La route des Balcons de Belledonne, un seuil entre ville et sommets // TPFE // Clément Bonin

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la route des balcons de belledonne :

UN seuil entre ville et sommets.

susciter la rencontre pour mieux (re)découvrir le chemin. tpfe - travail personnel de fin d’étude ensap lille - 2012 / 2016 clément bonin



Diplôme de paysage

Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille



Préambule Ma réflexion de TPFE fait suite à mon travail de stage. Lequel j’ai souhaité effectuer en milieu montagnard d’une part par passion pour ce milieu, mais aussi parce que c’est un territoire d’imaginaires, d’évasion, que l’on protège que l’on désire. Je vois en la montagne, au moins en partie pour les Alpes du nord françaises, une forme de paroxysme du périurbain. J’ai eu la chance d’effectuer mon stage au sein du Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement de l’Isère de juin à novembre 2015, autour de la question des relations et coopérations possibles entre villes et montagnes. Ce travail de stage s’est inscrit dans le cadre du programme européen RURBANCE, traitant d’une nouvelle gouvernance entre villes et territoires de montagne au sein de l’arc alpin. Il s’est effectué sur le massif de Belledonne, massif situé entre Grenoble et Chambéry. Ce travail s’est fait en partenariat avec Grenoble Alpes Métropole et l’Espace Belledonne, autour d’une « action pilote » sur le paysage, visant à créer une culture commune entre ville et montagne. Avec pour objectif de mettre en projet deux territoires distincts sur le plan administratif qui font pourtant système : Grenoble Alpes Métropole et l’Espace Belledonne - faisant partie de la communauté de communes du Grésivaudan. Le territoire d’étude concernait la partie sud du massif incluse dans l’aire d’influence de l’agglomération Grenobloise. C’est donc dans la continuité de ce stage que je poursuis mon TPFE sur ce même territoire.

«

Notre société est confrontée à une crise paysagère. Le paysage - depuis quelques décennies, voire un peu plus d’un siècle - fait face à un constat : il est en profond bouleversement. L’arrivée de l’industrie et du train au XIXème siècle a fortement marqué nos paysages, en passant d’une logique locale, ou micro territoriale, à une échelle globale et globalisante pour aboutir aujourd’hui à un monde interconnecté, interterritorialisé. L’espace fait face à la fois à l’augmentation de l’hétérogénéité et à l’uniformisation des paysages. A l’échelle d’un paysage on a de plus en plus de disparité - par l’apparition d’objets étrangers à la campagne, comme par exemple les lotissements, les panneaux publicitaires - ces objets sont les mêmes partout, ce qui entraine la standardisation, le déclin des identités locales, l’uniformisation. Le paysage n’est pas, n’est plus, seulement une chose que l’on contemple. L’artiste paysagiste s’est petit à petit détaché du cadre du tableau pour faire oeuvre in situ. De par son intervention le paysagiste permet de changer la perception des lieux, de créer un attachement nouveau à l’espace. Il cherche à donner la possibilité d’habiter les lieux, habiter dans le sens de vivre. La notion d’habiter un lieu prend tout son sens lorsque l’on se plonge dans l’étymologie du mot. En vieil allemand habiter (bauen), signifie aussi construire, mais il a surtout la même racine que être (bin). J’emprunterai ces paroles au géographe Michel Sivignon: habiter est donc dans un certain sens à la fois posséder, être, construire et vivre1.

Cette réflexion de Travail Personnel de Fin d’Etudes (TPFE) s’inscrit dans une philosophie qui, selon moi, constitue l’essence du métier de paysagiste. Une pensée théorique développée lors de mon année de Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles de paysage, qui a ensuite mûri au cours de ma formation en paysage à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille par des réflexions théoriques ainsi qu’une mise en oeuvre par le projet. Cette pensée s’axe autour des notions de lieu et d’espace, et s’appuie sur la philosophie d’Anne Cauque5


lin, qui dans son livre, Le site et le paysage2, définit le lieu dans un premier temps en opposition à l’espace qui appartient à l’étendue. Le lieu est un ensemble plus complexe mêlant temps, milieu, et espace. Selon la philosophe, le lieu se définit par la singularité, son enracinement et son encrage dans le sol. Elle nous parle de la carte où les lieux sont autant d’individualisations sur une surface (toponymie, église, nom d’une bataille, point de vue, etc.). Attachés à une culture et une mémoire, les lieux évoquent la narration, le récit. Une force magique émane des lieux, cette idée nous la retrouvons dans la mythologie grecque et les rites païens où les lieux servent à la célébration de culte; le genius loci. J’ai souhaité orienter ma réflexion de TPFE autour de l’espace périurbain propre à notre société, où la notion d’espace à trop souvent remplacé celle de lieu. Les territoires périurbains cristallisent cette crise paysagère, ce sont des espaces paradoxaux à la fois convoités et protégés : ils sont l’illustration d’un rapport ambivalent de notre société contemporaine au(x) territoire(s). Ils sont le reflet de notre époque de plus en plus inscrite dans un mode de vie urbain, et sont une concentration des problématiques contemporaines où les frontières villes-campagnes sont de plus en plus floues. Espaces de loisirs et de ressourcement, ils sont aussi des lieux de vie du quotidien. L’évolution de nos sociétés en fait des espaces de conflits : conflit de regard, conflit d’usage, bercés entre tradition et modernité, entre ruralité et métropolisation. Ces nouvelles façons de vivre le territoire impliquent un changement des usages et des pratiques qui questionnent la manière d’habiter le territoire. Outre les changements spatiaux ce sont les changements sociaux induits qui sont à prendre en compte; principalement le développement de l’individualisme et de l’entre soi lié au modèle spatial ainsi que la relégation de l’agriculture qui n’est plus l’économie principale au dépend de l’économie résidentielle. Ces territoires ont inventé une nouvelle forme d’occuper l’espace avec des connexions permanentes entre ville et campagne, aussi bien par les déplacements quotidiens que les circuits courts développés par une nouvelle forme d’agriculture. S’intéresser au périurbain c’est s’intéresser à l’espace du quotidien et s’interroger sur la qualité des lieux; apporter de nouveaux liens spatiaux et sociaux à partir du territoire et ces ressources. Le paysage, comme élément de médiation et consensus, offre la possibilité d’une expérimentation croisant les regards et les composantes du territoire. L’enjeu est d’agir pour la qualité du territoire sans logique aménagiste. Le travail du paysagiste ne doit pas être un dictat mais se doit de faire en sorte de mettre en oeuvre les conditions pour habiter un lieu, aussi bien à l’échelle du micro que du macro. Créer la possibilité d’identification à un lieu, créer les conditions de sociabilité, nourrir un lien avec le territoire afin de l’habiter, faire en sorte que le paysage devienne l’espace du cadre de vie. Le paysage est un outil politique, reflet d’une société. Il est une résultante des pratiques du territoire et permet une approche transversale de la question et de ses enjeux. Il permet d’appréhender ses problématiques d’une manière sensible et consensuelle. J’inscris cette réflexion de TPFE dans la revendication que la paysagiste doit intervenir sur la notion de territoire, et dans la diversité que cela impose, ne pas se contenter d’aménager mais bien impulser une réflexion territoriale alliant une approche sensible et scientifique. »

Michel Sivignon, « Du verbe habiter et de son amère actualité », Revue de géographie de Lyon, Volume 68 Numéro 4, 1993, p. 215-217 2 Anne Cauquelin, Le site et le paysage, Presses Universitaires de France, Coll. « Quadrige ». Paris, 2002 1

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directeur détude : Annie Tardivon encadrant : Philippe Thomas Soutenance mercredi 6 juillet 2016, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille


SOMMAIRE belledonne : quand l’urbain rencontre la montagne

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I- Le périrubain ....................................................................................................................................................... P. 10 II- l’Invention de la montagne ....................................................................................................................... P. 16 III- Territoire d’étude : le massif de belledonne .................................................................................. P. 34 1. Un territoire montagnard aux portes des agglomérations .................................................... P. 34 2. la haute montagne métropolitaine ? ............................................................................................... P. 40 3. Une co-visibilité forte entre sommets et agglomérations ....................................................... P. 42

le balcon de belledonne : un espace de transit

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I- Le baclon : entre vallée et sommets, physionomie du territoire ........................................... P. 50 II- agriculture, UNE ADAPTATION AU CONTEXTE LOCAL ............................................................................. P. 70 III- HYDROLECTRICITé, histoire et patrimoine ............................................................................................. P. 76 IV- CULTURE, UNE FORME ITINéRANTE ................................................................................................................ P.78 IV- Les grands enjeux énoncés dans les documents de planifications ............................................... P. 82

le paysage de la route : un lieu a révéler

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Matérialité et jeux de regards ...................................................................................................................... P. 86 belledonne un paysage décor ? ................................................................................................................... P. 88 une route séquencée ......................................................................................................................................... P. 90 le paysage des accotements, alternance de paysages ouverts / fermés ............................................ P. 92 références et pistes de projet ....................................................................................................................... P. 94 intentions ................................................................................................................................................................. P. 96 remerciements ..................................................................................................................................................... P. 101 Bibliographie ........................................................................................................................................................ P. 102 table des illustration .......................................................................................................................................P. 102


belledonne : quand l’urbain rencontre la montagne. I- Le périurbain Périurbain : à proximité immédiate d’une ville. (Dictionnaire le Larousse)

Le périurbain est une notion difficile à définir d’une manière scientifique. Péri, « autour de », « dans les environs de », ne donne pas une vision très précise. La difficulté à définir le périurbain tient de la difficulté à cerner ses limites. Comme le résume Stéphane Cordobes, Romain Lajarge, Martin Vanier dans la revue Territoires 2040 ils n’existent pas qu’une seule question périurbaine unique, et homogène, qui serait la même partout en France1. Le périurbain s’oppose à, ce qui a de tout temps formé le monde occidental depuis sa sédentarisation, la ville et la campagne. Comment distinguer ce qui fait urbain et ce qui est encore rural du périurbain? Le périurbain est intimement lié à la question de la mobilité. Le développement de la voiture au milieu du XXème siècle, la possibilité de se déplacer plus rapidement et donc d’augmenter les distances journalières à entrainé de fait une extension de l’urbain sur la campagne. Il est intéressant de noter que les gens passent aujourd’hui toujours à peu près le même temps à se déplacer, environ une heure par jour tous les jours2. Un héritage génétique que l’anthropologue Cesare Marchetti explique probablement par le fait qu’à la préhistoire ceux qui se déplaçait plus d’une heure se faisait manger et ceux qui se déplaçait moins d’une heure n’avait pas assez de territoire pour bien manger3. Cette invention contemporaine permise par les changements des mobilités, résulte d’un désir de campagne et d’espace, tout en pouvant profiter des services et équipements générés par la densité urbaine. Trouver un ailleurs qui n’est pas la ville ni la campagne mais qui tient des caractéristiques des deux. Le périurbain est généralement considéré comme un espace qui dilue la ville et mite la campagne. 10

Il ne s’agit pas de faire une critique du périurbain, le travail mériterait une attention plus profonde. D’autant plus que de nombreux articles grand public et spécialisés y font référence, le hors-série de Télérama « Halte à la France moche » a fait couler beaucoup d’encre. Un débat relancé dernièrement avec la Loi Macron et la nouvelle réglementation des panneaux publicitaires, à travers un article de Télérama « Le retour de la France moche : merci la loi Macron ! » (janvier 2016). Il s’agit de dresser un état des lieux sur ces espaces et comprendre dans quel espace on agit. Des exemples généraux en France et d’autres plus ciblés sur le territoire Grenoblois viendront illustrer le propos. Un principe qui se déclinera dans l’ensemble de cette première partie.

Stéphane Cordobes, Romain Lajarge, Martin Vanier « Vers des périurbains assumés. Quelques pistes stratégiques pour de nouvelles régulations de la question périurbaine », Territoires 2040, Revue d’études et de prospective de la DATAR, n° 2, 2010 2 David Metz, The Myth of Travel Time Saving, Transport Reviews, Vol. 28, n°3, 2008 3 Cesare Marchetti, « Anthropological invariant in travel behaviour », Technological forecasting and social change, 47, 1994 1


Zone commerciale de Plan de Campagne Photo - Ian HANNING/REA

issue de l’article de télérama « le retour de la france moche : merci la loi macron ! »

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carte des grandes aires urbaines en forte croissance - Insee 2011

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QUI FABrIQUE le périurbain ?

quelles conséquences ?

Ces espaces périurbains sont des espaces qui ont été et qui sont planifiés par les documents d’urbanisme. La conception de ces documents se limite à une vision en plan. Traits, flèches, et masses dessinent le périurbain. Une absence de vision spatialité et tridimensionnel qui tend à définir un espace plutôt qu’un lieu, dans le sens où il ne fait guère appel au socle dans lequel il s’inscrit. Phénomène renforcé par l’absence de professionnel du cadre de vie (paysagiste, architecte, urbaniste) dans la conception de ces espaces. Une absence qui profite aux promoteurs, entrainant une réflexion à la parcelle plus qu’à l’échelle du territoire ou même du quartier dans lequel il s’inscrit.

Le périurbain est un espace décrié pour diverses raisons. Les principales que l’on peut extraire se résument ainsi : Sociologiques : le peu d’espace public, le phénomène d’entre-soi (notamment l’enfermement sur sa parcelle interrogeant la qualité des limites), l’individualisme Esthétiques : uniformisation à l’échelle locale comme nationale, recours aux mêmes modèles, privilège des matériaux préfabriqués et standardisé, aboutissant à la banalisation Economiques : dépendance de la voiture, augmentation des linéaires de réseaux pour les collectivités (renforcée par une faible densité de logement) Environnementales : consommation et artificialisation d’espaces (perte de biodiversité, résilience impossible ou millénaire), imperméabilisation des sols (risques d’inondation accru), diminution des terres agricoles.

exemples de faible qualité périrubaine - grésivaudan et massif de belledonne

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Le périurbain - espace de projet ? Dans leur article La prospective d’un tiers espace, le périurbain, Stéphane Cordobes, Romain Lajarge, Martin Vanier de la revue Territoires 20401 partent du constat que « le problème posé par la périurbanisation n’est pas tant l’étalement urbain et le caractère insoutenable de la ” ville ” qu’il fait advenir ; c’est l’absence, ou la grande faiblesse, du projet territorial qui la déploie et la gouverne ici et là, ou, dit autrement, la défaite du politique qu’elle sous-entend ». Ils considèrent que ni la ville, ni sa forme périurbaine sont mauvaises, mais ce sont leurs qualités ou absence de qualité sur lequel doit se porter le débat. Face à quarante ans d’inefficacité des ” luttes contre ”, il est pour eux nécessaire d’engager une politique de la périurbanisation. L’objectif n’est pas de favoriser l’étalement urbain, mais que cette politique soit en capacitée de donner du sens à un phénomène qui advient dans des territoires en mutations. Leur stratégie n’est pas de choisir un scénario, mais d’instaurer des politiques régulatrices qui s’adapte à chaque configuration géographique. En agissant avec des ”politique de” et non plus des ” luttes contre”. « De notre point de vue, il n’y a pas de mauvais horizon périurbain, il n’y a que des politiques inadaptées aux diversités périurbaines qui s’annoncent »2. Des expériences telles que celle menée par le SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) du Grand Clermont et ces PNR (Parc Naturel Régional) voisins du Livradrois-Forez et des Volcans d’Auvergne : Clermont au loin, chronique périurbaine3; montrent l’intérêt des collectivités de redonner du sens à ces espaces. Créer de nouveaux horizons, mettre en relation les éléments, renouer les liens habitants - territoire, dont l’appui sur la géographie, en tant que socle des modes d’occupations, justifie le projet futur. Une multitude d’expériences montrent l’intérêt de penser le territoire par le projet et non plus simplement par la planification et la réglementation. Un projet territorial qui trouverait ensuite un cadre institutionnel d’application.

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Stéphane Cordobes, Romain Lajarge, Martin Vanier « Vers des périurbains assumés. Quelques pistes stratégiques pour de nouvelles régulations de la question périurbaine », Territoires 2040, Revue d’études et de prospective de la DATAR, n° 2, 2010 2 Ibid. 3 Kristof Guez, Pierre et Rémy Janin, Alexis Pernet, et Hugo Receveur, Clermont au loin, Fûdo éditions, 2011, 155 p. 1


vue aérienne de grenoble et sa région - google maps

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II- L’invention de la montagne la révélation Le romantisme de la fin du XVIIIème siècle va révéler le territoire de montagne. Jusque-là, la montagne était un espace de subsistance habité par des populations vivant au rythme de l’agropastoralisme. Autrefois terre de chaos, la montagne devient paysage par l’artialisation. Les romantiques vont s’affairer à dessiner et décrire ces ambiances particulières, ces contrastes, ces points de vue, ces sites pittoresques, qui contribueront à la naissance d’un paysage dans la sensibilité collective. La montagne devient alors un territoire d’expérimentations artistiques, mais aussi scientifiques. Munis d’appareils de mesures, de carnets, ils inventorient les éléments qui composent la montagne, tentant d’expliquer les phénomènes jusque-là perçus comme chaos.

« A l’aube des temps modernes, les montagnes figurent les verrues de la création; elles semblent un territoire satanique. Peu à peu, elles apparaissent comme de délicieuses horreurs, qui procurent le frisson; en un mot, elles sont sublimes. » Alain Corbin, L’Homme dans le paysage, éd. Textuel, Paris, 2001

eugène violet le duc - SYSTÈME CRISTALLIN DES RESTES D’AIGUILLES SÉPARANT LE GLACIER D’ENVERS DE BLAITIÈRE DE LA VALLÉE BLANCHE / 1876 DESSIN; ENCRES. 20 x 26 cm 16


J.M.W. TURNER - la mer de glace en regardant vers l’aiguille du tacul / 1802 Crayon, craie, aquarelle et gouache sur papier; 31,4 x 46,5 cm

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La découverte L’essor de la pratique du tourisme par une élite tend à se populariser aux XIXème siècle. La montagne devient un espace reconnu pour ses vertus physiques et purificatrices. Le climatisme se développe avec la mise en valeur de l’air pur, des eaux curatives et du soleil généreux. C’est le développement d’un tourisme de villégiature. Dans le même temps les « courses » en montagne se démocratisent, afin de profiter des bienfaits de l’altitude mais surtout de découvrir les curiosités alpines. De nombreux aménagements de sites sont entrepris à proximité des sources (Evian les Bains, Allevard les Bains, Uriage les Bains, …), et des départs de course (Chamonix, Saint Gervais, …). Une implantation d’édifices tels que villas, hôtels, thermes, viennent profondément modifier la physionomie des villages ruraux; contrastant avec ces derniers par leur architecture imposante. Dans l’entre-deux-guerres se développeront de centres de soins au grand air, comme les sanatoriums pour traiter la tuberculose (Briançon, Saint Hilaire du Touvet, …).

Cet essor du tourisme est permis par le développement du train et notamment la compagnie ferroviaire PLM - Paris Lyon Méditerranée, assurant la desserte du sud-est de la France depuis Paris ainsi que la promotion touristique. Un tourisme saisonnier marqué par une saison hivernale en bord de mer et estival en montagne afin de profiter de l’air frais d’altitude. Les illustrations suivantes montrent les pratiques de la montagne à la fin du XIXème siècle et début du XXème.

station thermale d’uriage les bains et son parc. Photographie publié par la compagnie PLM en 1920

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affiche touristique du dauphinĂŠ curiositĂŠs alpines et stations thermale / 1900

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affiche touristique PLM - ALLEVARD les bains / 1894

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affiche touristique PLM - Uriage les bains / 1895

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refuge de la pra (alt. 2109m) - massif de belledonne / 1883 photographie club alpin franรงais

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cascade du domeynon - massif de belledonne / 1883 photographie club alpin franรงais

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sanatorium du rhĂ´ne (alt. 1150m) - saint hilaire du touvet (massif de la chartreuse) construction 1925 - 1929

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sanatorium martel de jainville (alt. 1150m) - Plateau d’assy (haute savoie) construction 1935 - 1937

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La révolution A la fin du XIXème siècle la saison d’hiver en montagne apparaît grâce à la découverte du ski et des sports de neige. Le tourisme en montagne jusque-là tourné vers la villégiature et l’alpinisme va prendre un tournant avec l’invention de la remontée mécanique dans les années 30. Utilisé initialement comme un moyen de locomotion par les populations de montagne (douaniers, militaires, médecins, …), la pratique du ski se démocratise avec le remonte-pente. L’instauration des congés payés en 1936, conjugué à la vulgarisation de la voiture lancera le début du tourisme de masse. L’engouement pour le ski nécessite la création d’équipements pour accueillir ces populations. Une véritable révolution pour les Alpes va s’opérer. La neige historiquement contraignante devient une richesse, sur les versants les moins exposés au soleil naissent les pistes de ski. Les villages partent à la conquête de leurs domaines d’altitude. Des stations vont naître dans des sites vierges en altitude là où autrefois les rudes conditions avaient dissuadé les hommes de s’installer. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Etat engage une politique volontariste d’ouverture de la montagne à la jeunesse française pour favoriser une pratique sportive du plus

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grand nombre. Cela se traduira par les aménagements des stations ex-nihilo tel que Courchevel 1850, les Arcs, ou encore Chamrousse. La maitrise foncière permet un aménagement d’ensemble construit sur un principe simple d’un domaine skiable orienté au nord et la construction des résidences sur les plateaux ensoleillés. Les Jeux Olympiques de Grenoble de 1968, avec les épreuves alpines à Chamrousse, traduisent cette volonté nationale d’expansion de la pratique du ski. Cette hyperspécialisation des territoires tournés vers le tourisme est aujourd’hui un système qui montre ses limites. Un essoufflement de la pratique du ski et la raréfaction de la neige avec le réchauffement climatique menacent ce modèle. L’économie touristique, elle même économie de substitution par rapport à l’agriculture et l’industrie de montagne - activités historiques -, est aujourd’hui menacée. Le model spatial privilégié avec l’implantation de la station créée de toute pièces au-dessus du village historique doit être requestionné et réinventé. La montagne a été une formidable terre d’invention au XXème siècle. Une capacité d’innovation et de transformation que doit mobiliser le XXIème siècle.

le ski a chamrousse au début du XXème Siècle - chalet de recoin (club alpin français)


plan d’amÊnagement de courchevel 1850 - Laurent chappis (1946)

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maquette d’amÊnagement de courchevel 1850 - Laurent chappis (1946)

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maquette d’aménagement des arcs 1800 - Atelier d’architecture en montagne (1972 - 1975)

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affiche post jeux olympique de grenoble - chamrousse / 1970

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station ex-nihilo - prapoutel les 7 laux (massif de belledonne)

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La (ré)invention Il n’est pas à prouver que les changements climatiques se font déjà ressentir en montagne. Là où la température globale a augmenté de 1°C en un siècle sur l’ensemble de la terre, +2°C se font ressentir dans les Alpes du Nord. En un demi-siècle l’isotherme 0 à gagné +200m en altitude. L’augmentation des températures, conjugués avec une diminution des précipitations entraînent une baisse des cumuls de neige, qui se fait particulièrement ressentir sur les stations les plus basses. Selon l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques) d’ici 2100 pour qu’une station soit viable son domaine devra se situer au-dessus de 2000 mètres d’altitude, réduisant à seulement 55 stations viables sur 143 que compte actuellement la France.1 Faut-il y voir une vision fataliste? Le ski n’est plus la seule activité recherchée en montagne, ces dernières années on a vu la forte expansion des activités estivales en montagne (VTT, randonnée, trail, …). L’hiver le nombre d’heures de ski par journée à diminué, les « à-côtés » (piscine, bien-être, culture, animation, …) prennent une part de plus en plus importante. Ce que nous explique Philippe Bourdeau, directeur adjoint de l’Institut de Géographie Alpine, dans un article de la Revue de Géogrpahie Alpine : « Ce “ pas de côté “ ne saurait se satisfaire d’un simple aggiornamento tactique, par exemple en termes de marketing et de communication, mais doit constituer un véritable retournement stratégique. […] La préoccupation de diversification liée à l’atténuation des effets du changement climatique ne repose donc pas seulement sur une offre de nouvelles activités récréatives (déjà très étoffée), mais aussi sur l’intérêt porté à de nouveaux espaces, de nouveaux publics, de nouveaux temps, de nouveaux sens et de nouveaux modes d’intelligence culturelle et territoriale du tourisme. […] Face à la force des enjeux et à la diversité et des facteurs de mutation à prendre en compte, les multiples processus à l’œuvre dans la sphère touristique constituent autant de marges d’action : dynamiques d’ancrage territorial et culturel, régulation par les acteurs publics et la société 32

civile, exigences de qualité environnementale, gestion raisonnée des risques, vitalité et créativité du secteur non marchand, complémentarité été-hiver, vertus de la pluriactivité touristique et non-touristique, affirmation de l’entre-deux récréatif résidentiel, rôle des outsiders (petites stations, petits massifs), montée des intermittences touristiques (années avec ou sans neige), renouveau du tourisme contemplatif et patrimonial, renaissance du climatisme et d’un néo-thermalisme (wellness)… Dans ces conditions, la sortie du “ tout ski “ peut ainsi être sereinement envisagée comme une sortie du “ tout neige “ et même du “ tout tourisme “. » 2 Lors de son expérience sur les Ecrins, lieu d’accueil de La Semaine Alpine 2008, P. Bourdeau évoque le renouvellement d’un territoire désindustrialisé qui a eu la nécessité de se réinventer suite à la disparition de l’activité principale de la vallée. Ce dernier conclu que la prise en compte « d’un arrière-plan socio-historique et culturel […] s’impose donc comme un élément à part entière de l’interrogation de la capacité d’un territoire à susciter, à diffuser ou à intégrer des formes de créativité interprétables en termes d’innovation. » 3 La montagne à non seulement la nécessité mais surtout les potentiels et la capacité à se réinventer. P. Bourdeau s’interroge sur un nouveau retournement des saisons et un retour du climatisme. Ce qui questionne nécessairement l’héritage de la station de ski, et la nécessité de repenser globalement un territoire, vallée - sommets, en lien avec ces nombreux acteurs. Les stations sont-elles de futurs territoires d’urbanités4 ?


poésie périurbaine, transhumance - revel (massif de belledonne)

Colloque de la FRAPNA : Le changement climatique en montagne. 26 septembre 2015 - Grenoble http://www.skipass.com/news/125971-le-changement-climatique-en-monta.html 2 Philippe Bourdeau, « De l’après-ski à l’après-tourisme, une figure de transition pour les Alpes ? », Revue de Géographie Alpine, 97-3 | 2009. 3 Philippe Bourdeau, « Interroger l’innovation dans les Alpes à l’échelle locale », Revue de Géographie Alpine , 97-1 | 2009 4 Hugues François. De la station ressource pour le territoire au territoire pour la station. Le cas des stations de moyenne montagne périurbaines de Grenoble. Géographie. Université Joseph-Fourier - Grenoble I, 2007 1

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IIi- territoire d’étude : le massif de belledonne Le massif de Belledonne porte actuellement une candidature de création d’un Parc Naturel Régional. Suite à une première étude de faisabilité l’Etat a émis un avis d’opportunité favorable à la création d’un PNR en février 2016. Les échéances futures sont le lancement d’un diagnostic territorial en 2017, préalable à l’écriture de la charte. Si le projet de parc n’en est qu’à ses balbutiements, il traduit une volonté de fédérer le territoire de Belledonne autour d’un projet commun, en affirmant l’identité montagnarde comme espace de projet et de vie.

1. Un territoire montagnard aux portes des agglomérations

Belledonne est une chaine de montagne des Alpes du Nord situé entre les départements de la Savoie, pour sa partie nord, et de l’Isère au sud. Le massif orienté nord-sud se décompose en deux versants principaux, à l’est le versant de la Maurienne et de l’Eau d’Olle, à l’ouest le versant du Grésivaudan. Le massif de Belledonne culmine à près de 3000 mètres d’altitude, son sommet principal est le Grand Pic de Belledonne (alt. 2978m). Cette chaine de hauts sommets a la particularité d’être aux portes des deux principales villes alpines française: Grenoble et Chambéry. Les agglomérations de Grenoble et Chambéry se caractérisent par les sommets qui les entourent, où ces derniers sont à la fois l’image identitaire et les limites géophysiques à l’expansion de l’agglomération. Au nord le massif de Bauges borde Chambéry, Grenoble est limité au sud par le massif du Vercors, entre les deux agglomérations on trouve le massif de la Chartreuse à l’ouest et de Belledonne à l’est. La Chartreuse et Belledonne sont séparés par la large vallée du Grésivaudan, composante importante du sillon alpin. Le massif est délimité géographiquement par plusieurs cours d’eau. A l’ouest et au nord Belledonne fait face aux massifs de la Chartreuse et des Bauges, la rivière de l’Isère qui s’écoule dans la vallée du Grésivaudan sépare les massifs. Au nord-est l’Arc le dissocie de la Maurienne et de la Vanoise. A l’est le torrent du Glandon le délimite du massif des Arves, au sud-est c’est l’Eau d’Olle qui le distingue des Grands Rousses. Enfin, au sud sur l’autre rive de la Romanche se trouve le massif du Taillefer.

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Lyon turin 0

Lyon

150 km

mont blanc chambéry

grenoble

turin 0

50 km

Localisation du Massif de Belledonne au sein des Alpes. Ses hauts pics enneigés tout au long de l’année et ses glaciers, en font un motif alpin par excellence. Situé à l’ouest des Alpes, le massif de Belledone constitue une véritable porte d’entrée des Grandes Alpes. A l’est se déclinent les plus fameux massifs alpins français, la Maurienne, le Parc National de la Vanoise, le Parc National des Ecrins. Un caractère d’autant plus marqué par la présence d’infrastructures (autoroute, routes nationales, lignes de train) menant vers l’Italie et les grandes stations de ski savoyardes et dauphinoises, passage obligé depuis le centre de la France (Paris, Lyon, et autres agglomérations).


massif des bauges

massif de la charteuse

massif dE Belledonne

sommets supérieurs à 2900m d’alt.

massif du Vercors

0

10 km

Le Grand pic de Belledonne, 2978 m Le Pic central de Belledonne, 2945 m Le Rocher Blanc, 2927 m La Croix de Belledonne, 2926 m Aiguille Michel, 2914 m Le Rocher Badon, 2912 m La Pyramide, 2912 m Le Puy Gris, 2908 m 35


massif des bauges massif de la chartreuse

massif du Vercors

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vallée du grésivaudan mont blanc

agglomération de GRENOBLE


massif de belledonne

Photographe: Jerome Narcy http://www.jerome-narcy.com/non-classe/grenobledepuis-lans-en-vercors-27-novembre-2014/ PubliĂŠ le 27 novembre 2014, consultĂŠ le 4 juin 2016

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deux versants aux dynamiques spécifiques Le massif de Belledonne a la particularité d’être un massif que l’on ne peut traverser d’est en ouest par voie carrossable. L’incapacité de relier les deux versants directement en voiture renforce l’image naturelle et sauvage de la montagne; cela a aussi pour conséquence l’absence de véritable entité « Belledonne » sur le plan sociologique. Les deux versants principaux du massif se différencient nettement, aussi bien sur le plan paysager que dans leur fonctionnement. Le versant est - de l’Eau d’Olle et de la Maurienne - se caractérise par une fine vallée encaissée (largeur comprise entre 300m et 1km) avec un fond de vallée aux altitudes variant de 500 à 1924m (Col du Glandon). C’est un paysage alpin par excellence, marqué par des vallées entaillées de torrents, entourées de hauts sommets et glaciers. Ce versant entretient une relation forte avec les autres Versant est - de l’Eau d’Olle et de la Maurienne. massifs voisins. Les domaines skiables des villages de - Paysage des alpages d’Allemont, en fond les Grandes Rousses Belledonne sont reliés à ceux des Grandes Rousses ou de - Etroite vallée de la Romanche, entre Belledonne et le Taillefer La Maurienne. Ce territoire est tourné essentiellement vers une économie montagnarde, alliant activité touristique hivernale et estivale et économie agricole. Le versant ouest - du Grésivaudan - est marqué par une large vallée ouverte d’environ 10km de large où serpente l’Isère à une moyenne de 220m d’altitude. Coincé entre la Chartreuse et Belledonne, le Grésivaudan n’en est pas moins un espace de respiration au milieu des massifs offrant une possibilité de recul pour observer les sommets emblématiques environnants. Son fonctionnement est intimement lié à la vallée et aux agglomérations Chambérienne et Grenobloise. La proximité directe avec les agglomérations à une influence forte sur ce versant. Les parties les plus proches des villes font parties intégrantes des agglomérations et les sommets servent d’espace de ressourcements de proximité. Si la physionomie du territoire reste rurale et montagnarde son économie est essentiellement tournée vers une économie résidentielle. Pour cette relation systémique avec la la ville, faisant de la montagne du Grésivaudan un territoire d’extension des Versant ouest - le Grésivaudan. agglomérations et un espace de jeux urbain, la réflexion se - Le Grésivaudan depuis la Dent de Crolles (Chartreuse) portera sur ce versant ouest. - Paysage de la vallée, Belledonne en fond. 38


population versant ouest : 708 821 hab. grenoble-alpes métropole : 450 494 hab. Dont Grenoble : 158 346 hab. chambéry métropole : 124 316 hab. dont chambéry : 58 039 hab. Grésivaudan: 98 983 hab. Coeur de savoie : 35 028 hab.

population versant est : 40 106 hab. maurienne: 29 349 hab. OISANs : 10 757 hab. 39


2. belledonne : la haute montagne métropolitaine ?

Parmi les massifs qui entourent Grenoble et Chambéry Belledonne se distingue des autres. Les Bauges, la Chartreuse, le Vercors sont des massifs pré-alpins. Ce sont des territoires de moyenne montagne avec principalement des sommets autour de 2000m d’altitude, le point culminant de ces massifs se trouve dans le Vercors, le Grand Veymont (alt. 2341m). Les sommets perçus depuis les coeurs des agglomérations ne dépassent que rarement les 2000 mètres. Ces montagnes préalpines calcaire se reconnaissent dans leurs physionomies, ce sont des montagnes « carrées ». Il faut entendre par cela qu’elles n’ont pas de sommets pointus qui se détachent des un des autres, comme l’image que l’on se fait de la montagne. Belledonne et ses sommets avoisinant les 3000 mètres, directement perceptible depuis les coeurs urbains, contraste avec les autres massifs. C’est le territoire de la haute montagne, fait de grands pics, il est l’archétype de la montagne - de la vallée aux neiges éternelles. Les sommets qui s’individualisent forment un ensemble homogène, un grand paysage naturel, cohérent et facilement identifiable. Cette monumentalité conférée à la chaine en fait un point d’appel important, focalisant les regards des résidents et des passants.

massif de belledonne / les grands pics alt. grand pic de belledonne 2978 m

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massif des bauges - chartreuse - vercors / les montagnes ÂŤ carrĂŠes Âť

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3. une co-visibilité forte entre sommets et agglomération

« La première chaîne des Alpes dauphinoises, qui borde à l’est la riante vallée du Grésivaudan et qui forme comme un rideau séparant les plaines fertiles de l’Isère des âpres solitudes de la Maurienne et de l’Oisans, est la montagne grenobloise par excellence. Ses pics hardis et ses glaciers étincelants servent de couronne à la prospère ville de trois roses : elle en est inséparable, elle fait corps avec elle dans la première impression qu’en perçoit l’étranger au sortir de la gare. Aussitôt que les constructions de la cité grandissante frappent ses regards, aussitôt qu’il entrevoit le clocher Saint-André, ce palladium et ce symbole de la vieille ville, ses yeux se portent en même temps sur cet encadrement de fières cimes qui en sont le merveilleux décor, et les dentelures de la Grande Lance deviennent dans son souvenir partie intégrante de Grenoble. » Henri Ferrand. Belledonne et les Sept-Laux, montagnes d’Uriage et d’Allevard (1901) Le massif constitue l’arrière-plan des agglomérations. Cette perception est d’autant plus importante depuis Grenoble, puisque les sommets de Belledonne sont la toile de fond du centre historique. Une relation visuelle ville-montagne évidente et historique, conduisant Stendhal à décrire sa ville de la sorte :

« au bout de chaque rue une montagne ».

Perceptions de Belledonne: En haut à droite - Centre historique de Grenoble En bas à droite - Agglomération de Grenoble En bas à gauche - Agglomération de Chambéry

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belledonne fond de scène de grenonle - Couverture du magazine du dauphiné / déc. 2015

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La montagne constitue l’arrière-plan depuis les agglomérations, l’inverse est aussi vrai. Depuis le massif, sur le versant du Grésivaudan, Grenoble ou la vallée du Grésivaudan sont pratiquement systématiquement visibles. Un contraste saisissant entre la vallée urbaine et la montagne. Ce contraste en hiver tend parfois à disparaitre avec la formation d’une « mer de nuage » au-dessus de la vallée. Ce phénomène météorologique hivernal nommé « inversion », donne un caractère d’autant plus féérique.

Perceptions de la Vallée: En haut à droite - Le Grésivaudan depuis La Combe de Lancey En bas à droite - Agglomération de Grenoble depuis Revel En bas à gauche - Grenoble depuis Poisat

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Perceptions de la vallée du Grésivaudan depuis Les 7 Laux, en été et hiver avec le phénomène d’inversion

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le balcon de belledonne : un espace de transit. Le Balcon de Belledonne correspond à la partie sud du massif de Belledonne sur le versant du Grésivaudan. C’est un territoire sous l’influence directe de l’agglomération Grenobloise. Il concentre d’autre part une grande partie des sommets les plus emblématiques du massif, dont le point culminant : le Grand Pic de Belledonne. C’est aussi sur le Balcon que l’on trouve les principales stations de ski du massif, qui compte parmi les plus fréquentés de l’Isère. Ainsi que les deux stations thermales iséroises Uriage et Allevard aux deux extrémités du territoire du Balcon Pour cette caractéristique périurbaine, allié à ces paysages grandioses qui font son attrait - touristique comme résidentielle - mon choix s’est porté sur ce territoire, alliant tourisme et espace du quotidien.

allevard les bains uriage les bains

grenoble Le territoire du Balcon Le Balcon habité

allevard les bains

grenoble

uriage les bains

0

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10 km


chamrousse laval

theys allevard

crêts en belledonne (st pierred d’a.)

les adrets hurtières goncelin

pontcharra

tencin

le champ près froges la pierre froges

st mury monteymond ste agnès

revel la combe de lancey

st Martin d’Uriage

vaulnaveys le haut

st jean le vieux villard bonnot

le versoud

crolles

murianette venon domène

meylan

herbeys

gières st martin d’hères grenoble

découpage des communes en verticalité - de la vallée aux sommets 0

5 km

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balcon de belledonne 23 000 HA 20 000 Habitants

dont 4000 allevard, 5500 st martin d’uriage

12 km

40 km 0

5 km

dénivelé + 2768 m

alt. 210 m (isère à grenoble) alt. 2978 m (grand pic de belledonne)

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grésivaudan

(versant belledonne)

30 000 HA 40 000 Habitants


rocher de l’homme 2755m

grand pic de belledonne 2978m

le ferrouillet 2622m pas de la coche1989m le grand rocher 1926m cime de la jasse 2478m crêt du poulet 1726m

pic de belle étoile 2718m

gde lance de domène 2790m le grand sorbier 2526m le gd colon 2394m

croix de chamrousse 2253m

topographie sommets principaux du balcon 0

5 km

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I- le balcon, entre vallée et sommets, physionomie du territoire un schéma géographique qui se répète Le Balcon de Belledonne se définit par un territoire de moyenne montagne - le Balcon à proprement parler - et de haute montagne qui dominent la vallée de l’Isère. Les balcons habités occupent la place médiane de l’étagement du relief et de la végétation. Ils sont séparés de la vallée du Grésivaudan par les collines bordières couvertes de feuillus, surtout des châtaigniers, qui forment les premiers contreforts du massif, entre 200 et 900m environ. D’autre part ils sont séparés de la haute montagne par la forêt dense de résineux, épicéas principalement, entre 1100m, limite supérieure de l’habitat, et 1800m, début des étages alpin et nival. Les différents étages alpins se déploient avec une remarquable continuité et une grande lisibilité, de la vallée à la montagne rocheuse et ses glaciers, en passant par le domaine agricole. Belledonne présente le grand paysage caractéristique des Alpes du Nord. Le territoire de moyenne montagne de Belledonne est formé d’une couche sédimentaire plissée par le soulèvement du massif cristallin qui la domine. Le glacier du Grésivaudan a creusé dans cette formation sa vallée en auge, créant ainsi une topographie de balcon. Les torrents qui bloc diagramme établi entre la combe de lancey et ste agnès

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descendent des sommets de Belledonne ont entaillé cet ensellement par de nombreuses et étroites vallées. Cet entaillement du Balcon donne un schéma géographique qui se répète marqué par une succession de combes et vallons suspendus. Un paysage répétitif et rythmé, multipliant les entités géographiques et les situations, donnant à ce territoire une logique caractéristique. Avant-pays, le Balcon de Belledonne joue un rôle de transition, entre la plaine du Grésivaudan et la haute montagne. Sa dénomination de « balcon » traduit cette position à la fois dominée et dominante, où les paysages ne cessent d’alterner entre plaines et hauteurs. « L’attrait des balcons tient beaucoup aux contrastes qui les différencient de la vallée toute proche. Contrastes climatiques, qui en font un séjour des plus agréables ; contrastes de l’occupation humaine, empreinte de calme et de sérénité, loin de l’urbanisation de la vallée, parfois perçue, par contraste, comme une rue industrielle sans attrait particulier. »1


une succession de combes perpendiculaire à la vallée un schéma géographique caractéristique 0

5 km

Bienvenu Patrick, Mazas Alain, Boëmare Alain, Les chemins du paysage, un outil de connaissance des territoires de l’Isère. Conseil général de l’Isère, 2001 1

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- La monumentalité du massif depuis St Nazaire les Eymes (piémont de la Chartreuse) - page de gauche - La combe du Domènon depuis la vallée - Domène - page de droite haut - La combe du Vorz depuis Ste Agnès - page de droite bas

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un territoire de hameaux

une faible implantation de commerces

Les villages et hameaux s’insèrent dans le léger replat du Balcon, un paysage aux formes accueillantes séparé de la vallée par de doux épaulements. Une situation privilégiée induite par la géographie. Les Hommes se sont historiquement installés sur les versants les mieux exposés, en adrets (le versant ensoleillé). La géographie particulière du territoire a conditionné l’implantation des villages. Le versant principal, orienté estouest, est peu favorable à l’ensoleillement et donc la vie humaine. Cependant la succession de combes vient créer une multitude de micro-situations favorables. Historiquement les villages et hameaux se sont implantés à proximité des zones les plus plates - les plus favorables à l’exploitation agricole. Dans un territoire de montagne ces espaces se font rares, il en résulte une implantation de bâtis dense et regroupée, organisé autour de hameaux et des fermes historiques, les Mas.

Le fonctionnement contemporain périurbain de ce territoire induit une dépendance à la vallée et Grenoble. Les centres d’emplois et de services se situent en vallée, la montagne sert essentiellement de cadre résidentiel. La situation privilégiée, ainsi que la présence d’industries de pointe en vallée font du Balcon de Belledonne un territoire aux catégories socio professionnelles élevés (« part important de cadres et professions intellectuelles supérieures »)1. C’est un territoire dynamique et attrayant sur le plan démographique (« évolution de la population en moyenne entre 1999 et 2006: +11 à 20% »)1

Cet attrait et ce dynamisme sont à nuancer sur l’aspect « vie de village ». Les commerces sont peu nombreux, à l’exception de stations (ski et thermales) et du village de Theys. On compte seulement trois commerces (épicerie, boulangerie) en dehors de ces pôles. C’est à peine mieux pour les bars restaurants en coeur de village ou hameau , s’ils Cet héritage vernaculaire se traduit aujourd’hui par l’ab- sont nombreux sur l’ensemble du territoire ils se situent sence de véritable centralité. A l’échelle de la commune il essentiellement au départ de randonnées ou proche des est difficile de distinguer réellement un centre bourg tant espaces de loisirs, avec une activité saisonnalisée. les hameaux sont équivalents au centre - là où se trouve la mairie et/ou l’église. A l’échelle du territoire aucun village n’est réellement plus important que l’autre, à l’exception des deux extrémités Saint Martin d’Uriage et Allevard, correspondant aux deux stations thermales.

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absence de centralité évidente un territoire de hameau 0

5 km

Les cartes suivantes ne réprésentent que le territoire de Belledonne, et omettent volontairement les autres territoires (Chartreuse, Grésivaudan).

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Communauté de Communes du Pays du Grésivaudan, Programme Locale de l’Habitat, 2013-2018. Février 2013

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- Theys et ses hameaux - page de gauche - Les Adrets et Theys depuis Prapoutel - Les 7 Laux - page de droite haut - Hameau du Rousset, Revel - page de droite bas

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une montagne généreusement desservie La géographie fait de ce territoire un territoire de verticalités par les combes et les torrents qui les sculptent descendant des sommets vers la vallée. Ces combes sont aussi des voies naturelles reliant la vallée et le balcon. C’est tout naturellement que les routes s’y sont implantées, sur le versant le plus au nord de la combe - exposé sud - limitant ainsi les problèmes liés aux intempéries (froid, neige, gel, pluie, boue, …). Les routes dans les combes jouent un rôle de trait d’union entre le territoire de la vallée et celui des Balcons. L’implantation en vallée d’infrastructures (autoroute, train) permet de relier rapidement et efficacement Grenoble et les autres pôles d’emplois. Sans centralité évidente le Balcon de Belledonne est marqué par autant de routes que compte de combes le territoire. Le fonctionnement et ce historiquement, fonctionne dans la verticalité de la vallée au balcon (et vice-versa). Le lien horizontal est relativement absent. La contrainte topographique rend la transversalité entre les villages peu fonctionnelle.

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un fonctionnement vertical une montagne généreusement desservie 0

5 km

A 41 Train Route départementale du quotidien Route des Balcons

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suite végétale continue de la vallée aux alpages Une des spécificités de Belledonne est de ne pas avoir de grandes falaises, ainsi les étagements végétaux se déploient en continu. Entre la vallée et le massif la séparation est nette. La colline bordière se caractérise par un relief soutenu. La déclivité et l’exposition ne permettent pas l’implantation de bâtis. Ainsi cette colline de feuillus marque la transition entre le Balcon et la vallée. A la sortie de cette bande forestière le changement est brutal, un véritable ailleurs se dégage à la vue. Une ouverture sur les Balcons et les sommets permise par l’activité agricole offrant le maintien d’un espace ouvert et la possibilité à la vue de s’étendre et de profiter des panoramas sur les massifs environnants. Entre le replat du balcon et les sommets se trouve une large bande forestière. La partie basse (1000-1500m) est essentiellement privée, au dessus de 1500m c’est la forêt publique domaine de l’ONF. La diminution de l’activité agricole et la perte d’une culture rurale pour l’entretien de la forêt entrainent une prise en étaux des villages par l’avancement de la forêt. Cette question et ses acteurs sont évoqués plus spécifiquement dans le point sur l’agriculture et la sylviculture.

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une horizontalité des étgaments suite végétale continue de la vallées aux alpages 0

5 km

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En coupe les étagements se succèdent avec une remarquable continuité; en plan ils s’organisent dans une succession de parralèlles.

forêt de conifères

espace agricole - ouvert

forêt de feuillus 62


large bande boisĂŠe

un archipel agricole

collines bordières 0

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5 km


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- Paysage fermé des collines bordières, Domène - page de gauche haut - Limite franche entre l’étage agricole et forestier, Prabert - Laval - page de gauche bas - Succession des étagements, Revel - page de droite

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territoire de tourisme sans économie touristique L’activité touristique se passe essentiellement en haute montagne autour de la pratique du ski - en stations comme en ski de randonnée -, de la randonnée ou encore de l’alpinisme. Avec ces hauts sommets Belledonne offre la possibilité d’une pratique de haute montagne à quelques kilomètres de Grenoble. Cette proximité d’un pôle urbain entraine une fréquentation importante du massif et ce sur les quatre saisons. Une présence forte qui a la particularité de générer une économie touristique proche du néant. Si les stations de ski fonctionnent sur un modèle touristique, ce n’est pas le cas du territoire. Face à un public généralement initié disposant de son propre matériel les dépenses en ce sens sont faibles. Quant à la proximité avec Grenoble la possibilité de venir à la montagne à la journée, voir simplement entre midi et deux ne génère pas non plus une économie touristique liée à l’hébergement. L’impact touristique sur les stations est lui aussi à relativiser. L’essentiel de la clientèle est locale, même si elle aura tendance à plus consommer (location de matériels, bar-restaurants) et/ou acheter un forfait pour utiliser les remontées mécaniques en hiver ou en été; l’économie touristique liée à l’hébergement est faible. Au 7 Laux seulement 20 à 25% du chiffre d’affaires est généré par les séjours, soit l’inverse des modèles de stations alpines.1

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A l’étage du Balcon on retrouve une activité touristique et de loisirs autour des stations thermales. Au départ des randonnées les plus fréquentés (Freydières - Revel, Col des Mouilles, Ste Agnès) on retrouve une petite activité de restauration, souvent saisonalisée. La route des Balcons est aussi un espace plébiscité par les loisirs, notamment le cyclisme. Une route appréciée pour ses paysages, son dénivelé rythmé, mais surtout sa faible fréquentation par les voitures. La route a accueilli plusieurs évènements cyclisme, dont une étape du Critérium du Dauphiné de 2016. Malgré la fréquentation le massif, le Balcon de Belledonne reste relativement sous équipé pour l’accueil, et tend à être un espace de transit subissant l’activité touristique plus qu’il n’en profite.


une activité touristique toutes saisons d’altitude territoire de tourisme sans économie tourisitque 0

5 km

Station thermale Station de ski GR 549, traversée du nord au sud du massif Sentier des Bergers, randonnées à la journée proposées par la Fédération des Alpages 38

Circuits de découverte agricole, randonnées à la journée proposées par l’ADABEL (Association pour le Développement de l’Agriculture en Belledonne)

Hugues François. De la station ressource pour le territoire au territoire pour la station. Le cas des stations de moyenne montagne périurbaines de Grenoble. Géographie. Université Joseph-Fourier - Grenoble I, 2007 1

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- Paysage et activitĂŠs hivernals, Prapoutel - Les 7 Laux, les Adrets - Paysage estival - refuge de la Pra, Revel

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II- L’agriculture, UNE adaptation au contexte local une diversification historique des cultures Les différentes études paysagères, sociologiques, préfiguratives du PNR, etc. s’accordent à dire que l’activité agricole en Belledonne est fragile. Une fragilité due à une difficulté de l’agriculture de montagne conjuguée à l’absence de produit phare ou d’appellations et menacée par la pression urbaine. C’est pourtant cette agriculture qui joue un rôle essentiel dans la production du paysage des balcons de Belledonne, paysage qui fait l’attractivité des balcons. L’agriculture est la garante de la qualité paysagère du territoire en maintenant des espaces ouverts, « qui permettent à la vue de s’étendre et de profiter des motifs et points fort environnants ». L’agriculture est aussi souvent la dernière activité professionnelle dans les villages, elle participe au cadre de vie ainsi qu’à l’aménité de ce territoire et ses paysages. Historiquement l’agriculture en Belledonne est orientée vers une double-activité. L’arrivée de l’industrie - et l’exploitation de la force hydraulique - au XIXème siècle a permis aux agriculteurs de Belledonne de descendre travailler à l’usine dans la vallée du Grésivaudan toute proche, tout en maintenant une activité agraire en montagne. C’est la naissance de « l’ouvrier-paysan ».

Cela a eu pour conséquence le maintient d’une forte présence agricole mais sans véritable spécialisation dans un produit ou un type d’agriculture, ainsi qu’une faible taille des surfaces d’exploitations. Ces conséquences sont aujourd’hui toujours perceptibles avec une agriculture de productions diversifiées, une faible taille des exploitations (22ha en moyenne) et une forte présence de l’agriculture dite patrimoniale - dans une logique d’entretien de propriétés familiales sans stratégie économique marquée - qui représente 1/3 des agriculteurs sur le massif. La production est essentiellement tournée vers l’élevage (85% des exploitations). La production laitière a été délaissée ces dernières années. Du fait des petites parcelles les volumes de lait produits sont faibles, de plus l’étalement des exploitations autour de routes de montagne sinueuses ne rend pas viable l’exploitation par une coopérative classique (type SODIAAL). Une production diversifiée assez importante se développe sur le Balcon de Belledonne, céréales avec transformation en pain, production de miel, de volailles de chair, d’œufs fermiers, de légumes, lait transformé en glace, entre autres.

zoom sur la ferme Truc-Vallet, La Boutière - Laval entretien avec Marie Truc-Vallet, réalisé le 28 décembre 2015

la ferme En chiffres: Marie Truc-Vallet reprend la ferme de son père. Elle est sai- 15 ha en fermage, 4ha en propriété sonnière à la station des 7 Laux en tant que monitrice de ski, - 25 chèvres, 5 vaches son père aussi était saisonnié aux 7 Laux. - 100% de la production en vente directe (à la ferme, La stratégie de l’exploitation dépend de cette saisonalité. La AMAP, marché de Brignoud au printemps) mise à bas se fait après les vacances de février. - 2mois 1/2 pour la fenaison de 15ha. Le lien avec la station se fait aussi par les visites des fermes Production princiaple : lait et fromages les jours de mauvais temps. Marie veut reprendre l’exploitation par passion, par héritage familial, une sorte de «mission». Pour son père l’entretien du paysage était autant important que la production. Elle aussi garde l’aspect paysager, ce qu’elle voudrait - en plus de produire - c’est pouvoir transmettre un savoir-faire, une éducation à l’agriculture. Elle fait face à un constat d’étouffement, en montrant une photo historique et un paysage beaucoup plus ouvert; une perte de la culture rurale, et une disparition des emplois sur le massif, « sur la Boutière il ne reste que mon père et la nounou ». L’agriculture en Belledonne n’a pas de grosse production et n’intéresse pas l’industrie. La vente directe est très adaptée, dans un territoire avec du monde. 70


les difficultés de l’agriculture L’agriculture en Belledonne est menacée par la pression foncière. Au cours des dernières décennies on a « relégué » l’agriculture dans les pentes, prétextant que l’agriculture entretenait les pentes. Cependant l’agriculture a aussi besoin de terrain mécanisable, qui sont les plus plats - forcément rare dans un territoire de montagne. Dans les années 80-90 les documents d’urbanisme stipulaient de grandes parcelles pour implanter sa maison (1000 à 2000m2 minimum). Les terrains plats étaient les plus convoités. Aujourd’hui la question agricole et ses difficultés sont intégrées dans les documents de planifications, les terres agricoles y sont systématiquement protégées. Un autre phénomène de consommation de terre est celui de l’avancée de la forêt. Cette avancée fait suite à une déprise agricole au cours de ces dernières décennies, ayant un impact fort sur le paysage et le cadre de vie (lumière, micro-climat, vues, etc.). Son évolution lente conjuguée à une image montagnarde de la forêt n’est pas perçue des plus négativement, jusqu’à un point critique. Pour agir sur la question de la forêt – sur les balcons - et donc des espaces ouverts qui en découlent, la question de la valorisation agricole et de sa viabilité dans le territoire est l’une des clés pour solutionner le problème.

L’enjeu auquel fait face l’agriculture aujourd’hui concerne le foncier. Le décalage entre le prix du foncier agricole et du foncier bâti est tel que les propriétaires font de la rétention foncière en espérant le « jackpot » si le terrain devient constructible. Les successions et héritages provoquent aussi une augmentation des propriétaires. Les agriculteurs étant rarement propriétaires de terrains, leur activité est fragilisée par la précarité des baux. Si l’agriculture en Belledonne fait face aujourd’hui à une volonté d’installation importante de jeunes agriculteurs, la faible disponibilité du foncier et ses coûts élevés sont des freins à l’installation mais aussi à l’agrandissement des exploitations existantes.

échange sur un marché fermier avec joel gentil, agriculteur de la ferme communale de la grangette, la chapelle du bard - pays d’allevard. 29 décembre 2015 71


une stratégie de valorisation par les circuits courts Face aux difficultés et afin de dégager un revenu suffisant l’agriculture en Belledonne s’est tournée vers une stratégie de transformation et de vente directe. Cela permet de répondre à une demande forte de produits locaux de qualité, en ajoutant une valeur ajoutée aux produits agricoles. L’essentiel des productions est vendu par les circuits courts: vente directe, AMAP, marchés. L’évolution historique a conditionné l’agriculture de Belledonne. L’industrie a donné un revenu au paysan lui permettant de maintenir son activité agraire de subsistance, sans qu’il ne se spécialise dans une activité autour d’une véritable stratégie économique. Aujourd’hui cela fait à la fois la difficulté de l’agriculture en Belledonne : faible surface des exploitations, pas de spécialisation, conservation de terre par l’agriculture dite patrimoniale ; et sa richesse: diversité des productions, multitude de petites exploitations. Se pose alors la question de la stratégie agricole du massif. Belledonne parle essentiellement à l’échelle locale, contrairement au Vercors ou aux Bauges qui ont une portée nationale. Faut-il se spécialiser autour d’un produit? L’échec

de la tentative « Tome de Belledonne » montre la difficulté d’une unité dans à la diversité des exploitations et productions. La richesse de Belledonne ne serait-elle pas dans sa richesse de produits? Une diversité de production produisant une diversité de paysage, capable d’offrir une variété de produits (viandes, légumes, fromages, fruits, glaces, miel, …) répondant aux demandes du bassin de vie grenoblois.

carte des lieux de vente à la ferme, Association pour le Développement de l’Agricutlure en Belledonne - adabel 72


intérêts et implication de la collectivité, quelques expériences Espace public et valorisation agricole HERBEYS Projet de recomposition de centre bourg et création d’un magasin de producteurs. La valorisation du centre bourg par l’espace public est accompagnée par l’installation - dans l’ancienne mairie - d’un magasin de producteurs « Herbe et Coquelicot », regroupant des productions de Belledonne et des massifs environnants. SAINT MARTIN D’URIAGE - Hameau du Pinet Projet de recomposition de hameau et création d’une place de marché. Le projet de rénovation de l’école s’est accompagné d’une réflexion sur la composition du centre du hameau. Une association du projet d’architecture et d’espace public permettant de valoriser l’ensemble. La hiérarchie des espaces permet l’installation d’un marché de producteurs Protection par les documents d’urbanisme SAINT MARTIN D’URIAGE - Hameau du Pinet Terrains communaux agricoles (15ha) protégés par le PLU. La ferme du Loutas dispose d’un tenant de 15ha de terrains communaux autour de la ferme. Réponse d’une municipalité pour le maintien de l’agriculture, agissant sur la question de la complexité du foncier, facilitant par là même la transmission de l’exploitation. Projet expérimental LAVAL - Hameau de Prabert Projet de reconquête agricole - regain d’espace agricole sur des zones de forêt. Projet porté par Guy Rebuffet, la mairie de Laval, la CC Grésivaudan, l’ADABEL, et l’Espace Belledonne, en faveur de la réouverture d’un espace forestier issu de la déprise agricole. Il fait suite à un constat d’une demande de terrain agricole sur la commune, et d’une analyse fine des terrains favorables à l’agriculture (historique, pente, desserte, maturité des boisements etc.). Projet test motivé par la question agricole et paysagère. L’entrée paysagère est motivée par la réouverture et ses conséquences en apport de lumière, de vues, etc. favorisant l’attrait et la pratique du territoire.

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zoom sur la forêt publique entretien avec Yvan Orrechionni, Office Nationale des Forêt - maison forestière d’Allevard réalisé le 10 juillet 2015 Belledonne : une forêt de reconquête, relativement jeune (150 ans). Au XIXème siècle, surexploitation de la forêt en Belledonne (pour industries de la vallée, et surpâturage) Elle est composée de quelques feuillues en bas (châtaignier), la forêt haute est dominée par des épicéas et des sapins avec la présence d’hêtres et d’érables sycomore. La forêt de Belledonne sera stable dans 100 ans, et sera composée de sapins et hêtres principalement ainsi que d’épicéas (mais moins présent) - Les habitants sont culturellement coupés de la forêt : pas d’exploitation sylvicole de la forêt, pas d’attachement ni la culture de la forêt. Forêt privée en Belledonne considérée comme réserve financière, quand besoin d’argent coupe rase. Un attachement à la forêt se fait sentir sur l’aspect cadre de vie, car il est le lieu de cueillette des champignons, de lachasse etc. - La forêt (d’exploitation) est moyennement desservie, mais il est difficile de faire plus. Les pistes qui restent à faire sont les plus difficiles avec un gros impact paysager, un risque élevé, et un coût important. La forêt publique est relativement bien desservie. La forêt privée fait face au problème de foncier, du fait d’une multitude de propriétaires. L’enjeu pour le futur est de savoir comment va-t-on réussir à préserver l’existant plus que de créer des dessertes. Les subventions à l’investissement sont nombreuses, mais se pose la question de l’entretien après ? - Il y a un constat de déséquilibre des boisements autour des communes des Balcons. La forêt basse menace pour la qualité des villages et des espaces. Le réchauffement climatique pose problème, peu sur la partie haute où tous les étages vont gagner en altitude, mais sur la partie basse se pose la question du maintien du résineux (d’autant plus que la forêt nécessite une vision à long terme ,sur plusieurs dizaines d’années) - Pratique de coupe rase dans le paysage : fort impact visuel. Présente des risques, les boisements sur les côtés se retrouvent déséquilibrés : risque de chute. Problème d’infection lié à un insecte scolyte (espèce locale) d’autant plus actif quand la forêt est affaiblie (favorisé par plantation dense, mauvaise gestion, population équienne etc.)

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zoom sur la forêt privée entretien avec Pascal Guillet, CRPF - Centre Régional de la Propriété Forestière - réalisé le 25 août 2015 La forêt en Belledonne est une forêt morcelée sur le plan du foncier. Les héritages favorisent les divisions parcellaires. Les parcelles sont généralement inférieures à 2ha et échappent à la réglemmentation de boisement, et donc la difficulté d’une gestion globale de la forêt. Le système d’Association Syndicale Libre de Gestion Forestière (ASLGF) est difficile à mettre en place sur Belledonne du fait de la bonne qualité des bois, les propriétaires craignent que leurs bois soient mélangés avec du bois de moins bonne facture entrainant une baisse globale du prix. Les bois de Belledonne subissent une forte pression des acheteurs. Composé d’épicéas ce sont des bois de très bonne qualité entrainant une forte demande. (Chartreuse prédominance du sapin, moins recherché). S’exerce alors une pression des scieries, qui reste à l’affut et pratique une « gestion » par coupe rase Le problème pour la desserte, est qu’il n’y pas de matériaux (empierrement, pierres) disponibles directement sur place, ce qui nécessite une importation et donc une augmentation des coûts (contrairement à Vercors et Chartreuse) Il y a eu jadis un projet de desserte longitudinale (parallèle à la route des Balcons) qui traverse et dessert du nord au sud; la division géographique par les combes et ruisseaux (est/ouest) rend le projet trop couteux. Globalement on observe une bonne dynamique depuis 10/15 ans, les différents projets (Schéma de desserte, Charte forestière : projet stratégique pour le Grésivaudan, etc) permettent aujourd’hui des actions qui n’étaient pas possibles auparavant. Les objectifs pour le futur sont de trouver des débouchés directement sur le secteur. (Rôle / mission du PNR ?)

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III- hydroelectricité, histoire et patrimoine une terre d’invention C’est sur les pentes de Belledonne qu’est né l’hydroélectricité. En 1869, Aristide Bergès réalise les premières chutes de grande hauteur pour alimenter ses papeteries à Lancey (commune de Villard-Bonnot). Il utilisera la puissance du ruisseau de Lancey et du torrent de Vorz, le débit irrégulier des torrents l’obligera à aménager des lacs en montagne et à créer des conduites forcées. Pour réguler le ruisseau de Lancey il aménagera le Lac du Crozet, aujourd’hui lieu de randonnée réputé pour son lac à débordement. Grâce à cet aménagement il fait fonctionner pour la première fois une turbine par la seule force de l’eau avec une puissance de 500 ch obtenue grâce à une chute de 200 m La puissance du ruisseau de Lancey ne suffisant pas il s’intéresse au torrent de Vorz situé sous le Grand Pic et alimenté par le glacier de Freydane. Le Lac Blanc crée une retenue naturelle sous le glacier, en contrebas dans le hameau de la Gorge entre St Mury et Ste Agnès est aménagé une retenue pour alimenter les conduites forcées et la papeterie en vallée. La forte déclivité entre le Lac Blanc et le hameau de La Gorge lui permet de développer une puissance de 1200ch. De source locale St Mury Monteymond est le premier village de France à bénéficier d’un éclairage public électrique. Il fonde en 1898 la Société d’éclairage électrique du Grésivaudan, qui alimentera Grenoble en éclairage public ainsi que la ligne de tramway reliant Grenoble à Chapareillan (piémont de la Chartreuse), alliant progrès technique et progrès social. D’autres industriels feront la richesse du Grésivaudan, Amable Matussière à Domène (ruisseau du Doménon), ou encore Alfred Freydet à Brignoud (ruisseau de Laval).

un patrimoine à révéler ? Aujourd’hui encore ce patrimoine est perceptible. Les turbines fonctionnent toujours, une multitude de petites retenues et barrages sont visibles au coeur des villages, les conduites forcées sont toujours apparentes. Si le patrimoine électrique est fortement mis en valeur par EDF, il concerne surtout les grands barrages et ouvrages d’art plus impressionnants. Cependant le petit patrimoine hydroélectrique de Belledonne est assez peu mis en valeur. C’est pourtant sur cette montagne que l’on a inventé pour la première fois la « houille blanche ».

C’est à Aristide Bergès que l’on doit la formulation de l’expression « houille blanche ». En 1925 à Grenoble est organisée une exposition universelle de la houille blanche et du tourisme, l’affiche rend largement hommage au massif de Belledonne avec une présence significative en fond de scène. Photos page de droite : - Lac du Crozet (la Combe de Lancey) - Retenue hameau de la Gorge (St Mury - Ste Agnès) - Conduite forcée en aval du hameau de la Gorge 76


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IV- culture, une forme itinérante L’activité culturelle en Belledonne est fortement présente. De nombreux lieux d’expressions et de découvertes existent au coeur des villages (bibliothèques, MJC - Maison des Jeunes et de la Culture). Plus que simple lieux génériques le territoire des Balcons offre une activité et programmation culturelle riche, ancrée dans son territoire entre vallée, villes et sommets. Des structures locales mobilisent le territoire à travers et dans une action culturelle, il y a la fois la création d’une offre pour les populations et une implication de celle-ci. Cette initiative culturelle prend la forme de l’événementiel et de l’itinérance. Itinérance physique par le déplacement sur le massif, évènements itinérants sur une saison, itinérance par le voyage et la présentation de projet venu d’ailleurs. Les acteurs et évènements culturels majeurs du balcon de belledonne … La Fédération des Alpages de l’Isère basé aux Adrets Saison des alpages. Invitation à l’exploration des alpages. Découvrir de la culture pastorale d’ici et d’ailleurs et les réalités contemporaines des métiers du pastoralisme au travers de portraits, débats, expositions en impliquant le promeneur dans la découverte, par l’expression plastique, photographique, musicale, ou encore poétique.

montagne. Le challenge de remplacer les rues et places d’une ville par les sentiers et les clairières de la montagne n’était pas gagné… Mais le pari est réussi ! » Scènes Obliques, association basée aux Adrets : - Festival de l’Arpenteur aux Adrets. Pendant une semaine au mois de juillet ce festival d’art vivant « théâtre pentu et parole avalancheuse » prend chaque année ses quartiers au coeur du village. Un festival partenaire de la Saison des Alpages, « 21 ans l’Arpenteur s’essaie au pas de côté. Et affirme son désir de rester en mouvement ; d’interroger la force et la nécessite du mouvement ; de se confronter ensemble par la marche, à l’esthétique et à la complexité de nos paysages ; de cheminer, sensiblement, à la lisière du soi et du hors-soi. »

La Marmitte des Adrets, caf’épicerie et rest’autrement issu de l’économie sociale et solidaire. « La Marmitte est un lieu de restauration, café, épicerie ainsi qu’un espace de rencontre. Elle s’articule autour de trois pôles majeurs que sont les services, la convivialité, et l’animation afin de créer un lieu de rencontres intergénérationnelles répondant au mieux aux attentes des Campanais (habitants des Adrets) mais aussi proposer un lieu original et singulier qui attire gens de passage et extérieurs » - Projet Cairns, « des artistes et des acteurs culturels sont confrontés dans leur pays à des espaces, à des contextes historiques, politiques…- particuliers. Par choix ou sous la La Gelinotte, Kafé Sauvage, Freydières - Revel « A 1150 m d’altitude La Gélinotte, c’est un Café Concert contrainte, ils inventent à leurs pratiques de créateurs et Cantine Montagnarde en pleine nature, mais c’est aussi un de médiateurs de nouveaux modes d’existence. lieu de créativité et de rencontres humaines, un lieu festif Cairns les invite à venir témoigner. » et inventif. » Kafé Sauvage a pour volonté « de fédérer les bonnes vo- - Belledonne et veillés, programme annuel itinérant de lontés, les personnes qui souhaiteraient participer à une village en village dynamique créative sur l’ensemble du site de Freydières « Proximité, transversalité au territoire et identité locale puissent se rencontrer, échanger sur les expériences déjà La ” veillée ” : un temps de parole, d’échange, mais aussi menées, et imaginer des initiatives à venir, des perspec- (bien souvent) un temps d’expression artistique comme si, au-delà des mots, place devait être faite au sensible, à tives de partage et de valorisation des savoirs faire» l’émotion dégagée des contraintes de langage, d’intelligiChamrousse en Piste, découvrir autrement la mon- bilité. La veillée permet : l’occupation de lieux très variés (bistagne l’été « Chamrousse en Piste est né d’un défi lancé par l’Office de trots, places de village, salles des fêtes, jardins et intérieurs Tourisme de Chamrousse et la Compagnie Cirque Autour: privatifs) ; une souplesse dans la forme et le contenu. transposer un événement urbain – le théâtre de rue – à la Invitation à venir veiller en Belledonne, dans votre village, dans celui du voisin, ou de l’autre côté de Belledonne ! » 78


programmation et lieux culturels du balcon de belledonne une forme intinérante, ressource pour le projet 0

5 km

Evénéments (programmation 2015) Structure et atelier d’artiste Lieu (MJC, bibliothèque, café-exposition, ...)

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V- les grands enjeux du territoire

énoncés dans les documents de planifications Les enjeux du parc naturel regional Extraits de l’Espace Belledonne [http://espacebelledonne.fr/-Le-territoire-de-projet-.html] Les enjeux identifiés : - Formaliser une identité Belledonne avec la diversité des acteurs, des territoires et des patrimoines - Permettre la diversification des activités économiques - Assurer la préservation des ressources du territoire - Maintenir et renforcer la vitalité sociale du territoire en prenant appui sur les dynamiques internes et la proximité des vallées - Organiser l’accueil des différentes populations - Organiser une gouvernance territoriale adaptée en prenant appui sur ses différents secteurs Des axes stratégiques pour construire le projet : Un fil rouge : la valorisation de la relation montagne / vallées / villes et la recherche d’innovation. Dans le cadre de son programme européen LEADER 20142020, l’Espace Belledonne a identifié quatre grandes thématiques de travail : - Une gestion partagée des ressources naturelles (dont le foncier) - Une valorisation des pratiques et des produits agricoles et forestiers - L’accueil en Belledonne (habitants, visiteurs, touristes) à travers l’éducation au territoire (et les pratiques d’itinérance) - De nouvelles manières de vivre et d’habiter le territoire entre montagne et vallées (à travers l’action culturelle, la mobilité...)

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Les enjeux spatiaux Synthèse des études antérieures [LEADER, Charte Paysagère, Plan d’actions - liste disponnible dans la bibliographie] Les enjeux identifiés : - valoriser le patrimoine naturel - bâti - industriel

- générer les espaces de rencontres

- qualifier les départs de randonnées

- valoriser les entrées dans le massif

- maintenir les espaces ouverts

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le paysage de la route : un lieu à révéler.

0 84

5 km


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matérialité et jeux de regards

saint pierre d’allevard

col du barioz

les adrets - laval

laval (prabert)

st jean le vieux

revel

st mury monteymond

col du barioz

col des ayes

col des mouilles

1000m 750m 500m

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saint pierre d’allevard

10km

theys

20km les adrets

laval

ste agnès


theys

col des mouilles

ste agnès

la combe de lancey

saint martin d’uriage

profil topographique de la route des balcons

30km st mury

la combe de lancey

40km st jean le vieux

revel

50km

saint martin d’uriage

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questionnements belledonne un paysage décor ? Le Balcon de Belledonne fait face à un constat : la haute montagne à une vocation récréative et sportive ; la vallée concentre les pôles urbains et les équipements liés à la vie urbaine. Dans l’entre deux le territoire de moyenne montagne du Balcon de Belledonne, à la physionomie rurale, mais à la fonction principalement résidentielle. Une situation particulière « d’interdépendance » : des habitants du Balcon travaillent et consomment dans la vallée et les Grenoblois pratiquent la montagne pour leurs loisirs. Une situation que subit ce territoire d’entre deux à défaut d’en profiter. Le Balcon est un lieu de passage pour les urbains vers les sommets et un lieu de résidence des cadres et employés de la vallée. Une situation exceptionnelle, un paysage sublime, mais une interrogation en suspens : des villages dortoirs dans un cadre rêvé et une montagne réservée à la pratique sportive ? L’objectif est de repenser les balcons comme un seuil entre vallée et sommets, afin de donner la possibilité de connecter le tout pour faire un territoire dans sa totalité.

la route des balcons, un potentiel d’interface Dans ce territoire de verticalités, la traversée horizontale est une contrainte dû au relief, les accidents topographiques la rendent impossible à l’échelle du balcon sur le plan du fonctionnalisme. Cette contrainte devient un potentiel en déplaçant le prisme non pas sur une valeur fonctionnelle, de fluidité des flux, mais sur une découverte s’appuyant sur une temporalité autre. Renouer avec une forme de tourisme de la découverte et de la contemplation, valoriser le territoire en repensant le développement touristique et local conjointement. Le rapport efficacité temps s’efface pour laisser place à la découverte et la dérive.1 Le projet cherche à affirmer le balcon comme un espace à découvrir et transformer la route en un véritable lieu. L’enjeu est de créer un espace d’interface. Une route qui traverse un paysage d’exception mais dont les espaces propices à l’arrêt et la découverte sont restreints. La Balcon de Belledonne est un paysage de mouvements et d’évènements, lié à une temporalité de l’événementiel culturel et naturel - l’alternance des saisons et l’importance de l’hiver -. L’opportunité est de créer une temporalité fixe, qui se rattache à la route, inscrite dans le temps. La route est le socle physique du projet, autour de laquelle s’articulent des ponctualités qui serviront à la création de lieux de découverte et d’expression de la culture, là où se cristallisent les flux, à la croisée des chemins. 1

Guy Debord, La théorie de la dérive, Les lèvres nues, n°9, décembre 1956

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le vieux rêve des 7 laux station des 7 laux, un projet innovant Dans les années 60 les communes du Haut Bréda et d’Allevard mobilisent le préfet de l’Isère afin de profiter du dynamisme du ski naissant. Afin de créer et aménager un nouveau domaine skiable autour du massif des 7 Laux (Belledonne), le préfet se tourne vers George Cumin, ingénieur des ponts et chaussés, pour une étude préalable des tracés des routes. Lui même fait appel à Laurent Chappis, architecte urbaniste notamment de Courchevel avec lequel il vient de finir le projet de Chamrousse, pour un avis sur les sites potentiels. Suite à une étude de plusieurs années, L. Chappis propose un stade de neige populaire tourné vers la proximité et la jeunesse. Il entend préserver la qualité des lieux, en conserver son caractère, une large place est faite à la protection de l’environnement (zones protégées, réserves naturelles de faunes et flores, …).

clientèle touristique sont utilisés par les ruraux, les parkings sont faciles à localiser. L’accès au domaine skiable se fait par téléporteurs qui, de ce fait, deviennent un moyen de contrôle de la capacité de charge optimale en skieurs. Les servitudes en déneigement sont réduites et les automobilistes ne sont pas obligés de chaîner leurs pneus (...) » (L. CHAPPIS in RÉVIL, 2002) Cette nouvelle conception du stage de neige est en opposition avec les politiques de l’époque ainsi que les instances dirigeantes. Une animosité entre L. Chappis et Maurice Michaud (dirigeant de la Commission Interministérielle à l’Aménagement Touristique de la Montagne) aura raison du projet, il en va de la crédibilité de la Commission et de son dirigeant.

La station des 7 Laux sera construite, sur le modèle des Pour arriver à cet objectif L. Chappis propose « une forme stations ex-nihilo autour de trois portes d’entrées. Deux novatrice de la station, non pas en bordure de piste, mais dans le Grésivaudan : Prapoutel (commune des Adrets) sur des sites à plus basse altitude là où s’établie la vie ru- et Pipay (commune de Theys), et une dans le Haut Bréda : le Pleynet (commune de la Ferrière d’Allevard). Laurent rale. Les routes d’accès étant déjà réalisées, la viabilisation Chappis se battera jusqu’au bout pour limiter le nombre amorcée, l’opération immobilière coûte moins chère, le de logements à Prapoutel et au Pleynet et luttera contre la chauffage des bâtiments est réduit, la vie rurale est en création de logement à Pipay. symbiose avec la vie touristique. Les équipements commerciaux, culturels, sportifs et distractifs nécessaires à la

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une route séquencée

Séquence 2 col du Barioz - col des mouilles

Séquence 1 Allevard - Col du Barioz

route des balcons 60KM dénivelé + 2027 m - 2133 m

alt. min 420 m (uriage les bains) alt. max 1038 m (col du barioz)

Séquence 1 : Allevard - Col du Barioz Vue plongeante sur le lac d’Allevard. Mise à distance des sommets. col du barioz

Séquence 2 : Col du Barioz - col des mouilles Grand paysage ouvert, relief doux, hauts sommets en toile de fond col des ayes

col des mouilles

1000m 750m 500m

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séquence 1

10km

séquence 2

20km


Séquence 3 col des mouilles - st Jean le Vieux

Séquence 3 : Col des mouilles - st Jean le Vieux Alternance de paysages ouvert - fermé, intérieur - extérieur. Route suspendue alterne entre dominance de la vallée et domination des sommets.

30km

séquence 3

40km

Séquence 4 revel - saint martin d’uriage

Séquence 4 : revel - uriage Grand paysage ouvert, relief doux, hauts sommets en toile de fond

50km

séquence 4

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le paysage des accotements

alternance de paysageS ouvertS-ferméS

10 km

1

2878 m 2500 m 2000 m 1500 m 1000 m 500 m

1 km

2- coupe transversale entre le Grand Pic et la vallée de l’Isère via St Mury 92

5 km


2500 m 2000 m 1500 m

1000 m

500 m

route des 5 km balcons

1 km

1- coupe transversale entre la vallée de l’Isère et la cime de la jasse via prabert (laval)

2

route des balcons

10 km

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références et pistes de projet routes nationales touristiques de norvège

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le sentier des lauzes, chemin d’art en paysage - pnr mont d’ardèche

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intentions UN SUPPORT : LA ROUTE LES OBJECTIFS : (RE) DECOUVRIR, RALENTIR, S’ARRÊTER LES RESSOURCES : QUALITE DU PAYSAGE, AGRICULTURE LOCALE, ACTIVITE CULTURELLE, PRATIQUE DE LA MONTAGNE MOYENS : Ponctuation d’événements, pérennité spatiale, COL DU BARRIOZ

theys

hameau de prabert, laval

Moulin de tencin, Tencin

Typologies d’espaces

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espace ubrain - valoriser l’espace public

Espace d’articulation à affirmer (route - cyclo - rando)

espace naturel à mettre en valeur

refuge - refuge en projet

départ de randonnées à privilégier

espace public constitué mais participant à la stratégie globale

connections à affirmer

centralité de theys à affirmer


les trois pics ALT. 2978m

hameau de la gorge, St Mury / Ste Agnes col des mouilles

freydières, revel

base de loisirs du bois français

papeterie de lancey, VIllard Bonnot

place A. matussière, Domène

Typologies d’usages mitxe nature / loisirs connexion avec les espaces de randonnées valorisation du patrimoine hydro-industriel

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Dans le massif de Belledonne, porté par une dynamique de création d’un Parc Naturel Régional, les acteurs locaux cherchent à affirmer cette montagne comme un territoire de vie et à faire valoir son patrimoine comme moteur de développement. La Route des Balcons devient le support de la découverte du territoire, parallèle aux courbes de niveaux - à l’Isère et au GR549 - et offre la possibilité d’un chaînon manquant du territoire, supports de l’activité récréative du territoire. La route sinueuse peu fonctionnelle aujourd’hui trouve sens dans la découverte, en s’appuyant sur les initiatives locales. A l’interface entre les étagements et à la rencontre des villages, se dessinera des espaces publics pour qualifier les départs de randonnées, les lieux d’accueil dans les villages, les aires de stationnement. Par un travail fin sur la matérialité des lieux et les signalétiques, l’objectif est de repenser l’orientation touristique, en ne se focalisant pas sur la haute montagne et qui soit profitable au cadre de vie du quotidien. Ces lieux s’identifient par leur position et importance dans le territoire afin de les affirmer comme structurant. Ils se situent au départ des randonnées emblématiques, autour de polarités agricoles générées par la densité de fermes, ou encore autour des polarités culturelles. Le projet s’appuie et se construit autour des ressources, pour valoriser une agriculture fragile et permettre sa valorisation culturelle et économique ; tout en créant une nouvelle offre culturelle inscrite dans le temps, support de découverte et d’expression.

la route des balcons de belledonne :

UN seuil entre ville et sommets.

susciter la rencontre pour mieux (re)découvrir le chemin. 99



remerciements Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à mes encadrants de diplôme, Annie Tardivon ma directrice d’études et Philippe Thomas, ainsi que l’ensemble des professeurs qui ont guidé ma formation à Lille comme à Barcelone, ainsi que ceux de mes formations antérieures. Une pensée profonde va à ma famille qui m’a soutenu tout au long de ma formation et particulièrement cette année. Viennent aussi mes amis qui ont su me soutenir et m’encourager, une pensée singulière à la « TDF » Clément, Cyril, Etienne et encore plus spécifiquement Louise. Je tiens à remercier chaleureusement Serge Gros, directeur du CAUE de l’Isère qui m’a accueilli en stage durant cinq mois, Rachel Anthoine et Julie Alvarez, paysagistes au CAUE. Leurs regards et leurs conseils ont été précieux dans la réflexion de ce travail. Je remercie bien évidemment l’ensemble de l’équipe du CAUE de l’Isère qui a su m’accompagner durant mon stage et m’apporter leurs regards dans l’élaboration de ce travail. A toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à l’élaboration de ce diplôme, tous ceux rencontrés pendant le stage ou durant cette année de diplôme. A Sophie Gouin, directrice de l’Espace Belledonne, qui m’a librement parlé des projets du territoire. Enfin je ne pourrais finir ces remerciements sans saluer mon chirurgien, Jean-Baptiste Berad, et mes kinésithérapeutes, Julie et Alain, qui ont su me remettre sur pied et m’accompagner dans ma rééducation. Une année qui avait mal commencé sur les pentes des 7 Laux.

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bibliographie issue du corpus - Bienvenu Patrick, Mazas Alain, Boëmare Alain, Les chemins du paysage, un outil de connaissance des territoires de l’Isère. Conseil général de l’Isère, 2001 - Bourdeau Philippe, « De l’après-ski à l’après-tourisme, une figure de transition pour les Alpes ? », Revue de Géographie Alpine, 97-3 | 2009 - Bourdeau Philippe, « Interroger l’innovation dans les Alpes à l’échelle locale », Revue de Géographie Alpine , 97-1 | 2009 - Bourdeau Philippe, Colloque de la FRAPNA : Le changement climatique en montagne. 26 septembre 2015 Grenoble, http://www.skipass.com/news/125971-le-changement-climatique-en-monta.html - Cauquelin Anne, Le site et le paysage, Presses Universitaires de France, Coll. « Quadrige ». Paris, 2002 - Communauté de Communes du Pays du Grésivaudan, Programme Locale de l’Habitat, 2013-2018. Février 2013 - Cordobes Stéphane, Lajarge Romain, Vanier Martin, « Vers des périurbains assumés. Quelques pistes stratégiques pour de nouvelles régulations de la question périurbaine », Territoires 2040, Revue d’études et de prospective de la DATAR, n° 2, 2010 - Debord Guy, La théorie de la dérive, Les lèvres nues, n°9, décembre 1956 - Guez Kristof, Janin Pierre et Rémy, Pernet Alexis, et Receveur Hugo, Clermont au loin, Fûdo éditions, 2011, 155p - Marchetti Cesare, « Anthropological invariant in travel behaviour », Technological forecasting and social change, 47, 1994 - Metz David, The Myth of Travel Time Saving, Transport Reviews, Vol. 28, n°3, 2008 - Sivignon Michel, « Du verbe habiter et de son amère actualité », Revue de géographie de Lyon, Volume 68 Numéro 4, 1993, p. 215-217

table des illustrations L’ensemble des documents graphiques ont été produit par l’auteur excepté ceux mentionnés ci-dessous. P.11 Photo d’illustration de l’article de Télérama « Le retour de la France moche », photographe: Ian Hanning /REA P.12 Document INSEE - Périurbain P.16 à 26 Documents historiques issus de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque Nationale de France, Gallica P. 27 - 28 - 29 Documents produits par l’Atelier d’Architecture en Montagne, Laurent Chappis Denys Pradelle P. 33 Photographie CAUE de l’Isère P. 37 Photographie Jérôme Nancy P. 38 (images hautes, « versant de l’Eau d’Olle ») Office de Tourisme d’Allemont P. 71 Photographie Louise Chargé P. 73 (image haute « Herbeys ») Photographie CAUE de l’Isère P. 76 (image haute « Lac du Crozet ») montagne-a-vaches.fr P. 80 (Belledonne et veillés, Cairns, L’Arpenteur) Document Scènes Obliques, (Chamrousse en piste) Office de Tourisme de Chamrousse) P. 81 (La Marmite) La Marmite, (programmation la Gélinotte) La Gélinotte P.94 (Route Nationale Touristique Norvège) nasjonaleturistveger.no/ P.95 (Sentier des Lauzes) http://surlesentierdeslauzes.fr/

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pour aller plus loin grand paysage & projet - Alexis Pernet, Le grand paysage en projet, MetisPresses, coll. «vuesDensembles», 2014, 318 p. - Kristof Guez, Pierre et Rémy Janin, Alexis Pernet, et Hugo Receveur, Clermont au loin, Fûdo éditions, 2011, 155 p. - Julien Peguet, Guide du tourisme automobile, mémoire encadré par Michel Audouy ENSP Versailles, 2015 - Berre Nina and Lysholm Hege, Nasjonale turistveger. Detour, architecture and design along 18 national tourist routes in Norway, Fjerde opplag, coll. PRESS, 2010 - Le Sentier des Lauzes, Chemin d’art en paysage, sur le sentier des Lauzes, brochure www.surlesentierdeslauzes.fr, Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche - Marie-Douce Albert, « Aménagement : les préconisations du rapport Bonnet pour revivifier les centres-bourgs », Le Moniteur, site internet lemoniteur.fr, 26 janvier 2016

MONTAGNE - Jean François Lyon-Caen, Montagnes territoire d’inventions, Ecole d’Architecture de Grenoble, 2003, 85 p. - Maryannick Chalabi, Jean François Lyon-Caen, Stations de sports d’hiver, urbanisme & architecture, Lieux dits Editions, Lyon, 2012, 227 p. - Cristina Garcez, Agnès Fernandez, Alain Marguerit, Arnaud Tresvaux du Fraval, La montagne en projet, Edition Parenthèse, 2013, 144 p. - Dominique Henry. «Entre-tenir la montagne» : paysage et ethnogeographie du travail des eleveurs en montagne pyrénéenne : hautes vallees du Gave de Pau, de Campan et d’Oueil-Larboust. Geographie. Universite Toulouse le Mirail - Toulouse II, 2012. - Dossier: « Quelle agriculture en montagne voulons-nous? » Campagnes solidaire. N°309 Septembre 2015

territoire de belledonne - Hugues François. De la station ressource pour le territoire au territoire pour la station. Le cas des stations de moyenne montagne périurbaines de Grenoble. Géographie. Université Joseph-Fourier - Grenoble I, 2007 - Sites & paysages, EB Conseil, Florian Golay + Christophe Séraudie + Olga Braoudakis, Philippe Marin, Charte paysagère, urbanistique et architecturale du Grésivaudan. 2008 - Bertrand Retif, Agnès Daubron, Bernard Naudot, Plan d’action qualité architecturale et paysagère de l’Espace Belledonne, 2007 - Patrick Bienvenu, Jean François Lyon Caen, Jean Présidy, Route des balcons de Belledonne, itinéraire de découverte, 2000 - Sophie Daian, Le balcon de Belledonne, diagnostic paysager, 1997 - Somival Partenaire des Territoires, Sycomore Paysage - Territoire, Stratys Conseil et Formation, Etude de faisabilité et d’opportunité à la création d’un Parc Naturel Régional en Belledonne, 2014

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n ote d ’ i nte nti o n s Cette réflexion de TPFE part d’un postulat simple : quelle montagne voulons-nous ? Aujourd’hui les dynamiques en place dans les Alpes du Nord tendent vers une haute montagne à vocation sportive et une moyenne montagne dortoir avec comme comme décor sublime les hauts sommets. Dans une logique durable des territoires de montagnes l’enjeu est de développer une politique territoriale, de la vallée aux sommets en se servant des ressources du territoire comme support de projet et de développement. L’enjeu est de passer d’un paysage décor à un paysage vécu. Dans le massif de Belledonne, porté par une dynamique de création d’un Parc Naturel Régional, les acteurs locaux cherchent à affirmer cette montagne comme un territoire de vie et à faire valoir son patrimoine comme moteur de développement. Belledonne par sa situation d’entre-deux, entre espace urbain et haute montagne, est un territoire d’usages importants, de fait un territoire de passage où générer l’arrêt, est l’essence même du projet. La Route des Balcons traversant le massif du nord au sud est une interface horizontale - entre espace urbain et haute montagne - dans un territoire de verticalité. La route sinueuse peu fonctionnelle aujourd’hui trouve sens dans la découverte; devenant un lien fédérateur du territoire, parallèle aux courbes de niveaux - à l’Isère et au GR549 d’altitude - et offrant la possibilité d’un chaînon manquant du territoire. L’exercice du TPFE oblige à délaisser le chemin de l’itinérance pour celui de la transformation spatiale. Après l’identification et l’analyse de plusieurs sites, le choix d’action s’est porté sur le site de Prabert. Ce site offre une environnement paysager d’exception, au pied du Pas de la Coche, profitant des vues sur le Ferrouillet. Malgré cette qualité le traitement de l’espace public est absent. Au coeur du village, à l’intersection entre la Route des Balcons et celle menant au Pas de la Coche un espace d’enrobé de 400m2 trouve place. C’est de là que part le projet, par sa requalification tout en agissant sur l’ensemble du hameau. Le projet propose la reconversion d’une grange en continuité directe avec cet espace qui devient place, permettant de profiter de la vue et d’inciter à l’arrêt. Un programme innovant sur la grange complète le projet. Elle se transforme en un lieu polyvalent accueillant un espace d’informations touristiques - café bar (sur le modèle de la Gelinotte à Freydières ou de la Marmitte des Adrets - existants sur le massif), un espace de travail partagé (afin de recréer une offre tertiaire sur le massif), le verger devant la grange se transforme lui en jardin public. Si le coeur du projet se trouve autour du dessin de la place, les autres intentions sont elles toutes aussi importantes. Pour mettre en avant la richesse paysagère et le petit patrimoine de Belledonne, la qualité des cheminements depuis les coeurs de villages est essentielle. Le projet valorise les parcours piétons à l’intérieur du hameau, en en créant de nouveaux et les maillants avec le réseau existant permettant ainsi de mettre en avant le patrimoine (fontaines, lavoir, Chapelle, vergers, …). Enfin le projet propose une densification en entrée de village sur une parcelle déjà bâtie, permettant ainsi de cadrer l’entrée du hameau. Un alignement des façades sur la rue permet à la fois de marquer l’entrée de hameau tout en jouant avec la pente pour faciliter l’accès et créer l’intimité des parties privées (bâti et jardin).

la route des balcons de belledonne :

UN seuil entre ville et sommets.

planches de projet


belledonne, quand l’urbain rencontre la montagne

topographie : faire d’une contrainte un potentiel agglomération de grenoble massif de la chartreuse

massif de belledonne

vallée du grésivaudan

un schéma géographique qui se répète. une succession de combes et balcons suspendus

allevard les bains uriage les bains

grenoble

Le territoire du Balcon Le Balcon habité

une route séquencée Séquence 1 Allevard - Col du Barioz

Séquence 2 col du Barioz - col des mouilles

Séquence 3 col des mouilles - st Jean le Vieux

Séquence 4 revel - saint martin d’uriage

route des balcons 60KM dénivelé + 2027 m - 2133 m alt. min 420 m (uriage les bains) alt. max 1038 m (col du barioz)

Séquence 1 : Allevard - Col du Barioz Vue plongeante sur le lac d’Allevard. Mise à distance des sommets. col du barioz

Séquence 2 : Col du Barioz - col des mouilles Grand paysage ouvert, relief doux, hauts sommets en toile de fond col des ayes

Séquence 3 : Col des mouilles - st Jean le Vieux Alternance de paysages ouvert - fermé, intérieur - extérieur. Route suspendue alterne entre dominance de la vallée et domination des sommets.

Séquence 4 : revel - uriage Grand paysage ouvert, relief doux, hauts sommets en toile de fond

profil topographique de la route des balcons

col des mouilles

1000m 1000m 750m 750m 500m 500m

allevard les bains

10km

20km

30km

40km

50km

uriage les bains


belledonne, une montagne aux paysages d’exceptions

de l’espace de transit au paysage de la lenteur Un territoire de moyenne montagne agglomération de grenoble

où s’organise l’activité agricole

et la vie de village En arrière plan la chartreuse

Le balcon de belledonne : territoire de vie

Station des 7 laux - refuge de la pra

village des adrets - VILLAGE DE ST MURY MONTEYMOND AU PIED DES PICS DE BELLEDONNE _ village de theys

Problématiques

Etat actuel :

Une haute montagne dédiées aux pratiques sportives ?

Un fonctionnement périrubain : - Un territoire dépendant de Grenoble - Des liaisons quotidiennes montagne - vallée

Des villages dortoirs dans un cadre rêvé ? La montagne comme toile de fond ou véritable ressource ?

Balcon de Belledonne : un entre deux à qualifier - Un espace de transit vers la haute montagne

Objectif :

Valoriser le territoire de moyenne montagne


la route des balcons de belledonne :

un itinéraire de découverte à affirmer

un paysage de qualités, des situations proprices à la découverte à préserver

des espaces de retrait et d’élargissement de la voirie permettant l’arrêt et ainsi profiter des panoramas

Le Charpieux, St Pierre la coche, theys la gabette, theys la boutière, laval la perrière, Ste 45°19’34.4”N 6°01’14.8”E 45°18’17.1”N 5°59’52.6”E 45°14’18.9”N 5°58’25.7”E agnès d’Allevard

la croix de revollat, le requitel, st jean la combe de lancey le vieux

le mont, revel

les faures, revel

pinet, st martin

45°11’37.8”N 5°52’36.1”E 45°10’56.8”N 5°52’48.6”E d’urigage 45°14’06.1”N 5°56’28.1”E 45°14’04.1”N 5°54’09.1”E 45°13’00.8”N 5°53’19.0”E 45°09’54.6”N 5°50’55.8”E

45°20’35.3”N 6°01’49.4”E

1000m 750m 500m allevard les bains

20km

30km

40km

50km

uriage les bains


Le Charpieux, St Pierre d’Allevard 45°20’35.3”N 6°01’49.4”E

la coche, theys

45°19’34.4”N 6°01’14.8”E

la gabette, theys

45°18’17.1”N 5°59’52.6”E

la boutière, laval

45°14’18.9”N 5°58’25.7”E

la perrière, Ste agnès 45°14’06.1”N 5°56’28.1”E

la croix de revollat, la combe de lancey 45°14’04.1”N 5°54’09.1”E

le requitel, st jean le vieux

45°13’00.8”N 5°53’19.0”E

le mont, revel

45°11’37.8”N 5°52’36.1”E

les faures, revel

45°10’56.8”N 5°52’48.6”E

pinet, st martin d’urigage

45°09’54.6”N 5°50’55.8”E


le massif de belledonne

des identités à préserver et affirmer les végétaux : motif de « belle campagne » Ls pré-vergers : élément caractéristique du territoire de moyenne montagne, La forte proportion d’agriculture patrimoniale à permis leur préservation. Patrimoine à valoriser et à mettre en projet,

BOIS ET PIERRES Matériaux de construction priviligiés. Matériaux locaux, ils sont réinterrogés dans les projets contemporains (architecture comme espaces publics), renforçant ainsi l’identité du territoire.

BELLEDONNE : une eau sous toutes ses formes Ressource pour construire le projet de territoire comme le projet local. Rechercher à valoriser la présence de l’eau (spécificité de Belledonne contrairement aux autres massifs voisins).

Le fleurissement marque les centre-bourgs et hameaux, affirme le caractère habité des lieux, apporte une qualité et égaye le paysage. Un motif à conforter.


[re] découvir le chemin, cinq situations contrastées

donner de l’épaisseur à la route

Col du barrioz, Theys

« Porte » du balcon, affirmer le point de vue par un belvédère marquant le col et permettant de qualifier l’espace d’arrêt tout en repoussant le stationnement pour inciter à sortir de la voiture

Centre bourg, theys

Renforcer la centralité « coeur de village » par l’espace public en proposant une hierachisation des stationnements et un jeu de topographies pour dessiner un espace public central offfrant la possibilité d’installation de terrasse, de renforcement de l’activité commerçante, mais aussi des évènements et un espace de lien social du quotidien

Prabert, Laval

Affirmer le hameau comme espace à découvrir à la croisée des chemins, valoriser le petit patrimoine par l’espace public et offrir des nouveaux services en lien avec cette situation de carrefour entre à la fois la route des balcons et l’axe vallée - Pas de la Coche

col des mouilles, Ste agnès

Affirmer le Col des Mouilles comme un lieu à part entière. Qualifier le départ de randonnées vers le refuge Jean Collet et le Grand Pic de Belledonne en s’appuyant sur l’activité du restaurant et la tourbière existantes. Réouvrir la forêt pour retrouver un fonctionnement de la tourbière et l’affirmer comme espace naturel sensible du département . Requalifier le restaurant en l’ouvrant sur la route et créer les départs de randonnées au niveau du restaurant en passant par la tourbière afin d’affirmer ce lieu comme un tout constituant une véritable étape de qualité sur la route des balcons.

la gorge, ste agnes / st Mury monteymond

Affirmer la présence de l’eau et le patrimoine lié à l’hydroélectricité à travers la création d’un lieu de culture et d’information dans l’ancien moulin, tout en créant des espaces publics permettant l’accès ou la visibilité à l’eau et informat sur l’histoire du site. Cela prendra la forme d’un parvis devant le moulin et se prolongera par des cheminements en direction des sommets mais aussi le long du lac en affirmant cet espace comme un lieu de sérénité et de contemplation du paysage marqué par les grands pics se relfètant dans le lac.

1000m 750m 500m allevard les bains

20km

30km

40km

50km

uriage les bains


collages // process

proposition d’actions spatiales

col du barrioz

theys

col des mouilles

la gorge


belledonne, une moyenne montagne aux paysages d’exceptions

de l’espace de transit au paysage de la lenteur

projet de reconquête agricole réouverture

GR Pays du balcon des 7 laux -

hameau de prabert

itinéraire de st françoise d’assise; «sentier des bergers» [randonnée à la journée]

dynamiques locales

intersection : 400 m2 d’enrobé

- projet de parc naturel régional - requalification du GR 549 : grande traversée de belledonne (du nord au sud, de vizille à aigueblle) - projet de valorisation du vallon de prabert - pas de la coche (création de refuge en lien avec le pastoralisme) - projet de reconquête agricole - prabert site porteur et pilote (loi montagne ii) - pas de la coche : départ de randonnée majeur été/hiver point bas de la chaine de belledonne

« place » de Prabert - centralité fonctionnelle du hameau

[stationnement, accueil centre aéréé, etc.]

etat des lieux - fonctionnel

des espaces jardiner transition espace rural - espace habité Pré-vergers et potagers

une architecture patrimoniale

Maison en toit de chaume

chapelle de prabert lavoir - fontaine muret en pierres

état des lieux des structures paysagères

mettre en valeur le petit patrimoine (bati et végétal)

qualifier l’intersection remettre la chapelle au coeur du hameau créer un nouveau cheminement le long du ruisseau de prabert sécuriser le cheminement piéton

intentions

préserver les structures végétales existantes (haies, potagers, arbres isolés

marquer l’entrée du hameau préserver les hauts sujets de la haie , implanter de nouveaux logements en limite de voirie déconstruction de deux batiments vacants rénovation et reconvertion d’une grange, espace multifonctionnel : accueil pnr, bar, lieu de travail partager, ...

entrée de village soulignée par un pré-verger de la ferme rajat - en arrière plan le ferrouillet // Implantation du hameau de prabert au pied du pas de la coche,

éléments de programme

Murets et potagers ponctuent le village // enfrichement de la grange en coeur de village identifié dans le projet // un hameau dense profitant de vue sur le chartreuse.



prabert,

densifier et intensifier le village grange, - espace multifonctionnel : accueil pnr, bar, lieu de travail partagé, ...

place - coeur du village pierre naturelle granite - opus romain mélange terre pierre - opus incertum pour le passage des engins agricoles

0

5

25m

stationnement privé (logement)

plateau - place : Béton (resitant au gel)

lavoir valorisé par une placette cheminements piéton coeur de hameau: pierre naturelle granite - opus incertum

« jardin - verger » public

stationnement durée limitée (et pmr)

Batiment de 250m2 sur 2 niveaux 3 logements

Batiment, toit plat pour maintenir les vues, de 250m2 sur 2 niveaux 3 logements

15m

place « belvédère », 300m2 centralité du hameau

noueaux logments

12m

13m

noueaux logments toit plat

grange rénovée

jardin public 500m2 grange reconvertie, 500m2 sur 2 niveaux 35m 23m

10m

grange rénovée jardin-verger public

place

1,2m 5m route des balcons

fontaine remise en eau et valorisée par une placette cheminements piéton - lien parking centre village / pierre naturelle granite et joints enherbés - opus romain

15m pature agricole

jardin privatif

13m nouveaux logements

rue du hameau : enrobée

références végétaux & Matériaux de sol palette végétale

arbres : fruitiers (pommiers, poirirers), bouleau massif de vivaces ton rouge orangé / bleu violacé: aster, archillée, campanule, delphinum, gaura, marguerite, carrex, miscanthus, ... arbustes : airelles (pour apporter une structure hivernale en compagnie des graminées)

5m

1,3m

rue du hameau (enrobé) cheminement piéton (pierres)

1,2m 2m 5m route des balcons


prabert,

utiliser la pente pour dessiner l’espace public



clément boniN

paysagiste DPLG - ENSAP Lille t r a va i l p e r s o n n e l de f i n d‘ é t u d e s


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