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Restauration
La reconnexion des annexes hydrauliques Pour améliorer le fonctionnement global du cours d’eau, on peut reconnecter différents éléments du réseau hydrographique, et notamment les annexes hydrauliques.
Les objectifs ■ Objectifs hydromorphologiques • Améliorer les connexions latérales et le fonctionnement de milieux déconnectés. • Diversifier les écoulements et les habitats des annexes hydrauliques : profondeur, substrat, temps de submersion. • Favoriser l’auto-curage des bras secondaires.
■ Objectifs écologiques
Réponses à quelques idées reçues • Il n’est pas nécessaire d’assurer une connexion permanente pour atteindre les objectifs écologiques. Certains de ces milieux peuvent même se retrouver à sec une partie de l’année sans pour autant perdre leurs intérêts. • La reconnexion d’annexes hydrauliques ne vise pas seulement la restauration de frayères à brochet.
• Améliorer et diversifier la biocénose et les habitats du corridor fluvial : connexions des zones de frayères, augmentation des zones refuges.
Des exemples de techniques envisageables
Graphies
• Réouverture de la connexion aval et/ou amont (terrassement ou intervention sur la végétation selon le type de fermeture). • Création de chenaux de connexion. • Rehaussement du fond du lit du cours d’eau [voir la fiche « La reconstitution de matelas alluvial »].
Onema Mai 2010
Remarques : La création de connexions busées ne garantit pas la pérennité de l’action. Des entretiens réguliers pour désobturer la buse s’avèrent nécessaires. Il faudra privilégier une restauration fonctionnelle et globale de l’annexe plutôt que de s’intéresser uniquement à la protection d’une espèce d’intérêt piscicole. Les techniques employées ne seront pas les mêmes si l’objectif est d’ordre piscicole ou bien global. La typologie géodynamique du cours d’eau permettra de définir si la reconnexion doit se faire par l’amont, l’aval ou des deux côtés. Dans certains cas, on se rendra compte que rajeunir la végétation, redonner un espace de mobilité au cours d’eau et rehausser le fond du lit mineur du cours d’eau, sont des actions suffisantes pour reconnecter les annexes hydrauliques.
Graphies
Les principales annexes hydrauliques
Des éléments complémentaires ■ Mesures complémentaires
■ Mise en garde de conception du projet
• Élaborer un plan de gestion prévoyant, si nécessaire, un entretien des connexions ; ce plan pluriannuel doit être modulable et adapté à la capacité de l’annexe à s’auto-entretenir. • Reprendre, si possible, les berges de l’annexe en pente douce. • Végétaliser les surfaces terrassées afin de limiter l’apparition d’espèces indésirables. • Poser, si nécessaire, des clôtures autour des annexes en zone d’élevage pour éviter le piétinement par les bovins.
• Évaluer à une échelle cohérente la nécessité des reconnexions avant toute intervention. L’évolution des connexions entre le cours d’eau et ses annexes hydrauliques est un processus de la dynamique fluviale. • Maintenir une mosaïque d’habitats pour favoriser la biodiversité. Toutes les annexes ne doivent pas être ré-ouvertes. Les milieux fermés peuvent abriter une flore et une faune remarquables (loche d’étang, grande douve, batraciens, etc.).
■ Références techniques pour la conception et la mise en œuvre du projet • Biotec, Malavoi J-R. (2007). Manuel de restauration hydromorphologique des cours d’eau, Agence de l’Eau Seine-Normandie. http:// www.eau-seine-normandie.fr/fileadmin/mediatheque/Collectivite/HYDROMORPHO/02Guide_terrain.pdf • RCC (2002). Manual of River Restoration Techniques, Web Edition. http:// www. therrc.co.uk/rrc_manual.php
Reconnexion d’annexes hydrauliques
Restauration de l’annexe hydraulique de Bellegarde et recharge sédimentaire de la rivière d’Ain ■ La localisation
■ L’opération Catégorie
Restauration
Pays
France
Type d’opération
Reconnexion d’annexes hydrauliques
Bassin hydrogr.
Rhône - Méditerranée
Région(s)
Rhône-Alpes
Cours d’eau de plaine
Département(s)
Ain
Commune(s)
Priay
Type de milieu concerné
Enjeux (eau, Bon état des habitats biodiversité, climat) Début des travaux
2 novembre 2006
Fin des travaux
25 novembre 2006
Linéaire concerné par les travaux
1 450 m
■ Le cours d’eau dans la partie restaurée Nom
L’Ain
Distance à la source
160 km
Largeur moyenne
50 m
Pente moyenne
1,3 ‰
Débit moyen
122 m3/s
■ Les objectifs du maître d’ouvrage • Reconnecter l’annexe hydraulique de Bellegarde avec la nappe alluviale pour retrouver une circulation phréatique amont/aval. • Lutter contre le déficit sédimentaire de la rivière. • Retrouver un milieu naturel fonctionnel pour les habitats et les espèces patrimoniaux.
■ Le milieu et les pressions La rivière l’Ain s’écoule sur 195 km de sa source, dans le Jura, jusqu’à sa confluence avec le Rhône, en amont de Lyon. Elle possède sur toute sa longueur des écosystèmes aquatiques très riches. Entre 1945 et 1980, le style fluvial de l’Ain s’est modifié pour passer d’un lit en tresses à un chenal unique. Cette modification est accélérée par l’apparition d’ouvrages hydroélectriques, comme celui de Vouglans, l’enrochement de berges, la création de digues… réduisant ainsi l’apport en matériaux solides provenant de l’amont et des berges.
Contexte règlementaire
Non concerné
Références au titre des directives européennes Réf. masse d’eau Réf. site Natura 2000
FRDR484 FR8201653
Onema Mai 2010
Du fait du déficit en matériaux solides, le phénomène d’incision s’est alors fortement intensifié. L’incision provoque ainsi un pavage du lit en aval des ouvrages et conduit à la déconnexion des annexes hydrauliques avec la nappe alluviale.
■ Les opportunités d’intervention La basse vallée de l’Ain fait partie du site Natura 2000 « Milieux alluviaux et aquatiques de la confluence AinRhône ». La restauration des annexes hydrauliques de Bellegarde s’inscrit dans le cadre du programme Life 20022006 « Conservation des habitats créés par la dynamique de la rivière Ain » porté par le syndicat de la basse vallée de l’Ain (SBVA). Le SBVA et le Conservatoire régional des espaces naturels ont ensemble fait adopter ce projet.
CREN Rhône Alpes
■ Les travaux et aménagements
La lône de Bellegarde, avant les travaux de restauration : fortement boisée et quasiment à sec.
L’annexe hydraulique de Bellegarde (appelé lône) est choisie car elle se situe dans un secteur à faible dynamique fluviale, où la rivière est pavée. La restauration de cette lône peut aussi permettre la recharge sédimentaire de la rivière.
IGN - Scan25®
La première étape est l’identification des parties fonctionnelles de la lône et des parties à restaurer. Des travaux de déboisement, bûcheronnage et broyage sont opérés sur un hectare afin de dégager l’emprise de la lône. Un abaissement du fond de la lône, où celle-ci présentait des atterrissements est réalisé. Les matériaux retirés, soit 18 000 m3 de galets, sont directement redéposés dans le lit de la rivière. Ces derniers seront repris par le courant. Les 6 700 m3 de fines curés sont étalés sur les rives du cours d’eau.
■ La démarche règlementaire Dossier de déclaration au titre de la loi sur l’eau : 3.2.1.0 : entretien des cours d’eau L’opération bénéficie d’une procédure allégée de déclaration de travaux car l’intervention s’est faite dans un cadre à durée définie dans le temps (programme Life nature).
Elisabeth Favre - CREN Rhône Alpes
Reconnexion d’annexes hydrauliques
Réalimentation de la lône, en avril 2008, après travaux de restauration.
■ La gestion Aucun entretien du site n’est prévu. Un auto-entretien par le jeu des arrivées phréatiques servant de « chasse à sédiments » vers l’aval doit s’opérer.
■ Le suivi Un état initial est réalisé en 2004 pour les compartiments hydromorphologique, physicochimique et botanique. En 2006, le CNRS a suivi les compartiments de l’état initial ainsi que les poissons. Pour étudier la reprise des sédiments par la rivière et leur dispersion dans le lit, le CNRS a réalisé des vues aériennes à l’aide d’un drone. Il est prévu de réaliser deux suivis à deux ans d’intervalle sur la végétation et les peuplements piscicoles. Par ailleurs, des profils en longs du cours d’eau seront réalisés en 2011. En ce qui concerne la physico-chimie, on dispose d’un suivi de trois ans post-restauration.
La remise en eau de la lône de 3,2 hectares est effective sur l’ensemble de son linéaire. La reconnexion avec la nappe s’est également rapidement produite. Au vu du temps de réponse assez long des différents compartiments, les résultats des suivis sont encore peu connus. La richesse spécifique des végétaux est toutefois en constante augmentation depuis 1998 et culmine un an après la restauration mais il est pour l’instant délicat de corréler cette augmentation avec l’opération de remise en eau.
Romain Lamberet - CREN Rhône-Alpes
■ Le bilan et les perspectives
Dépôt des sédiments grossiers en bord de la rivière Ain, en novembre 2005. Ces derniers seront repris par le courant et favoriseront la dynamique sédimentaire.
Onema Mai 2010
■ Coûts
En euros HT
Coût des études
8 500
Coût des acquisitions : uniquement du conventionnement sur terrains communaux Coût des travaux et aménagements soit, au mètre linéaire :
0 56 250 39
Coût de la valorisation
non connu
Coût total de l’action
59 700
Partenaires financiers et financements : Union européenne 50 %, État (20,5 %), agence de l’eau (10 %), conseil régional (10 %), conseil général (7,6 %), fédération des chasseurs de l’Ain et syndicat de la basse vallée de l’Ain (1,9 %). Partenaires techniques du projet : Syndicat de la basse vallée de l’Ain, élus locaux et riverains (sociétés de chasse et de pêche), Office national des forêts et laboratoires de recherche Lyon I et Lyon II. La réussite de ce projet est totale du fait : • de la bonne démarche participative de l’ensemble des acteurs concernés, l’information est largement diffusée et la concertation locale lors de l’élaboration du projet est excellente ; • du financement intégral de l’opération par le programme Life : document d’objectif du site Natura 2000, opérations de communication et de sensibilisation, travaux de restauration... Le fait que les terrains appartiennent à la commune facilite l’ensemble des démarches. Une bonne relation avec les universitaires et des réunions avec les sociétés de pêche et de chasse permettent de mener cette opération de manière totalement consensuelle. Cette action constitue une combinaison de deux opérations de restauration en une, un aspect expérimental et innovant, une participation de la communauté scientifique ainsi qu’une satisfaction sociale par les élus et les habitants. Des travaux similaires inscrits dans le document d’objectif et dans le contrat de bassin ont été réalisés (lône des Terres Soldats, 25 000 m3 de galets) en 2008 et d’autres sont prévus en 2010. Dans le cadre du programme Life, 2,6 kilomètres de lônes ont été restaurés. La restauration de la lône de Bellegarde et de celle des Carronnières auront permis d’injecter dans la rivière 20 000 m3 de matériaux. Cette quantité reste insuffisante pour limiter l’avancement du front de pavage : on a estimé à 15 000 m3/ an la quantité de matériaux qu’il faudrait injecter dans la rivière. Ainsi, le point faible du projet, qui était connu par avance, concerne la non-pérennité de l’action de reconstitution du matelas alluvial. En effet, la dynamique de l’Ain ne se modifiera pas tant que les causes du dysfonctionnement hydromorphologiques ne seront pas supprimées, c’est-à-dire tant que le transport sédimentaire restera bloqué par les obstacles à l’écoulement (seuils et barrages).
■ La valorisation de l’opération Sur l’ensemble des sites restaurés dans le cadre du Life, un réseau de trois sentiers d’interprétation est mis en place, couvrant un linéaire de 3,5 km. La pose de panneaux d’informations aux abords du chantier avec l’explication des travaux effectués est entreprise. Une lettre d’information ainsi qu’un cahier technique « Les anciens bras fluviaux » sont réalisés et distribués aux riverains. Une « fête de la rivière » est également organisée. Voir www.bassevalleedelain.com
Maître d’ouvrage
Conservatoire régional des espaces naturels Rhône-Alpes (CREN)
Contact
Elisabeth Favre Conservatoire régional des espaces naturels Rhône-Alpes elisabeth.favre@espace-naturels.fr
Reconnexion d’annexes hydrauliques
Reconnexion d’un bras secondaire du Rhin : le Schafteu ■ L’opération
■ La localisation
Catégorie
Restauration
Pays
France
Type d’opération
Reconnexion d’annexes hydrauliques
Bassin hydrogr.
Rhin - Meuse
Région(s)
Alsace
Cours d’eau de plaine
Département(s)
Bas-Rhin
Commune(s)
Rhinau
Type de milieu concerné
Enjeux (eau, Bon état des habitats, biodiversité, climat) préservation ou reconquête de la ressource en eau (quantité) Début des travaux
Février 2004
Fin des travaux
2005
Linéaire concerné par les travaux
7 500 m
■ Le cours d’eau dans la partie restaurée Nom
Le Schafteu
Distance à la source
85,5 km
Largeur moyenne
3m
Pente moyenne
0,1 ‰
Débit moyen
2 m3/s
■ Le milieu et les pressions
• Redynamiser et accentuer le caractère alluvial du massif forestier de l’île en réactivant les inondations sur l’île. • Reconnecter les anciens bras du Rhin pour améliorer la continuité écologique.
Le Schafteu est un bras secondaire du Rhin de 7,5 kilomètres. Il alimente un massif forestier alluvial d’une grande richesse biologique, situé sur une île de 420 hectares, l’île de Rhinau, entre le Vieux Rhin et le Rhin canalisé. Suite à la canalisation du fleuve, le Schafteu a été quasiment déconnecté du Rhin. La dynamique du massif forestier s’en est trouvée fortement altérée conduisant à une importante perte de biodiversité sur l’île.
Corinne Forst - Onema
■ Les objectifs du maître d’ouvrage
Redimensionnement de la prise d’eau sur le Rhin. Cet aménagement permet d’augmenter le débit entrant dans le massif alluvial (novembre 2008).
Contexte règlementaire
Réserve naturelle
Références au titre des directives européennes Réf. masse d’eau Réf. site Natura 2000
FRCR2 FR4201797
Onema Mai 2010
■ Les opportunités d’intervention L’île de Rhinau fait partie du site Natura 2000 « Secteur alluvial Rhin Ried Bruch, Bas-Rhin ». La moitié de l’île est classée en réserve naturelle, l’autre moitié appartient à la commune de Rhinau. Dans le cadre du programme Life nature « Rhin vivant », ce site a été choisi pour un projet portant sur la restauration d’anciens bras du Rhin.
■ Les travaux et aménagements Les travaux sont très peu interventionnistes et se sont déroulés en deux phases. Dans un premier temps, les conditions d’alimentation du Schafteu sont modifiées : la prise d’eau est agrandie. La digue entre le Vieux Rhin et l’île est abaissée. Une centaine de peupliers de culture sont abattus au profit d’une roselière. Dans un second temps, des gués sont réalisés et divers ouvrages, ponts et passerelles sont
redimensionnés. Des aménagements sont réalisés dans la seconde moitié de l’île. Ils permettent le maintien des activités de loisirs. Les embâcles sont enlevés pour garantir la pratique du canoë et des passerelles sont réalisées pour offrir des accès aux pêcheurs. L’ensemble du débit du Schafteu est restitué au Rhin en aval de l’île.
■ La démarche règlementaire Non connue.
■ La gestion Aucune mesure de gestion particulière n’est prise. Le but est de laisser évoluer le massif naturellement. Seul quelques embâcles sont enlevés en aval de l’île pour faciliter la pratique du canoë.
IGN - Scan25®
Corinne Forst - Onema
Reconnexion d’annexes hydrauliques
Corinne Forst - Onema
Le Schafteu en aval de la prise d’eau en novembre 2008. L’augmentation du débit entrant dans l’île favorise la réactivation de la dynamique du cours d’eau.
Sébastien Mougenez - Onema
Le Schafteu dans la réserve naturelle, en novembre 2008, vu depuis un pont réaménagé. L’entretien de la végétation est proscrit pour permettre à la dynamique naturelle de s’exprimer.
Un bras du Schafteu, en dehors de la réserve naturelle, en novembre 2008. L’entretien est plus conséquent dans cette partie de l’île pour favoriser la pratique du canoë et de la pêche.
Onema Mai 2010
■ Coûts
En euros HT
Coût des études
69 570
Coût des acquisitions
non concerné
Coût des travaux et aménagements Dont…
pour les travaux de génie civil pour les travaux de génie écologique
671 540 418 300 253 240
Coût de la valorisation
non connu
Coût total de l’action
741 110
Partenaires financiers et financements : Union européenne (45 %), ministère en charge de l’environnement (25 %), conseil régional (12 %), conseil général du Bas-Rhin (10 %), conseil général du Haut-Rhin (2 %), commune de Rhinau (6 %).
CINE Maison de la Nature du Ried et de l’Alsace centrale
Partenaires techniques du projet : Conservatoire des sites alsaciens, Office national des forêts, Voies navigables de France.
■ Le suivi L’état initial n’est pas réalisé. Suite aux travaux, aucun suivi n’est effectué. Ces derniers ne sont pas prévus dans les fonds Life. Dans la partie amont incluse dans la réserve naturelle de l’île de Rhinau quelques suivis piscicoles sont réalisés.
■ Le bilan et les perspectives L’augmentation de la prise d’eau sur le Rhin a permis d’augmenter la quantité d’eau arrivant dans le Schafteu. Les inondations de l’île sont favorisées grâce à des échancrures dans les digues du Rhin. Le cours d’eau s’est auto-curé sur la partie amont. Huit autres sites ont été réaménagés de manière assez similaire le long du Rhin dans le cadre du programme Life « Rhin vivant ». Pour plus d’information, consulter le site internet du Life : http://www.rhinvivant.com/
■ La valorisation de l’opération Un sentier d’interprétation sur le thème des crues et inondations est créé. Des panneaux d’informations sont placés aux niveaux des écluses du Rhin. La circulation des personnes dans l’île a été repensée pour réduire les perturbations sur le milieu.
Un panneau d’information présentant les modifications du tracé du Rhin au cours du temps ayant conduit à la disparition des îles du Rhin.
Maître d’ouvrage
Commune de Rhinau
Contacts
M. Kalt Mairie de Rhinau 1 Rue de l’Hôtel de Ville - 67860 Rhinau info@rhinau.com Erwan Hornier Office national de l’eau et des milieux aquatiques – Service départemental sd67@onema.fr