2017 | N°05

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L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans six régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute-Normandie et Basse-Normandie, Pays de la Loire et Poitou-Charentes. Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma.

C O M M U N I Q U É A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ' o u e s t p o u r l a r e c h e r c he

N°05 Vendredi 30 juin 2017 p.1 et 2 > Soutiens GNCR p.3 > Soutiens ACID p.4 et 5 > Soutiens AFCAE Actions-promotion p.6 > Soutiens AFCAE Patrimoine - répertoire p.7 > Soutiens AFCAE Jeune public p.8 > Info distibuteur

Directeur de publication : Yannick Reix, président de l'ACOR • rédaction : Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat • contact@lacor.info • www.lacor.info Avec le soutien du CNC et des DRAC des régions Centre, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Bretagne, Haute-Normandie, Basse-Normandie

SOUTIENS GNCR L'AMANT D'UN JOUR de Philippe Garrel France • 2017 • 1H16 • noir et blanc | Quinzaine des Réalisateurs 2017 : prix de la SACD

SBS Distribution / Paname • 31 mai 2017

Site distributeur ici | Fiche numérique spectateur GNCR ici C’est l’histoire d’un père et de sa fille de 23 ans qui rentre un jour à la maison parce qu’elle vient d’être quittée, et de la nouvelle femme de ce père qui a elle aussi 23 ans et qui vit avec lui.

[…] L’Amant d’un jour s’inscrit dans la continuité du récent virage négocié par Garrel avec La Jalousie (2013) et L’Ombre des femmes (2015), qui dessinent une série de films pointillistes, aussi concis que des nouvelles, brossés dans de splendides lavis en noir et blanc, et consacrés à chaque fois au récit particulier d’un « épisode » amoureux. Série qui se distingue non seulement par sa netteté d’exécution et sa justesse synthétique, mais aussi par la mise au jour de schémas secrets, enfouis au cœur des comportements amoureux, et dont la révélation délicate donne à chacun des films l’allure d’apologues sans emphase. […] Mathieu Macheret • Le Monde

LE VÉNÉRABLE W. de Barbet Schroeder France / Suisse • 2017 • 1H40

Les Films du losange • 7 juin 2017

Site distributeur ici | Fiche numérique spectateur GNCR ici En Birmanie, le « Vénérable W. » est un moine bouddhiste très influent. Partir à sa rencontre, c’est se retrouver au cœur du racisme quotidien, et observer comment l'islamophobie et le discours haineux se transforment en violence et en destruction. Pourtant nous sommes dans un pays où 90% de la population est bouddhiste, religion fondée sur un mode de vie pacifique, tolérant et non-violent.

Troisième volet de la trilogie du mal du cinéaste, consacré à un “vénérable” moine bouddhiste initiateur de pogroms antimusulmans en Birmanie. Edifiant. […] Comme dans les deux précédents volets de sa trilogie, Barbet Schroeder montre sans juger, faisant entière confiance à l’intelligence du spectateur. De même, devant sa caméra, le mal a toujours l’apparence du bien. […] Schroeder nous rappelle une fois encore que les pires horreurs ne sont pas étrangères à l’humanité mais lui sont consubstantielles. […] Serge Kaganski • les Inrocks

AVA de Léa Mysius France • 2017 • 1H45 • avec Noée Abita, Laure Calamy, Juan Cano

Bac Films • 21 juin 2017 Semaine de la Critique - Festival de Cannes 2017

Edition d'un document d'accompagnement GNCR | Fiche numérique spectateur ici Site distributeur ici Ava, 13 ans, est en vacances au bord de l'océan quand elle apprend qu'elle va perdre la vue plus vite que prévu. Sa mère décide de faire comme si de rien n’était pour passer le plus bel été de leur vie. Ava affronte le problème à sa manière. Elle vole un grand chien noir qui appartient à un jeune homme en fuite…

[…] L'exaltation et l'aventure de la première fois, l'amour comme un jeu enivrant et dangereux, mais aussi la métaphore politique d'une France au champ de vision rétréci, qui traque et harcèle. Voilà ce que réserve ce premier film enthousiasmant, faisant la part belle à la nudité, au malaise, au plaisir. Noée Abita (une révélation) s'y donne corps et âme , sans sourire ni pleurer. Le regard que la réalisatrice pose sur cette frondeuse et son bandit n'en est que plus désirable : Juan, la gouape indolente, idole assise en haut d'un vestige de blockhaus, et Ava qui s'approche de lui, tel un animal mythologique. Beauté sauvage de la jeunesse, de sa pleine affirmation. Jacques Morice • Télérama


LES DERNIERS JOURS D'UNE VILLE de Tamer El Saïd

Égypte / Allemagne / Royaume-Uni / Emirats Arabes Unis • 2016 • 1H59 | Norte Distribution • 28 juin 2017 Berlinale 2016 : Prix Caligari | Festival des Trois Continents : Montgolfière d’or et prix du public | Bafici : Meilleur Réalisateur | Festival du film d’Istanbul : Mention spéciale

Edition d'un document d'accompagnement GNCR | Fiche numérique spectateur ici Site distributeur ici | Contact :Yeelen Raynaud | 09 83 84 01 58 | distribution@norte.fr 2009, Le Caire, Egypte. Khalid filme l’âme de sa ville et de ses habitants. Leurs visages et leurs espoirs. Quand la ville s’embrase, dans les prémisses d’une révolution, les images deviennent son combat. Les images du Caire, mais aussi celles de Beyrouth, de Bagdad et de Berlin, que lui envoient ces amis. Il faut trouver la force de continuer à vivre la douloureuse beauté des « derniers jours d’une ville »

[…] Tamer El Saïd, qui livre ici son premier long métrage, a mis dix ans à en rassembler les fragments, et a choisi la médiation d’une forme fictionnelle de lui-même, interprétée par un autre acteur, et la fugacité des motifs comme voie d’approche. Ce documentaire s’autorise de fascinantes expérimentions sur les formes et les flux de la ville et de ses habitants, jusqu’à constituer un précieux travail de collecte mémorielle, un collage d’espaces et de temps aux jointures poétiques. Au fil d’une temporalité buissonnière ponctuée de digressions et de décrochages s’esquisse alors un questionnement inquiet : qu’est-ce qui va rester, qu’est-ce qui va disparaître  ?(...) Cette angoisse sourde diffusée par un pays fiévreux se confond avec la crise existentielle d’un homme, et le film devient peu à peu hanté par ses blessures intimes : une amante sur le départ, la mort d’une sœur dans un accident de voiture, le mutisme d’un père qui s’efface peu à peu, la douleur d’une mère qui n’a jamais réussi à pardonner. Pour braver le délitement, Khalid fixe les regards et les mots de ses proches, parcourt encore et encore des rues dont le visage change inéluctablement, observe de haut la place Tahrir qu’un pressentiment peuple par avance. Pour Khalid, et on l’imagine pour Tamer, l’autofiction, c’est la réparation, par le cinéma, des blessures intérieures, tout autant que l’appréhension sensible du réel environnant. Ce réel prend la forme d’un portrait intime de la ville, qu’il s’agit de ressentir par chaque pore, comme si mille instruments désaccordés se joignaient en une vaste symphonie en forme d’élégie […] Alexandre Buyukodabas • les Inrocks

I AM NOT MADAME BOVARY de Feng Xiaogang Chine • 2017 • 2H19 • avec Fan Bingbing, Guo Tao, Jiayi Zhang, Fan Wei Festival International du Film de Toronto 2016 : Prix de la Critique Internationale | Festival de San Sebastian 2016 : Coquillage d'Or du meilleur film, Coquillage d'Argent de la meilleure actrice

Happiness Distribution • 5 juillet 2017

Edition d'un document d'accompagnement GNCR | Site distributeur ici Li Xuelian et son mari Qin Yuhe simulent un divorce pour obtenir un second appartement. Six mois plus tard, Qin se marie à une autre femme. Abandonnée et bafouée, Li se lance dans une quête de justice qui va durer des années. Un portrait satirique de la Chine d'aujourd'hui à travers le combat d'une femme déterminée à faire valoir ses droits.

[…] le film de Feng n’a rien à voir avec le sentimentalisme et le sérieux rigide et académique d’un Erin Brockovich – I AM NOT MADAME BOVARY est une satire grinçante qui navigue quelque part entre Brazil (pour ses relents kafkaïen), les frères Coen (pour son humour noir pince-sans-rire absolument tordant) et Wes Anderson (pour la composition millimétrée de son cadre). Ce n’est pas tant un film de personnages qu’une caricature. Des idiots à la botte du système peuplent un scénario qui fait la part belle à la moquerie de ces fonctionnaires dans cet énorme pamphlet contre la bureaucratie chinoise. Mais vanter la finesse de l’écriture ne saurait souligner la maestria esthétique du film de Feng : même si l’on a droit qu’à une simple bulle de cette composition, chaque couleur, chaque détail du cadre contribue à l’établissement de ce tour de force visuel. […] KamaradeFifien • www.leblogducinema.com

LA RÉGION SAUVAGE d'Amat Escalante Mexique • 2017 • 1H39 • avec uth Ramos, Simone Bucio, Jesús Meza, Eden Villavicencio

Le Pacte • 19 juillet 2017

Edition d'un document d'accompagnement GNCR | Site distributeur ici Alejandra vit avec son mari Angel et leurs deux enfants dans une petite ville du Mexique. Le couple, en pleine crise, fait la rencontre de Veronica, jeune fille sans attache, qui leur fait découvrir une cabane au milieu des bois. Là, vivent deux chercheurs et la mystérieuse créature qu’ils étudient et dont le pouvoir, source de plaisir et de destruction, est irrésistible…

Combien de films vous emmènent aussi loin que La Region salvaje en l'espace de deux plans ? Certains ont un peu vite enfermé le Mexicain Amat Escalante (lire notre entretien) dans la boite du torture porn festivalier avec des films aussi brutaux que Los Bastardos ou Heli (qui lui a valu le prix de la mise en scène à Cannes). La Région sauvage prouve d'abord que le cinéaste vaut plus que ça et surprend dès les premières secondes. Il y a une greffe assez fascinante qui s'opère devant nos yeux, un peu à l'image du dernier Assayas (Personal Shopper) où le pur film assayasisant rencontrait le pur film de fantôme. Ici, le décor social brut du cinéma d'Escalante est voilé par le fantastique, la science-fiction, le merveilleux. C'est la première séduisante incongruité du long métrage. Les personnages semblent surveillés dans La Région sauvage. Ils sont en souffrance, mais ils sont aussi au bord de quelque chose – l'implosion... ou la libération. C'est une autre surprise du film, qui comme les précédents longs métrages d'Escalante traite de la brutalité, et plus particulièrement de la brutalité virile. (…) Malgré sa noirceur apparente, La Région sauvage raconte avant tout l'apprentissage de la libération – comment s'affranchit-on de cette violence. [….] La voie proposée par le cinéaste est celle du fantastique. C'est d'abord un pari de cinéma : rendre palpable cette inquiétante étrangeté qui gronde autour des personnages, dans la nature, dans les bois, dans la cabane qui s'y cache. Formellement, La Région sauvage est stupéfiant (le film vient d'ailleurs de recevoir le prix de la mise en scène à la Mostra de Venise). Le sens du cadre, du montage, de la rupture nimbe en permanence les images de mystère et d'incertitude. […] Nicolas Bardot • Filmdeculte

*** PROCHAINS SOUTIENS GNCR *** L'ENFANT DE GOA (ex JUZE) de Miransha Naik (Sophie Dulac Distribution • 30 août 2017) VA TOTO ! de Pierre Creton (JHR distribution • 4 octobre 2017)


SOUTIENS ACID AVANT LA FIN DE L'ÉTÉ de Maryam Goormaghtigh France / Suisse • 2017 • 1H10 | Shellac • 12 juillet 2017 | Sélection ACID Cannes 2017

Edition d'un document ACID | Site de l'ACiD ici | Site distributeur ici Entretien video avec la réalisatrice ici Après 5 ans d’études à Paris, Arash ne s’est pas fait à la vie française et a décidé de rentrer en Iran. Espérant le faire changer d’avis, ses deux amis l’entrainent dans un dernier voyage à travers la France.

Ce road-movie en forme de comédie sentimentale jette sur les routes de France un trio de trentenaires iraniens tendance pieds nickelés, exilés en France depuis quelques années, dont l’un a décidé de rentrer au pays et que ses deux amis veulent convaincre de rester. Ce faisant, le film accueille avec une même générosité des plages de dialogues philosophiques et un burlesque pince-sans-rire, des séquences contemplatives teintées d’un onirisme pop avec une violente mélancolie de l’exil. Le déplacement salutaire qu’il opère par rapport aux habituelles fictions tournées en région, conduit à se demander si quelqu’un n’a pas glissé un subtil hallucinogène dans le verre qu’on sirotait en terrasse plus tôt. (…) on n’a guère le souvenir d’avoir vu route française si mystérieuse et sensuelle. Maryam Goormaghtigh filme la campagne, les villes désertées, les ronds-points sans âme comme des miniatures persanes, les exotisant par des jeux de lumière et de couleurs féeriques. [...] Quelque part entre le primitivisme d’Albert Serra, le burlesque minimaliste de Wissam Charraf et la « bromance » à la Judd Apatow, la réalisatrice déploie souverainement sa vision, tendrement hédoniste et sensuellement rageuse. Et nous, on en redemande. Isabelle Régnier • Le Monde

KISS AND CRY de Lila Pinell et Chloé Mahieu France • 2017 • 1H16 • avec Sarah Bramms, Xavier Dias, Dinara Droukarova, Carla-Marie Santerre, Aurélie Faula... UFO distribution • 20 septembre 2017 | Sélection ACID Cannes 2017

Edition d'un document ACID | Site de l'ACiD ici | Site distributeur ici Entretien video avec les réalisatrices ici De retour à Colmar, Sarah, 15 ans, reprend le patin et la compétition de haut niveau. De la rivalité entre filles aux mots impitoyables de l’entraineur, son corps est mis à l’épreuve de la glace tandis que ses désirs adolescents la détournent de ses ambitions sportives.

Texte de soutien de l'ACID par Zoran et Ludovic Boukherma, cinéastes Dans un monde où les ambitions sont dictées aux enfants par les adultes, où le désir de les voir réussir ne sert qu’à éloigner leurs propres échecs, où le sport n’est un choix que pour ceux qui le vivent depuis la touche ou depuis les gradins, Sarah se cherche. Prisonnière d’un corps qui n’est plus tout à fait le sien, tour à tour gracieux et trivial, aérien pour les uns, sexuel pour les autres, elle lutte pour se le réapproprier. Pour n’être ni une médaille ni une photo Snapchat. Pour éprouver ce corps qui passe de zéro à cent degrés - de l’exigence de la glace à la fougue insouciante des premières amours. Quelque part entre poésie assumée et naturalisme documentaire, Kiss and Cry est une hydre à deux têtes, orchestrée avec précision par un duo de réalisatrices que l’on suit bien volontiers. Elles nous promènent à travers les méandres d’une adolescence tourmentée, qu’elles filment à hauteur de jeune fille, avec tendresse et modestie. Porté par une jeune découverte talentueuse (Sarah Bramms), patineuse devenue comédienne pour l’occasion, le film se déroule sans programme et nous invite à faire un bout de chemin avec elle, oscillant avec légèreté de la patinoire aux soirées adolescentes, du rire aux larmes, généreux et sans artifice.

*** PROCHAINS SOUTIENS ACID *** L’ASSEMBLÉE de Mariana Otero (Epicentre Films • 18 octobre 2017) | SANS ADIEU de Christophe Agou (New Story • 25 octobre 2017) | POUR LE RÉCONFORT de Vincent Macaigne (UFO • 25 octobre ou 1er novembre 2017)

SOUTIENS AFCAE ACTIONS PROMOTION UNE VIE VIOLENTE de Thierry de Peretti France • 2017 • 1H47 • avec Jean Michelangeli, Henri-Noël Tabary, Cédric Appietto, Marie-Pierre Nouveau, Délia Sepulcre-Nativi | Semaine de la critique Cannes 2017 | Pyramide • 9 août 2017

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Malgré la menace de mort qui pèse sur sa tête, Stéphane décide de retourner en Corse pour assister à l'enterrement de Christophe, son ami d'enfance et compagnon de lutte, assassiné la veille. C’est l’occasion pour lui de se rappeler les événements qui l’ont vu passer, petit bourgeois cultivé de Bastia, de la délinquance au radicalisme politique et du radicalisme politique à la clandestinité.

Lancinant plus que lent, le second long-métrage de Thierry de Peretti, repéré ici-même il y a quatre ans avec Les Apaches, s’intéresse à la trajectoire, fin 90 début 2000, entre Paris et Bastia, d’un jeune militant nationaliste corse, option gauchisme (pas la plus fréquente). Et elle n’est pas follement gaie, cette trajectoire, comme l’indique le titre, emprunté à Pasolini. C’est une tragédie grecque, avec son héros romantique et fataliste qui fonce droit dans la gueule du loup (pour venger ses copains assassinés), avec ses pythies attablées annonçant la catastrophe (superbe scène), avec enfin son attention extrême portée aux mots, à leur poids, à leur poésie. […] On parle en effet beaucoup dans Une vie violente, et c’est ce qui le rapproche du film de Robin Campillo. Peretti pose, avec une grande habileté, sa caméra au milieu des militants (authentiques pour la plupart), dans les cellules de prison, dans le maquis, dans les arrière-cours ou les cafés louches, et rend leur parole incroyablement vivante, incandescente […] Ici ce n’est pas un virus qui décime une génération, mais des balles, tirées par on ne sait qui, d’on ne sait où, pour on ne sait quelles raisons. Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’un cinéaste passionnant est là en train de se confirmer. Jacky Goldberg • Les Inrocks


120 BATTEMENTS PAR MINUTE de Robin Campillo France • 2017 • 2H20 • avec Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel Memento • 23 août 2017 | Compétition officielle Cannes 2017 : Grand Prix, Prix FIPRESCI, Queer Palm

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d'Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean.

[…] Le film met ainsi en scène conjointement deux combats : celui du collectif Act Up déjouant le mépris des groupes pharmaceutiques, de l’opinion publique et d’un gouvernement insensible à sa cause, puis celui plus intime mené par Sean et Nathan. D’un côté la bataille de morts-vivants joyeux et fantasques cherchant à ralentir la mort, de l’autre celle de deux amants passionnés - excellents Nahuel Perez Biscayart et Arnaud Valois - se débattant contre des sentiments éphémères. 120 battements par minute prend initialement l’allure d’un biopic focalisé sur les années les plus mouvementées d’Act Up, l’heure où la nécessité de bousculer les certitudes de l’opinion fait figure d’absolu. On voit le collectif rassemblé en assemblée générale débattre de la nature de ses actions futures, réfléchir à de nouvelles formes de communication. Mais si Robin Campillo prend le temps d’une radioscopie minutieuse de l’association militante jusque dans son bras de fer avec le pouvoir, ses questionnements et ses doutes, ce qui l’intéresse avant tout, c’est de représenter par petites touches successives à la manière d’un peintre la palette de sentiments de ses personnages. (...) ces jeunes cernés par la mort trouvent même en l’anéantissement une forme de dignité et de désir. Pour traduire cette soif de vie, le regard du cinéaste s’attarde sur leurs visages et leurs corps, mais aussi sur des particules étranges les enserrant comme pour symboliser la fatalité. Plus qu’une piqûre de rappel qui viendrait nous remémorer les années sombres du Sida et l’austracisme dont sont victimes les homosexuels, plus qu’une allusion à l’intolérance qui continue aujourd’hui encore de gangréner la France malgré quelques récentes victoires, Robin Campillo crée une oeuvre toute entière saisie par les pulsions de vie. Sans doute enfin est-ce lorsque 120 battements par minute tombe dans l’allégorie, le sensoriel et le métaphysique qu’il suscite le plus d’émotions. Act Up Paris rêva un jour que la Seine devienne rouge sang pour porter plus haut son message. Campillo réalise ce souhait dans un hommage d’une rare justesse. Alexandre Jourdain • avoir-alire.com

GABRIEL ET LA MONTAGNE de Fellipe Barbosa Brésil • 2017 • 2H07 • avec João Pedro Zappa

Version Originale Condor • 30 août 2017 Semaine de la critique 2017 : Prix fondation Gan | Prix Révélation France 4

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Avant d'intégrer une prestigieuse université américaine, Gabriel Buchmann décide de partir un an faire le tour du monde. Après dix mois de voyage et d'immersion au cœur de nombreux pays, son idéalisme en bandoulière, ilrejoint le Kenya, bien décidé à découvrir le continent africain. Jusqu'à gravir le Mont Mulanje au Malawi, sa dernière destination.

Après le très remarqué Casa Grande (2014), le cinéaste brésilien Fellipe Barbosa part sur les traces de son ami Gabriel, disparu mystérieusement en 2009 lors d’un long voyage en Afrique. Le sens de ce voyage, qu’il s’emploie à refaire à l’identique, se révèlera au fil des rencontres et des témoignages de ceux qui ont croisé ou connu Gabriel. S’il emprunte une forme nouvelle – et relativement inédite au cinéma, il faut bien le signaler – Gabriel e a Montanha pourrait être la suite directe de Casa Grande, qui se déroulait dans les milieux de la bourgeoisie brésilienne et sa jeunesse dorée. [...]. Barbosa n’élude pas les ambigüités de Gabriel, effleure les zones d’ombres du jeune homme et considère la part suicidaire de sa fuite en avant. Au travers du projet f(l)ou Gabriel c’est l’inconscient du rapport historique, politique du Brésil à l’Afrique qui s’exprime. Mélange de reconstitution, de dramatisation et de captation du réel, Barbosa invente une nouvelle approche du récit d’aventure. Il ne s’agit pas de simuler un faux documentaire – la précision de la mise en scène vient contredire la moindre tentation du reportage – mais de créer une forme passionnante de journal filmé, dans laquelle la réalité des faits s’accompagne d’un regard critique et d’une seconde nappe de temporalité, puisque le film raconte aussi l’odyssée de Barbosa cinéaste brésilien en Afrique, huit ans après celle de son ami. Olivier Père • Arte.tv

PETIT PAYSAN de Hubert Charuel France • 2017 • 1H30 •Avec Swann Arlaud, Sara Giraudeau, Bouli Lanners, Isabelle Candelier Semaine de la critique Cannes 2017 | Pyramide • 30 août 2017

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Pierre, la trentaine, est éleveur de vaches laitières. Sa vie s’organise autour de sa ferme, sa sœur vétérinaire et ses parents dont il a repris l’exploitation. Alors que les premiers cas d’une épidémie se déclarent en France, Pierre découvre que l’une de ses bêtes est infectée. Il ne peut se résoudre à perdre ses vaches. Il n’a rien d’autre et ira jusqu’au bout pour les sauver.

[…] Cette fiction sur les difficultés d’un éleveur de vaches laitières, inspirée des épisodes de panique liés à l’épidémie de la vache folle ou à celle de la fièvre aphteuse, Charuel l’a tournée dans la ferme même de ses parents (...), moins comme un banal retour aux origines que pour explorer de l’intérieur les angoisses dévorantes d’un milieu peu représenté au cinéma. Or, Petit Paysan ne doit pas sa force au seul fait que son réalisateur sache parfaitement de quoi il parle. L’engrenage infernal qu’il décrit rend compte très précisément, et avec une grande clarté, du « paysage » psychologique de son protagoniste. Pierre (Swann Arlaud, très impressionnant) est aux petits soins pour la trentaine de vaches qu’il élève. Hormis les visites de ses parents et de Pascale (Sara Giraudeau), sa sœur vétérinaire, il vit seul dans son exploitation laitière, sans beaucoup de temps à consacrer aux autres. Alors que les journaux télévisés font état de l’apparition d’une épidémie, et que des troupeaux entiers sont abattus par mesure de précaution, Pierre constate qu’une de ses vaches en présente les symptômes. Pour ne pas perdre son cheptel, il décide d’étouffer l’incident et de ne rien déclarer aux autorités sanitaires. Très vite, le récit endosse les codes du thriller psychologique, emboîtant le pas d’un personnage sous pression qui s’engage dans une voie de dissimulation et de mensonge. Solitaire et maniaque, Pierre pèche par une excessive volonté de contrôle, luttant seul contre la propagation d’un mal invisible qui suscite chez lui une véritable obsession. S’enclenche alors la double mécanique du déni et de la paranoïa : en cherchant à se dérober à une réalité (la contamination du troupeau), Pierre se laisse envahir par sa propre inquiétude, qu’il projette sur les autres, voisins, parents et amis. [...] Mathieu Macheret • le Monde


BARBARA de Mathieu Amalric France • 2017 • 1H37 • avec Jeanne Balibar, Mathieu Amalric | Un Certain Regard • Cannes 2017 : Prix de la poésie du cinéma | Gaumont Distribution • 6 septembre 2017

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Une actrice va jouer Barbara, le tournage va commencer bientôt.Elle travaille son personnage, la voix, les chansons, les partitions, les gestes, le tricot, les scènes àapprendre, ça va, ça avance, ça grandit, ça l'envahit même.Le réalisateur aussi travaille, par ses rencontres, par les archives, la musique, il se laisse submerger,envahir comme elle, par elle.

La beauté hyper contemporaine du film de Mathieu Amalric est de donner une forme cinématographique à cette perception googlisée des grands mythes artistiques du XXeme siècle. Il évoque ces heures d’obsession rêveuses passées sur le net à amasser un fouillis d’infos, d’anecdotes et de documents sur des stars adorées. Le film est disruptif, éclaté, avance décousu, comme on surfe de liens en liens. Sa logique est celle d’une recherche associée. Les images d’archives s’agrègent autour de leur reconstitution fictionnalisée. La fiction Barbara est elle-même parasitée par sa mise en abime (des scènes de tournage d’un biopic sur Barbara avec Amalric en cinéaste dirigeant une actrice jouant Barbara et interprétée par Jeanne Balibar). Le vrai et le faux, le document et sa reproduction fictionnent et frictionnent. [...] Il faut dire surtout que ce que propose Jeanne Balibar dans le film est proprement sidérant. Au-dela des habituelles singeries imitatives de l’ordinaire des biopics, Balibar est possédée par Barbara. L’actrice parait plonger dans une transe inconsciente, où tout son corps, tout son être sont parlés, chantés, par Barbara. […] la densité de ce qu’accomplit l’actrice permet de penser que Barbara est l’affaire de sa vie. Fascinante boule à facettes, constellation, d’éclats, crépitant collage, Barbara de Matthieu Amalric propulse le poussiéreux genre du biopic à l’ère post-internet. Et il est, simultanément, un magnifique portrait de comédienne. Jean-Marc Lalanne • Les Inrocks

FAUTE D'AMOUR de Andreï Zviaguintsev Russie • 2017 • 2H09 • avec Mariana Spivak, Alexei Rozin, Matvei Novikov, Marina Vasilieva, Andris Keishs, Compétition officielle • Cannes 2017 : Prix du jury | Pyramide distribution • 20 septembre 2017

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Boris et Genia sont en train de divorcer. Ils se disputent sans cesse et enchaînent les visites de leur appartement en vue de le vendre. Ils préparent déjà leur avenir respectif : Boris est en couple avec une jeune femme enceinte et Genia fréquente un homme aisé qui est prêt à l’épouser... Aucun des deux ne semble avoir d'intérêt pour Aliocha, leur fils de 12 ans. Jusqu'à ce qu'il disparaisse.

(…) Andreï Zviaguintsev, en compétition, dissèque avec la franchise qu'on lui connaît la brutalité des rapports humains dans un pays rongé par la haine. Saisissant. Le cinéaste favori d’Andreï Zviaguintsev est Michelangelo Antonioni qui lui a tout appris et, selon lui, continue à tout nous apprendre sur le vide que l’homme éprouve face au monde et celui qui est en lui. Mais c’est Ingmar Bergman que l’on évoque devant ce Faute d’amour (...). Le Bergman de Scènes de la vie conjugale, surtout, ne fût-ce que pour la brutalité des rapports et des dialogues qui opposent un couple en train de divorcer. [...] Andreï Zviaguintsev avait déjà filmé une Russie ou les pauvres s’installaient, tels des mendiants à la Buñuel, dans une superbe maison de riches (Elena). Et un pays dévasté par la corruption (Léviathan). C’est presque pire, ici, tant il s’attaque à l’essentiel : cette âme russe dont il ne reste rien. Sinon ces décérébrés qui ont renié Pouchkine pour Poutine. Ces êtres sans conscience dont la seule excuse – faible – est de reproduire la haine qu’ils ont reçue des générations précédentes : les mères, ici, sont des monstres à l’état pur, sans doute parce que les pères sont singulièrement absents. […] On pourra, évidemment, contester à Zviaguintsev le droit de flanquer ainsi, sans se décourager, des baffes répétées à ses compatriotes (et à nous, à l’occasion). Mais on ne saurait nier qu’elles claquent sec et fort. Et qu’elles visent juste. Pierre Murat • Télérama

JEUNE FEMME de Léonor Serraille France • 2017 • 1H37 • avec Laetitia Dosch, Grégoire Monsaingeon, Souleymane Seye Ndiaye, Léonie Simaga, Nathalie Richard... | "Un Certain Regard" Cannes 2017 : Caméra d'or | Shellac • 27 septembre 2017

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Un chat sous le bras, des portes closes, rien dans les poches, voici Paula, de retour à Paris après une longue absence. Au fil des rencontres, la jeune femme est bien décidée à prendre un nouveau départ. Avec panache.

Si Jeune Femme séduit joliment, c’est que le premier long métrage de Léonor Serraille (...) trousse son portrait de femme avec suffisamment de ressorts pour tenir la durée à pas feutrés. De retour d’un long voyage au Mexique et soudainement plongée dans un Paris gris et atone, Paula, visiblement fauchée, erre d’appartements d’amis en squattage de canapé chez des personnes qu’elle connaît à peine. La jeune femme, saisie après une rupture, est ainsi dessinée au fur et à mesure des différentes rencontres qui tapissent son quotidien. [ ...] Paula, attrapée ainsi dans une logorrhée délirante, sera amenée à reconsidérer son rapport au monde et aux autres (ses amis, ses employeurs, sa mère…) en changeant constamment d’identité : elle ment sur sa situation en se faisant passer pour une étudiante auprès d’une jeune mère qui l’emploie comme baby-sitter. Pire : elle se fera passer pour une autre personne lorsqu’une inconnue la confondra avec une ancienne camarade de classe. Excentrique, Paula ? Sans doute moins que le film qui remplit son programme avec une certaine candeur modeste qui sied bien à son horizon : saisir la perte de repère (tant psychologique que géographique) de sa protagoniste principale tout en envoyant bouler les différents déterminismes sociaux assénés habituellement pour expliquer le-monde-comme-il-va. [...] on ne peut que reconnaître sa belle constance enroulée autour de sa fascinante comédienne qui, par notamment la maîtrise de son corps élastique, réussit à embarquer le film loin des rails des premiers longs métrages convenus. Morgan Pokée • Critikat

*** PROCHAINS SOUTIENS AFCAE ACTIONS PROMOTION *** TEHERAN TABOU de Ali Soozandeh (ARP • 4 octobre 2017) | L'ATELIER de Laurent Cantet (Diaphana • 11 octobre 2017) | CARRÉ 35 de Eric Caravaca (Pyramide • 15 novembre 2017) | MAKALA de Emmanuel Gras (les Films du Losange • prochainement) |


SOUTIENS AFCAE PATRIMOINE RÉPERTOIRE LA SOLITUDE DU COUREUR DE FOND de Tony Richardson Royaume-Uni • 1962 • 1H34 • avec Michael Redgrave,Tom Courtenay, Alec McCowen

Solaris Films • 20 septembre 2017

Edition d'un document AFCAE | Site distributeur ici Ayant été convaincu de cambriolage, Colin Smith, un adolescent, est envoyé dans un centre de redressement. Le directeur, un austère victorien, remarque rapidement ses qualités athlétiques et devine en lui un coureur de fond d'exception. Aussi le soumet-il à un rude entraînement. Colin se plie à la discipline que lui impose le directeur, tout en se remémorant les étapes de sa dérive…

Deux ans après la réussite et le succès de Un goût de miel, Tony Richardson poursuit dans l’adaptation littéraire en transposant à l’écran un roman de Alan Sillitoe, à qui il confie le soin d’écrire le scénario. L’ouvrage avait déjà une forte connotation de dénonciation sociale que l’on retrouve ici à travers cette histoire de jeune inadapté refusant d’être récupéré par un système responsable de ses échecs. Pour incarner Colin, Richardson a fait appel à Tom Courtenay, [...] l’un des acteurs emblématiques du Free cinema. Le cinéaste retrouve par ailleurs son chef opérateur Walter Lasselly dont le travail sur la photo est ici remarquable, alternant les prises de vue esthétiques (l’échappée sur la plage, les courses dans la forêt) et les compositions plus réalistes, sans céder aux sirènes du naturalisme appuyé ou du maniérisme onirique. Le film est en fait une synthèse entre un cinéma classique et un art plus contestataire et novateur, sur le fond comme sur la forme. Du premier, Richardson retient la solidité d’un matériau littéraire, le recours à une psychologie explicative (la figure du père) et le recours à des comédiens chevronnés comme Michael Redgrave (…) impeccable dans le rôle du directeur coach. À un cinéma nouveau, Richardson emprunte le récit éclaté (le télescopage des scènes dans le centre et du flash back), l’exploration de l’inconscient du protagoniste (dans une veine certaine plus didactique et moins conceptuelle que L’année dernière à Marienbad), et surtout des innovations techniques et thématiques : une caméra légère, destinée alors uniquement aux reportages télévisés, cerne au plus près un antihéros épris de liberté mais étouffant dans le carcan d’une société conservatrice, inégalitaire et stigmatisante, ne pardonnant pas le moindre écart à ses éléments déviants. C’est par cet aspect que le film de Richardson trouve sa force, sans que jamais le cinéaste ne verse dans la lourdeur démonstrative du film à thèse. [...] Poétique par son écriture cinématographique et politique par sa rage dénonciatrice, La solitude du coureur de fond est donc bien une date clef dans l’histoire du cinéma anglais. Gérard Crespo • Avoir-Alire.com

NOTRE PAIN QUOTIDIEN de King Vidor Etats-Unis • 1934 • 1H14 • avec Karen Morley, Tom Keene, Barbara Pepper

Théâtre du temple • 18 octobre 2017

Edition d'un document AFCAE Conférence de Bernard Eisenschitz (historien du cinéma) sur le site du Forum des images ici En 1929, alors que les Etats-Unis traversent une crise dramatique, John et Mary, dont la situation financière est critique, se voient proposer de reprendre une petite ferme hypothéquée. Ils acceptent mais l'ampleur de la tâche est telle qu'ils décident de s'organiser en coopérative. De tout le pays, des volontaires accourent, pour les aider dans cette incroyable et stimulante aventure...

« Chargé d’inquiétude autant que de générosité, Notre pain quotidien est un film lyrique, habité, presque soviétique. Le film est d’autant plus émouvant que Vidor est l’un de ceux qui savent le mieux filmer les petites gens et magnifier les images du bonheur. On n’est pas loin des chefs-d’œuvre américains de Murnau dans la description élégiaque de la nature. Mais ce qui compte bien sûr, c’est la défense d’une Amérique solidaire et généreuse, ennemie de la finance (...). » Yves Alion, L’Avant-Scène Cinéma

CARRIE AU BAL DU DIABLE de Brian De Palma États-Unis • 1977 • 1H38 • avec Sissy Spacek, Piper Laurie, John Travolta, Amy Irving, William Katt

Splendor Films • 1er novembre 2017

Edition d'un document AFCAE | Site distributeur ici Tourmentée par une mère névrosée et tyrannique, la vie n'est pas rose pour Carrie. D'autant plus qu'elle est la tête de turc des filles du collège. Elle ne fait que subir et ne peut rendre les coups, jusqu'à ce qu'elle ne se découvre un étrange pouvoir surnaturel.

[…] On connait l’histoire, inspirée d’un roman de Stephen King. Elle a été recyclée une bonne douzaine de fois depuis, la puberté diabolique étant devenu dans les années 70 et 80 un poncif du film d’horreur du samedi soir. Contrairement à La Nuit des masques (Halloween, 1978) de John Carpenter, l’autre grand film séminal du cinéma fantastique américain moderne, Carrie ne joue pas la carte de l’épure hawksienne ou tourneurienne. Entre l’opéra italien, Jerry Lewis, Bava, Powell, Godard et Peckinpah, De Palma ne choisit pas. Si Hitchcock est déjà son cinéaste d’élection (...) son amour malade du cinéma ne peut se soigner que par un désir de cinéma baroque, proliférant et citationnel. [...] Carrie est un film dédié au sang (...) et chaque goutte du fluide vital est utilisée par De Palma comme les notes d’une partition visuelle tour à tour mélancolique, stridente et onctueuse, à l’image de celle composée par Pino Donaggio, l’alter ego musicien du cinéaste. […] De Palma travaille le matériau le plus trivial et le transcende par la virtuosité de sa mise en scène et de sa direction d’actrices (Sissy Spacek et Piper Laurie sont géniales) dans un mélange de romantisme morbide, de puritanisme anglo-saxon et de provocations latines et blasphématrices héritées des outrances du cinéma d’horreur italien. Peu de films avant et après Carrie sont parvenus à maltraiter autant le spectateur, le faire rire à des gags aussi crétins, le terrifier et le faire pleurer devant des situations aussi invraisemblables. Ces quelques films traumatisants et émouvants, Phantom of the Paradise, Obsession, Furie ou Blow Out étaient tous signés Brian De Palma. Olivier Père • Arte.tv


SOUTIENS AFCAE JEUNE PUBLIC LE GRAND MÉCHANT RENARD ET AUTRES CONTES de Benjamin Renner

France • 2017 • 1H19 | Studio Canal • 21 juin 2017

Ceux qui pensent que la campagne est un lieu calme et paisible se trompent, on y trouve des animaux particulièrement agités, un Renard qui se prend pour une poule, un Lapin qui fait la cigogne et un Canard qui veut remplacer le Père Noël. Si vous voulez prendre des vacances, passez votre chemin…

D'énormes yeux ronds, des oreilles qui pendouillent ou des plumes qui rebiquent : expressives en quelques traits vifs, éclairées tout en douceur par le pinceau, ces bestioles-là ont une dégaine inimitable. Poules, cochon, chien, canard, lapins : la petite communauté fermière serait drôle, même sans le son. Mais en plus, elle cause, et c'est un régal. Version moderne et gentiment azimutée des fables de La Fontaine, cette comédie est l'adaptation réussie de la fameuse (et hilarante) bande dessinée que Benjamin Renner a adaptée lui-même, avec le renfort d'un complice doué, Patrick Imbert. En trois historiettes tendres et goguenardes, on fait connaissance avec une remuante ménagerie au comportement décalé : une cigogne flemmarde et cabotine qui refile le bébé (au sens propre) à trois gugusses irresponsables qui envisagent de le catapulter chez ses futurs parents. Un renard pas très doué devient malgré lui la « maman » de trois remuants poussins. Dans ce monde bizarre, les poules prennent des cours d'autodéfense, le canard se déguise en père Noël et le lapin, ado attardé, fait une gaffe par image. Cette campagne à l'aquarelle, aussi radieuse et veloutée que les décors d'Ernest et Célestine (le précédent dessin animé de Benjamin Renner), regorge de purs moments burlesques, jouant aussi bien de la malice du dessin que de celle de la bande-son (les voix des comédiens, même les plus « poussins » d'entre eux, sont toutes formidables). Beaucoup de films d'animation prétendent s'adresser au jeune public autant qu'à leurs parents. Ce grand renard désopilant y parvient comme personne. Cécile Mury • Télérama

DES TRÉSORS PLEIN MA POCHE Russie • 35' • programme de 6 courts métrages dès 3 ans | Folimage • 27 septembre 2017

Edition d'un document AFCAE | Site distributeur ici Qu'on ait dans la poche un petit bonhomme, une flûte ou beaucoup de courage, on a tous un secret pour apprendre à grandir, s'entraider ou réaliser ses rêves ! Six jeunes réalisatrices emmènent les plus petits dans leurs univers tendres, drôles et poétiques.

LE PETIT BONHOMME DE POCHE de Ana Chubinidze Suisse / Géorgie • 2016 • 7min12 • Papier découpé

Un petit bonhomme mène une vie transuille dans une valise installée sur un trottoir dans la grande ville. Un jour, son chemin croise les pas d'un vieil aveugle. Ils vont alors nous des liens d'amitié grâce à la musique.

TOILE D'ARAIGNÉE de Natalie Chernysheva Russie • 2015 • 4min05 • Ordinateur 2D

Alors qu'une mamie tricote tranquillement dans son fauteuil, une araignée curieuse vient se poser sur son épaule. D'abord effrayée, la dame tente d'aspirer la pauvre bête, mais pourquoi la maltraiter alors qu'elles pourraient partager leur passion du crochet? La rencontre va prendre une tournure inattendue.

LE DRAGON ET LA MUSIQUE de Camille Müller

oreille et compte bien chasser ces deux originaux.

À TIRE D'AILE de Vera Myakisheva Russie • 2016 • 5 min 45 • Animation traditionnelle 2D

Une petite poule rêve de pouvoir voler mais aucun animal de son entourage ne peut lui apprendre. Une rencontre avec des oiseaux migrateurs va pourtant lui permettre de réaliser ses désirs...

LE NUAGE ET LA BALEINE de Alena Tomilova Russie • 2016 • 3 min 35 • Animation traditionnelle 2D

Un petit nuage se lie d'amitié avec une grande baleine bleue. Quand la baleine échoue sur une plage, le nuage n'hésite pas un seul instant : il part à la rescousse de son amie, au risque de sa propre vie.

LA LUGE de Olesya Shchukina

Suisse • 2015 • 8 min 26 • Ordinateur 2D

Dans un royaume où règne un roi austère, une jeune fille joue de douces mélodies à la flûte, attirant ainsi un... dragon mélomane ! Mais le roi ne l'entend pas de cette

Russie • 2016 • 4 min 19 • Animation traditionnelle 2D

Un écureuil découvre les plaisirs de la glisse grâce à une luge abandonnée.

UN CONTE PEUT EN CACHER UN AUTRE de Jakob Schuh, Jan Lachauer

Royaume-Uni • 2016 • 1H01 • dès 6 ans | Les Films du préau • 11 octobre 2017

Site distributeur ici | Edition d'un document AFCAE Après Charlie et la Chocolaterie, une nouvelle adaptation d’un livre de Roald Dahl par les producteurs du Gruffalo et Monsieur Bout-de-Bois ! Comment réinventer les contes de fées avec humour et intelligence... Imaginons que Le Petit Chaperon Rouge et Blanche-Neige soient de vieilles copines... Elles feraient alliance pour se débarrasser de prédateurs affamés ou d’une belle-mère meurtrière. Et que ferait Jacques (celui du haricot magique) s’il avait Cendrillon pour charmante voisine ? Un loup aux allures de dandy nous raconte...


20èmes RENCONTRES NATIONALES ART ET ESSAI JEUNE PUBLIC Les 13, 14 et 15 septembre 2017 au Cinéma Le Méliès à MONTREUIL (93) programme, infos, bulletins d'inscription sur le site de l'AFCAE ici

> PROJECTIONS

Des films en avant-première et des rencontres avec les équipes des films.

> ÉCHANGE COLLECTIF « Comment sortir de la promotion pour aller vers la critique des films Jeune Public ? » en présence de journalistes de la presse écrite, radio et internet et d'un distributeur, animé par Stéphane Goudet, directeur artistique du cinéma Le Méliès.

> ATELIERS PRATIQUES • Cinéma et Jeux Vidéo. • Les initiatives en direction des publics adolescents. • Les liens entre cinéma très jeune public et albums jeunesse. • Aborder la question du « féminin / masculin » au cinéma.

> ATELIER - SPECTACLE Animé par Jean-Carl Feldis autour de 20 ans de cinéma Art et Essai Jeune Public.

> FILMS EN COURS DE RÉALISATION

Comme chaque année, des réalisateurs viendront nous présenter les premières images de leurs projets.

> DES SURPRISES À L'OCCASION DES 20 ANS DES RENCONTRES... Une participation de 30€ par personne est demandée. Formulaire d'inscription accompagné du règlement à l'AFCAE avant le 13 juillet 2017. L’AFCAE prend en charge le déplacement d’une personne par salle adhérente selon certaines conditions (lire ici) Contact : Jeanne Frommer, coordinatrice du Groupe Jeune public : jeanne.frommer@art-et-essai.org

INFOS DISTRIBUTEURS LE CAIRE CONFIDENTIEL de Tarik Saleh Suède / Danemark / Allemagne • 1H50 • avec Fares Fares festival de Sundance 2017 : Grand prix | festival du film policier de Beaune 2017 : Grand prix

Memento • 5 juillet 2017

Site distributeur ici Le Caire, janvier 2011, quelques jours avant le début de la révolution. Une jeune chanteuse est assassinée dans une chambre d’un des grands hôtels de la ville. Noureddine, inspecteur revêche chargé de l’enquête, réalise au fil de ses investigations que les coupables pourraient bien être liés à la garde rapprochée du président Moubarak.

[… ] Le Caire confidentiel, et notamment l’interprétation passionnante de Fares, n’est pas seulement un thriller convaincant : c’est aussi un commentaire pertinent sur la société égyptienne. Sans jamais être explicite, le film parle du pouvoir : comment l’obtenir, comment le conserver et comment en abuser pour son propre profit. […] Filmé avec grande maîtrise par Pierre Aïm, le thriller impose un rythme éprouvant créé par le montage courroucé de Theis Schmidt. Les bâtiments décrépits, les ruelles bondées et poussiéreuses, les lumières aveuglantes et les sons perçants enveloppent Le Caire confidentiel d’une couverture presque dystopique. C’est l’endroit idéal pour découvrir comment un meurtre aussi brutal peut se transformer en un simple ‘’incident’’, la raison pour laquelle la vie a si peu de sens, mais aussi pourquoi la loi peut être piétinée par ceux qui doivent précisément la faire respecter. Sans jamais trahir son approche, le film de Saleh fait preuve d’ambitions politiques pertinentes, un mélange auquel le public ne résistera pas. Stefan Dobroiu • Cineuropa

L'AUTRE CÔTÉ DU MIROIR de Aurélien Réal

France • 2016 • 2H27 • avec Camélia Montassere, Didier Gallon, Frédéric Maltête | Sunrun films • octobre 2017 Interdit au – de 16 ans

Contact : Lola PANIGEL | 06 73 18 62 27 | lola@sunrun-films.com Site distributeur ici Un écrivain, isolé dans un manoir avec un palefrenier et un jardinier, rencontre une jeune femme, immigrée clandestine originaire du monde arabe. Cette étrangère, il l’héberge en échange d’une proposition : être le modèle de son prochain roman de métafiction. Errante, exilée de tout, elle découvre les règles de cette hospitalité inattendue. Un huis clos abyssal commence…

« (…) Je n’ai jamais vu une oeuvre pareille. Non seulement de toute beauté sur le plan formel, mais une véritable expérience. Au début j’ai cru que j’entrais seulement dans une histoire énigmatique, d’une intensité d’ailleurs passionnante à chaque moment du film qui traverse tous les plans de la condition humaine : la relation homme-femme (avec une scène érotique pour moi unique dans l’histoire du cinéma), la création artistique, la question religieuse et politique de notre temps, la lutte des pouvoirs individuels et sociaux, la souffrance des êtres, leur solitude. C’est tout ça. Mais c’est surtout la sensation vertigineuse d’être entré dans le labyrinthe de mon esprit (j’allais dire du nôtre), d’y voir et d’y entendre mon propre film intérieur, où jaillit sans cesse un flot d’images et de voix simultanée [...] » Rafblitz • senscritique


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