N°06 | 2018

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L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans cinq régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre Val de Loire, Normandie, Pays de la Loire et Nouvelle Aquitaine. Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma.

C O M M U N I Q U É A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ' o u e s t p o u r l a r e c h e r c he

N°06 Lundi 17 septembre 2018 p. 1 > Soutien ACOR p. 2, 3 et 4 > Soutiens GNCR p. 5 > Table-ronde ACID p. 5, 6 et 7 > Soutiens AFCAE Actions-promotion p. 7, 8 et 9 > Soutiens AFCAE Patrimoine / Répertoire / Soutiens ADRC P.10 > Infos ADRC

Directeur de publication : Yannick Reix et Antoine Glémain, co-présidents de l'ACOR | rédaction : Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat • contact@lacor.info • www.lacor.info | Avec le soutien du CNC et des DRAC des régions Centre Val de Loire, Pays-de-la-Loire, Nouvelle Aquitaine et Bretagne

••• SOUTIEN ACOR ••• SOPHIA-ANTIPOLIS de Virgil Vernier

France • 2018 • 1H38 • avec Dewi Kunetz, Hugues Njiba-Mukuna, Sandra Poitoux, Bruck, Lilith Grasmug | Shellac • 31 octobre 2018

Site distributeur ici Sophia-Antipolis, c’est le nom de ce territoire étrange entre la mer Méditerranée, la forêt et les montagnes. Sous un soleil aveuglant, des hommes et des femmes sont à la recherche d’un sens, d’un lien social, d’une communauté. Ils vont croiser le destin d’une jeune fille disparue.

Dans le cadre de son soutien, l'ACOR a commandé un texte sur le film à Adrien Denouette, critique à Critikat et Trois couleurs (Texte bientôt disponible) Celui-ci peut intervenir en salle pour accompagner le film. Le premier vrai choc de ce festival est arrivé le deuxième jour : c'est Sophia Antipolis, de Virgil Vernier, magnifique et fidèle reflet de notre époque. L'un des signes qu'un film est remarquable, c'est qu'il nous semble soudain en adéquation parfaite avec son époque, le reflet le moins déformé du Réel, une métaphore absolue, sans aberration (...), du monde dans lequel nous vivons. C'est le cas du nouveau film du cinéaste français Virgil Vernier ( Les Mercuriales), présenté ici à Locarno dans la bien-nommée sélection "cinéastes du présent". Sophia Antipolis, rappelons-le brièvement, est un technopole, un pôle d'activité mégalomaniaque (sur le projet) fondé à la toute fin des années soixante dans la région de Nice (...). Le film de Vernier nous en livre une image contemporaine. Une image terrible de nos civilisations "développées". [...] Le mode narratif du film est à la fois sophistiqué et d'une rare clarté, mené selon le système du marre-bout-de-ficelle avec une rare dextérité, où il est bien difficile au spectateur de savoir s'il se trouve dans un documentaire ou une fiction. Tout commence dans le cabinet d'un chirurgien esthétique où se présentent des jeunes et jolies femmes qui tiennent absolument à se faire refaire les seins, sans que l'on comprenne exactement pourquoi. Puis, nous nous retrouvons avec une jeune veuve d'origine vietnamienne qui n'a pas besoin de travailler pour vivre et qui s'ennuie. Qui va bientôt entrer dans une secte, sans souffrance, sans heurt, comme si tout était normal. C'est aussi là que le le film se montre admirable : il décrit, montre sans démontrer (...), sans juger. Tout ce que nous voyons est (a priori) normal. Or, pas du tout justement. […]. Sophia Antipolis nous entraîne dans la nuit de notre époque, un Moyen-Âge naissant, une ère obscure baignée du soleil de la côte d'Azur, où les êtres, perdus, abandonnés, en deuil, petits héros de leur vie, grands devant leur seule conscience, errent comme des fantômes à la recherche d'autres fantômes, sans jamais en retrouver la trace, en quête d'un sens impossible à obtenir. Sophia Antipolis est un grand film. Jean-Baptiste Morain • les Inrocks

Derrière le paysage de carte postale de la Côte d’Azur, le film Sophia Antipolis brosse le portrait oppressant d’un monde en manque d’idéaux. (…) Les palmiers, le bleu de la mer et du ciel se rejoignant à l’horizon, le soleil : les plages d’Antibes et de Nice offrent une synthèse des fantasmes du touriste en quête de calme et de volupté. Mais quelques dialogues dans le cabinet d’un chirurgien esthétique suffisent pour que derrière le rêve pointe le cauchemar. L’aspect documentaire du 16 mm est à un coup de bistouri du film d’horreur. Loin de la Promenade des Anglais, Virgil Vernier filme le quotidien d’une galerie de personnages en errance. [...] « Lieu froid dans un pays chaud », nous dit Vernier, la technopole Sophia Antipolis inflige aux personnages la logique du zonage : ici les bureaux, là les résidences, ici le parc naturel, là les lieux de loisirs. On se calfeutre derrière des barrières et des digicodes, la voiture règne sans partage, des compagnies de sécurité privées rôdent sans bien connaître les limites géographiques de leurs compétences.Entre ces « non-lieux », pas une once d’espace où générer une vie en commun. La rationalité supposée de l’aménagement fonctionnel, incarnation dans l’espace de la logique productive, crée du vide (...) Les uns s’entraînent aux sports de combat et jouent aux justiciers à la nuit tombée, les autres se font refaire les seins ou se gavent d’antidépresseurs, d’autres encore communiquent avec des mondes parallèles. Et Virgil Vernier nous prévient : la misère existentielle engendre la folie ordinaire. Manouk Borzakian • Geographiesenmouvement.blogs.liberation.fr


SOUTIENS GNCR SIX PORTRAITS XL de Alain Cavalier France • 2017 • 3 programmes de 2 films | Tamasa Distribution • à partir du 17 octobre 2018

Edition d'un document d'accompagnement GNCR | Site distributeur ici

LÉON & GUILLAUME

1H44 • sortie le 17 octobre 2018

Portrait n°6 : Léon

Portrait n°3 : Guillaume

Ce matin, Léon le cordonnier affiche une pancarte dans sa boutique qu’il tient depuis 46 ans : FERMETURE DEFINITIVE DANS DEUX MOIS. Panique des habitants du quartier qui adorent cet Arménien au cœur superbe, au visage étonnant. Est-il possible de prolonger encore sa présence ?

Quatre heures du matin, Guillaume arrive le premier au travail avant son équipe. À la fin de la journée, il aura vendu tous ses gâteaux et tout son pain, tellement c’est bon. Le soir, avec sa femme Jasmine, ils rêvent d’acheter une boulangerie pâtisserie plus vaste et mieux placée.

JACQUOTTE & DANIEL 1H41 • sortie le 24 octobre 2018

Portrait n°1 : Jacquotte

Portrait n°2 : Daniel

Une fois par an, en juillet, sur la route de ses vacances, durant quelques heures, Jacquotte revit son enfance dans la maison restée intacte de ses parents chéris. Ils sont morts depuis longtemps, mais rien n’a été touché. Un jour, il faudra, peut-être, vendre.

Avant de quitter son appartement, Daniel vérifie dix fois qu’il a bien fermé fenêtres et robinets. Obsédé par la propreté, c’est tout un rituel pour se laver les mains. Il descend au café gratter les multiples propositions de la Française des jeux. Il fut, avant de laisser tomber, un cinéaste très doué. Pourquoi ne veut-il jamais en parler? Il blague et passe à autre chose.

PHILIPPE & BERNARD 1H43 • sortie le 31 octobre 2018

Portrait n°4 : Philippe

Portrait n°5 : Bernard

Une actrice, un Académicien, un boxeur, un comédien, Philippe, athlète complet de l’interview télévisé, se prépare à les interroger les uns après les autres. Une demiheure chacun, sans ratures, en un après-midi. Il prend des cachets pour se calmer. Il prévoit que le marathon va être costaud.

Avec un éclairage de fortune, sur les planches d’un petit théâtre de Beauvais, Bernard, comédien, joue pour la première fois une pièce écrite par lui et dont il est le seul acteur. Il émeut les spectateurs mais il ne peut imaginer encore vers quoi le mènera cette représentation..

[…] Filmeur impénitent, Cavalier a aussi engrangé au fil des ans, parfois sans véritable but précis, des moments partagés avec des connaissances anciennes ou des rencontres de circonstances. C’est en puisant à cette source qu’il avait composé Vies (2000) et, propose, aujourd’hui, ces Six portraits XL (49 minutes chacun), une femme et cinq hommes : Jacquotte, Daniel, Guillaume, Philippe, Bernard et Léon. Il n’est pas facile de décrire l’intensité de l’émotion qui nous étreint, inversement proportionnelle à la modestie des moyens mis en œuvre. (…) Certes, il y a l’empathie dans laquelle baigne ce qui se noue entre le filmeur et les filmés, l’estime réciproque que l’on sent palpable, l’amitié souvent qui les lie, les capacités d’émerveillement de Cavalier face aux détails infimes que capte sa caméra, l’attention portée à des bribes d’existence comme autant de miroirs qui nous sont tendus. Hormis Guillaume (...) tous ont atteint l’âge des bilans et, si ce n’était une certaine allégresse que ces portraits ont en partage, il s’en faudrait de peu pour qu’ils sonnent comme des vanités. Jacquotte (Jacqueline Pouliquen) revient d’année en année dans sa maison d’enfance où, en dépit des transformations du bâtiment, elle conserve des meubles et d’autres objets comme autant de traces d’un passé révolu. Daniel (Isoppo) aurait pu être cinéaste – le portrait inclut un extrait d’un film qu’il a réalisé –, il a surtout été comédien, on le découvre dans son intérieur avec ses TOC et sa passion pour les grattages de la Française des jeux. (...) Philippe (Labro), saisi dans la préparation d’énièmes entretiens pour D8, se révèle encore habité par le trac et par cette insatiable curiosité qui tient les journalistes en haleine. Bernard (Crombey), comédien – il était un des protagonistes du Plein de super (1976) –, après des années sans gloire, a trouvé une honnête vitesse de croisière en sillonnant la France avec un monologue qu’il a écrit et qui fait salle comble. Le portrait s’étale sur plus d’une dizaine d’années. Bernard prend de l’assurance et sa petite fille grandit. Léon (Maghazadjan), cordonnier fort réputé et populaire dans son quartier, ferme sa boutique. Cavalier pose son regard sur son dernier tour de piste professionnel au cours duquel ils sont nombreux à venir témoigner de leur amitié. En véritable orfèvre, Cavalier orchestre ces moments suspendus, prélevés à même la spirale du temps, selon une dramaturgie qui, pour chaque portrait, concilie répétitions et variations, harmonise, sans aucun systématisme, l’unité du propos (un personnage, un lieu, un temps) et une certaine dispersion. Il a aussi l’élégance de nous faire croire, eu égard à la modestie de ses outils – une simple caméra vidéo surmontée d’un micro –, que cet art de rendre sensible la vibration du monde, la pulsation implacable du temps, d’allier un certain art de la joie avec l’ombre de la mélancolie, est à la portée de tous. Il n’est pas illégitime d’en douter. Jacques Kermabon • Brefcinema.com


LES ÂMES MORTES de Wang Bing

France / Suisse • 2018 • 8H26 (1ère partie : 2h46 | 2ème partie : 2h44 | 3ème partie : 2h56) Les Acacias • 24 octobre 2018 | Festival de Cannes 2018 - Séance spéciale

Edition d'un document d'accompagnement GNCR | Site distributeur ici Dans la province du Gansu, au nord-ouest de la Chine, les ossements d’innombrables prisonniers morts de faim il y a plus de soixante ans, gisent dans le désert de Gobi. Qualifiés d’« ultra-droitiers » lors la campagne politique « anti-droitiers » de 1957, ils sont morts dans les camps de rééducation de Jiabiangou et de Mingshui. Le film nous propose d’aller à la rencontre des survivants pour comprendre qui étaient ces inconnus, les malheurs qu’ils ont endurés, le destin qui fut le leur.

[…] L’un des hommes dont les Ames mortes de Wang Bing recueille le témoignage raconte l’échec de la tentative, menée par un groupe de survivants des décennies après les faits, d’ériger une stèle commémorative sur les lieux des camps de rééducation de Jiabiangou, dans la province désertique du Gansu, dans le nord de la Chine : le projet est empêché in extremis par les autorités, alors que la pierre est déjà gravée, portant une partie des milliers de noms de ceux qui sont morts de faim, de froid et d’épuisement en ces lieux entre 1957 et 1961, victimes de la campagne nationale «antidroitiers» qui les avait désignés comme des ennemis politiques. (…) De toute évidence, les Ames mortes, film de plus de huit heures tourné par le grand documentariste chinois entre 2005 et 2017, vaut pour ce monument absent, pour cette borne non posée sur le sol aride de l’histoire. C’est qu’il est à la fois un monument et son double, celui qui manque dans le réel : film d’un cri autant que du silence qui l’entoure, film d’un cri dans le désert, capable d’un même geste d’évoquer ces noms effacés au burin et de les prononcer à voix haute et claire - à mesure que, dans les phrases des vieillards vivants que le film retrouve, ils ressortent un par un de l’oubli où tout voulait qu’ils demeurent. Reflet. Les Ames mortes, dans son travail patient, acharné pour arracher l’histoire orale d’événements peu documentés, n’en propose donc pas seulement, semble-t-il, un documentaire, mais quelque chose comme le monumentaire : sa durée bien sûr, l’importance immédiate et consciente de son entreprise, sa gravité et sa sobriété endeuillée n’en font pas autre chose. Archéologue et tailleur de pierre, Wang Bing transforme une masse de documents, douze ans de rushs d’entretiens qu’il montre dans l’ordre chronologique du tournage, en un grand monument - aux morts : les morts du camp de Jiabiangou, et les survivants qu’il rencontre, mais dont on apprend d’après les cartons du film qu’ils ont depuis disparu à leur tour. Tous ces morts ont des noms et des histoires, et le film semble se livrer à un infini travail historique de singularisation, de spécification. Il donne mille et mille détails qui, s’ils n’étaient pas gardés au montage, retomberaient sans doute dans le néant, dans ce rien de la mémoire dont un cinéasteenquêteur sorti de nulle part, avec sa petite caméra qu’on aperçoit dans le reflet des fenêtres et des lunettes, est venu un jour les tirer : comme s’il s’agissait pour lui de ne pas couper, ou le moins possible : c’est sans doute pourquoi Wang Bing mûrit ces Ames mortes depuis si longtemps, comme un montage interdit gardé à part des autres de ses films qui exploraient la même histoire. Faim. Ainsi le Fossé (2010), son seul film de «fiction» à ce jour, qui reconstituait la mort quotidienne dans le même camp de Mingshui, et Fengming, chronique d’une femme chinoise (2007) qui donnait sur ce sujet la parole à une seule femme, la veuve d’un homme désigné et persécuté comme «droitier», étaient nés des rushs de ce nouveau film, d’une gigantesque matière qui donnera lieu à des films futurs. Cette matière est surtout faite des longs entretiens détaillés où s’expriment en détail la faim et la détresse, le malheur et le destin, l’arbitraire et la cruauté, toutes les explications précises et avec elles la part d’incompréhensible qui demeure une fois énumérés les faits. Et dans ce film parlé, enfin parlé in extremis, à l’article de la mort, dans cette hymne à la vieillesse d’un pays et du monde, Wang Bing ouvre, comme il le fait souvent dans ses films, de soudaines sorties, qui précipitent ou saisissent le reste, le sortent de lui-même : ainsi cette bouleversante scène d’enterrement qui nous donne très tôt le sens du film entier, ainsi cette promenade qui s’échappe un temps, avec lui, de l’appartement d’un homme lui-même claquemuré dans sa colère, ainsi ces plans tournés à Mingshui ou ce qu’il en reste. [...] L’archéologue et tailleur de blocs Wang Bing, au pays d’une «vérité» impossible à dire sinon à établir, semble avoir troqué celle-ci contre un autre critère bien plus fiable : le critère de l’honnêteté, qui est sa seule morale, la seule morale du cinéaste. Luc Chessel • Libération

L'ENVERS D’UNE HISTOIRE de Mila Turajlic

Serbie / France / Qatar • 2017 • 1H40 | Survivance • 24 octobre 2018

Edition d'un document d'accompagnement GNCR | Site distributeur ici Entretien écrit avec la réalisatrice sur le Blog de Médiapart ici Une porte condamnée dans un appartement de Belgrade révèle l’histoire d’une famille et d’un pays dans la tourmente. Tandis que la réalisatrice entame une conversation avec sa mère, le portrait intime cède la place à son parcours de révolutionnaire, à son combat contre les fantômes qui hantent la Serbie, dix ans après la révolution démocratique et la chute de Slobodan Milošević.

Une porte restée fermée pendant plus de soixante-dix ans dans l'appartement d'une famille de Belgrade devient le point de départ d’une formidable chronique familiale, politique et historique. La famille est celle de la réalisatrice, incarnée par sa mère, la charismatique Srbijanka Turajlić, ancienne professeure universitaire et importante figure de l'opposition au régime des années 1990. Grâce aux conversations des deux femmes, à la fois profondes et drôles, on parcourt l'histoire mouvementée d'un pays, ses bouleversements et ses changements politiques. Il est souvent question d'engagement citoyen et des responsabilités portées par chaque génération - celles des protagonistes mais aussi celles des spectateurs. Grâce à la générosité du récit, on plonge dans une passionnante fresque dans laquelle la réalisatrice, telle une habile couturière cinématographique, arrive à assembler le personnel et le politique, et par ricochet, la petite et la grande histoire. Dans ce voyage à travers les époques et les idéaux, cette porte fermée se révèle être un magnifique prétexte pour explorer cette aventure humaine." Jasmin Basic - Visions du Réel (...) L’envers d’une histoire est un film subtilement ambitieux qui débute dans l’espace intime d’un appartement pour s’ouvrir progressivement vers l’histoire de tout un pays. En son coeur, le portrait d’une femme : Srbijanka Turajlic, la mère de la cinéaste. Une enseignante à la retraite grandement respectée qui fut également l’une des activistes pacifistes les plus reconnues lors du conflit yougoslave des années 1990. Pendant des années, mettant en danger sa propre sécurité, Srbijanka a lutté contre l’autodestruction de son pays. En dépit de son âge, elle n’a rien perdu de sa ferveur et demeure une critique lucide des dérives du nationalisme contemporain. Mila Turajlic alterne habilement archives et discussions à bâtons rompus afin de rendre hommage à l’engagement politique de sa mère et de dévoiler des aspects méconnus de l’histoire récente de son pays. L’appartement de Srbijanka devient ainsi une métaphore troublante ; une simple porte éternellement fermée à clé séparant deux familles, l’une riche et l’autre pauvre, à la suite de la nationalisation des immeubles dans les années 1940. (…) www.artsetculture.ca


SAMOUNI ROAD de Stefano Savona France/Italie • 2018 • 2H08 | Jour2fête • 7 novembre 2018 Festival de Cannes 2018 - Quinzaine des Réalisateurs : l'Oeil d'Or - Prix du Meilleur documentaire

Edition d'un document d'accompagnement GNCR | Site distributeur ici Entretien vidéo avec le réalisateur sur Arte ici Dans la périphérie rurale de la ville de Gaza, la famille Samouni s’apprête à célébrer un mariage. C'est la première fête depuis la dernière guerre. Amal, Fouad, leurs frères et leurs cousins ont perdu leurs parents, leurs maisons et leurs oliviers. Le quartier où ils habitent est en reconstruction. Ils replantent des arbres et labourent les champs, mais une tâche plus difficile encore incombe à ces jeunes survivants : reconstruire leur propre mémoire. Au fil de leurs souvenirs, Samouni Road dresse un portrait de cette famille avant, pendant et après l’événement qui a changé leur vie à jamais.

À travers un documentaire hybride, animé par Simone Massi, Stefano Savona donne vie aux souvenirs d’une famille d’agriculteurs palestiniens, victime d’une des opérations israéliennes les plus meurtrières de Gaza. Un film aussi bouleversant qu’innovant dans sa technique de restitution des faits. Hiver 2008-2009, région de Gaza. L’armée israélienne lance une des opérations les plus meurtrières contre Gaza. Baptisé « Plomb durci », près de 1500 Palestiniens ont trouvé la mort durant les raids et les bombardements aériens, dont de nombreux civils. Parmi eux, les Samouni, une famille d’agriculteurs qui a dû faire le deuil de 29 de ses membres. Un an après, les survivants organisent la première fête depuis cet événement sanglant, et essaient de reconstruire au mieux leurs terres, leur maison et leur mémoire. Stefano Savona utilise des souvenirs pour reconstituer visuellement et rigoureusement leur vie d’avant et pendant l’événement, grâce à des séquences animées, réalisées par l’animateur de renommée internationale Simone Massi, à partir des témoignages des protagonistes, des photos, des vidéos et des documents d’archives. En ajoutant les images prises un an après à la reconstitution en images de synthèse des cibles vues à travers l’écran des avions de chasse, le cinéaste italien illustre au plus près la réalité, la guerre et la rupture brutale qu’elle a provoquée dans cette famille à la vie ordinaire. Amal, une des petites filles de la famille, a vu son père mourir d’une balle dans la tête et sa mère, sous les bombes aériennes qui ont été lâchées sur leur maison. Ellemême est restée trois jours sous les décombres avant que la Croix-Rouge ne puisse venir la sauver, elle, ses frères et ses cousins. Le bruit des hélicoptères, des bombardiers, le retrait du voile de sa mère pour soigner la blessure du fils, les paroles de son père : elle se souvient de tout, dans les moindres détails. Comment oublier ? Samouni Road est un documentaire d’une grande précision et d’une rigueur impressionnante. Mais il est avant tout une oeuvre bouleversante qui rend compte des véritables victimes de la guerre : les civils. Aurore Garot • Toutelaculture.com

ANDRÉ ROBILLARD, EN COMPAGNIE

de Henri-François Imbert

France • 2017 • 1H40 | Libre Cours • 14 novembre 2018

En 1964, André Robillard s’est mis à fabriquer des fusils avec des matériaux de récupération ramassés au hasard de ses promenades dans l’hôpital psychiatrique où il vivait. Aujourd’hui, à 87 ans, André demeure toujours à l’hôpital où il est entré à l’âge de neuf ans il y a 78 ans. Entre temps, il est devenu un artiste internationalement reconnu du champ de l’Art Brut, mais aussi musicien et acteur d'un spectacle inspiré de sa vie. Nous le suivons dans ses voyages, et en chemin, nous croisons l'histoire de la psychothérapie institutionnelle, dont la révolution du regard sur la folie, opérée au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, n'est pas étrangère à la découverte et à l'histoire d'André Robillard.

Propos du réalisateur extraits d'un entretien réalisé par Florent Le Demazel de la revue Débordements ici, à propos de André Robillard, A coup de fusils (1993) et André Robillard, en chemin (2014) […] Est-ce un choix délibéré, dans les deux films courts sur André Robillard et Piet Moget, de ne pas évoquer la vie privée des artistes ? Dans le court-métrage que j’ai fait avec André Robillard en 1993, on ne situe pas sa vie dans l’hôpital psychiatrique, on le rencontre uniquement par rapport à son travail. C’est un peu comme s’il y avait à cette époque un tabou autour de l’hôpital, perçu par moi et respecté dans le film. [...] quand on fait un film documentaire, on travaille avec des gens qui ne sont pas des acteurs, des gens qu’on va embarquer dans une aventure à hauts risques, puisqu’à l’issue de cette aventure, il va rester un film, une représentation de ces gens, qui n’avaient rien demandé au début – ils ne sont pas venus vers la caméra, c’est la caméra qui va vers eux – et cette représentation va rester dans le temps, elle sera montrée à des tiers, ce sera l’image qui restera. Je crois qu’il faut vraiment faire attention à cela, il faut comprendre que la personne nous confie la possibilité de faire un travail autour de sa vie, et que ce travail doit être à la hauteur du regard qu’elle a envie qu’on pose sur sa vie. Et c’est comme ça que j’ai été amené à faire un film sur un créateur d’art brut qui vivait dans un hôpital, sans dire qu’il vivait dans cet hôpital. […] Pour moi, faire le portrait de l’artiste en gardant sous silence une partie de sa vie, c’était faire son portrait en étant de son côté, plutôt que d’être du côté de la télé, qui est toujours en demande de sensationnalisme. C’était quelque chose de très important pour moi, parce que c’était mon premier film donc la première fois que je me posais cette question : faire le film sur le personnage ou faire le film avec le personnage ? S’il est sujet plutôt qu’objet, on travaille ensemble, et même si c’est moi qui tiens la caméra et qui suis dans la salle de montage au final, même si c’est moi qui prends les décisions, je les prends en essayant d’avoir à l’esprit ce que le personnage aimerait voir de ce qu’on a filmé ensemble. […] Quelle était la nécessité de revenir vers lui vingt ans plus tard ? Après le premier film, nous avons continué à nous voir. Je ne prenais pas toujours une caméra : on avait déjà fait un film. Mais en même temps, j’ai souvent une caméra super 8 près de moi, et quand on se voyait, je faisais quelques plans ou des photos. […] Donc, j’ai continué à accumuler des traces, en dehors de tout projet. Surtout parce que je le trouve fascinant : j’aime énormément son énergie, sa manière d’être. Face à lui, j’ai envie d’enregistrer du son ou des images. Et je crois que notre relation s’est constituée autour de ça : il y avait ce travail entre nous, ce travail de filmer ; et c’est comme si on ne pouvait pas y renoncer, ni lui ni moi. Pour André, je suis « l’homme à la caméra ». […] Petit à petit, je me suis rendu compte que je filmais et m’intéressais aux choses qui étaient tabous dans le premier film, c’est-à-dire l’expérience d’André de la psychiatrie, qui recoupe l’histoire de la psychothérapie institutionnelle, qui est née au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, sous l’influence de quelques psychiatres, dont Georges Daumézon, auquel André fait référence. L’hôpital où habite André depuis soixante dix ans s’appelle d’ailleurs le centre hospitalier Georges Daumézon : André a eu la chance d’arriver dans un lieu où était menée une réflexion sur une pratique expérimentale de la psychiatrie. […] Cette histoire m’a donc intéressé et c’est une sorte de couche de fond du film : le film raconte l’histoire d’André Robillard, il raconte aussi notre relation, mais il raconte également, pour ceux qui s’y intéressent, l’histoire de la psychothérapie institutionnelle [...]


ACID TABLE RONDE ACID PRO' Vendredi 21 septembre à 14H30 à la Maison des Auteurs (SACD) • 7 Rue Ballu • 75009 Paris

« Le cinéma autrement (une liberté à tout prix ?) » animée par Laurent Delmas (France Inter) et introduite par Régis Sauder, co-président de l'ACID En 2018 encore, les cinéastes de l’ACID ont programmé à Cannes des films produits sans distributeur et sans chaîne de télévision. Chaque jour de la programmation, exploitants, programmateurs, presse ont souligné la richesse des regards, l’éclectisme des nouveaux récits, la prise de risque de ces premiers gestes. Ce cinéma autrement, c’est aussi une autre façon d’écrire, de produire et de construire le film. Cette voie est-elle le choix d’une fabrication artisanale ou une contrainte héritée du manque de soutien à la création de ces œuvres ? De cette contrainte, dont on pourrait craindre qu'elle empêche les cinéastes d’aller au bout de leurs désirs dans la mise en scène, naissent cependant des écritures singulières. Avec les cinéastes Laurent Bécue-Renard (Of Men and War [Des hommes et de la guerre]) , Emilie Brisavoine (Pauline s'arrache), Michaël Dacheux (L’amour debout), Anne Alix (Il se passe quelque chose), Vladimir Perišić (Ordinary People) et Clément Schneider (Un Violent désir de bonheur).

SOUTIENS AFCAE ACTIONS PROMOTION LE PROCÈS CONTRE MANDELA ET LES AUTRES de Nicolas Champeaux et Gilles Porte

France • 2018 • 1H43 | Ufo distribution • 17 octobre 2018 Festival de Cannes 2018 • Sélection Officielle - Séance spéciale

Edition d'un document AFCAE | Site distributeur ici Entretien vidéo avec les réalisateur • l'Humanité ici L’histoire de la lutte contre l’apartheid ne retient qu’un seul homme : Nelson Mandela. Il aurait eu cent ans cette année. Il s’est révélé au cours d’un procès historique en 1963 et 1964. Sur le banc des accusés, huit de ses camarades de lutte risquaient aussi la peine de mort. Face à un procureur zélé, ils décident ensemble de transformer leur procès en tribune contre l’apartheid. Les archives sonores des audiences, récemment exhumées, permettent de revivre au plus près ce bras de fer.

(...) Un documentaire exhume les enregistrements du procès emblématique de l’Afrique du Sud de l’apartheid, en 1963-1964, et donne la parole aux derniers survivants. Il y a les voix de ces hommes dans la salle d’audience, sur lesquels plane la mort. Ces voix si proches, étonnamment chaudes. Leur ton déterminé. Leur calme. Dans L’Etat contre Mandela et les autres, documentaire très applaudi lors du dernier festival de Cannes (...) il est question de violence, de racisme, de lutte armée. A la fin, c’est pourtant l’humanité et la résolution des accusés qui l’emportent. Ces accusés sont ceux du procès de Rivonia, dans l’Afrique du Sud de l’apartheid. Ils sont dix, dont Nelson Mandela, jugés en raison de leur engagement contre le pouvoir blanc. Certains appartiennent au Congrès national africain (ANC), d’autres pas. Ils savent qu’ils risquent la peine capitale. Ils savent aussi qu’ils sont « du bon côté de l’histoire », comme le dira l’un d’entre eux. Alors ils répondent soigneusement aux accusations. Ils décrivent une partie de leurs intentions (essentiellement des actes de sabotage), admettent vouloir combattre le pouvoir raciste par les armes mais sans faire de victimes, préférant les dynamitages d’infrastructures, la nuit, aux bombes placées au milieu des foules. Ils ont peaufiné, ensemble, leur stratégie pour le prétoire. Ils savent que la pendaison est sans doute au bout du verdict, mais d’ici là, la parole ne leur est pas ôtée. Alors autant faire du banc des accusés une plateforme politique. [...] Les voix, la bande-son de Rivonia, voilà le matériau premier du documentaire de Nicolas Champeaux et Gilles Porte, sa « colonne vertébrale », comme ils disent. Il a fallu une bonne dose de hasards et d’imprévus pour que ce film parvienne à voir le jour. Il a fallu, notamment, que ces enregistrements sortent de la poussière des archives. Les bandes étaient devenues illisibles, faute de machines pour les lire. Une première tentative pour les transcrire sur d’autres formats en avait abîmé certaines. Puis Henri Chamoux, historien et inventeur de l’archéophone, un appareil mis au point pour lire ce matériau fragile sans l’endommager, s’est attaqué au sauvetage des voix de Rivonia. [...] C’est dans ce procès destiné à déshumaniser les accusés en en faisant des « terroristes » que, justement, éclate leur humanité. Finalement, une fissure s’opère dans la coque des récits héroïques. Car les grands événements de la lutte contre l’apartheid, avec le temps, se sont ossifiés, codifiés, et font partie du discours national. Mais en regardant L’Etat contre Mandela et les autres, on comprend mieux comment les accusés ont fonctionné. Du début jusqu’à la fin du procès, ils ont été soudés en collectif, choisissant de faire de Nelson Mandela leur représentant parce qu’il était le plus brillant orateur, l’autodidacte Walter Sisulu étant moins à l’aise en public alors que sa pensée politique était sans doute le véritable moteur du groupe. George Bizos, l’avocat de Mandela, devenu lui aussi, par effet de proximité, une célébrité de l’histoire sud-africaine, résume : « C’était l’homme sage de l’ANC. Mandela ne prenait aucune décision sans le consulter. » [...] Pour accompagner les enregistrements sonores avec délicatesse, les réalisateurs ont opté pour une animation à la fois forte, suggestive et toujours discrète. [...] Jean-Philippe Rémy • Le Monde


HEUREUX COMME LAZZARO de Alice Rohrwacher Italie • 2018 • 2H07 • avec Adriano Tardiolo, Alba Rohrwacher, Nicoletta Braschi, Sergi Lopez

Ad Vitam • 7 novembre 2018 Festival de Cannes 2018 – Compétition officielle : Prix du scénario

Edition d'un document AFCAE | Site distributeur ici Lazzaro, un jeune paysan d’une bonté exceptionnelle vit à l’Inviolata, un hameau resté à l’écart du monde sur lequel règne la marquise Alfonsina de Luna. La vie des paysans est inchangée depuis toujours, ils sont exploités, et à leur tour, ils abusent de la bonté de Lazzaro. Un été, il se lie d’amitié avec Tancredi, le fils de la marquise. Une amitié si précieuse qu’elle lui fera traverser le temps et mènera Lazzaro au monde moderne.

[…] C’est toujours un grand bonheur (...) que d’assister à la naissance en direct d’un cinéaste, à Cannes ou ailleurs. Shéhérazade est sans nul doute l’une des plus belles révélations de ce festival. Le film confirme le talent exceptionnel de Jean-Bernard Marlin entrevu dans ses premiers courts métrages. A partir d’un fait-divers sordide, il tord le cou à la tentation du pseudo-réalisme documentaire et à l’apitoiement pour raconter une histoire d’amour fou entre deux jeunes adolescents propulsés dans un monde de violence et de prostitution, dans les rues de Marseille. Marlin refuse de faire la distinction entre cinéma de genre et cinéma de poésie. Pour raconter cette rencontre passionnelle entre un jeune proxénète accidentel et une gamine qui fait le trottoir, Marlin tord le cou aux clichés du polar à la française aussi bien qu’aux bonnes manières du cinéma d’auteur. Il opte pour une stylisation virtuose arrachée à des conditions très précaires de tournage, entre ambiances nocturnes sous haute tension et comédiens non professionnels formés à l’école de la rue et de la prison. Shéhérazade débute par un hommage à Scarface de Brian De Palma – le générique constitué d’images d’archives retrace l’histoire des migrants venus trouver refuge dans le port de Marseille, des familles italiennes jusqu’au récents réfugiés d’origine africaine ou moyen-orientale puis se poursuit comme un mélodrame pasolinien, sans oublier les amants de la nuit de Nicholas Ray. Les éclairs de violence, les humiliations subies par le couple d’amoureux alternent avec des instants de tendresse et d’intimité qui nous arrachent les larmes. Shéhérazade raconte la trajectoire d’une bête féroce qui trouve le chemin de la rédemption grâce à l’amour le plus pur d’un ange du trottoir. Shéhérazade irradie du feu intérieur de ses jeunes interprètes, sauvages et magnifiques. Marlin signe un film lyrique et brûlant, et ses mille et une nuits commencent à peine à nous hanter. Olivier Père • Arte.tv

ÀGA de Milko Lazarov

Bulgarie • 2018 • 1H32 • avec Mikhail Aprosimov, Feodosia Ivanova, Galina Tikhonova

Arizona films • 21 novembre 2018 Festival de Berlin 2018 | festival de Cabourg 2018 : Grand Prix | Festival Sarajevo 2018 : meilleur film

Edition d'un document AFCAE | Site distributeur ici La cinquantaine, Nanouk et Sedna vivent harmonieusement le quotidien traditionnel d’un couple de Iakoutes. Ils perçoivent des changements tangibles dans le rythme séculaire qui ordonnait jusqu’à présent leur vie et celles de leurs ancêtres : les prises de pêche s’amoindrissent, des animaux meurent sans raison apparente, les glaces fondent, les avions et les bateaux sont de plus en plus nombreux...

[…] Le réalisateur bulgare Milko Lazarov pour son second long métrage après Aliénation (2013) part à la rencontre d'un rapport au monde d'une forte cohésion avec l'environnement sibérien austère. Si son personnage principal se nomme Nanook, c'est que le réalisateur ne cache pas sa filiation à l'égard de Robert Flaherty et de son film éponyme. L'approche de Milko Lazarov est ainsi anthropologique, avec la volonté de s'enraciner dans la lutte quotidienne d'un couple de Iakoutes, unis dans l'adversité et le soutien réciproque pour assurer leur subsistance, d'où apparaît progressivement le fil conducteur fictionnel brodé sur une photographie magnifique d'une palette de blancs extraordinairement féconde. Le monde présenté semble fonctionner avec une limpidité d'horloger au fil égrené des jours, sauf que ce couple est confronté à des ressources alimentaires de plus en plus limitées, à la violence des éléments à laquelle ils font face avec une force de couple inaltérable époustouflante. Peu à peu, apparaît le drame intérieur de ces personnages : la déliquescence de la famille depuis que leur fille est partie travailler au loin dans une immense mine à ciel ouvert qui est comme la gueule ouverte infernale d'un ogre qui mange le monde. De ce point de vue, le film devient une fable écologique tirant la sonnette d'alarme sur une certaine modernité destructrice, auquel fait parallèlement écho le réalisateur Milko Lazarov à l'égard de son pays natal. C'était aussi le propos d'Akira Kurozawa dans son film Dersou Ouzala (1975) qui évoquait déjà un paradis perdu dans son histoire personnelle en allant convoquer l'harmonie séculaire d'un rapport au monde iakoute. La beauté du monde ici présentée n'empêche jamais d'oublier en toile de fonds la violence d'un monde où la faune est massacrée (cadavres d'animaux sur la neige immaculée qui ne cessent de traverser tout le film), la nature violée (cf. les machines de la mine) et l'équilibre des relations humaines fragmenté (la famille iakoute désunie). C'est aussi le constat des films de Anastasia Lapsuy et Markku Lehmuskallio, ou comment les marges du monde traduisent les profondes et sourdes problématiques des sociétés urbaines géocentrées. Cédric Lépine • Blog de Médiapart

UNE AFFAIRE DE FAMILLE de Hirokazu Kore-eda

Japon • 2018 • 2H01 • avec Lily Franky, Ando Sakura, Matsuoka Mayu, Kiki Kilin, Jyo Kairi et Sasaki Miyu

Le Pacte • 12 décembre 2018 Festival de Cannes 2018 : Palme d'or

Edition d'un document AFCAE | Site distributeur ici Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu‘elle comprend que ses parents la maltraitent. En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines qui complètent leurs maigres salaires, les membres de cette famille semblent vivre heureux – jusqu’à ce qu’un incident révèle brutalement leurs plus terribles secrets… Suite page suivante


Si Kore-eda avait proposé un changement convaincant de genre et de style avec THE THIRD MURDER, impossible de bouder son retour à la chronique familiale éthérée. UNE AFFAIRE DE FAMILLE apparaît moins immédiatement marquant que certains de ses films précédents, mais Kore-eda fait encore ici montre d’une rigueur d’écriture admirable : chaque personnage a droit de cité, a son moment, son arc, et les interactions entre chacun sont explorées avec soin, subtilité, malice et tendresse [...]. À la marge de la culture oppressante de la win et de l’efficacité, les Osamu vivent dans une vieille maison japonaise entourée d’immeubles plus récents et bétonnés, joli symbole de leur place à part dans la société, entre tradition et modernité, légalité et criminalité. D’autant que la cellule que forment les Osamu n’a rien d’une famille ordinaire. Kore-eda prend le temps de disséquer leur manière de fonctionner et de vivre, avant de soigneusement la déconstruire et d’en dévoiler la complexité. Pendant plus de 90 minutes, UNE AFFAIRE DE FAMILLE se conjugue sur le mode de la chronique. Le plus important ici n’est pas tant une hypothétique intrigue que le cœur émotionnel de ces personnages, que le déroulé de leur existence, leurs joies simples, leurs peines sourdes, leurs moments de rire et de spontanéité. C’est bien tout l’Art de Kore-eda de savoir encapsuler la vie de la plus pure et simple des façons pour la redistribuer sur l’écran avec délicatesse et générosité. Ici encore, il démontre son brio de dramaturge et multiplie les scènes d’une folle humanité, d’un sentimentalisme évident, toujours avec une justesse crève-coeur (...). Cette succession de moments vrais, que Kore-eda met subtilement en scène – les compositions et la lumière protectrice dans le décor enserré de la maison sont du grand Art -, crée un tourbillon d’humanisme et, sans qu’on le voie venir, mène à un dernier acte d’une intensité dramatique terrassante, allant tête baissée dans une direction inattendue. Mis face à leurs secrets, les Osamu se dévoilent encore plus humains et faillibles qu’on ne le croyait déjà, ils se font les vecteurs d’un portrait très ambivalent d’un Japon dont les traditions et la culture semblent cacher un délitement du tissu social et humain. […] Aurélien Allin • cinemateaser

BANDES ANNONCES AFCAE SUR LES FILMS SOUTENUS l'AFCAE propose des bandes annonces spécifiques pour la promotion de films en salles et sur les réseaux sociaux. Elles sont disponibles au format DCP sur le Stock Numérique de CineGo et sur le serveur FTP de l'AFCAE (codes disponibles sur l'espace adhérent). Vous pouvez les télécharger librement en vous inscrivant sur cinego.net ou en appelant au 01 45 23 83 26.

• Voir la bande-annonce de GIRL de Lukas Dhont (10.10.18 • Diaphana) sur viméo ici. • Voir la bande-annonce de NOS BATAILLES de Guillaume Senez (03.10.18 • Haut et court) sur viméo ici.

APPEL À LA LIBÉRATION D'OLEG SENTSOV La Confédération Internationale des Cinémas Art et Essai (CICAE) et l'Association Française des Cinémas Art et Essai (AFCAE) se joignent aux multiples voix à travers le monde pour réclamer la libération du cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, arbitrairement emprisonné depuis plus de 4 ans par le pouvoir russe, et en danger de mort, alors qu'il vient de dépasser 100 jours de grève de la faim. Les établissements adhérents à la CICAE et l'AFCAE sont invités à relayer cet appel sous la forme d'un carton numérique à diffuser dans les salles, disponible en PDF en cliquant ici ou en format jpg en cliquant ici. Il est possible de proposer des séances de soutien en programmant LE PROCES : L'ETAT DE RUSSIE CONTRE OLEG SENTSOV, documentaire de Askold Kurov (2017 • 1H15 • Mary X distribution) Plus d'infos ici | Contact : Hélène Langlère | tél : 06 06 84 86 40 70 | prog.mary.x@gmail.com

SOUTIENS AFCAE PATRIMOINE RÉPERTOIRE MON ONCLE D'AMÉRIQUE d'Alain Resnais France • 1980 • 2H01 • avec Gérard Depardieu, Nicole Garcia, Roger Pierre

Potemkine films • 24 octobre 2018

Edition d'un document AFCAE | Site distributeur ici Le professeur Laborit part de l'exemple de trois destinées pour illustrer ses théories scientifiques sur le comportement humain.

Mon oncle d’Amérique, première des trois collaborations avec le scénariste de la Nouvelle Vague Jean Gruault est l’une des plus grandes réussites du cinéma d’Alain Resnais, qui délaisse la compagnie des écrivains pour puiser son inspiration dans l’imaginaire des savants. Le film suit les itinéraires professionnels et amoureux de trois personnages, un ambitieux intellectuel, une actrice et un directeur technique, tous nés en Bretagne (comme Resnais) mais de milieux différents, confrontés à des théories scientifiques sur le comportement des rats. Le film est né de la rencontre entre Resnais et les théories du professeur Henri Laborit sur le cerveau et le comportement humains, et aussi la mémoire, sujets de recherches qui ne pouvaient qu’intéresser le cinéaste de Hiroshima mon amour. Au-delà des spéculations scientifiques que le film illustre, Mon oncle d’Amérique est une radioscopie de la France, une analyse des symptômes du « malêtre » et de l’angoisse sociale, des troubles psychosomatiques qui frappent ses personnages à la poursuite de leurs rêves (...) et qui se cognent à la réalité. Comme toujours chez Resnais, le film est un curieux mélange d’avant-garde et de théâtre vieillot, de romanesque et d’expérimentation. Il ne s’agit pas d’appliquer sur le scénario une « grille » scientifique, mais de mêler dans un film de fiction deux différents types de récit, le romanesque constitué par les destins croisés de deux hommes et une femme et le scientifique sous la forme d’exposés de Laborit. Resnais se soucie à la fois de didactisme et de formalisme. Il est important que son film apporte des réponses sur la vie en général, mais ces investigations sociologiques et psychologiques s’accompagnent d’un travail complexe sur la construction narrative, qui passe essentiellement par le montage. [...] Mon oncle d’Amérique est « une sorte de documentaire plaqué sur la fiction (et vice versa) » selon la formule de Resnais, véritable « petit chimiste » qui aimait faire des expériences et reculer les limites du cinéma, entraînant ses acteurs – tous excellents – et les spectateurs dans une aventure stimulante et passionnante. Olivier Père • Arte.tv


LES CAMARADES de Mario Monicelli

France • 1963 • 2H10 • avec Marcello Mastroianni, Renato Salvatori, Bernard Blier

Les Acacias • 31 octobre 2018

Edition d'un document AFCAE | Site distributeur ici En 1905, dans une fabrique textile de Turin, les ouvriers, soumis à un rythme de travail infernal, voient se multiplier les accidents. Trois d'entre eux entrent en conflit avec le contremaître à la suite d'un nouveau drame. Il est alors décidé, en guise de protestation, que tous partiront une heure plus tôt ce soir-là. Mais cette action n'est pas du goût des patrons, qui profitent de l'inexpérience de ces hommes simples pour les berner. Les sanctions tombent. L'instituteur Sinigaglia, un militant socialiste, fraîchement débarqué de Gênes, pousse les ouvriers à s'organiser...

Le scénario s'inspire d'événements qui secouèrent l'Italie du Nord en pleine industrialisation. Cette grève du textile à Turin, très dure, très violente, fut la première dans le pays. Monicelli a décrit la condition ouvrière, la vie quotidienne, les luttes engendrées par la misère, l'insécurité et l'esclavage du travail avec une vigueur humaniste et épique qui le rapprochent plus des cinéastes russes — Donskoï, Poudovkine — que du néoréalisme traditionnel. Le film n'est pas pour autant un acte de propagande communiste. Monicelli a évité les pièges didactiques et laissé place aux conflits internes et individuels. Il a peint, d'une manière lyrique et jusque dans l'échec d'un mouvement, une fraternité de classe. Un de ses meilleurs films. Jacques Siclier • Télérama

SOUTIENS AFCAE PATRIMOINE RÉPERTOIRE / ADRC COMÉDIES MUSICALES, LA JOIE DE VIVRE DU CINÉMA A l'occasion de l'exposition sur les comédies musicales qui aura lieu à la Philarmonie de Paris du 19 octobre 2018 au 27 janvier 2019 (plus d'infos ici), l'AFCAE soutient le cycle "Comédies musicales, la joie de vivre du cinéma", initié par l'ADRC. Document d'accompagnement édité par l'ADRC, à commander auprès d'elle

De gauche à droite : Hair, le Magicien d'Oz et l'Etrange Noël de Mr Jack

14 films composent ce cycle (dont des films Jeune public) :

LE LIEUTENANT SOURIANT d'Ernst Lubitsch

WEST SIDE STORY de Robert Wise et Jerome Robbins

UNE HEURE PRÈS DE TOI d'Ernst Lubitsch

LA MÉLODIE DU BONHEUR de Robert Wise

42ÈME RUE de Lloyd Bacon

LES DEMOISELLES DE ROCHEFORT de Jacques Demy

LE MAGICIEN D'OZ de Victor Fleming

LES ARISTOCHATS de Wolfgang Reitherman

UN AMÉRICAIN À PARIS de Vincente Minnelli

HAIR de Milos Forman

CHANTONS SOUS LA PLUIE de Stanley Donen, Gene Kelly (Warner Bros) TOUS EN SCÈNE de Vincente Minnelli

YENTL de Barbra Streisand

(Swashbuckler Films • réédition) (Splendor Films • réédition) (Warner Bros)

(Lost Films • Jeune Public) (Ciné Tamaris)

(Warner Bros • Jeune Public) (Warner Bros)

(Warner Bros)

(Parkcircus)

(Disney • Jeune Public • VF)

(Mission Distribution • réédition) (Lost Films • réédition)

L'ETRANGE NOËL DE MR JACK d'Henry Selick et Tim Burton (Disney • Jeune Public • VO ET VF)

De gauche à droite : Un Américain à Paris, Une heure près de toi et West Side Story


RETROSPECTIVE YOUSSEF CHAHINE Tamasa • 14 novembre 2018

Site distributeur ici | Document à commander directement à l'ADRC

CIEL D'ENFER 1956 • 1h45 • avec Zaki Rostom, Farid Chawki, Abdel Wares Assar

Sous l’époque du roi Farouk, un ingénieur agronome, Ahmed revient au village aider les paysans à améliorer leur culture de la canne à sucre. Le film raconte donc l’affrontement entre un jeune ingénieur agronome (Omar Sharif) issu d’un milieu paysan et le pacha tout puissant des environs. L’amour, les vengeances et les poursuites s’emboîtent les uns les autres de façon rocambolesque jusqu’au triomphe final de la justice.

C'EST TOI MON AMOUR 1957 • 2h00 • avec Chadia, Farid El Atrache, Hind Rostom

nom de l’amour qu’elle voue à Ali absent, c’est la grande désillusion. À son retour, elle se rendra compte qu’il n’est plus ce jeune passionné qui a quitté sa famille par révolte. Pour Hassouna, l’ouvrier, la déception sera d’autant plus grande que c’est lui qui l’avait aidé à partir pour le Caire.

ADIEU BONAPARTE 1985 • 1h55 • avec Michel Piccoli, Mohsen Mohiedine, Mohsena Tewfik

Avide de puissance et de gloire, Bonaparte entame la campagne d’Égypte. Loin de ces préoccupations guerrières, Caffarelli, l’un de ses généraux, part à la découverte de ce pays et de son âme. Il va s’opposer à l’action exclusivement destructrice de Bonaparte.

Pour conserver l’héritage d’un parent dans sa totalité, deux cousins sont contraints de se marier. Pourtant, ils se détestent. Farid sort avec une danseuse, Nana, et Yasmina fréquente Sensen, un riche industriel. Tout est bon pour retarder l’instant de l’engagement, y compris une crise d’appendicite. Rien n’y fait et les voilà partis pour leur lune de miel, surveillés par les amants respectifs. Ils apprennent à s’apprécier et tombent finalement amoureux l’un de l’autre. Et les deux laissés-pour-compte font de même.

LE SIXIÈME JOUR

GARE CENTRALE

ALEXANDRIE ENCORE ET TOUJOURS

1958 • 1h30 • avec Youssef Chahine, Farid Chawki, Hind Rostom

Kénaoui, vendeur de journaux boiteux et un peu simplet à la gare centrale du Caire, est amoureux d’Hanouma, une vendeuse de boissons. Mais celle-ci repousse ses avances et n’a d’yeux que pour le bagagiste Abou Sérif.

SALADIN 1963 • 2h50 • avec Ahmed Madhar, Nadia Lotfi, Salah Zufiqar

Durant les deuxième et troisième croisades, le sultan d’Égypte et de Syrie, Saladin, qui vient de vaincre les Croisés à Alexandrie, lutte contre une nouvelle expédition de Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste. Entre les traîtrises de Renaud de Châtillon, qui massacre des pèlerins musulmans sur le chemin de la Mecque, et les luttes des cours française et anglaise, Saladin garde sa volonté de reconquérir Jérusalem. Richard, trahi par ses alliés, propose la paix à Saladin, qui l’accepte en promettant que la ville restera ouverte : « La religion est pour Dieu et la terre est pour tous. »

LA TERRE 1969 • 2h10 • avec Hamdy Ahmed, Nagwa Ibrahim, Mahmoud El Meligui

Dans les années 1930, une monarchie sous tutelle de la Grande-Bretagne gouverne l’Égypte. Loin du Caire, les paysans d’un village vivent péniblement. Un jour, pour favoriser les propriétaires terriens, les autorités décident de restreindre les permis d’irrigation. Accablés, les paysans tentent de se révolter. Mais les conflits latents s’exacerbent au sein de la communauté villageoise, unie autour de Abou Salem, respecté de tous pour son combat pendant la révolution de 1919.

LE RETOUR DE L'ENFANT PRODIGUE 1976 • 2h00 • avec Mahmoud El-Meliguy, Hoda Soltan, Shukry Sarhan

Ali est attendu dans le village de Mitchaboura par les siens, les Madbouly, propriétaires d’une petite entreprise, et par les ouvriers pour qui il représente l’espoir. Pour Ibrahim, le fils de Tolba, le retour d’Ali, son oncle, doit lui permettre d’aller étudier à l’étranger ; ce à quoi s’oppose son père. Pour Fatma, qui a tout sacrifié, au

1986 • 1h45 • avec Mohsen Mohiedine, Dalida, Hamdy Ahmed

Une mère fuit une épidémie de choléra, espérant que son enfant en réchappera. Chahine filme le fleuve et un visage de femme (Dalida tragédienne), dans un mélodrame qui oscille entre dépouillement et impureté (un ahurissant numéro musical). Une alchimie dont il est seul capable. 1989 • 1h41 • avec Youssef Chahine, Hussein Fahmy, Zaki Abdel Wahab

À la suite d’une rupture avec Amr, son acteur fétiche, le cinéaste Yeshia Eskandarany remet en cause sa vie et évoque leurs relations, les problèmes qu’a connus la profession avec l’infiltration du pétrodollar, mais aussi l’amour qu’il éprouve pour ses acteurs, cet amour dont la nature pourrait bien le transformer parfois en dictateur.

L'EMIGRÉ 1994 • 2h08 • avec Michel Piccoli, Khaled El-Nabaoui, Youssra

Il y a trois mille ans, Ram, fils d’une tribu très pauvre, décide de transformer sa vie et, malgré les réticences de son père, d’émigrer en Égypte. Il ne se doute pas des épreuves qui l’attendent. [...] L’Émigré, c’est à la fois un péplum biblique, un mélo, un film d’aventures, un film social, une fable. Le réalisateur allie les visions fantasmatiques et réalistes, mythologiques et intimistes. Bref, il donne vie à l’idée même de métissage. Preuve, s’il en fallait une, que ce grand film populaire est un hymne à la tolérance, au respect de toutes les cultures. Ce n’est pas tous les jours que le cinéma offre un tel souffle de générosité. Et, pour tout dire, de liberté.

LE DESTIN 1997 • 2h15 • avec Nour El-Sherif, Hani Salama, Faris Rahoma

Un tableau joyeux et coloré de l’Andalousie arabe au XIIe siècle, mais aussi et surtout une peinture impitoyable de la violence politique déguisée en pureté religieuse. Nous sommes en France au XIIe siècle. On voit un homme brûler sur un bûcher, au pied des remparts de Carcassonne. Son crime ? Avoir traduit les textes d’un hérétique, un musulman, arabe andalou, Abou el-Walid ibn Rushd, plus connu sous le nom d’Averroès.

L'AUTRE 1998 • 1h45 • avec Nabila Ebeid, Mahmoud Hemeida, Hanane Turk

Un grand mélodrame sur les conséquences de la guerre du Golfe en Égypte, la montée de l’islamisme et le fossé grandissant entre ceux qui surfent sur Internet et ceux qui ont faim. Une plongée dans le chaos du Caire.


ADRC NICOLAS PHILIBERT :

Rétrospective en 5 films, cycle de Conférences les Films du losange • 5 septembre 2018 • Versions restaurées avec le soutien du CNC

Plaquette ADRC ici

À l’occasion de la sortie de son nouveau film De chaque instant et de la rétrospective que lui consacre Les Films du Losange, l’ADRC et La Cinémathèque du documentaire s’associent et financent une tournée exceptionnelle de rencontres et conférences sur l’œuvre de Nicolas Philibert. 20 conférences de Charlotte Garson, critique, sont proposées aux salles de cinéma de petites villes adhérentes à l’ADRC. L’opération se prolonge en novembre à l’occasion du Mois du Film Documentaire.

CYCLE DE CONFÉRENCES

RÉTROSPECTIVE EN 5 FILMS

de Charlotte Garson

LA VILLE LOUVRE 1990 • 1h25 Pour la première fois, un grand musée dévoile ses coulisses à une équipe de cinéma : des œuvres quittent les réserves, on réorganise des salles, les gardiens essaient leurs nouveaux uniformes... Peu à peu des personnages apparaissent, se multiplient, se croisent pour tisser les fils d’un récit.

LE PAYS DES SOURDS 1993 • 1h39 Florent, Abou, Jean-Claude, Claire et tous les autres, sourds profonds depuis leur naissance ou les premiers mois de leur vie, rêvent, pensent et communiquent en langue des signes. Avec eux, nous partons à la découverte de ce pays lointain où le regard et le toucher ont tant d’importance.

à partir du 5 Septembre 2018 Présentation et cahier des charges ici Charlotte Garson, critique aux Cahiers du cinéma de 2001 à 2013, dirige aujourd’hui les pages cinéma de la revue Études. Elle collabore également à la revue Images documentaires et au festival Cinéma du Réel. Enfin, elle intervient fréquemment sur France Culture (La Dispute et Plan large) et dans les salles de cinéma.

2 formules sont proposées

ÊTRE ET AVOIR 2002 • 1h44 La vie quotidienne d’une école « à classe unique » dans un petit village d’Auvergne.

UN ANIMAL, DES ANIMAUX 1995 • 1h00 La Galerie de Zoologie du Muséum National d’Histoire Naturelle était fermée au public depuis un quart de siècle, laissant dans la pénombre des milliers d’animaux naturalisés.Tourné au cours de ses travaux de rénovation, ce film retrace la résurrection de ses étranges pensionnaires.

LA MOINDRE DES CHOSES 1997 • 1h45 Comme chaque année, pensionnaires et soignants de la clinique psychiatrique de La Borde se rassemblent pour préparer la pièce qu’ils joueront le 15 août. Mais au-delà du théâtre, le film raconte la vie à La Borde celle de tous les jours.

> Formule 1 : Conférence de 45 ' avant la projection du film • Présentation de Nicolas Philibert et de l’ensemble de son œuvre avec extraits vidéo. • Présentation du film suite à la conférence.

> Formule 2 : Analyse et débat sur un film choisi • Présentation du film choisi et projection. • Analyse et débat avec le public d’une durée de 30 à 45 minutes, sans projection d’extraits.

•••••••••••• ATELIERS D’INITIATION AU CINÉMA L’ADRC et le département pédagogique de La Cinémathèque française renouvellent leur partenariat et proposent pour la troisième année consécutive des ateliers d’initiation au cinéma autour d’un motif ou d’une question donnée. À partir du mois de septembre, deux nouveaux ateliers sont proposés en accompagnement de grands classiques du cinéma.Ces animations exceptionnelles sont financées par l’ADRC pour ses adhérents.

LE CINÉMA : UN MONDE D’ÉMOTIONS à partir de 7/8 ans • durée atelier 1H30 Plaquette ADRC (Présentation et cahier des charges) ici Joie, colère, tristesse... Un atelier pour partir à la découverte des émotions des personnages d’enfants dans les films et pour comprendre comment au cinéma, choix du cadre, jeu d’acteur, mise en scène des corps dans l’espace, mouvement de caméra permettent de créer ces émotions fortes et de les transmettre au spectateur.

Les films : BONJOUR de Yasujiro OZU | L’ÉTÉ DE KIKUJIRO de Takeshi KITANO | THE KID de Charles CHAPLIN | SIDEWALK STORIES de Charles Lane | LE GÉANT DE FER de Brad Bird

LE DUEL ET LE WESTERN à partir de 12/13 ans • durée atelier : 1H30 Plaquette ADRC (Présentation et cahier des charges) ici Le duel final dans la grand-rue d’une ville poussiéreuse de l’Ouest américain constitue l’une des scènes les plus archétypales du western. Au cours de l’atelier, les jeunes participants découvrent quelques étapes de l’évolution d’un genre majeur de l’histoire du cinéma et la manière dont les cinéastes ont inventé de nombreuses variations autour de ce motif du duel pour travailler la question du temps, du suspens et de l’intensité dramatique.

Les films : LE TRAIN SIFFLERA TROIS FOIS de Fred Zinnemann | L’HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE de John Ford | IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST de Sergio Leone | DJANGO de Sergio Corbucci | LA HORDE SAUVAGE de Sam Peckinpah


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