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1. Les qualités du leader

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Introduction

Introduction

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Les qualités du leader

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Dans les trois épîtres pastorales de Paul, 1 et 2 Timothée et Tite, l’apôtre présente méthodiquement les conditions à remplir pour être un leader spirituel. Les passages suivants donnent les lignes directrices du leadership : 1 Timothée 3.1-13 et Tite 1.7-9 (ces deux passages sont similaires). La plupart des qualifications pour le leadership dans l’église sont liées au « style de vie » et à la conduite du leader chez lui. Examinons 1 Timothée 3 afin de déterminer les qualifications pour le leadership.

1 Timothée 3.1

« Cette parole est certaine : Si quelqu’un aspire à la charge d’évêque*, il désire une œuvre excellente. » Dans le texte grec original, un évêque est un presbyter, c’est-à-dire un ancien. Paul dit que désirer la responsabilité spirituelle est une bonne chose. Mais la question concerne la motivation. Pour quelle raison quelqu’un peut-il vouloir des responsabilités dans l’église ? Est-ce pour voir le Seigneur glorifié dans l’assemblée ? Est-ce par aspiration de voir le corps de Christ grandir ? Ou bien par désir d’être vu des hommes ? (Jean 5.41)

* NDLT : Ce terme à connotation catholique apparaît aussi dans les Bibles protestantes. Nous avons fait le choix de le conserver. Il est synonyme de pasteur, de berger ou de responsable spirituel.

Notre motivation pour désirer un leadership spirituel doit être pure. Nous devons avoir, en quelque sorte, un « appel » au ministère ; nous ne pouvons pas nous contenter d’entrer dans le ministère en raison de bonnes intentions.

1 Timothée 3.2

« Il faut donc que l’évêque soit irréprochable… », c’est-à-dire au-dessus de tout soupçon.

« … mari d’une seule femme… », c’est-à-dire que sa vie conjugale doit s’inscrire dans une relation monogame ; la polygamie est interdite.

« …sobre, modéré, réglé dans sa conduite… », ce qui signifie vivre une vie droite et qui plaît à Dieu.

« … hospitalier… » : ce point reflète le caractère du Seigneur.

Il est dans la nature divine d’être généreux et ouvert. Dieu est généreux en ce qu’il nous a tout donné dans la personne de son Fils, Jésus-Christ. Nous devons, à notre tour, être généreux envers les autres, en leur offrant l’hospitalité. L’hospitalité peut revêtir différentes formes. Cependant, à l’époque biblique, elle se référait surtout au fait d’avoir une « maison ouverte ». Si on a le cœur ouvert, on ouvrira notre maison. Exercer l’hospitalité est plutôt une attitude de cœur qui nous rend accessibles et d’un abord facile. Car si quelqu’un n’est pas d’un abord facile, il rencontrera des difficultés dans le ministère puisque cette vocation se réalise essentiellement dans les relations avec autrui.

« …propre à l’enseignement », ce point sera détaillé plus loin dans ce chapitre.

1 Timothée 3.3

« N’aimant pas l’argent » (version Darby) : l’amour de l’argent ne doit pas être une motivation pour désirer entrer dans le ministère (voir aussi 1 Timothée 6.10 et Matthieu 6.24). Ces dernières

années, de nombreux ministères ont perdu toute crédibilité à cause de l’appât du gain.

« Doux, non querelleur » (version Darby) : voilà une qualité essentielle ! Le prédicateur est sans cesse confronté aux autres, et ces derniers se trouvent à des niveaux de croissance spirituelle différents. Dieu s’occupe de chacun individuellement (Philippiens 2.12-13). S’il est important d’être patient, c’est parce qu’il est rare que les gens grandissent et mûrissent aussi vite que nous le voudrions (souvenons-nous que le Seigneur est infiniment patient avec nous aussi).

« Désintéressé » (version NBS) : Voici un autre péché qui a entraîné de nombreux pasteurs dans la chute. Beaucoup de choses peuvent être source de convoitise ; il peut s’agir des possessions matérielles de ses voisins (il faut impérativement se garder d’envier ce que possèdent ses voisins, Exode 20.17). De plus, la convoitise peut être de nature adultère, quand on désire le partenaire de quelqu’un d’autre. On peut être avide même du ministère de quelqu’un d’autre ; on peut désirer avoir l’église d’un autre, ou vouloir prêcher comme lui ou même être comme lui, tout comme les gens dans le monde désirent ressembler à leur pop star, rock star ou héros sportif préféré. Dans Colossiens 3.5, Paul déclare que la convoitise est la même chose que l’idolâtrie : c’est un péché. La raison est que nous faisons généralement une idole de ce que nous désirons ou convoitons. Si nous nous accrochons à ce que nous convoitons, cela aura un effet spirituel sur nous : la mort. Par conséquent, nous devons tout rendre à Dieu (comme Abraham l’a fait avec Isaac ; voir Genèse 22) et prendre, en quelque sorte, de la distance avec ce qui nous tient le plus à cœur.

1 Timothée 3.4-7

Dans les versets 4-5, Paul fait référence à l’exemplarité qui doit caractériser la maison du leader. En effet, comment quelqu’un peut-il être en position de leader dans l’église s’il est incapable de

tenir sa propre maison ? S’il ne peut pas gérer celle-ci, il est entendu qu’il ne pourra pas en gérer une autre. Notre foyer doit être le reflet du foyer céleste.

Le verset 6 dit : « Il ne faut pas qu’il soit un nouveau converti, de peur qu’enflé d’orgueil il ne tombe sous le jugement du diable. » Nous avons là un avertissement. Il y a eu de nombreux exemples de promotion de jeunes chrétiens en avance sur le calendrier de Dieu pour eux. Le Seigneur doit préparer quelqu’un avant de l’appeler au ministère (voir chapitre 2 « L’appel de Dieu »). Au moment opportun, connu de Dieu seul, cette personne sera « appelée » au ministère (Ecclésiaste 3.1-11). Dieu a un temps pour tout, y compris pour l’entrée dans le ministère. Personne ne doit tenter d’entrer dans son appel avant le temps de Dieu ni permettre à quiconque de le pousser dans le ministère avant le moment décidé par le Seigneur.

Une entrée précoce dans le ministère par rapport au calendrier divin fera de nous une proie facile pour l’ennemi de notre âme, Satan. Ce dernier entrera en nous et nous fera chuter rapidement. Il nous murmurera à l’oreille :

« Regarde à quelle vitesse tu es arrivé à cette position ! »

« Regarde comme les autres te respectent », « Regarde untel et untel, qui sont toujours en bas de l’échelle dans l’église, comparé à toi. »

L’ennemi ne veut pas vous voir progresser dans le royaume de Dieu, bien au contraire : il veut votre perte. Et cette perte passe par votre chute spirituelle dans l’orgueil, comme il est lui-même tombé par orgueil (Ésaïe 14.12-14). Le diable voulait une « position » et c’est ainsi qu’il est tombé. Et il veut que nous tombions de la même façon.

Au verset 7 : « Il faut aussi qu’il reçoive un bon témoignage de ceux du dehors … », Paul précise qu’il n’y a pas que l’Église qui doit parler en bien de son pasteur : les gens de l’extérieur aussi (Colossiens 4.5). Cela ne signifie pas qu’il doive faire des compromis avec le monde (Jacques 4.4), mais son témoignage doit être clair aux yeux du monde.

Dans la dernière partie du verset 2, il est mentionné « propre à l’enseignement ». En examinant 1 et 2 Timothée et Tite, on voit clairement l’accent que Paul met sur la capacité du leader à être capable d’enseigner la parole de Dieu. En Jean 21.15-17, Jésus encourage fortement Pierre à paître ses agneaux (première fois), puis à paître ses brebis. Ces derniers mots ont été adressés à l’un des dirigeants de sa future Église. En effet, ces mots ont un grand poids pour tous les dirigeants de l’Église, car il est de la responsabilité des dirigeants de nourrir le troupeau dont ils sont responsables. Pierre était conscient de l’importance de cette exhortation car il a, à son tour, exhorté les dirigeants qui étaient placés sous sa responsabilité (1 Pierre 5.2) : « Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde, non par contrainte, mais volontairement, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec dévouement. »

On peut vraiment apprécier l’accent que met Paul sur la nécessité pour un leader d’enseigner une doctrine solide. L’une des raisons pour lesquelles l’importance est accordée à l’enseignement d’une doctrine solide est que ce que nous croyons affecte notre mode de vie (1 et 2 Timothée et Tite). En fait, ces trois épîtres sont une lettre de pasteur adressée aux pasteurs sous sa responsabilité.

Vous trouverez ci-dessous une liste de références bibliques des caractéristiques d’un prédicateur enseignant une doctrine solide (comme mentionné dans 1 et 2 Timothée, et Tite).

1 Timothée

« Ne pas enseigner d’autres doctrines » (1.3b). « Contraire à la saine doctrine » (1.10b). « Propre à l’enseignement » (3.2b). « Comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité » (3.15b). « La bonne doctrine » (4.6).

« Déclare ces choses, et enseigne-les » (4.11). « Applique-toi à… l’enseignement » (4.13). « Veille sur toi-même et sur ton enseignement » (4.16a). « Que les anciens qui dirigent bien soient jugés dignes d’un double honneur, surtout ceux qui travaillent à la prédication et à l’enseignement » (5.17). « Si quelqu’un enseigne de fausses doctrines, et ne s’attache pas aux saines paroles de notre Seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est selon la piété… » (6.3).

2 Timothée

« Chargé d’instruire les païens » (1.11b). « Retiens… le modèle des saines paroles… » (1.13). « Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est en Jésus-Christ. Et ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres » (2.1-2). « La parole de Dieu n’est pas liée » (2.9b). « Qui dispense droitement la parole de la vérité » (2.15b). « Néanmoins, le solide fondement posé par Dieu subsiste » (2.19a) [La vérité de Dieu est le fondement de la vie chrétienne]. « Or, il ne faut pas qu’un serviteur du Seigneur ait des querelles ; il doit, au contraire, être affable pour tous, propre à enseigner, doué de patience ; il doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité » (2.24-25). « …s’opposent à la vérité, … » (3.8). « Pour toi, tu as suivi de près mon enseignement, ma conduite, mes projets, ma foi, ma douceur, mon amour, ma

constance » (3.10) [Ici, l’apôtre Paul aligne son mode de vie sur la doctrine qu’il prêche, car en effet, les doctrines que nous prêchons doivent influencer nos comportements.] « Toi, demeure dans les choses que tu as apprises » (3.1417) [Ici, l’apôtre Paul fait allusion à l’éducation qu’a reçue Timothée, lorsque sa mère et sa grand-mère lui enseignaient les Écritures.] « Prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant. Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine ; mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs » (4.2-3).

Tite

« …et la connaissance de la vérité qui est selon la piété » (1.1b). « Qui a manifesté sa parole en son temps par la prédication… » (1.3a). « Attaché à la vraie parole telle qu’elle a été enseignée, afin d’être capable d’exhorter selon la saine doctrine et de réfuter les contradicteurs » (1.9). « …se détournent de la vérité » (1.14b). « Pour toi, dis les choses qui sont conformes à la saine doctrine » (2.1). « …les femmes âgées doivent (…) donner de bonnes instructions » (2.3). « Exhorte de même les jeunes gens à être modérés, te montrant toi-même à tous égards un modèle de bonnes œuvres, et donnant un enseignement pur, digne » (2.6-7). « …honorer en tout la doctrine de Dieu notre Sauveur » (2.10b).

« Elle nous enseigne à renoncer à l’impiété… » (2.12a). « Dis ces choses, exhorte, et reprends, avec une pleine autorité. Que personne ne te méprise » (2.15).

Ainsi, les trois épîtres pastorales de Paul aux deux serviteurs, Timothée et Tite, mettent principalement l’accent sur l’enseignement d’une doctrine solide et sur le respect de la vérité. Dans la liste donnée ci-dessus, il y a trente-deux références sur la nécessité d’enseigner et de maintenir une « saine doctrine ».

De plus, Paul dit dans Romains 6.17-18 : « Mais grâces soient rendues à Dieu de ce que, après avoir été esclaves du péché, vous avez obéi de cœur à la règle de doctrine dans laquelle vous avez été instruits. Ayant été affranchis du péché, vous êtes devenus esclaves de la justice. »

Comment parvenir à la vérité divine ? Ou plutôt, comment la vérité divine vient-elle en nous ? Car la vérité divine n’est pas seulement un ensemble de croyances intellectuelles, elle est incarnée dans la personne de son Fils Jésus-Christ. En effet, dans Jean 14.6, il nous est dit que Jésus est « le chemin, la vérité et la vie. » Jésus, lui-même, est la vérité de Dieu.

Comment la parole de Dieu entre-t-elle en nous ? En étant enseignée par Dieu lui-même. On voit cela dans la nouvelle alliance, qui est 1) annoncée par le prophète Jérémie (Jérémie 31.31-34 ; 2) Jean 7.17a : « Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu » ; 3) Colossiens 3.16, lire la parole écrite ; 4) Jean 14.26, la révélation du Saint-Esprit.

De plus, il faut aussi développer une relation avec le Cep (Jésus), et sa parole demeurera en nous (Jean 15.7). Andrew Murray* , un pasteur ayant vécu en Afrique du Sud dans les années 1900, a dit ceci : « Plus vous êtes rempli de sa parole et du Saint-Esprit, plus Dieu vous guidera dans sa vérité. »

* NDLT : Il est l’auteur de nombreux livres, notamment Le voile déchiré et L’humilité (Emmaüs), Demeurez en Christ, Comme Christ, Une vie intérieure épanouie, À l’école de la prière (éditions de la Colline).

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