2017 | N°06

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L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans six régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute-Normandie et Basse-Normandie, Pays de la Loire et Poitou-Charentes. Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma.

C O M M U N I Q U É A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ' o u e s t p o u r l a r e c h e r c he

N°06 Lundi 4 septembre 2017 p.1 > Soutien ACOR p.2 > Soutiens ACOR et GNCR p.3 et 4 > Soutiens GNCR p.5 et 6 > Soutiens ACID AFCAE p.6 et 7 > Soutiens AFCAE Actions-promotionPatrimoine - répertoire p.8 > Soutiens AFCAE Patrimoine – répertoire et Soutien Jeune public p.9 > Soutien Jeune public et 10 ans d'animation à Fontevraud p.10 > Infos distributeurs, synthèse de l'atelier de Tours, Rcmdt du Médiateur

Directeur de publication : Yannick Reix, président de l'ACOR • rédaction : Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat • contact@lacor.info • www.lacor.info Avec le soutien du CNC et des DRAC des régions Centre, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Bretagne, Haute-Normandie, Basse-Normandie

SOUTIEN ACOR SI ON TE DONNE UN CHATEAU, TU LE PRENDS ? de Marina Déak France • 2015 • 1H36

Distribué par Atmosphères productions • 1er novembre 2017 (à confirmer) Vivre seul - vivre ensemble - vivre libre ? Le film compose une mosaïque autour de l'habitat, via trois lieux, trois rapports au logement, trois angles de vue : l'habitat, ce qu’il produit et révèle de notre lien social, et de notre rapport intime, entre contrainte et choix, ici et maintenant. Une agence immobilière de province, un plan de rénovation urbaine dans les «Quartiers», des campeurs à l’année près de Toulouse : à la fois une enquête, un parcours et une méditation. L'habitat, mais surtout : la solitude et la liberté, et peut-être, aussi, le partage.

Propositions de l'ACOR dans le cadre de son soutien : > Commande d'un texte à François Bégaudeau > Création d’un site de l’ACOR dédié au film (à venir)

> 26 octobre 2017 : présentation du film en Mayenne (53) en présence de Marina Déak, dans le cadre d'un prévisionnement régional organisé par l'AFCAE en lien avec l'ACOR (lieu à déterminer)

Les trois parties de durée égale de Si on te donne un château, tu le prends? forment a priori trois blocs distincts. Entre une agence immobilière du Nivernais, un plan de rénovation urbaine à Grigny, et des campeurs à l’année en Haute-Garonne, pas de rapport direct, peu de proximité, aucun personnage commun. Or d’une partie à l’autre, le montage ne se fend d’aucun panneau, intertitre, numéro de chapitre, fondu au noir, segment musical, mais produit ostensiblement un effet de tuilage : les derniers mots de la partie 1 mixés avec la première image de la partie 2, les dernières images de la 2 mixées avec les premiers mots de la 3. Comme pareil type de raccord est rare dans le film, la volonté est alors patente de marquer une continuité, de souligner un lien. Le lien pourrait être social — trois zones reléguées. Il est plus sûrement thématique. Esquissé par le titre à la familiarité accueillante, le lien est : habiter. […] Suivant Déak parmi ces caravanes habitées toute l’année, certaines depuis 24 ans, on croit signer pour une variation sur la misère, et on se prend une leçon de bonheur. Est-ce de l’autopersuasion? Est-ce faire bonne figure devant nous autres, bêtement portés à croire qu’un type qui n’a pas de maison a un peu foiré sa vie ? Les campeurs nous servent un festival de satisfecits : « j’ai adoré », « j’ai tout mon confort », « vacances toute l’année », « il ne me manque rien » « on est libres », « qu’est ce que vous voulez de plus? ». Et l’impayable Anthony - comme Richard : « elle est pas belle la vie? », « tu me feras pas partir d’ici ». On leur offrirait une maison qu’ils n’en voudraient pas. Même un château ils hésiteraient. Ils l’ont déjà. Une caravane est un château si elle est posée au pied d’un chêne dont on peut à loisir enlacer le tronc, comme le raconte ledit Anthony. Le château c’est là où je suis si j’y suis bien. Absente de la partie 1, voix froidement informative dans la partie 2, Déak est beaucoup plus incarnée dans ce troisième pan . Elle interviewe, s’est gardée au montage interviewant, fait causette plus qu’elle n’interroge, accepte une clope d’un interlocuteur. Qu’une complicité se soit créée avec les campeurs sédentaires, le film en est la preuve implicite. […] Elle est là. Elle en est. Une harmonie s’est bricolée entre elle et ce qu’elle observe, entre filmeurs et filmés (...), entre l’équipe et cet espace. Comme si le film, après deux détours par le Nièvre et l’Essonne, s’était trouvé. Avait trouvé son lieu. Trouvé où se poser, où habiter. Cette partie est la dernière. C'eût pu être monté autrement. Aucun critère, chronologique ou autre, n’interdisait de la placer en ouverture. Elle est donc pensée comme l’aboutissement du film. Comme son point de chute - et d’envol. Pour le moins, elle est ressentie comme une résolution sereine (oiseaux) des impasses de la précédente. Ici l’animation se crée toute seule. Ici on prend librement l’initiative de planter des tomates, et non pas sur décision concertée. Ici se reconstitue naturellement une vie de village (…). Les protagonistes du PRU partaient d’un « constat partagé sur la perte de lien et de convivialité sur le secteur », et lançaient d’immenses chantiers pour y remédier ; au camping « on boit l’apéro ensemble, on est toujours ensemble, c’est la vraie vie quoi ». La solitude rêvée ne tient donc pas de l’isolement, mais de l’indépendance. De l’aubaine de fréquenter qui je veux quand je veux. De la distance prise, non par rapport à toute sociabilité, mais à la société. Réduction au minimum vital des liens avec la société. Sur ce point les campeurs ne reviendront pas en arrière. Le cas échéant, l’un s’installera au fond du jardin de sa fille, mais surtout pas dans sa maison. Camper n’est pas une régression, pas un pis-aller, pas même une hypothèse provisoire ; c’est une solution. […] Sous ce jour, la relégation devient une aubaine. Le rapport de privilège entre le centre et les périphéries se renverse : quand le centre est invivable, la marge devient désirable. Il faut casser les murs quand les maisons deviennent inhabitables. François Bégaudeau © 2017 • texte intégral bientôt disponible sur le site de l'ACOR


SOUTIEN ACOR / SOUTIEN GNCR ARGENT AMER de Wang Bing Chine / Hong-Kong • 2016 • 2H37 | Mostra de Venise 2016 : Prix du Meilleur scénario - Section Orizzonti

Les Acacias • 22 novembre 2017

Edition d'un document GNCR Plus d'infos sur le site dédié au film par l'ACOR ici À peine sortis de l’adolescence, ils ont des rêves plein la tête. Quittant leur village du Yunnan, ils partent grossir la main d’œuvre de Huzhou, une cité ouvrière florissante des environs de Shanghaï. Soumis à la précarité et à des conditions de travail éprouvantes, Xiao Min, Ling Ling ou Lao Yeh veulent quand même croire en une vie meilleure.

> Commande d'un entretien entre Alain Bergala et Wang Bing (transcription Marielle Millard, ACOR • repris dans le dossier de presse) > Commande d'un texte à Raphaëlle Pireyre (rédactrice en chef adjointe du site Images de la culture), avec possibilité de la faire intervenir en salle. > Commande d'un texte à Stéphane Lagarde (journaliste à RFI spécialiste de la Chine), avec possibilité de le faire intervenir en salle. > Création d'un site de l'ACOR dédié au film BITTER MONEY : Wang Bing, cousu main [...] fidèle à ses préceptes, Wang Bing témoigne de l’état de son pays avec la discrétion et la beauté formelle qu’on lui connaît, transformant encore une fois la matière documentaire en un réservoir dramatique dans lequel pourraient puiser plusieurs saisons d’une série. Toute vie ne vaut pas la peine d’être racontée au cinéma, mais toute vie, aussi modeste et pénible soit-elle, vaut la peine qu’on s’y intéresse quand elle est racontée par Wang Bing. Le cinéaste sait transformer les personnes en personnages de cinéma, sans les brusquer ni même les guider, puisque tout se fait au montage et sur la durée. Cette transformation a en effet besoin de beaucoup de temps pour s’opérer aux yeux des spectateurs, pour que nous puissions identifier progressivement des figures, des comportements, des habitudes, des interactions ; tout ce qui permet de caractériser les personnages. Dans Bitter Money, il y a le gars blessé à une main qui engueule sa femme, le type bourré dont on se demande quand il va enfin lâcher sa paire de ciseaux trop pointus, le petit patron pingre qui négocie le prix de la robe qu’il vend à l’employée qui l’a cousue, etc. Des deux adolescentes du début, celles dont on suit le périple jusqu’ici en bus puis en train, la trace est perdue, diluée dans la ville et les visages. On a l’impression de « binge watcher » la première saison d’une série, épisode pilote compris, comme si tout cela avait été passé au compresseur (pas étonnant que le film ait reçu le Prix du Scénario à Orizzonti, lors de la Mostra 2016). C’est trop ? Non, c’est le contraire : pas assez. […] Il faut du temps pour prendre ses marques dans les ateliers de confection, tellement que lorsque le film se termine, on se surprend à penser qu’il est trop tôt, que la longue mise en place du décor, des travailleurs et des pratiques méritait bien une petite heure de plus à passer avec des anonymes devenus entretemps des connaissances. Bitter Money se présente apparemment comme le premier volet d’un projet plus ample d’enregistrement des classes laborieuses chinoises, toujours en prenant le Yunnan pour point de départ. [...] Il y a toujours une certaine beauté dans l’enfer, même dans cet enfer pour jeunes travailleurs, cette nuit rendue éternelle par le calfeutrage des fenêtres et l’invariable éclairage au néon (il y a toujours quelqu’un qui dort, quelque part, et on se demande si la réalité n’est pas le cauchemar de ce dormeur). Elle est terrible, parce que contrairement à l’asile de A la folie, ce n’est pas une prison subie mais choisie, que l’on peut quitter ou dont on est chassé sans ménagement faute de rendement suffisant. On se dit alors que s’il est préférable pour nos héros d’être ici plutôt qu’ailleurs, c’est que l’ailleurs doit être sacrément désespérant. Christophe Beney • Accreds ici

SOUTIENS GNCR LUMIÈRES D'ÉTÉ de Jean-Gabriel Périot France • 2016 • 1H23 • avec Hiroto Ogi, Akane Tatsukawa

Potemkine Films • 16 août 2017

Edition d'un document GNCR | Fiche numérique spectateur ici Site distributeur ici Akihiro, réalisateur japonais, vient de Paris, où il vit, interviewer à Hiroshima des survivants de la bombe atomique. Profondément bouleversé par ces témoignages, il fait une pause et rencontre dans un parc une étrange jeune femme, Michiko. Petit à petit, il se laisse porter par la gaîté de Michiko et décide de la suivre pour un voyage improvisé à travers la ville, jusqu'à la mer.

Nouvelle déclaration d’amour d’un cinéaste français à l’encontre du Japon, à l’instar de Vanja d’Alcantara (Le Coeur régulier) ou de Jean-Pierre Limosin (Tokyo Eyes), Lumières d’été se lève sur le calvaire des anonymes d’Hiroshima. (…) l’oeuvre de Jean-Gabriel Périot est un sursaut à la délicatesse de ton, à la fois apaisante et bouleversante. Aux troubles des âmes, JeanGabriel Périot appose la simplicité et la sobriété, comme pour mieux contrôler l’émotion, pourtant vive, de son récit pluriel. Le réalisateur d’Une jeunesse allemande (sur la Bande à Baader), décidément aussi à l’aise dans le documentaire que dans la fiction, opte, calcule, pour laisser le naturel humain l’emporter sur le dispositif cinématographique. Ainsi, la mise en abîme évidente - un cinéaste japonais, mais vivant à Paris, investit Hiroshima pour laisser sa caméra capter les témoignages du drame est un prétexte narratif qui donne davantage de poids aux liaisons entre le passé et le présent. Il s’agirait de s’introduire dans le film pour en effacer toute trace de cinéma. Les rencontres successives, celle avec une survivante qui trouve la force de dire l’indicible, mais sans rancœur, ou avec une jeune femme qui pourrait être la réincarnation présente et pleine de vie de la sœur irradiée du témoignage bouleversant de cette survivante, confirme l’intelligence de point de vue. Jean-Gabriel Périot, pour relater l’horreur, a choisi la vie, la lumière, des contrastes qui prennent progressivement tout leur sens pour concilier ce que beaucoup de gens considèrent comme inconciliable. Pour signifier l’important de l’instant, il déploie la lueur en chassant les ombres. Il s’en dégage un hymne à la vie qui poursuit le travail de mémoire que Resnais et Duras avaient entrepris habilement dans le film miroir Hiroshima mon amour, dans lequel les rôles étaient troqués. […] Des correspondances qui donnent toujours plus de valeur à cette oeuvre apaisante qui sonne comme un sursaut atomique au cœur de cet été cinématographique 2017 pauvre de sens. Frédéric Mignard • Avoir-alire.com ici


JEANNETTE, L'ENFANCE DE JEANNE D'ARC de Bruno Dumont

France • 2017 • 1H45 • avec Lise Leplat Prudhomme, Jeanne Voisin, Lucile Gauthier, Victoria Lefebvre... Quizaine des Réalisateurs Cannes 2017 | Memento • 6 septembre 2017

Edition d'un document GNCR | Site distributeur ici Domrémy, 1425. Jeannette n’est pas encore Jeanne d’Arc, mais à 8 ans elle veut déjà bouter les Anglais hors du Royaume de France. Inspirée des écrits de Charles Péguy, la Jeannette de Bruno Dumont revisite les jeunes années d’une future sainte sous forme d’un film musical à la BO électro-pop-rock signée Gautier Serre, alias Igorrr et aux chorégraphies signées Philippe Decouflé.

(...) Il ne faut pas se moucher du coude pour entreprendre d’adapter au cinéma la figure de Jeanne d’Arc. C’est qu’il y a des calibres, toutes époques et tous acabits. Méliès et DeMille, Dreyer et Rossellini, Bresson et Rivette, pour n’en nommer que quelques-uns. La Jeanne sidérante que vient de révéler, à Cannes, Bruno Dumont n’en sera pas moins inoubliable. Il se trouve que l’auteur de ce film, défrichant depuis vingt ans une œuvre bressonienne, rageusement menée dans le Nord en compagnie des laissés-pourcompte du libéralisme triomphant, a inauguré depuis quelques années une révolution copernicienne qui, de film en film, ne cesse de cueillir les spectateurs par son inspiration, sa truculence, sa folie créatrice. Après P’tit Quinquin, comédie policière surréaliste à se rouler par terre, après Ma Loute, film d’époque anarcho-farcesque mélangeant des stars bankables et des gueules cassées de l’ANPE locale, voilà que Dumont débarque aujourd’hui avec l’ovni Jeannette. (...) Soit une comédie musicale inspirée au plus près du texte par deux œuvres de Charles Péguy (Jeanne d’Arc en 1897 puis Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc en 1910), chorégraphiée par Philippe Decouflé et mise en musique par Igorrr. D’emblée, constatons l’improbable rencontre que celle a priori suggérée par ces trois noms. Péguy, homme d’engagement total, figure problématique par excellence, patate chaude du politiquement correct, qu’on ne sait trop à quel saint vouer. Socialiste libertaire et catholique fervent, dreyfusard militant et nationaliste intransigeant, homme de justice et tempérament de feu, styliste de génie et littérateur anti-moderne, brouillé avec la Terre entière, tombé au champ de bataille le 5 septembre 1914 à Villeroy. Philippe Decouflé, artiste impur et total, touchant au cirque et au mime, à la musique et à la vidéo, au strip-tease et à la marionnette. Igorrr (Gautier Serre), musicien hors norme, pratiquant un mélange guttural d’électro, de heavy metal et de musique baroque. Tout ceci s’assemble, sous la caméra de Dumont, autour de non-professionnels qui chantent en direct sur le plateau les textes de Péguy [...] Une beauté très particulière, une puissance très étrange, proche et lointaine à la fois, hiératique et sauvage, ressort de ces scènes composées comme des vitraux ouverts aux quatre vents, sur lesquels le spectateur est invité à lire une Histoire qui charme son regard et pénètre son cœur. Ces vertus tiennent dans un mélange qu’on s’est bêtement résigné à croire impossible entre culture savante et culture populaire. Autant de courts-circuits entre la langue de Péguy et la musique rock qui la met sur orbite, entre l’écriture musicale élaborée et les voix façonnées par la soupe anglo-saxonne qui les porte, entre la gaucherie des gestes et la sophistication chorégraphique qui en joue, entre le primitivisme des décors et la poésie maniériste qui fait y léviter les personnages. De ces collisions admirables, les acteurs sortent transfigurés, touchant, pour le coup, à ce qu’en religion comme en cinéma on appelle la grâce. A l’instar de Péguy, Dumont signe une sorte de « Mystère cinématographique », inventant avec cette Jeannette ce que le philosophe Gilles Deleuze, fervent lecteur de Péguy et fin connaisseur de cinéma, désignait chez l’écrivain comme un « langage auroral ». Tel est le sentiment qu’inspire le film. Une impression d’absolue nouveauté, une épiphanie stylistique. [...] Jacques Mandelbaum • le Monde ici

A CIAMBRA de Jonas Carpignano Italie / Etats-Unis / France / Suède • 2017 • 2H00 • avec Damiano Amato, Iolanda Amato, Pio Amato, Koudous Seihon | Quinzaine des réalisateurs 2017 : Label Cinéma Europa

Haut et court • 20 septembre 2017

Edition d'un document GNCR | Site distributeur ici Pio a 14 ans et veut grandir vite. Comme son grand frère Cosimo, il boit, fume et apprend l’art des petites arnaques de la rue. Alors le jour où Cosimo n’est plus en mesure de veiller sur la famille, Pio va devoir prendre sa place. Mais ce rôle trop grand pour lui va vite le dépasser et le mettre face à un choix impossible.

Deux ans après avoir été révélé à la Semaine de la Critique avec son premier long Mediterranea – une exploration humaine de la crise des migrants -, le jeune cinéaste italien Jonas Carpignano revient à Cannes, cette fois à la Quinzaine des Réalisateurs, pour son deuxième film, A Ciambra (…). Deux films dérivés de deux de ses courts-métrages, signe que le cinéaste aime à creuser et épanouir son univers. Tout comme dans Mediterranea, Carpignano accroche immédiatement le spectateur avec l’urgence de sa réalisation. Sa caméra portée et intimiste, davantage concentrée à capter la profondeur des regards que l’environnement de ses personnages, agit autant comme un vecteur oppressant de claustrophobie – Pio se débat avec le poids de la tradition et du lien du sang – que comme porte ouverte bienveillante sur les états d’âme du jeune héros. Un socio-réalisme à mi-chemin de celui, heurté, de Rosetta des Dardenne et de celui, plus élégiaque, de Sweet sixteen de Ken Loach. Pourtant, ce n’est pas tant dans cette démarche quasi documentariste, profondément centrée sur la quotidienneté de l’humain, que A Ciambra marque le plus. Carpignano, bien que très assuré dans son storytelling, est sans doute encore un peu vert pour croire suffisamment en ses élans romanesques. Or, c’est justement dans ses moments d’errements poétiques, ses scènes fugaces de rêverie que A Ciambra touche et atteint son plein potentiel. Lorsque Carpignano insuffle à son socio-réalisme la juste dose d’imaginaire – l’apparition d’un fantôme comme symbole d’un passé révolu, celle d’un cheval à la noblesse fascinante et écrasante – ou qu’il laisse la superbe partition de Dan Romer « romancer » son récit, A Ciambra dévoile pleinement son indéniable et très prometteur talent. Il faut sans doute se frotter au réalisme et au prosaïque pour pouvoir lâcher prise. On ne peut qu’avoir hâte de voir Carpignano atteindre les sommets, plus épiques et romanesques, qui lui semblent promis. Aurélien Allin • CinemaTeaser ici


VA, TOTO ! de Pierre Creton France • 2016 • 1H34 | Fid Marseille : Prix Institut français de la critique en ligne, Mention spéciale GNCR

JHR Distribution • 4 octobre 2017

Edition d'un document GNCR | Site distributeur ici Le livre de Pierre Creton intitulé aussi Va Toto ! paraîtra aussi le 4 octobre. Plus d'infos ici L’arrivée de Toto le marcassin chez Madeleine, le voyage de Vincent en Inde et ses démêlées avec les singes, ou les rêves de Joseph provoqués par la machine à pression continue. Trois histoires que va partager Pierre et qui convoquent d’une manière ou d’une autre notre rapport à l’animal, à cet autre prochain.

[...] Pierre Creton, ouvrier agricole et cinéaste, qui vit à Vattetot (...) retrouve ici la veine de L’Heure du Berger (Grand Prix FIDMarseille 2008). Autrement dit avec l’autobiographique teinté de fantastique, avec l’extraordinaire pêché dans l’ordinaire, avec l’affection et l’amour portés aux êtres, humains et animaux confondus, avec l’humour saupoudrant chaque amorce de drame. À cette nuance près que Creton s’autorise cette fois nombre de libertés formelles (...) le film épaissit sa matière, s’affirme joueur et décidé, sans jamais, miraculeusement, perdre en grâce. Et ce sont du même coup toutes les connexions audacieuses qu’avance le film qui gagnent en émotions, qui enchevêtrent encore davantage leurs complexités, qui proposent leurs mystères de manière toujours plus lumineuse. Même si, en termes de mystères, seul celui de l’amour, répété, martelé ou fugué, fait la basse continue de ce splendide plain-chant. Jean-Pierre Rehm • Fid Marseille […] Petit miracle (...), Va, Toto ! de Pierre Creton apparaît à la fois comme une fable philosophique et un poème panthéiste. […] Creton dépeint la vie rurale avec une douceur enveloppante. À l’aide de procédés vieux comme le monde (split screens, surimpressions, voix-off), le film entrecroise trois récits, trois figures, trois destins inextricablement liés par une obsession animalière. Voisine du cinéaste, Madeleine est une vieille dame élégante qui a recueilli un marcassin, Vincent est le compagnon du cinéaste, obsédé par les singes qu’il part observer en Inde dans l’espoir de soigner ses névroses, tandis que Joseph, souffrant de troubles du sommeil, est affublé d’une machine à respirer lui causant des rêves où abondent les chats. Baigné d’une sensualité profonde, Va, Toto ! célèbre la magnificence de la vie, de la nature et de l’amour, tout en dénudant la part sauvage et refoulée de l’inconscient. Par delà la chronique rurale, Creton puise aussi bien dans son quotidien que dans ses lectures (Humanimalités de Surya, les correspondances de Burroughs) pour initier un bouleversant projet humaniste, dans lequel l’homme fait littéralement corps avec le monde. Julien Bécourt • Mouvement.net ici

TAXI SOFIA de Stephan Komandarev Bulgarie / Allemagne / Macédoine • 2017 • 1H43 • avecIvan Barnev, Assen Blatechki, Irini Zhambonas Un Certain Regard Cannes 2017 | Rezo Films • 11 octobre 2017

Edition d'un document GNCR | Site distributeur ici Lors d’un rendez-vous avec son banquier, un petit entrepreneur qui travaille comme chauffeur de taxi pour arrondir ses fins de mois découvre que le montant du pot de vin qu’il doit verser pour obtenir son prêt a doublé. Désemparé, l’homme tue le banquier et se suicide. Le drame suscite un débat national à la radio au sujet du désespoir qui a saisi la société civile. Pendant ce temps, cinq chauffeurs de taxi et leurs passagers roulent dans Sofia la nuit, chacun dans l’espoir de trouver un avenir meilleur.

Librement adapté d’une nouvelle de Tchekhov (Tristesse) aux lambeaux de laquelle se greffe un magma d’«histoires vraies» (si tant est que ça existe), le troisième long métrage de Stephan Komandarev sillonne Sofia la nuit qui suit la tuerie du prologue, sur le mode choral d’un road movie urbain, bouclé, enserrant de sa course en cercle de vices tous les dérèglements qui infectent la société bulgare contemporaine. On navigue ainsi, au fil du flux vibrant de chapitres tournés en plans-séquences, de l’habitacle d’un taxi à un autre, tandis que les autoradios crépitent de témoignages de citoyens indignés par le crime survenu le matin ou par l’état de corruption généralisée qui aura conduit le pauvre chauffeur à l’extrémité de son geste. Ou encore par cette prétendue invasion de migrants venus se remplir les poches d’aides sociales au détriment des braves Bulgares. […] le film de Komandarev parvient à prêter chair et nuances à chacune des touches humaines qui composent sa fresque édifiante, bien au-delà de l’ordinaire de ces films de festivals où s’ébroue une multitude ployant sous l’injonction de concourir au vaste constat d’accablement . Son écheveau narratif évoque furieusement un beau film compatriote, à la caméra documentaire également rivée, le temps de la reconstitution d’une nuit, à un ballet automobile. […] Julien Gester • Libération […] Dans la lignée de « Baccalauréat» de Mungiu, de « Fixeur » de Sitaru ou de « Glory » de Kristina Grozeva et Petar Valchanov, Kommandarev met en scène la question épineuse de la corruption en Europe, à travers une fiction aux situations fortes et interpellantes. Avec un acteur principal magnifique, une image léchée et un suspense de bon thriller psychologique, « Posoki » est un film abouti qui remplit parfaitement le contrat de de la section : ouvrir l’œil sur une partie du monde. Un beau film qui sera peut-être primé et qu’il ne faut pas manquer. Yaël Hirsch • Toutelaculture.com

*** PROCHAINS SOUTIENS GNCR *** EN ATTENDANT LES HIRONDELLES de Karim Moussaoui (Ad Vitam • 8 novembre) | L'USINE DE RIEN de Pedro Pinho (Météore films • 13 décembre 2017 • soutien ACID) | L'ENFANT DE GOA de Miransha Naik (Sophie Dulac Distribution • sortie décalée à décembre 2017)


SOUTIENS ACID L'ASSEMBLÉE de Mariana Otéro France • 2017 • 1H38 | Sélection ACID Cannes 2017 | Epicentre films • 18 octobre 2017

Edition d'un document ACID | Site distributeur ici | site ACID ici Entretien vidéo avec M. Otéro avec Univers Ciné ici Le 31 mars 2016, place de la République à Paris naît le mouvement Nuit Debout. Pendant plus de trois mois, des gens venus de tous horizons s’essayent avec passion à l’invention d’une nouvelle forme de démocratie. Comment parler ensemble sans parler d’une seule voix ?

[…] L’Assemblée, de Mariana Otero, présenté par l’Acid (…), commence à peu près comme 120 Battements par minute, le film de Robin Campillo en lice pour la palme. À Act Up-Paris, un militant explique aux nouveaux venus les codes de la réunion hebdomadaire, comment y intervenir ou manifester son approbation. Déjà, à l’époque, l’association cherchait à rendre la prise de parole fluide et efficace. Et donc créer un espace véritablement démocratique. Vingt-cinq ans plus tard, les différents signes en vigueur à l’assemblée générale de Nuit debout ne sont pas tout à fait semblables, mais l’intention est la même. Mariana Otero a filmé jour après jour, sur la place de la République, ce mouvement né dans le sillage des manifestations contre la loi travail, en 2016 : Nuit debout. La cinéaste, passionnée par ce à quoi elle assistait, a choisi un angle de vue dans la profusion des initiatives prises, des commissions naissantes : l’assemblée générale. Parce que c’est là que convergent toutes les revendications, les interpellations, les réflexions. C’est aussi le lieu du débat le plus ouvert à l’aléatoire, donc le plus difficile à organiser. C’est ainsi qu’un film est né dans l’improvisation des événements, contrairement à tous ceux qu’a réalisés Mariana Otero (Histoire d’un secret, Entre nos mains, À ciel ouvert…). Pas seulement des images captées : un documentaire construit, qui entre dans l’intimité d’un collectif, avec un regard porté sur ce qui se cherche – or, Nuit debout a été une expérimentation à ciel ouvert. [...] L’assemblée de Nuit debout, c’est le mythe de Sisyphe. Un chantier immense, toujours inachevé : la réinvention de la démocratie. Rien de moins. Le film de Mariana Otero le raconte parfaitement : cette soif de démocratie, cet élan pour en reconfigurer les modalités et en élargir les possibles, et la difficulté que cela représente. Sans doute la limite du mouvement résidait là. C'était en même temps sa grandeur. Et sa puissance créatrice, qui a essaimé dans les commissions, et perdure encore aujourd'hui de manière plus ou moins sous-jacente.[...] Qui dit prise de parole dit écoute. La caméra de Mariana Otero s’est longuement attardée sur les personnes en train d’écouter. Ces plans sur ces visages, ces corps protégés contre l’humidité, opèrent déjà comme de précieuses archives, qui témoigneront d’une certaine jeunesse (accompagnée de beaucoup d’anciens), de ce à quoi elle ressemblait, de ce à quoi elle rêvait. On pense en regardant L’Assemblée à quelques images emblématiques de notre mémoire collective, comme celle de cette ouvrière, dans La Reprise du travail aux usines Wonder, filmée en juin 1968. L’Assemblée est un film qui se dépasse en tant que tel, et qui réinscrit, comme d’autres l’ont fait avant lui, le cinéma dans l’Histoire. Christophe Kantcheff • Politis ici

SANS ADIEU de Christophe Agou

France • 2017 • 1H39 | Sélection ACID Cannes 2017 | New Story • 25 octobre 2017

Edition d'un document ACID | Site distributeur ici | Site ACID ici Dans sa ferme du Forez, à l’est du Massif Central, Claudette, 75 ans se bat pour rester digne face à une société qui n’a plus grand-chose à faire d’elle, et dont elle a du mal à accepter et à suivre l’évolution. Le monde moderne avale chaque jour un peu plus ses terres, ses bêtes et celles de ses voisins. Comme elle, Jean, Christiane, Jean-Clément, Raymond, Mathilde et tous les autres résistent et luttent au quotidien pour préserver leurs biens… leur vie.

[…] Sale et belle histoire que celle de ce documentaire, que l’on aime d’un amour inconditionnel. Christophe Agou, son auteur, photographe français installé à New York, est mort à l’âge de 45 ans, juste après en avoir terminé le montage. Porté par son producteur, Pierre Vinour, le film arrive aujourd’hui dans la « petite » section de l’ACID, bien acide en apparence, mais si touchant, si aimant, si doux au fond. Il s’agit du monde paysan, un monde que le réalisateur connaissait bien, pour être originaire du Forez, en Auvergne, où se déroule son film, et pour lui avoir déjà consacré, à travers la photographie, une exposition intitulée Face au silence. De ce pays enchanté qui accueille le roman des romans français (L’Astrée, d’Honoré d’Urfé), Christophe Agou ramène la truculente et poétique chronique d’une fin de partie, pour ne pas parler trop crûment d’engloutissement pur et simple. Disons, pour mettre les choses au clair, que Sans adieu peut être défini comme une version trash des canoniques Profils paysans, de Raymond Depardon. Le film puise plutôt dans la férocité surréelle de Terre sans pain (1932), de Luis Buñuel, et dans l’onirisme planant du Génie des alpages, du dessinateur F’murr. En un mot, les paysans d’Agou ne ressemblent pas aux modèles qu’on connaît : taiseux, dignes, durs au mal. Tout le contraire. On les découvre ici logorhéiques, colériques, râleurs, d autant plus vivants qu’ils savent qu’ils vont mourir. (…) Le film, qui n’est rien d’autre que la chronique de l’apocalypse quotidienne du petit paysan, est construit, sans entretien ni commentaire, autour du personnage central de Claudette, 75 ans, fin de carrière, phénoménale. Furibarde, crasseuse, malade, injuriant son chien Titi du matin au soir, frappant ses oies, nourrissant ses poules dans une épave de Citroën, elle mène, tout affect dehors et d’une voix de crécelle, une guerre sainte contre le sadisme de l’administration et la stupidité de la télévision. Autant dire qu’à l’époque où l’hygiénisme et le cynisme se tiennent la main, on est à fond avec cette sainte auréolée de mouches. La charge n’est ici supportable qu’à la condition de l’amour. Les moments abondent dans le film d’une poignante effusion entre la caméra et les personnages, d’une attention scrupuleuse à ce que peut contenir de poésie la plus plate trivialité. Ces personnages qui tous perdent inéluctablement ce qu’ils ont de plus intime et de plus précieux, qui constatent l’inadéquation de leur labeur avec la société qui les entoure, qui voient autour d’eux le monde se dépeupler et se désolidariser, évidemment nous ressemblent. Ils sont notre destin même, et leur vitalité ne nous émeut que davantage […] Jacques Mandelbaum • Le Monde


POUR LE RÉCONFORT de Viciincent Macaigne France • 2017 • 1H30 • avec Pauline Lorillard, Pascal Rénéric, Emmanuel Matte, Laurent Papot, Joséphine de Meaux... | Sélection ACID Cannes 2017 | Ufo • 25 octobre 2017

Edition d'un document ACID | Site distributeur ici | Site ACID ici Pascal et Pauline reviennent sur les terres de leurs parents après des années de voyage, et se retrouvent dans l’impossibilité de payer les traites du domaine. Ils se confrontent à leurs amis d’enfance, qui eux, d’origine modeste, n’ont jamais quitté leur campagne. Et à Emmanuel surtout, qui veut racheter leur terrain au meilleur prix pour l’expansion de ses maisons de retraite.

Ce film est une petite bombe. Une bombe qui n’en finit pas d’exploser, comme si elle en avait gros sur la patate... Une bombe comme un feu d’artificiel qui refuse de s’éteindre. Peinture au vitriol de « largués » d’aujourd’hui, aussi bien aristos-bourgeois que bobos-prolos. Le « prolo » de service (devenu, marché oblige, auto-entrepreneur) étant aussi antipathique que ceux qui « l’exploitent ». Les femmes sont un peu mieux loties, plus proches du concret et du coup, du vrai. Au centre de ce monde filmé par Macaigne comme une apocalypse, il existe un îlot de tendresse : les vieux de la maison de retraite que dirige le « prolo ». Ces êtres qui n’ont plus rien à perdre, qui n’ont plus qu’à vivre (même si c’est pour pas très longtemps), ceux-là Macaigne les aime. Regard répulsif et drôle, tendre et méchant, radical. Magnifique de cohérence entre son propos et sa forme. Ce qui fait unité entre les deux, c’est la liberté : liberté de pensée et liberté artistique. Une liberté qui se construit à l’intérieur de contraintes précises. Le jeu des acteurs en est l’exemple et la matrice : ils n’incarnent pas leurs personnages, ils les « jouent », avec une distance, une intelligence et un humour qui deviennent autant de clefs données au spectateur. Ce jeu jubilatoire, ainsi que l’utilisation du 4/3 et de dispositifs de parole inspirés du théâtre, font que nous sommes tenus avec bonheur dans une distance qui nous permet non pas de nous identifier à ces personnages mais de les « regarder », de réfléchir sur ce qu’ils sont et d’en rire. Car au final, tout ça c’est la comédie humaine. Ou la tragédie. Au choix. Claudine Bories, cinéaste de l'ACID

*** PROCHAINS SOUTIENS ACID *** ISOLA de Fabianny Deschamps (La Huit • 15/11/17) | L'USINE DE RIEN de Pedro Pinho (Météore films • 13/12/17 • soutien GNCR) | FINDING PHONG de Tran Phuong Thao et Swann Dubus (JHR Films • 03/01/18) | LE CIEL ÉTOILE AU-DESSUS DE MA TETE de Ilan Klipper (Happiness Distribution • 07/03/18)

SOUTIENS AFCAE ACTIONS PROMOTION TÉHÉRAN TABOU de Ali Soozandeh Iran / Islamic Republic • 2017 • 1H36 • avec Elmira Rafizadeh, Zar Amir Ebrahimi, Negar Mona Alizadeh ARP Selection • 4 octobre 2017 | Festival de Cannes 2017 • Semaine de la critique

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Téhéran : une société schizophrène dans laquelle le sexe, la corruption et la prostitution coexistent avec les interdits religieux. Dans cette métropole grouillante, trois femmes de caractère et un jeune musicien tentent de s’émanciper en brisant les tabous.

Prostituée pratiquant une fellation en voiture au milieu des embouteillages alors que son très jeune fils est tranquillement assis sur la banquette arrière, jeune femme cherchant désespérément à retrouver médicalement son hymen à la suite d'un coup d'un soir impulsif dans les toilettes d'une boîte de nuit clandestine, faussaire de certificats officiels, trafic et consommation de drogues en tout genre, corruption à tout les étages (…) A l'échelle iranienne, c'est une véritable bombe, une profonde immersion dans les entrailles les moins convenables de la capitale et un voile levé sur les dessous d'une société hypocrite et schizophrénique sous le masque de la rigueur religieuse qu'offre Ali Soozandeh avec son premier long métrage, le film d'animation Téhéran Tabou (...) Comme il va de soi que le réalisateur germano-iranien n'aurait jamais pu tourner une histoire aussi audacieuse à Téhéran, il a choisi le vecteur de l'animation, en lui donnant néanmoins une dimension réelle avec le recours à la rotoscopie (de vrais acteurs tournés sur fond vert et ensuite incrustés dans les décors), un parti pris gagnant avec un très beau graphisme restituant avec art l'atmosphère bigarrée des rues de la capitale iranienne et une insertion assez douce des personnages dans l'image (...). Mais au-delà de son esthétique, c'est surtout évidemment son contenu qui distingue radicalement le film de toutes les images connues reflétant l'Iran (même si l'excellent Jafar Panahi avait fait un petit pas dans cette direction "underground" du chaos urbain en 2003 avec Sang et or). [...] A travers cet instantané dans la vie de ces quatre personnages, Téhéran Tabou opère une stupéfiante radiographie de la face cachée très agitée du quotidien de la capitale iranienne, en particulier sous son versant féminin avec une ambiance d'espionnite et de lourd harcèlement masculin. Un passage de l'autre côté du miroir qui ne va pas sans réserver des surprises, des secrets dans les secrets, et dont les rudes aspects s'unissent idéalement à l'effet adoucissant de l'enveloppe d'animation d'un film politiquement totalement incorrect dans son origine culturelle. Fabien Lermercier • Cineuropa ici

LA PASSION VAN GOGH

de Dorota Kobiela et Hugh Welchman Pologne / Royaume-Uni • 2017 • 1H28 • avec la voix de Pierre Niney la Belle compagny • 11 octobre 2017 | Festival du Film d'Animation d'Annecy 2017 : Prix du Public

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Paris, été 1891, Armand Roulin est chargé par son père, le facteur Joseph Roulin, de remettre en mains propres une lettre au frère de Vincent van Gogh, Theo. En effet, la nouvelle du suicide du peintre vient de tomber. Armand n’est pas franchement ravi par sa mission. À Paris, le frère de Van Gogh est introuvable. Le jeune homme apprend alors par Père Tanguy, le marchand de couleurs du peintre, que Theo, visiblement anéanti par la disparition de son frère aîné, ne lui a survécu que quelques mois. Comprenant qu’il a sans doute mal jugé Vincent, Armand se rend à Auvers-sur-Oise, où le peintre a passé ses derniers mois, pour essayer de comprendre son geste désespéré.


Comment ce projet est-il né ? Il est né à un moment où j’étais en pleine crise existentielle : je travaillais dans l’animation mais la peinture, que j’avaiseétudiée pendant huit ans, me manquait cruellement, […] il fallait que je réunisse mon désir de peindre et ma passion pour le cinéma et que je réalise un film de «peinture animée». A l’époque, j’étais profondément marquée par les lettres de Vincent Van Gogh adressées à son frère Theo : ce sont elles qui ont été le premier déclencheur du projet ; le second a été la découverte de ses toiles. Je me suis rendu compte qu’il avait abordé de nombreux thèmes différents qui pouvaient facilement donner lieu à un récit. [...] Pourquoi avez-vous fait ce choix de peinture animée ? C’est le meilleur moyen que je puisse imaginer pour raconter l’histoire de Vincent Van Gogh. Il y a eu pas mal de films qui lui ont été consacrés, mais é chaque fois que ses toiles étaient à l’image, elles étaient purement décoratives. Dans notre film, son œuvre est le vrai protagoniste – ses tableaux racontent son histoire – ce qui renvoie à sa dernière lettre adressé e à son frère : «On ne peut s’exprimer que par nos tableaux». Nous avons peint chaque plan du film à la peinture à l’huile appliquée sur une toile, en cherchant à être aussi proche que possible de sa technique et de son style. Au total, nous aurons peint 62 450 plans et utilisé130 tableaux de Van Gogh. […] Extraits d'un entretien avec Dorota Kobiela in Dossier de presse

L'ATELIER de Laurent Cantet France • 2017 • 1H53 • avec Marina Foïs, Matthieu Lucci Diaphana • 11 octobre 2017 | Un Certain Regard Cannes 2017

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici La Ciotat, été 2016. Antoine a accepté de suivre un atelier d’écriture où quelques jeunes en insertion doivent écrire un roman noir avec l’aide d’Olivia, une romancière connue. Le travail d’écriture va faire resurgir le passé ouvrier de la ville, son chantier naval fermé depuis 25 ans, toute une nostalgie qui n’intéresse pas Antoine. Davantage connecté à l’anxiété du monde actuel, il va s’opposer rapidement au groupe et à Olivia, que la violence du jeune homme va alarmer autant que séduire.

[…] Le huitième long métrage de Laurent Cantet est un film important. Sans doute le plus intelligent et le plus honnête possible sur le fossé qui s’est créé entre les intellectuels (bien intentionnés) et cette jeunesse française qui comble son vide existentiel et compense sa peur – justifiée – de l’avenir et son mépris grandissant pour « les élites » par des tentations extrémistes. Des liens rompus qui sont aussi des rapports de fascination…[...] Depuis ses premiers films, Laurent Cantet se passionne pour les cases sociales dans lesquelles sont enfermés les individus, et la manière dont ils se débattent, bien ou mal, pour en sortir. Dans Ressources humaines, son deuxième long métrage, un fils d’ouvrier hésitait à trahir sa classe. Le héros de L’Emploi du temps, inspiré de l’affaire Romand, en 2001, mis hors cadre par un licenciement, lui, mentait à tous, et son mensonge devenait un… métier à plein temps. La classe dans laquelle tout le monde est étiqueté et doit tenir son rôle devenait carrément le sujet d’ Entre les murs, palme d’or en 2008. Avec l’Atelier, c’est comme si Cantet « délocalisait » les jeunes d’Entre les murs, et les concentrait en un petit groupe expérimental : il y a le petit plaisantin plutôt bon enfant, le glandeur (...) ou la jeune Française d’origine maghrébine, fière que son grand-père se soit intégré grâce aux chantiers de La Ciotat. Une synthèse de la jeunesse française. Mais c’est sur Antoine que le réalisateur, dès le début, resserre son objectif, comme Olivia, l’intellectuelle, braque son regard : leur duo, leur duel, devient, alors, le vrai enjeu de L'Atelier. (...) A la fois inquiète et fascinée par le jeune homme qui aime les armes et adhère aux discours nationalistes, elle tente même de s’en inspirer pour un prochain livre. (...) Plus elle essaye de l’amadouer, et même de vampiriser sa violence, plus Antoine se referme. Et L’Atelier tourne, vraiment, au film noir : la mise en scène naturaliste, soudain, devient baroque. Sous la lune, la mer et les rochers prennent une superbe substance poétique. Et presque psychanalytique. La mère, la mer, l’amère jeunesse. Jusqu’à ce discours final d’Antoine, bouleversant, sur l’acte gratuit, qui évoque fortement L’Etranger de Camus. C’est ce que ce grand film politique réussit à saisir : les motivations d’une jeunesse qui a « le soleil dans les yeux » et qui, par ennui, par dégoût, pourrait tuer… […] Guillemette Odicino • Télérama ici

THE SQUARE de Ruben Ostlund Allemagne / Danemark / France / Suède • 2017 • 2H25 • avec Elisabeth Moss, Dominic West, Claes Bang, Terry Notary | Bac Films • 18 octobre 2017 | Festival de Cannes 2017 : Palme d'or

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Christian est un père divorcé qui aime consacrer du temps à ses deux enfants. Conservateur apprécié d’un musée d’art contemporain, il fait aussi partie de ces gens qui roulent en voiture électrique et soutiennent les grandes causes humanitaires. Il prépare sa prochaine exposition, intitulée « The Square », autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard de leurs prochains. Mais il est parfois difficile de vivre en accord avec ses valeurs : quand Christian se fait voler son téléphone portable, sa réaction ne l’honore guère… Au même moment, l’agence de communication du musée lance une campagne surprenante pour The Square : l’accueil est totalement inattendu et plonge Christian dans une crise existentielle.

Fort d’avoir mis en exergue les normes sociales et sociétales en questionnant les dynamiques de groupe (Involuntary ou Play) ou en faisant imploser le paradigme familial (Force majeure), Ruben Östlund pousse plus avant son étude de la nature humaine en s’intéressant à ses valeurs – nos valeurs de confiance, d’altruisme et d’égalité. Ce faisant, il signe avec the Square une satire étourdissante au sein de laquelle il confronte la notion de « bienséance » à ses limites et questionne habilement l’hypothèse d’exposabilité. L’approche, gorgée d’humour et quelquefois grandiloquente à l’image du protagoniste mégalomane, est magistrale. Conservateur d’un musée d’art contemporain, Christian (éblouissant Claes Bang) est fier de l’acquisition d’une nouvelle oeuvre, The Square, qui initiera une exposition autour des notions de confiance et d’altruisme. Tandis qu’il prépare le plan de communication avec deux experts en marketing, il entre en conflit avec ses propres valeurs à mesure qu’il se trouve confronté à son hypocrisie. […] Aussi complexe soit le scénario, il paraît d’une pleine simplicité tant la mise en scène fait sens. Travaillant à nouveau l’image avec Fredik Wensel, Ruben Östlund photographie littéralement les situations qu’il met en scène. S’émancipant du radicalisme épuré de ses premiers « exercices », il continue à jouer avec la fixité du cadre et la séquentialité des scènes (nous permettant de faire attention à de menus détails ou à donner sens à des éléments de caractérisation) tout en osant des « figures » à dessein réthoriques (telles les spirales) ou « demesurées » et flomboyantes. Au coeur de cette approche magistrale, la musique est mère de contraste et ancre une distance amusante voire déroutante. Nicolas Gilson • www.ungrandmoment.be ici

*** PROCHAINS SOUTIENS AFCAE ACTIONS PROMOTION *** CARRÉ 35 de Eric Caravaca (Pyramide • 15 novembre 2017) | MAKALA de Emmanuel Gras (les Films du Losange • 6 décembre 2017) |


SOUTIENS AFCAE PATRIMOINE RÉPERTOIRE

ici

TITICUT FOLLIES de Frederick Wiseman

Etats-Unis • 1967 • 1H24 | Météore films • 13 septembre 2017

Document mis à disposition gratuitement pour les adhérents, sur commande Fiche AFCAE exploitant | Site distributeur ici Entretien écrit avec F. Wiseman sur Univers Ciné ici Novateur et longtemps controversé, Titicut Follies a été tourné en 1967 dans l'hôpital d'État pour aliénés criminels de Bridgewater (Massachusetts). Avec ce film majeur, Frederick Wiseman s'impose comme un témoin vigilant mais discret des institutions. Sur décision du juge de la Cour supérieure de Boston, le film - qui atteste de la façon dont les prisonniers étaient traités par les gardiens, les assistants sociaux et les psychiatres à l'époque, a été interdit de projections publiques pendant plus de 20 ans.

" (...) Que filme Wiseman, obstinément, de documentaire en documentaire ? L’institution (son " système ", son discours, ses rituels, ses mécanismes) et l’humain. Et la relation, ordinairement monstrueuse ou monstrueusement ordinaire, comme on voudra, qui s’établit entre les deux. Démarche évidemment militante fondée sur une volonté de témoignage, d’analyse et de critique assumée par le montage. Là, le travail du cinéaste consiste à " comprendre " le réel enregistré, à y chercher du sens voire à lui en donner. […] Mais le plus fort dans Titicut follies, et dans le cinéma de Wiseman en général, me semble résider précisément dans ce qui précède le montage et sa fonction signifiante : quand le cinéaste filme, s’immerge dans le réel, enregistre sans la comprendre et sans l’influencer une réalité qui s’offre à lui vivante, brute, grouillante, dans son immédiateté et sa complexité encore inexpliquée. La vraie force du film est là, dans cette plongée du cinéaste sans filet, dans son étonnement vierge et comme halluciné face au monde, un monde en fusion, chaotique, pathétique et grotesque, à la fois terriblement familier et radicalement étrange. Les scènes de spectacle musical (les " Titicut follies " du titre) qui encadrent le film, rondement menées par le gardien-chef, illustrent parfaitement cette étrangeté monstrueuse débouchant sur l’obscène (on pense à Cassavetes). Une autre séquence, magnifique, est toute entière portée par cette capacité d’" immersion " et cette qualité d’étonnement, de doute, d’interrogation qui affleure à la surface de la pellicule : le plan-séquence où un nouvel arrivant, tout récemment questionné par le psychiatre sur ses délits pédophiles, est déshabillé par les gardiens qui s’interrogent devant lui sur son " statut " (" C'est un suicidé ? " " Non, un transfert du K "), puis conduit dans une cellule. Une fois la porte refermée, la caméra s’approche du judas ouvert et observe longuement l’homme, nu, silencieux, de dos, regardant par la fenêtre de sa cellule. A quoi pense-t-il, qu’éprouve-t-il à cet instant précis ? Enigme insoluble, compacte, poignante, qui stoppe net l’avancée spontanée, entre volonté d’inquisition et désir de compassion, du regard du cinéaste. C’est bien évidemment parce qu’il accepte de buter sur des énigmes comme celle-là que le cinéma de Wiseman est si aigu, si profondément troublant, si vertigineux. Jacques Valot • Studio Magazine

SOUTIENS AFCAE JEUNE PUBLIC DANS UN RECOIN DE CE MONDE de Sunao Katabuchi Japon • 2016 • 2H09 • dès 13 ans

la Septième Factory • 6 septembre 2017

Site distributeur ici | Document édité par le distributeur Film soutenu dans le cadre des actions en direction du public adolescent. Suzu Urano est née à Hiroshima. Après son mariage elle va vivre dans la famille de son mari à Kure, une ville qui dispose d’un port militaire. La guerre s’installe et le quotidien devient de plus en plus difficile pour Suzu. Malgré cela, la jeune femme garde une certaine joie de vivre. Gestion de la maison, ravitaillement, vie de famille et de couple… autant de paramètres à prendre en compte dans ces conditions difficiles qui ne semblent pas s’améliorer avec les premiers bombardements. Ces épreuves permettront-elles à Suzu de préserver la joie de vivre qui la caractérise ?

POLICHINELLE ET LES CONTES MERVEILLEUX

de Giulio Gianini et Emanuele Luzzati (Suisse • 36 ' • Dès 5 ans | Cinéma public films • 13 septembre 2017) Site distributeur ici | Document édité par le distributeur Possibilité d'une version ciné-concert par Cyrille Aufaure au piano Venez découvrir l’univers fantastique de Gianini et Luzzati. Ce programme de 4 courts métrages emmène les enfants dans un monde haut en couleurs où se mêlent magie des contes et aventures merveilleuses. Du courage et de l’audace sont au rendez-vous avec Polichinelle et ses amis !

POLICHINELLE ET LE POISSON MAGIQUE Un jour, un poisson magique mord à la ligne de Polichinelle. L’animal lui promet de satisfaire tous ses désirs s’il le laisse vivre. Les rêves de Polichinelle et de sa femme deviennent alors réalité. Mais leur perpétuelle insatisfaction risque de leur coûter cher...

LES TROIS FRÈRES Trois frères vivent en parfaite harmonie jusqu’au jour où ils tombent amoureux de la même demoiselle, la fille d’un roi. Face à ce choix difficile, ce dernier annonce qu’il donnera la main de la princesse à celui qui lui apportera le cadeau le plus fabuleux. Les trois prétendants partenet alors en quête d'un présent extraordinaire.

LE BALLON D’OR Pour son anniversaire, la fille du roi reçoit une balle d’or qui a le pouvoir de la protéger. Mais elle doit y faire très attention car la perte de ce jouet pourrait entraîner la disparition de toute sa famille et du royaume…

L’OISEAU DE FEU Polichinelle et le poisson magique et les Trois frères

Le roi Baldovino est en colère car on lui a dérobé une pomme d’or. Il demande au prince Biondello de retrouver le coupable, qui n’est autre qu’un oiseau de feu. Mais en le suivant jusqu’au repère du terrible mage Bardadargento, Biondello se fait capturer…LLe sorcier lui propose un marché : sa liberté contre la belle princesse Vassilissa...


WALLACE ET GROMIT : COEURS À MODELER de Park Nick Royaume-Uni • 2017 • 59' • Dès 5 ans

Folimage • 8 novembre 2017

Site distributeur ici | Document édité par le distributeur Vous les connaissiez inventeurs ? Les voici entrepreneurs ! Nettoyeurs de vitres ou boulangers, Wallace et Gromit mettent du cœur à l’ouvrage. Un peu trop peut-être… Dans Rasé de près (première apparition de Shaun le mouton) comme dans Un sacré pétrin (inédit au cinéma), l’amour aveugle de Wallace va précipiter le duo dans de folles aventures aux allures de polar !

RASÉ DE PRÈS (1995 • 30') Pour arrondir ses fins de mois, Wallace s’est spécialisé dans le nettoyage de vitres. C’est en allant nettoyer celles de la boutique de laine qu’il rencontre Wendolène dont il tombe immédiatement amoureux. Mais Wendolène est accompagnée d’un chien pour le moins étrange qui pourrait bien ê tre pour quelque chose dans toutes ces histoires de disparition de moutons à l’origine de la pénurie de laine dans la ré gion...

UN SACRÉ PÉTRIN (2008 • 29') Wallace et son chien Gromit se lancent dans la boulangerie ! Mais, après l’ouverture de leur commerce, un mysté rieux tueur prend pour cible les boulangers de la ville. Les deux amis sont dans un sacré pé trin : Wallace est tombé sous le charme de Piella l’égérie des publicités pour les pains Bake-O-Lite et Gromit va devoir ré soudre cette affaire tout seul.

FONTEVRAUD : 10 ANS D'ANIMATION 10 ANS D'ANIMATION À FONTEVRAUD, UN PANORAMA DE LA CRÉATION INTERNATIONALE 8 films réalisés par de jeunes créateurs suite à leur accueil dans le cadre de la résidence d’écriture pour le film d’animation à l'Abbaye de Fontevraud 2011 à 2016 • 88' • DCP • Dès 15 ans.

Programme élaboré par WARM avec / pour la NEF Animation, plateforme professionnelle francophone dédiée à l’écriture de et sur l’animation. Contact : Anne Le Normand (NEF Animation) : contact@nefanimation.fr Xavier Kawa-Topor, délégué général de la NEF, peut accompagner des séances spéciales en fonction de ses disponibilités. Créée il y a dix ans, la Résidence Internationale d’Ecriture pour le Film d’Animation accueille chaque année, en octobre, à l’Abbaye de Fontevraud (Maineet-Loire) une dizaine d’auteurs porteurs d’un projet de film. Expérience unique en Europe, cette résidence a accueilli à ce jour plus de 100 auteursréalisateurs d’animation, venus de 28 pays différents, et a permis la concrétisation de nombreux films courts et longs, lauréats pour certains de prix et distinctions internationales notables (Annecy, Ottawa, Locarno, Hiroshima, Premiers Plans, Victoires de la Musique, etc.).

De gauche à droite : Impossible figures … ; Vaysha l'aveugle et Hollow Land...

IMPOSSIBLE FIGURES AND OTHER STORIES II de Marta Pajek

VAYSHA L'AVEUGLE de Theodore Ushev

Pologne • 2016 • 14' • Couleur

Canada • 2016 • 8 ' • Couleur • d'après Vaysha, l’aveugle de Georgi Gospodinove • Nomination aux Oscars 2017

Affairée dans sa maison, une femme trébuche et tombe. Alors qu’elle se relève, elle découvre des caractéristiques inhabituelles à son intérieur, construit de paradoxes, de motifs et d’illusions.

TOILE D'ARAIGNÉE de Natalia Chernysheva Russie • 2014 • 4 mn 5 sec • Couleur

Une petite dame a une peur bleue de l’araignée qui vient d’élire domicile chez elle. Et si les deux créatures se prenaient d’affection l’une pour l’autre ?

SAUVAGE de Bella Szederkenyi France / Allemagne • 2016 • 13.30' • Couleur

Un enfant des rues, au comportement sauvage, est contraint de fuir la ville. Il atteint une forêt dans laquelle il s’enfonce. L’étonnement. Le plaisir. L’obscurité. La crainte. Une rencontre.

Vaysha n’est pas une jeune fille comme les autres, elle est née avec un œil vert et l’autre marron. Ses yeux vairons ne sont pas l’unique caractéristique de son regard. Elle ne voit que le passé de l’œil gauche et le futur de l’œil droit. Véritable sortilège, sa vision scindée l’empêche de vivre au présent. Elle est aveuglée par le passé et tourmentée par l’avenir; son regard unique est parfaitement divisé en deux temporalités irréconciliables. Vaysha l’aveugle, c’est ainsi que tout le monde l’appelait.

CHULYEN, HISTOIRE DE CORBEAU de Cerise Lopez et Agnès Patron France • 2015 • 20 ' • Noir & Blanc

France / Coré e du Sud • 2014 • 6.55' • Annecy 2014 : Cristal du court métrage

Là haut, si près du pôle, Chulyen s'ennuie. Mi-homme mi-corbeau, de ses yeux sans pitié il découpe le monde en morceaux. Quand Chulyen convoite le kayak d'un géant, alors il descend des airs pour le charmer et le tromper. Quand Chulyen meurt de faim, alors il dévore vivant un phoque dodu, grassouillet, dé licieux. Mais déjà le vent se lève et les esprits de la forêt sont à ses trousses. Cette fois-ci, Chulyen n'en sortira pas indemne. A moins que !

Un homme seul dans une pièce, assis sur une chaise face à un miroir doute de sa propre existence. N'est-il pas l'œuvre de quelqu'un d'autre ?

HOLLOW LAND, TERRE D'ÉCUEIL de Michelle et Uri Kranot

MAN ON THE CHAIR de Dahee Jeong

LUMINARIS de Juan Pablo Zaramella Argentine • 2011 • 6.14 ' • Couleur

Dans un monde entièrement rythmé par la lumière, un homme ordinaire nourrit un projet qui pourrait bien tout changer.

France / Canada / Danemark • 2013 • 14' • Couleur

Un jeune couple embarque pour une nouvelle vie, trainant leur vieille baignoire sur le dos. Hollow Land est un film à la fois absurde, sombre et plein d'humour qui met en évidence les pressions que subissent les exilés, les réfugiés et tous ceux qui peinent à trouver leur place dans le monde.


INFOS DISTRIBUTEURS KHIBULA de George Ovashvili 2017 • Géorgie/Allemagne/France • 1H37 • avec Hossein Mahjoob, Kishvard Manvelishvili

Arizona films • 15 novembre 2017

Site distributeur ici Le président déchu, qui incarnait autrefois l’espoir d’une nation nouvelle, tente de reconquérir le pouvoir. Escorté par une poignée de fidèles, il traverse clandestinement les paysages majestueux de la Géorgie, tour à tour accueillants et inquiétants.

Qu’est-ce qui vous a inspiré dans l’histoire de Zviad Gamsakhurdia et de sa présidence ? L’histoire de Zviad Gamsakhurdia touche une corde sensible chez tous les Géorgiens et je ne fais pas exception. C’est l’histoire peu commune d’un homme très spécial. Elle m’intéresse sous plusieurs angles, mais j’ai souhaité principalement raconter l’histoire d’un président qui n’est plus président. C’est une étude de l’univers intérieur d’un homme, autrefois très puissant, qui a tout perdu : sa position, son autorité, son influence. Zviad Gamsakhurdia a vécu cette situation d’une façon absolument unique. La perte de biens matériels et la douleur physique n’étaient rien en comparaison avec la douleur spirituelle qu’il a endurée jusqu’à la fin. C’est ce qui m’a le plus inspiré. Étiez-vous plus intéressé par cette histoire personnelle - la façon avec laquelle un leader, autrefois puissant, gère la défaite et tente de survivre ou par les circonstances historiques et politiques du putsch et sa lutte pour reprendre le pouvoir ? L’histoire personnelle, définitivement. Le film commence avec sa tentative de survie et de reprise du pouvoir car il est convaincu qu’il trouvera assez de partisans loyaux dans les montagnes. Il réalise vite que c’est une illusion. A partir de ce moment, son histoire personnelle se développe plus en profondeur et on peut se demander s’il tente de survivre ou tout le contraire exactement. Pour certains Géorgiens, Zviad Gamsakhurdia est le leader héroïque qui a mené le pays à l’indépendance. Pour d’autres il est un personnage autoritaire au comportement despotique. Comment le voyez-vous dans votre film ? Je n’aborde absolument pas ce sujet dans le film. Ce n’est pas essentiel au regard de ce que je veux exprimer. Le film commence alors qu’il est déjà déchu - pas officiellement mais dans les faits - et je ne me préoccupe pas du fait qu’il ait été un héros ou un tyran pendant son exercice présidentiel. Dans tous les cas, il avait perdu tous ses partisans et cela avait énormément affecté son état psychologique. [...] Extrait d'un entretien avec le réalisateur • dossier de presse

SYNTHÈSE DE L'ATELIER DE RÉFLEXION PROFESSIONNELLE DU 14 MARS 2017 À TOURS L'ACOR et le cinéma Studio de Tours ont organisé le 14 mars 2017 un atelier de réflexion portant sur la question suivante :

Quelles sont les conditions nécessaires pour garantir la diversité culturelle cinématographique sur tous les territoires ? L'atelier s'est déroulé en présence de Madame la Médiatrice du cinéma, de représentants des DRAC, des principales instances nationales de la diffusion art et essai (ACID, AFCAE, FNCF, GNCR) et de réseaux départementaux et régionaux associatifs de diffusion, ainsi que d'exploitants de toute la France. > Vous trouverez la synthèse rédigé par Benjamin Gayon sur le site de l'ACOR ici

NOUVELLE RECOMMANDATION DU MÉDIATEUR DU CINÉMA Après celles parues en août 2016 [Recommandation concernant les conditions d'exposition des films dans les établissements mono-écrans, recommandation relative à la diffusion des films art et essai dits « porteurs » de plus de 175 points de diffusion en sortie nationale, au sein des établissements situés dans les agglomérations de moins de 50.000 habitants et les zones rurales], une nouvelle recommandation de la Médiatrice a été publiée le 1er août 2017 ayant pour objet les conditions d'exposition des films dans les établissements de 2 et 3 écrans. > Pour lire la recommandation sur le site du médiateur du cinéma cliquer ici ou sur le site de l'ACOR ici.


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