bulletin 56

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Bulletin d’infos Janvier 2012

n°56

Rivières en péril

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Sommaire 1. Fin de concession des barrages de la Sélune : une décision pour la Journée mondiale des zones humides ! 2. Menaces sur la Thjorsà en Islande 3. Vidange du barrage EDF de Grangent : surtout bien garder la tête dans le sable. 4. Effacement du grand barrage de Condit, sur la White Salmon : impressionnants Américains. 5. Le projet de barrage sur l’Auzance définitivement abandonné.

Le cadeau de Noël tant attendu n’a pas eu lieu. Un peu plus d’an après les vœux 2011 de Nathalie Kosciusko-Morizet, qui annonçait que cette année-là devait marquer «la maturité du Grenelle de l’Environnement», la fin de concession des barrages de Vezins et la Roche-qui-Boit sur la Sélune n’a toujours pas été décidée. La question de l’accompagnement économique de cette opération pour redynamiser la vallée une fois les lacs de retenue supprimés reste d’autre part toujours sans réponse, attisant les ressentiments des élus locaux et inquiétant les organisations du collectif « Les Amis de la Sélune », qui compte aujourd’hui 50 associations et fondations, dont la très large majorité des AAPPMA de la Manche et leur Fédération départementale. Que va désormais annoncer la Ministre de l’Ecologie lors de la Journée Mondiale des Zones Humides, le 2 février à propos de l’effacement des barrages, une des rares mesures du Grenelle en faveur de la biodiversité et des milieux naturels aquatiques ? L’enjeu principal du démantèlement de ces deux barrages se situe à deux niveaux fortement imbriqués. Il y a d’abord un enjeu sociétal fort de revalorisation socio-économique d’une vallée et d’ un arrière-pays jusque-là délaissés par rapport aux flux touristiques que drainent le MontSaint-Michel et sa baie (poumon économique avec la pêche et la conchyliculture). Les deux barrages entravent le développement d’un tourisme halieutique de qualité qui a montré, sous d’autres cieux, à quel point il générait des richesses pour le monde rural. Il s’agit donc de reconsidérer en profondeur le modèle actuel d’aménagement de ce territoire, pour créer les conditions d’un nouveau développement basé sur le tourisme et l’agriculture durables, projet de restauration écologique et de son bassin versant que doivent s’approprier les habitants. C’est une fantastique opportunité pour le sud Manche, aussi bien en terme économique qu’en terme d’image pour revaloriser un département très marqué au nord par l’industrie nucléaire. Il y a ensuite un enjeu scientifique majeur en termes de connaissances des mécanismes de restauration des habitats et de recolonisation par diverses espèces d’un hydrosystème fortement perturbé, avec l’analyse du rapport coût/bénéfice d’une telle renaturation. Avec la suppression des barrages, la Sélune deviendrait la toute première rivière en Europe à retrouver la libre circulation de ses poissons migrateurs sur la totalité de son parcours. Il est temps désormais de passer des paroles et des décisions de principe aux actes : EDF turbine depuis 1991, en infraction d’un arrêté de 1986 l’obligeant à rétablir la libre circulation des poissons migrateurs et continue cette exploitation depuis 2007 (fin de concession des barrages) dans le cadre des «délais glissants». EDF a d’autre part été mise en demeure par un jugement en 2010 de la Cour Administrative d’Appel de Nantes de garantir le franchissement des poissons migrateurs d’ici à fin 2013. Il y a des alternatives, notamment le futur parc éolien en mer pour produire de l’électricité renouvelable en Basse-Normandie (Courseulles-sur-Mer). De plus, continuer à ne rien faire risquerait de coûter cher à la France avec des sanctions financières de la Commission Européenne pour non-respect de ses engagements au titre du Règlement Européen Anguille n°1100/2007, la Sélune étant inscrite en Zone d’Action Prioritaire pour le rétablissement de la transparence migratoire dans le Plan de Gestion Anguille Français adopté par la Commission. Les 50 associations et fondations du collectif «Les Amis de la Sélune» attendent que le gouvernement entérine sans plus tarder la fin de concession de ces barrages et engage la restauration écologique de la vallée, en cohérence avec les enjeux identifiés pour la baie du Mont-Saint-Michel et en expérimentant, de façon concrète avec l’ensemble des acteurs locaux, un nouveau modèle de développement réconciliant l’homme et la nature.

Menaces sur la Thjorsà en Islande

« Homme, n’oublie jamais qu’un fleuve est une vie » Bernard Clavel

La Thjorsà est une rivière glacière sur laquelle subsiste une des seules pêcheries commerciale d’Islande. Elle coule dans le Sud Ouest du pays et produit annuellement entre 4000 et 7000 saumons, sur lesquels 20 % environ sont capturés. Plusieurs grands barrages ont été construits sur l’amont du bassin, mais ce n’est jamais assez. .Le NASF, le North Atlantic Salmon Fund, (Fonds pour le Saumon de l’Atlantique Nord) dont l’engagement a permis de racheter les droits de pêches en mer dans de très nombreux pays pour permettre l’accroissement des retours en rivières, donc les chances de survie des diverses populations de saumons alerte la communauté environnementale sur la menace que fait peser sur cette rivière trois nouveaux projets de très grands barrages hydroélec-


triques, prévus sur la partie aval. La compagnie nationale, « Landsvirkjun » souhaite générer 2000 GWh annuels, (2 TWh !) une quantité considérable d’électricité. « Si les ouvrage sont construits, les stocks de saumons vont s’effondrer, et les ressources liées à la pêche vont disparaître », a déclaré Orri Vigfuson, président du NASF. http://www.savingiceland.org/2011/04/the-government-stands-and-falls-with-the-thjorsa-river-conflict/

Vidange du barrage EDF de Grangent : surtout bien garder la tête dans le sable. Le barrage de Grangent, sur la Loire à l’ouest de Saint Etienne, a été construit entre 1954 et 1957, en pleines « Trente glorieuses ». Inutile de dire que les contraintes écologiques pour l’ édification de l’ouvrage de 50 mètres de hauteur ont été minces. EDF a même « oublié » de construire l’échelle à saumon pourtant obligatoire. Mais l’entreprise nationale, aujourd’hui « privée », a souvent pris quelques libertés avec la loi. Depuis 1967 et une vidange calamiteuse, des ONG, des scientifiques travaillent pour que soit sérieusement étudié le déplacement des millions de tonnes de sédiments, dont plusieurs centaines de milliers fortement contaminés, qui dorment dans la retenue. Ils demandent aussi que le fonctionnement de l’ouvrage, qui altère profondément l’équilibre écologique de la Loire amont, soit modifié, ceci impliquant une révision du cahier des charges de l’ouvrage, aujourd’hui inadapté. La Frapna Loire vient de publier un livret qui propose des pistes de réflexion pour limiter les impacts, anticiper une vidange totale qui pourrait avoir lieu d’ici une dizaine d’années. Le WWF a lui publié une étude récente de l’Aralep (Université Lyon 1), financée avec le soutien de la Caisse d’Epargne Loire-Drôme-Ardèche, qui montre l’existence de plusieurs pistes pour améliorer le fonctionnement de l’ouvrage. Ces documents ont été envoyés aux services de l’Etat, à EDF, à l’Agence de l’Eau, aux collectivités : aucun retour. Rien ! Silence assourdissant. L’Etat et l’entreprise n’ont qu’une seule contrainte : garantir la sécurité de l’ouvrage. Le reste ? Restauration du fleuve, amélioration de l’écosystème Loire, conformément à ce que demande la Directive Cadre sur l’Eau ? Du vent. Le Plan Loire Grandeur Nature, dans le département de la Loire, est une boite noire. Rens. Collectif Loire Amont Vivante. Alain Bonard bonard.alain@gmail.com. Etude Aralep et livre « Pour une qualité des eaux retrouvées dans le barrage de Grangent et sur le fleuve Loire ». A commander au Collectif Loire Amont Vivante.

L’effacement du grand barrage de Condit, sur la White Salmon : impressionnants Américains. Depuis le début de la conquête de l’Ouest, les Américains ont très massivement aménagé leurs fleuves. Il faut lire « Cadillac desert », de Marc Reisner, pour saisir l’obsession du bétonnage qui a été celui des ses grandes agences d’aménagement, de ses élus, de ses fermiers, de ses hommes d’affaires pendant un siècle. Ce temps est révolu. Les Américains ne construisent plus aucun grand barrage, ni chez eux, ni à l’étranger. Et ils en effacent, des gros. Après celui de Marmot Dam, en 2009, sur la Sandy River, qui a fait l’objet d’un excellent film diffusé par Direct 8, ils viennent d’effacer, le 26 octobre, le grand barrage de Condit, sur la rivière White Salmon, qui dévale depuis le Mt Adams vers la Columbia River, dans l’Etat de l’Oregon. Le barrage, construit en 1910, faisait 38 mètres de hauteur pour une puissance de seulement 14,7 MW. Il produisait à peine 0,1 % de la puissance installée de PacifiCorp, une des entreprises du milliardaire américain Warren Buffet. L’effacement, impressionnant, a consisté dans le percement d’une galerie en pied d’ouvrage, qui a permis le siphonage de la retenue en quelques heures, les millions de tonnes de sédiments se diluant dans le fleuve Columbia . La suppression du barrage va redonner le libre accès à 70 km de rivières pour la truite Steelhead, le saumon Chinook, permettre le développement du rafting et du tourisme doux dans les gorges libérées. Rappelons pour finir que le plus gros programme d’effacement de barrage dans le monde a commencé sur la rivière Elwha, dans l’Etat de Washington. www.youtube.com/watch?v=4fNxCkjLunk&feature=related

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C’est une excellente nouvelle pour ceux qui aiment les rivières vivantes. La Lettre Eau de FNE n° 56 (octobre 2011) annonce l’abandon définitif du projet de barrage sur l’Auzance, en Vendée. Le barrage, destiné à renforcer l’irrigation du maïs et l’explosion de l’urbanisation sur le littoral, aurait coupé en deux le dernier cours d’eau côtier libre du département. L’avenir est aux économies d’eau, à la maîtrise de l’urbanisation, dans l’agriculture et naturellement à la reconquête de la qualité de l’eau et des milieux, là comme ailleurs dégradés. C’est l’ambition du SAGE Auzance-Vertonne, « encalminé » depuis des années selon les ONG et que l’abandon de la logique de la bassine va ravigorer. Contact : vendeenatureenvironnemet@gmail.com

Calendrier. 19-20 janvier 2012 : Bordeaux, Assises Nationales des Risques Naturels. 28 janvier : 36e Congrès FNE. Espace Paris est. Montreuil. www.fne.asso.fr 31 janvier, 2 mars : enquête publique Barrage des Plats, signez la pétition en ligne : http://loireamontvivante.fr/petition-pour-unesemene-vivante-non-au-barrage-des-plats-ouiaux-alternatives/

2 février : Journée Mondiale des Zones Humides. Rens. www.ramsar.org 6-7 février : Conseil scientifique du saumon de Loire. Nantes. 7 février : Movilab Ecole des Mines de Saint Etienne. Avec Thanh Nghiem www.movilab.eu Rens. Yoann Duriaux@openscop.org Février : Séminaire critères scientifiques Réseau de Rivières Sauvages.Vichy. Rens. dcaudron@gmail.com

Coordination éditoriale : Martin Arnould, Chargé de programme « Rivières Vivantes » Tél : 04 77 21 58 24 - 04 78 27 39 95 (LYON) - marnould@wwf.fr Editeur : WWF - 1, Carrefour de Longchamp 75016 PARIS - Tél : 01 55 25 84 84 - www.wwf.fr

Montillet & Partners. Document éco-conçu à imprimer si possible sur papier recyclé.

Le projet de barrage sur l’Auzance définitivement abandonné


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