2016 | N°10

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L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans six régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute-Normandie et Basse-Normandie, Pays de la Loire et Poitou-Charentes. Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma.

C O M M U N I Q U É A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ' o u e s t p o u r l a r e c h e r c he

N°10 Mardi 29 novembre 2016 p.1 > Du côté de l'ACOR, soutien ACOR p.2 et 3 > Soutiens et Recommandation GNCR p.4 > Soutiens ACID / soutien GNCR p.5 > SoutienACID / soutien AFCAE Actions-promotion p.6 > Soutiens AFCAE Actions-promotion p.7 > Soutien AFCAE Actions-promotion / soutien AFCAE jeune public p.8 > Soutiens AFCAE jeune public / infos distributeurs

Directeur de publication : Yannick Reix, président de l'ACOR • rédaction : Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat • contact@lacor.info • www.lacor.info Avec le soutien du CNC et des DRAC des régions Centre-Val-de-Loire, Pays-de-la-Loire, Nouvelle Aquitaine (Poitou-Charentes), Bretagne, Normandie

DU CÔTÉ DE L'ACOR Atelier de réflexion professionnelle II Mardi 14 mars 2017 de 9H00 à 17H00 au cinéma Studio à Tours Suite à un rendez-vous pris avec Madame la Médiatrice en octobre 2016, l'ACOR et les Studio de Tours ont souhaité poursuivre la réflexion initiée lors de l'atelier qui avait eu lieu à Rouen le 29 avril 2014, qui posait la question suivante : Que peut-on attendre d’engagements spécifiques locaux de programmation pris par les grands groupes et ententes vis-à-vis des établissements cinématographiques fortement classés « art et essai » dans les villes à forte concurrence ? Le principe est de réunir en priorité les exploitants art et essai situés sur le territoire concerné par l’ACOR, notamment ceux fortement ou très fortement classés, leurs programmateurs quand ils en ont un, la Médiatrice du cinéma, le CNC – direction du cinéma, mission de la diffusion, service de l'exploitation, les DRAC – directeurs et conseillers cinéma, les Conseil régionaux, ainsi que les représentants des principales instances nationales de la diffusion art et essai et les structures locales spécialisées dans la diffusion de l’art et essai, avec pour objectifs de prendre le temps d’échanger au sujet des difficultés rencontrées par ce secteur spécifique, de répertorier et analyser les mécanismes à l’œuvre dans les pratiques concurrentielles en vigueur et les conséquences sur l’exposition des films art et essai fragiles économiquement ; d’étudier les possibilités d’évolution des pratiques. L’ordre du jour définitif sera fixé en fonction de l’actualité, notamment celle rencontrée par la Médiatrice du cinéma. En particulier, se dégagent d’ores et déjà les deux sujets d’actualité suivants : > échange avec les exploitants situés dans les petites communes et / ou dotés d’un établissement comportant entre 1 et 3 écrans. > échange sur un ou plusieurs cas particuliers notoires dans des villes plus importantes ; sera nécessairement d’actualité et porté à l’ordre du jour, le projet d’implantation du multiplexe Ciné-Loire (groupe Davoine) dans le quartier Tours-Nord, dont l’ouverture est désormais prévue courant 2018.

SOUTIEN ACOR UN JEUNE PATRIOTE de Du Haibin

Chine • 2015 • 1h36 | Production : 24 Images (Le Mans) / Cnex (Chine) | Hong Kong International Film Festival : Prix du Jury

Du Haibin examine la notion et la pratique du patriotisme en Chine chez les jeunes qui sont nés après 1989, qui n’ont pas connu les espoirs nés de la chute du bloc communiste ni les événements de la Place Tien An Men. Durant quatre ans, le réalisateur s’immerge dans le quotidien de Zhao et l'accompagne dans son passage à l’âge adulte : Zhao perçoit d’abord la réalité qui l’entoure sans interroger le bien-fondé de la propagande éducative, mais son entrée à l’université développe petit à petit son libre-arbitre.

« A Young Patriot » ou le patriotisme à l’épreuve du réel : un documentaire très réussi de Du Haibin sur un sujet peu commun […] son documentaire est donc en même temps l’histoire d’un adolescent passant à l’âge adulte, avec les désillusion que cela comporte toujours, et celle d’un enthousiaste un peu naïf, aux idées un tantinet bornées, perdant son innocence et ses convictions au contact de la réalité, en un processus inverse à celui de Confucius : peu à peu gagné par le doute, voire une certaine colère. En même temps, Du Haibin faisait des recherches, réfléchissait : son documentaire reflète une réalité mouvante, difficile à appréhender, qui n’a été finalement définie qu’au montage, après un long processus lui-même évolutif, tout en laissant au final une marge d’incertitude et d’inaboutissement qui en fait toute la valeur. Il reflète un doute cartésien dans un monde en devenir plutôt qu’une certitude confucéenne dans un univers ordonné. […] Le film reste d’un réalisme fondamental du début à la fin. Et c’est ce réalisme sans emphase et sans excès rhétorique qui captive et fait réfléchir, à partir d’un thème rarement abordé. [...] Brigitte Duzan • www.chinesemovies.com.fr ici

Le film sera présenté lors d'un prévisionnement AFCAE / Graines d'images en collaboration avec l'ACOR, jeudi 8 décembre 2016 à Sablé-sur-Sarthe, en présence de Farid Rezkallah (Producteur 24 Images) et Roland Depierre (chargé de cours en civilisation chinoise à l'Université de Nantes).


SOUTIENS GNCR CORNICHE KENNEDY de Dominique Cabrera

France • 2016 • 1H34 • avec Lola Créton, Aïssa Maïga , Moussa Maaskri Jour2fête • 18 janvier 2017 | FIDMarseille 2016 (film d'ouverture) D'après le roman de Maylis de Kerangal

Edition d'un document GNCR | Facebook du film ici En préparation : Rencontre(s) du GNCR avec Dominique Cabrera Marseille. Corniche Kennedy. Chaque jour, des jeunes plongent, au risque de leur vie. Le beau geste, le goût du risque, le plaisir de l'interdit. Suzanne, une jeune fille de bonne famille les observe, les envie, aimerait faire partie de la bande. Mais comment, quand tout les oppose ?

Corniche Kennedy, c’est un nom d’avenue qui sonne, qui claque à l’oreille et qui résonne dans nos souvenirs : s’y devine une route sinueuse et vaste, s’y entend du soleil aveuglant, d’ici et d’un autre continent, s’y abrite de l’héroïque et du tragique. Corniche Kennedy, on ne saurait le nier, voilà un titre flamboyant, c’est celui du dernier film de Dominique Cabrera, adapté du beau roman éponyme de Maylis de Kerangal. Mais que signifie, dans ce cas, adapté ? Ne faudrait-il pas dire avec plus de justice : rendu à sa source ? Car enfin, cette mer qui va être mise sans cesse au défi, elle est ici, sur l’écran, visible dans les innombrables reflets de sa surface. Car enfin, ce ciel, le voilà saturé de son azur étincelant. Et les minots qui jouent aux héros, n’entend-on pas leurs expressions si imagées exploser aux couleurs de leur inimitable accent ? Hommage à Marseille, et à ses populations, c’est avant tout début d’intrigue ce qui se donne pour évidence dans ce film généreux, curieux, fidèle à l’esprit de ces lieux accidentés, magnifiques, dangereux, exaltants. Dominique Cabrera a su diriger cette petite troupe de sorte qu’elle habite sa langue, ses coutumes à la manière dont elle dompte les rochers. On songe à Aniki Bobo, on se souvient de Vigo : il y a ici vigueur, humour, tendresse. Et quoi, est-il besoin de le préciser, de plus réjouissant, que de projeter, pour son baptême du feu, ce film à quelques mètres de là où il aura été tourné ? Jean-Pierre Rehm (FidMarseille)

[...] Des filles, des garçons, insouciants comme on peut l’être à 18 ans qui rient au bord des précipices, défient gravité et vertige, physique et métaphysique, en plongeant du haut des parapets. Ce sont eux que filme la réalisatrice. Ce sont leurs corps qui se cherchent, s’élancent dans le vide, dansent sous l’eau. Ce sont leurs mains qui touchent, palpent un poulpe, se nouent ou se dénouent dans un ballet aquatique au ralenti. Sur leurs visages en gros plans se lisent la fureur de vivre, la tristesse quand ils évoquent certains souvenirs, la peur ou le vertige et la joie de les avoir vaincus. Et qu’importent les interdits, les rappels à l’ordre, les conseils de prudence ! Ils se sentent immortels ! Parmi eux, Marco, le brun, mince et sec, chauffeur pour un caïd, et Mehdi, le blond tout en rondeur enfantine encore, soutien d’une mère abandonnée et d’un frère incarcéré. Puis, élément exogène, Suzanne, la jeune bourgeoise autochtone qui s’agrège au groupe après un rite initiatique, délaissant son baccalauréat et son cercle (des Nageurs), bastion de la bourgeoisie phocéenne pour ce cercle des… Plongeurs. La caméra d’Isabelle Razavet ne les lâche jamais, saisit le « Just Do it », l’envol de ces anges loin de la « fabrique des monstres » sur un bleu presque abstrait, fond unique sur lequel ils se découpent. Le temps se distend. […] Extérieur jour, extérieur nuit, la réalisatrice nous entraîne dans le sillage du scooter chevauché par Mehdi (Alain Demaria), Marco (Kamel Kadri) et la jeune Suzanne (Lola Creton) dont le cœur bat pour les deux. Le rap pulse des mots écrits par Kamel Kadri qui rêve du grand large et de sirène à suivre. Le film d’apprentissage tourne à un Jules et Jim version teenager, le noir du polar et du drame affleurant sous tant de bleu. […] Élise Padovani et Annie Gava • journalzibeline.fr ici

YOURSELF AND YOURS de Hong Sang-soo Corée du Sud • 2016 • 1H26 • avec Kim Joo-hyeok, Lee Yoo-yeong, Kim Ee-seong Les Acacias • 1er février 2017 | Festival de Toronto 2016

Edition d'un document GNCR | Site distributeur ici Le peintre Youngsoo apprend que sa petite amie Minjung a bu un verre avec un homme et s’est battue avec lui. Le couple se dispute et Minjung s'en va, déclarant qu'il est préférable qu’ils ne se voient plus pendant un certain temps. Le lendemain, Youngsoo part à sa recherche, en vain. Pendant ce temps, Minjung (ou des femmes qui lui ressemblent) rencontre d’autres hommes…

Il ne serait que trop facile d’accuser Hong Sang-soo de faire toujours le même film — non seulement de film en film, mais aussi à l’intérieur d’un même film. Peut-être alors faudrait-il lire la prémisse de Yourself and Yours comme un clin d’œil amusé aux critiques paresseux qui comptaient s’en sortir en accusant le cinéaste de faire encore une fois ce même film : ce film que vous croyez connaître, le connaissez-vous vraiment, nous demanderait Hong par cette Minjung qui n’est jamais celle que les personnages croient connaître. C’est que le double, chez Hong, n’est pas un clone, mais une variante, il est toujours à la fois le même (une actrice, Lee You-yong) et différent (pour interpréter plusieurs sosies d’un personnage), de la même manière que le cinéma ne fait pas que répéter le monde mais révèle ce qui s’y terre en puissance (...). La mise en scène se doit donc de répéter les mêmes plans dans les mêmes lieux pour bien mettre en valeur ce qui change, ce qui n’est jamais le même, c’est-à-dire l’humain. L’œuvre de Hong se gorge ainsi de sens à chaque nouveau film, chaque nouvelle variation implique toujours la précédente : dans Our Sunhi, la mystérieuse Sunhi du titre attirait à elle trois hommes qui défendaient trois interprétations différentes de son caractère  ; dansRight Now, Wrong Then, les deux parties du film représentaient plus ou moins les mêmes événements, le personnage principal effectuant des choix différents à chaque fois  ; et dansYourself and Yours, l’identité insaisissable de Minjung (ou des personnages interprétés par Lee) permet surtout de soulever l’impossibilité, pour les hommes autour d’elle, de lui faire confiance, de croire en qui elle affirme être. Et quelque part, cette énième variation est la plus limpide expression du cinéma de Hong, car si nous ne sommes jamais qui nous sommes, encore moins cet être que les autres croient (voudraient) que nous sommes, il n’y a rien de plus difficile que de faire confiance en ces autres que nous ne pouvons jamais vraiment connaître. La dernière scène, d’une rare émotion, nous le rappelle bien : il faut aimer comme si c’était toujours la première fois — mais redonner le monde à notre amour, n’est-ce pas, justement, le propre du cinéma  ? Celui de Hong, en tout cas, sait à chaque fois le renouveler, notre amour. Sylvain Lavallée • www.panorama-cinema.com ici


GIRL ASLEEP de Rosemary Myers

Australie • 2016 • 1H20 • avec Bethany Whitmore, Harrison Feldman, Matthew Whittet

UFO Distribution • début 2017

Edition d'un document GNCR | Site distributeur ici Entretien écrit avec la réalisatrice (filmdeculte.com) ici Greta, une jeune fille introvertie, ne veut pas quitter le monde de l’enfance, une bulle dans laquelle elle s’enferme avec son seul ami, Elliott. Quand ses parents lui annoncent une grande fête pour ses 15 ans, elle est prise de panique. Elle bascule alors dans un univers parallèle et étrange, où elle affrontera ses peurs…

LE SOMMEIL D'OR Venue du théâtre, l'Australienne Rosemary Myers (...) signe son premier long métrage avec Girl Asleep, lui-même adapté d'une pièce. Girl Asleep, sur le papier, raconte une histoire que vous avez déjà vue des milliers de fois : une jeune fille déménage et tout est compliqué pour elle – le lycée, les copines garces, les parents, le désir, l'identité... Mais Myers prouve avec panache que « la même histoire » n'est jamais la même si le regard est singulier. S'il y a ce quelque chose de Wes Anderson dans cet univers décalé, ce pastel amer, cette attachante nostalgie, Myers trouve aussi son propre ton – à vrai dire dès cette curieuse première scène de dialogue, sans aucune musique, avec le cadre qui se resserre progressivement, à pas de loups, sur ses jeunes héros. Comment quitter l'enfance ? C'est ce que raconte en creux ce difficile apprentissage extrêmement codé : codé comme le lycée où les uniformes ressemblent à des costumes, codé comme les contes qui racontent toujours plus que ce qu'il y a à l'écran ou sur la page. Le décrochage narratif de Girl Asleep vers le pur conte constitue un audacieux basculement dans ce film (...) et dont la structure est aussi inédite qu'épurée. Myers se sert des symboles du conte, de l'inquiétude des bois et des créatures qui le peuplent, pour faire le portrait des angoisses de son héroïne, angoisses qui viennent troubler les apparences acidulées du film (…). Cet univers de moquettes et de motifs muraux pourrait effectivement n'être qu'un aimable spectacle inoffensif, mais l'anxiété qui sous-tend en permanence le film lui donne une certaine aspérité en même temps qu'une certaine profondeur. (…) Le film de Rosemary Myers a justement pour qualité de refuser les formules ; il embrasse une certaine noirceur, un imaginaire moins lisse tout en restant bienveillant. Il est sans cesse surprenant visuellement. Au bout de ce labyrinthe où les rêves sont plus lucides que la réalité, il y a une vraie découverte. Nicolas Bardot • filmdeculte.com ici

[…] Dans sa première partie, avec cette formidable galerie de personnages, [...] Girl Asleep suit une formule assez classique qui coche les cases du genre. Mais Rosemary Myers enrichit cette formule par son incroyable sens de l’image et une mise en scène toujours inventive qui fait penser à celle de Wes Anderson. Dans ce cadre qui semble familier, Myers ajoute un humour féroce et un sens de l’absurde très proche de Todd Solondz. La combinaison de ces deux influences, loin d’être un mix paresseux, produit un cocktail (d)étonnant. La fête d’anniversaire voulue par ses parents et que Greta redoutait tant, va provoquer un profond bouleversement chez elle. Se réfugiant dans son monde imaginaire, elle va entraîner le basculement durable du film dans un univers onirique, peuplé de drôles de créatures, dans lequel se matérialisent ses angoisses et frustrations. On pense donc forcément au magnifique Where The Wild Things Are de Spike Jonze mais aussi beaucoup aux premiers clips de Michel Gondry pour l’esthétique et « l’animation » de plusieurs scènes. Là aussi, Rosemary Myers fait bien plus que de compiler des influences mal digérées (…) on est bluffé par sa maîtrise et la richesse de son univers. […] Fabrice Sayag • https://leschroniquesdecliffhanger.com ici

RECOMMANDATION GNCR NOUS NOUS MARIERONS de Dan Uzan France • 2016 • 1H16 • avec

KMBO • 8 février 2017 Festival international du film de la Roche-sur-Yon 2016

Site distributeur ici Karim aimerait épouser Faten, une jeune mère célibataire. Depuis sa séparation, elle vit chez son frère aîné en attendant de concrétiser son union avec Karim. Ils ont tous deux pour grand projet de se marier et vivre ensemble. Pour y parvenir, Karim devra se faire accepter par la famille de sa future femme et se démener pour payer la cérémonie.

Présenté en première mondiale, Karim [ancien titre] de Dan Uzan explore de façon subtile, humaine, et profondément touchante, la relation amoureuse d'un couple à travers le monde de la boxe, jusqu'au jour où il se foule le poignet. Devra t-il pour autant renoncer à sa carrière professionnelle et accepter le nouveau travail que lui propose la femme qu'il aime, Faten, alors que celle-ci recherche la stabilité matérielle et souhaite l'aider ? La force de Karim réside en un savant alliage entre la matière documentaire, littéralement saisie sur le ring, et la fiction amoureuse filmée avec habilité, approchant le drame social sans jamais tomber dedans. Loin de poser la question de la moralité, Karim s'impose comme un conte puissament réaliste sur le passage du monde des rêves à celui de la prise de conscience de soi. FIF 85 Ici

INFOS SOUTIENS GNCR Autres soutiens à venir : ENTRE LES FRONTIERES de Avi Mograbi (Météore films • 11/01/17) | BROTHERS OF THE NIGHT de Patric Chiha (Epicentre • 08/02/17) | ZONA FRANCA de Georgi Lazarevski (Zeugma • 15/02/17) | LETTRES DE LA GUERRE de Ivo M. Ferreira (Memento Films • 08/03/17) | 11 MINUTES de Jerzy Skolimovski (Zootrope • Sortie décalée en avril 2017)

«RENCONTRE(S) » avec T. Anastopoulos et D. Del Degan autour de L'ULTIMA SPIAGGIA disponible ici «RENCONTRE(S) » avec Olivier Babinet autour de SWAGGER disponible ici Ces rencontres peuvent être intégrées sur votre site ou votre page facebook. Pour une diffusion en salle, le GNCR peut vous les faire parvenir en format DCP par clé USB sur simple demande.

En préparation : «RENCONTRE(S) » avec Dominique Cabrera autour de CORNICHE KENNEDY


SOUTIENS ACID / SOUTIENS GNCR BROTHERS OF THE NIGHT de Patric Chiha

Autriche • 2016 • 1H28 | Epicentre • 8 février 2017 Berlinale Panorama | FID, Marseille : Prix du GNCR | RIDM, Montréal : Prix de la meilleure photographie Festival de Bergen, Norvège : Meilleur documentaire

Site distributeur ici | site ACID ici De frêles garçons le jour, des rois la nuit. Ils sont jeunes, roms et bulgares. Ils sont venus à Vienne en quête de liberté et d’argent facile. Ils vendent leurs corps comme si c’était tout ce qu’ils avaient. Seul les console, et parfois les réchauffe, le sentiment si rassurant d’appartenir à un groupe. Mais les nuits sont longues et imprévisibles.

[…] Brothers of the Night (Panorama) est le plus beau geste de cinéma vu jusqu’à présent dans cette Berlinale. Chiha y a filmé une bande d’ados et post-ados bulgares (entre 16 et 25 ans) venus gagner leur vie à Vienne en se prostituant dans les réseaux gays. Leur situation est glauque, mais Chiha lui insuffle une énergie, une beauté et une humanité époustouflantes. Ces “frères de la nuit” sont d’une présence cinégénique extraordinaire : ils sont beaux, sexy, hâbleurs, canailles, aimantent la caméra, et racontent leur expérience de putes homos avec un mélange de vérité abrupte et de frime mytho, tels des acteurs-nés. Chiha ne cherche pas à expliquer, analyser ou dénoncer leur condition de vie, il évite la sociologie et le misérabilisme préférant plutôt accompagner ces jeunes gens avec empathie, les filmer en passant du temps avec eux, en faire des personnages de cinéma. Il ne les filme d’ailleurs pas en “action”, mais en dehors de leurs passes, quand ils sont entre eux et quand ils se racontent, dans la rue ou dans des bars aux éclairages roses, bleus, rouges… Brothers of the Night n’a ainsi rien de voyeuriste mais magnifie au contraire ce sous-prolétariat du sexe et des flux économico-géopolitiques inégalitaires. Chaque plan est inspiré, vibrant, porté par la stylisation coloriste des lumières de bars et par une BO superbe. Pour avoir une idée de la puissance de cinéma à l’œuvre ici, pensez à Fassbinder, Pasolini, Kenneth Anger, rien de moins. Brothers of the night est un film d’une beauté sauvage, du sunlight pour les gueux. Serge Kaganski • Les Inrocks ici

Dès sa sublime ouverture, envolée lyrique dans un pays qui se dévoile à la nuit tombée, sur un port anonyme où les hommes échangent des regards intenses et portent la marinière, Brüder der Nacht met en place un petit théâtre auquel le merveilleux ne fera jamais défaut. De sa rencontre avec de jeunes hommes d’origine bulgare qui se prostituent en Autriche, Patric Chiha invente un film miroir. D’un côté le reflet de leur vie réelle, remplie de tristesse, d’abandons mais aussi d’une joyeuse fraternité. De l’autre, une véritable traversée du miroir, avec ces scènes d’une vie fantasmée et fantasmagorique qui nous entraînent quelque part vers les territoires de Fassbinder et Pasolini, et définitivement over the rainbow. Laurence Reymond • Entrevues ici

ZONA FRANCA de Georgi Lazarevski

France • 2016 • 1H40

Zeugma Films • 15 février 2017 | Cinéma du Réel 2016

Edition d'un document GNCR | Site de l'ACID ici Infos sur le leblogdocumentaire.fr ici Contact : Gregory Tilhac | 06 81 57 30 98 | tilhac.gregory@wanadoo.fr Zona Franca, vitrine touristique quelque peu décatie, est le plus grand centre commercial de Patagonie, dans la province chilienne du détroit de Magellan. C’est d’abord par la splendeur des paysages que Georgi Lazarevski nous fait découvrir ce pan de Nouveau Monde longtemps inconquis. Mais les cadrages disent autre chose que la beauté – peut-être l’angoisse d’y vivre isolé comme Gaspar, chercheur d’or qui peine à joindre les deux bouts. Le récit entremêle la vie de ce piquiñero, celle de Patricia, vigile de Zona Franca coincée dans sa guérite, et celle d’Edgardo, routier politiquement actif. La qualité d’écoute laisse à Gaspar et à Edgardo le temps d’exister aussi comme des êtres qui rêvent, Gaspar à l’amour qu’il n’a jamais trouvé, Edgardo au bateau de son père, vendu par nécessité. Quand les habitants bloquent les routes pour protester contre l’augmentation du prix du gaz, la bulle touristique éclate. La « Route de la fin du monde » prend un sens littéral pour les étrangers immobilisés. Poignante, la culpabilité d’Edgardo pendant les manifestations renvoie à une blessure ancienne, et aux cicatrices coloniales encore à vif de tout un territoire qui a trop tôt fait de muséifier son histoire. La très belle séquence où il visite l’hôtel de luxe dans l’ancien abattoir où il a travaillé dans sa jeunesse montre sans didactisme la violence des bouleversements en cours. Charlotte Garson • Cinéma du réel ici

[…] Lorsque l’idée du film a germé, je n’avais qu’une certitude : il fallait que je prenne de la distance avec le mythe, que le film raconte autre chose. Je voulais regarder l’envers de la carte postale, tenter de saisir la complexité de ce territoire. Je ne voulais pas d’une écriture qui à mon sens n’aurait fait que servir ce mythe, en le renforçant. Il aurait été très tentant de se cantonner à un beau personnage, hors du commun, et forcément captivant, le tout dans des paysages dantesques. Mais ce qui m’intéresse en tant que réalisateur, ce ne sont pas les recettes toutes faites, même avec plein de pixels dedans. J’ai préféré adopter une écriture qui marque cette prise de distance, qui sorte du cadre classique. Je voulais ancrer le film dans le présent, et sans abandonner l’intime, prendre une certaine distance pour tisser, par les moyens du cinéma, des liens entre les choses, entre les personnages, mettre en perspective des situations de façon à porter un regard qui interroge notre monde. Il s’agissait donc, dès l’écriture du film, de faire progresser le récit par petites touches, comme on rassemble les pièces d’un puzzle, qui peuvent paraître éparses au départ , mais qui vont s’assembler pour faire sens. […] Propos du réalisateur extrait d'un entretien avec Frédéric Mal sur leblogdocumentaire.fr ici


SOUTIEN ACID SAC LA MORT de Emmanuel Parraud

France • 2015 • 1H18 • avec Patrice Planesse, Charles-Henri Lamonge, Martine Talbot, Nagibe Chader

Les Films de l'Atalante • 15 Février 2016

Programmation ACID Cannes 2016 | Entrevues Belfort 2015 | Viennale 2016

Edition d'un document ACID | Site de l'ACID ici | Entretien vidéo avec le réalisateur ici De nos jours à La Réunion, Patrice apprend l’assassinat de son frère de la bouche du tueur. Le même jour, il se voit expulsé de chez lui. Alors que sa mère crie vengeance, Patrice voudrait retrouver une maison... et garder la raison.

Sac la mort commence presque comme un polar. Mais si meurtre il y a, aucun suspens ne viendra jamais soutenir le récit. Une histoire d’amour perdu, se dit-on ensuite ; mais si amour il y a eu, il plane, insaisissable, impossible, décentré. Nous sommes d’emblée au cœur de destinées tragiques qui se tissent devant nous : Patrice vengera-t-il la mort de son frère ? Le film prend à rebrousse poil la logique implacable des histoires bien ficelées, des dramaturgies programmatiques et des héros hauts en couleur au profit d’un récit qui s’élabore en creux, l’air de rien, avançant touche par touche, nous surprenant toujours là où on ne l’attend pas. Les discussions flamboyantes sautent du coq à l’âne, fonctionnent par soubresauts. Sac la mort est une histoire de personnages perdus, drôles, lâches, émouvants, paranoïaques parfois. Le film nous renvoie au héros que nous ne sommes pas, au anti-héros qui vibre en nous. Tout semble à chaque instant improvisé, saisi sur le vif, et pourtant l’histoire s’écrit en délicates alluvions qui infusent les consciences des personnages et les nôtres. Se dessine ainsi, sous nos yeux, un portrait éclaté de l’île de La Réunion à travers ses visages multiples, ses croyances syncrétiques et magiques, ses impasses politiques et les traces profondes qui affleurent partout du colonialisme ravageur. Texte de soutien de l'ACID par Claire Doyon et Anna Roussillon

PROCHAINS SOUTIENS ACID LA JEUNE FILLE SANS MAINS de Sébastien Laudenbach (Shellac • 14/12/16) | LE PARC de Damien Manivel (Shellac • 04/01/17) | BROTHERS OF THE NIGHT de Patric Chiha (Epicentre • 08/02/17) | ZONA FRANCA de Georgi Lazarevski (Zeugma • 15/02/17) | MADAME B, HISTOIRE D’UNE NORD-COREENNE de Jero Yun (New Story • 22/02/17) | TOMBÉ DU CIEL de Wissam Charaf (Epicentre • 15/03/17)

SOUTIENS AFCAE ACTIONS PROMOTION PATERSON de Jim Jarmusch

Etats-Unis • 2016 • 1H55 • avec Adam Driver et Golshifteh Farahani Festival de Cannes 2016 Compétition officielle | Le Pacte • 21 décembre 2016

Edition d'un document AFCAE | Site du distributeur ici Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes - de William Carlos Williams à Allan Ginsberg – aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…

(...) le réalisateur nous offre un long-métrage des plus poétiques. D'une simplicité et d'une puissance remarquables. Le titre du nouveau film de Jim Jarmusch, Paterson, réclame quelques éclaircissements : c'est d'abord le patronyme du personnage principal, joué par Adam Driver, c'est ensuite le nom de la ville du New Jersey, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de New York, où celui-ci est né et exerce la fonction (très utile à la communauté) de chauffeur de bus. Enfin, Paterson est le titre du plus célèbre recueil du poète américain William Carlos Williams (1883-1963), « grand œuvre » publié sur plusieurs années au lendemain de la guerre, hymne à la ville où, lui aussi, il naquit et vécut. Dans Paterson (le film), Paterson (le personnage) adore Paterson (le livre). Car notre fonctionnaire de la RATP locale écrit aussi des poèmes, sur un carnet qui ne le quitte pas : des textes courts, une drôle de prose poétique, d'autant plus poétique qu'elle est prosaïque, concrète, étonnamment simple. Parmi les sujets de ses poèmes, l'amour qu'il porte à Laura, sa compagne, qui l'aime autant en retour : un couple de fable, à la vie incroyablement harmonieuse et ritualisée. (…) Tous les matins, Paterson se réveille à la même heure ultra-matinale, précédant sans peine son réveil; tout le jour, pendant qu'il transporte les « patersoniens », écoutant, derrière son volant, telle ou telle conversation qui le fait sourire et peut-être l'inspirera, Laura (interprétée avec charme et humour par Golshifteh Farahani) redécore leur maison, avec un goût si obsessionnel pour le noir et blanc qu'on la croirait sortie d'un film de Tim Burton. Ou bien, nouvelle lubie, elle s'invente un avenir très hypothétique de chanteuse country grâce à la guitare qu'elle s'est acheté par correspondance... Avec eux, il y a Marvin, le bouledogue qui geint ou grogne, et que chaque soir, pendant la promenade vespérale, Paterson attache, comme un cow-boy attacherait son cheval, devant le bar où il a ses habitudes... Ni grandes peines ni grandes joies (...) Pas de péripéties spectaculaires.(…) Magie généreuse, Jim Jarmusch rend cet humble quotidien infiniment plus séduisant que d'autres vies que la leur, qui seraient trépidantes et mouvementées. Sans jamais se départir d'une agréable cocasserie, le film exalte l'harmonie domestique, la sécurité rassurante des rituels. Il fait la somme des micro-bonheurs qu'apportent, érigés en habitudes, l'amour, l'amitié, le travail, la vie en communauté. Et l'écriture. Cette oasis de bonheur modeste serre le cœur, en empathie totale avec la voix grave du héros (...), la dinguerie joyeuse de l'héroïne, les mimiques de Marvin. (...) Ce qui pourrait être gentillet ou naïf se révèle ici magnifique, évoquant la grâce du cinéma du premier (ou du second) âge - La Foule de King Vidor, portrait de l'homo americanus urbanus millésime 1928, époque où William Carlos Williams fréquentait les milieux d'avant-garde new-yorkais. Ou bien la simplicité des films de John Ford décrivant la vie dans une petite ville américaine. Soyons honnête : dans cet autoportrait à peine masqué du cinéaste, il y aura tout de même une péripétie. Un micro-accident dont on ne dira ni la nature ni la cause et qui prend des airs de cataclysme, aussi dramatique que la destruction des temples de Palmyre. Sauf que les temples de papier sont aisés à rebâtir… (…) Car Jim Jarmusch a clairement composé un poème, un film-haïku, d'une simplicité et d'une puissance remarquables [...] Aurélien Ferenczi • Télérama ici


HEDI de Mohamed Ben Attia

Tunisie / Belgique / France • 2016 • 1H33 • avec Majd Mastoura, Rym Ben Messaoud

Bac Films • 28 décembre 2016 Berlinale 2016 : Prix de la Meilleure Première Oeuvre et Ours d’Argent du Meilleur Acteur | Festival international du film indépendant de Bordeaux : grand prix du jury

Edition d'un document AFCAE | Site du distributeur ici Kairouan en Tunisie, peu après le printemps arabe. Hedi est un jeune homme sage et réservé. Passionné de dessin, il travaille sans enthousiasme comme commercial. Bien que son pays soit en pleine mutation, il reste soumis aux conventions sociales et laisse sa famille prendre les décisions à sa place. Alors que sa mère prépare activement son mariage, son patron l’envoie à Mahdia à la recherche de nouveaux clients. Hedi y rencontre Rim, animatrice dans un hôtel local, femme indépendante dont la liberté le séduit. Pour la première fois, il est tenté de prendre sa vie en main.

Le parrainage par les frères Dardenne, les producteurs de ce premier film tunisien, pourrait donner l’impression qu’il s’agit simplement d’un drame social austère, situé dans un pays actuellement en proie à quelques bouleversements majeurs. Hedi fait pourtant preuve d’une sensibilité à fleur de peau tout à fait personnelle, qui nous laisse espérer de grandes choses pour l’avenir de son réalisateur Mohamed Ben Attia. La montée inexorable d’un sentiment d’oppression chez le protagoniste y est orchestrée d’une main de maître par le réalisateur. Celui-ci se sert certes du contexte économiquement tendu en Tunisie en ce moment comme toile de fond, mais jamais pour en faire le prétexte des coups de théâtre successifs qui rythment le récit. Le propos du film ne vise point à énoncer des certitudes sur la difficulté d’assumer ses responsabilités de jeune adulte dans un pays en état de crise. Il persévère au contraire dans un tâtonnement permanent dû au doute, à l’image du personnage principal, juste assez courageux pour admettre in extremis une vérité complexe à lui-même et à ses proches. […] La qualité majeure du film réside dans l’adresse avec laquelle il suit ce parcours chahuté. Il aurait en effet été facile de céder à la tentation quasiment caricaturale de décrire tous ceux qui veulent du mal à Hedi comme des monstres et l’éveil de ce jeune homme rêveur à l’amour et à l’aventure comme un conte de fées à l’issue idéalisée. La narration de Mohamed Ben Attia se garde doucement mais fermement d’employer pareil cliché pour mieux maintenir une tension souterraine, qui ne vire jamais à la quête de sursauts sensationnels. Elle participe ainsi sans la moindre arrogance à un portrait très humain de cet individu, qui sait davantage ce qu’il ne veut pas, que ce qui pourrait l’affranchir enfin du joug d’un fils plus chétif que modèle. Les deux ou trois moments d’opposition frontale entre Hedi et les femmes qui veulent le museler sont traités avec une certaine franchise, qui laisse pourtant une place de choix à la dérobade. Néanmoins, ce sont plutôt les prises de conscience douloureuses de la situation inextricable dans laquelle il s’est lui-même fourvoyé qui nous ont subjugué dans le cadre de ce premier film d’une vivacité remarquable. (…) La compétition du 66ème Festival de Berlin a commencé avec un petit coup de maître à travers ce premier film pratiquement sans fausse note. C’est en effet un digne représentant du cinéma tunisien que Mohamed Ben Attia nous a concocté, en phase avec les problématiques de son temps et de sa région d’origine, tout en abordant avec subtilité des sujets plus universels, tel l’éternel casse-tête de suivre soit son cœur, soit la raison. L’interprétation de Majd Mastoura est à la hauteur de ce projet malgré tout ambitieux, grâce à son jeu parfois impulsif et souvent introverti. Tobias Dunschen • Critique-film.fr ici

PRIMAIRE de Hélène Angel

France • 2016 • 1H45 • avec Sara Forestier, Olivia Côte, Lucie Desclozeau

Studio Canal • 04 janvier 2017

Edition d'un document AFCAE | Site du distributeur ici Entretien vidéo avec la réalisatrice ((Indépendance(s) et Création) ici Florence est une professeure des écoles dévouée à ses élèves. Quand elle rencontre le petit Sacha, un enfant en difficulté, elle va tout faire pour le sauver, quitte à délaisser sa vie de mère, de femme et même remettre en cause sa vocation. Florence va réaliser peu à peu qu'il n'y a pas d'âge pour apprendre...

Pourquoi un film sur un professeur des écoles ? C’est une institutrice dévouée à ses élèves, et c’est aussi une mère qui se pose des questions. Le point de départ du film, ça a été l’émotion que j’ai ressentie quand mon fils a quitté son école, en fin de Cm2... Moi je pleurais parce que c’était la fin de l’enfance, lui il était excité par la vie qui s’ouvrait devant lui ! J’ai réalisé à quel point l’école marque nos vies, d’enfants et de parents, avec des étapes initiatiques. (...) Et puis on sait tous qu’un enseignant a quelque chose d’héroïque aujourd’hui. On lui demande de tout transmettre : savoir, valeurs, dans des conditions de plus en plus difficiles. Si c’est un héros, alors c’est un bon personnage pour un film ! Florence se débrouille comme elle peut à l’intérieur du système, parce qu’elle croie en l’école de la République, laïque, gratuite et obligatoire. Dans un monde régi par l’argent, ce sont des valeurs simples qui me touchent. Je voulais une héroïne traversée de questions morales et secouée d’émotions, qui se prend les pieds dans le tapis et doit malgré tout assurer. Dans un décor clos qui raconte le monde... […] Comment avez vous bâti le scénario? Une ligne dramatique simple, c’était notre mot d’ordre ! L’histoire d’une femme qui enseigne, d’une mère qui a son fils dans sa classe. [...] Il fallait être simple, pour respecter l’équilibre entre le collectif et l’individuel. Parce que la matière était dense, les personnages nombreux, et les enjeux aussi. Parce que je tenais à garder la dimension collective de l’école, son côté ruche d’abeilles. Donc le parcours de Florence est simple et tendu : comme ses élèves, elle va passer du «primaire» au «secondaire». Elle accède à une plus grande conscience de la vie. Et pour ça, il faut passer par des renoncements. Celui de pouvoir sauver chaque enfant, celui d’être une mère parfaite, celui d’être indispensable à ses élèves. A la fin, ses élèves montent sur scène et deviennent des Hommes. (…) Et Florence peut recommencer à enseigner. C’est à la fois peu et immense. Le film fonctionne sur ces choses très évidentes, initiatiques : le rituel de l’entrée en 6ème, du spectacle de fin d’année... Au montage il a fallu maintenir cet équilibre, cette tension, tout en laissant éclater le trop plein de vie des enfants. Tout en étant une fiction, le film semble être très documenté sur l’école... J’ai passé deux ans dans des classes, pour être juste dans ce que j’écrivais sur le métier, et pour le comprendre de l’intérieur. Mais ça m’a surtout permis de mieux en dégager les enjeux, les contradictions. Par exemple, en tant que parents, on ressent tous qu’éduquer c’est une mission à la fois joyeuse et un peu triste, mélancolique. On formate, on renonce à la liberté des instincts premiers ! C’est flagrant quand on est dans une classe. Et on voit bien aussi que l’école emprisonne notre Florence. J’espère que le film est traversé de tous ces sentiments contradictoires. Propos de la réalisatrice (dossier de presse)


THE FITS de Anna Rose Holmer

Etats-Unis • 2016 • 1H12 • avec Royalty Hightower, Alexis Neblett ARP Selection • 11 janvier 2017 | Festival Deauville 2016 : prix de la critique

Edition d'un document AFCAE | Site du distributeur ici Toni, 11 ans, s’entraîne dans la salle de boxe de son grand frère. Elle découvre qu’à l’étage au dessus, un groupe de filles apprennent une variante très physique du hip hop, le drill. Attirée par leur énergie, leur force, leur assurance, Toni abandonne peu à peu la boxe pour la danse…

La caméra d'Anna Rose Holmer et de son directeur photo, Paul Yee, nous livre ce que le cinéma américain indépendant fait de meilleur. Un style appuyé mais tranquille. Un rythme hypnotique. Un suspense sans surprise. Des couleurs terrestres. Un réalisme maîtrisé pour une plongée dans un monde rétrécit où genre, classe et race se jouent à chaque image sans jamais s'expliquer. […] Toni, fascinée par les lionnes, lâche la boxe pour la danse dont elle ne maîtrise aucunement les saccades chorégraphiées. Elle veut faire partie de la bande, "fit in", comme on dit en anglais, être comme les autres. […] Toni voit bien au travers des crises d'épilepsies, ces "fits" qui sont le premier sens du titre et secouent ces jeunes femmes aux corps galbés par le sport. On dirait en anglais qu'elles sont "fit". La polysémie du titre est à l'instar du parti pris : ne pas expliquer, montrer de l'intérieur et laisser comprendre. De l'intérieur du club mais aussi de l'intérieur de Toni, grâce à une bande son qui subjectivise les bruits en les filtrant du souffle de la jeune athlète qui semble s'engouffrer dangereusement dans un monde qui l'attire et l'effraie à la fois. La musique angoissante, les plans sur les épaules de Toni qui arpente les couloirs du gymnase, la cause inconnue des crises sont autant de codes d'un film d'horreur qui n'aboutit jamais […] Anne Crémieux • africultures.com ici En filmant les émois de la jeunesse comme une chorégraphie sonore, la réalisatrice Anna Rose Halmer donne pour son premier tour sur le ring, un véritable uppercut à la profession. Attention OVNI en vue ! […] La réalisatrice est en effet en pleine possession de ses moyens, et ça se sent. Que ça soit la photographie, soignée et lumineuse ; l’utilisation des focales, jouant tour à tour sur l’étouffement et le bouleversement, ou la direction d’acteurs, calibrée au millimètre dès lors qu’il est question de la jeune Royalty Hightower, on sent bien que c’est l’expérience qui anime la réalisatrice. [...] Sans doute raison majeure de sa sélection au sein de la Compétition, la maitrise sonore de l’ensemble est ainsi d’une rare justesse, tout en étant aussi d’une importance capitale. Car, lorsque interviewée en conférence de presse, la réalisatrice a admis que que le scénario était né de l’impulsion de faire un film rythmé par des effusions sonores. Une manière capable de justifier à elle seule, l’utilisation nombreuse de ces sons, servant ici à schématiser la bulle (sociale) de la jeune femme. Que ça soit celui émis par un coup de poing sur un punching-ball, celui d’un cri ou d’une respiration saccadée, le bruit revêt ici une importance telle qu’il éclipse rapidement les dialogues devenus presque figuratifs. A ce titre, on sera ravi de voir que la réalisatrice n’utilise pas cette spécificité en gimmick, tant le tout accuse d’un remarquable effort sur la notion de gestuelle et de mouvement. Zoran Paquot • www.cineseries-mag.fr ici

SOUTIENS AFCAE JEUNE PUBLIC YOUR NAME de Makoto SHINKAI

Japon • 2016 • 1H47 • dès 9 ans | Eurozoom • 28 décembre 2016

Edition d'un document Ma P'tite Cinémathèque Site distributeur ici | facebook du film ici Mitsuha, adolescente coincée dans une famille traditionnelle, rêve de quitter ses montagnes natales pour découvrir la vie trépidante de Tokyo. Elle est loin d’imaginer pouvoir vivre l’aventure urbaine dans la peau de… Taki, un jeune lycéen vivant à Tokyo, occupé entre son petit boulot dans un restaurant italien et ses nombreux amis. À travers ses rêves, Mitsuha se voit littéralement propulsée dans la vie du jeune garçon au point qu’elle croit vivre la réalité... Tout bascule lorsqu’elle réalise que Taki rêve également d’une vie dans les montagnes, entouré d’une famille traditionnelle… dans la peau d’une jeune fille ! Une étrange relation s’installe entre leurs deux corps qu’ils accaparent mutuellement. Quel mystère se cache derrière ces rêves étranges qui unissent deux destinées que tout oppose et qui ne se sont jamais rencontrées ?

En ce moment le film d’animation qui cartonne au pays du soleil levant est celui-ci : Your Name de Makoto Shinkai. Surnommé le nouveau Miyazaki et encensé par les critiques en 2004 lorsque son film La Tour Au delà des Nuages est sorti, le nouveau projet de M. Shinkai était un événement à ne pas manquer. Et pour cause, Your Name est un chef d’oeuvre d’animation. On s’attache très rapidement aux personnages, les effets animations sont magiques et très colorés. C’est vivant et entraînant et cela se retranscrit sur nos visages à tel point que Your Name nous permet de nous souvenir pourquoi on a tant aimé nos animés d’enfance et notamment ceux de Miyazaki. (…) Il est un digne représentant du film d’animation japonais. Personnellement, ce film m’a refait plongé dans ma jeunesse, la fin de l’adolescence et le départ de ma vie d’adulte. C’est rafraîchissant et même temps Makoto Shinkai nous a montré que l’on pouvait faire une histoire d’amour bien amené sans tomber dans des clichés fleur bleu, ou de romances pour jeunes filles. […] Dans Your name, les symboles et les métaphores sont très présents, d’après le créateur l’allégorie de la comète s’écrasant sur terre serait une évocation du drame survenu en mars 2011 avec la catastrophe de Fukushima. À noter que la musique du film est interprétée par le groupe de rock japonais Radwimps, qui apparait plusieurs fois dans le film comme pour marquer une pause, un entracte. Pour conclure, je ne vous en dirais plus car je souhaite vous laisser découvrir ce chef d’oeuvre d’animation qui fait parti en cette fin année 2016, l’un des tous meilleurs. À ne pas louper. Philippe Prieur • www.cine-asie.fr ici Depuis les vacances d'été, les salles de cinéma japonaises vibrent pour "Kimi no na ha"(...), le nouvel anime signé de celui que l'on surnomme déjà le "nouveau Miyazaki", Makoto Shinkai, réalisateur des superbes "5cm par seconde" et "The Garden of Words". […] Dès la scène initiale, on est bluffés par la qualité de l'animation et la beauté extraordinaire (et c'est un euphémisme) des dessins. Que ce soit à Tokyo, hyper réaliste (jusqu'aux publicités dans le train) aux montagnes de Gifu, c'est une invitation au voyage qui est faite à tous. Sur fond de comète, le film offre en particulier des images aux couleurs à couper le souffle comme rarement on a pu en voir dans des anime. La dimension spirituelle et fantastique du film lui apporte encore un peu plus d'épaisseur. […] Vincent Ricci • dozodomo.com ici


PANIQUE TOUS COURTS de Vincent Patar et Stéphane Aubier

France / Belgique • 2016 • 45' • dès 5 / 6 ans | Gébéka Films • 1er mars 2017

Edition d'un document Ma P'tite Cinémathèque Site distributeur ici

LA RENTREE DES CLASSES de Sté phane Aubier et Vincent Patar Belgique / France • 2016 • 26'

Indien et Cowboy sont sur le départ pour une magnifique croisière sur un paquebot de luxe. Mais ils se sont emmêlés les pinceaux, ils ont complètement oublié qu’aujourd’hui, c’est la rentrée des classes ! Adieu les îles exotiques, nos amis se retrouvent désespérés sur les bancs de l’école à subir la monotonie des cours. Pour dynamiser ce début d’année et accueillir le nouveau professeur de géographie, la directrice propose un grand concours. Les lauréats accompagneront M. Youri pour une journée sur la Lune. Indien et Cowboy sont évidemment prêts à tout pour gagner le concours.

En complément de programme : LE BRUIT DU GRIS de Sté phane Aubier et Vincent Patar (Belgique • 2016 • 3') En plan fixe, le hall de la maison de Cheval, gris et terne. Cowboy, Indien et leurs comparses, plus allumés les uns que les autres, remplissent le lieu, lui donnant vie, couleur et son. Mais un empêcheur de tourner en rond vient tout foutre par terre...

LAURENT LE NEVEU DE CHEVAL de Sté phane Aubier et Vincent Patar (Belgique • 2003 • 5') Le neveu de Cheval, Laurent, vient sé journer chez son oncle. D’apparence innocente, Laurent est en réalité un sale gosse qui va faire vivre le pire à Cowboy et Indien.

JANINE ET STEVEN EN VACANCES de Stéphane Aubier et Vincent Patar (Belgique • 2002 • 5') Pendant les vacances de Janine et Steven, Cowboy et Indien sont censés garder un œil sur le bon fonctionnement de la ferme. Cependant les animaux ne comptent pas se laisser contrô ler aussi facilement...

INFOS DISTRIBUTEURS COMPTE TES BLESSURES de Morgan Simon France • 2016 • 1H20 • avec Kevin Azaïs, Nathan Willcocks, Monia Chokri

Rezo films • 1er février 2017 Festival de San Sebastian 2016 : mention spéciale du jury | Festival Saint-Jean-De-Luz 2016 : Prix du jury jeune et Prix d'interprétation masculine pour Kévin Azaïs | Festival de Zurich 2016 | Stockholm International Film Festival : prix du meilleur acteur

Facebook du film ici Chanteur charismatique d'un groupe de hard rock, Vincent, 24 ans, a déjà tatoué la moitié de son corps. Avec sa gueule d’ange et son regard incandescent, le monde lui appartient. Mais l'arrivée d'une nouvelle femme dans la vie de son père réveille les tensions. Vincent n’entend plus retenir sa colère, ni son désir.

[…] Enfin, dernier choc du festival, et non des moindres, avec le premier long métrage du jeune réalisateur Morgan Simon, Compte tes blessures. Un film moderne qui ne se la joue pas et nous immerge au sein d’un trio étonnant : un fils, un père et la jeune compagne de ce dernier (magnifique Monia Chokri). Kevin Azaïs n’a jamais été aussi impressionnant que dans ce film d’une force et d’une intensité hors du commun. Assurément la découverte la plus émouvante de ce festival, et une certitude : un nouveau réalisateur est né et vous allez l’adorer. Retenez son nom, il s’appelle Morgan Simon. Il a 30 ans. Franck Finance-Madureira • Clapmag.com ici

[...] La jeunesse est vraiment le fer de lance de ce festival [St jean-de-Luz], qui semble avoir bien préparé son coup : à la fin, histoire de nous mettre K.O., il nous a balancé dans les dents Compte tes blessures, de Morgan Simon, 30 ans, qui a fait ses classes dans une session d’Emergence, et passé, comme le finlandais Juho Kuosmanen, par la Cinéfondation du festival de Cannes. [...] Sur le papier, cette histoire pourrait faire craindre tous les clichés du premier film rageur, et c’est, au contraire, la révélation d’un cinéaste au regard d’une intensité incroyable. Un très bon directeur d’acteur également : là, maintenant, c’est sûr, Kévin Azaïs n’est plus un débutant prometteur, mais un impressionnant combattant de cinéma. A noter que le film est produit par Kazak Productions, qui, après Ni le ciel, ni la terre, de Clément Cogitore, Mercuriales, de Virgil Vernier, et Jimmy Rivière, de Teddy Lussi-Modeste, prouve qu’il a du nez pour miser sur des garçons plein d’avenir. […] Guillemette Odicino • Télérama ici


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