2018 | N°01

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L'ACOR est une association inter-régionale implantée dans cinq régions de l'Ouest de la France – Bretagne, Centre Val de Loire, Normandie, Pays de la Loire et Nouvelle Aquitainr. Elle regroupe des structures tournées vers la défense de l'art et essai et de la recherche dans le cinéma.

C O M M U N I Q U É A s s o c i a t i o n d e s c i n é m a s d e l ' o u e s t p o u r l a r e c h e r c he

N°01 Lundi 19 février 2018 p.1 > Soutiens ACOR p.2, 3 et 4 > Soutiens et recommandations GNCR p.4 et 5 > Soutiens ACID p.5, 6 et 7 > Soutiens AFCAE Actions-promotion p.7 et 8 > Soutiens AFCAE Jeune public p.8 > Info Agence du court métrage

Directeur de publication : Yannick Reix et Antoine Glémain, co-présidents de l'ACOR | rédaction : Catherine Bailhache et Soizig Le Dévéhat • contact@lacor.info • www.lacor.info | Avec le soutien du CNC et des DRAC des régions Centre Val de Loire, Pays-de-la-Loire, Nouvelle Aquitaine et Bretagne

••• SOUTIEN ACOR ••• DEMONS IN PARADISE de Jude Ratman documentaire • Sri Lanka • 2017 • 1H34

Survivance • 21 mars 2018 | Festival de Cannes 2017 : séance spéciale

Site distributeur ici | Lien de visionnement disponible 1983, Jude Ratnam a cinq ans. Il fuit à bord d’un train rouge les massacres perpétrés contre les Tamouls par le gouvernement pro-cinghalais de Sri Lanka. Aujourd’hui, réalisateur, Jude parcourt à nouveau son pays du sud au nord. Face à lui défilent les traces de la violence de 26 ans d’une guerre qui a fait basculer le combat pour la liberté de la minorité tamoule dans un terrorisme autodestructeur. En convoquant les souvenirs enfouis de ses compatriotes ayant appartenu pour la plupart à des groupes militants, dont les Tigres Tamouls, il propose de surmonter la colère et ouvre la voie à une possible réconciliation.

Dans le cadre de son soutien, l'ACOR > a commandé un texte sur le film à Anthony Goreau-Ponceaud, géographe et maître de conférences à l'Université de Bordeaux, membre de l'UMR 5115 LAM Sciences Po Bordeaux. Développés dans une perspective pluridisciplinaire, ses travaux s'inscrivent principalement dans les champs de la géographie des migrations et des mobilités. Il s'attache principalement à comprendre la façon dont les individus et les sociétés fabriquent leurs cadres de vie et spatialisent leurs activités. Depuis 2004, il mène ses recherches sur la diaspora tamoule sri-lankaise, le séparatisme et le nationalisme. Il a publié plusieurs articles et chapitres d'ouvrage sur ces thématiques, coordonné des numéros de revue (Hommes et Migrations, Migrations Société) et co-dirigé un dictionnaire sur Sri Lanka. > a commandé un texte sur le film à Cindy Rabouan (à venir). Celle-ci peut intervenir en salle pour accompagner le film. > va réaliser un mini-site sur le film (à venir)

Extraits du texte de Anthony Goreau-Ponceaud • texte intégral (bientôt en ligne sur le site de l'ACOR) " [...] A travers un récit en partie autobiographique, Jude Ratnam nous invite à une introspection honnête et à dépasser les singularités de ce conflit séparatiste cruel, sanglant et meurtrier pour interroger son universalité. En pointant subtilement vers ce silence apparent qui témoigne d’un malaise identitaire profond, le réalisateur appelle à une réconciliation de la communauté tamoule, prémisse nécessaire vers la transition, la réhabilitation des victimes et la réconciliation nationale. Dans un élan cathartique, Jude Ratnam, par le choix des images, des mots et la manière qu’il a d’exhumer ses souvenirs d'enfance, tisse progressivement et lentement les éléments d’une réconciliation identitaire permettant de s’affranchir de la peur et de la culpabilité. S’il existe d’autres films évoquant et dénonçant les atrocités commises par les Cinghalais et les dérives fascistes du séparatisme (A Mango Tree in the Front Yard, 2008, de Pradeepan Ravvendran ; Ini Avan : celui qui revient, 2012, de Asoka Handagama), l’œuvre de Jude Ratnam est marquée par une double originalité. Elle provient, d’une part de la dénonciation des crimes et de la souffrance infligée par des Tamouls à d'autres Tamouls, et d’autre part, par la mise en scène de l’histoire intime de son oncle Manoranjan. Le film, intégralement tourné à Sri Lanka, le montre en train de visiter le pays après de nombreuses années, se remémorant quelques souvenirs traumatisants et emplis de brutalité. Cette histoire du séparatisme de l’intérieur permet de faire émerger un passé insoutenable marqué par la barbarie. En nous donnant à voir un auto-examen critique de ce qui a mal tourné au sein des mouvements séparatistes et au sein de la communauté tamoule dans son entièreté, le réalisateur soulève deux questions essentielles : comment un pays peut-il arrêter le cycle sans fin de la peur et de la violence ? Comment une reconstruction apaisée peut-elle se mettre en œuvre moins de 9 ans aprè s la fin du conflit ? L’œuvre de Ratnam nous offre, d’une part, les moyens d’entrer dans l’esprit et les ressorts de ces réaffirmations identitaires qui nous sautent à la figure, et d’autre part de comprendre le tiraillement d’une société sri-lankaise qui aboutit – dans un réflexe quasi atavique – à la construction d’une altérité indépassable. […] "


SOUTIENS GNCR NI JUGE, NI SOUMISE de Jean Libon et Yves Hinant

Belgique • 2017 • 1H39

ARP Sélection • 7 février 2018

Edition d'un document d'accompagnement GNCR Site distributeur ici 'Ni Juge ni soumise' est le premier long-métrage StripTease, émission culte de la télévision belge. Pendant 3 ans les réalisateurs ont suivi à Bruxelles la juge Anne Gruwez au cours d'enquêtes criminelles, d’auditions, de visites de scènes de crime. Ce n'est pas du cinéma, c'est pire.

« Ce n’est pas du cinéma, c’est pire », c’est avec cette succincte phrase d’accroche que Ni juge, ni soumise se présente. Et difficile au fond de lui donner tort tant le documentaire de Jean Libon et Yves Hinant se joue du politiquement correct avec sa fenêtre grande ouverte sur le quotidien d’une juge atypique : les deux réalisateurs ne s’interdisent rien, quitte à déranger. Une première itération cinématographique pour le duo qui exporte avec brio la série documentaire Strip-Tease dans un format long, un moment assurément percutant (...) Déjà rencontrée à l’occasion d’un épisode de la série, nommé Madame la Juge, Anne Gruwez est à nouveau devant la caméra des deux silencieux réalisateurs. Connue notamment pour être une personnalité unique du système judiciaire belge, la juge Gruwez enquête dans le documentaire sur des faits qui remontent à plus de deux décennies : le meurtre de deux prostituées à Bruxelles. Les moyens d’aujourd’hui n’étant pas ceux d’hier, la juge espère enfin pouvoir mettre un nom sur le meurtrier. Un fil rouge qui évolue au gré des affaires. Une construction intéressante qui permet de déshabiller un peu le processus suivi dans le cadre d’une enquête criminelle en Belgique, tout en montrant le quotidien d’un juge. Le spectateur est gâté : la caméra de StripTease ne loupe rien et enregistre tout, sans distinction. Avec son absence de textes ou de commentaires, le documentaire cherche comme à l’accoutumée avec la série à délivrer le plus authentiquement les situations. Une forme de neutralité, une recherche de la simplicité qui peut déstabiliser, mais qui constitue finalement l’ADN de la série : décomplexer ce qui a souvent été critiqué comme du voyeurisme pour montrer le difficile, le piquant, le choquant, l’impensable même parfois. La juge Anne Gruwez est justement confrontée, dans son travail, à tout ça. Sorte de Yolande Moreau du barreau, la rayonnante juge Gruwez bouscule, dérange et surtout fait régner la loi. Une personne rare, qui intrigue par son esprit et son regard : une forteresse qui se défend avec comme arme un sens dévastateur du mot, les reparties étant aussi savoureuses que parfois déplacées. Un choc peut-être nécessaire. Plus que des affaires, on rencontre dans le documentaire des personnes. Il y a, par exemple, ce récidiviste qui tente d’éviter la prison en plaidant avec émotion son cas, mais qui à la fin de son réquisitoire trouve l’appétit de grignoter quelque chose pendant que son avocat prend la relève. L’instant, le moment qui change la donne : rien n’est inventé et c’est ce qui marque finalement le plus, le vrai ayant l’apparence de la fiction. Proposant une approche plus cinématographique, le long métrage du duo Jean Libon et Yves Hinant réussit le pari de porter sur grand écran la série de documentaire Strip-Tease. Une aussi intéressante que dérangeante plongée au coeur du système judiciaire belge, mettant en avant le facteur humain face à la loi : face aux textes, des vies, des choix et des conséquences. Toujours dans le concret, le film documentaire choque, crée le malaise, fait rire et surtout réfléchir.[...] Pierre LARVOL • ici

CAS DE CONSCIENCE de Vahid Jalilvand Iran • 2017 • 1H44 | Damned Distribution • 21 février 2018 Mostra de Venise 2017 (Orzzonti) : Meilleur réalisateur, meilleur acteur

Edition d'un document d'accompagnement GNCR Site distributeur ici Un soir, seul au volant, le docteur Nariman tente d’éviter un chauffard et renverse une famille en scooter. Il les dédommage pour les dégâts matériels et insiste pour qu’Amir, leur enfant de 8 ans légèrement blessé, soit conduit à l’hôpital. Deux jours plus tard, à l’institut médico-légal où il travaille, Nariman s’étonne de revoir la famille, venue veiller le corps sans vie d’Amir. Le rapport d’autopsie conclut à une intoxication alimentaire. Mais Nariman a du mal à accepter cette version officielle qui pourtant l’innocente.

“Ceux qui avaient de l’audace et du courage mourraient avant de pouvoir transmettre leurs gênes à la génération suivante. Ceux qui restaient, lâches et prudents, ont survécu. Nous sommes leurs descendants.” Cette citation de Rolf Dobelli a eu une influence particulière sur l’écriture du film. Nous nous représentons tous d’une étrange manière ce que sont des gens lâches, mais en réalité nous sommes pareils qu’eux. Peut-être sont-ils même l’incarnation de notre comportement, un comportement qui peut se révéler cruel et que nous justifions sous couvert de sagesse. Combien de fois nos peurs et notre incapacité à exprimer la vérité ont pu déclencher des peines dans la vie des autres ? Je ne sais pas ce que je ferais à la place du médecin légiste dans le film, mais je me souviens clairement de moments beaucoup plus simples où j’ai cédé à mes doutes, par sagesse. Ce film est peut-être un hommage à l’homme que j’aurais rêvé être. A l’origine de l’écriture Quand on a commencé à travailler sur le scénario avec le co-scénariste Ali Zarnegar, nous partagions notre temps entre l’hôpital et le cimetière. Un jour nous parlions avec un docteur, un autre jour avec un fossoyeur, on les a observés dans leur travail, on passait du temps avec eux. Mais nous ne savions toujours pas ce que nous allions raconter, on voulait simplement retranscrire ce sentiment de souffrance. Il nous a fallu 16 mois avant de finaliser l’histoire du film. [...] Personnages J’accorde une grande importance à la perception et à la connaissance qu’ont les acteurs de leur personnage et des situations dans lesquelles ils se trouvent. Rien ne peut mieux préparer une performance que cette compréhension. Lors des répétitions, nous avons passé énormément de temps à comprendre chacun des personnages dans le moindre détail. Je préfère travailler avec des acteurs qui ont davantage de connaissances de la société et de la vie réelle, que d’expérience dramatique. Dans le film, tous les personnages, même les coupables, ont des motifs compréhensibles de faire ce qu’ils font. Et nous n’avons pas voulu les condamner ni les juger. Aussi, dans le film comme dans la société iranienne, les femmes sont plus audacieuses et courageuses que les hommes. […] Propos du réalisateur • dossier de presse


FROST de Sharunas Bartas

Lituanie • 2017 • 2H00 • avec Mantas Janciauskas, Lyja Maknaviciute, Andrzej Chyra Rezo Films • 28 mars 2018 | Quinzaine des Réalisateurs – Festival de Cannes 2017

Edition d'un document d'accompagnement GNCR | Site distributeur ici Rokas et Inga, un couple de jeunes lituaniens, conduisent un van d’aide humanitaire depuis Villnius jusqu’en Ukraine. Au fur et à mesure de leur voyage au gré des rencontres, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes, traversant les vastes terres enneigées de la région de Donbass, à la dérive entre des vies déchirées et les débris de combats. En s’approchant de la ligne de front, ils se découvrent l’un l’autre et appréhendent peu à peu la vie en temps de guerre.

[...] Bartas, Lituanien de 52 ans, pour le dire en langage Game of Thrones, est le « marcheur blanc » du cinéma mondial. Venu de l’autre côté du froid, il est le prince de la mélancolie fatale, du plan qui cristallise, des sentiments qui expirent, du monde qui s’efface. Bientôt trente ans que cette œuvre confidentielle, d’une admirable beauté formelle et d’une douleur sans fond, fait vivre cette couleur rare, ce blanc tremblant de la ténuité des choses et des êtres, sous le grand chapiteau du cinéma mondial. […] Un jeune couple de Lituaniens s’y retrouve, un peu par hasard et au terme d’une décision hâtivement prise, au volant d’une camionnette bourrée de vivres et de vêtements à destination des militaires ukrainiens qui défendent le territoire national contre les séparatistes russes. Munis de quelques laissezpasser et de leur inexpérience en matière d’action humanitaire, ils ne se doutent pas qu’un long et pénible périple les attend jusqu’au front. Fort de cette entame, le spectateur attend quant à lui quelque chose qui s’annonce à la fois comme un road-movie, un film engagé, peut-être même un film de guerre. Si rien de tout cela n’est évidemment étranger à Frost, on sera probablement plus près de la vérité en disant qu’il s’agit plutôt d’un grand film d’amour. Il faudra en effet pas mal de temps pour s’apercevoir que Rokas et Inga se sont vraisemblablement engagés dans cette aventure intempestive peut-être moins pour s’éprouver comme citoyens du monde que comme couple. Frost serait à ce titre une sorte de Voyage en Italie (Rossellini) septentrional et postmoderne, au cours duquel un couple d’amoureux se perd dans les nuits alcoolisées et les steppes enneigées, avant de mesurer, devant le danger réel de la guerre enfin atteinte, enfin étreinte, à quel point l’imminence de la mort rend précieux l’amour et la vie. Ce long voyage est d’ailleurs traversé de moments magnifiques. Le surréalisme de cet hôtel luxueux où se retrouvent une délégation d’humanitaires, les discours dont ils s’abreuvent, l’épreuve de l’infidélité qui s’y joue, avec une Vanessa Paradis absolument admirable dans le rôle d’une femme qui confie, au creux de la nuit, son désarroi amoureux au jeune Rokas. Plus loin, ces plans de neige et de désolation qui disent l’ultime et atroce vérité de la guerre, qui consiste simplement à tuer ou à être tué. Tout meurtri qu’il soit, l’humanisme de Bartas est là. Jacques Mandelbaum • Le Monde

ACCOMPAGNEMENT DES FILMS SOUTENUS PAR LE GNCR *** PROCHAINS SOUTIENS GNCR ***

• EX LIBRIS de Frederick Wiseman : "REGARD(S)" de Arnaud Desplechin ici c: GIRL avec ASLEEP de Rosemary • BRAGUINO : "RENCONTRE(S)" Clément Cogitore iciMyers devient FANTASTIC BIRTHDAY (UFO • 22/03/17) LETTRES LARiche GUERRE • PROBLEMSKI HOTEL : "RENCONTRE(S)" avecDE Manu ici d'Ivo M. Ferreira (Memento • 19/04/17) MINUTES de Jerzy Skolimovski (Zootrope • 19/04/17) • MAKALA : "RENCONTRE(S)" avec Emmanuel11 Gras ici • L'USINE DE RIEN de Pedro Pinho : "REGARD(S)" de François Bégaudeau sur le film ici • NI JUGE, NI SOUMISE : RENCONTRE(S)" avecAVEC Jean Libon & Yves Hinant ici "RENCONTRE(S)" DOMINIQUE CABRERA autour de CORNICHE KENNEDY est disponible ici Cette rencontreEt peut-être intégrée sur prochainement : votre site ou votre page facebook. Pour une en salle,:nous pouvons vous la faire parvenir en format DCP par clé USB sur simple demande. • CAS DE CONSCIENCE de diffusion Vahid Jalilvand "REGARD(S)" de Bamchade Pourvali • LES GARÇONS SAUVAGES : "RENCONTRE(S)" avec Bertrand Mandico

RECOMMANDATIONS GNCR LA CAMÉRA DE CLAIRE de Hong Sang-soo Corée du Sud • 2017 • 1H09 • avec Isabelle Huppert, Kim Minhee, Chang Mihee... Jour2Fête • 7 mars 2018 | Sélection Officielle Hors Compétition Cannes 2017

Site distributeur ici Lors d’un voyage d’affaires au Festival de Cannes, Manhee est accusée de malhonnêteté par sa patronne, et licenciée. Claire se balade dans la ville pour prendre des photos avec son Polaroïd. Elle fait la rencontre de Manhee, sympathise avec elle, la prend en photo. Claire semble capable de voir le passé et le futur de Manhee, grâce au pouvoir mystérieux du tunnel de la plage. Désormais Claire décide d’accompagner Manhee au café où elle a été licenciée. C’est le moment de découvrir le pouvoir de Claire à l’œuvre…

[…] le film rayonne d’une grâce et d’une légèreté infiniment harmonieuses et d’une seule coulée. Il reprend le motif du trio amoureux, mais cette fois décentré à l’étranger, sur la Croisette, au sein d’un contingent de festivaliers coréens (un réalisateur et deux vendeuses, l’une jeune et l’autre plus âgée). Claire (Huppert, que le cinéaste retrouve pour la seconde fois), venue en dilettante, circule entre ces trois personnages et les prend à tour de rôle en photo, grâce à l’appareil qu’elle trimballe toujours avec elle. Ces clichés, purs objets transitifs, aident les Coréens à comprendre l’évolution à distance des relations qui les lient mutuellement. D’une simplicité exemplaire, le film joue sur un comique « de traduction », qui accentue l’effort de communication entre les différents personnages. Celui d’Isabelle Huppert, extraordinaire, s’apparente à une petite fée, qui apparaît et disparaît d’un coin à l’autre de la ville, dénoue les situations, révèle chacun à lui-même. Cannes et ses murs jaunes sont filmés comme un enchevêtrement de passages secrets et de voies croisées, où l’on tombe sans cesse les uns sur les autres. La beauté du film tient au grand cas qu’il fait du regard : non seulement Claire prétend que ses photos transforment ses modèles, mais elle invite ces derniers à poser un regard différent sur le monde qui les entour e. « La seule façon de changer les choses, c’est de tout regarder à nouveau très longtemps », dit-elle. Une morale limpide et tenace, qui résume à merveille toute l’évidence et la sophistication mêlées du cinéma de Hong Sang-soo. Mathieu Macheret • le Monde


POROROCA de Constantin Popescu Roumanie • 2017 • 2h30 • avec Bogdan Dumitrache, Iulia Lumanare New Story • juin 2018 | Festival International du film de San Sebastian 2017 : Prix du meilleur acteur

Site distributeur ici Cristina et Tudor Ionescu forment une famille heureuse avec leurs deux enfants, Maria (5 ans et demi) et Ilie (sept ans). Ils ont la trentaine, vivent dans une ville roumaine, dans un joli appartement. Il travaille dans une entreprise de téléphonie, elle est comptable. Leur vie ressemble à la vie ordinaire d’un couple avec enfants. Un dimanche matin, alors que Tudor se trouve avec les enfants au parc, Maria disparaît. Un événement qui va brusquement et définitivement bouleverser leur vie.

Une rapide recherche internet nous met sur la piste de la signification du mystérieux titre du troisième film écrit et réalisé par Constantin Popescu, La Pororoca: c’est le nom légendaire d’une vague dévastatrice qui peut atteindre jusqu'à six mètres de haut, naissant sur le fleuve Amazone et envahissant les terres une fois par année, durant l'équinoxe de printemps. Sa puissance est telle qu’elle ravage tout sur son passage. Dans le film du même nom, le phénomène naturel traduit parfaitement la réaction humaine face au drame. Tudor et Cristina forment un couple d’apparence solide, heureux parents de deux enfants. Leur vie bascule lorsque la cadette disparaît d’un parc de jeux, sous la surveillance de son père. L’onde de choc va être aussi violente que l’impact de la terrible vague amazonienne. Le réalisateur a brillamment exploité la métaphore. On peut voir dans l’introduction du film, la montée en puissance de la vague, jusqu’à la disparition de la petite fille suivie de l’effet du traumatisme sur le couple et son proche entourage. La colère et la tristesse restent tacites, les non dits sont pesants (la culpabilité du père, l’absence de reproches exprimés par la mère). La douleur va peu à peu se traduire dans les corps qui s’affaissent, les gestes lourds, les visages désincarnés. Cette tension est savamment construite par une mise en scène brillante, alternant les moments de fixité et d’agitation pour signifier le drame à venir et le non moins dramatique dénouement. Le long plan-séquence de la disparition est en cela emblématique: ce moment de tranquillité et de bonheur passé dans un parc un jour de printemps devient parfaitement angoissant grâce à l’impressionnante chorégraphie scénique déployée simultanément sur plusieurs niveaux de tensions dramatiques. Au final, le récit gravite autour de la descente aux enfers du père de famille, obsédé par l’enquête qu’il décide de mener par lui-même. Bogdan Dumitrache crève l’écran malgré son corps qui décrépit, lui-même à la limite de la disparition. Les répercussions du drame sont infinies… Et Popescu sait où s’arrêter, histoire de nous laisser seuls encaisser ce choc cinématographique venu de Roumanie. Jeanne Rohner • clap.ch

SOUTIENS ACID LES DESTINÉES D'ASHER de Matan Yair

Israël / Pologne • 2017 • 1H28 • avec Asher Lax, Ami Smolarchik, Yaacov Cohen, Keren Berger... Sélection ACID Cannes 2017 | Les Acacias • 28 mars 2018

Edition d'un document ACID | Site ACID ici | site distributeur ici Asher, 17 ans, a toujours été un élève perturbateur et impulsif, dissipé en cours et mû par la colère et la violence. Il est également doté d’un charme certain et d’une sagesse apprise dans la rue. Alors que son père le voit comme le successeur naturel de l’entreprise familiale d’échafaudage, Asher trouve en Rami, son professeur de littérature, un autre modèle masculin...

Pour son premier long métrage, Matan Yair pose un regard comme aucun autre sur Israël autour d'une histoire qui plonge dans la chronique réaliste. Le personnage principal qui se cherche entre deux grandes figures paternelles de référence – son père de sang et son professeur père spirituel – est incarné par un acteur tout en impulsivité sans jamais sombrer dans les excès démonstratifs. Dans cette quête de père d'un jeune homme plongeant dans les problématiques socio-économiques contemporaines, le scénario pourrait être celui d'un film des frères Dardenne. Mais loin de se cacher dans l'ombre de la figure tutélaire des cinéastes belges, Matan Yair puise son originalité de la description fine d'un milieu dont il connaît les nombreux enjeux puisqu'il est lui-même professeur. Le scénario est d'autant plus original qu'il n'utilise jamais les vieilles ficelles de l'évolution d'un personnage en quête de lui-même. Ainsi, rares seront les spectateurs capables d'anticiper les scènes du film en train de se dérouler sur l'écran. En filigrane, se dessine avec subtilité un pays avec un contexte sociopolitique qui est davantage intériorisé dans la psychologie des personnages qu'il ne se contente d'être une simple toile de fond du récit. Dès lors, le devenir du personnage principal témoigne de la complexité d'un État israélien devenu schizophrène à force d'accepter aveuglément et renier consciemment tout ou partie de lui-même. Les échafaudages du titre deviennent les outils questionnés qui servent toute construction, qu'il s'agisse d'une architecture ou d'un individu. C'est ce lien métaphorique que réussit à maintenir Matan Yair dans une mise en scène des plus subtilement discrète, qui refuse toute virtuosité au profit d'une description réaliste au service de la psychologie de son personnage. Un film qui n'a pas fini d'interloquer pour son regard neuf, bien loin des sentiers sempiternellement battus d'un cinéma d'illustration : le cinéma de Matan Yair pense d'autant mieux qu'il échafaude patiemment ses idées. Cédric Lépine • blogs.mediapart.fr

COBY de Christian Sonderegger

France • 2017 • 1H17 | Sélection ACID Cannes 2017 | Epicentre • 28 mars 2018

Edition d'un document ACID | Site distributeur ici | Site ACID ici Dans un village du Middle-West, Suzanna, 23 ans, change de sexe et devient un garçon : Coby. Cette transformation bouleverse la vie de ceux qui l’aiment. Une métamorphose s’opère alors sous le regard lumineux et inattendu du réalisateur.

Quand Suzanna choisit de changer de sexe à son adolescence, pour devenir Coby, elle tient le journal de sa transition sur YouTube. Cinq ans plus tard son frère cinéaste, Christian Sonderegger, prend le relais avec un documentaire en forme de point d’étape. Il rassemble les regards de Coby lui-même et de ses proches sur ce qu’a été ce parcours hors norme, et sur la suite du chemin pour maintenant et le futur, dans un film qui brille par sa douceur sereine à l’égard de ses protagonistes, et son émerveillement délicat face au potentiel infini et permanent d’évolution de l’humain. [...]


C’est ce vertige merveilleux que Sonderegger enregistre à travers son film : celui de découvrir tout ce qu’un humain est et peut être, plusieurs facettes à la fois, plusieurs êtres à la suite, au gré de l’enrichissement de nos sensations, de notre adaptation à nos expériences. Coby est ainsi une variante intimiste, subjective et en chambre, des épopées grandioses des sœurs Wachowski qui sont animées par la même flamme – célébrer l’humanité et encourager la meilleure part de son âme, celle qui nous pousse à nous améliorer et à nous surprendre sans cesse en bien . À l’échelle de Coby, cela s’exprime par exemple via l’étincelle dans le regard des parents et du frère du héros, tout étonnés que cela soit désormais normal pour eux d’avoir un fils ou un frère de plus ; et heureux en plus de cela de voir que cela n’a pas effacé leurs souvenirs de la première incarnation de Coby, qu’était Suzanna. Les deux temps de leur vie de famille se sont complétés et non pas annulés. Étant au cœur de son sujet, cette complémentarité féconde est intelligemment mise au cœur du dispositif formel du film, grâce au dialogue instauré entre les témoignages recueillis aujourd’hui, et les vidéos YouTube enregistrées cinq ans auparavant par Coby et sa petite amie (les inserts de photos d’enfance, où l’on devrait lire une prédisposition à la métamorphose à venir, sont moins convaincants, mais c’est un détail). L’excitation des questions joyeusement posées alors – sur le sexe et le plaisir, la transformation du corps… – s’est apaisée, pour la meilleure des raisons : parce qu’elles ont trouvé des réponses positives et ont été remplacées par de nouvelles interrogations stimulantes, de nouvelles façons de se découvrir et se réinventer.[...] Erwan Dubois • Accreds

SOUTIENS AFCAE ACTIONS PROMOTION L'ORDRE DES CHOSES de Andrea Segre Italie / France / Tunisie • 2018 • 1h55 • Paolo Pierobon, Olivier Rabourdin, Fabrizio Ferracane... Sophie Dulac Distribution • 7 mars 2018 | Mostra Venise 2017 : Prix de la critique

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Rinaldi, policier italien de grande expérience, est envoyé par son gouvernement en Libye afin de négocier le maintien des migrants sur le sol africain. Sur place, il se heurte à la complexité des rapports tribaux libyens et à la puissance des trafiquants exploitant la détresse des réfugiés. Au cours de son enquête, il rencontre dans un centre de rétention, Swada, une jeune somalienne qui le supplie de l’aider. Habituellement froid et méthodique, Rinaldi va devoir faire un choix douloureux entre sa conscience et la raison d’Etat : est-il possible de renverser l’ordre des choses ?

[…] Le héros, Corrado, est partagé par la contradiction entre ce qu’il est appelé à faire et sa conscience. Avez-vous rencontré des gens qui font ce travail ? Avec mon co-scénariste, Marco Pettenello, nous avons rencontré sur plusieurs mois, au sud de la Sicile, quelques vrais "Corrado", et nous avons trouvé très intéressante, humainement, la situation de ces personnes dont la fonction professionnelle a forcément certains aspects impitoyables. Je crois que la situation de Corrado est en fait celle de beaucoup d’entre nous, en cette époque qui semble avoir métabolisé certaines formes d’injustice. Elle reflète la crise identitaire européenne devant le dilemme de l’immigration. Nous sommes en train d’abdiquer et renoncer à nos principes, en niant les droits d’êtres humains juste parce qu’ils se trouvent en dehors de notre espace. Corrado est l’un de nous, un morceau de notre corps social. C’est la personne dont la plupart des italiens voudraient qu’il fasse bien son travail. En dialoguant avec ces policiers, j’ai pris connaissance d’une manière de voir les choses différente de la mienne, mais non sans points communs. Qu’avez-vous fait d’autre pour insuffler autant de réalisme au film ? Pour que l’histoire fasse foi, il nous a fallu faire un long travail de recherche. Nous n’avons pas rencontré ces fonctionnaires uniquement pour enquêter sur la dimension humaine du métier, mais aussi pour savoir en quoi consiste techniquement leur travail – et la confirmation que notre enquête était solide, reçue d’eux après qu’ils aient vu le film, nous a fait plaisir. Côté Libye, on s’est beaucoup reposé sur un des interprètes du film, Khalifa Abo Khraisse, qui en réalité est reporter indépendant à Tripoli et nous a parlé de la réalité de la Libye vue de l’intérieur. Nous avons découvert aussi, sur les centres de détention et les forces de l’ordre libyennes, des choses qu’on ignorait encore totalement il y a quelques mois, et dont on vient seulement de commencer à entrevoir la surface. Les figurants qui, dans le film, sont les détenus du centre ont presque tous vécu cette expérience douloureuse, de sorte qu’ils nous ont aidés à reconstruire des détails importants. […] Propos du réalisateur • Cineuropa

RAZZIA de Nabil Ayouch

France / Maroc • 2017 • 1H59 • avec Maryam Touzani, Arieh Worthalter, Dounia Binebine, Amine Ennaji, Abdelilah Rachid | Ad Vitam • 14 mars 2018

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici A Casablanca, entre le passé et le présent, cinq destinées sont reliées sans le savoir. Différents visages, différentes trajectoires, différentes luttes mais une même quête de liberté. Et le bruit d’une révolte qui monte…

Nabil Ayouch délivre une remarquable oeuvre mosaïque, un film coup de poing sur les rêves, les entraves et les luttes du quotidien au Maroc. "Heureux celui qui peut agir selon ses désirs". Ce proverbe berbère accompagnant l'ouverture de Razzia de Nabil Ayouch (qui avait électrisé la Croisette avec deux derniers opus Les Chevaux de Dieu et Much Loved), (...) pourrait parfaitement résumer les intentions d'un cinéaste engagé doté d'une poignante sensibilité à l'humain et qui s'est lancé cette fois dans une oeuvre très ambitieuse par son ampleur et sa puissance expressive. Une audace formelle entrecroisant cinq récits et deux époques qui fait parfaitement écho à celle de son sujet puisque le réalisateur franco-marocain met en lumière le caractère désorientant et potentiellement explosif de la frustration née au Maroc de la difficulté à vivre sa différence en dépit des bonnes volontés. […] Film puzzle captivant et acte "politique" très fort, Razzia tisse sa toile avec une grande intensité, Nabil Ayouch excellant notamment à faire émerger l'émotion à travers la simple observation d'un visage. Et son regard à la fois affectueux et acéré sur le Maroc contemporain et sur le tumulte de Casablanca est autant un appel à l'éveil positif, à la persévérance et à la renaissance qu'une sirène d'alarme déclenchée par les périls nés des failles et de contradictions allant s'accentuant. […] Fabien Lermercier • Cineuropa


LES BONNES MANIÈRES de Marco Dutra et Juliana Rojas Brésil / France • 2018 • 2H15 • avec Isabél Zuaa, Marjorie Estiano, Miguel Lobo, Cida Moreira |

Jour2Fête • 21 mars 2018

Festival de Locarno 2017 : Prix spécial du jury | L'Etrange Festival 2017 : Prix du public

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Entretien écrit avec les réalisateurs (Filmdeculte) ici Clara, une infirmière solitaire de la banlieue de São Paulo, est engagée par la riche et mystérieuse Ana comme la nounou de son enfant à naître. Alors que les deux femmes se rapprochent petit à petit, la future mère est prise de crises de somnambulisme...

Les Bonnes manières du duo brésilien formé par Juliana Rojas et Marco Dutra (...) réserve mille et une surprises (...) c'est en tout cas probablement ce qu'il y a de plus excitant dans ce long métrage extrêmement généreux qui utilise toutes les couleurs de son pot de Crayola pour offrir un conte de fées, un film d'horreur, une romance, une comédie musicale et une parabole sociale en un seul film. Varier les tons avec autant d'aisance n'est pas si aisé et pas si fréquent : Les Bonnes manières y parvient à merveille et ne ressemble à pas grand chose de connu. Trabalhar Cansa, précédente collaboration de Rojas et Dutra qui depuis ont travaillé sur des projets solo, avait déjà sa part d'étrangeté cachée au fond de la supérette de son héroïne - mais une étrangeté plus évidemment sombre. La première chose qui frappe dans Les Bonnes manières, c'est son usage délicieux et chatoyant des couleurs, même pour parler de choses qui n'ont pas leur place dans un coffre à jouets ou une chambre d'enfant. Les premières minutes aiguillent le récit vers l'allégorie politique. Clara vient passer un entretien d'embauche, et entre la double porte blindée qu'elle doit franchir et la suspicion immédiate à laquelle elle se heurte face à sa future et fortunée employeuse, un fossé de classe se creuse immédiatement. Deux mondes se côtoient mais ne se mélangent pas dans un plan superbe de Clara rentrant chez elle, la ville futuriste au second plan et le quartier beaucoup plus modeste qu'elle arpente. Si la métaphore est moins au premier plan lors du reste du film, celui-ci ne cessera jamais de parler en creux de ceux qui font partie de la société et ceux qui n'ont pas le droit d'y appartenir. Le générique de début des Bonnes manières pourrait être celui d'un vieux Disney. (...) il y a ici un sens du merveilleux qui évoque inévitablement les contes immortels d'un des papes de l'animation. On chante dans Les Bonnes manières comme dans un Disney, on égrène les différents codes du conte, et ce n'est pas un hasard si le cœur le plus inquiétant de la ville, celui où l'on cherche la réponse à un mystère et où se produisent de terribles choses est un centre commercial qu'on appelle le Bois de cristal. La dimension symbolique a ceci de séduisant dans Les Bonnes manières que beaucoup de choses s'adressent ici à l'imaginaire. […] L'un des prodiges de ces Bonnes manières réside dans la façon qu'ont les cinéastes de sans cesse parler de transgression tout en ne se dépareillant jamais d'un ton d'une douceur hypnotique. Un premier degré très rare à l'heure du cynisme. Le résultat est souvent fascinant, d'abord parce qu'en un clin d’œil le film passe de la beauté à l'émotion à la surprise à l'excitation ; mais aussi parce qu'on suit, happé, sans se poser de question, cette étrange rêverie, comme lors de cette scène superbe où Clara suit Ana en plein somnambulisme, évoquant le souvenir spectral et envoûtant du Vaudou de Jacques Tourneur. Nicolas Bardot • filmdeculte

THE RIDER de Chloé Zhao Etats-Unis • 2017 • 1H45 • avec Brady Jandreau, Tim Jandreau, Lilly Jandreau, Lane Scott, Cat Clifford

les Films du losange • 28 mars 2018

Quinzaine des réalisateurs • Cannes 2017 | Festival de Deauville 2017 : Grand Prix

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Le jeune cowboy Brady, étoile montante du rodéo, apprend qu'après son tragique accident de cheval, les compétitions lui sont désormais interdites. De retour chez lui, Brady doit trouver une nouvelle raison de vivre, à présent qu'il ne peut plus s'adonner à l'équitation et la compétition qui donnaient tout son sens à sa vie. Dans ses efforts pour reprendre en main son destin, Brady se lance à la recherche d'une nouvelle identité et tente de définir ce qu'implique être un homme au coeur de l'Amérique.

[...] Née et ayant grandi en Chine, Chloe Zhao a sur les États-Unis et ses communautés, un regard unique qui lui donne une place à part dans le cinéma indépendant américain (...). Le fait est qu’en tournant avec des acteurs non professionnels issus, pour son premier film, de la communauté indienne de la réserve de Pine Ridge (Dakota du Sud) et, pour son second film, The Rider, de cowboys vivant, dans cette même réserve, de l’élevage de chevaux et du rodéo, Chloe Zhao impose des sujets et des personnages que l’on ne rencontre pas ailleurs. [...] Mêlant une approche documentaire et intimiste du récit poignant de son personnage principal et un sens des grands espaces qui convoque le souvenir des grandes heures du western, Chloe Zhao a réuni en quelque sorte Kelly Reichardt et John Ford pour réaliser l’un des très grands films de cette année. Un film épris de liberté comme l’est Brady Blackburn (Brady Jandreau) ce cowboy dont la vie, jusqu’à ce terrible accident qui aurait pu le laisser paralysé, était entièrement consacrée à l’élevage de chevaux et le rodéo. Comment se reconstruire lorsqu’on ne peut plus exercer le seul métier pour lequel on s’est toujours destiné et à travers lequel on s’est construit son identité, qui plus est dans une région qui n’offre aucune autre perspective ? C’est à cette question que Chloe Zhao confronte le spectateur et son acteur Brady Jandreau qui joue son propre personnage placé dans une situation qui elle est une fiction. (...) Brady est un de ses personnages de cinéma que l’on ne peut pas oublier, un visage et un tempérament qui nous lient à son destin. Il est aussi le représentant d’un ancien temps, d’une Amérique éprise de liberté, vivant en communion avec la nature et qui aujourd’hui se trouve précarisee, marginalisée. Les cowboys de cette réserve forment une communauté extrêmement soudée, dans laquelle le rodéo tient une place centrale, leur permettant de se prouver leur bravoure et de se réunir autour de ce grand spectacle fédérateur (…) Il n’y a pas de place pour l’apitoiement sur soi et donc aucun misérabilisme dans le film qui épouse la trajectoire de son personnage à la façon d’un documentaire. […] . Chloe Zhao ne se met ainsi jamais en surplomb de son personnage, ne théorise pas non plus sur cette injonction de virilité à laquelle il obéit aussi depuis son enfance, dans un milieu qui ne lui offre aucun autre véritable horizon. Qu’il ait été conditionné à devenir l’homme qu’il est importe peu, il est cet homme épris de liberté dont on ressent à chaque instant, durant sa convalescence, qu’il ne peut rester dans ce cadre trop étroit pour lui, que bouillonne en lui l’envie de remonter à cheval, de ne pas devenir comme son père, un homme qui renonce à ses rêves. [...] Chloe Zhao fait sienne la citation de Jean Renoir « l’art du cinéma consiste à s’approcher de la vérité des hommes ». Elle saisit la vérité de Brady Blackburn/Jandreau qui n’est heureux et ne s’épanouit que lorsqu’il communie avec la nature et les chevaux. Ces instants sont une intense respiration, libération, pour lui comme pour le spectateur. Le choix du grand angle pour inscrire son personnage dans son environnement est particulièrement pertinent tant il permet de ressentir, comme Brady, l’immensité de ces plaines, la beauté de cette nature, mais aussi au film de s’élever, dans un style élégiaque cousin de celui de Terrence Malick. The Rider dépasse son sujet, cette histoire de cowboy, dont on pouvait douter de prime abord qu’elle puisse autant toucher à l’universel. Il y a une sincérité, une bienveillance sur ses personnages et un amour du cinéma tel dans le second film de Chloe Zhao qu’il emmène, ce qui n’aurait pu être qu’un poignant docu fiction, vers des sommets que très peu de films atteindront cette année. Fabrice Sayag • https://leschroniquesdecliffhanger.com


LA ROUTE SAUVAGE de Andrew Haigh Royaume-Uni • 2017 • 2H01 • avec Charlie Plummer, Chloë Sevigny et Steve Buscemi Mostra de Venise 2017 : Prix Marcello Mastroianni pour Charlie Plummer Festival des Arcs 2017 : Flèche de cristal, prix d'interpréttion masculine, prix de la meilleure musique originale, pris de la meilleur photographie | Ad Vitam • 25 avril 2018

Edition d'un document d'accompagnement AFCAE | Site distributeur ici Charley Thompson a quinze ans et a appris à vivre seul avec un père inconstant. Tout juste arrivé dans l’Oregon, le garçon se trouve un petit boulot chez un entraineur de chevaux et se prend d’affection pour Lean on Pete, un pur-sang en fin de carrière. Le jour où Charley se retrouve totalement livré à lui-même, il décide de s’enfuir avec Lean on Pete, à la recherche de sa tante dont il n'a qu’un lointain souvenir. Dans l'espoir de trouver enfin un foyer, ils entament ensemble un long voyage…

Observant Charley et impressionnant ses gestes comme sa respiration, Andrew Haigh révèle sa réalité tout en nous fondant à son ressenti. Avec épure, il esquisse la situation complexe qui conduit à un nouvel emménagement. Complice d’un père qui endosse gauchement ses responsabilités et s’adresse à lui comme à un pote, Charley tente de trouver un équilibre. En quelques scènes seulement, nous faisons littéralement corps avec lui au point d’envisager son parcours à hauteur de son regard – en partageant ses possibles erreurs de jugement, sa naïveté, mais aussi sa force de caractère. Solitaire avant d’être livré à lui-même, l’adolescent se métamorphose sous nos yeux au fil de ses interactions. (...) Le réalisateur parvient à saisir les multiples transformations du personnage campé admirablement par Charlie Plummer à mesure qu’il ancre un parcours riche au rythme duquel, derrière les sentiments amicaux qu’il développe pour (Lean on) Pete, se dessine un besoin d’amour et de dialogue. Si la qualité du travail du chef opérateur, Magnus Jønck, s’impose (tant la photographie se veut sensationnelle), aucun élément n’est laissé au hasard. Le son participe ainsi pleinement à l’exacerbation du ressenti de Charley sans sombrer dans de vains artifices tandis que les quelques notes de musique aux tonalités graves suggèrent ce que le silence du protagoniste dissimule. Obtenant le meilleur de ses comédiens, le réalisateur parvient à dépasser toute idée de représentation alors que l’objet-même du film repose sur l’observation et l’évolution d’un personnage. Bouleversant et néanmoins magique. Nicolas Gilson • www.ungrandmoment.be

SOUTIENS AFCAE JEUNE PUBLIC CROC BLANC de Alexandre

Espigares

France • 2017 • 1H20 • Dès 8 ans • D'après le roman de Jack London

Wild Bunch • 28 mars 2018 | Prix fondation GAN Annecy 2016 | festival de Sundance 2018

Edition d'un document AFCAE Ma P'tite cinémathèque | Site distributeur ici Croc-Blanc est un fier et courageux chien-loup. Après avoir grandi dans les espaces enneigés et hostiles du Grand Nord, il est recueilli par Castor Gris et sa tribu indienne. Mais la méchanceté des hommes oblige Castor-Gris à céder l’animal à un homme cruel et malveillant. Sauvé par un couple juste et bon, Croc-Blanc apprendra à maîtriser son instinct sauvage et devenir leur ami.

[…] Adapté au cinéma dans un film avec Ethan Hawke il y a plus de 25 ans, le roman de Jack London revient sur les écrans le 28 mars, en version d’animation 3D. Alexandre Espigares, oscarisé avec Laurent Witz pour le court-métrage d’animation Mr Hublot en 2014, revient sur la genèse du projet (...). Pourquoi avoir choisi d’adapter Croc-Blanc en animation ? Après 25 ans, ce nouveau Croc-Blanc animé s’adresse une nouvelle génération de spectateurs. L’animation a une vraie valeur ajoutée, qui nous permet d’aller explorer des facettes du personnage difficilement abordables dans un film de prise de vue réelle. Nous restons ici proches du chien-loup et racontons l’histoire de son point de vue. Il devient vraiment le héros de l’histoire. [...] Le style graphique est unique, qu’est-ce qui vous a inspiré ? Lorsque j'ai accepté de réaliser Croc-Blanc, j'ai été présenté aux deux créateurs graphiques du film, Stéphane Gallard, qui par la suite a accompagné le projet en tant que directeur artistique et Antoine Poulain qui est à l'origine du design des personnages principaux du film. Ensemble ils avaient déjà posé les bases de ce qu'allait devenir la direction artistique du film. Le style graphique m'a immédiatement séduit. C’est un style proche de formes d’art plus classiques, comme la sculpture et la peinture, avec des personnages aux traits anguleux et ciselés qui, pour certains, frôlent la caricature, avec des gueules comme on peut en voir dans beaucoup de westerns italiens, un genre qui me tient à coeur. Pour les décors, nous sommes restées dans quelque chose de très naturaliste tout en nous éloignant subtilement de la réalité quand le récit l’exigeait. […] Extraits d'un entretien • 20 Minutes ici

PAT ET MAT DÉMÉNAGENT de Marek Benes programme de courts métrages d'animation • République Tchèque • 40' • Dès 3 ans

Cinéma public films • 28 mars 2018

Edition d'un document AFCAE Ma P'tite cinémathèque | Site distributeur ici Infos sur les précédents programmes Pat et Mat sur Benshi ici Pat et Mat décident de déménager pour s’installer sur un terrain où tout est à construire. Mais comme rien n’arrête nos deux bricoleurs, ils se lancent gaiement dans les travaux pour se bâtir une toute nouvelle maison.

Dans la pure tradition du cinéma burlesque, ce programme de courts métrages sans parole nous propose de découvrir les péripéties de Pat et Mat, deux voisins et amis inséparables. Piètres bricoleurs, ils excellent dans la maladresse ! Avec une logique qui n’appartient qu'à eux, ils font preuve d’une grande inventivité pour faire face aux tracas du quotidien. […] Pat et Mat sont résolument optimistes, et c’est un vrai délice de voir la bonne volonté et l’énergie qu’ils déploient pour mettre en application leurs idées improbables ! [...] Ces courts métrages sont également de vrais petits bijoux d’animation. Pat et Mat sont en fait des marionnettes en plasticine - comparable à la pâte à modeler - avec des squelettes en mousse et fil de fer, animées grâce à la technique de l’image par image. Un programme plein de bonne humeur, abordant subtilement les notions de partage et d’apprentissage. L'Avis de Benshi (extrait)


PROFESSEUR BALTHAZAR de Zlatko Grgić courts métrages d'animation • Croatie • 45' • Dès 3 ans | les Films du Préau • 4 avril 2018

Document à commander auprès du distributeur | Site distributeur ici Tout est imaginable avec le Professeur Balthazar : fabriquer des arcs-en-ciel, conduire un tramway volant ou acheter des nuages… Inventeur génial, il aide en permanence les habitants de Balthazarville à réaliser leurs rêves les plus fous.

LA NEIGE

Les habitants de Balthazarville importent de la neige pour construire un énorme bonhomme de neige qui surplombe la ville. À l’apparition des premiers rayons de soleil, il se met à fondre et inonde les rues. Le Professeur Balthazar crée alors un moulin à vent capable d’aspirer l’eau et de la transformer en nuages transportables.

FABIEN VOLE

Fabien, conducteur de tramway, se lie d’amitié avec Ernest, un oiseau qui lui apprend à voler. Un jour que Fabien vole, son tramway est accidenté et il perd son travail. Les deux amis sombrent dans la misère… Le Professeur Balthazar décide alors de leur venir en aide en offrant à Fabien un tramway volant.

BIM BAM BOUM

Bim et Boum sont fabricants de trous en boîte, prêts à l’emploi. Esquimaux, souris, agriculteurs, fabricants de boutons, tout le monde les utilise. Balthazarville en commande même un très grand pour que le train traverse la montagne. Débordants d’enthousiasme, Bim et Boum fabriquent ensuite le plus gros trou du monde qui va finir par les engloutir. Comment les sauver ? Interviennent alors le Professeur Balthazar et son aspirateur géant…

L’ARC EN CIEL

William le tailleur n’a qu’un seul passe-temps : confectionner des robes pour ses poupées. Quand il n’a plus de tissu, il va jusqu’à couper celui de ses clientes et c’est ainsi que la présidente du jury du festival de Balthazarville se retrouve sans robe de cérémonie ! Le Professeur Balthazar va alors recycler sa machine à fabriquer des arcs-en-ciel en machine à créer de nouveaux tissus pour William !

LE BONHEUR À DEUX

Agent de police très professionnel, Hubert rêve depuis des années d’utiliser un accessoire de farce et attrape à la place de son sifflet pour régler la circulation. Un matin, il prend son courage à deux mains et siffle dans une langue de belle-mère mais il est licencié sur le champ ! Le Professeur Balthazar crée alors « le monde de l’innocente irrationalité » où lui et d’autres gens très sérieux pourront enfin réaliser leurs envies les plus folles.

PARVANA, UNE ENFANCE AFGHANE de Nora Twoney animation • Etats-Unis • 2017 • 1H34 • dès 10 ans | Le Pacte • 27 juin 2018

Edition d'un document AFCAE Ma P'tite cinémathèque | Site distributeur ici Une petite fille vivant en Afghanistan se déguise en garçon afin de pouvoir travailler et faire vivre sa famille.

[…] Le nouveau film de Nora Twomey (coréalisatrice de Brendan et le Secret de Kells avec Tomm Moore, qui est ici producteur) prend lui place en Afghanistan durant la période de grand contrôle exercée par les talibans. […] L’histoire se base sur le livre du même nom de l’écrivaine canadienne Deborah Ellis, qui s’était elle-même inspirée pour créer son personnage principal d’une enfant afghane qu’elle avait rencontrée dans un camp de réfugiés au Pakistan. Cette dernière, afin de subvenir aux besoins de sa famille, s’était déguisée en garçon, les femmes étant censées rester cloîtrées dans leur maison, ne pouvant sortir qu’accompagnées de leur époux, frère ou cousin. […] Il va sans dire que le film est dur, et triste (et n’est donc pas à conseiller aux plus petits !). [...] Toutefois, l’ambiance générale ne conserve pas constamment cette lourdeur. En effet, tout le long du film, Parvana nous raconte l’histoire féérique d’un héros qui doit combattre le méchant Roi Éléphant. La lecture, les livres, les contes et donc l'éducation et l'enseignement, constituent par ailleurs un des sujets importants traités par le film, car interdits, plus particulièrement aux femmes, sous ce régime. Ces parties contées offrent un visuel totalement différent du reste du métrage : les personnages sont présentés telles des marionnettes de papier, articulées. Ceux-ci ont des réactions et des expressions volontairement exagérées ce qui confère un petit changement d’ambiance, une touche de légèreté, de magie, très appréciable (...) Les précédents films du studio irlandais avaient déjà été salués pour leur grande beauté, il en sera sûrement de même pour celui-ci. L’animation est fluide, les personnages très expressifs, les vues sur les rues du quartier de Kaboul dans lequel vit Parvana très réussies. De plus, les deux formes de dessins utilisées et évoquées précédemment se complètent de manière très belle et efficace, les transitions entre les deux étant toujours très bien orchestrées. […] Anyore • www.senscritique.com

INFO AGENCE DU COURT MÉTRAGE Le RADI devient L'Extra Court ! > NOUVEAUX OUTILS, NOUVELLES FORMULES

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Depuis novembre 2017, le nouveau site de L'Extra Court www.lextracourt.com vous permet d'explorer le catalogue et de réserver des films en ligne. Vous pouvez désormais choisir et régler en ligne la formule qui vous convient, ajustable selon vos besoins.

Le site de L'Extra Court est conçu pour vous faciliter le travail de programmation : • 3 niveaux de catalogue : Tous Publics | Art & Essai | Curiosités • 5 nouveaux films par mois • Des collections thématiques • "Pour quels longs ?" Des suggestions hebdomadaires de courts à associer aux sorties de longs métrages

VOIR LES FORMULES Contact : Amélie Depardon, Chargée de distribution : a.depardon@agencecm.com | Tél : 01 44 69 26 61

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