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2. Le bateau perdu

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Préface

Préface

Ses parents n’avaient voulu prendre aucun risque !

L’homme se redressa et laissa échapper un soupir de soulagement. Puis il remonta la rue en courant et entra tout droit par la porte grande ouverte.

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Note :

Comme un père a compassion de ses enfants, l’Éternel a compassion de ceux qui le craignent (Psaume 103.13).

Que le méchant abandonne sa voie et l’homme d’iniquité ses pensées, qu’il retourne à l’Éternel, qui aura pitié de lui, à notre Dieu qui ne se lasse pas de pardonner (Ésaïe 55.7).

Prière :

Merci, Père, de ce que tu m’aimes plus tendrement que n’importe quel père terrestre, car tout amour prend sa source en toi.

Merci pour ton amour qui ne m’oublie jamais, même quand moi je t’oublie, qui m’accueille à nouveau, même quand j’ai péché, qui aime à me pardonner même quand je ne le mérite pas.

Merci pour ton amour éternel.

Réflexion :

Peux-tu dire en ce qui te concerne que Dieu t’aime ?

Dans quelles circonstances es-tu conscient de son amour ?

... Qui m’a créé et qui m’a racheté... (référence biblique : Genèse 1.26-31 ; 3)

Pierre-Luc avait passé pas mal de samedis après-midi au garage, à construire ce bateau. Il avait sculpté la coque dans un solide bloc de bois qu’il avait évidé et ciselé avant de le poncer au papier de

verre. Pour les voiles, sa mère lui avait donné un coup de main, mais il avait un plan qui lui montrait exactement comment monter le gréement. C’était un beau modèle réduit de voilier, qui était d’autant plus précieux qu’il l’avait entièrement réalisé de ses propres mains.

À présent, il était terminé et il trônait dans la salle de séjour, objet de l’admiration de tous. Papa en particulier était impressionné par l’habileté de son fils : « Je suis fier de toi, Pierre-Luc, lui dit-il. Quelle sera ta prochaine construction ? » Mais Pierre-Luc n’avait pas pensé si loin. Son bateau lui suffisait pour l’instant.

C’est par une belle journée de printemps qu’il emporta le bateau au canal pour le faire naviguer, et il se dirigea vers l’endroit le plus propice – une petite plage de sable, cachée dans les joncs où il avait une fois trouvé un nid de poules d’eau. C’était un temps idéal pour naviguer ; le soleil et le vent étaient de la partie, et, quand il mit le bateau à flot, la brise s’empara des voiles et l’emporta dans les eaux ambrées de la rivière. Il s’accroupit au bord de l’eau et donna du jeu à la ficelle. Dans quelques minutes, il irait escalader le talus et courir le long du chemin de halage, mais d’abord il voulait simplement rester là pour admirer la beauté de son œuvre. Il était tellement absorbé qu’à aucun moment il n’entendit parler juste derrière lui, et il sursauta quand trois garçons, nettement plus âgés que lui, se laissèrent glisser au milieu des joncs et s’accroupirent à ses côtés. Il saisit fermement la ficelle, car il ne les connaissait pas. Il se dit qu’ils venaient probablement d’une des péniches qui montaient et descendaient le canal. – Eh ! laisse-nous essayer un coup. – Alors seulement une minute, dit Pierre-Luc. J’allais juste le sortir de l’eau.

Il devint nerveux, se sachant isolé, car ces garçons avaient tout l’air d’être des durs. Déjà le plus grand de ces gaillards lui avait arraché la ficelle des mains et avait halé le bateau à lui, ce qui eut pour effet de le faire chavirer et d’en mouiller les voiles. Comme le bateau approchait de la berge, Pierre-Luc se trouva soudain renversé sur un parterre d’orties et de joncs. Ses mains pataugèrent dans

la vase molle et la boue jaillit dans ses yeux en l’aveuglant pour un bon moment. Quand, péniblement, il finit par se lever, crachant boue et mousse, il n’y avait plus à la ronde ni voleur, ni voilier – seulement des roseaux piétinés et des saules pleureurs. Il escalada le talus à quatre pattes, mais les garçons avaient disparu derrière les haies, et il ne put même pas voir dans quelle direction ils s’étaient enfuis. Du reste, si jamais il avait pu les rattraper, à trois contre un, c’était perdu d’avance, aussi se lava-t-il les mains et rentra-t-il chez lui. Il savait que ses parents étaient allés faire les courses, et il n’était pas sûr que la police aurait été particulièrement impressionnée s’il lui avait relaté par téléphone sa mésaventure.

Quand ses parents furent de retour, son père se remit aussitôt en route pour faire son enquête, mais personne dans la localité n’avait aperçu trois garçons au comportement bizarre. Pierre-Luc resta très silencieux pendant le souper, et quand il fut seul dans son lit, il se surprit à pleurer. Son père avait proposé de l’aider à faire un autre voilier, mais ce ne serait jamais le même. Celui-là était son premier, il était vraiment à lui. Il ne l’oublierait jamais.

Les semaines passèrent. Pierre-Luc et son père construisirent un autre bateau et le firent naviguer sur la rivière, mais Pierre-Luc n’oublia pas le premier. Certains soirs, il ne pouvait pas s’endormir et se souvenait du brillant de la peinture et de l’ondoiement des voiles, et il se demandait où il avait bien pu échouer.

Un après-midi, il se rendit à bicyclette en ville afin d’acheter un cadeau d’anniversaire pour sa mère, et ayant trouvé ce qu’il voulait, il prit un raccourci pour rentrer chez lui, par les ruelles étroites des bas quartiers. Il aimait les petites échoppes exiguës des brocanteurs avec leur bric-à-brac d’occasion, et il prit plaisir à lambiner quelque peu en regardant les vitrines. Soudain, il s’arrêta tout net : car là, au beau milieu d’un étalage, en compagnie d’une vieille guitare et d’un seau à charbon en cuivre, il y avait son bateau.

Appuyant sa bicyclette contre le mur, il entra en trombe dans la boutique : – Ce bateau dans la vitrine, dit-il en haletant, il est à moi ! C’est moi qui l’ai fait !

Le vieux commerçant le regarda par-dessus ses besicles, du haut de sa petite taille... – Au contraire, jeune homme, répliqua-t-il, il est à moi ! Je l’ai acheté à deux garçons, il y a des semaines de cela. Je viens juste de le mettre en vitrine. – Mais je l’ai construit. Il est à moi. S’il vous plaît, donnez-lemoi ! – Pas avant que tu aies payé le prix qu’il faut. Il est marqué sur l’étiquette. – Mais j’ai dépensé tout mon argent. – Alors débrouille-toi pour en avoir de nouveau.

Pierre-Luc réalisa qu’il était inutile de discuter, mais il avait encore un peu de temps devant lui. Il se rua à la maison ; son père était en train de faire du jardinage. – Papa, explosa-t-il, à bout de souffle, peux-tu me prêter cinq francs ? Je laverai la voiture, ou je tondrai le gazon, ou je ferai n’importe quoi pour toi, mais je dois les avoir. C’est mon bateau... Si je me dépêche, je peux être de nouveau au magasin avant la fermeture.

Son père jeta un regard nostalgique à ses roses, soupira et désigna sa voiture du menton. – Allez, saute là-dedans ! Ça va fermer d’une minute à l’autre. Tu ne pourras jamais le rapporter sur ton vélo sans abîmer le gréement.

Le vieil homme allait fermer boutique quand Pierre-Luc fit irruption chez lui. – J’ai l’argent !, cria-t-il. Maintenant donnez-moi mon bateau s’il vous plaît ! – C’est mon bateau que je veux bien te vendre, dit l’homme en riant sous cape et en lui tendant la merveille.

Ils roulèrent en silence jusqu’à la maison, Pierre-Luc ne se lassant pas d’examiner son trésor. Il ne parla que sur le seuil de la porte :

– Tu sais quoi, papa ?, dit-il, j’ai pensé que ce voilier m’appartenait deux fois : je l’ai fait et je l’ai acheté. N’est-ce pas fantastique ? – Et comment !, renchérit son père, raison de plus pour en prendre soin...

Mais Pierre-Luc n’écoutait plus. Il était parti comme une flèche montrer le miracle à sa mère.

De la même manière, Dieu nous a créés pour lui-même, mais nous nous sommes égarés loin de lui et avons commencé à vivre égoïstement, préférant nous complaire en nous-mêmes. Le péché, qui est un rejet de Dieu, nous place sous la puissance du diable. Mais Dieu lui-même vint à nous en Jésus-Christ, Dieu fait homme, et paya la peine pour tous nos péchés, au prix de sa propre vie. Dieu nous a rachetés et peut dès lors nous réclamer à double titre pour que nous lui appartenions en propre.

Note :

Le mot « rédemption » signifie le rachat de quelque chose qui nous avait déjà appartenu. En Ésaïe 43.1, il est écrit que le Seigneur qui t’a créé dit : Ne crains rien, car je te rachète, je t’appelle par ton nom : tu es à moi.

Prière :

Oh mon Dieu, mon Père et Créateur, je te remercie de ce que tu m’as créé pour toi-même et que tu m’as aimé même avant ma naissance. Merci d’être venu à moi en Jésus, et d’avoir payé le prix du péché quand Jésus est mort. Aide-moi à me donner doublement à toi : parce que tu m’as créé, et parce que tu m’as racheté.

Réflexion :

Pourquoi penses-tu que Dieu se préoccupe encore des gens même après qu’ils lui aient tourné le dos pendant des milliers d’années ?

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