28.09 au 01.11 2016

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°349 • Octobre 2016

un film de Kleber Mendonça Filho


S

O

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M

A

I

R

E

Octobre 2016 - n° 349

Édito

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3

CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Good Old Film

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4

Soirée SCF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 ........................

5

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6

Rencontres de danses urbaines

Libres courts

Temps machine

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Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

6

Cafétéria des Studio LES FILMS DE A à Z En bref

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7 16

gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Bande annonce ....................

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18

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19

Les violences faites aux femmes À propos de

D’une famille à l’autre

Courts lettrages

Rester vertical

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20

Hommage à

Kiarostami

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA

Compte-rendu

Soirée LSF

Tél : 02 47 20 85 77

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22

REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR

À propos de

L’Effet aquatique

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24

ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

Face à face

L’Économie du couple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Compte-rendu ..............................

31

Vos critiques

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33

Jeune Public

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34

Soirée Francis Poulenc

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

FILM DU MOIS : AQUARIUS GRILLE PROGRAMME

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pages centrales

Prix de l’APF 1998

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de Françoise Chapoton, Dominique Chenu et de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

Douze mois au 2 rue des Ursulines C omme tous les ans, la fin de l’été marque le début d’une nouvelle saison cinématographique que nous espérons riche en films passionnants, variés, drôles ou émouvants et qui viennent jusque dans nos salles depuis le monde entier. Une année dans le complexe de la rue des Ursulines, c’est plus de 350 films projetés dans la programmation générale (c’est-à-dire plus de 500 si l’on ajoute les projections d’un soir) avec une pression de plus en plus grande car le nombre de films distribués augmente d’année en année alors que la place sur nos écrans est nécessairement limitée… Autour de cette programmation, intégralement construite et négociée auprès des distributeurs par la commission Programmation grâce au travail quotidien d’une salariée, la saison cinématographique s’articule autour de rendez-vous nouveaux ou incontournables : tous les lundis les séances proposées par la Cinémathèque de Tours1 (avec laquelle trois partenariats permettent de développer sur deux jours l’accent porté sur un réalisateur) et tous les jeudis les séances organisées par le CNP2 qui, avec une quarantaine d’associations par an, se propose de questionner, à partir de supports

filmiques et grâce à des intervenants, des sujets de société. Il y aura aussi les deux festivals maison : du 1er au 7 février la 24e édition du festival Désir désirs3 et, du 22 au 28 mars, la 17e édition du Ficat, Festival international du cinéma asiatique de Tours4. Par ailleurs, les Studio participeront à d’autres événements : le Good Old Festival le 29 octobre, les Journées du cinéma italien, Viva il cinema,du 1er au 5 mars, le 48 HFP en avril, la soirée Radio béton en juin, auxquels il faut ajouter les trois soirées Libres Courts pour des programmes de courts métrages en partenariat avec l’agence régionale CiCliC, les soirées bibliothèque, celles proposées par la Vague Jeune, les projections de films africains en partenariat avec l’association BCAT, les animations en direction du Jeune public, les partenariats avec le CDRT et le CCNT… sans oublier la 33e Nuit des Studio qui aura lieu le samedi 10 juin 2017 et que nous espérons aussi réussie que celle que nous venons de vivre... DP 2 Cinéma

1 cinematheque.tours.fr national populaire (voir page 4) 3 festival-desirdesirs.com 4 cineasia37.wordpress.com

Les CARNETS du STUDIO n°349 – Octobre 2016 –

3


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SEMAINE

C

I

N

lundi 19h30

du 26 octobre au 1er novembre 2016

É

M

A

T

H

È

Q

U

E

1h06’

MA VIE DE COURGETTE

MONSIEUR HIRE

1h20’

de Patrice Leconte En présence de Patrice Leconte

de Claude Barras

Soirée VAGUE JEUNE

samedi 19h15

Good Old Film Festival

14h15 16h15 19h15 + mercredi 10h00

53’

IVAN TSAREVITCH ET LA 16h15 17h30 PRINCESSE CHANGEANTE mercredi + 14h15 1h37’ de Michel Ocelot 16h00 10h15 ATELIER : mercredi matin 17h45 MOI, DANIEL BLAKE 19h45 21h45

de Ken Loach

À suivre.

14h15 1h56’ 17h00 MAL DE PIERRES de Nicole Garcia 21h15 À suivre.

43’ VF

MONSIEUR BOUT-DE-BOIS Programme de Courts Métrages

2h08’

2h

16h15

AVANT-PREMIÈRE

14h15 CAPTAIN FANTASTIC LA FILLE DE BREST vendredi 19h15 19h45 de Emmanuelle Bercot de Matt Ross À suivre.

Rencontre avec Irène Frachon

14h30 19h30 14h30 19h45

1h28’

1h46’

LE TECKEL

LA FILLE INCONNUE 17h15

de Todd Solondz

1h20’

de Luc et Jean-Pierre Dardenne

MANUEL DE LIBERATION

1h32’

de Alexander Kuznetsov À suivre.

14h15 19h00

OLLI MÄKI

TA’ANG UN PEUPLE EN EXIL ENTRE CHINE ET BIRMANIE

2h27’

de Wang Bing

mardi 1h43’

17h30 RÉPARER LES VIVANTS 19h30 de Katell Quilévéré À suivre. 21h30

21h30

de Juho Kuosmanen

17h30 21h30

de Marie-Castille Mention-Schaar

www.studiocine.com

Les abeilles en danger et nous

CNP jeudi I

lundi

1h19’

52’ TOUT DEVIENT SILENCIEUX

20h00 C

du 28 septembre au 4 octobre 2016

1

de A. Marty, C. Dragomirescu et S. Jourdan Rencontre avec Simon Jourdan, réalisateur et Franck Aletru apiculteur

N

É

M

A

T

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È

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HUIT ET DEMI

19h30 2h10’

E

de Federico Fellini Soirée présentée par Laurent Givelet

ERNEST ET CÉLESTINE

APNÉE de Jean-Christophe Meurisse

17h45 21h45

Le film imprévu www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

mercredi

de Benjamin Renner

14h30

IVAN TSAREVITCH ET LA PRINCESSE CHANGEANTE

dimanche

53’

samedi

14h15 14h00 mer-sam-dim Rencontre avec le réalisateur Michel Ocelot 16h15 mercredi dimanche après la séance de 14h00 17h15

NOUVELLES AVENTURES samedi 14h15 1h37’ JUSTE LA FIN LES dimanche 40’ sans paroles DE PAT & MAT 17h30 16h15 DU MONDE de Marek Benes de Xavier Dolan 21h45 45’ PROMENONS NOUS samedi 1h55’ 14h15 AVEC LES PETITS LOUPS dimanche 16h15 Programme de Courts Métrages 17h15 CÉZANNE ET MOI de Daniele Thompson 19h30 1h43’ VO PETER samedi dimanche ET ELLIOTT LE DRAGON 14h15 2h25’ AQUARIUS 17h15 de David Lowery de Kleber Mendoça Filho 19h00 19e Rencontres de Danses Urbaines samedi DJ I-VERSE mixe dans le hall 16h00 52’ B GIRLS de Nadja Harek 14h15 1h48’ 17h00 Rencontre avec Léa & Lucie, danseuses du groupe Madness LA DANSEUSE 17h30 1h53’ de Stéphanie Di Giusto 19h45 FRANTZ 19h30 de François Ozon 14h15 FUOCOAMMARE PAR-DELÀ LAMPEDUSA 1h55’ 19h30 1h49’ de Gianfranco Rosi ÉTERNITÉ

14h30 19h30

1h44’

de Tran Anh Hung

DOGS de Bogdan Mirica

1h37’

VICTORIA

1h29’

1h44’

21h45 LE CIEL ATTENDRA

SEMAINE

1h56’

21h30

de Justine Triet

MR. OVE de Hannes Holm

17h15 1h57’ SOY NERO de Rafi Pitts 21h30

21h45

17h00 21h45 17h30

1h25’

BROOKLYN VILLAGE de ira sachs

SAUF sam-dim +

21h45

Le film imprévu www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


SEMAINE

2 du 5 au 11 octobre 2016 Cirque à l’hôpita l

CNP THERAPIK CIRCUS jeudi 51’ de Pascal Fellous

20h00

1h15’

LE TABLEAU mercredi

de Jean-François Laguionie

14h30

43’ VF

sam-dim

Débat avec Christine Gaillard et Johann Elain

C I N É M A T H È Q U E lundi de Teuvo Tullio :

1h44’

présentent :

de Justine Triet

17h15 1h55’ CÉZANNE ET MOI 1h42’ 21h30 de Daniele Thompson COMANCHERIA 21h30 de David Mackenzie 17h30 1h48’ LA DANSEUSE 1h44’ 21h30 de Stéphanie Di Giusto DOGS 21h15

www.studiocine.com

3 du 12 au 18 octobre 2016

Alternative à la prison : la contrainte pénale ?

CNP 28’ PUNIR SANS jeudi

1h06’ AVANT-PREMIÈRE

dimanche

MA VIE DE 14h15 COURGETTE 20h00 EMPRISONNER ? de Claude Barras

de Bogdan Mirica

Le film imprévu www.studiocine.com

C I N É M A T H È Q U E Dans le cadre du Festival Concerts d’automne

53’

samedi

mercredi LA LÉGENDE DE

43’ VF

mercredi sam-dim

MONSIEUR 16h15 20h15 KASPAR HAUSER BOUT-DE-BOIS + 1h35’ de Davide Manuli Programme de Courts Métrages

mercredi

CiCliC et les Studio présentent :

Soirée de 19h45 Courts métrages 1h14’

En présence de Charlie Berlin, réalisatrice

1h44’

MERCENAIRE de Sacha Wolff

17h45

17h00 21h45

14h15 1h46’ LA FILLE 1h48’ 17h15 INCONNUE 17h15 CHOUF 19h15 de Luc et Jean-Pierre Dardenne 21h30 de Karim Dridi 1h44’ 14h15 17h30 LE CIEL ATTENDRA 2h05’ 14h30 21h45 de Marie-Castille Mention-Schaar POESIA SIN FIN de Alejandro Jodorowsky 19h30 2h00’ 14h30 1h55’ 17h00 CAPTAIN FANTASTIC CÉZANNE ET MOI 19h30 19h15 de Matt Ross 1h48’

14h15 LA DANSEUSE de Stéphanie Di Giusto

2h25’

19h00 AQUARIUS de Kleber Mendoça Filho

3h15’

14h15 VOYAGE À TRAVERS CINÉMA FRANÇAIS 19h30 LE de Bertrand Tavernier

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

4 du 19 au 25 octobre 2016

de Pupi Avati

14h15 1h56’ MAL DE 17h15 PIERRES 19h30 de Nicole Garcia 21h45 1h46’

de Brad Furman

IVAN TSAREVITCH ET LA 16h15 PRINCESSE CHANGEANTE de Michel Ocelot

43’ VF

1h43’

2h00’

14h30 CAPTAIN 19h00 FANTASTIC 21h15 de Matt Ross 1h32’

14h30 OLLI MÄKI 19h45 de Juho Kuosmanen

AVANT-PREMIÈRE

RÉPARER Vendredi LES VIVANTS 19h45 de Katell Quillévéré

RENCONTRE avec la réalisatrice

1h44’

LE CIEL ATTENDRA de Marie-Castille Mention-Schaar

17h00 19h15

1h28’

3h15’

INFILTRATOR 21h15

53’

14h15 MONSIEUR 16h15 LA FILLE BOUT-DE-BOIS 17h15 INCONNUE Programme de Courts Métrages 21h15 de Luc et jean-Pierre Dardenne

de Daniele Thompson

2h15’

1h06’

14h15 1h30’ lundi UNE SAISON MA VIE DE 16h00 19h30 ITALIENNE COURGETTE 17h45 de Claude Barras

mer-sam

lundi LE CARROSSE D’OR IVAN TSAREVITCH ET LA 14h15 + 1h40’ de Jean Renoir mer-sam-dim 19h30 Soirée présentée par Louis d’Orazio PRINCESSE CHANGEANTE 16h15 de Michel Ocelot Soirée Temps Machine, Bibliothèque

SEMAINE

C I N É M A T H È Q U E

Débat avec Isabelle Larroque et Medhi Khebir

MONSIEUR 14h15 + 19h30 1h48’ LE RÊVE DANS LA HUTTE BERGÈRE BOUT-DE-BOIS 21h00 1h50’ LE CHANT DE LA FLEUR ÉCARLATE Programme de Courts Métrages mer-sam-dim 16h15 1h37’ sam-dim 53’ 14h30 JUSTE 16h15 FIN DU MONDE IVAN TSAREVITCH ET LA mer-sam-dim + 19h30 LA de PRINCESSE CHANGEANTE Xavier Dolan 17h30 de Michel Ocelot 14h30 LE CIEL ATTENDRA 40’ sans paroles samedi 17h15 de Marie-Castille Mention-Schaar LES NOUVELLES AVENTURES dimanche Mercredi 5, RENCONTRE avec la DE PAT & MAT 19h30 réalisatrice 16h15 et Noémie Merlant, actrice. de Marek Benes SÉANCE CINÉ LANGUES 14h15 2h25’ 1h46’ AQUARIUS STEPHAN ZWEIG, mercredi 21h15 de Kleber Mendoça Filho ADIEU L’EUROPE 17h00 de Maria Schrader 14h15 1h48’ Sans Canal Fixe + la bibliothèque JE, TU, ILS, ELLES CHOUF 17h30 5’ mardi LE PÉDALOGUE de Alain et Wastie Comte 18h30 19h30 de Karim Dridi 1h38’ PETIT À PETIT de Jean Rouch 14h15 1h44’ MERCENAIRE 1h38’ AVANT-PREMIÈRE mardi PRIMAIRE 19h15 de Sacha Wolff de Hélène Angel 19h45 RENCONTRE avec la réalisatrice 2h05’ 14h15 POESIA SIN FIN 1h37’ 19h00 de Alejandro Jodorowsky VICTORIA 19h30

17h15 1h49’ FUOCOAMMARE LAMPEDUSA 21h15 PAR-DELÀ de Gianfranco Rosi

SEMAINE

14h15 VOYAGE À TRAVERS LE CINÉMA FRANÇAIS 19h30 de Bertrand Tavernier

LE TECKEL 17h45 de Todd Solondz 21h45 2h05’

1h37’

JUSTE LA FIN DU MONDE 21h30 de Xavier Dolan

Le film imprévu www.studiocine.com

1h29’

14h30

POESIA SIN FIN 21h30 de Alejandro Jodorowsky

APNÉE

19h45 de Jean-Christophe Meurisse

Le film imprévu www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


FILM DU MOIS

Aquarius Brésil – 2016 – 2h25, de Kleber Mendonça Filho, avec Sonia Braga, Irandhir Santos, Maeve Jinkings, Humberto Carrão...

L

’Aquarius est un immeuble bourgeois construit dans les années quarante à Recife, au Brésil, sur l’Avenida Boa Viagem qui longe l’océan. Clara, la soixantaine, ancienne journaliste et critique musicale, l’habite depuis une trentaine d’années et en est désormais la seule habitante. En effet, un promoteur immobilier, ancien habitant du lieu, a racheté tous les appartements. Mais Clara ne veut pas vendre. Harcelée par la société immobilière, elle n’a pas l’intention de se laisser faire... Aquarius navigue entre les époques et brosse en creux, à travers Clara et ses trois enfants, un portrait édifiant de la société brésilienne des trente dernières années. Tout est vu par les yeux de son héroïne, et les trois parties du film : Les Cheveux de Clara, L’Amour de Clara, Le Cancer de Clara, le disent clairement. Aucune leçon de la part de Kleber Mendonça Filho, le réalisateur, mis à part, peut-être, celle de montrer comment on peut faire un film politiquement engagé sans en avoir l’air et sans aucune caricature. Car le principal est ce personnage

détonnant, cette femme d’âge mûr, sensuelle et désirable, dure et tendre, aussi fière que combative. C’est l’immense Sonia Braga (Le Baiser de la femme araignée, Milagro, Dona Flor et ses deux maris) qui l’incarne. On l’avait perdue de vue depuis longtemps mais son retour est fracassant et se situe au delà des éloges. Après avoir vu Aquarius, on est tous fous de Clara et de Sonia. Ce magnifique portrait de femme est d’une grande élégance et d’une constante fluidité. Tout y coule sans effort en associant pourtant les contraires, ambition et modestie, ampleur et quotidienneté. Aquarius a de la classe, il est intrigant, énergique et d’une très grande sensualité. Après Les Bruits de Recife, son premier long métrage, remarqué par la critique mais très peu distribué, Aquarius est l’avènement d’un excellent cinéaste et l’un des plus beaux films de cette rentrée. L’automne arrive, alors laissez-vous entraîner par l’excellente bande son, Gilberto Gil entre autres, reprenez un bol de soleil et venez passer 2h25 de pur bonheur. JF

NOUVEAU : réabonnement en ligne sur le site des Studio pour ceux qui ont déjà une carte à code-barres. LES CARNETS DU STUDIO – n° 349 – Octobre 2016 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


jeudi 29 septembre - 20h00

Film : Therapik Circus de Pascal Fellous (2014 – France – 51’), suivi d’un débat avec Christine Gailliard, chef de service à l’hôpital de Tours, Johann Elain, comédien et psychologue clinicien et en présence du réalisateur.

Mardi 11 octobre – 18h30 Sans Canal Fixe aux Studio JE, TU, ILS, ELLES (docs à deux et à plusieurs)

La SEPANT, Les Amis des Abeilles et le CNP proposent :

LES ABEILLES EN DANGER ET NOUS On dit que le silence est d’or, mais celui-ci devient inquiétant… Déjà en 1962 la biologiste Rachel Carson publiait Le Printemps silencieux. Elle y dénonçait l'utilisation non contrôlée des pesticides entraînant une mortalité chez les animaux, en particulier les insectes, mais aussi chez les humains. En 2016 où en sommes-nous ? Lorsque les abeilles ne bourdonneront plus, notre fin sera-t-elle proche ? À l’issue de la projection du film Tout devient silencieux d’Amandine Marty, Corneliu Dragomirescu et Simon Jourdan (2016 – France – 52’), la Sepant qui fête son jubilé et Les Amis des abeilles vous invitent à débattre de la défense de la biodiversité en présence de Simon Jourdan, un des réalisateurs du film et de Franck Aletru apiculteur professionnel.

jeudi 6 octobre - 20h00 L’Association Culturelle Psy B, la Compagnie Heka et le CNP proposent :

THERAPIK CIRCUS EN PSYCHIATRIE À TOURS Les arts du cirque présentés par la Compagnie Heka ont inspiré aux différents services de psychiatrie du CHRU de Tours un projet Cirque à l’Hôpital. L’objectif : se saisir de cette occasion, source d’inventivité et de créativité, pour dépasser des pratiques de soin parfois figées. Un chapiteau a été installé à l’hôpital Trousseau avec la Compagnie Heka. Pour les soignés et les soignants l’inattendu a été au rendez-vous. Un film, réalisé sur l’instant, a su révéler avec sensibilité des moments d’émotion qui nous interpellent sur le vivre-ensemble et questionnent les soins en psychiatrie aujourd’hui.

jeudi 13 octobre - 20h00 La CIMADE, la LDH, l’EAO-CAD et le CNP proposent :

ALTERNATIVE À LA PRISON : LA CONTRAINTE PÉNALE ? La réforme pénale de 2014 avait au départ un bel objectif : rompre avec la politique sécuritaire des années antérieures et éviter la récidive due aux sorties sèches de prison. Donc protéger la société et les victimes, tout en favorisant la réinsertion de ceux qui ont enfreint la loi. Mais le tout-carcéral a (re)pris le pas. Notamment sur les idées innovantes de la conférence de consensus dont les membres avaient exprimé l’idée que la détention n’offrait qu’une « sécurité provisoire ». Leur proposition d’instituer la contrainte pénale, une peine déconnectée de la prison imposant au condamné « différents modes de réparation », a été vidée de sa substance. Une occasion manquée. Après le documentaire de la chaîne Public Sénat Réforme pénale : punir sans emprisonner ? (2015 - France - 28’), débat en présence d’Isabelle Larroque, directrice du service pénitenciaire d’insertion et de probation (SPIP) et de Medhi Khebir, chargé de cours à la faculté de droit (Université de Tours). Pré-annonce

jeudi 3 novembre - 20h00 LES LICENCIEMENTS BOURSIERS Soirée-débat proposée par ATTAC, le MFRB, la LDH et les Amis du Monde diplomatique.

Samedi 29 octobre à partir de 19h15 Good Old Film Festival Le Good Old Film Festival (GOFF) est un événement national qui entend faire revivre la pellicule et les techniques pionnières de l’audiovisuel. Du 22 au 29 octobre 2016, 16 participants venus de toute la France participent à un concours divisé en deux catégories : la photographie et le cinéma. Il s’adresse à tous les curieux et passionnés du cinéma et de la pellicule argentique. À l’issue de la semaine, qui aura été ponctuée

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– Les CARNETS du STUDIO

n°349 – octobre 2016

par divers temps forts (conférences, ateliers, projections), les travaux réalisés par les participants seront exposés. La partie cinéma sera mise à l’honneur lors d’une soirée de clôture le samedi 29 octobre à partir de 19 heures 15. Pour plus d’informations sur le déroulement de la soirée : www.goodoldfilmfestival.com

« Comment se fait un film collectif ? Est-ce additionner les regards ? Est-ce collectionner les subjectivités ? C’est avant tout, expérimenter une autre poétique du cinéma », répond Pierre Hanau, intervenant au Master 2 Documentaire de création d’Ardèche Images. Sans Canal fixe, pour ce nouveau cycle de mensuelles, testera cette hypothèse en s’efforçant de montrer quelques exemples de démarches iconoclastes qui déshabillent l’auteur unique, un temps consacré par la Nouvelle Vague. Une manière d’histoire subjective des formes documentaires qui continuent de s’écrire à quatre ou cinquante mains... Mardi 11 octobre

Le Pédalogue Belgique – Alain et Wastie Comte – 5’

Une série de films de plan d’eau ou le point de vue du pédalo, filmé, à raison d’un épisode par an, sur le plan d’eau de La Chaise-Dieu en Haute-Loire.

Petit à petit France – 1971 – Jean Rouch – 92’

Damouré, qui dirige à Ayorou (Niger) avec Lam et Illo la société d’import-export Petit à petit, décide de construire un « grand building » dans son village. Il part à Paris pour voir « comment on peut vivre dans des maisons à étages ». Dans la capitale, il découvre les curieuses façons de vivre et de penser des Parisiens qu’il décrit dans des « Lettres persanes » envoyées régulièrement à ses compagnons, jusqu’à ce que ceux-ci, le croyant devenu fou, envoient Lam le rejoindre pour se rendre compte sur place… Désopilant exercice de style surréaliste, retournant comme un gant les manies anthropologues et racistes des occidentaux envers le continent noir. Par un partisan sans faille (grand inspirateur des cinéastes de la Nouvelle Vague) d’une ethnologie partagée et fraternelle qu’il tourne ici avec quelques amis...

Samedi 1er octobre – 17h Rencontres de danses urbaines Cette 19e édition fera son ouverture aux Studio ! Lancée sur les platines d’un DJ et centrée sur la danse hip hop, elle nous apportera le regard captivant d’une réalisatrice passionnée de culture urbaine sur d’autres femmes qui vont elles aussi jusqu’au bout de leur passion et nous offrira une vraie rencontre avec deux jeunes danseuses…

B Girls

France – 2014 – 52’, documentaire de Nadja Harek.

Elles s’appellent Karima, Valentine, Auriane et Carlota. Elles ont respectivement 45, 34, 27 et 13 ans. B Girls trace quatre portraits filés de ces danseuses et chorégraphes reconnues dans le monde toujours très masculin du hip-hop. À travers leurs histoires et itinéraires de vie, des battles de rue aux scènes contemporaines, se

dessine tout le cercle des enjeux sociologiques, esthétiques et politiques de la présence des femmes dans le hiphop : la révolution des codes chorégraphiques, l’affirmation du corps féminin, le combat contre les préjugés, l’accomplissement d’une véritable vocation… B Girls, le premier documentaire sur le breakdance vu, vécu, raconté et dansé par des femmes. FC et DC Avant et Après ! AVANT : DJ I-Verse mixe dans le hall des Studio à partir de 16h. APRÈS : Rencontre avec Léa et Lucie, danseuses dans le groupe Madness de Joué-lès Tours, suivie d’un pot offert à tous par les Studio. www.rdu37.info

Tarif : 2,50 €. Gratuit pour les moins de 14 ans. Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –

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Mercredi 12 octobre – 19h45 Soirée Fête du cinéma d'animation, en partenariat avec CiCliC

w w w . s t u d i o c i n e . c o m Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

12 films pour affirmer la curiosité, repousser les limites de l’inventivité, partir à la rencontre de l’autre et du monde ! D’un écran d’ordinateur aux pages d’un journal, tous les supports sont permis pour se jouer du réel. Et comme la créativité n’a pas de frontières, les films sont la promesse d’un voyage qui nous entraîne dans l’histoire (de la Pologne à l’Indochine coloniale) mais aussi dans l’espace. Variété des techniques, des thématiques, c’est la vitalité du cinéma d’animation que cette sélection met en lumière. Sans oublier une bonne dose de légèreté et de fantaisie pour conjurer la morosité ! Une sélection pour tous, à partir de 12 ans.

Tombés du nid France – 2015 – 4’ – Loïc Espuche. Fabio et Dimitri se rendent à la Chicha pour que Dimitri puisse peut être enfin aborder Linda.

Copier cloner France – 2009 – 3’ – Louis Rigaud

Après le décès de sa grand-mère, une jeune Eurasienne revit l’histoire des femmes de sa famille, de l’Indochine coloniale à l’isolement d’un camp de transit.

Wiikset (La Moustache) Finlande – 2015 – 4’ – nni Oja

Journal animé

Le Futur sera chauve France – 2016 – 6’ – Paul Cabon

Journal animé est une improvisation artistique menée au jour le jour entre le 15 septembre et le 15 novembre 2015 inspirée par l’actualité internationale des pages du quotidien français Libération.

Être chauve, ça craint. Savoir qu’on va le devenir, c’est pire.

Brume,France cailloux et métaphysique – 2014 – 6’ – Lisa Matuszak

Gusla ou les mains France Pologne – 2016 – 9’ – Adrienne Nowak

Une rencontre furtive autour d’un lac, où il est question de cailloux et de métaphysique.

La réalisatrice retourne voir sa grand-mère en Pologne pour interroger sa famille sur le communisme. Dans l’intimité de la cuisine de son oncle et sa tante, elle nous livre un documentaire animé qui évoque son parcours personnel et familial à travers l’histoire de la Pologne.

Johnny express

Johnny est un coursier de l’espace qui voyage de planète en planète pour livrer des colis. Johnny est fainéant et son seul objectif est de faire la sieste dans son vaisseau autopiloté. Quand le vaisseau arrive à destination, tout ce qu’il a à faire et de remettre un colis. Cela va pourtant se passer d’une toute autre façon…

Une tête disparaît France Canada – 2016 – 9’ – Franck Dion Jacqueline n’est plus toute jeune et perd un peu la tête, mais est-ce bien grave ? Elle décide quand même de partir Le mercredi 12 octobre à 20h15, Le Temps Machine s’installe à la bibliothèque des Studio et nous propose un film qui fait la part belle à la musique électronique et à l’absurde.

La Légende de Kaspar Hauser Italie – 2011 – 1h35 – de Davide Manuli, BO de Vitalic, avec Vincent Gallo Une île rocailleuse baignée de soleil, époque indéfinie, un ailleurs. Un corps s’échoue sur la plage. C’est celui de Kas– Les CARNETS du STUDIO

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AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES , AU MOIS D’OCTOBRE : Past Present de John Scofield (Studio 1-2-4-5-6) et Two Friends de Caetano Veloso & Gilberto Gil (Studio 3-7)

Sous tes doigts France – 2015 – 13’ – Marie-Christine Courtès

Cette ville n’est pas assez grande pour eux deux... Leur moustache non plus.

Corée du sud – 2014 – 6’ – Kyungmin Woo

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seule en vacances et prend le train !

Par des dessins simples et ludiques, Copier-Cloner vous met dans la peau de vache d’un éleveur bovin industriel, loin du plancher des vaches. France – 2016 – 4’ – Donato Sansone

Les films de A à Z www.studiocine.com Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RFL 101.

Séance Ciné-ma différence : Peter & Elliott le dragon, samedi 24 septembre - 14h15

A

Céline, Thomas et Maxence font toujours tout ensemble, c’est donc tout naturel pour eux de vouloir se marier à trois, puisque le mariage est pour tous.... Car c’est à trois qu’ils rêvent de maison, de travail, d’enfants et.... de manger tous les jours des huîtres. Face au refus de notre administration, ils partent traverser la France en quête de nouveaux repères... Ce point de départ un peu zinzin ne surprendra pas ceux qui connaissent le travail de Jean-Christophe Meurisse, car, s’il s’agit de son premier long métrage de cinéma, son travail au théâtre avec sa troupe Les Chiens de Navarre a été vu plusieurs fois à Tours. Parmi ces spectacles aussi étonnants qu’inclassables et drôles, leur dernier né, Les Armoires normandes dont Apnée reprend les acteurs et certaines situations. Un objet hors-normes qui peut déranger autant qu’il fait rire. JF

Blanquette

France – 2015 – 4’ – Charlie Belin

Les discussions croisées d’une famille réunie pour partager un repas.

Le Bruit du gris

2016 – 4’ – Vincent Patar et Stéphane Aubier

En plan fixe, le hall de la maison, grise et terne, de Cheval, Cowboy et Indien. Les 3 comparses remplissent le lieu, lui donnant vie et couleur. Un empêcheur de tourner en rond vient tout foutre par terre. Durée du programme : 74 minutes. En présence de Charlie Belin, réalisatrice de Blanquette. par Hauser, le prince héritier mystérieusement volatilisé à l’enfance. Ce corps réanimé qui refait surface semble avoir perdu l’esprit. Son apparition trouble la routine insulaire. Qui est Kaspar Hauser ? Un souverain, un idiot, un imposteur ? Inquiète, la Grande Duchesse de l’île appelle à la rescousse son amant, Pusher, dealer et tueur à gages. Inconscient de la menace qui pèse sur lui, l’étrange garçon apprend la vie auprès du Shérif... un ancien DJ qui voit en lui le nouveau Messie.

Apnée

France – 2016 – 1h29, de Jean-Christophe Meurisse, avec Céline Fuhrer, Thomas Scimeca, Maxence Tual...

B

B Girls Voir pages 5 et Jeune Public

Brooklyn Village

USA – 2016 – 1h25, de Ira Sachs, avec Theo Taplitz, Michael Barbieri, Greg Kinnear...

Hériter d’une maison à Brooklyn quand on est une famille qui habite à Manhattan,

c’est une aubaine. Et même si le rez-dechaussée est occupé par la boutique d’une couturière latino-américaine, au début tout va bien. Surtout quand les enfants des deux foyers deviennent amis. Mais les nouveaux arrivants s’aperçoivent vite que le loyer de la boutique ne couvre pas leurs besoins... Après Keep the lights on et Love is strange (film du mois en novembre 2014), Brooklyn village signe la troisième collaboration entre Ira Sachs et le scénariste Mauricio Zacharias. On retrouve ici tout ce qui faisait le charme et la beauté de leur précédent film, à savoir une très grande justesse dans la description des rapports familiaux et intergénérationnels, le tout avec une immense délicatesse émotionnelle. Et, cerise sur le gâteau, New-York y est toujours aussi magnifié. Sources : dossier de presse

Captain Fantastic USA – 2015 – 2h, de Matt Ross, avec Viggo Mortensen, Frank Langella, George Mackay…

C

Ben et sa femme ont décidé d’éduquer leurs six enfants, en plein cœur d’une forêt perdue dans le Nord-Ouest des États-Unis. Les journées sont vouées aux entraînements physiques, à la chasse et au culte de Noam Chomsky. Quand un drame frappe la famille, chacun de ses membres va se trouver brutalement confronté au monde dit civilisé… Ce film fort singulier a été récompensé par le prix de la mise en scène dans

Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –

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la sélection Un certain regard, lors du dernier festival de Cannes. Sources : LesEchos.fr, culturebox.francetvinfo.fr

Cézanne et moi

France – 2016 – 1h59, de Danièle Thompson, avec Guillaume Gallienne et Guillaume Canet.

Moi, c’est Émile (Zola). Paul Cézanne et lui ont grandi à Aix et noué dès l’enfance une amitié très forte. Danièle Thomson plonge pour son premier film en costume en tant que réalisatrice dans le milieu littéraire et artistique de la fin du XIXème. C’est l’histoire d’une relation longue, intense et tumultueuse qu’elle nous raconte. « Quand on pense à eux aujourd’hui, on les imagine vieux et barbus. J’ai eu envie de les montrer entre 20 et 25 ans quand ils se battaient pour gagner trois sous et exister ». Au fil des ans, Zola, l’homme de gauche, libertaire, connaît la renommée, devient riche et s’embourgeoise alors que Cézanne tardera à être reconnu. S’ils se sont nourris mutuellement, la brouille deviendra fatale après la publication de L’Œuvre, dont le personnage de peintre raté aurait été inspiré par Cézanne. Avec Gallienne et Canet pour interpréter les deux grands hommes, le film s’annonce prometteur… Filmographie récente : Fauteuils d’orchestre (2006), Le code a changé (2009), Des gens qui s’embrassent (2013) Sources : dossier de presse.

Chouf

France – 2015 – 1h48, de Karim Dridi, avec Sofian Khammes, Foued Nabba, Zine Darar...

Chouf, ça veut dire : regarde en arabe. C’est le nom des guetteurs des réseaux de drogue à Marseille. Sofiane, 24 ans, brillant étudiant, intègre le business de son quartier après le meurtre de son frère, un caïd local. Pour retrouver les assassins, il est prêt à tout, abandonne sa famille, ses valeurs et plonge dans une aventure terrifiante... Chouf, dernier volet d’une trilogie marseillaise, après Bye-Bye (1995) puis

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Khamsa (2008), a été présenté en séance spéciale à Cannes 2016. K. Dridi a animé des ateliers de comédie avec les jeunes des quartiers tout en écrivant avec eux le scénario. L’idée, c’était d’amener ces jeunes ailleurs, dans la planète cinéma, dans un film. Sinon, j’aurais fait un documentaire. Avec Chouf, K. Dridi renoue avec le goût pour le cinéma social efficace.

Comancheria

USA – 2016 – 1h42, de David Mackenzie, avec Jeff Bridges, Chris Pine, Ben Foster…

À la mort de leur mère, deux frères se retrouvent dans une situation financière catastrophique et n’ont que quelques jours pour trouver l’argent leur permettant de désendetter la propriété familiale. La première idée qui leur vient est d’une simplicité biblique : prendre l’argent où il est, à savoir : dans les banques auprès de qui ils sont endettés… Pour ses dialogues tranchants et sa mise en scène efficace, Telerama juge que Comancheria revient aux bonnes recettes des séries B à la Don Siegel… en y ajoutant la couche d’amertume propre à une société qui part en morceaux.

Sources : dossier de presse.

Le Ciel attendra

France – 2016 – 1h45, de Marie-Castille Mention-Schaar, avec Noémie Merlant, Naomi Amarger…

Sonia et Mélanie sont deux lycéennes de 16 ans ordinaires… Si ce n’est que les parents de la première (Sandrine Bonnaire et Zinedine Soualem) tentent d’arracher leur fille au djihadisme après son départ avorté pour la Syrie, tandis que la seconde plonge dans la radicalisation, après être tombée amoureuse d’un garçon sur internet, sans que ses parents (Clotilde Courau et Yvan Attal) ne s’en rendent compte… Après le très beau Les Héritiers (qui racontait comment une classe de banlieue gagnait le Prix national de la Résistance), MC Mention-Schaar ose affronter un sujet d’une brûlante actualité. Pour ce film extrêmement dur, mêlant les problématiques de l’adolescence, de la famille et de la religion, elle a fait un important travail de documentation en suivant pendant plusieurs mois l’anthropologue Sonia Bouzar, directrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires… qui a, par la suite, accepté de jouer son propre rôle dans le film dont elle est, en quelque sorte, l’héroïne. Après avoir vu La Désintégration de Philippe Faucon ou Les Chevaux de Dieu de Nabil Ayouch, on sait que la fiction est un indispensable moyen de comprendre le réel et que Le Ciel attendra est un film à ne pas manquer… Sources : cineuropa.fr – cdpsi.fr

Mercredi 5 octobre rencontre avec Marie-Castille Mention-Schaar, la réalisatrice, Noémie Merlant, actrice, après la séance de 19h30.

Sources : imdb.com, telerama.fr

grand-père dont plusieurs centaines d’hectares sont infertiles. Quand il décide de vendre la propriété, il se trouve confronté à des malfrats dont son aïeul était le chef. Ces derniers ne reculeront devant rien pour préserver cette terre qui se trouve au centre de leurs trafics rémunérateurs. Aucune menace de leur part, sauf qu’un copain du héros se volatilise... « Les longs plans de Bogdan Mirica créent un trouble diffus. Puis l’inquiétude, puis l’angoisse. Un travail d’orfèvre impressionnant. Dogs, premier long métrage de B. Mirica, a reçu le Prix Fipresci dans la sélection Un certain regard à Cannes 2016. Sources : dossier de presse, Télérama

Ernest et Célestine Voir pages Jeune Public

D

La Danseuse

France – 2015 – 1h48, de Stéphanie Di Giusto, avec Soko, Lily-Rose Depp, Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry…

Danseuse, voilà la vocation de Loïe Fuller ! N’appartenant à aucune école, elle crée une autre façon de s’exprimer avec son corps et devient une des grandes égéries de la Belle Époque : muse de Toulouse-Lautrec, Rodin et Mallarmé ! Mais le travail et l’inventivité ne suffisent pas à faire une danseuse ; alors quand apparaît la novatrice et habitée Isadora Duncan, elle se trouve partagée entre la fascination, l’attirance et le désespoir… Pour ce premier long-métrage, S. Di Giusto voulait saisir le travail de création et les questionnements qui l’accompagnent. Suite à la projection du film, dans le cadre d’Un certain regard lors du dernier Festival de Cannes, les prestations des deux comédiennes principales ont, particulièrement, été saluées ! Sources : telerama.fr, vanityfair.fr, dossier de presse

Dogs

Roumanie/France/Bulgarie/Qatar – 2016 – 1h44, de Bogdan Mirica, avec Dragos Bucur, Gheorghe Visu, Vlad Ivanov...

Dans une Roumanie reculée, Roman débarque sur les terres léguées par son

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Éternité

France – 2016 – 1h55, de Tran Ann Hung, avec Audrey Tautou, Bérénice Béjo, Mélanie Laurent…

« L’éternité c’est long… surtout vers la fin », disait Woody Allen. Rien de tel pour le film de Tran Ann Hung, qui nous transporte de la fin du 19e siècle à celle du 20e, de Valentine à son arrière-petite-fille. Il faut simplement se laisser bercer par cette suite de destins narrés presque sans dialogues (souvenez-vous du film de Scola Le Bal), par une douce voix off très littéraire, et se laisser envoûter par l’atmosphère cotonneuse dans laquelle le cinéaste nous enferme. Éternité est un très beau film, lumineux, hors du temps, dans lequel la musique, la lumière, les décors, les costumes et la mise en scène sont particulièrement soignés. Une œuvre brillante et originale. SB

La Fille de Brest

France – 2016 – 2h20, d’Emmanuelle Bercot, avec Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel, Charlotte Laemmel, Gustave Kervern…

F

À l’hôpital de Brest, Irène Frachon, médecin pneumologue, découvre qu’il existe un lien direct entre la survenue de morts suspectes Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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et la prise du Médiator, un médicament commercialisé depuis une trentaine d’années. Isolée, face à des interlocuteurs qui refusent de l’entendre, cette femme va mener un combat afin que la vérité sur cette réalité funeste puisse se faire connaître au grand jour, jusqu’à connaître une explosion médiatique de l’affaire… La réalisatrice d’Elle s’en va (2013) et de La Tête haute (2014) porte à l’écran l’histoire courageuse d’Irène Frachon, ce médecin qui a lancé l’alerte sur les effets secondaires mortels du Médiator, que Sidse Babett Knudsen – l’héroïne de la prestigieuse série danoise Borgen – incarne remarquablement. Il en advient « un film intense et bouleversant » ! Sources : dossier de presse, lemonde.fr.

Vendredi 28 octobre à 19h45, AVANT PREMIÈRE en présence de Irène Frachon.

La Fille inconnue Belgique/France – 2016 – 1h46, de Luc et Jean-Pierre Dardenne, avec Adèle Haenel, Olivier Bonnaud, Jérémie Renier, Louka Minnella…

Jenny Davin, médecin généraliste, refuse un soir d’ouvrir la porte à une jeune fille venue sonner bien après l’heure de la fermeture de son cabinet. Peu de temps après, la jeune femme est retrouvée morte et non identifiée par la police. Se sentant coupable, Jenny n’a plus alors qu’un unique but : retrouver l’identité de la jeune inconnue afin qu’elle ne soit pas enterrée anonymement… Après L’Enfant (2004), Le Silence de Lorna (2008), Le Gamin au vélo (2011)… les frères Dardenne, réalisateurs d’un cinéma humaniste, nous livrent ce nouveau « diamant brut ». Adèle Haenel – déjà remarquable dans Les Combattants (2014) de Thomas Cailley – qui incarne Jenny, est absolument impressionnante ! Sources : dossier de presse, lesinrocks.com, lemonde.fr.

Frantz

France/Allemagne – 2015 – 1h53, de François Ozon, avec Paula Beer, Pierre Niney, Ernst Stötzner…

Anna et la famille de son fiancé tentent de survivre à la mort de ce dernier, tombé au

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front en 1918. Quand ils font la connaissance d’Adrien, un ami français du disparu, toute leur vie se trouve bouleversée et leurs certitudes, ébranlées ; d’autant que le climat général, asphyxié par la rancœur de la défaite, ne peut qu’être hostile à un rapprochement franco-allemand… Le scénario, à la fois imparable et plein de surprises, nous cueille jusqu’à la fin ; le travail sur l’image : cadre, couleurs… est extrêmement subtil, réfléchi. Les feuilles des arbres, l’eau, les peaux frémissent… Ce film est non seulement beau (dans tous les sens du terme), mais nous donne à voir, comme rarement, les traumas visibles et invisibles des hommes et des pays ! Et si, avec ce seizième long-métrage, le toujours surprenant François Ozon signait son meilleur film ? IG

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Infiltrator

USA/GB– 2016 – 2h07, de Brad Furman, avec Bryan Cranston, Diane Krueger…

Comme le titre le laisse deviner, Infiltrator est l’histoire (authentique) d’un policier qui va devoir s’inventer une toute nouvelle identité pour infiltrer le réseau du célèbre trafiquant Pablo Escobar. Pour cela, il va devenir blanchisseur d’argent sale (un faux blanchisseur ? Mais peut-on vraiment faire cela « pour de faux » ?) et devoir travailler avec un partenaire un peu trop familiarisé avec la mafia en même temps qu’avec une toute jeune recrue encore peu rompue à certaines méthodes. Si vous ajoutez à ce scénario éprouvé la présence de l’excellent Bryan Cranston (de la série Breaking bad) vous comprendrez que l’on a ici tous les éléments pour faire un bon polar qui tienne la route.

Fuocoammare par-delà Lampedusa

Sources : imdb.com ; telerama.fr

Italie – 2016 – 1h54, de Gianfranco Rosi

Gianfranco Rosi a décidé de promener sa caméra dans les 20 km2 de l’île de Lampedusa, aujourd’hui célèbre pour être devenue l’un des plus importants points d’arrivée de ces migrants qui fuient la guerre et la misère qui font leur quotidien. Pour ce documentaire réalisé sans commentaires, il a adopté une approche double puisqu’il nous fait d’abord suivre des habitants de l’île et principalement Samuele, un garçon de 12 ans qui semble très éloigné des bouleversements causés par l’arrivée incessante de migrants ayant parfois miraculeusement échappé à la mort. Puis, petit à petit, il fait justement entrer ces migrants dans le champ, non plus comme une simple statistique ou comme un groupe indistinct, mais comme des individus et des groupes qui ont l’envie de vivre chevillée au corps. Fuocoammare s’annonce comme un documentaire aussi atypique qu’émotionnellement puissant. Sources : bfi.org.uk Les fiches signées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

Ivan Tsarevitch et la princesse changeante Voir pages Jeune Public

J

Juste la fin du monde

Canada/France – 2016 – 1h37, de Xavier Dolan, avec Nathalie Baye, Vincent Cassel, Marion Cotillard, Léa Seydoux, Gaspard Ulliel…

Après douze ans d’absence, Louis, jeune écrivain, va retrouver dans son village natal sa famille pour lui annoncer sa mort prochaine. Il y a là Martine, la mère, sa sœur Suzanne, son frère Antoine avec sa femme Catherine. Les retrouvailles avec l’enfant prodigue faites de discussions sont pimentées des éternelles querelles signes de rancœurs enfouies, derrière lesquelles sourdent pourtant des sentiments d’amour que des regards complices notamment viennent trahir. En adaptant la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce, Xavier Dolan vient à nouveau capter nos regards sensibles avec ce 6e film. Le jeune réalisateur de Mommy (2014) a délibérément voulu conserver la

langue du dramaturge « sans compromis », avec ses hésitations et ses maladresses, tandis que des gros plans sur les visages tentent de révéler l’indicible. L’œuvre, intense et forte, a reçu à Cannes le Grand prix du jury et le Prix du jury œcuménique. Sources : dossier de presse, lesinrocks.com, lemonde.fr.

Mal de pierres

France/Belgique – 2016 – 1h56, de Nicole Garcia, avec Marion Cotillard, Alex Brendemühl, Louis Garrel, Brigitte Roüan…

M

Dans les années quarante, Gabrielle, issue de la petite bourgeoisie agricole, est une jeune fille rebelle et fragile. On la croit même folle. Celle qui rêve d’une passion absolue à une époque où les femmes doivent penser au mariage, épouse sous pression de la famille, José, un ouvrier agricole catalan. Gabrielle n’est pas éprise et ne voit guère d’issue à son sort jusqu’à un séjour en cure thermale pour remédier à ses calculs rénaux, son mal de pierres. Elle y rencontre André Sauvage, un bel officier blessé en Indochine, qui ravive en elle l’urgence d’aimer. Ils fuiront ensemble, elle se le jure, car Gabrielle s’accroche à son rêve… Après Un balcon sur la mer (2010), Un beau dimanche (2013), Nicole Garcia, en adaptant le roman éponyme de Milena Agus, nous propose un œuvre pleine de sensibilité autour d’un trio d’acteurs remarquablement dirigé ! Sources : dossier de presse, lemonde.fr, telerama.fr.

Manuel de libération France – 2016 – 1h20, documentaire d’Alexander Kuznetsov.

En Sibérie, Yulia et Katia, transférées de l’orphelinat à l’internat neuropsychiatrique sont privées de la totalité de leurs droits de citoyennes : pas de liberté, pas de travail, pas de famille. Face à l’injustice, elles amorcent ensemble un combat afin que l’État leur restitue leurs droits et rende possible leur émancipation. Après Territoire de la liberté (2014), Alexander Kuznetsov propose ce 3e documentaire,

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primé, où il revient à l’internat filmé déjà dans son 1er film, Territoire de l’amour (2010). Son intention est ici de montrer qu’entre espoirs et déceptions, changer son destin est possible, comme aussi d’échapper à la prison psychiatrique en s’appuyant sur la législation russe même. Le réalisateur filme « la machine étatique et face à elle, la fragilité et la force de ceux qui tentent de résister ». Source : dossier de presse.

Ma vie de courgette

Suisse/France – 2015 – 1h06, film d’animation en stop-motion de Claude Barras, avec Gaspard Schlatter, Sixtine Murat, Paulin Jaccoud...

Quand Icare, alias Courgette, perd sa maman, on l’emmène dans un foyer social où il rejoint d’autres enfants. Il découvre l’amitié, l’amour, une nouvelle forme de vie de famille. Bien que certains enfants lui mènent la vie dure, il réussit à trouver sa place quand un événement extérieur survient.... L’histoire de Courgette est drôle et triste à la fois, pleine de tendresse et de poésie. Elle concerne l’enfance, la perte de l’innocence, comment on se reconstruit après des choses terribles. Le discours est universel, très émouvant et s’adresse aux adultes mais aussi à nos chères petites têtes blondes qui peuvent s’y retrouver. C. Barras a adapté le roman de Gilles Paris Autobiographie d’une Courgette accompagné de la scénariste Céline Sciamma. Le film a été couronné par le Valois du meilleur film à Angoulême. MS Voir pages Jeune Public AVANT-PREMIÈRE dimanche 16 octobre – 14h15

Mercenaire

France – 2016 – 1h44, de Sacha Wolff, avec Toki Pilioko, Iliana Zabeth, Mikaele Tuugahala...

Soane, jeune Wallisien, quitte son île contre l’avis de son père. Recruté par un club de rugby de métropole et débarqué à Agen, rien ne se passe comme prévu. Il est humilié, subit des compromissions, est exploité comme une marchandise. Celui qui l’a fait

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venir en France veut lui faire la peau... Mercenaire est un film singulier : s’y mélangent de la musique wallisienne, de l’opéra et le célèbre haka des All Blacks chanté par Soane, force de la nature au regard si doux. On éprouve aussi de près la chorégraphie des rugbymen dans leur violence réglementée. N’hésitez pas à embarquer jusqu’à Wallis-et-Futuna pour suivre le parcours initiatique de Soane ! Mercenaire a reçu le Prix label Europa cinéma à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes 2016. MS

qu’une seule chose de la vie : la mort ! Depuis le décès de sa femme et son licenciement, sa vie n’a plus aucun sens... au point de décider d’en finir. Tout le voisinage souffre de sa mauvaise humeur. Mais entre la corde qui cède alors qu’il s’apprête à se pendre et un chat de gouttière impertinent, ce n’est pas si simple. Sans compter que ses nouveaux voisins (une jeune Iranienne, son mari et leurs deux charmants enfants) le dérangent en permanence et interrompent chacune de ses tentatives de suicide. Bref, Ove n’est pas près d’accéder au repos éternel...

Moi, Daniel Blake Angleterre – 2016 – 1h39, de Ken Loach,

Sources : dossier de presse.

avec Dave Johns, Hayley Squires, Dylan McKiernan...

Daniel Blake, 59 ans et menuisier, se voit interdire de travail par son médecin suite à des problèmes cardiaques. Mais il est néanmoins obligé de rechercher un emploi sous peine de sanction du Job center, le Pôle Emploi local. Pris dans une situation ubuesque, il croise la route de Katie, mère célibataire de deux enfants et qui, comme lui, se trouve prise dans les filets des aberrations administratives... Palme d’or du dernier festival de Cannes, Ken Loach avait pourtant annoncé sa retraite. Grand bien lui a pris de revenir sur sa décision, car après la petite déception de Jimmy’s Hall, il revient là à son meilleur. Infatigable défendeur des exclus d’une société de plus en plus délirante, il est ici plus délicat que parfois. Son œil est vif, sans sentimentalisme et il réussit superbement certaines scènes assez casse-gueule, dont une réellement extraordinaire dans une banque alimentaire, une des plus belles de l’année à n’en pas douter. JF

N Les Nouvelles aventures de Pat et Mat Voir pages Jeune Public

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Olli Mäki

Finlande/Allemagne/Suède – 2016 – 1h32, de Juho Kuosmanen, avec Jarkko Lahti, Oona Airola, Eero Milonoff...

En 1962, en Finlande, Olli Mäki se prépare à disputer le titre de champion du monde de boxe poids plume face à l’Américain Davey Moore. Il subit une forte pression pour devenir une star dans la machine du show business américain. Il lui faut se concentrer à 100% et perdre du poids. Olli n’y arrive pas. Il vient de tomber amoureux de la belle Raija... Va-t-il choisir le monde où l’on cogne ou celui où l’on se caresse ? Mènera-t-il sa vie selon ses propres priorités ou selon les attentes de quelqu’un d’autre ? Le réalisateur a tourné le film en noir et blanc/16mm pour ramener le public vers les années 60 et s’est centré sur l’ambiance loin du ring, les regards, l’intimité des personnages, leurs doutes, leurs rêves... Olli Mäki, film de boxe romantique, a reçu le Prix un certain regard à Cannes 2016. MS

Monsieur Bout-de-bois Voir pages Jeune Public

Mr. Ove

Suède – 2015 – 1h56, de Hannes Holm, avec Rolf Lassgard, Filip Berg, Anna-Lena Bergelin...

À cinquante-neuf ans, Ove se sent vieux. Grincheux et dépressif, il n’attend plus

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Peter et Elliott le dragon Voir pages Jeune Public

Poesia sin fin

Chili – 2016 – 2h07, de Alejandro Jodorowski, avec Adam Jodorowski, Pamela Flores….

Nous sommes dans les années 40, plongés dans l’effervescence de la capitale chilienne où le jeune Jodorowski, la vingtaine chevelue, renonce à ses études de médecine pour devenir poète au désespoir de ses parents… Alejandro Jodorowski, âgé de 87 ans, nous avait entraîné il y a 3 ans dans le labyrinthe de sa vie tumultueuse avec l’iconoclaste et génial Danza de la realidad. Il continue le récit burlesque et coloré de sa vie en la réinventant « avec un suite de trouvailles esthétiques, de scènes époustouflantes ». À la façon du cinéma magique de Mélies, il utilise des trucages naïfs pour ouvrir les voies de l’imaginaire, des fantasmes. « Le sexe, la religion, la famille ; la passion, la mort, tout ce qui fait que la vie se retrouve décuplée » et « en ressortant de ce tourbillon d’images folles, de sentiments hallucinés et de sensations », le spectateur n’a qu’une hâte : voir le 3e épisode où Jodorowski quittera l’Amérique du Sud pour rejoindre le Paris des Surréalistes. Au festival de Cannes, ce film exalté, peuplé de monstres, de nains et de squelettes, a été longuement ovationné. Sources : telerama.fr - culturebox.francetvinfo.fr

Filmographie sélective : El Topo (70) – La Montagne sacrée (73) – Santa Sangre (89)

Primaire

France – 2016 – 1h45, d’Hélène Angel, avec Sara Forestier, Vincent Elbaz, Olivia Côte…

Dix ans d’enseignement n’ont pas émoussé la foi de Florence en son métier : elle y croit et fait tout ce qui est en son pouvoir pour conduire ses élèves de CM2 jusqu’à la 6e. Mais quand son fils, Denis, lui annonce son désir de quitter sa classe pour aller vivre avec son père, la jeune femme se réfugie encore davantage dans le travail. S’isolant de plus en plus, Florence va de plus en plus en mal, et en arrive à se demander si elle doit continuer à enseigner ou démarrer une nouvelle vie…

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Sources : dossier de presse, bandeoriginale.biz Filmographie : Peau d’homme cœur de bête (1999), Rencontre avec le dragon (2003), Hôtel des longues peines (2007), Propriété interdite (2011)

AVANT-PREMIÈRE mardi 11 octobre – 19h45, en présence d’Hélène Angel, la réalisatrice.

Persona non grata dans son pays d’origine, R. Pitts (qui nous avait donné le redoutable The Hunter en 2010) est lui aussi un multi-déraciné et il nous livre ici un film qui s’annonce passionnant, à des kilomètres aussi bien des films de guerre standardisés que des films bien pensants sur les immigrés en quête de green card... Un film bourré d’ironie.

Promenons-nous avec les petits loups Voir pages Jeune Public

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Réparer les vivants France – 2016 – 1h43, de Katell Quillévéré, avec Anne Dorval, Emmanuelle Seigner, Tahar Rahim…

Petit jour : trois jeunes surfent sur une mer déchaînée ; sur le chemin du retour, un accident terrible ; Le jeune Simon est en état de mort cérébrale à l’hôpital du Havre. Au même moment à Paris une femme attend la greffe qui pourra lui sauver la vie… Le livre poignant de Maylis de Kerangal connut un succès incroyable en 2014. Son écriture précise, « chirurgicale », se concentrait sur les faits et leur implication, comme s’il ne fallait pas se laisser déborder par l’émotion. C’est le même parti pris qu’a adopté Katell Quillévéré dont on avait beaucoup aimé Suzanne en 2013. Son adaptation délicate, pudique et sensible, a ému l’auteure du livre et les critiques lors de sa présentation à la Mostra de Venise. Sources : dossier de presse festival de Venise

AVANT-PREMIÈRE vendredi 21 octobre – 19h45, en présence de Katel Quillévéré, la réalisatrice.

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Soy Nero

France/Allemagne/Mexique, 1h57, de Rafi Pitts, avec Rory Cochrane, Johnny Ortiz, Khleo Thomas, Aml Ameen...

Nero est un Mexicain expulsé des USA qui veut à tout prix y revenir et obtenir une carte de travail puis la nationalité... Comme il n’est pas rancunier, il comprend vite que la seule solution qui lui est offerte est... d’intégrer l’armée américaine ! Et de partir vers le Moyen Orient, dans les zones de combat... Le dream act prévoit même que cette naturalisation est encore accélérée si le candidat meurt au combat...

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Ta’ang, un peuple en exil

Chine/France/Hong-Kong – 2016 - 2h27 – de Wang Bing

En Birmanie, plusieurs régions sont en état de sécession ; parmi elles le Kokang, à la frontière chinoise, où le peuple Ta’ang se voit pratiquement contraint d’émigrer vers la Chine pour échapper aux conflits qui dévastent la région et mettent son existence en péril. Wang Bing, grand spécialiste du documentaire, a suivi certains de ces groupes de réfugiés, certains de ces candidats à une vie moins mauvaise. Le talent (et le parti pris) de Wang Bing est de ne pas suivre UN groupe, de ne pas se focaliser sur tel ou tel individu, mais, au contraire, d’alterner les points de vue, de s’acharner, en somme, à nous faire ressentir la vie qui traverse ces migrations, l’humanité qui habite ces groupes. Sources : imdb.com

tateurs. Comme l’a déclaré le réalisateur lors du dernier festival de Deauville « Si vous voulez rire c’est ok, sinon, c’est ok aussi » ! À vous de voir… Sources : avoir-alire.com, bullesdeculture.com, bscnews.fr

Victoria France 2016 1h37, de Justine Triet, avec Virginie Efira Vincent Lacoste, Melvil Poupaud, Laurent Poitrenaud...

T

Victoria Spick est avocate, divorcée, mère de deux filles et constamment débordée. À un mariage elle retrouve Vincent, son meilleur ami, et Sam un ex-dealer qu’elle a défendu par le passé et qu’elle engage comme jeune homme au pair, son baby-sitter venant de démissionner. Le lendemain, Vincent est accusé de tentative de meurtre par sa compagne et il ne veut personne d’autre que Victoria pour le défendre, ce qu’elle finit par accepter à contrecœur... Entre un ami qu’elle découvre plus complexe qu’elle n’imaginait et un baby-sitter pour lequel elle ne veut pas reconnaître son attirance, Victoria perd, un temps, les pédales ; mais ce qui pourrait être un

Le Teckel USA - 2016 - 1h28, de Todd Solondz, avec Greta Gerwig, Danny DeVito, Julie Delpy…

Voir un film de Todd Solondz, c’est vivre une expérience cinématographique, particulière et se confronter à un humour grinçant, noir, très noir. Cette « comédie du désespoir », selon Solondz, ne devrait pas déroger à la règle : en suivant le parcours d’un chien chez ses quatre maîtres successifs (et manifestement ce canidé n’a pas la patte heureuse…) et en nous donnant à voir les comportement qu’il provoque chez chacun d’entre eux, le réalisateur n’épargne pas grand-chose ni à l’animal, ni aux spec-

Voyage à travers le cinéma français France – 2016 – 3h15, de Bertrand Tavernier

V

Six ans de préparation, 80 semaines de montage, plus de 950 films vus et revus pour en choisir 94 et proposer 582 extraits ; une suite à venir… « Je voulais ce film le plus personnel possible. Pas de chronologie. Et surtout pas un cours… » Quand Bertrand Tavernier dont on connaît l’enthousiasme, la verve et l’immense culture cinématographique, voyage dans notre cinéma, c’est bourré d’anecdotes, plein d’admiration, de justes colères et d’émotion. On a écrit sur ce film événement présenté hors compétition à Cannes qu’il était « incontournable », « superbe »… N’ayez pas peur de la durée : il paraît qu’on en redemande ! Sources : Dossier de presse Cannes 2016

Dans le cadre du festival Concerts d’automne : Lundi 17 octobre – 19h30

Le Tableau Voir pages Jeune Public

drame est une comédie. Les situations et les dialogues pétillent, le rythme ne faiblit pas et Melvil Poupaud, Vincent Lacoste et Virginie Efira font des étincelles. JF

Le Carrosse d’or Lundi 3 octobre – 19h30

de Jean Renoir (1952) France/Italie Couleurs 1h40 avec Anna Magnani

Huit et demi

Soirée présentée par Louis D’Orazio

de Federico Fellini (1963) Italie Noir et blanc 2h10, avec Marcello Mastroianni, Anouk Aimé, Claudia Cardinale.

Soirée présentée par Laurent Givelet

Lundi 10 octobre – 19h30

Lundi 24 octobre – 19h30

Une saison italienne de Pupi Avati (1984) Italie Couleurs 1h30

Une soirée, deux films

19h30-Le Rêve dans la hutte bergère de Teuvo Tullio (1940) Finlande Noir et blanc 1h48

21h30-Le chant de la fleur écarlate de Teuvo Tulio (1938) Finlande Noir et blanc 1h50

Lundi 31 octobre – 19h30 Hommage à Patrice Leconte, en sa présence.

Monsieur Hire

de Patrice Leconte (1989) France Couleurs 1h20, avec Michel Blanc et Sandrine Bonnaire

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

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JEUNE PUBLIC

France – 2016 – 53 mn, film d’animation de Michel Ocelot.

République tchèque – 2016 – 40 mn, film d’animation de Marek Benes.

Trois amis pleins d’imagination, une fille, un garçon et un vieux projectionniste se retrouvent dans un cinéma abandonné. Ils Tout public à partir de 6 ans s’inventent des histoires dont ils sont les héros extraordinaires, sans pour autant perdre leur sens de l’humour. Samedi 15 octobre 14h15

On rit, on se régale à les suivre !

Dimanche 2 octobre à 14h00, nous aurons le grand plaisir de recevoir Michel Ocelot. Une rencontre exceptionnelle, venez nombreux !

Vous avez dit princesse ? Avant la séance du mercredi 26 à 10h15, Gaël un conteur tourangeau viendra vous raconter l’histoire de l’une d’elles, qu’il a bien connue…

Les deux inséparables bricoleurs ont encore beaucoup d’idées pour améliorer leur quotidien. Un brin gaffeurs, mais surtout très marteaux, ils font toujours autant rire !

sans paroles À partir de 3 ans

Divers pays – 2013 à 2015 – 40 mn, programme de courts métrages d’animation.

À partir de 3 ans

La vie d’un bout de bois peut être remplie de péripéties ! Monsieur Bout-de-Bois va vivre des aventures très dangereuses qui vont l’entraîner bien loin de chez lui… Monsieur Bout-de-Bois Pik Pik Pik La Chenille et la poule

VF

France – 2012 – 1h20, film d’animation de Stéphane Aubier, Benjamin Renner, Vincent Patar.

Quand une souris grise et un ours clown musicien se rencontrent... Mercredi 28 septembre à 14h30, séance tout public ouverte aux enseignants inscrits à École et cinéma.

À partir de 3 ans

VF Tout public à partir de 5 ans

Divers pays – 2016 – 44 mn, programme de courts métrages d’animation. France – 2011 – 1h16, film d’animation de Jean-François Laguionie.

L’abandon d’un tableau inachevé provoque l’animation de ses personnages : les Toupins, colorés et déterminés à prendre le pouvoir sur les Pafinis en manque de couleurs et sur les Reufs juste esquissés. Un superbe film qui, bien au-delà de ses qualités esthétiques, aborde de nombreuses questions. Tout public à partir de 8 ans

Six contes pleins d’humour et de surprises, pour découvrir le loup sous toutes ses facettes... De quoi chasser la peur du loup ! France/Suisse – 2016 – 1h06, film d’animation de Claude Barras. Tout public à partir de 8 ans

Courgette est le surnom d’un petit garçon de dix ans qui a perdu sa maman. Placé dans un foyer, il va revivre en découvrant l’amitié et même… le bonheur !

Un petit bijou d’animation bouleversant même pour les plus grands, qui vient de recevoir deux prix et six nominations au Festival de Cannes, Quinzaine des réalisateurs, et au Festival international du film d’animation d’Annecy.

Mercredi 5 octobre à 14h30, séance tout public ouverte aux enseignants inscrits à École et cinéma.

dimanche 16 à 14h15

USA – 2016 – 1h40, de David Lowery, avec B.D. Howard, K. Urban, W. Bentley, R. Redford, C. Hall, O. Fegley...

France – 2014 – 52 mn, documentaire de Nadja Harek.

Tout public à partir de 8 ans

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Tout public à partir de 8 ans

Un jour Grace, fille d’un sculpteur sur bois qui aime raconter des histoires de dragons, fait la connaissance de Peter, un mystérieux petit garçon de dix ans qui vit dans les bois avec son ami Elliott… un dragon géant ! Grace veut percer le secret de cette incroyable histoire…

VO

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Bande annonce

Ici… ` DOUCEMENT MAIS SÛREMENT Depuis vingt-six ans, avec humilité et exigence, Philippe Faucon aborde les questions qui fâchent, notamment celles générées, par le rejet de l’altérité, qu’elle soit religieuse (Dans la vie), culturelle (Samia) ou sexuelle (Muriel fait le désespoir de ses parents) ; il a aussi abordé la question de la radicalisation de certains jeunes avec l’imparable La Désintégration. Mais toujours, comme dans le sensible Fatima, il donne à voir des gens de peu qui se battent pour leur dignité, leurs droits. Amin (encore un prénom pour titre de film, comme un permis d’exister et de ne pas être noyé dans la masse) est le nouveau chapitre de ce combat : Amin travaille sur des chantiers en France, afin d’envoyer de quoi vivre à sa famille restée en Mauritanie. Et puis, un jour, il va rencontrer Gabrielle…

et ailleurs… ` TOUS LES HOMMES SONT ÉGAUX …mais certains sont plus égaux que d’autres (G. Orwell). Révélée et récompensée grâce à son magnifique Mustang, Deniz Gamze Ergüven est forcément très attendue avec son prochain long métrage ! Nul ne pourra dire qu’elle a choisi la facilité, puisqu’elle continue son combat pour tenter de faire avancer les mentalités face aux inégalités : après le sort des femmes dans la Turquie traditionnelle, elle abordera, avec Kings, les discriminations raciales dans la société américaine. Elle a choisi de s’appuyer sur les émeutes qui secouèrent Los Angeles en 1992, suite à l’acquittement de quatre policiers ayant violemment molesté Rodney King, après que celui-ci eut refusé de se livrer à un contrôle d’identité. On sait déjà que Daniel Craig (qui a raccroché sa panoplie de James Bond) et Halle Berry ont donné leur accord au projet. ` NE COPIEZ PAS TROP D’APRÈS NATURE (P. Gauguin) Après Guillaume Gallienne pour Cézanne et Moi de Danièle Thompson, c’est Vincent Cassel qui va devoir manier palette et pinceaux, sous la houlette d’Édouard Deluc (Mariage à Mendoza). Il va devoir composer le Gauguin qui pensait trouver la liberté et l’authenticité en Polynésie. ` DOLAN ANYWAYS Après avoir été récompensé par le Grand Prix lors du dernier Festival de Cannes pour Juste la fin du monde, Xavier Dolan a débuté le tournage de son septième film en huit ans : The Death and Life of John F. Donovan. Si un certain nombre de comédiens, de toutes nationalités, affirment rêver de tourner avec le jeune prodige, ce sera chose faite pour Jessica Chastain, Susan Sarandon, Natalie Portman et Kathy Bates ! Quant à John F. Donovan, victime du harcèlement d’une rédactrice de presse à scandales, au courant de sa liaison, secrète, avec une star hollywoodienne, il aura pour interprète Kit Harrington, révélé par la série, Game of Thrones. IG

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La violence à l’égard des femmes est l’une des formes les plus systématiques et répandues de violation des droits des femmes. Les Nations Unies définissent la violence à l’égard des femmes comme « tout acte de violence dirigé contre le sexe féminin et causant ou pouvant causer un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou la vie privée. » On estime que, dans certains pays, 70% de femmes seront victimes de violences physiques ou sexuelles perpétrées par un partenaire à un moment de leur vie. En France, chaque année, 216 000 femmes sont victimes de violences de leur conjoint ou ex-conjoint et seulement 14% portent plainte. En 2015, 115 femmes sont décédées suite à ces violences. Au sein des recensements, n’apparaissent pas les violences psychologiques, verbales, économiques qui peuvent aussi exister dans le quotidien de ces femmes. Face à l’ampleur du phénomène de nombreux dispositifs existent pour prendre en charge les victimes. Celles-ci peuvent parfois difficilement partir du domicile et quitter le conjoint violent. Cette démarche nécessite bien souvent une

prise en charge psychologique de la victime afin de l’aider à prendre conscience des violences qu’elle subit et préparer un éventuel départ. De plus, dans de nombreuses situations, les enfants sont présents au domicile lorsque les violences ont lieu. On parle d’enfants témoins des violences conjugales. 143 000 enfants vivent dans un foyer où une femme a déclaré être victime de violences physiques et/ou sexuelles de la part de son conjoint ou ex-conjoint. 42 % de ces enfants ont moins de 6 ans. Par ailleurs, peu d’auteurs de violences conjugales sont pris en charge malgré les dispositifs de soins existants. La nécessité de leur prise en charge permet de prévenir la récidive et une responsabilisation de leurs actes violents. Ces constats génèrent une forte mobilisation associative et politique. La France est actuellement dans son 4e plan interministériel de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes, constitué de trois priorités : – organiser l’action publique autour d’un principe d’action simple, aucune violence déclarée ne doit rester sans réponse ; – protéger les victimes ; – mobiliser l’ensemble de la société.

Entr’aide ouvrière Comité d’aide aux détenus

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À propos de D’une famille à l’autre

P

ierre a 17 ans et vit au Brésil avec sa mère et sa jeune sœur. Ce n’est pas la misère mais on est loin de l’opulence et du luxe. Leur mère les aime, s’occupe bien d’eux. Pierre est séduisant et plaît beaucoup aux filles... L’une des toutes premières scènes du film nous le montre dans une fête, il est outrageusement déguisé en femme (en fait, si telle chose est possible : il semble déguisé en drag-queen tant la perruque et le reste de son costume sont outranciers...). Il part s’isoler dans une salle d’eau avec l’une des filles et le peu que nous apercevons de leur bref rapport sexuel nous permet de voir que Pierre pousse assez loin le souci du détail puisque, sous sa robe, il arbore porte-jarretelles et string féminin. Et puis, très vite, Pierre découvre que sa mère n’est pas sa mère, qu’elle l’a volé dans une maternité à la naissance (plus tard nous découvrirons qu’il en est allé de même pour sa petite sœur...) ; la police et les services sociaux interviennent, la mère voleuse est incarcérée et Pierre placé illico dans sa « vraie » famille, sa famille biologique.

Bien sûr, on devine tout de suite ce qui va faire le centre du film : Pierre considère que sa vraie mère est celle qui l’a élevé, même si sa mère l’a volé dans une maternité et l’on voit poindre un film à thèse sur la différence d’importance entre les liens biologiques et les liens éducatifs... Et l’on se trompe (en grande partie tout au moins...) car ce qui constitue le vrai cœur du film est l’ambiguïté de Pierre, dont on découvrira assez vite qu’il aime aussi les garçons, qu’il ne se maquille pas et ne met pas des vêtements féminins que pour se déguiser en soirée. Pierre mène bel et bien une vie sexuelle double. Et, là aussi, le film dévie

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Rencontre

assez nettement de ce que l’on pourrait attendre : foin d’atermoiements ou de détresse ici, Pierre semble assumer cela avec une certaine sérénité et parfois même un humour assez dévastateur. Ainsi, s’il est évident qu’il rejette sa famille biologique et qu’il n’entend pas les adopter (car c’est un peu comme cela que la chose est présentée), il décide de jouer la provocation. Son père fait en effet de son mieux pour fêter son arrivée (son « retour », même, dit-il) et pour sembler être un père cool proche de ce fils qu’il n’a jamais connu. Aussi, pour pousser ce père dans ses derniers retranchements Pierre décide-t-il de profiter d’une sortie « on t’achète les habits que tu veux » pour décréter que c’est une robe qu’il souhaite se voir offrir... et porter à la maison ou dans la rue. La façade du père se craquelle alors instantanément et les deux hommes en viennent aux mains. Pierre continuera alors sa guérilla domestique jusqu’à ce que la famille semble quelque peu baisser la garde et le laisser s’habiller comme bon lui semble. La grande force du film tient alors dans l’humour décalé et ravageur suscité par cet ado habillé en femme chez lui, dans l’insolence qu’il met à démontrer que tout cela est parfaitement normal ; il ne prétend jamais être homosexuel, travesti ou trans-genre ; il affirme juste qu’il aime s’habiller ainsi... Et l’ambiguïté qu’il génère alors autour de lui devient sa force, l’outil dont il va user pour se fabriquer SA place dans cette famille. En faisant en sorte que cette famille en arrive à le rejeter tout comme lui les rejette, il s’impose, ER impose sa singularité et force sa liberté.

Vendredi 1er juillet, les Studio avec l’association À Tours 2 mains projetaient J’avancerai vers toi avec les yeux d’un sourd de Laetitia Carton, dans le cadre d’une soirée-débat en présence d’Emmanuelle Séjourné, proche de la réalisatrice, de Josiane Salmon, protagoniste du film – qui a fait part des excuses de la réalisatrice qui n’a pu être là – et en présence d’interprètes LSF (Langue des signes française). Le film a bénéficié de l’aide à l’écriture par CiCliC.

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ans un court-métrage d’introduction au film-même, la réalisatrice évoque le rêve de ce documentaire dès 2003 avec un ami sourd, Vincent Carrias, sur un quai de métro. Une année après, Vincent se suicidait. La réalisatrice a alors très vite senti la nécessité de réaliser ce film, à la fois pour lui et pour tous les sourds. Tourné de 2006 à 2014, c’est pour L. Carton un film plus politique que militant, confiant, et elle aime beaucoup la subjectivité qu’un documentaire permet. Pour elle, voir tous ces enfants qui signent, cela remplace tous les discours sur la LSF. Filmer ses amis, cela confère aussi la force au film, ajoute-telle. Une durée de montage de six mois a suivi… Après la projection, de nombreuses réactions ont convergé pour souligner la grande qualité du documentaire et son authenticité générant émotions, félicitations et encouragements enthousiastes. Certains spectateurs reviennent, parfois avec passion tant c’est crucial, sur la question de certains choix à réaliser par les parents à l’égard de leurs enfants sourds (présence de la LSF dans l’enseignement, implant cochléaire ou pas, …), en faisant allusion à la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées de 2005. « On dit que c’est aux parents de choisir. Mais pour choisir, il faut pouvoir être éclairé ! […] Il faut vrai-

Josiane Salmon & Emmanuelle Séjourné © Roselyne Guérineau

ment que les parents aient toutes les informations pour pouvoir choisir. Or, celles qu’ils reçoivent concernent la réparation ! ». Des professionnels, travaillant auprès d’enfants sourds, surenchérissent : « Tout ce qui est dit dans ce film est vrai ! ». Un adulte sourd témoigne de sa scolarité initiale dans une école d’entendants : « je ne suivais pas ». Ensuite, dans une école d’élèves sourds où la LSF était interdite, « il fallait répondre à l’oral et j’étais perdu. Du coup, je me perdais dans mes rêveries ». J. Salmon, présente à l’écran entre autres au cours de la marche des sourds entre Paris et Milan, rappelle que dans cette dernière ville, en 1880, un congrès sur l’oralisme – tenu en présence d’un seul sourd – avait décidé d’interdire la LSF. Il a fallu un siècle pour qu’elle soit réintroduite ! « C’est tout récent en fait ! Le combat n’est pas fini ! On se bat pour l’éducation bilingue. J’avais vraiment envie de vous sensibiliser ce soir. Il est important que la surdité et que la culture sourde sortent de l’anonymat ! ». Un dernier témoignage : « Là, quand je vois les enfants et la LSF dans le film, ils sont dix fois plus évolués que moi. Eux, ils peuvent découvrir le monde ! ». La soirée, très riche, permet en effet de rappeler que le combat, notamment celui pour la LSF, reconnue comme langue à part entière, n’est pas fini… RS

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Les rédacteurs ont vu :

Rester vertical de Alain Giraudie

S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de Rester vertical, ce serait sans nul doute la scène qui invente un nouveau concept, celui de l’euthanasie sexuelle. Hors du fait que comme fin, on imagine pire, Alain Guiraudie en fait un moment aussi merveilleux que transgressif, aussi violent que doux, sans compter qu’elle donne toute sa valeur au titre du film. JF Une thérapeute improbable dans une cabane au milieu de l’eau, un enfantement et un abandon, l’euthanasie d’un vieux rocker par orgasme avec sodomisation, un jeune éphèbe énigmatique, des paysans peu aimables, des loups sur les grandes étendues du Causse… A défaut de verticalité je suis sortie perplexe d’un film qui part dans tous les sens et qui n’a ni l’élégance ni l’invention de L’Inconnu du lac. SB

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L’animalité des brebis rend le Causse plus hospitalier que ses autochtones bipèdes bien âpres ! Entre dimension sacrificielle, thérapeutique de guérison végétale, fuite d’écriture de scénario improbable... Guiraudie semble s’être égaré en de multiples sentiers et nous perd. RS Guiraudie réinvente le monde en refusant les codes du réalisme, notamment psychologique, en suivant une logique onirique, souvent cauchemardesque, traversée de désirs polymorphes, bousculant la géographie, condensant le temps, dans un road movie rural, exploration mythologique de nos peurs, du cri primal au dernier souffle où se mélangent agonie et extase. Un film étrangement drôle et dérangeant. DP

Guiraudie s’applique à dynamiter plein de choses... l’ennui c’est justement qu’il s’applique, un peu trop... j’aurais aimé être provoqué, être touché, être questionné... Je suis surtout resté très extérieur aux pérégrinations de son héros malchanceux. En ressortent tout de même deux ou trois scènes, dans le registre de ce que Guiraudie fait le mieux depuis toujours : une bizarrerie poétique dans le marais poitevin entre technologie de pointe et plongée dans l’irrationnel... ER Après le succès mérité de son Inconnu du lac, A. Guiraudie revient à la forme qui est sa marque de fabrique : la fable délirante, sans tabous ni complexes, et quelque peu déroutante ! C’est peu dire que Guiraudie ose tout : ainsi dans Rester vertical, on peut trouver quelques figures bibliques ou mythologiques, comme celles

d’un petit Moïse voguant vers l’antre d’une Morgane New Age, ou celles d’un enfant puis d’un agneau offerts en « sacrifice », et même une version très, très personnelle de la Charité romaine, lors de l’ultime scène avec Marcel ! Un cinéma pas forcément aimable, mais qui, ce qui n’est pas si fréquent, nous fait sortir de notre zone de confort ! IG Mon premier Guiraudie : déboussolant de prime abord. Une balade douce et rugueuse d’un bon gars aux sentiments paternels aiguisés, aimanté par des lieux et des personnes qu’il visite régulièrement. Des scènes d’amour et de sexe embellies par le réalisateur, aux références évidentes entre Courbet et les images bibliques. Enfin, la dernière scène saisissante du héros rêveur et angoissé défiant la meute des loups et demeurant debout : elle nous séduit totalement. MS Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –

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Hommage

Abbas Kiarostami

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la disparition d’un artiste, on essaie de se remémorer la première rencontre avec son œuvre et les pistes qu’elle nous a ouvertes. Comme de nombreux spectateurs, j’ai découvert Abbas Kiarostami en suivant Ahmad, le petit garçon qui veut redonner le cahier de son ami qu’il a emporté chez lui par erreur. En filmant à hauteur d’enfance, dans Où est la maison de mon ami ? le réalisateur parvenait à échapper à la censure islamiste et le long chemin que devait parcourir son petit héros, à travers la montagne, allait me mener vers un continent cinématographique totalement inconnu, à la découverte des films de Moshen Makhmalbaf (Salaam cinéma, Gabbeh) puis de sa fille (La Pomme, Le Tableau noir) de Bahman Gohabdi (Un temps pour l’ivresse des chevaux, Les chants du pays de ma mère…), d’Asghar Faradhi (À propos d’Elly, Une séparation…), de Jafar Panahi (Le Cercle, Sang et or…) ou dernièrement Negar Azarbayjani (Une femme iranienne)… J’avais d’abord cru que Kiarostami était un auteur empreint de néoréalisme mais sa cinématographie prouva qu’il savait « conjuguer humanisme et magni-

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fiques inventions formelles »1 dans un jeu permanent entre le vrai et le faux que l’on retrouve notamment dans le dyptique Et la vie continue et Au travers des oliviers, avant d’inventer un dispositif cinématographique inédit, la voiture-studio, formidable arme pour échapper au contrôle de la censure dans Le Goût de la cerise (Palme d’or à Cannes) puis dans Ten – dispositif qui sera repris avec le succès que l’on sait par Panahi dans Taxi Téhéran. À l’annonce de sa disparition, j’ai aussi repensé à la formidable exposition que proposait le centre Beaubourg en 2007 : Correspondances entre les œuvres de Kiarostami et du réalisateur espagnol Victor Erice, deux cinéastes nés en juin 1940 et dont les œuvres sont « marquées l’une et l’autre par l’intense relation aux arts plastiques, la place décisive qu’y occupent l’enfance, les paysages, le motif du chemin… » 2 Comme Agnès Varda, Jean-Luc Godard ou David Lynch, le réalisateur iranien proposait

régulièrement des installations et des œuvres photographiques. Les photos exposées à Beaubourg étaient marquantes : Rain, grands formats aux couleurs subtiles des jeux de la lumière et de la pluie sur les vitres d’une automobile, et enfin une dernière série monumentale d’arbres nus, gris et noirs sur un écrin de neige. On sentait chez le réalisateur iranien une passion pour la photographie, cet acte de création solitaire, bien éloigné des contraintes et des contingences d’un tournage : « La photographie satisfait les sentiments créateurs et rend possible l’accès à la sérénité. Il y a dans ce domaine une pureté étrange. » Puis venaient des installations totalement réussies et profondément troublantes (ce qui n’est pas si fréquent en art contemporain). Sleepers, une projection sur le sol, à l’échelle, d’un lit avec un couple de dormeurs. Sur une durée de 92 minutes, ils dorment, rêvent, se retournent, se recroquevillent, se réveillent pour boire et se rendormir… Au sol, avec la découpe blanche des draps, cette image n’en est plus tout à fait une… devient presque un objet lumineux… et transforme les spectateurs hésitants, silencieux, en d’innocents voyeurs, complices, comme les anges qu’avaient filmés Wim Wenders.

Le même dispositif pour Ten minutes older avec un petit garçon qui dort au milieu du couloir et qui finit par se réveiller en pleurant.

La troisième installation était plus monumentale : dans un espace d’une centaine de mètres carrés, agrandi des miroirs qui tapissent les murs, se dressaient des troncs d’arbres en hiver, pendant que criaient les corbeaux dans un ciel sans ciel. Chaque tronc de ce labyrinthe vertical était recouvert de milliers de photos numériques représentant des écorces d’arbres. Jeu sur l’illusion et la réalité : l’image dans laquelle on peut entrer et se perdre, les écorces qu’on peut toucher mais qui ne présentent que l’aspect lisse du papier photo. Cette forêt était accompagnée d’un poème persan :

Le jardin du désespoir n’attend aucun printemps. Même si de ses yeux n’émane aucune chaleur, même si en lui ne verdit le sourire d’aucune feuille, qui peut dire que le jardin sans feuille est sans beauté ? (…) Sur sa monture, jaune crinière au vent, caracole immortel, le souverain des saisons, l’automne. Mehdi Akhava Saless (1335) DP

1telerama.fr 2Alain

Bergala

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À propos de L’Effet aquatique

L

orsque Solveig Anspach était venue présenter son film Lulu, femme nue, au Studio, en compagnie de Karin Viard, le 6 décembre 2013, la rencontre, chaleureuse, avec cette réalisatrice qui disait que pour elle, « s’amuser est quelque chose d’assez crucial : rire, bien manger, être avec les amis qu’on aime, prendre du plaisir ! », s’était terminée sur l’évocation de trois projets qu’elle avait en tête… et nous pensions pouvoir la retrouver rapidement parmi nous. Mais le combat contre le cancer qui avait été le sujet de sa première fiction, autobiographique, le magnifique Haut les cœurs ! s’est achevé alors que le montage de son dernier film ne l’était pas tout à fait… Lors de cette soirée, Solveig Anspach nous avait raconté avec beaucoup d’humour que l’attribution de l’adaptation de la BD d’Etienne Davodeau s’était faite lors d’une réunion chez Gallimard où elle avait convaincu le jury en leur promet-

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tant de leur tricoter des écharpes islandaises, les plus chaudes du monde, pour aller au festival d’Angoulême. Pour elle, écrire un scénario relevait de l’art du tricot, du maillage d’éléments narratifs, de boucles et de trames… Dans L’Effet aquatique, on retrouve cette volonté de relier des personnages déjà croisés dans ces précédents films Back Soon (2008) et Queen of Montreuil (2013), de renouer les deux pôles de son existence, Montreuil, où elle vivait et où se déroule la première partie du film et l’Islande, le pays de sa mère où atterrissent les personnages dans la deuxième partie, de tricoter étroitement sentiments amoureux et humour décalé. L’Effet aquatique, c’est quoi ? Une fable loufoque qui raconte l’histoire d’amour entre un grutier un peu lunaire et une maître-nageuse pas forcément très sympathique. Un coup de foudre qui, milieu aqueux oblige, prend une tout autre tonalité. Quelque chose de plus

doux, lent, en apesanteur. Les métaphores aquatiques n’ont nécessairement pas manqué chez les critiques : fable fluide et mélodieuse qui a la grâce et coule de source – corps à chlore – effet amniotique – se jeter à l’eau, perdre pied, et enfin, se laisser porter… Au-delà de la vraie drôlerie des situations – le petit monde improbable et décalé de la piscine Maurice Thorez de Montreuil dans la première partie, le surréaliste congrès international des maîtres-nageurs à Reykjavik dans la seconde – ce qui fonctionne formidablement et qui fait qu’on n’a pas envie de sortir du bain/du film, c’est son amour des personnages. Florence LoiretCaille dit que « Solveig rend extraordinaires les gens ordinaires, elle révèle leur part d’enfance, leur drôlerie, leur peine… Elle croit à la notion de partage, de solidarité.» Magnifique exemple : Agathe est accueillie en Islande par Anna et Siggi qui sont à mi-temps conseillère municipale et chauffeur et vice-versa, une leçon de parité, un authentique partage du pouvoir ! Alors qu’elle a disparu en août

2016, L’Effet aquatique a été présenté à Cannes par l’équipe, orpheline, qui ne voulait surtout pas que cette histoire d’amour malicieuse soit considérée comme testamentaire. Solveig Anspach a continué à travailler jusqu’à la fin, débordante de vie. D’ailleurs, son œuvre va continuer, post mortem, puisque JeanLuc Gaget, « son mari de cinéma » qui a co-écrit cinq films avec elle va réaliser le film noir qu’ils avaient prévu de réaliser ensemble… et la réalisatrice a fait promettre à Patrick Sobelman, son producteur de toujours, de trouver une réalisatrice pour tourner Just the two of us où Vanessa Redgrave interprétera la mère de Solveig Anspach, une architecte islandaise célèbre qui, à un âge avancé, avait vécu une formidable histoire d’amour avec son cancérologue de 30 ans plus jeune. Une façon de continuer, malgré tout, de dire : « Merde à la mort et au renoncement. »* DP

* Laurent Carpentier – Le Monde du 18 mai 2016

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Face à

L

e cadre est idyllique : un magnifique appartement, calme et lumineux, prolongé d’une cour fleurie, une oasis au cœur d’une ville que l’on devine mais que l’on ne verra jamais. Car la caméra comme les personnages de L’Économie du couple sont prisonniers de ce cadre. Autrefois, on le devine, ils y furent heureux, et c’est là que furent conçues, mises au monde et que grandirent les deux jumelles qui vivent avec eux les étapes cruelles de leur désamour. Car l’amour s’en est allé et cet appartement est devenu une prison (le terme huis-clos y trouve toute sa signification) car il est à la fois le lieu d’une insupportable cohabitation mais également l’enjeu d’une lutte sans merci entre les deux anciens amants. Comme souvent, dans les séparations, quand il y a des biens communs, et des enfants, le défaut d’amour se transforme immanquablement en règlements de compte, en sordides chicaneries d’épiciers. Le cinéma belge s’était interrogé il y a peu sur la possibilité de s’aimer malgré les différences de classe, une histoire impossible entre un agrégé de philosophie germanopratin et une coiffeuse nordiste, dans le film de Lucas Belvaux Pas son genre. Ici, Joachim Lafosse poursuit l’interrogation une fois l’histoire d’amour envolée : Marie vient d’une famille qui a les moyens et c’est elle qui a investi dans l’achat de l’appartement alors que Boris n’a jamais eu un sou en poche et ce qu’il a investi dans ce lieu, c’est du temps et du talent puisque c’est lui qui a retapé l’ancien local et qui a entièrement conçu le réaménagement

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magnifique dans lequel la caméra poursuit le couple avec une implacable fluidité. Car Boris a décidé qu’il ne quitterait pas les lieux tant qu’il ne toucherait pas ce qu’il estime être son dû. Quel est le prix des années passées ensemble ? Des années désormais perdues ? L’excellente idée des scénaristes est de donner au spectateur le minimum d’informations possibles sur leur passé commun. Nous serons donc obligé de les croire sur parole, de croire (ou pas) ce que nous voyons. Marie reproche sans cesse à Boris de n’être pas un père fiable, qu’elle ne peut absolument pas lui faire confiance, mais la caméra nous montre le contraire, un père sympathique, tendre et complice avec ses filles. Qui croire ? D’autant que Marie semble souvent de très mauvaise foi et multiplie les humiliations, cherche à pousser Boris non seulement dehors mais… à bout. Des critiques reprochent au film de Joachim Lafosse de tourner en rond autour de ressentiments somme toute assez insupportables, que de cette observation clinique n’émane « aucune beauté, aucune grandeur, aucune folie »* (en citant Bergman, Garrel, Pialat). La force de ce récit, c’est précisément cette sordidité… comme dans cette interminable scène nocturne où Boris débarque au milieu d’un repas entre amis (désormais et pour lui d’anciens amis), interrompant le monologue vachard de Marie : le malaise monolithique ressenti est partagé à la fois par l’ensemble des convives et par les spectateurs qui, comme dans toute séparation, deviennent les témoins involontaires de ce qu’ils aime-

face raient ne pas voir. Il faudra la peur de perdre un enfant pour que la situation inextricable se dénoue ; enfin on peut sortir du film, du conflit, de l’appartement : on retrouve Boris et Marie dans un lieu neutre, sans histoire, une anonyme terrasse de café et ils sont devenus des étrangers qui ont des enfants en commun, ils ne parlent de

rien tandis que la voix off de la justice énonce froidement les lieux communs d’un futur désormais séparé. DP

N

valeur-capital, tu en as entendu parler ? » Il pourrait être sordide de se disputer pour savoir qui aime le mieux les enfants ou qui s’en occupe le mieux (ça, d’ailleurs, Marie le fait beaucoup), mais ici, les réclamations de Boris ne sont même pas mesquines, elles sont tout bonnement justes. Ce qui fait que l’on pourrait les trouver sordides, c’est le fait qu’elles ne soient pas prises dans une relation employeur/employé mais dans une relation de couple...

ous ne reviendrons pas ici sur l’histoire même du magnifique film de J. Lafosse, L’Économie du couple, mais plutôt sur l’emploi d’un adjectif revenu dans diverses critiques : « sordide »...

De quoi est-il donc question ici ? Comme cela a déjà été expliqué page précédente dans l’article de DP : un homme, désargenté mais doué de ses mains et talentueux, a passé quelques mois ou années de sa vie à superbement rénover un appartement et, son couple se défaisant, considère que la part qui devrait lui revenir après vente de l’appartement DOIT inclure sa main d’oeuvre. Qu’y a-t-il de sordide ici ? Qu’y a-t-il de sordide, une fois l’amour défait, à vouloir récupérer son dû ? A ce titre-là, la position de J. Lafosse est très claire : autant on peut hésiter quant à la position qu’il adopte pour juger de l’attitude des deux ex-amants dans leur déliaison amoureuse, autant, pour ce qui est de la question financière, tout semble être conçu pour donner raison à Boris. Lors d’une discussion avec Marie, il a même cette phrase tranchante, que l’on pourrait croire sortie d’un Kaurismaki : « Et la part du travail dans la

* Jacques Mandelbaum - Le Monde Sordide, vous avez dit sordide ? Ou : quand le capital n’est plus amoureux du travail...

Deux remarques ici : le titre du film est déjà on ne peut plus clair : L’Économie du couple dit bien que c’est précisément de cela qu’il sera question : du poids de l’économie qui s’insinue jusqu’au plus intime des vies. Ensuite, lorsque Boris entend faire valoir ses droits financiers sur la vente de la maison, il n’y a de fait, plus de couple : Marie l’a congédié, et Boris n’a que deux leviers sur lesquels jouer dans ce licenciement amoureux (1) il est désargenté et ne peut faire autrement que de rester cohabiter avec Marie et (2) la demande que lui soit restituée sa « part-travail » dans la « valeur-capital » de la maison... qui devient du coup une affaire de dignité et non plus une question sordide. ER

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Interférences Carmina Guibord

C

armina ! et Guibord s’en va-t-en guerre : deux films qu’à peu près tout sépare si ce n’est leurs dates de sortie sur nos écrans.

Le premier, espagnol, est un quasi huis-clos plutôt mal élevé (qui joue même avec brio sur les limites du mauvais goût) situé dans une famille à qui la chance et la fortune ne sourient guère. Le second est canadien et nous propose de suivre un député marié à une pépiniériste, donc dans un milieu social plus confortable. Le premier est centré sur d’un drame très familial : la mort du père, tandis que le second met en scène la politique dans ce qu’elle pourrait avoir de plus noble et dramatique : la décision d’engager ou non son pays dans une guerre. Certes, tous deux adoptent un ton plus ou moins proche de la comédie mais, là où Guibord le fait de manière assez directe, classique et bon enfant, Carmina œuvre plus du côté du très noir, presque morbide à l’occasion. Pour résumer la situation : Carmina est désolée que son mari ait eu la mauvaise idée de mourir un samedi parce que le lundi suivant il devait toucher une importante prime qui aurait bien aidé toute la

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famille à boucler quelques fins de mois. Pour remédier à cette désolante situation, une solution très simple : n’annoncer son décès que le lundi, pardi ! Bon, bien sûr, cela implique de passer tout le week-end avec le corps du mort effondré dans son fauteuil devant la télévision, mais Carmina n’en semble pas troublée outre mesure, son principal problème étant d’éviter que sa petite-fille, ses voisins, ses amis et autres qui ne cessent de faire irruption chez elle ne s’aperçoivent que le cher homme est un peu plus que souffrant. Cela donne l’occasion à Paco Leon, le réalisateur, de dresser une galerie de portraits tous moins flatteurs les uns que les autres, la bêtise le disputant à la vulgarité et le cynisme à la cupidité. Mais, surtout, petit à petit, s’installe l’idée que le mari n’aurait peut-être pas été victime d’une mort tout à fait naturelle ; il se pourrait bien qu’une erreur de dosage de médicament en soit la cause, il se pourrait même que Carmina en soit un peu responsable, et pas qu’involontairement...

(en voiture, il a une sainte phobie de l’avion) pour demander l’avis de la population. Mais les routes canadiennes sont semées d’embûches et d’obstacles et les rencontres soit ne se font pas (par exemple : les Indiens bloquent les routes puis les routiers bloquent les autres routes pour protester contre le blocage par les Indiens...) soit dérapent totalement, échappent à tout contrôle et ne font que rendre encore plus manifeste son incapacité à penser la situation. La présence d’un impayable stagiaire haïtien, bien plus cultivé et habile que l’ensemble des Canadiens, tous un peu lourdauds, rend la chose encore plus drôle et ironique. L’ensemble est traité sur le ton assez badin d’une comédie bon enfant... Pourquoi donc cette mise en parallèle ? Eh bien, parce que la fin de Carmina nous laisse entendre que, elle-même condamnée par un cancer, l’héroïne aurait tué son mari par bonté d’âme, pour lui éviter de survivre en très mauvaise santé à la disparition de son épouse. Du coup, ce qui apparaissait comme un cynisme assumé, franc et rigo-

lard, vire brutalement à quelque chose d’un poil trop mièvre... (Le générique nous livre même une voix off de Carmina, peut-être venue d’outre-tombe, qui rajoute encore à la gravité et la tendresse du propos.) Et parce que, du côté canadien, sous ses dehors rigolards « tout ça n’est pas très grave », Guibord s’en va-ten guerre cache, lui, un réel cynisme, celui qui dit que les politiques n’y connaissent rien, ne sont guère animés du sens du bien commun et que, du coup, à quoi bon voter ? En définitive, les deux films abordent par des biais distincts et sur des modes opposés la question de la responsabilité ; Carmina nous parle de la responsabilité individuelle que chacun assume face à sa propre vie et à celle de ses proches, tandis que Guibord évoque plutôt la responsabilité (l’irresponsabilité, serait-on tenté de dire...) face au collectif et la démission d’une classe politique qui cherche d’abord à sauver la face (pour pouvoir continuer à prétendre servir à quelque chose...). Choisis ton camp camarade, le cinéma défriche le chemin... ER

Du côté canadien nous avons un sympathique député, animé de peu de convictions en matière de politique internationale. Son gros problème est que, député indépendant, il est celui qui pourra faire pencher la balance au parlement entre envoyer des troupes canadiennes au Moyen Orient ou bien s’en abstenir. Comme il n’a pas d’idée arrêtée sur la chose, il va sillonner sa circonscription

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Interférences El Club, El Clan

El Club

L

a proximité des titres, de l’origine géographique des deux films (du Chili de Pablo Larrain à l’Argentine de Pablo Trapero), renforcée par le choix de l’équipe de Programmation des Studio de les proposer cet été dans le cadre d’un Voyage en Amérique Latine : tout rapproche El Club et El Clan, deux films pourtant à l’opposé stylistiquement mais qui forment, malgré tout, une dérangeante constellation autour de l’impunité.

Pablo Larrain continue son travail de sape. Après exploré la douloureuse histoire chilienne avec sa trilogie décalée tournant autour de Pinochet (Tony Manero – histoire d’un tueur en série sosie de Travolta pendant la dictature – Santiago 73 post mortem – histoire d’un employé de la morgue de Santiago pendant le coup d’état du 11 septembre 73 – No – histoire du Non à Pinochet victorieux essentiellement grâce à une campagne publicitaire), il emmène son spectateur dans un bout du monde filmé dans une inquiétante lumière crépusculaire : en choisissant des filtres et des lentilles soviétiques des années 60 (celles de Tarkovski), il entend « lutter contre la haute définition qui est un virus » qui fait que « tous les films se ressemblent ». Il choisit également des musiques sacrées (Bach, Arvo Pärt) et plonge le spectateur dans la quotidienneté

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assez insignifiante d’un groupe de quatre hommes plutôt âgés et d’une femme qui les sert et dont la seule excentricité est de préparer un lévrier pour des courses dominicales auxquelles ils assistent de loin, parias. Ce n'est qu'à l'arrivée d'un cinquième larron, poursuivi bruyamment par un homme en perdition qui affirme avec des détails d'une insupportable crudité qu'il a été abusé, enfant, par celui-ci, qu'on apprendra qu'il s'agit de religieux exilés par le Vatican pour cacher aux yeux du commun des mortels un passé indéfendable (participation aux horreurs de la dictature, pédophilie). Le suicide du prêtre provoque l’arrivée d’un curé de choc chargé par sa hiérarchie de fermer le centre. Dans ce récit, ce qui choque en premier, c’est bien sûr l’absolue tranquillité de la conscience des prêtres (ils ne dépendent pas de la justice humaine) mais aussi que le technocrate finit lui aussi par se ranger à la doctrine du secret et du mensonge. Le film commence par une citation tirée de la Genèse : « Dieu vit que la lumière était bonne et Il sépara la lumière des ténèbres. » Ce film ambigu (« Tous coupables. Tous complices. Tous victimes. »*) illustre douloureusement le fait que, pour l’Église, la lumière est bonne quand elle n’éclaire pas ses propres crimes…

Pour raconter l’incroyable et véridique histoire de la famille Puccio, Pablo Trapero a choisi l’efficacité en filmant à la manière d’un film américain, bousculant la linéarité du récit avec de fréquents flash-backs et des flash-forwards, la musique populaire dans lesquelles baignent les scènes permettant un efficace marquage temporel. Dans la famille Puccio, il y a le père, Arquimedes, qui a longtemps travaillé comme informateur des militaires argentins, il y aussi le fils, Alejandro, jeune vedette de l’équipe nationale de rugby, les Pumas. Dans les années 80, la démocratie revenant mollement au pouvoir, Arquimedes décide de privatiser la terreur (comme les colonels le firent, à leur profit, des richesses nationales) en pratiquant des enlèvements dont le seul objectif désormais est de maintenir le niveau de vie familial, d’assurer l’avenir des enfants. Avec l’aide de son fils et la cécité plus ou moins volontaire du reste du clan, il transforme la maison en centre de détention artisanal où la musique, à fond, sert à masquer les cris de ses victimes. Après bien des horreurs vécues avec une indifférence glaçante, les monstres ordinaires du clan Puccio finiront par tomber,

pas tellement par souci de justice d’ailleurs, que par renversement d’alliances entre leurs puissants protecteurs. Ce qui est bien sûr terrifiant, c’est l’absence de scrupules comme de remords. Certes le fils essaiera de se suicider mais est-ce par culpabilité ou pour échapper, enfin, au chef du clan, ce père tranquille et impitoyable, qui (dans la vraie vie) fera des années de prison où il deviendra avocat ? Comme les dignitaires nazis, il n’avouera jamais aucun de ses crimes. Quant aux camarades rugbymen du fils, ils le soutiendront jusqu’au bout bien qu’un des leurs ait été la première victime du clan Puccio. Partiellement oubliée par la société argentine, l’affaire Puccio est remontée à la surface grâce à l’enquête menée par le réalisateur et son film, primé à Venise et à Toronto, est devenu le plus gros succès public de l’histoire du cinéma argentin. Une preuve, sans doute, de la volonté de transparence sur le passé de la société argentine qui ne semble pas encore vouloir gagner l’Église d’aujourd’hui qui, selon Pablo Larrain, « a plus peur de la publicité et de la presse que de l’enfer. » DP

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El Clan


Vos critiques Jeudi 25 août, dans le cadre d’un partenariat, les cinémas Studio et l’Académie Francis Poulenc ont projeté SOUS LE SOLEIL DE SATAN de Maurice Pialat. Avec cette 20e édition de l’Académie Francis Poulenc consacrée à la mélodie française de tous les temps, c’est la musique de Henri Dutilleux qui est à l’honneur dans ce film.

E

nsuite, un échange avec un public visiblement passionné a été proposé par François Le Roux, directeur artistique de l’Académie Francis Poulenc. Il a d’abord été rappelé que Sous le soleil de Satan (1987), œuvre très soutenue par le président du jury à Cannes, Yves Montand, avait obtenu la Palme d’Or attribuée à l’unanimité – fait extrêmement rare – et pourtant huée lors de son annonce ! Fr. Le Roux nous remémore la fameuse phrase lâchée par Pialat réagissant aux sifflets : « si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus ! ». En concurrence avec Wim Wenders pour Les Ailes du désir qui avait déjà son public, Maurice Pialat ne laissait pas indifférent en effet. Réalisateur exigeant, appartenant à la « deuxième Vague de la Nouvelle Vague, avec un montage audacieux et des coupes franches » dans ses films et une « personnalité très anticonformiste par rapport à un monde très policé du cinéma, surtout à Cannes […] il ne faisait rien pour être agréable. Il était à la fois sûr de lui et pas forcément sûr des moyens utilisés, s’ils étaient bons… Son film a énormément dérouté ». L’œuvre est adaptée du roman éponyme de Georges Bernanos. « C’est un écrivain catholique qui a eu un parcours compliqué, extrême droitiste avant la guerre qui a changé ensuite. Ayant aussi écrit le Dialogue des Carmélites, on voit bien que le doute, les thèmes du bien et du mal l’ont beaucoup préoccupé ». Concernant la distribution, Fr. Le Roux précise que « le choix des acteurs pour Maurice Pialat était essentiel. Il ne les laissait pas en repos. Sandrine Bonnaire en a souffert. C’est Pialat qui

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l’a révélée » au cinéma. En effet, Sous le soleil de Satan était son 3e film avec lui, après À nos amours (1983), puis Police (1985). Présent dans la salle, Christian Ivaldi, pianiste et ami de Dutilleux, ajoute qu’il est « clair qu’aucun réalisateur français n’oserait faire un film d’une telle qualité, aussi littéraire. Il y a un coup de génie d’avoir choisi Depardieu pour ce rôle, très physique et à la fois sensuel. Et Bonnaire est extraordinaire. On voit qu’il a dû extrêmement la faire travailler ». François Le Roux revient sur Bernanos. Chez lui, « la sainteté se révèle individuellement ; ce n’est pas un don mais une épreuve. C’est l’homme qui est responsable de son rapport avec Dieu et non l’inverse. C’est âpre. La musique de Dutilleux entre bien avec ça et pourtant, que je sache, Dutilleux n’était pas un grand croyant, il n’a pas écrit ne serait-ce qu’un cantique, mais il y a la profondeur […] La musique de Dutilleux convient extrêmement bien même si on est loin du mysticisme de Bernanos. […] C’est Daniel Toscan du Plantier qui est allé voir Dutilleux avant que Pialat et lui ne se rencontrent. Il y a eu de très bonnes relations entre eux. Pialat s’est montré affable et très gentil. Dutilleux lui avait proposé d’adapter sa musique, Pialat l’a écoutée mais il est resté sur son idée initiale » celle de choisir la Symphonie n°1 (Intermezzo) de Dutilleux, achevée en 1951. En clôture de cette soirée passionnante, François Le Roux annonce que l’Académie Francis Poulenc fêtera Baudelaire lors de l’édition 2017. « Avec les Studio, nous projetterons un film du patrimoine de Jean Cocteau ». Rendezvous est pris ! RS

L’ÉCONOMIE DU COUPLE, de Joachim Lafosse Observation minutieuse d’une cellule familiale lors de la désintégration du couple. Marie et Boris s’affrontent sur fond de divorce et de partage des biens et des enfants. La raison de la séparation est pratiquement occultée, la question financière est au cœur du débat. Tout se passe dans la maison ou sur la terrasse comme sur une scène de théâtre. […] Je regrette juste le côté un peu cliché de la «lutte des classes» au sein du couple : Marie universitaire, milieu bourgeois, qui dirige la vie de chacun avec des règles strictes mais avec efficacité et Boris, qui se dit architecte (Marie ne semble pas être de cet avis), d’un milieu plus simple avec des fréquentations ou des activités douteuses. CP ULTIMO TANGO, de German Kral Une femme et une artiste hors du commun qui raconte sans fard à 80 ans son amour-haine pour son partenaire de danse, sa passion pour le tango, sa vie sacrifiée mais jamais reniée. Son partenaire de danse, même s’il fut un grand parmi les grands du tango, paraît bien falot à côté, bien macho aussi ! La partie documentaire est illuminée par la personnalité de cette femme et des images d’archives qui semblent un peu rapetissées et avec une bande-son trop contemporaine mais qu’importe ! Maria Nieves est là, elle occupe l’écran et

elle parle de son enfance, de son amour, du tango, de l’art et de sa vie d’une manière terriblement juste et vraie. […] Et ponctuant les deux, documentaire et fiction, il y a cette vision de l’Avenida Corrientes à Buenos Aires, la ville du tango, qui danse comme un ballet de paillettes ! […] CF […] on passe un peu à côté des évolutions qui ont marqué l’histoire du tango même si on en parle tout le temps […] HR L’OLIVIER, de Icíar Bollaín Beaucoup d’émotion(s) dans ce film dont le propos est double : la notion de transmission et l’opposition nord-sud. C’est une belle parabole avec un parallèle entre la situation économique de l’Espagne actuelle et celle d’une ferme familiale composée d’une oliveraie et d’un élevage de poulets en batterie. Beaucoup de dualités et d’oppositions dans cette histoire, un peu comme chez Ken Loach dont le scénariste a travaillé sur ce film. Il y a le choc des générations, la réussite de l’Allemagne face aux difficultés de l’économie espagnole, la très belle oliveraie de la ferme et son élevage industriel… Malgré le simplisme apparent du film, il y a une bonne dose d’humour avec des scènes vraiment cocasses et on assiste à une très belle histoire d’amour impossible, de racines (celles de l’olivier et celles des hommes), de transmission entre le grand-père et sa petite-fille… […] JC Rubrique réalisée par RS Les CARNETS du STUDIO n°349 – octobre 2016 –

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