LE MONDE DES
RETROUVEZ DANS CE NUMÉRO TOUTE L'INFORMATION DE VOTRE CMA
rtisans ÉDITION
Gironde
International
Exporter est à votre portée
Bimestriel n°77 • juillet-août 2010 • 1 €
P. 29
DANS CE NUMÉRO, LE BILAN DE MANDATURE DE LA
CONCOURS INNOVER POUR GAGNER 2010 P. 12
ARTISANS APPRENTIS POUR L’EXPORT P. 33
P ANORAMA
D OSSIER L’INTERNATIONAL : UN MARCHÉ OUVERT AUX TPE ARTISANALES Le marché de l’export laisse de la place aux petites entreprises, surtout celles qui proposent un travail de qualité. Mais réussir sur cette voie vous demandera patience et rigueur. P. 29
ARTISANS APPRENTIS POUR L’EXPORT
En tant que chef d’entreprise immatriculé au Répertoire des Métiers, vous pourrez élire, parmi vos pairs, ceux chargés de vous représenter et de représenter l’artisanat en général. P 4
■ ÉVÉNEMENT 4 ÉLECTIONS CONSULAIRES : votez pour le meilleur service aux entreprises artisanales ■ ACTUALITÉS 8 RENCONTRES DE L’ARTISANAT français et allemand 9 UNE CARTE pour reconnaître les pros 12 LANCEMENT DU CONCOURS innover pour gagner 2010
S TRATÉGIES
Aujourd’hui, il vous sera dur de ne pas croiser un jour ou l’autre la route d’Internet… P 17
■ STYLE DE VIE 14 EXPATRIATION l’étranger, un nouvel horizon pour les artisans 16 S’ORGANISER une préparation minutieuse, le meilleur des visas ■ ÉCLAIRAGE 17 UNE VITRINE SUR INTERNET investir le Web à moindre coût 19 MARKETING comment maintenir un site vivant 21 VENTE EN LIGNE les internautes achètent aussi « artisan » ■ 1 JOUR AVEC… 24 PEINTRE EN BÂTIMENT la touche finale au chantier ■ CAS D’ENTREPRISE 26 DE LA ROSALIE AU CARGO-CYCLE ça roule pour Lovélo
En marge des rencontres francoallemandes des Chambres de Métiers, le réseau des établissements consulaires d’Aquitaine avait organisé un forum d’information sur l’export pour les artisans.
P. 33
P RATIQUE
Les présidents du Conseil Général et de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de la Gironde ont signé un accord de partenariat le 21 juin dernier. P 36
■ PRATIQUE 34 PRÉVENTION l’impayé n’est pas une fatalité ! 36 PARTENARIAT une convention avec le Conseil Général de la Gironde pour aider l’artisanat 37 SIX ACTIONS pour l’emploi et les compétences ■ MÉTÉO 38 BRÈVES et tableau de bord ■ TEST 39 SAVEZ-VOUS motiver vos salariés ?
R EGARDS ■ INITIATIVES 41 UN ARTISAN CIDRIER au cœur des chartrons 44 ASSOCIATION DES MAÎTRES ARTISANS DE LA GIRONDE un jeune patron aux commandes 45 OLYMPIADES DES MÉTIERS les apprentis entretiennent la flamme ■ PRESTIGE 42 PETER PESCHEL Une perpétuelle lutte contre le temps ■ OPINION 46 JEAN ARTHUIS président de la commission des Finances du Sénat
É DITO Le Président de la CMA de la Gironde
Artisans, faites entendre votre voix » la rentrée, l’ensemble des chefs d’entreprise artisanale de France seront amenés à s’exprimer p dans le cadre d’un rendez-vous électoral peu médiatisé. Ils pourront élire, parmi leurs pairs, ceux chargés de les représenter et de représenter le secteur de l’artisanat en général. Une élection est toujours un important moment de vie citoyenne. Statut d’autoentrepreneur, protection du patrimoine individuel, soutien aux TPE artisanales en période de crise… les Chambres de métiers et de l’artisanat jouent un rôle important. Plus les artisans seront nombreux à voter, plus les élus auront du poids pour défendre leurs intérêts auprès des pouvoirs publics. Dans le contexte actuel de Révision générale des politiques publiques (RGPP), le taux de vote des artisans sera très certainement aussi interprété par les pouvoirs publics pour décider du maintien ou non d’un réseau de proximité spécifique aux entreprises artisanales. Le vote s’effectuera simplement par courrier, du 29 septembre au 13 octobre 2010 à minuit. Vous recevrez d’ici là le matériel à renvoyer et un document explicatif. L’avenir de la première entreprise de France sera entre vos mains.
Ce numéro comprend des pages spécifiques entre les pages 1 à 16 et 33 à 48 pour les abonnés de la Gironde. Ce magazine contient un bilan de mandature de la CMA. Le Monde des artisans n°77 – Juillet-août 2010 – Édition de la Gironde – Président du comité de rédaction des pages locales : Yves Petitjean – Rédacteur en chef pages Gironde : Ludovic Groult – Éditeur délégué : Stéphane Schmitt – Rédaction : ATC-ÉDIMÉTIERS, rédactrice en chef : Charlotte de Saintignon, Tél. 01 40 05 23 19, port. 06 82 90 82 24, e-mail : c.saintignon@groupe-atc.com – Ont collaboré à ce numéro : Danielle Bodiou, Florent Lacas, Patrick Lenormand, Hélène Sauvage – Secrétariat de rédaction : M. Anthony, J. Clessienne, J. Neisse – Publicité : ATC-ÉDIMÉTIERS, 84 bd de Sébastopol, 75003 Paris – Chef de publicité : Philippe Saint Etienne, Tél. 01 42 74 28 96, e-mail : p.saint-etienne@groupe-atc.com – Édition nationale : Directeur commercial Mathieu Tournier, Tél. 01 42 74 28 73, fax 01 42 74 28 35, e-mail : m.tournier@groupe-atc.com – Éditions départementales sud-ouest : Thierry (Tél. 06 22 69 30 22) et Cédric Jonquières (Tél. 06 10 34 81 33), fax 05 61 59 40 07, e-mail : thierry.jonquieres@wanadoo.fr – Éditions départementales nord et est : François Bederstorfer, Tél. 03 87 69 18 12, fax 03 87 69 18 14, e-mail : f.bederstorfer@groupe-atc. com – Photographies : Laurent Theeten, responsable image – Conception éditoriale et graphique : TEMA|presse, Tél. 03 87 69 18 01 – Fabrication : Pixel image, I. Marlin, J.-M. Tappert, Tél. 03 87 69 18 18 – Éditeur : ATC, 23 rue Dupont des Loges, 57000 METZ, Tél. 03 87 69 18 18, fax 03 87 69 18 14 – Directeur de la publication : François Grandidier – N° commission paritaire : 0311 T 86957 – Dépôt légal : juin 2010 – Impression : Groupe Socosprint imprimeurs / 88000 Épinal - Certifiée PEFC CTP/1-013. Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées.
Le monde des artisans ● juillet-août 2010 ●
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vénement Gironde À la rentrée, vous serez amenés à vous exprimer dans le cadre d’un rendezvous électoral pas fortement médiatisé. En tant que chef d’entreprise immatriculé au Répertoire des Métiers, vous pourrez élire, parmi vos pairs, ceux chargés de vous représenter et de représenter l’artisanat en général.
ÉLECTIONS CONSULAIRES DU 29 SEPTEMBRE AU 13 OCTOBRE 2010
Votez pour le meilleur service aux entreprises artisanales
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ne élection est toujours un important moment de vie citoyenne. Lutte contre le statut d’auto-entrepreneur, protection du patrimoine individuel, soutien aux TPE artisanales en période de crise… les Chambres de métiers et de l’artisanat jouent un rôle important. Plus vous serez nombreux à voter, plus vos élus auront de poids pour défendre vos intérêts, vous représenter auprès des pouvoirs publics et influer sur les décisions de développement local. Comme toutes les institutions publiques, les Chambres de métiers sont engagées dans une optimisation de leurs services à destination de leur public, à savoir vous, entrepreneurs de l’artisanat.
Un acte civique simple et facile : directement de chez vous en renvoyant par courrier votre vote dans une enveloppe pré-affranchie. 4
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Le monde des artisans ● juillet-août 2010
Vous trouverez joint à ce magazine le rapport d’activité de votre Chambre 2005-2010 La Chambre de Métiers et de l’Artisanat de la Gironde, ce sont 80 permanents au service de 23 000 entreprises artisanales (le service apprentissage gère tous les contrats du département, y compris le commerce) et 120 salariés pour son CFA (1 400 apprentis).
Vous faciliter la vie et doper vos performances sont devenus le leitmotiv de la Chambre de métiers et de l’artisanat de la Gironde, un leitmotiv concrétisé par un ensemble de plus de 120 prestations désormais disponibles pour les entreprises du département. De la même manière que vous êtes au quotidien au service de vos clients, la Chambre de métiers a fait de vous ses clients. À l’heure où nous bouclons l’édition de ce magazine, toutes les modalités du vote de renouvellement des représentants à la Chambre de métiers ne sont pas encore connues. Dans les semaines qui suivent, soyez donc attentif à tout ce qui concerne les élections dans vos quotidiens et magazines habituels. Et n’hésitez pas à vous rapprocher des organisations professionnelles (les « partis politiques » du secteur) pour connaître les enjeux, découvrir leurs programmes et vous faire une opinion.
« En Gironde, plus de 24 000 électeurs, seront appelés à voter »
L’ensemble des chefs d’entreprise appelés à voter seront informés par courrier du scrutin dans tous ses détails. Et, pour vous faciliter la vie, et parce que l’on sait que vous êtes fort occupé(e), le scrutin a lieu par correspondance. Pas d’obstacle donc pour ne pas vous exprimer !
La Chambre de métiers est un établissement public administré par des artisans élus par leurs pairs au suffrage universel pour un mandat de cinq ans. Le fait qu’ils soient euxmêmes des artisans leur permet de mieux connaître et comprendre les besoins et problématiques du secteur. Ils consacrent une partie de leur temps à la représentation et à la défense des intérêts de l’Artisanat. En tant qu’artisan/chef d’entreprise immatriculé au Répertoire des métiers, votre participation est très importante. Vos représentants jouent un rôle important pour le développement économique de votre activité et du secteur de l’artisanat. Plus vous serez nombreux à voter et plus vos élus auront de poids pour défendre vos intérêts auprès des collectivités, comme les Mairies, les Communautés de communes ou encore les Conseils général et régional… Mieux vous serez représentés, mieux vos représentants pourront agir pour définir les orientations de développement économique et veiller à ce que les engagements pris soient tenus. Il est donc important pour vous de voter et de choisir vos représentants.
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ctualités STATUT DES ENTREPRENEURS INDIVIDUELS
L’EIRL RÉVOLUTIONNE LA PROTECTION DU PATRIMOINE Le projet de loi sur l’entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL), adopté en commission mixte paritaire le 28 avril dernier, établit définitivement l’égalité de l’entreprise individuelle avec l’entreprise en société. Reste pour le gouvernement et les chambres de métiers et de l’artisanat à communiquer sur ce nouveau statut par le biais d’une campagne d’information auprès des travailleurs indépendants.
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dopté le 12 mai dernier, le projet de loi sur l’entreprise individuelle à responsabilité limitée devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2011. Le texte voté par les parlementaires établit de manière définitive l’insaisissabilité du patrimoine non affecté à son activité par l’entrepreneur indépendant. Ainsi, l’entrepreneur sera propriétaire de deux patrimoines, le personnel et celui qu’il affecte à son activité professionnelle par simple dépôt de déclaration auprès de la chambre de métiers, s’il est artisan. Pour autant, le texte aménage la rétroactivité de la déclaration d’affectation, à condition que l’entrepreneur ait informé personnellement chacun de ses créanciers antérieurs à la déclaration d’affectation. En cas de difficultés, vous pourrez ainsi opposer votre patrimoine affecté à l’ensemble de vos créanciers.
Compromis sur les droits des créanciers antérieurs
© Fotolia
Ces derniers disposeront alors d’un droit d’opposition en raison de la réduction de leur gage. « Les modalités d’information des créanciers pour l’exercice de leur droit d’opposition seront fixées par décret », a précisé Hervé Novelli. Autres clauses revues par la Commission : la possibilité de créer son EIRL en ligne dès le début de l’année 2011 sur le site www.guichet-entreprises.fr et celle d’avoir plusieurs patrimoines à compter du 1er janvier 2013. Enfin, une personne mineure pourra constituer une EIRL. Grâce à un nouveau cadre juridique adapté et sécurisé, les artisans installés en entrepreneurs individuels et les futurs entrepreneurs ne prendront plus de risques démesurés pour créer et développer leur activité. Pour ce faire, votre patrimoine personnel sera distingué de votre patrimoine professionnel et vous restez propriétaire de l’ensemble de vos biens.
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Le monde des artisans ● juillet-août 2010
En Allemagne, Grande-Bretagne, ou aux États-Unis, le modèle économique prédominant est l’entreprise individuelle Protéger les actifs personnels Concrètement, seul le patrimoine réservé à l’exercice de votre activité deviendra la garantie auprès de vos créanciers professionnels, mettant vos actifs privés à l’abri en cas de faillite, et ceci sans création d’une personne morale. Pour affecter vos biens à votre activité, il vous suffira de faire une simple déclaration à votre chambre de métiers et de l’artisanat qui contiendra la liste de vos biens professionnels. L’autre innovation majeure du statut réside dans le choix du régime fiscal, puisque l’on peut être assujetti à l’impôt sur les sociétés tout en restant sous le régime de l’entreprise individuelle : les entrepreneurs auront le choix d’opter soit pour l’impôt sur le revenu, soit pour celui sur les sociétés. Ce statut constitue donc une avancée notoire pour les entrepreneurs individuels. Pour autant, il conviendra de s’assurer que le nouveau système de garantie proposé par des établissements tels que Siagi, Socama, Oséo, permettra bien de sécuriser le financement des entreprises par rapport aux exigences des banques. Une disposition a été adoptée pour éviter la recrudescence des cautions personnelles : pour pouvoir bénéficier de la garantie d’Oséo, pouvant aller jusqu’à 70 % du montant du prêt, les banques devront s’engager à ne pas demander de cautions personnelles. Reste à voir si les textes réglementaires, dont dépend encore l’entrée en vigueur de l’EIRL, seront conformes aux attentes des entreprises. Pour que ce statut rencontre le succès escompté, les chambres de métiers et de l’artisanat vont également communiquer en lançant une véritable campagne d’information des travailleurs indépendants.
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CONTACT :
www.infoeirl.fr
ctualités Gironde ◼ Prime pour le 2e apprenti Savez-vous qu’en recrutant un premier apprenti ou un apprenti supplémentaire, vous pouvez bénéficier d’une prime complémentaire de l’État de 1 800 € ? Le service orientation de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat dispose de CV de jeunes dont le profil peut correspondre à vos attentes. Nous pouvons faciliter votre recherche et vous rencontrer, si vous le souhaitez, sur votre lieu de travail pour faire une estimation chiffrée du coût de l’apprenti.
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CONTACT :
Tél. : 05 57 59 85 00 ou daniele.chave@ cm-bordeaux.fr et tonny.lecornu@ cm-bordeaux.fr
RENCONTRES DE L’ARTISANAT FRANÇAIS ET ALLEMAND Les 17 et 18 juin derniers, le Palais des Congrès accueillait les 20es Rencontres des Chambres de Métiers françaises et allemandes. Sous le thème « Répondre aux enjeux et besoins de l’artisanat », ces rencontres ont donné lieu à des échanges d’expériences sur des sujets communs : la réorganisation consulaire, le contexte économique, l’export, la formation des jeunes.
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es PME de France et d’Allemagne ont résisté à la crise. Le tissu local nargue la finance. Alain Griset, taxi, président de l’Assemblée Permanente des Chambres de Métiers (APCM) et son homologue allemand de la DHKT, Otto Kentzler, plombier-chauffagiste, ont des points communs. Ils représentent, l’un 920 000 entreprises, l’autre 970 000. Côté français, l’artisanat « pèse » 300 milliards d’euros et, côté allemand, 511 milliards. Une différence qui s’explique par une plus forte présence allemande à l’export et en sous-traitance de groupes industriels.
Manque de soutiens L’un et l’autre constatent toutefois que leur secteur a plutôt bien résisté à la crise. Même si des artisans rencontrent des difficultés, le solde en emplois et en nombre d’entreprises est en hausse. Face à une « économie financiarisée », s’impose une économie de proximité, non délocalisable. « La sécurité a changé de camp », a déclaré Alain Griset en ouvrant, au palais des congrès de Bordeaux, les 20es Rencontres franco-allemandes des métiers. Un atout que les artisans jugent sous-estimé par les pouvoirs publics. Exemple : « 3 % seulement des fonds structurels européens vont aux PME, c’est un problème », note Andrea Benassi, secrétaire général de l’union européenne de l’artisanat et des PME. Critères non adaptés, paperasserie sans fin sont des explications. « Il faut réfléchir à tout cela et faire du lobbying », encourage Otto Kentzler en prônant une mise en œuvre rapide du Small business act, initiative allemande. Le problème a aussi une explication franco-française : les fonds
Les artisans des deux pays demandent aussi à être davantage considérés comme des partenaires à l’export (surtout côté français) et à l’innovation. 8
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Le monde des artisans ● juillet-août 2010
européens sont gérés par l’État. Pierre Martin, vice-président de l’APCM, soutient l’idée avancée par le président de la Région Aquitaine, Alain Rousset, d’une décentralisation de cette gestion. Enfin, même si un médiateur du crédit a été nommé tant en Allemagne qu’en France, les banques sont toujours accusées de « manque de courage », dixit Otto Kentzler. « Il serait injuste que les errements des banquiers dans les fonds spéculatifs soient payés par nos entreprises », s’est même fâché Alain Griset. Les 20es Rencontres franco-allemandes des Chambres de Métiers ont débouché sur d’autres projets. Dans les deux pays, ces organismes font l’objet d’une réforme. Pour eux, en substance, il faut saisir cette opportunité pour montrer leur efficacité, leur sens de l’adaptation mais préserver leur autonomie. Les artisans des deux pays demandent aussi à être davantage considérés comme des partenaires à l’export (surtout côté français) et à l’innovation. François Moutot, directeur général de l’APCM, a ainsi souhaité plus de collaborations avec le monde universitaire et les pôles de compétitivité. Si l’artisanat français a des leçons à prendre outre-Rhin, l’inverse est aussi d’actualité. À l’exemple de la campagne de communication des Chambres de Métiers, la DHKT vient de lancer sa propre campagne auprès des Allemands sur le thème « L’Artisanat, la force économique de proximité » en ciblant d’abord les jeunes par le biais d’Internet.
Une convention pour booster la mobilité des apprentis français et allemands Signée le 18 juin, lors des Rencontres franco-allemandes, la convention de Bordeaux prévoit d’augmenter d’ici trois ans les échanges d’apprentis entre les deux pays suivant l’exemple des étudiants. Augmenter le nombre d’apprentis, de jeunes travailleurs et de jeunes diplômés français qui font une partie de leur apprentissage et de leurs études professionnelles en Allemagne. Pareil en France pour les jeunes Allemands qui se destinent à un métier dans l’artisanat. C’est l’objectif de la convention, signée à Bordeaux par l’Assemblée Permanente des Chambres de Métiers (APCM) et son homologue d’outre-Rhin (DHKT) avec l’Office francoallemand de la jeunesse (OFAJ) qui, depuis 1963, organise des échanges de jeunes entre les deux pays. Chaque année, 200 000 jeunes bénéficient de ces échanges. « Mais la part des apprentis est trop modeste », a noté Béatrice Angrand, co-directrice de l’OFAJ. Lors de l’année scolaire 2008-2009, 402 apprentis français ont
suivi une partie de leur formation en Allemagne et 326 apprentis allemands ont été reçus chez des artisans français. Pour la Gironde, 45 jeunes ont été concernés l’an passé, la Chambre de Métiers disposant, il est vrai, d’un conseiller en mobilité. Les chambres allemandes ont mis en place un tel réseau de conseillers en 2009.
UNE CARTE POUR RECONNAÎTRE LES PROS !
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es artisans pourront désormais montrer patte blanche à leurs clients. Une façon efficace de valoriser leurs compétences ett rleur professionnalisme. Elle a le format d’une carte de crédit plastifiée. C’est la nouvelle carte officielle de tous les professionnels inscrits au Répertoire des Métiers. Gratuite, elle leur est envoyée directement ll sera par la CMA de la Gironde. Valable un an, elle renouvelée chaque année automatiquement (sauf, bien sûr, en cas de radiation).
Signe de reconnaissance Un parcours de qualification Même si la convention n’affiche aucun objectif chiffré, ses promoteurs tablent sur un doublement des échanges. Pour cela, il faudra sensibiliser les maîtres d’apprentissage, accompagner ces jeunes qui ne parlent pas forcément la langue du pays hôte et surmonter les difficultés administratives qui font que les apprentis ont un contrat de travail et ne sont donc pas des étudiants comme les autres. « Il faut améliorer le dispositif du projet Euroapprentissage », a plaidé le président de l’APCM. Un groupe de travail sera mis en place pour bâtir un parcours francoallemand de qualification.
Au verso de la carte figurent le nom, l’adresse, l’activité, l’ancienneté et le numéro d’immatriculation de son possesseur. À lui de la personnaliser avec une photo d’identité. Au recto, apparaît son titre éventuel d’Artisan (A bleu) ou de Maître-Artisan (A rouge). Rappelons que ces titres, qui concernent moins de deux ressortissants sur trois, sont attribués par la CMA aux artisans qui justifient d’un diplôme reconnu ou d’une expérience professionnelle de plusieurs années. Pour les clients, c’est un signe de reconnaissance clair et rassurant. En montrant sa carte, le professionnel peut justifier facilement de sa compétence et de sa qualité d’artisan. Et surtout se distinguer de certaines formes de concurrence déloyale, qu’il s’agisse des travailleurs au noir ou de prestataires non immatriculés au Répertoire des Métiers (carte disponible depuis mai 2009).
Faciliter l’accès en centre-ville
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a CMA de la Gironde associée à une organisa organisation professionnelle du secteur a porté auprès des autorités de la ville de Bordeaux le dossier des difficultés pour certains métiers d’accéder en centreville de Bordeaux. Cette action a permis de mettre en place avec la ville un plan d’action concret pour améliorer la situation : un macaron spécial artisan permettant de stationner plus longuement, une carte « Bordeaux-ma-ville », une réglementation adaptée et de nouvelles aires de stationnement. Toutes ces mesures et les conditions d’application sont précisées dans un guide qui est envoyé aux professions éligibles. L’assemblée permanente des Chambres de Métiers et de l’Artisanat (APCM) et l’Europe ont participé financièrement à l’opération.
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RENSEIGNEMENTS
Alain Griset, Béatrice Angrand et Heinrich Traublinger signent la convention.
Tél. : 05 56 999 100
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ctualités Le système du « zéro charges », qui permet d’embaucher un salarié jusqu’à un revenu de 1,6 Smic en payant moins de charges pendant un an, ne sera pas prolongé au-delà de juin 2010. C’est ce qu’a annoncé Nicolas Sarkozy, lors du sommet social qui s’est tenu le 10 mai à l’Élysée, à propos d’un dispositif qui a coûté 800 millions d’euros à l’État. En avril, le secrétaire d’État à l’Emploi Laurent Wauquiez avait pourtant évoqué la possibilité de proroger la mesure, dont un million d’embauches auraient bénéficié, selon le gouvernement, depuis sa mise en place en février 2009. Mais le chef de l’Etat a estimé qu’elle était moins justifiée depuis que des signes de reprise s’étaient fait voir au quatrième trimestre de 2009. La Capeb a fait savoir sa déception, par la voix de son président Patrick Liébus. « Pourquoi casser un des rares instruments de compétitivité qui fonctionne ? […] Le ‘zéro charges’ était certainement la mesure la plus efficace prise depuis longtemps pour accompagner les artisans. » L’organisation professionnelle indique que celle-ci concerne potentiellement 346 000 entreprises, qui ont moins de dix salariés.
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L’APPRENTISSAGE S’INVITE SUR LE WEB
Après les conclusions des ateliers de l’apprentissage, le gouvernement lance une plateforme à destination des apprentis, qui sera pleinement opérationnelle dans les mois à venir.
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aurent Wauquiez, secrétaire d’État à l’Emploi, a annoncé le 20 mai la création d’un site internet destiné à promouvoir l’alternance auprès des jeunes de moins de 26 ans. Pour faciliter leur démarche, plus de 20 000 offres d’embauche y sont facilement accessibles par métiers, type de contrat, niveau d’étude et zone géographique. Toutefois, les offres de certaines régions ne sont pas encore à jour. On compte au nombre des collaborateurs de cette structure l’APCM et l’UPA. Il y a quelques mois, les ateliers de l’apprentissage et de l’alternance avaient déjà permis de défricher le sujet. Leurs conclusions ont été rendues début mai, et précisées par Laurent Wauquiez au cours d’une séance de questions au gouvernement, le 20 mai au Sénat. Entre autres, il sera question de valoriser le statut de l’apprenti, en le rapprochant de celui d’étudiant, et de revoir les circuits d’orientation à la sortie de troisième. « L’alternance et l’apprentissage doivent faire l’objet d’actions de promotion et d’information systématiques dans le cadre de l’Éducation nationale », a précisé le secrétaire d’État. Le gouvernement va également tendre à simplifier les procédures d’embauche, améliorer les conditions de vie des apprentis, et promouvoir l’apprentissage dans les filières de services, avec pour objectif final de former 1 jeune sur 5 par l’alternance en 2015. Les TPE sont particulièrement concernées par ce mouvement, puisque d’après une étude du ministère du Travail, 59 % des 300 000 embauches en apprentissage en 2008 sont de leur fait.
La « prime apprenti » maintenue En faveur de l’apprentissage, le président de la République a également annoncé, le 10 mai, le maintien de la prime de 1 800 euros par apprenti embauché jusqu’à la fin 2010 ainsi que l’extension du dispositif « zéro charges » à toutes les entreprises pour l’embauche d’un apprenti. Une décision qu’a saluée le président
Le monde des artisans ● juillet-août 2010
© Fotolia / kalou1927
◼ Fin du dispositif « zéro charges »
L’apprentissage est perçu par le gouvernement comme un remède au chômage des jeunes.
de l’UPA, Jean Lardin : « Nous pouvons être satisfaits du maintien de la mesure en faveur de l’apprentissage. Les entreprises qui hésitent à embaucher des apprentis pourront continuer à se lancer. » Il a aussi été précisé que le grand emprunt participera à hauteur de 500 millions d’euros à la modernisation des CFA et l’amélioration des conditions d’hébergement des jeunes, que François Fillon avait appelée de ses vœux en avril. L’UPA se félicite de ces initiatives. « Le développement de la formation en alternance et de l’apprentissage apparaît plus que jamais comme une priorité alors que les difficultés d’insertion persistent pour les moins formés et que les sorties sans qualification ne se réduisent guère depuis 2000. » Selon Laurent Wauquiez, un jeune ayant suivi une formation en alternance bénéficie de 20 à 40 % de chances supplémentaires de trouver un emploi en CDI à l’issue de sa formation qu’un jeune ayant suivi le même cursus sans alternance et 90 % des apprentis dans l’artisanat trouvent un emploi dans leur métier.
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CONTACT :
www.contrats-alternance.gouv.fr
ctualités Gironde LANCEMENT DU CONCOURS INNOVER POUR GAGNER 2010 Vous avez jusqu’au 10 septembre pour participer à ce concours qui récompense l’innovation dans l’artisanat. 3 catégories d’activités récompensées ◾ Métiers de production et activités du bâtiment : produits nouveaux ou amélioration (machinisme, électronique, médical, sports et loisirs, environnement, art, mobilier et décoration…), amélioration de vos procédés de fabrication et de travail, introduction de technologies nouvelles, économie d’énergie et préservation de l’environnement, amélioration de l’habitat et des procédés constructifs… ◾ Activité de services : anticipation des nouvelles attentes des clients, innovation sur la commercialisation de vos services, introduction des technologies de l’information et de la communication, actions de fidélisation de votre clientèle… ◾ Professionnels de l’alimentaire : création de nouveaux produits ou recettes par rapport aux attentes de la clientèle (terroir, santé, nutrition), introduction de nouvelles technologies de production, de conservation et de packaging, innovation dans la distribution et la commercialisation…
5 bonnes raisons de participer ◾ Donner du corps à vos projets, concrétiser vos idées Nous vous apportons un regard extérieur et nous vous aidons à intégrer votre projet dans la stratégie de développement de votre entreprise. ◾ Accompagner vos projets par un conseil personnalisé en matière de propriété industrielle, d’analyse commerciale, de solutions technologiques, d’appui à la conduite de projet Votre Chambre de Métiers et de l’Artisanat est un spécialiste de la gestion de projet innovant et s’appuie sur les membres du Réseau de Développement Technologique Aquitain et d’Innovalis Aquitaine. ◾ Accéder à des financements spécifiques et adaptés En particulier vos conseilleurs sont habilités à vous prescrire une aide financière pouvant couvrir 50 % des dépenses liées à votre projet (Prestation Technologique Réseau), aide soumise à conditions et après accord du Réseau de Développement Technologique Aquitain. ◾ Être mis en relation avec des centres de compétences techniques et des partenaires Accédez de façon privilégiée à l’ensemble des compétences technologiques d’Aquitaine et des 21 pôles d’Innovation de l’Artisanat en France. ◾ Promouvoir votre entreprise et l’Innovation dans l’artisanat Profitez de l’ensemble de la communication liée à la médiatisation des « Aliénor des Métiers ».
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Le monde des artisans ● juillet-août 2010
5 rendez-vous à ne pas manquer ◾ 10 septembre 2010 : date limi-dature. te de dépôt de la fiche de candidature. ◾ 23 septembre 2010 : présélection de 10 dossiers par le jury départemental et accompagnement, durant l’été, des projets sélectionnés par les interlocuteurs Chambre de Métiers. ◾ 25 novembre 2010 : sélection des trois meilleurs dossiers par le jury départemental. ◾ Décembre 2010 : remise des prix du concours départemental « Innover pour Gagner ». ◾ 1er semestre 2011 : sélection des trois meilleurs projets par le jury régional et remise des trophées « Les Aliénor des Métiers » lors des Assises Régionales de l’Artisanat.
Les récompenses ◾ Au niveau départemental Votre CMA organise l’édition 2010 du concours « Innover pour Gagner » qui récompensera le lauréat de chaque catégorie : Production-Bâtiment 1 000 €, Activités de services 1 000 €, Professionnel de l’alimentaire 1 000 €. ◾ Au niveau régional ● Parmi les 15 lauréats départementaux, la Chambre Régionale et le réseau des Chambres de Métiers d’Aquitaine décerneront les « Aliénor des Métiers ». ● Les trois lauréats régionaux recevront un prix en espèce de la part des organisateurs. ● Les trois meilleurs dossiers des cinq départements d’Aquitaine.
Conditions de participation ◾ Le concours est ouvert à toutes les entreprises artisanales inscrites au Répertoire des Métiers. ◾ Les projets présentés peuvent porter sur des innovations en matière de produit, de procédé ou de service. ◾ Les projets éligibles peuvent être soit au stade de l’idée, du concept, du prototype ou en phase de test de commercialisation. ◾ Le projet doit être argumenté afin de fournir tous les critères d’appréciations pour le jury. Le règlement est disponible sur demande dans votre CMA ou par mail : info@crm-aquitaine.fr
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Le monde des artisans ● juillet-août 2010 ●
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de vie
S’installer à l’étranger ne va pas de soi, surtout pour un artisan. Sans moyens, sans réseau, sans infrastructure pour l’accueillir, il est, plus que tout professionnel, lâché en terre inconnue. Si la tâche est a priori plus ardue, le jeu en vaut la chandelle : jouer sur l’originalité de son savoir-faire et sur les qualités accordées aux Français peut, avec quelques efforts, ouvrir à l’artisan aventureux de nouveaux marchés.
EXPATRIATION
L’étranger, un nouvel horizon pour les artisans «
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■ 1 000 raisons de partir Pourquoi partir à l’aventure ? Les raisons avancées varient d’un artisan à
Ils étaient 1 469 000 fin 20091, une population en hausse constante de 3 à 4 % chaque année. Les expatriés sont plutôt jeunes (46 % ont entre 25 et 35 ans mais 25 % ont plus de 40 ans), ce sont en grande majorité des hommes (67 %), ils partent en couple 2 fois sur 3 et sont surtout employés locaux ou détachés par une entreprise française. Les destinations privilégiées seraient l’Union européenne2 (1 expatrié sur 2), l’Asie du Sud-Est (13,8 %), l’Asie (6,8 %) et l’Amérique du Sud (5,4 %). Dans ce flot, les artisans, enregistrés dans des catégories hybrides (créateurs d’entreprise, commerçants) ne représentent que 7 %. 1 2
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le reconnaît Vanessa Manissier, de la chambre de métiers et de l’artisanat de Lyon : « Les artisans quittant la France pour s’installer à l’étranger ne passent pas par nos services. »
Qui sont ces expatriés ?
Info
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© Sally Wallis - Fotolia.com
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l y a peut-être quelque chose à faire dans ce pays… » Vous vous êtes peut-être déjà fait cette réflexion au cours d’un voyage, devant un reportage à la télé ou en écoutant des témoignages d’expatriés. D’autant que le pays choisi peut s’avérer très friand de certains savoir-faire : « Un bon artisan français, explique Anne-Marie Le Flohic, vitrailliste installée à Dublin (www. triskellstainedglass.com), trouve à s’employer facilement un peu partout en Europe, et notamment ici où la qualité n’est pas toujours au rendezvous. » Poussés par la crise, les difficultés propres à la France, les aléas de la vie… ou tout simplement l’envie de changer d’air, les expatriés français sont de plus en plus nombreux (voir encadré ci-contre). Parmi eux, les artisans ne sont pas en reste. Selon les missions économiques sur place, ils viennent surtout des métiers de bouche, la coiffure et certains métiers d’art. Mais ce public des « artisans expats’ » est souvent difficile à cerner, comme
Chiffres Sénat.fr Enquête TNS Sofres « Expatriés, votre vie nous intéresse »
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l’autre. « C’était un rêve d’enfant », explique Béatrice Amblard, selliermaroquinier établie à San Francisco et créatrice de la boutique April in Paris (www.aprilinparis.us). Le motif peut aussi être sentimental : son mari partant travailler en Irlande, Céline a voulu le suivre et en a profité pour monter une activité de création de bijoux et de costumes dans un magasin très « chic français », Le Boudoir (www.celinec. com). Bruno Van Damme, lui, a épousé une Turque et a délocalisé son activité de restaurateur-traiteur à Istanbul (www.chezbruno.org). Les motifs peuvent être plus flous : une simple rencontre ou « le bateau qui vous emporte sur les flots de la vie », comme l’explique poétiquement Franck Dauffouis, boulanger à Buenos Aires. Sur un plan plus pragmatique, c’est parfois un environnement local, plus
« Bien s’imprégner des habitudes locales… et ne pas se tromper de partenaire » Sébastien Bouillet, chocolatier lyonnais implanté au Japon
« La première fois que je suis allé au Japon, c’était pour une démonstration. Je devais donner des idées aux pâtissiers japonais. Après cette première approche, j’ai participé aux Salons annuels du chocolat en envoyant 1 500 ou 2 000 ballottines, juste pour me faire connaître. Il y a déjà beaucoup de pâtissiers français au Japon ! Enfin, j’ai pu m’installer en 2007 dans un grand magasin (Isetan). Je prévois d’ouvrir un deuxième stand en 2010. Ouvrir ce stand dans un grand magasin reconnu (c’est l’équivalent des Galeries Lafayette) était un choix : il y a des clients tous les jours, on est au milieu des meilleurs et c’est plus sécurisant au début. Je me suis tout de suite associé à un partenaire local : il connaît les ficelles et m’a fait gagner du temps. Les pièges à éviter ? Ne pas se tromper de partenaire, d’abord : il doit être fiable et avoir une politique de développement qui vous intègre bien. Certains n’hésitent pas à se servir de vous et à vous éjecter ensuite ! Ici, la consommation de pâtisseries est très ciblée (la Saint-Valentin, la période des cadeaux en été et la fin de l’année sont des pics de consommation). Les Japonais, en outre, ne consomment pas de gros gâteaux mais des petites pièces comme les macarons. Bien s’imprégner de la mentalité, des habitudes locales est un impératif. Enfin, pour faire face à la concurrence très forte, une seule solution : l’originalité ! »
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CONTACT
www.chocolatier-bouillet.com
propice aux affaires, qui attire l’artisan. « Malgré sa bureaucratie, le Mexique est un pays où il est plus facile d’ouvrir son commerce qu’en France », reconnaît Jean-Michel Servoise, boulanger à Mexico. Pour Nicolas Rollet, pâtissier dans la même ville, bouger est dans l’ordre des choses : compagnon du Devoir, il a pris l’habitude tôt d’exporter son savoir-faire dans d’autres villes puis d’autres pays. Pour Céline, l’expatriation contrainte a été une opportunité : « J’avais plus de chance de réussir en Irlande qu’en France où le marché des créateurs est saturé. »
■ Franchir les barrières
une à une
Si un certain nombre de ces artisans ont trouvé «l’herbe plus verte » dans leur pays d’adoption, les difficultés, voire les pièges, ne manquent pas pour les candidats au voyage. Première barrière à franchir : la langue. « Pour un bon nombre de Français, remarque Anne-Marie Le Flohic, l’anglais est un gros problème. » Pour son installation à Istanbul, Bruno a pris le taureau par les cornes : il a commencé à prendre des cours de turc. Dès qu’il a eu assez d’aisance, cette initiative lui a attiré intérêt et parfois sympathie. Si la langue est un blocage, l’appartenance à la culture française et les stéréotypes qui y sont associés, est souvent un atout. Deuxième obstacle : la connaissance du système local et ses particularités. Avec son lot de bonnes et de mauvaises surprises. « Il est très facile de s’installer en Irlande, explique
Anne-Marie (vitrailliste) : en deux visites et moins de deux heures, vous avez rempli tous les papiers nécessaires et sans difficulté. » C’est loin d’être le cas partout : « En Turquie, déplore Bruno, l’administratif est très lourd. Rien n’est centralisé et il m’a fallu 15 à 20 visites sur huit semaines pour ouvrir mon magasin ! » Dans certains pays, mieux vaut même passer par un intermédiaire, comme en Argentine où un habilitador indique les démarches à effectuer et dans quel ordre. Cet intermédiaire peut même
être associé à l’affaire, comme c’est le cas pour Sébastien Bouillet, pâtissier lyonnais implanté au Japon (voir encadré ci-dessus). Mais avant l’aspect administratif, il faut s’être informé sur les us et coutumes du pays. « Bien se renseigner sur celui-ci, notamment auprès des missions économiques des ambassades et des chambres consulaires, permet de préparer le terrain », admet Sébastien Bouillet. Au-delà de ces problèmes matériels, la clé d’une bonne implantation à l’étranger tient en un seul mot : l’immersion. Sortir et se faire connaître, parler et savoir écouter… « J’ai un conseil simple à donner, précise Franck Dauffouis (boulanger en Argentine) : venir sur place, travailler pour quelqu’un et bien regarder comment les choses fonctionnent avant de se mettre en indépendant. » Démarrer petit et observer les habitudes, un avis partagé par nombre des personnes interrogées. Quand on la questionne sur la clé de la réussite, Bénédicte Bodard, céramiste à Barcelone (mesabonita.es), met elle aussi en avant les qualités personnelles de l’artisan et l’originalité de son produit : « Avoir une idée un peu neuve, une grande dose de courage et d’humour… et la foi dans les moments difficiles ! » Patrick Lenormand
P RATIQUE Le plein d’infos avant de prendre la route ● Maison des Français de l’étranger
(www.mfe.org) Conçu par le ministère des Affaires étrangères, ce site portail agrège toutes les informations, services et documents nécessaires aux candidats à l’installation à l’étranger. Incontournables de l’expatriation détaillés de A à Z, informations pratiques, par continent et par pays, actualités de l’expatriation, guides, annuaires… tout y est ! ● Forum de l’expatriation (www.mfe.org/forums) Émanation du site ci-dessus, cette liste de forums spécialisés par thématique, par continent ou par pays, constitue une très bonne porte d’entrée. Les témoignages, les demandes de conseils et de renseignements vous mettront tout de suite en lien avec la réalité locale et les problèmes rencontrés. Une bonne façon de gagner du temps… ● France-Expatriés (www.france-expatries.com) Un autre portail, privé celui-là,
s’adresse à un large public. La liste des pays abordés est assez riche avec, pour chacun, des fiches techniques, des guides pratiques, un cahier éco et un annuaire. Dans le même esprit, consulter Expat.org, portail des expatriés, de l’expatriation et de la mobilité internationale, Le club des francophones dans le monde (www.net-on-line.net), très orienté sur l’Asie, et Expat blog (www.expat-blog.com), privilégiant les échanges entre expatriés. ● Le Petit Journal (www.lepetitjournal.com) Le Petit Journal est un réseau de quotidiens en ligne à destination des Français et francophones à l’étranger. Chacun des journaux, souvent alimenté par une équipe de Français sur place, couvre toute l’actualité locale ; délivre une foule d’informations pratiques et présente des portraits de Français implantés localement.
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Si votre décision de vous installer à l’étranger est prise, il ne vous reste plus qu’à vous transformer en « chef de projet ». À vous d’aborder avec méthode toutes les étapes permettant de préparer au mieux votre arrivée dans le pays : étude de marché, formalités en tous genres, préparation des proches, prise de contacts sur place… En bref, anticipez !
S’ORGANISER
Les 6 étapes d’une expatriation réussie ■ Étape 1 : étudiez le marché Il faut savoir dépasser le coup de cœur : avant de partir, renseignez-vous sur votre pays d’élection, sur tout ce qui peut affecter votre séjour et votre activité professionnelle. Puis, trouvez toutes les informations sur votre secteur d’activité. La mission économique de l’ambassade de France sur place, la chambre consulaire binationale, lorsqu’elle existe, sont de très bonnes pistes. ■ Étape 2 : trouvez des aides Il n’existe pas vraiment d’aide à l’installation à l’étranger pour les artisans. Les seuls dispositifs existants favorisent l’exportation. Renseignez-vous toutefois auprès de certaines chambres de métiers. Celles-ci proposent des aides logistiques pour participer à des Salons à l’export – une bonne façon de tester un marché. De son côté, Ubifrance étudie la mise en place d’un accompagnement des artisans à l’international (Salons, rencontres professionnelles, missions collectives) avec l’Assemblée permanente des chambres de métiers et le réseau des chambres de métiers.
© meailleluc.com - Fotolia.com
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die) qui atteste des périodes d’assurance française et le présenter sur place. Vous pourrez alors demander sur place la carte européenne d’assurance-maladie. Si vous partez pour un autre pays, essayez de savoir si celui-ci a signé une convention bilatérale de Sécurité sociale. Si c’est le cas, vous aurez les mêmes droits que les habitants. Si c’est insuffisant, vous pouvez souscrire à une assurance complémentaire.
France une activité professionnelle ou vous disposez en France de la majorité de vos intérêts économiques. À l’inverse, si vous ne possédez pas votre foyer ou votre lieu de séjour principal en France, si vous n’exercez aucune activité professionnelle en France, sauf si elle est accessoire, si vous n’avez pas en France le centre de vos intérêts économiques, vous êtes non-résident fiscal français et vous devez régler vos impôts dans votre pays de résidence. ■ Étape 5 : préparez vos proches Si le projet d’installation à l’étranger est avant tout le vôtre, partagez-le ! Associez votre famille à ce projet en prévoyant l’avenir de vos proches sur place. Repérez les associations ou les groupements de Français sur place, un logement adapté. Les expatriations qui se passent mal ont souvent pour cause une installation mal préparée.
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■ Étape 3 : assurez votre protection Ne négligez pas d’assurer votre protection santé. Dans votre nouveau pays, vous relevez de son régime d’assurancemaladie auquel vous devez adhérer et payer des cotisations si elles sont obligatoires. Si vous êtes dans un pays de l’Union européenne ou en Suisse, vous devez remplir un formulaire E104 (à demander à la caisse d’assurance-mala-
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■ Étape 4 : réglez votre situation administrative, sanitaire et fiscale Faites le point sur le plan administratif : établissez une liste de documents à emporter et à présenter sur place, et faites le nécessaire pour les visas, les vaccinations, les permis de conduire. Sur le plan fiscal, deux situations s’offrent à vous : être résident fiscal français ou non. Vous ferez une déclaration auprès du fisc français pour l’informer de votre situation. Dans le premier cas, vous êtes fiscalement domicilié en France car votre foyer ou votre lieu de séjour principal s’y trouvent, vous exercez en
■ Étape 6 : anticipez le démarrage de votre activité Même si ce n’est qu’une fois sur place que vous saurez vraiment à quoi vous en tenir, rien ne vous interdit de préparer au maximum votre arrivée pour démarrer votre activité le plus vite possible. Renseignez-vous depuis la France sur les matériaux, le matériel, les locaux commerciaux (et les prix en vigueur) mais aussi sur les démarches douanières, fiscales, commerciales de votre pays d’adoption. Si elles s’avèrent difficiles, il peut être judicieux de trouver dès maintenant un contact local qui facilitera vos premiers pas sur place.
É clairage Une vitrine sur Internet De même qu’Internet est devenu un outil indispensable pour le consommateur, il est aujourd’hui quasi obligatoire pour une entreprise d’y être présente. Plusieurs solutions existent pour cela, plus ou moins onéreuses et efficaces. Fotolia / Tolchik
Dossier réalisé par Florent Lacas
Aujourd’hui, il vous sera dur de ne pas croiser un jour ou l’autre la route d’Internet…
MA VITRINE SUR INTERNET
Devenez e-artisan
L
es consommateurs passent de plus en plus par Internet pour acheter ou comparer les prix, quels que soient le bien ou service qu’ils recherchent. Le Web les met en confiance*, car il permet une interactivité avec les autres internautes. Ainsi, plus de la moitié d’entre eux affirment avoir déjà cherché des témoignages d’acheteurs avant de se décider. Internet leur sert également à préjuger de la qualité d’une entreprise en visitant son site Web. Y être présent vous permettra donc de bénéficier d’une publicité à bas coût et efficace, d’affirmer l’identité de votre entreprise et sa politique de tarifs. Et, pourquoi pas, de vous lancer dans le e-commerce ? La première question à vous poser est donc de savoir pourquoi vous désirez aller sur le Net.
Quel visuel pour votre entreprise ? La mise en place de votre site Internet peut être le bon moment pour réfléchir à l’identité visuelle de votre entreprise, si vous ne l’avez déjà fait. Tous les spécialistes sont d’accord pour dire que sur le Web, le visuel est prépondérant, beaucoup plus que le texte qui doit rester court. D’où l’importance à accorder aux couleurs des menus, à la qualité des photographies, au logo de l’entreprise. Jean-Marc Sfeir de la CMA du Val-de-Marne insiste sur ce point. « Nous allons bientôt proposer des fiches explicatives concernant la taille des photos. L’élément visuel est très important, et on voit trop souvent des sites pâtir de la mauvaise qualité de leurs illustrations. »
Net’trophées de l’artisanat organisés par la chambre régionale de métiers et de l’artisanat de Bourgogne. Un de ses proches l’a aidée à construire son site. La partie « animations », où elle décrit les activités qu’elle organise autour de son métier (visite de l’atelier, cours pour enfants…), lui a permis d’attirer des clients. « J’y ai mis beaucoup de photos et j’ai reçu plusieurs sollicitations. Les mises à jour se font très simplement. »
Créer son site à peu de frais Si vous ne souhaitez qu’une ou quelques pages indiquant brièvement votre entreprise, vous pouvez vous en tirer à peu de frais, en le créant vous-même, ou en faisant appel à l’un de vos proches ayant les compétences requises. C’est ce qu’a fait Sylvie Déverchère, artisan depuis 26 ans en poterie-céramique (www.poterie.deverchere.com), lauréate des
« Après avoir suivi une formation, j’ai pu créer mon site » Une autre manière de créer sa plateforme par ses propres moyens est de suivre une formation dans votre
CMA. La plupart d’entre elles le proposent. Ainsi, Céline Mollens, conjointe-collaboratrice de Thierry Mollens dans l’entreprise Bois et Design dans la Vienne (www.boisetdesign.com), a suivi une formation à sa chambre avant de mettre en forme son site, en trois à quatre mois. « Je n’avais pas de connaissances en la matière mais, en deux formations de deux jours, j’ai été en mesure de créer notre site. Celui-ci est en ligne depuis un an. Il nous permet de mieux faire connaître l’entreprise, de montrer la diversification de notre activité. » En comptant l’achat du logiciel conseillé par la CMA et le coût de la formation, Céline a payé 200 euros. Elle a également suivi un enseignement pour améliorer son référencement, ce qui constitue selon elle la plus grande part de travail.
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Edwina Issaly, photographe en Aveyron (www.photo-edwina.com), a également suivi une formation à sa CMA. « Les formateurs se sont montrés très compétents et j’ai pu avoir le site que j’espérais gratuitement. Je m’étais renseignée auprès de prestataires Internet, mais je n’ai pas été intéressée. Ou ils étaient trop chers, ou ils ne me permettaient pas d’avoir le site que je désirais. » À raison, Edwina Issaly est sensible à l’image de son entreprise que va communiquer son site.
Gare aux agences Web malhonnêtes ! Quand une TPE recherche un prestataire de services pour créer son site, certaines agences Web malhonnêtes leur proposent des solutions de « sites gratuits » ou à un tarif apparemment attirant. En réalité, l’accord, souvent signé à la va-vite en un seul rendez-vous, vous engage parfois pour deux ans à un tarif très peu concurrentiel… Il faut donc être très vigilant en cas de démarchage et se méfier des prestataires trop pressants. Comme toujours, soyez attentif avant de signer quoi que ce soit. À la CMA de Niort, on rapporte la mauvaise expérience d’un artisan s’étant engagé un peu trop rapidement pour deux ans à 250 euros par mois… pour un site pas vraiment reluisant.
Internet de la CMA 76. De manière générale, une bonne agence Web, si elle est parfois plus chère, vous permettra d’adapter l’ergonomie du site
Fotolia
Cette donnée importante amène certains artisans à faire appel à des agences Web, aux services plus onéreux, mais parfois plus originaux. Il faut toutefois se méfier de la tendance de certaines agences à proposer des offres trop chères. D’après Jean-Marc Sfeir, spécialiste de la question à la chambre de métiers du Val-de-Marne, il ne faut « pas aller au-dessus de 1 000 - 1 500 euros pour la création d’un site-vitrine ». La CMA 94 propose d’ailleurs la création et l’hébergement de sites à un coût intéressant, 282 euros par an, pour une formule de plusieurs pages. Du côté de la Seine-Maritime, la CMA a signé un partenariat avec un prestataire local, Pratikmedia. Pour 23 euros par mois, les artisans ressortissants de ce département peuvent s’afficher sur un nombre illimité de pages, le référencement étant assuré. « Le module d’administration est simple à utiliser. C’est important pour les artisans d’avoir affaire à une agence locale, pour avoir des contacts en vis-à-vis », explique Bernard Brodier, conseiller
/ mipan
Mettre en concurrence les agences
charges précis pour sélectionner la meilleure agence, parmi quatre ou cinq retenues. « Il faut déterminer la manière avec laquelle on peut effectuer une mise à jour, savoir si le référencement est optimisé et intégré dans l’offre… Et s’assurer qu’on ne tombera pas sur l’une de ces agences Web motivées par l’argent. » On peut également ajouter au cahier des charges : savoir si l’on pourra se désengager quand on le souhaite, et si, le cas échéant, nous pourrons récupérer nos données clients. Dernier conseil : avant de vous engager avec un quelconque partenaire pour la création de votre site, allez d’abord voir ses réalisations pour vous faire une idée de l’état final de votre plateforme. Enfin, des entreprises proposent également des sites Internet clé-enmain, comme 1&1. À des prix attractifs, on peut ainsi facilement disposer d’un site au nombre de pages illimité. « Nous proposons plusieurs modèles de pages préconçues, en fonction de l’activité, mais avec des moyens de personnalisation très poussés », explique Gilles Olivier, chef de produit de la marque. Solution qui peut donc s’avérer intéressante pour les petits budgets qui ne cherchent pas forcément un graphisme exceptionnel.
à votre activité et vos désirs. Avant d’effectuer un choix parmi ces prestataires, la CRMA de Bourgogne encourage ses ressortissants à rédiger un cahier des
* Étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) de juin 2009.
Pensez aux annuaires des CMA
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Plusieurs chambres de métiers et de l’artisanat ont mis en place des annuaires contenant la liste de leurs ressortissants. Ainsi, la CMA de Charente-Maritime a créé le site artisans17.com, qui répertorie automatiquement les artisans du département, sauf s’ils le refusent. Leurs distinctions artisanales y sont mises en valeur, ainsi qu’un fichier contact. Deux formules payantes sont également proposées par la chambre, dont une formule site-vitrine qui revient à 50 euros par an pour le chef d’entreprise.
« Les formateurs se sont montrés très compétents, et j’ai pu avoir le site que j’espérais gratuitement » Edwina Issaly, photographe.
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L’interactivité d’un site Internet est l’un des éléments clés de sa réussite. De nombreuses rubriques vous permettront de rendre votre page vivante et de donner ainsi envie aux internautes de venir ou revenir vers vous.
Vitaliser votre site Internet n’est pas si éloigné de votre travail de tous les jours. Vous pouvez vous affirmer en tant qu’artisan, même sur le Web.
MARKETING
Comment maintenir un site vivant
V
otre site est en ligne ? L’essentiel de son existence est encore devant vous. Un internaute passant chez vous, et lisant cette phrase terrible : « Dernière mise à jour : 11 juillet 2004 », associera le nom de votre entreprise à quelque chose d’abandonné. Que votre site soit une simple vitrine ou une plateforme de e-commerce, la problématique reste la même : votre TPE doit être perçue comme mouvante, évolutive. Voici donc quelques idées à mettre en place pour vitaliser votre site et transformer vos internautes de passage en internautes fidèles, voire en clients. ◾ Soignez votre page d’accueil. Mettez-la à jour le plus souvent possible. Changez régulièrement les photos y figurant, installez-y un fil d’actualité de l’entreprise ou des informations liées à votre secteur. Certains sites mettent également en valeur leurs apparitions dans les médias. La page d’accueil est aussi le lieu où vous pouvez proposer des promotions, réductions… Ou des sondages. Et si la question est pertinente, il sera difficile à l’internaute de passage de ne pas avoir envie d’y répondre. Également, une page
Pourquoi pas un blog ? Par rapport au site, le blog possède de multiples avantages : il ne coûte rien, est facile à mettre en place et apporte une touche de convivialité. Il peut faire office de vitrine web ou bien constituer un complément de celle-ci. À sa décharge, il est moins structuré qu’un site et demande plus de mises à jour. Et il est hors de question de l’utiliser dans le cadre du e-commerce. Cela dit, il permet de renforcer le lien avec vos clients, ce qu’a pu vérifier Martine Pondard, co-gérante de la pépinière du même nom, à Saint-Armel (Morbihan, pondardhorticulture.wordpress.com). « Nous avons eu 5 000 visites sur les deux derniers mois, au rythme d’un article ajouté par semaine. Mon fils s’en occupe et cela lui prend 2 ou 3 heures hebdomadaires », explique-t-elle. D’autres aspects de l’entreprise sont ainsi montrés aux clients : les coulisses, le travail, les portes ouvertes, mais aussi des recettes de cuisine, les dernières fleurs produites… Même si les retombées commerciales sont difficiles à évaluer, il y a fort à parier que ce blog ait au moins une influence positive en termes de réputation et d’image pour l’entreprise de Martine Pondard. Pour créer son blog, il suffit de s’inscrire en cinq minutes sur les sites des principales plateformes gratuites : www.wordpress.com, www.blogger.com, www.skyblog.com, www.over-blog.com, pour citer les plus connus.
« Qui sommes-nous ? », présentant sympathiquement le chef d’entreprise et son équipe permet d’humaniser l’image de la société. ◾ Indiquez un numéro de téléphone. Que l’internaute qui cherche à vous contacter n’ait pas besoin de chercher ! Signalez clairement une adresse mail, postale, et un contact téléphonique. Évitez de mettre en avant seulement un numéro de téléphone portable, qui pourrait donner l’impression que l’entreprise est peu structurée. ◾ Pensez le plan de votre site. Vous devez passer un certain temps à
réfléchir à l’arborescence de votre plateforme. Plus elle sera claire et pertinente, mieux l’utilisateur s’en souviendra. Une section qui n’évolue jamais n’est peut-être pas si nécessaire que vous ne le pensiez au départ. Mettez-vous à la place de l’internaute en vous demandant ce qu’il aimerait trouver chez vous. ◾ Optez pour un ton moins professionnel. Selon Francis Tempereau, de la CMA 79, le mieux serait de faire de votre site Internet un lieu d’échange, et pour cela de communiquer de manière plus informelle sur votre site web que vous ne le faites
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« les internautes font plus confiance aux autres internautes qu’aux entreprises ». Selon une étude conjointe du Credoc et d’eBay, 57 % d’entre eux recherchent des avis de consommateurs sur Internet, avant de se décider à acheter. ◾ Envoyez une newsletter. Prenez le réflexe de collecter les adresses mail de vos clients et constituez-vous ainsi un fichier clients. Des campagnes de mailing pourront être organisées, pas trop fréquentes, présentant par exemple vos derniers produits ou proposant des réductions. On peut imaginer aussi l’organisation de visites des locaux, de journées portes ouvertes, d’ateliers pour enfants…
Internet permet d’instaurer cette interactivité, qui peut rimer avec convivialité. ◾ Communiquez sur votre site. N’oubliez pas également d’indiquer l’adresse de votre site Internet partout où vous le pouvez, de manière à ce que vos clients aillent y faire un tour.
Selon Aurélie Dettwyler, de la société Ciel, c’est « l’alimentation du site internet qui constitue la plus grosse part de travail ».
Petit cours de référencement… Le référencement consiste en une liste de techniques qui permettront à votre site d’arriver plus haut dans les résultats des moteurs de recherche. On peut déléguer cette tâche à un prestataire, car c’est un processus assez technique. Cela dit, quelques principes simples peuvent être donnés afin que votre site soit repéré au mieux. 1 Le choix des mots-clés est important. Pour en trouver des pertinents, mettez-vous à la place d’un internaute qui cherche le bien ou service que vous lui proposez. Qu’est-ce qu’ils taperont pour vous trouver ? 2 Soignez particulièrement les textes de votre site, qu’ils soient courts et efficaces. Écrivez vousmêmes vos descriptifs produits, en insistant bien sur leurs particularités. Rien de pire, pour le référencement, qu’une suite de phrases banales ou des descriptions purement techniques. À ce jeu-là, les géants du Web vous battront. 3 Le nom et l’adresse du site sont également primordiaux : ils dépendent de votre cible. Si vous espérez toucher une clientèle locale, pourquoi ne pas indiquer le nom d’un département ou d’une région dans votre nom de domaine ? On peut préférer éviter les expressions arbitraires, qui ne donnent aucune idée de votre activité. 4 Inscrivez-vous à tous les annuaires en ligne gratuits que vous trouvez. Plus vous êtes présent, mieux vous serez référencé. Gare à ne pas confondre les annuaires honnêtes avec certaines arnaques qui vous proposent de vous inscrire à des registres inutiles pour un prix exorbitant… 5 Installez un système de liens entre votre site et ceux de vos fournisseurs, conseille Francis Tempereau de la CMA 79. 6 La mise à jour fréquente de votre plateforme est capitale pour un bon référencement. Un site laissé à l’abandon aura tôt fait de traîner dans les profondeurs du classement… 7 Référencez-vous sur Google maps (maps.google.fr).
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face à vos clients. C’est en effet l’un des atouts d’Internet que de pouvoir diversifier les relations que vous entretenez avec eux. ◾ Installez des vidéos. Rien de mieux qu’une petite vidéo en première page, détaillant les bases de votre savoirfaire et exposant quelques-unes de vos réalisations. Tout comme les photos, les vidéos sont très efficaces pour attirer le client et vous démarquer des autres sites. ◾ Créez un extranet. Un extranet est un espace client où chacun d’entre eux peut venir se connecter par un login et un mot de passe. Ainsi, ils peuvent par exemple consulter leurs factures, revoir leur historique d’achats, échanger avec vous… Techniquement, c’est peut-être moins évident à mettre en place, mais cela à l’avantage de beaucoup plaire. ◾ Proposez des avis de clients. Si votre clientèle est satisfaite, proposez-leur de déposer leurs avis sur vos pages, accompagnés s’ils l’acceptent d’une photo d’eux. Comme le rappelle Jean-Marc Sfeir de la CMA 94,
Selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), 78 % des Français achètent sur Internet et les ventes sur le Web ont augmenté de 30 % au premier trimestre 2010. De plus en plus de TPE tentent donc le pari de commercer sur la Toile.
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Les internautes achètent aussi « artisan »
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’il y a de la place pour les artisans dans l’économie réelle, il y en a aussi sur Internet ! « Les 37 plus importants sites d’ecommerce français représentent 30 % du chiffre d’affaires total généré par le business en ligne », rappelle Marc Schillaci, P-DG d’Oxatis, entreprise qui propose la création de sites marchands pour les TPE. Ce qui laisse tout de même 70 % de part de marché aux sites plus modestes. « Il se passe sur Internet l’inverse de la situation qu’a connu le commerce physique. On a eu le règne des ‘hyper’, qui laissent maintenant plus de place aux petits. » Quelle stratégie doivent donc utiliser les petites structures qui se lancent dans le e-commerce ? Comme dans le cas d’un site vitrine, elles doivent insister sur leur particularité, leur spécialité, leur connaissance. « Sur Internet, moins le secteur est encombré, plus il est facile d’y figurer en bonne place », résume Éric Sansonny, directeur marketing chez Amen, société proposant des solutions internet.
Se positionner sur des niches Ludovic Bourgeois, gérant de VSX 71 (Mazille, Saône-et-Loire), une entreprise qui vend des accessoires de pièces détachées de cycles et moto bécanes (www.solex-motobecane.com), a pu le
constater. « Depuis novembre 2007, les clients peuvent payer en ligne par carte bancaire sur notre site. C’est un gros changement pour nous, quand on connaît la vitesse de développement du e-commerce. Grâce à lui, aujourd’hui, 20 % de notre activité se fait à l’étranger. » Sans compter de multiples autres avantages : plus besoin de faire des Salons, de participer à des bourses d’échanges, et donc moins de frais de déplacements… L’expérience a aussi été positive pour ALS Camping (NotreDame-de-Bondeville, Seine-Maritime, www.alscamping.com). « Grâce au site, nos clients viennent de plus loin », témoigne Alexandre Capron, le gérant. Depuis seulement un mois et demi que sa plateforme fonctionne, il a déjà pu constater un mieux. « Cela nous a apporté un peu plus de ventes. Avec le paiement par carte bleue, les gens ont davantage tendance à acheter et 20 % de notre clientèle paie directement en ligne. »
« Le e-commerce, un gage de sérieux pour mon site » Géraud Delourme, gérant de la Boutique du jardinage (www.labou-
tiquedujardinage.com, Saint-Éloi, Nièvre), estime, lui, à 30 % la part de ses clients qui paient par carte bancaire. « Au départ, j’ai cru que mon activité s’adaptait mal au e-commerce. Mais j’ai pu voir que ma clientèle plus âgée n’hésitait pas à payer en ligne. » Pour lui, proposer de régler par CB participe d’améliorer l’image de son entreprise. « Plusieurs clients me l’avaient demandé. C’est aujourd’hui un gage de sérieux pour mon site. » Il ne faut pourtant pas crier victoire trop vite, car « Internet n’est pas un eldorado ! », comme le rappelle Marc Schillaci (Oxatis). Aurélie Dettwyler, chef de marché e-commerce chez Ciel, rappelle par exemple qu’il ne faut surtout pas « dupliquer son catalogue de commerce physique sur Internet. L’un des points clés est plutôt de respecter les délais de livraison et d’assurer la transparence des conditions générales de vente ». Rodolphe Sury, chercheur au Credoc, a pu observer différents cas de TPE ayant tiré parti de leur business en ligne. « Ceux qui réussissent apportent de l’imaginaire, et peuvent réunir des internautes fidèles qui forment une communauté. Les petits, en tout cas, pourront difficilement concurrencer sur les prix. »
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1 journée avec…
… PEINTRE EN BÂTIMENT
La touche finale au h
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© D. Bodiou / Pixel Images
PEINTURE NATURELLE ÉCOLOGIQUE
9h
10h
LE RÉCHAMPIS
LE REMPLISSAGE
Philippe démarre sa journée par des travaux de peinture. Depuis une dizaine de jours, il s’active à redécorer entièrement six pièces d’une maison en rénovation. Une chambre située à l’étage a fait l’objet d’un gros travail de préparation des supports : décollage du papier peint, rebouchage des fissures, ponçage, pose de toiles à peindre pour un meilleur camouflage des imperfections. Le plafond a déjà reçu sa première couche de peinture blanc mat. Aujourd’hui, Philippe s’attaque aux murs. Perché sur un escabeau, il débute par un travail de précision : le réchampis, une technique qui vise à tracer à main levée les contours d’un espace à peindre afin d’éviter les débordements. Il utilise un pinceau brosse, dont les soies se chargent d’une quantité de peinture suffisante pour réaliser un filet d’un seul mouvement.
Philippe peut commencer le remplissage. Il applique alors la peinture au rouleau, en deux passes croisées : une application de gauche à droite de façon horizontale suivi d’un lissage de façon verticale, afin d’assurer une couverture optimale des murs. Un long travail de peinture, qu’il n’interrompt que pour déplacer son escabeau et la bâche de protection, et nettoyer à l’éponge les coulures et tâches au sol. Les conditions de travail ne sont pas des plus faciles : la chambre est exiguë et contient de surcroît un meuble qu’il convient de contourner. Mais petit à petit, la pièce dévoile un nouveau décor. Une satisfaction pour Philippe qui apprécie pardessus tout de travailler dans la rénovation, car « la remise en état et l’embellissement sont plus valorisants ». Plus tard, il a prévu d’appliquer deux autres couches de peinture pour un meilleur rendu.
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La teinte, un bleu, a été choisie par les clients sur un nuancier comprenant une centaine de références « écologiques ». Philippe est en effet spécialisé en décoration intérieure « naturelle » et n’utilise que des produits sans solvant, sans COV (composés organiques volatils) de synthèse, respectueux de l’environnement et de la santé. Il s’approvisionne auprès de l’un des rares distributeurs de peintures bio en France. « Ces produits, fabriqués en Allemagne, sont difficiles à trouver. L’approvisionnement reste mon principal souci », indique-t-il. Dans cette peinture à l’eau prête à l’emploi, il a ajouté 5 % d’eau « pour un meilleur lissage ».
chantier
PEINTRE : C’EST UN DES MÉTIERS DU BÂTIMENT LES PLUS DEMANDÉS. IL REQUIERT LA MAÎTRISE D’UNE VASTE PALETTE DE COMPÉTENCES ET UNE CAPACITÉ À S’ADAPTER À L’ÉVOLUTION FRÉQUENTE DES TECHNIQUES ET DES MATÉRIAUX. RENCONTRE AVEC L’UN D’EUX, PHILIPE JEANNEROT*, SPÉCIALISÉ EN DÉCORATION INTÉRIEURE « NATURELLE » ET INSTALLÉ À SON COMPTE À BREST (29) DEPUIS UN AN.
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PLAFOND
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16h Philippe est descendu au rez-de-chaussée pour appliquer une deuxième couche de peinture sur un plafond recouvert de toile. Il applique cette fois une peinture blanc mat. Un agréable parfum d’agrumes s’en dégage et pour cause : en plus de la farine de marbre, de kaolin, d’acide citrique et d’acide de vin esthérifié, elle contient des distillats d’orange.
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RÉNOVATION DE SOL Philippe se rend dans une autre habitation de la banlieue brestoise où il a récemment rénové un sol en terre cuite non vernissée. Les tomettes ont retrouvé un aspect brillant et leur couleur rouge d’origine. Mais cette beauté est fragile, particulièrement sensible aux rayures. Philippe doit donc effectuer de légères retouches. Sa méthode : une application d’huile-cire dure, produit composé de standolie d’huile de lin et de bois, de résines naturelles estérifiées, de cire de carnauba et d’extrait d’essence d’agrumes fraîchement distillés. Grâce à son haut pouvoir couvrant, elle assure une protection de surface à ce support très sollicité.
Des perspectives d’évolution La profession de peintre dans le bâtiment est particulièrement ouverte et, la promotion interne très développée. Le peintre peut diversifier ses compétences en effectuant diverses formations complémentaires et aussi créer sa propre entreprise. Mais, gare à la concurrence dans cette activité où les professionnels sont nombreux.
Sur un pan de mur, Philippe doit terminer une application de stuc, un enduit naturel teinté dans la masse. Plusieurs couches ont été nécessaires : une primaire à base de chaux, de sable et de poudre de marbre, suivis de trois couches d’enduit à la chaux. « La 3e couche est la plus importante. Elle permet de gommer les imperfections et d’obtenir un mur lisse ». Le ferrage à la spatule inox permet ensuite d’obtenir un glaçage qui fait tout le charme de cet enduit décoratif venu d’Italie. * Gérant de l’entreprise ADN : Adopter la Déco Naturelle
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Candidats Stars & Métiers 2010 dans la catégorie « Innovation technologique », Christine et Éric Heuzey fabriquent en toute discrétion, depuis une petite vingtaine d’années, des vélos sur mesure. Du vélo pour touriste au vélo pour transport urbain de marchandises, ce couple de passionnés a plus d’un tour de roue dans son sac !
© Hélène Sauvage / Pixel Images
C as d'entreprise
POUR ÉRIC HEUZEY, une seule exigence : avoir envie ; un regret : avoir une durée de vie limitée…
DE LA ROSALIE AU CARGO-CYCLE…
Ça roule pour Lovélo
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Info
© Lovélo
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ring, dring ! À Oulins, dans l’Eure-et-Loir, Christine et Éric Heuzey n’en finissent plus de répondre aux sollicitations de la presse, depuis qu’un journaliste a posé son « vélo » dans leur village. Et pour cause ! De la location à la fabrication de vélo, il n’y a qu’un pas. « Il suffit simplement d’avoir envie et être passionné », résume Éric qui avoue n’avoir jamais eu de « plan de carrière », si ce n’est concilier passion et vie professionnelle. Leur parcours commence dans les années 1980 par la location de vélo dans une base de loisirs en région parisienne. Là-bas, Christine et Éric se trouvent confrontés à un problème majeur : « Nous avions une clientèle peu soucieuse de ren-
En avant-première, le futur cargo voirie, destiné aux employés communaux pour le transport de matériel d’entretien, de tondeuses…
dre les rosalies (vélo à 4 places, NDLR) en état et, systématiquement, elles revenaient cassées », explique Christine. Résultat : Éric se met à les construire lui-même, en portant une attention particulière aux matériaux utilisés, à la qualité de fabrication et d’assemblage. Une nouvelle rosalie, plus solide, est née. Du coup, elle est bien plus adaptée au marché de la location. Éric s’essaie aussi avec succès à la fabrication de modules qui se rajoutent à l’arrière afin de satisfaire les « grandes familles ». La demande des loueurs ne s’est pas faite attendre. Dès 1995, ils se lancent dans la fabrication à façon et décident de ne plus faire que ça. Oui mais ! « Le seul marché de la rosalie ne suffit pas, prévient Éric, le parc ne se renouvelle pas souvent, surtout
ILS ONT SU Se positionner sur un secteur porteur et innovant. La livraison des marchandises en milieu urbain est limitée par l’accessibilité des hypercentres pour les véhicules motorisés. Le transport par vélo répond aux impératifs de rapidité dans le respect de la qualité de la vie et de l’environnement
Créer des partenariats pertinents pour développer son entreprise tout en maîtrisant sa clientèle. « Avoir un seul client aurait suffi à faire vivre l’entreprise, mais c’est une stratégie trop risquée ». L’association avec une autre entreprise permet de sécuriser et de développer l’entreprise tout en restant maître de son activité
Intégrer des collaborateurs, salariés et clients qui partagent les mêmes principes. Travailler avec des gens qui partagent les mêmes valeurs, c’est respecter la philosophie d’une entreprise et avancer dans le même sens sans perdre ses convictions
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Du vélo loisir au vélo utilitaire en milieu urbain Ils cherchent donc un autre produit à commercialiser. Éric rencontre justement l’opportunité de reprendre le marché du vélo triporteur, capable de transporter des charges d’une centaine de kilos. Et répond au casse-tête des coursiers et des sociétés de livraison qui doivent livrer des marchandises en milieu urbain alors que les hypercentres sont de moins en moins accessibles. Éric Heuzey s’associe avec « la petite reine » spécialiste du transport terminal intra-urbain de marchandises. Pour ce faire, ce dernier rentre dans le capital de Lovélo. « La société nous a demandé de contractualiser la fabrication de 150 vélos par an pour faire face à son développement, mais nous n’avons pas accepté car avoir un seul client est trop dangereux. En plus, nous n’avions pas les besoins humains pour répondre à cette demande. Nous avons donc négocié une participation à notre capital afin de développer Lovélo et qu’ils s’occupent de la distribution de nos vélos », explique Éric. Très vite, il faut concevoir de nouveaux vélos qui s’adaptent à façon à chaque nouvelle demande. Après le triporteur, c’est le chariot-cycle, le cargo-cycle… apportant toujours plus de solutions au
L’entreprise se développe et les projets ne manquent pas, mais aujourd’hui Lovélo est à l’étroit. « Nos priorités sont désormais d’améliorer le confort de travail de nos salariés », expose Christine. En effet, si les idées bouillonnent, l’équipe manque de place dans la vieille grange de ferme transformée en atelier, presque par hasard. « La grande aventure de 2010, ce sera donc le déménagement ! », prévient Christine. En 2009, quatre personnes ont été recrutées, dont un ingénieur-développeur, une personne à la maintenance, une autre à l’assemblage et enfin une quatrième à la fabrication : « Pour l’ingénieur, c’est une erreur de casting, nous n’avons pas les moyens de nous en ‘payer’ un, s’amuse à préciser Éric, cependant, je dois reconnaître qu’il amène de nouvelles compétences, c’est un vrai catalyseur. En six mois, on a pu proposer et concevoir des nouveaux projets. Avant, j’étais tout seul avec mon papier et mon crayon, aujourd’hui, grâce à Sébastien et… l’informatique, on affine plus rapidement les projets pour la fabrication en série. » Et lorsque l’on sollicite ce jeune ingénieur, ses motivations se résument en une phrase : « Un projet lié à l’environnement, intéressant et innovant, dans un cadre d’entreprise familiale à taille humaine. » En plus du déménagement, Lovélo projette de doubler son effectif, avec un mot d’ordre, « travailler avec des gens qui nous ressemblent, qui partagent les mêmes envies et qui soient passionnés ». C’est ainsi qu’Éric résume la philosophie de l’entreprise et les points clés d’une réussite qui force le respect tant elle respire la sincérité et la passion. HS
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s’ils sont plus solides… et les vélos ne servent que 3 mois par an ! »
Un atelier trop étriqué mais une équipe de choc !
L’ASSISTANCE ÉLECTRIQUE révolutionne le vélo et contribue à son développement pour les services de proximité
© Hélène Sauvage / Pixel Images
© Hélène Sauvage / Pixel Images
Le Frigocycles, une demande du groupe Danone pour effectuer ses livraisons de produits frais dans le centre de Paris.
transport de marchandises inter-urbain, notamment avec le développement récent de l’assistance électrique. « Distribués à Londres, à Genève, en passant par Paris, Rouen, Bordeaux, Dijon, les vélos utiles n’ont pas de frontières, ils répondent aux difficultés d’acheminement dans les centres urbains tout en respectant l’environnement », insiste Éric.
P RATIQUE Lovélo en chiffres ● Création en 1995 avec 2 salariés, Éric et son épouse Christine. ● 2009 : 6 salariés dont 1 ingénieur développeur, projections. ● 2010 :12 salariés et 20 en 2011 ! ● CA : 163 000 euros en 2008 et 400 000 en 2009.
LA ROSALIE « MADE IN LOVÉLO ». Elle s’adapte à tous les besoins : 2, 4, 6 ou 8 places, ce n’est pas un problème. Éric Heuzey l’adapte aussi aux personnes handicapées : « C’est très valorisant de se sentir utile quels que soient les besoins. »
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ossier
L’international
Un marché ouvert aux TPE artisanales Le marché de l’export laisse de la place aux petites entreprises, surtout celles qui proposent un travail à réelle valeur ajoutée. Mais réussir sur cette voie vous demandera patience et rigueur. □□□ Dossier réalisé par Florent Lacas
D ossier SE LANCER DANS L’EXPORT
Exporter est à votre portée On ne se lance pas dans l’export sur un coup de tête. Le meilleur moyen pour qu’une telle stratégie s’avère payante est de bien s’y préparer.
Le haut de gamme s’exporte bien Mais avant d’entrer dans le marché mondial, plusieurs points concernant votre entreprise et ses produits sont à vérifier. Le bien que vous proposez est-il exportable ? « Plusieurs secteurs marchent particulièrement bien à l’export, comme l’habitat-décoration haut de gamme, ou les métiers d’art », juge ainsi Laura Gasparoux, responsable de la question à la CRMA de Rhône-Alpes. D’après l’étude précitée, l’industrie de l’habillement et des fourrures suit de près, puis viennent les services industriels du travail des matériaux, la filature et le tissage, et enfin le travail du bois. Le nautisme, la facture instrumentale, le high-tech et l’agro-alimentaire sont également souvent cités comme secteurs porteurs à l’international. Mais, au-delà de la nature
de votre activité, soyez assuré du fait que votre produit s’adaptera au marché visé. Nouria Nehari, gérante de Nehari Créations, entreprise de maroquinerie à Marseille, a eu assez de flair pour trouver des clients à l’étranger. Mais elle n’a pas encore pu transformer l’essai. « J’ai participé à deux salons au Japon, dans le cadre d’une stratégie d’exportation que je voulais mettre en place. Le style épuré de mes produits est proche du raffinement japonais, je sentais que ça allait leur plaire », explique-t-elle. Au départ, elle voulait compenser son manque de notoriété nationale en se développant d’abord à l’international. Mais elle s’est ravisée. « Je n’avais pas pris en compte la logistique à mettre en place, les moyens de répondre à une augmentation de commande, « Je n’avais pas pris en compte la logistique à mettre en place, les moyens de répondre à une augmentation de commande, la question du transport, mon nouveau coût de revient… » Nouria Nehari, gérante d’une entreprise de maroquinerie. D.R
« C’est rarement dès le premier contact que la confiance s’instaure avec vos clients », Laura Gasparoux, de la CRMA de Rhône-Alpes. CRMA Rhône-Alpes
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n période de crise, il convient d’aller chercher la croissance où elle est. C’est un des grands avantages pour une entreprise exportatrice que de disposer de plusieurs marchés où se développer. Souvent, quand l’un d’entre eux ralentit, un autre décolle. Une minorité d’artisans a déjà pu observer les vertus de cette démarche, puisque selon une étude datant de 20051, 6 % des entreprises artisanales exportent, réalisant annuellement 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Cette manne contribue à hauteur de 14,4 % de leur valeur ajoutée. « L’artisanat français possède un savoir-faire mondialement reconnu. C’est dommage que notre réseau de TPE ne soit pas assez armé, sensibilisé à la problématique de l’exportation », juge Jean-Yves Dauvillon, conseiller export à la CMA d’Indre-et-Loire. Et le temps est venu de réagir, à en croire Cyrille Vincensini, de la CMA des Bouches-du-Rhône. « Malheureusement, plus personne ne nous attend. C’est à nous d’aller conquérir les parts de marché avant qu’on ne nous les prenne. »
la question du transport, mon nouveau coût de revient... J’ai donc remis à plus tard mon développement à l’export. Mon voyage n’a pas été inutile, car j’ai pu en tirer un fichier clients, et cela a confirmé l’intérêt de certains prospects potentiels. Mais aujourd’hui, je vais mettre la priorité sur le développement local. »
« La structure financière de l’entreprise doit être solide avant de se lancer » Nouria Nehari a donc pu expérimenter par elle-même l’une des règles à suivre lorsque l’on s’ouvre à l’international : « Il ne faut pas avoir recours à l’export pour contrecarrer une situation économique difficile », comme le formule JeanYves Dauvillon (CMA d’Indre-et-Loire). « La structure
10 artisans au Caire avec leur CMA Les 2, 3 et 4 juin, dix artisans sélectionnés ont participé au Forum-exposition se tenant au Caire (Égypte), dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée. Françoise Halimi-Narcyz est vitrailliste à Aubagne (espace-vitrail.fr), et y a participé. « Nous avons été contactés par la CMA, puis sélectionnés parmi plusieurs dizaines de dossiers issus de toute la France », explique-t-elle. C’était une première expérience à l’étranger pour cette entreprise qui rayonne surtout sur le plan régional. « Nous avons travaillé dur pour concevoir un paravent en verre qui a figuré dans l’exposition. Du point de vue de l’ouverture à l’international, je ne sais pas ce qu’il se passera après ce salon, mais nous tenterons de faire de ce coup d’essai un coup de maître. » L’entreprise sait gré à l’organisation de ce forum de lui permettre d’exposer à l’étranger, ce que ses finances ne lui auraient pas permis autrement.
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© Fotolia / Sapsiwai
Une stratégie d’export mettra certainement plusieurs années avant de gagner en importance.
tion à des salons professionnels en France ou à l’étranger constitue un passage obligé. Sylvie Montagnon, artistepeintre-créatrice dans l’Isère, participe deux fois par an au salon « Maison et objet », à Paris. « L’un des membres de notre équipe maîtrise parfaitement l’anglais, ce qui est indis-
pensable pour discuter avec les clients, et les convaincre », témoigne-t-elle. Cette année, l’entreprise a pu concrétiser l’ensemble des contacts qu’elle a eus grâce à son stand. Créatrice d’entreprise en 1993, Sylvie Montagnon s’est lancée dans l’export en 1999. Aujourd’hui, 40 % de
son chiffre d’affaires se fait à l’international, avec des aides d’Ubifrance et des Ateliers d’art de France. « C’est devenu primordial pour nous, vu que le marché français n’est plus ce qu’il était. » Pourtant, au départ, les craintes étaient présentes. Notamment celle d’envoyer des marchandises de déco sans être payé. « Ca nous est arrivé il y a longtemps, mais aujourd’hui nous n’envoyons rien avant d’avoir été réglés, et ça fonctionne bien comme ça. » Autre crainte : l’obstacle des corvées administratives. Que finalement l’entreprise de Sylvie Montagnon a surmonté relativement simplement. « Nous sommes accompagnés par Ateliers d’art de France. Leurs compétences nous sont très utiles tout comme les échanges que l’on peut avoir avec des collègues. »
L’importance du suivi des clients Le suivi des clients lui semble toutefois être le point le plus
L’anglais, à ne pas négliger « L’anglais, on n’en parle plus ; on le parle ! » Non seulement la maîtrise de cette langue est importante pour entretenir des échanges avec vos clients, mais il est recommandé de prévoir un site internet et une plaquette de présentation de votre activité et de vos produits en version anglaise. Plusieurs chambres de métiers et de l’artisanat proposent des formations de remise à niveau en la matière. Il faut toutefois relativiser l’obstacle de la langue, puisque des interprètes sont souvent présen présents lors des Salons internationaux. © Fotolia / herreneck
financière de l’entreprise doit être solide avant de se lancer », et donc reposer sur un noyau dur d’activité assurée. Avant de devenir une entreprise exportatrice, « il faut travailler en amont deux ou trois ans, et le chiffre d’affaires doit être en augmentation rapide », estime Cyrille Vincensini (CMA 13). « Une erreur parfois commise est de partir bille en tête, sans étude de marché, et sans se faire accompagner. » Partir seul à l’assaut peut également s’avérer délicat pour une petite entreprise, car si le gérant vient à se déplacer à l’étranger, qui s’assurera de la bonne tenue de la gestion locale ? Il faut donc insister sur la nécessité d’être épaulé, en particulier par les chambres de métiers et de l’artisanat, qui proposent des diagnostics export et organisent plusieurs fois par an des missions d’affaires dans différents pays (dans les pays de l’Europe du Nord, mais aussi aux ÉtasUnis, aux Émirats Arabes Unis, au Qatar, en Égypte…) et proposent des formations adéquates. Si l’on manque d’informations sur les marchés à prospecter, la participa-
© Fotolia / Franck Boston
Le transport des marchandises est une étape assez complexe, qu’on peut préférer sous-traiter.
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sieurs représentants présents directement dans les régions où nous exportons. »
« Avoir les moyens de répondre aux nouvelles commandes » De ce point de vue, l’export s’adresse en priorité à des entreprises artisanales bien structurées, écartant de fait celle, nombreuses, qui manquent cruellement de temps et de main-d’œuvre. Il se peut en effet qu’un bien que vous souhaitez exporter ait besoin d’un léger changement, par exemple de taille ou de couleur, pour s’imposer sur un marché. Il faut donc être capable de répondre à une nouvelle demande, non seulement en termes de rythme de production, mais également en étant capable
© Fotolia / Nic0las Angevin
□□ □ délicat. « C’est toujours dommage de ne pas garder le contact avec des clients. Maintenir le lien avec eux est l’aspect qui demande le plus d’organisation, le plus de temps. » Et parfois de culot : il ne faut pas hésiter à rappeler vos prospects, même si la barrière de la langue peut être dissuasive. « C’est une démarche obligatoire, et seuls les chefs d’entreprise peuvent la prendre en charge. Il faut qu’ils se constituent un fichier clients, qu’ils envoient des newsletters… », conseille Cyrille Vincensini. Pas facile d’échafauder des plans de communication lorsque l’on est une petite structure ! « Mais c’est rarement dès le premier contact que la relation de confiance s’instaure », observe Laura Gasparoux (CRMA de Rhône-Alpes). « Il ne faut surtout pas se décourager au bout de six mois, et arrêter de relancer ses contacts. » Certaines TPE de plus grandes tailles ont mis en place des moyens de suivi exceptionnels, comme l’Etainier Tourangeau (Montbazon, Indre-et-Loire), entreprise de fabrication de comptoirs en étain, tirant la moitié de ses recettes de l’étranger. « Nous exportons depuis vingt-cinq ans, explique-t-on au sein de la société, donc notre méthode est bien rodée. Nous disposons de plu-
La bonne réputation du savoirfaire français a encore de belles heures devant elle. Profitez-en !
Calculer son prix de revient international S’ouvrir à l’international apporte son lot de coûts supplémentaires : frais de déplacement, logistique, transport des marchandises, investissements… Il vous faudra donc calculer votre coût de revient international. « Le prix export n’est pas facile à mettre en place, estime Laura Gasparoux (CRMA de Rhône-Alpes). Il faut prendreen compte les droits de douane, et parfois se couvrir contre le risque de change. » Il convient de partir de la même marge que celle contenue dans votre tarif national, en prenant soin d’y ajouter les surcoûts.
de réaliser rapidement des modifications aux produits. « Pouvoir répondre aux nouvelles commandes est l’une des problématiques majeures de la TPE », estime ainsi Jean-Yves Dauvillon. Cela implique que l’export impose certains coûts d’entrée qui demandent des moyens financiers et d’aménagement de production importants.
L’export au coup par coup Cela dit, il existe aussi un export d’opportunité, qui lui n’est pas réservé aux entreprises les plus structurées. « Ceux qui ont un savoir-faire plus particulier, qui travaillent sur des niches, peuvent également exporter, même s’ils sont seuls », selon Cyrille Vincensini. Marie Maryns, gérante des Jardins de Marie (Soissons, Aisne), spécialisée dans la fabrication de confitures, correspond à ce profil. À ce jour, 10 % de son activité se fait à l’export. « Des
clients japonais et espagnols m’ont sollicitée. Je ne souhaitais pas me lancer, mais ils ont insisté », raconte-t-elle, aujourd’hui satisfaite de cette démarche. Même si elle reconnaît que ça prend du temps et qu’il faut être courageux ! Surtout pour gérer la paperasse nécessaire pour se faire une place sur le marché agro-alimentaire japonais, car dans ce secteur, les contraintes réglementaires peuvent être plus lourdes qu’ailleurs. Seule, elle compte bientôt embaucher quelqu’un pour l’épauler. « C’est une expérience enrichissante et gratifiante, ça prouve que notre produit est bon. » Marie Maryns n’avait peut-être pas de soucis à se faire de ce côté, car elle est fournisseur officiel en confitures de l’Elysée et du Sénat. Pour se faire un nom à l’international, y a-t-il meilleur passeport ? 1
Étude réalisée par la mission ArtisanatTPE, Ubifrance, DCASPL
Les aides à l’export « Il est important que les TPE souhaitant investir à l’export bénéficient d’aide, puisque certaines d’entre elles ont une trésorerie fragile. Mais il y a tellement de dispositifs de soutien différents qu’il est difficile de s’y retrouver », estime Laura Gasparoux, conseillère à la CRMA de Rhône-Alpes. D’autant plus que chaque région a ses particularités et ses dispositifs d’aide spécifiques. 1 Ubifrance : cet organisme public de soutien à l’export propose un volontariat international en entreprise (VIE), qui consiste en la collaboration d’un jeune de moins de28 ans, qui vous assistera dans votre démarche à l’étranger. Le soutien individualisé de démarche à l’export (Sidex) permet d’aider à finaliser un contrat à l’export ou à chercher des nouveaux clients. www.ubifrance.fr 2 Oséo : en partenariat avec Ubifrance, la banque publique des PME a instauré le prêt pour l’export, qui peut aller de 20 000 à 80 000 euros. Une retenue de 5 % est prévue, et le prêt est contracté sur six ans à taux fixe. Pour en bénéficier, une entreprise doit être créée depuis trois ans, être en croissance et bénéficiaire. www.oseo.fr 3 Coface : l’assurance prospection (AP) encourage les entreprises à chercher de nouveaux marchés. L’entreprise peut bénéficier d’une prise en charge des coûts de prospection à hauteur de 65 %. www.coface.fr
4 Le crédit impôt export, en place depuis 2005, permet de réduire le coût d’un salarié dédié à l’activité exportatrice. Ce dispositif peut-être couplé avec un VIE (voir ci-dessus). www.exporter.gouv.fr
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D ossier Gironde
Artisans apprentis pour l’export En marge des Rencontres franco-allemandes des Chambres de Métiers (voir pages 8 et 9), le réseau des établissements consulaires d’Aquitaine avait organisé un forum d’information sur l’export pour les artisans. Une quarantaine d’entre eux, de tous les départements de la région, a accepté l’invitation.
V
ingt mille artisans français exportent, parmi eux 500 aquitains travaillent avec succès sur les marchés internationaux. De nombreuses activités sont concernées : habitat/décoration, aménagement de la maison, artisanat d’art, facture instrumentale, agroalimen-
taire, bâtiment/restauration du patrimoine, fabrication de biens d’équipement industriel, matériel et machines agricoles, matériels et équipements de sport et loisirs, nautisme… Le potentiel est important, l’idée était de réunir les acteurs du soutien à l’export. Un dispositif existe afin d’aider ces entreprises, notamment au
travers de partenaires tels que : Aquitaine International, Ubifrance, Conseil Régional d’Aquitaine et Ateliers d’Art de France. Cette opération était soutenue financièrement par le Conseil Régional d’Aquitaine, la Communauté Urbaine de Bordeaux et la Ville de Bordeaux. Les organisateurs ont fait appel à des représentants d’Ubifrance, du réseau export des Chambres de Métiers, d’Aquitaine International, de la DIRECCTE, d’Ateliers d’Art de France, qui ont prodigué des conseils indispensables à la réussite du développement à l’international. Ces intervenants ont présenté leur domaine d’intervention et ont répondu ensui-
te aux questions du public. L’après-midi, des entreprises ayant réussi dans l’export ont apporté leur témoignage. Ainsi Bernard Lafon (Oh Légumes Oubliés) exporte avec succès des conserves de fruits et légumes oubliés au Japon et aux États-Unis. Benoît-Jean Morin (AQUIS) a développé une entreprise qui vend des étiquettes pour marquer les vêtements des enfants à travers un site Internet personnalisé et vient de créer deux autres sites, un en Espagne et un en Angleterre. Ces sites s’adressent exclusivement aux particuliers.
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CONTACT :
Philippe Récalde à la Chambre Régionale de Métiers et de l’Artisanat Tél. : 05 57 22 57 28
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© ciel
Rubrique réalisée en partenariat avec
P ratique PRÉVENTION
L’IMPAYÉ N’EST PAS UNE FATALITÉ ! © Francois Doisnel - Fotolia.com
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e retard de paiement et les impayés sont aujourd’hui la première cause de défaillance des TPE (source : APCE). Leur impact est donc très fort, pouvant aller dans certains cas jusqu’à la cessation d’activité. Cela est d’autant plus vrai pour une jeune entreprise qui ne dispose pas d’une assise financière importante. Mais restons optimistes, l’impayé n’est pas une fatalité : si vous surveillez quelques indicateurs et si vous gérez bien votre activité commerciale, vous êtes en mesure de réduire ce risque de manière significative. Avant toute chose, il est indispensable de vous renseigner sur l’existence juridique de la société avec laquelle vous allez traiter. Cela peut surprendre mais il n’est pas rare de voir des entreprises en litige avec une société qui n’a jamais été inscrite au Registre du commerce et des sociétés (RCS) ! Les créateurs d’entreprises négligent souvent cet aspect : focalisés sur leur projet et leurs perspectives de développement, ils oublient de contrôler les entreprises avec lesquelles ils vont traiter.
Comment prévenir les risques d’impayés ? L’insolvabilité et les retards intentionnels sont les premières causes de non paiement, suivis de près par les retards administratifs, les litiges et la mauvaise communication (sources : Enquête 2009 sfp. com). La prévention des risques d’impayés commence donc dès la prospection commerciale avec l’étude de solvabilité des entreprises et se poursuit avec la rédaction de conditions générales de vente claires qui éviteront les risques d’incompréhension et de litiges. Si le paiement comptant reste une valeur sûre, il vous est difficile de l’exiger systé-
© Sylvain Modet
Comment s’assurer qu’une entreprise est solvable ?
Avis d’expert – Alexis Uzan, directeur marketing produits Ciel On vérifie qu’un partenaire a les moyens de payer en consultant les bases de données mises à la disposition des entreprises par des acteurs publics (Insee, Inpi, Infogreffe) ou privés. Elles sont de qualité, exhaustives, mises à jour régulièrement, souvent gratuites et permettent d’obtenir des informations sur le profil juridique d’une entreprise et sur ses comptes financiers. Il faudra rester vigilant si une société commerciale ne dépose pas ses documents comptables annuels au greffe ! Les entrepreneurs ne le savent pas toujours mais ils peuvent facilement se procurer ces informations auprès d’Infogreffe qui rassemble la totalité des greffes des tribunaux de commerce. C’est précisément dans cette optique que Ciel a développé, en partenariat avec Infogreffe, un service d’alertes automatiques intégré dans ses logiciels. À l’aide de leur application de gestion, les utilisateurs peuvent obtenir une information légale officielle, fiable et mise à jour en temps réel, et ce concernant toutes les entreprises françaises immatriculées. Trois services sont accessibles directement depuis leur logiciel : recherche d’informations et vérification d’adresse, e-veille et mise sous surveillance, accès aux informations légales et commande de documents (extrait régime du commerce et des sociétés, état d’endettement, statuts et actes…).Un conseil pour limiter vos risques financiers : n’hésitez pas à vous renseigner sur l’évolution des entreprises avec lesquelles vous collaborez !
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matiquement, surtout sur des montants élevés. En revanche, le versement d’un acompte est une pratique courante qui permet d’obtenir immédiatement une partie de la créance. Vous pouvez également vous prémunir des retards de paiement en contrôlant l’activité de votre entreprise grâce à des tableaux de bord, intégrés à votre outil de gestion, qui vous renseignent sur les factures arrivées à échéance et vous informent sur les niveaux de relance.
Comment réagir en cas de retard de paiement ou d’impayé ? Quelques étapes clés à respecter : relance téléphonique (ou courrier électronique), lettre simple, lettre recommandée puis mise en demeure. Bien souvent le retard est dû à une mauvaise organisation, à la perte de la facture ou à un simple oubli et le litige s’arrête à la première relance. Mais ce n’est pas systématique et il arrive que le client refuse de payer ou soit de mauvaise foi. Passée la phase amiable, vous devrez mettre en oeuvre des actions pour obtenir le paiement. Plusieurs procédures peuvent alors être déclenchées en fonction du montant et des motifs de non règlement. Le dirigeant d’une petite entreprise n’a pas toujours le temps ou les moyens de traiter ce problème. C’est pourquoi Ciel a noué un partenariat avec Sefairepayer. com et offre à ses utilisateurs les moyens de recouvrir leurs impayés directement depuis leur logiciel. Une solution simple, accessible 24h/24h sur Internet et qui permet d’engager une action de recouvrement avec des outils équivalents à ceux dont disposent les grandes entreprises mais à des tarifs très abordables.
Artisans, commerçants, professions libérales, le RSI vous propose un nouveau service pour gérer votre capital santé en ligne ! Consultez votre dossier personnel de prévention en ligne sur le portail « Ma Prévention Santé ». Sécurisé par un identifiant, il vous permet de suivre vos vaccinations, les examens et dépistages qui vous ont été recommandés et ceux que vous avez réalisés. Vous pourrez également accéder aux informations concernant vos enfants de moins de 16 ans. Vous trouverez également sur ce site des recommandations sur des thèmes de prévention tels que le dépistage des cancers, les vaccinations, le bucco-dentaire, la nutrition, le suivi de la grossesse et du jeune enfant, le sevrage tabagique et la prévention des maladies professionnelles..
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P ratique Gironde PARTENARIAT
UNE CONVENTION AVEC LE CONSEIL GÉNÉRAL DE LA GIRONDE POUR AIDER L’ARTISANAT
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es présidents du Conseil Général et de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de la Gironde ont signé un accord de partenariat le 21 juin dernier. Cette convention cadre 2010-2012 porte sur trois axes prioritaires : pérenniser les entreprises et les accompagner dans leur développement, favoriser l’insertion des bénéficiaires de minima sociaux et accompagner l’adaptation aux problématiques de développement durable. Cette signature de convention fut suivie des remises des trophées Créagir 33. Le Conseil Général de la Gironde a mis en place en 1996 ce dispositif favorisant la création, la reprise et la transmission d’entreprises. Depuis sa création, le dispositif CREAGIR 33 a soutenu 1 627 entreprises et a permis de mainte-
nir ou créer 4 215 emplois. Lors de cette cérémonie, dix lauréats ont été récompensés dans les catégories création, aide à l’étude, reprise, femme, insertion
(bénéficiaire du RMI), réinsertion professionnelle, innovation, développement durable (volets environnemental, social, et économique).
Les Lauréats 2010 (par catégorie) ● Création : M. Gildas Gérard - Marine Garonne Services à Cadillac : dans le cadre du 6e plan social Solectron, M. Gérard a entrepris une reconversion professionnelle vers le métier de mécanicien réparateur de matériel nautique. Il réalise des prestations d’entretien et de réparation de moteurs de bateaux grâce à un camion atelier. M. Gildas travaille seul. ● Reprise : M. Le Daim à Marcheprime (canton d’Audenge) : issus d’une famille de commerçants, M. et Mme Le Daim ont décidé de se mettre à leur compte et de reprendre une boulangeriepâtisserie et d’y maintenir les 3 salariés et de recruter un apprenti. À ce jour, l’entreprise compte 7 salariés. ● Femme : Mme Nathalie Lafaye - Nataly Couture à Saint Sulpice de Faleyrens (canton de Libourne) : licenciée d’Arena, Mme Lafaye a souhaité créer son entreprise de retouche. ● Insertion : Mme Bourdon - Cook’Art à Lormont : Mme Bourdon a décidé de créer un concept de services de restauration à destination des entreprises ne possédant pas de restaurant d’entreprise, elle conçoit et réalise les repas dans son laboratoire et assure la livraison des repas. L’entreprise compte 3 salariés.
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● Innovation : MM. Aventin et Desplats - SARL Finso à Captieux : M. Aventin travaillait dans une société qui importait des bois exotiques. Devant la demande des clients qui demandaient un produit fini, M. Aventin a décidé de concevoir une huile de finition avec des produits biologiques ainsi l’entreprise propose un produit de finition des bois bruts à base d’huile (sans eau ni composant volatile organique). L’entreprise compte 2 salariés. ● Développement durable - volet environnemental : M. Duloube - Écoconstruction et Bois à Bordeaux (canton de Bordeaux VII) : fort de son expérience dans le cabinet d’études Maison Durable, M. Duloube a décidé de créer sa propre entreprise d’ossature bois qui développera un mode constructif en pin maritime préfabriqué en atelier et au coût optimisé : le mur passif. Actuellement, 6 salariés travaillent dans l’entreprise et 2 recrutements sont envisagés. ● Développement durable - volet social : Mme Lefèvre et M. Garnier - SARL Bâtiment des Graves à Bègles : M. Garnier (gérant) ayant une expérience dans le domaine de l’insertion, a souhaité s’associer avec Mme Lefèvre (directrice) pour créer une entreprise d’insertion dans le domaine du bâtiment et surtout en gros œuvre ; son projet se trouvait en adéquation complète avec la ville de Bègles et le Plie des Graves. L’entreprise compte 8 salariés et prévoit le recrutement de 2 personnes.
P ratique Gironde Six actions pour l’emploi et les compétences Le plan d’action « emploi et compétences » du réseau des CMA regroupe plusieurs services dédiés à la gestion des ressources humaines dans l’entreprise artisanale.
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’ambition de la plateforme de services mise en œuvre au plan national est de réactualiser les connaissances des artisans dans un domaine, l’information sociale, qui évolue fréquemment à la faveur des changements de politique », précise Michel Dehan, chargé de développement économique, service Emploi Formation Continue à la CMA de la Gironde. Le plan regroupe trois types d’actions : des opérations de sensibilisation et d’information, de conseil et enfin des prestations d’accompagnement et de suivi des entreprises. ◾ Les Cafés de l’emploi : initiés fin 2009, les Cafés de l’emploi sont l’occasion de réunir les chefs d’entreprise artisanale autour d’un café pour leur présenter les éventuelles nouvelles mesures en faveur de l’emploi, les modifications législatives, bref réactualiser leurs connaissances et apporter des réponses concrètes à leurs préoccupations. « Les artisans posent des questions sur leur droit, les aides de la Région en faveur de la création d’emploi, les modalités pour les demander, la formation professionnelle », indique Michel Dehan. ◾ La convention d’accompagnement CAP RH : comment procéder pour recruter, comment mettre en place le DIF (droit individuel à la formation), comment formaliser l’entretien individuel ? Quelle que soit la nature des
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questions que vous vous posez concernant la gestion des ressources humaines, un conseiller vous apporte ses réponses à l’occasion d’une visite en entreprise. La convention qui encadre cet accompagnement personnalisé implique à la fois le conseiller et la TPE qui s’engagent mutuellement pendant trois années. Le conseil diffuse l’information sociale, propose au dirigeant des solutions adaptées à ses besoins. ◾ L’accompagnement à la création d’un premier emploi émane d’un partenariat entre le réseau des métiers, Pôle Emploi et le Conseil Régional. « Pour créer un premier emploi en CDI, les artisans
pagner les TPE de la filière éco-construction à la gestion de leurs compétences. Diagnostic des besoins, élaboration d’un plan de formation, l’intervention peut durer plusieurs jours selon les cas. « Cette filière est récente, elle a besoin de soutien et d’accompagnement pour gérer ses compétences et les développer », souligne Michel Dehan. ◾ Suivi/veille : ce volet, expérimenté en 2010, consiste à relayer la veille effectuée au niveau national par le réseau, en diffusant sur Internet une lettre d’information dédiée à la réglementation et à la législation sociale. La newsletter est gratuite pour les TPE conventionnées Cap RH.
Réactualiser les connaissances des artisans en information sociale, qui évolue fréquemment à la faveur des changements de politique bénéficient d’un accompagnement personnalisé de la définition du profil de poste à l’intégration du salarié », précise Michel Dehan. Cet accompagnement est complété par une aide financière de 5 000 € versée par le Conseil Régional lors de la création du premier emploi en CDI suivant des critères d’éligibilité précis (par exemple le salarié ne doit pas être un membre de la famille). ◾ Gestion des compétences pour la filière éco-construction : une nouvelle opération est mise en place en 2010 pour accom-
Rendez-vous aux Cafés de l’emploi Les Cafés de l’emploi se tiennent le matin de 8 h 30 à 9 h 30 ou de 9 h à 10h. Voici les dates et lieux des prochaines réunions : ● Targon : lundi 13 septembre ● Bourg : vendredi 24 septembre ● Sainte-Foy La Grande : jeudi 7 octobre (à confirmer) ● Bernos Beaulac : vendredi 22 octobre (à confirmer) ● La Brède : vendredi 19 novembre ● Bordeaux : vendredi 26 novembre
◾ R&D : renforcer l’apprentissage dans la filière viande. Une opération expérimentale dédiée à la filière viande vise à améliorer la relation tuteur-apprentis afin de consolider la durée des contrats et d’éviter les ruptures. Un vaste panel d’actions donc, déployé actuellement dans la région, qui n’aurait pas été possible sans la mise à disposition d’outils spécifiques, notamment Comafoa, que nous avons déjà évoqué dans nos colonnes. VM
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M étéo ■ PREMIERS SIGNES DE SORTIE DE CRISE ?
« Les entreprises de l’artisanat et du commerce de proximité semblent avoir passé le plus dur de la crise », selon le baromètre de l’Union professionnelle artisanale. Au cours du premier trimestre 2010, le chiffre d’affaires du secteur s’est affaissé de 3 % en glissement annuel. Cette baisse est inférieure à celle subie par les artisans au trimestre précédent (- 5 %). Sur l’année écoulée, le ralentissement de l’activité s’est limité à 5 %. Les artisans sont également moins inquiets pour leur avenir : 26 % des chefs d’entreprise prévoient une détérioration de leurs recettes au deuxième trimestre, ils étaient 41 % un an plus tôt. Étude UPA / I+C, avril 2010
■ LES PATRONS DE TPE SONT AUX 51 HEURES ! Il ressort d’une étude sur le stress des patrons de TPE que 32 % d’entre eux travaillent plus de 60 heures hebdomadaires, la moyenne se situant à 51. Ils se déclarent à plus de 60 % se sentir stressé ou fatigué. Leurs principales sources de soucis ? L’évolution du carnet de commandes (64 %), la situation de la trésorerie (59 %) et la charge de travail (54 %). Une bonne moitié des chefs de TPE éprouvent également souvent de l’angoisse, des soucis de santé et des insomnies. Espérons que les signes de reprise fassent baisser ces indicateurs inquiétants… TNS Sofres – Conseil supérieur de l’Ordre des experts comptables, avril 2010
Ils ont dit « La place accordée aux entreprises, à l’artisanat et aux professions libérales [...] ne me paraît pas totalement correspondre à leur poids dans l’emploi ou dans la production. Je demanderai au gouvernement de compenser la diminution du poids des employeurs au Conseil en désignant prioritairement des personnes ayant une expérience dans le monde de l’entreprise, de l’artisanat ou des professions libérales. » Éric Diard, député rapporteur du projet de loi relatif au Conseil économique, social et environnemental, lors de son examen le 17 février en Commission des lois
■ BILAN DES RÉFORMES FISCALES
La suppression de la taxe professionnelle et le crédit impôt recherche ont rendu 10 milliards d’euros d’allégements fiscaux aux entreprises, selon le quotidien Les Échos. « Reste que toutes les baisses d’impôt ne sont pas justifiées », juge-t-il, en particulier la baisse de la TVA dans la restauration, qui n’a pas tenu ses promesses.
TABLEAU DE BORD SOCIAL
• Smic au 1er janvier 2010 : 8,86 €/heure soit 1 343,77 €/ mois (35 heures) • Minimum garanti : 3,31 € • Plafond mensuel de la Sécurité sociale 2010 : 2 885 € • Taux de chômage : 9,5 % au 1er trimestre 2010 • Barèmes de frais 2010 : repas hors des locaux de l’entreprise : 8,20 € ; repas lors d’un déplacement professionnel : 16,80 € ; logement et petit déjeuner 44,70 € (60,30 € à Paris et dans les départements 92, 93, 94)
PRIX • Indice des prix à la consommation en avril 2010 : 121,26 (+ 1,7 % sur un an) Ensemble des ménages, tabac inclus, base 100 en 1998 • Indice du coût de la construction au 4e trimestre 2009 : 1 507
FINANCE • Taux d’intérêt Euribor 3 mois (2 juin) : 0,704 • Taux d’intérêt Euribor 12 mois (2 juin) : 1,266 Ces taux servent de base au calcul des financements proposés par les banques et à l’indexation des crédits à taux variable. • Taux fiscal des intérêts de retard : 0,05 % par mois (0,65% par an)
13/10/2010
C’est la date des élections de vos présidents de chambres des métiers et de l’artisanat. À cet effet, les modalités électorales vont être réformées.
667 millions
C’est le montant en euros des crédits bancaires alloués à l’économie de proximité en 2009 et garantis par la SIAGI, soit 14 % de plus qu’en 2008
3 sur 4
Trois ruptures conventionnelles sur quatre sont signées dans les petites entreprises au premier semestre 2009
« Si on veut avoir la même monnaie, si on veut continuer à faire de l’Europe une zone de prospérité, notamment pour se défendre contre la montée des économies des pays émergents, alors, il faudra bien que nous harmonisions progressivement nos systèmes économiques et nos systèmes sociaux pour faire en sorte que notre monnaie corresponde à une réalité économique. » François Fillon, le 29 avril, lors de l’inauguration du Campus des métiers de Bobigny.
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Source : Dares, mai 2010
FEU VERT Le gouvernement a engagé un comité de pilotage technique pour évaluer le régime de l’autoentrepreneur, afin d’en dresser le bilan et d’en corriger ses éventuels effets pervers.
FEU ROUGE L’arrêt du dispositif zéro charges pour les TPE qui embauchent
T est
Savez-vous motiver vos salariés ? La première raison pour laquelle on aime son travail, c’est parce qu’on s’y sent bien. Pour motiver ses salariés, il faut être motivé soi-même, car un manager démotivé est… démotivant. Mais attention, un manager motivé ne l’est pas forcément pour les autres. Il n’y a pas que le salaire qui permette d’entraîner et fidéliser ses troupes, les conditions de travail sont les pierres angulaires de la motivation. Quelques détails peuvent parfois changer beaucoup de choses…
1. Sans communication à court, moyen et long terme, difficile d’entretenir l’implication de l’équipe et de chaque individualité. La communication pour vous c’est plutôt : ♦ Bonjour, bonsoir… ça va ? ♥ Un bon moyen pour entretenir le relationnel, vous êtes transparent sur les objectifs et la situation de l’entreprise. ♣ Une perte de temps.
2. Concernant la formation de vos salariés…
♣ Je me suis « fait » tout seul, ils apprendront sur le terrain. ♦ La formation c’est bien, mais qui va faire le travail ? ♥ Il faut régulièrement se former pour acquérir de nouvelles compétences et évoluer.
3. La confiance se gagne sur le
♥ Vous faites confiance et vous tenez compte de leurs propositions et de leurs initiatives. ♦ Les bonnes idées ne peuvent venir que de vous.
4. La motivation est étroitement liée à l’environnement dans lequel le salarié évolue. L’ambiance au travail pour vous, c’est plutôt : ♦ Je partage et j’organise de façon occasionnelle des événements conviviaux. ♣ On est là pour travailler. ♥ Une excellente manière de souder et fédérer l’équipe.
5. Pour se sentir motivé, un salarié doit avoir connaissance de la qualité du travail qu’il fournit, un retour de votre part est important. ♣ Il fait le travail que je lui demande.
terrain des relations humaines.
♦ Je lui fais remarquer les points sur lesquels il doit s’améliorer.
♣ Vous passez votre temps à vérifier le travail.
♥ Je le félicite et surtout le remercie pour le travail accompli.
6. Pour qu’il se sente bien, un salarié doit avoir l’impression d’être impliqué dans le processus de la vie de l’entreprise. ♥ Vous n’hésitez pas à parler des nouveaux projets, recrutements en demandant leurs avis. ♦ Cette partie-là du travail, c’est ma mission. ♣ Cela ne les intéresse pas.
7. Outre la motivation salariale, un facteur clé de la motivation est la perspective d’évolution de poste. ♣ Chacun sa spécialité.
♦ Vous n’hésitez pas à confier un nouveau salarié à un plus expérimenté ayant plus d’ancienneté. ♥ Vous édifiez un projet de carrière en collaboration avec le salarié, en fonction de ses souhaits, et en étant transparent sur les échéances, les missions et les possibilités.
Vous avez un maximum de ♥ Vous avez compris qu’il ne fallait pas faire preuve d’autoritarisme, vous êtes capable de faire confiance, déléguer, envoyer des signaux de félicitations et faire en sorte que vos salariés se sentent bien en venant travailler chez vous. Vous savez que le relationnel et l’affectif sont des domaines sur lesquels on peut agir.
Vous avez un maximum de ♦ Vos salariés doivent se sentir valorisés pour avoir l’impression d’être impliqués dans le processus de l’entreprise. Chacun a besoin de sentir qu’on lui porte un intérêt, pourquoi ne pas leur prouver en leur proposant des formations ? Prenez le temps de communiquer en groupe et individuellement, soyez à l’écoute, acceptez de déléguer et faites confiance à vos salariés.
© Fotolia/Ken Hurst
Vous avez un maximum de ♣ Quelle que soit votre spécificité, il est important de porter attention à la motivation de vos salariés, car elle influe sur votre activité. Les salariés motivés sont en quelque sorte la carte de visite de l’entreprise, car souvent ce sont eux qui vous représentent devant le client. C’est aussi un bon moyen d’éviter le turnover, l’absentéisme. Dépassez votre rôle de chef d’entreprise, vous êtes aussi là pour gérer les ressources humaines. Prenez un peu de temps pour être à leurs côtés.
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F orum PUBLICATION
UN OUVRAGE QUI TRAITE DE L’ARTISANAT «Q
uelle est la place de l’artisanat dans l’économie ? » C’est à cette vaste question que le Traité de l’artisanat et de la petite entreprise cherche à répondre. Plus de quarante auteurs, sous la coordination de Sophie Boutillier, maître de conférence à l’université du Littoral côte d’Opale, Michel David et Claude Fournier, ont enquêté sur le secteur. Pour les professionnels, futurs chefs d’entreprise, étudiants et chercheurs, c’est un ouvrage de référence rassemblant les don-
nées les plus récentes sur tout ce qui caractérise un milieu économique et social souvent méconnu, l’artisanat. Ils y trouveront également la présentation du réseau des chambres de métiers et de l’artisanat au travers des actions menées en faveur des entreprises.
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CONTACT :
Traité de l’artisanat et de la petite entreprise, Éditions EducaWeb, 656 pages 59 euros: www.educaweb.org
■ ERRATUM
Une erreur s’est glissée dans le dossier « Se protéger contre le dépôt de bilan » du précédent numéro du Monde des Artisans. Nous avions alors interrogé Marie Laurent, gérante de Thermotec, spécialisé dans la climatisation, et confronté à un redressement judiciaire. Dans l’encadré qui lui est consacré en page 31 est écrit : « Une procédure qui a eu des impacts positifs […] Marie Laurent devant apporter tous les deux mois les chiffres sur ses commandes et son chiffres d’affaires au tribunal de commerce ». Or, cela était vrai lorsque l’entreprise était en redressement judiciaire simplifié, c’est-à-dire pendant 8 mois, entre juillet 2004 et mars 2005. « Après ce délai, le plan de continuation a été mis en place et nous n’avons plus eu de contact avec le tribunal de commerce », comme le confirme la gérante de l’entreprise.
+ Contact rédaction
Info Édimétiers. 137 quai de Valmy. 75010 Paris. Tél. : 06 82 90 82 24. Fax. : 01 40 05 23 24. E-mail : c.saintignon@groupe-atc.com
Prénom .................................................... Nom.................................................................................... Métier........................................................................................................................................................ Adresse ..................................................................................................................................................... ....................................................................................................................................................................... Téléphone ............................................................................................................................................... Fax ............................................................................................................................................................... E-mail ........................................................................................................................................................ Souhaite être recontacté pour apporter à la rédaction son témoignage sur le(s) sujet(s) suivant(s) : ❏ Stratégie d’entreprise
❏ Environnement
❏ Innovation
❏ Transmission d’entreprise
❏ Techniques commerciales
❏ Gestion et comptabilité
❏ Fiscalité et administration
❏ Questions sociales
❏ Statut du conjoint
❏ Formation continue
❏ Apprentissage
❏ Matériels
❏ Loisirs
❏ Autres : .............................................................
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Un répondeur pour les artisans et… les apprentis Le Monde des artisans est votre magazine. Sur chaque sujet, nous voulons savoir ce que vous pensez. Politique, économie, formation, questions sociales, matériels, gestion, loisirs : comment percevez-vous, au sein de votre entreprise, les questions que nous traitons au fil de ces pages ? Pour vous exprimer dans la rubrique forum, vous disposiez, depuis plusieurs numéros, du courrier, du fax, de l’e-mail et de notre coupon-réponse (ci-contre). Désormais, vous pourrez également nous laisser un message vocal ou nous envoyer un SMS ! En contactant le 06 82 90 82 24*, vous pourrez témoigner, protester, questionner, interpeller, partager vos réflexions. * Répondeur de la rédaction du Monde des artisans. Communication facturée au tarif normal vers un mobile.
Une remarque, une question ? Contactez la rédaction au 06 82 90 82 24 !
I nitiatives Gironde UN ARTISAN CIDRIER AU CŒUR DES CHARTRONS ! Il fallait oser. Il l’a fait ! Ouvrir une cidrerie en plein cœur des Chartrons à Bordeaux a de quoi bouleverser les idées reçues. Originaire du Médoc, de Pauillac de surcroît, Jean-Luc Aurignac n’a pourtant pas hésité. Récit.
Jean-Luc Aurignac, l’artisan cidrier implanté aux Chartrons.
Stéphanie prépare le jus de pomme frais.
uide de haute montagne et moniteur de ski, Jean-Luc Aurignac a découvert la pomme et le cidre en Savoie. Il s’est essayé à la fabrication de cidre pendant une dizaine d’années, pour le plaisir, en amateur. « Nous avions décidé de revenir dans la région lorsque les enfants seraient en âge d’entrer au lycée, j’ai profité de notre retour pour monter mon projet », explique l’artisan. L’installation de l’entrepôt au cœur des Chartrons s’est faite assez naturellement, le couple ayant acheté une maison dans le quartier. Créé en 2004, le Pressoir de la pomme d’or produit entre 5 000 et 7 000 litres de jus de fruits frais par an et quelque 15 000 bouteilles de cidre. L’artisan diversifie sa production en proposant également des produits dérivés avec le Pommé de Bordeaux, un apéritif liquoreux, des gelées de fruit ou encore du vinaigre de cidre.
(Braeburn, Granny…) sont sélectionnées avec soin quotidiennement : les uns pour être vendus tels quels, les autres pour être broyés puis pressés et mis en bouteille. « Nos jus ne sont pas pasteurisés, ils sont frais et nous les produisons au fur et à mesure des commandes et des ventes directes », glisse l’artisan. La clientèle ne s’y trompe pas. Le Pressoir de la pomme d’or distribue ses produits en vente directe dans son entrepôt du cours BalguerieStuttenberg et au marché du Colbert mais aussi auprès de restaurants, hôtels, caves
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et épiceries fines. La fabrication du cidre suit à peu près le même procédé : les pommes à cidre, « une variété spécifique plus amère », indique l’artisan, sont pressées. Deuxième étape, le jus est placé pendant une semaine dans un cuvier pour décantation, puis les 95 % de jus sélectionnés sont stockés dans une cuve pendant deux mois et demi à trois mois pour la fermentation. Mis en bouteille, le cidre n’est pas commercialisé immédiatement, mais une année plus tard. Alors que Jean-Luc Aurignac travaille avec la seule aide d’une vendeuse employée à temps partiel, il souhaite développer son entreprise. « J’espère pouvoir bénéficier des aides pour proposer un CDI à temps plein à ma vendeuse », explique-t-il et développer la vente de plusieurs sortes de fruits, ainsi que des jus. Pour autant, le Pressoir de la pomme d’or a bien vocation à s’imposer comme une véritable cidrerie, un peu comme celles qui sont présentes au Pays Basque, ses seuls concurrents régionaux, qui n’en sont pas tout à fait, car le cidre basque a certes un goût inimitable, mais loin de séduire tous les palais. Les bouteilles qui sortent du chai de Jean-Luc Aurignac - cidre doux, brut ou très brut s’apparentent au contraire davantage aux produits normands. VM
Des barriques d’authenticité « Tous les fruits sont achetés dans le Marmandais », déclare fièrement JeanLuc Aurignac pour qui l’origine régionale des produits est un atout. Les pommes sont conservées en chambre froide. Les fruits - plusieurs variétés de table
Les produits, vendus en direct dans le chai du cours Balguerie-Stuttenberg à Bordeaux.
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PRESTIGE MAÎTRE ARTISAN HORLOGER
Peter Peschel
En haut : L’artisan travaille seul, parfois avec un apprenti, mais préfère conserver sa liberté en organisant ses journées de travail.
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Une perpétuelle lutte contre le temps…
Ci-dessus : L’artisan a acheté l’essentiel de ses machines dans d’anciennes usines d’horlogerie suisse.
Bel ouvrage en cadence L’amour des mouvements a conduit Peter Peschel a consacré sa vie professionnelle à la restauration des horloges via la reconstruction des engrenages, rouages et échappements. Dans son atelier bordelais, le maître artisan commence aussi à produire ses propres modèles. 42
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Ci-dessus : L’artisan stocke les pendules à restaurer dans l’atelier de la rue Notre-Dame à Bordeaux. À droite : Peter Peschel dans son atelier à Bordeaux. Au centre : Un élément en bronze a été copié et coulé à l’identique pour remplacer l’élément manquant. Ci-contre : Les modèles d’aiguilles qui n’existent plus sur le marché sont préfabriqués par Peter Peschel. Ci-dessous : Les mouvements sont reconstruits, les pièces manquantes fabriquées.
J
eune homme, Peter Peschel rêvait de mécanique. Après avoir travaillé pendant cinq années comme tourneur-fraiseur, il découvre, un peu par hasard, l’horlogerie. L’activité lui plaît à tel point qu’il n’a jamais dévié son chemin depuis. La diversité des tâches séduit l’artisan qui aime fabriquer, réparer, bricoler. « La restauration me conduit à réparer des mécanismes, mais aussi à fabriquer des aiguilles suivant les modèles d’époque ou encore à copier des éléments de la décoration en bronze, c’est très varié », glisse-t-il en montrant les différents travaux en cours. Dans son atelier de la rue Notre-Dame à Bordeaux, à deux pas des boutiques des antiquaires, il restaure horloges et pendules anciennes et s’apprête à créer ses propres produits.
Formation Outre-Rhin Marié à une enseignante française originaire des Ardennes, Peter Peschel s’est installé en Gironde avec son épouse en 2006. « Après avoir visité plusieurs villes, nous avons choisi Bordeaux pour son potentiel de clientèle et pour la qualité de vie, le climat et la proximité de l’océan » raconte-t-il. À 47 ans, le maître-artisan, qui a été formé en Allemagne, son pays natal, reçoit et accompagne des apprentis. Il est particulièrement fier de la production de son dernier stagiaire : une pendule créée de toutes pièces dans
l’atelier. « Je souhaite diversifier mon activité avec la production de modèles inédits car, sur le marché, il est difficile de trouver ce genre de produit, plutôt haut de gamme, or la demande existe » confie-t-il. Peter Peschel dispose des machines nécessaires à la rénovation comme à la fabrication. D’ailleurs son outillage - des machines anciennes achetées pour la plupart à des usines en Suisse (fraise, machine pour polir les pivots ou pour la taille des roues par exemple) - lui permet de pratiquer des tarifs plus compétitifs que ses concurrents horlogers travaillant encore à la lime. Il gagne du temps et peut mieux s’organiser. « En restauration, explique-t-il, il faut se concentrer et trouver la bonne solution pour remettre un mécanisme sur pied, mais ça ne sert à rien de s’entêter, si je ne trouve pas au bout de quelques heures, je me détends en choisissant une tâche moins difficile (nettoyer un boîtier par exemple) et je reprends la résolution de mon problème plus tard. » Les pendules à réparer, déposées par une clientèle de particuliers (à 95 %) régionale et parisienne et quelques grands hôtels et administrations, restent dans l’atelier plusieurs semaines afin de recouvrer la vie. Pour ne pas prendre de risque inconsidéré, l’artisan ne conserve dans son atelier que les mouvements de ces objets de valeur (certains peuvent atteindre les 70 000 € selon les estimations des experts).
1986
1989
1995
2006
Artisan horloger
Maître-artisan
Ouverture du premier atelier à Düsseldorf en Allemagne
Ouverture de l’atelier rue Notre-Dame aux Chartrons à Bordeaux
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I nitiatives Gironde ASSOCIATION DES MAÎTRES ARTISANS DE LA GIRONDE
UN JEUNE PATRON AUX COMMANDES À 30 ans, Cyril Bouty prend la direction de l’association avec la ferme intention de faire connaître le titre et de l’imposer comme un outil de communication et d’aide à la vente. Rencontre.
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l annonce d’emblée la couleur : Artisan, Maitre-Artisan, issu d’une famille d’artisans, Cyril Bouty baigne dans ce monde depuis son enfance et en est fier. Son père dirige une entreprise d’électricité générale, ses oncles sont l’un électricien, l’autre carreleur. Tous installés dans le libournais (à Libourne et à Castillon-laBataille), à la tête de TPE familiales. Cyril a la fibre. L’artisanat dans la peau. Cela s’entend dans sa voix lorsqu’il évoque « le respect du client », « la transmission du savoir-faire », « l’amour du travail bien fait », « la disponibilité ». Titulaires de six diplômes - excusez du peu - dans les domaines électrotechnique, installation d’équipement électrique, installation et conseil en équipement du foyer (électroménager), maintenance des appareils et équipement des ménages et des collectivités et d’un brevet de maîtrise décroché en 2006, ce jeune entrepreneur sportif (il pratique la course cycliste) aime la compétition. « J’aurais adoré passer le MOF, mais dans mon secteur d’activité cela n’existe pas, aussi lorsque j’ai découvert le brevet de maîtrise, j’ai immédiatement décidé de m’inscrire », raconte-t-il.
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Du sang neuf Cyril Bouty a créé son entreprise Electrosat en 2004 et dirige deux points de vente, à Libourne et à Castillon-laBataille. Son activité principale consiste à réparer des produits électroménagers. Un métier plutôt rare. Cette année, lorsqu’il apprend l’existence de l’association des maîtres artisans, il adhère. Quelques mois plus tard, le 17 juin dernier, il en prend les rênes. « Au départ, j’étais un peu réticent, mais plusieurs collègues m’ont demandé de me présenter, j’ai accepté », confie-t-il. Les membres, à l’approche de la retraite
ou ayant déjà cessé leur activité, recherchent du sang neuf pour la relève. Parmi ses projets, en tant que nouveau président, la communication tient une large place. « Nous devons faire connaître au public et aux artisans le titre de maîtreartisan, car beaucoup ignorent ce qu’il recouvre », déplore-t-il. Alors que Cyril Bouty est convaincu de la pertinence du titre qui témoigne d’un niveau et d’un savoir-faire incontestables, il regrette que la clientèle des entreprises artisanales n’en sache rien. Pire, « certains collègues ne savent pas à quoi correspondent le A bleu ni le A rouge » s’indigne-t-il. La croisade est lancée. Dès la rentrée, des réunions par secteur géographique seront organisées pour mieux expliquer aux artisans ce que recouvrent les titres, les informer qu’ils ont le droit d’apposer le logo sur leurs courriers et sur leur publicité, etc. « Plus nous serons mobilisés, plus la clientèle sera sensibilisée » martèle le jeune président qui souhaite encourager ses collègues à passer le brevet de maîtrise, soutenir ainsi l’apprentissage et une certaine idée de l’artisanat. L’association devrait donc également participer aux réunions professionnelles du secteur et aux salons, car tous les métiers sont concernés et tous ont à y gagner. VM
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CONTACT :
Association des Maîtres Artisans Cyril Bouty, président Tél. 06 64 132 888 Mail. : bouty-cyril.electrosat@orange.fr
◾ Le Titre de Maître-Artisan est attribué soit :
● par le Président de la Chambre de Métiers aux personnes physiques titulaires du Brevet de Maîtrise dans le métier exercé ou un métier connexe après 2 ans de pratique professionnelle ; ● soit par la Commission Régionale des Qualifications : - 1/aux artisans immatriculés au Répertoire des Métiers, titulaires d’un diplôme de niveau de formation au moins équivalent au Brevet de Maîtrise dans le métier exercé ou un métier connexe, après 2 ans de pratique professionnelle, sous certaines conditions. Ils doivent notamment justifier de connaissances en gestion et en psychopédagogie équivalentes à celles des unités de valeurs correspondantes du Brevet de Maîtrise 2/ aux personnes immatriculées au Répertoire des Métiers depuis au moins 10 ans justifiant, à défaut de diplômes, d’un savoir-faire reconnu au titre de la promotion de l’artisanat ou de leur participation aux actions de formation.
I nitiatives OLYMPIADES DES MÉTIERS
LES APPRENTIS ENTRETIENNENT LA FLAMME
© Futureprod
© World Skills France
Quand certaines activités ont moins la cote qu’avant, d’autres demeurent méconnues. Les Olympiades des Métiers constituent un bon moyen de redonner du souffle à ces métiers traditionnels. Pour l’heure, les métiers de boucher, tonnellier et prothésiste dentaire sont proposés uniquement lors des sélections régionales.
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a pierre n’est pas un matériau de l’ancien temps ! », affirme Olivier Dupé, expert métier international en taille de pierre. Si le secteur, comprenant quelque 4 000 entreprises, ne connaît pas de problèmes de formation, il souffre d’un « petit problème d’image. Lorsque nous intervenons dans les constructions modernes, notre travail est plus sobre que dans la restauration du patrimoine. Nous faisons du design ». Autrement dit, le métier de tailleur de pierre est excessivement associé à l’idée du bâti ancien, alors qu’il s’insère tout à fait dans les problématiques actuelles, notamment en termes de développement durable. « Avec la participation de notre métier aux Olympiades, nous souhaitons mettre en valeur son côté artistique, la gravure et l’ornementation. Et rappeler que la machine est incapable de repérer certains défauts, ajustables uniquement par l’artisan. »
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Mettre en valeur la dimension artistique Le discours d’Olivier Dupé est comparable à celui de Laurent Chastanet, organisateur des sélections régionales d’Aquitaine en tonnellerie. « Notre savoir-faire s’est mécanisé, mais la machine ne sait pas tout faire ! » Une barrique ou un fût a pour objet d’optimiser le vieillissement d’un vin ou d’un alcool. Il faut pour cela assurer l’étanchéité du contenant, sans utiliser de matière adhésive entre
chaque planche de bois. Également, pour permettre l’apparition de certains arômes au sein du liquide contenu, il faudra plus ou moins chauffer la barrique. « Ce métier mêle l’esthétique, la recherche d’étanchéité, mais aussi l’apport aromatique », explique Laurent Chastanet.
« Une machine a toujours besoin d’un bon artisan » L’activité des tonneliers est logiquement corrélée à celle du secteur viticole, et en ce moment il y a du travail. « Les chefs d’entreprise s’arrachent les jeunes qualifiés, qui ne sont pas légion. Il y a du boulot pour les bons. » Les Olympiades sont aussi un moyen d’améliorer la connaissance du métier auprès du grand public, comme
dans le cas de la prothèse dentaire. « Le métier est en mutation », comme l’explique Farid Bezaib, membre du jury aux sélections régionales. « On a mis en place de la haute technologie, qui constitue la vitrine de notre profession. La rentrée prochaine verra la création d’un bac pro, preuve que notre métier a besoin de jeunes qualifiés. » Le formateur regrette que certains aspects du métier soient peu connus. « La prothèse dentaire demande un sens esthétique. Et ça, une machine n’y entend rien ! Elle a besoin d’un bon artisan pour la diriger. » Les époques passent, les technologies évoluent mais l’artisan préserve son cœur de métier. « Pour fabriquer une bonne barrique, nous utilisons la même méthode de travail que les Gaulois ! », assure Laurent Chastanet.
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POUR PLUS D’INFORMATIONS :
www.worldskills-france.org
◾ La boucherie à la conquête des jeunes
« J’ai insisté pour que la boucherie soit présente aux sélections régionales des Olympiades », explique Didier Gouraud, président des bouchers de l’Aquitaine. « Même si le métier est de plus en plus attractif depuis quatre ou cinq ans, sa présence à cette épreuve améliore encore son image. » Sur place, il a pu constater que les réactions du public étaient très positives, y compris de la part de la gent féminine. Comment la boucherie a-t-elle réussi à progresser en termes de réputation auprès des jeunes ? « Nous avons revalorisé notre grille de salaires, initié certains événements comme ‘24 heures avec mon boucher’ ou ‘jedeviensboucher.com’, et travaillé sur ‘la semaine du goût’. » La profession dispose en outre d’un argument massue par les temps qui courent : 95 % des jeunes diplômés y trouvent du travail.
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O pinion Jean Arthuis, président de la commission des Finances du Sénat et auteur de l’amendement visant à limiter le régime des auto-entrepreneurs à 3 ans d’exercice, expose son point de vue sur l’actualité économique.
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Diffuser la simplicité du régime de l’auto-entrepreneur vers les régimes de droit commun
Jean Arthuis,
président de la commission des Finances au Sénat
Comment encadrer le régime des auto-entrepreneurs pour éviter des dérives et une concurrence déloyale pour les artisans ? J’ai déposé un amendement visant à instaurer une obligation de déclaration d’activité pour tous les auto-entrepreneurs (AE), quel que soit le montant du chiffre d’affaires réalisé, y compris en leur absence ; et à limiter à trois ans le bénéfice de ce régime micro-social spécifique pour les AE qui exercent leur activité à titre principal. Il ne s’agissait pas de remettre en cause son succès. Mais, à ce jour, près de 60 % des AE inscrits ne déclarent rien, empêchant ainsi tout contrôle effectif de la réalité de leur activité par les organismes de Sécurité sociale et par les services de l’inspection du travail. Cet amendement a été examiné en séance publique, mais le gouvernement y a opposé un avis défavorable. Il ne s’agit pas d’un désaccord sur le fond mais de trouver le bon « véhicule législatif ». J’entends y revenir dès que le gouvernement aura tiré les enseignements de l’évaluation à laquelle il procède.
du montant de la taxe au consommateur final. Il s’agit donc de parvenir à un système équilibré et lisible.
Pourrait-on imaginer la possibilité d’étendre à l’ensemble des régimes les simplifications du régime de l’auto-entrepreneur ? Cela doit être un objectif prioritaire : diffuser la simplicité du régime de l’autoentrepreneur vers les régimes de droit commun. Nous devons effacer les effets de seuil car ils freinent le développement des entreprises. Cela étant, je mesure les limites de l’extrême simplification, notamment en matière de TVA. Un tel dispositif n’est pas extensible tant il contrevient aux mécanismes de récupération et d’affichage
Quelles pistes sont envisagées pour financer les retraites ? La France doit assumer équitablement l’exigence de solidarité intergénérationnelle. Compte tenu des progrès de l’espérance de vie, nous devons nous préparer à travailler plus longtemps au-delà de 60 ans. L’État doit garantir un minimum
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EST-CE LA FIN DE LA RELANCE GOUVERNEMENTALE POUR LES TPE ?
Le dispositif zéro charges a été budgété à hauteur de 400 millions d’euros. Selon les chiffres communiqués par le secrétariat d’État chargé de l’Emploi, un million d’embauches en ont bénéficié avant l’extinction du dispositif au 30 juin prochain. La situation des finances publiques ne nous autorise plus à de telles dispositions dérogatoires. Pour rétablir la compétitivité, je recommande de cesser de financer les branches santé et famille de la Sécurité sociale par des cotisations qui sont des impôts de production tendant à accélérer les délocalisations. En contrepartie, je préconise d’augmenter le taux de la TVA. Les importations contribueraient ainsi au financement de notre protection sociale.
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BIO
aux personnes les plus démunies et préparer l’unification des régimes. Les inévitables hausses d’impôts, au même titre que la nécessaire réduction des dépenses publiques, ont vocation à réduire les déficits des finances publiques. Quelle est votre position sur la RGPP et plus particulièrement celle qui concerne les chambres consulaires ? La RGPP appliquée aux réseaux des CCI et des CMA vise une réduction de 15 % de la taxe pour frais de chambre en 3 ans. Il est prévu que le niveau régional de ces réseaux assurera désormais la collecte de la taxe (1,2 milliards pour les CCI et 177 millions d’euros pour les CMA) et mutualisera les fonctions de support. Des craintes s’expriment sur l’indépendance des chambres au niveau départemental. Celles-ci continueront à percevoir leurs ressources propres qui ne sont pas négligeables. En effet, la ressource fiscale de ces réseaux ne représente que 26 à 27 % en moyenne de leur budget global (4,2 milliards d’euros pour les CCI et 718 millions d’euros pour les CMA). L’effort RGPP ne représenterait au final qu’une réduction de 3 % en moyenne des ressources globales. L’objectif en tout état de cause est de réduire progressivement le niveau des prélèvements obligatoires sur les entreprises et les artisans.
Propos recueillis par Charlotte de Saintignon
1970 : Expert-comptable à Paris 1971 : Maire de Château Gontier (Mayenne) 1983 : Sénateur de la Mayenne 1995 : Ministre de l’Économie et des Finances sous le gouvernement Juppé 2002 : Président de la commission des Finances, du Contrôle budgétaire et des Comptes économiques de la nation du Sénat