Communiqué N° 2015 | 06

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L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans six régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute-Normandie et Basse-Normandie, Pays de la Loire et Poitou-Charentes. Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma.

C O M M U N I Q U É A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ' o u e s t p o u r l a r e c h e r c he

N°06 Mercredi 16 septembre 2015 p.1 > Du côté des adhérents p.2 > Soutiens GNCR p.3 > Soutiens ACID/GNCR et soutien ACID p.4 > Soutien AFCAE Actions / Promotion p.5 > Soutiens AFCAE Actions / Promotion et AFCAE Patrimoine p.6 > Soutiens AFCAE Patrimoine p.7 > Soutiens AFCAE Jeune public | Info distributeur

Directeur de publication : Yannick Reix, président de l'ACOR • rédaction : Catherine Bailhache et Morgan Pokée • contact@lacor.info • www.lacor.info Avec le soutien du CNC et des DRAC des régions Centre, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Bretagne, Haute-Normandie, Basse-Normandie

Du côté des adhérents

Café des Images (Hérouville-Saint-Clair) Le site Internet du Café des Images, fermé pendant une partie de l’été, a réouvert fin août pour devenir une revue en ligne.

Extraits de l'édito écrit par Yannick Reix, directeur du Café des Images :

Outre les informations et les programmes habituels, chacun pourra désormais y trouver des articles et des entretiens sur le cinéma, la retranscription « augmentée » de rencontres et de débats ayant eu lieu en salle, des réflexions sur l’avenir de la distribution et de l’exploitation, des vidéos et des montages, des interventions de cinéastes, de critiques, de chercheurs et de spectateurs sur le cinéma, l’art, la bande-dessinée ou les jeux vidéo. Il s’agit là d’un projet d’ampleur mûri pendant de longs mois. Ce projet participe d’une redéfinition des divers espaces au sein desquels s’inscrit aujourd’hui un cinéma ancré dans l’histoire de la cinéphilie comme le Café des Images. C’est au fond tout le Café que nous voudrions désormais considérer comme une revue. Il y a voir et revoir, dans ce mot. Un cinéma existe pour voir et revoir les films ensemble, pour en parler en compagnie de cinéastes, d’acteurs, de critiques… Mais un cinéma existe aussi pour que les échanges se poursuivent, que l’art de voir et de revoir se prolonge ailleurs, notamment en ligne. C’est notamment là, en effet, qu’ont lieu aujourd’hui les échanges cinéphiles, et là aussi que, de plus en plus, les films sont vus.

Vendredi 9 octobre – 18h30 : Une jeunesse allemande de Jean-Gabriel Periot, en sa présence et d'Antoine de Baecque, historien du cinéma. Vendredi 9 octobre – 21h00 : En mai, fais ce qu’il te plaît de Christian Carion, en sa présence. Samedi 10 octobre - 18h00 : Jeunesse de Shanghai, nouveau long métrage de Wang Orlando Ferito de Vincent Dieutre, en sa Bing (sortie prévue en 2016) présence. Le Café en revue s'attache ainsi aux travaux de Dimanche 11 octobre – 14h00 : différents cinéastes sous diverses formes. Notons Le Fils de Saul de Laszlo Nemes, en présence particulièrement les réflexions autour des films de d’Antoine de Baecque, historien du cinéma. Wang Bing (entretien avec son producteur Le programme complet ici français, autour de son nouveau film, Jeunesse de Shanghai, et avec son distributeur français Emmanuel Atlan, des Acacias, autour de la sortie en salles des Trois soeurs du Yunnan et d'À la folie), de Richard Linklater (réalisateur du récent Boyhood et qui a les honneurs d'un long entretien inédit avec Emmanuel Burdeau et d'un long texte d'analyse écrit par Raphaël Nieuwjaer) ou Patrick Wang (dont la sortie récente en salles de son Secrets des autres se voit accompagné Une histoire de fou, de Robert Guédiguian notamment de ses carnets de tournages).

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Cycle cinéma des 18e Rendez-vous de l'Histoire (Association Ciné'Fil / Blois)

Présidé par le cinéaste et écrivain Jean-Louis Comolli, le cycle cinéma présente du 7 au 13 octobre 2015, en écho aux débats et conférences des Rendez-vous de l'Histoire, une cinquantaine de films sur le thème des empires.

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6 Festival International du Film de la Roche-sur-Yon e

Le festival, qui se déroulera du 12 au 18 octobre 2015, a annoncé son premiers invité d'honneur Jeudi 8 octobre – 20h00 : (Vincent Lindon) ainsi qu'un hommage à Noémie Une Histoire de fou de Robert Guediguian en sa Lvovsky et au cinéaste italien Franco Piavoli présence. (photogramme au-dessus). Plus d'infos ici. Cinq avant-premières auront également lieu.


SOUTIENS GNCR L'IMAGE MANQUANTE de Rithy Panh

Cambodge / France • Documentaire • 2013 • 1h35 | Prix Un Certain Regard 2013

Les Acacias • 21 octobre 2015

Edition d'un document d'accompagnement GNCR Site distributeur ici Il y a tant d'images dans le monde, qu'on croit avoir tout vu. Tout pensé. Depuis des années, je cherche une image qui manque. Une photographie prise entre 1975 et 1979 par les Khmers rouges, quand ils dirigeaient le Cambodge. A elle seule, bien sûr, une image ne prouve pas le crime de masse ; mais elle donne à penser ; à méditer. A bâtir l'histoire. Je l'ai cherchée en vain dans les archives, dans les papiers, dans les campagnes de mon pays. Maintenant je sais : cette image doit manquer ; et je ne la cherchais pas - ne serait-elle pas obscène et sans signification ? Alors je la fabrique. Ce que je vous donne aujourd'hui n'est pas une image, ou la quête d'une seule image, mais l'image d'une quête : celle que permet le cinéma. Certaines images doivent manquer toujours, toujours.

Il y a l’image qu’on a trop vue, celle qu’on ne peut pas montrer, celle qu’on invente. Mais celle qui tourmente le cinéaste franco-cambodgien Rithy Panh depuis trop longtemps, c’est l’image manquante. De cette obsession, il a tiré le titre de son dernier documentaire, primé au Festival de Cannes (…). Il livre un récit du génocide cambodgien d’autant plus poignant que les vides sont comblés grâce à un procédé renversant de simplicité : des figurines d’argile. Cette absence est née en 1975. Quand Rithy Panh, 13 ans, et sa famille sont contraints de quitter leur maison de Phnom Penh pour rejoindre, comme tous ceux que les Khmers rouges ont décidé de «rééduquer», les rizières arides du Kampuchéa démocratique. «Je sais que les Khmers rouges ont photographié des exécutions. Pourquoi ? Fallait-il une preuve ? Compléter un dossier ? Quel homme ayant photographié cette scène de mort voudrait qu’elle ne manque pas ? Je cherche cette image. Si je la trouvais enfin, je ne pourrais pas la montrer, bien sûr», expose le cinéaste dans l’Image manquante. Cela fait plus de vingt ans qu’il se consacre, à travers ses films, au travail de mémoire sur cet épisode terrifiant de l’histoire cambodgienne, les tortures et massacres commis par le régime de Pol Pot entre 1975 et 1979. Mais c’est la première fois qu’il aborde frontalement son parcours : la perte de sa famille alors qu’il n’est qu’un adolescent, le laissant seul aux mains de l’Angkar, l’organisation du régime maoïste dont on estime à 1,7 million le nombre de victimes. En 2002, dans S21, la machine de mort khmère rouge, Rithy Panh confrontait les tortionnaires aux survivants du principal «bureau de la sécurité», où 17 000 prisonniers ont été torturés et exécutés. Dix ans plus tard, dans Duch, le maître des forges de l’enfer , c’est la parole de l’idéologue de l’extermination qu’il recueille lors d’une harassante confrontation qui le laisse exsangue. Avec l’écrivain Christophe Bataille, il décide alors de se pencher sur son propre passé dans l’ouvrage l’Elimination (Grasset, 2012). (…) Les recherches de Rithy Panh l’ont mené à découvrir, parmi les images tournées et validées par le régime, ce bout de pellicule sur lequel le cameraman Ang Sarun a fixé les camps tels qu’ils sont : maisons de paille et épuisement. Surprenant, comme cet extrait de discours de Pol Pot où un voile apparaît sur les rushs. Pourquoi les avoir gardés ? Mystère. Le cameraman, lui, est torturé puis exécuté. A cette image retrouvée succède une autre. «L’image manquante, c’est aussi celle qui n’existe pas», affirme le réalisateur, qui met en scène ses parents d’argile en train de commenter un passage télévisé de leur fils survivant. «Notre fils, il parle, il parle. Les phrases, il sait faire» , dit le père, exprimant le dépit d’un fils pétri, aussi, d’une culpabilité irraisonnée.Dans l’Image manquante, Rithy Panh ne tourne pas la page, mais y imprime enfin pleinement l’expression de ses souvenirs, ceux qui le hantent au quotidien. «On y pense tout le temps. On a la mort en nous. C’est ça d’être un survivant» , dit-il, évoquant le travail de Primo Levi.«J’essaie de vivre avec. On nous a imposé ce vécu et maintenant, on doit en plus le transmettre.» Alors, aujourd’hui, cette image, il nous la donne. Sophie Gindensperger – Libération - ici

BEFORE WE GO de Jorge Leon

Belgique • documentaire • 2014 • 1H22 • FID 2014 : Prix du GNCR

Films de Force Majeure • 4 novembre 2015

Edition d'un document d'accompagnement GNCR Site distributeur ici Meg Stuart, Benoît Lachambre et Simone Aughterlony, danseurs et chorégraphes, rencontrent Lidia, Michel et Noël, aux corps déjà affaiblis. Tous s’apprêtent à vivre une expérience unique, dans le décor somptueux de l’Opéra de la Monnaie. D’une façon inattendue, physique et lyrique, Before we go lève le voile sur un sujet encore tabou - la fin de vie - en convoquant tous les arts au sein d’un véritable hommage rendu à la vie et à la fragilité humaine.

La mort et la grâce – Entretien avec le réalisateur Comment avez-vous été amené à aborder un sujet aussi grave que la fin de vie ? J’étais impliqué depuis quelque temps déjà dans le centre de soins palliatifs « TOPAZ » dirigé par le docteur Wim Distelmans, centre qui réunit des hommes et des femmes atteints de maladies diverses et qui ont appris que la médecine ne pouvait plus rien pour eux. Il s’agit d’un centre de jour. J’avais assisté Mary Jiménez qui a tourné là son film La position du lion couché et j’ai conservé des liens avec cette institution. À leur demande, j’ai réalisé des portraits, des lettres vidéo pour certains dont la famille était au loin. A travers l’outil cinéma, j’étais présent et sollicité. J’ai été intrigué et ému par ces rencontres et j’ai eu le sentiment que ces personnes détenaient un certain savoir non intellectuel mais sensible. Je sais bien sûr que je suis mortel mais on ne m’a pas donné d’échéance. Disparaître dans un an, dans un mois ? Cette radicalité du calendrier, je ne la connaissais pas. J’ai eu envie de me rapprocher de cette énigme. J’ai commencé par leur poser une question : « Et si tout était à refaire, que feriez-vous ? ». C’est-à-dire prendre la question de la vie à travers la fiction. Je leur demandais par le biais d’une photographie de mettre en scène cet autre soi rêvé. C’est là que j’ai découvert qu’il y avait pour eux une sorte de jouissance à se réinventer. J’ai fait comme cela des portraits plutôt ludiques, assez libérateurs. L’imaginaire est une résurrection. Entretien tiré du dossier de presse du film – ici


SOUTIEN GNCR et ACID Une jeunesse allemande de Jean-Gabriel Périot

France • 2015 • 1H33 | Sélection ACID • Cannes 2015

UFO Distribution • 14 octobre 2015

Edition d'un document d'accompagnement ACID Plus d'infos sur le site de l'ACID ici La Fraction Armée Rouge (RAF), organisation terroriste d’extrême gauche, également surnommée « la bande à Baader » ou « groupe Baader-Meinhof », opère en Allemagne dans les années 70. Ses membres, qui croient en la force de l’image, expriment pourtant d’abord leur militantisme dans des actions artistiques, médiatiques et cinématographiques. Mais devant l’échec de leur portée, ils se radicalisent dans une lutte armée, jusqu’à commettre des attentats meurtriers qui contribueront au climat de violence sociale et politique durant « les années de plomb ».

Regard sur le fascisme avec le très beau film de Jean-Gabriel Périot, Une jeunesse allemande qui remonte le fleuve des archives de télévision allemandes pour tenter d’élucider la radicalisation de la Bande à Baader. Le film se demande comment les enfants d’après le nazisme, nés dans les années 1940, en sont arrivés à épouser une nouvelle forme de menace pour la démocratie ; comment Ulrike Meinhof, rédactrice en chef du magazine Konkret, étudiante en pédagogie puis mère, a-t-elle pu poser des bombes ? Sous sa raideur de façade, aidé par l’intégrité des archives, le film trafique un didactisme de contrebandier bien plus problématique qu’il n’y paraît. Sans trancher explicitement d’un côté ou de l’autre d’une ligne de démarcation qui oppose, grosso modo, les tenants d’une démocratie prospère – la génération née autour de la première guerre –, à ceux d’une critique radicale du système – leurs enfants–, Une jeunesse allemande noue une relation pédagogique à part entière avec le spectateur. (...) Périot ne se contente pas de reconstituer un fil d’actualité, il dialectise, compare et s’appuie sur la justesse d’une cause pour la reconduire en justice, après quarante ans de crainte d’attentats. Le temps pour le spectateur contemporain de se demander si tous les terrorismes se valent, et si cette Jeunesse allemande, à travers son didactisme équivoque, ne nous ferait pas une petite piqûre de rappel – à toutes fins utiles. Julien Marsa – Critikat.com – ici

PROCHAINS SOUTIENS GNCR ORLANDO FERITO de Vincent Dieutre (La Huit – Sd • novembre 2015) | EL ABRAZO DE LA SERPIENTE de Ciro Guerra (Diaphana • 23 décembre 2015) | THE OTHER SIDE de Roberto Minervini (Shellac • 25 novembre) | PEACE TO US IN OUR DREAMS de Sharunas Bartas (Norte • non daté) | VOLTA A TERRA de Joao Pedro Placido (UFO Distribution • non daté • soutien ACID) Prochaines recommandations GNCR SOUS-SOLS de Ulrich Seidl (Damned • 30 septembre 2015) | FRANCOPHONIA d'Alexandre Sokourov (Sophie Dulac • 11 novembre 2015)

SOUTIENS ACID LA FILLE ET LE FLEUVE

de Aurélia Georges

France • 2014 • 1H05 • avec Sabrina Seyvecou, Guillaume Allardi, Serge Bozon 31 Juin Films • 11 novembre 2015 | Sélection ACID Cannes 2014

Plus d'infos sur le site de l'ACID ici Nouk et Samuel s’aiment, mais leur jeunesse les rend possessifs et maladroits. Un jour, Nouk perd brusquement Samuel. Il se retrouve dans les limbes… L’espoir fou de Nouk va-t-il l’arracher au séjour des morts ?

PAROLE DE CINÉASTE Il y a des films qui sont des ponts entre deux mondes. Des films où les morts et les vivants communiquent. Il y a un cinéma qui rend possible ces liens mystérieux. Nouk entre dans un lac glacé, Samuel la sauve. C’est ainsi que nous avançons dans le récit de La Fille et le fleuve et c’est une histoire d’amour qui devient soudain possible. Mais la mort est une administration ; elle a ses failles ; c’est heureux ! La vie aussi a ses failles ; la vie est pleine d’interférences ! Commence alors le beau pari du film d’Aurélia Georges et pour le relever, nous entrons en territoire de cinéma ami ; un cinéma qui n’a pas peur du poétique, qui ose le fantastique. On pense à Kyoshi Kurosawa ou à KoreEda (et à son merveilleux After Life), mais aussi à Jean Claude Biette et cette double proximité nous enchante parce qu’elle est inattendue et audacieuse.Comme l’est cette rencontre - du côté des vivants -, avec ce dandy « mods » assis sur le rebord d’un pont, en transit entre Bagnolet et le Pays des Morts. Ou celle - du côté des morts -, avec Mileva Einstein qui n’a pas sa langue dans la poche lorsqu’elle parle d’Albert. Il y a des films comme La Fille et le fleuve qui sont des poèmes précieux. Ils sont de plus en plus rares et c’est ce qui les rend indispensables. Sébastien Betbeder, cinéaste

PROCHAINS SOUTIENS ACID NEW TERRITORIES de Fabianny DESCHAMPS (ZED • 2 décembre 2015) PAULINE S'ARRACHE de Emilie Brisavoine (Jour2fête • 23 décembre 2015) | GAZ DE FRANCE de Benoît Forgeard (Shellac • 30 décembre 2015)


SOUTIEN AFCAE ACTIONS / PROMOTION THE LOBSTER de Yorgos Lanthimos Grèce, Irlande, Angleterre, Pays-Bas, France • 2015 • 1H58 avec Léa Seydoux, Colin Farrell, Rachel Weisz...

Haut et court • 28 octobre 2015 | Prix du Jury Festival de Cannes 2015

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE Site distributeur ici Dans un futur proche… Toute personne célibataire est arrêtée, transférée à l’Hôtel et a 45 jours pour trouver l’âme soeur. Passé ce délai, elle sera transformée en l'animal de son choix. Pour échapper à ce destin, un homme s'enfuit et rejoint dans les bois un groupe de résistants ; les Solitaires. Quitté par sa femme, David – qui choisit le homard pour son éventuelle « réincarnation » animale – se retrouve dans ledit établissement, où il arrive en compagnie de son frère – un sympathique cabot. Dans l’atmosphère d’un sinistre séminaire d’entreprise sur le benchmark croisé avec un jeu de télé-réalité, on suit les pérégrinations de la troupe sous la forme de rites ; on mène diverses activités (bals, coaching sous la férule du couple qui règne sur le l’établissement) ; les sorties en plein air consistent quant à elles à chasser les « Solitaires », des renégats retirés du monde ayant radicalement fait vœu de célibat. Plus qu’une contre-société s’opposant à celle que l’on suit dans la première partie, ces "résistants" se présentent comme un miroir dressé face aux "dominants" puisqu’ils ont développé des règles aussi rigoristes, pas moins autoritaires et autant normatives. Alors qu’Alps tombait dans la pose radicale "arty" misanthrope, cette coproduction internationale avec un casting de premier ordre (Colin Farrell, Rachel Weisz, Jessica Barden, John C. Reilly, Léa Seydoux, Ben Whishaw...) représente comme le jalon d’une « déradicalisation » de Lanthimos. Tenez-vous bien : le spectateur est accompagné dans un récit (notamment par des voix-off), la mise en scène est moins corsetée et dogmatique – sans renoncer à des traits saillants conférant de l’étrangeté (axes singuliers, usage d’objectifs grands angles). Disons que ce bon Lanthimos se laisse aller à de la générosité envers le spectateur – et même à des formes de stylisation telles que le ralenti ! Pour autant il ne renonce pas au cœur de son cinéma travaillé par un jeu d’acteur fondé sur l’underplaying – signalons que Colin Farrell s’y montre à son avantage, Ariane Labed est (évidemment) formidable. Le cinéaste reste aussi aimanté par la chorégraphie, à la mise en présence des corps, mais à cet égard aussi, il se montre un peu plus généreux et offre des scènes assez passionnantes en matière de mise en scène. Arnaud Hée – Critikat.com – ici

LE BOUTON DE NACRE

de Patricio Guzmán

Chili, Espagne, France • documentaire • 2015 • 1H22

Pyramide Distribution • 28 octobre 2015 |

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE Site distributeur ici Le bouton de nacre est une histoire sur l’eau, le Cosmos et nous. Elle part de deux mystérieux boutons découverts au fond de l’Océan Pacifique, près des côtes chiliennes aux paysages surnaturels de volcans, de montagnes et de glaciers. A travers leur histoire, nous entendons la parole des indigènes de Patagonie, celle des premiers navigateurs anglais et celle des prisonniers politiques. Certains disent que l’eau a une mémoire. Ce film montre qu’elle a aussi une voix.

Entretien entre Patricio Guzman et Frederick Wiseman (tiré du dossier de presse ici) F. W. : Quel est le rapport entre ce film et le précédent, Nostalgie de la lumière ? P.G. : Je crois que c’est un diptyque. Le premier film se situe dans l’extrême nord du Chili et le deuxième dans l’extrême opposé. J’envisageais de faire quelque chose en Patagonie et je ferai peut-être un troisième film sur la cordillère des Andes, véritable colonne vertébrale du Chili et de l’Amérique du Sud. Mais, pour le moment, je n’ai aucune idée concrète et je ne sais pas non plus si je serai capable de le faire. F : Selon moi, les bons films ont toujours deux voix : une voix littérale, et une voix abstraite et métaphorique. Je crois que, dans cette œuvre, le vrai film se situe dans le passage d’une voix à l’autre. Pourrais-tu me donner un exemple de la façon dont ces voix se répondent dans ton film ? P : Lors du montage, quand je termine une séquence de deux ou trois minutes, j’écris aussitôt sur une feuille blanche un texte spontané, pour la voix off. Juste quelques phrases que j’enregistre ensuite sur les images. Ainsi, cette voix complètement improvisée est toujours indirecte, et parfois seulement informative. Je l’écris une fois pour toutes et n’y réfléchis pas davantage. Je passe directement à la séquence suivante. Il existe au fond de moi une sorte d’intuition par rapport à l’histoire que je veux raconter. Décrire ce que j’ai gardé en moi pendant si longtemps me semble facile. Bien sûr, à la fin, il faut corriger et peaufiner. F : Pourquoi es-tu obsédé par le coup d’État de Pinochet ? Tu reviens toujours dessus. Pourquoi crois-tu que c’est si important ? P : Je ne peux pas m’éloigner de cette période. C’est comme si j’avais assisté, dans mon enfance, à l’incendie de ma maison et que tous mes livres de contes, mes jouets, mes objets et mes bandes-dessinées avaient pris feu sous mes yeux. Je me sens comme un enfant incapable d’oublier cet incendie qui, pour moi, vient de se produire. Chacun a sa propre notion du temps qui passe. Au Chili, quand je demande à mes amis s’ils se souviennent du coup d’État, beaucoup me disent que c’est déjà loin, que ça remonte à très longtemps. En revanche, pour moi, le temps n’a pas passé. C’est comme si cela s’était produit l’année dernière, le mois dernier ou la semaine dernière. (...)


LE FILS DE SAUL de Lázsló Nemes Hongrie • 2015 • 1H47 avec Géza Röhrig...

Ad Vitam • 04 novembre 2015 | Grand Prix du Jury Festival de Cannes 2015

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE Site distributeur ici Octobre 1944, Auschwitz-Birkenau. Saul Ausländer est membre du Sonderkommando, ce groupe de prisonniers juifs isolé du reste du camp et forcé d’assister les nazis dans leur plan d’extermination. Il travaille dans l’un des crématoriums quand il découvre le cadavre d’un garçon dans les traits duquel il reconnaît son fils. Alors que le Sonderkommando prépare une révolte, il décide d’accomplir l’impossible : sauver le corps de l’enfant des flammes et lui offrir une véritable sépulture.

Le Fils de Saul est présenté en compétition à Cannes, soixante-dix ans après la libération des survivants d’Auschwitz. Premier long-métrage de Laszlo Nemes, réalisateur hongrois de 38 ans, le film emprunte la voie périlleuse de la fiction pour évoquer l’extermination des juifs d’Europe. Depuis la sortie de Shoah, de Claude Lanzmann, en 1985, ces périls ont été répertoriés et débattus. Le Fils de Saul est réalisé avec une conscience informée des termes du débat. Ce qui ne veut pas dire que ce film rigoureux répond de manière définitive aux interrogations que suscite la représentation du génocide depuis qu’il a été commis, d’abord parce que ces réponses n’existent sans doute pas. Mais il apporte à la représentation et donc à la perpétuation du souvenir un nouvel élément : la nécessité pour des générations qui bientôt n’auront eu aucun contact direct avec les témoins de faire leur la mémoire de cette catastrophe.Systématiquement, Laszlo Nemes et son chef opérateur Matyas Erdély suivent les déplacements de Saul. L’écran est étroit, le cadre le plus souvent serré et l’arrière-plan délibérément maintenu dans le flou. On comprend vite que cette restriction du champ de vision correspond à celle que le scénario prête à Saul, qui ne peut accomplir ses tâches qu’en en ignorant l’horreur. De même, le scénario (du réalisateur et de Clara Royer) ne fournit les informations que par bribes, laissant au spectateur le travail de reconstituer une image cohérente de ce que fut l’existence des Sonderkommandos. On entrevoit les divisions nationales, religieuses, politiques, de classes. Ce que met aussi en scène Le Fils de Saul, c’est l’absurdité de l’entreprise génocidaire, menée par un assemblage de fonctionnaires et de bourreaux qui renoncent à l’organisation industrielle du crime pour revenir à la barbarie la plus élémentaire dès qu’ils se trouvent dans l’incapacité de maintenir la fiction de rationalité dont ils ont entouré le massacre. Thomas Sotinel – Le Monde – ici

SOUTIEN AFCAE PATRIMOINE / RÉPERTOIRE CYCLE MARTIN SCORSESE Document d'accompagnement édité par l'ADRC en partenariat avec la Cinémathèque Française et le Festival Lumière

CASINO États-Unis • 1995 • 2H58 • avec Robert De Niro, Sharon Stone, Joe Pesci Mission Distribution • 14 octobre 2015

Plus d'infos sur le site du distributeur ici En 1973, Sam Ace Rothstein est le grand manitou de la ville de toutes les folies, Las Vegas. Il achète et épouse une virtuose de l’arnaque, Ginger Mc Kenna, qui sombre bien vite dans l’alcool et la drogue. Mais un autre ennui guette Sam, son ami d’enfance Nicky Santoro, qui entreprend de mettre la ville en coupe réglée… Les mauvaises langues vous le diront : Martin Scorsese ne sait faire que des films de gangsters mafieux. On lui aura, toute sa carrière, fait payer ses incursions dans les autres genres majeurs du cinéma américain. Et quand en plus, il entend réembaucher pour Casino, le casting des Affranchis et son scénariste, certains se sont allés à dire qu’il allait refaire indéfiniment le même film. Bien mal leur a pris. Casino est un des films les plus personnels de son auteur, l’auto-portrait complexe et sincère d’un artiste amoureux avant toute chose du cinéma. Laurent Barès – Critikat.com – ici


LES NERFS À VIFS

États-Unis • 1992 • 2h08 • avec Robert de Niro, Nick Nolte...

Théâtre du Temple • 21 octobre 2015

Plus d'infos sur le site du distributeur ici Max Cady, condamné à quatorze années de prison pour viol et voie de fait sur une mineure, est à nouveau libre. Avec détermination et rigueur, il entreprend de se venger de l'avocat Sam Bowden, qu'il estime responsable de son incarcération. Les Nerfs à Vif est le parfait exemple du simple film de commande sublimé par le scénario et la mise en scène d’un réalisateur qui tente par tous les moyens de s’approprier une œuvre étrangère à son univers. Les Nerfs à Vif, c’est le parfait exemple du remake ne se contentant pas seulement de remettre au goût du jour une bonne histoire vieille de presque trente ans (l’original de Jack Lee Thompson, avec Gregory Peck et Robert Mitchum, date de 1962) mais creuse plus profondément la matière première pour y découvrir de nouveaux gisements narratifs et esthétiques bien plus précieux. Ainsi, de cette simple histoire de film noir d’un homme fraîchement sorti de prison qui revient tourmenter son ancien avocat par esprit de vengeance, Martin Scorsese et son scénariste Wesley Strick en tirent une odyssée religieuse subversive autour du thème de la culpabilité. Nicolas Ravain – Il était une fois le cinéma - ici

En complément, déjà disponibles chez Warner Bros :

LES AFFRANCHIS Etats-Unis • 1990 • 2H25 • avec Robert de Niro, Joe Pesci, Ray Liotta Depuis sa plus tendre enfance, Henry Hill, né d'un père irlandais et d'une mère sicilienne, veut devenir gangster et appartenir à la Mafia. Adolescent dans les années cinquante, il commence par travailler pour le compte de Paul Cicero et voue une grande admiration pour Jimmy Conway, qui a fait du détournement de camions sa grande spécialité. Lucide et ambitieux, il contribue au casse des entrepôts de l'aéroport d'Idlewild et épouse Karen, une jeune Juive qu'il trompe régulièrement. Mais son implication dans le trafic de drogue le fera plonger...

En complément, déjà disponibles chez Mission Distribution :

BERTHA BOXCAR États-Unis • 1972 • 1H28 • avec Barbara Hershey, David Carradine... Pendant la Grande Dépression aux Etats-Unis, dans l'Arkansas des vagabonds et des marginaux, Bertha Thompson, assiste à la mort accidentelle de son père, provoquée par un employeur tyrannique. Seule, sans toit ni travail, elle se révolte contre l'ordre établi et devient l'égérie d'un trio de desperados en lutte contre une compagnie de chemins de fer. Elle a pour amant l'un deux, Big Bill Shelly, un syndicaliste converti à l'action directe...

MEAN STREETS États-Unis • 1973 • 1H50 • avec Robert de Niro, Harvey Keitel... Quatre petits malfrats vivent de combines et d'expédients clandestins à Little Italy, le quartier populaire des immigrés italiens de New York, Parmi eux, Charlie traverse une crise spirituelle, se réfugiant dans la religion pour trouver la voie du pardon. Son oncle, une figure bien intégrée dans le milieu, doit lui permettre de gravir les échelons. Lorsque Charlie prend sous son aile Johnny Boy, un jeune délinquant endetté, ce dernier met en danger ses projets. Flirtant avec le crime, la bande est entraînée dans une spirale grandissante de violence et de rivalité...

PROCHAIN SOUTIEN AFCAE ACTIONS / PROMOTION EL CLUB de Pablo Larrain (Wild Bunch • 18 novembre 2015) IXCANUL de Jayro Bustamente (ARP • 25 novembre 2015) MIA MADRE de Nanni Moretti (Le Pacte • 2 décembre 2015) ••••••••••

PROCHAINS SOUTIENS AFCAE PATRIMOINE REPERTOIRE THE MAGGIE d'Alexander Mackendrick (Tamasa • 16 décembre 2015) | JOE HILL de Bo Widerberg (Malavida • 18 novembre 2015)


SOUTIENS AFCAE JEUNE PUBLIC ADAMA de Simon Rouby France • 2015 • 1H25 • animation • A partir de 9 ans | Ocean film • 21 octobre 2015

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Facebook du film ici Label Centenaire, au programme officiel de la commémoration du Centenaire en 2015 Adama, 12 ans, vit dans un village isolé d’Afrique de l’Ouest. Au-delà des falaises s’étend le Monde des Souffles. Quand Samba, son frère aîné, quitte brutalement le village, Adama décide de partir à sa recherche. Au côté d’Abdou, un griot tragiquement lucide, puis de Maximin, un gamin des rues, double de lui-même en négatif, sa quête le fera traverser l'océan jusqu'aux confins d'une Europe en guerre. Avec l’énergie du désespoir et la poésie de l’enfance, il ira jusqu’à l’enfer du front pour libérer son frère et mener à terme sa propre initiation.

NEIGE ET LES ARBRES MAGIQUES Programme de 4 courts métrages d'animation France • 2015 • 51mn • animation • A partir de 4 ans | Folimage • 25 novembre 2015

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE

TIGRES À LA QUEUE LEU LEU de Benoît Chieux (France - 2014 - 6 min)

Un garçon très paresseux, houspillé par sa mère qui n’en peut plus de le voir dormir et manger à longueur de journée, décide de se mettre au travail et révèle des ressources insoupçonnées d’imagination, d’inventivité et de persévérance.

LA PETITE POUSSE de Chaïtane Conversat (France - 2015 - 10 min)

Un jour, alors que la jeune femme au drap magique s’est assoupie devant chez elle, portée par le vent, une graine lui tombe dans la bouche, une petite pousse se met à grandir de son nombril…

ONE TWO TREE de Yulia Aronova (France - 2014 - 7 min)

C'est l'histoire d'un arbre, un arbre comme les autres. Un beau jour, il saute dans des bottes et part se promener. Bousculant les traditions, il invite tous ceux qu'il rencontre à le suivre : le train-train quotidien se transforme alors en une joyeuse farandole !

NEIGE d'Antoine Lanciaux et Sophie Roze (France - 2015 - 28 min)

Alors que Prune, petite fille de 9 ans, vient de partir avec sa classe dans une station de ski, une incroyable tempête de neige s’abat sur la ville où réside sa famille. Philémon, son jeune frère, va alors faire une étonnante découverte : une famille d’esquimaux s’est installée sur un rond-point.

INFO DISTRIBUTEUR LE CHANT D'UNE ÎLE de Joaquim Pinto et Nuno Leonel Portugal • 2015 • 1H43 • documentaire | Norte • 21 octobre 2015

Plus d'infos ici

A l’échelle planétaire, la pêche industrielle épuise les océans. Rabo de Peixe, petit village des Açores où la pêche artisanale a longtemps constitué la principale activité économique, est en difficulté. Pedro, jeune patron de pêche, doit faire face aux périls inhérents à la vie des travailleurs de la mer. Pendant deux années entières, ce film raconte sa détermination, et celle de son équipage, à rester libres.

Très attendu après qu’Et maintenant ? a fait savoir au monde qu’il existait encore des formes suprêmes de beauté cinématographique, Le Chant d'une île, le dernier film de Joaquim Pinto, co-réalisé avec son amant Nuno Leonel, ne déçut que ceux qui ne voulaient pas voir la nette continuité entre le journal fabuleux d’une médication et l’enquête sur les pêcheurs faisant valser les cadres ethnographiques pour privilégier, au-delà du savoir, la passation d’un regard. Filmé il y a plus de dix ans, le matériau du Chant d'une île semble avoir été monté plus tardivement ; la voix-off, partagée entre les deux amants, a dès lors un temps de retard sur les événements, et s’en trouve pétrie d’une saudade joyeuse qui faisait déjà la pâte d’Et maintenant ?. (…) Insaisissable affect que celui instillé par ce film qui a la beauté de l’évidence. Peut-être parce qu’il se situe au-delà du savoir, par-delà aussi la transmission d’une expérience, parce qu’il est moulé avant tout dans l’amour des hommes et du monde et que sa forme est celle de la générosité. Film solaire, aussi pluvieuse et maritime soit la terre qu’il documente, film sur lequel les mots ricochent parce que le bonheur ne s’écrit pas. Gabriel Bortzmeyer – Débordements - ici


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