mettre des fleurs dans le rond-point. Et dans les écoles aux États-Unis ou en Chine, les trois ou quatre premières années c’est que faire des ronds-points, dessiner et apprendre à planter et apprendre la botanique ; la notion de grand paysage, de grand territoire, etcetera, c’est de cinquième ou sixième année. Encore ce ceux qui viennent à Versailles, en France pour apprendre ça, les mecs qui viennent justement ici pour aborder ce sujet ; bah, tu es la première à le savoir. Et dans le monde c’est comme ça. Donc, ça du coup on est un peu l’exception française de considérer le paysage comme un tout, c’est toutes les théories de paysage holistiques dans notre bibliographie, c’est la notion de paysage holistique, ou l’écoumène d’Alain Roger ou tous ces questions-là, qui font que 108

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tu as cette sphère où théoriquement on se remet là-dedans. Mais toutes les écoles ne sont pas d’accord. Donc, l’observatoire là-dedans, c’est compliqué quoi… C’est vrai qu’on est très attaché à l’image, à la vision du paysage, parce qu’on est humaine et c’est notre sens plus développé, mais quand on fait la conception d’un paysage on essaye de montrer qu’il y a d’autres choses : les sons des feuilles ou de l’eau, les textures des écorces ou de gravier…

C’est la théorie européenne versaillaise. J’ai fait un master class avec Marc Antrop, parmi le comité scientifique de landscape research, un truc monstrueux. Premier cours, c’est Antrop qui l’ai donné, il disait, il avait dessiné le mot « cat » au tableau, et le « a » il n’avait pas attaché les deux extrémités, et il disait : qu’est-ce que vous arrivez à lire ? On disait : cat, pas cat… Il dit, voilà, ça c’est le paysage. Vous croyez qui c’est écrit chat, ou cat, et vous en êtes pas sures, pourquoi ? Parce que les formes, les silhouettes et les contours de tous qui peut être en un moment donné faire image de votre représentation mentale n’est pas celle de chacun. Donc, quelqu’un de vous est persuadé qu’est écrit « cat », puis d’autres qui vont douter, bah oui, dans le paysage on doute si c’est vraiment une forme ou une silhouette, et que en plus effectivement si vous êtes aveugles, sourds, le paysage n’existe pas… Deuxième slide : « landscape », « landschaft », il avait fait tout l’analyse du mot paysage dans cinq ou six langues, et que en France, en Espagne et en Italie, on parle de « pays » un paysage, et tout le reste c’est du décor, c’est la silhouette. Donc, les sensibilités du paysage holistique, il est que les pays latins européennes qui pensent ça, tout le reste du monde ne pensé pas ça. Et du coup il nous avait catégorisés, et ça m’a beaucoup marqué aujourd’hui dans mon métier, je ne l’oublierai jamais. En fait, ce que je n’oublie pas c’est dire que c’est pas qu’est-ce qu’on a appris comme intéressant, c’est comment on construit une écoute avec les handicaps, les pas handicaps, etcetera, pour dire en moment donné la personne qui est là, elle va avoir raison de ce qu’elle se représente elle-même, de sa culture, son éducation ; donc, quand elle va lire l’observatoire photo, et qu’elle va voir que la maison bleu et rien du tout, alors que nous allons voir tous qu’est autour et pas la maison bleu, bah elle aura raison aussi quoi… Après rajouter les sons, les marchands, c’est d’autres outils. Il y avait un colloque avec un italien qui travaillé que le paysage des aveugles, et qui nous avait faite des exercices pour mettre les promenades, les sensations des aveugles, en fait il apprend l’environnement, le sens de l’espace. Mais est-ce que ça c’est le paysage ? Oui, pour moi oui.

Pour quoi ? Parce que c’est aussi un paysage. Pourquoi une personne aveugle ne peut pas profiter d’un paysage ? Le paysage c’est très riche, on a beaucoup de choses pour apercevoir dans les paysages

Quelle est la différence entre un espace extérieur et un espace intérieur et un paysage, pour un aveugle ? C’est juste l’espace extérieur pour lui. A quoi ça deviens du paysage ? On n’a pas la réponse. à quoi c’est du paysage plutôt qu’un espace simple extérieur ? Il pourrait être assis dans sa fenêtre ou assis là et écouter la pluie, et avoir un super panorama, mais il ne le voit pas… Oui, mais on peut avoir d’autre type de choses qui montre le paysage. On ne sait pas bien, parce que on n’est pas dans cette condition, mais on peut aperçoit d’autre type de choses, comme les sons des insectes avant la pluie, ou l’odeur de la terre mouillé ; pour un aveugle tous les autres sens sont beaucoup plus fortes…

Donc, tu réponds la question tu m’as posé sur la temporalité du paysage par rapport aux autre sens, qu’est-ce qu’on fait avec tout ça ? Et en quoi c’est du paysage et ça joue sur la temporalité, les sons, les sensations, la peau, la chaleur, le froid… Oui, il y a des registres de la mémoire qui sont beaucoup plus attachés avec les odeurs ou le gout qu’avec la vision et les images. Pour moi par exemple, l’odeur des pommes m’envoie à 109


mon enfance.

Oui, et que tu voies un noyer sur une photo et tu ressens la tarte aux noix de ta grandmère. Et ça du coup c’est part de la temporalité de l’affective, pour rajouter dans tes temporalités, de la représentation sociale et affective Oui, bien sûr, c’est de la mémoire, peut être super subjective mais aussi culturel.

C’est surtout que quand tu te promènes dans un paysage tu prends un instantané, tu as le système de communication : le signe, le signifiant, le signifié ; et que effectivement la photo va te apporter un signe et que tu vas pouvoir interpréter ou non en fait. Oui, comme c’est que tu as raconté avant, les chansons traditionnelles qui sont dans la mémoire individuel et culturel, c’est un élément qui peut t’emmener jusqu’à un moment du passé, d’autre temps ; comme un souvenir.

Après tu as la question de la mémoire collective et la mémoire individuelle aussi, qu’est qui fait les cultures et tes propres apprentissages. Oui, on pourrait continuer plusieurs recherches avec toutes ces réflexions… Merci beaucoup.

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3/ Juliette Tilliard-Blondel Référent ruralité et Parcs Naturels Régionaux - DREAL Auvergne Rhône-Alpes - (exChargée de mission sites et paysages DIREN Auvergne) Clermont Ferrand, le 11 avril 2019 Quel est le lien, aujourd’hui ou avant, de la DREAL avec l’OPTMC?

Moi, j’ai le lien plutôt historique, parce qu’actuellement je ne travaille plus là-dessus, maintenant je travaille sur les Parc Naturels Régionaux uniquement. Alors, j’ai beaucoup travaillé avec l’OPTMC entre 2005 et 2011 à peu près, parce que en effet en 2005, moi j’étais inspectrice de sites, ça veut dire que je m’ai occupé des sites inscrits et classés, et j’étais aussi chargé de la politique régionale du paysage, finalement je suis en resté jusqu’à 2011. Et donc, il y a eu, dans le travail avec l’OPTMC il y eu deux périodes, où j’ai fait travailler l’OPTMC, deux périodes ou deux thèmes. Je les ai fait travailler en complément dans un inventaire en bilan sur les sites du département d’abord de l’Allier, qu’on a fait de manière expérimentale; donc on a fait un travail avec Alexis Pernet, que tu dois connaître, et Cyrille Marlin, qui ont fait tout un travail de recherche sur la justification de pourquoi le site avait été protégé d’un point de vue historique; un travail de terrain aussi sur l’état en qu’ils sont aujourd’hui. C’était l’inventaire bilan des sites, que tu as vu je pense, on a fait une synthèse, donc, en fait au final on a fait les cartes départements, moi j’ai fait les cartes de deux départements, j’étais inspecteur de sites de deux départements, et pour faire la synthèse sur les cartes départements on a fait un petit bouquin. Donc, le principe c’est de que pour chaque site, ils faisaient ce qu’ils appellent une carte de visite de site avec des photos comme ça, et en fait les photos elles étaient prise par l’OPTMC. Donc c’est là où, la plupart de photos. Donc l’OPTMC a été utilisé en matière d’illustration mais dont ce qu’on peut appeler des prémices de l’Atlas des Paysages d’Auvergne, moi j’ai demandé, moi j’avais beaucoup de mal quand j’étais inspectrice de sites de travailler à l’intérieur de ces petits..., j’avais toujours envie de travailler autour. Quand j’ai fait l’inventaire en bilan des sites, j’ai demandé aussi bien à Alexis Pernet et Cyril Marlin, qu’à l’OPTMC, de regarder sur tout le département, pourquoi on avait fait que ça et qu’est-ce qu’y avait autour..., et donc, de porter un regard, donc c’était en 2005 je pense, on avait fait ça en 2005, 2006 je pense; de porter un regard complet sur le département de l’Allier, à partir des photographies sur cette année-là, donc ça veut être 2005 ou 2006; et que ce regard alimente, donc ce regard ça puisse permettre 110

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de faire un état zéro de… est-ce qui m’a intéressé c’était à la fois les prises de vue, en tant que telles l’objet, la photo, mais aussi pourquoi ils ont pris la photo là… et donc ça, c’était sans se compléter un regard qu’on a sur un département, on a regardé qu’est qui est protégé, le compléter en disant… c’était, alors, ça devait être en 2006 ou 2007, moi j’étais très inspiré par l’effet que la loi des protection de sites elle a eu cent ans en 2006, donc c’était forcément un moment où on s’est dit, bon ça fait cent ans qu’on faisait cette politique; pendant tout le vingtième siècle il y a eu des classement et des inscriptions, avec différentes postures, différents objectifs, et qu’est-ce qu’il fait qu’aujourd’hui ça a créé une image du département ou pas, et est-ce qu’il faudrait les compléter? Voilà, donc, ça a était la première façon dont j’ai utilisé l’observatoire photographique du paysage du Massif central. Ensuite, la deuxième façon..., j’essaie de réfléchir à l’origine, pourquoi on a fait ça?… On a lancé une opération sur une vallée, la vallée de Haute Allier, où on a fait une démarche qui ça appelait “vos yeux à la parole”, et là l’objectif c’était que les photographes de l’OPTMC fassent des photos eux-mêmes donc, ils ont les choix des endroits tout ça.., alors, donc, choix des endroits, on a un petit peu été un peu mêlés, ça veut dire, moi j’ai été toujours un peu associé en sens du terrain ensemble, j’ai toujours été associé à la..., enfin, c’est-à-dire qu’on disent: on va aller à faire les photos, en effet on est allé les prendre ensemble, voilà...ça me permettrait, à moi aussi de choisir le lieu ensemble, et puis est-ce qui m’a intéressé beaucoup c’était le regarde qu’ils portaient, qui m’a aidé, moi, dans mon quotidien à porter, à changer un peu le mien. Et alors, dans “vos yeux à la parole” l’objectif c’était double, c’était que eux, ils fassent des photos, et que on demande aussi aux habitant et aux acteurs de territoire de porter un regarde, de faire des photos et les légender, en disant pourquoi ils avaient fait ses photos. Donc voilà, ça a été la deuxième opération. Et puis la troisième, bah, c’était la même chose que l’Allier mais sur la Haute Loire, avec une petite différence ce que Cyrille Marlin et Alexis Pernet ont été beaucoup plus cadrant, ils ont beaucoup plus cadré la commande photographique, dont l’Allier, c’était on regarde et puis il y avait un feeling un peu… sur la Haute Loire ils ont développé tout un approche, Cyrille et Alexis, qui visait la Haute Loire, tu as allé voir un peu à quoi ça ressemble, bon le département de l’Allier c’est quand même assez plat, avec des gorges et petits montagnes, un peu vallonné, c’est un paysage qu’est rural et de très grand structure, alors que dans la Haute Loire il y a quand même beaucoup plus de relief et donc là, ils ont voulu s’adapter à ce différence en développant la notion d’éco-symbole, de point de vue à point de mire, sur le Mont Fuji et tout ça, voilà, et donc ils l’ont considéré en relation avec le Mont Fuji. Ils voulaient que l’observatoire photographique porte sur le fait de mettre au fond, en arrière-plan un éco-symbole, une point de mire, et de savoir qu’est qui s’est passé au premier plan, tu sais, c’est un peu le travail de Hokusai, c’était vraiment cet inspiration, que j’ai trouvé très intéressant parce que à Haute Loire, c’est un très bon département, et c’est très souvent le premier plan qu’il posse de problèmes, parce qu’on fait pas attention aux détails, parce que il n’y a pas, ce un département assez rural et finalement assez pauvre, y compris dans son esthétique, tu vois; il y a par exemple le Cantal, qu’est un territoire où on fait un peu plus d’attention à ça, tout suite, c’est un peu plus riche aussi dans l’architecture, dans les détails quoi. Donc, l’objectif c’était de prendre conscience en prenant une référence artistique, en prenant un référence dans un autre pays… oui, c’était pas mal. Voilà, donc, moi je les ai faire ces trois travaux, et puis… je ne sais plus exactement dans le timing, mais je doute un peu, c’était des époques où moi, j’ai changé de poste, et d’ailleurs je me suis en occupé aussi des Parcs Naturels Régionaux et de tout la dimension, à l’époque on a commencé à monter en puissance toute la dimension de l’évaluation environnementale, c’est importante par rapport à ton sujet, ce pour ça que je voulais t’en parler, c’est que, il y eu des directives européennes qui ont, je ne sais plus exactement en quel année, mais qui ont commencé à dire: c’est bien les politiques publiques et l’environnement, il faut évaluer pour savoir si l’argent qu’on met c’est utile ou pas à l’environnement. Et donc, ça a été une époque où on s’a beaucoup interrogé pour savoir comment évaluer, et notamment des thématiques comme les paysages c’est très difficile d’évaluer; ça veut dire, on ne peut pas dire, ce n’est pas mathématique. Donc, on a changé de moyens et c’est moment là ça m’a semblé utile. En plus, moi, 111


j’avais réussi à trouver de l’argent pour l’Observatoire Photographique, parce que j’étais très persuasive, près de ceux qui décident dans la hiérarchie, mais j’ai sentais que c’était fragile et aussi, c’était très fragile. À l’époque j’avais un directeur qui trouvait que les observatoires photographiques c’était culpabilisants, et ça le gênait vraiment, il disait: “je n’ai pas envie qu’ils me montrent des photos de ce qui je n’ai pas bien fait”. Alors, il est parti heureusement, et celui qui a arrivé, inversement, lui il trouvait qui c’est très important, et il même m’a dit un jour: “si on ne le fait pas, dans vingt ans on nous dira pourquoi vous ne l’a pas fait?”, donc bon, il avait une autre vision… il y avait dû faire de trucs plus chouettes dans sa vie, je pense. Donc, à ce moment-là, j’ai commandé à l’Observatoire photographique une étude, c’était plus des photos, j’ai les auriez dit: vous faites des points pour savoir si un observatoire photographique peut servir à l’évaluation des politiques publiques et donc, à ce moment-là Pierre a fait un rapport qui doit être à l’OPTMC, que peut être tu as vu, sur ce sujet. Mais, il est intéressant ce rapport aussi parce que, moi ce que je constate avec l’Observatoire à l’époque c’est que, et avec tous les observatoires d’ailleurs, il comprend tous les observatoires nationaux, parce que je suivi ça de particulièrement près. Je vais faire une tout petite parenthèse, tu vas savoir pourquoi. C’est que quand j’étais inspectrice des sites, pour faire tous ces travaux, tous les archives avaient été jetés ici, au moment d’un déménagement, et donc, sur mes deux département, donc moi, je suis arrivée à Paris dans les caves du Ministère pour récupérer tous les archives des sites et j’y trouve que dans la cave où dont j’étais il y avait tous les observatoires photographiques dans des boîtes de photos; et donc, en effet je les ai regardé parce que j’étais très curieuse, et donc c’est vrai que ça. Ce sont de photos qui sont prises par des artistes, t’as des émotions, ça fait cheminait, est qui fait que outre le fait que je très bien vu l’intérêt en travaillant de près avec Christian et Pierre, j’étais très sensibilisé à ça, et donc je referme ma petit parenthèse; c’est qui m’ai semblé quand même c’est que aussi bien ces boîtes photos que j’ai vu dans les caves, à l’époque il y avait ça avec les observatoires photographiques, qu’ils avaient eu très peu de discours derrière, à l’époque. On n’utilisait pas beaucoup la production des observatoires?

On ne les utilisait pas beaucoup, puis après on ne parlait pas… c’est à dire qu’il y a eu des gens un peu visionnaires dans la suite des photos DATAR, tout ça, qu’avait dit il faut prend des photos, il faut prend de bons photographes pour le faire et tout ça, mais on n’écrivait pas au-dessous. Et donc, c’est pour ça que je t’ai parlé un peu de cette émotion, c’est que tu es un peu en prise directe avec ces émotions, puis après en effet personne non parle, donc tu dis je suis toute seule dans une cave en train de regarder ces photos mais finalement, à quoi ça serve ? Et ça rejoint un peu l’évaluation de politiques publiques aussi, ce que ces observatoires ils ont couté de l’argent et puis qu’est-ce qu’en serve ? Alors évidemment, depuis il y a eu des grandes expos, il y a eu une grande expo à la BNF, il y a deux ans, il y a eu des bouquins qui sont sortis. Mais voilà donc il y avait peu des choses, et c’est pour ça que j’ai l’avait recommandé cet étude ; et puis Pierre, il commençait à faire déjà des formations, à faire des discours, mais ce n’était pas écrit tout ça. Et moi, en face j’avais de directeurs, de décideurs qui me disaient : « c’est très bien tout ce que tu fais Juliette, on est très content mais quelle trace on a en dehors des photos ? ». Et puis, après tout ça, a pu être assemblait dans ce gros travail que j’ai commencé à démarrer en 2007 - 2008, sur l’Atlas des Paysages d’Auvergne. Donc, il y avait quatre atlas qu’avait été fait dans de périodes différents, moi j’avais fait celui de la Haute Loire, d’autres avaient fait deux : un premier sans photos et avec que des dessins et puis un deuxième avec des photos ; et puis il y avait d’autre atlas qu’avait été fait, donc l’idée c’était de donner une dimension régionale. Comme ils avaient été fait à une époque où on inventait un peu les méthodes des atlas, d’essayer de rassembler tout ça dans un document unique ; et puis de faire cette fameuse carte, la carte des paysages d’Auvergne, qu’on a fait avec une démarche participative. Alors, avez-vous commandé à l’OPTMC les observatoires de l’Allier et de la Haute Loire ?

Oui, de l’Allier, de la Haute Loire et du Haute Allier, voilà, oui ce trois-là.

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Relief du temps . Les dimensions temporelles du paysage et les observatoires photographiques - Claudia Leon


Et après, qu’est-ce que on a fait avec ces productions ? On les a utilisés pour faire des projets sur le territoire ?

C’est une très bonne question, c’est qu’on les a fait un instante et qu’on était censé les reconduire ou les utiliser. Alors, pour celui de l’Allier, la deuxième étape s’a été de faire une carte dynamique avec des endroits où on cliqué et puis après on avait la photo. On avait fait aussi un thesaurus, des mots clés pour les trouver. Donc, moi mon objectif c’était de justement comme je voyais ces cartons photos dans le cave, je me disais, il va falloir qu’on les utilise. Donc, l’idée c’était de faire une interface pour les utiliser, de les remettre dans les atlas régionale des paysages. Donc, moi je suis partie après avoir lancé l’Atlas, ça a été d’ailleurs très dur pour moi, parce que s’était cinq ans où j’ai rêvais, et que j’avais envie de faire ça. Et après je n’ai pas tellement suivi qu’est-ce qu’on a fait avec l’atlas, mais je pense qu’ils étaient utilisé dans les cahiers de charges ; justement, par rapport à ta question à quoi ça serve, pour moi l’objectif c’était qu’on avait fait des outils, et puis maintenant l’Atlas c’était un peu, tu as les différents bloques et puis tu fabrique avec ça. Alors, les techniciens utilisent l’Atlas ?

L’objectif de l’Atlas, puisqu’il a été fait avec une démarche très participative, avec les gens dans les bus et tout ça, c’était justement que comme ils avaient participé c’est qu’ils les utilisent. Après, moi justement par rapport à ça, je ne suis pas la bonne personne pour te dire s’ils les utilisent, parce que je suis partie travailler dans un autre domaine après, et cette question-là je ne peux pas la répondre. Je peux te dire qui pourrait te répondre, une collègue à moi, c’est Stéphanie Doucet. Moi, je suis plus utile sur les intentions à l’origine, mais après sur la suite, moi je n’ai pas l’information. C’est vraiment intéressant de voir les origines de l’observatoire associé aux paysagistes, parce que je trouve que c’est vraiment le moment de pouvoir utiliser la photographie comme un outil, pour montrer les paysages et ses évolutions.

Alors, moi je peux te dire que les intentions, donc l’évaluation environnemental, les faites. Là, on était en plein dans l’évaluation d’un outil publique aussi, parce qu’on analysait ce qui avait été fait pendant cent ans sur cette politique des sites, qui a quand même était la première prise de conscience qu’il fallait faire quelque chose sur le paysage ; donc avec une démarche qu’a été très calqué sur les monuments historiques, puisque les lois ils ont été prises quelques années, donc on s’était dit : un paysage c’est un peu comme un monument, il suffit de faire un trait autour sur une carte et puis de faire hyper attention à ça. Donc, ça on a pensé qu’était bon, et on pense un peu encore, on continue à faire ça, mais on s’est très bien rendu compte que si on tournait l’appareil et complétait la photo d’une autre coté, c’était une politique qui pouvait être efficace, plus ou moins efficace à l’intérieur mais qui n’était pas forcement efficace globalement. Et donc, dans la commande qu’a été faite en lien avec cet inventaire en bilan de sites, l’objectif c’était de mettre ça en perspective, de faire émerger ça. Tous ces travaux là, ça a été des travaux assez, je me rends compte maintenant quand on le faisait on s’est rends pas compte, ça a été des travaux assez innovant au moment où on les a fait, parce que ça est maintenant ça fait quinze ans, et que à l’époque ce n’était pas forcement des démarches que… Après, quand je n’ai été plus dans le domaine du paysage, j’ai quand même je suis membre de l’OPTMC en tant qu’association; mais en fait avant d’arriver ici j’étais très, très pris et donc je n’ai pas eu le temps ni de publier, ni de beaucoup suivre l’OPTMC, mais j’ai quand même vu de loin les difficultés qu’il y avait à faire émerger dans notre territoire le Massif Central, cette dimension d’observatoire. Alors, c’était super cette expo à la BNF parce que, enfin il y avait une reconnaissance de tout la dimension historique, de tout la dimension artistique bien sûr, c’était impressionnante parce que la muséographie était assez extraordinaire avec la notion point de vue justement qu’était illustré pour le fait qu’il y avait des petits…, les photos étaient tiré très, très grandes, et on avait parfois des espèces de petites rampes pour aller voir la photo, comme si on était un peu dans le paysage ; et donc, moi j’ai trouvé que c’était super bien fait, parce qu’il y avait un question du corps, sur le fait d’observer, j’ai trouvé génial cette expo ; et on aurait envie 113


en fait une expo comme ça que…, c’est dommage parce que, ceux des expos ce sont bien pour les parisiens et pour les spécialistes. Je pense que la question des observatoires photographiques, et c’est bien dans cet esprit-là que l’OPTMC essaie de travailler, c’est bien quand ça va dans le territoire, quand ça va dans les villages, quand ça va questionner les gens. Donc l’expo était super mais ça reste un peu privilégié, surtout qu’une expo en France à la BNF, ce n’est pas non plus… c’est une expo quand même d’intellectuels… Alors, trouvez-vous que c’est bien la manière de travailler de l’OPTMC aujourd’hui ? Comment peut-il améliorer sa manière de travailler ?

Une particularité de cet observatoire là; c’est d’avoir été construit avec un optique scientifique, les autres ils ont été construit avec un optique beaucoup plus artistique, et d’ailleurs ce n’est pas pour ça qu’ils sont plus connus, parce qu’on a l’observatoire de Livradois-Forez, personne le connait, ou seulement les gens qui vont au parc ils le connaissant, ou les gens qui s’intéressent à ça. Je trouve qu’on a un peu du mal à percoler, à diffuser, grâce aux nouveaux outils de téléphones portables qui sont quand même des appareils photo, ça a complètement révolutionné tout ça ; parce que ça a quand même démocratisé la photographie, ça permet que tout le monde peut faire une photographie et que finalement il y a pas mal des gens qui se sont mis à faire des photographies, beaucoup plus qu’avant ; et puis de réseaux Instagram et tout ça ; ça fait que finalement l’observation elle s’est fait. Je trouve que, pour moi il faut absolument que l’Observatoire photographique du Massif central arrive à rentrer dans cette dimension-là, je ne sais pas comment… Moi, j’ai proposé la dernière fois qu’on s’a vu à Claire ça, de faire un hashtag Instagram #OPTMC, tout simplement, et que tous les membres de l’OPTMC commencent à le faire, et comme tout le monde de l’OPTMC ont chacun un réseau, alors ils sont peut-être encore sur Instagram mais il y a un qui le sens dans son tête, sa fabrique... Parce que de tout façon, tous qu’on pourrait faire aujourd’hui pour aller dans la transition écologique, solidaire, paysagère et tout ça, c’est avec des réseaux qu’on y arrive aujourd’hui, ça me semble… Et donc, pour moi il faut qu’on développe ça. C’est pour se faire connaitre…

Oui, alors partager en fait. Et moi, je trouverai ça sympa qu’on est sur Instagram, donc on observe déjà tous, on prend des photos. Moi, tous les jours je prends un train de Brioude à Clermont, je peux prend des photos, j’en prends d’ailleurs, j’ai envie d’en prend de fois, c’est cool le train pour ça d’ailleurs ; et donc moi je pourrai fabriquer un petit observatoire de quelque chose. Ma sœur, elle a habité quelque pas mal d’années à Lyon et tous les jours elle passait sur une passerelle au-dessous de la Saône et elle prenait une photo à chaque fois, elle a fait un petit travail d’observation, de couleurs, de la rivière, de tout ça, et il y a plein des gens qui font ça. Alors, c’est intéressant ce type des travails avec les gens pour pouvoir les sensibiliser sur le paysage. Mais de quel manière pourrait l’observatoire interagir avec eux ? Parce que normalement les observatoires sont pensés pour des techniciens ou chercheurs…

Oui, mais je ne le vois pas… Quand tu m’as demandé, comment aujourd’hui ça arrive ; donc, moi j’ai mis plein d’outils en place entre 2003 et 2011, et j’arrive en 2018, 2019 ici et je ne le vois pas. Je parle avec mes collègues et ils ne m’ont jamais parlé de l’observatoire photographique. D’ailleurs j’ai demandé où ils étaient, j’ai parlé avec plusieurs personnes pour savoir où ils étaient, et les gens disent : « oui ; mais de quoi tu parles ? » Par contre, j’ai su en discutant avec Pierre, qu’il était en train, avec Stéphanie Doucet, de faire un sort que ça revient, mais voilà j’ai posé la question à d’autres gens ; et donc, ce que je constate quand même ce qu’on a fait un travail plus pour les techniciens, mais ils ne s’en serve pas… Ils utilisent Google maps…

Oui, plutôt, ou Google Street View surtout, qu’est super pratique. Et ce fameux truc qu’a fait Google, ces points avec les photos, voilà ce truc-là, je l’avais proposé ici, parce que 114

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le travail qu’on a fait de mettre les photos sur la carte pour l’Allier, en fait la deuxième étape c’est que je voulais faire ça et c’était avant Google… Et d’ailleurs j’ai vu, j’ai visité le Musée du Design à Helsinki, et ils ont dans une vitrine ils montrent la camera qui fait Google Street View et tout le fonctionnement sur de voiture, ils montrent comment ça marche Google Street View au niveau mondial, c’est assez marron. Mais, est-ce que c’est pareil Google Street View que les observatoires photographiques de paysage?

Non, ce ne pas pareil. Avec les observatoires, je pense, on a un regarde très spécifique, dirigé sur les paysages, tandis que Google Street View voit tout avec la même objectif. Mais pour après on utilise Google Street View et ne pas les images des observatoires ?

Street View c’est simplement pour voir à quoi ça ressemble, mais l’observatoire c’est pour voir…, pour moi l’intérêt de l’observatoire c’est la diachronie, c’est vraiment sur ce que tu travail, sur la temporalité du paysage, c’est ça et d’ailleurs c’est super intéressant que tu ramènes du contenu là-dessous. Je trouve que si on faisait un hastag #OPTMC Instagram, est-ce qui serait intéressant ce de mettre les vielles photos et les reconductions, et de donner aux gens, d’ailleurs il faut peut-être une nouvelle application, mais je pense qu’il faut arrêter avec des nouvelles applis, il faut utiliser celles qui existent, et on dit des choses dedans. Bon, après c’est peut-être naïf comme vision mais, je pense que ça serait intéressant de livrer les photos de l’OPTMC dans un hastag #OPTMC. Alors, l’IGM, ils ont fait plein des nouveaux… il y a quatre ou cinq ans, ils ont fait IGM Lab, ils ont proposé des « star-up », créateurs d’utiliser ses données et développer des applications, développer des choses, et il y a eu plein d’inventions, et notamment des choses qui pourraient être très utiles à les observatoires photographiques. Ce n’est pas mal d’aller croiser un peu ce qu’a fait l’IGM, ils ont aussi mis en ligne des vieilles campagnes photographiques notamment des années cinquante, que son super intéressantes. En fait sur le site de l’IGM il faut gratter, il y a plein des trucs qui ne sont pas apparents comme ça. Alors, moi je le connais très bien l’IGM, parce que dans mon précèdent boulot, j’ai fait cette carte de la végétation, ça a été publié par l’IGM, on a fait un gros partenariat avec l’IGM, et donc je le connais bien, c’est pour ça que j’ai su tout ça parce qu’ils m’ont tout expliqué tout qu’ils faisaient en fait. Je pense qu’on aura intérêt, quand je dis Instagram, ça pourrait être l’IGM aussi, ça pourrait être un appli. Instagram c’est une dimension un petit peu artistique en fait, contrairement parce qu’on revient sur la question des techniciens, quand on est au boulot on ne va pas sur Instagram ; et Instagram n’a pas de dimension cartographique, c’est que la photo en fait. Oui, justement, c’est intéressant de pouvoir associer les cartes et les photographies, parce que c’est la manière de mieux lire le paysage.

Oui, c’est ça qui est intéressant. Moi je pense que Instagram est-ce qu’intéressant ce le réseau… mais, je suis sûre que l’IGM ça les intéresserait de développer un réseau de ce type-là, d’observation en fait du territoire. Alors, par rapport à l’OPTMC, ça pédale un peu, ce n’est pas très dynamique là, et je crois que Claire elle est très au-dessous de ce qu’est passe en ce moment ; donc, on va essayer, moi je vais me mettre un peu plus là. Alors, moi, c’est que ne pas mal au niveau de mon réseau, c’est que je travaille sur les dix parcs naturel régionaux de la région, qui ont la barre très haut au niveau du paysage, ils doivent vraiment ouvrir les voies pour faire un peu la politique de paysage de demain, et donc moi je les pousse tous à faire des observatoires photographiques ; et je suis placé à un endroit où quand je le dis, ils doivent le fait, et ils sont un petit peu obligé à les faire. Donc, ils sont sensés à travailler sur les objectifs de qualité paysagère, de la Convention Européenne, qui aujourd’hui, moi j’ai été au début des rêves sur la Convention Européenne, je crois qu’on s’est complétement gouré, on confie à de bureau d’étude le soin de créer les objectif de qualité paysagère, ce n’était pas du tout ça le but ; le but c’était qu’ils soient les gens qui habite là, qui faisaient un projet de société pour dire : 115


« moi, mon paysage il est comme ça, et demain je veux qu’il soit comme ça » ; mais on est passé complétement du côté du truc. Et donc justement, au près du parc j’essaie de faire prendre conscience de ça. Et je pense que les observatoires photographiques ont à rôle à jouer là-dedans, sur la prise de conscience de la temporalité, la prise de conscience de la diachronie, de comment c’était avant, de comment c’est aujourd’hui, et de comment je suis avec mon téléphone portable, avec mon appareil photo, et puis surtout avec mon œil et mon cerveau, je porte un regard sur le paysage ; et finalement, grâce à la Convention Européenne et à ces objectifs de qualité paysagère, j’ai la parole. Donc, il y a un lien à faire entre l’œil et… c’est comme notre fiche « vos yeux à la parole », c’est cet opération qu’on avait fait dans le Haute Allier, c’était un peu l’idée de faire comprendre aux gens que… alors en France il y a ce port habituel de dire : « au-là-là qu’est-ce que ce moche, au-là-là on a laissé faire tel chose », dans des sites protégés par exemple, il y a toujours de gens qui disent ça, et après ça va être le premier à râler si on leur dit pas les volais en vert, ou pas faire de balcon, et donc tu as cette espèce de truc, de beaucoup râler, et ce qui serait intéressant ce de transformer ça en objectifs de qualité paysagère. Oui, pour qu’il soit utile aussi cette parole de gens, parce que sans les gens il n’y a pas de paysage

Et alors, je trouve que par rapport à la temporalité, moi c’est qui m’intéresserai pas mal, si j’aurais un travail sur un sujet comme ça, ce serait la prospective, ce serait le futur. Et je voulais le faire, je fais un travail en ce moment sur le Parc du Vercors, et bientôt je vais faire le même sur les Vogues, c’est un travail d’expression un peu des enjeux. Parce que quand les parcs, tu sais ils ont des chartes pour quinze ans, quand ils révisent leurs chartes, l’état, on écrit un document où on dit c’est qu’on attend de cette charte, et donc là moi, j’ai fait ce document, je suis en train de finir sur le Vercors. Et on avait l’idée de distribuer des photos du Vercors aux gens pour dire : « ce serait à quoi le Vercors ? ». Alors, pas forcément dans quinze ans parce que c’est peut-être assez proche, mais « ce serait à quoi le Vercors dans cinquante ans, ou dans trente ans ? ». Pour qu’on puise intégrer un peu de le changement dans lequel on est. Et je trouve que ça, préparer le paysage de demain c’est ça qui m’intéresse en fait. Et quel serait-il l’outil pour faire ça ?

Bah, la photo justement, je trouve que c’est super ; et la diachronie. Parce que tu mets une photo d’il y a trente ans et tu mets une photo d’aujourd’hui, et tu dis : « ça serait quoi dans trente ans ? ». Et je trouve que ça permet porter ce regard sur la qualité, sur ce qui s’est passé, et de se mettre en position du projet en fait, de participation. Je trouve que sur la notion de temporalité, la partie prospective elle est importante, surtout aujourd’hui. Et d’après la DREAL, ici, comment vous pensez le sujet du Paysage ?

Moi, je trouve que la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes c’est super ; parce que, moi je reviens, pour avoir lancé des trucs qu’ils étaient assez innovant à l’époque, quand je vois Stéphanie et ce qu’elle arrive à faire avec ça, je trouve ça super parce qu’elle en train de profiter de, on avait un peu d’avance et elle en profite de cet avance. Et donc, là elle en train de faire la carte régionale ; le réseau c’était super important ce réseau là, ça fonctionne, ça c’est bien. Par contre, le truc un peu plus négative ce que cette chère collègue Stéphanie que je commence à connaitre, j’ai me revois il y a 10, 15 ans ; elle a beaucoup de mal à faire comprendre que le paysage ce complétement transversal à tout la DREAL et ça c’est toujours difficile, peut-être un peu moins mais quand même. Et notamment nous, on est dans un service, le paysage est dans un service des routes… et donc, elle fait tout, elle met en place des outils très intéressants Stéphanie, de formation notamment et d’ouverture de regard, et ça avance. Après, je trouve que au niveau de la DREAL c’est positif, au niveau des services de l’Etat comme les DDT, je trouve que ça aussi pas mal avancé, mais réussir en amener dans l’aventure les autres acteurs, comme les départements, la région, les communes, là tu sens qu’il y a encore beaucoup de travail. Mais au niveau de la DREAL je trouve ça plutôt bien, on a la chance d’avoir quelqu’un super, Stéphanie… 116

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Et depuis la DREAL, est-ce qu’on fait des choses pour voir ce type de transformations du paysage au fil du temps ? Est-ce qu’on s’inquiète pour ça ?

Là justement, comme je ne vois pas encore, comment les observatoires photographiques vont prendre une place dans le dispositif régional, je pense que c’est encore trop confidentiel. Il y a l’observatoire de la Route Nationale 7, de la 89 ; dans les couloirs ici, on devrait avoir des photos de tout ça, mes collègues qui travaillent sur les routes ils devraient avoir tout le temps cet œil sur ça, et ça je ne le vois pas encore assez, ça reste à faire. Ce n’est pas naturalisé comme un outil de travail encore…

Non. Alors, que c’est simple. Je pense que ce qu’ils ont en train de faire. On a des outils informatiques qu’on pourrait utiliser, comme ce fameux truc de Google. Nous on devrait avoir, c’était ça que je devrais faire… J’espère que l’objectif de mettre tous ces photos là, ça va permettre que quand on se balade sur une carte, dans notre logiciel de cartographie, qu’on est ce petit point comme sur Google, où on puisse avoir accès aux photos de l’observatoire ; mais ce que je trouverais bien c’est que ce ne soit pas que pour les techniciens, c’est soit pour le grand public. Et dans ce cas, il ne faut pas que ce soit… moi je suis très sensible dans tous ce nouveaux outils à l’accessibilité ; je trouve que souvent il faut que tu saches qu’il y a quelque chose pour le trouver. Or, et ce pour ça que je parle de l’IGM, ce que tout ça devrait être dans le Géoportail en fait, ou sur Google maps. Moi, je pars toujours après avoir fait une carte, depuis que je travaille c’est comme ça. Ça, j’aimerai bien que ce soit…, on avait prévu avec mon ancien directeur d’aller voir Google avec cette carte, ce une carte des milieux naturels qu’a été fait avec un méthode complétement innovant, hyper précis, et on s’était dit, on allait voir Google ; parce qu’on trouve pas, ça couterai très cher de faire ça, en matière grise et en terrain, et l’Etat ne pouvait pas payer, l’Etat a dit ça couterai le prix d’un sous-marin nucléaire de le faire sur tout la France, et ils ont dit non, donc on s’a dit : on va aller voir Google. Finalement je suis partie, et je ne sais pas s’ils le font… Tout le monde a Google maps sur son téléphone portable. Oui, c’est vrai que c’est un outil super pratique, très accessible à tous.

Et par rapport à l’OPTMC dans tout ça, il faudrait réussir à traverser un peu des blocages qu’on a sur l’accessibilité, sur le fait de donner ce qu’on a fait, ça je trouve ça très important. Même s’il y a des choses sur le site de l’OPTMC.

Oui, mais si on ne connait pas l’OPTMC… Il faut se faire connaitre, c’est ça.

Oui, et la façon de se faire connaitre c’est souvent d’être sur une plateforme, de mettre tes données sur une plateforme où tout le monde va. C’est pour ça que j’ai pensé à Instagram… mais en fait, tu vois, on discute avec toi et je me suis rendu compte que peut-être ce n’est pas une si bonne idée. Mais, il faudrait faire une espèce d’stratégie, ça veut dire que Instagram, ce que ça ferai ce que ça diffuse dans les réseaux. Oui, il pourrait être qu’une partie des données pour diffuser, pour attirer l’attention de quelqu’un.

Oui, voilà. Mais peut-être quand on va faire cette fête au mois de juin on va réfléchir à ça, j’espère, ça serait bien. Parce que, ce qui est intéressant c’est l’intelligence collective là-dessous, c’est puissant. *** 117


4/ Stéphanie Doucet Chargée de mission Paysage - DREAL - AURA, Lyon, le 29 mai 2019 Quel est le lien maintenant entre l’OPTMC et la DREAL?

Moi, j’ai arrivé il n’y a pas très longtemps, j’ai arrivé à la DREAL en juillet 2015 ; à l’époque la fusion de régions n’avait pas encore eu lieux et cette Christine Duvieusart qui était à la manette Paysage et en lien beaucoup avec l’OPTMC ; dans le cas de l’Atlas de Paysage et puis la mise en place des observatoires photographiques à l’échelle départemental. Donc, le travail était en court de rendu là, par Pierre Enjelvin, et puis donc, j’avais rencontré Pierre sur notamment ce travail-là, puis après on s’a croisé par une autre mission, notamment le Plan Paysage, dont différents manifestations ; et du coup, voilà, moi je n’a pas de lien directe, pour l’instant, avec l’OPTMC en dehors de ce travail-là qu’il m’a présenté récemment là, sur la finalisation, et si on avait travaillé ensemble un journée ou deux, sur la mise en place des mots clés, pour déterminer les thématiques des photos. Les observatoires photos, il y a quand même une vingtaine à l’échelle d’Auvergne Rhône Alpes, et je souhaite réunir un réseau régional des différents acteurs d’observatoires photographiques, je pense que ça serait intéressant pour fédérer un peu les acteurs, partage d’expériences, et puis voilà, s’enrichir de travail des uns et des autres ; et à ce titre-là, je pense que l’OPTMC est un acteur incontournable, de temps plus que j’avais discuté hier avec Julien Marceau du PNR du Pilat, qui a un observatoire nationale, par rapport aux itinéraires nationaux, qui avait été mis en place en 1980-90. Cette année on relance celui le balance, qu’a pas eu des reconductions photographiques depuis 15 ans. Dans le cadre de ce réseau d’acteurs des observatoires photographiques, je pense que l’OPTMC pourrait avoir une place centrale, mais c’est un peu la vision que j’ai, et puis j’ai en discuté notamment avec Julien, et voilà, je voudrais voir s’il y a la possibilité de faire un binôme d’animation sur ce réseau avec eu, peut-être, par rapport à tout le travail qu’ils font, la valorisation, voilà, c’est un peu le lien à avenir que je envisage avec l’OPTMC. Mais, maintenant, depuis 2015, il n’y a pas eu beaucoup des projets en commun ?

Non, justement, depuis 2015 on se a croisé sur le Plan Paysage, sur des études ; et puis, on n’a pas énormément travaillé ensemble, on s’a appelé, on a eu de contact sur des OPP qu’ils avaient mis en place. Moi, par exemple, j’ai écrit le centre de ressources régionales de paysage, et dedans j’ai mis un lien avec tous les observatoires photographiques qui avaient été sur la région, pour les valoriser, et donc, voilà, on s’a appelé, on a été en contact. Et puis, il y a ce travail qui a été engagé par la DREAL, mais que j’ai un peu suivi, finalement, sur les observatoires départementaux en lien avec l’Atlas, où là, il y a tout une méthodologie qu’est mis en place sur la forme de mots clés, thématiques; mais ce n’est pas un projet que j’ai porté, moi, directement au départ, et qu’il faudrait que je prends le temps de me l’approprier, mais ça serai avec Pierre après. Et voilà, pour l’instant le plus vite c’est de faire les reconductions, c’est assez monumental, il y a des plus de 300 photos, je crois. Oui, c’est pour l’Allier et la Haute Loire.

Oui, et puis quelques-unes sur des autres départements d’Auvergne. Donc, voilà, c’est un travail qui a été faite, qui est intéressant, qui est riche, mais qu’il mériterai d’aller un peu plus loin, je pense, est-ce qu’on aura les moyens pour le faire ou pas, je ne sais rien pour l’instant. En tout cas, ce un travail qui a le mérite d’être là et qui a eu une commande à un moment donné, après, pour le valoriser il va falloir, soit que le territoire se le réapproprie, voilà, il faut le vendre un peu maintenant, pour que le gens l’utilise, parce qu’il me semble qui n’a par des légendes dans toutes les photos, par contre l’outil qui a été mis en place derrière pour visualiser les photos, faire les fondues c’est très chouette. C’est le travail sur la route A89, n’est pas ? 118

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Oui, et ça pourrait être. Donc, moi je suis plus dans la projection, que dans le travail qu’ont accompli ensemble, vue que finalement on n’a pas..., on a plein d’envie, mais il n’a pas eu de concrétisation, pour l’instant, à part de ce travail-là… Savez-vous si la DREAL utilise les données, les analyses des autres travails qui on a été déjà faites pour l’OPTMC ?

Bah, il y eu deux observatoires routiers : la A89 et la RN7 ; que moi, je les ai mis en ligne, pour les faire connaître, via le “Réseau Paysage”, mais après, on n’a pas les utilisé plus que ça pour l’instant en tant que outil. Pourquoi vous n’avez pas utilisé ces données ?

Parce que la question de paysage et des routes déjà c’est un sujet compliqué, bien qu’on serve un service des routes ici. Le lien avec le paysage n’est pas encore très claire, disons que… je ne sais pas qui était à l’origine, est-ce que c’était une initiative OPTMC ou un commande de la DREAL ? C’était la DREAL qui a fait la commande pour les routes A89, dans les années 2000 environs.

Oui, c’est ça, c’est ancien, et puis les équipes ont tellement tourné, c’est un problème dans l’administration, que ça tourne beaucoup et du coup les choses ont un temps de vie, et puis derrière la personne s’en va, et puis ils passent beaucoup de choses. Moi, j’étais en faisons l’inventaire de ce qui existait mais, oui ça serait intéressant de les utiliser, et c’est l’idée de l’observatoire, des faire les reconductions. Oui, s’il y a une commande, on espère qu’il soit pour quelque chose…

Exactement, c’est que j’ai fait là, sur le balance ; parce que voilà, c’est un itinéraire national, c’est les 30 ans de l’Observatoire Photographique National de Paysage avec une journée qu’est organisé par le Ministère, qui aura lieu le 4 juillet, d’ailleurs l’OPTMC va être contacté, pas forcément pour intervenir; mais le cadre du réseau potentiel là, qui pourrait émerger des observatoires photos, j’ai demandé au Ministère qui contacte l’OPTMC pour cette journée et pour voir si on peut animé conjointement un atelier, pour la mise en place d’un réseau. Parce que comme ils ont organisé une super journée à l’OPTMC (2016), où je n’ai pas pu y aller à l’époque, et que j’ai eu des retours vraiment très chouettes, et voilà… Pour moi, l’OPTMC c’est un acteur, un partenaire, qu’il faut vraiment qu’on travaille plus ensemble. Comment imaginez-vous qu’on pourrait utiliser les données, les productions des reconductions, ou les analyses qu’ils produisent?

Ça dépend des sujets, moi je pense que l’observatoire photo il fonctionne si c‘est un peu le territoire qui s’en saisit. Alors nous, par rapport aux routes, effectivement sur ce deux observatoires, on pourrait faire des petits bilans, l’analyse; de se dire, bah voilà cette route, elle a été conçu, on a eu... enfin, faire une reconduction et voir qu’est-ce qui s’est passé; pour faire un peu, de c’est que vous êtes en train de faire, faire un travail de recherche, sur comment est-ce que le paysage a évolué suite à la route? Ça serait très intéressant d’ailleurs, ça peut être quelque chose à lancer à l’année prochaine effectivement. Voilà, ça serait l’occasion de travailler un peu sur le fond et de faire un petit peu de recherche là dessous. Est-ce qu’il y a à la DREAL des groupes ou secteurs qui se dédient à ça? Est-ce qu’il y a des secteurs pour examiner ou traiter ce type de matériel pour après donner des directions aux techniciens responsables dans l’aménagement?

Ah oui, après voilà, à voir avec quelqu’un s’offrent cet analyse, mais si ça fait l’objet d’un travail un peu de recherche, d’analyse et publications, ça pourrait effectivement servir à 119


peut-être réorienter certains choses ou à mieux prendre en compte certains choses dans le cadre de l’aménagement routier. Même s’il semble un peu tard, avec toutes les routes qui ont déjà faites, mais il y a d’autres qui se continuent à se faire… Mais ça par exemple, ça ne se fait pas maintenant?

Ça ne se fait pas, non. Non, actuellement je pense que personne n’a l’information que cet observatoire existe d’ailleurs. Donc, ça serait un sujet, alors cette année ce n’est pas la peine, mais l’année prochaine je pense que l’OPP va prendre un peu d’ampleur dans le cadre des réseaux d’acteurs de paysage, un réseau régional plus large. Si on lance, là en juillet un petit peu, un début de réseau, qui c’est concrétiserait aussi dans la journée régionale de paysage, où j’aimerais bien mettre en avance ce réseau d’acteurs, dont les OPP pourraient faire partie, j’appelle l’OPTMC pour savoir comment on pourrait valoriser tout ça. Et après l’année prochaine engager des actions, oui, autour des sujets comme ce que vous fassiez, les évolutions des paysages, les aménagements, et réfléchir à voir comment le territoire peut se réapproprier de ça; parce que l’Etat est à la manette de quelques projets routiers, mais il finit, l’Etat est plus à la manette de plus grande chose… Donc, à part sensibiliser, appuyer de les collectivités à mener des conseils de la sensibilisation, on a un peu réduit à ce roll-là, malheureusement. Donc, voilà, je pense que l’important c’est effectivement de ré impulser une dynamique et puis de partager avec le territoire pour qu’il puisse s’en saisir aussi quoi il y a derrière. Trouvez-vous bien la manière de travailler de l’OPTMC et les autres OPP? Ou est-ce qu’on pourrait améliorer des choses?

En fait, pour ne rien vous cacher, j’ai eu un peu mal pour entrer dans les observatoires photographiques… à mon arrivé, moi avant j’étais dans travail dans bureau d’études, et quand on m’a présenté les OPP, je ne voyais pas vraiment la finalité, et je ne voyais pas vraiment qu’est que ça là apporté finalement, on fait des photos… c’était mon point de vue à ce moment-là, j’ai progressé après. Mais voilà, pour moi l’OPP ça ne paraît pas prioritaire parce qu’il y a plein d’autres choses à faire avant. Je connaissais pas cet outil, et je n’arrivais pas à voir cette finalité, et à force des discussions avec Pierre et d’autres acteurs d’OPP. Puis j’ai vu cet engagement autour des OPP, et je me suis dit, ça l’air d’être intéressant. Et j’ai compris qu’en fait vraiment, ce de long terme mais on peut vraiment faire des utilisations très riches, le problème je pense c’est que ce encore pas assez valorisé, c’est pour ça que je voudrais faire un réseau et valoriser cet outil, ça me parait vraiment essentiel; et par rapport à quand on se fixe des objectif des qualité paysagère dans les projets, j’aimerais que tout le territoire idéalement il va faire, c’est encore utopique mais, pour moi c’est un document obligatoire, et dire que l’observatoire photo il vient à appuyer ça et c’est un outil qui peut permettre d’aller vers la qualité finalement et de répondre à des enjeux, dans des photographies des espaces qui à terme font actuellement l’objet d’enjeux, un objectif de qualité paysagère c’est fixe, est fixé par rapport à ce type de territoire, la photographie est faite, et on voit comment on arrive à terme cet objectif, et à répondre à un enjeux. Et du coup il faut vraiment l’ancrer dans des politiques, pour moi, les OPP. Parce qu’en fait, là où je n’adhère pas trop c’était quand il y avait le regard de l’artiste photographe qui prenait les photos qu’il voulait du territoire. Voilà, j’ai peut être tombé sur des photos un peu bucoliques, ou un peu trop artistiques et qui du coup, moi j’étais aussi un peu terre à terre, ils me disaient par rapport aux politiques qu’on doit emmener dans l’aménagement de territoire, est-ce que ces photos elles apport vraiment quelque chose? Parce que, c’est tellement compliqué parler du paysage et le faire prendre en compte par les acteurs, que d’arriver avec un observatoire photo, l’artiste qui prends cette photo et tout ça, je m’ai dit ça met encore une dimension très subjective sur le paysage, comme tout le monde me l’ai dit, et ils disent, le paysage c’est un mec qui va se balader, fait ses photos et puis il repart… Par contre, après quand j’ai vu que l’outil ça pourrait être autre chose, ça pourrait être des choses très concrètes et qui c’était un outil qui permet de la médiation, qui permet de mettre tout le monde autour des photos et faire discuter les gens… en fait, maintenant, je suis assez fan, mais il a fallu du temps. Mais du coup, les choses avancent et je pense que monter un réseau et faire monter 120

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en puissance cet outil et le raccrocher avec d’autres outils, j’ai parlé du Plan Paysage, mais aussi comme les projets routiers, je pense qu’il faudrait avoir des observatoires photographiques systématiquement. La route c’est qui fait la dynamique des paysages finalement, entre autres, grande partie de la dynamique des paysages, il y a la route et il y a la mobilité, et l’observatoire photo l’aurait à tous un sens pour montrer comment le paysage a évolué suite à l’intégration de la création des routes. Donc, pour faire un peu plus utile les OPP, est-ce qu’il faut les faire connaître?

Oui, les faire connaître, et puis impliquer les populations, je pense dans la prise de vue, essayer de monter des observatoires photographiques participatifs. Par exemple, dans le cas d’un PLU mettre en place un observatoire photo en amont d’un démarrage d’un PLU et petit à petit impliquer la population dans une politique de territoire, de lui dire, venez avec votre photo dans un premier temps, moi j’ai déjà expérimenté et ça marche très bien, des photos qui parlent de votre territoire, soit en positif soit en négatif, on affiche ça et puis après on a un panel des photos dont les gens ont envie de parler, et après ça peut partir sur un observatoire photo, tous les ans on prend la photo dans le même endroit, on discute des évolutions, ça fait parler du paysage, ça fait parler de leur territoire, de leurs projets, ça permet de revoir les gens tous les ans, ça crée un événement autour du paysage; enfin, moi je vois plein des choses comme ça. Après, l’observatoire photo il faut qu’il donne à voir, il faut vraiment qu’il soit utilisé, et là je ne vois pas encore… ce pour ça que le réseau peut répondre à ces questions-là. Au-delà des OPP, globalement comment est que la DREAL pense le concept du paysage?

La DREAL elle porte la politique de l’Etat par rapport au paysage… on ne parle pas trop en ce moment, mais c’est un politique qui existe. Il y a une définition de la convention européenne, que vous connaissez certainement, et du coup la DREAL, moi quand je suis arrivée, moi je mis en place une stratégie régionale du paysage, avec trois grands axes. L’axe connaissance, connaître le paysage et permettre au plus grand nombre de le connaître. Un deuxième axe qui était porté sur l’ingénierie du paysage, donc plutôt tournait vers le territoire et puis nos collègues de DDT, enfin pour développer l’ingénierie. Et puis le troisième axe, c’était de mettre en place un réseau d’acteurs. Le premier axe, il a donné lieu à la création du centre de ressources régionale de paysage, je ne sais pas si vous le connaissez, mais c’est un site internet qui a pour objectif de capitaliser tout la ressource existant sur le paysage. Bon, pas tout, c’est jamais exhaustive bien sûr, mais il y a tous les atlas régionaux et départementaux qui sont en ligne, il y a toutes les méthodes et démarches possibles à mettre en place dans le territoire, donc les OPP, le Plan Paysage, les atlas, la concertation, la sensibilisation, enfin différentes choses. Ensuite, un angle qui mets en avant les démarches et actions locales au niveau régionale, pareil: OPP, Plan Paysage bien mit en avance, pour montrer ce qui se fait dans le territoire, et puis re-envoyer des liens vers les structures, et puis il y a des réseaux d’acteurs, qui est mis en avant en qui est présenté. Puis tout l’actualité aussi, les événements qui se passent au tour du paysage en région, on essaie vraiment qui se soit un centre de ressources sur le paysage et qui si on a besoin d’une info sur le paysage en région Auvergne-Rhône-Alpes on puisse la trouver sur le site. Sur site qui renvoie vraiment vers les acteurs dont l’idée de les mettre en réseau, mais qu’il se soit une entrée un peu, pas unique, mais une entrée où si j’ai besoin d’une source, il soit une entrée où je dois la trouver. Donc, ça c’est un outil, qui a été mis en place. Cet outil c’est un peu l’outil du réseau finalement, qui se mets aussi en place, on a créé une identité graphique avec un logo, une carte postale qui va bientôt être envoyé à 300 personnes environs dans la région, les collectivités, les élus, les associations, les réseaux: Plan Paysage, OPP, etcetera. Donc, voilà ce réseau s’a mis en place et puis il y a aussi tout le lien avec la DREAL en posture d’animation, et le DDT qui est au niveau de l’Etat qui sont dans la mise en œuvre normalement opérationnel, c’est-à-dire que moi, je tiens vraiment à travailler avec les DDT d’une manière assez rapproché et à l’intérieur ça marche plutôt bien sur le paysage. Puis voilà, il y a un plan paysage, moi je m’en occupe de la candidature, l’animation des réseaux, avec qui veut bien le faire avec moi bien sûr, et puis les DDT ils suivent les projets; enfin voilà, on s’a reparti comme ça, animation et mis en œuvre. 121


Sur les OPP c’est un peu différent, pour l’instant, parce qu’ils sont portés plutôt par les structures, des collectivités, des choses comme ça. L’OPP de Valence c’est nous qui lançons la reconduction, mais c’est bien la DDT qui va avec la CAUE et tout ça sur les projets. Donc on a tous ces niveaux là… et c’est intéressant parce que du coup, nous au niveau de la DREAL douce département, c’est un peu compliqué, on ne peut pas être partout, on ne peut pas tout faire. Donc, voilà, cette stratégie elle se décline petit à petit, elle se met en œuvre, on fait des journées thématiques, enfin, l’idée c’est de former nos collègues et puis à l’extérieur aussi. Donc, voilà, comme on prend un peu la politique du paysage. On poursuit aussi les outils de connaissance régionale, donc on est en train de faire la carte régionale de paysage. Moi, il m’a semblé important d’avoir une carte régionale de paysage; après on m’a dit: ça l’intéresse que à la DREAL, et moi j’ai dit: peut-être, mais en même temps elle a du sens par rapport à la mise en cohérence du territoire, un territoire qui est là, donc, pour moi c’est un intérêt, je trouve que c’est important qu’au niveau régional on sage de quoi sont fait nos paysages régionaux. Est-ce que votre organisme suggère aux communautés ou les bureaux d’études qui font des aménagements dans ce territoire, de s’en servir de cette carte régionale?

Oui, l’idée de cette carte c’est de faire une brochure et puis après de la diffuser pour qu’elle soit connue, et que les gens puissent l’utiliser, bien sûr. Par rapport, à l’évolution et transformation des paysages, est-ce qu’on pourrait voir avec les OPP une manière d’enregistrer ces types de changements?

C’est vrai que nous ne sommes pas dans la recherche ou l’analyse des données, c’est plutôt les universités qui travaillent. Je commence à être en contact avec les chercheurs, les universités pour travailler aussi avec eux. J’ai un lien avec le laboratoire alpine de Grenoble, qui a fait un grosse travail sur le paysage alpine, les évolutions liés au changement climatique; c’est sûre qui c’est hyper intéressante, puis c’est un sujet passionnant. Après, nous à la DREAL, on reste un peu des agences de l’administration, et, on pourrait faire des commandes aux chercheurs… Oui, ou utiliser des recherches qui sont déjà faites, pour pouvoir produire d’autres choses.

Oui, idéalement c’est sûre qu’on délégué, on le fait. Par exemple sur la carte régionale, le sujet il est là, l’idée c’est de montrer l’évolution de paysages aussi; oui, du coup ça c’est fait, mais nous on le fait à travers des prestataires, pas directement. Mais bien sûr que c’est intéressant. Et surtout à l’heure de changement climatique, des grands enjeux qui se trament notamment l’évolution des paysages. C’est que je n’ai dit encore, c’est que travailler à l’échelle régionale c’est compliqué, au-delà d’une animation de réseau, ça prendre beaucoup du temps, mais malheureusement c’est pas évident de travailler à cette échelle. Est-ce qu’il y a des ressources, de financement pour faire ce type des actions?

On a un petit budget tous les ans, après à nous de l’utiliser, ça dépends du budget; mais oui, on peut avoir de budget d’études, mais c’est assez légère. J’avais interviewé aussi à Juliette Tilliard-Blondel, et il me semble qu’à son époque il y avait beaucoup plus d’intérêt de ressources financiers pour travailler sur les sujets du paysage et les OPP. Que pensez-vous sur ça?

Oui, on n’a pas beaucoup de financement, de moyens humains aussi… On n’entend pas beaucoup le mot paysage maintenant au niveau du ministère… Et dans tous les lieux, ce n’est pas facile de trouver des élues qui peuvent parler du paysage, c’est vrai que ce n’est pas intégré. Donc, il y a de bulot, moi j’aimerai bien d’arriver à produire qu’ils savaient parler de paysage et qui ça soit accessible pour tout le monde c’est un gros challenge. Déjà d’arrêter d’en parler négativement, parce que ça fait 40 ans qu’on n’arrête pas de parler les “contraintes paysagers”, “les volets paysagers”, alors que si on 122

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comprend qu’est-ce que c’est le paysage, ce n’est pas ni un volet ni un contrainte, c’est un ressource, ce sont des enjeux… Au-delà les OPP, que pensez-vous des autres outils pour la visualisation du paysage comme Google maps ou Street view?

Ah si, c’est bien pratique ça, c’est très pratique quand on a des avis paysager à faire… C’est chouette les outils numériques, ça aide; ça ne remplace pas d’aller sur le terrain, mais de fois on ne peut pas aller partout et c’est très pratique pour se repérer, une fois on a organisé un visite du terrain via Google maps, c’est nickel. Mais, est-ce que ça remplace un peu le travail des OPP ?

Ah non, ce n’est pas le même sujet pour moi, c’est plus de repérage le Google maps, mais après on n’a pas cette visualisation dans le temps, on n’a pas des reconductions des OPP. Mais l’OPP, en fait c’est qu’on disait avec Pierre, une idée qu’il serait super, c’est d’avoir des cartes interactives où tous les OPP sont mis en ligne à l’échelle régionale, et qu’après on clique sur une photo et on a cette évolution et que c’est soit parsemé par la région, ça serait-il l’idéale. Le problème c’est qu’on n’a pas accès aux outils très performants pour faire ça. Je l’impression qu’on pourrait avoir mieux, on est un peu comme les années 80’, ce n’est pas possible… Enfin, maintenant avec la technologie je pense qu’on pourrait avoir tous accès à ce type de carte. Oui, et ça aidera à faire plus accessible les informations pour tous, pour trouver et s’en servir des travaux des OPP

Oui, et c’est là où au niveau régional il a de sens, c’est mieux communiquer sur un ensemble que juste sur un objet, et on a une vingtaine sur Auvergne-Rhône-Alpes. Et puis à différentes échelles. Tout le travail qu’a fait l’OPTMC, si on aurait une carte comme ça, ils sont géolocalisés on les mets, et après c’est plus facilement appropriables. Mais, après, au-delà de ça, et je pense que ça serait notre rôle à la DREAL et à notre réseau, c’est de créer quelque plaquette, ou d’expliquer les OPP, parce qu’en fait au niveau du ministère on a un guide comme ça, avec la méthode du ministère, mais on n’a pas finalement un petit guide qui explique mieux à quoi ça serve. Et on n’a pas la plaquette comme celle-ci qu’on a fait pour le Plan Paysage qui résume l’intérêt du truc. Et à l’OPP, il n’y a pas ce vulgarisation qu’on pourrait envoyer très largement, pour montrer à quoi ça serve et qu’est-ce que ça peut-il apporter; je pense que ça c’est un outil qui manque. Et ça, du coup, pour journée régionale si on arrive à faire ça, ça serait cool. Enfin, déjà pour la journée régionale, donc le 10 décembre, il y aura un kiosque sur les OPP, et l’idée c’est que les participant qu’on veut, voir les gens, se renseigner, on leur montre les observatoires qui existent et dix minutes de présentation, et puis après c’est l’échange et c’est l’objectif de montrer qu’est-ce qu’on fait les OPP, qu’est-ce que ça apporte et tout ça… On travaille avec la forme mais si on produit une plaquette pour cette journée ça serait bien. Que pensez-vous des observatoires qui n’ont pas de continuation ? Par exemple le cas de l’OPP sur l’Autoroute A89, qui s’a arrêté en 2006

Je pense que tout la problématique des OPP c’est qu’il doit avoir un objectif derrière, une finalité, et s’il n’est pas fait dans un objectif précis, finalement refaire des photos pour dire d’en refaire… à pour qui ça va servir, à pour quoi, pour quel discours? Et ça c’est hyper important. A l’époque la DREAL a fait cet observatoire, je pense que c’était dans une perspective de voir les évolutions dans le paysage, mais ça je dois peut-être le réactiver effectivement, en plus il y a la liaison qui était faite maintenant. Oui, douze ans après il doit avoir beaucoup de changements. Je pense que au moins chaque 10 ans on doit pouvoir faire des reconductions dans chaque observatoire, parce que sinon c’est des documents qui restent sans continuité...

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Après pour moi c’est aussi une ressource, c’est comme les vieille cartes postales, à l’époque elles ont été faites dans un autre objectif, et maintenant elles servent de l’avantaprès. Et voilà toutes ces photos qui sont faites finalement, même si on ne les utilise pas maintenant à un moment donné pour les reconductions, peut-être que dans cent ans, on va les trouver et on sera étonné, ils méritent d’exister et il ne faut pas les perdre. Mais, je pense qu’il faut avoir un objectif derrière.

Autres entretiens et consultes complémentaires : 5 / François Granet et Dominique Montagne Réfèrents du Plan 1% Plan Paysage et Développement - DREAL AURA Clermont Ferrand, le 1er avril 2019

6 / Julien Marceau Paysagiste. Chargé de mission Paysage et Urbanisme. OPP du Parc Naturel Régional du Pilat (Vidéo-appel) Clermont Ferrand, le 1er avril 2019

7 / Clément Briandet Paysagiste - OPP - PNR Golfe du Morbihan (Téléphone) Versailles, le 10 mai 2019

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