Babel en HLM
Une autre réhabilitation au Clos Toreau
Clémence Duault & Elsa Frangeard Studio Muter Habiter Penser
Babel en HLM
Une autre réhabilitation au Clos Toreau
Clémence Duault & Elsa Frangeard Studio Muter Habiter Penser ENSA Nantes Notice de Projet de Fin d’Études Directeur.ice.s d’études : Léa Mosconi & Romain Rousseau Septembre 2020 - Février 2021
Nous tenons à remercier Léa, Kantuta et Romain pour l’ensemble de leur accompagnement durant ce semestre particulier. A. pour son aide et son infiltration précieuses au sein de l’immeuble. Les habitantes rencontrées à distance pour nous avoir permis de découvrir un peu mieux le 3 rue d’Hendaye. Les membres des associations rencontrés pour nous avoir fait découvrir le territoire qu’est Nantes Sud. Nos camarades de studio, pour toutes les discussions enrichissantes du semestre. Nos familles, en particulier Félicie et Daniel, pour leur soutien et leur patience de tous les jours. Nos ami.es, notamment Lou, Fabio, Mathilde, Emma et Jérôme, pour leur aide et leurs précieux conseils tout au long du semestre.
La Grande Tour de Babel, Pieter Brueghel l’Ancien, huile sur panneau de bois, 1563, H. 1,14m et L 1,55m, conservée au Kunsthistorisches Museum (Vienne).
6
«Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Schinear, et ils y habitèrent. Ils se dirent l’un à l’autre: Allons! faisons des briques, et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. Ils dirent encore: Allons! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. L’Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l’Éternel dit: Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. Allons! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. Et l’Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre; et ils cessèrent de bâtir la ville. C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Éternel confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre.»1 Et s’ ils n’avaient cessé de bâtir la ville ? 1 Bible, Genèse, 11 : 1.9.
7
Sommaire 01
Premiers pas
02
Enjeux du site
11
23
Clémence 40% Elsa 60%
Clémence 30% Elsa 70%
Muter Habiter Penser 13
Prémices 24
Avant - propos 14
Vues du site 32
Introduction 16
Le Clos Toreau 01. Historique 02. Indicateurs des rapports de force 03. Les logements 04. 3 rue d’Hendaye
42 42 45 50 51
Les grands ensembles 62 Problématique 64
8
03
Fluctuation du positionnement
04
Conclusion 107 et sources
67
Clémence 70% Elsa 30%
Clémence 60% Elsa 40%
Méthodologie 68 Recherche de positionnement 01. L’inaction 02. Comment s’extraire de la norme ? 03. Les autres réhabilitations
Conclusion 109
69
Bibliographie 110
69 70
Médiagraphie 111 Iconographie 114
74
Annexes 01. Lexique 02. Extraits d’entretiens 03. Textes de l’atelier de projet
Processus de mise en 76 projet 01. Un décalage progressif 76 02. Recherches 85 ethnographiques 03. Interprétation de nos 96 apprentissages 04. Pour la suite 105
9
120 120 122 132
10
01
Premiers pas
11
Muter Habiter Penser
Texte de présentation de l’atelier de projet Avertissement introductif à l’attention des membres du jury de PFE. Session de février 2021. Projet de fin d’études vs Positionnement de fin d’études. Muter Habiter Penser : Vers une mutation écologique par l’expérimentation et l’actualisation des fictions théoriques architecturales et urbaines par le projet s’est rapidement déplacé ce semestre sous l’interaction des étudiant-e-s vers la question des changements de paradigmes. En ce sens, le studio est devenu le lieu de questionnements foisonnants et enthousiastes. De vastes champs de recherche se sont dévoilés et nous sommes bien conscient-e-s que le temps du semestre est bien trop court pour s’en faire une idée définitive. Nous avons avancé en marchant, questionnant les fictions théoriques de société contemporaine et nos manières de faire du projet d’architecture. Pour certain-e-s étudiant-e-s, des notions de genre, de commun, de signes de rapports de force, ont révélé de fortes remises en question des enseignements reçus à l’ENSA Nantes. Y compris nos propres enseignements. À ce jour de fin de semestre académique, rien n’est terminé. Tous ces questionnements sont in progress et les projets architecturaux proposés sont au travail. C’est-à-dire que les étudiant-e-s ont mis, à leur niveau, de la pensée au travail et en même temps mobilisé, validé ou invalidé des outils et des méthodes de conception.
Les attendus du studio annoncés en début de semestre étaient : • Capacité de l’étudiant-e à développer une problématique contemporaine originale et critique liée aux mutations écologiques par un projet d’architecture et/ou urbain. • Capacité de l’étudiant-e à mener de manière auto-organisé-e un travail de projet problématisé. • Pertinence et précision de l’argumentation graphique, volumétrique (modèles analogiques et numériques) et textuelle. • Contribution à l’intelligence collective du studio et au partage des connaissances et des expériences. À la fin du semestre, l’étudiant-e en fin de cursus aura été capable de concevoir et produire un projet architectural et/ou urbain en lien avec les thématiques, les méthodes, les outils et les connaissances proposés dans le studio de projet. Ielle aura été capable de le communiquer de manière claire et argumentée à des publics professionnels et non professionnels. Kantuta Quiros Léa Mosconi Romain Rousseau L’intégralité de la description de l’atelier de projet se trouve en annexe page 132.
13
Avant-propos Ce projet et cette notice de fin d’études ont été réalisés à quatre mains. Les préoccupations et les parcours personnels de chacune ont permis de faire émerger des discussions, des interrogations, des engagements et des débats, parfois intenses, qui ont rythmé l’ensemble du semestre. Les pages suivantes se lisent comme un tout et présentent le processus d’un projet commun.
Positionnement commun :
Pour sa réalisation, nous avons fait le choix de traiter intégralement l’ensemble des parties à deux et de ne pas séparer le projet en thématiques distinctes traitées par l’une ou par l’autre. En effet, comme notre travail s’apparente plus à un processus qu’à un objet formel et figé, il nous a semblé plus logique d’avancer ensemble de manière simultanée et d’utiliser l’intelligence collective de notre duo aux mêmes fins. Néanmoins et pour des raisons administratives, la répartition de la rédaction des parties de cette notice a été présentée en sommaire.
• Qui permet de questionner et repenser les rôles des architectes (concepteur, constructeur, accompagnateur, conseiller, médiateur, chercheur, diplomate...) dans notre société.
Studio de projet : • Espace-temps dédié à l’expérimentation et au développement d’un esprit critique autour, entre autres, d’un projet d’architecture. • Lieu où l’errance, la prise de risques, la fausse route et le demi-tour sont possibles.
Muter Habiter Penser : • Prendre du recul par rapport aux enseignements reçus, aux événements que nous vivons et à leurs conséquences à court et long termes. • Mise en place progressive d’un changement de paradigme personnel et collectif face à nos modes de vie, d’habiter, de consommer, de construire et de penser. • Mise en place d’une réflexion et d’une intelligence communes sur des sujets d’actualités et des préoccupations partagées par les étudiants et enseignants du studio. Positionnement de fin d’études : • Action de se placer, de se positionner face à un sujet spécifique. • Construction et assemblage personnels et progressifs d’un ou plusieurs apprentissages, idées et opinions face à un sujet et à un territoire ciblés dans le cadre du dernier exercice de master en école d’architecture.
14
Clémence
Elsa
Comment en suis-je arrivée là ?
Comment en suis-je arrivée là ?
J’ai appréhendé l’ensemble de mes études d’architecture avec enthousiasme mais également avec une part de doute quant à l’avenir. Bien que me retrouvant dans les enseignements dispensés par l’école, je m’interrogeais sur la direction qu’allait prendre mon parcours à la sortie des études. De ce fait, j’ai eu l’occasion de multiplier des expériences variées : une année d’échange au Canada, un stage dans une association de médiation architecturale auprès du grand public, un projet et un mémoire sur la gestion d’une catastrophe environnementale en mégapole indienne. Mon travail de mémoire a initié une prise de conscience critique autour des systèmes d’acteurs qui régissent un territoire. Avec du recul, cela a été un élément déclencheur face à la posture coloniale que peut parfois avoir l’architecte. Pour mon dernier semestre de projet, j’avais l’intuition que cet atelier tournait autour de certaines de mes préoccupations personnelles. D’une manière générale, je souhaitais déconstruire des logiques établies et repenser ma façon de concevoir le projet.
Après une licence presque complète en double cursus architecteingénieur, une désillusion intériorisée sur le métier d’architecte m’habitait. Puis un séjour d’une année en Ethiopie, et plus précisément à Addis-Abeba, m’ouvrit d’autres portes inattendues qui bousculèrent de nombreuses perceptions personnelles. De retour à Nantes, cette expérience influença amplement mon orientation et certaines de mes préoccupations en tant qu’étudiante en architecture, notamment autour des questions d’architecture vernaculaire et de participation habitante. Aujourd’hui, avec un peu de recul, je réalise que mes évolutions de parcours, de pensées et de projections furent possibles grâce à la grande variété d’expériences que l’école met à notre disposition. Pour mon dernier semestre au sein de cette dernière, je souhaitais sortir de ma zone de confort, convaincue que rien ne peut être pris pour acquis. Pour ma part, ce studio de projet est l’occasion d’aller le plus loin possible dans une réflexion sur des sujets qui me préoccupent et me saisissent.
15
Introduction L’héritage des grands ensembles en France est un sujet de société qui fait débat depuis plusieurs décennies, autant pour des raisons politiques, sociales que urbaines. Plusieurs plans gouvernementaux furent mis en place pour pallier les différents dysfonctionnements que posa cette typologie au cours du temps1. Aujourd’hui, la stratégie du renouvellement urbain sous la supervision de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine est privilégiée. Néanmoins, nous pensons que certains de ces dysfonctionnements persistent toujours au sein de certains de ces quartiers. À ce jour, nous considérons les logements sociaux en grands ensembles comme une architecture violente à l’égard de ses habitants. Dès lors, notre travail s’inscrit dans ce contexte. Pour la présentation de notre processus de projet, nous utiliserons une terminologie basée sur la trilogie colonialisme, décolonisation, postcolonialisme, que nous prenons la liberté d’adapter au contexte du logement social en grand ensemble.
1 Voir Les grands ensembles page 62. 16
Colonialisme : “Le colonialisme est une pratique de domination, qui implique l’assujettissement d’un peuple à un autre.”2 Décolonisation: •“Peut s’entendre au sens large comme l’ensemble des réponses contestataires de l’ordre colonial, ou au sens étroit comme la phase ultime de ce mouvement, celle de la liquidation.”3 • Action de décoloniser. Décoloniser : Libérer quelqu’un, un groupe, une région, leur donner une certaine autonomie, leur faire quitter un état de subordination.4 Postcolonialisme : “Les études postcoloniales, également connues sous le terme de postcolonialisme, sont l’étude des théories post colonialistes qui naissent dans les années 1980 au sein du discours postmoderne, en réaction à l’héritage culturel laissé par la colonisation. Les théories postcolonialistes sont plus qu’une simple tentative historiographique et s’inscrivent dans une démarche critique. [...] En tant que théorie littéraire, le postcolonialisme fournit des outils critiques permettant d’analyser les écrits produits par les auteurs issus d’anciennes colonies, et de façon plus globale porte un regard critique sur le colonialisme.” 5
Si nous reprenons la définition donnée de l’architecture par la loi de 19776, celle-ci se doit d’être une expression de la culture d’intérêt public. Or, dans notre territoire d’études, nous considérons cette dernière comme un acte colonialiste. D’une part, nous souhaitons remettre en question les discours dominants liés au contexte des logements sociaux en grand ensemble et de leurs réhabilitations contemporaines. D’autre part, nous aspirons à adopter une démarche postcoloniale dans le sens où nous souhaitons déconstruire, dans la mesure du possible, les normes architecturales de ce modèle. Parallèlement, notre point de départ au début de ce semestre fut d’arpenter le quartier Nantes Sud7, site proposé par l’atelier de projet Muter Habiter Penser. Cette exploration nous mena alors progressivement au microquartier du Clos Toreau8, grand ensemble construit au début des années 1970 et récemment réhabilité. C’est pourquoi, notre réflexion actuelle se fait à la fois de manière globale et spécifique puisque nous rattachons notre travail projectuel à ce territoire, en tant que cas d’étude.
3 DROZ, Bernard. Histoire de la décolonisation au 20e siècle, Paris, Seuil, « L’Univers historique », 2006, p. 8. Dans “Point de vue - La décolonisation, cette histoire sans fin.” de RIOUX, Jean-Pierre, Vingtième siècle. Revue d’Histoire, 2007, n°96.
6 Architecture, loi n° 77-2 du 3 janvier 1977, Article 1 : L’architecture est une expression de la culture. La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public. Les autorités habilitées à délivrer le permis de construire ainsi que les autorisations de lotir s’assurent, au cours de l’instruction des demandes, du respect de cet intérêt. Légifrance.
4 Définition Larousse.
7 Voir carte de Nantes pages 18-19.
5 Études postcoloniales - Page Wikipédia.
8 Voir plan de Nantes Sud pages 20-21.
2 KOHN, Margaret, Stanford Encyclopedia of Philosophy, 2006.
17
Carte de Nantes et ses alentours Nantes Sud 1 km
Le Clos Toreau 18
19
Le Clos Toreau dans le quartier Nantes Sud - Echelle 1 / 10000 Quartier politique de la ville
Limites sud de Nantes 20
21
22
02
Enjeux du site
23
Prémices Conditions de réalisation du projet : Du fait des conditions sanitaires actuelles particulières (Covid-19, second confinement et studio de projet en grande partie en distanciel), le projet que nous menons s’est majoritairement conçu à distance. Par exemple, il nous a été impossible de nous rendre à l’intérieur de l’immeuble que nous étudions ou de rencontrer directement des habitants de ce dernier. De ce fait, nous avons dû nous adapter et opter pour d’autres outils de projet compatibles aux conditions actuelles. Cet ajustement a orienté de façon conséquente notre projet, nous a parfois contraintes et parfois menées vers des pistes inattendues. Découverte d’un lieu : Nos premières découvertes du quartier Nantes Sud, en septembre et octobre 2020, se sont faites grâce à des associations, selon nous très présentes et investies au sein de ce quartier par rapport aux institutions. En effet, il nous semblait essentiel de nous faire guider par des personnes actives et ayant une bonne connaissance de ce territoire. De plus, en nous orientant vers plusieurs associations, nous pouvions avoir un panel élargi et diversifié d’informations concernant le quartier : son histoire, les activités et les groupes socio-économiques présents, les ressentis d’habitants et/ou d’acteurs des lieux. En rencontrant des membres de plusieurs de ces dernières, notamment au sein de Bonne Garde (association sportive et culturelle), Accoord (centre socioculturel piloté par la municipalité), BricoLowTech (association habitante autour du low-tech) et du Groupe Mémoire (association sur l’histoire du patrimoine de Nantes Sud), notre intérêt et 24
nos préoccupations se sont progressivement orientés vers le micro-quartier du Clos Toreau. Les premiers échanges avec les acteurs associatifs nous ont donné l’image d’un quartier prioritaire enclavé du fait de sa forme urbaine, avec des problématiques d’encombrants et de stationnement parfois donnant une mauvaise image du lieu et de ses habitants. La description d’un quartier avec beaucoup d’engagements d’habitants et d’activités associatives est également ressortie. D’un point de vue urbanistique, le quartier nous semblait relativement bien aménagé, avec un réel travail de valorisation d’espaces piétons, végétalisés et de jeux pour enfants. Au niveau de l’architecture, bien que toutes les façades des immeubles aient été récemment ravalées, les constructions nous semblaient néanmoins homogènes, imposantes et massives, voire oppressantes à certains endroits. “Et enfin vous avez le Clos Toreau. Quartier politique de la ville, quartier prioritaire, avec des constructions hyper serrées d’immeubles encore plus vilains que ceux qu’il y a ici. Autant je dirai que l’intégration des populations ici sur Pirmil s’est faite pas si mal, vous avez des gens de toutes origines, qui vont travailler en ville ou ailleurs, autant le Clos Toreau c’est un vrai problème de cohabitation de populations. C’est encore multilingue. Il y a des populations d’Afrique du Nord, d’Afrique Subsaharienne, qui sont arrivées et qui n’ont pas été bien intégrées. On n’a pas su faire autrement que de les mettre en paquets…”1. “En fait c’est ça toute la difficulté, on a un quartier prioritaire, une école dans un quartier prioritaire et 1 d’après un entretien avec F., membre de l’association Bonne Garde, réalisé le 01/10/2020.
tu as tout le reste du quartier. Donc tu as plein de dynamiques associatives et comment tu fais pour pas que ça soit un secteur “à part”.”2.
privilégient certains individus par rapport à d’autres selon divers facteurs (horaires / langues / situations familiales…).
“Notre action est vraiment basée sur le Clos Toreau parce qu’on a une forte demande de la part des jeunes, de la part des parents aussi, ici la relation aux parents est très forte je trouve, on a une bonne relation avec les parents. À force de réaliser des actions, les parents ont confiance en nous.”3.
De toutes ces premières envies et impressions ont émergé des interrogations (voir page suivante) et une programmation pressentie, telle que la mise en place d’un FabLab, de locaux associatifs ou encore de commerces et de services de proximité.
Premières intuitions :
Par la suite, nous nous sommes rendu compte que s’implanter aux pieds des tours n’était pas la meilleure solution puisque cela ne répondait pas forcément aux enjeux du site et relevait plus d’une commande de personnes travaillant mais ne résidant pas dans le quartier. D’autre part, il nous est apparu que les problématiques extérieures étaient une répercussion des dysfonctionnements internes présents au sein des logements du Clos Toreau. Cela nous a alors mené à approfondir notre enquête sur les indicateurs de rapport de force au sein du quartier et à nous concentrer sur un immeuble particulier de logements. Le choix de l’immeuble du 3 rue d’Hendaye4 s’est principalement fait pour des raisons pratiques. En effet, nous avons choisi de nous concentrer sur ce bâtiment car nous avions la possibilité de rencontrer une habitante A., engagée dans son quartier et dans son immeuble et qui, de ce fait, pouvait nous permettre de rentrer en contact avec d’autres voisins. Son “infiltration” nous a été précieuse et nous a permis de situer au maximum notre projet.
À l’issue de nos premières discussions, nos intuitions initiales nous ont d’abord menées à vouloir “faire architecture” sur l’espace public du Clos Toreau. En effet, les premiers indicateurs de rapport de force et problématiques que nous avions remarqués, et qui seront davantage expliqués dans les pages suivantes, nous incitaient à nous pencher plutôt sur des enjeux urbains. Nous avions également une volonté initiale commune de travailler autour de la participation habitante, à travers, par exemple, une permanence ou d’ateliers. Une expérience similaire avait déjà été menée en 2019 au sein du micro-quartier par un groupe de jeunes, l’association Tepop (Territoire à énergie populaire) et le centre socioculturel Accoord autour du projet de l’aménagement du city stade. Cette expérience nous a mené à penser qu’il était possible de mettre en place un processus dans la même aspiration. Néanmoins, en discutant de l’idée avec des membres du centre, nous nous sommes vite rendu compte que la mise en place d’une participation habitante allait être compliquée du fait de nos échéances, des conditions sanitaires actuelles et de toute l’organisation que représente ce processus. De plus, nous avons réalisé que la participation habitante n’était pas forcément représentative des habitants du quartier, puisque ses formes
Les pages qui suivent présentent l’ensemble des informations que nous avons pu récolter sur le micro-quartier du Clos Toreau et qui nous ont guidées tout au long de l’élaboration de notre projet.
2 d’après un entretien avec A-S., membre de l’association BricoLowTech, réalisé le 01/10/2020. 3 d’après un entretien avec M., animateur secteur jeune du centre socioculturel Accoord, réalisé le 06/10/2020.
4 Voir présentation du 3 rue d’Hendaye page 51.. 25
Des récits ou le récit des communs ?
Qui sont les auteurs de ce récit ?
à travers le récit
Po par
Comment guider tout en laissant place à l’inattendu ?
Comment requestion ner la posture de l’ar chitecte par la fiction d’un atelier participat au Clos Toreau ?
Pourquoi utiliser la fiction ?
Comment insérer l’utopie / la contre-utopie ?
Comment étendre le champ de possibles ?
Com m
Quelles sont ces formes ?
Quels sont le maux de ce quartier ?
Premières interrogations. Diagramme de problématisation - premier rendu du semestre 22/10/2020. 26
Le contexte sanitaire
En
Le temps
Les limites que nous avons aujourd’hui
co-participation
Les moyens
Comment adapter nos outils ?
Comment la mener ?
Qu’est-ce que la participation ?
Pourquoi la participation ?
Quelles sont les limites de la participation aujourd’hui ?
Quel est le rôle de l’architecte ?
stionl’arction ipatif u?
ont les e ce er ?
Qu’est-ce que la permanence architecturale peut-elle amener de plus ?
Comment participer après le bâti ?
Quel est notre rapport à l’autre ?
Pourquoi le Clos Toreau ?
Que signifie habiter au Clos Toreau ?
Quels sont les marquages des rapports de force de ce territoire ?
Qu’est-ce que l’architecture post-coloniale ?
Peut-on mesurer l’habitabilité ?
27
Quel est le rôle de l’architecte dans une cité des années 70 ?
A
6
1
E
8
7
2 F 4
G 3
a pages 32-33 : Rue Saint-Jean-de-Luz. b pages 34-35 : Place du Muguet Nantais, vue sur le
boulevard Emile Gabory et l’arrêt de busway Clos Toreau.
c pages 36-37 : Allée piétonne, à droite les jeux d’eaux, en face la Maison des Confluences.
d pages 38-39 : Immeuble rue Saint-Jean-de-Luz, derrière la Maison des Confluences.
e pages 40-41 :Place du Pays Basque, nouvel aménagement piéton, en face l’immeuble 2 rue d’Ascain.
f pages 52-53 : 3 et 5 rue d’Hendaye depuis le citystade, jour. g pages 54-55 : 3 et 5 rue d’Hendaye depuis la rue d’Hendaye. h pages 56-57 : 3 et 5 rue d’Hendaye depuis le citystade, nuit.
50 m Plan du Clos Toreau et de ses alentours 28
H
b
d
b
g
h f
C
11
B
D 9
e
J
c I
d
10
M
5
K
a
L
Lieux et bâtiments : Cimetière Saint-Jacques Super U Mairie Annexe Arrêt de Busway Maison des Confluences Local Tri Ecole Diwan Aire de jeux Jeux d’eau Ecole Jacques Tati City Stade
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Rues et Places : Rue Bonne Garde Rue d’Hendaye Rue d’Hasparren Place du Pays Basque Rue de Biarritz Place du Muguet Nantais Rue des Herses Boulevard Emile Gabory Rue Saint-Jean-de-Luz Rue d’Ascain Rue Louis Loucheur Rue Louis Blériot Rue du Clos Toreau
A B C D E F G H I J K L M
Limite du quartier du Clos Toreau 29
15 Boulevard Emile Gabory Logements R+5
1, 3, 5 Rue de Biarritz R+10
Local Ici-Tri RDC
10, 12, 14 Boulevard Emile Gabory Locaux commerciaux Bureaux Logements R+5
7, 9, 11 Rue de Biarritz R+7 / R+4
12, 14 Rue des Herses Mairie Annexe Local commercial Logements R+4 / R+7 Super U R+1
11 Route de Clisson Bureaux R+6
Schéma axonométrique du Clos Toreau et de ses alentours 30
2, 4, 6, 8 Rue d R+4
Place du Muguet Nantais Local commercial Logements R+6 / R+8 Maison des Confluences R+3
Rue d’Hendaye
3, 5 Rue d’Hendaye R+10 / R+8
Chaufferie centrale RDC
2 Rue d’Ascain R+10
Bâtiments construits par l’Office Public HLM à partir de 1971
2, 4, 6, 8, 10, 12, 14 Rue St Jean-de-Luz R+4 / R+7 / R+10
Bâtiments construits ou réhabilités lors du projet urbain Joliot Curie - Clos Toreau Immeuble du 3 rue d’Hendaye 31
Rue Saint-Jean-de-Luz, photo personnelle
Place du Muguet Nantais, vue sur le boulevard Emile Gabory et l’arrêt de busway Clos Toreau, photo personnelle 34
35
Allée piétonne, à droite les jeux d’eaux, en face la Maison des Confluences photo personnelle 36
37
Immeuble rue Saint-Jean-de-Luz, derrière la Maison des Confluences, photo personnelle 38
39
Place du Pays Basque, nouvel aménagement piéton, en face l’immeuble 2 rue d’Ascain, photo personnelle 40
41
Le Clos Toreau 01. Historique
Le micro-quartier du Clos Toreau, avant la Révolution française, était composé de terrains viticoles, ce qui explique l’origine de son nom. Ces terrains furent progressivement remplacés par des tenues maraîchères après la Révolution, suite à la propagation du phylloxéra, insecte ravageur de vignes. L’intégralité de ces tenues maraîchères disparut définitivement dans les années 1990.1
reste de la ville.2 À partir de ce moment, cette voie devint et resta l’entrée sud de la ville.
La deuxième ligne de ponts et l’échangeur de la Grande Grèneraie au milieu des années 70, Collection particulière. En 1969, l’Office public d’HLM (actuellement Nantes Métropole Habitat) projeta la réalisation d’une cité de six cent cinquante quatre logements sur un terrain de huit hectares situé entre le prolongement de la deuxième ligne de ponts et la rue Bonne Garde, au lieu-dit Le Clos Toreau. Les travaux débutèrent en 1971 et les premiers habitants emménagèrent en 1972. La construction de la cité fut réalisée par les architectes Georges Evano et Jean-Luc Pellerin et marqua la fin du cycle de constructions massives engagées par l’office HLM à Nantes dans les années 60.3
Vue aérienne du quartier en 1956, AMN. En septembre 1966, l’ouverture de la deuxième ligne de ponts et du boulevard Emile Gabory fut un changement notable pour le quartier, car avant, seul le pont de Pirmil permettait de relier Nantes Sud au
1 Nantes Sud, entre mémoire et histoire. Bulletin n°5. Association Groupe Mémoire. 2011. page 4. 42
Dès 1971, l’office public HLM proposa de nommer les nouvelles voies créées dans la cité par le nom de cinq communes du SudOuest de la France : Hendaye, Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, Ascain et Hasparren. À la fin de la construction, le micro-quartier du 2 ibid. page 9. 3 ibid. page 14.
Le centre commercial SUMA et la cité du Clos Toreau en 1979 - AMN. Clos Toreau comprenait vingt bâtiments de logements divisés en neuf blocs, un centre commercial avec douze locaux commerciaux, un centre socio-culturel, un groupe scolaire, de la maternelle au primaire, nommé Jacques Tati, des espaces verts et une pataugeoire pour les enfants. Par ailleurs, une passerelle piétonne fut aménagée pour relier le microquartier aux commerces de proximité de l’autre côté de la voie rapide qui devint par la suite une autoroute. Cette passerelle fut démolie en septembre 2009 après concertation des habitants. Les premiers habitants du micro-quartier furent souvent des jeunes couples avec enfant, dont le logement au Clos Toreau était une étape intermédiaire dans leur parcours habitant, ou des familles nombreuses qui, elles, restaient plus longtemps. Certains immeubles du quartier étaient uniquement composés de grands logements destinés aux familles nombreuses, tandis que d’autres ne comprenaient que des T2 ou des T3 pour des foyers plus petits. D’autres encore étaient mixtes et se composaient d’appartements allant du T2 au T5. Brigitte, jeune mariée, s’installe au septième étage de l’immeuble n° 3 de la rue de Biarritz en 1972 : ‘‘C’était neuf, c’était Versailles. On était très contents de l’appartement en lui-même. Il n’y avait pas de bruit, les voisins ne nous gênaient pas : c’est le béton ! Moi je m’y plaisais, on était bien chez soi ! Par contre, il n’y avait pas de volets ni de double vitrage. Il n’y
avait pas de balcon non plus, ni de cave ou de grenier. Il fallait se loger léger.” 4
‘‘Beaucoup de gens qui sont venus là au début savaient qu’ils ne passeraient que quelques années au Clos Toreau puis qu’ils achèteraient ailleurs. Au deuxième enfant souvent, ils partaient. C’était une cage d’escalier un peu particulière, par rapport à la rue Saint-Jeande-Luz, où des T4 et des T5 accueillaient des grandes familles. Les gens qui y étaient installés ne partaient pas. Rue de Biarritz il y avait un camion de déménagement tous les samedis, ça bougeait beaucoup, on était là vraiment pour très peu de temps.’’ 1 1 ibid. pages 15-16.
Au fil des années, plusieurs générations d’habitants aux nationalités variées se sont succédées. Selon une habitante, il y a d’abord eu une vague de migration de familles portugaises, puis d’Afrique du Nord dans les années 80. A suivi une vague de migration d’habitants d’Europe de l’Est. Aujourd’hui, de nombreuses nationalités sont présentes au Clos Toreau. Cette diversité résulte des différentes vagues migratoires, et de migrations plus ponctuelles, avec l’arrivée par exemple de plusieurs familles de réfugiés politiques. 4 ibid. pages 15-16. 43
“Moi je suis arrivée en 2001 dans l’immeuble mais habitant le quartier depuis tout le temps, on a vu vraiment une évolution des migrations à Nantes, et dans les quartiers. Au Clos Toreau, autant quand j’étais enfant j’ai connu les familles portugaises et il y a des familles portugaises encore aujourd’hui et des enfants qui comme moi, ont grandi dans le quartier, qui habitent le quartier, qui sont français mais qui sont d’origine portugaise. Ça c’est les premières migrations. Dans les années 80, on a vu arriver les familles maghrébines, beaucoup de tunisiens au Clos Toreau. Les deux avaient le point commun d’avoir des parents qui étaient plutôt venus en France pour travailler comme main d’œuvre, les femmes maghrébines restaient beaucoup au foyer, et les femmes portugaises faisaient les ménages. Ce n’est pas de la caricature c’est vraiment comme ça. Les hommes étaient souvent en main d’œuvre, maçons, ouvriers sur les chantiers. Et dans les années 2000 on a vu vraiment arriver les réfugiés politiques. Et là, ce n’est plus du tout la même sociologie.’’ 1
sociaux réhabilités. De plus, de nouvelles activités économiques et de services furent créées. L’ouverture de la Maison de Quartier des Confluences, le déménagement du centre socio-culturel à l’intérieur de cette dernière, l’agrandissement du Super U en 2012, ainsi que l’installation de la Mairie annexe en 2018 face à la station de Busway Clos Toreau, Place du Muguet Nantais, furent des éléments majeurs de ce projet urbain.6 En 2014, et suite à la disparition progressive de différents commerces de proximité, le centre commercial du quartier fut détruit pour laisser place à l’aménagement de la nouvelle place du Pays Basque, lieu central du Clos Toreau. À cela s’ajoutèrent l’agrandissement de la crèche du quartier en 2012, la création d’un plan d’eau à la place de la fontaine d’origine en 2019, l’aménagement d’un city stade et d’espaces piétons autour des immeubles de logements, l’arrivée de l’école Diwan au rezde-chaussée d’un des immeubles en 2018 ainsi que l’extension et la reconfiguration du groupe scolaire Jacques Tati en 2019.7
1 D’après un entretien réalisé avec une habitante A., le 11 novembre 2020.
En 2006, le projet urbain Joliot Curie - Clos Toreau fut lancé. Il constitua la plus grande rénovation urbaine depuis la construction du grand ensemble. Les actions les plus impactantes pour le quartier furent la requalification de l’autoroute en boulevard urbain et la mise en place de la ligne 4 du Busway reliant la porte de Vertou au centreville de Nantes. D’une manière générale, ce projet consista en la requalification de la porte d’entrée sud de la ville et eut pour objectifs de : «- Désenclaver le Clos Toreau ; - Renouveler et améliorer les logements existants ; - Diversifier l’offre de logements par la construction neuve et accueillir de nouveaux habitants ; - Créer un cœur de quartier pour Nantes Sud en confortant les équipements et services. » 5 Depuis le lancement du projet et jusqu’en 2016, trois cent cinquante neuf logements neufs furent construits et six cent six logements 5 Clos Toreau - Joliot Curie, Journal de projet n°9. Nantes Métropole Aménagement.Décembre 2016. 44
Aujourd’hui, le micro-quartier du Clos Toreau est un quartier politique de la ville, anciennement nommé quartier prioritaire. Quartiers Politiques de la Ville (QPV) : Quartiers identifiés au titre du décret n°2014-1750 du 30 décembre 2014 pour lesquels est mobilisé en priorité le droit commun ainsi que des dispositifs, démarches et crédits spécifiques au regard de leurs situations socioéconomiques et urbaines.8 La population est d’environ 1275 habitants. En moyenne, 40,5% de celle-ci vit sous le seuil de pauvreté. Le revenu médian moyen est de 1090 euros par mois. 28% de la population est en chômage de longue durée, soit de deux ans ou plus. 19% des ménages du Clos Toreau sont des familles monoparentales.9 6 ibid. pages 4, 5, 6. 7 Entretien avec Xavier Picard, membre de l’équipe municipale du quartier Nantes Sud, réalisé le 19 octobre 2020. 8 Nantes Métropole. 9 Etude COMPAS 2018.
02. Indicateurs de rapports de force
À l’heure actuelle, on observe toujours un clivage urbain et social entre ce micro-quartier et le reste de Nantes Sud. Bien que le projet de renouvellement urbain JoliotCurie eut un effet majeur sur l’ouverture de la cité sur le reste du quartier, la séparation reste encore palpable. En effet, on observe plusieurs indicateurs de rapports de force entre les différents éléments qui caractérisent le Clos Toreau. • Une stigmatisation extérieure D’abord, comme le micro-quartier est principalement composé de logements, peu de personnes extérieures s’y rendent. Ceci participe à la fois au développement d’un imaginaire collectif souvent négatif au sujet d’un quartier politique et à une certaine stigmatisation de l’extérieur accentuée par la presse locale et régionale, comme en témoignent certains titres : “ Nantes : un match de foot de quartier se termine avec deux blessés par balle.” 1 , “Nantes. Leur immeuble infesté par les blattes, ils racontent leur “enfer” ” 2. De plus, la présence récurrente et importante d’encombrants et de déchets à différents endroits du Clos Toreau participe à la stigmatisation extérieure de ce dernier. En effet, ces espaces ont été identifiés par une partie de la population alentour et servent désormais de dépôt sauvage pour des individus extérieurs au micro-quartier, créant par la suite des problèmes de gestion et de ramassage pour la municipalité. • Les stationnements pendulaires Par ailleurs, l’espace public du Clos Toreau est majoritairement caractérisé par des parkings 1 Article de Ouest France, publié le 03 août 2019. 2 Article Presse Océan, publié le 09 octobre 2020.
extérieurs situés en bas des immeubles. Depuis plusieurs années et suite à la réduction des espaces de stationnement gratuits au cœur de la ville de Nantes, les places de parking du Clos Toreau sont devenues des lieux de stationnement propices pour les travailleurs pendulaires venant du Sud de la métropole, du fait de la grande proximité avec le Busway. Ce congestionnement fut un réel problème pour les habitants du micro-quartier et participa à la mise en place d’une violence symbolique à leur égard3 : travailleurs de classes moyennes voire supérieures versus travailleurs précaires ou personnes sans emploi, difficulté de stationnement pour le personnel soignant de certains habitants, etc... Cette problématique fit l’objet de nombreux débats et concertations et mena à la mise en place d’un système de privatisation de parking et de macarons permettant de réguler cette congestion.4 • Le déménagement du centre socioculturel La Maison des Confluences5 se trouve aujourd’hui à la lisière du quartier et donne sur le boulevard Emile Gabory. Elle est devenue un espace limitrophe entre le Clos Toreau et le reste de Nantes Sud, ce qui en a modifié les fréquentations par rapport au temps où le centre culturel était au coeur du micro-quartier. Les habitants du Clos Toreau s’y rendent moins alors que les habitants de Nantes Sud s’y rendent d’avantage.6 Cet 3 D’après un entretien réalisé avec une habitante A., le 11 novembre 2020. 4 D’après un entretien réalisé avec Xavier Picard, réalisé le 19 octobre 2020. 5 Voir schéma axonométrique du quartier pages 3031. 6 D’après un entretien avec Stéphanie, salariée à la Ludo-bibliothèque d’Accoord, réalisé le 12 octobre 2020. 45
espace qui était initialement considéré comme un programme majeur du micro-quartier, en est aujourd’hui éloigné. • Manque d’intégration et d’accompagnement des habitants À l’heure actuelle, la barrière de la langue et la fracture numérique constituent deux clivages sociaux prépondérants au sein du Clos Toreau. En effet, du fait de la grande diversité des nationalités habitant les lieux et du manque d’accompagnement des personnes non-francophones par les institutions (municipalité, bailleur social, administration), beaucoup de foyers se retrouvent isolés du reste du quartier voire de la société. L’intégration de ces personnes et leur adaptation aux normes sociales françaises sont alors plus compliquées. De plus, le micro-quartier est vieillissant, si bien que de nombreuses personnes n’ont parfois pas accès à certains services et informations, et peuvent également se retrouver isolées.7 Lors du premier confinement, certains dispositifs informels mis en place par les habitants, comme l’affichage d’informations sanitaires en plusieurs langues, la diffusion d’attestations et la fabrication de masques, ont permis de partiellement pallier ces manques et de développer une entraide entre voisins, faisant même l’objet d’un reportage télévisé.8 • Surveillance constante et manque d’inclusivité des espaces publics D’autres indicateurs de rapports de force sont présents sur l’espace public au sein du Clos Toreau. Un d’entre eux serait la surveillance constante du quartier avec la mise en place de caméras au centre de la place du Pays Basque. À cela s’ajoutent les patrouilles fréquentes d’agents de police au sein et autour du Clos Toreau. Ces surveillances sont liées, entre autres, à la présence de dealers sur le microquartier, qui se sont déplacés dans une cage 7 D’après un entretien réalisé avec une habitante A., le 11 novembre 2020. 8 Coronavirus - Nantes : solidarité au quartier du Clos Toreau. France 3 Loire Atlantique, 11 mai 2020. 46
d’escalier d’un des immeubles suite à la mise en place de ces dispositifs.9 Un autre de ces indicateurs serait l’occupation du city stade essentiellement par des jeunes garçons ou adolescents en bandes. Ceci témoigne du manque d’inclusivité au sein des différents espaces publics du Clos Toreau. • La hiérarchisation symbolique Un autre rapport de force serait la relation entre tous les acteurs institutionnels gestionnaires du Clos Toreau (agents de la mairie annexe, salariés de Nantes Métropole Habitat (NMH), salariés du centre socioculturel Accoord) et ses habitants. En effet, on pourrait parler de la mise en place d’une “hiérarchisation symbolique” entre les différents acteurs, dont aucun n’habite le quartier, et les habitants de ce dernier. • La clientélisation des locataires On observe une clientélisation progressive des habitants du Clos Toreau par leur bailleur social. Les entretiens que nous avons menés ont fait ressortir le fait que plusieurs choses s’étaient institutionnalisées au cours des années. D’abord, les employés de NMH en relation directe avec les habitants sont des chargés de clientèle. Par ailleurs, il y a notamment eu la mise en place d’une soustraitance d’une entreprise de nettoyage pour les parties communes qui était auparavant la responsabilité des habitants par palier. On observe également une distanciation progressive entre le bailleur et les habitants. Les médiateurs de NMH n’existant plus, en cas de litiges entre voisins, ces derniers sont obligés d’avoir recours à des médiateurs extérieurs. De plus, les agents de propriété qui tenaient une permanence au sein du quartier ne sont plus actifs. • Disparition d’initiatives habitantes : À cela s’est ajoutée la disparition des mouvements d’éducation populaire présents dans le quartier et des associations de défense de locataires, bien que des pétitions 9 D’après un entretien réalisé avec une habitante A., le 11 novembre 2020.
et des concertations aient toujours lieu. Des initiatives habitantes ont également disparu du fait des évolutions de générations de locataires au sein du quartier et d’une place importante de l’individualité dans la société actuelle. On peut évoquer la disparition de traditions collectives communes lors de célébrations (décoration de hall d’entrée lors de mariage ou collecte d’argent lors d’un décès).10 De nouvelles traditions pourraientelles émerger dans ce contexte ? Finalement, tous ces indicateurs de rapport de force nous amènent à constater que les habitants du Clos Toreau occupent actuellement une position subalterne11 au sein de la cité et de la société. D’après Gayatri Spivak, auteure du livre Les subalternes peuventelles parler ?, en lien avec le courant des subaltern studies12 les subalternes sont : « [...] ceux qui dans l’histoire officielle n’ont jamais le droit à la parole. Le terme a été repris à Gramsci. Les subalternes sont les ignorés de l’histoire officielle. Ceux qui occupent une position sans identité.» 13
10 ibid. 11 «Personne qui est subordonnée à une autre, soumise à son autorité.» «Qui est inférieur ou qui n’a qu’une importance secondaire» Définitions en ligne Larousse. 12 «Les subaltern studies sont nées à l’initiative de l’historien Ranajit Guha, spécialiste de l’Inde coloniale et post-coloniale. Son projet s’est matérialisé par la publication d’une série éponyme de onze volumes, entre 1982 et 2000. R. Guja a dirigé lui-même les six premiers livres. Au total une cinquantaine de chercheurs ont contribué à ces publications. [...] La question centrale des subaltern studies concerne les formes de domination des groupes subalternes, par les élites. L’élaboration de la réponse s’appuie sur des hypothèses, inspirées des réflexions d’Antonio Gramsci.» Subaltern studies : Notions fondatrices. 13 SPIVAK, Gayatri Chakravorty. Les subalternes peuventelles parler ?, Paris : Éditions Amsterdam, 2020. (original : 1988) dans Émission les Idées Claires du 28/04/2011 Les subalternes peuvent-ils parler ? , France Culture. 47
Cosmogonie des acteurs du Clos Toreau Dessin personnel, inspiré de l’oeuvre «ALL BLM» de l’illustratrice Marie Casays. 48
03. Présentation générale des logements
Depuis la fin de la construction du quartier et encore aujourd’hui, les appartements du Clos Toreau sont gérés par le bailleur social NMH et sont tous en location. Ces logements sont les moins chers du parc locatif social de la métropole nantaise1 et vont du studio au T5. Les vingt bâtiments ont entre quatre et dix étages. La plupart des appartements sont occupés par des particuliers et quelques-uns sont loués par des associations telles qu’Une famille un toit, Anef-ferrer pour l’hébergement de réfugiés et de demandeurs d’asile aux 2 et 4 rue d’Hendaye2, l’association des paralysés de France ou encore SOS femmes battues au 3 rue d’Hendaye.3 Un projet de réhabilitation des immeubles de logements commença en 2008. Cette réhabilitation eut pour effet l’actualisation des logements sur certains points : aménagement d’appartements PMR aux rez-de-chaussée, mise à niveau des systèmes électriques, ravalement de façades, changement d’équipements (baignoire, évier, miroir, chasse-d’eau), modernisation des parties communes et des halls d’entrée. Cependant, cette intervention causa également plusieurs problèmes. D’abord, on peut noter l’augmentation conséquente des loyers selon la taille des logements. Ensuite, l’ajout de grilles lourdes et peu maniables 1 D’après un entretien réalisé avec Xavier Picard, réalisé le 19 octobre 2020. 2 SEMETE Lucie. Voisins solidaires. Le voisinage comme support à l’inclusion des réfugiés ? Mémoire de Master. ENSA Nantes, juin 2019. Sous la direction de Laurent Devisme. 3 D’après un entretien réalisé avec une habitante A., le 11 novembre 2020. 50
rend difficile l’accès aux bâtiments, lésant les personnes à mobilité réduite ou avec de jeunes enfants. Ce dispositif a été mis en place autour des bâtiments pour répondre au concept de résidentialisation4 instauré à l’échelle nationale. Enfin, le caractère universel et imposé de cette réhabilitation mena parfois à une réception traumatisante de cette dernière pour certains.5 4 “Résidentialisation : de la coveillance au sécuritaire”. Article de Violette-Ghislaine Loriot-Bouvreuil, n°12 de Cause Commune. Juillet - août 2019. Consulté le 11 décembre 2020. “La résidentialisation consiste dans « la transformation d’un territoire bâti et habité qui, en tirant le bilan de l’inadaptation des dispositifs urbains des années 1960/1970, remplace l’espace fluide et généreux où tous devaient se retrouver par un espace urbain plus conventionnel » (Panerai). Elle s’appuie sur les principes de la prévention situationnelle, pouvant « régir la conception des espaces (suppression des impasses et des recoins, amélioration de la visibilité, etc.), comprendre des mesures de protection des bâtiments (réduction de la taille des halls d’immeubles, encastrement des boîtes aux lettres, suppression des toits-terrasses, etc.), ou encore inclure la diffusion de dispositifs technologiques (contrôle d’accès, digicode, caméras de surveillance, etc.) » (Camille Gosselin).” 5 D’après un entretien réalisé avec une habitante A., le 11 novembre 2020.
04. Présentation du 3 rue d’Hendaye
Le bâtiment1 sur lequel nous avons choisi de travailler plus précisément est l’immeuble situé au 3 rue d’Hendaye. C’est un bâtiment de dix étages avec quatre logements par niveaux, soit quarante quatre logements au total. Chaque étage, à l’exception du rez-de-chaussée, comprend un T2, un T3, un T4 et un T5. Le rez-de-chaussée, lui, est composé de quatre appartements PMR : un studio, un T2, un T3 et un T5, aménagés lors de la réhabilitation susmentionnée, d’un hall d’entrée avec boîtes aux lettres, d’un local poussette, d’un local vélo, d’un local poubelles et d’un local technique. Pour ce qui est de la structure, le bâtiment a été construit suivant une grille orthogonale avec des murs et des planchers préfabriqués en béton. Les murs porteurs sont en façade et en refend, et font quinze centimètres d’épaisseur. La disposition des fenêtres sur les façades diffère selon si le numéro de l’étage est pair ou impair. Le bâtiment et l’ensemble du quartier bénéficient d’un chauffage central. Les T5 et T4 sont traversants, orientés sudouest / nord-est, tandis que les T2 sont monoorientés au sud-ouest et les T3 au nord-est. L’entrée du bâtiment se trouve côté ouest. Au sud, le bâtiment est accolé à un immeuble de logements de huit étages et la façade nord est un mur aveugle surmontant des places de parkings.
Toutes les chambres des étages courants sont relativement exiguës, la plus grande ayant une surface de 11,5 m². D’une manière générale, tous les espaces, à l’intérieur des logements comme dans les parties communes, ont été au maximum optimisés. Aucun mobilier n’est intégré aux logements. Cet immeuble regroupe des personnes de quatorze nationalités différentes2 : - Afghanistan (trois familles naturalisées françaises au 9ème, 5ème et 3ème) - Syrie (8ème) - Somalie (2ème) - Soudan (1er) - Tunisie (7ème) - Algérie (8ème, 7ème et 3ème) - Guinée (au 5ème) - Côte d’Ivoire - Sénégal - Nigéria (9ème) - Tchétchénie - Albanie (au 6ème) - Franco-Vietnamien au 7ème -France métropolitaine et Outre-mer (Guyane). À ce jour, nous avons pu nous entretenir par téléphone avec trois habitantes de l’immeuble, résidant respectivement dans deux T3 et un T4, toutes d’origine française. 2 D’après un entretien réalisé avec une habitante A., le 11 novembre 2020.
Pour ce qui est de l’aménagement intérieur, toutes les cuisines sont attenantes aux séjours, avec une cloison délimitant partiellement les espaces. Les toilettes sont séparées de la salle de bain dans les étages courants et il n’y a qu’une salle de bain par logement. 1 Voir plans existants pages 46 & 48. 51
3 et 5 rue d’Hendaye depuis le citystade, jour, photo personnelle 52
53
3 et 5 rue d’Hendaye depuis l’entrée de la rue d’Hendaye, photo personnelle 54
55
3 et 5 rue d’Hendaye depuis le citystade, nuit, photo personnelle 56
57
REALISE A L
Encombrants
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
Chambre
Hall d'entrée Local poussettes
SDB
Chambre
Chambre
Encombrants WC
Rangement
Cuisine
Gaines techniq
Séjour
SDB
Rangement
Cuisine
Séjour
Local tech
50 m 3 rue d’Hendaye au sein du quartier du Clos Toreau
ETUDIANT
58
A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
hambre Séjour
Cuisine
Cuisine
Séjour
Rangement
techniques SDB
Chambre
Chambre
cal technique
Chambre
Chambre
Local technique
Plan existant de rez-de-chaussée du 3 rue d’Hendaye. Echelle 1/100.
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION E 59
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
Chambre
Chambre
SDB Chambre
Chambre
SDB
Chambre
Rangement WC
WC
Rangement
Cuisine Rangement
Séjour
Cuisine
Séjour
Chambr
ION ETUDIANT 50 m 3 rue d’Hendaye au sein du quartier du Clos Toreau 60
Séjour
hambre
Cuisine
Rangement Cuisine
Séjour
Rangement
WC
SDB
Chambre
Chambre
WC
SDB
Chambre
Chambre
Chambre
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSI Plan existant d’un étage courant pair du 3 rue d’Hendaye. Echelle 1/100. 61
Les grands ensembles D’une manière générale, les grands ensembles en France correspondent à une typologie de quartier regroupant de nombreux logements collectifs, des centaines voire milliers, principalement dans des tours ou des barres de plusieurs étages construites suivant certains principes du mouvement moderne en architecture. Ces quartiers furent majoritairement érigés des années 1950 jusqu’au milieu des années 1970 pour répondre à un besoin croissant de logements sur l’ensemble du territoire français. Ils pouvaient être implantés dans les métropoles, en banlieues, ou encore dans des villes moyennes.
par le cinéma, la presse et la littérature jusque dans les années 1960, c’est ce qu’explique Camille Canteux, auteure de la thèse Filmer les Grands ensembles, dans un documentaire homonyme2, au sujet de la représentation audiovisuelle des grands ensembles des années 1930 jusqu’à la fin du XXème siècle.
‘‘ Depuis l’après-guerre, la société moderne se préoccupe de la construction de nouveaux logis. Lorsqu’une société désire construire de nouveaux logis, c’est qu’un état de conscience nouveau est né. L’état de conscience d’une civilisation machiniste. Or, c’est ici que la faillite est totale. Les villes sont devenues inhumaines, hostiles à l’Homme, néfastes à sa santé physique et morale. Pour constituer le logis neuf, de la civilisation machiniste, il faut donc urbaniser. Énonçons les bases de cette doctrine : - Séparation du piéton et de l’automobile, - Interdiction d’orienter des logis au nord, - Employer le bénéfice des techniques modernes pour concentrer en hauteur les logis et étendre à leurs pieds de vastes surfaces vertes.’’ 1
De plus, leur construction fut caractérisée par l’industrialisation de ce secteur, c’està-dire par la mécanisation, l’organisation rationnelle du chantier et le développement de la préfabrication de modules en béton. Ces principes constructifs menèrent alors à la standardisation des logements et de leur agencement au sein des immeubles. D’autre part, à leur livraison, ces appartements bénéficièrent d’un confort moderne pour l’époque avec, entre autres, la généralisation des ascenseurs, des salles de bain privatives, de l’accès à l’eau courante chaude et froide et de chauffage central.1 Dès les premières années de leur construction, les grands ensembles générèrent un enthousiasme collectif de la part des architectes, et plus généralement de la société, puisqu’ils furent considérés comme une solution moderne et hygiéniste face aux problèmes urbains et de mal-logement de l’époque. Cette image idéalisée sera dépeinte 1 Grand ensemble en France. Wikipédia.
1 Le Corbusier, dans le film de Jean Epstein, Les Bâtisseurs, 1938, extrait de Filmer les grands ensembles.
À partir des années 1960, des images plus pessimistes sur les grands ensembles apparurent : des critiques concernant leur forme urbaine, leur échelle démesurée et les problèmes résultant de la typologie ville2 Centre d’Histoire Sociale, réalisation Jeanne Menjoulet, Filmer les grands ensembles, documentaire issu de la thèse de Camille Canteux. 2016. 62
dortoir commencèrent à être énumérées. Durant les années 1970, les représentations positives du début des grands ensembles s’estompèrent, tandis que l’image des grands ensembles devint progressivement le “symbole d’une ville dévoreuse d’espaces” et de la banlieue. La représentation initiale des années 1930 fut complètement retournée.3 En 1973, Olivier Guichard, ministre de l’Équipement et du Logement de l’époque, signa une circulaire mettant fin à la construction des grands ensembles. Par la suite, en 1977, son successeur, Jacques Barrot lançait un Plan Banlieue, le premier d’une longue série.
“ Je crois qu’ils [les grands ensembles] étaient nécessaires. Ils ont correspondu à une époque de la construction en France. Je crois qu’aujourd’hui ils ne correspondent pas à l’aspiration des Français. Ils ont à la fois l’inconvénient d’être mal situés sur le plan de l’urbanisation, du tissu urbain, du paysage. Et puis ils en ont un autre auquel on ne réfléchit pas assez, c’est que dans la mesure où ils sont très grands et constitués de logements sociaux aidés de la même manière, ils sont un facteur de ségrégation sociale.”1 1 Olivier Guichard, le 21 mars 1973 à Rosny-SousBois dans “21 mars 1973 : fin de la construction de grands ensembles”, Thomas Snégaroff, France Info, 15 janvier 2015.
Dans les années 1980, le débat sur la démolition des grands ensembles se généralisa à l’échelle nationale, avec la destruction de plusieurs immeubles au sein de cités, comme aux Minguettes à Vénissieux dans la banlieue lyonnaise à partir de 19844. Ce lieu fut largement médiatisé quelques années
auparavant à la suite de violences entre jeunes et forces de l’ordre.5 En parallèle, et à partir de 1983, un programme interministériel, Banlieues 89, piloté par l’architecte Roland Castro et l’urbaniste Michel Cantal-Dupart, introduisit d’autres modes d’actions, privilégiant la réhabilitation du bâti. Les opérations de démolition pour contrer la ghettoïsation des grands ensembles et développer une rénovation urbaine continuèrent également durant les années 1990.6 En 2003, une loi initiée par Jean-Louis Borloo, alors ministre délégué à la ville, est votée. Il s’agit de la loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine. À l’issue de cette loi, l’ANRU, Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine, fut créée pour piloter et financer différents programmes de renouvellement urbain, dont le PNRU, Programme National de la Rénovation Urbaine, qui s’acheva en 2020 et permit la réhabilitation de six cents quartiers en France. Rapidement après la mise en place du programme, de nombreux chantiers de démolition et de reconstruction de logements furent engagés sur l’ensemble du territoire. En 2014, le NPNRU, Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain fut créé dans le cadre de la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine. Ce programme, toujours piloté par l’ANRU, a pour ambition, d’ici 2030, de transformer quatre cent cinquante quartiers prioritaires de la Politique de la Ville sur l’ensemble du territoire.7
5 Filmer les grands ensembles. ibid. 6 “De l’humanisation à la destruction du béton. La politique de la ville des années 1970 aux années 1980.” Thibault Tellier, Essai, Métropolitiques, 8 octobre 2018. 7 Site officiel de l’ANRU - Présentation.
3 Filmer les grands ensembles. ibid. 4 Minguettes - Page Wikipédia.
63
Problématique
Comment décoloniser l’habitat social ? Comme évoqué plus tôt, le Clos Toreau est un micro-quartier de logements sociaux construit au début des années 1970 par l’Office Public HLM pour répondre à un besoin grandissant de nouvelles habitations pour la ville de Nantes. Depuis sa construction, le quartier a reçu de nombreuses transformations : projet urbain requalifiant l’entrée de ville désenclavant ainsi partiellement le quartier, réaménagement des espaces publics et réhabilitation des logements au début des années 2010. Pourtant, malgré toutes ces rénovations, nous avons remarqué des points de friction urbains et sociaux ainsi qu’un entre-soi persistant ; qu’ils soient à l’échelle de la métropole, du micro-quartier, des immeubles, ou au sein même des logements. Aujourd’hui, nous remettons en cause les rôles des architectes, du bailleur social et de la municipalité pour les impacts qu’ils ont eus sur ce territoire et sur leurs habitants. En effet, nous constatons qu’un négationnisme à différentes échelles s’est progressivement imposé aux habitants par tous ces acteurs : mode d’habiter assigné par les logements génériques du parc locatif, insuffisance de l’accompagnement social pour les nouveaux arrivants, individualisation exacerbée par l’entre-soi incombé aux habitants d’un quartier prioritaire. Ainsi, nous remettons en question l’actualisation du modèle architectural, social, politique et économique des grands ensembles par les acteurs de l’aménagement du territoire. Nous considérons ce modèle comme obsolète du fait de ces incompatibilités et incohérences existantes face à notre société contemporaine : non-inclusivité, stigmatisation, voire perte d’individualité. Néanmoins, en nous positionnant comme futures architectes, 64
nous sommes conscientes que notre impact potentiel, face à cette problématique, est contenu dans une intervention formelle. Toutefois, penser le rôle de l’architecte dans ces circonstances, seulement comme expert de l’architectonique, ne nous semble pas suffisant. Comme l’ont montré les effets conflictuels qui ont suivi la réhabilitation opérée au début des années 2010. C’est pourquoi nous pensons que la posture de l’architecte doit être redéfinie dans ces conditions. En effet, la connaissance, la compréhension et la prise en compte de l’existant social, politique, culturel et économique semblent alors devenir primordiales. L’architecte doit, dans ces circonstances, utiliser ses compétences d’analyse et d’expertise pour entreprendre une médiation entre tous ces facteurs, en devenant un incubateur de “la réhabilitation de l’esprit des communs” 1. Pour cela, nous choisissons de travailler précisément sur un immeuble, le n°3 rue d’Hendaye. Se concentrer sur une seule cage d’escalier permet de considérer différentes échelles et plusieurs seuils, du logement en passant par les parties communes de l’immeuble jusqu’au niveau de la rue. Ce territoire d’exploration et d’intervention nous permet alors de questionner les démarches habitantes informelles, l’entresoi et l’individualisation identifiés au sein du quartier du Clos Toreau. D’abord, la question de l’appropriation des logements émerge. En effet, nous pensons que l’émancipation de l’entre-soi peut se faire en permettant aux habitants d’affirmer 1Tiguidanké Keita
“Pourquoi le logement social n’est-il pas hospitalier ? Parce que c’est le seul bâtiment dans l’histoire de l’architecture qui interdit à l’usager de le transformer, puisqu’il doit être rendu dans l’état d’origine. C’est un négationnisme en architecture. Tout ce qui est la vie, l’apport des cultures à la vie courante, n’est pas pris en compte.’’ 1
qui ils sont via leur habitation, c’est-à-dire en considérant les effets qu’ils ont sur leur logement comme un apport et non comme une dégradation. Alors, cela ne peut être possible que si les habitants se voient accorder une certaine légitimité par leur bailleur. Dans un second temps, la notion de commun nous interpelle dans ce contexte. Qu’est ce que partagent les habitants d’une même cage d’escalier ? Qu’est ce qui fait commun dans ce contexte d’habitat social désenchanté, où les espaces collectifs comme privés ont été sciemment optimisés ? Quelles sont les appropriations possibles dans ces circonstances ? Emerge alors l’interrogation sur la qualification du logement social : «Qu’est-ce qu’un logement ? et qu’est-ce qu’un logement social ? Tout logement ne devrait-il pas être social par nature ? » 2 Social : adjectif, du latin socialis. Qui se rapporte à une société, à une collectivité humaine considérée comme une entité propre.3 Logement social : “Un logement social ou HLM est un logement construit avec l’aide de l’État et qui est soumis à des règles de construction, de gestion et d’attributions précises. Les loyers sont également réglementés et l’accès au logement conditionné à des ressources maximales.” 4
1 BOUCHAIN, Patrick dans Construire ensemble le grand ensemble, habiter autrement, écrit par Edith Hallauer.
Il semble à la fois nécessaire de s’émanciper du générique, d’un point de vue architectural et social et de s’extraire de la normalisation pour réenchanter l’habitat social actuel. Cela mènerait alors à ouvrir un champ des possibles et à développer une considération et une fierté des habitants de vivre ensemble et ici. De ce fait, il parait important de requalifier les espaces et les acteurs existants, dans le but de sortir des carcans formels sociaux et architecturaux imposés et actuellement profondément établis. C’est pourquoi nous postulons pour la suite de la présentation de notre processus, que le bailleur social, Nantes Métropole Habitat, autorise les habitants du Clos Toreau à apporter des modifications à leur appartement et à ne pas le rendre comme ils l’avaient initialement trouvé.
La sémantique utilisée semble alors paradoxale. La société mise en place en tant qu’entité propre, au sein de l’immeuble est à questionner par l’architecture de ce dernier. Par ailleurs, comme le souligne Patrick Bouchain, architecte et urbaniste français, la législation autour du logement social est à requestionner :
2 HOUDART, Célia. Villa Crimée. Paris : P.O.L. 2018, page 56. 3 LAROUSSE, définition en ligne. 4 Définition du Ministère de la Transition Écologique. 65
66
03
Fluctuation de positionnement
67
Méthodologie Pour répondre à notre problématique, notre méthodologie s’est développée autour de plusieurs pôles. Nous avons fait de multiples allées et venues entre les outils suivants, selon nos interrogations émergentes. D’une part, le corpus architectural et théorique que nous convoquons nous a permis parfois de conforter notre méthode, parfois d’affiner notre problématique, parfois de structurer notre mise en application. D’autre part, les entretiens ont fait émerger des informations sur ce qu’est la vie dans un logement au 3 rue d’Hendaye, c’est-à-dire des informations situées sur ce grand ensemble. Ainsi ont été dégagées des données sur la perception des espaces, des usages et de soimême dans ce que constitue la cosmogonie du Clos Toreau. Dans la mesure où le contexte sanitaire, la barrière de la langue et la fracture numérique ne nous ont pas permis d’obtenir un échantillon représentatif des habitants du 3 rue d’Hendaye, nous avons combiné à l’analyse sociologique une analyse ethnographique des nationalités des foyers de l’immeuble. L’objectif de cette entreprise a résidé dans notre détermination à adopter une réponse architecturale non euro-centrée. Ensuite, concernant l’apport du site dans le projet, il a été impératif de procéder à une analyse urbaine. Tout d’abord, il s’agit d’un site qui a des particularités liées à son territoire, celui du quartier de Nantes Sud, et à son histoire. Mais il s’agit aussi d’un grand ensemble, avec tout ce que cela implique. Enfin, nous déplorons ne pas avoir eu accès aux logements, mais l’analyse architecturale des plans joints par Nantes Métropole Habitat, et les entretiens à combler nos manques. 68
Le dernier pôle majeur de notre méthodologie a été la décolonisation de notre propre pensée. Cette lutte envers les normes architecturales qui nous ont été inculquées pendant cinq années d’études a été nécessaire pour produire une architecture en adéquation avec les valeurs que portent ce projet : une architecture non-coloniale, inclusive et mouvante.
Recherche de positionnement 01. L’inaction
Dès les premiers temps, nous débattons quant à la nécessité d’une intervention architecturale. En effet, nous pouvons considérer que l’architecture en tant que telle est un acte colonial. Toute construction comporte une part de violence, si l’on considère que bâtir un mur c’est déjà séparer un espace en deux. L’architecte, écrivain et rédacteur en chef du magazine The Funambulist, Léopold Lambert, se positionne sur la problématique de la violence en architecture, que nous définissons comme acte colonialiste :
« Je ne crois pas à une architecture non violente – je ne sais même pas ce que ça voudrait dire – et je pense que la vraie question, c’est moins « Comment créer une architecture non violente ? » que « Contre qui et contre quoi est dirigée cette violence ? » » 1 1 « Une architecture hospitalière, ça n’existe pas », Léopold Lambert, Le Journal de Culture & Démocratie, Le Supplément, Journal 49.
Ne rien faire ne serait-il pas non plus une posture coloniale ? Certes, nous n’imposons rien en matière de forme architecturale, mais ne rien faire c’est déjà faire quelque chose. C’est ne pas prendre position sur un sujet de société contemporain. Ne rien faire reviendrait à accepter la fatalité de laisser les foyers précaires dans les conditions dans lesquelles ils vivent. Il s’agirait d’un négationnisme sociétal.
69
02. Comment s’extraire de la norme ?
Si la voie de l’inaction est écartée, que faire ? Notre première intuition était de laisser aux habitants le choix d’agir comme ils le souhaitaient sur leur logement. Débutait alors une de nos premières luttes concernant la direction informelle que devait prendre la programmation. Comment décider d’un retour à l’informel ? Cela semble paradoxal. Nous ne pouvons pas décider de ce qui est défini comme “Dégagé de tout formalisme, de toute structuration ou institution.” 1 L’informalité a des vertus que l’architecte belge Lucien Kroll décrit au sein de bidonvilles, comme étant : « De tous les grands ensembles, le bidonville est encore socialement le mieux tracé. Certains faubourg autoconstruits et perpétuellement transformés forment un milieu extrêmement habitable et très signifiant, ils utilisent un vocabulaire d’aujourd’hui. Sans faire un retour à l’humanisme ou verser dans l’archéologie mais simplement en quittant l’illusion que la technologie totalitaire et coûteuse est le seul moyen de survivre dans n’importe quel cas, on peut dédramatiser l’architecture, décentraliser jusqu’à un certain point son système de décision en élargissant les marges de décision à réserver aux habitants mêmes, de la construction et surtout au cours de son évolution. » 2 La forme urbaine et architecturale du bidonville, comme exemple de ce que peut être une architecture informelle, semble être la mieux adaptée car l’habitat a été façonné par son occupant lui-même. Néanmoins, réaliser cette forme architecturale n’est pas concevable contenu de notre contexte. 1 Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, définition en ligne. 2 BOUCHAIN, Patrick. (Sous la direction de), Simone & Lucien Kroll, une architecture habitée. Arles : Actes Sud, 2013. p.82 70
Walled City, Kowloon, Hong-Kong. Coupe réalisée par une équipe de chercheurs japonais.
Pour revenir aux propos de Kroll, comment pouvons-nous ‘‘élargir les marges de décisions à réserver aux habitants’’ ? Nous tentons de nous saisir de cette notion par l’étude de deux références architecturales. L’agence d’architecture Elemental est parvenue, avec Quinta Monroy au Chili, à atteindre cette adaptabilité de l’habitat par ses occupants. On peut parler d’une sorte de ‘‘domestication de l’informalité’’ puisque le programme convoque l’auto-construction, pour se saisir du cadre formel proposé par l’architecte. Si cela fait écho à notre problématique concernant l’appropriation du logement social, l’auto-construction ne semble pas adaptée comme mode opératoire. Ce qui est possible au Chili sur des constructions
Elemental : Quinta Monroy, à Iquique, Chili, 2013 - 2014.
en R+2 ne l’est pas forcément en France en R+10. Le mode opératoire Structure and Settlers DIY Multifamily Housing proposé par BEL Associates semble plus proche de notre contexte d’intervention de part l’aspect structurel et technique. Les foyers ont la possibilité de concevoir les espaces et la manière dont ils seront cloisonnés, distribués, dimensionnés. Cependant, leur méthode est en partie inversée à la nôtre. Cette étude de cas présente un squelette structurel déjà construit puis rempli selon les demandes des futurs occupants. Dans notre cas, nous cherchons à initier la démarche de prise de pouvoir des habitants sur la structure existante.
BEL Associates : Structure and Settlers DIY Multifamily Housing, à Hamburg, 2012-2013. 71
La formalisation de l’intervention nécessaire consiste pour nous à “autoriser [les habitants] à” et non pas “faire pour” eux. La manière dont les habitants pourraient se saisir du bâtiment est une problématique à approfondir. Nous imaginions alors la mise en place d’un Guide de (dé)construction. Les habitants auraient pu appliquer des modifications à leur appartement comme ils l’auraient souhaité et selon leurs capacités matérielles et financières. Le rôle de l’architecte aurait alors été engagé dans cette liberté architecturale. Ce guide aurait compilé des renseignements et des conseils sur les logements, les parties communes, les jardins en rez-de-chaussée et potentiellement l’espace public autour des immeubles. Par ailleurs, ce dispositif aurait servi de prétexte à la déconstruction postcoloniale progressive des carcans formels imposés et profondément établis au sein du bâtiment, par l’initiation d’une dynamique collective de modifications. Pour approfondir le programme et en complément du Guide de (dé)construction, nous proposions la mise en place d’un FabLab habitant, dans une volonté de renforcement des initiatives déjà présentes, à savoir le local Ici-Tri et l’association BricoLowTech. Nous avions envisagé plusieurs limites à notre proposition. La première provenait des habitants. Ces derniers auraient-ils souhaité réellement réaliser des travaux au sein de leur logement ? En auraient-ils ressenti le besoin ? Si cela n’avait pas été le cas, notre posture globale aurait été branlante. De plus, se seraient-ils sentis prêts, capables, voire même motivés à entreprendre certains changements? Selon nous, la normativité s’est ancrée dans les mœurs par le biais du logement et a causé l’endormissement de la population. On ne s’interroge plus sur sa capacité à modifier son logement. À l’inverse, on favorise le changement de nos modes de vie pour s’adapter à notre habitation, comme nous avons pu le remarquer lors de plusieurs entretiens. Stéphanie Dadour explique 72
lors d’une conférence ce phénomène de normation en référence à la définition de Foucault : “Série d’opérations disciplinaires par laquelle la norme va s’instituer jusqu’à pouvoir permettre de partager quelque chose qui est normal et quelque chose qui est anormal. Celui qui est normal est celui qui est capable de se conformer à la norme.”3 La norme a été complètement intériorisée. De ce fait, nous nous sommes mises à penser que rien ne devait être fait par défaut. Nous devions porter une attention particulière à ce que les modes d’habiter différents de celui enjoint au Clos Toreau pouvaient impliquer. C’est-à-dire penser à la diversité des origines et des cultures des habitants de l’immeuble et à l’inclusivité des schémas familiaux non hétéro-normés (familles recomposées / hétérosexuelles / homosexuelles / multigénérationnelles /monoparentales/ etc.) De cela un parallèle intéressant est à établir avec l’architecture queer, autour de la déconstruction d’un idéal normé imposé par la société. Suite à ces constats, nous ré-orientons notre positionnement autour de la redéfinition de l’acte “d’autoriser à”. “Autoriser à” c’est d’une certaine manière inciter à penser selon ce qui est dit ou fait. Autoriser c’est aussi braver l’interdiction, se saisir de cette prise de risque et de notre légitimité en tant qu’architectes à impulser la première dynamique. Nous décidons de changer de paradigme pour muter de “ne pas s’imposer” à ‘‘libérer des carcans normatifs”. Plusieurs constats nous amènent à envisager la façade comme l’échelle d’intervention la plus appropriée. Nous souhaitons abolir la neutralité imposée par l’universalité normalisatrice de l’aspect homogène et générique des façades du bâtiment. C’est pourquoi le programme du projet est de mettre en place une réhabilitation postcoloniale au sein de l’immeuble. Notre définition en a été précisée durant la formalisation du projet. 3 Conférence de Stéphanie Dadour à la Maison de l’architecture d’Ile de France le 9 novembre 2020.
03. Les autres réhabilitations
Notre intervention irait au-delà des réhabilitations actuelles des grands ensembles, comme cela a été le cas au Clos Toreau lors d’une réhabilitation thermique et d’un ravalement de façade. Cette méthode peut être considérée comme une violence symbolique à l’égard des habitants. Elle nous semble violente par son but, qui est d’embellir les façades des immeubles pour donner une meilleure image de l’entrée de ville de Nantes. Ce message équivaudrait à dire que la façade a plus d’importance aux yeux de la métropole que les conditions de vie de ses occupants. Notre rapport à la violence symbolique des réhabilitations a été notamment forgé par l’étude du travail de Lacaton&Vassal Architectes. Nous partageons leur démarche d’agrandissement des logements trop contraints par l’agencement actuel des tours. D’un point de vue structurel et technique, cela nous intéresse et nous a permis de réfléchir au processus constructif que nous voulions mettre en place dans notre projet. Cependant, notre positionnement divergeait quant à la mise en œuvre formelle à la réponse à la problématique. Nous condamnons l’idée de combattre le générique par le générique.
Transformation de 530 logements, quartier du Grand Parc, Bordeaux. Lacaton, Vassal, Druot, Hutin, 2016 74
Transformation de la Tour Bois le Prêtre - Paris 17 - Druot, Lacaton & Vassal, 2011 75
Cohabita, av. de la Renaissance, rues Murillo, Hobbema, Leys, Bruxelles, Belgique, 1976.
Lucien Kroll, Enfin chez soi… Réhabilitation de préfabriqués, Berlin-Hellersdorf, Allemagne, 1994. 76
Processus de mise en projet 01. Le décalage progressif
Suite à ces constats, nous avions pour idée de doter le 3 rue d’Hendaye, d’une structure métallique poteaux - poutres contreventements en façade. Elle aurait été support à la réhabilitation, afin de permettre aux habitants d’envisager de potentielles extensions comme ils l’auraient souhaité et selon la surface de la grille proposée. Cependant, nous estimions que la solution ne résidait pas dans cette idée puisque cela revenait à dessiner un projet générique, ce qui allait à l’encontre de notre démarche initiale.
« La rupture de l’uniformité ne s’obtient pas par un effet ornemental, mais par un acte essentiel : le débordement des espaces de vie au-delà des limites rigides des façades monotones. » 2 2 BOUCHAIN, Patrick. (Sous la direction de), Pas de toit sans toi, réinventer l’habitat social. Arles : Actes Sud, 2016. p.15
La difficulté était d’exprimer formellement ce que nous prônions théoriquement. Afin de nous délester des contraintes de mise en place opérationnelle qui nous bridaient formellement, nous avons décidé de procéder autrement. Par ailleurs, nous avons ressenti le besoin de nous décaler des réhabilitations actuelles des grands ensembles. De cette manière, nous envisagions ce décalage en dé-générisant les potentielles extensions en façade. Cela se ferait par la réinsertion d’usages, et par ce geste, de matériaux et de formes correspondants. Selon Lucien Kroll, il s’agit d’aller à l’encontre d’une “géométrie disciplinaire”1. Son travail nous a amené à questionner ce que pourrait être une façade indisciplinée. Suite à ces premiers indices théoriques et formels, nous avons expérimenté la mise en œuvre de ces principes par le biais de maquettes conceptuelles. Nous avons décidé d’appliquer de manière littérale ce qu’exprime Patrick Bouchain :
1 Conférence de Lucien Kroll, Ecole Nationale Supérieure de Nancy, 2015. 77
Série photographique des maquettes conceptuelles 78
79
Nous avons souhaité rendre visible, dans la mesure du possible, l’identité des habitants de cet immeuble. Nous voulions leur permettre de souligner leur différence, et dans un second temps, signifier des situations personnelles et familiales variées. Friedensreich Hundertwasser, artiste et architecte autrichien, dans sa pratique a développé une pensée autour de la façade en architecture comme la peau pour l’homme :
“ L’homme est enveloppé de trois couches, sa peau, ses vêtements et ses murs, sa maison. Ces derniers temps, les vêtements et les murs se sont développés d’une façon qui ne correspond plus aux besoins naturels de l’individu. Les fenêtres constituent le pont entre l’intérieur et l’extérieur. La troisième peau est trouée de fenêtres comme la première peau est trouée de pores. La fenêtre est l’équivalent de l’œil.” 1 1 HUNDERTWASSER, Friedensreich. Expositions, “La troisième peau dans le troisième arrondissement”.
La redéfinition de cette peau entre intérieur et extérieur, engendrerait le phénomène d’individuation, qu’on peut définir par la “Distinction d’un individu des autres de la même espèce ou du groupe, de la société dont il fait partie; fait d’exister en tant qu’individu.”1
Ainsi, les habitants pourraient développer à la fois un sentiment d’appartenance au bâtiment et d’une identité personnelle habitante; “J’habite la fenêtre rouge” plutôt que “J’habite au 3ème étage en partant du haut, 6ème fenêtre à gauche”. L’objectif serait d’atteindre une fierté de vivre ensemble et ici. Ce travail autour de la façade impacterait également la redéfinition des espaces intérieurs. « Quelqu’un a dit un jour que « tout ce qui est fait pour être habité n’est pas habitable, et ce qui n’est pas fait pour être habité est habitable. » Il faut pour cela ménager l’appropriation. Il me semble qu’une des voies possibles serait de réintégrer la complexité dans le standard. Face à des millions de logements préfabriqués identiques, nous pourrions laisser agir la complexité, en donnant simplement un peu de liberté. Il faut travailler à cette «deuxième couche», qui n’a pas été réalisée dans l’urgence de la construction, pour adapter ce modèle standard aux modes de vie actuels. Accepter que des familles réunissent trois logements pour les reconfigurer autrement, car ce standard ne correspond pas à leur mode de vie. Cette deuxième couche culturelle et sociale est vitale, pas seulement dans le logement d’ailleurs. Tout devrait être réversible et transformable. » 2
Cette pratique est régulièrement mise à profit dans les travaux de l’agence Construire, fondée par Patrick Bouchain :
‘‘ L’intervention à cela de paradoxal qu’elle crée, par le même geste, de la communauté et de la différenciation. La variation des matériaux et des gabarits des extensions va plutôt dans le sens d’une affirmation de la pluralité. La récurrence et la visibilité de ses interventions ponctuelles vont plutôt dans le sens de l’assemblage des maisons distinctes dans un ensemble cohérent. L’intérêt du projet est de faire tenir ensemble ces deux objectifs contradictoires.’’ 1
2 BOUCHAIN, Patrick. (Sous la direction de), Pas de toit sans toi, réinventer l’habitat social. Arles : Actes Sud, 2016. p.103-104
1 BOUCHAIN, Patrick. (Sous la direction de), Pas de toit sans toi, réinventer l’habitat social. Arles : Actes Sud, 2016. p.22
A droite : Représentation de la façade imaginée au 3 décembre 2020
1 CNRTL, définition en ligne. 80
81
D’autre part, cela confèrerait une légitimité à d’autres modes d’habiter que celui enjoint par l’organisation générique des logements. Notre volonté de faire entrer d’autres modes d’habiter va de pair avec le travail de réhabilitation par extension. Il est nécessaire de faire de la place dans les logements pour les usages qui n’ont pas pu y être intégrés. Ces usages ont émergés grâce à nos entretiens, à notre analyse architecturale, et au fait que nous sommes conscientes de la diversité des origines des occupants de l’immeuble. Du fait que réside une grande part d’inconnu, nous avons également imaginé des besoins. Nos recherches se sont orientées autour des notions d’intimité, d’accueil de l’autre, de culte, d’hygiène, de cuisine etc. - c’est-à-dire tous les moments qui régissent le quotidien d’un foyer - sachant combien les traditions et les identités s’expriment dans les espaces du quotidien. Ces usages et besoins pourraient être des espaces extérieurs privatifs (terrasses / jardin d’hiver / balcon…), des espaces de rangements, de stockage (dans les chambres, dans la salle de bain, dans le salon, en espace potentiellement extérieur), des espaces de travail dans les logements (bureau ou autre activité ex: garde d’enfants), des cuisines extérieures (cuisine traditionnelle), des liens avec d’autres logements, des pièces en commun avec d’autres logements (gens de la même nationalité / pour les assistantes maternelles / pour la fracture numérique / barrière de la langue / …), des espaces pour étendre son linge, des lieux de prière etc.
82
Extraits de la représentation de la façade imaginée au 3 décembre 2020.
83
02. Recherches ethnographiques
Par la suite, nous avons voulu approfondir nos connaissances sur de potentiels usages et leurs spatialisations dans les logements. Du fait du confinement, nous n’avons réussi à interroger par téléphone que trois personnes de l’immeuble. Des informations nous manquaient pour continuer à développer notre projet. En revanche, nous savions que le 3 rue d’Hendaye était caractérisé par la présence de foyers de quatorze nationalités différentes. Ce point nous intéressait particulièrement et nous questionnait. Nous avons alors décidé de nous orienter vers cette ouverture pour la continuité de notre travail, contraintes de devoir intégrer une grande part d’inconnu à notre proposition. Nous nous éloignions de l’analyse située que nous avions faite. En effet, nous nous sommes attelées à répertorier des formes architecturales et des usages présents dans ces quatorze pays, en étant conscientes que ces recherches pouvaient être très éloignées de la réalité actuelle de l’immeuble. Néanmoins, nous voyions également en cela la possibilité de pousser à l’extrême les remises en question initiales que nous évoquions autour des logements en grands ensembles.
fallait déconstruire la méthode qui nous avait été inculquée et tenter de se défaire de notre vision euro-centrée de l’architecture. Certes, nous étions toujours empreintes de notre propre pensée, puisque nous avions un regard extérieur sur d’autres cultures, avisées de nos lacunes à ce sujet. Nous avons alors essayé de mettre perspective nos propres expériences, comme ailleurs, et de nous extraire de conceptions personnelles des espaces et usages domestiques.
en ici nos des
Cette nouvelle vision a émergé par la prise de conscience de la domination et de l’exclusion que nous pouvions imposer involontairement en tant qu’architecte. Les discussions avec l’ensemble du studio ont accompagné et accéléré le développement de notre raisonnement, voyant des parallèles avec ce que pourrait être une architecture queer, de l’hospitalité, du commun et toutes les réflexions autour des normes. Les pages suivantes présentent le processus d’iconographie ethnographique nonexhaustive des modes d’habiter réalisé le 18 décembre 2020.
Par ailleurs, la mise en application de notre raisonnement nous a fait rencontrer des difficultés auxquelles nous ne pensions pas avoir à faire face après plusieurs semestres passés en studio de projet. Nous ne pouvions plus appliquer les outils que nous avions développés. Nous n’avions pas de méthode pour faire un projet postcolonial. Il nous 85
Façades
Albanie
Afghanistan
Algérie
Côte d’Ivoire
Guinée
Guyane Française
Nigéria
Sénégal
Somalie
Soudan
Syrie
Tchétchénie
Tunisie
Vietnam
86
Matériaux, Matières, Ornements Albanie
Afghanistan
Algérie
Côte d’Ivoire
Guinée
Guyane Française
Nigéria
Sénégal
Somalie
Soudan
Syrie
Tchétchénie
Tunisie
Vietnam
87
Espaces communs
Albanie
Afghanistan
Algérie
Côte d’Ivoire
Guinée
Guyane Française
Nigéria
Sénégal
Somalie
Soudan
Syrie
Tchétchénie
Tunisie
Vietnam
88
Espaces de cuisine
Albanie
Afghanistan
Algérie
Côte d’Ivoire
Guinée
Guyane Française
Nigéria
Sénégal
Somalie
Soudan
Syrie
Tchétchénie
Tunisie
Vietnam
89
Espaces de sommeil
Albanie
Afghanistan
Algérie
Côte d’Ivoire
Guinée
Guyane Française
Nigéria
Sénégal
Somalie
Soudan
Syrie
Tchétchénie
Tunisie
Vietnam
90
Espaces d’hygiène
Albanie
Afghanistan
Algérie
Côte d’Ivoire
Guinée
Guyane Française
Nigéria
Sénégal
Somalie
Soudan
Syrie
Tchétchénie
Tunisie
Vietnam
91
Bien qu’elle puisse être caricaturale, notre recherche ethnographique nous a permis de découvrir un panel de facteurs intrinsèques à l’architecture domestique, tels que les usages, les relations et les rôles des individus au sein du foyer, etc. C’est-à-dire : • la place des différents membres qui composent le foyer. • la manière de se rassembler. • le type de cuisine consommée, et sa manière de la préparer. • la manière de servir le repas, et d’y participer. • l’hygiène et la manière de se laver. • la manière de dormir. • l’accueil de l’autre dans son foyer, et les seuils dans l’intimité. • l’importance du culte, et ce que sa pratique induit. •… D’autre part, les entretiens avec des habitants donnent généralement des informations précieuses sur les usages. C’est pourquoi, à défaut de pouvoir visiter des foyers du 3 rue d’Hendaye, et d’obtenir des entretiens à distance (où l’on perd la possibilité d’utiliser le mobilier et les effets personnels comme témoins d’usages), nous voulions faire des analyses de plans de logements dans les pays nommés plus tôt. Les plans révèlent généralement assez bien l’importance des pièces dans le foyer par leur superficie, leur distribution, leurs ouvertures et permettent de supposer des usages. N’ayant pu obtenir suffisamment de plans, nous avons entrepris une recherche iconographique de certains usages selon les origines, ainsi que des matériaux, matières, formes, ornements que l’on pouvait identifier en intérieur ou en façade. Nous sommes conscientes qu’il y a également de grands écarts dans une même culture entre les milieux urbains et ruraux, ainsi que selon les régions, l’organisation politique du moment, et entre chaque individu. Nous mesurons également l’ampleur de l’impact de la mondialisation dans les échanges culturels
et architecturaux entre les pays. Toutefois, ces premières recherches nous ont donné des pistes nous aidant à qualifier des usages et des modes d’habiter différents de nos héritages académiques, scolaires et personnels. En outre, ces recherches restent non-exhaustives et entrent dans le cadre d’un projet de fin d’études de quelques mois qui mériteraient un approfondissement de grande ampleur. Par ailleurs, nous nous sommes rendu compte qu’on ne pouvait imposer ni des modes d’habiter traditionnels, ni vernaculaires, ni occidentaux. Quelle est alors la limite à la décolonisation de notre démarche ? La réponse réside selon nous dans la notion d’habitabilité: ‘‘Habitabilité : n.f. (1801) de «habiter», («faire sa demeure, faire son séjour en quelque lieu» - Académie française, 1765), du suffixe -able exprimant la possibilité et du suffixe -ité, indiquant une caractéristique. Redéfinition. L’habitabilité caractérise ce qui permet de répondre aux expressions personnelles de l’habiter. Elle se définit comme une relation entre l’homme et son espace, qui met en jeu des capacités et des pratiques humaines pour une part, des qualités spatiales d’autre part. Les premières conditionnent la formation de l’habitant, les secondes permettent la transformation de l’espace en habitat, qu’il s’agisse de la maison ou de la planète.’’ 1 En effet, nous pensons que l’architecte doit prendre en compte dans la réhabilitation d’un bâtiment la partie habitante dont il est habituellement démuni.
1 Redéfinition de Marie-Christine Fourny, Romain Lajarge, Monique Eleb. FOURNY Marie-Christine, LAJARGE Romain (Sous la direction de). Les Sans Mots de l’Habitabilité et de la Territorialité. Grenoble : UGA Éditions, 2019. 92
Ivan Illich dans son travail, affirme que :
“L’art d’habiter est une activité qui dépasse la portée de l’architecte. Non seulement parce que c’est un art populaire ; non seulement parce qu’il progresse par vagues qui échappent au contrôle de l’architecte ; non seulement parce que sa délicate complexité le situe hors de l’horizon des simples biologistes et analystes des systèmes ; mais, plus que tout, parce qu’il n’existe pas deux communautés faisant leur habitat de la même façon.”1 1 ILLICH, Ivan. Oeuvres complètes (vol II) : Dans le Miroir du Passé. Domont : Fayard, 2019. (Editions Descartes et Cie, 1994), p.756
L’indéterminisme des usages que nous proposions semblait nécessaire, mais la proposition formelle était malgré tout incombée pour ne pas tomber dans les travers d’un projet générique. Pour garder un équilibre en dépit de cette ambivalence, nous assumons la direction démonstrative de notre projet. Ci-après se trouveront plusieurs propositions formelles, dans le but d’explorer des organisations spatiales aux empreintes culturelles à intensités variables.
93
Représentation de la façade imaginée au 18 décembre 2020 94
Représentation de la coupe imaginée au 18 décembre 2020 95
03. Interprétation de nos apprentissages
Nous ne souhaitons pas faire de ces recherches ethnographiques un collage maladroit de références non représentatives sur un bâtiment moderne. Le contexte nantais est également à prendre en compte dans la technique, le rapport au climat et l’accès aux matériaux locaux. Cependant, quel que soit l’endroit où l’on se trouve, nous transportons avec nous notre bagage culturel et cela s’en ressent dans nos usages domestiques, ainsi que dans nos manières d’organiser nos foyers. À l’instar de Mathias Rollot, nous estimons que chaque foyer comporte une part de “là-bas” que nous ne pouvons anticiper ni connaître - valable pour ce projet et de même pour les autres à venir.
“De la sorte, emportons-nous avec nos existences des parts de ces architectures, et de ce fait, le “là” du corps n’est pas qu’un là, mais constitue autant un là-bas, un ayantété, un là-à-venir, un là fantasmé ou imaginé. Nous sommes, autant que celui-qui-est-le-là, celui-qui-est-ailleurs…” 1 1 ROLLOT, Mathias. Critique de l’Habitabilité. Paris : Éditions Libre et Solidaire, 2017. page 55
Ainsi, nous affirmons que l’architecte n’est pas garant de l’habitabilité mais que cette dernière est propre de l’habitant. Nous n’avons donc aucune prise sur la volonté des gens de se conformer. La façade polyphonique, faisant référence aux habitants cosmopolites, leur permettrait d’hériter non pas d’une architecture albanaise/sénégalaise/... mais plutôt d’une individuation. Cette architecture de la 96
différence permettrait à chacun de faire varier le bâtiment en fonction des usages qu’il en a, et d’ainsi marquer le grand ensemble de son empreinte. Ivan Illich avec son travail nous inspire un retour à l’architecture qui permet à l’habitant sa pleine expression : “La plupart des langues emploient le terme “vivre”dans le sens d’habiter. Poser la question “Où vivez-vous ?”, c’est demander en quel lieu votre existence façonne le monde. Dis-moi comment tu habites et je te dirai qui tu es. Cette équation entre habiter et vivre remonte aux temps où le monde était encore habitable et où les humains l’habitaient. Habiter, c’était demeurer dans ses propres traces, laisser la vie quotidienne écrire les réseaux et les articulations de sa biographie dans le paysage.” 1 Finalement, notre intervention en tant que revendication de la différence, serait un moyen à la neutralisation des idées reçues sur ce que pourrait être un quartier politique de la ville. D’autre part, cette intervention nous permettrait de rentrer dans le débat architectural sur les grands ensembles, afin de tendre vers une valorisation de ce modèle architectural obsolète. Il nous semble nécessaire de procéder à une intervention franche, radicale, engagée. Une intervention légère, mesurée ou insuffisante équivaudrait à une blessure pour le bâtiment et ses habitants, comme le suggère Lucien Kroll : ‘‘ Choses nouvelles dans l’histoire de l’architecture, l’objet bâti ne se destine plus à rester éternel, homogène, complet, sacré, définitif, inerte (tout changement devenait une blessure, une insulte…). Il est voué maintenant à suivre la mobilité de la société et de ses 1 ILLICH, Ivan. Oeuvres complètes (vol II) : Dans le Miroir du Passé. Domont : Fayard, 2019. (Editions Descartes et Cie, 1994) page 755
besoins chaque fois nouveaux : son image veut exprimer précisément cette vertu là.’’ 2 Le but de ce projet étant de montrer un imaginaire de diversité des modes d’habiter domestiques, qui infusent dans l’architecture. De ce fait, les éventuelles extensions auraient une vocation permissive qui laisserait libre à chacun d’adapter son logement à ses propres usages. Nous étions conscientes de la naïveté avec laquelle nous avons esquissé les premiers dessins de façades, mais cette étape a été nécessaire pour projeter une intention initiale de ce que serait une architectonique polyphonique. Nous assumons notre posture incrémentale, comme le décrit Lucien Kroll dans son travail :
“[...] l’incrémentalisme, plus intuitif, holistique et «darwinien» (évolutionniste, à l’image des tâtonnements de la nature), se préoccupe de l’information vivante du contexte mais ne veut décider de chaque étape qu’au moment où il l’aborde et seulement durant son cours: à chaque étape, il regarde derrière lui et évolue d’après ses observations. Il signifie officiellement : «On apprend à marcher en marchant».”1 1 KROLL, Lucien dans Incrémentalisme, La Fabrique de l’Hospitalité.
Comme dit plus tôt, notre posture est de proposer un projet démonstratif de notre raisonnement, qui serait un processus adaptable ailleurs, pour d’autres réhabilitations de grands ensembles. Il ne s’agit pas là d’une finalité mais plutôt d’un principe. Nous souhaitons proposer “une autre réhabilitation”, une voie tierce pour actualiser les immeubles de grands ensembles.
2 BOUCHAIN, Patrick. (Sous la direction de). Simone & Lucien Kroll, une architecture habitée. Arles : Actes Sud, 2013. page 320 97
En effet, il nous semble que les architectes auront un rôle à jouer, certes dans la réhabilitation du patrimoine bâti, mais également dans l’acceptation de la différence et dans l’écart avec la norme. Les images que nous proposons sont celles de notre processus intellectuel, que nous utilisons comme une machine à penser la décolonisation.
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUD
T2 T5
T4 T3
Plan d’un étage courant du 3 rue d’Hendaye, avec des modes d’habiter imaginés. Echelle 1/100.
E A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT 98
TUDIANT
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
Pour la représentation des modes d’habiter de cet étage, et de leurs futures réhabilitations, nous avons complété nos connaissances des habitants par des scénarios fictifs. Dans le T2, nous imaginons un couple d’origine algérienne. Dans le T3, nous imaginons une famille d’origine afghane, un couple avec enfants, car trois foyers afghans habitent l’immeuble. Dans le T4, se trouve une famille originaire de la région, composée d’une mère, avec qui nous nous sommes entretenues par téléphone, et de trois enfants. Dans le T5, se trouve une famille d’origine somalienne, d’une mère et de ses six enfants. 99
REALISE
T2 T5
T4 T3
Plan d’un étage courant du 3 rue d’Hendaye, après une première étape de réhabilitation. Echelle 1/100. 100
Pour la première réhabilitation nous imaginons : Pour le T2, un agrandissement de la chambre inspiré de la forme d’un kbou, fenêtre en encorbellement gagné sur la rue dans l’axe de la pièce1, ainsi que la modification de la salle de bain initiale. Pour le T3, une modification de la façade et un agrandissement de la pièce de vie,
permettant la réorganisation de l’espace intérieur : banquettes sous les fenêtres et nouvel espace de repas. Pour le T4, la modification de la salle de bain et l’aménagement d’un balcon accolé à la pièce de vie, permettant d’avoir un accès vers l’extérieur. Pour le T5, l’ajout d’une nouvelle salle d’eau à la place de la cuisine qui elle, est décalée vers la façade. À cela s’ajoute une extension extérieure, un balcon atenant à l’espace des repas ainsi qu’une cuisine semi-extérieure, pour la préparation de mets traditionnels somaliens, en prolongement de la cuisine intérieure.
1 Casbah d’Alger, Wikipédia. 101
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
K VERSION ETUDIANT
T2 T5
T4 T3
Plan d’un étage courant du 3 rue d’Hendaye, après une deuxième étape de réhabilitation. Echelle 1/100. 102
Pour la seconde réhabilitation nous imaginons: Pour le T2, la modification de la façade de la pièce de vie et la création d’une loggia. Pour le T3, la création d’un balcon dans le prolongement de la cuisine. Pour le T4, la création d’une pièce en plus le long du mur pignon de l’immeuble. Il s’agit dans un premier temps, d’un bureau qui permet à la mère de famille de télétravailler et plus tard de servir de troisième chambre pour ses enfants. 103
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK
04. Pour la suite
Pour la suite, nous souhaitons approfondir notre exploration d’organisations spatiales afin de tendre vers des variations situées de modes d’habiter. Nous travaillerons plus précisément sur des scénarios fictifs de plusieurs logements.
s’accomplir par un approfondissement des recherches autour des matériaux et de leur mise en œuvre, ainsi qu’à redonner l’importance nécessaire aux détails et ornementations comme vecteur d’expression habitante.
De plus, il nous semble que l’héritage d’une individuation ne serait possible que si l’ensemble est suffisamment fort : nous estimons que notre raisonnement doit se poursuivre à l’échelle des espaces communs. En effet, la diversité et la multiculturalité doivent aussi se faire ressentir dans le dessin des seuils, dans le rapport à la rue et dans l’interaction entre les logements. Nous voulons également penser à l’hybridation potentielle des logements dûe aux successions de locataires et à la mutation des legs culturels qui en découlerait au cours du temps. Par ailleurs, nous souhaitons émettre un retour critique sur les directions que nous avons prises au long du semestre. Les premières propositions formelles se sont majoritairement focalisées sur les nationalités des foyers. Hors, cela est en partie réducteur; les logements du Clos Toreau sont également normalisateurs de facteurs qui ne sont pas qu’inhérents aux origines des habitants (variation des situations personnelles et familiales variées, des situations professionnelles, du rôle des membres du foyer,...). C’est pourquoi, nous souhaitons approfondir d’autres variations de modes d’habiter ; dans le but de proposer une architecture de plus en plus polyphonique. Enfin, nous souhaitons préciser les modes opératoires nécessaires à la mise en place structurelle de nos dispositifs. Cela pourrait 105
106
04
Conclusion et sources
107
Conclusion Le studio Muter Habiter Penser a éveillé en nous un esprit critique et contestataire face aux enjeux architecturaux contemporains. Cela est passé par la remise en question lente et périlleuse de nos préconceptions et enseignements reçus. L’achèvement de ce projet de fin d’études n’est pas une fin en soi. Ce semestre nous aura particulièrement poussées dans nos retranchements, le rendant ainsi riche de questionnements. Il nous a permis de mieux prendre conscience des enjeux d’inclusivité dont l’architecte est responsable dans sa pratique, faisant écho à nos préoccupations personnelles. Les réflexions que nous avons menées ce semestre sont à poursuivre. Le changement de paradigme opéré et les machines à penser mises en place sont des bagages que nous souhaitons conserver et faire fructifier par la suite.
109
Bibliographie Ouvrages : • BOUCHAIN, Patrick. (Sous la direction de). Simone & Lucien Kroll, une architecture habitée. Arles : Actes Sud, 2013. • BOUCHAIN, Patrick. (Sous la direction de). Pas de toit sans toi, réinventer l’habitat social. Arles : Actes Sud, 2016. • FOURNY Marie-Christine, LAJARGE Romain (Sous la direction de). Les Sans Mots de l’Habitabilité et de la Territorialité. Grenoble : UGA Éditions, 2019. • HEIDEGGER, Martin. Essais et conférences : Bâtir Habiter Penser. Paris : Editions Gallimard, 1958. Traduction André Préau) • HOUDART, Célia. Villa Crimée. Paris : P.O.L. 2018. • ILLICH, Ivan. Oeuvres complètes (vol II) : Dans le Miroir du Passé. Domont : Fayard, 2019. (Editions Descartes et Cie, 1994). • ILLICH, Ivan. Oeuvres complètes (vol II) : Le Genre Vernaculaire. Domont : Fayard, 2019. (Editions Descartes et Cie, 1994). • RICHEUX Marie. Climats de France. Paris : Sabine Wespieser. 2017. • ROLLOT Matthias. Critique de l’habitabilité. Paris : Libre et Solidaire. 2017. • SPIVAK, Gayatri Chakravorty. Les subalternes peuvent-elles parler ?, Paris : Éditions Amsterdam, 2020. (original : 1988) Livrets associatifs : • Association Groupe Mémoire. Nantes Sud, entre mémoire et histoire. Bulletins n°5 &7. 2011 & 2013. Mémoires de Master : • RAIS, Houda. Réhabilitation énergétique du logement social : architecture sans les habitants ? Mémoire de Master. ENSA Nantes, septembre 2019. Sous la direction de Bettina Horsch. • SEMETE Lucie. Voisins solidaires. Le voisinage comme support à l’inclusion des réfugiés ? Mémoire de Master. ENSA Nantes, juin 2019. Sous la direction de Laurent Devisme.
110
Médiagraphie Articles en ligne : • “De l’humanisation à la destruction du béton. La politique de la ville des années 1970 aux années 1980.” Thibault Tellier, Essai, Métropolitiques, 8 octobre 2018. Consulté le 11 décembre 2020. https://metropolitiques.eu/De-l-humanisation-a-la-destruction-du-beton-La-politique-de-la-ville-des-annees.html
• DROZ, Bernard. Histoire de la décolonisation au 20e siècle, Paris, Seuil, « L’Univers historique », 2006, p. 8. Dans “Point de vue - La décolonisation, cette histoire sans fin.” de RIOUX, Jean-Pierre, Vingtième siècle. Revue d’Histoire, 2007, n°96. Consulté le 13 décembre 2020. https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2007-4-page-225.htm#no2
• KOHN, Margaret, Colonialism, Stanford Encyclopedia of Philosophy, 2006. Consulté le 13 décembre 2020. https://plato.stanford.edu/entries/colonialism/
• KROLL Lucien, Incrémentalisme, La Fabrique de l’hospitalité. Consulté le 07 janvier 2021.
http://lafabriquedelhospitalite.org/processus/1405/incrementalisme?fbclid=IwAR0zQnryu5JK4jiDbeWJPaqHJmBskYjwHxO7eIQ oG-SZhm6p6VxknWUJpiU
• “Nantes : un match de foot de quartier se termine avec deux blessés par balle.” Article de Ouest France, publié le 03 août 2019. Consulté le 11 décembre 2020. https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/clos-toreau-nantes-un-match-de-foot-de-quartier-se-termine-avec-deuxblesses-par-balle-6468771
• “Nantes. Leur immeuble infesté par les blattes, ils racontent leur “enfer””. Article Presse Océan, publié le 09 octobre 2020. Consulté le 11 décembre 2020. https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/temoignage-nantes-leur-immeuble-infeste-par-les-blattes-ils-racontentleur-enfer-647c2a0a-094f-11eb-9c72-ad7ad3584467
• “Résidentialisation : de la coveillance au sécuritaire”. Article de Violette-Ghislaine Loriot-Bouvreuil, n°12 de Cause Commune. Juillet - août 2019. Consulté le 11 décembre 2020. https://www.causecommune-larevue.fr/residentialisation_de_la_coveillance_au_securitaire
• « Une architecture hospitalière, ça n’existe pas », Léopold Lambert, Le Journal de la Culture & Démocratie, Le Supplément, Journal 49. Consulté le 13 décembre 2020.
https://lejournaldeculturedemocratielasuite.wordpress.com/2019/03/11/une-architecture-hospitaliere-ca-nexiste-pas-entretienavec-leopold-lambert/
Sites internet : • Site officiel de l’ANRU - Présentation. Consulté le 12 décembre 2020. https://www.anru.fr/presentation-de-lanru
• BATIMAT. Rénovation énergétique.Consulté le 13 décembre 2020. https://blog.batimat.com/renovation-energetique/
111
• BOUCHAIN, Patrick, Construire Ensemble le Grand Ensemble. Consulté le 18 novembre 2020. http://strabic.fr/Construire-Ensemble-le-grand-ensemble#nb1
• Clos Toreau - Joliot Curie, Journal de projet n°9. Nantes Métropole Aménagement.Décembre 2016. consulté le 06 décembre 2020. https://www.nantes-amenagement.fr/wp-content/uploads/2017/02/Clos-Toreau_JdP-9_dec-2016.pdf
• Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales : - Individualisation. définition en ligne. Consulté le 13/12/2020. https://www.cnrtl.fr/definition/individuation
- Informel. définition en ligne. Consulté le 13/12/2020. https://www.cnrtl.fr/definition/informel
• Etude COMPAS 2018. Consulté le 06 décembre 2020. https://www.contrat-ville-agglonantaise.fr/les-quartiers/clos-toreau/
• Site du Gouvernement du Canada, Aperçus culturels. Consulté le 15 décembre 2020.
https://www.international.gc.ca/global-affairs-affaires-mondiales/services/cfsi-icse/cultural-insights-apercu-culturelles/index. aspx?lang=fra&fbclid=IwAR1O6OvmRQ1LfbQQ_ewJ7O1HxRAS7Ease5fpz4hwnhvQedxo0DUnueLxWP0
• Hundertwasser, Expositions, “La troisième peau dans le troisième arrondissement”. Consulté le 13/12/2020. https:// www.hundertwasser.at/francais/ausstellungen/khwhaut.php
• La Preuve par 7 : Consulté le 06/12/2020. https://lapreuvepar7.fr/
• Larousse : - Décoloniser. Consulté le 12 décembre 2020. https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/d%c3%a9coloniser/22302?q=d%c3%a9coloniser#22181
- Rénovation. Consulté le 13 décembre 2020.
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/r%c3%a9novation/68239
- Social. Consulté le 18/11/2020.
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/r%C3%A9novation/68239/locution
- Rénovation urbaine. Consulté le 13 décembre 2020.
https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/r%C3%A9novation_urbaine/87389
• Légifrance : - Architecture, loi n° 77-2 du 3 janvier 1977, Article 1. Consulté le 12 décembre 2020. https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGITEXT000006068580/2011-04-18/
- Article 6 de la Loi n° 2003-710 du 1 août 2003 d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine. Consulté le 13 décembre 2020. https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000428979/2020-12-13/
- Annexe de l’arrêté du 4 juillet 2018 portant approbation du règlement général de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine relatif au nouveau programme national de renouvellement urbain. Consulté le 13 décembre 2020.https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000037160529?r=NlnlxRyHPd • Logement social. Définition du Ministère de la Transition Écologique. Consulté le 06 décembre 2020. https://www.ecologie.gouv.fr/logement-social-hlm-definition-categories-financement-attribution-acteurs
112
• Nantes Métropole. Consulté le 06 décembre 2020 : https://www.contrat-ville-agglonantaise.fr/wp-content/ uploads/2018/03/QPV_Q11_Clos_Toreau_2015.pdf
• Notre Atelier Commun :
http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/1/51/74/17/1107_REF-NAC.pdf https://lapreuvepar7.fr/wp-content/uploads/2018/10/NAC-2018-web.pdf
• Rencontre un archi. Rénovation urbaine. Consulté le 13 décembre 2020. https://www.rencontreunarchi.com/article/quest-ce-quune-rehabilitation/
• Wikipédia : - Casbah d’Alger. Consulté le 08 janvier 2021. https://fr.wikipedia.org/wiki/Casbah_d%27Alger - Études postcoloniales. Consulté le 12 décembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tudes_postcoloniales - Grand ensemble en France.Consulté le 06 décembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_ensemble_en_France - Minguettes. Consulté le 11 décembre 2020. https://fr.wikipedia.org/wiki/Minguettes - Renouvellement urbain. Consulté le 13 décembre 2020.https://fr.wikipedia.org/wiki/Renouvellement_urbain • Bible, Genèse 11 : 1.9. Consulté le 10 janvier 2021. https://info-bible.org/lsg/01.Genese.html Vidéos et émissions de radio : • Centre d’Histoire Sociale, réalisation Jeanne Menjoulet, Filmer les grands ensembles, documentaire issu de la thèse de Camille Canteux. 2016. https://www.youtube.com/watch?v=VDUBwVPNh0s
• “Coronavirus - Nantes : solidarité au Clos Toreau”. France 3 Pays de la Loire, 11/05/2020. Consulté le 23 novembre 2020 https://www.youtube.com/watch?v=XpCB8pjlxzE
• Conférence de Stéphanie Dadour à la Maison de l’architecture d’Ile de France le 9 novembre 2020. Consulté le 13/12/2020. https://www.facebook.com/watch/live/?v=360672121877964&ref=watch_permalink
• Conférence de Lucien Kroll, Ecole Nationale Supérieure de Nancy, 2015. Consulté le 13/12/2020. https://biblio.nantes.archi.fr/cgi-bin/koha/opac-detail.pl?biblionumber=43852
• “21 mars 1973 : fin de la construction de grands ensembles”, Thomas Snégaroff, France Info, 15 janvier 2015. Consulté le 11/12/2020. https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/histoires-d-info/21-mars-1973-fin-de-la-construction-de-grands-ensembles_1769827.html
• Émission les Idées Claires du 28/04/2011 Les subalternes peuvent-ils parler ? , France Culture. Consultée le 06/12/2020. https://www.franceculture.fr/emissions/les-idees-claires-de-clementine-autain/les-subalternes-peuvent-ils-parler
113
Iconographie • Page 1 : La façade du 3 rue d’Hendaye. Photographie personnelle. • Page 6 : La Grande Tour de Babel, Pieter Brueghel l’Ancien, huile sur panneau de bois, 1563, H. 1,14m et L 1,55m, conservée au Kunsthistorisches Museum (Vienne) : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/fc/
Pieter_Bruegel_the_Elder_-_The_Tower_of Babel_%28Vienna%29_-_Google_Art_Project_-_edited.jpg/1280px-Pieter_Bruegel_ the_Elder_-_The_Tower_of_Babel_%28Vienna%29_-_Google_Art_Project_-_edited.jpg
• Pages 18-19 : Carte de Nantes et ses alentours. Fond de plan Géoportail et montage personnel. • Pages 20-21 : Le Clos Toreau dans le quartier Nantes Sud. Echelle 1 / 10000. Fond de plan Géoportail et montage personnel. • Pages 26-27 : Diagramme de problématisation - premier rendu du semestre 22/10/2020. Montage personnel. • Pages 28-29 : Plan du Clos Toreau et de ses alentours. Dessin personnel. • Pages 30-31 : Schéma axonométrique du Clos Toreau et de ses alentours. Dessin personnel. • Pages 32-33 : Rue Saint-Jean-de-Luz. Photographie personnelle. • Pages 34-35 : Place du Muguet Nantais, vue sur le boulevard Emile Gabory et l’arrêt de busway Clos Toreau. Photographie personnelle. • Pages 36-37: Allée piétonne, à droite les jeux d’eaux, en face la Maison des Confluences. Photographie personnelle. • Pages 38-39 : Immeuble rue Saint-Jean-de-Luz, derrière la Maison des Confluences. Photographie personnelle. • Pages 40-41: Place du Pays Basque, nouvel aménagement piéton, en face l’immeuble 2 rue d’Ascain. Photographie personnelle. • Page 42 : - Vue aérienne du quartier en 1956, AMN. Issue du livret associatif n°5 du Groupe Mémoire. - La deuxième ligne de ponts et l’échangeur de la Grande Grèneraie au milieu des années 70, Collection particulière. Issue du 114
livret associatif n°5 du Groupe Mémoire. • Page 43 : Le centre commercial SUMA et la cité du Clos Toreau en 1979 - AMN. Issue du livret associatif n°5 du Groupe Mémoire. • Page 48 : Cosmogonie des acteurs du Clos Toreau. Dessin personnel, inspiré de «ALL BLM» de l’illustratrice Marie Casays. • Pages 52-53 : 3 et 5 rue d’Hendaye depuis le citystade, jour. Photographie personnelle. • Pages 54-55 : 3 et 5 rue d’Hendaye depuis la rue d’Hendaye. Photographie personnelle. • Pages 56-57 : 3 et 5 rue d’Hendaye depuis le citystade, nuit. Photographie personnelle. • Pages 58-59 : 3 rue d’Hendaye au sein du quartier du Clos Toreau. Plan personnel. Plan existant de rez-de-chaussée du 3 rue d’Hendaye. Échelle 1/100 : plan personnel d’après documents de Nantes Métropole Habitat. • Pages 60-61 : 3 rue d’Hendaye au sein du quartier du Clos Toreau. Plan personnel. Plan existant d’un étage courant pair du 3 rue d’Hendaye. Échelle 1/100 : plan personnel d’après documents de Nantes Métropole Habitat. • Page 70 : Walled City, Kowloon, Hong-Kong. Coupe réalisée par une équipe de chercheurs japonais : https://www.archdaily. com/95757/kowloon-walled-city/kowloon-cross-section-low
• Page 71 : - Elemental : Quinta Monroy, à Iquique, Chili, 2013 - 2014 : https://images.adsttc.com/media/images/5010/2e3c/28ba/ 0d42/2200/1005/newsletter/stringio.jpg?1414338646
- BEL Associates : Structure and Settlers DIY Multifamily Housing, Hamburg, 2012-2013 : https://kunstnerneshus.no/ uploads/_768xAUTO_crop_center-center_90_1/IBA_Ansicht.jpg
• Page 74 : - Transformation de 530 logements, quartier du Grand Parc, Bordeaux. Lacaton, Vassal, Druot, Hutin, 2016 : https://www. lacatonvassal.com/index.php?idp=80&fbclid=IwAR0CB2peV1uz2ofyG0jmnCPPxno2mXwTmevfyKoDI0r_8uaJMYhi5DFGxHA
• Page 75 : - Transformation de la Tour Bois le Prêtre - Paris 17 - Druot, Lacaton & Vassal, 2011 :
https://www.lacatonvassal.com/index.php?idp=56&fbclid=IwAR1ubYTkZAAo2VDZHMo3x1b8CtMGbRgVuF1FfxDUKNLbXXcN3dEQv-AQQE#
• Page 76 : - Cohabita, av. de la Renaissance, rues Murillo, Hobbema, Leys, Bruxelles, Belgique, 1976 : https://www.francetvinfo.fr/
pictures/Bn2ucmQfJufpFsfnzBOrNMT1NNI/fit-in/720x/filters:format(webp)/2019/04/12/kroll-11-bruxelles.jpg - Lucien Kroll, Enfin chez soi... Réhabilitation de préfabriqués, Berlin-Hellersdorf, Allemagne, 1994 : https://www.francetvinfo. 115
fr/pictures/qVoTPgr5ZBThQki6Hu1MHi_kZNw/fit-in/720x/filters:format(webp)/2019/04/12/kroll-berlin-croquis.jpg
• Pages 78-79 : Série photographique des maquettes conceptuelles : photographies et maquettes personnelles. • Page 81 : Représentation de la façade imaginée au 3 décembre 2020 : dessin personnel. • Page 82 : Extrait de la représentation de la façade imaginée au 3 décembre 2020 : dessin personnel. • Page 83 : Extraits de la représentation de la façade imaginée au 3 décembre 2020 : dessin personnel. • Page 86 : - Afghanistan : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2017/10/maison-boue-afghanistan-8.jpg - Albanie : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2017/12/Maison-Ottomane-Kruje-2.jpg
https://rouelibre3.wordpress.com/albanie/dsc_9587b/ - Algérie : http://3.bp.blogspot.com/-gGOFMHgwYyI/U9kybsSVQBI/AAAAAAAABPA/_hIyfBW5xwM/s1600/34.jpg - Côte d’Ivoire : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2015/12/petites-maisons-cote-ivoire.jpg - Guinée : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2016/12/hutte-traditionnelle-guinee-8.jpg - Guyane : https://johannchabert.files.wordpress.com/2012/05/19-cayenne.jpg - Nigeria : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2015/09/haoussas-maison.jpg - Sénégal : https://www.africavernaculararchitecture.com/wp-content/uploads/2015/03/Senegal-Flickr-hn-1024x768.jpg - Somalie : https://i.pinimg.com/736x/34/d3/6d/34d36d948d8d3f36c2c5284947eab64d.jpg - Soudan : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2015/06/maison-soudan-1.jpg - Syrie : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2016/08/maison-syrienne-avec-cour-11.jpg - Tchétchénie : https://thumbs.dreamstime.com/b/caucasus-chechnya-shira-yurt-chechen-republic-germenchuk-ethnographiccomplex-164454427.jpg - Tunisie : https://thumbs.dreamstime.com/b/mai-sidi-bou-dit-tunisie-porte-balcon-et-fen%C3%AAtres-tunisiens-typiques-dapparence-de-fa%C3%A7ade-maison-said-typique-bien-connus-pour-146195651.jpg - Vietnam : https://cdn.getyourguide.com/img/tour/57be5356094d1.jpeg/146.jpg
• Page 87 : - Afghanistan : https://i.pinimg.com/originals/62/b8/ea/62b8ea21558817821b27cfdb4352c120.jpg - Albanie : https://rouelibre3.wordpress.com/albanie/dsc_9587b/ - Algérie : https://i.pinimg.com/originals/9a/c9/71/9ac971266a2711c56f6110e7c3d7c67e.jpg - Côte d’Ivoire : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2015/12/maison-tradi-cote-divoire-3.jpg - Guinée : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2016/12/hutte-traditionnelle-guinee-5.jpg - Guyane : https://www.parc-amazonien-guyane.fr/sites/parc-amazonien-guyane.fr/files/pag_003314_bd.jpg - Nigeria : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2017/02/maison-traditionnelle-haoussa-4.jpg - Sénégal : https://www.vos-photos.eu/photo_29840_9.jpg - Somalie : https://i.pinimg.com/originals/0a/1f/2b/0a1f2b4327754acc9c822d5a2d5f41a8.jpg - Soudan : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2017/02/voute-nubienne-11.jpg - Syrie : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2017/11/Maison-traditionnelle-de-Damas-2.jpg - Tchétchénie : https://s3.amazonaws.com/media.saffronart.com/auctions/2012/carpetsnov/carpets_oct12bb_01404_big.jpg - Tunisie : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2017/03/ghorfas-medenine-7.jpg - Vietnam : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2017/11/maisons-%C3%A0-ho-chi-min-ville-3.jpg • Page 88 : - Afghanistan : https://i.pinimg.com/originals/16/68/33/166833a99e23cd966dfb82d0676051e3.jpg
116
- Albanie : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2017/11/maisons-pierre-Gjirokaster-7.jpg - Algérie : https://tse3.mm.bing.net/th?id=OIP.DQty6l4WLGSIHb9_WXPZmwHaFj&pid=Api - Côte d’Ivoire : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2016/12/maison-rurale-cote-divoire-5.jpg - Guinée : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2016/09/hutte-guinee-5.jpg - Guyane : https://www.facebook.com/capifrance/photos/pcb.1297504887042144/1297500030375963/ - Nigeria : https://www.francetvinfo.fr/pictures/6au9p2UzfZSN_8EKObEGBhbRI0w/fit-in/720x/2018/11/27/Le-cheftraditionnel-Adeyeye-Adenji-dans-sa-masion-d-Ilesa-sud-ouest-Nigeria.jpg - Sénégal : https://i.pinimg.com/originals/f9/61/a8/f961a8fa8f7f940bda5e97b3a5830e4a.jpg - Somalie : https://c8.alamy.com/compit/2cn688n/fahmo-mantan-warsame-e-i-suoi-figli-guardano-la-televisione-all-internodella-loro-casa-a-mogadiscio-somalia-21-febbraio-2018-foto-scattata-il-21-febbraio-2018-omar-reuters-feisal-2cn688n.jpg - Soudan : https://www.clio.fr/pdfvoyage/pdf_47268.pdf - Syrie : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2017/11/Maison-traditionnelle-de-Damas-6.jpg - Tchétchénie : https://c8.alamy.com/comp/H9R8FN/grozny-russia-24th-nov-2016-relatives-in-the-grooms-house-during-aH9R8FN.jpg - Tunisie : https://i.pinimg.com/600x315/d9/c1/70/d9c1702688792c1e8e974cf869d67768.jpg - Vietnam : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2017/11/appartement-ho-chi-min-ville-1.jpg
• Page 89 : -Afghanistan : https://cdn.vox-cdn.com/thumbor/Z_i7P0W_K-MiJz5CsFWhNmE0hKo=/0x0:4896x3264/1200x0/ filters:focal(0x0:4896x3264):no_upscale()/cdn.vox-cdn.com/uploads/chorus_asset/file/7993969/bost_food_cooking.jpg - Albanie : https://i0.wp.com/www.snooze-again.com/wp-content/uploads/2019/05/3_Albanie_Elbasan_063. jpg?fit=1290%2C1000&ssl=1 - Algérie : https://p6.storage.canalblog.com/61/86/829251/63108615.jpg - Côte d’Ivoire : https://abidjancityblog.files.wordpress.com/2017/08/mg_1635.jpg?w=880&h=312&crop=1 - Guinée : https://lims.mondoblog.org/files/2011/06/IMGP1537.jpg - Guyane : https://www.parc-amazonien-guyane.fr/sites/parc-amazonien-guyane.fr/files/marche_artisan - Nigeria : https://lh3.googleusercontent.com/proxy/bi6h-zDRC8c4gjoOB-o7wv3rkyU1t0FkfSyuoWW5eAf2O9KVAuqCQpP1B gZwrth98sAPjBMO9_RyWAuNDiZwuwFpg67gA5yIzBhrKY7jT50NpYRGgmq6owGD78eFlg - Sénégal : https://hellolaroux.com/wp-content/uploads/2018/05/keur-bamboung-5-940x627.jpg - Somalie : https://sahrakoshin.files.wordpress.com/2014/09/bm8op92ccaat69p.jpg?w=377&h=260 - Soudan : https://alimancharityfoundation.org/assets/images/kisra-maker-1080x720.jpg - Syrie : https://img.aws.la-croix.com/2017/07/27/1200865849/fourneaux-Lina-goute-preparation-laitiere-accompagnerboulettes-viande_2_778_519.jpg - Tchétchénie : https://www.aljazeera.com/wp-content/uploads/2019/10/e7277c5639774357a05e4251612f0625_18. jpeg?fit=999%2C562 - Tunisie : https://i.pinimg.com/736x/31/94/45/319445d1351b431f0b11fcc461763ed8--couscous-mint-tea.jpg - Vietnam : https://m.psecn.photoshelter.com/img-get/I0000M7Vq.qvz7Os/s/1200/I0000M7Vq.qvz7Os.jpg
• Page 90 : - Afghanistan : http://globaltableadventure.com/wp-content/uploads/2010/02/1174301140820_Afghanistan-sandali.jpg - Albanie : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2017/11/int%C3%A9rieur-maison-tour-kulla-albanie-7.jpg - Algérie : https://i.pinimg.com/originals/99/97/09/999709e8d7616532f4014811bb1d67b1.jpg - Côte d’Ivoire : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2016/12/huttes-mandingues-3.jpg - Guinée : https://retimdotorg.files.wordpress.com/2018/06/img_2091.jpg - Guyane : https://www.guyane-amazonie.fr/sites/ctguyane/files/styles/teaser/public/touki-se-loger-2.jpg?itok=YChnjl2D - Nigeria : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2017/10/maison-color%C3%A9e-lagos-4.jpg - Sénégal : https://hellolaroux.com/wp-content/uploads/2018/05/keur-bamboung-2-1300x750.jpg - Somalie : https://somalithinktank.org/wp-content/uploads/2011/07/Famine51.jpg - Soudan : https://www.clio.fr/pdfvoyage/pdf_47268.pdf - Syrie : https://media-cdn.tripadvisor.com/media/photo-s/07/63/aa/a5/riad-herougui.jpg 117
- Tchétchénie : https://f7.pmo.ee/eyEsyZbCg3irHuHasPeLhFfjOko=/1200x630/smart/nginx/ o/2015/03/17/3878141t1h727a.jpg - Tunisie : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2017/03/Maison-typique-medina-Tunis-9.jpg - Vietnam : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2017/11/appartement-ho-chi-min-ville-5.jpg
• Page 91 : - Afghanistan : https://www.flickr.com/photos/gtzecosan/sets/72157625903333780 - Albanie : https://image.novasol.com/pic/1024/ald/201801291134/ald125_bath_01.jpg - Algérie : https://i.pinimg.com/originals/65/b1/73/65b173b0fe4aa15303d8536a5d89f8c3.jpg - Côte d’Ivoire : https://media-cdn.tripadvisor.com/media/photo-s/08/2b/6f/b1/hotel-cote-sud.jpg - Guinée : https://www.roomsforafrica.com/new-gallery/majesticviews_2-x_large.jpg - Guyane : https://milleetunenuitsguyane.com/wp-content/uploads/2019/01/GHO00001-copie.jpg - Nigeria : https://st.hzcdn.com/simgs/pictures/powder-rooms/banana-island-lagos-nigeria-zelman-style-interiorsimg~2821501c0329ae34_4-2227-1-433d218.jpg - Sénégal : https://p1.storage.canalblog.com/12/40/572575/61943392_p.jpg - Somalie : https://41.media.tumblr.com/f443966ad55cc519a2a3dd3d8eed3c7d/tumblr_n8tv5snmOz1t7t2nko2_r1_1280.jpg - Soudan : https://madrastourist.files.wordpress.com/2013/04/karima151.jpg - Syrie : https://i0.wp.com/www.hisour.com/wp-content/uploads/2019/09/Syrian-Room-Shangri-La-Museum-of-Islamic-ArtCulture-Design.jpg?fit=960%2C640&ssl=1&w=640 - Tchétchénie : https://i.pinimg.com/originals/d1/ef/7f/d1ef7f759c04e9b35aa1e42f2866f694.jpg - Tunisie : https://maison-monde.com/wp-content/uploads/2017/03/Maison-typique-medina-Tunis-13.jpg - Vietnam : https://q-xx.bstatic.com/xdata/images/hotel/max500/231140176. jpg?k=5e25a46fe0c7a07b2759123d4dccfcb8418b486361c8f6d5b9dfe62dd7e0ff03&o=
• Page 94 : Représentation de la façade imaginée au 18 décembre 2020 : dessin personnel. • Page 95 : Représentation de la coupe imaginée au 18 décembre 2020 : dessin personnel. • Page 98-99 : Plan d’un étage courant du 3 rue d’Hendaye, avec des modes d’habiter imaginés. Échelle 1/100 : plan personnel. • Page 100-101 : Plan d’un étage courant du 3 rue d’Hendaye, après une première étape de réhabilitation. Échelle 1/100 : plan personnel. • Page 102-103 : Plan d’un étage courant du 3 rue d’Hendaye, après une deuxième étape de réhabilitation. Échelle 1/100 : plan personnel.
118
Annexes 01. Lexique
Rénovation1 : Action de remettre à neuf par de profondes transformations. Rénovation énergétique2 : Action qui consiste à réaliser des travaux sur un bâtiment existant afin d’améliorer sa performance énergétique. Cette performance prend en compte à la fois la réduction de la consommation d’énergie comme le gaz ou l’électricité, mais aussi le confort des occupants. Rénovation urbaine3 : Procédure d’aménagement d’un quartier ancien impliquant l’acquisition des immeubles situés dans le périmètre visé, leur démolition puis une reconstruction planifiée de l’ensemble. PNRU (Programme National de Rénovation Urbaine)4 : Le programme national de rénovation urbaine vise à restructurer, dans un objectif de mixité sociale et de développement durable, les quartiers classés en zone urbaine sensible. [...] Il comprend des opérations d’aménagement urbain, la réhabilitation, la résidentialisation, la démolition et la production de logements, la création, la réhabilitation et la démolition d’équipements publics ou collectifs, la réorganisation d’espaces d’activité économique et commerciale, ou tout autre investissement concourant à la rénovation urbaine.
Réhabilitation5 : Réaménagement d’un bâtiment ou local en gardant l’aspect extérieur et en y améliorant le confort intérieur. La réhabilitation suppose le respect du caractère architectural des bâtiments. En d’autres termes, il s’agit de conserver une partie d’un ouvrage (façade ou structure, entièrement ou en partie) et en remanier plus ou moins profondément une autre. Dans certains cas, la réhabilitation peut déboucher sur un changement de destination de l’ouvrage. Renouvellement urbain6 : Le renouvellement urbain est, en urbanisme, une forme d’évolution de la ville qui désigne l’action de reconstruction de la ville sur elle-même et de recyclage de ses ressources bâties et foncières. Celle-ci vise en particulier à traiter les problèmes sociaux, économiques, urbanistiques, architecturaux de certains quartiers anciens ou dégradés, ainsi qu’à susciter de nouvelles évolutions de développement notamment économiques, et à développer les solidarités à l’échelle de l’agglomération (meilleure répartition des populations défavorisées, au travers de l’habitat social notamment). NPNRU (Nouveau Programme National de Renouvellement urbain)7 : Le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) traduit une ambition politique : la transformation profonde des 5 Rencontre Un Archi. Consulté le 13 décembre 2020.
1 Larousse, définition. Consulté le 13 décembre 2020. 2 BATIMAT. Consulté le 13 décembre 2020. 3 Larousse, définition. Consulté le 13 décembre 2020. 4 Article 6 de la Loi n° 2003-710 du 1 août 2003 d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine. Consulté le 13 décembre 2020. 120
6 Renouvellement urbain - Page Wikipédia. Consulté le 13 décembre 2020. 7 Annexe de l’arrêté du 4 juillet 2018 portant approbation du règlement général de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine relatif au nouveau programme national de renouvellement urbain. Consulté le 13 décembre 2020.
quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) concentrant les difficultés sociales et présentant les dysfonctionnements urbains les plus importants, en matière d’enclavement, de dégradation du bâti et des espaces publics, de trames urbaines et foncières inadaptées, de déficit d’offre commerciale et de services, de difficultés d’accès aux activités économiques. Il vise à concentrer les moyens et ressources de l’Agence pour soutenir les investissements et les dépenses d’ingénierie directement liées permettant d’aboutir à une mutation des quartiers, et favoriser la mixité sociale et fonctionnelle en développant la diversité de l’habitat (statuts, typologie des bâtiments et des logements) et des fonctions (équipements, commerces, activités économiques).
121
02. Extraits d’entretiens
Xavier Picard Visite du Clos Toreau avec Xavier Picard, membre de l’équipe de quartier Nantes Sud, le lundi 19 octobre 2020. Extrait n° 1 : E : Et vous c’est quoi votre rôle justement entre la mairie et les habitants ? X : Moi je fais partie de l’équipe de quartier. L’équipe de quartier a trois rôles principaux. Premier rôle, c’est animer toute la démocratie participative : les différentes réunions, informations à des projets, consultation, concertation sur toutes les thématiques. Nous, l’équipe de quartier, on ne travaille que sur un territoire qui est Nantes Sud. On est territorialisé. Notre deuxième rôle c’est faire de la coordination sur toutes les thématiques de la ville, sur le territoire Nantes Sud avec tous les partenaires. On est vraiment sur de la coordination technique pour prioriser les actions spécifiques à Nantes Sud en croisant les politiques publiques qui sont à l’échelle de la ville ou à l’échelle de NM ou même des politiques publiques à l’échelle du département, sur CCMS et les croiser avec nous ce qui nous paraît important pour le quartier Nantes Sud, les particularités de population. On anime les groupes de coordination sur toutes ces thématiques : vie sociale, tranquillité publique, emploi, espace public avec les services dont on a besoin pour coordonner tout ça. C’est notre deuxième grand rôle. Et notre troisième rôle c’est d’être un point d’information de proximité pour l’habitant. Et puis maintenant comme on est avec nos collègue de la mairie annexe, ça permet de repérer et l’objectif c’est qu’on puisse répondre à toutes les questions ou les mettre en relation avec les bonnes personnes et que les gens n’aient pas à courir tous les bureaux de toutes la ville sur trente endroits différents ou de téléphoner.
122
Extrait n° 2 : X : [...] En équipement, avant il y avait un centre socio-culturel de l’Accoord, on a créé une maison de quartier où à l’intérieur il y a le centre socio-culturel. On avait une halte garderie qui était au rez-dechaussée de ce bâtiment là, dix enfants avec une petite courette devant. Maintenant, on a une crèche de 40 enfants. La pharmacie, elle existait, elle était là. On a profité de ce projet urbain pour redimensionner et essayer de créer des équipements grand quartier autour de l’ex autoroute et donc de l’arrêt du busway. Alors qu’avant on avait des équipements Clos Toreau avec le centre socio-culturel et la halte garderie 10 places. On a essayé de créer des équipements grand quartier avec le Super U qui s’est agrandi, la crèche, la maison de quartier, le CMS nous a rejoint pour x y z raisons il ne sont pas restés. [...] Et c’est quasiment le centre du quartier Nantes Sud. Et puis ça permettait de faire vraiment la couture. Les gens du Clos Toreau, ils traversent pour aller au Super U, pour aller à la mairie. Les gens d’en face ils traversent pour aller à la maison des confluences, ils traversent pour venir à la crèche. Alors qu’avant, avec l’autoroute on avait vraiment deux espaces de vie bien séparés. L’objectif, pour moi et pour beaucoup de gens, chacun rentre dans le quartier. La difficulté avec un quartier prioritaire c’est que si on n’y habite pas, il y a rarement grand chose à faire donc on n’y va pas mais ça n’empêche pas d’avoir un avis. Et en général il est négatif. La première volonté c’est de dire «Il faut trouver des usages pour que les gens viennent.» Et après ils auront un avis mais au moins par rapport à ce qu’ils auront vu et pas par rapport à ce qu’ils ont entendu, ce qu’on a envie de colporter, de l’imaginaire d’un quartier prioritaire.
Extrait n° 3 : X : [...] Non, là je pense qu’on a un groupe d’instits’ vraiment très très bon, et qui fait que ça passe bien. Et ça permet de faire venir des gens extérieurs au Clos Toreau. Donc résultat, ils ont une autre image. Enfin, ça permet... Comme je disais tout à l’heure, des gens ont des avis sur les quartiers prioritaires alors qu’ils n’y sont jamais allés. Le problème c’est que en général, si on y habite pas, on a rien à y faire. Donc on y va pas. Et donc c’était aussi une volonté de projet de voir comment on pouvait mettre des équipements qui obligeaient les gens de l’extérieur à venir. Extrait n° 4 : X : On a évité la rue St Jean-de-Luz, qui est la rue, où vous avez dû voir, j’ai le plus de problème de propreté autour des cuves enterrées. Il faut que j’y travaille. Il faut qu’on arrive à vraiment améliorer. C’est vraiment la rue où c’est le moins respecté, alors il faut essayer de comprendre pourquoi. C : Vous savez pourquoi justement ? X : Y’a plusieurs choses... C’est la rue où j’ai les plus grands logements, où j’ai les plus grandes familles. Donc après... Résultat j’ai souvent des gros sacs, qui ne passent pas ou qui passent difficilement. Souvent c’est la mission de l’enfant. Donc peut-être que c’est compliqué. Pourtant, on a mis des trucs à pédale pour essayer de simplifier etc. Donc je vais dire un argument, je ne veux pas que ça soit mal interprété... Grandes familles, ce sont souvent des familles étrangères. Culturellement, suivant les pays, l’hygiène c’est l’hygiène du corps, c’est l’hygiène de la maison. L’hygiène de l’environnement c’est pas forcément une préoccupation. Du moment que le déchet est évacué de la maison, on estime que ce n’est plus un problème. Donc y’a ça aussi qui faut que laisser traîner un sac par terre, c’est moins problématique pour certains que pour d’autres. Moi, dans les années 80, quand on allait pique-niquer, on ramenait pas toujours nos trucs... Aujourd’hui, 30 ans après, c’est un truc qu’on fait moins. C’est aussi de l’éducation, de l’évolution de la sensibilisation.
123
Ci-après se trouvent des extraits d’entretiens, modifiés pour être conformes à l’anonymisation dûe aux habitantes.
Habitante A. Entretien avec Habitante A., par Skype puis téléphone, le mercredi 11 novembre 2020, vers 15h. Durée de l’entretien : environ deux heures. L’Habitante A. occupe au deuxième étage, depuis vingt ans, un appartement de type T3, seule. Elle travaille actuellement en tant que directrice d’accueil périscolaire dans un établissement scolaire. Extrait n°1 : E : Pouvez-vous vous présenter rapidement ? A : Alors, moi je suis célibataire, j’habite seule dans mon appartement. Ça m’arrive de recevoir des amis. Et dans cet appartement, j’ai aussi hébergé des amis étudiants pour de longues périodes, que ça soit un an ou six mois. J’habite le quartier depuis toujours. J’ai 48 ans et je suis arrivée j’avais un an. Donc ça fait 47 ans que j’habite le Clos Toreau en ayant fait quelques infidélités parce que j’ai habité un an à Lyon et je logeais aux Minguettes qui est un immense quartier prioritaire, on va dire. C’est immense, à Vénissieux. Quand je dis immense, c’est qu’il y a quatre centres socio-culturels sur le même quartier donc c’est vraiment immense. Et puis, j’ai vécu deux ans en Egypte et un an en Albanie. Deux ans en Egypte, pas de manière simultanée, mais j’y ai fait des études d’arabe notamment. Voilà, et dans la vie, au moment T où je vous parle, je viens de prendre un boulot de direction d’accueil périscolaire, depuis un mois, d’une école qui se trouve à trois quarts d’heures de chez moi et c’est bien le problème parce que c’est très loin. Extrait n° 2 : E : Vous nous avez dit que cela fait 47 ans que vous habitez ici. Aujourd’hui vous habitez dans le même appartement où vous avez vécu pendant votre enfance ? A : Non. Mes parents étaient à 300m, et donc j’ai pris cet appartement en janvier 2001, après avoir refusé un autre appartement qui se situait dans l’immeuble juste
124
à côté de là où j’avais grandi, et je trouvais vraiment que cela faisait trop près. J’ai dû refuser en septembre / octobre. J’avais fait ma demande avant de partir en Albanie. Quand je suis revenue d’Albanie en septembre 2000, je n’avais pas d’appart, j’ai un peu squatté à droite, à gauche. Je pouvais être chez mes parents mais ce n’était pas très drôle, du coup j’ai eu cet appartement assez rapidement. J’ai voulu demander à avoir un appartement au Clos Toreau, pour des raisons familiales parce que mon père était décédé en novembre 1999 et ma mère était malvoyante, elle ne voyait pas beaucoup, elle a perdu la vue subitement, elle a dû arrêter de conduire du jour au lendemain. Du coup, elle a eu une perte d’autonomie. Moi je suis fille unique et je ne me voyais pas aller habiter trop trop loin même si pour elle il était hors de question que je sois dans ses pattes. N’empêche que c’était quand même plus pratique et puis aussi le fait que quand même c’est un quartier assez agréable, et que ça a un fonctionnement de petit village. J’avais pensé à un moment aller du côté de la gare, j’avais demandé des HLM à côté de la gare pour pouvoir prendre le train plus facilement. Mais bon, quand je réfléchis, je me dis heureusement que je n’ai pas poussé ça parce que c’était quand même beaucoup mieux ici. Extrait n° 3 : E : D’accord. Et aujourd’hui un T3 c’est une pièce de vie centrale avec cuisine et deux chambres, c’est ça ? A : Oui c’est ça, sachant que la cuisine elle est dans le salon. Je ne sais pas si vous allez pouvoir voir, là où je suis assise c’est le meuble qui est le long du mur, et si je fais ça, vous allez voir tout mon bazar mais ce n’est pas grave, vous avez la cuisine en longueur, et si je fais un pivot sur 360, là vous avez la fenêtre, et là c’est la partie salon avec le canapé. Je vais revenir à ma place. Alors vous voyez, il n’y a pas de séparation. Il y a des gens qui ont fait des séparations, mais sachant que Nantes Habitat nous dit que quand on part, il faut rendre le logement comme on l’a trouvé. Quand j’étais chez mes parents, on avait séparé la cuisine du salon par un meuble. Là où je vous parle il y avait quasiment un meuble qui bloquait. On se voyait, quand on était dans le salon on pouvait parler aux gens qui étaient dans la cuisine, il y avait l’équivalent d’une porte mais il y avait un meuble en bas de la porte on va dire et puis le reste c’était un peu ouvert avec une plante qui était suspendue au plafond. Donc en fait ma réaction moi quand je suis arrivée
ici c’est… Ce qui était nouveau pour moi c’est que j’étais à l’étage, j’ai grandi au rez-de-chaussée. C’était quand même une grande première d’habiter à l’étage, en tout cas à Nantes parce que quand j’étais en Egypte j’habitais à l’étage. Ce n’est pas pareil parce qu’on se dit que c’est dans un autre pays, que c’est momentané. Voilà, j’ai dû apprivoiser cela. Avec les avantages et les inconvénients. Les avantages étant que l’on peut laisser ses fenêtres ouvertes et partir sans problème. Les inconvénients c’est que pour moi, j’aime beaucoup les animaux et je me refuse à avoir un chat. Extrait n° 4 : C : A part les 70m² que vous aviez dans la surface, y-a-t’il d’autres choses, comme une cave ou une place de parking ? A : Alors au Clos Toreau, il n’y a pas de cave, et il n’y a pas de balcon aussi, ça c’est une particularité. On n’a pas de place de parking numérotée et heureusement. Parce qu’en fait il faut que vous imaginiez, les gens en 72, les gens ils n’avaient pas tous des voitures. C’était même rare les gens qui avaient des voitures. Et en fait, ça a été conçu, il y avait des places de parking en bas des immeubles, mais il n’y avait pas encore le problème du nombre de places de parking par rapport au nombre de voitures. C’était pas du résidentiel privé, on est sur la voie publique et rue Saint-Jean de Luz, chez mes parents, c’est une rue où il n’y a pas beaucoup de places de parking par rapport au nombre de logements et moi j’ai toujours connu un flux, quand j’ai eu mon permis, j’ai eu une voiture en plus et donc ça devenait compliqué d’arriver à se garer. Ce qui est toujours le cas aujourd’hui. Et du coup, on s’est battu en 2015, 2016, 2017 pour garder nos places de parking gratuites puisque en face il y a eu un problème. [...] Et bien on avait nos places squattées par des gens qui laissaient leur voiture là à 8h30 et qui s’en allait prendre le busway juste à côté. Ca avait une forme de violence symbolique parce que de fait il y a quand même beaucoup plus de chômage dans un quartier prioritaire de la ville, deux fois plus qu’ailleurs. Et de voir les gens qui avaient du boulot, et dont on peut faire l’hypothèse qu’ils avaient une qualité de vie un peu supérieure à la nôtre, parce que venant en voiture, on peut s’imaginer, ce n’est pas le cas de tout le monde, arrivant de petites maisons, etc… Se garer sous nos fenêtres et puis aller bosser. Et puis nous, se retrouver coincés quand on allait faire des courses. Ca m’est arrivé de partir à 9 heures du matin et revenir,
il n’y a plus de place. Des gens qui bossaient de nuit, qui partaient à 4 heures du mat et qui rentraient à 10 heures et qui n’avaient plus de place. Donc ça a été une grosse bataille. Extrait n° 5 : E : Est-ce que vous avez entrepris des modifications dans votre logement ? A : Alors en fait, les seules modifications que j’ai faites quand je suis arrivée, c’est de remettre de la tapisserie, si on peut appeler ça une modification. J’ai donné un coup de peinture, ce que je refais régulièrement. Par contre, on a connu des grosses modifications puisqu’il y a eu la réhabilitation en 2010, qu’on a subie, plus que vécue. Enfin je vais dire “je” parce que je l’ai subie, vraiment. J’étais contre cette réhabilitation parce que nos loyers allaient augmenter. Et de fait, ils ont énormément augmenté. Moi, je paye 110 euros de loyer en plus depuis 2010, donc ce n’est pas négligeable. C’est une augmentation en fonction de la surface. Les gens en T2 ont eu moins d’augmentation. Même quand on a des APL, c’est le loyer de base qui a vraiment augmenté. Et c’est pour ça que les associations avaient appelé à voter contre ces travaux. Mais la force de frappe de Nantes Habitat et le désir de beaucoup de gens d’avoir des améliorations dans leur logement ont fait qu’ils n’ont pas voulu croire que leur loyer allait augmenter. Et pour la petite histoire, il faut savoir que quelques mois après la réhabilitation, on a tous reçu un courrier qui disait “bon certains locataires ont des difficultés à payer leur loyer, sachez que Nantes Habitat propose des solutions et d’autres logements sur tout le parc de la ville.” Donc voilà, c’était juste un peu énorme. C’est vraiment le truc qui n’a pas été drôle par rapport à la réhabilitation. Et moi je n’y vois vraiment pas de grands bénéfices. Je suis sans doute atypique par rapport à ça. Extrait n° 6 : A : Moi je suis arrivée en 2001 dans l’immeuble mais habitant le quartier depuis tout le temps, on a vu vraiment une évolution des migrations à Nantes, et dans les quartiers. Au Clos Toreau, autant quand j’étais enfant j’ai connu les familles portugaises et il y a des familles portugaises encore aujourd’hui et des enfants qui comme moi ont grandi dans le quartier, qui habitent le quartier, qui sont français mais qui sont d’origine portugaise. Ca c’est les premières migrations. Dans les années 80, on a vu arriver les familles 125
maghrébines, beaucoup de tunisiens au Clos Toreau. Les deux avaient le point commun d’avoir des parents qui étaient plutôt venus en France pour travailler comme main d’œuvre, les femmes maghrébines restaient beaucoup au foyer, et les femmes portugaises faisaient les ménages. Ce n’est pas de la caricature c’est vraiment comme ça. Les hommes étaient souvent en main d’œuvre, maçons, ouvriers sur les chantiers. Et dans les années 2000 on a vu vraiment arriver les réfugiés politiques. Et là, ce n’est plus du tout la même sociologie, mes voisins somaliens, la maman, elle parle plusieurs langues et son mari travaillait au Ministère de l’Agriculture en Somalie, il a été tué. Ce n’est pas la même chose que d’arriver en France pour travailler à faire les ménages quoi. Et avec toute la famille. Et du coup, ça ça a changé aussi radicalement, dans le sens où beaucoup de réfugiés politiques, de plusieurs nationalités différentes, mais du coup, beaucoup en même temps. Et peut-être pour eux il y a plus de difficultés à se retrouver parce qu’il n’y a pas beaucoup de familles, il n’y a pas beaucoup de gens connus. Et par exemple, quand il y a des biélorusses dans un appartement au Clos Toreau, il n’y en a pas d’autres dans un autre appartement au Clos Toreau. Donc ça ce n’est pas facile pour eux. Extrait n° 7 :. E : Est-ce qu’il y a des initiatives habitantes dans ce sens-là ? Pas pour remplacer les associations évidemment mais... A : Pendant le confinement, on a mis ça en évidence. Moi je n’arrête pas de le dire, il y a des prises de conscience. Par exemple, hier j’ai découvert que la maison de quartier avait fait un affichage en quatre langues, c’est la première fois, pour dire qu’ils étaient ouverts. Je pense que, donc quatre langues, il y avait français, anglais, russe et arabe. Il y a beaucoup de gens russophones, entre les géorgiens, les tchétchènes, les biélorusses. Et pareil, les gens qui parlent l’arabe, les tunisiens, les algériens, les syriens. C’est quand même une langue commune. Extrait n° 8 : E : Et.. J’avais une question un peu sur cette impulsion. Si y’avait plus d’espaces communs pour les gens, un espace qu’ils pourraient partager, est-ce que vous pensez qu’il y aurait une autre dynamique ? Avec cette notion de partage ? On a quelque chose ensemble à s’occuper ? 126
A : Ouais. Alors avant, on avait un commun dont on s’occupait tous ensemble, par palier, qui était le nettoyage de son palier. Puis en 2002, ils ont décidé, ça a été une grosse bataille, parce que y’avait un service de défense de locataires qui était contre, un qui était pour. Ils ont décidé donc, Nantes Habitat, de sous-traiter à une entreprise, puis on a des charges en plus. On a des paliers plus propres qu’avant, parce que forcément c’était source de tension. Mais c’était bien parce que ça faisait que ça se parlait. Je pense que c’est ce que j’ai constaté quand j’ai signé mon bail en 2001, c’était qu’on ne me parlait pas de ce nettoyage et d’ailleurs je l’ai fait remarquer à la dame quand j’ai signé le bail. Je lui ai dit «vous n’avez pas oublié quelque chose?», elle m’a dit «bah quoi?», bah de parler du nettoyage. Donc si vous n’en parlez pas aux nouveaux locataires, comment voulez-vous que ce soit fait. C’est-à-dire que pour moi c’est Nantes Habitat qui n’a pas joué son rôle en fait. Et du coup, sans doute parce qu’ils en avaient marre de gérer des conflits. A tel point qu’aujourd’hui quand y’a des conflits entre voisins, il faut appeler un cabinet de médiateurs extérieurs.
Habitante G. Entretien avec Habitante G., par téléphone, le lundi 30 novembre 2020, vers 11h30. Durée de l’entretien : environ une heure. L’Habitante G. occupe au sixième étage, depuis moins d’un an, un appartement de type T4 avec trois de ses quatre enfants, âgés de six, neuf et seize ans. Elle travaille en tant qu’auto-entrepreneuse dans l’accompagnement psychoénergétique des personnes. Extrait n ° 1 : E : D’accord. Comment êtes-vous arrivée dans ce logement ? G : Oh, c’est toute une histoire. [rires] Ca a été très compliqué en fait. J’ai été obligée vraiment de... J’étais au bout de ma demande de logement social. J’ai été mis dehors du logement que j’avais à Rezé parce qu’il y avait un projet immobilier. Donc en fait, j’ai été expulsée de ma maison, je n’ai pas été relogée et il a fallu que je me batte auprès des instances, de toutes les instances en fait, pour arriver à obtenir un logement. Parce que dans le parc privé à Nantes, une femme à son compte seule avec trois enfants, même si j’ai un revenu, personne ne voulait me louer quoi que ce soit. Il a vraiment fallu que je me batte pour obtenir ce logement. E : D’accord. Habiter au Clos Toreau, même si vous vous êtes battue, c’était votre premier choix ? G : Non, en fait comme je me suis battue, j’étais prête à accepter n’importe quoi, puisque j’étais dehors depuis plusieurs mois avec mes enfants. Loger chez des amis mais je n’avais pas de chez moi depuis fin août. Je voulais rester dans le sud parce que mes filles étaient à l’école dans le sud. Donc le Clos Toreau me va parfaitement parce que c’est vraiment juste à côté de l’école des filles mais ce n’était pas un choix. J’acceptais n’importe quoi sur Nantes. E : Quelles ont été vos réactions quand vous avez emménagé ?
G : Alors, disons que très soulagée d’avoir un toit quand on est passé par la galère dans laquelle je suis passée. Plutôt bien, parce que j’étais épuisée par la situation, je me retrouvais quand même, comme je vous ai dit, juste à côté de l’école de mes petites. Ma grande était pensionnaire mais c’était juste à côté de la gare de Saint-Sébastien, donc ça m’allait très bien. C’était très pratique, ça m’allait bien dans le côté pratique. Après, c’était la première fois que j’habitais dans une tour de 10 étages dans une cité, parce que je ne suis pas originaire de Nantes, je suis originaire de la campagne. De ce côté-là, il faut s’adapter. Extrait n° 2 : E : Vous avez dit que vous aviez apporté beaucoup de modifications à votre arrivée, est ce que vous pourriez nous en citer quelques unes s’il vous plait ? G : Alors, en fait quand je suis arrivée ils avaient refait la peinture, alors quand j’ai visité c’est vrai que la personne avant moi ça faisait quinze ans qu’elle était dedans, c’était assez abîmé on va dire à l’intérieur. Donc ils ont refait toute la peinture mais les sols étaient dans un état absolument lamentable, voire même dangereux. Quand j’ai demandé si c’était possible de refaire quelque chose on m’a dit qu’il n’y avait pas de crédit et pour moi, on m’a dit peut-être dans six mois, etc. Mais je me suis dit si j’installe des meubles etc je n’ai pas du tout envie que dans six mois on déplace tout, je ne sais pas où j’irai et ça va être le bazar. Donc j’ai décidé de faire un crédit et j’ai refait tous les sols, j’ai mis du parquet, du lino et de la moquette dans une des chambres. Donc j’ai refait vraiment tous les sols. Ils avaient fait la peinture mais pas dans les placards, et pas dans le... On a une pièce de rangement à l’entrée, qui était vraiment très sale, enfin voilà. En rigolant, au début, en faisant l’état des lieux, je disais que c’était un garage, mais il m’a dit «bah oui oui, vous pouvez le considérer comme un garage.». Oui mais enfin c’est quand même à l’intérieur de l’appartement, vous êtes gentil mais.... Donc là j’ai refait toute la peinture, le sol, enfin voilà. C’était vraiment brut, c’était du béton brut. Ca c’était vraiment limite. Extrait n° 3 : E : Quand vous disiez que vous avez entrepris ces modifications, vous avez parlé de crédit. Tous les travaux ont été à votre charge ou vous avez été remboursé par le bailleur ?
127
G : Non rien du tout, c’est tout à ma charge. E : D’accord. G : Oui parce qu’eux, ils ne voulaient pas me débloquer avant au moins six mois, etc mais moi je ne pouvais pas attendre six mois, c’était tellement sale et dangereux que je ne voulais pas que mes enfants soient là. C : Est-ce que vous avez quand même eu l’autorisation de faire ces travaux ? Vous avez été obligée de demander une autorisation ou vous avez pu les faire comme ça ? G : Bah en fait théoriquement effectivement j’aurais dû être obligée mais vu que le temps que ça me prenait d’avoir l’autorisation etc, et que moi je voulais mettre mes meubles le plus rapidement possible puisque comme je vous disais j’étais à la rue. Je vous avoue que je n’ai pas fait de demande d’autorisation, j’ai fait et puis point. De toutes façons, c’est nickel et c’est propre alors que c’était dangereux donc je pense que... C : Oui, ils sont gagnants... G : Ouais, voilà. Comme j’ai mis en plus du très classique, et quand même de la bonne qualité je pense pas qu’on me pose problème pour ça. Extrait n° 4 : E : Est-ce-que, bon bah du coup c’est peut-être un peu pareil, mais est-ce que vous avez un endroit favori dans votre logement ? Une pièce, une fenêtre ou une vue ? G : Le salon, justement parce que il y a beaucoup de lumière et c’est traversant avec ma chambre, je laisse toujours la porte ouverte ça fait vraiment est-ouest et j’aime bien en fait parce que c’est vraiment lumineux et j’ai le soleil le matin et le soir et l’après-midi donc c’est chouette. E : Ok, et qu’est ce que vous n’aimez pas dans votre logement tel qu’il est aujourd’hui ? G : Qu’est-ce que je n’aime pas ? Il est un peu petit en fait. C’est tout ce que je dirai. Entre le fait qu’il n’y ait pas de rangements intégrés, et les chambres sont quand même ric-rac, elles ne font même pas 10m² chacune, mettre une armoire et un lit et on ne bouge plus. Je n’ai 128
même pas d’armoire dans ma chambre parce que ça ne contient pas, c’est ce que je dirai, on tient hyper juste à quatre dans 90m². Mais bon, en même temps, je sais que c’est la norme maintenant en ville et il faut faire avec donc on fait avec. Mais c’est vrai que j’ai toujours habité en maison avant, donc voilà, c’est quelque chose à laquelle il faut s’habituer. Extrait n° 5 : E : A l’heure actuelle, est-ce-que vous vous imaginez changer de logement dans un futur proche ? ou lointain ? G : Alors je pense garder le logement dans tous les cas, mais, ça ce sont mes conditions de vie, mais je ne suis pas, j’apprécie pas spécialement de vivre à temps complet dans une ville. Je pense plutôt avoir soit une petite résidence secondaire plus à la campagne ou voilà, je ne sais pas encore comment je vais faire mais c’est tout à fait possible que je trouve un moyen d’avoir un accès à la nature d’ici peu. Soit je laisserai le logement à ma fille qui va faire ses études, qui est à la fin du lycée, et j’ai un fils aussi qui va faire ses études aussi, qui est en terminale. Donc c’est possible que la configuration du logement change et que ça soit plutôt mes grands qui soient dans le logement en étant dans une ville et que moi je bouge, ou quelque chose comme ça. Extrait n° 6 : E : Est-ce-que vous ressentez le besoin d’avoir une pièce en plus au sein de votre logement ? G : Oui, oui. À la fois rangement et à la fois bureau. On ne peut pas, comme je vous disais, les chambres, sont très petites, donc on ne peut pas avoir et un bureau et une armoire dans une chambre, ce n’est pas possible donc je n’ai pas d’endroit pour pouvoir travailler et même pour mes filles c’est compliqué, on est obligé de travailler sur la table de la salle à manger et voilà c’est pas, surtout en confinement, etc, c’est un peu compliqué d’avoir un endroit pour s’isoler et travailler. C : Oui parce que du coup, actuellement, vous travaillez uniquement sur la table à manger, vous n’avez pas pu installer de bureau dans votre séjour ? G : Non, c’est quand même pas très grand donc il n’y avait pas vraiment la place.
E : Ressentez-vous le besoin d’avoir un espace extérieur en plus ? G : Oui, oui. J’avais l’habitude de circuler par exemple à vélo, bah j’ai tout revendu parce que alors oui il y en a qui accroche leur vélo sur le palier, je ne trouve pas ça top. J’ai ni garage à vélo, ni cave, ni balcon, ni rien du tout. J’avoue que ça c’est un peu compliqué pour moi. E : D’accord, et donc l’espace extérieur en plus pour vous le mieux ça serait quoi ? Un balcon ? Un jardin d’hiver ? Un local vélo ? G : Un peu tout ça je pense. Avoir un accès extérieur ça serait génial. Après, j’aimerais beaucoup avoir un balcon, ça c’est sûr. E : Est-ce-que vous accepteriez de partager des espaces de vie avec d’autres habitants ? D’avoir des pièces en commun avec d’autres logements par exemple ? Ou pas du tout ? G : Ouf, alors vu le respect des couloirs et des choses en commun au niveau propreté, je vous avouerais que j’aurais du mal je crois.
129
Habitante N. Entretien avec Habitante N., par téléphone, le jeudi 3 décembre 2020, vers 14h30. Durée de l’entretien : environ une heure. L’Habitante N. occupe au septième étage, depuis six ans et demi, un appartement de type T3 avec son enfant de neuf ans. Auparavant assistante maternelle, elle est actuellement en recherche d’emploi. Extrait n° 1 : N : Et le fait que ce soit au clos toreau, ça ne m’a pas du tout perturbé quoi. [...] C : Et sinon, vous avez fait des travaux, quand vous avez emménagé dans votre logement vous aviez.… Qu’est-ce que vous avez mis en place dans votre emménagement ? N : Ben quand je suis arrivée, rien. Parce que… Il n’y avait rien à faire. Tout était nickel, après moi je me suis personnalisée. J’ai personnalisé les peintures mais sinon, non rien, je n’ai rien cassé qui pouvait ouvrir une, voilà faire une ouverture ou autre. Non, non, du tout. Extrait n° 2 : E : Et vous trouvez qu’elle est bien aménagée, votre cuisine, pour tout ce que vous y faites ? N : alors… Je dirais que pour deux, pour ma fille et moi, oui. On serait trois, ça pourrait être plus compliqué. Parce que l’espace est restreint, et du coup comme l’espace est petit, on ne peut pas mettre beaucoup de meubles en fait. Le plan de travail ici à part, à part si on veut mettre des plans de travail et du coup… On avance sur… Sur la vue… comment je vais pouvoir vous expliquer ça… Étant donné qu’on a une ouverture salon/cuisine enfin salle à manger/ cuisine, si on veut agrandir le plan de travail, il faut l’agrandir mais du coup on a un vu sûr, quand on est dans la salle à manger, on a vu sur le plan de travail. Moi ça ne me plaît pas. Je sais pas, voilà… comme on est que deux… Si on devait être trois euh,
130
oui j’agrandirais mon plan de travail. Au niveau visu, après voilà… Je dirais que je m’en ficherai parce que de toute façon c’est ma famille. Mais bon, sinon à deux, là ce qu’on a à deux, c’est très bien. Ça suffit. E : Et vous avez une table dans la salle à manger ? N : alors euuuuuh… Non. Non, parce que c’est trop petit. Attendez, attendez… Je vais… non, je n’ai pas de table dans ma salle à manger parce que j’avais une grande table qui me prenait tout l’espace du coup au niveau de ma cuisine, ça ne me plaisait pas parce que du coup ce n’était ni un plan de travail ni, ça ne servait à rien du tout. Donc du coup je l’ai enlevé et j’ai acheté une petite table, ou les rebords se rabattent, ou ça… Je la déplace en fonction de nos envies, en fonction du nombre qu’on est. [...] J’ai fait le choix de certaines choses en fait. C : Et actuellement, elle est rangée où votre table ? Dans votre cuisine, c’est ça ? Ou est-ce que vous la… N : Oui, je la déplace, donc je la range, je la range vers le fond de la cuisine près de la fenêtre. Et je la déplace quand on doit manger, prendre le goûter, je la ramène dans le salon. Extrait n° 3 : C : Est-ce que globalement vous pourriez dire que vous êtes bien dans votre logement ? Ou mal ? Enfin… C’est quoi votre ressenti ? N : Non, moi je suis bien là. Après autant d’années, ouais je suis bien là. Je me sens bien. C : Est-ce que vous y prévoyez des choses, enfin d’autres aménagements, encore des choses que vous aimeriez y changer ou pas forcément ? N : oui, j’aimerais changer des choses. Mais après, c’est plus personnel. Dans les meubles. Après, c’est moi. C’est juste moi. Mais… Non, enfin dans la façon dont il est fait, non parce que ma télé est accrochée au mur. Mmmmh, bon par contre j’ai dû prendre Internet et la télé parce que donc est placée la prise télé et par rapport à là où je moi je vais mettre, j’ai mis ma télé pour être au mieux dans mon logement, j’ai dû prendre Internet effectivement. Parce que la prise est très mal placée. Ben, pour moi elle est très mal placée. Donc
j’ai du prendre Internet pour la télé, ce qui a été très contente pour ma fille, parce que du coup elle a plus de chaîne. (rires) je vous dirai. Donc ouais, enfin ouais, moi tout ce que je voudrais changer dans cet appartement, c’est la prise télé. Ou au moins qu’il y en ai deux. Deux prises télé pour que les gens aient le choix de faire … Ou voilà. (...) C’est très mal fait en fait. Enfin, à moins que ce soit moi qui aie mal géré mon appartement. Mais… C’est vrai que moi j’étais garde d’enfants, enfin j’étais assistante maternelle donc moi j’ai toujours protéger les fenêtres et tout ce qui allait avec. Du coup peut-être que j’ai pas géré comme tout le monde mais ouais je trouve que les les prises de télé, enfin la prise télé, il devrait y en avoir deux. Trois mêmes. [...] N : Alors j’ai été assistante maternelle avant d’arriver ici. Donc du coup, quand je suis arrivé ici, j’ai tout aménagé en fonction de mon travail.
l’entrée du coup je pourrais pas mettre mes chaussures, donc c’est compliqué… Un cellier plus grand quand même. C : Est-ce que vous auriez besoin également d’un espace extérieur ou ça ne serait pas nécessaire ? Comme un balcon par exemple ou une terrasse ? Faut imaginer des trucs un petit peu fou, c’est pas… N : Alors, qu’on soit bien d’accord, de là où j’habite maintenant ? C : Oui, oui par exemple. N : Non, non, non non non. Non, je ne veux pas de balcon, je ne veux rien. Non, non non non, non. Ça c’est des coups à se jeter par la fenêtre. Non. (Rires) Non, non non non, non. Je suis au septième étage, un petit balcon du septième étage...
[...] C : Ils faisaient la sieste aussi chez vous ? [...] N : C’était dans ma chambre et dans la chambre de ma fille. Parce que comme elle était à l’école, elle n’était pas présente donc du coup, donc du coup c’était silence complet tout l’après-midi. Extrait n° 4 : C : Est-ce que vous aimeriez rajouter quelque chose dans votre logement, une pièce en plus, quelque chose… Qu’est-ce que vous aimeriez y voir, ou est-ce que vous n’avez besoin de rien et que vous n’y feriez rien ? N : un sellier plus grand. C : D’accord. Ça manque de rangement et de place ? N : C’est ça. Parce que là du coup je stocke tout, toutes mes choses de Noël, tout mais… Y’a plein de choses que je stocke dans un garage qui ne m’appartient pas. C’est un ami qui me le prête donc… Voilà il a de l’espace voilà donc moi je stocke dedans, je peux stocker tout ce que je veux stocker, après je me dis que c’est vrai que si j’avais un cellier plus grand ça mangerait sur 131
03. Présentation de l’atelier de projet
Muter Habiter Penser Studio de projet de master, semestre d’automne Le studio de projet accueille, conformément à l’organisation pédagogique du master à l’ENSA Nantes, des étudiante-s de plusieurs niveaux (master 1 S7 et S8, master 2 S9, master 2 S9 FPC, master 2 S10/ PFE). Si les thématiques ou les problématiques du studio peuvent être communes, les niveaux attendus, en termes de connaissances et de niveaux de compétences sont donc différents. Le studio de projet propose un cadre pédagogique défini dans la fiche d’enseignement jointe. Les thématiques ou les problématiques abordées sont individuelles et personnelles aux étudiant-e-s. Les travaux demandés sont également individuels, mais des regroupements sont possibles.Les apports méthodologiques ou de connaissances sont collectifs. DE 2, Espaces critiques – Architectures et urbanités à l’épreuve de la métropolisation Enseignants : TPCAU : Léa Mosconi, Romain Rousseau SHS / ATR : Kantuta Quiros Doctorants du CRENAU : Gwendoline L’Her, Clémentin Rachet Architectes praticiens : Tibo Labat, Adrien Ory Informatique et logiciels libres : collaboration avec l’association PING Muter Habiter Penser : Vers une mutation écologique par l’expérimentation et l’actualisation des fictions théoriques architecturales et urbaines par le projet. 132
Objectifs pédagogiques : Le cycle master est celui de l’autonomisation de la pensée depuis, avec et par le projet d’architecture.En cela, Il est aussi celui de l’articulation entre projet et recherche. Le projet d’architecture est problématisé, c’est à dire qu’il engage en même temps une critique de ce qui a déjà été réalisé ou pensé et une prospective vers une actualisation de la pensée architecturale et urbaine. Les projets attendus dans le studio de projet demandent de la part des étudiant. es un positionnement (Positionnement de Fin d’Étude, PFE), c’est à dire une prise de risque intellectuel qui puisse être débattue et argumentée au sein de la communauté académique, mais aussi par les acteurs de la ville et les habitants. Le cycle master est encore celui de l’oscillation entre théorie et pratique sur le double mode : Faire/Penser/Faire et Penser/Faire/Penser. En ce sens notre « site d’étude » sera aussi bien l’arpentage du terrain qu’une exploration théorique. L’enjeu sera précisément de placer, par le projet, l’un à l’épreuve de l’autre. Le travail sera individuel et collectif. Contenu : Mutation : Changement radical et profond, transmission d’un droit, transformation dans la constitution de quelque chose. La mutation est la mise en mouvement de quelques chose à venir. Bruno Latour, sociologue, anthropologue et philosophe des sciences nous aide à penser la crise sanitaire du Covid comme un miroir de là où nous en sommes de nos sociétés. Qu’avons nous appris en nous regardant à l’arrêt ? Qu’avons nous appris de nos manière de bâtir et d’habiter le monde ? Le concept de mutation écologique pensé par de nombreux chercheurs n’est pas
nouveau ; il prend cependant maintenant une autre teneur. Nous sommes peut-être à présent prêt à changer de méthode : Plutôt que de chercher la solution au problème, peut-être faut-il repenser le problème ? Et si nos équations de base étaient devenues obsolètes ?,Et si nos machines à penser, nos concepts, nos catégories n’étaient plus en phase avec le contemporain ? Les concepts de nature, d’écologie, de progrès, de technique, de genre, de commun, de territoires, d’habiter, de projet, renvoient à des questions qui traversent nos modes de penser l’architecture et les milieux urbains, mais aussi façonnent notre manière d’être au monde et de concevoir. Ils sont le produit de fictions théoriques (historiques, sociétales, économiques, politiques, esthétiques, …), de récits majeurs construits de toutes pièces, de discours dominants dont les contextes originaires ont changé et qu’il nous faut actualiser. À la croisée de ces questions et de bien d’autres encore, les architectes, entre pensée complexe et spatialité occupent une place importante pour penser ces mutations, et prendre le risque des formes et de la matérialité de l’habiter à venir, de notre oikos commune. Muter Habiter Penser, sans virgule, (comme la Bâtir Habiter Penser de Martin Heidegger) car c’est bien les trois termes qu’il faut penser, non les uns après les autres, mais ensemble. Dans ce travail prospectif et critique, plusieurs pistes seraient à aborder : Un travail de déconstruction et de reformulation de fictions théoriques de l’architecture et de l’aménagement des territoires, et des oppositions binaires devenus réductrices (les dualismes : Nature/ Ville, Technique/Progrès, Théorie/Pratique, Projet/Recherche, Milieu/Territoire, Conquête/Habitations, Modernité/ Commun, Expert/Non-expert, Penser/ Faire...). Une réflexion sur nos outils et modes de conception : • La place de l’histoire et des cultures; celle de l’architecture, mais aussi de la technique et des idées. • Les social et gender studies.
• La place de l’art et de la philosophie dans l’actualisation des pensées contemporaines. • Les articulations entre projet-processus et projet-forme. • L’indépendance économique de nos outils de production et de communication (logiciels libres et open source). • Une réflexion sur le statut de la technique, des « règles de l’art », ou de « l’art de faire », des ressources et de l’entretien. • L’inversion de la question de la place du commun dans l’architecture et la ville par celle de la place de l’architecture et de la ville dans le commun. On pourrait déjà envisager à travers ces questions des approches potentiellement disciplinaires, mais il n’en est rien car penser les mutations écologiques engage structurellement et indissociablement une manière de penser pluridisciplinaire. Le rôle de chaque discipline étant de faire monter en complexité chaque question et ainsi permettre des points de vue constamment renouvelés vers un travail de conception conscientisé et responsable, c’est à dire problématisé. Nous abordons une remise en question du générique vers le spécifique, du général vers le situé, de la catégorisation vers le transversal, de la colonisation des territoires vers leur habitation, de l’anthropocentrisme vers le décentrisme de la pensée relationelle. Thématiques possibles de projet d’architecture: éducation, culture, esthétique, politique, habitation, commun. Site d’étude : Afin de pouvoir se distancier des modèles obsolètes de fabrication de l’architecture et de la ville, et donc de pouvoir penser la mutation, il semble intéressant de se concentrer sur un territoire restreint, là où l’échelle d’une gouvernance collégiale pourrait être envisageable, là où une pensée bottom up, ou mineure pourrait s’exprimer. Le choix provisoire du site sera le quartier Nantes Sud (Mangin, Saint-Jacques, Sèvres, Lion d’or). Pour ceux qui résident loin de Nantes, d’autres sites pourront être envisagés, éventuellement liés à des projets professionnels en cours.
133
Évaluation générale: Capacité de l’étudiant à développer une problématique contemporaine originale et critique liée aux mutations écologiques par un projet d’architecture et/ou urbain. Capacité de l’étudiant à mener de manière auto-organisé un travail de projet problématisé. Pertinence et précision de l’argumentation graphique, volumétrique (modèles analogiques et numériques) et textuelle Contribution à l’intelligence collective du studio et au partage des connaissances et des expériences. Rappel des compétences : Compétences ensa Nantes : • Analyser • Concevoir • Communiquer • Critiquer + • Travailler en équipe Compétences studio Muter Habiter Penser : • Analyser (synthétiser, sélectionner, rechercher, ...) • Concevoir (avoir une idée claire, prendre position, expérimenter, s’engager, ...) • Communiquer (expliquer, expliciter, argumenter, ...) • Critiquer (avoir un regard critique, ...) + • Problématiser (synthétiser, avoir une idée claire, prendre position, expérimenter, s’engager, …) • Être proactif dans la participation aux questionnements du studio Pour mémoire : Niveaux de développement des compétences visés : Niveau (I) : l’étudiant est en train d’acquérir une compétence de base Niveau (II) : l’étudiant est capable d’appliquer les connaissances et/ou savoir-faire Niveau attendu pour les master 1 et 2 : Niveau (III) : l’étudiant est capable d’adapter les connaissances et savoir-faire à différents contextes professionnels 134
Niveau attendu pour les étudiants de master 2 PFE. Niveau (IV) : l’étudiant est capable de transférer la compétence à un tiers Niveau (V) : l’étudiant est capable d’innover dans ce domaine de compétence Connaissances : Les connaissances attendues qui alimentent la mise en action des compétences et argumentent les problématiques : • culture architecturale • culture des villes • culture des techniques • culture des sociétés • culture des mouvements artistiques et de l’art contemporain • technique de construction et de structure • outils de représentation génériques à la profession, et spécifiques (situés) aux stades de conception et de communication des projets. • Sciences humaines, philosophie, esthétique, anthropologie Ces connaissances seront mobilisées de manière croisée dans la structuration de votre problématique. Organisation des enseignements : Tous les enseignants contribuent à la montée en complexité des questions posées par les projets et sont porteurs de connaissances pour alimenter les processus de problématisation personnels et de projet de chaque étudiant. Les enseignants architectes et de projet suivent l’avancement hebdomadaire des projets. Tous les enseignants assistent aux points d’étape des projets. CM 64h TD 128 h pour les S7, S9, S9 FPC TD 4h / S10 PFE
Principe des évaluations : Discussion collective, étudiant-e-s et enseignant-e-s du 25 septembre 2020. Il est préconisé par les groupes de travail étudiant-e-s : Compétences : Le travail qui sera mené pendant ce studio de projet nous permettra de développer certaines compétences. L’intérêt est d’améliorer ces compétences, ces capacités ou ces connaissances emmagasinées au cours de nos études, et non pas de toutes les acquérir - car chaque semestre nous ne repartons pas de zéro. Il s’agit d’envisager ce semestre comme l’occasion de progresser, de développer nos compétences/connaissances et de les remettre en question. Il est essentiel de noter que ces compétences sont interconnectées. Il n’existe pas et ne doit pas être mise en place une hiérarchisation entre elles. La liste qui suit n’est pas exhaustive. Elle s’appuie sur les compétences énoncées dans les textes officiels ANALYSER, CONCEVOIR, COMMUNIQUER, CRITIQUER tout en les complétant et en s’en détachant. Synthétiser, sélectionner les infos, rechercher, avoir un regard critique, être curieux Concevoir dans le sens de prendre avec soi, avoir une idée claire et la communiquer Prendre position, critiquer, expérimenter, expliquer, expliciter, défendre, argumenter S’adapter à une situation, changer de posture, faire un pas de côté, être cool Apprendre, se remettre en question, s’engager Les connaissances techniques sont également centrales. Elles regroupent la capacité à comprendre et à mettre à profit les codes propres à l’architecture. Par exemple, le dessin, le langage ou les procédés de conception comme les proportions, échelles ou notions structurelles. Elles peuvent être notamment liées au fait de communiquer. Ainsi, il est nécessaire de pouvoir adapter son moyen de communication à son discours, à ce que l’on veut énoncer pour être le plus
percutant possible et être compris par le plus grand nombre, parler aussi à des non experts. Ces connaissances permettent aussi d’adapter la communication aux personnes à qui on parle en choisissant et en utilisant les bons outils techniques. L’absence de la notion d’esthétique, importante il nous semble dans le champ des compétences, est soulevé lors de la mise en commun. En effet, il apparaît évident au groupe que les compétences ne sont pas uniquement attachées à une certaine rationalité, objectivité. Il s’agirait d’intégrer à cet ensemble de compétences, non exhaustif, la capacité à percevoir de manière sensible, via le corps, et donc les sens une émotion esthétique de l’espace, de l’environnement et ses sollicitations. Il s’agirait d’intégrer à cet ensemble de compétences la capacité par l’esthétique à mettre en exergue les sens de chacun, à émouvoir. Apparaît la notion de kinesthésie, qui rallie le corps et l’émotion esthétique. Modes d’évaluations : « Quels sont les modes d’évaluations que l’on peut proposer pour le studio de projet ? Qui évalue ? Sous quelle forme évalue-t-on ? » Telles sont les problématiques que nous avons débattues entre nous. Nous proposons un système sous la forme de trois modes d’évaluations : • Un suivi continu et progressif tout au long du semestre (évaluation formative); • Deux rendus intermédiaires prévus dans le planning (évaluation formative) Un rendu final prévu dans le planning (évaluation normative). Le suivi continu est effectué par les enseignants. Il s’agit d’évaluer l’investissement et la progression de chaque élève au cours du semestre sur la base des compétences. Celui-ci fait l’objet d’un retour critique et constructif de la part des enseignants afin de permettre à l’élève d’avancer sur son projet, de débloquer certains points et de rebondir sur plusieurs problématiques connues ou inconnues.
135
Les deux rendus intermédiaires viennent ponctuer le semestre afin de présenter l’avancée des projets à l’ensemble du studio. Lors de ces rendus, nous proposons un jury composé des enseignants ainsi qu’un groupe de trois étudiants tirés au sort, et des intervenants extérieurs. Pour ne pas perdre de temps les jours des rendus, un ordre de passage sera établi avant le rendu, en même temps que les tirages au sort. Concernant le groupe d’étudiants, nous proposons un système de « roulement » dans lequel des groupes de trois étudiants suivent trois rendus. Les étudiants peuvent s’ils le souhaitent assumer des “rôles” différents fixés au préalable. Ce deuxième mode d’évaluation se restitue sous la forme d’une fiche de commentaires rédigée par les membres du jury. Le rendu final consiste en un mode d’évaluation normatif où les enseignants notent le produit final : c’est-à-dire le résultat du travail du semestre sous forme de présentation orale avec support (cf. les livrables). Enfin, la note globale du semestre est une pondération de la note du rendu final par l’évaluation continue et intermédiaire. Livrables : • Une trace écrite imposée à tous les étudiants pour chaque rendu permettant de voir l’évolution du positionnement et du processus de recherche de l’étudiant. La forme est laissée libre et peut s’adapter selon où l’étudiant se situe dans le cycle de Master. Cette trace écrite servira de clé de lecture supplémentaire pour le projet architectural. Comme il s’agira d’un document récurrent, le contenu pourra être ajouté, modifié, réorganisé à chaque rendu. Ce document peut également servir de base pour le rapport final de PFE. • Médium-a de représentation libre(s) pour communiquer le projet architectural. Prendre la liberté de production et la multiplicité des 136
outils de rendus comme un atout de ce studio de projet. A qui s’adressent les livrables ? Adapter les présentations, les pièces graphiques et matérielles au jury ou au public en face. Dans tous les cas, le projet doit être compréhensible sans présence ni présentation orale de l’étudiant. Evaluations normative / formative : Proposition : Deux types de rendus : un pour l’évaluation normative avec un jury d’enseignants «classique» et un pour l’évaluation formative, quelques semaines après le «rendu normatif» final, qui permet d’adapter les livrables précédemment produits en fonction du public ciblé. Concernant le rendu pour l’évaluation formative, l’idée d’une exposition pour un public extérieur est venue. Mais cela doit être réfléchi de façon commune et en fonction des impératifs des PFE. Si cela semble trop contraignant, on peut imaginer un événement (exposition ou autre) pris en charge par les étudiants de Master et de FPC.
Babel en HLM
Une autre réhabilitation au Clos Toreau Pièces graphiques
Sommaire Schémas axonométriques
142
Plans habités existants RDC R+5 R+6
144 144 146 148
Plans après une première réhabilitation RDC R+5 R+6
150 150 152 154
Plans après une deuxième réhabilitation RDC R+5 R+6
156 156 158 160
Élévations après une deuxième réhabilitation, aux RDC, R+5 & R+6.
162
Élévation totale
166
Dessins d’ambiances
168
Photos de maquette
176
Schéma axonométrique du bâtiment, façade ouest. Existant.
Schéma axonométrique du bâtiment, façade ouest. Structure tridimensionnelle. 142
Schéma axonométrique de plusieurs étages, façade ouest. Existant.
Schéma axonométrique de plusieurs étages, façade ouest. Insertion de la structure tridimensionnelle.
Schéma axonométrique de plusieurs étages, façade ouest. Insertion d’une extension. 143
Plans existants habités Échelle 1/100
RDC 144
145
R+5
R+5 146
147
existant R+6
R+6 148
149
Plans après une première réhabilitation Échelle 1/100
RDC 150
151
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
R+5
R+5
152
153
R+6
R+6 154
155
Plans après une deuxième réhabilitation Échelle 1/100
RDC 156
157
R+5
R+5 158
159
160
R+6 10 8
9 7
5
6 4
2
3 1
R+6
161
Élévations après une deuxième réhabilitation, aux RDC, R+5 & R+6. Échelle 1/100
REALISE A L'AIDE D'UN PRO
Façade Est du R+5 et R+6
Façade Est du RDC
162
DESK VERSION ETUDIANT
N PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
163
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODE
REALISE A L'AIDE D'UN PRO
Façade Nord du R+5 et R+6
DESK VERSION ETUDIANT
Façade Ouest du R+5 et R+6
164
N PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODE
165
Élévation de la façade Ouest. Suggestion.
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
REALISE A L'AIDE D'UN PRODUIT AUTODESK VERSION ETUDIANT
Vue de la façade Ouest. Suggestion. 168
169
Vue d’ambiance depuis la cage d’escalier. 170
Vue d’ambiance de l’extension de Nour & Amine. 171
Vue d’ambiance du bureau de Véronique. 172
Vue d’ambiance du salon de Gita et Samir. 173
Vue d’ambiance de la salle de jeux de Maria et Belina. 174
176
177
178
179