2013 | Communiqué N°06

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L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans six régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute-Normandie et Basse-Normandie, Pays de la Loire et Poitou-Charentes. Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma.

COMMUNIQUÉ Association des cinémas de l'ouest pour la recherche

N°6

Mardi 27 août 2013

p.1 du côté des adhérents p.2 soutiens GNCR p.3 soutiens ACID / GNCR p.4 recommandations GNCR p.5 soutiens AFCAE actions / promotion p.6 soutiens AFCAE jeune public

Directeur de publication : Yannick Reix, président de l'ACOR • rédaction : Catherine Bailhache et Simon Fretel • contact@lacor.info • www.lacor.info Avec le soutien du CNC et des DRAC des régions Centre, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Bretagne, Haute-Normandie, Basse-Normandie

DU CÔTÉ DES ADHÉRENTS STAGE «LA CRÉATION DEMY, PARCOURS» samedi 28 et dimanche 29 septembre 2013 à La Coursive à la Rochelle animé par Alain Bergala `

cinéaste, critique, enseignant à La fémis et commissaire d’exposition Qu’est-ce qu’un grand cinéaste ? C’est quelqu’un qui trouve un équilibre unique, – qui n’existait pas avant lui – entre les grandes options de base qui sont les mêmes pour tous ceux qui font des films. La plupart des cinéastes acceptent sagement de faire un choix parmi ces options contradictoires et de renoncer à celles qu’ils n’ont pas choisies. Jacques Demy a aimé à égalité des cinémas dont les principes fondamentaux semblent difficilement compatibles. Bresson et Ophuls. Minnelli et Cocteau. Pagnol et Welles. On parle volontiers de « l’univers de Jacques Demy », et l’une de ses grandes ambitions (réussie) a été de créer un monde que l’on retrouve avec émotion et nostalgie de film en film, avec ses villes portuaires, ses appartements aux étranges couleurs, ses mères essayant de guider la vie de leurs filles pour réparer la leur, ses amoureux malheureux ou désynchrones, ses malentendus et ses quiproquos, ses personnages qui passent d’un film à l’autre, et toujours les jeux de l’amour, du hasard et du destin social. Mais cet univers ne doit pas nous masquer « le cinéma de Jacques Demy» comme geste de création d’une audace incroyable, d’une invention permanente. Un cinéma de l’entre-deux. Un entre-deux que personne avant lui n’avait exploré avec une telle audace tranquille : entre le réel et l’artifice, entre notre monde ordinaire et un monde qui n’existait que dans sa tête, entre le merveilleux et le trivial, entre le corps ordinaire et le corps chantant et dansant. On suivra le parcours de la création-Demy de son premier long-métrage, quasiment bressonien, « La Baie des Anges » à son dernier film, « Trois places pour le 26 », où il rassemble tout ce qui a constitué les grands fils rouges de son œuvre : la vie et le spectacle, la fascination de l’inceste, la vérité et les masques, la pesanteur et la grâce, les déchirements et la légèreté. On y passera par la case « Parapluies de Cherbourg », le plus parfaitement demyien de ses films, et par l’œuvre qui a le plus grandi en trente ans, « Une chambre en ville », dont on peut aujourd’hui mesurer pleinement la grandeur et la terrible noirceur. Un mystère traverse tous les films de Jacques Demy, l’enfance. On sait tout ce qui vient anecdotiquement de la sienne : les ports, les garages, le petit théâtre, etc. Mais comment, par quels chemins secrets, l’enfant que Demy a préservé en lui a-t-il résisté aux déceptions et à la lucidité de l’adulte devant la réalité de la vie ? C’est sans doute un moteur essentiel de sa création. Alain Bergala Plus d'infos, inscriptions sur le site de la Coursive ici

Samedi 28 septembre 15H00

LA BAIE DES ANGES (Fra • 1962 • 1H19 • noir et blanc) | séance de travail jusqu’à 19H00

20H30

Rencontre publique avec Alain Bergala

LES PARAPLUIES DE CHERBOURG (Fra • 1964 • 1H31 • couleur) précédé de LE SABOTIER DU VAL DE LOIRE (Fra • 1955 • 23’ • noir et blanc) Dimanche 29 septembre 9H30

UNE CHAMBRE EN VILLE (Fra • 1982 • 1H34 • couleur) | séance de travail jusqu’à 13H00

15H00

TROIS PLACES POUR LE 26 (Fra • 1988 • 1H38 • couleur) | séance de travail jusqu’à 18H


SOUTIENS GNCR VIC + FLO ONT VU UN OURS de Denis Côté

Canada • 2013 • 1H35 • avec Pierrette Robitaille, Romane Bohringer, Marc-André Grondin UFO Distribution • 4 septembre 2013 Festival de Berlin 2013 : Ours d'Argent – Prix de l'Innovation

Édition d'un document d'accompagnement GNCR Plus d'infos sur le site du distributeur ici Après une longue peine en prison, Victoria se retire dans une cabane en forêt. Sous la surveillance de Guillaume, un jeune agent de libération conditionnelle empathique, elle apprivoise sa nouvelle liberté en compagnie de Florence, avec qui elle a partagé des années d’intimité entre quatre murs. Traquées par des fantômes du passé, leurs retrouvailles seront gravement mises en péril.

[…] On s’amuserait volontiers à présenter le film, mais Côté nous en empêche. Les ruptures de ton sont si nombreuses dans Vic+Flo, justement à cause du peu de cas que l’auteur fait de son scénario, qu’en parler sans rien gâcher oblige à ne parler que des trente premières minutes. Vic et Flo s’aiment : difficile d’en dire plus. Parlons du cadre alors : une maison dans la forêt, dont les personnages n’ont pas le droit de s’éloigner. Flo-Orange, Vic-Mécanique : on peut croire assez longtemps que l’histoire fricote avec celle du film de Kubrick, dans lequel un repris de justice voit son flegme chèrement acquis mis à rude épreuve. L’un des jeux favoris du critique consiste à rapprocher les films les uns des autres, alors jouons un peu. Vic+Flo ne ressemble qu’à ce qui ne ressemble à rien : Prince Avalanche, les films de Quentin Dupieux, le théâtre de Beckett. Ses retournements de situation sont tels qu’on finit par avoir Shyamalan en tête, Le Sixième Sens, Le Village, Phénomènes ; et on se rend compte que le rythme est le même – de longs plans, très géométriquement dessinés –, que la mise en scène aussi – des personnages silencieux observent souvent le plan, de l’intérieur – sans parler de la violence, désinvolte elle aussi, pure violence de cinéphile jouant au maximum sur la surprise et s’étirant avec un plaisir de sale gosse, comptant sur la pression physique que le son et l’image exercent sur le spectateur. La grande différence avec Shyamalan, bien-sûr, c’est le recours à la musique : pas une note qui ne soit jouée à l’écran chez Côté ; pourtant, le désir de faire du conte est le même. De tenter un cinéma qui ne soit pas crédible, dans lequel il faille, du coup, venir chercher autre chose. […] les personnages de Vic+Flo sont (...) filmés, à plus d’un titre, comme les animaux de Bestiaire : d’abord parce qu’ils sont enfermés (Vic et Flo ont un casier judiciaire, ne doivent pas s’éloigner de la cabane où elles habitent et reçoivent la visite régulière d’un agent de police habillé comme un gardien de zoo), aussi parce qu’on retrouve, ici et là, les murs de tôle qui constituaient la toile de fond de Bestiaire. Pas de profondeur, pas de changement d’axe. Une simple et belle tentative d’impassible impartialité devant les aléas du scénario à rebondissements, traversés par deux figures de cette impartialité, justement : un vieillard paralysé et un représentant de la loi. [...] Camille Brunel • Accreds ici Autre critique : Lucie Pagès • festival Paris Cinéma ici

EVERYBODY IN OUR FAMILY de Radu Jude

Roumanie • 2012 • 1H48 • avec Șerban Pavlu, Sofia Nicolaescu, Mihaela Sîrbu, Gabriel Spahiu Zootrope Films • 2 octobre 2013 Festival de Berlin 2012 (Forum) | Festival de Bucarest (Meilleur réalisateur et Prix du public) | Festival du film de Sarajevo (Meilleur film) | Festival de Namur (Meilleur film et Meilleur acteur) | Festival de Belfort (Prix du public et Prix d'interprétation féminine)

Édition d'un document d'accompagnement GNCR Plus d'infos sur le site du distributeur ici Marius est un jeune père divorcé. S'il vit difficilement d’être éloigné de sa fille de cinq ans, il se fait une joie de l’emmener à la mer lorsque son tour de garde arrive. Mais lorsqu’il débarque chez son ex-femme, rien ne se passe comme prévu.

(…) Avec déjà trois courts et un long métrage (The Happiest Girl in the World, 2009) à son actif, le jeune cinéaste de 35 ans utilise le 7e art à la fois comme loupe et comme mise à distance de la vie quotidienne. Mettant en scène une famille déjà explosée plus qu’au bord de la crise de nerfs, Everybody in our Family oscille entre comédie et tragédie pour faire rire noir. Un très beau film. A 40 ans Marius a déjà une vie derrière lui. Comme un ado, des parents qui ne comprennent pas et comme un adulte une ex-femme remariée avec un expert-comptable et qui ne le laisse pas souvent voir sa fille de 5 ans, Sofia. Alors qu’il s’apprête à emmener sa petite quelques jours en vacances, comme le divorce lui en donne le droit, Marius se retrouve aux prises avec toutes les frustrations : ce n’est pas sans pétage de plomb général qu’il obtient d’emprunter la voiture de son père et quand il arrive à son ex-appartement, il tombe sur le sournois expert-comptable et sur sa petite chérie mais son ex-femme n’est pas là et le nouveau mari fait barrage à ce que Marius parte sur la route des vacances avant le retour de cette dernière. Derrière le vernis de la civilité, la violence monte, qui ne peut que porter préjudice au père face à la maman de Sofia. Le film parvient à créer une véritable atmosphère, en mêlant les cris et la fureur des comédies italiennes de la grande époque à une grisaille post-soviétique qui épouserait la gueule de bois du divorce. Mais derrière ses personnage beaux comme des mannequins et son premier abord banal et quotidien, Everybody in our family est un film grinçant qui fait l’autopsie d’une relation amoureuse passée aussi bien que le constat d’un manque de maturité générale des derniers adultes grandis à l’heure soviétique. [...] Un beau film, à la fois simple et profond. Yaël • http://toutelaculture.com ici Autre critique : Vladan Petkovic • cineuropa.org ici


SOUTIENS ACID / GNCR LA BATAILLE DE SOLFÉRINO de Justine Triet France • 2013 • 1H34 • avec Laetitia Dosch, Vincent Macaigne, Arthur Harari, Virgil Vernier Shellac • 18 septembre 2013 Programmation ACID • Cannes 2013 | Festival Paris Cinéma 2013 : Prix du Public

Edition d'un document ACID /CCAS Plus d'infos sur le site du distributeur ici | sur le site de l'ACID ici 6 mai 2012, Solférino. Laetitia, journaliste télé, couvre les présidentielles. Mais débarque Vincent, l’ex, pour voir leurs filles. Gamines déchaînées, baby-sitter submergé, amant vaguement incrust’, avocat misanthrope, France coupée en deux : c’est dimanche, tout s’emmêle, rien ne va plus !

[…] La Bataille de Solférino prend pied dans le remue-ménage du quotidien : les enfants qui pleurent et les parents qui font les cent pas en tentant de les bercer, sans que l’on sache qui, des uns ou des autres, suscite un tel cirque d’angoisse. Cette spirale sans foyer, véritable vertige pour qui n’en saisit pas la boucle, Justine Triet en fait l’enjeu de son film en s’attachant à lui donner toute son ampleur. La scène d’ouverture, intense et entraînante, orchestre ainsi une sorte de valse qui met les personnages à l’épreuve de la fébrilité rampante de la mise au point permanente qu’est le quotidien. […] chacun se voit, à tour de rôle, frappé d’inertie sous la puissance d’engrenage des contretemps et autres tentatives d’ajustements dans l’espace du foyer. Triet impressionne par sa manière de faire du prosaïque une pure question de rythme : éclats, revirements, désamorçages, à tout moment les forces en présence peuvent inverser, accélérer ou décélérer la situation tel un carrousel détraqué. Le rythme induit le mouvement. Filmer l’élection présidentielle de 2012, c’est moins en rapporter des images qu’en saisir la vague physique, quasi chimique, d’une société à un moment donné. En ce sens, la progressive substitution de l’événement politique par le drame intime produit une ambivalence inédite et riche. Dans l’ineptie de la parole politique des discours repris ad nauseam et, surtout, des électeurs de tous bords interviewés en micros-trottoirs souvent hilarants, le film se fait l’expression privilégiée d’une crise battant son plein. On aurait tort de prendre ce constat déceptif pour une prise de parti dépolitisée, voire apolitique qui botterait en touche. Bel et bien centré sur le politique, le film en formule la vacuité et mesure l’impuissance des gestes censés le porter. L’image cristallisante du film, celle de la foule massée rue de Solférino, est en réalité celle de citoyens qui s’enthousiasment à la seule vue de leur étendue sur les écrans géants de télévision, pure expression tautologique. Faire groupe, faire corps fut peut-être la véritable victoire, éphémère et à demi signifiante, de ce 6 mai 2012. Le film prend un tour totalement singulier par la manière dont il capte un événement public sur le vif, de manière documentaire, pour faire le récit d’un conflit conjugal. Les images de Paris traversé à moto, outre le fait qu’elles rendent à la ville si aisément figée en carte postale sa dynamique et son foisonnement, se chargent d’une dimension subjective, intime, chacun portant le souvenir de ce que fut ce dimanche d’élection. Dans ce grand vortex de l’événement public, la dérive des individus devient bouleversante : c’est l’image de Vincent (Vincent Macaigne) en père déboussolé dans la foule gigantesque que l’on perd puis retrouve, dans une belle confrontation du micro au macro. Cette séquence où la fiction déborde le réel et le transforme, œil du cyclone, produit une émotion d’une rare finesse qui ouvre sur la nécessité d’une reformulation du quotidien. […] Sophia Collet • critikat ici Autres critiques : Didier Péron • Libération ici | Isabelle Regnier • Le Monde ici | Philippe Azoury • Le Nouvel Obs ici | Christophe Beney • Accreds ici | Pauline Le Gall • evene.fr ici | Clémence Bisch • http://profondeurdechamps.org ici

ROOM 514 de Sharon Bar-Ziv

Israël • 2012 • 1H31 • avec Asia Naifeld, Guy Kapul, Ohad Hall, Udi Persi, Rafi Kalmar Sophie Dulac • 9 octobre 2013 Programmation ACID • Cannes 2012 | Festival de Rotterdam 2012 | Festival Tribeca 2012

Edition d'un document ACID / CCAS Plus d'infos sur le site du distributeur ici | sur le site de l'ACID ici Anna est enquêtrice dans l’armée israélienne. Quand elle confronte un officier d’élite à des accusations de violence gratuite à l’encontre d’un Palestinien, sa propre intégrité et sa détermination sont mises à l’épreuve.

Huis clos entre quelques personnages de l’armée israélienne, Room 514 installe un climat complexe et met en scène l’érosion des certitudes de sa protagoniste. La caméra est braquée sur elle et le film entièrement focalisé sur son point de vue. Il se construit habilement autour d’une enquête de la police militaire, en même temps qu’est déconstruite l’assurance de la jeune enquêtrice. Il reste quelques semaines à Anna avant qu’elle ne quitte l’armée israélienne. C’est par conviction et principe que la jeune femme décide de mener à bien une enquête, qui implique plusieurs soldats accusés de violence sur un Palestinien dans les territoires occupés. Dans la room 514, elle interroge et accuse un commandant que, déterminée et sûre de son pouvoir, elle pousse dans ses retranchements confrontation après confrontation. Toute l’habileté du dispositif mis en œuvre par Sharon Bar-Ziv tient à l’absolu confinement qu’il met en scène : un confinement moins spatial (même si l’unité de lieu est quasiment adoptée) que factuel, puisque la caméra et le film collent à la protagoniste Anna et à son point de vue, dont ils ne se séparent jamais. Tout ce que le spectateur voit, il le découvre avec le personnage qui mène l’enquête et interroge. Les faits dont il est question, ceux sur lesquels elle enquête comme ceux qu’elle provoque malgré elle, sont laissés dans le hors-champ du film et planent sur la fiction comme une inquiétude de plomb. En ce sens, Room 514 réussit à échapper à la pesanteur du dispositif qu’il met en place : parce que ce hors-champ de l’intrigue, essentiel à son développement, n’est jamais donné pour acquis et se déploie peu à peu, à mesure que la fiction avance et que les interrogatoires d’Anna sont menés. C’est la parole seule qui est investie de ce pouvoir de faire basculer l’action. […] Marianne Fernandez • Critikat ici


RECOMMANDATIONS GNCR LA TOUR DE GUET de Pelin Esmer

Turquie / All / Fra • 2012 • 1H36 • avec Olgun Şimşek, Nilay Erdönmez, Menderes Samancılar Arizona Films • 11 septembre 2013 Festival de Toronto, Rotterdam et Göteborg 2012 Festival du Film d'Environnement de Paris :Prix de la fiction / Prix du public

Plus d'infos sur le site du distributeur ici Hanté par un accident tragique, Nihat accepte un emploi de gardien dans une tour de guet d'où il peut observer l'immensité de la forêt. Seher est hôtesse dans une gare routière rurale de la même région. Une série d'événements réunit ces deux êtres isolés, au passé trouble. Contraints à s’entendre, ils forment un couple qui, malgré son déséquilibre, réveille en eux la compassion et apaisera peut-être leur chagrin.

« Pelin Esmer en grande forme met en scène des personnages solitaires et traumatisés, qui combattent leurs démons au milieu d’une nature montagneuse foisonnante et embrumée, aux grands arbres verdoyants. Leurs passés sont l’occasion de cette rencontre soigneusement élaborée entre deux âmes aussi malchanceuses l’une que l’autre. Esmer s’intéresse plus à l’observation de ses personnages et à une mise en scène poignante qu’à des actions superflues. » Howard Feinstein, Screendaily, 11 septembre 2012

La Tour de guet est un film d’une incroyable pudeur, dessinant par petites touches délicates, sensibles silencieuses, le magnifique portrait de deux êtres portant chacun une terrible blessure qu'ils tentent d'éviter ou d'oublier malgré la douleur lancinante des jours qui passent. Dans des paysages d'une beauté à couper le souffle, possible hâvre d’apaisement pour ces deux anti-héros, Pelin Esmer nous offre une chronique d’un quotidien meurtri qui nous interroge sur la possibilité de se reconstruire. Programme du cinéma le Luxy à Ivry ici

YEMA de Djamila Sahraoui

Algérie • 2012 • 1H31 • avec Djamila Sahraoui, Samir Yahia, Ali Zarif Aramis Films • 28 août 2013

Plus d'infos sur le site du distributeur ici | Entretien avec la réalisatrice réalisé par Marion Pasquier (Critikat) ici Une petite maison abandonnée, isolée dans la campagne algérienne. Ouardia y revient, après des années d'absence, pour enterrer son fils Tarik, militaire. Ouardia soupçonne son autre fils, Ali, dirigeant d’un maquis islamiste, de l'avoir tué. Dans cet univers figé par la sécheresse, la vie va peu à peu reprendre ses droits.

Les enjeux de l'entre deux Il est des peuples, les Kanaks par exemple, qui disent que l'identité est dans la terre que l'on cultive. Dans Yema (mot par lequel on appelle la mère), c'est toute la nature qui détermine le présent et l'avenir. Cette femme, Ouardia (admirablement interprétée par la réalisatrice elle-même), perd son fils préféré, Tarek, et l'enterre avec amour. Il était officier, dans la vallée. Son autre fils, Ali, se bat dans les maquis, dans la montagne. Ouardia est dans l'entre deux, à flanc de colline, cloîtrée et surveillée par un manchot délégué par Ali, pour la " protéger ". Elle est l'interface de ces deux mondes. Nous ne quitterons jamais cette maison et les champs qui l'entourent. C'est là que se joue le drame de l'Algérie, dans l'entre deux, une femme face à la folie des hommes. Ouardia ne déteste pas Ali mais l'idéologie mortifère qui s'est emparée de lui, jusqu'à lui ravir celui qu'elle chérissait. A celui qui sème la haine et la mort, elle oppose les graines qu'elle sème obstinément dans son jardin, cette vie que son geôlier refuse au départ de lui accorder, jusqu'à ce qu'il devienne figure de fils à son tour en épousant cette logique de vie. En un plan magnifique digne d'un Chahine, leurs mains malaxent la terre enfin irriguée. Ouardia ne pardonne pas, même pour l'Aïd, elle choisit simplement de ne pas baisser les bras. Il faut du temps pour qu'une logique de vie s'instaure, au rythme des saisons, des gestes simples du travail de la terre. Le film se met dès lors au diapason de la nature, en caresse la beauté, en suit le rythme. Point besoin de musique : juste écouter le vent, lequel se fâche parfois quand la haine revient. Au rituel du 40e jour de deuil répondent ceux inchangés de la nature et du travail de la terre. C'est cet acharnement à raviver la vie qui fait que lorsque le petit-fils arrive, la grand-mère saura s'en occuper. Seule cette conscience des femmes peut briser le cercle vicieux d'une violence toujours renouvelée. De l'histoire classique d'une mère et de ses fils aux parcours opposés, Djamila Sahraoui tire un film formidablement sensible et épuré dont les images s'enfoncent en nous pour ne plus nous lâcher. Son refus de tout effet n'empêche pas le film d'être tendu de bout en bout. Elle ne distille les détails qu'au compte-goutte, si bien que le spectateur doit lui-même en composer les tenants et choisir l'ampleur de la métaphore. Entre la lumineuse splendeur de la nature et les clairs obscurs des intérieurs de la ferme se joue la résistance d'un pays qui doit retrouver dans son actuel entre deux la féminité et les logiques de vie qui lui assureront un avenir. Olivier Barlet • Africultures ici Autres critiques : Jean-Marie Mollo Olinga • Africiné ici | Teddy • le blog du cinéma ici


SOUTIENS AFCAE ACTION / PROMOTION ELLE S'EN VA d'Emmanuelle Bercot

France • 2013 • 1H53 • avec Catherine deneuve, Nemo Schiffman, Gérard Garouste, Camille, Calude Gensac, Hafia Herszi Wild Bunch • 18 septembre 2013

Plus d'infos sur le site du distributeur ici | facebook ici Interview vidéo de la réalisatrice sur Arte.tv ici Bettie, la soixantaine, se voit soudain abandonnée par son amant et en péril financier avec le restaurant familial. Que faire de sa vie ? Elle prend sa voiture, croyant faire le tour du pâté de maisons. Ce sera une échappée. Au fil de la route : des rencontres de hasard, un gala d’ex-miss France, le lien renoué avec sa fille, la découverte de son petit-fils, et peut-être l’amour au bout du voyage… Un horizon s’ouvre à elle.

[…] L’idée du road movie avec Catherine Deneuve m’a tout d’abord fait penser au magistral Je veux voir de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige dans lequel le dernier regard de Catherine Deneuve à la fois décontenancé et ébloui puis passionné, troublé, troublant est un des plus beaux plans qu’il me soit arrivé de voir au cinéma contenant une multitude de possibles et toute la richesse de jeu de l’actrice. Elle s’en va est un road movie centré certes aussi sur Catherine Deneuve mais très différent et né du désir « viscéral » de la filmer [...] Si l’admiration de la réalisatrice pour l’actrice transpire dans chaque plan, en revanche Elle s’en va n’est pas un film nostalgique sur le « mythe » Deneuve mais au contraire ancré dans son âge, le présent, sa féminité, la réalité. Emmanuelle Bercot n’a pas signé un hommage empesé mais au contraire un hymne à l’actrice et à la vie. Avec son jogging rouge dans Potiche, elle avait prouvé (à ceux qui en doutaient encore) qu’elle pouvait tout oser, et surtout jouer avec son image d’icône. Elle s’en va comme aurait pu le faire craindre son titre (le titre anglais est « On my way ») ne signifie ainsi ni une révérence de l’actrice au cinéma (au contraire, ce film montre qu’elle a encore plein de choses à jouer et qu’elle peut encore nous surprendre) ni un film révérencieux, mais au contraire le film d’une femme libre sur une autre femme libre. Porter une perruque improbable, se montrer dure puis attendrissante et s’entendre dire qu’« elle a dû être belle quand elle était jeune » (...) mais plus tard qu’elle sera « toujours belle même dans la tombe. » : elle semble prendre un malin plaisir à jouer avec son image. Elle incarne ici un personnage qui est une fille avant d’être une mère et une grand-mère, et surtout une femme libre, une éternelle amoureuse. Au cours de son périple, elle va notamment rencontrer un vieil agriculteur (scène absolument irrésistible tout comme sa rencontre d’une nuit, belle découverte que Paul Hamy qui incarne l’heureux élu). Sa confrontation avec cette galerie de personnages incarnés par des non professionnels pourrait à chaque fois donner lieu à un court-métrage tant ce sont de savoureux moments de cinéma, mais une histoire et un portrait se construisent bel et bien au fil de la route. Le film va ensuite prendre une autre tournure lorsque son petitfils l’accompagnera dans son périple. En découvrant la vie des autres, et en croyant fuir la sienne, elle va au contraire lui trouver un nouveau chemin, un nouveau sens, être libérée du poids du passé. Si le film est essentiellement interprété par des non professionnels (qui apportent là aussi un naturel et un décalage judicieux), nous croisons aussi Mylène Demongeot (trop rare), le peintre Gérard Garouste et la chanteuse Camille (d’ailleurs l’interprète d’une chanson qui s’intitule « Elle s’en va » mais qui n’est pas présente dans le film) dans le rôle de la fille cyclothymique de Bettie et enfin Nemo Schiffman, irréprochable dans le rôle du petit-fils. Ajoutez à cela une remarquable BO et vous obtiendrez un des meilleurs films de l’année 2013.[...] Sandra Mézière • Inthemoodforcinema.com • ici Autres critiques : Bénédicte Prot • Cineuropa ici | AFP.com • Johannes Eisele ici

GABRIELLE de Louise Archambault

Canada • 2013 • 1H44 • avec Gabrielle Marion-Rivard, Mélissa Désormeaux-Poulin, Alexandre Lamy, Benoit Gouin, Isabelle Vincent Haut et Court • 16 octobre 2013 | Festival de Locarno 2013 : Prix du Public

Plus d'infos sur le site du distributeur ici Gabrielle et Martin tombent fous amoureux l'un de l'autre. Mais leur entourage ne leur permet pas de vivre cet amour comme ils l'entendent car Gabrielle et Martin ne sont pas tout à fait comme les autres. Déterminés, ils devront affronter les préjugés pour espérer vivre une histoire d'amour qui n’a rien d’ordinaire.

À l’origine, il y avait le désir de parler du bonheur, de celui des gens que l’on considère en marge de la société, des «invisibles» en quelque sorte, et de la force que peut leur procurer les arts comme la musique, et particulièrement le chant choral. Puis, il y avait aussi cette envie de montrer une histoire d’amour entre deux jeunes adultes handicapés intellectuellement : comment ils vivent leur amour et leur sexualité, comment cet éveil amoureux provoque soudainement chez eux un besoin d’indépendance et une quête d’autonomie. Le point de départ c’est l’émission Une famille particulière, diffusé à Radio-Canada en 2004. J’ai eu un véritable coup de cœur pour l’intervenant Jean-Martin Lefebvre-Rivest qui a inspiré le personnage de Laurent interprété par le comédien Benoit Gouin. J’ai rencontré Jean-Martin et lui ai parlé de mon projet de film. On s’est vus régulièrement : j’ai passé du temps dans sa résidence afin de côtoyer son quotidien et celui des déficients. (...) Bref, j’ai eu cette envie de partager la réalité singulière de Jean-Martin et de ses résidents. Propos de la réalisatrice – extrait du dossier de presse


SOUTIENS AFCAE JEUNE PUBLIC KOKO LE CLOWN de Max et Dave Fleischer USA • 1919-1924 • 54' • A partir de 6 ans Gebeka Films • 2 octobre 2013 Sur les musiques du Collectif de musiciens ARFI : Jean Bolcato, Guy Villerd, Thierry Cousin et Don Cherry, Anthony Braxton, Sun Ra, Eden Ahbez.

Documents d'accompagnement à commander auprès du distributeur au 04 72 71 62 27 | info@ gebekafilms.com | Plus d'infos sur le site du distributeur ici Les Frères Fleischer sont les créateurs de Popeye, Betty Boop, Superman, et surtout de Koko le Clown, popularisé au début des années 20 L'animation leur permet de verser dans une sorte d'anarchie burlesque où le magique côtoie le rêve et où l'absurde est copain avec le slapstick (comédie issue de la Commedia dell'arte). Revoir les films de Koko aujourd'hui, c'est constater l'extraordinaire liberté avec laquelle les deux frères abordaient l'art de l'animation et du cartoon. Cette série qui combine images de prises de vues réelles et animation créée par Max Fleischer fut l’une des plus populaires des années 20.

LA MOUCHE QUI AGACE

BULLES (1922 • 5')

(1919 • 5')

Une mouche virevolte dans le studio où Max dessine Koko : elle s'infiltre même dans la feuille de papier pour agacer Koko. Comment vont-ils s'en débarrasser.

Koko aimerait faire des bulles, on lui donne alors une pipe spéciale, comme cela il peut faire ses propres bulles...

CASSE-TÊTE (1923 • 8')

IL EST TEMPS DE SE COUCHER (1923 • 7')

Max a des soucis pour résoudre un puzzle, mais il en a encore plus avec le clown !!

Pendant que Max laisse Koko au sommet d'une montagne (dessinée sur le chevalet) afin de pouvoir faire une sieste, le clown va se venger en grossissant jusqu'à ressembler à un monstre ! Il se met alors à terroriser New York, Max n'aurait-il pas rêvé pendant la sieste ?

VOYAGE SUR MARS (1924 • 6') Koko va sur mars et fait d'étranges rencontres. Après quelques aventures martiennes, il trouvera plus sûr de se réfugier dans son encrier !

MODÈLES (1921 • 7') Dotés de nouveaux patins à glaces, Koko apprend à patiner sur sa feuille... Dans le studio, Max s'échine à faire le portrait en argile d'un homme très laid. Il aura bien besoin de l'aire de Koko !!

LE PETIT FRÈRE DU CLOWN (1920 • 6') Le petit frère de Koko vient semer la pagaille dans le studio des frères Fleischer...

QUI VOILÀ de Jessica Laurén Suède • 2011 • 32' • A partir de 2 ans D'après les albums de Stina Wirsén, avec la voix d'Hippolyte Girardot Folimage • 2 octobre 2013

Edition d'un document ma P'tite cinémathèque | Plus d'infos sur le site du distributeur ici Au sein d’un univers aux couleurs pastels, Nounourse et ses amis jouent, se bagarrent et se réconcilient. Sur des sujets réalistes teintés d'humour, voici 8 histoires pour aborder le quotidien des tout petits : dormir pour la première fois chez un copain, être malade, être le meilleur, faire le ménage, avoir un petit frère...

POUPI de Zdenek Miler République Tchèque • 1960 • 36' • programme de courts métrages d'animation • A partir de 2 ans Cinéma Public Films • 23 octobre 2013

Documents d'accompagnement à commander auprès du distributeur au 01 41 27 01 44 | emilie.cpf@orange.fr | Plus d'infos sur le site du distributeur ici

LA DANSE DES GRENOUILLES (12 ') Les poussins de la ferme naissent enfin ! La poule les couve avec amour... Poupi, touché par la naissance des ces nouveaux habitants, s’imagine, à son tour, devenir papa.

LE GOÛT DU MIEL

(12')

Poupi se promène dans le jardin et fait une drôle de rencontre : une abeille ! Il décide de la suivre et découvre alors une ruche. Mais que se passe-t-il à l’intérieur de cette drôle de maison ?

UNE JOURNÉE ENSOLEILLÉE (11') Le soleil brille fort aujourd’hui ! Poupi aimerait boire de l’eau pour se rafraîchir, mais sa gamelle est vide ! Il va alors questionner les animaux de la ferme pour savoir où il peut se désaltérer, mais personne ne réussit à l’aider ! Il lève alors la tête, et aperçoit le soleil.

MA MAMAN EST EN AMÉRIQUE, ELLE A RENCONTRÉ BUFFALO BILL de Marc Boréal et Thibaut Chatel France • 2013 • 1H15 • A partir de 6 ans avec les voix de Marc Lavoine, Julie Depardieu • D'après la bande dessinée de Jean Regnaud et Emilie Bravo Festival D'Annecy 2013 : mention spécial du jury | Gebeka films • 23 octobre 2013

Edition d'un document Ma P'tite Cinémathèque | Plus d'infos sur le site du distributeur ici Une petite ville de province. Les années 70. Jean a six ans, il sa rentrée à la grande école. Quand la maîtresse demande à chaque enfant la profession de son père et de sa mère, Jean réalise qu’il n’est pas comme les autres, s’inquiète et invente une réponse : « ma maman est secrétaire ». En fait, elle est tout le temps en voyage sa maman, alors elle envoie des cartes postales à Michèle. Cette petite voisine, qui sait déjà lire, les lit à Jean et celui-ci se prend à rêver. A moins que la réalité ne soit toute autre. Et ça, entre septembre et Noël de cette année-là, Jean commence tout juste à le comprendre… Crédits non contractuel | (c) photos : D.R


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