Homophobie dans le monde

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Dossier débat N°1 « Homophobie à travers le monde » Débat organisé à l’occasion du

Le 19 Mars 2009 Dossier débat

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Dossier débat N°1 « Homophobie à travers le monde » Par : Yohan DRIAN : Président de l’association Alter Egaux

Sommaire de l’Intervention : 1) Introduction 2) Homophobie : Définition et origines  Définition…  Origines : Peur d’autrui, les questions religieuses, l’ordre naturel des choses ? 3) Situation internationale  Etats-Unis  Moyen et Proche Orient  Afrique et Amérique Latine  Europe 4) Les conséquences  Les peines encourues  L’unité religieuse pour bloquer l’évolution internationale. 5) Conclusion Document N°2010-03-S1A1-DODE01 Mise à jour le 27 Mars 2010

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1) Introduction Il n'y a pas de commune mesure concernant la gravité de l'acte de violence, mais il y a une unité dans la logique sous-jacente. L'homophobie est une forme d'exclusion qui peut aller de la peine de mort, comme c'est le cas aujourd'hui encore dans certains pays – l'Afghanistan, l'Iran, l'Arabie saoudite ou le Pakistan –, jusqu'aux boutades et plaisanteries habituelles dans les cours de récréation. Bien évidemment, la gravité n'est pas la même, mais il y a pour moi un continuum dans l'homophobie qui répond à cette même logique d'infériorisation, d'exclusion, de stigmatisation, et parfois d'anéantissement de l'autre.

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2) Homophobie : définition et origines 

Définition…

L’homophobie est l'hostilité explicite ou implicite envers les homosexuels. Cette hostilité relève de la peur, de la haine, de l'aversion ou encore de la désapprobation envers l'homosexualité. Par extension, l'homophobie désigne les préjugés et la discrimination anti-homosexuels. Bien que le mot ait été forgé par un psychologue, homophobie n'est pas un terme de psychiatrie. Il n'existe pas d'« homophobie pathologique ». Pour la théorie analytique, une homophobie profonde pourrait cependant être liée à une homosexualité refoulée, c'est-à-dire des sentiments homosexuels contrariés. Ce terme constitue plutôt un terme utilisé par les associations homosexuelles pour désigner toute attitude d'agression ou de rejet à l'encontre des homosexuels ou de l'homosexualité. En ce sens, l'homophobie peut être apparentée à la xénophobie. Le terme homophobie peut donc sembler être politiquement campé et non pas une définition officielle en psychologie. Comme le dit Daniel Borillo dans son Que sais-je ? sur l'homophobie, le fait que les gays et lesbiennes grandissent dans un monde généralement hostile aux homosexuels, et où il n'y a pas de modèles valorisés d'homosexualité, font qu'ils intériorisent la violence homophobe qui les entourent (injures, propos méprisants, condamnations morales, attitudes compassionnelles). Cette intériorisation de l'homophobie peut entraîner un sentiment de culpabilité, de honte, voire des dépressions ou des suicides (l'homosexualité est l'une des principales causes de suicide chez les adolescents).

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Origines : Peur d’autrui, les questions religieuses, l’ordre naturel des choses ?

Le terme homophobie n'apparaît pas dans la loi française. Celle-ci parle de discrimination fondée sur l'orientation sexuelle, d'injures, d'incitation à la haine ou de diffamation fondées sur l'orientation sexuelle. On peut donner une définition de l'homophobie : pour moi, c'est un système à partir duquel une société organise un traitement spécifique selon l'orientation sexuelle des individus. L'homophobie octroie à l'hétérosexualité le monopole de la normalité et encourage le dédain envers celles et ceux qui s'écartent du modèle de référence. Il existe trois grandes formes d'homophobie : une homophobie religieuse, qui provient de trois grandes formes de monothéisme, l'islam, le judaïsme et le catholicisme ; une homophobie clinique, qui consiste à considérer l'homosexualité comme un problème de développement psychique de l'enfant ; et une homophobie libérale, qui consiste à tolérer les homosexuels, mais exclusivement dans l'espace privé. C'est la tolérance de l'homosexualité dans le placard... Le poids des religions est sans conteste un moteur important dans l’expansion de l’homophobie dans le monde, bon nombre de pays étant sous l’autorité directe voire sous un régime qui prête allégeance à une religion, ceci explique donc cela… En effet, toutes les religions condamnent l'homosexualité. Tirant ses origines de l’histoire judéo-chrétienne et de phénomènes culturels, sociologiques et psychologiques complexes, l’homophobie est présente à de multiples niveaux dans la société, dans le cœur et l’esprit de nombreuses personnes, dans le vocabulaire courant, dans les livres comme dans les institutions. 7


Intimement liée à la problématique du sexisme (domination masculine) et à des définitions stéréotypées de la masculinité et de la féminité, l’homophobie engendre des discriminations (exclusion, violence verbale, voire physique) à l’encontre des homosexuel-le-s et de leur entourage, des sentiments malaisés lorsque le sujet de l’homosexualité est soulevé, et réduit souvent les gays, les lesbiennes et les bisexuel-le-s à cacher leur orientation affective. L’homophobie est la source d’isolation sociale, de dépressions, voire de tentatives de suicide, en particulier chez les adolescents qui découvrent leur homosexualité dans un milieu qui ne favorise pas le développement et l’acceptation de leur orientation sexuelle. Il existe plusieurs forme d’homophobie. Homophobie du langage : insultes, plaisanteries, vocabulaire négatif qui stigmatise l’homosexualité et les personnes homosexuelles. Homophobie personnelle : sentiment/croyance personnelle que les homosexuels sont anormaux, bizarres, malades. Sentiment de peur, insultes, évitement, violence verbale, voire physique. Homophobie institutionnelle : institutions, lois, règlements qui discriminent les homosexuels. Homophobie sociale et culturelle : normes sociales et culturelles qui favorisent l’hétérosexualité au détriment de l’homosexualité. Privilèges inconscients. Valeurs sociales, religieuses, culturelles, livres, iconographie qui excluent les homosexuels. Homophobie intériorisée des homosexuel-les : les homosexuel-les eux-mêmes intériorisent les préjugés, les normes sociales homophobes et en viennent à se dévaloriser, voire à se détester eux-mêmes, et à dévaloriser, voire à détester les homosexuel-les de leur entourage. 8


3) Situation Internationale 

Etats-Unis

Le continent américain ne semble pour le moment concerné par la question du mariage homosexuel que dans deux pays d’Amérique du Nord : le Canada et les États-Unis. Le Canada a évolué en raison de son fonctionnement juridique et constitutionnel vers une reconnaissance totale du mariage homosexuel et de l’ensemble des droits et devoirs qui y sont attachés. De leur côté, les États-Unis voient un durcissement des positions en faveur de l’interdiction du mariage homosexuel en raison d’un intense lobbying, même si des tentatives ont eu lieu dans certains États, puis annulées par décision judiciaire. Le Massachusetts autorise le mariage des couples de même sexe, et sa position a récemment été renforcée en 2007. En 2004, 62 % des Américains étaient favorables à la reconnaissance d’un statut légal des unions homosexuelles (mariage ou union civile). Plus précisément, en 2008, si 52% des américains sont hostiles au mariage homosexuel proprement dit, il n'y a que 29% d'entre eux qui se déclarent totalement opposés à la moindre reconnaisance de statut légal aux unions homosexuelles. En 2008, deux États autorisent le mariage homosexuel : le Massachusetts et le Connecticut. On peut donc y voir une extension très limitée du mariage homosexuel. De plus, pour des questions de politique intérieure, on assiste plutôt à un durcissement des positions contre au niveau national. En effet, si suite à une décision de la Cour suprême de l’État du Massachusetts, le mariage entre conjoints de même sexe est 9


reconnu légalement dans cet État, à l’inverse, plusieurs États ont voté des amendements à leur Constitution afin d’interdire toute loi reconnaissant les mariages homosexuels. Durant l’année 2004, nombre de comtés et de municipalités (dont San Francisco avec l’action du maire Gavin Newsom et Portland) ont entrepris de solenniser des mariages homosexuels contre le gré des gouvernements de leurs États. Les résultats légaux ont varié, mais la plupart de ces actions ont été annulées par décisions judiciaires ultérieures. Le mariage homosexuel se classe néanmoins parmi les sujets les plus sensibles sur le plan politique des États-Unis. De nombreux hommes politiques prônent un amendement constitutionnel fédéral (unique au monde) qui bannirait pour toujours ce type de mariage. Beaucoup d’autres, qui ne soutiennent pas le mariage homosexuel, estiment qu’un pareil amendement est inacceptable. Le 10 octobre 2008, le Connecticut est devenu le troisième État américain à légaliser le mariage pour les couples de même sexe. La reconnaissance est issue d'une décision de la Cour suprême du Connecticut qui, par 4 voix contre 3, estima que la loi limitant le mariage aux seuls couples hétérosexuels présentait un caractère discriminatoire. Le 4 novembre 2008, 3 états (la Californie, l'Arizona et la Floride) se prononçaient par référendum sur des amendements constitutionnels visant à interdire le mariage homosexuel. Les électeurs de l'Arizona et de Floride votèrent à une conséquente majorité pour l'interdiction constitutionnelle du mariage gay (à respectivement 56% et 62% des suffrages). 10


Mariage homosexuel en Amérique du Nord. Mariage homosexuel Unions civiles homosexuelles donnant autant de droits que le mariage Unions civiles homosexuelles donnant certains droits Reconnaît les mariages homosexuels conclus à l'étranger Mariage homosexuel interdit par la loi Mariage homosexuel interdit par la Constitution Mariage homosexuel et toute autre union légale homosexuelle interdits par la Constitution

En Californie, les électeurs se prononçaient dans le même sens, annulant ainsi la décision de la Cour Suprême de l'État (52% des suffrages). En Arkansas, état où le mariage homosexuel n'est pas reconnu, 57% des électeurs validaient un amendement prévoyant l'interdiction d'adoption d'enfants par les couples non mariés, visant implicitement les couples homosexuels. 11


Un collégien américain entend en moyenne des commentaires homophobes (« pédé », « tapette », « gouine », etc.) 26 fois par jour. Dans 97% des cas, les enseignants n’interviennent pas. 80% des jeunes gays et lesbiennes souffrent gravement d’isolation sociale. 53% des élèves entendent des commentaires homophobes de la bouche des enseignants et administrateurs de l’école. 28% des élèves gays quittent l’école avant d’obtenir leur diplôme, contre seulement 11% des élèves hétérosexuels. 26% des jeunes gays sont mis à la porte du foyer familial par leurs parents. 19% des jeunes gays et lesbiennes sont victimes d’agressions physiques à cause de leur orientation sexuelle. Le taux de suicide est 4 fois plus élevé chez les adolescents gays que chez les hétérosexuels. Dans 40 Etats américains sur 50, un enseignant peut être licencié parce qu’il est gay. Les crimes et délits de haine motivés par l'homophobie ont augmenté de près de 6% aux Etats-Unis en 2007, selon le FBI. Parmi les 7.624 crimes recensés, 12,6% (soit 184 crimes et délits de haine) ont spécifiquement visé les lesbiennes, 59,2% les gays (864), 1,6% les bisexuels (23) et 24,8% (362) les homosexuels en général. L'homophobie arrive en troisième position en matière de crimes de haine, derrière les attaques racistes (50,8%) et pour des motifs religieux (18,4%). Du coté politique, le gouverneur du Colorado a émis son veto à l’encontre d’une loi qui aurait permis aux homos de bénéficier des mêmes droits sociaux que le reste de la population, ainsi que de lutter contre la discrimination dans le travail. 12


L'église baptiste de Westboro (Westboro Baptist Church - WBC), et son révérend Fred Phelps, tristement connus pour leurs manifestations anti-gays et leurs pancartes "God hates fags" ("dieu hait les pédés", photos), veulent s'inviter aux funérailles de l'acteur Heath Ledger. Sa mort serait une punition de dieu pour avoir "promu l’homosexualité" avec le film "Brokeback Mountain". Son rôle de cowboy homosexuel dans le chef d’œuvre d'Ang Lee l’a rendu mondialement célèbre. Le communiqué (photo ci-contre) publié sur le site internet de la WBC est sans ambiguïté : "La star de Brokeback Mountain - Heath Ledger - est morte. (…) Oui. WBC manifestera pendant l'enterrement de ce perverti (…). Heath Ledger pensait qu’il était très amusant de défier Dieu Tout-Puissant et Sa parole divine, à savoir : Dieu hait les pédés ! Et ceux qui les soutiennent ! Dieu hait le sordide et visqueux seau de boue assaisonné de vomi appelé "Brokeback Mountain" et Il hait toutes les personnes qui sont concernées. Heath Ledger est maintenant en enfer et a commencé à purger sa sentence éternelle". L’intégrisme religieux gère inévitablement les actions de personnalités politiques qui répondent de ce fait aux demandes de ces mouvements qui prônent la haine et le meurtre des « pervertis »… Au Canada, le mariage entre conjoints de même sexe est légal sur l’ensemble du territoire canadien, depuis juillet 2005. Les mariages homosexuels, déjà permis dans plusieurs provinces et territoires suite à des décision judiciaires, fut étendu à l'ensemble du territoire en supprimant la restriction de sexe dans la définition du mariage une compétence fédérale. Cette situation a évolué, en raison de décisions judiciaires qui ont poussé le gouvernement fédéral à ajuster sa loi jugée inconstitutionnelle. Étendre la définition du mariage à tous fut une amélioration aux unions libres qui avaient été étendues par plusieurs provinces aux conjoints de même sexe. 13


La définition du mariage est une compétence fédérale, et la loi fédérale définissait avant 2005 le mariage comme l’union de deux personnes de sexe différent. Avant l’adoption du projet de loi C-38, les cours d’appel de huit provinces et un territoire ont toutes jugé cette définition discriminatoire comme contraire à la Charte canadienne des droits et libertés, et donc de nul effet (selon le système en vigueur au Canada, la justice assure l’équivalent d’un contrôle constitutionnel sur les lois). 

Russie

L'église orthodoxe russe était déjà connu pour ne pas être ce qu'on appelle "gay-friendly", et qu'elle était franchement homophobe, ayant, selon Têtu.com "inciter à la haine" lors de la première gaypride de Moscou en 2006. Kirill remplace Alexis. Le nouveau "patriarche de Moscou et de toutes les Russies", Kirill, ne semble pas vouloir se démarquer de l'ancien, Alexis II, qui était franchement homophobe. L'homosexualité est un péché. «Pour la Bible, [l'homosexualité] est un péché. [...] Pourquoi devrait on propager un péché? La gay pride, c'est l'étalage criant du péché de sodomie. [...] Ils [les gays et les lesbiennes] veulent nous faire croire que la morale, c'est relatif. Mais c'est complètement faux. [...] Hitler a dit que ce qui était bon, c'était ce qui était bon pour la grande Allemagne. Ça a couté des millions de vies. La moralité est absolue ou elle n'est pas. Si vous pouvez justifier l'homosexualité, alors pourquoi pas la pédophilie?» a-t-il déclaré, dans Der Spiegel , le 8 janvier, peu de temps avant son élection. «Dans quelques années, ils [les homosexuels] vont vous dire que les jeunes filles de douze ans avant étaient des enfants, mais que maintenant elles sont beaucoup 14


plus développées. Il y a vingt ans, personne n'aurait imaginé que l'Allemagne ferait passer une loi un jour reconnaissant les mariages homosexuels. Mais maintenant, ça aussi, ça a été accepté.» Pour la deuxième tentative de Gay Pride à Moscou du Dimanche 27 Mai 2008, les militants homosexuels russes et étrangers n'avaient déjà plus pour ambition que de traverser la rue Tverskaïa, soit un parcours d'une vingtaine de mètres, pour aller remettre une lettre à la mairie de Moscou. Mais c'était encore trop pour les autorités russes, qui avaient interdit la manifestation, et pour de petits groupes de casseurs qui rôdaient hier midi autour de la mairie «pour dérouiller les pédérastes». Remue-ménage. Les deux chanteuses du groupe russe Tatu, qui ont bâti leur célébrité en se prétendant lesbiennes, ont aussi fait cette année une courte apparition au centre de la mêlée. Un énorme van noir a déposé les deux jeunes filles, avec leurs gardes du corps, devant la mairie. Aussitôt prises par la cohue de journalistes et de casseurs, les deux mignonnes se sont dégagées pour regagner leur van. «Bien sûr, il y a des provocateurs. Mais il faut bien que nous nous battions pour faire valoir nos droits!» rétorquait Lena, toute jeune lesbienne qui avec un groupe de copines aura tenu plusieurs minutes face à des néonazis qui les couvraient d'insultes. «Vous êtes des animaux!», «Prostituées!» leur lançaient les crânes rasés, bavant de rage. «C'est plutôt vous les animaux!» répondaient bravement les filles. Cette scène-là s'est achevée par des crachats et quelques coups de pieds dans le dos quand elles ont finalement battu en retraite. «Mais nous reviendrons l'année prochaine, et jusqu'à ce qu'on puisse enfin s'affirmer homosexuel en Russie !» assuraient-elles. 15


Moyen et Proche Orient

Tabassages par les familles, humiliations policières, tortures, exécutions capitales et lynchages médiatiques : être homosexuel au Moyen-Orient expose à de très sérieux risques. C’est ce que nous explique Brian Whitaker, dans son livre « Parias », sorti en juin aux éditions Demopolis. Parce que le mauvais traitement qui est fait aux minorités reflète bien souvent l’état d’angoisse ou de dysfonctionnement d’une société. En ce sens, « Parias » est une charge sans concession contre l’intolérance et la violence qui régissent, encore très souvent, les pays arabes. Le panorama de l’enquête tout azimut est sombre : les Saoudiens sont, sans surprise, les plus menacés par la peine capitale. Pour ce qui est des Palestiniens, on retrouve le climat tragiquement pessimiste du film israélien « The Bubble », dans lequel l’amour avec l’ennemi est une trahison, pour la famille comme pour le peuple combattant. Quant aux Iraniens, des pages sanglantes éclairent l’instrumentalisation de la répression homosexuelle à usage politique interne, tout autant qu’elles décrivent les carcans spirituels imposés par les turbans noirs. « Vous autorisez l’homosexualité…mais ici ce n’est pas accepté et tout le monde devrait reconnaître que ce qui est bon pour l’Amérique ou pour l’Europe ne l’est peut-être pas ailleurs », des propos tenus par le porte-parole d’un gouvernement égyptien, naguère bienveillant pour ses minorités. Seule Beyrouth apparaît comme une zone d’ombres tacitement acceptée, mais est-ce bien surprenant ? L’homosexualité fait partie de ces sujets que l’on retrouve sur la liste noire de tous les gouvernements du Moyen-Orient et de 16


presque toutes les sociétés et cultures qu’il englobe. Et bien que l’existence de l’homosexualité soit avérée dans chaque pays de la région, les gouvernements et les sociétés ne tolèrent toujours pas ce mode de vie. L’intolérance peut même aller jusqu’au déni comme on a pu le constater lors du discours du président iranien Mahmoud Ahmadinajad à l’université de Colombia en 2007. Dans cette région, le Liban se distingue par sa plus grande tolérance envers l’homosexualité, du moins, si on le compare avec l’Arabie Saoudite par exemple, où les homosexuels sont souvent flagellés, emprisonnés à vie voire décapités. Les homosexuels du Liban bénéficient de la première association gay au Moyen-Orient. De plus, le Liban a également des bars et des discothèques gays. Mais le quotidien de cette frange de la population n’est pas tout rose. Un bref aperçu des blogs et des sites Internet qui abordent la question au Liban devrait donner au lecteur une idée de la manière dont vit cette communauté. Certains imputent à l’Islam l’attitude adoptée envers l’homosexualité dans les pays arabes mais cela n’est pas totalement vrai. Les arabes, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, considèrent l’homosexualité comme un péché. Tous les arabes sont attachés à la religion. L’église et la mosquée jouent un rôle essentiel dans leur vie. Il me semble très important d’expliquer les points de vue de l’islam et des cheikhs sur l’homosexualité. Certains passages du Coran, le livre sacré de l’islam, ont été sortis de leur contexte, ajoutés à un Hadith soi-disant adressé par Allah au prophète Mahomet et transmis aux musulmans par des cheikhs incultes pour faire de l’homosexualité un péché allant à l’encontre de la nature humaine telle qu'elle a été voulue par dieu. 17


 Afrique "Les homosexuels sont pires que les porcs et les chiens" (Robert Mugabe, président du Zimbabwe, 1995) "Pour les homosexuels, l’islam a prescrit les peines les plus sévères (…) Après que la preuve a été établie conformément à la sharia, il faudra se saisir de la personne, la maintenir debout, la partager en deux avec une épée et soit lui trancher la tête, soit la fendre en deux tout entière. Il (ou elle) tombera (…) Après sa mort, il faudra dresser un bûcher, placer le cadavre dessus, y mettre le feu et le brûler, ou bien l’emporter sur une montagne et le précipiter. Puis les morceaux du cadavre devront être rassemblés et brûlés. Ou alors, il faudra creuser un trou, y faire un feu et l’y jeter vivant. Nous n’avons pas de telles punitions pour d’autres crimes." (Ayatollah Musava Ardelsili, Téhéran, 1998) Aujourd’hui, dans quatre-vingts Etats au moins, les pratiques homosexuelles sont condamnées par la loi (Algérie, Sénégal, Cameroun, Ethiopie, Liban, Jordanie, Arménie, Koweït, Porto Rico, Nicaragua, Bosnie…), dans de nombreux pays, cette condamnation peut aller au-delà de dix ans (Nigeria, Libye, Syrie, Inde, Malaisie, Jamaïque…), parfois la loi prévoit la perpétuité (Guyana, Ouganda), et dans une dizaine de nations, la peine de mort peut être effectivement appliquée (Afghanistan, Iran, Arabie Saoudite, Mauritanie, Emirats Arabes Unis, Yémen, Pakistan, Soudan, Tchétchénie). Au-delà des sanctions prévues par la loi, la violence policière ou sociale soumet souvent les personnes LGBT de ces pays à la stigmatisation, à l’intimidation, au harcèlement, à la torture. Leurs pratiques sont jugées contraires à la nature, à la culture, au christianisme, à l’islam, au communisme, etc. Dans les zones urbaines, la clandestinité est de rigueur, et dans les zones rurales, l’isolement prévaut. L’homosexualité est le tabou par excellence. 18


Dès lors, les logiques homophobes se perpétuent dans le silence et dans l’impunité. Il y a cependant quelques raisons d’espérer. En 1996, avec la fin de l’Apartheid, l’Afrique du Sud où l’homosexualité était naguère un crime, est devenue le premier pays au monde dont la constitution protège explicitement tous les citoyens, quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. L’Afrique du Sud est le seul État du continent africain à inclure dans sa Constitution de 1996 toute interdiction de discrimination vis-à-vis de l’orientation sexuelle. Suite à une plainte déposée par un couple lesbien, la Cour constitutionnelle est saisie et juge la loi sur le mariage, défini comme l’union d’un homme et d’une femme, anticonstitutionnelle car discriminatoire. Fin 2005, la Cour donne un an au Parlement pour régler la question, le gouvernement présente alors un projet de loi au Parlement et ce dernier organise une vaste consultation publique, où la plupart des organisations religieuses ont fermement condamné cette loi (seules l’Église anglicane et l’Église hollandaise réformée ne s’y sont pas opposées). 

Amérique Latine

Le Grupo Gay da Bahia (GGB), plus ancienne association brésilienne de défense des droits des gays, indique qu’au Brésil, une personne meurt des suites de violences liées à sa sexualité tous les deux ou trois jours. Au Mexique, le chiffre déclaré est de près de deux décès par semaine. Les victimes sont pour la plupart des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes – qu’ils soient homosexuels ou bisexuels – ou des transgenres. Mais si le Brésil et le Mexique sont les pays d’Amérique latine dans lesquels la violence à l’encontre des Homosexuels apparaît la plus élevée, c’est peut-être 19


parce que les groupes de défense des droits qui existent dans ces pays surveillent cette situation de plus près que partout ailleurs dans la région. De nombreux actes de violence sont tout bonnement passés sous silence ailleurs, selon les organisations de militants homosexuels. Lorsque l’on aborde la question de la défense de la liberté et de l’orientation sexuelle, de nombreux pays d’Amérique latine s’enorgueillissent d’avoir des législations avancées sur le plan social. Avec les réformes législatives engagées au Nicaragua et au Panama au cours des 12 derniers mois, il n’existe désormais plus aucun état d’Amérique latine qui criminalise les rapports homosexuels. Pourtant, les préjugés et la discrimination continuent de se propager malgré les lois, ce qui est peut-être dû à un « machisme ambiant persistant ». L’Amérique latine est largement considérée comme ayant un long chemin à parcourir pour lutter efficacement contre l’homophobie ou « la peur ou la haine des homosexuels ». « Il existe un vrai contraste entre la théorie et la réalité. C’est la région en développement du monde dans laquelle il y a le plus grand nombre de lois contre la discrimination basée sur l’orientation sexuelle » (l’Argentine, le Chili, le Paraguay et l’Uruguay). On parle mariage. Quinze députés argentins viennent de présenter un projet de loi pour modifier le Code civil afin d’autoriser le mariage et l’adoption pour les homosexuels. Le député socialiste Eduardo Di Pollina, auteur du projet, prend appui sur la réforme constitutionnelle de 1994 qui interdit toute forme de discrimination. Il a été suivi par des élus de plusieurs horizons politiques. De son côté, la Fédération argentine des lesbiennes, gays, bisexuels et trans (FALGBT) cherche à recueillir des soutiens de personnalités de la société civile. Des élus, des artistes, des ONG et même… trois prêtres ont déjà signé. 20


Selon une enquête d’opinion réalisée récemment par Analogías pour le quotidien Página 12, 73% des personnes interrogées sont favorables au mariage gay. Et la ville de Buenos Aires reconnaissait déjà l’union civile entre personnes de même sexe, un dispositif proche du Pacs français. 

Europe

Quelle est la situation dans les autres pays européens ? Très variée. Pour intégrer le Conseil de l'Europe, les Etats doivent s'engager à dépénaliser l'homosexualité. En ce qui concerne l'Union européenne, les pays doivent non seulement s'engager à dépénaliser l'homosexualité, mais également à protéger les homosexuels contre les discriminations, en particulier les discriminations à l'emploi et au travail. Au niveau du droit de la famille, la situation est variée : certains pays reconnaissent le mariage, comme les Pays-Bas, la Belgique et prochainement l'Espagne. D'autres pays reconnaissent l'union civile, comme la France, le Royaume-Uni, la Suède, le Danemark. D'autres encore reconnaissent le concubinage, comme la Hongrie ou le Portugal. Et certains pays ne reconnaissent pas du tout l'union homosexuelle, comme l'Autriche, l'Italie ou la Pologne. En Europe de l'Ouest, l'homosexualité semble largement acceptée par la société. En revanche, gays et lesbiennes sont encore exposés à la violence et à la discrimination dans certains pays d'Europe de l'Est. L'UE, qui a vocation à garantir la sécurité et la dignité de ses citoyens, est-elle en mesure de lutter contre ces tendances ? De plus en plus de pays autorisent les unions homosexuelles, et il y a quelques exemples célèbres de "mariages gay" : celui de la star 21


Elton John "ne doit pas plus étonner que choquer", notait Patrick Sabatier dans le quotidien français Libération du 22 décembre 2005. Il témoigne au contraire "de ce que le droit des homosexuels à vivre leur vie comme d'autres est entré dans la normalité des sociétés démocratiques." Une Europe divisée. La situation est en revanche nettement plus problématique pour les gays et les lesbiennes de la plupart des nouveaux pays membres de l'UE, puisqu'à l'époque du communisme l'homosexualité était considérée comme une maladie, voire comme un crime, quand elle n'était pas simplement ignorée. Ces dernières années, les marches de la Gay Pride, qui témoignent clairement de la nouvelle affirmation des homosexuels, ont souvent donné lieu à des conflits dans les villes est-européennes, cependant les défilés ont subi des actes de violence et ont été interdits à Varsovie, Riga ou Bucarest, ou parfois juste relégués en périphérie de la ville. Un commentaire de l'Estonien Priit Pullerits paru dans le quotidien Postimees du 18 juin 2007 prouve à quel point les Européens de l'Est sont rétifs à la libéralisation de l'homosexualité. Pullerits estime que l'homosexualité ferait mieux de ne pas se montrer publiquement: "L'excentricité est le mot d'ordre de cette parade… Il s'agit ici d'afficher au grand jour son orientation sexuelle. Les préférences sexuelles sont une affaire personnelle, qu'il ne convient pas de jeter à la figure de ses concitoyens." Selon un sondage Eurobaromètre de l'an dernier, 44% des citoyens de l'UE sont certes favorables à l'institution d'unions homosexuelles, mais on note toutefois un grand déséquilibre d'un pays à l'autre : 82% des Néerlandais et 70% des Suédois se prononcent pour la mise en place du mariage homosexuel en Europe, tandis que les Polonais ne sont que 17% et que la Lettonie, avec 12%, fait figure de lanterne rouge. 22


Pologne: l'homosexualité considérée comme une "maladie contagieuse" Dans la Pologne profondément catholique, le climat intellectuel et social s'est sensiblement dégradé depuis l'arrivée du gouvernement Kaczynski. La direction ne cache pas sa position homophobe : "Le nouveau gouvernement polonais est nationaliste jusqu'à l'extrême. Ses règles de conduite sont : la Pologne aux Polonais, les femmes au foyer, les 'holebi' [homo, lesbiennes et bisexuels] en enfer." C'est plutôt "l'idée, dans la tête des nationalistes catholiques, que l'homosexualité est une sorte de maladie par laquelle on pourrait être contaminé. Le concept de 'propagande homosexuelle' fait en effet partie du vocabulaire standard des jumeaux Kaczynski." Lettonie: contre un "style de vie imposé" En Lettonie tout comme en Pologne, on entend régulièrement cet argument selon lequel l'homosexualité serait un style de vie propagé et imposé par l'Ouest. Aivars Ozolins écrivait ainsi le 4 juin 2007 dans le journal letton Diena: "Ainars Slesers se donne pour mission d'utiliser l'argent public afin d'attiser la haine et l'intolérance envers les homosexuels et les faire passer pour les ennemis de l'Etat." En 2005, la Constitution lettone a été modifiée de sorte que le mariage reste une institution pour l'homme et la femme exclusivement. Les adversaires de l'émancipation homosexuelle estiment qu'il faudrait pénaliser l'homosexualité comme à l'époque soviétique. Selon eux, les homosexuels, en refusant d'avoir des enfants, seraient responsables de l'évolution démographique négative du pays. Les Lettons prétendraient même que l'homosexualité n'existait pas avant leur entrée dans l'UE. 23


Une Europe de l'Est intolérante ?

L’union homosexuelle en Europe Mariage homosexuel autorisé Unions civiles autorisées Concubinage homosexuel reconnu Question devant les parlements non reconnu ou statut inconnu Mariage homosexuel interdit

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Le regard que l'Europe occidentale porte sur les nouveaux pays de l'Union les fait souvent apparaître comme un bloc monolithique. Or ils présentent de grandes différences : ainsi le Parlement tchèque at-il adopté l'an dernier une loi sur les unions homosexuelles. Le 12 juillet 2007, le plus grand portail d'information estonien, Delfi, a sommé l'Estonie de ne pas faire en sorte de s'attirer l'étiquette de pays homophobe : "En empêchant la 'Pride', l'Estonie se place sur le même plan que les Etats où les défilés homo sont interdits ou finissent dans la violence. Or ce ne sont certainement pas des pays auxquels l'Estonie a envie d'être assimilée. Dans un dossier paru dans l'hebdomadaire allemand Die Zeit du 21 juin 2007, Roland Kirbach constate que la haine envers les homosexuels progresse dans la société allemande, en dépit de la tolérance dominante. Et dans le Times britannique du 6 octobre 2006, Simon Barnes a qualifié le football et le sport en général de "bastion homophobe", tandis que Martin Reichert signalait dans le Tageszeitung certains textes homophobes de la musique rap. Enfin, lorsqu'il fut question d'instituer un contrat d'union civile dans l'Italie catholique, il y eut non seulement une résistance politique mais aussi une immense manifestation pour "les valeurs familiales". Les impulsions de l'UE. Nombreux sont les homosexuels d'Europe de l'Est qui fondent de grands espoirs sur l'UE, puisqu'elle défend les droits des minorités dans tous les Etats membres. La discrimination ne peut plus se faire en cachette, toute l'Europe peut désormais l'observer. Le Parlement européen de Strasbourg a également adopté, le 18 janvier et le 15 juin 2006, deux résolutions sur l'homophobie en Europe, destinées à attirer l'attention sur la situation problématique des pays comme la Pologne et la Lettonie. Les pays concernés considèrent ces résolutions comme une ingérence dans les compétences nationales. 25


Les déclarations homophobes y sont souvent aussi une manière d'affirmer sa conscience nationale vis-à-vis de l'UE. La "Parade de l'égalité" qui a eu lieu à Varsovie en 2006 a été perturbée par des exclamations telles que "Halte à l'eurosodomie !" et "Non à l'UE !" Néanmoins, les mesures de l'UE sont loin d'être étrangères au fait qu'un défilé ait pu avoir lieu à Riga cette année et que celui de Varsovie se soit déroulé sans incident majeur, même si cela ne signifie pas une percée définitive. Il y a des pays, comme la France, où les actes matériels de discrimination et les discours d'incitation à la discrimination sont prohibés par la loi. Le code pénal prévoit des circonstances aggravantes dans les cas de meurtres, tortures, violences, menaces, agressions sexuelles, extorsions, vols, etc., si le mobile du crime est homophobe. De même, le code du travail sanctionne les discriminations et le harcèlement moral envers les homosexuels. La loi française pénalise aussi les discours homophobes. Ce dispositif de pénalisation existe aussi en Grande-Bretagne, en Suède, en Belgique, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis et au Canada, à des degrés différents. Beaucoup de pays occidentaux pénalisent l'homophobie. Le recul des condamnations pour homophobie en France. Le mercredi 12 novembre 2008, la plus haute juridiction de France, la Cour de Cassation, a blanchi le député UMP Christian Vanneste en légitimant ses propos innommables... Le tristement célèbre Christian Vanneste, député UMP, a un lourd passif : De funeste mémoire, en juin 2004, par amendement, il tente d’introduire dans les manuels scolaires le "rôle positif de la colonisation". Après avoir suscité un tollé, cet amendement est en automne 2004 par décret, officiellement pour des paramètres non réglementaires. 26


En janvier et février 2005, il déclare que l’homosexualité est inférieure à l’hétérosexualité, qu’elle est une menace pour l’espèce humaine et que les homosexuels doivent être soignés psychiatriquement. Des associations (Act Up, le SNEG (Syndicat National des Entreprises Gaies) et SOS Homophobie montent au créneau et porte plainte contre C. Vanneste pour "injures en raison de l’orientation sexuelle". Le 24 janvier 2006, il est reconnu coupable par le Tribunal Correctionnel de Lille « d’injures en raison de l’orientation sexuelle » (selon la loi du 30 décembre 2004) et est condamné, il a aussi l’obligation de publier sa condamnation dans plusieurs journaux. Vanneste fait appel mais, le 25 janvier 2007, la cour d’appel de Douai confirme le verdict du Tribunal Correctionnel de Lille. Vanneste décide alors un pourvoi en Cassation et envisage même un recours à la Cour européenne des Droits de l’Homme si la Cour de Cassassion lui donne également tort. En mars 2008, Christian Vanneste envoye un manuel intitulé "Homme et Femme, Il les créa", l’ouvrage est constitué d’un patchwork de textes « contre la propagande pour le mariage et l’adoption homosexuels ». Ce livre, outre la question de l’homophobie, promeut également les thèses créationnistes. Le mercredi 12 novembre 2008, la Cour de cassation rend son verdict et blanchi le député. Elle déclare que ses propos sur l’infériorité de l’homosexualité à l’hétérosexualité ne dépassent pas les limites de la liberté d’expression ! Ainsi, il y a maintenant jurisprudence. On peut aujourd’hui parler de catégorie de population inférieure et de catégorie de population supérieure, on peut donc logiquement, sans craindre de commettre un délit et d’être en porte à faux avec la justice, parler de la supériorité des hétéros sur les homos, des Blancs sur les Noirs, des hommes sur les femmes, des Français sur 27


les Arabes et sur les Juifs. J’ignore ce qui est le plus abject, le plus écoeurant dans l’histoire : les propos de Vanneste, le fait que la Cour de Cassation lui donne raison ou le silence assourdissant politique, militant et associatif qui s’en est suivi... Comme si finalement, personne n’y voyait à redire...

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4) Les conséquences

État du droit des homosexuels dans le monde. Aucune information

Homosexualité légale Mariage homosexuel Union civile Aucune union homosexuelle Reconnaît les mariages homosexuels conclus à l’étranger

Homosexualité illégale Délit Crime Prison à vie Peine de mort Aucune information sur la peine

Les peines encourues

L’homophobie condamne 29


L'homophobie est une forme d'exclusion qui peut aller de la peine de mort, comme c'est le cas aujourd'hui encore dans certains pays – l'Afghanistan, l'Iran, l'Arabie saoudite ou le Pakistan –, jusqu'aux boutades et plaisanteries habituelles dans les cours de récréation. Bien évidemment, la gravité n'est pas la même, mais il y a pour moi un continuum dans l'homophobie qui répond à cette même logique d'infériorisation, d'exclusion, de stigmatisation, et parfois d'anéantissement de l'autre. Les homophobes peuvent être condamnés Deux jeunes gens qui avaient poussé un homosexuel dans un canal en août 2003 à Nancy causant sa mort par noyade ont été condamnés chacun à cinq ans de prison dont 3 ans avec sursis et mise à l'épreuve, par la cour d'assises des mineurs de Meurthe-etMoselle. Des peines de cinq ans de prison dont trois avec sursis et de trois ans de prison dont 18 mois avec sursis avaient été requises par l'avocat général Cédric Laumosne contre les accusés, âgés de 20 ans, qui ont agi "imprégnés par une homophobie latente". Il était reproché aux deux jeunes gens, alors âgés de 17 ans, d'avoir poussé la victime dans l'eau alors qu'ils circulaient à cyclomoteur sur le bord d'un canal, connu à Nancy comme un lieu de rencontres isolé. Ils étaient repartis sans répondre aux appels à l'aide de l'homme qui ne savait pas nager et s'était noyé. 

L’unité religieuse pour bloquer l’évolution internationale.

L'homophobie théorisée de l'Eglise catholique vous semble-t-elle un socle pour l'homophobie en général ? L'Eglise catholique romaine dans sa "ratio", son règlement intérieur des séminaires, écarte les hommes ayant des tendances homosexuelles (même sans être pratiquant)... Cela relève-t-il de la loi sur la lutte contre l'homophobie ?

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Je pense que l'Eglise catholique a historiquement contribué à l'exclusion et à l'infériorisation, non seulement des homosexuels, mais aussi des femmes et d'autres minorités religieuses ou philosophiques. Le catéchisme de l'Eglise catholique considère l'homosexualité comme un comportement désordonné. Le pape Benoît XVI, quand il était le responsable de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a condamné l'homosexualité à plusieurs reprises. Jean Paul II a même parlé de comportement diabolique. Certains groupes (notamment religieux, et certaines associations de psychologues comme le N.A.R.T.H.) assimilent l’homosexualité à la pédérastie. L’homosexualité a ainsi longtemps été interdite et sévèrement punie dans de nombreux pays, soit en raison de l’orientation sexuelle elle-même, soit pour les pratiques qui peuvent en découler (pénétration anale, pénétration orale ou masturbation) sans qu’elles soient nécessairement propres aux homosexuels. Certains pensent que seul le passage à l’acte serait un péché alors que la tentation homosexuelle en elle-même ne le serait pas. Les plus radicaux voient dans l’homosexualité un vice dangereux pour la société et s’opposent fermement à sa banalisation comme une forme normale de sexualité. Certains groupes mormons cherchant à « guérir » l’homosexualité utilisent des méthodes de conditionnement pavlovien sur des homosexuels en associant des images à des décharges électriques. Il existe cependant de nombreuses associations homosexuelles se revendiquant d’une religion et qui souvent aident les croyants à vivre sereinement leur homosexualité. Judéo-Chrétiens et homosexualité L’Ancien Testament, texte partagé par les religions juive et chrétienne, condamne sans aucune ambiguité l’homosexualité. Voici les références : 31


En Lévitique, il est écrit : "Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination". Lévitique 18.22 Le contexte de ce passage explique les raisons pour lesquelles Dieu donne le pays de Canaan aux Israélites. En effet les occupants précédents étaient coupables de péchés graves. Avec la zoophilie (rapports sexuels avec un animal), l’homosexualité est l’un de ces péchés (voir Lévitique 18.22-25). Un autre texte fondamental se trouve dans le chapitre 20 : "Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable ; ils seront punis de mort : leur sang retombera sur eux". Lévitique 20.13 Ce passage est le plus radical de la Bible. D’autres péchés étaient passibles de mort comme le meurtre, l’adultère, certaines formes d’occultisme, une insolence exagérée d’un enfant vis-à-vis de ses parents... Il faut aussi reconnaître que la grâce était déjà, en partie, présente dans l’Ancien Testament. Plusieurs croyants "méritant" la peine capitale pouvaient y échapper. Ainsi le roi David, après son adultère avec Bathshéba et le meurtre qu’il a accompli pour camoufler sa faute, ne subira pas la mort (très probablement à cause de son attitude de profonde repentance). Malgré cela, ce texte de Lévitique 20.13 condamne sans réserve la pratique de l’homosexualité. D'un autre côté, Jésus dit bien "Celui qui n'a pas péché jette la première pierre". (Il condamne donc l'application stricte de la loi), donc entre les textes du Lévitique (ancien Testament) et le nouveau testament, la ligne est clairement différente, ce qui implique clairement que l’homme et Non la religion condamne l’homosexualité, et que ces derniers rejettent l’évolution des 32


écritures pour faire passer un message de haine à la place du message de tolérance que le Christ donne par cet exemple… David et Jonathan étaient amis et non amant. C'est l'épisode de la destruction de Sodome (d'où le terme sodomite) qui fait que les religions bibliques condamnent l'homosexualité. Et puisque Dieu a détruit Sodome et ses habitants, certains religieux se sont crus aussi autorisés à décréter la peine de mort envers les homosexuels. L'épisode concernant Lot à Sodome (Genèse 18–19) est souvent cité comme une condamnation de l'homosexualité par la Bible. Dieu, alerté par « le cri contre Sodome », dont le « péché est énorme », est résolu à détruire la ville pour punir ses habitants (Génèse 18:20-21). Après un épisode de marchandage où Dieu finit par promettre à Abraham d'épargner la ville s'il reste au moins dix justes (Genèse 18:22), il envoie alors deux anges vérifier si le péché est avéré. Ces anges arrivent à Sodome et Lot, le neveu d'Abraham, les invite à loger chez lui. Tous les hommes de la ville entourent la maison de Lot en demandant qu'il leur livre les deux étrangers pour qu'ils les « connaissent » (Genèse 19:5). Convaincu de leur crime, Dieu détruit la ville. Dans ce passage, les habitants de Sodome disent à Lot : Où sont les hommes qui sont venus chez vous cette nuit ? Amenez-les nous pour que nous les connaissions. « Connaître » (en hébreux, « ‫» ידע‬, yadā´) est ici un euphémisme signifiant dans ce contexte « connaître charnellement », autrement dit avoir des rapports sexuels. Une très bonne autre traduction est l'expression « coucher avec », qui est un euphémisme comparable en langue française. On peut ajouter qu'il est évident, selon le 33


contexte qu'il s'agirait d'un rapport non consentant, et donc d'un abus, sinon d'un viol. Extrait de Genèse, chapitre 19 [...] (19.5) Ils appelèrent Lot, et lui dirent : Où sont les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit ? Fais-les sortir vers nous, pour que nous les connaissions. (19.6) Lot sortit vers eux à l'entrée de la maison, et ferma la porte derrière lui. (19.7) Et il dit : Mes frères, je vous prie, ne faites pas le mal ! (19.8) Voici, j'ai deux filles qui n'ont point connu d'homme ; je vous les amènerai dehors, et vous leur ferez ce qu'il vous plaira. Seulement, ne faites rien à ces hommes puisqu'ils sont venus à l'ombre de mon toit. (19.9) Ils dirent : Retiretoi ! Ils dirent encore : Celui-ci est venu comme étranger, et il veut faire le juge ! Eh bien, nous te ferons pis qu'à eux. Et, pressant Lot avec violence, ils s'avancèrent pour briser la porte. (19.10) [...] Et ils frappèrent d'aveuglement les gens qui étaient à l'entrée de la maison, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, de sorte qu'ils se donnèrent une peine inutile pour trouver la porte. (19.12) Les hommes (les anges) dirent à Lot : Qui as-tu encore ici ? Gendres, fils et filles, et tout ce qui t'appartient dans la ville, fais-les sortir de ce lieu. (19.13) Car nous allons détruire ce lieu, parce que le cri contre ses habitants est grand devant l'Éternel. L'Éternel nous a envoyés pour le détruire. [...] (19.23) Le soleil se levait sur la terre, lorsque Lot entra dans Tsoar. (19.24) Alors l'Éternel fit pleuvoir du ciel sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu, de par l'Éternel. (19.25) Il détruisit ces villes, toute la plaine et tous les habitants des villes, et les plantes de la terre. (19.26) La femme de Lot regarda en arrière, et elle devint une statue de sel. (19.27) Abraham se leva de bon matin, pour aller au lieu où il s'était tenu en présence de l'Éternel. (19.28) Il porta ses regards du côté de Sodome et de Gomorrhe, et sur tout le territoire de la plaine; et voici, il vit s'élever de la terre une fumée, comme la fumée d'une fournaise.[...]

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Une autre lecture de ce passage existe : Sodome serait une ville où l'on n'aime pas les étrangers. Deux étrangers viennent chez Lot. Une foule vient chez lui pour exiger des rapports homosexuels forcés, ce qui serait le sort ordinaire des prisonniers de guerre. C'est parce que ces gens sont ses hôtes et non ses prisonniers que Lot les refuse aux manifestants et propose le pucelage de ses filles en rançon. Ainsi, pour certains, le récit concernant Lot ne traiterait pas en premier lieu d'homosexualité mais d'une faute contre l'hospitalité dans une ville où les pratiques sexuelles sont particulièrement libres. Une autre partie du problème est l'interprétation de la traduction du mot « hommes » qui serait mieux traduit par « gens » ou « personnes », alors pour certaines personnes il n'y a pas de vrai fondement pour indiquer qu'il s'agisse d'homosexuels. Islam et homosexualité Le thème de l'homosexualité est principalement abordé dans le Coran par l’histoire de Lot qui apporte une condamnation claire. Il y est dit que le peuple de Lot fut le premier, dans l'histoire, à pratiquer l'homosexualité masculine. Bien que le châtiment de Dieu soit le même (la destruction de la ville), les termes employés pour qualifier les habitants sont cependant moins forts que ceux utilisés dans la Bible. La charia, loi d'inspiration islamique, condamne très sérieusement l'homosexualité, puisque la récidive peut entraîner la peine de mort. C'est le cas en Arabie saoudite, en Algérie, au Bahreïn, au Bangladesh, en Bosnie, en Iran, en Jordanie, au Kazakhstan, au Kyrgyzstan, au Koweït, au Liban, en Libye, en Malaisie, en Mauritanie, à Oman, au Pakistan, au Qatar, au Soudan, en Syrie, au 35


Tadjikistan, au Turkménistan, aux Émirats arabes unis et au Yémen. L'islam a également une influence significative et croissante au Sénégal, au Nigeria, au Tchad, en Somalie et dans les Philippines méridionales. On peut retenir huit occurrences de cette histoire, où l’acte homosexuel semble évoqué dans le Coran : VII:78-81, XI:74-83, XV:67-77, XXI:74, XXVI:160-174, XXVII:54-58, XXIX:27-35, LIV:33-39. que l’on peut classer en deux catégories : une où le texte rapporte les paroles de Loth, et une autre où c’est Dieu qui s’exprime directement. La deuxième religion de France considère l’homosexualité comme étant un péché contre l’ordre établi par Dieu. La charia condamne l’homosexualité dans toutes les écoles juridiques et prescrit la peine de mort comme sanction. En général, l’homosexualité est punie par des textes légaux dans les états musulmans, et pas forcément par la loi islamique, comme c’est le cas au Maghreb. L’homosexualité est punie de prison et d’amendes (Algérie, Libye, Tunisie) ou de mort dans certains pays musulmans (Arabie saoudite, Iran). En Arabie saoudite, les homosexuels peuvent être soumis à la peine capitale ou perdre leurs droits civiques. Bouddhisme et homosexualité Le bouddhisme ne s’intéresse généralement pas aux questions liées à la sexualité comme à toute autre question relevant de la sphère intime. Les seules règles existantes sont celles concernant les religieux bouddhistes. Dans ce cas l’homosexualité est proscrite au même titre que l’hétérosexualité, exception faite de certains courants, par exemple l'ordre des bonnets rouges du bouddhisme tibétain où le mariage (hétérosexuel dans ce cas) des moines est toléré. 36


Dans la religion bouddhiste, la règle est le respect de tous et de toutes les différences (dans les limites de la condamnation des violences et actes forcés). Il est également question de compassion (ce terme étant parfois considéré en soi comme un jugement homophobe). Le bouddhisme a généralement comme attitude de respecter les cultures et les religions d’autrui. Ce qui implique que les idées défendues par les bouddhistes peuvent différer d'une culture à l'autre et que l'on trouve des auteurs bouddhistes qui condamnent l’homosexualité. Une intervention particulièrement remarquée est celle du Dalaï Lama dans une interview donnée au magazine français Le Point du 22 mars 2001. Le dalaï-lama (dont il est généralement accepté qu'il « représente » environ 4% des bouddhistes) considère l’homosexualité comme une mauvaise conduite sexuelle. Il indique en outre que tout acte sexuel ne visant pas la procréation n’est pas acceptable du point de vue du bouddhisme tibétain gelugpa (fellation, sodomie, et même la masturbation).

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5) Conclusion A la question : « Etes-vous favorable à une politique de "discrimination positive" concernant les homosexuels ? » Ma réponse est Non, je n'y suis pas favorable, je suis favorable à une politique d'application du droit commun, du droit universel. C'est-àdire une égalité au niveau de l'individu homosexuel, du couple de même sexe et de la famille homoparentale. Pas de discrimination positive, simplement faire entrer l'homosexualité dans le droit commun. Quelle perspective pour la lutte contre l’homophobie à travers le monde ? Il faut sortir du carcan communautaire pour traiter l’homophobie comme n’importe quelle autre discrimination. C’est l’égalité des droits qui doit être obtenu et non des droits communautaires. La question de l’homophobie doit être traitée de manière Humaniste. C’est l’engagement qui est le nôtre à Alter Egaux, c’est la base de notre réflexion et de notre engagement.

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Club ALTER EGAUX, Lutte pour l’égalité des Droits c/o Yohan DRIAN c/o Philippe ROTH - MOKO&CO 4, Rue du Téméraire 6 place de la Gare 54000 – NANCY 68000 COLMAR Tél. : 06.01.81.32.00 Tél. : 06.76.04.01.30 Mail : contacts.associationalteregaux@laposte.net http://www.e-monsite.com/associationalteregaux

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