2018 | N°07

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L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans cinq régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre Val de Loire, Normandie, Pays de la Loire et Nouvelle Aquitaine. Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma.

C O M M U N I Q U É A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ' o u e s t p o u r l a r e c h e r c he

N°07 Vendredi 26 octobre 2018 p. 1 > Soutien ACOR p. 2, 3 > Soutiens GNCR, Soutien ACID p. 4 > Soutien AFCAE Actions promotion p. 5, 6 et 7 > Soutiens AFCAE Patrimoine / répertoire, Soutiens AFCAE Jeune public

Directeur de publication : Yannick Reix et Antoine Glémain, co-présidents de l'ACOR | rédaction : Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat • contact@lacor.info • www.lacor.info | Avec le soutien du CNC et le Coneil régional de Bretagne

••• SOUTIEN ACOR ••• WHAT YOU GONNA DO WHEN THE WORLD'S ON FIRE ? de Roberto Minervini USA / Italie / France • 2018 • 2H03 • avec Judy Hill, Dorothy Hill, Michael Nelson, Ronaldo King, Titus Turner, Ashlei King, Kevin Goodman... Mostra Venise 2018 - Compétition Officielle | Festival international de la Roche sur Yon : Grand prix du jury international | Shellac • 5 décembre 2018

Site distributeur ici Un an après la mort d’Alton Sterling, une chronique de la communauté Afro-américaine de Baton Rouge en Louisiane, durant l’été 2017, quand une série de meurtres violents agite le pays. Une réflexion sur la question raciale, un portait intime de celles et ceux qui luttent pour la justice, la dignité et la survie dans un pays qui les maintient à la marge.

Dans le cadre de son soutien, l'ACOR a commandé un texte sur le film (bientôt disponible) à Raphaël Nieuwjaer, critique de cinéma. Celui-ci peut intervenir en salle pour accompagner le film. Raphaël Nieuwjaer écrit ou a écrit pour Chronic'art, Etudes, ou encore Le Magazine Littéraire et s'occupe depuis sa création en 2012 de la revue en ligne Débordements. Il a traduit Screening sex de Linda Williams (Capricci, 2014), et contribué à des ouvrages collectifs (Breaking Bad, Série Blanche, Les Prairies ordinaires, 2014 ; Notre caméra analytique, Post-éditions, 2015). Il est également chargé de cours à Paris et à Lille.

A son mi-parcours, la Mostra de Venise a connu sa projection la plus émouvante (…) avec What You Gonna Do When the World’s on Fire ?, qui a été honoré par une salle debout. Les très longs applaudissements ont tiré les larmes au réalisateur Roberto Minervini, aux acteurs de son film (qui ne sont pas des comédiens) et au public lui-même. Cette manifestation lacrymale ne relevait pas seulement de l’accueil chaleureux réservé au film. Elle saluait avant tout le propos de What You Gonna Do When the World’s on Fire ? ainsi que les hommes, les femmes et les enfants qui y figurent. Dans ce cinquième film documentaire, en noir et blanc, consacré au Sud américain (l’avant-dernier, The Other Side, suivait un couple de toxicomanes en Louisiane et des paramilitaires au Texas), le réalisateur est allé à la rencontre d’Afro-Américains de La Nouvelle-Orléans, dont l’histoire porte l’empreinte de siècles de racisme. Roberto Minervini a filmé en 2017, année tragiquement marquée par la mort de plusieurs Noirs non armés, abattus par des policiers. Comme à son habitude, le réalisateur, formé à la photographie et au reportage, a passé beaucoup de temps auprès de cette communauté, dont il a recueilli les confidences durant de longs mois, gagnant ainsi leur confiance et une proximité sans laquelle son documentaire n’aurait pas cette intensité profonde, ce respect gagné de part et d’autre, palpable dans le film. Il a ensuite laissé sa caméra agir, en longs plans séquences, afin qu’elle enregistre le quotidien, la colère, l’engagement, les réflexions de ces hommes et de ces femmes que la peur ne quitte pas mais que le courage soutient. (...) Roberto Minervini, qui fait partie de la nouvelle vague de talents du cinéma transalpin, a le don de l’écoute, au même titre que celui du cadrage. Suivant les préparatifs du Mardi gras indien comme s’il s’agissait d’une fiction, les Black Panthers en action à la manière d’un reporter, et les individus, comme le grand documentariste qu’il est, le réalisateur crée une œuvre d’une nature singulière qui abolit les frontières entre les différentes catégories cinématographiques. Depuis le début de la Mostra, What You Gonna Do When the World’s on Fire ? – dont le propos entre en résonance avec la politique de Donald Trump et la politique d’accueil des migrants en Europe – a été le premier film engagé et politique présenté jusqu’alors dans la sélection officielle. […] What You Gonna Do When the World’s on Fire ?, avec le réel dans ses bagages, a été le premier à bouleverser. Véronique Cauhapé • Le Monde […] Dans What You Gonna Do When the World’s on Fire?, en lice pour le Lion d'or de la Mostra de Venise, le documentariste italien Roberto Minervini se penche sur la division raciale dans un état en particulier, la Louisiane (où la disparité selon la couleur est encore plus grande qu'en Afrique du Sud sous l'Apartheid). Son film rend palpables la peur et sa contiguïté avec la violence et restitue les proportions du phénomène à partir des vies de quelques individus. [...] What You Gonna Do When the World’s on Fire? nous offre des moments de pure émotion, comme la scène de la parade nocturne de bicyclettes illuminées, pour montrer l'unité du quartier noir contre la violence. C'est un authentique documentaire d'observation de facture impeccable qui confirme l'engagement de Roberto Minervini pour ce qui est de témoigner du malaise causé par les inéquités sur le Nouveau Continent […] Camillo de Marco • Cineuropa


SOUTIENS GNCR DERNIERS JOURS À SHIBATI de Hendrick Dusollier

France • 2018 • 59' | Météore Films • 28 novembre 2018 Festival du Cinéma de Brive 2018 : Prix du jury

Edition d'un document d'accompagnement GNCR | Site distributeur ici Dans l'immense ville de Chongqing, le dernier des vieux quartiers est sur le point d'être démoli et ses habitants relogés. Le cinéaste se lie d'amitié avec le petit Zhou Hong et Madame Xue Lian, derniers témoins d'un monde bientôt disparu.

[…] Derniers Jours à Shibati est un bijou de grâce et d’émotion. Une fine évocation de la modernisation galopante de la Chine, à travers le démantèlement d’un quartier populaire de la ville de Chongqing (...) Sa découverte de la Chine, le Français Hendrick Dusollier la doit à un tout autre festival – le Golden Horse Festival de Taïwan –, où l’a mené en 2004 son court métrage d’animation archi primé Obras (visible ici). [...] Trois ans durant, il filme le pays en plein essor économique. En sortira Babel (visible là), un autre film d’animation utilisant des prises de vues « réelles », également célébré dans divers festivals, et dont Derniers Jours à Shibati reprend la thématique – non pas la forme allégorique, ni l’écriture singulière. Ce nouveau film, porté par le désir de sauvegarder une mémoire, s’inscrit en effet dans la pure tradition du cinéma du réel, s’articulant autour de trois protagonistes mémorables – trois habitants de Shibati, que le démantèlement programmé de leur quartier insalubre conduira dans des appartements modernes, où « chacun se retrouvera seul devant sa télé ». [...] Si Derniers Jours à Shibati nous amuse avant de nous étreindre, il le doit pour beaucoup à la légèreté des relations tissées avec Xue Lian, M. Li, Zhou Hong et les autres, par un « homme à la caméra » délesté des oripeaux du reporter et fragilisé par son statut d’étranger, sa solitude au sein d’une communauté humaine que la disparition de son quartier est d’ores et déjà en train de disloquer. François Ekchajzer • Télérama […] Le travail d'observation de Dusollier est extrêmement délicat. On ressent une empathie authentique pour ces habitants bousculés : ce garçonnet donc, une ramasseuse de déchets, un coiffeur, une mère dont le principal souci semble de savoir si le cinéaste a suffisamment mangé. Il y a dans ce portrait d'un monde au bord du précipice une humanité, quelque chose qui vit très fort à l'image et qui émeut. Cette ramasseuse semble d'ailleurs être une cousine des vieilles héroïnes-courage qu'on croise dans certains films de Brillante Mendoza, poussées malgré l'adversité par une pulsion de vie. Le long métrage a une certaine douceur - mais il n'est pas idéalisé. On voit les ruines apparaître en quelques mois, les briques par terre tandis qu'au mur reste accroché un vieux poster coloré. Un tas de débris est célébré comme un autel - la vieille femme déambule dedans comme dans une installation d'art. Mais il y a, en creux, une violence : celle des gamins de la ville qui ne se mélangeront pas au jeune héros, celle d'un artisan qui a perdu ses clients, celle du déplacement des populations dans un appartement qui semble propret mais qui, surtout, sera bien éloigné du cœur de la ville. La vie reprend son cours, et ne s'est d'ailleurs jamais arrêtée - Dusollier ne filmant jamais un constat social figé mais un portrait vivant, nuancé et humain. Nicolas Bardot • Filmdeculte.com

GRASS de Hong Sang-soo

Corée du Sud • 2017 • 1H06 • avec Kim Minhee, Jung Jinyoung, Ki Joobong, Seo Younghwa

Les Acacias • 19 décembre 2018

Edition d'un document d'accompagnement GNCR | Site distributeur ici Au bout d’une allée, un café que personne ne s’attendrait à trouver. Les gens s’assoient et parlent de leur vie. Au fil du temps, les clients se côtoient et apprennent à se connaître. Une femme les observe et semble mettre par écrit leurs pensées. La nuit commence à tomber mais tous restent dans le café.

Un an seulement après avoir présenté le très beau Seule sur la plage la nuit, Hong Sang Soo (…) présente Grass, un film choral d’à peine plus de 60 minutes, qui fait brillamment la synthèse de tout son cinéma [...] Le dispositif de départ est pourtant d'une grande simplicité. Il filme (en noir et blanc et en plans souvent fixes, fidèle à ses codes traditionnels de mise en scène) une succession de conversations entre des couples installés dans le même café, puis dans un restaurant. Leurs relations sont différentes, leurs propos aussi, et pourtant, bien sûr, les correspondances entre eux sont troublantes et nombreuses : ils s'assoient à la même place, prennent des boissons identiques, abordent des thèmes qui se répondent, du suicide à l'écriture, en passant par des remords ou des regrets sur le temps passé. Lorsque l'on est un habitué du cinéma d'Hong Sang Soo, on a appris à se méfier des apparences. Aussi suspecte-t-on rapidement que les différents couples, et leurs discussions, sont en réalité le fruit de l'imagination d'une jeune femme, assise à l'écart devant un ordinateur, et incarnée par Kim Min-hee, nouvelle muse d'Hong Sang Soo. [...] Le film propose ainsi une double lecture de son récit, à la fois réalité captée par une observatrice distante et fiction imaginée par cette même observatrice. Peu importe, au fond, puisque ce personnage à part (...) peut être perçu comme le double de cinéma du réalisateur. (...) Elle est à la fois la figure du réalisateur qui contrôle hors champ ce que disent ses acteurs, et celle du spectateur qui écoute et regarde sans prendre part à l'action. On sent d'ailleurs Hong Sang Soo de plus en plus introspectif sur son propre cinéma, glissant des remarques sur la musique (classique) qui sert d'ambiance sonore à la première partie du film, ou des compliments à l'égard du mystérieux propriétaire du café où se déroule l'intrigue, jusqu'à constituer une sorte de portrait en creux de lui-même. Un autre personnage se plaint même d'avoir l'impression de toujours dire la même chose (n'est-ce pas le reproche principal fait abusivement au cinéma d'Hong Sang Soo ?). Fidèle à son habitude, le cinéaste coréen brouille donc les pistes et tisse une intrigue faussement limpide (mais réellement fine, légère et drôle) dont chaque scène entre pourtant de manière complexe en résonance avec les autres, formant un ensemble cohérent et dense sur l'éternelle question des rapports entre les hommes et les femmes. [...] Rarement, peut-être, aura-t-on vu une telle chaleur humaine se dégager d'un des films du réalisateur coréen lors d'un final admirablement filmé (...) où la cartographie des lieux et la chorégraphie des corps suffisent à nous éclairer sur les rapports de chacun avec les autres. De l'intérieur à l'extérieur, d'une table à une autre, d'un plan serré à un plan d'ensemble, les liens se renouent, les émotions se libèrent, les espoirs renaissent. On se sent comme la narratrice, sentimentale devant ce ballet sensibles des êtres et des sentiments. […] Marie-Pauline Mollaret • Ecran noir


"RENCONTRE(S)" ET "REGARD(S)" SUR LES FILMS SOUTENUS PAR LE GNCR • FORTUNA : "RENCONTRE(S)" avec Germinal Roaux ici • CHRIS THE SWISS : "RENCONTRE(S)" avec Anja Kofmel ici – Le film étant également soutenu par l'AFCAE, cet avant-programme est accessible en DCP à l'aide de ce lien et sur le serveur FTP de l'AFCAE (codes disponibles sur l'espace adhérent). • SIX PORTRAITS XL : "RENCONTRE(S)" avec Alain Cavalier ici • L’ENVERS D’UNE HISTOIRE : RENCONTRE(S)" avec Mila Turajlic ici

SOUTIEN ACID ET SOUTIEN GNCR CASSANDRO THE EXOTICO! de Marie Losier France • 2018 • 1H23 | Sélection ACID Cannes 2018

Urban distribution • 5 décembre 2018

Edition d'un document ACID | Site ACID ici | Site distributeur ici Après 26 ans de vols planés et d’empoignades sur le ring, Cassandro, le roi des Exoticos – ces catcheurs gays qui dynamitent les préjugés – est incapable de s’arrêter. Le corps en miettes, pulvérisé, il va pourtant devoir se réinventer…

[ … ] Cassandro est un drôle de luchador. Ouvertement gay, portant des costumes inspirés des tenues de Lady Di, il est, surtout, un guerrier redoutable. Cela fait maintenant plus de 26 ans que celui-ci arpente les rings et fait l’objet de tous les regards, fascinés comme haineux. Mais Cassandro se fait vieux et approche la cinquantaine. Désormais, quand il n’est pas en convalescence, il tente quelques spectacles ici et là ou donne des cours en tournée en Europe. Il repense au passé, raconte ses exploits d’antan ou son histoire douloureuse à Juarez, où il a grandi dans un monde ultra-violent, entre bagarres, agressions, insultes et seringues usagées. Marie Losier en tire un documentaire tourné caméra à l’épaule, capturant cette douloureuse période de remise en question. Auto-détérioration D’un côté il y a donc Cassandro l’exotico !, le célèbre catcheur gay mexicain, Saúl Armendáriz de son vrai nom . Son corps est en lambeaux, torturé par des années de lutte intense, mais sa détermination tient toujours. Ses os sont brisés et fracturés, mais sa carrure trône fièrement devant les photographes. Fait de chair et de matière métallique, ses broches et son organisme sont en fusion, pris dans un bouillonnement sidérant. Pourtant, on sent que Cassandro peut tressaillir à n’importe quel moment. D’un instant à l’autre, il manque de tomber, de s’écrouler, de trébucher violemment. Ses dépressions chroniques en sont la manifestation : le luchador émérite est au bout du rouleau. La panne sèche est toute proche… De l’autre il y a donc Cassandro the exotico !, le documentaire de Marie Losier. Tourné sur pellicule, il tremble et hésite. Il capte tout a la volée, s’accélère et ralentit. Sa pellicule se craquelle aussi, on en voit les failles et les fractures. Des petits fissures viennent la mettre au défi du réel : un tel support, aussi fragile, peut-il enregistrer l’effervescence de la vie de ce catcheur tout en illustrant sa décrépitude certaine ? Indéniablement, oui. Marie Losier arrive à capter les débordements de couleurs autant que les blessures et les fêlures qui dictent la vie de Cassandro. Même les conversations Skype entre la réalisatrice et son sujet de fascination finissent, elles aussi, par être malmenées par la compression et les baisses de connexion. Chaque scène est précieuse et fragile, car la fin est toute proche… Corentin Lé • Cineserie

SOUTIEN ACID ET RECOMMANDATION GNCR A BREAD FACTORY, PART 1 CE QUI NOUS UNIT de Patrick Wang

USA • 2017 • 2H02 • avec Tyne Daly, Elisabeth Henry, James Marsters, Nana Visitor,...

ED Distribution • 28 novembre 2018

Site distributeur ici | site ACID ici Il y a quarante ans, dans la petite ville de Checkford, Dorothea et Greta ont transformé une usine à pain désaffectée en un espace dédié aux arts : La Bread Factory. Mais un couple célèbre d’artistes-performeurs chinois est arrivé en ville et menace de récupérer les subventions culturelles permettant de faire vivre ce lieu. Non sans humour, les habitants de Checkford tentent de s’adapter aux changements et la Bread Factory de survivre...

À toute communauté il faut, pour exister pleinement, une scène. Un espace de représentation où la fiction puisse prendre le relais de la réalité et y résoudre les conflits les plus archaïques ou les plus fondamentaux qui agitent la Cité. Les Grecs l'avaient bien compris, qui inventèrent le théâtre, lieu par excellence de réunion de la communauté, espace de rencontre entre esthétique et politique. Et c'est à cette rencontre que nous convie à son tour Patrick Wang dans A Bread Factory, dont le personnage principal est précisément le lieu qui donne au film son titre, soit un centre culturel à qui la municipalité menace de retirer sa subvention vitale. Le film orchestre ainsi l'affrontement de deux visions du monde : technocratie vs démocratie. Mais il le fait sans recourir au spectaculaire, préférant s'attarder avec attention sur chaque membre de cette communauté. Patrick Wang travaille son film comme un diamantaire, facette après facette, scène après scène, avec une grande et belle précision dans la construction de chaque plan, jusqu'à obtenir l'éclat sans pareil de l'ensemble . Si sa mise en scène convoque tout à la fois le soap-opera et une fantaisiste artificialité à la Wes Anderson, c'est pour mieux faire ressortir la vérité et parfois la cruauté des situations et des relations entre les personnages. Avec au bout une victoire, celle de la sensibilité, de l'intelligence, de l'art comme résistance collective aux tentations individualistes, marchandes, superficielles et délétères. Dans l'Amérique de Trump – et notre vieille Europe aux démocraties malmenées – cette chronique sensible et politique d'un bien commun affirme sa brûlante nécessité ; comment comprendre autrement la référence à Hécube d'Euripide qui préfère mourir libre que vivre esclave ? A Bread Factory ou la dignité retrouvée des États-Unis, sauvée par un cinéaste, au sens fort du mot, politique. Clément Schneider, cinéaste, membre de l'ACID


SOUTIEN AFCAE ACTIONS PROMOTION WILDLIFE - UNE SAISON ARDENTE

de Paul Dano

Etats-Unis • 2018 • 1H45 • avec Carey Mulligan, Jake Gyllenhaal, Ed Oxenbould, Bill Camp

ARP sélection • 19 décembre 2018

Semaine de la Critique 2018 - Film d'ouverture

Edition d'un document AFCAE | Site distributeur ici Dans les années 60, Joe, un adolescent de 14 ans regarde, impuissant, ses parents s’éloigner l’un de l’autre. Leur séparation marquera la fin de son enfance.

Toujours particulièrement délicate, l’aventure du premier film est l’ineffaçable carte de visite d’un jeune réalisateur souvent hanté par l’urgence de porter à l’écran un projet mûri de longue date. De ce paradoxe infernal où les plus vieilles idées sont parfois narrées avec une fougue et une immaturité désarmantes, bon nombre de cinéastes extirpent des propositions inégales, clouées sous le poids d’une envie enterrant la retenue et l’élégance. Avec son adaptation du roman de Richard Ford, Une Saison ardente, Paul Dano vient réhabiliter ces deux belles qualités en prenant le contre-pied des extravagances inaugurales pour façonner un cinéma de la force tranquille que ne renierait pas un certain Jeff Nichols. L’enjeu était pourtant double pour l’acteur de Little Miss Sunshine ou There Will Be Blood qui devait, tout d’abord, réussir son essai mais aussi affronter la douloureuse expérience du passage derrière la caméra. (…) Paul Dano s’est attaché à affiner les moindres contours de son récit afin de le laisser se déployer dans un poignant mélange d’humilité et d’audace. Bien sûr, les hésitations sont légion mais l’application d’une mise en scène qui touche systématiquement juste et la succession de références picturales (notamment à Edward Hopper) donnent au film une petite musique suffisamment singulière pour séduire. Il y a, dès lors, une affection de tous les plans pour des protagonistes libérés des archétypes, à présent prêts à exister en figures étonnamment modernes et réalistes. Quasiment pensé comme le pendant adolescent du comédien, le personnage d’Ed Oxenbould voit le mariage de ses parents imploser et le rassurant cocon familial voler en éclats tandis qu’il entre progressivement dans l’âge adulte. (...) À la fois héros et observateur, il sera le témoin privilégié des remises en question d’une middle class américaine en pleine quête d’émancipation. Tel son réalisateur, Wildlife cultive la modestie et la subtilité, tout comme le choix perpétuel de l’exigence. Se révélant en excellent directeur d’acteurs, Paul Dano offre ainsi de superbes rôles à Carey Mulligan et Jake Gyllenhaal qui retrouvent les sommets après une période moins faste pour l’un comme pour l’autre. Ensemble, ils parviennent à atteindre miraculeusement une prestance de jeu qui ne confond jamais l’exaltation de la performance et la pertinence du détail. À l’image d’un plan final impressionnant de beauté qui rassemble tout ce que le film a développé jusqu’ici : une pudeur et une émotion qui refusent de se dérober face à l’inéluctable. Céline Bourdin • lebleudumiroir.fr

LE PROCÈS CONTRE MANDELA ET LES AUTRES de Nicolas Champeaux et Gilles Porte France • 2018 • 1H43 | Ufo distribution • 17 octobre 2018 Festival de Cannes 2018 • Sélection Officielle - Séance spéciale

Site distributeur ici L’histoire de la lutte contre l’apartheid ne retient qu’un seul homme : Nelson Mandela. Il aurait eu cent ans cette année. Il s’est révélé au cours d’un procès historique en 1963 et 1964. Sur le banc des accusés, huit de ses camarades de lutte risquaient aussi la peine de mort. Face à un procureur zélé, ils décident ensemble de transformer leur procès en tribune contre l’apartheid. Les archives sonores des audiences, récemment exhumées, permettent de revivre au plus près ce bras de fer.

L'ACOR a sollicité Yola Le Caïnec, enseignante au lycée Chateaubriand à Rennes pour faire un travail critique autour du film. Plusieurs élèves vont ainsi rédiger des textes sur le film autour de la question du documentaire, du rapport histoire et cinéma et de la question du point de vue. Propositions d'accompagnement du film : > dossier pédagogique en ligne sur le site de Zéro de conduite: http://www.zerodeconduite.net/film/3702 > Solidarité Laïque et la Ligue de Droits de l'Homme (LDH) sont partenaires du film et peuvent proposer des intervenants pour accompagner séances publiques ou scolaires. • Solidarité Laïque (Collectif agissant en faveur d'un accès égalitaire à l'enseignement): Ils sont associés à Zéro de conduite pour la fabrication du dossier pédagogique. Si vous souhaitez organiser des rencontres en région, merci de contacter le distributeur. Solidarité laïque, via leurs membres en région (la ligue de l'enseignement, les CEMEA...), prendra le relais afin de trouver l'intervenant adéquat. • La Ligue des Droits de l'Homme: possibilié de contacter les responsables de sections en région afin d'organiser une rencontre pour une séance publique et/ou scolaire : https://www.ldh-france.org/en-region


SOUTIEN AFCAE PATRIMOINE RÉPERTOIRE LA SECTION ANDERSON de Pierre Schoendoerffer France • 1967 • 1H17 • Oscar du meilleur documentaire en 1968

Solaris Films • 2 janvier 2019 (version restaurée)

Edition d'un document AFCAE | Site distributeur ici Pierre Schoendoerffer, vétéran de la guerre d'Indochine, accompagne une section de soldats américains durant les combats au Vietnam en 1966.

La Section Anderson, de Pierre Schoendoerffer, dégage une impression de déjà-vu. Mais l'effet est terriblement trompeur, car ce film de 1966 a été tourné avant ceux qui allaient devenir les grands classiques de la guerre du Viêt-nam, d'Apocalypse Now à Full Metal Jacket. Le documentaire (…) forme la souche des images (et de l'imaginaire) que l'engagement américain en Asie du Sud-Est a suscitées. Pierre Schoendoerffer, cinéaste et romancier français, a inventé le genre. En 1966, le réalisateur comblé de la 317e Section s'interroge : un documentaire sur la guerre permet-il de «ramasser autre chose qu'une somme d'anecdotes et d'accéder au mystère de la condition humaine»? Il fait part de son questionnement à Pierre Lazareff, rédacteur en chef de l'émission Cinq Colonnes à la une. (...) Pierre Schoendoerffer s'envole pour l'Extrême-Orient avec un cameraman, Dominique Merlin, et un preneur de son eurasien, Raymond Adam. Ils y resteront deux mois et demi. [...] Schoendoerffer va ainsi mettre le doigt sur les deux problèmes les plus douloureux de l'Amérique des années 60 : la question noire et la guerre du Viêt-nam. […] Jean-Dominique Merchet • Libération […] Tourné durant six semaines aux côtés des 33 soldats de la section commandée par un jeune lieutenant noir, cette composition cinématographique à la fois rigoureuse et créative est peut-être ce que le cinéma a produit déplus ample et de plus précis concernant la réalité d’une guerre particulière, celle qu’ont fait les Etats-Unis au Vietnam. La Section Anderson est l’envers radical des Vietnam Movies hollywoodiens, qui comptent au moins deux chefs d’œuvre ( Apocalypse Now et Voyage au bout de l’enfer) mais tournés après, ailleurs, et consacrés bien davantage à la psyché américaine qu’au conflit lui-même. «Embedded» mais libre, sans illusion mais sans ironie, homme d’action et homme de cinéma, Schoendoeffer construit une description à la fois quotidienne et épique, singulière mais d’une très vaste portée mettant en scène une situation filmée pour elle-même, et qui, grâce à cela, ne cesse de se charger de sens et d’émotion. Il faut tout le poids de l’imbécile séparation entre fiction et documentaire, et la condescendance à l’encontre de celui-ci pour que, malgré l’Oscar qu’il lui a valu, La Section Anderson, œuvre majeure de son auteur en même temps que sommet du cinéma de guerre, ne soit mentionné qu’en passant dans l’évocation de l’œuvre du cinéaste. Jean-Michel Frodon • Slate.fr

SOUTIENS AFCAE JEUNE PUBLIC PETITS CONTES SOUS LA NEIGE France • 40 ' • Animation | Folimage • 14 novembre 2018

Edition d'un document AFCAE Site distributeur (avec DP, livret pédagogique, fiche « activités minute ») ici

LE RÉVEILLEUR de Filip Diviak (2017 • République tchèque • 9.31') Tous les matins, un homme fait le tour des maisons de son village et frappe aux portes pour réveiller les habitants. Un jour, il reçoit une clochette en guise de paiement : sa routine insouciante est alors bouleversée.

DRÔLE DE POISSON de Krishna Chandran A. Nair (2017 • France / Suisse • 6.06') Quelque part au milieu de l’océan, un groupe de poissons unit ses forces pour secourir un étrange congénère rouge flottant à la surface.

LA LUGE ET LE DRAGON de Eugenia Zhirkova (2017 • Russie • 2.37') Portée par son imagination débordante, une petite fille vit une folle aventure accompagnée de son père et... de sa luge !

PÊCHEURS D’ÉTOILES de Han Zhang (2016 • États-Unis • 5.05') Dans un petit port, un grand-père et son petit-fils vendent des étoiles. Lorsque ces dernières viennent à manquer, le jeune garçon doit prendre sa barque et braver tous les dangers pour rapporter une nouvelle pêche miraculeuse !

BIQUETTES de Ekaterina Filippova (2016 • Russie • 1.33') Deux chèvres et leur amie girafe profitent d’un voyage en train à travers la campagne pour grignoter tout ce qui passe à leur portée.

LA FAMILLE TRAMWAY de Svetlana Andrianova (2016 • Russie • 10') Maman Tram et Petit Tram quittent chaque jour leur dépôt pour promener les habitants. Bêtises, apprentissage ou réconfort, Petit Tram a encore besoin du soutien inconditionnel de sa mère. Mais le temps passe et c’est au tour de Maman Tram d’avoir besoin d’aide.

LE SCEPTRE DU PÈRE NOËL de Alexey Alekseev (2016 • Russie • 3.30') Lorsque le Père Noël quitte sa forêt enneigée pour faire sa tournée, il laisse malencontreusement tomber son sceptre magique. Un petit lapin qui peine à se faire respecter par les autres animaux y voit une opportunité de prendre sa revanche.


PACHAMAMA de Juan Antin France • 2018 • 1H10 • animation

Haut et court • 12 décembre 2018

Edition d'un document AFCAE | Site distributeur ici Tepulpaï et Naïra, deux petits indiens de la Cordillère des Andes, partent à la poursuite de la Pachamama, totem protecteur de leur village, confisqué par les Incas. Leur quête les mènera jusqu’à Cuzco, capitale royale assiégée par les conquistadors.

Qu’est-ce qui vous a séduit quand vous avez découvert le projet de Juan Antin et de Maria Hellemeyer ? Pourquoi cela correspondait-il à la démarche de Folivari ? Didier Brunner : C'était d'emblée un projet très intéressant par son originalité graphique et par la volonté de Juan et Maria d’évoquer la civilisation précolombienne, et l’histoire des peuples andins d’Argentine et du Pérou. Mais l’approche visuelle des personnages était encore trop proche des références archéologiques dont Juan et Maria s’étaient servi : il fallait les rendre plus expressifs. Damien Brunner : A l’époque, Juan comptait réaliser le projet en Stop Motion. Ce qui nous a passionné, c'est le conte en lui-même : son lyrisme, ses décors, son contexte. Patricia Valeix, Olivier de Bannes et Juan ont retravaillé le scénario pour le simplifier. Patricia a rebâti l'histoire avec Juan pendant un an pour aller vers une fable racontée selon le point de vue de deux enfants. C’est en cela que Pachamama est proche de Kirikou. Didier Brunner : Les faits historiques relatant l'arrivée des espagnols au Pérou sont traités au second plan, parce que ce qui nous intéressait c'était de voir comment ils étaient vécus par ces deux enfants d'un village des Andes. Damien Brunner : Ce qui correspondait à l’esprit des productions de Folivari, ce sont les grandes notions du projet : l'osmose entre les gens du village et leur terre, le ré-ensemencement, l'écologie et cette lutte « anti- consumériste » entre ces peuples andins imprégnés de spiritualité et de respect de la nature et les conquistadors matérialistes, prêts à tout détruire pour piller les richesses. Cette histoire était en phase avec ce que nous mettons en place chez Folivari depuis Ernest et Célestine, Le Grand Méchant Renard et nos autres projets : il y a toujours un double niveau de lecture. Il y a le fond et la forme... Didier Brunner : Absolument. Nous avons d’abord le fond parce que c'est une fable dont on peut dégager un certain nombre de pistes de réflexions historiques, philosophiques et écologiques pour les enfants, et ensuite la forme parce qu'on leur propose des univers graphiques qui sont en correspondance avec le sujet qui est traité. Pachamama parle du monde précolombien en prenant en compte l'identité artistique et culturelle de cette civilisation. […] Propos de Didier et Damien Brunner, producteurs – extraits du dossier de presse

MIRAÏ, MA PETITE SOEUR de Mamoru Hosoda France • 2018 • A partir de 9 ans | Quinzaine des réalisateurs 2018

Wild Bunch • 26 décembre 2018

Edition d'un document AFCAE | Site distributeur ici Kun est un petit garçon à l’enfance heureuse jusqu’à l’arrivée de Miraï, sa petite sœur. Jaloux de ce bébé qui monopolise l’attention de ses parents, il se replie peu à peu sur luimême. Au fond de son jardin, où il se réfugie souvent, se trouve un arbre généalo-ma-gique. Soudain, Kun est propulsé dans un monde fantastique où vont se mêler passé et futur. Il rencontrera tour à tour ses proches à divers âges de leur vie : sa mère petite fille, son arrière grand-père dans sa trépidante jeunesse et sa petite sœur adolescente ! A travers ces aventures, Kun va découvrir sa propre histoire.

Reprenant sa thématique de la famille, de l’éducation et des liens inter-générationnels, Mamoru Hosoda, avec « Miraï, ma petite sœur », pénètre une sphère plus réaliste, mais pas moins poétique, de son cinéma. Depuis douze ans maintenant et cinq longs-métrages « personnels » plus tard (La Traversée du temps, Summer Wars, Les Enfants loups, Ame et Yuki, Le Garçon et la bête), le cinéma de Mamoru Hosoda continue avec Miraï, ma petite sœur d’explorer et d’approfondir la thématique de la famille, dans ces rapports de transmission de valeurs, de filiation et d’affirmation de soi. Imaginaire poétique Moins tragique que Les Enfants loups et moins politique que Le Garçon et la bête, Miraï, ma petite sœur n’en est pas moins bouleversant mais dans un tout autre registre, moins spectaculaire, qui le rapprocherait davantage du cinéma intimiste de son homologue Hirokazu Kore-eda. En suivant l’histoire du point de vue de Kun – petit garçon qui se sent « orphelin » de ses parents (comme tous les héros d’Hosoda) depuis l’arrivée de sa petite sœur – le film va tout de même investir de nouveau le champ de l’imaginaire, des animaux anthropomorphes aux voyages spatio-temporels dans le passé et le futur, à travers l’imagination de son très jeune héros. Une quête des origines (de sa mère, de son père, de son grand-père, etc.), mêlée à une visitation du futur (« Mirai de l’avenir » vient lui rendre visite), constitue ainsi l’initiation, comme autant de rites de passage, du jeune Kun afin qu’il puisse trouver son équilibre au sein de la nouvelle organisation de sa famille. Les séquences de rêverie de Kun, visuellement splendides et animées toujours avec ce même mouvement libre et salutaire, retrouvent le lyrisme qui font la beauté de ces films [...] Si l’on connaissait déjà le talent visuel et narratif d’Hosoda en matière d’imagination poétique, servie par une mise en scène aérienne embrassant tout le « cosmos » à travers une symbolique efficace (l’arbre de la cour comme espace liminaire) et une mythologie populaire (le monstre Onibaba, légende de la Fête des filles), on sera agréablement surpris par l’acuité de son réalisme – sens du détails, du geste quotidien, des émotions feutrées et de l’architecture de l’espace. Celui-ci entraîne son film, (…) dans une vision épurée et inventive, souvent très drôle, des aléas de la vie de famille avec toutes la gamme d’émotions qu’elle comporte (agacement, énervement, fatigue, joie, larmes, etc.). Si l’arrivée de Miraï dans la maison entraîne son lot de changement au quotidien – le père devant dorénavant s’occuper seul de la maison (sûrement directement inspirée de la vie d’Hosoda) -, elle implique surtout un « grandissement » de la part de toutes les membres de la famille : une nouvelle organisation du temps et de l’espace qui fait la part belle à l’entraide et au respect. En s’éloignant du fantastique spectaculaire, elliptique et critique (sur le monde contemporain notamment) de ses précédents films, Miraï, ma petite sœur privilégie le lyrisme de la vie réelle à l’image de l’initiation et des rituels qui l’entoure. Une part de réel, comme ces moments partagés entre un père et son fils, chacun tentant de faire de son mieux, à l’image de l’épisode du vélo. Et une d’imaginaire à l’instar de ces moments oniriques où Kun part à l’encontre de tout ce qui constitue son soi (sa famille, ses ancêtres, son chien, ses trains, etc.). Avec Miraï, ma petite sœur, Hosoda livre une vision poétique de la vie réelle qui, au delà de l’apaiser, la ré-enchante de manière merveilleuse. Antoine Gaudé • cineserie.com


LES RITOURNELLES DE LA CHOUETTE Programme de courts métrage d'animation • France • 48' • dès 4 ans | Cinéma Public films • 6 février 2019

Site distributeur ici La Chouette du cinéma a rassemblé cinq histoires à ritournelles : La petit fourmi qui a plein d'amis, l'escargot farceur démasqué, la sage tortue d'or, l'humble tailleur de pierre et le candide Basile, nous invitent à ne pas nous croire les plus forts ni les plus malins, et à rester modestes. Les Ritournelles de la Chouette composent une amusante et délicate exhortation au vivre ensemble dans la simplicité.

UN TRAVAIL DE FOURMIS d'Anaïs Sorrentino (2017 • 7.09') Par une fraîche journée d'automne, un ours prend froid dans la rivière. De retour dans sa grotte, il éternue si fort qu’un énorme rocher tombe devant l’entrée et le bloque à l’intérieur. Malgré tous ses efforts, et malgré l'aide de la fourmi, du blaireau, du loup, de l'élan et du bison, il ne parvient pas à déplacer le bloc de pierre. Mais c’est sans compter la perspicacité de la petite fourmi…

L'ARBRE À GROSSE VOIX d'Anaïs Sorrentino (2017 • 6. 29') Une souris veut se loger dans le tronc d’un vieil arbre quand celui-ci la menace d’une grosse voix. La souris s'enfuit et croise un écureuil, qui, d’abord sceptique, va vivre la même expérience. Viendra le tour d’un lapin, puis d’un pinson et, enfin, d’une tortue qui, elle, ne s’en laissera pas conter. Farce d’apprentissage pour les plus petits, L’Arbre à grosse voix est une variation d’un conte d’humour africain.

LA TORTUE D'OR de Célia Tisserant et Célia Tocco (2018 • 13.07') Un couple vit heureux dans une humble masure. Un jour, l’homme pêche dans ses filets une tortue aux écailles d’or. En échange de sa liberté, l’animal promet au pêcheur d’exaucer tous ses vœux. Une approche tendre et moderne de cette fable classique qui illustre la fâcheuse tendance humaine à l’avidité.

L'HUMBLE TAILLEUR DE PIERRE de Frits Standaert (2018 • 16.54') Un banquier vaniteux et opulent croyait posséder toutes les richesses, mais l’ennui l’accablait de tristesse. Un jour, il s’approche de la maison d’un humble tailleur de pierre qui, dit-on, vit satisfait de sa liberté, de son rocher et d’une tasse de thé à l’aurore. « Mais que peut-on faire sans or ? », rugit le banquier tout en pariant que cet homme désire l’or avec ardeur !

OÙ VAS-TU BASILE ? de Jérémie Mazurek (2018 • 3.15') Basile part au marché vendre son cheval. Il croise sur sa route un malin qui lui troque le canasson contre une vache. Basile échange un peu plus loin sa vache contre une chèvre, puis la chèvre contre une poule… Adapté d'une chanson de Georges Bonnet et Loulou Gasté, le court métrage Où vas-tu Basile? montre que, contrairement aux apparences, celui qu'on croyait prendre n'est pas toujours pris!

FUNAN de Denis DO

France • 2018 • 1H24 • animation avec les voix de Bérénice Béjo et Louis Garrel

Bac films • 13 mars 2019

Site distributeur ici | Soutien en direction du public ado - Une pastille vidéo pour une diffusion en salle et sur les réseaux sociaux sera mise à disposition dans le mois qui précède la sortie du film. La survie et le combat d’une jeune mère, durant la révolution khmère rouge, pour retrouver son fils de 4 ans, arraché aux siens par le régime.

Les quinze minutes de standing ovation qui ont suivi les images de fin de Funan, lors de sa présentation au Festival d’Annecy, lui ont bien certainement pavé la voie. Quelques jours plus tard, le réalisateur Denis Do reçoit la consécration ultime, le Cristal du long métrage, pour son tout premier film. Un projet qui l’a tenu en haleine presque dix ans, mais auquel il pense depuis deux fois plus longtemps : c’est depuis tout petit que sa mère lui raconte les souvenirs de sa dure vie sous le régime des khmers rouges, au Cambodge. De 1975 à 1979, le régime des khmers rouges, mené par le parti communiste et son dirigeant Pol Pot, a pris le contrôle total du Cambodge. Les villes ont été vidées, les familles forcées à l’exil afin de fonder une nouvelle société dite idéale et sans classes sociales, purgée de l’influence capitaliste. Funan est un témoignage de ces sordides événements qui ont mené à la perte de près de 20 % de la population du pays. De toutes ces bribes du passé racontées par sa mère, Denis Do en a fait un film. Pas un documentaire, ni un cours d’histoire, mais un témoignage : celui d’une mère décidée à sauver son fils quoi qu’il arrive. Sans concession, Funan n’occulte ni la violence, ni la dureté, ce pourquoi il est aussi réussi. (…) Non-désireux de laisser un personnage prendre le dessus sur les autres dans son film, Denis Do nous fait suivre l’évolution de toute une famille. Le point de vue est donc très volatile et se partage entre Sovahn, l’enfant, ses parents (interprétés par Bérénice Béjo et Louis Garrel), sa grand-mère ou encore certains de leurs proches. Funan présente ainsi les conséquences du régime des khmers rouges sur chacun d’entre eux, sans pour autant imposer un effet catalogue. Funan tend également à briser tout manichéisme : parmi les soldats des khmers rouges, certains ont été des amis, des proches. Le film explore ainsi cette délicate frontière entre devoir et compassion. Il en va de même pour ces populations exilées, forcées malgré elles à avancer : à quoi certaines personnes sont-elles prêtes pour atténuer leurs souffrances et obtenir ce qu’elles souhaitent de la part de certains soldats ? Il y a également des petits gestes, des tentatives héroïques, des sacrifices. Certains portent leurs fruits tandis que d’autres échouent lamentablement : il n’est pas question d’éviter la violence, ni d’édulcorer la réalité. […] Et malgré tout, quelques moments de tendresse subsistent : ces retrouvailles entre les parents de Sovahn, les voix graves de Bérénice Béjo et Louis Garrel, leur souffle qui se pose, ces magnifiques plans sur les roseaux… Le tout sublimé par les compositions de Thibault Kientz-Agyeman. (...) Gabin Fontaine • www.silence-moteur-action.com


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