L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans six régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute-Normandie et Basse-Normandie, Pays de la Loire et Poitou-Charentes. Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma.
C O M M U N I Q U É A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ' o u e s t p o u r l a r e c h e r c he
N°07 Vendredi 29 septembre 2017 p.1 > Soutien ACOR p.2 > Soutien ACOR | Du côté des adhérents p.3 > Du côté des adhérents p.4, 5 et 6 > Soutiens et recommandation GNCR | p 7 > Soutiens ACID | Soutiens AFCAE Actions-promotion p.8 > Soutiens AFCAE Actions-promotion | Soutiens AFCAE Patrimoine – répertoire | p.9 > Soutiens AFCAE Patrimoine – répertoire | Infos distributeurs p.10 > Rencontre nationale Ecole et cinéma
Directeur de publication : Yannick Reix, président de l'ACOR • rédaction : Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat • contact@lacor.info • www.lacor.info Avec le soutien du CNC et des DRAC des régions Centre, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Bretagne, Haute-Normandie, Basse-Normandie
SOUTIEN ACOR SI ON TE DONNE UN CHÂTEAU, TU LE PRENDS ? de Marina Déak France • 2015 • 1H33 | Atmosphères productions • 1er novembre 2017 • N°visa en cours
Site de l'ACOR (DP, photos, textes, entretien...) ici Contact : Antoine Glémain > tél : 06 07 91 02 85 | antoine.glemain@atmospheresproduction.org Vivre seul - vivre ensemble - vivre libre ? Comment on fait aujourd’hui ? « Si on te donne un château… » offre une photographie mosaïque de la France périphérique contemporaine via trois lieux, trois rapports au logement, trois angles de vue. C’est l’habitat, avec les rapport intime et le lien social qu’il produit, entre contrainte et choix, ici et maintenant. Une agence immobilière à la campagne, un plan de rénovation urbaine dans « les quartiers », des campeurs à l’année : à la fois enquête, parcours et méditation. L'habitat, mais surtout: la solitude et la liberté, et peut-être, aussi, le partage.
Propositions de l'ACOR dans le cadre de son soutien : > Commande d'un texte à David Vasse (texte intégral ici), avec la possibilité de le faire intervenir en salle > Commande d'un texte à François Bégaudeau (texte intégral ici)
> Création d’un site de l’ACOR dédié au film ici > 26 octobre 2017 : présentation du film en Mayenne (53) dans le cadre d'un prévisionnement régional organisé par l'AFCAE, en lien avec l'ACOR
« Le cinéma reste fréquentable humainement, c’est un truc d’habitat. On peut habiter le cinéma » disait Serge Daney, peu de temps avant sa mort, dans un entretien avec Philippe Roux en 1992. Si on te donne un château, tu le prends ?, le nouveau film de Marina Déak, attendu depuis Poursuite, son premier long métrage (2010), invite particulièrement à souscrire à cette belle définition. Littéralement même puisqu’il s’empare d’une question qui concerne tout le monde sans toutefois faire l’objet d’une fréquente prise en charge par le cinéma : qu’est-ce qu’habiter un endroit à soi, non dans le sens d’un bien à posséder mais d’une adéquation à soi-même ? De quel choix, de quelle décision, de quelles circonstances surtout, cela procède-t-il ? A quel idéal faire correspondre le toit sous lequel vivre désormais? A travers une série d’expériences et de témoignages recueillis sur plusieurs années, Marina Déak aborde le sujet selon une logique de progression extrêmement précise sans recourir à l’uniformité d’un dispositif qui serait adaptable à chaque situation. Découpé en trois parties, son film trouve une unité directionnelle à l’intérieur de variations aussi bien conjoncturelles que formelles autour de cette réalité du logement et de ce qu’elle implique matériellement et imaginairement. La première partie est consacrée au marché immobilier à travers le quotidien d’une petite agence de campagne à la Charité-Sur-Loire. De visites de maisons en vente ou en location aux entretiens dans les bureaux avec les acquéreurs, on parcourt un état des lieux, aux deux sens alternés de la découverte et de la procédure. La deuxième nous conduit à la cité de la Grande Borne à Grigny (Essonne), décrite comme un grand rêve d’architecte pour un quartier construit à la fin des années 60, plein « de couleurs, d’espaces et de surprises », équivalent à l’époque à 3600 logements pour 15000 habitants. Depuis une dizaine d’années, cette cité fait l’objet d’un plan de rénovation urbaine auquel on propose aux habitants eux-mêmes de participer, de manière à la fois pratique et consultative. Toute cette partie montre les différentes actions (ateliers de discussion, réunions entre des responsables du projet et les habitants, création d’espaces de jeux et de jardins associatifs, etc.) dont la finalité est de lutter contre l’exclusion urbaine, valoriser la mixité sociale, restaurer du lien entre tous dans un esprit d’échange et de convivialité. Puis le film s’achemine vers une dernière partie située au camping du Ramier (MidiPyrénées) où à l’année des familles, des couples et des gens seuls vivent dans des caravanes les uns à proximité des autres, par contrainte ou par choix, certains ayant réussi à transformer la contrainte de départ en revendication d’une manière de vivre dénuée de tout regret. Bien que partageant le même film et les mêmes préoccupations, ces trois parties ne semblent pas répondre aux mêmes critères d’intervention, aux mêmes modalités de regard. Elles forment un ensemble mais évoluent les unes à côté des autres, elles se font écho mais chacune a son histoire, ses histoires. Double hospitalité : elles fournissent de quoi accueillir le film et le film, trouvant son unité grâce à leur contenu respectif, se présente à son tour comme un « truc d’habitat ». Ne s’ouvre-t-il pas en même temps que la porte d’un appartement à visiter, invitant le spectateur à entrer lui aussi ? Et ne se conclue-t-il pas avec les deux campeurs s’excusant de devoir quitter le film pour retourner à leurs affaires ? [...] David Vasse © ACOR 2017 • Intégralité du texte ici
Entretien (extraits) avec Marina Déak : Quelle a été la genèse du film ? Qu'est-ce qui t'a donné envie de réaliser un documentaire autour de la question du logement, de l'habitat en France ? Il y a plusieurs réponses. Une première réponse d'ordre général concerne la question du «vivre ensemble» que soulève le film, et à laquelle on ne peut pas ne pas s'intéresser, je crois. Cette question de comment avoir un toit sur la tête, à quel endroit et à côté de qui, est centrale dans nos vies et définit très concrètement notre rapport au monde. Je ne sais pas si cela suffit à faire un film, mais cela a en tout cas amorcé chez moi un mouvement qui m'a rendu attentive à tous les événements et rencontres du quotidien qui rejoignaient cette interrogation. Une autre réponse, d'ordre plus personnel, est que j'avais très envie de me confronter à la forme documentaire. Je n'ai pas immédiatement pensé à un long-métrage documentaire divisé en trois parties, j'avais plutôt envie de réaliser une série documentaire autour de la question du logement. Je pense que quelque chose d'essentiel se joue à l'intérieur de cette question, puisque la manière qu'ont les gens d'habiter, un lieu, quelque part, raconte énormément de choses sur leur rapport au monde, leur parcours, leur histoire personnelle. Mon précédent long-métrage de fiction, «Poursuite», posait également cette question du logement, de la possibilité ou de l'impossibilité de se loger ensemble, bref de la matérialité de la vie contemporaine. Il n'y a pas de vie abstraite en dehors de la vie concrète, selon moi. Cette question du logement rejoignait aussi mon intérêt pour d'autres éléments, comme l'architecture, et la maison comme espace de cinéma qui est fascinant à filmer. Le choix d'un tel sujet t'oblige à te poser immédiatement des questions essentielles de mise en scène : filmer le lieu de vie de quelqu'un, c'est trouver et choisir la place que l'on occupe dans l'espace, et donc le regard que l'on pose sur les individus que l'on filme. La matière du cinéma est l'espace et le temps, et dans l'espace, la question de l'inscription des corps dans les lieux est le centre. Cette question se poserait aussi pour n'importe quel autre sujet, mais ici cela devient très concrètement l'enjeu principal du film, tout du moins de sa mise en scène. L'élaboration du récit et la découverte des différents espaces s'est faite un peu au hasard, j'explique d'ailleurs dans le carton d'introduction que c'est ma rencontre avec des agents immobiliers qui a provoqué le désir de filmer. J'envisageais à un moment d'acheter une maison à la campagne, et le fait de visiter un certain nombre de maison par ce biais m'a donné envie de faire un film construit autour de ce mouvement. Le fait de découvrir un espace, la manière dont les précédents occupants l'ont habité tout en y projetant ses propres fantasmes devenait un vecteur formidable d'imagination. Ensuite, une amie qui travaillait dans l'urbanisme m'avait parlé de la Grande Borne et de la problématique des rénovations en général, de ce que cela permettait de changer ou non pour les habitants des cités. Ce nouvel élément posait la question du dialogue avec les institutions politiques, de la manière dont ces échanges et ces démarches transforment le quotidien des citoyens en essayant de les inclure dans un projet de transformation de leurs lieux de vie. La troisième part du film vient de ce que j'ai moi-même rencontré des gens qui habitaient en camping à l'année, alors que je ne soupçonnais même pas l’existence de ce mode de vie. J'ai découvert un autre monde, une manière de vivre qui n'avait pas l'air misérable comme on serait immédiatement amené à se le représenter, à cause de nos représentations conventionnelles de l’habitat. Ce qui soulevait aussitôt de nouvelles questions, dont celle de cette image qu’on a, de ce qui est bien ou pas, acceptable ou pas. Il m'a alors paru évident qu’il fallait lier ces trois éléments entre eux : le petit marché privé de l'immobilier à la campagne ; une cité de banlieue avec des gens qui travaillent autour du logement et de l’urbanisme ; enfin, cette solution totalement alternative du camping que des gens se sont trouvées, entre contrainte et choix, et dont on parle peu ou pas dans le champ médiatique ou alors seulement de façon misérabiliste. [...] Entretien avec Marina Déak, réalisé par Marc-Antoine Vaugeois, disponible dans son intégralité sur le site de l'ACOR ici
DU CÔTÉ DES ADHÉRENTS WEEK-END "MATHIEU AMALRIC ET SES DOUBLES" 30 septembre et 1er octobre 2017 à la Coursive à la Rochelle animé par Alain Bergala, essayiste, réalisateur, commissaire d’expositions et auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma Programme complet et inscriptions ici La place de Mathieu Amalric est unique dans le cinéma français des vingt dernières années, habité par ses doubles de toutes sortes. Il y est disséminé partout, dans ses films personnels, ses propres personnages, et dans ceux des autres cinéastes qui ont fait de lui leur source d’inspiration et leur alter ego. De Mange ta soupe à Tournée, les personnages qu’il incarne dans ses propres films sont souvent des répliques de lui-même et des traces de sa vie personnelle au moment où il les tourne… L’acteur Amalric a occupé pour sa génération –celle qui est apparue dans le cinéma français des années 90– le rôle cristallisateur qui avait été celui de Jean-Pierre Léaud pour celle de la Nouvelle Vague. Dans un cercle plus périphérique de ses avatars, il est devenu aujourd’hui le fil discret qui relie entre eux, dans un cousinage très large, l’essentiel de ceux que le cinéma français (mais pas seulement) compte comme véritables auteurs, même s’il ne fait qu’y passer discrètement, le temps d’une scène. S’il est devenu indiscutablement l’acteur français qui incarne le mieux les hommes nerveux et inquiets, désirants et instables, quelque peu autodestructeurs, des années 1990-2000, c’est parce que des cinéastes comme Desplechin et les frères Larrieu ont vu en lui le bon corps, les bons rythmes, le bon débit de paroles, la bonne dose de folie où une génération allait se reconnaître. La chance et les rencontres qui lui ont permis de devenir le meilleur acteur de sa génération –à la fois acteur du verbe et acteur de plus en plus physique– se paie de dettes symboliques fortes. Amalric a dû souvent se battre contre lui-même et son succès d’acteur pour trouver le temps d’écrire et de tourner ses propres films, qui bénéficient parfois en contrepartie, par contagion, de ce qu’il a vécu comme acteur dans les films et les rôles des autres. [...]. Mathieu Amalric s’est lancé sans garde-fou dans la réalisation, dès ses débuts, avec un appétit réjouissant et l’ambition d’être à la hauteur de ce que le cinéma français avait fait de mieux et de plus vivant avant lui. Il est sans doute le cinéaste le plus renoirien de sa génération. Du plus grand des cinéastes français de tous les temps, il a hérité du versant solaire, dionysiaque, dont Tournée est l’évidence joyeuse, mais aussi de son versant plus sombre, plus maléfique, celui qui travaille en sourdine La Chambre bleue.[...] Alain Bergala
Samedi 30 septembre 14h30 MANGE TA SOUPE de Mathieu Amalric 20h30 BARBARA de Mathieu Amalric, en sa présence
Dimanche 1er octobre 10h00 L’AMOUR EST UN CRIME PARFAIT de A. et J-M Larrieu 14h30 LES FANTÔMES D’ISMAËL de Arnaud Desplechin
JOURNÉE MICHAEL HANEKE Mardi 10 octobre 2017 au Concorde à La Roche-sur-Yon A l'occasion de la sortie de Happy End, le Concorde propose, en partenariat avec Festi'Clap, une journée autour de l'oeuvre du cinéaste autrichien. 14h00
LE RUBAN BLANC
France / Autriche • 2009 • 2H24
Un village protestant de l'Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre mondiale (1913/1914). L'histoire d'enfants et d'adolescents d'une chorale dirigée par l'instituteur du village et celle de leurs familles : le baron, le régisseur du domaine, le pasteur, le médecin, la sage-femme, les paysans... D'étranges accidents surviennent et prennent peu à peu le caractère d'un rituel punitif. Qui se cache derrière tout cela ?
16h30
AMOUR
France • 2012 • 2H07
Georges et Anne sont octogénaires, ce sont des gens cultivés, professeurs de musique à la retraite. Leur fille, également musicienne, vit à l'étranger avec sa famille. Un jour, Anne est victime d'une petite attaque cérébrale. Lorsqu'elle sort de l'hôpital et revient chez elle, elle est paralysée d'un côté. L'amour qui unit ce vieux couple va être mis à rude épreuve.
20h30
HAPPY END
France • 2017 • 1H48
"Tout autour le Monde et nous au milieu, aveugles." Instantané d'une famille bourgeoise européenne.
en présence de Philippe Rouyer critique de cinéma (Le Cercle, Positif) et auteur de HANEKE PAR HANEKE (Ed. Stock)
••••••••••• REGARDS SUR LE CINÉMA ALLEMAND # 10 Du 11 au 24 octobre 2017 au Quai des images à Loudéac Programme complet ici 7 Films inédits à Loudéac et une avant-première WESTERN de Valeska Grisebach ••• avant première ••• Allemagne • 2017 • 2h01
Un groupe de travailleurs allemands dé bute un travail difficile de construction sur un site de la campagne bulgare. Cette terre étrangère éveille le sens de l'aventure de ces hommes, confrontés à leurs pré jugés et à la méfiance des locaux à cause de la barrière de la langue et des diffé rences culturelles. Les hommes vont alors tout faire pour tenter de gagner la confiance des habitants.
Western de Valeska Grisebach, en avant première
LOU ANDREAS SALOMÉ de Cordula Kablitz-Post Allemagne • 2016 • 2h13
NOSFERATU de Friedrich Wilhelm Murnau Allemagne • réedition en 2013 • 1h34
Lou Andreas-Salomé, égérie intellectuelle, romancière et psychanalyste, décide d’écrire ses mémoires...
En 1838, Thomas Hutter, commis d’agent immobilier, quitte sa jeune femme Ellen pour le château du comte Orlok dans les Carpates. Là-bas, Hutter découvre que le comte est en fait Nosferatu le vampire...
RETOUR A MONTAUK de Volker Schlöndorff
Allemagne • 2017 • 1h46
Il y a un amour dans la vie, que tu n'oublies jamais, peu importe à quel point tu essaies. L'écrivain Max Zorn arrive à New York pour promouvoir son dernier roman.
LE MIRACLE DE BERN de Sönke Wortmann
All. • réedition mars 2017 • 1h57
Eté 1954, la Famille Lubanski, attend le retour du père, prisonnier de guerre en Union Soviétique.
EGON SCHIELE de Dieter Berner Autriche • 2017 • 1h49 Au début du XXe siècle, Egon Schiele est l’un des artistes les plus provocateurs de Vienne.
FUKUSHIMA MON AMOUR de Doris Dörrie Allemagne • 2017 • 1h44 Marie, jeune allemande, arrive à Fukushima, au Japon, pour changer de vie. Malgré les difficultés d’adaptation qu’elle rencontre, elle choisit de rester auprès de Satomi, la dernière geisha de Fukushima
LE JEUNE KARL MARX de Raoul Peck Allemagne • 2017 • 1h58 1844. De toute part, dans une Europe en ébullition, les ouvriers, premières victimes de la “Révolution industrielle”, cherchent à s'organiser devant un “capital” effréné qui dévore tout sur son passage.
SOUTIENS GNCR LA BELLE ET LA MEUTE de Kaouther Ben Hania Tunisie / France • 2017 • 1H40 • avec Mariam Al Ferjani, Ghanem Zrelli, Chedly Arfaoui, Noomen Hamda Un Certain Regard - Festival de Cannes 2017 | Jour2Fête • 18 octobre 2017
Edition d'un document GNCR | Site distributeur ici Lors d'une fête étudiante, Mariam, jeune Tunisienne, croise le regard de Youssef. Quelques heures plus tard, Mariam erre dans la rue en état de choc. Commence pour elle une longue nuit durant laquelle elle va devoir lutter pour le respect de ses droits et de sa dignité. Mais comment peut-on obtenir justice quand celle-ci se trouve du côté des bourreaux ?
[…] Après l’étonnant Challat de Tunis, où elle dénonçait le machisme ordinaire de son pays avec un humour piquant, la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania frappe beaucoup plus fort avec ce parcours d’une petite combattante pour sa dignité. Elle la suit, la soutient, dans la moindre de ses hésitations et de ses peurs, lors de plans-séquences remarquables dans des bâtiments administratifs où chaque visage masculin affiche un mépris latent – quand il n’est pas une menace potentielle. Soudain, devant un commissariat où des mâles rient, Mariam retrouve son sac, identifie ses violeurs et la tension monte d’un cran. Seuls quelques hommes la soutiennent (...) Les autres femmes ? Une fliquette enceinte et une infirmière voilée font ce qu’elles peuvent, mais elles-mêmes, on le pressent, ont dû tellement lutter, en silence, pour se faire respecter… Mariam se retrouvera seule face aux violeurs et à leurs complices : scène à huis clos qui empeste la mauvaise testostérone et tord le ventre. Mais, étrangement, c’est cette solitude qui semble finir de galvaniser la jeune fille. La proie n’a plus peur, n’a plus honte. Comme si la réalisatrice tenait à montrer que les jeunes Tunisiennes ne peuvent compter que sur elles-mêmes. (...) Thriller féministe étonnant, La Belle et la meute est, avant tout, la chronique haletante de la naissance d’une conscience politique. Odette Odicino • Télérama
EX LIBRIS, THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY de Frederick Wiseman
USA • 2017 • 3h17 | Mostra de Venise 2017 | Météore Films • 1er novembre 2017
Edition d'un document GNCR | Site distributeur ici Frederick Wiseman investit une grande institution du savoir et la révèle comme un lieu d'apprentissage, d'accueil et d'échange. La New York Public Library incite à la lecture, à l'approfondissement des connaissances et est fortement impliquée auprès de ses lecteurs. Grâce à ses 92 sites, la 3ème plus grande bibliothèque du monde rayonne dans trois arrondissements de la ville et participe ainsi, à la cohésion sociale des quartiers de New York, cité plurielle et cosmopolite.
[… ] Dans son dernier film, Ex Libris : The New York Public Library (...), il s’attarde dans la bibliothèque publique de New York, lieu essentiel d’échanges culturels et sociaux où se croisent des New-Yorkais de tous âges, de toutes communautés, de toutes conditions sociales. L’accumulation d’interventions d’écrivains et d’essayistes, de cours d’histoire et de littérature, de réunions de services sociaux, dessinent le parfait envers des Etats-Unis représentés par Trump : un pays où l’on pense, où l’on garde une conscience historique forte, un engagement social généreux. Même si cette Amérique digne et intelligente était devenue minoritaire et que Wiseman ne filmait là qu’un îlot de résistance au milieu du chaos, prendre le temps de montrer cela constitue un geste autrement plus politique et stimulant que toute forme de regret, d’amertume et même de colère. Marcos Uzal • Libération
[…] Wiseman suit silencieusement les activités de la grande bibliothèque : recherches de documents, lectures sur place, présence d’invités exceptionnels comme Richard Dawkins et Patti Smith. Il passe d’un couloir à l’autre, telle une mouche sur le mur, en nous restituant un microcosme humain qui représente, d’une certaine manière, le monde entier. C’est une expérience immersive qui rend nécessaire la longue durée de l’observation, qui commence avec un événement singulier (une conversation publique avec Dawkins sur le contraste entre foi religieuse et science) pour devenir une multitude de petites histoires touchantes dans leur élégante simplicité. Ex Libris signifie, en latin, "à partir des livres". Un titre très pertinent, puisque la culture et la lecture ne sont que le point de départ pour trois heures passées avec un vaste groupe de personnes, suivi par Wiseman avec une chaleur distante, son regard étant indiscret mais toujours rempli d’empathie. […] Max Borg • www.clap.ch
MISE A MORT DU CERF SACRÉ de Yorgos Lanthimos Irlande • 2017 • 2H01 • avec Nicole Kidman, Colin Farrell, Barry Keoghan Festival de Cannes 2017• Sélection officielle : Prix du scénario | Haut et Court • 1er novembre 2017
Edition d'un document GNCR | Site distributeur ici Steven, brillant chirurgien, est marié à Anna, ophtalmologue respectée. Ils vivent heureux avec leurs deux enfants Kim, 14 ans et Bob, 12 ans. Depuis quelques temps, Steven a pris sous son aile Martin, un jeune garçon qui a perdu son père. Mais ce dernier s’immisce progressivement au sein de la famille et devient de plus en plus menaçant, jusqu’à conduire Steven à un impensable sacrifice.
[…] Si Yorgos Lanthimos s'inspire d'Euripide et son Iphigénie à Aulas, son travail sur la matière mythologique s'attache plus à émailler son oeuvre de principes esthétiques ou motifs issus de cet héritage grecque, plutôt que de proposer une "simple" transposition d'un récit séminal. Par conséquent, The Killing of a Sacred Deer (...) nous propulse dans un univers à la fois profondément déviant, mais dont les retournements, surprises ou coups de théâtre entretiennent l'universalité de l'oeuvre, la plaçant avec une remarquable acuité dans une tradition immémoriale. Tout comme il se montre capable de se mesurer à quelques-uns des mythes constitutifs de la culture, de l'identité occidentale, Lanthimos s'efforce de les entourer d'un écrin à la hauteur. [...] Pour contrebalancer ces mises en place élégantes sinon fastueuses, le réalisateur use d'un mixage sonore qui confine parfois à l'agression, tant il traque la moindre nappe de son pour la transformer en une source d'angoisse capable de contaminer jusqu'à la situation la plus anodine. Il en va de même pour la photographie, la plus vivante, lumineuse et chaude jamais vue dans un film de Lanthimos. [...]
La beauté plastique de l'ensemble ne contredit alors jamais le malaise suffocant que cherche à provoquer le film, mais le nourrit constamment, jouant malicieusement avec le spectateur, auquel il offre de fausses zones de confort. (...) Mais là où le metteur en scène impressionne tout à fait, c'est dans la vigueur avec laquelle il s'empare des codes du cinéma de genre. Il jongle à toute vitesse entre l'horreur psychologique, un dégoût du corps qui tutoie régulièrement Cronenberg, mais aussi les spectres du cinéma d'Exorciste, au fur et à mesure que la malédiction promise au sien prend forme. S'il a toujours été à l'aise avec l'étrangeté, voire le malaise, Lanthimos n'avait pas encore travaillé la peur comme carburant premier de son récit. Il opère ce changement avec un naturel confondant, et trouve là un rythme, un réseau de codes, qui décuplent l'impact de sa mise en scène. La force de sidération du film naît finalement de l'intelligence de sa métaphore, qui transparaît progressivement, pour devenir incontournable lors du dernier acte du film. Quand il décrit une cellule familiale priée de payer une vieille dette en sacrifiant son avenir de la plus brutale des manières, l'artiste nous parle bien évidemment de la Grèce, condamnée à saccager son patrimoine, son économie et le futur de son peuple, au nom d'une incurie budgétaire plus que discutable. The Killing of a Sacred Deer devient alors limpide et déchirant, soudain protégé par la funeste cohérence de son propos des accusations de maniérismes et autres sucreries d'auteur. Bouleversant dans sa capacité à traiter par le biais du symbolisme d'une situation géopolitique terrible, le métrage nous embarque pour un voyage de pure catharsis cinématographique, magnétique et éreintant. Simon Riaux • Ecran large ici
EN ATTENDANT LES HIRONDELLES de Karim Moussaoui
France / Allemagne / Algérie / Qatar • 2016 • 1H53 | Un Certain regard Cannes 2017 | Ad Vitam • 8 novembre 2017
Edition d'un document GNCR | Site distributeur ici Aujourd’hui, en Algérie. Passé et présent s’entrechoquent dans les vies d’un riche promoteur immobilier, d’un neurologue ambitieux rattrapé par son passé et d’une jeune femme tiraillée entre la voie de la raison et ses sentiments. Trois histoires qui nous plongent dans l'âme humaine de la société arabe contemporaine.
« Ich habe genug. » En français, le titre de la cantate BWV 82 de Jean-Sébastien Bach se traduit par : « Je suis comblé. » Mais lorsque ce chant funèbre s’élève sur les montagnes rocailleuses, les chantiers en friche, les bidonvilles où s’imbriquent les trois récits d’En attendant les hirondelles, c’est plutôt « j’en ai assez » que l’on entend. Associée à la vision matérialiste de Karim Moussaoui, cinéaste algérien remarqué pour son beau moyen-métrage Les Jours d’avant (2015), l’incantation du vieux Syméon dont Bach se fait le messager, comblé d’avoir reconnu l’enfant Jésus et qui appelle la mort à le délivrer de la misère de l’existence terrestre, devient celle du peuple algérien, prisonnier de chaînes si lourdes qu’il est aujourd’hui au bord de l’asphyxie. Partagé par des cinéastes comme Tariq Teguia ou Hassen Ferhani, dont les films Rome plutôt que vous (2006) et Dans ma tête un rond-point (2015) en offrirent ces dernières années de brûlantes évocations, ce constat désespéré inspire à Moussaoui un récit finement ciselé même, construit comme un enchaînement de trois histoires rattachées l’une à l’autre par un passage de relais entre personnages. Avec elles (…) il propose une radiographie de l’Algérie contemporaine en trois symptômes imbriqués : la corruption généralisée, la toute-puissance du patriarcat et le refoulé de la « sale guerre »[ ...] Dans ce film qui est son premier long-métrage, Karim Moussaoui, 41 ans, donne l’impression d’avoir mis en pratique le principe truffaldien selon lequel le tournage doit se faire contre le scénario, et le montage contre le tournage. Sa mise en scène tend entièrement, de fait, à distendre les mailles de son canevas scénaristique en y injectant de l’oxygène, de la rupture, du rêve, en diluant tout ce qui sur le papier était susceptible de faire discours – ici dans une décharge sentimentale violente, là dans la fulgurance d’un raccord, dans un interlude chorégraphique décapant, ou encore dans cette manière de terminer le film en y faisant entrer un nouveau personnage, comme si ce cadavre exquis pouvait se poursuivre indéfiniment. Une constellation de signes qui se répondent compose, dans des agencements de couleurs splendides, une partition subtile et complexe où les destins sont également infectés par un pouvoir autoritaire et corrompu. […] Isabelle Régnier • Le Monde
SOUTIEN GNCR et SOUTIEN AFCAE ACTIONS PROMOTION MAKALA de Emmanuel Gras France • 2017 • 1H36 • avec Kabwita Kasongo, Lydie Kasongo les Films du Losange • 6 décembre 2017 | Cannes 2017 • Semaine de la critique : Grand Prix
L'AFCAE éditera un document d'accompagnement Le GNCR proposera un entretien filmé avec E. Gras (à diffuser en salle après le film ou sur les sites internet, pages facebook...)
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Au Congo, un jeune villageois espère offrir un avenir meilleur à sa famille. Il a comme ressources ses bras, la brousse environnante et une volonté tenace. Parti sur des routes dangereuses et épuisantes pour vendre le fruit de son travail, il découvrira la valeur de son effort et le prix de ses rêves.
Un film pourvu d’une splendeur formelle telle que celle de Makala pourrait renvoyer aux oubliettes bon nombre de ces fictions d’auteur prisées pour s’accaparer l’esthétique du documentaire. Le troisième long-métrage d’Emmanuel Gras (...) est certes un documentaire pur jus, mais pas de ceux qui restent collés au « réel » le nez dans le guidon. Au contraire, la caméra d’Emmanuel Gras, réalisateur qui assure aussi la prise de vues de ses films, ne cesse de transfigurer les situations dont elle témoigne, pour leur conférer un souffle et une flamme qui savent puiser, quand il le faut, à l’imaginaire de la fiction, ou, pour être plus précis, des grandes mythologies humaines. [...] Le documentariste insiste moins sur la souffrance de son personnage que sur son incroyable ténacité, sur sa capacité d’encaisser et de résoudre les épreuves les unes après les autres. Dans le sillon de cette odyssée bringuebalante, la route se déroule comme une sorte de ruban chaotique et fiévreux, dont les désordres et les dangers multiples convoquent parfois un imaginaire post-apocalyptique (on pense au roman La Route, de Cormac McCarthy). Ce ruban, c’est aussi le profil d’un pays où l’argent, denrée rare, circule avec si peu de fluidité qu’il doit s’arracher des mains de son prochain, où se gagner aux pris d’efforts surhumains. Et, quand Kabwita arrive à bon terme, le marchandage acharné des potentiels clients revient, ultime douleur, à dévaluer la charge titanesque de son travail. Un homme, un vélo, une route. Depuis Bovines (2012), qui s’intéressait à la vie des vaches, Emmanuel Gras a l’habitude de ramasser le principe de ses films en un concept sec et percutant. Mais s’il atteint ici à une forme supérieure d’émotion, ce n’est pas seulement grâce à l’incroyable mobilité de la caméra et aux perspectives épiques qu’elle dessine. De par sa simplicité et sa linéarité, Makala s’ouvre à une dimension allégorique, dans laquelle on peut voir une image limpide de la condition prolétarienne, voire, tout simplement, de la condition humaine.[...] Mathieu Macheret • le Monde
SOUTIEN GNCR et SOUTIEN ACID L'USINE DE RIEN de Pedro Pinho Portugal • 2017 • 2H57 • avec Carla Galvão, Daniele Incalcaterra, Hermínio Amaro... Quinzaine des Réalisateurs Cannes 2017 : Prix FIPRESCI | Météore films • 13 décembre 2017
Edition d'un document GNCR | Site ACID ici | Site distributeur ici Interview (vidéo) du réalisateur par la Quinzaine des réalisateurs ici Une nuit, des travailleurs surprennent la direction en train de vider leur usine de ses machines. Ils comprennent qu'elle est en cours de démantèlement et qu'ils vont bientôt être licenciés. Pour empêcher la délocalisation de la production, ils décident d'occuper les lieux. À leur grande surprise, la direction se volatilise laissant au collectif toute la place pour imaginer de nouvelles façons de travailler dans un système où la crise est devenue le modèle de gouvernement dominant.
(…) Une usine délocalise, laissant les ouvriers sur le carreau. Occupant déjà quelques fictions et moults documentaires, le motif inspire au Portugais Pedro Pinho, pour son premier long-métrage de fiction, L’Usine de rien (A Fabrica de nada), une chronique au long cours où s’entrechoquent le récit d’une occupation, l’ébauche romanesque, l’analyse marxiste, la comédie musicale. Geste fort, qui multiplie les beaux emprunts, tant à Alain Guiraudie (Ce vieux rêve qui bouge) qu’à Miguel Gomes (Ce cher mois d’août), tant à Mariana Otero (Entre nos mains) qu’à Jean-Marie Straub (le récitatif, partout). (...) Jacques Mandelbaum • Le Monde A l'instar des 1001 Nuits de Miguel Gomes, mais aussi cette année de 120 Battements par minutes de Robin Campillo, L'Atelier de Laurent Cantet ou L'Assemblée de Mariana Otéro, L'Usine de rien marque le retour dans le cinéma de ces vastes abstractions ou généralités que sont le peuple et la politique, deux idées si difficiles à incarner dans un film. Immersion dans le collectif ouvrier Chez Pedro Pinho, tout commence quand des ouvriers découvrent sans avoir été prévenus qu'on déménage les machines de leur usine - on se croirait chez Guiraudie, l'humour en moins. Grève, occupation des locaux. On voit beaucoup cela dans les journaux télévisés, mais (...) pas avec le regard de Pinho : immersion dans le collectif ouvrier, paroles et débats, rôles ambigus des syndicats, contradictions à surmonter, courage physique, colère rouge vif, toutes les nuances traversant un groupe qui défend son gagne-pain et sa dignité s'impriment à l'écran avec une force jamais austère ou ennuyeuse. Bien que clairement rangé du côté des ouvriers, le film est politiquement très fin, montrant les partisans de l'autogestion, ceux qui s'estiment collectivement incapables de faire tourner l'usine sans le concours de cadres comptables, ceux qui n'ont pas le luxe de se perdre en palabres ou en grève trop longue parce que leur urgence est de faire croûter leurs mômes (...) Puis au bout d'une heure et quelque, le film prend un peu la tangente vers des registres hétérogènes, s'attarde sur un jeune couple dont la libido est en panne à cause de la situation, fait des embardées vers la comédie musicale [...] alors qu'un intellectuel observe la situation de l'usine et de ses salariés en posant divers diagnostics philosophiques ou politiques. Gomesien, godardien, L'Usine de rien exsude une intense mélancolie, celle du sentiment de la fin d'un monde, mais aussi la beauté de la solidarité des perdants de l'histoire qui n'acceptent pas que le vieux rêve ne bouge plus . Serge Kaganski • Les Inrocks
Recommandation GNCR LAISSEZ BRONZER LES CADAVRES d'Hélène Cattet et Bruno Forzani
France / Belgique • 2017 • 1H30 • avec Elina Löwensohn, Stéphane Ferrara, Hervé Sogne, Bernie Bonvoisin, Pierre Nisse, Marc Barbé | Festival de Locarno | Shellac • 18 octobre 2017
Site distributeur ici La Méditerranée, l’été : une mer d’azur, un soleil de plomb… et 250 kilos d’or volés par Rhino et sa bande ! Ils ont trouvé la planque idéale : un village abandonné, coupé de tout, investi par une artiste en manque d’inspiration. Hélas, quelques invités surprises et deux flics vont contrecarrer leur plan : ce lieu paradisiaque, autrefois théâtre d’orgies et de happenings sauvages, va se transformer en un véritable champ de bataille… impitoyable et hallucinatoire !
[...] Non content d’avoir réglé son compte au giallo dans Amer et L’Etrange Couleur des Larmes de ton Corps, le duo Hélène Cattet / Bruno Forzani s’attaque à présent au polar français des années 1980, époque chérie où la comédie ne régnait pas encore de façon dictatoriale sur l’industrie. Leur intimidant travail formel ne se calme pas pour autant. De nouveau, la réalisation fourmille d’idées barjos exécutées avec aplomb, la précision chirurgicale du sound design rend fou, la lumière et les cadres caressent la rétine en un long orgasme. Cattet et Forzani auraient pu se contenter de passer du fétichisme de l’arme blanche à celui des armes à feu, et laisser leur radicalité esthétique faire la blague. Ce serait mal appréhender leur style, bien au-delà de la simple référence ou du pesant hommage. L’essentiel n’est pas de s’emparer de la matière, mais de la malaxer, la pétrir avec toute l’inventivité nécessaire pour la plier à une approche charnelle de la matière cinématographique. Mieux qu’une adaptation étonnamment fidèle du court roman de Jean-Patrick Manchette et Jean-Pierre Bastid, Laissez Bronzer les Cadavres en est une exaltation furieuse. Un râle de jouissance tout autant qu’un « Mort aux vaches » asséné avec un mauvais esprit jubilatoire (…) Le roman se posait sur la longueur en pure figure de style ironique autour d’une intrigue totalement lambda, le film de Cattet et Forzani dynamite son apparente linéarité narrative de toute part, qui de flashbacks lascifs, de fantasmes transgressifs, de mises à mort figurées de façon allégorique. Laissez bronzer les cadavres ose sans cesse, manque trébucher sur sa générosité graphique inouïe mais ne s’excuse jamais. Il dégaine le casting le plus dément de la décennie pour un film français, trouve une complémentarité évidente entre Elina Löwensohn, muse de cinéastes arty barrés, et Stéphane Ferrara, trogne crispée du polar 80 revenue brûler l’écran une dernière fois. Certains effets désarçonnent, certaines scènes semblent too much, la cohérence fulgurante du tout finit par donner naissance à l’un des plus saisissants plaisirs de spectateur de l’année. Difficile de faire plus chaos. François Cau • www.chaosreigns.fr ici
ACCOMPAGNEMENT DES FILMS SOUTENUS PAR LE GNCR • En cours : "RENCONTRE(S)" avec Pierre Creton autour de "VA, TOTO !" • A venir : "RENCONTRE(S)" avec Stephan Komandarev autour de "TAXI SOFIA" • A venir : "RENCONTRE(S)" avec Kaouther Ben Hania autour de "LA BELLE ET LA MEUTE" Possibilité d'intégrer ces entretiens vidéos sur des sites ou pages facebook. Pour une diffusion en salle, le GNCR peut vous la faire parvenir en format DCP par clé USB.
SOUTIEN ACID ISOLA de Fabianny Deschamps France • 2016 • 1H33 • avec Yilin Yang, Yassine Fadel, Enrico Roccaforte Sélection ACID Cannes 2016 | La Huit • 15 novembre 2017
Programmation : Marion Pasquier | mpasquier.prog@gmail.com | 06 79 21 84 67 Edition d'un document ACID | Site ACID ici | Site de Fabianny Deschamps ici Entretien (écrit) avec la réalisatrice sur Critikat ici Sur une île perdue entre deux mondes, Dai, une jeune Chinoise, vit seule dans une grotte en attendant l’enfant qui arrondit chaque jour un peu plus son ventre. Dans le port agité par l’arrivée quotidienne de centaines de migrants, elle cherche inlassablement le visage de l’homme qu’elle aime, son mari. Un soir, alors que l’île gronde, le vœu de Dai sera peut-être exaucé...
En 2014, Fabianny Deschamps présentait son premier long-métrage à l'Acid, New Territories, et nous avions particulièrement aimé son univers. Elle revient aujourd'hui avec Isola, tout aussi envoûtant et beau. Si New Territories nous contait déjà l'aventure d'une jeune française perdue en terre étrangère tout autant que la quête d'une chinoise qui souhaitait quitter son village pour rejoindre son mari, Isola approfondit encore plus la thématique en réunissant ces deux personnages en un seul. (...) La réalisatrice (…) parvient avec brio à créer une atmosphère mystique et éthérée, tout autant fascinante que dérangeante qui contraste avec les parties plus documentaires du film , notamment l'arrivée des migrants au port où les quelques malheureux vivant en transit sans jamais pourtant que l'un des deux versants ne cannibalise l'autre. Un équilibre fragile tenu de main de maître et qui sert à merveille le propos du film. On mentionnera évidemment la prestation incroyable d'Ylin Yang, déjà dans New Territories qui joue une Daï tour à tour touchante et inquiétante. Une performance difficile d'autant que l'actrice était réellement enceinte durant le tournage. Comment ne pas aussi mentionner Yassine Fadel, le mari de substitution, qui passe le plus clair du film dans une cage et sombre de plus en plus dans la folie. Une interprétation toute en nuances, en petits détails, en contention tout autant qu'en explosion qui crée ainsi un duo de cinéma particulièrement frappé et qui marque le spectateur. Là où l'on aurait pu craindre que Isola ne se vautre dans la démonstration didactique des conditions de vie des migrants et nous assomme avec un discours politiquement correct de rigueur, il n'en est rien et c'est tant mieux. [...] Isola est avant tout un film symbolique à la limite de la métaphysique sur les relations entre les hommes et les femmes, le déni de réalité et la survie lorsque toutes les illusions sont mortes. Et, de ce point de vue, c'est une grande réussite. Fabianny Deschamps maitrise parfaitement son sujet et prouve qu'il ne faut pas énormément de budget pour faire un bon film. Il faut par contre être doté d'un monde intérieur riche et créatif et ne pas hésiter à s'attaquer au fond de son histoire, qui dictera sa forme et non l'inverse. [...] Christophe Foltzer • Ecran large
*** PROCHAINS SOUTIENS ACID *** FINDING PHONG de Tran Phuong Thao et Swann Dubus (JHR Films • 03/01/18) LE CIEL ÉTOILÉ AU-DESSUS DE MA TÊTE de Ilan Klipper (Happiness Distribution • 07/03/18)
SOUTIENS AFCAE ACTIONS PROMOTION CORPS ET ÂMES de Ildikó Enyedi Hongrie • 2017 • 1H56 • avec Géza Morcsányi, Alexandra Borbély et Zoltán Schneider Berlinale 2017 : Ours d'or | Le Pacte • 25 octobre 2017
Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Mária, nouvelle responsable du contrôle de qualité et Endre, directeur financier de la même entreprise, vivent chaque nuit un rêve partagé, sous la forme d'un cerf et d'une biche qui lient connaissance dans un paysage enneigé. Lorsqu'ils découvrent ce fait extraordinaire, ils tentent de trouver dans la vie réelle le même amour que celui qui les unit la nuit sous une autre apparence...
[…] Le film de la réalisatrice hongroise Ildikó Enyedi a ce qu’il faut d’étrange pour intriguer, de drôle pour surprendre et cette intelligence de réalisation qui lui permet de redéfinir dans un même geste tant la comédie romantique que le documentaire animalier ou le film d’entreprise, sans basculer véritablement dans l’un ou l’autre genre. Pour commencer, de majestueux et incongrus plans forestiers suivent, de longues minutes durant, les regards inexpressifs d’un cerf et d’une biche dans une sorte de lente « jauge » amoureuse pré-copulation. [...] Ces scènes patientes, superbement photographiées, valent moins pour la poésie de leur image que pour l’humanité que la réalisation leur attribue. (...) Mais le réel n’est pas là, il est plutôt à chercher du côté de l’abattoir de la banlieue de Budapest qui sert de territoire premier au film. Les bœufs y sont entreposés, mis à mort, manutentionnés et découpés sous l’œil inquisiteur de (...) Maria, jeune blonde froide à la sociabilité plutôt limitée. Entre elle et Endre, le directeur financier en panne d’amour (...), naît une relation crispée que vient détendre la découverte inattendue d’un dispositif onirique commun – précisément, la scène forestière précédente. On Body and Soul conte alors la relation naissante entre ces deux freaks, empêchée par la psychorigidité de l’une et la paralysie de l’autre, à travers la mise en corps de leurs sentiments. Enyedi travaille merveilleusement la physicalité de l’usine et de ses personnages, offrant des plans qui se chargent de sens au regard de leur insensibilité […] Le film ne systématise pas pour autant ces enjeux de corps et d’esprit, il les introduit en sous-main, au fil du développement de cette histoire d’amour aussi improbable que drôle : son usage systématique de l’humour, se moquant des formes que prennent les angoisses de son héroïne, le soulage du programme théorique que son titre lui promet. La beauté du film tient dans le glissement progressif qu’il opère entre plusieurs registres, tout en assumant une forte croyance dans la proposition absurde et poétique qui est la sienne. Le montage a le génie d’emplir de romantisme le monde rigide et matériel de l’usine par le parallélisme qu’il organise avec la poésie des scènes animales. […] Axel Scoffier • Critikat ici
CARRÉ 35 d'Eric Caravaca
France • 2017 • 1H07 | Cannes 2017 : Selection officielle Hors compétition
Pyramide films • 15 novembre 2017
Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Carré 35 est un lieu qui n’a jamais été nommé dans ma famille ; c’est là qu’est enterrée ma sœur aînée, morte à l’âge de trois ans. Cette sœur dont on ne m’a rien dit ou presque, et dont mes parents n’avaient curieusement gardé aucune photographie. C’est pour combler cette absence d’image que j’ai entrepris ce film.
[...] Dès le premier plan où la caméra pénètre dans une maison par la fenêtre, le territoire est posé : ce sera celui de l'intime, de la première personne et du secret de famille. Concrètement, la portion du cimetière de Casablanca qui donne son titre au film est d'ailleurs mal signalisée, comme si cette difficulté à situer la tombe avait valeur de redoublement du non-dit. Filmée pour la première fois par le frère qui ne l'avait jamais vue, la sépulture est d'ailleurs elle-même en partie anonymisée, car la photo du petit cadre funéraire qui l'orne est manquante. Pourtant, dès le début, la mère du réalisateur parle, face caméra. Elle raconte le décès de la toute petite fille, le visage tourné vers le mur, la maladie cardiaque. Alors pourquoi un secret ? Ne s'agit-il pas plus banalement de l'érosion nécessaire d'un traumatisme ? En une voix off très soignée, l'auteur enquête en même temps qu'il analyse (au sens de la psychanalyse), filmant successivement parents, frère, cousin et faisant mentir la même phrase que père et mère ont eue, sans se concerter : « On ne peut pas y revenir ». Caravaca tient, lui, à y revenir, mais avec les moyens du cinéma, sa capacité à retenir les traits évocatoires des paysages, à monter de manière subtile les temporalités, à confronter la parole aux images existantes, à exhiber un visage qui a longtemps été caché. La réussite de ce documentaire à la voix off sans doute trop écrite tient dans son tact. Jamais Caravaca ne se départit d'une image, jamais il ne dénigre les propos de ceux qu'il a filmés. Il leur redonne au contraire une forme de liberté, la légèreté de l'écume qui revient de manière régulière. […] Charlotte Garson • www.revue-etudes.com ici
UN HOMME INTÈGRE de Mohammad Rasoulof Iran • 2017 • 1H57 • avec Reza Akhlaghirad, Soudabeh Beizaee, Nasim Adabi. Un Certain regard - Cannes 2017 : Grand Prix | ARP • 6 décembre 2017
Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Reza, installé en pleine nature avec sa femme et son fils, mène une vie retirée et se consacre à l’élevage de poissons d’eau douce. Une compagnie privée qui a des visées sur son terrain est prête à tout pour le contraindre à vendre. Mais peut-on lutter contre la corruption sans se salir les mains ?
[…] Nouvelle charge de Mohammad Rasoulof contre la corruption et la violence du pouvoir iranien, Un homme intègre est présenté dans la section Un certain regard, devenue terre d’accueil de ses films depuis sa condamnation en 2010 à six ans de prison (peine réduite en appel à un an, qu’il n’a pas purgée mais qu’il reste menacé de devoir exécuter à tout instant). De fait, des points communs le relient à Au revoir (2011) et aux Manuscrits ne brûlent pas (2013) – l’opposition caractéristique entre la froidure des extérieurs et la chaleur des foyers, havres d’amour et d’harmonie irrémédiablement voués à être ravagés par la violence politique, n’étant pas la moindre. (…) Le film installe d’emblée une situation de crise. Harcelé par la police qui lui réclame un document administratif, Reza cherche en même temps une solution pour s’acquitter d’une dette dont les pénalités s’accumulent, voulant à la fois éviter de vendre son terrain et de prendre part au système de corruption [...] le pisciculteur est pris au piège d’un système de corruption généralisée dont toute la communauté est complice. […] En faisant céder les digues morales de son personnage principal qui ne peut plus continuer à se réfugier, pour s’extraire du monde, dans la chaleur des sources d’eau chaude qu’abrite une grotte voisine, et se résout, pour sauver sa peau, sa famille et son honneur, à employer les armes de l’ennemi, cette violence imprègne le film d’un pessimisme ravageur. (…) Isabelle Régnier • le Monde
SOUTIENS AFCAE PATRIMOINE RÉPERTOIRE J'AI MÊME RENCONTRÉ DES TZIGANES HEUREUX de Aleksandar Petrović Serbie • 1967 • 1H30 • avec Bekim Fehmiu, Gordana Jovanovic, Bata Živojinović Festival de Cannes 1967 : Grand Prix et Prix de la Critique Internationale - FIPRESCI
Malavida • 15 novembre 2017
Site distributeur ici Edition d'un document d'accompagnement AFCAE De nombreux Tziganes vivent dans la vaste plaine de la Voïvodine, en Serbie, où ils exercent de petits métiers. Vivant de son commerce de plumes d'oie, Bora, jeune et insouciant, se veut libre mais il est marié à une femme plus âgée. Il rencontre Tissa une jeune sauvageonne, et s'éprend d'elle. Mais Mirta, beau-père de Tissa, déjà son rival en affaires, devient aussi son rival en amour.
(…) Animé par des ambitions réalistes, le réalisateur part à la rencontre de ce peuple dans les vastes plaines de Pannonie. Il s’entoure de véritables paysans tziganes qui s’expriment, pour la première fois au cinéma, dans leur propre langue. Sans verser dans la critique sociale, Petrovic observe l’absolue liberté et la violence des mœurs de cette société hors norme. Pour ses premiers pas en Technicolor, le cinéaste livre une œuvre baroque, éclatante et brutale. Dans le village, les façades offrent une éblouissante palette de couleurs (...) « L’éclatement violent des couleurs, la photographie des vieilles femmes ridées, fumeuses de pipes, l’explosion de la danse et du chant quand le soir tombe sur le paysage noyé […], voilà bien la poésie des apparences. Tenter de surprendre un homme au plus fort de son exaltation, de sa cruauté, une femme au plus fort de son effroi, de sa détresse […] voilà le but recherché. La réussite plastique n’a pas tué la vie : c’est donc gagné. » Jean-Loup Passek, Jeune Cinéma n°24, juillet 1967 […] www.festival-lumiere.org
LA RÉVOLUTION WONG KAR WAI ARP Sélection • 18 octobre 2017 | En partenariat avec l'ADRC
Site distributeur ici | Document à commander auprès de l'ADRC En dix ans et cinq films, Wong Kar-Wai est devenu le symbole d’un cinéma novateur, à la fois énergique, romantique, sensuel et ludique. Avec ses voix-off mélancoliques, ses musiques lancinantes, ses couleurs saturées, sa mise en scène électrique, ses accélérés et ses ralentis, Wong Kar-Wai filme le trouble de l’amour comme personne. Après Chungking Express qui le fait connaître, Nos Années Sauvages qui séduit par son romantisme, Les Cendres du Temps par sa poésie et Les Anges Déchus par sa modernité, Happy Together, en compétition à Cannes, lui apporte le prix de la mise en scène ainsi qu’une notoriété internationale. La consécration mondiale et le succès public viendront avec In the Mood for Love.
NOS ANNEES SAUVAGES Hong-Kong • 1990 • 1H33 Dans les années 60 à Hong Kong, Yuddy, élevé par sa mère adoptive, indolent et charmeur, se laisse bercer par la vie, passant de bras en bras, seulement alarmé quand on lui propose le mariage. Narcissique, obsédé par le besoin qu'il éprouve de découvrir ses origines, Yuddy quitte amis, maîtresses et mère pour partir aux Philippines à la recherche de son passé.
LES CENDRES DU TEMPS Hong-Kong / Chine • 1994 • 1H40 Depuis que la femme qu'il aimait l'a quitté, Ouyang Feng vit seul dans le désert de l'Ouest, engageant des tueurs à gages experts en arts martiaux pour exécuter des contrats. Son coeur meurtri l'a rendu cynique et sans pitié, mais ses rencontres avec amis, clients et futurs ennemis vont lui faire prendre conscience de sa solitude.
CHUNGKING EXPRESS Hong-Kong / Chine • 1995 • 1H37 L'histoire de deux flics lâchés par leur petite amie. Le matricule 223 qui se promet de tomber amoureux de la première femme qui entrera dans un bar à Chungking House où il noie son chagrin. Le matricule 663, qui chaque soir passe au Midnight Express, un fast-food du quartier de Lan Kwai Fong, acheter à la jolie Faye une "Chef Salad" qu'il destine à sa belle, une hôtesse de l'air.
LES ANGES DÉCHUS Hong-Kong • 1996 • 1H36 Hong Kong la nuit. Un tueur à gages en a assez de tuer. Une femme lui sert d'agent et rêve qu'il tombe amoureux d'elle. Une jeune fille veut se venger d'un amour déçu. Une jeune femme guette le grand amour. Un garçon muet déambule dans les rues.
HAPPY TOGETHER Hong-Kong / Chine • 1997 • 1H36 De haut en bas : Chungking Express, Happy Together, les Anges déchus
Deux amants, Lai et Ho, quittent Hong Kong pour l'Argentine. Leur aventure tourne mal et ils se quittent. Lai retourne à Buenos Aires et travaille comme aboyeur dans un bar de tango pour économiser l'argent de son retour à Hong Kong. Ho réapparait et s'intalle chez Lai. Il trouve du travail dans un restaurant chinois où il rencontre Chang, qui vient de Taiwan.
INFOS DISTRIBUTEURS DES LOIS ET DES HOMMES de Loïc Jourdain France / Irlande • 2016 • 1H46 | Docks 66 • 11 octobre 2017
Programmation : Jérémie Pottier Grosman | jeremie@docks66.com | 06 50 40 24 00
Site distributeur ici | Dossier de presse ici Interview du réalisateur bientôt disponible (format DCP)
Sur l’île irlandaise d’Inishboffin, on est pêcheurs de père en fils. Alors, quand une nouvelle réglementation de l’Union Européenne prive John O’Brien de son mode de vie ancestral, il prend la tête d’une croisade pour faire valoir le simple droit des autochtones à vivre de leurs ressources traditionnelles. Fédérant ONG, pêcheurs de toute l’Europe et simples citoyens, John va braver pendant 8 ans les lobbies industriels et prouver, des côtes du Donegal aux couloirs de Bruxelles, qu’une autre Europe est possible.
Pouvez-vous revenir sur la genèse du film et nous raconter votre rencontre avec John O’Brien ? J’ai rencontré John sur le quai d’où partent les bateaux pour les îles. La productrice avec qui je travaillais à l’époque m’avait parlé de lui. Elle l’avait entendu à la radio, il s’exprimait bien, semblait déterminé à en découdre. Il n’avait pas l’étoffe d’un héros : il voulait simplement comprendre ce qui se passait et continuer à vivre comme auparavant. C’était le personnage idéal pour mon film. Nous pouvons tous nous identifier à lui. [...] Quel effet cela fait-il de suivre le combat d’un homme de si près et pendant si longtemps sans savoir quelle en sera l’issue ? John et moi sommes voisins. Vivre près de ses personnages modifie le rapport au temps dans le processus de fabrication du film. Nous allons au même pub, parlons des problèmes locaux, rigolons beaucoup... Ça ne se voit pas dans le film, mais les gens du Donegal sont très drôles ! Je n’ai pas réussi à capturer leur humour, j’en suis désolé, ce sera pour un autre film. Et puis j’ai dû réaliser en parallèle d’autres projets plus alimentaires, je ne pouvais pas me consacrer uniquement à ce film, donc le temps passait, mais ça importait peu. 8 ans c’est long, mais c’est peu dans la vie d’un homme ! Et puis les « belles » choses prennent du temps... D’ailleurs, dans le Donegal, les gens prennent leur temps : ils sont comme hors du monde. Vous arrivez à nous faire pénétrer dans les rouages de la machine législative européenne à travers le regard d’un homme qui tente de ne pas se laisser engloutir par celle-ci. Quel rôle pensez-vous que le caméra a joué dans la pugnacité de John - d’autant que c’est un homme discret, pudique - pour oser affronter les technocrates de Bruxelles ? Je montre seulement ce que John découvre au Parlement, comme tout citoyen lambda qui se rend dans ces lieux. Faire bouger les choses là-bas demande de la patience mais tout est possible. Tout est ouvert au public contrairement à ce que l’on pourrait croire : c’est l’endroit le plus démocratique je connaisse. [...] Quant à la relation de John à la caméra, il ne s’est jamais servi d’elle. Il souhaitait avant tout rester indépendant, tant financièrement que vis-à-vis des politiques, ou de quelque influence que ce soit, pour préserver son intégrité. Il voulait avant tout apprendre, conseiller les autres, partager sa vision. De mon coté, comme je l’expliquais plus haut, je travaillais avec les personnes de son entourage pour savoir où être au bon moment pour filmer. Mon rôle n’était pas d’interférer avec la réalité : je me souciais seulement de m’assurer qu’une caméra soit là à toutes les réunions, tous les évènements importants. Après, qu’on le veuille ou non, une caméra a toujours une incidence sur la réalité qu’on filme. Je pense d’ailleurs qu’elle a davantage influencé les personnes gravitant autour de John que John lui même. Il a cette force de caractère, cette volonté et en même temps cette humilité intérieure naturelle qui le protègent de tout, comme un bouclier naturel. C’est fascinant. Je pense aussi que c’est pour cela qu’il était tant apprécié à Bruxelles et au sein du gouvernement irlandais. Il n’avait nullement besoin de la caméra pour faire son chemin et j’essayais de l’encombrer le moins possible. […] Extraits d'un entretien avec le réalisateur - dossier de presse
LES ENFANTS DE CINÉMA RENCONTRE NATIONALE DES COORDINATEURS ÉCOLE ET CINÉMA 11, 12 et 13 octobre 2017 au cinéma le Méliès à Grenoble organisée par Les Enfants de cinéma Manifestation financée par le ministère de la Culture et de la Communication, soutenue par le ministère de l’Education nationale.
MERCREDI 11 OCTOBRE 2017 Matinée réservée aux premiers arrivés et aux nouveaux coordinateurs 09h15
BOVINES d’Emmanuel Gras
Projection suivie d’une intervention de Philippe Quaillet (animateur cinéma de la Ligue de l’enseignement)
10h30
Nouveaux coordinateurs > Accueil et réunion avec l’équipe des Enfants de cinéma
13h00
Accueil de l’ensemble des participants au cinéma Le Méliès à Grenoble
13h30 à 14h00
Présentation du déroulement de la manifestation
14h00 à 16h00
L’éducation artistique et culturelle et la recherche : état des lieux et perspectives par Marie-Christine Bordeaux – Vice-présidente culture et culture scientifique de l’Université Grenoble-Alpes, chercheur au Gresec (Groupe de recherche sur les enjeux de la communication).
16h15 à 18h00
Focus sur un métier : Philippe Martin, producteur Dialogue avec Carole Desbarats : Un itinéraire singulier de Cible émouvante de Pierre Salvadori à L’Opéra de Jean-Christophe Bron en passant par le prochain film de Christophe Honoré.
18h30 à 21h00
Ouverture de la Rencontre nationale Ecole et cinéma Avant-première de MAKALA d’Emmanuel Gras
JEUDI 12 OCTOBRE 2017 08h45 à 10h45
LE SIGNE DE ZORRO de Rouben Mamoulian Introduction du film par Emmanuel Siety – Universitaire et critique de cinéma, auteur du Cahier de notes sur...
ou (au choix) LA PASSION VAN GOGH de Dorota Kobiela et Hugh Welchman 11h00 à 13h00
7 Ateliers de travail et de réflexion autour du projet Ecole et Cinéma
14h00 à 17h00
Intervention de la présidente du CNC, Frédérique Bredin | Suivie d’une table ronde « L’éducation à l’image pour tous »
17h30 à 19h45
MOONRISE KINGDOM de Wes Anderson Présentation de la projection, suivie d’une réflexion sur le film et sur la liaison Ecole et Collège par Carole Desbarats
20h15 à 21H30 Ciné-concert exceptionnel EN SORTANT DE L’ÉCOLE avec 4 musiciens
compositeurs sur les poèmes de Prévert, de Desnos et d’Apollinaire précédé d’une présentation du projet avec Delphine Maury (Tant Mieux Prod)
VENDREDI 13 OCTOBRE 2017 9h00 à 10h30
Point d’actualité : État des lieux du projet Ecole et cinéma à la rentrée 2017 Restitution des ateliers et échange avec la salle
10h30 à 12h30
Le geste documentaire : une expérience artistique par Patrick Leboutte (spécialiste du film documentaire, critique itinérant de cinéma et essayiste. Il enseigne l'Histoire du cinéma à l'INSAS et dirige la collection « Le geste cinématographique » (Ed. Montparnasse).
13h45 à 15h45
Focus sur le très jeune enfant à travers les neurosciences 1) L’étude de la communication du nourrisson au cours des premiers mois de sa vie par Emmanuel Devouche - maître de conférence à l’Université Paris Descartes, et à l’Institut de psychologie.
2) Le Baby lab de Grenoble : présentation et expérimentation en cours par Olivier Pascalis – Directeur de Recherche au CNRS dans le laboratoire de psychologie et neurocognition. 15h45 à 16h30
École et cinéma pour les maternelles à partir de 3 ans : quelles perspectives et quel avenir pour le projet ?
16H45 à 17h00
Bilan de la Rencontre Nationale École et cinéma