2017 | N°10

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L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans six régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre, Haute-Normandie et Basse-Normandie, Pays de la Loire et Poitou-Charentes. Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma.

C O M M U N I Q U É A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ' o u e s t p o u r l a r e c h e r c he

N°10 Vendredi 22 décembre 2017 p.1 > Du côté des adhérents de l'ACOR p.2 > Dans les régions de l'ACOR p.3 > Soutien ACOR ; Soutien GNCR p.4 - 5 > Soutien GNCR p.6 > Soutien ACID ; soutiens AFCAE actions promotion p.7, 8 et 9 > Soutiens AFCAE AP, PR et JP P.9 - 10 > Infos distributeurs et partenaires

Directeur de publication : Yannick Reix et Antoine Glémain, co-présidents de l'ACOR • rédaction : Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat • contact@lacor.info • www.lacor.info

Avec le soutien du CNC et des DRAC des régions Centre Val de Loire, Pays-de-la-Loire, Nouvelle Aquitaine, Bretagne

DU CÔTÉ DES ADHÉRENTS Cinéma Jacques Tati à Saint Nazaire : Simon Lehingue prend la suite de Sylvette Magne Après avoir été rédactrice de l’hebdomadaire culturel Estuaire à St Nazaire de 1985 à 1996, Sylvette Magne a intégré la scène nationale comme secrétaire générale en août 1996. En 1997, lorsque le programmateur du cinéma quitte son poste, elle propose de s'occuper également de la programmation du cinéma. Cela fait maintenant 20 ans qu'elle programme le cinéma Jacques Tati. Vingt années avec des rythmes différents, des objectifs différents, des inquiétudes et des rebondissements, mais 20 ans de plaisir et de bonheur à partager ses coups de cœur et tous ces films d’auteur, récents ou du patrimoine. Pendant toutes ces années, elle a eu à cœur d’organiser des soirées, des événements, projets en partenariat avec les associations locales mais aussi d’accueillir les dispositifs d’éducation à l’image. Sylvette quitte définitivement ses fonctions de programmatrice fin décembre et sera remplacée par Simon Lehingue, qui prendra la suite en tant que responsable de la salle Tati. Après un Master d'études cinématographiques, Simon Lehingue a été chargé d'enseignement à l'Université de Lyon II et de Caen, il a travaillé sur deux éditions du Festival Premiers Plans (attaché presse et assistant de programmation), il a été responsable de la distribution à Independencia et Norte Distribution et il occupait le poste d'adjoint à la déléguée générale de l'ACID depuis janvier 2017. Sylvette Magne Photo © la plateforme

Voir aussi le portrait de Sylvette Magne sur le site de la Plateforme ici.

Le Vox à Mayenne a réouvert ! Avec quelques semaines de retard et après plus d'un an de travaux, le cinéma Le Vox a réouvert le 12 décembre. • Le nouveau cinéma est géré par une SCIC L'association Atmosphères cinéma, qui gérait le cinéma de Mayenne communauté en délégation de service public (DSP) de 2010 à 2016, s'est transformée en septembre en société coopérative d'intérêt collectif, baptisée SCIC Cinéma Le Vox. Cette nouvelle société compte 30 associés (personnes physiques et morales) : les salariés, le fondateurs qui étaient les membres actifs d'Atmopshères Cinéma, Mayenne communauté, des partenaires et usagers.

• le changement de statut s'est accompagné du recrutement d'une nouvelle directrice, Eva Chartier, 26 ans. • Concernant le bâtiment, l'établissement a gagné en confort, convivialité et est devenu plus accessible. (visite virtuelle du cinéma ici) > une salle supplémentaire, soit 3 salles au total (la 3ème salle, encore en travaux, ouvrira au printemps) + Un hall plus grand > Le cinéma intègre désormais un « bistrot » et un espace pour échanger en toute convivialité. Cet espace d'accueil est ouvert en même temps que le cinéma. Le bar servira des boissons le mercredi après-midi, le vendredi soir et le week-end. > Les 3 salles seront accessibles aux personnes handicapées grâce à un ascenseur. Des places seront réservées pour les fauteuils roulants dans chacune des trois salles. > Tous les sièges ont été remplacés (182 dans la 1ère salle, 121 dans la 2ème salle et 59 dans la 3ème salle) ; Toutes les salles ont bénéficié d'une nouvelle isolation phonique et thermique et d'une meilleure qualité d'image > Une façade plus attractive, avec une nouvelle enseigne Nouveauté : possibilité d'acheter ses places en ligne via le nouveau site Internet du Vox. Le billet pourra être imprimé ou enregistré sur son smartphone

De gauche à droite : Antoine Glémain, Eva Chartier, Jean-Pierre Le Scornet,Josette Luciani et Nathalie Roussel


DANS LES RÉGIONS DE L'ACOR FESTIVAL PREMIERS PLANS • 30ème édition du 12 au 21 janvier 2018 à Angers Programme complet, invités, accréditations... ici | Dossier de présentation ici

JURY OFFICIEL (plus d'infos ici)

Catherine Deneuve, Présidente du Jury longs métrages | Fyzal Boulifa - Royaume-Uni | Clément Cogitore - France | Tizza Covi - Italie | Céline Devaux - France | Valérie Donzelli – France | Karim Moussaoui - Algérie | Guillaume Senez - Belgique

COMPÉTITION (plus d'infos ici) Les jeunes réalisateurs européens invités à Angers présentent leurs premiers films au public, aux professionnels et à la presse. Une centaine d'oeuvres sont projetées dans 6 sections compétitives et récompensées par 170 000 € de prix décernés par les jurys et le public : courts et longs métrages français et européens, films d'écoles européens, plans animés.

HORS COMPÉTITION

Cette sélection hors compétition présente des films dans différentes sections : Figures libres (premières oeuvres réalisées hors contraintes et formats), Plans suivants (films réalisés par des cinéastes depuis leur découverte à Premiers Plans), L'Air numérique (oeuvres courtes conçues pour le web), Panorama fémis (sélection de films de l'école), et Les Courts des petits.

RÉTROSPECTIVES ET ÉVÉNEMENTS (plus d'infos ici)

• Hommage à Jeanne Moreau • Pedro Almodóvar (En présence de Frédéric Strauss et de nombreux invités et collaborateurs de Pedro Almodóvar) • Agnès Varda (en présence d'Agnès Varda, Rosalie Varda, Jane Birkin, Nurith Aviv, Jean-Michel Frodon...) • Drôles de familles (en présence de Jean Douchet, Catherine Paillé, Dominique Leborne et Louis Mathieu...) • Les Monty Python • Serge Bozon (en présence de Serge Bozon et Isabelle Huppert) • Kornél Mundruczó (en sa présence) • L'Animation venue du froid (en présence d'Antti Laakso) • Glaneurs et Collectionneurs de films (en présence d'Agnès Varda, Jacques Richard, Jean Douchet, Marin Karmitz (sr), Serge Bromberg, Éric Le Roy, Dominique Païni et Dominique Sagot-Duvauroux.)

LECTURES DE SCÉNARIOS (plus d'infos ici)

En compétition également, les lectures de scénarios sont un rendez-vous singulier et incontournable du Festival. Elles accompagnent les scénaristes et les réalisateurs dans leurs travaux d'écriture en invitant des comédiens professionnels à lire en public leur scénario de premiers films, avant leur réalisation.

COLLOQUE EUROPÉEN

L'Expérience de la salle

Vendredi 19 janvier 2018 de 9H30 à 17H00 • Salle GAN Centre de Congrès C’est sa première projection publique en salle qui marque la naissance du cinéma. Les 35 spectateurs du Grand Café ont été, avec les frères Lumière, les cofondateurs de l’art cinématographique. 122 ans plus tard, la fréquentation mondiale se compte en milliards de spectateurs, les productions de flms se multiplient sur tous les continents et on ouvre 27 écrans par jour en Chine ! Dans une période de profusion d’images et de multiplication de leurs canaux de difusion, il est de plus en plus indispensable de ne pas priver les jeunes générations de cette expérience du cinéma qui nous a été si généreusement offerte depuis plus d’un siècle. Et surtout de ne pas laisser s’affadir un art et ses artistes qui expriment si puissamment sur grand écran la vie, l’imaginaire et les tourments de nos contemporains. Au cours de cette journée d'échanges, nous prendrons le temps d'écouter de jeunes spectateurs parler de leur expérience de la salle et du cinéma, de partager des initiatives que prennent les exploitants européens pour inventer la salle de demain et développer des actions en direction du jeune public mais aussi de réfléchir sur des perspectives de développement des différents modes ou supports de la diffusion cinématographique. Seront présents pour témoigner et échanger sur ces questions, autour de Marc Voinchet : Julien Neutres, directeur de la création, des territoires et des publics, CNC Gabriele Bertolli, Creative Europe, programme Media François Aymé, cinéma Jean Eustache, Pessac, président de l'AFCAE Hugues Borgia, directeur général de UGC Ciné Cité Christian Braüer, président de l'AGKino Gilde, Allemagne Carole Desbarats, historienne, critique et administratrice des Enfants de cinéma Jean-Michel Frodon, historien, critique et enseignant de cinéma Michèle Halberstadt, productrice, ARP Sélection Joséphine Létang, La Toile, ofre VOD pour les salles Nina Pece, Kinodvor, Ljubljana, Slovénie Madeleine Probst, Watershed, Bristol, Grande-Bretagne

Yannick Reix, Café des images, Hérouville-Saint-Clair, président de l'ACOR Nour-Eddine Saïl, ancien directeur du Centre cinématographique marocain Agnès Salson, co-auteure de "Rêver les cinémas, demain" Nico Simon, Utopolis Cinemas Group, Luxembourg, président d'Europa Cinemas Participeront également aux échanges : des réalisateurs présents au festival et des éducateurs et enseignants impliqués dans la transmission du cinéma en direction des jeunes publics. Et, au travers de témoignages vidéo : des élèves de primaire, des collégiens, des lycéens et des étudiants du Maine-et-Loire.


•••• SOUTIEN ACOR ••• DEMONS IN PARADISE de Jude Ratman documentaire • Sri Lanka • 2017 • 1H34

Survivance • 21 mars 2018 | Festival de Cannes 2017 : séance spéciale

Site distributeur ici | Lien de visionnement disponible 1983, Jude Ratnam a cinq ans. Il fuit à bord d’un train rouge les massacres perpétrés contre les Tamouls par le gouvernement pro-cinghalais de Sri Lanka. Aujourd’hui, réalisateur, Jude parcourt à nouveau son pays du sud au nord. Face à lui défilent les traces de la violence de 26 ans d’une guerre qui a fait basculer le combat pour la liberté de la minorité tamoule dans un terrorisme autodestructeur. En convoquant les souvenirs enfouis de ses compatriotes ayant appartenu pour la plupart à des groupes militants, dont les Tigres Tamouls, il propose de surmonter la colère et ouvre la voie à une possible réconciliation.

Le film sera présenté, en partenariat avec l'ACOR, dans le cadre d'un prévisionnement AFCAE en région Pays de la Loire le 1er février 2018 au Ciné'fil à Vihiers (49). Propositions d'accompagnement du film à venir.

" Comment nos espoirs ont-ils pu se transformer en une telle cruauté ?" C'est à cette redoutable question, en traversant le miroir ethnique, que s'est confronté le réalisateur sri lankais Jude Ratnam dans son documentaire Demons in Paradise (…) découvert en séance spéciale de la sélection officielle du 70ème Festival de Cannes. On se rappelle d'ailleurs que c'est sur cette même Croisette en 2015 que Jacques Audiard expliquait qu'il avait choisi le Sri Lanka et la guérilla des Tigres tamouls comme point de départ de Dheepan car peu de gens en Europe savaient précisément de quoi il s'agissait. Et bien, désormais, avec Demons in Paradise, nul ne peut ignorer les deux faces obscures d'un conflit où les manifestations de haine de la majorité cinghalaise contre la minorité tamoule se sont transformées en un conflit armé de trente ans durant lequel, de surcroît, les leaders des opprimés se sont aussi métamorphosés en oppresseurs de leurs propres frères. Cette opération clinique de douloureuse autocritique, Jude Ratnam la mène en deux temps, en revenant d'abord à la racine du mal, héritage indirect du colonialisme. "Ne parle pas tamoul, sinon ils vont nous tuer" : ces paroles de sa mère en 1983 lors des émeutes de Colombo, alors que le cinéaste était âgé de cinq ans, restent gravées dans sa mémoire au point que même aujourd'hui, entendre parler son propre fils en tamoul le met mal à l'aise : "j'ai l'impression que les gens le regardent". Racontant la fuite à l'époque des Tamouls (...) et les conséquences de la terreur sur la santé mentale de la mère de son oncle, Ratnam prend ensuite le sillage de ce dernier qui s'était engagé dans la lutte armée et qui sert de témoin principal au film qui se déplace à Jaffna, la "patrie des Tamouls". Débute un récit détaillé des guerres intestines entre les différentes factions tamoules, et en particulier des exactions des Tigres : "ils tuaient un par un ceux qui s'opposaient à eux", "ils voulaient créer un Etat pur et effacer les impurs". Mémoire des exécutions publiques, souvenirs perturbants : "c'est ici qu'ils ont brûlé des garçons dans des pneus" (…) Traitant l'histoire par le biais de l'intime, le documentaire opère sa catharsis surtout à travers l'examen de conscience émouvant de l'oncle du réalisateur et livre, entre autres, une réunion saisissante autour d'un feu d'anciens guérilleros de différents groupes qui reviennent, sans se voiler la face, ni s'en vanter, sur leurs méfaits du passé. Filmé sur plusieurs années, Demons in Paradise est également une oeuvre potentiellement dangereuse pour son auteur qui va à contrecourant en éclairant la situation sous deux angles et en luttant contre un phénomène généralisé d'oubli volontaire. Un coup de projecteur sur tous les fantômes qui hantent le pays qui se révèle un travail douloureux on ne peut plus louable et absolument indispensable car "presque toutes les traces de la guerre on été effacées, mais la peur est juste cachée". (…) Fabien Lermercier • Cineuropa

SOUTIENS GNCR LES GARÇONS SAUVAGES de Bertrand Mandico France • 2017 • 1H51 • avec Pauline Lorillard, Vimala Pons, Diane Rouxel, Anaël Snoek, Mathilde Warnier, Sam Louwyck, Elina Löwensohn, Nathalie Richard | UFO • 28 février 2018 Festival de Venise 2017, Entrevues de Belfort 2018, Etrange Festival 2018

Site distributeur ici | Edition d'un document d'accompagnement GNCR Début du vingtième siècle, cinq adolescents de bonne famille épris de liberté commettent un crime sauvage. Ils sont repris en main par le Capitaine, le temps d’une croisière répressive sur un voilier. Les garçons se mutinent. Ils échouent sur une île sauvage où se mêlent plaisir et végétation luxuriante. La métamorphose peut commencer…

La confiance qu’on avait placé en notre cher Bertrand Mandic(ha)o(s) depuis ses courts métrages était grande. (…) Et, bonheur total, ce coup d’essai se révèle une déflagration de plaisir sans précédent. Le goût du chaos dans la bouche, des traces sur les mains et entre les jambes. On aimait déjà l’idée de ces Garçons Sauvages qui ne le resteront pas longtemps. Et on les aime encore plus après la vision de ce trip aux relents d’opium, totalement et forcément hors-sol à l’égard de la production française actuelle. En l’état, c’est peut-être le plus grand choc qu’on ait vécu depuis Les rencontres d’après-minuit. Logique, quand on sait que le cinéma de Mandico est une sorte de jumeau maléfique de celui de Yann Gonzalez. Depuis le temps, depuis tous ses courts, on voyait ce fan de Borowczyk courir après l’organique, le déviant, le décadent. Courir après des obsessions et une forme de cinéma qui n’existent plus, ou si peu. En résultent des fantasmes spongieux et bariolés, qui n’ont pas peur du camp ou du dégueulasse, du maniérisme ou du mauvais goût, fuyant à tout prix la «révolution» numérique. (…) Dans Les garçons sauvages, son shaker mâche, avale, digère des auteurs comme on n’en fait plus : Arrabal, Genet, Burroughs (évidemment), Terayama, Jaeckin, Anger, Cocteau. Puis il recrache et inonde chaque plan, chaque respiration de ce capharnaüm somptueux. Idée simple mais grandiose, les garçons sauvages du titre, «unis pour le meilleur et surtout pour le pire», sont tous incarnés par de jeunes actrices grimées à la perfection, opérant un trouble savant et mortel. Adieu sylphides, déesses: à l’écran on ne voit que petites frappes et sales gosses de riches possédés par le Trevor, cette pulsion d’ultra-violence qui les pousse à commettre l’irréparable. [...] Élancé entre un noir et blanc d’un autre temps et des séquences couleurs fulgurantes, Les Garçons Sauvages opère comme un enchantement absolu et insolent. Orgie de plumes sur fond de Nina Hagen, fruits poilus courageusement dévorés, chimère nocturne aux yeux fluo, fontaines juteuses, sexes dressés ou arrachés, cadavre caressé ou crâne étincelant: entre les visions chocs sans limites, Mandico rivalise d’inventivité avec des techniques vieilles comme le monde pour évoquer la magie du cinéma, nous ramène à un temps de transgression poétique, sans peurs et sans reproches. Sous les synthés orgasmiques de Pierre Desprats, entre le sucré et le salé, l’horrible et le magnifique, le masculin et (surtout) le féminin nous voilà, très loin. Voyage divin, au delà du chaos. Jérémie Marchetti • www.chaosreigns.fr


MADAME HYDE de Serge Bozon France • 2017 • 1h35 • avec Isabelle Huppert, Romain Duris, José Garcia

Haut et Court • 28 mars 2018

Festival de Locarno 2017 : prix d'interprétation féminine pour I. Huppert | Entrevues de Belfort 2017

Site distributeur ici | Edition d'un document d'accompagnement GNCR Une timide professeure de physique dans un lycée de banlieue est méprisée par ses élèves. Un jour, elle est foudroyée pendant une expérience dans son laboratoire et sent en elle une énergie nouvelle, mystérieuse et dangereuse...

[…] Bozon adapte ici librement Le cas étrange du Docteur Jekyll et Mister Hyde de Robert Louis Stevenson, et cette fois, c’est une femme qui incarne le bien et le mal, la soumission et l’affirmation de soi. Madame Hyde est un personnage féminin qui va au-delà du cliché de l’enseignante introvertie et soumise, fragile et peu sûre d’elle. Certes, Madame Géquil ne semble pas, surtout au début du film, une héroïne prête à dévorer le monde, mais c’est justement son apparente soumission aux faits (et à ses élèves, sauf Malik, un garçon un peu différent des autres qu’interprète à merveille Adda Senani) qui rend sa métamorphose finale d’autant plus grandiose. Sa revanche n’est pas une revanche sanguinolente comme celle des héroïnes de Tarantino, mais plutôt une prise de conscience des ressources qui sont siennes. Entrer dans l’univers de Bozon implique un “lâcher prise” tout particulier du réel qu’on connaît, une acceptation de l’absurde et de l’invraisemble dans une enveloppe à la fois élégante et rétro. En d’autres termes, il est inutile de chercher à “comprendre” Bozon ; il s’agit de se laisser aller et de goûter pleinement l’ingéniosité esthétique de son cinéma et la galerie de personnages qu’il compose, des personnages élégants, irrévérencieux, merveilleusement absurdes. Madame Hyde, interprétée avec une classe indéniable par une Isabelle Huppert lunaire et incandescente (à tous niveaux), et le proviseur précieux, joué par un Romain Duris délectable, sont deux exemples parfaits des personnages qui peuplent l’univers de Bozon : riches en ambiguités et en contradictions, fondamentalement gentils bien qu’ils aient aussi une part d’ombre souvent inquiétante. L’objectif de Bozon n’est manifestement pas tant de faire un film sur l’éducation qu’un récit sur le rapport contradictoire d’amour et de haine qui unit professeurs et élèves. Comment alimenter la flamme de la connaissance ? Comment rapprocher les élèves du savoir ? La société dans laquelle vivent les jeunes gens du lycée professionnel où enseigne Madame Hyde n’est sans doute pas rose : les grands immeubles de banlieue dévorent le décor comme des monstres de ciment prêts à attaquer, et renvoient à un destin peu glorieux qui semblent déjà tout tracé. De l’autre côté du spectre, la vie de l’enseignante insolite semble immuable, comme un havre de paix (réel ou pas) dans le chaos des temps. Les personnages de Bozon semblent porter des masques, comme si leurs émotions n’arrivaient pas à s’exprimer à ciel ouvert. Cet apparent détachement par rapport au monde qui les entoure les rend incroyablement intrigants et mystérieux, comme des marionnettes désarticulées avec lesquelles le réalisateur s’amuse pour son bon plaisir. […] Madame Hyde nous emmène loin, dans un monde où le calme se transforme en miraculeuse tempête. Muriel Del Don • Cineuropa

NUL HOMME N'EST UNE ÎLE de Dominique Marchais France • 2017 • 1H32

Météore Films • 4 avril 2018 | Festival de Belfort 2017 : Grand Prix

Edition d'un document d'accompagnement GNCR | Site distributeur ici Nul Homme n’est une île est un voyage en Europe. Des agriculteurs de la coopérative le Galline Felici en Sicile aux architectes, artisans et élus des Alpes suisses et du Voralberg en Autriche : tous font de la politique à partir de leur travail et se pensent un destin commun. Le local serait-il le dernier territoire de l’utopie ?

A l’intérieur du Palais communal de Sienne, une immense et superbe fresque évoque « le Bon et le Mauvais Gouvernement ». Cette œuvre d’art exceptionnelle symbolise une philosophie intemporelle. Douceur de vivre, activité citadine, beauté de la nature toscane, accompagnent une croissance économique partagée, tandis que de l’autre côté, la domination tyrannique entraîne obligations, châtiments, destruction. Moralité : chercher le bien commun est l’unique forme de gouvernement viable. Cette allégorie sert de fil rouge au documentaire, un plaidoyer pour le développement raisonné et solidaire. [...] Tout d’abord, au pied de l’Etna, une coopérative agrumière lutte contre la transformation de zones agricoles en zones commerciales, bétonnées et stériles. Le regroupement fait vivre environ 150 personnes. Des liens de solidarité avec les distributeurs, la responsabilité partagée entre coopérateurs, le souci de l’avenir, permettent de lutter contre les pressions locales et de développer une agriculture biologique. Dans le canton des Grisons en Suisse, un prof d’architecture exhorte ses élèves à utiliser le matériau traditionnel en cohérence avec l’habitat local. Ici, on favorise l’emploi local, car ce paysage bucolique n’échappe pas à la désertification. Chose réussie en Autriche, dans le Bregenzerwald, où le bois est la grande ressource du pays. Un Werkraum regroupant 90 petites entreprises permet de s’équiper local. La création d’une école en bois a symbolisé le renouveau du village. Enfin, au bord du lac de Constance, un chercheur analyse la situation de la planète : « Il ne s’agit pas de prévoir l’avenir, mais de le rendre possible », écrivait Saint-Exupéry. En clair, les exhortations à prendre conscience du réchauffement climatique, de l’épuisement de la planète, … ne servent à rien. Il faut questionner les citoyens, les impliquer, ils trouveront des idées concrètes afin de vivre dans un monde harmonieux, dont chacun se sent responsable. Le titre du documentaire, d’après John Donne, poète du 16ème siècle, illustre parfaitement le propos solidaire : « Nul homme n’est une île, un tout en soi ; chaque homme est partie du continent … » Nicole Cordier • le blog Entrevues


CORNÉLIUS, LE MEUNIER HURLANT de Yann Le Quellec

France • 2017 • 1h42 • avec Bonaventure Gacon, Anaïs Demoustier, Gustave Kervern, Denis Lavant Festival de Belfort 2017 | Ad Vitam • 2 mai 2018

Edition d'un document GNCR | Site distributeur ici Un beau jour, un village du bout du monde voit s'installer un mystérieux visiteur, Cornelius Bloom, qui aussitôt se lance dans la construction d'un moulin. D’abord bien accueilli, le nouveau meunier a malheureusement un défaut: toutes les nuits, il hurle à la lune, empêchant les villageois de dormir. Ces derniers n’ont alors plus qu’une idée en tête : le chasser. Mais Cornelius, soutenu par la belle Carmen, est prêt à tout pour défendre sa liberté et leur amour naissant.

Avec ce récit burlesque et tragique, où les corps et décors en disent bien plus que les mots, Yann Le Quellec poursuit l'exploration d'un univers ultra physique et chorégraphié, qui associe habilement l'art du cinéma à celui de la BD. Et filme avec grâce une nature profondément ambivalente, faite de souffrance et d'immense beauté. Laurence Reymond • festival de Belfort

[…] On y trouve féerie et réalisme : le moulin est construit en un temps record par un homme seul, son fonctionnement est une prouesse, mais se plie aux exigences de la technique. Les époques se chevauchent joyeusement : l’architecture de bois a une touche écologique, les machines sont ancestrales, l’aspect du village est médiéval, les vêtements des habitants mêlent les XIX°, XX° et XXI° siècles, et les musiques sont tout aussi variées. Toute cette fantaisie illustre une problématique éternelle, celle du rejet de l’autre, et des différences jugées inacceptables. Les qualités de Cornélius : force physique hors du commun, intelligence pratique, ponctualité, sens de la justice, ajoutées au service indéniable qu’il rend à la collectivité en fournissant une farine excellente, ne pèsent pas face à son handicap. Victime de crises d’épilepsie accompagnées de hurlements, le meunier entraîne la panique au village, bientôt suivie d’un projet d’exclusion, manu militari au besoin. L’aide de Carmen, la fille du maire, improbable conseillère agricole un peu magicienne, séduite par ce taiseux original, ainsi que celle d’un médecin lucide, pessimiste et résigné, plutôt hors normes lui-même (Denis Lavant campe une sorte de Céline, médecin des marginaux , porté sur la bouteille) sera-t-elle suffisante ? C’est un film original, tourné dans les paysages magnifiques du cirque de Navacelle, en Occitanie. Le premier long métrage de Yann Le Quellec touche à un problème essentiel à la survie de l’humanité, l’acceptation des différences. Marie-Antoinette Vacelet et Nicole Labonne • http://fonderie-infocom.net/entrevues/2017

LA NUIT OÙ J'AI NAGÉ de Damien Manivel & Kohei Igarashi France/Japon • 2017 • 1H19 | Shellac - Sortie : prochainement Festival de Venise 2017 | Festival de Sab Sebastian 2017 | Entrevues de Belfort 2017

Edition d'un document GNCR | Site distributeur ici Entretien (écrit) avec les réalisateurs ici Les montagnes enneigées du Japon. Comme chaque nuit, un poissonnier se rend au marché en ville. Réveillé par son départ, son fils de six ans n’arrive pas à se rendormir. Dans la maison où tout le monde dort, le petit garçon fait un dessin qu’il glisse dans son cartable. Le matin, sa silhouette pleine de sommeil s’écarte du chemin de l’école et titube dans la neige, vers la ville…

Une oeuvre audacieuse, aussi simple que fascinante, au charme entêtant, signée par le Français Damien Manivel et le Japonais Kohei Igarashi C'est un petit bonhomme de six ans, haut comme trois pommes, qui s'ébroue comme un chiot et marche en chancelant dans la neige sous le poids de son cartable d'écolier. Mais ce n'est pas dans sa salle de classe qu'il se rend car il a pris la tangente aux abords de son établissement scolaire pour se lancer dans un étonnant périple d'une journée qui est au coeur de La Nuit où j'ai nagé, un long métrage très singulier réalisé par un duo assez inhabituel de cinéastes : un Français ( Damien Manivel, déjà apprécié avec les originaux Un jeune poète et Le Parc) et un Japonais (Kohei Igarashi, remarqué avec Hold Your Breath Like a Lover). Née d'une rencontre à Locarno, l'association a dévoilé (...) le fruit d'un travail qui se révèle un véritable tour de force de simplicité et de charme. En effet, le film ne recèle aucun dialogue, ni voix-off, mais juste les sons de la vie environnante. En se plaçant ainsi dans la bulle de l'enfance et dans le sillage de leur petit personnage, les deux réalisateurs réussissent à restituer toute la fraicheur et l'inconscience de cet âge, une ambition loin d'être évidente sur le papier et parfois proche du funambule oscillant sur son fil, mais qu'ils mènent subtilement à son terme, le charme opérant sur la longueur et le film laissant une talentueuse empreinte dans l'esprit du spectateur. […] Filmé en très beaux plans fixes et jouant à merveilles des ambiances sonores, La Nuit où j'ai nagé est une oeuvre tissée avec un grand art de la simplicité allusive. Souvent drôle et sachant ménager en douceur un minimum de suspense autour de son fil conducteur ultra-réaliste, le film a presque l'allure d'un conte poétique des temps modernes sur les liens profonds unissant deux êtres et sur le monde contemporain qui les sépare, un espace qui semble infranchissable et qui pourtant ne l'est pas dans l'âme innocente d'un enfant. Fabien Lemercier • Cineuropa

ACCOMPAGNEMENT DES FILMS SOUTENUS PAR LE GNCR • EX LIBRIS – THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY de Frederick Wiseman : "REGARD(S)" de Arnaud Desplechin ici • LA MISE À MORT DU CERF SACRÉ de Yorgos Lanthimos : fiche spectateur ici • WESTERN de Valeska Grisebach : fiche spectateur ici • BRAGUINO : "RENCONTRE(S)" avec Clément Cogitore ici • PROBLEMSKI HOTEL : "RENCONTRE(S)" avec Manu Riche ici + fiche spectateur ici • MAKALA : "RENCONTRE(S)" avec Emmanuel Gras ici + fiche spectateur ici + prise en charge du déplacement du réalisateur dans les salles adhérentes • L'USINE DE RIEN de Pedro Pinho : "REGARD(S)" de François Bégaudeau sur le film ici + fiche spectateur ici


SOUTIEN ACID FINDING PHONG de Tran Phuong Thao et Swann Dubus

Vietnam • 2016 • 1H32 | JHR Films • 14 février 2018

Edition d'un document d'accompagnement ACID Site distributeur ici • Site ACID ici Phong, benjamine d’une famille de six enfants, a grandi dans une petite ville au Vietnam. Depuis son plus jeune âge, elle s’est toujours considérée comme une fille prise au piège dans un corps de garçon. Lorsqu’à 20 ans elle rejoint Hanoi pour entrer à l’université, elle découvre qu’elle n’est pas l’unique personne à vivre cela. Caméra au poing, Phong décide alors de vivre en accord avec elle-même et amorce une métamorphose qui l’amène à affronter les peurs de sa famille, à éprouver la valeur de ses amis, puis à découvrir les jeux de séduction et la sexualité…

Comment est né le projet ? Swann Dubus Mallet : Phong est une amie de notre producteur. Elle a partagé avec lui ses peines et ses espoirs. Il nous a contactés pour faire un film sur son histoire. Comme j’étais à Paris où je terminais la post-production de notre film précédent, Thao a rencontré Phong seule. Elle m’a appelée pour me dire qu’on ne pouvait pas faire ce documentaire. C’était une trop grosse responsabilité pour nous, compte tenu de l’état de solitude et de tristesse de Phong à l’époque. De retour au Vietnam, nous avons revu Phong avec notre producteur. Il nous a expliqué que cette histoire nous offrait l’opportunité de parler plus globalement de la société vietnamienne, de la famille, du genre qui sont des thèmes qui s’inscrivent davantage dans notre univers. On a alors accepté, tout en sachant que c’était une grande responsabilité vis-à-vis de Phong. […] En quoi Phong était un personnage de cinéma selon vous ? SDM : Phong se considérait comme un personnage elle-même avant le tournage. De toute façon, elle aurait fait quelque chose de sa transition et de son histoire. Sous quelle forme ? Je ne sais pas. Cela se serait peut-être résumé à des posts sur Facebook et à des photos. En tout cas, elle avait un vrai désir de se mettre en scène. La difficulté était de rentrer dans son univers intime, directement, sans avoir eu le temps, au préalable, de s’apprivoiser. C’est de là qu’est venu le désir de lui confier une caméra pour qu’on apprenne à se connaître par ce biais-là. On la rencontrait une fois par semaine et elle nous remettait les cartes qui comportaient une heure de rushes en moyenne. […] Entretien avec les réalisateurs extraits du dossier de presse

*** PROCHAINS SOUTIENS ACID *** LE RIRE DE MADAME LIN (Sophie Dulac • 27/12/17) | BELINDA de Marie Dumora (New Story • 10/01/18) | LES DESTINÉES D'ASHER de Matan Yair (les Acacias • 21/03/18) | COBY de Christian Sonderegger (Epicentre • 28/03/18)

NOUVEAU SYSTÈME D'ENVOI DE DEPLIANTS ET NOUVEAU SITE DE L'ACID Dans un souci de gain de temps et d'espace mais aussi pour que vous fassiez des économies, nous changeons de système pour les envois de dépliants spectateurs. Pour la commande, cela reste inchangé soit vous passez par notre nouveau site internet directement sur les fiches films soit vous vous faites un mail à programmation@lacid.org Pour le stockage, les documents seront disponibles chez SONIS.Si vous n'avez pas transporteur, les tarifs d'envoi Exapac seront de 10,44€ pour 250 documents soit 5kg. Paquet de 250 exemplaires = 25€ TTC (gratuit pour les salles qui ont l'adhésion ACID à 120€).

SOUTIENS AFCAE ACTIONS PROMOTION JUSQU'À LA GARDE de Xavier Legrand France • 2017 • 1H33 • avec Denis Ménochet, Léa Drucker, Thomas Gioria

Haut et court • 7 février 2018 Mostra de Venise 2017 : Lion d'Argent / Prix de la mise en scène et Lion d'Argent / Meilleur premier film

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive.

Xavier Legrand avait été remarqué par un court-métrage, Avant que de tout perdre (2014), nommé aux Oscars et récompensé aux César. Avec Jusqu’à la garde, son premier long métrage, le cinéaste a fait sensation à la Mostra de Venise, au point de remporter le Lion d’argent du meilleur réalisateur. Et pour un coup d’essai, il n’est pas abusif de parler de coup de maître, tant ce récit d’un couple en désagrégation frappe par un scénario qui rompt avec les conventions, mais aussi par une mise en scène fluide et sobre, qui n’est pas sans évoquer le Kieslowski du Décalogue. Le premier quart d’heure, tant fascinant que déconcertant, donne le ton, avec un plan séquence éblouissant dans le bureau d’une juge des divorces, qui a convoqué les deux anciens époux, en litige quant à la garde de l’enfant. La plaidoirie des deux avocates donne lieu à une abondance de dialogues juridiques auxquels le cinéma ne nous habitue pas, et laisse le spectateur autant dubitatif que la magistrate quant à la véracité des versions proposées. Antoine est-il vraiment cet ancien époux jaloux et possessif qui exerce une pression sur son ex et ses enfants ? Miriam n’en fait-elle pas trop dans le rôle de la victime, au point de vouloir empêcher un père de témoigner son amour à l’égard de son fils et de sa fille ? Et pourquoi le certificat médical confirmant la blessure de la jeune Joséphine a-t-il été signé par la seule infirmière scolaire ? (...) Jusqu’à la garde n’est pas un film dossier de plus sur le drame du divorce, et évite fort heureusement les dérives lacrymales du surestimé Kramer contre Kramer de Robert Benton. Ce n’est pas non plus le portrait sociologique d’une société en crise qui sacrifie les enfants victimes de l’individualisme des parents, comme avait pu l’être Faute d’amour d’Andreï Zviaguintsev. Enfin Jusqu’à la garde ne cherche pas à concilier étude psychologique et envolées poétiques, à l’instar d’Un week-end sur deux, l’excellent premier long métrage de Nicole Garcia. L’œuvre de Xavier Legrand a donc sa propre approche de cette thématique, la laissant fusionner avec d’autres (la folie ou la violence) et en empruntant les codes du thriller et du film à suspense. Et malgré des références qu’il assume (La Nuit du chasseur, Shining), ou que l’on pourrait déceler (Pialat pour le naturalisme et les scènes d’engueulades), son film ne s’enferme pas dans l’exercice de style de cinéphile. Jusqu’à la garde est un bel objet insolite, qui prendra réellement le spectateur aux tripes, avec pourtant une démarche austère et dépouillée aux antipodes d’un cinéma de l’esbroufe. […] Gérard Crespo • www.avoir-alire.com


TESNOTA - UNE VIE À L'ÉTROIT de Kantemir Balagov France • 2017 • 1H58 • avec Darya Zhovner, Olga Dragunova, Veniamin Kats, Artem Tsypin, Nazir Zhukov ARP Selection • 7 mars 2018 | Un Certain regard • Cannes 2017

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici 1998, Nalchik, Nord Caucase, Russie. Ilana, 24 ans, travaille dans le garage de son père. Un soir, son jeune frère David et sa fiancée sont kidnappés. Une rançon est réclamée. Au sein de cette communauté juive repliée sur elle-même, appeler la police est exclu. Comment réunir la somme nécessaire pour les sauver ?

(…) La pépite inespérée, ce marronnier du Festival de Cannes qu’on s’arroge chaque année le droit d’attendre… On l’a touchée du doigt mercredi, même si pas totalement enlacée. Mais Tesnota, une vie à l’étroit, premier film de Kantemir Balagov, né à Nachlik dans le Caucase du Nord, aura été, pour sa plus grande partie, la déflagration attendue par des spectateurs exténués et peut-être, à ce stade de la compète, un peu blasés, soudain sortis de leur torpeur par la révélation de deux talents inconnus : son réalisateur de 26 ans et sa comédienne, l’ébouriffante Darya Zhovner, dont c’est aussi le premier film. Plongée conjuguée dans les communautés juives et kabardes du Caucase du Nord à la fin des années 90, Tesnota s’intéresse à un fait divers qui s’est déroulé dans la ville natale du réalisateur alors qu’il avait 7 ans, et dont le récit, des années plus tard, l’a fasciné. Ce kidnapping (la pratique était courante à l’époque) visait deux jeunes fiancés juifs, et la rançon conséquente exigée des familles, sans doute déterminée par des préjugés antisémites, allait causer de multiples déflagrations intimes et communautaires. Dans Tesnota, la place dévolue à cette communauté est devinée plus qu’expliquée, notamment par la répétition de cadres enfermant ses personnages, particulièrement Ilana, sœur du kidnappé (la belle Darya Zhovner, donc). Le contraste entre ses élans, sa vivacité, et les espaces clos dans lesquels elle évolue, saisis en format 1:33, augmente la claustrophobie qui suinte de partout dans le film et lui donne à elle une grâce bouleversant e. On la découvre allongée sous une voiture, en salopette, au travail dans le garage de son père. Les deux, unis par une complicité manifeste, se rendent ensuite au dîner de fiançailles du fils de la famille, où Ilana est incapable de râper les carottes que lui tend sa mère. Peu après, s’éclipsant en cachette du dîner, elle sort flirter avec son amant kabarde, Zalim (Nazir Zhukov), qui fera mine de l’enfermer dans le coffre de sa voiture, sorte de programme narratif et esthétique de ce qui s’annonce. Toute la patiente exposition du film, cette intimité hyper texturée qu’elle met en scène, la délicate complexité des personnages en font l’une des ouvertures les plus magistrales qu’il nous ait été donné de voir depuis longtemps. Une fois le rapt advenu, s’offrait à l’intrigue, en plus de l’examen de ses répercussions intimes, d’examiner la politique des rapports communautaires en présence, regarder ce que dit cette petite histoire d’un trop grand pays et conquérant. Tesnota le fait, un peu, notamment lors de la diffusion saisissante d’une vidéo de décapitation en Tchétchénie, qui met en lumière le mal vivre-ensemble qui règne dans l’empire. Mais si l’on a un regret, qui empêche à nos yeux le film d’accéder au chef-d’œuvre, c’est le rétrécissement qui le prend alors, Balagov ayant préféré envisager ce fait divers comme un laboratoire du sacrifice. La grandeur politique s’est perdue en route, mais à ce niveau de maîtrise, on préfère garder l’impression que l’on a assisté, avec Tesnota, à la naissance d’un cinéaste. Elisabeth Franck-Dumas • Libération

SOUTIENS AFCAE PATRIMOINE / RÉPERTOIRE LE BEL ANTONIO de Mauro Bolognini Italie • 1H45 • avec Claudia Cardinale, Marcello Mastroianni, Pierre Brasseur Festival de Locarno 1960 : Léopard d'or | Théâtre du temple • 28 mars 2018

Edition d'un document accompagnement AFCAE Toutes les femmes sont amoureuses du bel Antonio. Mais lorsqu'il épouse Barbara, Antonio ne s'avère pas être l'amant espéré... Tout le monde est rapidement au courant et le jeune homme devient la risée de la ville.

Aborder de nos jours le thème de la virilité, de l’impuissance et des mœurs sexuelles dans notre société se révèle déjà assez délicat et quand il se trouve des cinéastes pour s’y plonger, cela ne va pas souvent sans verser dans la gaudriole, le grossier, la complaisance ou le scabreux. Imaginez la même chose au tout début des années soixante où le sujet devait être encore plus tabou ! Saluons l’audace et l’intelligence de Mauro Bolognini et de son jeune scénariste, un dénommé Pier Paolo Pasolini (déjà auteur de l’histoire et du scénario de ses deux films précédents dont une excellente chronique de la jeunesse italienne, Les Garçons - La Notte brava) d’avoir osé s’y attaquer de front et de nous avoir délivré, avec un regard féroce, une peinture satirique, grinçante et sans concessions d’une société italienne où l’anormalité sexuelle est vue comme une plaie, sans avoir eu besoin d’être vulgaire ou de mettre en scène une quelconque scène de sexe. Saluons aussi le courage de Marcello Mastroianni qui, quelques semaines après La Dolce Vita, ne craignait pas à cette occasion de remettre sa carrière en danger en mettant à mal une seconde fois son personnage de séducteur débonnaire (merci à Jacques Charrier d’avoir refusé le rôle), et celui de Claudia Cardinale qui a dû tenir ici un rôle ingrat assez déplaisant. Le jury de Locarno ne s’y est pas trompé, octroyant au Bel Antonio la récompense suprême de son festival en 1960, le Léopard d’or.

[…] le travail du duo (l'adaptation d'un roman se déroulant sous l’Italie fasciste signé par Vitaliano Brancati, lui-même scénariste, notamment sur Voyage en Italie de Rossellini ainsi que sur plusieurs comédies interprétées par Toto) aboutit ici à quelque chose oscillant entre la comédie dissonante et le drame de mœurs sans que ça ne soit jamais ni franchement drôle ni franchement dramatique. Bref, une mixture assez originale tour à tour frondeuse ou touchante, un mélange de tons parfaitement rendu par la mise en scène qui, d’une séquence à l’autre, se fait soit réaliste soit formaliste. Mais surtout, le film parvient à traiter frontalement de thèmes très délicats sans aucune lourdeur malgré des dialogues cinglants et des personnages presque tous foncièrement antipathiques. Erick Maurel • DVDClassik


RÉTROSPECTIVE JACQUES PRÉVERT Tamasa • 21 février 2018

En partenariat avec l'ADRC | Document d'accompagnement à commander auprès de l'ADRC Cette rétrospective retrace en 17 films, réalisés entre 1934 et 2016, le parcours de ce grand poète populaire, scénariste, à travers le cinéma français.

LE CRIME DE MONSIEUR LANGE de Jean Renoir (France • 1936 • 1h24) Amédée et Valentine se dirigent vers la frontière belge. Ils trouvent asile dans un petit hôtel. Les consommateurs attablés sont perplexes. Cet homme ne serait-il pas monsieur Lange, l'homme que la police recherche pour le meurtre de son patron, l'imprimeur Batala ? Valentine, qui a surpris leur conversation, intervient. Oui, elle le reconnaît, c'est bien monsieur Lange. Mais elle prie les clients d'écouter toute l'histoire avant d'appeler la police.

LE JOUR SE LÈVE de Marcel Carné (France • 1939 • 1h37) François vient d'assassiner Valentin. Au comble du désespoir, il s'est barricadé dans son appartement. Tandis que la police l'assiège, il se repasse en pensée (flash-back) les événements qui l'ont conduit au crime.

SORTILÈGES de Christian-Jaque (France • 1945 • 1h40) Dans les Cévennes, Le Campanier, sorcier à ses heures, vit dans sa cabane. Un jour, il tue pour voler et partage son butin avec Fabret qu'il a envoûté et dont il convoite la fille.

JENNY de Marcel Carné (France • 1936 • 1h35) En réalité, ce lieu est une maison de rendez-vous et de jeux. Jenny a un jeune amant qu'elle entretient. Sa fille arrive à Paris, ignorant tout du métier de sa mère. Lors d'une visite à la maison de rendez-vous, elle rencontre le jeune amant…

UN OISEAU RARE de Richard Pottier (France • 1935 • 1h30) Le valet de chambre d'un homme très fortuné remporte un séjour à la montagne. Son patron décide alors de séjourner avec lui, dans un hôtel qui, d'ailleurs, lui appartient, et se fait passer pour son valet. Berthier, un autre gagnant, est confondu avec le vrai millionnaire, déclenchant nombre de quiproquos...

SI J'ÉTAIS LE PATRON de Richard Pottier (France • 1934 • 1h44) Un jeune ouvrier intelligent, entreprenant mais vantard, répète à tous les vents que, s'il était le patron, on verrait ce qu'on verrait. Un des principaux actionnaires de l'usine le prend au mot pour vingt-quatre heures. L'ouvrier lance son invention, enrichit tout le monde et épouse la secrétaire qu'il aime.

LES AMANTS DE VÉRONE d'André Cayatte (France • 1949 • 1h45) A Venise, Georgia Maglia, fille d'un magistrat fasciste et Angelo, un souffleur de verre, doublent les deux vedettes d’une adaptation cinématographique de Roméo et Juliette. Très vite le jeu laisse place à la réalité et les deux jeunes gens tombent fous d’amour l’un pour l’autre. A l’image du drame de Shakespeare, leur passion est aussi tourmentée que menacée, en particulier par Raffaele, un malfrat.

LES ENFANTS DU PARADIS de Marcel Carné (France • 1945 • 3h02) 1828. Sur le boulevard du Temple à Paris, alias boulevard du Crime, parmi les acteurs et les bateleurs, l’amour et la mort jouent la comédie. C’est d’ici que part la ronde capricieuse du destin qui contrarie toujours l’amour de la belle Garance et du mime Debureau. Autour d’eux, d’autres destins se jouent : celui de Nathalie, amoureuse de Debureau, et de Frédérick, amoureux de Garance…

LES PORTES DE LA NUIT de Marcel Carné (France • 1946 • 2h00) À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le temps d’une nuit parisienne de février 1945, le « Destin » orchestre l’aventure amoureuse et tragique entre le jeune résistant Diego et la belle Malou (mal) mariée à Georges, et dont le frère, Guy, est un ancien collaborateur ayant dénoncé son ami Raymond.

REMORQUES de Jean Grémillon (France • 1939 • 1h31) Lors du sauvetage d'un cargo, un marin marié recueille une jeune femme qui devient sa maîtresse.

POUR LE JEUNE PUBLIC LES DISPARUS DE SAINT-AGIL de Christian-Jaque (France • 1936 • 1h38) Au pensionnat de Saint-Agil, les élèves Beaume, Sorgue et Macroix ont fondé une société secrète, les « ChicheCapon », dans le but de partir pour l’Amérique. Une nuit, Sorgue aperçoit un étrange personnage qui traverse le mur de la salle de sciences naturelles. Le lendemain, il va brusquement disparaître, ouvrant une série d’événements mystérieux au pensionnat.

LE ROI ET L'OISEAU de Paul Grimault (France • 1980 • 1h27) Au royaume de Takicardie, le "Roi cinq et trois font huit et huit font seize" règne sans partage et s’ennuie. Il ne trouve de loisirs que dans quelques rares parties de chasse et des séances de peinture répétitives. Son seul divertissement est l’oiseau qui conteste son pouvoir et dont les chants nocturnes provoquent l’agacement des soldats. Les journées se répètent jusqu’au jour où une "charmante bergère et un petit ramoneur de rien du tout" peints sur les murs du château prennent vie. Le jeune couple veut s’échapper du royaume mais le Roi n’est pas de cet avis. Il ordonne à son armée de les capturer. L’oiseau fort de sa liberté ailée tente de les aider à trouver une issue. Dés lors s’engage une lutte entre le Roi et l’Oiseau …

De haut en bas : le Crime de Monsieur Lange, le Jour se lève, les Enfants du Paradis, les Amants de Vérone, les Portes de la nuit et Remorques

PROGRAMME DE COURTS-MÉTRAGES PRIX ET PROFITS de Yves Allegret (1932 • 20') | AUBERVILLIERS de Eli Lotar (1946 • 25') | LA SEINE A RENCONTRÉ PARIS de Joris Ivens (1957 • 31') | LE PETIT CHAPITEAU de Joris Ivens (1963 • 6') | DEUX ESCARGOTS S'EN VONT de Jean-Pierre Jeunet (2016 • 3.20')


SOUTIENS AFCAE JEUNE PUBLIC CRO MAN de Nick Park

Royaume-Uni • 2017 • 1H30 • dès 6 ans | Studio Canal • 7 février 2018

Site distributeur ici | Site du film ici Edition d'un document AFCAE Ma Ptite Cinémathèque Préhistoire, quand les dinosaures et les mammouths parcouraient encore la terre. L’histoire d'un homme des cavernes courageux, Doug, et de son meilleur ami Crochon, qui s’unissent pour sauver leur tribu d’un puissant ennemi.

Après le génial Shaun le mouton (2015) les studios britanniques Aardman, créateur de Wallace & Gromit sont de retour avec Cro Man (Early Man dans sa version originale). Propulsé en pleine préhistoire, le film, réalisé par Nick Park (à qui l'on doit, entre autre, Chicken Run mais aussi Wallace et Gromit : le mystère du lapin Garou, oscar du meilleur film d'animation en 2006) suit les aventures de Doug, un homme des cavernes vaillant accompagné de son meilleur ami Hognob, prêts à tout pour sauver leur tribu d'une terrible menace. les InrocksTv

LA RÉVOLTE DES JOUETS programme de courts métrages d'animation République Tchèque • 1947 / 1960 • 33' • dès 3 ans | Malavida • 4 avril 2018

Site distributeur ici | Edition d'un document AFCAE Ma Ptite Cinémathèque Dans ce programme, qui réunit 3 chefs-d’œuvre restaurés de l’animation tchèque, les jouets ne sont pas de simples objets inanimés, ils ont le pouvoir de prendre vie ! Ils peuvent ainsi endormir un bébé, affronter l’arrivée menaçante d’un train électrique ou se révolter contre la folie destructrice d’un officier de la Gestapo. Au plus proche de l’esprit de l’enfance, ces fables célèbrent l’imagination, la liberté et la poésie.

L'AVENTURE DE MINUIT de Bretislav Pojar (1960 • 13.13') A Noël, les jouets sous l'arbre s'amusent : le chef de gare et son ami le petit train de bois jouent joyeusement avec des cubes. Mais tout change quand surgit un train électrique.

LA BERCEUSE d'Hermina Tyrlova (1947 • 6.33') Une petite poupée de bois décide de faire tout son possible pour divertir un bébé qui n'a pas l'air de vouloir s'endormir.

LA RÉVOLTE DES JOUETS d'Hermina Tyrlova (1947 • 13.46') Dans l'arrière-boutique d'un fabricant de jouets en bois qui a fait une caricature d'Hitler, un officier de la Gestapo fait irruption et entreprend de détruire l'atelier. Mais les jouets se révoltent...

INFOS AGENCE DU COURT MÉTRAGE LES FILMS DE L’ÉTÉ programme de deux moyens métrages Fiction • France/Belgique • 2017 • 1H05 | Agence du court métrage • 10 janvier 2018

Programmation : Fabrice Marquat • 01 44 69 26 62 • f.marquat@agencecm.com

RIEN SAUF L’ÉTÉ de Claude Schmitz produit par Chevaldeuxtrois / Paradies • 35’ | Festival du cinéma de Brive 2017 : Grand Prix Europe

C’est l’été. A la recherche de calme et désireux de quitter la ville, Olivier loue une chambre dans un château situé à la campagne. Au fil des jours et des activités estivales, le jeune homme fait connaissance avec la faune qui gravite autour de la propriété.

LE FILM DE L’ÉTÉ d’Emmanuel Marre produit par Kidam / Michigan Films • 30’ | Prix Jean Vigo 2017

C'est un film d'autoroute, de touristes en transhumance, de tables de pique-nique en béton, de files d'attente pour les WC, de melons tièdes et de carwashs. C'est le film d'un homme qui veut partir et d'un petit garçon qui le retient. C'est le film de l'été.

Des corps alanguis au milieu d'un jardin, des aires d'autoroutes, des fleurs et des stations essence, des tours à vélo, des piaillements d'oiseaux, une boite de nuit, un melon, une bière, une baignade… avec la douceur et la mélancolie de toute bonne parenthèse estivale. Ce sont les films de l'été. Deux échappées belles pour prendre le temps de vivre et le temps de filmer. À rebours des canons de l'époque et des contraintes de l'industrie, Claude Schmitz et Emmanuel Marre se lancent l'un et l'autre dans une aventure de cinéma en ouvrant bien grand le champ des possibles, en créant les conditions d'un film au creux de la vraie vie: quelques jours de tournage entre amis, pas de scénario mais des situations posées comme terreau d'improvisation et capables d'accueillir l'imprévu du jeu et le chaland qui passe. Laisser le réel filtrer à travers les persiennes et peindre par touches toutes ces choses de la vie, ces petits riens attrapés comme des papillons dans un filet en 4/3 et ces grands maux aussi qui nous traversent, la vitalité de l'enfance comme les turpitudes de l'âge adulte, la fébrilité du moment présent ou le temps passé qui ne se rattrape plus. Elsa Charbit, Déléguée générale du Festival de Brive


INFOS DISTRIBUTEUR ATELIER DE CONVERSATION de Bernhard Braunstein Autriche • 2017 • 1H12 | Cinéma du réel 2017 | ASC distribution • 7 février 2018

Film soutenu par la Cimade – la Comede – l’agence de promotion du FLE – Le Secours Catholique Caritas France – Emmaus Solidarité – Les amis du Monde Diplomatique. Site distributeur ici | Pour organiser des séances avec débat, contacter Raymond Macherel : raymond.macherel@gmail.com. Dans la Bibliothèque publique d‘information, au Centre Pompidou à Paris, des personnes venant des quatre coins du monde se rencontrent chaque semaine, dans l‘Atelier de conversation pour parler français. Les réfugiés de guerre côtoient les hommes d‘affaires, les étudiants insouciants croisent les victimes de persécutions politiques. Malgré leurs différences, ils partagent des objectifs communs : apprendre la langue et trouver des allié(e)s et des ami(e)s pour pouvoir (sur)vivre à l‘étranger. C‘est dans ce lieu rempli d‘espoir où les frontières sociales et culturelles s‘effacent que des individus, dont les routes ne se seraient jamais croisées, se rencontrent d‘égal à égal.

[...] Atelier de conversation, délicat portrait, multiple et bigarré, des étrangers en France – et le nôtre, en creux –, exécuté avec beaucoup d’humour et de délicatesse par l’Autrichien Bernhard Braunstein (aidé en cela par les principaux intéressés). Il s’agit, comme on s’y attend, de filmer un atelier de conversation, lequel a lieu dans la Bibliothèque Publique d’Information à Paris et qui réunit toutes celles et tous ceux qui souhaitent exercer leur français, et leur sociabilité. On parlait plus haut dispositif ; celui-ci, (...) est simple et égalitaire : la caméra est posée au centre d’un cercle et chacun des participants est filmé à la même distance. Bernhard Braunstein a suivi 28 ateliers en un an et demi, après avoir lui-même bénéficié de cet atelier à son arrivée en France. Lieu de circulation par excellence – de la parole, de l’expérience – l’atelier n’est pas présenté comme un lieu de rencontre à proprement parler mais comme une agora en réduction : origines, motifs, situations, attentes, etc., chacun apporte ce qu’il veut de sa vie sur un plateau pour répondre aux thèmes du jour et aux autres. Des thèmes aussi variés que les stéréotypes, l’égalité homme-femme, l’existence de l’amour permettent à chacun de s’exprimer en confrontant leur point de vue avec celui des autres dans une langue étrangère pour tous qui oblige parfois à aller très à l’essentiel. L’émotion, qu’il s’agisse de colère, de rire ou de tristesse, affleure souvent au détour de discussions qui n’ont finalement rien d’anodin… Dire je, dans n’importe quelle langue, c’est prendre ce risque-là, laisser échapper quelque chose de fort en soi. Ainsi, ces conversations révèlent-elles une trop grande solitude, la douleur de l’exil, les plaies de la mémoire ; et des attentes déçues qui regardent la fraternité, la considération, l’attention, le respect. La France et les Français ont leur heure de gloire, et de déclin… on en prend pour son grade. Au montage, Bernhard Braunstein choisit de filmer le visage de l’écoute avant celui de la parole, ce qui nous force nous-mêmes à l’écoute… pour nous rappeler que c’est peut-être bien là que tout commence, dans l’écoute de l’autre, une première forme de la reconnaissance, et de l’accueil. Gaëlle B. Lerays • www.fichesducinema.com

INFOS LES ENFANTS DE CINEMA SOIRÉES DES ENFANTS DE CINÉMA 2017/2018 : CYCLE « DE L’AUDACE ! » au cinéma le Studio des Ursulines • Plus d'infos ici Séance animées par Carole Desbarats Mardi 7 novembre 2017 Mardi 5 décembre 2017 Mercredi 3 janvier 2018 Mardi 6 février 2018 Mardi 6 mars 2018 Mardi 3 avril 2018 Mercredi 2 mai 2018 Mardi 5 juin 2018 Mardi 3 juillet 2018

SA MAJESTÉ DES MOUCHES de Peter Brook SAUSAGE PARTY de Conrad Vernon et Greg Tiernan CŒUR DE VERRE de Werner Herzog CORPS À CŒUR de Paul Vecchiali LA CHINOISE de Jean-Luc Godard LEVEL FIVE de Chris Marker LA JEUNE FILLE SANS MAINS de Sébastien Laudenbach LA BARBE À PAPA de Peter Bogdanovich ZÉRO DE CONDUITE de Jean Vigo

DE L’AUDACE ! Certains films nous frappent par leur audace technique, formelle, intellectuelle, politique, morale... Ils sont parfois insupportables pour leurs contemporains et deviennent des classiques avec le temps. Mais l'inverse ne serait-il pas vrai ? Ne faudrait-il pas revoir des films que l'on a trouvés sulfureux il y a longtemps pour lesapprécier à l'aune de notre sensibilité actuelle ? Et certaines audaces formelles restent-elles encore innovantes aujourd'hui ? A travers neuf films dont le plus ancien date de 1933, Zéro de conduite de Jean Vigo, et le plus récent de 2016, l'inénarrable Sausage Party de Conrad Vernon et Greg Tiernan, nous interrogerons cette notion d'audace, les premiers mardis du mois, de novembre à juillet, en dialogue avec le public après ces projections présentées par l'association Les enfants de cinéma au Studio des Ursulines. Carole Desbarats


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