infos rivières sauvages 46

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Rivières sauvages Bulletin d’infos octobre 2010

n°46

Inscrire à neuf dans notre culture la naturalité des rivières et des fleuves.

Un nouveau temps, un nouveau bulletin. Après dix années d’une campagne centrée sur l’enjeu de l’effacement du barrage de Poutès, révélateur d’une contradiction majeure de notre pays pour ce qui touche à la conservation de sa biodiversité, les ONG ont obtenu que soit signée le 23 juin dernier la convention pour une hydroélectricité durable. L’amélioration des conditions de la production de l’hydroélectricité, au bénéfice des rivières, de tous ceux qui en vivent, de tout ce qui les habite, avec l’élaboration d’un label « d’hydroélectricité verte », dans le cadre d’un développement cohérent de la ressource ou la protection des dernières rivières sauvages du pays sont devenues des priorités. Pour avancer, mettre en place cette révolution progressive sur les bassins, avec tous, dans le cadre de la mise en œuvre des outils déjà existants, comme les SDAGE, les acteurs vont se rencontrer, chercher ensemble l’optimum, tenter d’ éviter les conflits, autrement inévitables. Une nouvelle ère s’ouvre. Pleine d’espoirs et d’incertitudes, riche de promesses. Pour l’entamer, le WWF a décidé de changer la forme et le titre de sa lettre d’information, le temps que d’autres formules émergent. Nous ne sommes plus en campagne pour effacer des ouvrages d’un autre temps. Nous sommes entrés dans l’ère de la restauration, de la protection, de la popularisation de tous ces enjeux. Bonne lecture.

Première réunion de la « Convention pour une hydroélectricité durable ».

Les nouvelles 1. Une nouvelle ère, un nouveau bulletin. 2. Première réunion de la convention pour une hydroélectricité durable. 3. Onema : une brochure et un recueil d’expérience sur la restauration de la continuité écologique 4. Alerte : à AndrézieuxBouthéon, le bétonnage de la plaine alluviale a commencé. 5. Label EVE : enfin des avancées.

Ambiance studieuse pour la première réunion de la convention, dans les locaux du MEEDDM à La Défense ce 5 octobre, en présence de Ghislain Gomart, artisan de la convention et conseiller auprès du Ministre d’Etat Jean Louis Borloo, de Jean-Claude Vial, directeur adjoint à la Direction de l’Eau et de la Biodiversité (DEB), de divers fonctionnaires de la DEB et de la Direction de l’Energie, de représentants de l’Onema, des entreprises et des ONG : NASF, Anper TOS, le WWF / SOS Loire Vivante, le CLER et la FNPF (qui a un rôle d’observateur, n’ayant pas signé le texte). FNE a décidé de ne pas participer aux réunions et la FNH, suppression malheureuse de la « taxe carbone » oblige, est en stand by. C’est Mr Jean Proriol, parlementaire de Haute-Loire bien connu de Loire Vivante, qui représentait le collège des élus : tout le monde, ou presque, était là. Cette première réunion, deux mois à peine après la signature de la convention, est un bon signal envoyé par l’Etat aux parties prenantes : la volonté de mettre en œuvre rapidement la convention, donc de régler les problèmes de méthode, de fonctionnement, est manifeste. C’est une excellente nouvelle. Nous connaissons trop de ces belles intentions qui ont sombré dans les inerties bureaucratiques nationales. La liste des difficultés, défis à venir pour l’ensemble des acteurs est longue : mise en œuvre du Règlement anguilles, label d’électricité verte, identification des sites qui pourraient être équipés, des rivières qui doivent impérativement être protégées, culture commune à mettre en place autour de la restauration de la continuité écologique, le tout devant être compatibles avec la LEMA, la mise en œuvre de la Trame Verte et Bleue, des SRCE, (Schémas Régionaux Climat Energie -prononcer schrec-). Auxquels il faut rajouter la mise en œuvre des effacements des barrages de Vézins et La Roche qui Boit, sur la Sélune, avec pour l’instant un degré zéro en matière d’information des populations locales et de participation des ONG. Et, bien sûr, last but not least, la présentation de l’étude EDF sur l’alternative à Poutès, prévue pour novembre, les derniers obstacles juridiques pour le renouvellement de concession étant en voie d’être levés. Une feuille de route roborative pour les années à venir, avec beaucoup de questions, notamment celles de la transcription aux plans locaux et régionaux, là où sont les enjeux de terrain ? La prochaine réunion est prévue pour avril 2011. Texte de la convention disponible au WWF, sur le site WWF Panda.org et sur Loireamontvivante.fr.

Onema : une brochure et un recueil d’expériences sur la restauration de la continuité écologique. Bonne nouvelle pour ceux qui sont à la recherche de documents généralistes et institutionnels sur la question de la restauration des fleuves, documents encore rares et pourtant indispensables pour construire une culture partagée. L’Onema, l’Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques, l’ancien CSP vient de publier deux ouvrages grand public sur la restauration de la continuité écologique, dans le cadre du Plan National de Restauration des Cours d’Eau lancé par Chantal Jouanno en 2009. Le premier est un classeur, un recueil d’expérience qui regroupe une soixan-


taine de fiches décrivant diverses expériences de restauration. Reméandrages, reconnexions des annexes fluviales, effacement ou aménagements des obstacles transversaux, remise à ciel ouvert de rivières, suppression d’étangs sur des cours d’eau, autant d’exemples qui démontrent l’intérêt de restaurer la morphologie des rivières. Le second est une plaquette, « Pourquoi rétablir la continuité écologique des cours d’eau », qui, centrée uniquement sur la question des seuils et barrages, permet, avec une diffusion plus large, de sensibiliser les divers acteurs, propriétaires, collectivités territoriales, entreprises. Dans un style clair, sans jargon, avec des illustrations abondantes, la plaquette rappelle les atteintes portées par les barrages au fonctionnement des fleuves, à la biodiversité. Elle s’appuie, entre autres, sur l’effacement réussi du barrage de Fatou, dans la haute vallée de la Loire, totalement approprié par les élus de Haute Loire, comme l’a rappelé Jean Proriol lors de la réunion de la convention pour une hydroélectricité durable, un effacement conduit par l’EPLoire. Les ONG vont largement contribuer à la diffusion de ces documents. http://www.onema.fr/Hydromorphologie,510

Label EVE : enfin des avancées. En 2007, le CLER avait lancé, avec le soutien de l’Ademe et du WWF le label EVE, « Electricité Verte Ecologique » pour mettre sur le marché français, comme cela existe depuis des années en Suisse, Allemagne, Hollande, Autriche, un label qui garantit au consommateur le caractère écologique de l’électricité utilisée. Les labels sont en effet un outil, parmi d’autres, pour sensibiliser le citoyen et le consommateur et organiser ainsi un marché sur des critères plus lisibles. Les producteurs volontaires s’engagent à améliorer leurs modes de production avec comme objectif, l’optimisation énergie-environnement de leurs installations. Le principe est simple : la mise en œuvre d’un cahier des charges exigeant permet d’améliorer les conditions générales de production, et, pour l’hydroélectricité, d’optimiser la protection-restauration du milieu aquatique, ce dispositif venant compléter les démarches d’efficacité énergétique dans lesquelles le consommateur a tout intérêt à s’engager, la sobriété énergétique permettant de financer le surcoût du Kwh. Ainsi, le label vise à construire un système vertueux qui crée le lien entre production et consommation. Mais sa mise en œuvre est complexe, dans un pays où les énergies renouvelables ont encore du mal à trouver leur véritable place, avec un marché encore peu ouvert et beaucoup de réticences de la part de nombreuses ONG. La mise sur le marché des premières labellisations avait d’ailleurs buté, en 2007, sur ces difficultés. Le WWF et le fournisseur Green-Access, en lien avec divers producteurs et France Hydroélectricité ont repris le chantier en 2010. Visite de centrales, sur la Seine et l’Allier qui pourraient devenir des installations pilotes; élaboration d’un premier projet de cahier des charges; recherche d’un cabinet pour auditer la démarche, assurer le suivi, garantir l’indépendance et la qualité du label ; recherche de financements publics et privés ont constitué l’essentiel du travail en 2010. Tout est fait pour que les premières centrales soient labellisées d’ici la fin de l’année. Dernière information, le CLER vient d’embaucher un salarié pour faire avancer le dossier. Bienvenue.

C’est sidérant. Quelques mois après Xynthia, Draguignan, drames terribles qui ont montré à nouveau, avec des dizaines de victimes, à quel point il était urgent de réduire l’occupation des zones à risque, le maire d’AndrézieuxBouthéon, dans la Loire, vient de commencer les travaux pour installer une salle de spectacle de 2700 places en pleine zone inondable. Alors que l’Etat, via le COPRNM (Conseil d’Orientation sur le Prévention des Risques Naturels Majeurs), dont est membre le WWF, travaille à l’élaboration d’une stratégie nationale afin de renouveler les politiques publiques en matière de culture du risque, sérieusement dysfonctionnelles par endroits et que la transposition de la Directive Européenne sur les inondations qui exige un changement profond de gouvernance est en route, un élu local dans la Loire avance lui dans le bétonnage d’espaces de rétention des crues précieux, en laissant à la société civile le soin de faire respecter le simple bon sens. Une courageuse association locale, Bords de Loire, se bat depuis 5 ans contre ce projet, dont elle a obtenu 4 annulations au TA de Lyon. En 2010, une seule amélioration de pure forme, avec aucun changement sur le fond, a permis au même tribunal, de donner son aval à la construction d’une salle de spectacle, dans une zone recouverte, lors de la crue trentennale de novembre 2008, par un mètre d’eau juste en limite du projet ! Mettre en danger la vie d’autrui, ne rien anticiper sur les menaces qui s’aggravent avec les dérèglements climatiques, détruire des zones agricoles de proximité, imperméabiliser de précieuses plaines alluviales, rogner des paysages encore préservés, c’est l’avenir ? Allo le MEEDDM, on a un problème. Position du WWF disponible sur le site. Tél. 04 77 36 93 35 (après 18h) - bordsdeloire@free.fr

Calendrier. 7 oct. : SHF Colloque « Environnement et hydroélectricité », participation du WWF. Powerpoint disponible. 8 oct. : Gestion des terrains de la Haute Vallée de la Loire. Réunion au Conseil Général de Haute-Loire, à l’initiative de l’EP Loire.

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15 oct. 2010 : Comité de pilotage du Réseau Rivières Sauvages Lyon. 23 nov. : Paris, L’eau pour l’énergie, l’énergie pour l’eau. Quelles synergies pour demain ? Cercle Français de l’Eau Colloque préparatoire du 6e forum mondial de l’eau. Marseille 2012

25 et 26 nov. : Ouvrages hydrauliques, de la continuité écologique des fleuves et rivières aux projets de territoires. AFEPTB / EPTB Sèvres nantaise. Cholet agglomération. Rens. 02 51 07 02 13 2011 : 10 ans du Conservatoire National du Saumon de Chanteuges.

Coordination éditoriale : Martin Arnould, Chargé de programme « Rivières Vivantes » Tél : 09 62 08 14 79 - 04 78 27 39 95 (LYON) - marnould@wwf.fr Editeur : WWF - 1, Carrefour de Longchamp 75016 PARIS - Tél : 01 55 25 84 84 - www.wwf.fr

Document éco-conçu à imprimer si possible sur papier recyclé.

Alerte : à Andrézieux-Bouthéon, le bétonnage de la plaine alluviale a commencé.


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