2017 | N°01

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L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans six régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute-Normandie et Basse-Normandie, Pays de la Loire et Poitou-Charentes.

C O M M U N I Q U É A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ' o u e s t p o u r l a r e c h e r c he

N°01 Vendredi 20 janvier 2017 p.1 > Soutiens ACOR p.2 et 3 > Soutiens GNCR p.4 > Soutiens et recommandations GNCR p.5 > Soutien ACID, Soutiens AFCAE Actions-promotion p.6 à 9 > Soutiens AFCAE (Actions-promotion / Patrimoine - répertoire / Jeune public) p.9 > Info distibuteur p.10 > Info Enfants de cinéma

Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma.

Directeur de publication : Yannick Reix, président de l'ACOR • rédaction : Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat • contact@lacor.info • www.lacor.info Avec le soutien du CNC et des DRAC des régions Centre, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Bretagne, Haute-Normandie, Basse-Normandie

••• SOUTIENS ACOR ••• BROTHERS OF THE NIGHT de Patric Chiha

Autriche • 2016 • 1H28 | Epicentre • 8 février 2017 Berlinale Panorama | FID, Marseille : Prix du GNCR | RIDM, Montréal : Prix de la meilleure photographie Festival de Bergen, Norvège : Meilleur documentaire

Site distributeur ici | site ACID ici Dans le cadre de son soutien, l'ACOR > a commandé un texte sur le film à Adrien Dénouette, critique de cinéma (biographie ici) Celui-ci peut intervenir en salle pour accompagner le film. > a réalisé un mini-site sur le film ici Extraits du texte de Adrien Dénouette • texte intégral ici " [...] Et si dans ses témoignages, Chiha insiste sur le fait d’avoir fait le film « avec » plutôt que « sur » ses personnages, c’est parce qu’il sait à quel genre d’anathème éthique s’expose une rêverie érotique élaborée dans le dos d’un sujet aussi délicat que la prostitution de jeunes migrants. Formule bien commode en apparence (...), mais dont Brothers of the Night tire en l’occurrence tout son programme esthétique : car ces décors artificiels, ces cloisons de fumées versicolores, offrent en guise de refuge aux âmes flottantes ce que Genet appelait « une maison d’illusions ». Espace simulé, chapiteau d’images sans profondeur, dont le projet proprement Genettien consiste à faire des puissances du faux un petit asile d’éternité. Au fond, c’est toute la beauté de ce documentaire troquant informations chiffrées et arrière plan sociologique contre des références de cinéphile : arracher ces corps aux statistiques de la misère, les insérer dans un pur décor sans envers, c’est affirmer que les sortilèges du cinéma ont un plus grand pouvoir que les annales scabreuses du quotidien. Prendre ces jeunes roms pour objet de désir, les regarder se pavaner, c’est honorer leur volonté de ne pas se laisser enfermer dans la violence : car leurs anecdotes mensongères, par lesquelles ils jouent à s’embellir, sont autant d’esquives à l’apitoiement des autres. Patric Chiha ne les juge ni ne les prend en pitié, il les désire, comme Fassbinder, Anger, Genet et même Pasolini aimèrent des indésirables avant lui. Et un regard qui désire, c’est un regard qui se voit – or le cinéma, qui n’est qu’affaire de regard, ici se montre beaucoup. […] "

UN JEUNE PATRIOTE de Du Haibin Chine • 2015 • 1h36 | 24 Images • début mai 2017 Hong Kong International Film Festival : Prix du Jury

Du Haibin examine la notion et la pratique du patriotisme en Chine chez les jeunes qui sont nés après 1989, qui n’ont pas connu les espoirs nés de la chute du bloc communiste ni les événements de la Place Tien An Men. Durant quatre ans, le réalisateur s’immerge dans le quotidien de Zhao et l'accompagne dans son passage à l’âge adulte : Zhao perçoit d’abord la réalité qui l’entoure sans interroger le bien-fondé de la propagande éducative, mais son entrée à l’université développe petit à petit son libre-arbitre.

Dans le cadre de son soutien, l'ACOR > a commandé un texte sur le film à Stéphane Lagarde, Rédacteur en chef adjoint et co-fondateur de Asialyst (média sur l'Asie), Grand Reporter attaché au Desk Asie sur RFI. Celui-ci peut intervenir en salle pour accompagner le film. > a commandé un texte sur le film à Marie Stephen, monteuse du film. Celle-ci peut intervenir en salle pour accompagner le film. Originaire de Hong Kong, monteuse et réalisatrice de films, Mary Stephen a été pendant plus de vingt ans la chef monteuse d'Éric Rohmer avec qui elle a signé la musique de plusieurs films sous le pseudonyme collectif de Sébastien Erms. Elle a également monté de nombreux documentaires et fictions en Asie, en Turquie et au Canada, en collaboration avec Du Haibin, Ann Hui, Li Yang, Seren Yüce, etc. > va réaliser un mini-site sur le film (bientôt en ligne)


SOUTIENS GNCR LA FEMME QUI EST PARTIE de Lav Diaz

Philippines • 3H46 • 2016 • avec Charo Santos-Concio, John Lloyd Cruz, Michael De Mesa, Shamaine Centenera-Buencamino | ARP Sélection • 1er février 2017 Festival de Venise 2016 : Lion d'Or

Edition d'un document d'accompagnement GNCR Site distributeur ici Horacia sort de prison, trente ans après avoir été injustement incarcérée. Elle a deux raisons de vivre : se venger de l'homme qui l'a fait condamner et retrouver son fils.

[…] Après huit jours de projections de la compétition, qui parurent une interminable descente en apnée dans un puits de médiocrité d’auteur, le film de Lav Diaz a donc opéré ce genre de disruption tranquille qui caractérise l’art du Philippin, créant le calme et la stupeur autour de lui par la combustion lente de ses plans à la plastique noir d’abysse et blanc brûlé, toujours rongée, troublée d’un feu fébrile. Conte moral d’une concision (3 h 46) qui le range parmi les pièces les plus menues de sa filmographie, The Woman Who Left a quelque chose de la nouvelle d’auteur russe à épaisse barbe (on pouvait songer à Dostoïevski au sortir de la salle, il s’avère que Diaz est allé puiser chez Tolstoï). Son obstination à reparcourir film après film l’histoire violente de son pays s’infiltre et coagule cette fois dans le parcours d’une femme, Horacia, qui recouvre sa liberté après trente ans d’enfermement lorsque sa meilleure amie en prison confesse enfin l’avoir accusée à tort d’un crime, en fait commandité par un ex-amant jaloux. Renouant avec le dehors, elle y trouve un monde ravagé, tant chez elle (son mari mort, sa fille partie vivre loin et son fils porté disparu à Manille, où sévit une vague endémique de rapts meurtriers) que partout alentour, où s’épanouissent crûment les symptômes d’une société violente, inégalitaire et gouvernée par la collusion d’une minorité oligarchique et mafieuse - nantis, hommes d’église et politiques destructrices. Tiraillée entre vengeance et pardon, elle se rend dans la ville où réside celui qui a saccagé sa vie, zonant jour et nuit autour de l’opulente demeure parmi la communauté des déshérités du coin, dont elle se fait l’une des silhouettes noctambules et l’indéchiffrable bienfaitrice. Il n’est pas ni tout à fait anodin que pareil rôle d’absentée au monde ressurgie des limbes pénitentiaires revienne à une superstar du cinéma locale retraitée depuis vingt ans des écrans (la remarquable Charo Santos, devenue productrice entre-temps), ni que l’action se déroule en 1997 et se pose ainsi, dès ses premières vues d’un assujettissement carcéral, où bruisse l’annonce de la rétrocession de Hongkong à la Chine, en résonance à l’histoire postcoloniale. La durée du film, loin d’être le creuset d’un vain abandon à la contemplation, ménage autant d’enlisements du personnage dans la complexité de la situation qui est faite à ceux qui l’entourent que de brutales poussées de romanesque. [...] The Woman Who Left n’est pas le chef-d’œuvre de son auteur, et ce n’est pas moins un film souvent magnifique. Celui, au sein de sa production récente, où se lit le plus nettement, aussi, comme une révérence au cinéma du maître Lino Brocka, la figure tutélaire et géniale du cinéma indépendant des Philippines dans les années 70. […] Julien Gester • Libération ici

DAVID LYNCH : THE ART LIFE de Jon Nguyen

USA • 2016 • 1H30

Potemkine • 15 février 2017

Edition d'un document d'accompagnement GNCR Site distributeur ici Le film documentaire DAVID LYNCH : THE ART LIFE est un portrait inédit de l’un des cinéastes les plus énigmatiques de sa génération. De son enfance idyllique dans une petite ville d’Amérique aux rues sombres de Philadelphie, David Lynch nous entraîne dans un voyage intime rythmé par le récit hypnotique qu’il fait de ses jeunes années. En associant les œuvres plastiques et musicales de David Lynch à ses expériences marquantes, le film lève le voile sur les zones inexplorées d’un univers de création totale.

[…] réaliser un documentaire sur David Lynch et avec David Lynch, avait tout du pari fou, difficile à mener à bien. Pourtant, Jon Nguyen, Nick Barnes et Olivia Neergaard-Holm sont parvenus à gagner la confiance du cinéaste et à lui faire baisser sa garde, pour un résultat aussi passionnant que touchant. Documentaire atypique, David Lynch: The Art Life n’est pas un film dévoilant le sens caché de son oeuvre (les nombreux livres qui lui sont consacrés s’occupent déjà de l’ausculter), ni ses secrets créatifs, et encore moins une filmographie commentée. Les réalisateurs se sont rendus chez lui, dans sa maison sur les hauteurs de Mulholland Drive, à Los Angeles, pour le filmer en train d’écrire et travailler sur ses toiles alors qu’il était plongé dans l’écriture de la saison 3 de Twin Peaks. Et ils lui ont donné la parole. Le week-end, pendant 3 ans. Toutes les questions et interventions des documentaristes ont été retirées du montage, de sorte que David Lynch s’adresse pendant 1h30 directement au spectateur, racontant son enfance, de Missoula à Washington, et ses débuts en tant qu’artiste, jusqu’à la réalisation de son premier long-métrage, Eraserhead, sorti en 1977. Des paroles entrecoupées de longs silences, de musique, de moments dans son atelier avec sa plus jeune fille, Lula, avec laquelle il joue… […] David Lynch: The Art Life est donc un portrait intimiste unique en son genre du cinéaste que Mel Brooks qualifia un jour de « James Stewart de la planète Mars ». Son timbre inimitable ponctue le récit riche et étonnant de son enfance et sa jeunesse, qui imprègne encore aujourd’hui son art d’une belle force vitale. La curiosité et la passion qui habitaient le jeune Lynch l’ont de toute évidence suivi et c’est cette passion sans limite pour l’art que l’on sent à chaque minute de ce documentaire. Un film étonnant également par ces moments où l’homme baisse la garde, et montre une image plus vulnérable, moins contrôlée (...) « A chaque fois que vous créez quelque chose comme une peinture… le passé peut invoquer ces idées, et leur donner une certaine teinte », confie David Lynch dans la séquence d’introduction du film. David Lynch: The Art Life découle en quelque sorte de cette réflexion : en invoquant le passé, des souvenirs reviennent à l’artiste, et donnent à voir, sans jamais le souligner plus que de raison, comment son vécu et ses perceptions d’enfant ou jeune homme ont imprégné son art, qui n’a jamais été destiné au seul plaisir des critiques d’art élitistes, mais bel et bien à rencontrer un public hétéroclite, sans jamais faire de compromis. Un art vivant, continuellement en mouvement, dont on attend avec impatience de découvrir la nouvelle oeuvre. Cécile Desbrun • http://culturellementvotre.fr ici


CERTAINES FEMMES de Kelly Reichardt

États-Unis • 2016 • 1H47 • avec Kristen Stewart, Michelle Williams, Laura Dern,Lily Gladstone

LFR Films • 22 février 2017

Edition d'un document d'accompagnement GNCR Facebook du distributeur ici Quatre femmes font face aux circonstances et aux challenges de leurs vies respectives dans une petite ville du Montana, chacune s’efforçant à sa façon de s’accomplir en tant que femme.

[…] Certain Women est un film d’une beauté inouïe dans ses envolées lyriques automnales et crépusculaires, Kelly Reichardt par la seule force de sa mise en scène parvient à sublimer ses personnages interprétées par des actrices en état de grâce. Par l’épure de son récit, son rythme paisible et sa perfection picturale, Certain Women est hypnotique et émotionnellement bouleversant. Kelly Reichardt démontre encore une fois (comme Kenneth Lonergan dans son Manchester by the Sea l’an dernier) que le cinéma indépendant américain est capable de somptueux mélodrames car Certain Women est un film féministe d’une justesse et d’une pureté rarement égalée ces derniers temps. Loris Dru Lumbroso • cinephilia.fr ici […] Tout en restant d'une discrétion qui risque de passer au-dessus de la tête de certains spectateurs pressés, la démarche de Kelly Reichardt est vraiment radicale. A travers ces histoires où en surface, il semble presque ne rien se passer, ce ne sont pas les petites choses qu'elles nous donne à voir, mais au contraire les plus grandes : des gouffres d'émotions refoulées. Pas de cri, pas de larme, pas de baiser, c'est précisément cette absencelà (et la violence sans éclat de ce vide-là) que Reichardt et ses formidables comédiennes parviennent à nous faire sentir. Malgré (ou plutôt "grâce à") sa sobriété sans compromis, Certain Women est peut-être bien le film le plus émouvant de son auteure. Gregory Coutaut • filmdeculte.com ici

TRAMONTANE de Vatche Boulghourjian

Liban • 2016 • 1H45 • avec Barakat Jabbour, Julia Kassar, Michel Adabashi , Toufic Barakat Ad Vitam • 1er mars 2017 | Semaine de la critique Cannes 2016

Edition d'un document d'accompagnement GNCR Site distributeur ici | Interview du réalisateur par Nicolas Gilson ici Rabih, un jeune chanteur aveugle, est invité avec sa chorale à se produire en Europe. Lors des formalités pour obtenir son passeport, il découvre qu’il n’est pas le fils biologique de ses parents. Un mensonge qui l’entraîne dans une quête à travers le Liban, à la recherche de son identité. Son périple dresse aussi le portrait d’un pays meurtri par les conflits, incapable de relater sa propre histoire

[…] On le voit, la métaphore de Tramontane (Rabih), premier longmétrage de Vatche Boulghourjian, n’est pas très difficile à déchiffrer : quarante ans après le début de la guerre civile, alors qu’elle menace toujours de reprendre, le Liban ne peut voir son passé, et tous les efforts pour l’éclairer sont voués au mieux à l’indifférence, au pire à l’échec. La métaphore a ici aussi un corps et une voix, celle de Barakat Jabbour, chanteur, percussionniste, violoniste, dont les talents sont utilisés pour esquisser une autre réponse : la vérité se trouve peut-être dans des textes moins explicites que les livres d’histoires, sur des partitions par exemple. Cette inflexion de la réflexion historique vers l’émotion esthétique est accentuée par la sensualité des paysages libanais filmés tout au long du périple du protagoniste. Thomas Sentinel • Le Monde ici […] Il s'agit, à travers cette fiction qui progresse lentement, presque en ligne droite, de dérobades en révélations, de développer un regard quasi documentaire sur le rapport compliqué du Liban à sa mémoire meurtrie. D'un bout à l'autre du pays, ressurgit peu à peu le fantôme d'un passé fratricide, jalonné de guerres et de deuils, que tout le monde cherche à fuir. On est touchés, forcément, par l'image d'espoir que finit par former ce puzzle à base de trauma collectif, de non-dits farouches et de cadavres dans les placards familiaux. Raide, opiniâtre et pétri de colère, le jeune homme qui nous sert de guide est un beau personnage, dont les chants, belles mélopées mélancoliques, aèrent le film. […] Cécile Mury • Télérama

GRAVE de Julia Ducournau

France / Belgique • 2016 • 1H40 • avec Garance arilliers, Ella Rumpf, Rabah Naït Oufella Wild Bunch • 15 mars 2017 | Semaine de la Critique - Cannes 2016

Edition d'un document d'accompagnement GNCR Site du film ici Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature.

GRAVE commence par un plan très anodin, d’une silhouette qui marche sur un bord de route, dont il est difficile de dire s’il s’agit d’un homme ou d’une femme à cette distance. Deux plans plus tard, c’est le choc (dont on ne dévoilera pas les détails). Cette gestion habile du banal et de l’inattendu, Julia Ducournau y aura recours tout au long du film, à diverses échelles : scénaristique, mise en scène et direction d’acteurs. [...] Le propre du cinéma fantastique est de créer une porosité entre le quotidien et l’étrange, mais avec le temps on s’était habitué à quelques recettes et il était difficile de nous surprendre. La réalisatrice détourne en permanence notre connaissance du cinéma de genre, avec une utilisation inattendue d’effets gores ou l’instillation d’un climat anxiogène soigneusement dosés. Si elle s’était contentée de montrer l’absurdité du système de bizutage, Julia Ducournau aurait déjà réalisé un très bon film, mais impossible de suspecter le véritable tournant de l’histoire, au premier tiers, qui nous emmène encore beaucoup plus loin dans la noirceur de l’âme humaine.


Tour à tour cruellement drôle et drôlement cruel, GRAVE en met plein la vue aussi au niveau de sa mise en scène. Que ce soit la nature totalitaire du bizutage mis en place par les deuxièmes années, ou les pulsions de Justine, Julia Ducournau arrive toujours à rehausser la qualité du scénario par une parfaite gestion du tempo, un grand sens des couleurs ou un choix de cadrage original. [….] Le visage qui exprime la transformation de Justine est celui d’un ange diaphane, une jeune fille pas encore tout à fait femme qui loin d’avoir les yeux emplis de cruauté pose plutôt sur le monde un regard mélancolique. Garance Marillier ne se contente pas de jouer juste, elle est la véritable révélation de GRAVE. La direction d’acteurs est impeccable, mais Garance Marillier sort du lot en prenant à contre-pied nos attentes : on la croit apeurée, elle devient séductrice dans la scène suivante ; elle prend goût à sa transformation, la voilà maintenant presque triste de cette révélation. GRAVE concentre une séries de thèmes qui auraient tous pu faire l’objet d’un film en soit : découverte de la sexualité, affirmation de soi, filiation parentale, etc. La polysémie du jeu de l’actrice recoupe donc celui du film. Mais ces aspects sont aussi corrélés à un propos plus insidieux, qui ne se révèle que très progressivement au cours de l’histoire : le Mal est par nature intrinsèque à notre condition. Ou du moins à celle de Justine. S’il on peut s’offusquer de cette idée, elle n’en est pas moins totalement cohérente avec tous les événements de GRAVE. Contre ce Mal inné, nous ne pouvons que tenter vainement de nous imposer des gardes-fous, dans l’espoir de le contenir dans la mesure du possible. Que ce soit pour sa mise en scène ou son scénario, GRAVE est un film à découvrir absolument […] Thomas Coispel • leblogducinéma.com ici

*** PROCHAINS SOUTIENS GNCR *** changement de titre : GIRL ASLEEP de Rosemary Myers devient FANTASTIC BIRTHDAY (UFO • 22/03/17) LETTRES DE LA GUERRE d'Ivo M. Ferreira (Memento • 19/04/17) 11 MINUTES de Jerzy Skolimovski (Zootrope • 19/04/17) "RENCONTRE(S)" AVEC DOMINIQUE CABRERA autour de CORNICHE KENNEDY est disponible ici Cette rencontre peut-être intégrée sur votre site ou votre page facebook. Pour une diffusion en salle, nous pouvons vous la faire parvenir en format DCP par clé USB sur simple demande.

RECOMMANDATIONS GNCR JOURS DE FRANCE de Jérôme Reybaud France • 2016 • 2H17 • avec Pascal Cervo, Arthur Igual, Fabienne Babe, Nathalie Richard, Laetitia Dosch, Liliane Montevecchi, | KMBO • 15 mars 2017 | Festival entrevues de Belfort 2016

Site distributeur ici Au petit matin, Pierre quitte Paul. Au volant de son Alfa Roméo, il traverse la France, ses plaines, ses montagnes, sans destination précise. Pierre utilise Grindr, une application de son téléphone portable qui recense et localise pour lui les occasions de drague. Mais Paul y a recours aussi pour mieux le suivre. Au terme de quatre jours et quatre nuits de rencontres – sexuelles ou non – parviendront-ils à se retrouver ?

Pierre (interprété par Pascal Cervo, héros fragile d’une famille de cinéma qui comprend Laurent Achard, Pierre Léon ou Paul Vecchiali) entreprend un road movie à travers la France profonde. Cherchant à fuir son amant – ou lui-même – il sillonne des aires d’autoroute, des stations-service, des cafés secrets. Il quadrille la province de France. Disparaître. Échapper. S’enfoncer dans les profondeurs d’un pays pour effacer les traces d’une vie. D’un amour. Après la fuite de Pierre, Paul (génial Arthur Igual) se perd à son tour dans la quête désespérée de son compagnon, suivant des traces virtuelles laissées sur des réseaux sociaux comme Grindr. Le premier long-métrage de Jérôme Reybaud, Jours de France, est un film qui construit une sorte de portrait comique du couple, un film qui parle autant de la passion amoureuse que de la solitude qu’elle peut provoquer. Elena Lopez Riera • Entrevues Belfort ici […] Je ne connaissais rien de ce réalisateur mais son film est vraiment superbe. [...] Jours de France est donc un road-movie très contemporain, une errance dans la France provinciale des petites villes, des départementales et des bleds oubliés, ainsi qu’une course poursuite amoureuse. D’humeur mélancolique, le film est aussi parfois très drôle (...) Chemin faisant, on croise aussi des femmes merveilleuses jouée par des actrices que l’on se fait une joie de revoir (Fabienne Babe, Liliane Montevecchi, Nathalie Richard, MarieFrance, Laetitia Dosch…). Profond, délicat, inspiré, absolument pas ramenard, Jours de France ressemble au plus beau film de Vecchiali depuis un bail, et il est donc signé Jérôme Reybaud. […] Serge Kaganski • les Inrocks ici

LA VENGERESSE de Bill Plympton & Jim Lujan États-Unis • 2016 • 1H15 • animation

ED Distribution • mars 2017

Site distributeur ici Deathface, un ancien catcheur et motard devenu sénateur, embauche le chasseur de primes Rod Rosse pour retrouver l’adolescente qui lui a dérobé une marchandise qui pourrait mettre en péril sa carrière. Les loups sont lâchés sur les routes de Californie pour empocher le pactole.

Avec ce huitième long métrage d’animation, Plympton, cette fois en collaboration avec l’écrivain et artiste Jim Lujan, s’aventure dans le thriller et le road movie avec l’humour explosif qui le caractérise. Stations essence et motels de bord de route, sectes armées, rednecks édentés et boîtes de nuit pour travestis poilus, le dessinateur plonge à pieds joints dans l’americana et les bas-fonds sordides de l’Inland Empire. À 70 ans, il nous livre un film fou furieux aux dialogues incisifs. Rock’n’roll, défonce, scatologie et règlements de compte. Les frères Coen auront l’air d’enfants de chœur face à ce nouveau tour de force du grand Bill.


SOUTIEN ACID TOMBE DU CIEL de Wissam Charaf

France / Liban • 2016 • 1H10 • avec Rodrigue Sleiman, Raed Yassin, Said Serhan, George Melki, Yumna Marwan | Epicentre • 15 mars 2017 ACID Cannes 2016 | Festival de Tubingen - Stuggart : Grand Prix | Cinémed Montpellier |

Edition d'un document ACID | Site distributeur ici | site de l'ACID ici Entretien vidéo avec les réalisateur sur Arte ici Après 20 ans de séparation, Samir, ancien milicien présumé mort réapparaît dans la vie d’Omar, son petit frère devenu garde du corps à Beyrouth. Entre drame et comédie, Samir doit se confronter à un pays qui ne lui appartient plus.The Revenant. Azimuté, le film de Wissam Charaf suit un homme donné pour mort qui retrouve le Liban vingt ans après.

The Revenant. Azimuté, le film de Wissam Charaf suit un homme donné pour mort qui retrouve le Liban vingt ans après. Tombé du ciel s’ouvre sur l’image d’une montagne enneigée. On est au Liban et, même si ça existe sans aucun doute, on n’avait jamais vu cela : un film qui se passe dans ce pays et démarre dans le froid, loin des cèdres et du soleil de plomb. Le film de Wissam Charaf ne ressemble à pas grand-chose d’autre, si ce n’est peut-être au cinéma d’Elia Suleiman par son sens du burlesque, ou bien à celui de Nanni Moretti eighties . Il faut dire que le personnage principal, le très charismatique Rodrigue Sleiman, a un air du cinéaste italien. [...] Le Liban que filme Wissam Charaf, né en 1973, est traversé de scènes loufoques, de personnages déments (est-ce la conséquence de la guerre ou une nouvelle preuve de la folie de l’âme humaine ?). Un voisin monte le son de sa télé quand on lui demande de le baisser, un vieux passe son temps à réciter la liste des invasions que le pays a surmontées (Ottomans, croisés, Romains…), un garagiste découvre Mein Kampf et se lance dans sa lecture assis sur un fauteuil de son établissement. Il est aussi question d’une thèse de doctorat comparant Ben Laden et la chanteuse pop Haifa Wehbe. (…) Tombé du ciel porte une grâce très plaisante, un sens de l’humour qui - c’est une évidence, mais c’est vrai - n’est toujours qu’un support à la réflexion et l’intelligence, à des pas de côté, introspections ou vivacité d’esprit. Clément Ghys • Libération ici

SOUTIENS AFCAE ACTIONS PROMOTION COMPTE TES BLESSURES de Morgan Simon France • 2016 • 1H20 • avec Kevin Azaïs, Nathan Willcocks, Monia Chokri

Rezo films • 25 janvier 2017

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE Site distributeur ici | Facebook du film ici Chanteur charismatique d'un groupe de hard rock, Vincent, 24 ans, a déjà tatoué la moitié de son corps. Avec sa gueule d’ange et son regard incandescent, le monde lui appartient. Mais l'arrivée d'une nouvelle femme dans la vie de son père réveille les tensions. Vincent n’entend plus retenir sa colère, ni son désir. (film présenté dans le communiqué ACOR N°2016-10)

JACKIE de Pablo Larrain

Etats-Unis • 2016 • 1H40 • avec Natalie Portman, Peter Sarsgaard, Greta Gerwig

Bac films • 1er février 2017 Biennale de Venise 2016 : Prix du Meilleur Scénario | Toronto 2016 : Prix Platform Prize

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE Site distributeur ici 22 Novembre 1963 : John F. Kennedy, 35ème président des Etats-Unis, vient d’être assassiné à Dallas. Confrontée à la violence de son deuil, sa veuve, Jacqueline Bouvier Kennedy, First Lady admirée pour son élégance et sa culture, tente d’en surmonter le traumatisme, décidée à mettre en lumière l’héritage politique du président et à célébrer l’homme qu’il fut.

[ … ] Jackie nous livre ainsi un double portrait de sa protagoniste : introspectif, au travers d’un entretien où elle donne forme à sa version des événements qui ont suivi la mort de son mari, et en action, dans le flux des événements mêmes. C’est l’après-Kennedy qui est mis en scène, et l’interrogation dramatique qui l’accompagne, pour celle qui est tenue de quitter la Maison Blanche, sur la place qui est désormais la sienne. À la fois aristocratique et fragile, Jackie, comme le montre sa démarche chancelante, ne tient debout que par résolution et force de volonté. Mais précisément parce qu’elle a tout à perdre, la protagoniste refuse qu’on la paye de mots. D’où l’incisivité de ses dialogues. [...] Endossant ostensiblement un masque de froideur, parfois crispé d’un sourire artificiel en présence des caméras des journalistes, Natalie Portman rayonne dans ce rôle à la maturité tragique. (…) Quand il n’explore pas les tréfonds d’humanité de son visage, Larraín reconstitue avec minutie l’environnement où elle évolue. [...] Mais plus encore, c’est dans le jeu sur l’image que le cinéaste excelle. On connaît le talent de faussaire de Larraín, qui avait déjà fait preuve dans No à passer de l’autre côté de l’écran, d’une époque à une autre. Si le procédé gardait dans les précédents films quelque chose de l’exercice bien réussi, il acquiert ici une véritable épaisseur dramatique : restituant le grain de différents types d’images, le cinéaste capte les atmosphères bien spécifiques qu’ils évoquent. Le contraste, dans la scène de la marche funéraire, entre l’opacité des fausses images d’archives et la netteté des souvenirs de la protagoniste revivant la mort de son mari en fournit l’une des illustrations les plus frappantes. Le rythme choisi par Larraín fonctionne sur le contre-temps : de la même manière que la détermination apparente de Jackie donne soudain lieu à des revirements notables (...), la caméra enchaîne les plans selon un rythme précaire qui traduit l’oscillation des souvenirs. […] Nicolas Brarda • Critikat ici


LOVING de Jeff Nichols

Etats-Unis • 2016 • 2H03 • avec Joel Edgerton, Ruth Negga, Marton Csokas Mars films • 15 février 2017 | Cannes 2016 compétition officielle

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE Site distributeur et dossier pédagogique ici Mildred et Richard Loving s'aiment et décident de se marier. Rien de plus naturel – sauf qu'il est blanc et qu'elle est noire dans l'Amérique ségrégationniste de 1958. L'État de Virginie où les Loving ont décidé de s'installer les poursuit en justice : le couple est condamné à une peine de prison, avec suspension de la sentence à condition qu'il quitte l'État. Considérant qu'il s'agit d'une violation de leurs droits civiques, Richard et Mildred portent leur affaire devant les tribunaux. Ils iront jusqu'à la Cour Suprême qui, en 1967, casse la décision de la Virginie. Désormais, l'arrêt "Loving v. Virginia" symbolise le droit de s'aimer pour tous, sans aucune distinction d'origine.

Sobre, intense, le mélodrame de Jeff Nichols, en compétition, fait passer un frisson sur la sélection officielle. […] Révélé avec Shotgun Stories, néowestern tourné dans les plaines de l’Arkansas, Jeff Nichols a 37 ans et déjà cinq longs-métrages au compteur. Il n’a eu de cesse, depuis, de revisiter l’imaginaire du sud des Etats-Unis à la lumière des grands genres du cinéma, en en diluant les codes dans le spectre hanté de sa vision du monde. Avec l’histoire de « Loving contre l’Etat de Virginie », il s’essaye pour la première fois au biopic, en s’inscrivant dans la grande tradition classique du mélodrame. Pas de violon, pas de moment de bravoure, pas de commentaire édifiant. La mise en scène cultive l’ellipse, une belle sobriété qui n’empêche pas l’émotion dès le premier plan. Car Jeff Nichols ne se contente pas de filmer ses acteurs. Sa caméra les enveloppe d’un tel amour qu’elle les rend immédiatement vivants, révélant la force de leur présence au monde, et leur fragilité face à la violence aveugle qui s’abat sur eux. Cette vibration, qui fait la beauté et la douce puissance de ce film, est aussi intense dans les scènes intimes que dans les moments collectifs. Nichols les saisit avec une fluidité sensuelle, glissant sur les visages en gros plan, mixant les voix qui se chevauchent comme autant de pistes musicales. (…) Imbriquant les registres de l’intime et de la grande Histoire, la mise en scène tresse dans un même tissu organique les mouvements de l’amour, de la vie sociale, du combat contre l’Etat… Tout passe par la peau, par les gestes, par le timbre des voix, par la manière qu’ont Joel Edgerton et Ruth Negga, dans les rôles de Richard et Mildred, de toujours se tenir droits et d’apparaître ainsi, y compris dans la douleur et l’humiliation, comme l’incarnation fière de l’Histoire en marche. [...] Jeff Nichols, qui n’a décidément pas peur des mélanges, injecte dans son biopic une tension de thriller psychologique. En recourant ainsi aux puissances du faux, il exprime au plus juste la violence démente, inimaginable aujourd’hui (malgré les traces qui en subsistent), d’une société où les Noirs finissaient pendus au bout d’une corde. Et la terreur qu’elle produisait dans les cœurs. Isabelle Régnier • le Monde

NOCES de Stephan Streker

Belgique / Pakistan / Luxembourg / France • 2016 • 1H38 • avec Lina El Arabi, Sébastien Houbani, Babak Karimi, Olivier Gourmet | Jour2fête • 22 février 2017 Festival du film Francophone d'Angoulême 2016 : Prix de la meilleure actrice et du meilleur acteur | TIFF 2016 (Toronto) | Festival International du Film Francophone de Namur | Festival ARTE MARE de Bastia : Prix du Public et Prix des lycéens

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE Site sur le film ici | facebook ici Zahira, belgo-pakistanaise de dix-huit ans, est très proche de chacun des membres de sa famille jusqu’au jour où on lui impose un mariage traditionnel. Ecartelée entre les exigences de ses parents, son mode de vie occidental et ses aspirations de liberté, la jeune fille compte sur l’aide de son grand frère et confident, Amir.

Comment définiriez-vous Noces? Comme une tragédie grecque. Parce que, comme dans une tragédie grecque, c’est la situation qui est monstrueuse, pas les personnages. Je me suis intéressé avant tout à l’intime de chacun des intervenants de cette tragédie qui sont tous le siège d’enjeux moraux très puissants. Les liens qui unissent les membres de la famille sont des liens d’amour sincère. Et pourtant, tout le monde est écartelé. À commencer évidemment par Zahira entre ses aspirations à une liberté légitime et son amour pour sa famille dont les membres se trouvent être aussi ses geôliers. Je me suis attaché à comprendre tous les personnages : Zahira, bien sûr, mais aussi son frère, son père, sa mère, sa grande sœur, etc. Jean Renoir disait qu’il n’y avait jamais de méchants dans ses films parce que chacun a toujours ses raisons. Qu’est-ce qui vous a guidé dans l’écriture du scénario ? Je m’étais fixé une ligne de conduite: commencer et terminer chaque scène par le point de vue de Zahira. Le film, c’est elle, c’est son ressenti. Et si Zahira était absente de la scène, il fallait commencer et terminer par le point de vue d’Amir. Et si Zahira et Amir étaient absents de la scène... alors il fallait que j’élimine purement et simplement la scène. Au cinéma, tout est à mes yeux une question de point de vue. Quand j’écris, ce sont toujours les dialogues qui viennent en premier. Et certains d’entre eux ont bien sûr été directement inspirés par mes rencontres avec les membres de la communauté pakistanaise de Belgique. Vous avez enquêté longuement dans ce milieu ? Bien sûr. Et c’était passionnant. Il était très important pour moi d’être irréprochable du point de vue de la culture pakistanaise et de sa représentation à l’écran. Le film est coproduit par une société pakistanaise et c’est assez normal : cette problématique évoquée dans le film, tout le monde au Pakistan la connaît. Chacun a un membre de sa famille ou une connaissance d’origine pakistanaise qui vit en Occident et qui y a des enfants... Ce sont mes coproducteurs mais aussi les Pakistanais de Belgique qui m’ont permis de ne pas rester à la surface du sujet et de creuser en profondeur les faits et les personnages Propos du réalisateur dans le dossier de presse belge ici


SOUTIEN AFCAE PATRIMOINE RÉPERTOIRE LUMIÈRE ! L'AVENTURE COMMENCE Un film composé et commenté par Thierry Frémaux France • 2016 • 1H30 • N&B | Ad Vitam • 25 janvier 2017

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE Site distributeur ici En 1895, les frères Lumière inventent le Cinématographe et tournent parmi les toutpremiers films de l’histoire du cinéma. Mise en scène, travelling, trucage ou remake, ils inventent aussi l’art de filmer. Chefs-d’œuvre mondialement célèbres ou pépites méconnues, une centaine de films restaurés composent ce retour aux origines du cinéma. Ces images inoubliables sont un regard unique sur la France et le Monde qui s’ouvrent au 20e siècle. Lumière, l’aventure du cinéma commence.

L’origine de Lumière!, c’est le désir que les films réalisés avec un Cinématographe retrouvent les salles de projection et le public. Au départ, une « vue Lumière », c’est cinquante secondes. La séance Lumière type, c’était une dizaine de films, soit environ une demi-heure, le temps de recharger l’appareil. Globalement, ces films n’ont jamais été montrés ailleurs que dans les salles de Cinématographe de l’époque. Il y eut des projections événementielles, des hommages, le centenaire de 1995, mais il fallait trouver un moyen de les projeter désormais sur grand écran, et les rendre accessibles à tous. Il fallait donc fabriquer un long métrage, tel qu’on l’entend aujourd’hui, et rendre possible des projections commerciales. Faire «un» film Lumière avec «des» films Lumière. Une centaine de films ont été choisis et, pour ce premier voyage, classés par thèmes qui disent ce qu’a été le cinéma de Lumière. Autre parti-pris : écrire un commentaire pour éviter au spectateur de passer à côté du mystère, de la technique et de la beauté de ces films. Dans les autres arts (peinture, musique, littérature, poésie), j’aime que l’on m’explique, qu’on me livre des hypothèses, des analyses. Quitte à prendre le temps d’y réfléchir après et de revenir sur les œuvres – ce qu’il faut faire absolument ! Dans la même perspective de permettre au public d’accéder aux œuvres dans les meilleures conditions, mes commentaires sont accompagnés de la musique de Camille Saint-Saëns, un contemporain des Lumière. Car une énigme demeure: au vu de leurs films, il est difficile de penser que les Lumière ignoraient ce qui les entourait. Mais nous n’en savons rien : il n’y a aucune archive. Ce serait très beau de découvrir qu’ils connaissaient parfaitement la peinture et la photographie de leur temps ; mais ce serait encore plus fort d’apprendre que ce n’était pas le cas, qu’ils en ignoraient tout et qu’ils ont tout réinventé dans leur coin, à s’inspirer parfois de sujets similaires à ceux de Cézanne ou aux photos des frères Bisson. […] Thierry Frémaux dans le dossier de presse

SOUTIENS PARTENARIAT AFCAE PATRIMOINE RÉPERTOIRE LOVE STREAMS de John Cassavetes

États-Unis • 1984 • 2H20 • avec Gena Rowlands, John Cassavetes, Diahnne Abbott, Seymour Cassel, Margaret Abbott | Festival de Berlin 1984 : Ours d'Or

Splendor films • 1er février 2017

Site distributeur ici En amour, Sarah est passionnée, jalouse et possessive. Se sentant trahie par son mari et sa fille, elle débarque chez Robert, riche écrivain accro à la débauche, alors que le fils de ce dernier vient de lui être confié. Dès qu’il la reconnaît, il se jette dans ses bras. Leur amour mutuel réussira-t-il à les apaiser ?

« La vie n’est que suicides, divorces, promesses non tenues, enfants sacrifiés » dit-il amer en milieu de métrage. Et c’est peut-être là ce qui la rend si merveilleusement belle, si douloureusement indispensable aux esprits

malades. En tout cas lorsqu’il s’agit de cinéma. Cette phrase prononcée dans le film par le personnage de John Cassavetes (qui ne voulait pas jouer dans le film, ne s’imaginant aucunement crédible en séducteur, Jon Voigt était d’abord choisit) pourrait mettre en exergue le noyau du film tant elle en contient l’essence même. Elle dévoile la vision de la vie de Robert (Cassavetes) – homme incapable de tisser une véritable relation, ni avec les femmes magnifiques qu’il côtoie, ni avec son fils, ni avec sa famille - en parfaite contradiction avec celle de Sarah (Gena Rowlands) qui voit l’amour comme un torrent ininterrompu, tumultueux mais immortel, malgré son divorce engagé et la perte de la garde de sa fille qui, doucement, la plonge dans l’hystérie. Si je devais débuter mon apprentissage de Cassavetes aujourd’hui, je commencerais par celui-ci (...), son dernier véritable film, son lègue artistique. Son œuvre comme apport au cinéma est immense, rien ne sert de le rappeler. Mais Cassavetes c’est surtout une manière singulière et écorchée d’aborder les sentiments comme unique raison de vivre. Haine, amour, pitié, infinie tristesse, immense joie… Voici les raisons pour lesquelles Love Streams - outre son caractère testamentaire (Cassavetes se sait malade lorsqu’il entreprend le tournage) et l’addition de tous les thèmes récurrents du cinéaste – résonne comme l’œuvre somme du plus beau des serpents en mue vers la mort. Mais c’est aussi la découverte d’une composante importante de son cinéma. La communauté (qu’elle soit familiale, amoureuse, amicale…) s’immisce dans chaque plan. La cohésion est la réponse à tous les maux [...] Et s’il n’y a dans Love Streams, ni Falk, ni Gazarra, il y a Cassel et surtout Rowlands et Cassavetes, plus troublants que jamais, par leur beauté, par leur évidence et par ce lien d’amour qui les unit à la ville et à l’écran. […] c’est là que Cassavetes puise la beauté. Pas au travers de ses plans qui n’appellent que très rarement à la joliesse plutôt qu’à l’urgence ou à l’évidence du cadrage serré sur l’acteur, sur l’actrice ou sur la danse, l’amour, l’embrassade, le baiser, le regard, le hurlement, le vomissement, le rire, les larmes, tous ses élans que la caméra épouse jusqu’à filmer la métaphysique des rêves ; à l’évidence du plan qui dure aussi et prend le temps de s’attarder sur toutes ces choses jusqu’à l’élargissement de la temporalité. Chez Cassavetes, on voit la durée des choses qui passent par la fureur et la langueur mais jamais elle ne se fait sentir par l’ennui. Mais face à une telle évidente perfection de passion et de travail, rien ne sert de se traîner au palabre, il faut (re)découvrir. [...] Lucien Halflants • Le passeur critique ici


CYCLE MIKIO NARUSE Les Acacias • du 21 décembre 2016 à avril 2017

Document édité en partenariat, à commander directement auprès de l'ADRC Plus d'infos sur le site de l'institut Lumière ici Les années passent, les rétrospectives se succèdent et le cinéma de Mikio Naruse (1905-1969) ne parvient toujours pas à s’ancrer à la place qui devrait être la sienne dans l’imaginaire cinéphile. Celle d’un monument du cinéma classique japonais à l’égal de Mizoguchi et d’Ozu. A ce dernier, Naruse fut souvent comparé pour en avoir été le collègue de studio et avoir bâti une œuvre cousine, au dialogue feutré avec celle de son aîné. Une œuvre affairée à la peinture des drames simples et néanmoins toujours irrésolus de petites gens, sous la lumière d’une limpidité trompeuse, subtilement texturée de Le Grondement de la Montagne «demi-tons» et de «demi-teintes» - selon les mots de Jean Narboni, auteur d’une passionnante monographie (Mikio Naruse : les temps incertains, 2006). Des films magnifiques, faussement diaphanes comme guettés, toujours, et déjà, par le ressac d’une cruauté, une inquiétude souterraine - celles de la modernité qui vient. [...] Julien Gester • Libération ici

QUAND UNE FEMME MONTE L'ESCALIER

••• sortie le 21 décembre 2016

Japon • 1960 • 1h51 • avec Hideko Takamine, Masayuki Mori, Reiko Dan, Tatsuya Nakadai

Keiko Yashiro est hôtesse de bar dans le quartier chic de Ginza, à Tokyo. Elle reste fidèle au souvenir de son mari, décédé il y a cinq ans, et malgré son métier, se refuse aux hommes qui la courtisent quotidiennement. Un jour pourtant, elle s’éprend d’un des habitués de l’établissement…

LE GRONDEMENT DE LA MONTAGNE ••• sortie le 11 janvier 2017 Japon • 1954 • 1H36 • avec Setsuko Hara, Sô Yamamura, Ken Uehara

Shingo, un vieil homme d'affaires, ressent une profonde affection pour sa belle-fille Kikuko, qui se consacre à son mari et à ses beaux-parents. Le jeune couple n'a pas d'enfants, et ses relations sont instables. Le jour où la jeune femme se trouve enceinte, elle décide de ne pas mettre l'enfant au monde, remettant son mariage en question.

NUAGES ÉPARS ••• sortie en mars / avril 2017 Japon • 1967 • 1h48 • avec Yôko Tsukasa, Fuyuki Murakami, Gen Shimizu

Le bonheur d’un couple qui attend un enfant, et promis à une mutation à Washington, est brisé lorsque le mari est renversé par une voiture. La jeune femme, privée de pension, doit faire face, tandis que le conducteur du véhicule, pris de remords, tente de lui présenter ses excuses et de la soutenir…

AU GRÉ DU COURANT ••• sortie en mars / avril 2017 Japon • 1956 • 1h57 • avec Kinuyo Tanaka, Isuzu Yamada, Hideko Takamine

Malgré son âge avancé, Rika Yamanaka est placée en tant que domestique au sein de la célèbre maison de geishas Tsutayako en plein coeur de Tokyo. Sa venue apporte un peu de sérénité au sein de cette institution au bord de la faillite, où tensions et conflits règnent entre les pensionnaires...

UNE FEMME DANS LA TOURMENTE Japon • 1964 • 1h38 • avec Hideko Takamine, Yuzo Kayama, Mitsuko Kusabue

Ce film fait aussi partie du cycle consacré à Mikio Naruse (soutien 2015). Retrouver la fiche du film en cliquant ici.

Quand une femme monter l'escalier et Au gré du courant

SOUTIENS AFCAE JEUNE PUBLIC A DEUX C'EST MIEUX Programme de 7 courts-métrages • 2016 • 38' • Dès 2 ans | Les Films du Préau • 1er février 2017

Documents à commander directement auprès du distributeur | Site distributeur ici A deux, c’est tellement mieux pour partager ses jeux, ses peines ou ses expériences... Une balade sur le thème de l’amitié, tout en douceur.

LES DEUX MOUTONS de Julia Dashchinskaya Les deux moutons devront oublier leurs disputes pour échapper au loup qui veut les manger.

La nuit tombe sur la ferme et la chauve-souris se réveille. Mais à cette heure-ci, il n’y a plus grand monde pour lui tenir compagnie...

UNE HISTOIRE AU ZOO de Veronika Zacharová

LA TAUPE ET LE VER DE TERRE de Johannes Schiehsl

Une intrépide fillette en visite au zoo est bien décidée à devenir amie avec le gorille.

Un jour, la taupe découvre que tous ceux qui l’entourent ont un ami. Tous, sauf elle...

MAIS OÙ EST RONALD ? de Jorn Leeuwerink

PAS FACILE D’ÊTRE UN MOINEAU de Daria Vyatkina

Ralph a reçu un lapin comme cadeau d’anniversaire, mais rapidement l’animal disparaît. Que faire ?

Un moineau frigorifié mais très rusé se fait ami avec un jeune garçon pour pouvoir se réchauffer.

L’HEURE DES CHAUVES-SOURIS de Elena Walf

PAWO de Antje Heyn (Allemagne • 2015) L’aventure magique d’une petite fille qui, d’un coup de baguette, fait apparaître d’étranges compagnons..


LA RONDE DES COULEURS programme de 6 courts-métrages • 36' • À partir de 3 ans | KMBO • 8 mars 2017

Documents à commander directement auprès du distributeur | Site distributeur ici Au fil des saisons, sur le pelage des animaux, ou encore dans une boite de crayons, les couleurs sont partout ! Même la musique a ses couleurs ! Un programme de courtsmétrages qui fera découvrir au plus petits un univers bariolé et bigarré.

LE PETIT LYNX GRIS de Susann Hoffmann

LA FILLE QUI PARLAIT CHAT de Dotty Kultys

Un petit lynx gris a bien du mal à trouver sa place parmi ses camarades aux couleurs chatoyantes. Mais, contre les moqueries, il va trouver une parade pleine de gentillesse et être ainsi accepté.

Dans un monde terne et trop bien organisé, une petite fille rêve de couleurs et de joie, au grand dam de sa maman si sérieuse. Alors qu’elle suit un drôle de chat, elle découvre une musique et des couleurs qu’elle va ramener chez elle...

PICCOLO CONCERTO de Ceylan Beyoglu

LE PETIT CRAYON ROUGE de Dace Riduze

Piko, une petite flûte bleue quitte un jour la forêt où il vit avec sa famille et ses amis. Il part à la découverte de nouveaux instruments, des mélodies colorées et d'un genre musical qu'il ne connaissait pas !

Et si la couleur rouge disparaissait ? Alors que le petit crayon rouge et ses amis représentent un jardin plein de couleurs, ils sont interrompus par un insecte malicieux qui pousse le petit crayon rouge par la fenêtre. Avant de rejoindre ses amis couleurs, le petit crayon rouge va découvrir le jardin qu'il dessinait !

LA COMPTINE DE GRAND-PÈRE de Yoshiko Misumi Aux yeux d'une petite fille, son grand-père est une montagne, un arbre et parfois même un océan. Son imagination est infinie ! À partir des sons qu'elle entend, de ses pensées et des odeurs, elle invente pour son grand-père et elle un monde onirique.

MAILLES de Vaiana Gauthier Une vieille dame est plongée dans ses pensées. Son tricot l’entraîne alors dans un voyage au cœur de ses souvenirs de jeunesse.

INFOS DISTRIBUTEURS WEREWOLF de Ashley McKenzie

Canada • 2016 • 1H18 • avec Andrew Gillis, Bhreagh MacNeil | Ligne 7 • 22 mars 2017 TIFF 2016 (Toronto) | Festival du Nouveau Cinéma de Montréal 2016 : Grand Prix Focus Québec/Canada |

Contact : Timothée Donay | 06 79 36 23 29 | timothee@ligne7.fr Site distributeur ici Sur l’île canadienne de Cap-Breton, Blaise et Nessa, deux jeunes marginaux, vivent de petits boulots. Ils tondent les pelouses pour quelques dollars et font du porte-à-porte pour demander de l'aide. En quête de stabilité , le couple s’inscrit à un programme de sevrage à la méthadone : tandis que Nessa se bat pour s’en sortir, Blaise s'approche dangereusement du point de nonretour.

[…] J'ai réfléchi, pendant le tournage, à la manière de filmer autrement l'addiction. Beaucoup d’habitants de Cap-Breton vivent ce genre de vie et de fait, incarnent à différents niveaux la dépendance. J’ai essayé d’en restituer la dimension émotionnelle. Ca m'a paru juste de filmer de cette manière, en laissant de l'espace au-dessus des têtes car mes personnages portent un lourd fardeau sur leurs épaules. Ils mènent des existences fragiles et précaires. C’est pour cette raison que je ne voulais pas d’une réalisation traditionnelle avec des champs-contrechamps. Il me fallait trouver l’endroit le plus juste où placer la caméra, je me suis inspiré e de John Ford et de ses ciels écrasants. Je souhaitais prendre mon temps, poser la caméra à un endroit et me focaliser sur des détails qui allaient exprimer ce que ressentent les personnages, pour réaliser des plans singuliers. […] Propos de la réalisatrice • dossier de presse

MISTER UNIVERSO de Tizza Covi et Rainer Frimmel Autriche, Italie • 2016 • 1H30 • avec Tairo Caroli, Wandy Weber, Arthur Robin, Lilly Robin

Zeugma • 26 avril 2017 Festival de Locarno 2016 : Label Europa Cinemas - Meilleur Film Européen Prix Œcuménique - Mention Spéciale Prix FIPRESCI - Prix International de la critique Prix du Jury Jeune - Second Prix

Programmation : Marie-Sophie Decout | mariesophiedecout@gmail.com Tairo, jeune dompteur de lion dans un petit cirque de la banlieue milanaise, n’est pas heureux. Il est persuadé que la disparition soudaine de son talisman lui porte malchance. Il part pour un voyage à travers l’Italie, à la recherche de celui qui le lui avait jadis offert: Arthur Robin, ancien Mister Univers, l’homme le plus fort de la terre...

Le point de vue du jury – label Europa cinéma « Nous avons choisi de récompenser MISTER UNIVERSO dans lequel Tizza Covi et Rainer Frimmel continuent leur exploration d’un mode de vie en danger, et qui se bat pour perdurer. Cela est mis en relief par leur choix de faire le film en pellicule, un acte fort dans un monde numérisé. Avec ce cirque travaillant aux marges des villes, les réalisateurs mélangent fiction et documentaire pour raconter une histoire attachante et pleine d’espoir qui pourra s’adresser à un large public, enfants comme adultes. Nous sommes très fiers de lui remettre le Label Europa Cinemas. » […] Les réalisateurs de La Pivellina emmènent sur les routes du nord de l’Italie un jeune dompteur de fauves qui veut retrouver le Monsieur Univers de 1957. Ces travailleurs du rêve maintiennent à bout de bras un univers (celui de La Strada, de Fellini) dont le monde d’aujourd’hui n’a plus besoin, ils sont filmés avec une justesse et un humour bienveillant qui font de ce film un pur moment de réconfort. […] Thomas Sotinel ici


INFO LES ENFANTS DE CINEMA CYCLE « LES RACINES DU MAL » Chaque premier mardi du mois à 20H00, Le studio des Ursulines (Paris) accueille LES ENFANTS DE CINEMA, pour une projection-débat animée par Carole Desbarats. Le groupe de réflexion propose aux spectateurs de voir avec eux des films nonexclusivement destinés à un public d’enfants et d’en parler ensemble autour d’une problématique. Projections ouvertes au public - tarif unique 6,50 euros

Films de la programmation 2016/2017 Séances passées : 6 décembre 2016 > S21, LA MACHINE DE MORT KHMÈRE ROUGE de Rithy Panh 3 janvier 2017 > FULL METAL JACKET de Stanley Kubrick

Séances à venir : Mardi 7 février 2017 > DESPUES DE LUCIA de Michel Franco Mardi 7 mars 2017 > MONSIEUR VERDOUX de Charlie Chaplin Mardi 4 avril 2017 > PONETTE de Jacques Doillon Mardi 2 mai 2017 > LA HAINE de Matthieu Kassovitz Mardi 7 juin 2017 > A TOUCH OF SIN de Jia Zhang-Ke Mardi 5 juillet 2017 > L’HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE de John Ford De haut en bas : Despues de Lucia, La haine et A Touch of Sin


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