L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans six régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute-Normandie et Basse-Normandie, Pays de la Loire et Poitou-Charentes. Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma.
C O M M U N I Q U É A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ' o u e s t p o u r l a r e c h e r c he
N°07 Vendredi 19 septembre 2014 p.1 > Du côté des adhérents de l'ACOR p.2 > Du côté des adhérents de l'ACOR | Soutien GNCR p.3 > Soutien GNCR | Soutien ACID/GNCR p.4 et 5 > Soutiens AFCAE actions - promotion p.6 > Soutiens AFCAE Patrimoine - Répertoire p.7 > Info distributeur | info les Enfants de cinéma
Directeur de publication : Yannick Reix, président de l'ACOR • rédaction : Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat • contact@lacor.info • www.lacor.info Avec le soutien du CNC et des DRAC des régions Centre, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Bretagne, Haute-Normandie, Basse-Normandie
DU COTÉ DES ADHÉRENTS Atmosphères 53 présente Le Festival du film judiciaire de Laval Jeudi 9 et vendredi 10 octobre 2014 au Cinéville de Laval Plus d'infos ici 4 séances-rencontres en présence du juge Jean-Michel Lambert, du réalisateur Marco Simon Puccioni et des critiques Ariel Schweitzer et Nicolas Thévenin. Cette 6ème édition met en scène des « héros », des hommes et des femmes qui combattent, luttent et résistent : un juge d'instruction courageux qui entend mener son enquête jusqu'au bout malgré les risques dans Le Juge Fayard dit «Le Shériff» de Yves Boisset, une directrice de prison qui doit s'imposer mais aussi résister à la mafia dans Comme le vent de Marco Simon Puccioni, deux accusés qui proclament leur innocence dans Sacco et Vanzetti de Giuliano Montaldo, et une femme qui se bat contre les archaïsmes de la société israélienne pour obtenir le divorce dans Le Procès de Viviane Amsalem de Ronit et Shlomi Elkabetz.
Jeudi 9 octobre à 13H45 LE JUGE FAYARD DIT « LE SHÉRIFF » de Yves Boisset
Vendredi 10 octobre à 13H45 SACCO ET VANZETTI de Giuliano Montaldo
France • 1977 • 1H52 • avec Patrick Dewaere, Aurore Clément, Philippe Léotard, Michel Auclair.
Italie/France • 1971 • 2H00 • avec Gian Maria Volontè, Riccardo Cucciolla, Cyril Cusack...
Un jeune juge d'instruction aux méthodes peu orthodoxes est chargé d'élucider une affaire de hold-up. Il est convaincu que l'un des suspects, ancien commissaire, bénéficie de protections au plus haut niveau. Mais celui-ci est assassiné avant que le juge ne soit parvenu à réunir des preuves à son encontre. Peu soutenu par sa hiérarchie, le magistrat est décidé à mener à bien son enquête. Inspiré par l'assassinat en 1975 du juge François Renaud.
Massachusetts,1920. Deux employés d’une manufacture de chaussures perdent la vie suite à un braquage qui tourne mal. La police met rapidement la main sur deux suspects : Nicola Sacco, cordonnier, et Bartolomeo Vanzetti, marchand de poissons, tous deux Italiens anarchistes. Le procès a lieu quelques mois plus tard et la sentence tombe : les deux hommes sont condamnés à mort. Ils font néanmoins appel, espérant que le manque de preuves et les approximations des témoins feront basculer la prochaine sentence en leur faveur…
Invités : Nicolas Thévenin, rédacteur en chef de la revue Répliques et Jean-Michel Lambert, ancien Juge d’instruction, Juge d’Instance et Juge des libertés et de la détention
Jeudi 9 octobre à 20H00 COMME LE VENT de Marco Simon Puccioni
Invités : Nicolas Thévenin, rédacteur en chef de la revue Répliques et Jean-Michel Lambert, ancien Juge d’instruction, Juge d’Instance et Juge des libertés et de la détention
Italie • 2013 • 1H52 • avec Valeria Golino, Filippo Timi, Francesco Scianna.
Vendredi 10 octobre à 20H00 LE PROCÈS DE VIVIANE AMSALEM de R. et S. Elkabetz
Armida Miserere est l’une des premières femmes directrices de prison d’Italie. Régulièrement menacée de mort, elle n’a pas froid aux yeux et impose son autorité tout en s’appliquant à faire respecter les droits des détenus. À la fois forte et fragile, pugnace et sensible, elle rêve aussi d’une vie familiale sans histoire. Sa vie bascule le jour où son mari se fait brutalement assassiner par la mafia. Inspiré de la vie d'Armida Miserere qui, entre 1990 et 2003, a aboli les privilèges octroyés aux organisations mafieuses dans le milieu carcéral italien.
Viviane Amsalem demande le divorce depuis trois ans, et son mari, Elisha, le lui refuse. Or en Israël, seuls les Rabbins peuvent prononcer un mariage et sa dissolution, qui n'est ellemême possible qu’avec le plein consentement du mari. Sa froide obstination, la détermination de Viviane de lutter pour sa liberté, et le rôle ambigu des juges dessinent les contours d’une procédure où le tragique le dispute à l'absurde, où l'on juge de tout, sauf de la requête initiale.
Invités : Marco Simon Puccioni, réalisateur et Jean-Michel Lambert, ancien Juge d’instruction, Juge d’Instance et Juge des libertés et de la détention
Israël • 2014• 1h55 • avec Ronit Elkabetz, Simon Abkarian, Menashe Noy.
Invités : Ariel Schweitzer, critique aux Cahiers du cinéma et spécialiste du cinéma israélien et Jean-Michel Lambert, ancien Juge d’instruction, Juge d’Instance et Juge des libertés et de la détention
Au Vox à Mayenne : cycle « Art et foi » proposé par Atmosphères Cinéma
et le Service de Formation Permanente du Diocèse de Laval Ce cycle, initié il y a 3 ans, sera l'occasion de (re)découvrir quatre grands classiques du 7ème art où se mêlent questions existentielles et interrogations sur le destin de l’humanité. Ces films seront commentés et analysés par Patrick Céres, auteur d’une thèse de doctorat sur « l’émotion du cinéma » (sous la direction d’Alain Bergala). Chaque séance sera suivie d’un échange avec les spectateurs. Mardi 23 Septembre 2014 à 20H00 SUR LES QUAIS de Elia Kazan (USA • 1954 • 1H46) Dans le port de New York, le syndicat des dockers est contrôlénpar un gang mafieux. Terry Malloy, un ancien boxeur, luimême docker, va participer au meurtre d’un employé qui voulait dénoncer leurs activités illégales. Lorsque Edie Doyle, la soeur de la victime, lui demande de l’aide, Terry va se retrouver confronté à sa conscience...
Mardi 14 Octobre 2014 à 20H00 IL BIDONE de Federico Fellini (Italie • 1955 • 1h52) Trois escrocs ont une combine favorite : se déguiser en hommes d’église pour abuser leurs victimes. Le plus âgé est rattrapé par son passé familial tandis qu’il commence à se lasser de son mode de vie. L’heure de la dernière escroquerie approche.
Mardi 5 Novembre 2014 à 20H00 AU HASARD BALTHAZAR de Robert Bresson (France •1966 • 1h36) Les tribulations de l’âne Balthazar dans les Landes des années 1960, offrent le prétexte à la peinture des travers humains. Probablement le chef d’oeuvre ultime dans la riche filmographie de Robert Bresson.
Mardi 25 Novembre 2014 à 20H00 LE SEPTIEME SCEAU d’Ingmar Bergman (Suède • 1957 • 1h36) XIIIe siècle, Suède. La grande peste ravage le pays. De retour de croisades, un chevalier et son écuyer rencontrent la Mort sur une plage déserte. Le chevalier lui propose une partie d’échecs, espérant retarder l’échéance, le temps de trouver une solution à ses problèmes métaphysiques : Dieu existe-t-il ? La vie a-t-elle un sens ?
Rappel des précédents films proposés dans le cadre de ce cycle : « Filmer l'invisible » > ICIBAS de Jean-Pierre Denis | PONETTE de Jacques Doillon | LOURDES de Jessica Hausner | LA VIERGE, LES COPTES ET MOI de Namir Abdel Messeeh | « la Conversion en images » > STROMBOLI de Roberto Rossellini | LA MESSE EST FINIE de Nanni Moretti | QUI A ENVIE D'ÊTRE AIMÉ ? d'Anne Giafferi | CAMILLE CLAUDEL 1915 de Bruno Dumont
SOUTIENS GNCR QUE TA JOIE DEMEURE de Denis Côté Canada • 2014 • 1H10 • documentaire Cinéma du Réel 2014 | Festival de Berlin 2014 | IndieLisboa 2014 | Festival international du Film de La Rochelle 2014 | Norte Distribution • 29 octobre 2014
Edition d'un document d'accompagnement GNCR | Entretien avec le réalisateur (Cinéma du réel) ici | Norte Distribution : Simon Lehingue | 06 83 89 47 81 | simon@norte.fr Exploration libre des énergies et des rituels observés sur divers lieux de travail. D’un ouvrier à l’autre, d’une machine à la suivante ; de ces mains, ces visages, ces pauses, ces efforts, que peut-on établir comme dialogue absurde et abstrait entre l’homme et son besoin de travailler ?
« Ce film-essai aussi envoûtant qu’énigmatique aborde « le » sujet privilégié du cinéma documentaire : le travail manuel, la satisfaction ou l’aliénation des gestes répétés et de l’interaction avec la machine. Pourtant, rien de moins transitif que le cinéma de Denis Côté. Des plans majestueux, splendidement cadrés et éclairés, alternent ensemble et détail dans la première partie, avant l’introduction d’acteurs dans un deuxième temps. Que ta joie demeure construit un rythme qui défie celui des cadences ouvrières, et met en scène des paroles qui, dans leur théâtralité explicite, rompent l’habituel silence associé au labeur industriel. Déroutant nos sens et notre recherche de sens, le film se laisse aussi traverser furtivement par différents genres fictionnels : son proche de la science-fiction au générique, pans de romanesque dans l’esquisse de personnages, propos dignes d’un griot délivrés à la pause, ombre portée de Métropolis, frisson d’horreur devant la prière d’un ouvrier à sa machine pour conjurer perte d’un doigt, d’une main… En ces plans véritablement habités, la teneur sacrée du choral de Bach rejoint l’écriture à la fois imagée et abstraite du Giono de Que ma joie demeure pour tisser une forme si rare aujourd’hui qu’elle en devient incongrue : une allégorie. » Charlotte Garson • Cinéma du réel
VERS MADRID de Sylvain George France • 2014 • 1H46 • documentaire
Noir Production / Distribution • 5 novembre 2014
Edition d'un document d'accompagnement GNCR | Infos sur Noir production ici | Contact programmation : Juliette Béchu | Tél : 06 40 26 27 97 | noirproduction.distribution@gmail.com > Sylvain George peut accompagner le film pour des débats en salle. Le 15 mai 2011, des centaines de milliers de manifestants se rassemblent sur la Puerta del Sol, à Madrid, donnant naissance au mouvement 15-M, le premier d’une telle ampleur en Occident au 21e siècle. Le cinéaste Sylvain George, seul avec sa caméra, a capturé l’histoire en cours tout au long de 2011 et 2012 : des images de lutte des classes, d’espoir et de répression. Mêlant la tradition du newsreel et le cinéma d’avantgarde, Vers Madrid (The Burning Bright)! témoigne de l’ébullition d’un peuple qui retrouve la parole, des tentatives passionnées et patientes d’inventer de nouvelles manières de vivre ensemble, et de l’extraordinaire beauté des rassemblements solidaires.
Ce film est un newsreel. Un newsreel qui présente des vues, des scènes, des moments de la lutte des classes et de la révolution à Madrid en 2011 et 2012. Un "newsreel expérimental", qui essaie d’attester des expérimentations politiques et des formes de vie nouvelles mises en œuvre par des peuples et des générations d’individus trop longtemps maintenus dans le silence. Le 15 M est le premier "mouvement" d’envergure du XXIe siècle que connaissent les sociétés occidentales. Un mouvement profond, transhistorique et transfrontière, qui vient de loin, qui réactive et travaille des concepts et notions trop longtemps oubliés : demos, logos, révolution… Place Puerta de Sol, passé et futur se rencontrent dans le présent où ils se réinventent constamment. Vers Madrid, Place Puerta del Sol, les pays d'Europe et du monde se sont tournés comme les fleurs vers le soleil. Sylvain Georges […] Le film propose deux angles : d'une part un regard interne qui sert de témoin et colle aux événements en essayant d'enregistrer toutes les nuances de ce mouvement caractérisé par son hétérogénéité, sa fraîcheur, son imagination, sa spontanéité et sa complexité, de ce soulèvement qui constitue un des premiers mouvements de protestation du XXIème siècle en Europe ; d'autre part, un regard détaché, étranger, qui utilise des références liées à la mémoire espagnole comme García Lorca, des éléments que certains spectateurs jugent actuels et d'autres plus indépendants des faits qui restent à l'ordre du jour. Sylvain George est resté fidèle à ses repères esthétiques et discursifs pour façonner cette chronique informative, poétique et politique de l'urgent et de l'immédiat. […] Juan Arteaga • Cineuropa ici
PROCHAINS SOUTIENS GNCR : OF MEN AND WAR (Des hommes et de la guerre) de Laurent Bécue-Renard (Alice films / Why not • 22 octobre 2014 | soutien ACID) | LES RÈGLES DU JEU de Cl. Bories et P. Chagnard (Happiness Distribution • 7 janvier 2015 | Soutien ACID) | SPARTACUS ET CASSANDRA de I.s Nuguet (Nour Films • 11 février 2015 | soutien ACID) | À LA FOLIE de Wang Bing (Les Acacias • mars 2015) | REVOLUTION ZENDJ de Tariq Teguia (Eclectic / Zendj • sortie reportée à mars 2015) | EAU ARGENTÉE, SYRIE AUTOPORTRAIT de W. Simav Bedirxan & O. Mohammed (Potemkine)
SOUTIEN ACID / SOUTIEN GNCR MERCURIALES de Virgil Vernier France • 2014 • 1H48 • avec Ana Neborac, Philippine Stindel
Shellac • 26 novembre 2014 | Cannes 2014 : Sélection ACID
Edition d'un document d'accompagnement ACID / Ciclic / Shellac Site du distributeur ici | Site de l'ACID ici (dont revue de presse ici) « Cette histoire se passe en des temps reculés, des temps de violence. Partout à travers l’Europe une sorte de guerre se propageait. Dans une ville il y avait deux sœurs qui vivaient… »
Tours d'oraison Une atmosphère diffuse d’apocalypse, mêlée de fureur froide et d’hyperréalité baudrillardienne, plane sur la première fiction format long signée par Virgil Vernier. De l’observation des totems arrogants que sont les tours jumelles périparisiennes des Mercuriales, le jeune cinéaste a extrait le point d’origine d’une élégie teintée de mythologies enténébrées. Un délire errant, sculpté tel un film choral en lambeaux, et polarisé par une paire de jeunes femmes, l’une française, l’autre moldave, qui s’inventent sœurs dans un entrechoquement de hantises et d’imaginaires européens. Celles-ci finiront peu à peu par se confondre dans les reflets que leur renvoie un monde de verre, d’acier et de cauchemars, des visions où s’opère une circulation versifiée de motifs et de mystères. Au son idéal des bourdonnements hypnagogiques de la sommité noise James Ferraro, Vernier accorde enfin à son cinéma l’ampleur que laissaient deviner ses œuvres courtes. Déjà des portraits de cartes et de territoires livrés à une hallucination mythologique, dans un dialogue noué sans doute moins avec des cinéastes (ou alors peut-être le trop secret Japonais Katsuya Tomita) que des plasticiens (on songe ici à Ed Ruscha, là à Lawrence Weiner). Il faudra y revenir, tant Mercuriales achève ainsi de révéler l’une des deux ou trois ambitions les plus singulières et entêtantes de l’actuel jeune cinéma français. Julien Gester, Libération ici
PROCHAINS SOUTIENS ACID : HAUTES TERRES de Marie-Pierre Brêtas (Zeugma • 15 octobre 2014) | OF MEN AND WAR (Des hommes et de la guerre) de Laurent Bécue-Renard (Alice films / Why not • 22 octobre 2014 | soutien GNCR) | LES RÈGLES DU JEU de Cl. Bories et P. Chagnard (Happiness • 7 janvier 2015 • soutien GNCR) | SPARTACUS ET CASSANDRA de I. Nuguet (Nour films • 11 février 2015 | soutien GNCR) | LE CHALLAT DE TUNIS de K. Ben Hania (Jour2fête • 2015) | BROOKLYN de P. Tessaud (UFO • 2015) |
SOUTIENS AFCAE ACTIONS / PROMOTION STILL THE WATER de Naomi Kawase
France / Japon / Espagne • 2014 • 1H59 • avec Nijiro Murakami, Jun Yoshinaga, Miyuki Matsuda, Tetta Sugimoto | Festival de Cannes 2014 : Compétition officielle | Haut et Court • 1er octobre 2014
Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site du distributeur ici Sur l’île d’Amami, les habitants vivent en harmonie avec la nature, ils pensent qu’un dieu habite chaque arbre, chaque pierre et chaque plante. Un soir d'été, Kaito découvre le corps d’un homme flottant dans la mer, sa jeune amie Kyoko va l’aider à percer ce mystère. Ensemble, ils apprennent à devenir adultes et découvrent les cycles de la vie, de la mort et de l’amour...
Splendeur visuelle, ce poème cinématographique est la plus belle réussite de Naomi Kawase et l’un des chocs esthétiques du Festival de Cannes 2014. [...] Après Hanezu (l’esprit des montagnes), modèle d’épure panthéiste, Naomi Kawase se surpasse avec ce récit de deux adolescents découvrant les vicissitudes de la vie au milieu d’une nature tour à tour calme ou hostile. […] Les rares dialogues se concentrent autour des rapports parents/enfants, ou à l’occasion des échanges avec un vieux pêcheur (Fujio Tokita, second couteau des films de Imamura), chœur antique à lui tout seul, aussi rassurant que Walter Brennan dans les westerns de Hawks ou Walsh. Si le scénario tient en trois feuillets, l’essentiel est ailleurs : dans le bruissement des arbres près de la plage, dans ces plans récurrents de jeunes gens adeptes de balades en vélo, dans ces prises de vue sous-marines sublimes, et dans un montage d’une poésie rarement égalée au cinéma, si ce n’est dans les films de Terrence Malick ou Apichatpong Weerasethakul. On songe d’ailleurs à ces deux formidables Palmes d’or que furent The tree of life et Oncle Boonmee.... On retrouve en effet des similitudes avec les thèmes et le style de ces cinéastes. Kawase échappe toutefois au mysticisme du premier et à l’ésotérisme du second, mais parvient à la même puissance sensorielle. Cette communion de l’homme et de la nature sera une expérience unique de cinéma, pour qui accepte le fait qu’une œuvre soit autre chose qu’un produit culturel standardisé. Tant que des cinéastes de la trempe de Naomi Kawase verront leurs films projetés sur grand écran, on peut être assuré de l’avenir et de la force du 7e art. Gérard Crespo • avoir-alire.com ici
NATIONAL GALLERY documentaire de Frederik Wiseman France / USA • 2014 • 2H54 | Quinzaine des réalisateurs 2014 | Sophie Dulac • 8 octobre 2014 |
Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Document pédagogique édité par Zéro de conduite | Site du distributeur ici National Gallery s'immerge dans le musée londonien et propose un voyage au coeur de cette institution peuplée de chefs d'oeuvre de la peinture occidentale du Moyen-âge au XIXe siècle. C’est le portrait d'un lieu, de son fonctionnement, de son rapport au monde, de ses agents, son public, et ses tableaux.
(…) Le grand documentariste américain, qui n’arrête plus de tourner des films sur les grandes institutions des pays développés, pose sa caméra dans la National gallery de Londres après avoir visité l’université Californie de Berkeley (...) Il ne change rien à ses habitudes : comme toujours, aucun commentaire, aucune indication de nom ou de titre des individus filmés. Le spectateur finit très vite par comprendre qui est qui, qui a le pouvoir, qui l’a moins, qui ne l’a pas ou plus… Comme souvent, Wiseman décrit le monde d’aujourd’hui à travers des détails : faut-il ou non que le musée accepte de participer à l’arrivée du marathon devant ses portes ? C’est tout d’un coup toute l’histoire politique d’un pays, la question de marchandisation de la culture qui transparaît à travers cette histoire a priori anecdotique. On constate aussi dans National Gallery, que comme partout ailleurs, les conflits les plus violents se font en général à coups de grands sourires, de sousentendus polissés et de faux compliments. Pendant ce temps-là, dans les ateliers, loin de l’agitation des administratifs, les artisans et experts se demandent comment bien restaurer une œuvre. Ce qui donne un supplément d’âme à ce Wiseman-ci, c’est peut-être qu’on ne peut s’empêcher d’y voir une sorte d’autoportrait du cinéaste, dont l’œuvre est comme un grand musée de films qu’il faut revisiter sans cesse, réanalyser, restaurer aussi, protéger des lois du marché comme partout ailleurs. Extrêmement vivant, passionnant, une des plus belles réussites du Maître. Jean-Baptiste Morain • les Inrocks
LE SEL DE LA TERRE
documentaire de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado France / Brésil / Italie • 2014 • 1H49 | Un Certain Regard 2014 : Prix Spécial | Le Pacte • 15 octobre
Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site du distributeur + document pédagogique réalisé par Zéro de conduite à télécharger ici Depuis quarante ans, le photographe Sebastião Salgado parcourt les continents sur les traces d’une humanité en pleine mutation. Alors qu’il a témoigné des événements majeurs qui ont marqué notre histoire récente, il se lance à présent à la découverte de territoires vierges aux paysages grandioses, à la rencontre d’une faune et d’une flore sauvages dans un gigantesque projet photographique. Sa vie et son travail nous sont révélés par les regards croisés de son fils, Juliano et de Wim Wenders, lui-même photographe.
[…] Il y a trois ans, pour réaliser son documentaire sur Pina Bausch, Wim Wenders avait augmenté la forme habituelle de son cinéma, en s’emparant des caméras 3D les plus perfectionnées pour mieux épouser les déplacements des danseurs dans l’espace et embrasser le volume de leurs corps (…) il recherchait par là l’élaboration d’une sorte de super-spectacle de danse rechargé aux effets de montage et de trucages numériques. La photographie, c’est l’inverse de la danse : cette fois, le cinéma est atténué, en revient au noir et blanc et à la fixité. Toujours, cependant, dans le but de se rapprocher d’un art étranger pour en décupler la force de frappe. Pour le magnifier, au sens optique du terme. […] Quand il raconte une scène ou décrit un paysage, Salgado se contente de poser sous la caméra de Wenders une succession de clichés. Ses mains s’invitent dans le cadre, agrémentent sa voix de quelques gestes, guident le spectateur dans le chemin d’une représentation mentale de l’action, mais le mouvement est là, suscité par un enchaînement d’images qui ne se suivent pourtant pas – soit exactement le procédé employé par Darren Aronofsky dans Noé pour illustrer le récit de la Genèse. La photographie rehausse le goût du réel, le film rehausse le goût de la photo : le voilà, le sel de la terre. […] Camille Brunel • Independencia ici
BANDE DE FILLES de Céline Sciamma France • 2014 • 1H52 • avec Karidja Touré, Assa Sylla, Lindsay Karamoh, Marietou Touré Quinzaine des Réalisateurs 2014 | Pyramide • 22 octobre 2014
Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site du distributeur ici Marieme vit ses 16 ans comme une succession d’interdits. La censure du quartier, la loi des garçons, l’impasse de l’école. Sa rencontre avec trois filles affranchies change tout. Elles dansent, elles se battent, elles parlent fort, elles rient de tout. Marieme devient Vic et entre dans la bande, pour vivre sa jeunesse.
[…] Dès les premières secondes, on est happé (...) A l’écran, des filles à la peau noire et aux épaules de déménageurs labourent un terrain de sport violemment éclairé. Elles s’affrontent sans ménagement (…) dans le cadre d’un match de football américain. D’emblée, la scène impose une impression paradoxale qui ne nous lâchera plus : le sentiment d’être en prise directe avec une réalité ultra-contemporaine (sous-représentée au cinéma), et la sensation d’avoir posé le pied dans un territoire de fiction presque exotique. La banlieue vue par Sciamma a quelque chose de romanesque et d’électrique. [...] Après un détour par l’enfance (Tomboy), Céline Sciamma retourne à l’adolescence, ce moment mouvant où s’affirment les identités. Ici, notamment, le féminin contre le masculin, dans un territoire où la guerre des sexes n’est pas un vain mot. […] D’une virée shopping au Forum des Halles aux bastons rituelles à ciel ouvert, d’une séance de danse hip hop sur le parvis de la Défense aux soirées clandestines dans une chambre d’hôtel, la cinéaste capte merveilleusement leur énergie frondeuse. Bande de filles est un film physique. Corps souples, athlétiques, luisants, galbés. Sciamma filme ses personnages en mouvement, qu’ils marchent, dansent, se battent. Particulièrement emblématique de ce parti pris, une scène va faire parler d’elle : dans une chambre d’hôtel, les donzelles maquillées et sapées se mettent à chanter et danser sur Diamonds, de Rihanna (...). Sciamma les filme comme elles se rêvent, dans le défouloir secret d’une soirée entre filles : en princesses pop et sexy, émouvantes reines du dancefloor. Sur le sort des filles « des quartiers », la réalisatrice ne dit au fond rien de nouveau. Le déterminisme, l’archaïsme des interdits, le poids social et familial… Mais en faisant d’elles des personnages, des vrais, elles leur donnent vie comme rarement (jamais ?) on l’a vu au cinéma. Inventive, volontaire, dynamique, sa mise en scène semble leur insuffler tout ce dont les prive leur réalité, sociale et politique. […] Mathilde Blottière • Télérama ici
MARIE HEURTIN de Jean-Pierre Améris
France • 2014 • 1H35 • avec Isabelle Carré, Ariana Rivoire Festival de Locarno : Prix Variety Piazza Grande | Diaphana • 12 novembre 2014
Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site du distributeur ici Née sourde et aveugle en 1885, âgée de 14 ans, Marie Heurtin est incapable de communiquer. Son père, modeste artisan, ne peut se résoudre à la faire interner dans un asile. En désespoir de cause, il se rend à l’institut de Larnay, près de Poitiers, où des religieuses prennent en charge des jeunes filles sourdes. Malgré le scepticisme de la Mère supérieure, une jeune religieuse, Sœur Marguerite, se fait fort de s’occuper du « petit animal sauvage » qu’est Marie et de tout faire pour la sortir de sa nuit…
[…] Comme sur tous mes films, j'ai commencé par une démarche documentaire. J'ai trouvé un livre de Louis Arnould, “Ames en prison”, écrit dans les années 20, une succession de portraits de sourds-aveugles, dont celui de Marie Heurtin […] Ce qui m’a tout de suite attiré est ce rapport bientôt fusionnel qui va s'instaurer entre soeur Marguerite et cette enfant sauvage à laquelle elle doit tout apprendre, à commencer par le langage. […] Mon intérêt pour Marie Heurtin m'a très vite conduit à Larnay où, pour la première fois de ma vie, j'ai rencontré des enfants nés sourds et aveugles. J'ai ressenti un choc similaire à celui que j'avais reçu en me rendant pendant des mois dans un centre de soins palliatifs pour “C'est la vie”. En découvrant cette communication qui ne passe que par le toucher, la main, le contact et l'odorat ; en rencontrant ces enfants qui, lorsque vous arrivez, vous l'inconnu, viennent vous toucher, vous sentir, vous palpent le visage, vous reniflent… j'ai été bouleversé par ce contact très charnel et cette découverte qu'il pouvait y avoir une communication sans parole et pourtant efficace. A partir de cette première visite, j'ai passé beaucoup de temps dans le centre de Larnay, et pendant quatre ans, tout le temps de l'écriture avec le scénariste Philippe Blasband, j'y suis allé très souvent. […] Je voulais aussi faire un film lumineux : parce que le sujet porte également sur la manière dont on peut, même en étant sourd-aveugle, toucher, appréhender la beauté du monde. Je voulais qu'il y ait cette part de nature, que la nature soit belle. Et j'avais ces images d'une main sur l'écorce d'un arbre, d'une main sur la tête de l'âne, d'une main sur les fleurs, sur un visage… La main et le monde, c’est le motif emblématique du film. […] Propos de la réalisatrice, extraits du dossier de presse
CASANOVA VARIATIONS de Michael Sturminger
France / Allemagne / Autriche / Portugal • 2014 • 1H58 • avec John Malkovich, Veronica Ferres, Florian Boesch, Jonas Kaufmann, Anna Prohaska, Barbara Hannigan | Alfama films • 19 novembre 2014
Edition d'un document d'accompagnement AFCAE "Viva la libertà !" s'écrie Casanova, seul dans sa demeure, avant de s'évanouir. Lorsque la belle et mystérieuse écrivaine Elisa von der Recke vient lui rendre visite, elle insuffle à nouveau un peu de vie chez le vieil homme.
[…] Le projet The Giacomo Variations m’occupe depuis plus de 3 ans. En version théâtre, il visait déjà à dépasser les frontières du genre. La version film, Casanova variations, que nous vous présentons est pour moi et mes partenaires artistiques l’aboutissement ultime de cette expérience hors du commun. Ce projet est un mélange de cinéma, musique, théâtre, littérature et histoire qui pille les plus grands chefs-d’œuvre de l’0péra – à savoir Le nozze di Figaro, Don Giovanni et Così fan tutte - ainsi que le trésor immense que Giacomo Casanova nous a légué avec son manuscrit autobiographique de 5000 pages. Le lien entre Casanova, Mozart et Da Ponte est évident dans la mesure où, non seulement ils se connaissaient, mais ils vivaient chacun en homme libre et artiste indépendant. Sans ressources stables, l’insécurité existentielle était leur quotidien, pourtant ils se sentaient à égalité avec l’aristocratie. (…) Le scénario fait de la liberté un véritable leitmotiv. En tant que réalisateur, j’ai voulu imprimer cette revendication à la liberté sur la structure du film. D’où mon désir de changer sans cesse de genre et de transposer des œuvres canonisées dans un autre contexte, de les employer comme matériaux sous une nouvelle forme. Nous allons capter du Théâtre pour le Cinéma d’une manière presque documentaire pour renforcer l’impression que tout se passe à l’instant, que rien n’est mis en scène, que c’est la vraie vie qui regarde la scène depuis les coulisses. […] Michael Sturminger • Lisbon & Estoril film festival ici
SOUTIEN AFCAE PATRIMOINE REPERTOIRE LA GRANDE VILLE (Mahanagar) de Satyajit Ray
Inde • 1963 • 2H11 • avec Anil Chatterjee, Madhabi Mukherjee, Jaya Bhaduri, Haren Chatterjee
les Acacias • 3 décembre 2014
Edition d'un document d'accompagnement AFCAE Site du distributeur ici Subrata Mazumdar, modeste employé de banque à Calcutta, a du mal à subvenir aux besoins de sa famille. Enfreignant les règles établies et, à la réprobation de son beaupère, professeur à la retraite, sa femme Arati cherche du travail. Elle fait du porte à porte pour vendre des machines à coudre. Son mari accepte mal cette situation, mais bientôt, la banque qui l'emploie fait faillite.
« Ce qui est nouveau dans La grande cité, c’est la relation qui s’établit entre l’analyse psychologique et le déroulement du récit. Il existe ici une pression des événements, lesquels sont donnés comme tels, provenant d’une réalité extérieure sur lesquels les personnages n’ont pas de prise. Ce qui intéresse Ray n’est pas de construire principalement son film sur la peinture sociologique d’une certaine classe sociale, mais sur une analyse psychologique en mouvement, centrée sur le couple Subrata-Arati, et de suivre son évolution par rapport à la notion de travail. Car La grande cité n’est ni une étude sociologique, ni, à fortiori, une analyse politique, mais, appuyé sur une haute exigence morale, un exemplaire film d’amour. Film d’amour fort peu conventionnel : l’amour est donné comme tel dès le début, englué sans doute dans les difficultés de la vie quotidienne, mais qui se manifeste par une réelle tendresse, un amour qui sera en péril mais que les difficultés rencontrées n’aboutiront qu’à exulter davantage. » Henri Micciollo
LA GRANDE VILLE sortira chez Acacias films dans le cadre du programme SATYAJIT RAY, LE POÈTE BENGALI 2ÈME PARTIE, avec LE HEROS (1966 - 120' – N&B) et LE SAINT (1964 - 65' - N&B). La première partie constituée de CHARULATA (1964 - 117' - N&B), LE DIEU ÉLÉPHANT (1978 - 112' – Couleur) et LE LÂCHE (1965 - 74' N&B) a été réeditée par Acacias films en avril 2014.
SOUTIEN PARTENARIAT AFCAE PATRIMOINE REPERTOIRE WAKE IN FRIGHT (Réveil dans la terreur)
de Ted Kotcheff
Australie • 1971 • 1H48 • avec Gary Bond, Donald Pleasance, Chips Rafferty, Sylvia Kay
la Rabbia en association avec le Pacte • 3 décembre 2014
Plus d'infos sur le site du distributeur ici John Grant, un jeune instituteur, arrive dans la petite ville minière de Bundanyabba, au fin fond de l’Outback, dans laquelle il doit passer la nuit avant de s’envoler pour Sidney. Mais de bière en bière, de pub en pub, sa nuit va se prolonger jusqu’à l’entraîner dans un terrible voyage à travers une Australie sauvage et primitive…
Wake in Fright ou Outback (titres d'origine) est un film australo-américain réalisé par Ted Kotcheff en 1971, adapté de la nouvelle éponyme de Kenneth Cook. Onze ans avant le premier (et seul bon) volet de la quadrilogie Rambo qui lui ouvrira les portes de Hollywood, le réalisateur canadien proposait un récit aussi ahurissant que dérangeant centré sur l'outback australien. Une œuvre dont l'atmosphère poisseuse et étouffante colle à la peau longtemps encore après le visionnage. [...] À l'instar de The Wicker Man (1973) ou encore Phase IV (1974) sortis dans la même période, le spectateur est plongé dans un univers très singulier dont il doit comprendre puis accepter les codes. Ici, les étendues immenses et désertiques du fin fond de la campagne australienne offrent un cadre de premier choix à l'intrigue et l'isolement des environs est mis en exergue au moyen d'un plan panoramique d'ouverture très réussi. [...] La bière et le jeu sont au cœur de ce microcosme et représentent la porte d'entrée dans cet enfer à ciel ouvert, c'est par là que la folie va gagner le protagoniste. Kotcheff offre alors au spectateur de nouvelles séquences particulièrement inspirées, tant sur le plan technique – certains plans rappellent du Hitchcock – que sur la profondeur des personnages. Le rôle de l'officier de police, premier contact de John dans ce monde à la fois accueillant et hostile, est un véritable modèle du genre. Donald Pleasence n'est pas en reste dans le rôle d'un médecin alcoolique, apparemment sensé et sain d'esprit, mais au final autant sinon plus dérangé que le reste de la population locale. Le film fait évidemment penser au classique de Boorman, Délivrance (pour l'aspect perversion de la nature et du beau), ainsi qu'à celui de Peckinpah, Les Chiens de Paille (pour l'aspect instinctif de la violence), tous deux sortis un an plus tard, en 1972. On pense également au récent et beaucoup moins réussi – mais correct – Wolf Creek réalisé par Greg McLean en 2005. L'originalité et la force de Wake In Fright tient à la sobriété de sa mise en scène et son scénario réaliste, dédale haletant d'un instituteur innocent pris dans les rouages d'une communauté et de son mode de vie, accueillant en apparence mais insidieusement malsain. […] Renaud ici
INFOS DISTRIBUTEURS MATEO FALCONE d'Eric Vuillard
France • 2009 • 1H05 • avec Hugo de Lipowski, Hiam Abbass, Patrick Le Mauff...
Aloest distribution • 26 novembre 2014 Contact : Agata Bielecka | 06 85 75 87 02 | ab@aloest.com
Adapté de la nouvelle éponyme de Prosper Mérimée (au programme des classes de 3ème), ce film a un fort potentiel pédagogique et soulève des problématiques intéressantes comme l'adaptation cinématographique d'une oeuvre littéraire par... un écrivain. Eric Vuillard est en effet également écrivain : son dernier roman,Tristesse de la terre, qui vient d'être publié chez Actes Sud, est en lice pour le prix Goncourt 2014. > Le réalisateur se déplace pour accompagner son film lors de projections-rencontres et projections scolaires. XIXe siècle, une ferme isolée à la lisière d’un maquis. Un enfant est laissé seul par ses parents. Survient un homme, blessé, qui cherche à échapper à un groupe de soldats. Dès lors, le jeune garçon se retrouve pris au piège de la violence des hommes.
(…) Exceptionnelle entreprise d’Eric Vuillard que de réunir en une durée fulgurante autant de souvenirs. En fait le film en son entier est un souvenir. Il en a la foudre du montage et l’étirement de ses plans propres aux expériences oniriques. Si Eric Vuillard évite les pièges de la citation et le confort de la cinéphilie, il n’en offre pas moins des réminiscences. Que des souvenirs donc, et pas de pesantes références. Pourtant ce film tendu vers son terme tragique, réveille en nous les horizons brossés par le vent de Miklos Jancso, les ondoiements des prairies de Dovjenko, les fusions des boursouflures célestes et des striures des herbes « peintes » par Dreyer… Mateo Falcone est en outre absolument contemporain des préoccupations de cinéastes qui reviennent aujourd’hui sur un des tourments primordiaux de la représentation : installer des figures dans un paysage. Mateo Falcone appartient à la même époque que le Gerry de Gus Van Sant. Il n’est pas sans intérêt de remarquer une commune obsession – ces deux personnalités pourtant bien éloignées, par la culture et les sujets pour figurer la nature comme écran de l’agitation des âmes. Doit-on remarquer de surcroît la passion pour les nuages qu’ils partagent ? De la courte nouvelle éponyme de Mérimée, Eric Vuillard fait un puissant « film d’action » ; autrement dit une nouvelle littéraire a donné lieu à un long-métrage de fiction. [...] La tragédie d’une folle punition aux allures de sacrifice biblique est concurrencée par les bourrasques gigantesques qui menacent d’emporter les corps parmi les fétus et les brindilles des foins infinis. Quelle audace de ne pas avoir imposé un silence banalement solennel comme cadre à un meurtre inouï et d’avoir offert au vent une lyrique fonction musicale. Je ne connais rien de comparable dans le cinéma contemporain. J’aime enfin dans ce film - si économe de ses motifs : prairies et causses, arbres esseulés, nuages, visages douloureux ou hébétés – la générosité des contaminations formelles et métaphoriques dont la durée de chaque plan sert la puissance plastique et poétique. Dominique Païni
LES ENFANTS DE CINÉMA Rencontre Nationale des coordinateurs École et cinéma les 8, 9 et 10 octobre 2014 au cinéma Jean Eustache à Pessac
organisée par Les enfants de cinéma, en collaboration avec l’équipe du cinéma, la Direction des services départementaux de L’Éducation nationale de la Gironde, en partenariat avec la Drac Aquitaine, la Ville de Pessac et l’ACPA, soutenue par le ministère de la Culture et de la Communication (CNC et SCPCI) et le ministère de l’Éducation nationale (Dgesco et le réseau Canopé).
Pour le programme détaillé, contacter les Enfants de cinéma : info@enfants-de-cinema.com
CONFÉRENCES > La parole de Suzanne Lebeau : chef de file du théâtre pour la jeunesse, Suzanne Lebeau compte parmi les auteurs québécois les plus joués à travers le monde. Au cours d’une conférence puis d’un échange avec la salle, Suzanne Lebeau évoquera les nombreuses expériences auprès du jeune public qui ont enrichi son appréhension de la réalité et nourrit son écriture.
> Découvrir Norman McLaren : conférence de Marcel Jean spécialiste de McLaren, du cinéma d’animation et Délégué artistique du festival d’Annecy > la Nouvelle Vague Québécoise : Conférence de Marcel Jean sur Denis Villeneuve, Denis Côté, Jean-Marc Vallé, Xavier Dolan...
RÉFLEXION « De la représentation des femmes au cinéma » À travers des extraits tirés des films de notre catalogue, de l’histoire du cinéma et en s’appuyant sur la projection du film d’Ernest Lubitsch La Folle ingénue, Carole Desbarats proposera une réflexion sur la représentation des femmes au cinéma, avant d’ouvrir un dialogue avec la salle.
CINÉ-CONCERT exceptionnel Les Pionniers du cinéma Création musicale originale de Christian Leroy, compositeur et pianiste et de ses musiciens.
PROJECTIONS DE FILMS
LITTLE BIRD de Boudewijn Koole | EN SORTANT DE L'ECOLE, 13 poèmes de Prévert mis en images par de jeunes réalisateurs | JEUX D'IMAGES de Norman McLaren | MOMMY de Xavier Dolan | LE CHANT DE LA MER de Tomm Moore | SPARTACUS ET CASSANDRA de Ioanis Nuguet | STILL THE WATER de Naomi Kawase... (programmation en cours)
ATELIERS DE TRAVAIL ET DE RÉFLEXION autour de questions de cinéma et de pédagogie > formations hybrides - Film oublié - Découvrir une expérience de cinéma documentaire - Création musicale pour le cinéma - Quelle place pour le nouveau cycle III - Atelier de pratique artistique…
POINT D’ACTUALITÉ État des lieux du projet École et cinéma à la rentrée 2014 + Présentation du projet régional aquitain autour de Miyazaki
LES 20 ANS DES ENFANTS DE CINÉMA ! Session animée par Jean-Pierre Daniel et Jean-Michel Frodon > Les débuts : Ginette Dislaire, Alain Bergala et Jean-Pierre Daniel | Le parcours : Eugene Andréanszky, Carole Desbarats | L’éducation artistique, une urgence ! : Marie-Christine Bordeaux et Philippe Meirieu > repas de fête des 20 ans au Château Smith Haut Lafitte