L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans six régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute-Normandie et Basse-Normandie, Pays de la Loire et Poitou-Charentes. Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma.
C O M M U N I Q U É A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ' o u e s t p o u r l a r e c h e r c he
N°07 Mercredi 30 septembre 2015 p.1 > Du côté des adhérents p.2 > Soutiens GNCR p.3 > Soutiens AFCAE Actions / Promotion p.4 > Soutien AFCAE Patrimoine p.5 > Soutiens Info Distributeur
Directeur de publication : Yannick Reix, président de l'ACOR • rédaction : Catherine Bailhache et Morgan Pokée • contact@lacor.info • www.lacor.info Avec le soutien du CNC et des DRAC des régions Centre, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Bretagne, Haute-Normandie, Basse-Normandie
Du côté des adhérents > DES FOCUS SUR LES AUTEURS 4 cinéastes à l’honneur pour rendre compte de leur regard et de l’étendue du champ du court métrage : Alain Guiraudie, Gabriel Abrantes, Marie Losier et Pierre-Luc Granjon
Samedi 3 octobre – 10h00 : Table ronde sur le thème Quelle place et quel rôle pour une association de cinéphiles dans les salles ? avec Sylvain Clochard (programmateur et exploitant au cinéma Concorde à Nantes) Hélène Martin (programmatrice jeune public à > DES PROGRAMMES SCOLAIRES ET JEUNE l’association Gros Plan à Quimper) et François PUBLIC Bégaudeau (critique, romancier, scénariste et 12 programmes conçus spécifiquement pour le comédien). jeune public des maternelles au lycée Samedi 3 octobre - 16h00 : Maps to the stars de David Cronenberg, présenté > DES FILMS EN AVANT-SÉANCE par François Bégaudeau. 10 films très courts choisis dans le catalogue du Samedi 3 octobre – 20h30 : RADI Le Début de Gleb Panfilov, présenté par Françoise Navailh historienne du cinéma russe et soviétique
5ème édition du Jour le plus Court 18/19/20 décembre 2015 Inscription à partir du 15 octobre sur le site ici Pour cette 5ème édition, Le jour le plus Court proposera :
Les héros sont immortels d'Alain Guiraudie Maps to the stars, de David Cronenberg
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Les 10 ans de l'association Version Originale (Cinéma Jacques Tati – St Nazaire)
> UNE PROGRAMMATION THÉMATIQUE : QUE C’EST BON L’INSOLENCE ! Créée pour défendre le maintien de l'activité cinéma à Saint-Nazaire, l'association Version 50 œuvres, souvent insolites et décalées dans leur Originale fête ses 10 ans. forme et leur propos. Les films proposés dans cette Cinq rencontres auront également lieu du 1 er programmation ont en commun la volonté de ne pas se soumettre au réel, d’en jouer et de s’en extraire parfois. au 3 octobre. L’insolence que nous avons reconnue dans les Jeudi 1er octobre – 20h30 : personnages, dans les histoires racontées, côtoie Le Mépris de Jean-Luc Godard (présenté par l’insolence de la mise en scène et des formes narratives qui viennent déranger les normes du bon goût Bamchade Pourvali auteur et critique, spécialiste de l’essai filmé, auteur de Godard neuf zéro). cinématographique. «Que c’est bon l’insolence !», ce sont des programmes autour de l’enfance effrontée qui enfreint les règles, des actes de résistance qui ne sont parfois qu’une attitude décalée face à la société, un goût de la liberté qui devient tout à coup libertaire, une certaine distance qui permet de transformer le réel et d’y trouver son avantage.
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12 édition de Court Métrange (Ciné TNB – Rennes) ème
Programme complet ici
Vendredi 2 octobre – 20h30 : Depuis cinq ans, Court Métrange - festival de cinéma Programme de courts métrages, présenté par insolite et fantastique de Rennes élargie sa Elsa Masson programmatrice de l’Agence du programmation à d’autres horizons artistiques, invitant artistes et spectateurs à questionner l'image et court métrage
l’imaginaire fantastique à travers une thématiques à chaque fois renouvelée.
SOUTIENS GNCR THE OTHER SIDE de Roberto Minervini
Italie / France • 2015 • 1h32 | Un Certain Regard 2015
Shellac • 25 novembre 2015
Edition d'un document d'accompagnement GNCR Site distributeur ici Dans un territoire invisible, aux marges de la société, à la limite entre l’illégalité et l’anarchie, vit une communauté endolorie qui fait face à une menace : celle de tomber dans l’oubli. Des vétérans désarmés, des adolescents taciturnes, des drogués qui cherchent dans l’amour une issue à leur dépendance, des anciens combattants des forces spéciales toujours en guerre avec le monde, des jeunes femmes et futures mères à la dérive, des vieux qui n’ont pas perdu leur désir de vivre... Dans cette humanité cachée, s’ouvrent les abysses de l’Amérique d’aujourd’hui.
Quelques rangées de spectateurs ont quitté la salle lors de la présentation de The Other Side, notamment après que l’on a assisté à un shoot de femme enceinte dans la loge d’une boîte de strip-tease avant qu’elle ne monte sur le bar pour se déhancher, complètement stone, exhibant aux clients hilares son ventre rond. Bienvenue de l’autre côté, l’«other side» du titre qui est en effet une incursion sur une espèce de planète maudite qui ressemble à l’Amérique. Roberto Minervini nous fait partager le quotidien de défonce d’un couple, Mark et Lisa, vivant dans la ville de West Monroe, en Louisiane, fief d’importantes communautés de junkies et d’alcooliques en perdition. Plus si jeune bien qu’il soit difficile de lui donner un âge, le duo fume et se pique à longueur de journées et de nuits moites, baise et s’engueule selon des cycles de montées et de descentes perpétuellement hagardes. Mark embrasse Lisa de sa bouche édenté, lui enfonce les aiguilles d’héroïne ou autres poudres fabriquées à la maison directement dans les seins, ils vont nus dans la campagne, ou pique-niquent à la fraîche avec des potes encore plus décavés, sifflant des bouteilles d’alcool au soleil. Tous tiennent à leur liberté, celle de se défoncer et de picoler, de n’avoir de comptes à rendre à personne, ils veulent qu’on leur foute la paix, et pourtant, Mark sombre sous nos yeux dans une dépression. Les séquences de flip se succèdent et on le voit quémander du Xanax à une vieille femme qui le lui promet avant d’en croquer elle-même, un, puis deux et trois comme des tic-tac. La haine d’Obama revient souvent dans les propos de Mark et de son pote Jim, ivrogne de 70 piges. Ils détestent ce «crétin de négro» et espèrent l’arrivée au pouvoir non d’un républicain conservateur comme on pourrait le croire mais de Hillary Clinton. (...) Didier Péron – Libération - ici
ORLANDO FERITO de Vincent Dieutre France • 2015 • 2H01
La Huit • 2 décembre 2015
Edition d'un document d'accompagnement GNCR Site distributeur ici Dans la remise d’un petit théâtre de Palerme, les marionnettes (Pupi) se lamentent sur leur sort alors qu’un réalisateur Français débarque en Sicile pour la première fois. Même si Pasolini annonçait la Disparition des Lucioles et le triomphe du Château des Mensonges berlusconien, rencontres et séparations bouleversent le cinéastevoyageur. Son récit intime se place sous le signe d’Orlando, prince des pupi. Malgré son regard documentaire et lucide sur la Sicile d’aujourd’hui, les clichés se rebellent : théâtralité des Pupi, Mafia, homosexualité refoulée et culte de la mort, engendrent paradoxalement des poches tenaces de résistance à l’Empire.Peut-être à t-on raison de croire en La Survivance des Lucioles ?
Vincent Dieutre, cinéaste et grand lecteur lit devant nous, et c’est un premier geste salvateur : il lit La Survivance des lucioles de Georges Didi-Huberman (Minuit), ou La Révolte de Pierandrea Amato (Lignes). Et deuxième geste salvateur, il s’émerveille (et sa caméra restitue pour nous cet émerveillement et nous émerveille à notre tour) : il s’émerveille d’un spectacle de marionnettes, les Pupi, jusqu’à inventer pour elles un nouveau texte, un Orlando ferito, Roland blessé, variation inédite de l’Arioste, écrite avec Camille de Toledo. Orlando blessé, errant depuis des siècles, gémissant sur le sort de son Roi, Carlo Magna, prisonnier du Château des Mensonges, est sur le point d’abandonner la bataille. Le Sarrazin qu’Angélique lui avait préféré revient mort par centaines sur une barque à Lampedusa. Est-ce que l’Histoire est finie ? Non, elle recommence, autrement, et Orlando s’invente un fils Luciolino, et une fille, Luciolina : c’est à Lampedusa qu’ils vont maintenant, les étudiants du Professore Amato de Messine, pour continuer l’histoire et témoigner que la bataille reprend, autrement, avec d’autres armes. (..) Pascale Fautrier - Blog Médiapart - Ici
PROCHAINS SOUTIENS GNCR EL ABRAZO DE LA SERPIENTE de Ciro Guerra (Diaphana • 23 décembre 2015) PEACE TO US IN OUR DREAMS de Sharunas Bartas
(Norte • non daté)
VOLTA A TERRA de Joao Pedro Placido (UFO Distribution • non daté • soutien ACID) Prochaines recommandations GNCR FRANCOPHONIA d'Alexandre Sokourov (Sophie Dulac • 11 novembre 2015)
SOUTIEN AFCAE ACTIONS / PROMOTION EL CLUB
de Pablo Larrain Chili • 2015 • 1H38 • Ours d'Argent au Festival de Berlin 2015
Wild Bunch • 18 novembre 2015 |
Edition d'un document d'accompagnement AFCAE Site distributeur ici Dans une ville côtière du Chili, des prêtres marginalisés par l’Eglise vivent ensemble dans une maison. L’arrivée d’un nouveau pensionnaire va perturber le semblant d’équilibre qui y règne.
“Au Chili, mes films sont considérés comme des drames, et aux États-Unis, ils sont vus comme des comédies “. Cette remarque à la fois amusée et désabusée de Pablo Larraín, prononcée lors de la conférence de presse du film, traduit la difficulté qu’il peut y avoir à appréhender son œuvre au ton bien particulier. Santiago 73 Post Mortem, No… ses analyses historiques mélangent, il est vrai, une intransigeance glauque et un suspens et pince-sans-rire. Pas de quoi se taper sur les cuisses de rire ? A Berlin, il fallait pourtant voir les journalistes pouffer et s’esclaffer devant les passages les plus cocasse d’El Club. Rire franc ou jaune, de bon cœur ou de malaise ? Bien malin celui qui saura trancher. Car s’il contient effectivement une dose d’humour inattendue, le nouveau film de Pablo Larraín est surtout et avant tout son plus glaçant. Celui dont le sujet est le plus éloigné de tout potentiel comique. Il n'y a pas de quoi rire? On n’est pourtant pas au bout de nos surprises. El Club est un film fou. Pas seulement de par son sujet, mais surtout grâce à un ton unique et un scénario qui ne prend jamais vraiment les virages attendus. Quel est donc cet étrange club, cette minuscule confrérie de quatre hommes qui partagent une maison avec une bonne sœur ? Même si la réponse est donnée relativement vite, il vaut mieux en savoir le moins possible. Larraín traite une nouvelle fois des non-dits de la société chilienne, de l’hypocrisie des structures sociales, des figures d’autorités caduques, mais il le fait avec un sacré lot de surprise. La première séquence du film, qui plaque une citation de la Bible sur des images nues et symboliques, lance la fausse piste d’un récit en forme de parabole. Pourtant, pas d’intervention divine à la Carlos Reygadas ici. S’il a du mal à retomber sur ses pattes lors de son dénouement un peu grandiloquent, le scénario reste au contraire tangible et terre-àterre. Les protagonistes sont pathétiques et arrogants, mais proches de nous jusqu’au malaise. Grégory Coutaut – Filmdeculte - ici
IXCANUL de Jayro Bustamente Guatemala • 2015 • 1H32
ARP • 25 novembre 2015
Edition d'un document d'accompagnement AFCAE Site distributeur ici Maria, jeune Maya de 17 ans, vit avec ses parents dans une plantation de café sur les flancs d’un volcan, au Guatemala. Elle voudrait échapper à son destin, au mariage arrangé qui l’attend. La grande ville dont elle rêve va lui sauver la vie. Mais à quel prix...
Pour dénicher une perle rare en ce premier week-end berlinois, il fallait aller fureter du côté du cinéma… guatémaltèque. Présenté en compétition, Ixcanul, a été réalisé par Jayro Bustamante. Né en 1977 au Guatemala, ce cinéaste avait fait (un tout petit peu) parler de lui lorsqu’il avait présenté il y a deux ans Cuandu Sea Grande au festival du court-métrage de Clermont-Ferrand. Et aujourd’hui ce premier long-métrage, applaudi à l’issue de la projection de presse. Maria, l’héroïne du film, est une jeune fille de 17 ans. Elle vit avec ses parents dans une petite maison sans eau ni électricitéE et travaille avec eux dans une plantation de café. Son idée fixe : partir loin, là-bas, de l’autre côté du volcan qui surplombe le village. En attendant, il faut survivre. Déjouer les projets de ses parents qui aimeraient bien la voir épouser Ignacio, le propriétaire de la plantation. Convaincre son ami Pepe de partir avec elle aux EtatsUnis. Mais rien ne se passera comme elle l’aurait souhaité. Elle tombe enceinte de Pepe, mais ce jeune coupeur de café partira sans elle. En voulant éradiquer les serpents qui pullulent dans la plantation, elle se fait mordre avant d’être transportée en urgence par Ignacio à l’hôpital de la ville. Il faudra en définitive que Maria touche du doigt le fond de l’horreur - son bébé a tout simplement « disparu » - pour qu’elle aperçoive, enfin, une lueur d’espoir. Aussi imparfaite, aussi injuste soit-elle, sa vie vaut tout de même d’être vécue. Pour son premier long-métrage, Jayro Bustamante fait preuve d’une audace formelle assez stupéfiante. Sa science du plan séquence, en particulier, ferait pâlir de jalousie bien des cinéastes chevronnés. Qu’il s’agisse de cette scène où l’on voit une truie gravide prendre une cuite au rhum, ou de ces magnifiques séquences à flanc de volcan, sa maîtrise du cadre est impressionnante. Une maîtrise que l’on retrouve également dans le long plan nocturne qui voit Maria se donner à Pepe contre une balustrade en bois. Ou encore dans ces scènes de bains de vapeur que Maria et sa mère prennent ensemble, nues, lovées l’une contre l’autre. La plupart des acteurs parlent la langue des Cakchiquel, ces Mayas vivant dans les montagnes de l’ouest de Guatemala. C’est peu dire qu’ils sont remarquables, à commencer par Maria Mercedes Coroy (Maria). Par-delà son propos éminemment politique, Ixcanul est un film d’une universalité bouleversante. Dans les deux plans serrés face caméra qui ouvrent et terminent le film, Maria nous observe, avec un regard fixe qui dit nous vivons tous au-dessous du volcan. Franck Nouchi – Le Monde – ici
SOUTIEN AFCAE PATRIMOINE / RÉPERTOIRE BAD BOY BUBBY de Rolf de Heer Australie, Italie• 1993 • 1H48
Nour Films • 11 novembre 2015
Plus d'infos sur le site du distributeur ici Documents d’accompagnement à commander directement auprès du distributeur Séquestré depuis sa naissance par sa mère, Bubby ignore tout du monde extérieur qu’il croit empoisonné. L’arrivée de son père, dont il était tenu éloigné, va bouleverser sa vie. Le jour de ses 35 ans, Bubby va enfin sortir. Il découvre un monde à la fois étrange, terrible et merveilleux où il y a des gens, de la pizza, de la musique et des arbres…
Tels les vengeurs, certains films s’avancent masqués et camouflent derrière leur apparence impeccable tout un réseau de pulsions bizarres. D’autres, au contraire, affichent fièrement leur exhibitionnisme névrotique à la boutonnière et nous déballent tout sur la table. Sciemment rangé dans la seconde catégorie, Bad boy Bubby de Rolf de Heer est un film autoproclamé malade. C’est même sa marque de fabrique : ne manque plus que le sticker “glauque” sur l’affiche pour convaincre le spectateur potentiel que ce film est profondément dérangé et dérangeant.Premier mouvement. Le dénommé Bubby vit depuis trente-cinq ans avec sa mère dans un sous-sol sordide. Le règlement intérieur est du genre sibyllin : interdiction formelle de pointer un index dehors. Résultat, Bubby ne connaît que sa génitrice et le trio majeur : copulation, régression, claustration. Docteur Freud, vous êtes le bienvenu… Seul dérivatif ludique dans l’existence du bonhomme, un chat crasseux qu’il finira par étouffer avec un sac plastique. Saine ambiance. Second mouvement. Le papa de Bubby réapparaît et notre anti-héros chamboulé fait subir à ses parents le sort malheureux du félin. Plastique sur la tronche et émancipation surprise. Bubby sort alors pour la première fois de sa vie et découvre que le monde ne se résume pas aux quatre murs crades de sa demeure f tus. Homme sans qualité et sans langage, son parcours initiatique emprunte dès lors des contours inédits. Au-delà du bien et du mal, Bubby plonge dans un univers inconnu avec un mépris inconscient pour les lois sociales et autres règles morales. Il finit dans un groupe de rock qui charme les foules grâce à ses évocatrices éructations. Bad boy Bubby mérite qu’on s’attarde sur son cas pour toutes les bonnes idées qui nourrissent son script. Et d’abord l’aspect exemplaire, tendance Candide trash, qui réserve son lot de moments salement cocasses et permet à Rolf de Heer qui fort heureusement se soucie comme d’une guigne du moralisme tannant de tresser un petit collier de situations absurdes et de quiproquos surréalistico-dérisoires. O. de Bruyn – Les Inrocks.com - ici
LES SANS-ESPOIRS de Miklos Jancso Hongrie• 1965 • 1h26
Clavis Films • 11 novembre 2015
Plus d'infos sur le site du distributeur ici Documents d’accompagnement à commander directement auprès du distributeur Glaçante parabole sur les mécanismes du pouvoir et de la délation. Depuis l’enceinte d’un fortin ouvrant sur l’immensité de la plaine hongroise, on découvre les derniers jours de ceux qui, dans les années soixante du XIXe siècle avaient voulu prolonger le soulèvement de 1848 contre l’Empire austro-hongrois.
Comme Rosi avec Salvatore Giuliano ou Glauber Rocha avec Antonio das mortes, Les sans-espoir prend pour cadre une bande de « brigands » ruraux défiant la loi, pourchassés par un Etat qui veut faire taire les derniers sursauts de la rébellion de 1848. Une voix off, durant le générique, nous informe du contexte historique où se déroule l’histoire des Sans-espoir, le tout sur fond d’images tirées de livres d’histoires ou d’encyclopédies. Ici, Jancso met de côté une règle d’or de son cinéma qui est de ne pas donner les clés de l’histoire d’entrée de jeu, mais d’en distiller les informations. Ici, dès l’abord, il informe en profondeur le spectateur sur les enjeux de son film. C’est dans son déroulement que l’on va trouver cette opacité propre au cinéma du réalisateur. L’action prend place dans un camp de prisonniers où un homme, condamné pour le meurtre de trois riches paysans, doit dénoncer quelqu’un ayant fait plus de victimes. Cette règle s’applique à de nombreux détenus, et il devient rapidement difficile de savoir qui est qui, qui a fait quoi, dans cet imbroglio de crimes, de coupables et d’innocents. Tamas Somlo signe une belle photographie, où les personnages sont engloutis par l’immensité de terres arides, de plaines sans fin, cette puszta si spécifique à la région. Jancso mise sur l’absence de toute émotion, et on a l’impression de voir s’agiter des pantins, d’un côté de l’ordre comme de l’autre, des silhouettes, simples esquisses d’êtres qui peinent à émerger de l’histoire et de la géographie de leur pays. C’est la première pierre d’une œuvre que Jancso, et son scénariste Gyula Hernadi, consacrent au passé de la Hongrie. Ce film nous parle, comme dans d’autres chapitres à venir de la filmographie de Jancso, de la mise à mort par l’autorité de ceux qui désirent changer l’ordre réputé immuable des choses. Olivier Bitoun – DVDclassik - ici
PROCHAIN SOUTIEN AFCAE ACTIONS / PROMOTION MIA MADRE de Nanni Moretti (Le Pacte • 2 décembre 2015) ••••••••••
PROCHAINS SOUTIENS AFCAE PATRIMOINE REPERTOIRE THE MAGGIE d'Alexander Mackendrick (Tamasa • 16 décembre 2015) | JOE HILL de Bo Widerberg (Malavida • 18 novembre 2015)
INFO DISTRIBUTEUR HARAMISTE d'Antoine Desrosières France • 2015 • 40mn | Les films de l'autre cougar
1er juillet 2015 (Paris)
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On ne badine pas avec l’amour. Rim, dix-huit ans, rappelle à sa soeur Yasmina, dix-sept ans, qu'elle ne doit pas parler au garçon qui lui plaît. Mais à force de parler de tout ce qui est interdit, cela donne des envies. De rappels en conseils, Haramiste raconte l'histoire de ces deux soeurs au dress code voile - doudoune basket, qui s'adorent, s’affrontent, se mentent, se marrent, se font peur, découvrent le frisson de la transgression et du désir amoureux.
Haramiste – de Haram, « illicite » en arabe, auquel s’ajoute un suffixe farfelu qui en dit long sur le sérieux de l’affaire – répond à l’origine à une commande d’Arte sur les nouvelles rencontres amoureuses. Appel auquel Antoine Desrosières, auteur méconnu d’une petite œuvre émiettée sur trente ans, répliqua en plongeant un couple de jeunes sœurs musulmanes dans l’univers des Chatroulettes. Le projet, refusé par la chaîne, mettra finalement quatre ans avant qu’une commission n’alloue l’argent nécessaire à ses trois petits jours de tournage. Et pour cause : dans une logique complètement désintégriste, Haramiste fout les pieds dans le plat et lève un à un tous les tabous de son sujet, sans concéder la moindre allégeance aux précautions du genre. Lequel, s’agissant du « film de banlieue », étouffe même en comédie sous la trouille de déraper dans l’une des trappes laissées ouvertes par les polémistes de tous bords. Devant la bonne vieille rengaine culpabilisatrice, le cinéma se recroqueville : comme si un film, et a fortiori une comédie, pouvait « blesser » des gens – littéralement leur causer des bobos. Malgré les dispositifs de censure et le filtre des commissions, malgré les gros yeux du service public – qui, rappelons-le, produit pour une large part le cinéma hexagonal –, comment peut-on encore laisser croire qu’un film peut, aujourd’hui en France, faire du mal à quelqu’un ? Au fond, c’est que cet immobilisme pétrifié au nom du « respect de tous », reflète une peur – et cette peur, qu’on instrumentalise à volonté, ne fait que le jeu des petits récupérateurs, au détriment du cinéma. La solution tenait peutêtre dans ce geste d’une insolence toute bête, qui consiste à rire des paradoxes de deux beurettes prises dans l’étau du sexe, et de ces interdits en décalage total avec leur environnement. Haramiste en donne la preuve, lequel vient de remporter au festival Côté Court de Pantin le prix du public haut la main (avec une grosse proportion de scolaires), tandis que le jury, sans doute indisposé par l’audace du film, préféra couronner des candidats plus proprets. Il faut dire qu’avec ses débats en roue libre sur la sodomie, ses cours d’air fellation et la jalousie presque incestueuse qui règne entre les deux sœurs, le film pousse tous les voyants du politiquement correct au rouge. Totalement freestyle en apparence, il résulte en réalité d’un dispositif semiimprovisé, qui aura nécessité huit jours de répétition au cours desquels les comédiennes (Inas Chanti et Souad Arsane, deux météores à combustion différée, dont les jeux de relance produisent une complicité artificielle mais vraiment cocasse) ont fournit au film l’essentiel de sa matière. Adrien Denouette – Critikat - ici
DIS MAÎTRESSE ! de Jean-Paul Julliand France • 2015 • 1h16 | Chapeau Melon Distribution
25 novembre 2015
Plus d'infos ici
Conte pour enfants destiné aussi aux adultes, « Dis Maîtresse ! » raconte une belle histoire. Une école maternelle… Premier jour de l’année scolaire, la porte de la classe se referme. Les parents confient leur enfant, pour la première fois, à d’autres personnes. La caméra, elle, a le droit de rester. Comme une petite souris, elle accompagne ces bambins, leur maîtresse et l’ATSEM, une année durant. Volontairement placée à hauteur des enfants, elle révèle, de l’intérieur, un monde inconnu : l’Ecole. Petits drames et grandes joies - notamment celles d’apprendre et de « travailler » - construisent un film, à la fois réaliste et optimiste, sur cette aventure humaine : une classe de « tout petits » ; autrement dit, des enfants âgés de moins de trois ans, au début de l’année scolaire. Ils habitent au cœur des Minguettes, à Vénissieux, dans le Rhône. Pour nombre d’entre eux, la langue Française n’est pas nécessairement parlée couramment à la maison. Les conditions de vie des familles sont souvent marquées des effets de la crise. Mais l’amour des parents pour leur enfant et l’engagement des personnels crèvent l’écran. Le film montre bien tout l’apport de l’Ecole à de tels enfants, à la condition, évidemment, que soient remplies certaines conditions humaines et matérielles.